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OCCITANIE

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Projet de création d'un parc photovoltaïque flottant sur la commune
de Cintegabelle (31)
lieux-dits « Grande pièce de Capvert » et« Mongendre »
déposé par la société Akuoenergy

Avis de l'Autorité environnementale


sur le dossier présentant le projet et comprenant l'étude d'impact

N° saisine: 2018-007029
Avis émis : 18 février 2019

Avis adopté le 18 février 2019 par


la mission régionale d’autorité environnementale de la région Occitanie
Préambule relatif à l’élaboration de l’avis

Pour tous les projets soumis à évaluation environnementale, une « autorité environnementale »
désignée par la réglementation doit donner son avis et le mettre à disposition du maître d’ouvrage, de
l’autorité décisionnelle et du public.
Cet avis ne porte pas sur l’opportunité du projet, mais sur la qualité de l’étude d’impact et la prise en
compte de l’environnement dans le projet.
Il n’est donc ni favorable, ni défavorable. Il vise à améliorer la conception du projet et à permettre la
participation du public à l’élaboration des décisions qui le concernent.

En date du 19 décembre 2018, l’autorité environnementale a été saisie par le préfet de la Haute-
Garonne pour avis sur le projet d’aménagement d’une centrale photovoltaïque, situé sur le
territoire de la commune de Cintegabelle (31). Les dossiers comprennent une étude d’impact et un
permis de construire datés de novembre 2018. L’avis est rendu dans un délai de 2 mois à compter
de la date de réception de la saisine et du dossier complet, soit au plus tard le 19 février 2019.
Par suite de la décision du Conseil d’État n°400 559 du 6 décembre 2017, venue annuler les
dispositions du décret n° 2016-519 du 28 avril 2016 en tant qu’elles maintenaient le préfet de
région comme autorité environnementale, le présent avis est adopté par la mission régionale
d’autorité environnementale de la région Occitanie (MRAe).
L’avis a été préparé par les agents de la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement
et du logement de la région (DREAL) Occitanie apportant leur appui technique à la MRAe et
placés sous l’autorité fonctionnelle de son président. Conformément à l’article R.122-7 du code de
l’environnement, ont été consultés le préfet de département, au titre de ses attributions en matière
d’environnement, et l’agence régionale de santé Occitanie (ARS).
Conformément au règlement intérieur du CGEDD et aux règles de délégation interne à la MRAe
(délibération du 18 janvier 2018), cet avis a été adopté par le président de la MRAe, M. Philippe
Guillard, par délégation de la mission régionale. En application de l’article 9 du règlement intérieur
du CGEDD, ce dernier atteste qu’aucun intérêt particulier ou élément dans ses activités passées
ou présentes n’est de nature à mettre en cause son impartialité dans l’avis à donner.
Conformément à l’article R.122-9 du Code de l’environnement, l’avis devra être joint au dossier
d’enquête publique ou de la procédure équivalente de consultation du public. Il est également
publié sur le site Internet de la DREAL Occitanie (Système d’information du développement durable
et de l’environnement SIDE)1 et sur le site internet de la préfecture de Haute-Garonne, autorité
compétente pour autoriser le projet.

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http://www.side.developpement-durable.gouv.fr/EXPLOITATION/DRMIDP/autorite-environnementale.aspx

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Synthèse

Le projet de parc photovoltaïque flottant est localisé sur la commune de Cintegabelle. Le site du projet
comprend le plan d’eau artificiel d’une ancienne carrière et ses abords immédiats. Actuellement, le plan
d’eau existant a vocation de loisirs avec la fréquentation de promeneurs et de pêcheurs. La zone
d’implantation des panneaux photovoltaïques est limitrophe au sud par des plans d’eau liés au
réaménagement de la carrière et à l’ouest se localise une zone où un autre projet de centrale
photovoltaïque au sol (porté par Neoen) est envisagé. La MRAe a rendu un avis le 11/01/2019 pour le
projet porté par Neoen.
Les effets cumulés de ces deux projets n’ont pas été étudiés. Étant donné la similitude, la proximité
géographique et la concomitance temporelle de ces deux projets, la MRAe considère que les deux projets
limitrophes portés par Akunoénergie et Neoen sont constitutifs d’un projet d’aménagement global porté par
deux maîtres d’ouvrage différents et auraient dû à ce titre faire l’objet d’une étude d’impact unique portant sur
l’intégralité du périmètre des deux opérations. Au minimum, il est indispensable que la conception des deux
projets soit coordonnée, qu’ils fassent l’objet d’une analyse suffisante de leurs effets cumulés et que
l’ensemble des mesures soit défini de manière cohérente, concernant notamment la biodiversité et l’insertion
paysagère. La MRAe recommande également que soit intégré à cette analyse un troisième projet
photovoltaïque situé à 500 m au Sud, porté par Soleil du midi ainsi que le projet d’implantation de 5 éoliennes
portées par Engie Green à 7km au nord-est. Il serait souhaitable de disposer de photomontages présentant
l'ensemble des projets d'energie renouvelable envisagés sur la commune.
Globalement, l’analyse sur la sensibilité et effets sur le paysage doit être complétée. La MRAe recommande
de compléter l’étude par des documents graphiques de type coupes, profils, plans réalistes, photomontages
depuis les espaces proches, aussi bien que depuis les espaces éloignés et plus particulièrement pour le site
classé du calvaire, pour permettre d’évaluer concrètement l’image façonnée par l’aménagement et
l’importance de son impact sur le grand paysage.
Le volet naturaliste permet d’appréhender correctement les enjeux et les impacts du projet. La pression
d’inventaire pour la faune et plus particulièrement pour l’avifaune aurait mérité d’être plus élevée, surtout
en ce qui concerne la période d’hivernage.
La MRAe rappelle que le bilan des suivis (écologiques et qualités des eaux) devra être transmis à l’Autorité
environnementale en vue d’un retour d’expérience pour ce type de projet innovant.
L’ensemble des recommandations sont détaillées dans les pages suivantes.

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Avis détaillé

1. Présentation du projet et cadre juridique


1.1. Présentation du projet et contexte
Le projet de parc photovoltaïque au sol se situe dans la commune de Cintegabelle, dans le département
de la Haute-Garonne, à la limite du département d’Ariège.
La zone identifiée pour l'implantation du parc
photovoltaïque se situe aux lieux-dits « Grande pièce
Capvert » et « Mongendre ».
Le site du projet comprend le plan d’eau artificiel d’une
ancienne carrière et ses abords immédiats. Actuellement,
le plan d’eau existant a vocation de loisirs avec la
fréquentation de promeneurs et de pêcheurs.
Après concertation avec la mairie de Cintegabelle, il a été
convenu que le site resterait ouvert au public notamment
pour le maintien des activités de loisirs présentes (pêche,
promenade). L’optimisation des pistes rétablies permettra
d’améliorer l’accueil du public.
Aux abords du plan d’eau, les habitats rencontrés sont
fortement anthropisés et très communs sur le territoire
tels que les friches herbacées.
La zone d’implantation des panneaux photovoltaïques est
limitrophe au sud à des plans d’eau liés au
réaménagement de la carrière et à l’ouest se situeune
zone d’extraction de matériaux alluvionnaire remblayée
par des matériaux inertes. Quelques habitations
dispersées sont localisées à proximité du projet, ainsi
qu’un lotissement récent situé au nord-ouest des terrains
projetés de part et d’autre du chemin de Capvert et au
nord le long du chemin d’Espalmade.
L’emprise parcellaire s'étend sur 30 ha, la surface du lac du projet est de 18,6 ha. La surface occupée par
les flotteurs sera comprise entre 35 et 45 % soit entre 6,5 ha et 8,4 ha.
Le projet se compose de 20 000 modules photovoltaïques d’après le pré-design établi. Les dimensions
types d’un tel module sont d’environ 2 m de long et 1 m de large, ils seront ancrés au niveau des berges
et au fond du bassin. La puissance de la centrale envisagée est estimée entre 6 MWc et 8 MWc, la
puissance exacte sera fixée en fin de phase de développement.
Le projet possède 3 postes de transformation, un local de maintenance, un poste de livraison et une
plateforme de construction où sera réalisé l’assemblage des flotteurs. L’emprise projet, comprenant les
éléments de la centrale (installation flottante, ancrages, cabanons techniques, voie de circulation), sera
clôturée.
Le raccordement de la centrale est envisagé sur le poste source de Boulbonne. Le raccordement au poste
se réalisera le long de la route (linéaire de 2,8 km).
Les terrains du projet sont concernés par un zonage Ncl (secteur naturel dédié aux activités liées à
l’exploitation de gravières et aux activités à vocation de loisirs lors de leur réhabilitation) du plan local
d’urbanisme (PLU) de la commune de Cintegabelle. Le règlement du PLU arrêté le 7 juillet 2010 précise
que les constructions autorisées en zone Ncl sont entre autres « la mise en place de dispositifs de
production d’énergie renouvelable ». Le projet est donc compatible avec les dispositions du PLU.
La durée du chantier est estimée à 6 mois et la phase d'exploitation s'étendra sur environ 40 ans. A
l'échéance de la phase d'exploitation, le projet prévoit le démantèlement de la centrale et la remise en état
du site.

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La maîtrise de la végétation se fera par le pâturage de moutons. Aucun produit phytosanitaire ne sera
utilisé pour l’entretien du couvert végétal. L’entretien des panneaux solaires sera réalisé uniquement à
l’eau.

Ce projet de développement de production électrique à partir d'énergie solaire photovoltaïque s'inscrit dans
le cadre de la politique énergétique nationale et des objectifs fixés par la directive européenne sur les
énergies renouvelables. La loi de transition énergétique pour la croissance verte fixe l'objectif de porter à
32 % la part des énergies renouvelables dans la consommation d’énergie à l’horizon 2030 et à 40 % de
production d'électricité. Pour la filière solaire, l'arrêté du 24 avril 2016 porte l'objectif de développement de
production d’ici 2018 à 10 200 MW de puissance installée.

1.2. Cadre juridique


En application des articles L.421-1, R.421-1 et R.421-2 et 9 du Code de l’urbanisme (CU), les ouvrages de
production d’électricité à partir de l’énergie solaire installés sur le sol, dont la puissance est supérieure à
250 kWc, sont soumis à une demande de permis de construire.
En application de l’article L.122-1 et R.122-2 (rubrique 30 du tableau annexé) du Code de l’environnement
(CE), le projet est soumis à étude d’impact.

1.3 Principaux enjeux environnementaux identifiés par l'Ae


Pour la MRAe les principaux enjeux environnementaux portent sur :
• l’intégration paysagère ;
• la préservation de la biodiversité et des fonctionnalités écologiques.

2. Qualité de l’étude d’impact


2.1 Complétude de l’étude d’impact
Formellement, l'étude d'impact comporte les éléments prévus au R 122-5 du code de l'environnement. Le
résumé non technique fait l'objet d'un document à part, clairement identifiable et complet.
La MRAe rappelle qu’en application de l’article L.122-1 du Code de l'environnement qui stipule que :
"Lorsqu'un projet est constitué de plusieurs travaux, installations, ouvrages ou autres interventions dans le

2
milieu naturel ou le paysage, il doit être appréhendé dans son ensemble, y compris en cas de
fractionnement dans le temps et dans l'espace et en cas de multiplicité de maîtres d'ouvrage, afin que ses
incidences sur l'environnement soient évaluées dans leur globalité", une étude d’impact doit porter sur une
opération d’aménagement dans son ensemble.
À ce titre, l’étude d’impact présentée prend bien en compte les installations principales (cellules
photovoltaïques), les installations annexes (clôture, pistes, postes de transformation et postes de livraison)
et le raccordement électrique du projet au réseau national.
S’agissant des effets cumulés, l’étude d’impact précise que seul un projet a fait l'objet d'un avis de
l'Autorité environnementale, dans un périmètre de 10 km autour du site, il s'agit de la construction d'une
canalisation DN 150 pour le renforcement de la desserte gazière d'Auterive. L'étude d'impact conclut en
l'absence d'effet cumulé entre ces deux projets.
La MRAe indique que plusieurs projets ont fait l'objet d'une évaluation environnementale et pour lequel un
avis de l’Autorité environnementale a été rendu public. En effet, la MRAe indique qu'elle a rendu un avis le
11/01/2019 pour le projet d'aménagément d'une centrale photovoltaïque au sol porté par Neoen sur la
partie terrestre de la gravière remblayée, à proximité immédiate, à l'ouest du plan d'eau où seront localisés
les modules du projet porté par Akuoénergie. Malgré sa proximité, ce projet n'est pas cité dans le dossier
d'étude d'impact.
La MRAe estime que ces deux projets de nature semblable à proximité immédiate l'un de l'autre
constituent un "projet global" en application de l'article L.122-1 du Code de l'environnement.

Carte avec la superposition approximative des deux projets photovoltaïques établie à partir des documents
fournis par les pétitionnaires
L’étude d’impact s’attache à évaluer exclusivement les impacts du projet porté et ne fait aucune mention
des autres projets envisagés à proximité, que ce soient des projets photovoltaïques (Neoen), le projet
d’implantation de 5 éoliennes portées par Engie Green à 7km au nord-est, les deux projets de centrales
photovoltaïques localisées sur les communes de Saverdun et Miremont respectivement à 7 et 8 km de
Cintegabelle ou le projet de centrale photovoltaïque porté par la société Soleil du midi 2 , localisé à 700 m au
sud des deux projets. La MRAe recommande que l’ensemble des projets «ENR » soit considéré dans
l’analyse des effets cumulés .

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Projet qui a fait l’objet d’une déclaration préalable au titre du Code de l’urbanisme, bien que ce projet dont la puissance est inférieure à 250 kWc ne
soit pas soumis à étude d’impact (seuil défini par la rubrique 30 du tableau annexé à l’article R.122-2 du Code de l’environnement); il est localisé à
700 m au sud des deux projets sur les terrains communaux de Cintegabelle.

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Par ailleurs, l'étude réalisée du dossier de Néoen permet de mettre en évidence des incohérences entre
les deux projets limitrophes et leur étude d'impact (absence de mutualisation des structures: aucune
analyse des effets cumulés des deux porteurs de projets; le projet de Neoen préconise une zone tampon
de 20 m avec les berges du plan d'eau alors qu'Akuoernergie réalisera un ancrage des structures flottantes
par vis au niveau des berges; aucune prescription sur le phasage et la concordance des travaux...).
La MRAe considère que les deux projets limitrophes portés par Neoen et Akuonergy sont constitutifs
d’un projet d’aménagement global porté par deux maîtres d’ouvrage différents, et auraient dû à ce
titre faire l’objet d’une étude d’impact unique portant sur l’intégralité du périmètre des deux
opérations. Il est indispensable que la conception des deux projets soit coordonnée, qu’ils fassent
l’objet d’une analyse suffisante de leurs effets cumulés et que l’ensemble des mesures soit défini de
manière cohérente, ce qui n’est pas le cas à ce stade.
Par ailleurs, la MRAe est informée de plusieurs projets sur la commune de Cintegabelle qui ne sont
pas évoqués dans l’étude d’impact (projet de 5 éoliennes porté par Engie Green, projet de centrale
photovoltaïque porté par la société Soleil du midi). La MRAe recommande qu’il en soit tenu compte
dans l’analyse des effets cumulés .
L’absence évidente d’échanges entre les porteurs de projets ne permet pas d’envisager un
aménagement global cohérent. Il serait souhaitable de disposer de photomontages présentant
l’ensemble des projets ENR d’énergie renouvelable envisagés actuellement sur Cintegabelle, afin que
ces images de référence permettent d’éclairer la population et les décisionnaires sur la portée des
enjeux associés.

2.2 Justification du projet


La justification du projet fait l’objet d’un chapitre à part entière dans lequel sont exposées les raisons qui
ont amené au choix technique et au choix de l’implantation définitive sur les parcelles envisagées.
Outre un contexte géographique favorable à l’implantation d’une centrale photovoltaïque (irradiance
horizontale et un nombre d’heure d’ensoleillement élevé), le choix du site a été en autres motivé par
l’historique des terrains, déjà anthropisés par l’activité d’une carrière réaménagée en eau.
La démarche itérative qui a conduit au choix d'aménagement final est présentée comme le résultat de la
prise en compte d'enjeux technologiques et écologiques. L’emprise des modules photovoltaïques a été
limitée à environ 7 ha sur les 18,6 ha du plan d’eau afin que la structure flottante soit disposée à 20 m des
berges et éviter les risques de chocs avec celle-ci et limiter le nombre d’encrage.
La MRAe note favorablement le choix d’implantation du projet sur d’anciens terrains dégradés
présentant a priori peu de sensibilité. Ils s’inscrivent ainsi dans les sites prioritaires visés par les
appels d’offres de la Commission de Régulation de l’Energie.

3.Prise en compte de l'environnement


3.1 Le paysage
Le projet s'insère dans l'unité paysagère de la « plaine de l’Ariège », elle est caractérisée par la présence
d’amples terrasses alluviales façonnées par le cours de l’Ariège et de ses affluents. Toutefois, la présence
des coteaux naissants de Mirepoix au nord, vient relever la topographie du secteur et donne un rythme au
paysage. Au sein de la plaine, la végétation est peu diversifiée et essentiellement marquée par la présence
de parcelles agricoles.
Au niveau du projet, les terrains sont implantés au pied des coteaux de Mirepoix. Les vues sont
relativement dégagées aussi bien en direction des coteaux que de la vallée de l’Ariège au sein de l’aire
d’étude rapprochée. Le centre ancien de Cintegabelle est situé en partie sur ce coteau et sera la partie la
plus exposée du paysage à la co-visibilité.
Les terrains du projet sont composés d’espaces ouverts et de quelques arbres isolés. Des merlons et une
petite haie ceinturent partiellement la zone du projet.

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Les enjeux paysagers locaux sont très variables et dépendent principalement des obstacles visuels que
sont la végétation et les zones urbanisées ainsi que de la distance du projet.
Deux édifices sont protégés au titre des Monuments historiques par classement et sont situés à proximité
mais hors périmètre du projet. Il s’agit :
• de l’église de la Nativité-de-la-Ste-Vierge, classement le 09/07/1984, dans le centre de
Cintegabelle, située à 1 km au nord ;
• de l’ancienne abbaye de Boulbonne, partiellement classée le 05/10/1981, à 1,6 km au nord-est .
Le clocher de l’église est visible depuis le projet cependant le clocher n’est pas ouvert au public. Aucune
co-visibilité n’est possible entre le site et les autres monuments historiques recensés ci-avant.
Un site classé dit « le Calvaire », inscription le 12/08/1914, possède une situation privilégiée en belvédère
qui offre une vue large sur le premier massif des Pyrénées. De ce point de vue, on découvre la plaine
agricole et les boisements présents à l’échelle rapprochée. Le projet situé à 910 m sera visible depuis ce
site classé.Ce site est très largement fréquenté par la population locale et touristique. Le projet constituera
une modification du cadre paysager essentiellement rural et bâti, perceptible depuis ce point de vue.
La MRAe relève que l’étude d’impact qualifie les effets du projet, sur ce site, comme « nul » mais n’évalue
pas la visibilité du projet depuis le site classé . L’analyse des enjeux depuis le site classé du « Calvaire »
doit être réalisée au regard de l’intérêt patrimonial du belvédère de ce site classé et des effets cumulés liés
au projet photovoltaïque porté par Neoen sur les terrains de l’ancienne carrière remblayée.
Si la description paysagère est relativement fine et correcte, en identifiant les ensembles paysagers liés au
relief, il n’est fait aucune mention d’un élément essentiel en arrière-plan, et visible sous des conditions
météorologiques favorables, à savoir les Pyrénées. La table d’orientation du site classé du Calvaire
l’intègre pourtant dans sa représentation graphique. L’absence de documents graphiques de type coupes,
profils, plans réalistes, photomontages depuis les espaces proches, aussi bien que depuis les espaces
éloignés (site du calvaire) ne permet pas d’évaluer concrètement l’image façonnée par l’aménagement et
l’importance de l’impact sur le territoire.
L'étude propose des mesures d'évitement et d'intégration paysagère du projet afin de limiter les incidences
paysagères. Ces mesures présentées sont les suivantes :
• consultation pour un avis de l’Architecte des Bâtiments de France et de la commission
départementale des sites, perspectives et paysages pour une intégration du projet dans un
processus consensuel bien qu’il n’y ait pas d’obligation réglementaire (E3) ;
• limitation des zones de stockage des matériaux excédentaires (R5);
• plantation d’une haie arborée semblable au motif paysager local et protection des arbres
existants (R6) ;
• regroupement des postes avec une architecture générale qui sera de forme simple, rectangulaire
entouré de végétation locale afin d’atténuer leur visibilité pour les riverains (R7).
L’étude présente une cartographie des principales mesures paysagères (P63 de l’étude d’impact).
La MRAe recommande que l’analyse sur la sensibilité et effets sur le paysage soit complétée par
des documents graphiques de type coupes, profils, plans réalistes, photomontages depuis les
espaces proches, aussi bien que depuis les espaces éloignés (site du calvaire).
Malgré les effets négatifs du projet sur le paysage, notés explicitement dans l’étude d’impact, les
mesures de réduction (R5, R6 et R7) semblent très limitées et pas à la hauteur de l’enjeu. Mis à
part la plantation d’une haie sur une bande de terre, les autres mesures proposées sont limitées
en portée et en engagement. Par ailleurs, la MRAe recommande d’amplifier la plantation des haies
par exemple au sud de la gravière dans des zones dégradées.
Même si sur un plan réglementaire, le projet considéré n’est pas implanté sur des espaces
protégés, la covisibilité depuis le site classé du Calvaire et depuis l’ensemble du village historique
de Cintegabelle peuvent être un sujet d’interrogation majeure, modifiant définitivement les vues et
perspectives existantes. La MRAe recommande de compléter le volet paysager s’agissant de
l’impact du projet sur le site classé du « Calvaire » notamment avec une analyse de la sensibilité
de ce site et des photomontages intégrant les mesures paysagères envisagées.
La MRAe recommande aussi d’évaluer concrètement l’impact cumulé du projet actuel
d’Akuoenergy avec celui porté par Neoen, d’autant que les matériels, les technologies, les formes,
les orientations et les géométries de manière plus globale sont différentes. Il conviendrait ainsi

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d’évaluer les effets de cette concomitance sur la perception future du site, essentiellement pour
les riverains et usagers de ce territoire.

3.2 Habitats naturels, faune et flore


L'aire d'étude du projet n'intersecte aucun zonage réglementaire ni d’inventaire de la biodiversité.
Du fait de la distance du projet avec le site Natura 2000 le plus proche (localisé à environ 800 m au nord
du site, Natura 2000 « Garonne, Ariège, Hers, salat, Pique et Neste » (n°FR7301822), site d’intérêt
communautaire), il a été réalisé une analyse d’incidence sur le site Natura 2000. Ce chapitre conclut
valablement que les incidences du projet sur la Natura 2000 sont négligeables car aucun habitat d’intérêt
communautaire ayant justifié la création de la Natura n’a été contacté.
L'étude du milieu naturel, de la faune et de la flore sur le site a été menée à partir de données
bibliographiques et à partir de relevés de terrain, avec deux campagnes de prospection:
• visites diurnes avec 3 journées de prospection du 18/07/2016 au 20/07/2016 ;
• visites diurnes et nocturnes avec 5 journées de prospection du 03/04/2018 au 04/09/2018.
La MRAe estime que la pression d’inventaire pour la faune est insuffisante. Elle recommande de
réaliser des inventaires faunistiques en période automnale et hivernale (pour connaître
l’utilisation du plan d’eau par l’avifaune hivernante et migratrice), et en fin d’hiver/début du
printemps pour connaître précisément les espèces d’amphibiens en présence.
D’un point de vue général le site est composé d’un plan d’eau artificiel et des habitats le ceinturant, soumis
à une pression anthropique relativement importante mais présentant cependant des potentialités pour la
faune commune :
• l’alignement de saules et de peupliers avec la présence d’un arbre à gîte potentiel pour les
chiroptères, et habitat de chasse pour les chiroptères. Cet alignement peut être également un
habitat de reproduction pour l’avifaune commune ;
• les friches herbacées qui représentent un habitat d’alimentation pour l’avifaune et les chiroptères et
un habitat de reproduction du Petit gravelot et du Chevalier guignette;
• les fourrés tempérés qui sont une zone de refuge pour la petite faune commune et habitat de
reproduction potentiel pour la Linotte mélodieuse.
Concernant les enjeux relatifs à la flore, l’étude d’impact conclut qu’aucune espèce à forte valeur
patrimoniale n’a été observée au sein de la zone d’étude. Toutefois 8 espèces déterminantes ZNIEFF dont
l’Ornithope comprimé, la Sérapia à labelle allongé et le Chardon laiteux ont été observées au sein de la
zone d’étude.
Les enjeux relatifs à la faune sont évalués comme faibles sauf pour l’avifaune dont globalement l’enjeu
concernant ce groupe est considéré comme modéré au vu de la présence d’enjeux identifiés pour la linotte
mélodieuse, le petit gravelot et la Sterne pierregarin qui sont observées au niveau du plan d’eau.
Les principales mesures proposées en phase chantier et exploitation consistent à :
• planter des haies arborées semblables au motif paysager local ;
• supprimer 2 îlots du projet initial pour éviter les gravières présentant des enjeux modérés
notamment pour les oiseaux limicoles ;
• réaliser les travaux de jour et
• adapter la période de travaux et préconise un calendrier de travaux :
◦ dégagement des emprises en dehors de la période comprise entre mi-novembre et mi-août ;
◦ terrassement et installation de la plateforme de montage en dehors de la période comprise
entre mi-août et mi-février ;
• lutter contre les plantes invasives ;
• la mise en place d’une gestion écologique des friches herbacées avec un entretien pastoral ;
• la mise en place d’un chantier écologique.

Le volet « habitats naturels, faune et flore » permet d’appréhender les principaux enjeux et
impacts du projet, toutefois ce volet appelle certains compléments.
La MRAe recommande de justifier le choix d’implantation de la plateforme de montage des
modules dans la mesure où sa localisation, au sud du plan d’eau est à proximité d’une zone

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naturelle. L’impact des aménagements sur cette zone nécessite d’être évalué et doit être mis en
parallèle avec les périodes de sensibilités des espèces. Bien qu’il soit indiqué dans la mesure
« R8- Adaptation des périodes de chantier » que le montage de la plateforme devra être évité entre
février et août, aucune recommandation pour la période de montage des modules n’est précisé. La
MRAe recommande d’éviter la période précisée pour le montage des modules.
Les périodes de chantier ne doivent pas être seulement préconisées, mais surtout leur respect doit
être imposé aux entreprises de travaux.
La MRAe juge favorablement la mise en place de mesures comme la lutte des espèces invasives et
la gestion écologique du site.
Par ailleurs, la MRAe recommande de localiser sur un document cartographique la flore
appartenant à la liste rouge de la flore vasculaire de Midi-Pyrénées et de mettre en défens les
stations potentiellement présentes dans l’emprise du projet et de la zone des travaux. Elle
recommande de mettre en defens toutes les zones à enjeux (autour du gîte à chiroptère en
particulier).
La MRAe recommande de localiser l’implantation du sentier écologique sur une carte et prévoir
des mesures pour encadrer le public sur ce sentier et éviter ainsi toute dégradation des secteurs
identifiées comme enjeux.
Enfin, la MRAe recommande de compléter l’étude d’impact par une analyse argumentée des effets
cumulés des deux parcs photovoltaïques et une mise en cohérence des informations relatives au
milieu naturel que comprennent les deux études d’impact.
Les inventaires mettent en évidence la présence de plusieurs espèces animales protégées. Même si
plusieurs mesures sont prises pour éviter ou réduire les impacts du projet sur les espèces, la MRAe
rappelle que si le projet est de nature à porter atteinte à des espèces ou habitats d’espèces faunistiques
protégées malgré les mesures mises en place, une demande de dérogation au titre des articles L.411-1 et 2
du Code de l’environnement doit être sollicitée.

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