You are on page 1of 652

Toute la gloire au Seigneur Jésus qui me donne toujours

la force et l’inspiration pour donner le meilleur de moi-


même.

Designer by Groupe ADK https://groupeadk.com/


Merci à vous, chers lecteurs et lectrices, qui me
soutenez sans cesse. Vous êtes les meilleurs. Dieu vous
bénisse.

Merci à toi tata Elvire pour tes corrections et


suggestions.
Dieu te bénisse abondamment.

Partager ce livre dans des groupes (WhatsApp,


Facebook…) est illégal et passible de poursuite
judiciaire. Soutenez l’auteur en achetant le livre avec
elle sur sa page ou sur Amazon.
DINGUERIE À MIAMI

Résumé :

Terry YOUL, Brad KINGSLEY, Mel SEKA et Carl


ANDERSON.

Dans une même aventure ? Par quelle alchimie ?

À la base, c’était censé être un week-end fun à Miami.


Juste un week-end. Puis les choses ont dégénéré…

Vous avez aimé ces messieurs dans leurs histoires


respectives ? Retrouvez-les dans cette histoire, unissant
leurs forces pour combattre une organisation de traite
d’êtres humains, qui tient leurs femmes prisonnières pour
les vendre comme prostituées aux plus offrants. Vous y
découvrirez également Rico, le garde rapproché de Terry,
sous un autre angle. Êtes-vous prêts à plonger dans cette
dinguerie ?

Lire au préalable T.Y. : Ce cœur à conquérir ; T.Y. : Cet


homme à tout prix ; La vengeance est une femme 1 & 2 ;
Un amour dangereux 1 & 2.
Prologue

***ARMEL BEYNAUD

Plus de trois heures se sont écroulées sans qu’aucun


officier nous ait accordé un seul regard. C’est à croire
qu’ils se foutent royalement de ce qui se passe. Je regarde
Brad qui est au bord de la folie. Ses nerfs battants sont
visibles de partout sur lui. Il se tâte les poches
nerveusement et lance un juron. Sa nouvelle vie de futur
papa ne lui permet pas de fumer. Kylie déteste ça depuis
qu’elle est enceinte. Il n’est pas le seul sur les nefs. Il y a
d’autres gens venus signaler les disparitions de leurs
proches également. Il y en a surtout un qui m’intrigue par
son calme. Il est assis près de nous, l’air de rien, mais de
ma place je peux sentir son anxiété. C’est étrange de voir
un homme aussi baraqué que lui stresser pour une femme.
Un bout de femme, je suis prêt à parier. Brad se lève, n’en
pouvant plus, et tourne sur lui-même. Une femme officier
arrive à temps avant qu’il ne cogne dans le mur.

— Monsieur Carl ANDERSON, Monsieur Bradley


KINGSLEY. Veuillez me suivre s’il vous plaît.
L’autre type se lève et la femme officier recule de deux
pas, intimidée par son gabarit. Pour être baraqué, il l’est.
Je suis les deux cités.

— Qui êtes-vous, monsieur ? m’interroge l’officier.


— Il est avec moi, répond Brad.

Elle nous conduit dans une salle et nous demande à


nouveau de patienter.

— Ça commence à bien faire, geint Brad.


— Garde ton calme.

La porte s’ouvre, nous faisant tourner nos têtes. Un


homme entre. Je reconnais aussitôt Rico, un ancien
collègue avec qui j’ai bossé en Côte d’Ivoire. Il
m’aperçoit à son tour.

— Yo mec ! je le salue en cognant son poing.


— Que fais-tu là ?
— Il y a la femme de Brad qui a disparu.
— Aussi ? s’étonne-t-il. Il y a ma boss qui est également
portée disparue.

Je remarque à cet instant la présence de son patron


derrière. Monsieur Terry YOUL a le portable collé à
l’oreille en faisant des tours sur lui. Cette histoire est plus
sérieuse que je ne le crois. Ce n’est pas possible qu’il y
ait autant de disparitions en une seule journée et que cela
soit le fruit d’un hasard. Il y a forcément quelque chose
qui ne va pas. Rico me révèle le nom de l’hôtel où
séjournait Mme Trisha YOUL et encore une autre
coïncidence, c’est le même que celui de Kylie et de la
femme du dénommé ANDERSON.

La porte s’ouvre une fois de plus. Tous, nous nous


mettons aux aguets, espérant avoir enfin une bonne
nouvelle. Un homme en costume entre et fonce droit sur
Monsieur YOUL. Rico s’avance en mettant sa main entre
les deux hommes comme pour signifier au nouveau venu
de ne pas trop se rapprocher.

— Monsieur YOUL. J’étais de passage et j’ai appris


votre présence dans nos locaux, dit-il en lui tendant la
main.
Monsieur YOUL le dévisage sans prêter attention à la
main qui lui est tendue.

— Où se trouve ma femme ? demande-t-il d’un ton sec.


— Elle doit sans doute être quelque part dans la ville.
Vous savez, c’est chose courante que des touristes
perdent leur chemin. Elle finira par revenir.
— Vous voulez donc dire que toutes nos femmes se sont
« égarées » au même moment ? intervient Monsieur
ANDERSON tout furieux. Nous poirotons depuis plus de
quatre heures de temps à attendre des nouvelles, pour au
final entendre ces conneries ? Pour qui diable vous nous
prenez ?
— Veuillez vous calmer, cher monsieur…
— Sinon quoi ?

Il renverse sa chaise en s’avançant dangereusement. Il


s’arrête subitement et forme les poings. Je peux voir ses
mâchoires craquer. Il souffle pour se donner de la retenue
et recule.
— Je vous demande à tous d’être patients. Je ferai part au
Commissaire de se pencher spécialement sur ce cas. Ce
n’est pas mon service ici. Nous allons essayer de les
localiser et si ça ne marche pas, nous enverrons une
patrouille à…
— Qu’ils aillent tous se faire foutre, rouspète Brad en
marchant vers la sortie.
— Où allez-vous, monsieur ?
— Chercher ma femme. Restez dans vos conneries de
localisation si vous le voulez.
— Monsieur…

Il essaie de retenir Brad qui le repousse et sort. Tous les


autres hommes suivent son mouvement.

— Messieurs, veuillez rester ici.

Se voyant dans l’incapacité de nous retenir dans ces


locaux, l’homme en costume ordonne à ses officiers de le
faire.

— Empêchez ces hommes de sortir.


Le premier officier qui essaie de toucher Monsieur
YOUL est très vite repoussé par Rico.

— Ne le touchez surtout pas.

Toute la ribambelle de flics présente nous encercle en


ayant leurs armes à la main. Monsieur ANDERSON
recule, mais Brad et Monsieur YOUL continuent
d’avancer comme si de rien n’était. Les policiers n’ont
d’autres choix que de pointer leurs armes sur eux.

— Messieurs, veuillez obtempérer.

Je me dépêche d’attraper Brad et de le faire reculer avant


qu’il ne fasse une bêtise. Rico en fait de même avec son
boss avec qui il discute dans un chuchotement.

— Brad, nous sommes dans un autre État. Calme-toi !


— Ma femme, enceinte de mes jumeaux et sa sœur se
trouvent en danger quelque part et tu sais comme moi que
la police ne fera absolument rien pour les retrouver.
— Je sais. Mais comme l’a dit l’autre con, elles ont
certainement perdu leur chemin.
— Ça fait deux jours. Putain !
— Laissons-les essayer de les localiser. Et si ça ne donne
rien, nous irons nous-même à leur recherche. Je t’en
donne ma parole.

Il serre la mâchoire, ferme les yeux, se craque le cou et


ouvre de nouveau les yeux. Il tourne les talons.

— Je reste, mais mon patron doit s’en aller, prévient Rico


au moment où Brad et moi pénétrons de nouveau la salle.

Monsieur ANDERSON nous rejoint également et ensuite


Rico.

— Il est où ton boss ?


— Essayer de toucher ses relations. Moi je reste pour
essayer d’en savoir plus.

Le grognement de Brad attire notre attention. Il cogne


dans le mur et lance un juron.
— Brad !
— Non, Mel. Je commence sérieusement par perdre
patience. Si dans les deux heures qui suivent je ne vois
pas ma femme, je fais un malheur et quiconque se mettra
sur mon chemin me sentira passer. Flic ou pas flic.

Je me rapproche de lui.

— Tu ne peux pas avancer de tels propos, je le reprends


dans un chuchotement. Ça peut se retourner contre toi. Et
souviens-toi, tu as promis devant Dieu de ne plus tuer.
— Dieu a fait bruler Sodome et Gomorrhe par une
tempête de feu. Crois-moi, il me comprendra.

Il retourne son siège et s’assied.

— Monsieur… ANDERSON ! dit Rico en pointant son


doigt sur le nommé. C’est bien ça ?
— Oui ! répond ce dernier en tournant la tête.
— Moi c’est Rico. Le chef de Jean. Encore désolé pour
l’altercation avec mon Boss hier.
— Ce n’est rien. Je le comprends.
— Merci ! Maintenant, puisque vous étiez présents
depuis le début, pouvez-vous nous expliquer un peu les
choses ? Ce qui s’est passé à cette soirée.

Il se tourne complètement vers nous.

— Ma famille et moi avions diné avec votre patronne


dans le restaurant de l’hôtel. Après, ma femme et moi
sommes montés dans notre suite. Les autres quant à eux
se sont rendus à la fête qui se déroulait à la plage. Quand
nous sommes redescendus, Mme YOUL n’était plus avec
mon fils. Elle se serait rendue dans les toilettes de l’hôtel
pour se soulager d’une indigestion. Ma fille également a
eu une indigestion.
— Elles sont allées ensemble se soulager ?
— Non ! Ma fille est partie juste après. Vu qu’elle mettait
du temps à revenir, ma femme est allée à sa recherche et
elle également n’est plus revenue.
— Votre fille et ma patronne ont-elles mangé la même
chose au diner ?
— Hum non. Par contre, elles ont eu toutes les deux, le
même cocktail qui nous avait été offert par l’hôtel. Moi
et les autres en avions eu d’autres. Va savoir s’il s’agit
d’une coïncidence ou si ça a été prémédité.

Rico semble analyser toutes ces informations. Je sors


mon portable de ma poche et affiche une photo de Lara,
Kylie et Faith.

— S’il vous plaît, aviez-vous vu ces deux jeunes femmes


à gauche ? Ce sont mes belles-sœurs et l’une est enceinte.

Il regarde la photo avec insistance.

— Je n’ai pas vraiment fait attention aux gens sur la


plage, finit-il par répondre. Mais, un peu plus tôt dans la
journée, mon fils m’avait dit avoir ramené de la place
publique deux jeunes femmes dont l’une était enceinte.
Elles ont acheté des chaussures avec ma femme.

Je me souviens avoir vu des paquets de chaussures. La


porte s’ouvre de nouveau mais sur un autre homme en
costume.
— Bonsoir, salue-t-il. Je suis le commissaire
FRANKLIN, en charge de vos dossiers. Messieurs
ANDERSON et…

Il indexe Rico.

— Romaric ! répond celui-ci.


— Monsieur Romaric. Nous n’avons pu avoir
d’information sur vos disparues. La localisation n’a rien
donné. Demain, mes agents iront à votre hôtel, interroger
le gérant pour essayer d’en savoir plus, tout en espérant
qu’elles réapparaissent d’ici là.
— Et c’est tout ? s’étonne le sieur ANDERSON ? Ça fait
48 heures qu’elles sont portées disparues et c’est demain
que vous enverrez vos agents ?
— Nous devons suivre certaines procédures. De plus,
nous avons d’autres avis de recherche à gérer. Mais tenez
ma carte, ajoute-t-il en glissant sa main dans sa veste.
Contactez-moi si vous découvrez quoi que ce soit.

Rico et Monsieur ANDERSON prennent chacun une


carte. Ils sortent sans plus rien ajouter. Le Commissaire
se tourne vers Brad.
— Monsieur KINGSLEY, quant à vous, nous avons du
nouveau.

Il ouvre une grosse enveloppe kraft qu’il tenait depuis le


début.

— Deux de mes agents qui étaient dans les parages se


sont rendus dans la boîte de nuit où votre femme s’était
rendue. Et nous avons découvert ceci.

Il pose une par une les photos devant Brad.

— Ce sont les clichés pris à partir de la vidéo de


surveillance de la boîte. Votre femme serait allée avec un
autre homme.

Effectivement, nous voyons Kylie en compagnie d’un


gars. Ils ont vraiment l’air très proches sur les photos. Il
y en a une sur laquelle ils sont entrelacés et le gars a sa
tête plongée dans le cou de Kylie. Bien que je doute de la
véracité des propos du Commissaire, je guette la réaction
de Brad.
— Que voulez-vous vous dire ? demande Brad dans un
calme qui camoufle tant bien que mal sa colère.
— Qu’il est possible que votre femme… soit avec… un
autre homme !

Brad se lève d’un bond, sort et claque la porte derrière


lui. Je le suis jusqu’à la voiture. Je la déverrouille à
distance. Brad s’installe tout furieux. Je monte à mon
tour, derrière le volant.

— Brad !
— Allons à l’hôtel. J’ai besoin de réfléchir.

J’obéis sans rien ajouter. Nous montons dans la chambre


des filles. Brad part tout de suite s’enfermer dans les
toilettes. Je reçois aussitôt un appel de ma mère. Je me
rends sur le balcon pour discuter plus librement.

— Allô, maman !
« — Il se passe quoi depuis et je n’ai pas de vos
nouvelles ? Vous avez retrouvé les filles ? »
— Pas encore, je réponds en me passant la main sur le
visage. Aux dernières nouvelles rapportées par la police,
Kylie serait avec un autre homme.
« — Un autre homme, tu dis ? »
— Oui, maman.
« — Mais ça ne lui ressemble pas. On sait tous que Kylie
n’aurait jamais trompé Brad. Elle est dingue de lui. »
— Je sais. Il y a certainement une autre explication. Je
vais essayer de discuter avec le Commissaire pour qu’il
me permette de voir la vidéo. On y verra certainement
mieux.
« — Oui, fais ça. Je vais me préparer et vous rejoindre. »
— Surtout pas. Si tu viens, Brad voudra à tout prix
assurer ta sécurité, d’autant plus que toute cette histoire
est étrange. Il est actuellement tendu et sur les nerfs. Je
crains qu’il ne puisse tout gérer à la fois. Je vais essayer
d’user de mon grade pour obtenir des faveurs. Je te ferai
signe si ta présence est nécessaire.
« — C’est compris ! Veille bien sur ton frère. Ne le perds
surtout pas de vue, ne serait-ce qu’une seconde. Tu sais
comment il est. On ne peut le saisir quand il s’y met. »
— Je sais.
« — Je te laisse donc. Appelle-moi toutes les fois que
vous aurez du nouveau. »
— Je n’y manquerai pas.

Après avoir raccroché, je me rends devant la salle de


bain.

— Yo, frangin ! Tout va bien ?

Je cogne sans obtenir de réponse.

— Mec, tu es là ?

Toujours pas de réponse. Et le silence à l’intérieur


m’inquiète. J’ouvre la porte et avec surprise je constate
que la salle de bain est vide. La chambre ne comporte
aucune autre pièce pour qu’il puisse y être. Je reviens sur
mes pas en lançant son numéro et c’est là que je remarque
la disparition des clés de la voiture.

— Merde ! Brad, qu’es-tu en train de faire ?


Je sors à toute vitesse de la chambre en espérant le
rattraper à temps.
1

QUELQUES JOURS PLUS TÔT

***ROMARIC ADELEKE

Debout devant la salle de rendez-vous, j’observe chaque


petit mouvement des personnes qui passent à quelques
mètres de la pièce tout en ayant un œil sur mon boss par
le mur en verre. Aucun détail ne doit être négligé. Aucune
distraction n’est permise. Aussi puissant que puisse être
cet homme, j’ai la lourde responsabilité de veiller sur lui
comme sur ma propre vie. Si au début, son fort caractère
me mettait mal à l’aise, aujourd’hui, je m’y suis habitué
au point de parfois anticiper sur ses réactions. Je le
connais comme si je l’avais façonné et ça, ça me donne
le pouvoir d’être considéré comme un membre de sa
famille.

Je le vois se lever. Je me tiens donc prêt pour l’escorter.


Il fait un signe de la tête à ses partenaires et marche vers
la sortie en fermant le seul bouton de sa veste. Je l’escorte
ensuite jusqu’à sa voiture et lui ouvre la portière. Il
répond à son portable en grimpant dans la voiture. Je
monte à mon tour et nous quittons les lieux.

— Rico, ramène-moi à la maison et tu rentres prendre


quelques affaires. Nous partons au Mali pour trois jours.
— Ok, Boss !

Je le conduis chez lui et retourne avec la voiture chez


moi. Les premières années de mon service, je vivais chez
lui afin d’être disponible à chaque seconde. Puis,
remarquant que je n’avais carrément pas de vie en dehors
de lui, il a voulu que je quitte son cocon pour avoir ma
propre vie. C’est ainsi qu’il m’a offert un appartement
luxueux dans l’un de ses immeubles. J’y vis donc avec
ma fiancée. Je la trouve d’ailleurs attablée et suivant une
émission télé.

— Oh, bébé, tu es là ? remarque-t-elle en venant vers


moi.
— Je dois faire mon sac, l’informé-je en marchant vers
notre chambre. Je pars au Mali pour trois jours avec mon
patron.
— Encore ? Vous êtes revenus de voyage il y a à peine
deux jours, se plaint-elle en me suivant.
— C’est comme ça. Je t’avais prévenu dès le début de
notre relation que je risquais de ne pas pouvoir te
consacrer assez de temps.

Je sors mon petit sac et y range trois différents ensembles


et trois différentes paires chaussures.

— Je sais et j’ai été partante, mais j’espérais néanmoins


que ce ne soit pas le cas.
— C’est juste trois jours et après j’aurai quelques jours
de repos. Je serai donc tout à toi.

Je me retourne et l’embrasse avant de disparaître dans la


salle de bains, prendre une douche rapide et ressortir
enfiler une toute nouvelle tenue. Mon boss ne badine pas
sur la propreté. C’est fort de ce fait qu’il m’achète des
tonnes de costumes de service afin d’être toujours
présentable derrière lui. Bon, je dois aller chercher le
grand Ty pour nous envoler vers le Mali.

*Mona
*LYS

Finalement, nous avons fait un aller-retour du Mali plutôt


que trois jours parce que le boss doit se rendre de toute
urgence à New York pour rencontrer de grands
investisseurs. Il a tellement guetté le moment où il
pourrait mettre la main sur eux pour un partenariat et là
c’est le moment. Le projet du Mali peut bien attendre. De
toute façon, le contrat a déjà été signé.

Je rentre chez moi, changer de vêtements avant de


retourner prendre de nouveau l’avion. L’un des gros
avantages de bosser pour cet homme, c’est qu’on fait le
tour du monde. Je pense avoir déjà fait tous les pays.
Enfin, les plus développés.

À l’instant même où mes pieds franchissent la porte


d’entrée, des éclats de voix me parviennent depuis ma
chambre. Je reconnais celle de Sabine. Ce qui suit me met
les sens à l’envers. Sans même l’avoir vue, je devine
aisément qu’elle est en train de faire l’amour avec un
autre dans mon lit. Je me rends dans ma chambre sans
presser mes pas et j’ouvre la porte. J’ai cru qu’elle
couchait avec un homme. Je me suis leurré. Elle se fait
prendre par deux mecs, que dis-je, deux gamins. Je serre
les poings quand ils se mettent tous à paniquer après
m’avoir aperçu. Je referme la porte sans piper mot et je
retourne dans le salon me prendre un verre. Je m’assieds
dans le canapé et sirote ma boisson. Les deux jeunes
sortent à la hâte, presque nus. Je ne leur prête aucune
attention. Sabine sort à son tour, vêtue d’une robe.

— Bébé ! S’il te plaît, laisse-moi t’expliquer.

Je pose mon verre et me lève avec mon sac de voyage en


main.

— Bébé !

Elle me barre le passage alors que je veux me rendre dans


ma chambre.

— Ôte-toi de mon chemin, je lui intime entre les dents.


— Bébé ! Je t’en prie…
Je la pousse doucement du dos de ma main et continue
mon chemin. Je fais fi du sale état du lit et me contente
de remplacer les vêtements de mon récent voyage par
d’autres. Je ressors de la chambre comme je suis rentré.
J’ai grave la rage. Je dois cogner quelqu’un au risque d’en
devenir fou.

— Bébé !
— À mon retour, je ne veux plus rien voir de toi chez
moi. Prends le matelas avec toi et tout ce qu’il y a dessus.

Je sors et claque la porte, manquant de la faire tomber.


Quand je grimpe de nouveau dans la voiture, je démarre
en trombe. J’ai la rage. Elle a osé me faire un coup pareil
après tout ce que j’ai fait pour elle. Elle était quasiment à
la rue avec son enfant. Je l’aidais par moment à se mettre
quelque chose sous la dent et une chose en entraînant une
autre, j’en suis tombé amoureux. J’ai relevé son visage
dans sa famille en allant demander sa main. J’avais en
projet d’adopter cet enfant dont le père s’est évaporé dans
la nature. Tout ça pour quoi ? Pour finir cocufié par des
gamins. Ils doivent avoir 20 ans à tout casser. Je l’aimais
pourtant, cette fille. Je lui avais offert mon cœur. Je serre
mes doigts autour du volant. Il est clair qu’après ça, je ne
pourrai de nouveau faire confiance à une femme.
***ÉTATS-UNIS, NEW YORK***

Assis dans le bar de l’hôtel depuis plus d’une heure,


j’attends que mon boss termine son rendez-vous. Il m’a
donné la permission de décompresser pendant ce temps.
Je regarde le fond de mon verre sans parvenir à l’avaler.
J’ai la gorge tellement nouée qu’avaler ma salive devient
un supplice. Tous mes efforts pour construire une vie
stable et rangée sont partis en fumée. Je croyais tellement
en cette relation. Je pensais que chaque jour me
rapprochait de ce jour important où j’épouserais la
femme de ma vie. Je croyais que c’était elle la femme
qu’il me fallait. J’ai tout misé sur elle et comme un con,
je me suis fait berner. Comment un excellent garde du
corps comme moi, avec une formation militaire des plus
puissantes de l’Afrique, se fait-il baiser par une femme ?

Je l’aimais, diantre !

Et le petit ! J’aimais ce rôle de père que j’avais choisi


délibérément d’endosser. M’en fichant complètement
qu’il soit d’un autre. Pff ! Il faut que je les oublie. Je ne
peux pas continuer après ce qui s’est passé. C’est au-
dessus de mes forces. Je jette un coup d’œil à ma montre.
Il est l’heure d’y aller. Je vide mon verre, place en
dessous un billet et pars sans prendre la monnaie. Je mets
de l’ordre dans ma tenue quand subitement quelqu’un me
rentre dedans.

— Non, mais…

La jeune fille ramasse son portable qui est tombé de ses


mains.

— Can't watch where you're going ? (Vous ne pouvez pas


regarder où vous allez ?) vocifère-t-elle en examinant son
appareil.
— Sorry ? It was you who got into me. (Pardon ? C’est
vous qui m’êtes rentrée dedans.)
— Rather, it's you. (C’est plutôt vous.)

Elle ose enfin lever les yeux.

— You messed up my cell phone. (Vous avez bousillé


mon portable.)
— If you were watching where you were stepping, all of
this wouldn't have happened. (Si vous regardiez où vous
mettiez les pieds, tout ceci ne serait pas arrivé). Je déteste
les emmerdeuses, je termine en français en levant les
yeux au ciel.
— Je comprends parfaitement le français. Je ne suis pas
une emmerdeuse et c’est vous qui auriez dû…

Je la contourne sans écouter la suite de ses complaintes.

— Hé ! Où allez-vous ? Je vous parle.

Elle me retient par le bras et se place devant moi. Je fais


un mouvement d’épaule en la dévisageant. Je fronce les
sourcils.

— Ne faites plus jamais ça.


— Quoi ?
— Me toucher comme vous l’avez fait.
— Sinon quoi ? me défie-t-elle. Vous pensez que parce
que vous êtes haut comme un building, je vais vous
craindre ? C’est bien vous foutre le doigt dans l’œil. Vous
avez bousillé mon portable et vous devez le réparer.
Savez-vous combien il m’a coûté ?

Je regarde cette gamine haute comme trois pommes me


menacer et je rigole intérieurement. A-t-elle conscience
que je peux l’écraser comme une vermine si je le
voulais ? Ces femmes qui ont du mal à dépasser le
mètre 60 ne cesseront jamais de m’étonner. Je veux de
nouveau m’en aller, mais elle me retient en se plaçant
gaillardement devant moi.

— Où comptez-vous partir alors que je vous parle ?


— Oh ! Ça suffit là ! Arrêtez de me faire chier !

Elle bugge.

— Vous faire chier ? C’est moi qui vous fais chier ? En


plus d’être malpoli, vous êtes grossier. On ne balance pas
ce genre de mots à une femme.
— Que me voulez-vous ?
— Que vous vous excusiez d’avoir bousillé mon
portable, voire même que vous le répariez.
— Donnez-le-moi.

Elle pose le portable dans ma main. Je le jette au sol et


l’écrase avec ma chaussure.

— MAIS VOUS ÊTES MALADE ???


— Maintenant oui, je peux m’excuser d’avoir bousillé
votre portable. Toutes mes excuses, chère MADAME.

Ça me fait subitement un bien fou. J’avais besoin de me


défouler.

— Lara, how’s it going (Lara, ça va)?

Je relève la tête vers un couple qui vient vers nous. Je


reconnais l’homme tout de suite et je crois que lui aussi.

— Hey Rico ! Comment va ? me salue Mel.


— On se maintient.
— Tu le connais ? lui demande l’autre timbrée.
— Oui, nous avons bossé ensemble en Côte d’Ivoire. Il
se passe quoi ?
— Il se passe qu’il m’a agressée. Regarde dans quel état
il a mis mon portable.

Elle ramasse l’objet en miettes. Armel passe son regard


d’elle à moi sans comprendre.

— Écoute, je suis désolé, mec. C’est juste un malentendu


qui s’est envenimé inutilement. Je crois que ton amie…
— Je ne suis pas son amie. Je suis sa belle-sœur.

Mel attrape la folle et la fait reculer doucement.

— Calme-toi, Lara, lui souffle-t-il.

Je sors quelques billets de mon porte-monnaie et les lui


tends.

— Pour ton portable.


— Non ça va, refuse Mel. On va gérer, ne t’en fais pas.
Tu dois sans doute aller rejoindre le boss.
— Oui !

Je vois par-dessus l’épaule de Mel mon boss arriver. Eh


merde ! C’est moi qui étais censé aller l’attendre devant
la porte.

— On s’écrit plus tard, dis-je à Mel avant d’aller


rejoindre mon boss.

Mel salue son ex-patron avec beaucoup de politesse et


nous partons.

— Rico ? m’appelle le boss une fois installé dans la


voiture.
— Oui, Boss, je réponds en le regardant par le
rétroviseur.
— Que t’arrive-t-il ? questionne-t-il en pianotant son
portable.
— Comment ça, Boss ?
— Tu n’as pas l’air dans ton assiette.

Je fronce les sourcils.


— Tu t’es craqué le cou une bonne dizaine de fois depuis
que nous avons quitté le pays.

Autant je connais cet homme comme ma poche, autant il


me connait. Il connait chacune de mes petites réactions,
chacun de mes tics.

— Tout va bien, Boss. Ne vous inquiétez pas.


— Si tu le dis. On rentre. Tu prendras ce week-end pour
te reposer.

J’opine du chef. J’ai effectivement besoin de me


retrouver seul pour faire le vide.

***LARA FERGUSON

— Que t’arrive-t-il, Lara ? Pourquoi es-tu si en colère ?

J’ai du mal à répondre à Faith avec cette colère formée


en une boule dans ma gorge.
— Sam est ici. Avec une autre fille.
— Quel Sam ? demande-t-elle.
— Le même. Mon supposé fiancé. J’ai reçu un message
m’informant de sa présence ici avec une autre fille de
l’église. Je les ai trouvés tous les deux, s’amourachant
aux yeux de tout le monde. J’étais tellement sous le choc
que je n’ai rien pu faire. C’est en m’en allant que j’ai eu
une altercation avec l’autre débile.
— Je suis sincèrement navrée. Mais tu aurais dû te
montrer pour qu’il sache que tu l’as pris la main dans le
sac. Là, il pourra tout nier en bloc.
— Je m’en fiche tellement. Je vais rompre ses fichues
fiançailles. Là, je veux juste rentrer noyer mon chagrin
sous ma couette.
— Si tu veux, je peux aller lui faire sa fête.
— Non, personne ne fera sa fête à personne, intervient
Mel qui jusque-là se contentait de nous écouter. Nous
allons rentrer et demain, tu iras raconter tout à Vicky. Elle
saura gérer. On est d’accord ?

Je fais oui de la tête.

— Lara ?
Je tourne vivement la tête et je tombe sur cet imbécile et
l’autre conne accrochée à son bras. Elle se dégage dès
qu’elle me voit. Je fonce sur Sam et lui flanque une gifle
qu’il n’oubliera pas de sitôt. Mel me prend par le bras et
me conduit dehors. Je sais qu’il a horreur de se montrer
en spectacle, mais c’était plus fort que moi. Sam m’a dit
qu’il était couché dans son lit, tout brulant de fièvre alors
qu’il se la coulait douce dans cet hôtel de luxe. Je me
demande bien comme il a pu inviter cette fille à diner ici
alors qu’il glane çà et là pour joindre les deux bouts. Je
monte dans ma voiture toute furieuse et manque de
renverser quelqu’un en m’en allant. Je suis en colère
contre moi-même. Cette colère demeure, même quand
j’arrive chez ma petite sœur. Dès qu’elle m’ouvre la
porte, une larme perle sur ma joue.

—You were right (tu avais raison).

Elle m’ouvre les bras et je m’y réfugie. Tout le monde


m’avait pourtant prévenu. Surtout Kylie qui ne cessait de
me dire que ce gars n’était avec moi que pour mon argent.
Je n’y ai pas cru. J’avais tellement envie d’avoir une vie
de famille que j’ai ouvert mon cœur au premier venu sans
prendre la peine de mieux le connaitre et de mieux
réfléchir. Je trouvais Kylie absurde, au point d’en arriver
à me disputer avec elle. J’admire tellement son couple
avec Brad que je voulais pareil. Je voulais aussi avoir un
homme super protecteur comme lui, un homme qui me
traiterait comme une reine, exactement comme il le fait
avec ma petite sœur. Je voulais aussi me marier et le plus
vite possible. Voir tous ces couples heureux autour de
moi me faisait deux fois bruler d’envie. Je désire tant
avoir cette complicité comme Malcom et Vicky, cette
alchimie entre Mel et Faith et cette passion entre Kylie et
Brad. Je veux aussi ma part de bonheur. Je veux avoir
mon homme. Est-ce trop demander ?
2

***KYLIE FERGUSON KINGSLEY (À retrouver dans


La vengeance est une femme 2)

Je me passe la crème délicatement sur mon ventre quand


la porte s’ouvre sur cet homme qui ne cesse chaque jour
de faire chavirer mon cœur. Sa simple présence suffit
toujours à m’arracher un sourire, peu importe l’humeur
dans laquelle je me trouvais. Il vient vers moi, pose un
délicat baiser sur ma tempe et me prend la crème des
mains.

— Tu ne devrais pas te balader le torse nu quand ma sœur


est là, lui dis-je en blaguant pendant qu’il s’étale la crème
dans les mains. Elle est très vulnérable en ce moment.
— J’avais zappé qu’elle avait passé la nuit ici. Mais
t’inquiète, je ne l’ai pas croisée.

Il pose un genou par terre et badigeonne mes jambes que


je ne peux malheureusement plus atteindre à cause de
mon énorme bidon. Il me caresse tellement
délicieusement les jambes que je sens une excitation
monter, mais je prends sur moi. J’ai déjà obligé cet
homme à me faire l’amour deux fois au milieu de ma nuit
malgré son état de fatigue dû à sa journée épuisante
d’hier. Il faut que je le laisse souffler. On remettra ça pour
plus tard. Toujours à genou, il prend encore un peu de
crème et me la passe, cette fois sur le ventre. Il sait que
j’en ai déjà mis, il veut juste sentir ses bébés. Ceux-ci
réagissent aussitôt à son contact. J’éclate de rire.

— Ces enfants sont d’une ingratitude incroyable. Ils ne


réagissent jamais quand c’est moi qui leur passe la
pommade.
— Ils ont déjà choisi leur camp.

Il pose un baiser sur mon ventre, se lève et m’embrasse.


Je veux approfondir le baiser, mais il se libère de mon
emprise.

— Non, madame. J’ai un coaching à domicile dans moins


d’une heure.
Je souris en le regardant disparaître dans la salle de bains.
J’enfile ma robe et sors. Je meurs de faim et comme à
mon habitude depuis que je suis enceinte, Brad a garni la
table à manger de délicieuses choses pour un copieux
petit-déjeuner. La grossesse étant un peu à risque, il m’a
été formellement interdit de faire toute activité qui me
demanderait des efforts physiques. Brad a pris le docteur
au mot. Je dirais même trop. Il m’interdit toute tâche dans
la maison. Monsieur s’est réorganisé de sorte à se taper
presque toutes les corvées de la maison. En dehors du
ménage qui est fait par une femme qui ne vient que deux
fois dans la semaine, Brad prépare à manger, fait la
lessive, la vaisselle et s’occupe de moi comme d’un bébé.
J’ai beau lui faire comprendre que je peux faire toutes ces
choses sans mettre ma vie et celles de nos bébés en
danger, mais monsieur est catégorique. Je ne dois toucher
à rien. Avoir une gouvernante ? Brad est trop méfiant
pour laisser une personne étrangère entrer dans notre
intimité.

Je retrouve Lara déjà attablée.

— Heureuse de voir que le chagrin ne t’a pas privée de


ton appétit légendaire.
— L’amour passe, pas la faim, me répond-elle la bouche
pleine.

Je m’assieds et me sers du jus de fruits.

— Comment ça va ce matin ? je lui demande en


badigeonnant ma biscotte de chocolat.
— Je me suis fait une raison. Mais ce n’est pas grâce à
toi. T’entendre gémir comme une timbrée toute la nuit ne
m’a pas aidée. Je me réveille avec, deux fois plus, l’envie
de me caser.

Lara s’est fait le vœu d’attendre de trouver le bon avant


d’avoir ses premiers rapports. On ne donne pas sa
virginité à quelqu’un qui ne connait aucunement notre
valeur, me répète-t-elle tout le temps.

— Je suis désolée, dis-je en souriant. Ce sont les


hormones.
— Tchip !
— Que comptes-tu faire concernant Sam ?
— J’irai voir Vicky pour lui faire part de la situation et
mettre fin à cette relation pourrie. Mais d’abord, je dois
faire réparer mon portable ou m’en acheter un nouveau.
— Raconte-moi déjà cette histoire avec l’autre type.
— Il m’est rentrée dedans et pour me mettre deux fois
plus en rogne, il a écrasé mon portable expressément.
N’eût été la présence de Mel, je lui aurais fait un show
qu’il n’aurait pas oublié de sitôt.

Je crois que c’est le chagrin qui la fait autant bavarder


sinon la Lara que je connais n’est pas aussi agitée dans
ses actions. Ma grande sœur est une fille super posée et
un peu réservée. Ce n’est pas si mal que ce soit terminé
entre elle et l’autre type.

La sonnette l’interrompt dans la longue explication de sa


soirée d’hier. Elle va ouvrir la porte et j’entends la voix
de Mel. Ils me rejoignent tous les deux.

— Salut toi ! dis-je en premier, heureuse de le voir.


— Comment vas-tu ? s’enquiert-il en m’embrassant la
joue.
— Pas mal ! Quoi de neuf ce matin ?
— J’étais passé donner ce portable à Lara.

Il lui tend le carton d’un portable identique à celui qu’elle


avait.

— Rico a tenu à te le remplacer, précise-t-il.


— Le gars d’hier ? demande Lara en ouvrant le carton.
— Oui. Il te présente ses excuses.
— Lol, pourquoi ne vient-il pas en personne ?
— Il est retourné en Côte d’Ivoire.

Elle tchipe et se rassoit à sa place. Brad apparait tout prêt


à entamer sa journée.

— Je rentrerai avec le diner ce soir, m’informe-t-il.


— Je peux faire à manger, Brad. Ça me manque de
cuisiner pour toi.
— Tu auras tout le temps de le faire après
l’accouchement.
Il pose un baiser sur mes lèvres pour me signifier que je
n’avais plus rien à ajouter. Il cale son sac de sport sur son
épaule et avec Mel, ils prennent congé. Deux heures
après, c’est à notre tour de sortir. Nous nous rendons au
centre de Vicky. J’y viens passer mes journées et apporter
mon soutien également à ces adolescentes qui ont été
victimes d’abus. Elles se sentent beaucoup mieux avec
moi qu’avec Vicky. Au moins ça, Brad ne m’en empêche
pas. Pendant que Lara discute avec Vicky dans son
bureau, je joue avec ces petits enfants issus de viol dont
les mères ont trouvé refuge dans le centre. Lara ressort de
son entretien, plus confiante qu’à notre arrivée.

— Qu’a-t-elle dit ? je lui demande en me levant


difficilement de ma chaise.
— Elle a pris acte et convoquera Sam. Mais peu importe
ce qu’il dira, je reste sur ma décision. Je veux prendre le
temps cette fois pour prendre de bonnes décisions.
— J’aime te voir pleine d’assurance.

Je la serre très fort dans mes bras.

— Tu viens avec moi à la maison ? propose-t-elle.


— Oui ! J’avais prévu passer voir maman.

Je vais embrasser Vicky avant que nous ne prenions la


route pour la maison. Nous engageons des sujets plus gais
durant le trajet. Nous retrouvons maman à la cuisine au
milieu de plusieurs plats. Ma famille est plus belle et plus
heureuse depuis notre réunification. Papa et maman sont
encore plus amoureux qu’avant. On croirait qu’ils ne sont
jamais séparés durant de longues années. Nos vies sont
remplies de bonheur. Ils ont même commencé le
processus pour se faire un dernier bébé. Maman dit
vouloir un garçon, quand papa lui désire encore une fille.
Leurs chamailleries à ce sujet nous font rigoler.

— Ça sent bon par ici, dis-je en allant embrasser ma


mère.
— Oh, tu es là ?

Elle pose sa tablette et m’enlace.

— Je faisais à manger pour toi et Brad pour toute la


semaine.
— Je peux t’aider ?
— Oh, j’ai déjà terminé. Tiens-moi juste compagnie.
— Il est où papa ?
— Rendez-vous d’affaires.
— Je vois.

Elle jette un dernier coup d’œil à sa tablette et retourne à


ses fourneaux. Une vidéo qui passe sur la tablette attire
mon attention.

— C’est quoi ? je lui demande en prenant la machine.


— C’est le spot pour le Carnaval de Miami. Ton père
aurait bien voulu qu’on y aille, lui et moi, pour changer
d’air, mais j’ai beaucoup trop de choses à gérer en ce
moment. Nous irons donc le week-end surprochain dans
un chalet.

Je regarde la vidéo et je suis conquise par les nouveautés


qui seront apportées au Carnaval de cette année. Il y aura
même un stand pour les futures mamans.

— Ça donne super envie, dis-je les yeux brillants de


désir.
— Ouais, répond ma mère en léchant la spatule. Tu
devrais peut-être y aller avec ta sœur puisqu’il y a une
offre spéciale pour les femmes enceintes.
— Effectivement. Ça ferait aussi du bien à Lara. Elle a
besoin de se changer les idées.

La concernée se pointe et se montre très intéressée par


l’événement. Il me faut maintenant arriver à convaincre
mon cher et tendre époux.

Le soir venu, je dispose le diner sur la table. Brad ne tarde


pas à passer le pas de la porte avec un paquet en main. Il
fronce les sourcils en voyant la table dressée.

— Tu as fait la cuisine ? demande-t-il, prêt à me


réprimander.
— Tu n’as pas reçu mon message ? Ma mère nous a
rempli le frigo pour la semaine.
— Je n’ai rien reçu.
— Problème de réception sans doute.
Je l’embrasse et le débarrasse du diner qu’il a acheté et
vais le ranger dans le frigo. Je le rejoins dans la chambre
en train de se dévêtir. Je vais me blottir contre lui.

— Tu m’as trop manqué, lui dis-je.


— Toi aussi. Comment allez-vous ?
— Bien.

Je me mets sur la plante des pieds et capture ses lèvres. Il


répond à mon baiser avec ferveur. Sa main droite me tient
la joue tandis que l’autre se balade sur mon corps. Il me
débarrasse de ma petite robe qui couvrait ma nudité, me
fait allonger sur le lit et pose des baisers dans mon cou,
sur ma poitrine douloureuse. Il s’attarde un peu sur mon
ventre avant de descendre plus bas.

— Bébé !

Je souffle et m’agrippe au drap. Depuis que je suis


enceinte, il en faut peu pour me faire voir les étoiles. J’ai
deux orgasmes avant que mon mari ne se décide à me
pénétrer. Chaque coup me provoque des spasmes. Brad
sait si bien prendre soin de moi qu’on aurait dit qu’il m’a
toujours connue. Mes cris remplissent la chambre. Une
chance que Lara ne soit pas là. Elle en serait devenue
folle. Après ce délicieux moment, Brad va prendre sa
douche et moi je vais l’attendre autour de la table à
manger après que je me sois nettoyée. Je joue avec mon
alliance et souris amoureusement. Jamais je n’aurais cru
que je me marierais si jeune. Brad n’a pas voulu perdre
de temps, il m’a épousé trois mois après sa demande en
mariage. Je suis comblée à tous les niveaux au point où
j’ai oublié mon passé si acerbe. Je suis guérie, tant
physiquement qu’émotionnellement. Tout ça grâce à
l’amour des miens, mais en particulier de mon homme.

Je le regarde diner en buvant un bon chocolat chaud. Moi


j’ai diné avant qu’il n’arrive. Mes bébés ne pouvaient pas
attendre.

— Bébé ! je l’appelle avec hésitation.


— Hum ? répond-il en levant les yeux sur moi.
— J’ai vu le programme du Carnaval de Miami ce week-
end et j’ai vraiment envie d’y aller avec Lara.
— Le Carnaval de Miami ?
— Oui ! Ça se déroulera de ce vendredi au dimanche soir
donc lundi nous pourrons être rentrées avant midi.
Il pose sa fourchette et se craque le cou. Je devine ce qui
va suivre.

— Le Docteur a dit…
— Brad !
— Le Docteur a dit…
— MAIS JE M’EN FICHE DE CE QUE LE DOCTEUR
A BIEN PU DIRE, m’énervé-je subitement.

Il me regarde calmement.

— Je vais super bien et tu le vois. J’en ai plus que marre


d’être retenue prisonnière. Je ne peux rien faire.
— En tant qu’époux, c’est mon droit de veiller sur toi.
— Je suis assez grande pour prendre soin de moi. Je suis
enceinte, Brad, pas tétraplégique, pour que tu me
surveilles comme de l’huile sur le feu. Tu me refuses
absolument tout et je commence par étouffer.
— Je ne fais que suivre les instructions du docteur. Si tu
es trop secouée, ça risque d’agir sur les bébés et
également sur toi.
— Mais je vais justement me relaxer à Miami, pas courir
un marathon.
— C’est du pareil au même. Tu n’iras pas.
— Je ne suis pas ton enfant, lancé-je sèchement.
— Tu portes mes enfants et tu es ma femme. De ce fait…
— J’ai déjà appelé le docteur et il m’a dit que je pouvais
y aller sans risque.
— Ce n’est pas lui qui ira te défendre si jamais tu étais en
danger. Les carnavals sont toujours bondés de
délinquants.
— Arrête de voir le danger partout.
— Je ne peux ignorer le danger quand ça court tous les
coins de rue de ce…
— Tu n’es pas…
— Merde ! Tu vas arrêter de me couper la parole ?
gueule-t-il en donnant un coup sur la table.

Il craque la mâchoire et ferme les yeux pour calmer ses


nerfs. Brad, il a toujours détesté être interrompu. Je le
sais, mais je ne pouvais faire autrement si je voulais me
faire entendre.
— Brad ! fais-je doucement pour essayer de l’attendrir.
— Tu n’iras nulle part, clôt-il en reprenant sa fourchette.

Cette fois c’est moi qui bouillonne de rage.

— Tu fais chier à la fin !

Je sors de table toute furieuse et me rends dans notre


chambre dont je claque la porte bruyamment.

***TRISHA YOUL (À retrouver dans T. Y : Ce cœur à


conquérir et T. Y : Cet homme à tout prix)

— Tu as photographié de ce côté ?
— Oui ! Tiens, jettes-y un coup d’œil.

Darnell met son appareil sous mes yeux et fait défiler les
images. Tout est si magnifique. Mon frère a un vrai talent.
Il a ce don de sublimer tout et n’importe quoi. J’ai
embauché Darnell comme photographe personnel. Il
capture toutes mes créations et mon assistante s’occupe
de les publier sur notre page professionnelle. Si au début,
nous faisions plus dans la décoration intérieure,
aujourd’hui nous touchons à tout. Décoration
d’anniversaire, de mariage, de dot, de gala. Bref, tout
rassemblement qui nécessite un cadre féérique. Plus
aucun photographe ne pourra se foutre de moi. En
seulement quelques mois, Darnell et moi sommes
devenus tellement complices, comme si nous nous
connaissions depuis toujours. N’ayant pas une pléiade
d’amis, il a été facile de construire notre cercle à nous et
le fait d’avoir des amis en commun a facilité les choses.

La première partie du boulot bouclée, nous nous prenons


un bon déjeuner dans un restaurant non loin. Je me
commande carrément un festin. Il me le faut bien, après
ces cinq jours passés sous perfusion. J’avais perdu tout
appétit. Plus rien n’arrivait à franchir mes lèvres sans que
j’aie envie de rendre. Aujourd’hui, tout va pour le mieux.
Une chance que je n’allaite plus, sinon le bébé aurait été
puni. Depuis l’accouchement jusqu’à ce jour, je n’ai eu
aucune goutte de lait dans mes seins. Ça m’a chagrinée
au début, mais j’ai fini par en tirer profit en retournant
bosser. Ça nous fait maintenant trois petits YOUL, à
Terry et moi. Les deux derniers auront l’air de jumeaux
vu le petit d’écart d’âge qu’il y a entre eux. Tyron avait
six mois lorsque je suis de nouveau tombée enceinte par
la malice de mon homme. Tyler, le petit dernier, a
maintenant quatre mois et est aussi agité que ses deux
aînés.

— Alors, c’est pour quand votre voyage en amoureux ?


me demande Darnell en essuyant sa fourchette avec la
serviette de table.
— Ce week-end, je réponds en tirant mon jus dans la
paille. J’y ai hâte. Il me faut changer d’air.
— Kayla et moi en aurons aussi besoin quand elle aura
du temps. Elle est très sollicitée ces derniers temps et en
plus avec les enfants, ce n’est pas du tout évident.
— Les enfants peuvent venir chez maman Nath.
Teyanna, Tyron et Tyler y seront. Elle se ferait un plaisir
de les garder.
— Ce n’est pas une mauvaise idée. Je lui en parlerai.

La pause terminée, nous retournons à notre boulot. Nous


devons gérer le mariage de la fille d’un ministre du pays.
De ce fait, je me dois de veiller au grain à tout. Je dois
m’assurer que la décoration reste intacte du début à la fin
et que les jeux de lumière se font comme souhaité par la
mariée. Mon frère et moi, nous nous séparons à l’arrivée
des mariés. Il leur colle pratiquement aux fesses pour
immortaliser chacun de leurs faits et gestes. Je le regarde
travailler avec tout le sérieux que je lui connais et je
souris. Je suis fière d’être la sœur de l’un des meilleurs
photographes de sa génération. Depuis son entrée dans
ma vie, je me sens moins seule. Je sais que quelque part,
il y a quelqu’un qui a le même sang que moi. Je ne suis
plus cette pauvre orpheline abandonnée devant un
orphelinat et qui n’avait aucune histoire. J’ai une famille,
un grand frère. Je me sens complète.

Je suis finalement rentrée avant la fin de la cérémonie.


Tout était déjà intact, je n’avais donc plus rien à y faire.
J’ai cependant tout confié à mon adjointe. Je monte dans
ma chambre prendre une douche, après quoi j’entame le
rangement de ma valise. Dans deux jours nous devons
nous envoler pour Miami, une ville qui m’a fascinée, la
première fois que j’y suis allée avec Terry. Nous avions
juste fait un aller-retour donc je n’en ai pas vraiment
profité. Il m’avait, de ce fait, promis m’y ramener et c’est
prévu pour ce week-end. Il a dit deux jours, mais je
compte bien y faire une semaine. Je veux décompresser.
Il me le faut urgemment. J’étouffe dans ma maison.

J’entends la porte de la chambre s’ouvrir. Je sais


automatiquement que c’est lui. Je sors de mon énorme
dressing et vais l’accueillir. Il revient de New York et il
a l’air épuisé. Je le débarrasse de son sac de voyage et de
sa veste pendant qu’il discute au téléphone. Je retourne
dans mon dressing terminer ma tâche, assise par terre au
milieu de mes cartons de chaussures. Je le vois, du coin
de l’œil, me rejoindre. Il s’adosse sur l’embrasure de la
porte.

— Je réfléchissais à quel genre de chaussure je devrais


prendre, lui dis-je en prenant deux différentes chaussures
dans mes mains. Talons aiguilles ou baskets ? Mais je
penche plus pour les baskets, étant donné que notre hôtel
se situe en bordure de mer. Elles seront aussi très
pratiques pour faire du shopping. Mais pourquoi pas des
tongs ? Ça serait plus pratique. Hum ?

Je lève les yeux sur lui en tenant les deux chaussures


levées.

— À propos du voyage, commence-t-il, embêté. Je ne


pense pas pouvoir y aller.
— Comment ça ? je demande en baissant les bras.
— J’avais zappé une conférence que je devais conduire il
y a quelques semaines. Tu t’en souviens ? Celle-là que
j’ai dû reporter pour rester à ton chevet quand tu étais
hospitalisée. Elle a été replacée ce week-end.
— On peut y aller ensemble et de là continuer à Miami.
— Elle se fera sur cinq jours. Le week-end pour la
conférence et les jours d’après pour des ateliers.
— Tu veux donc qu’on remette le voyage au week-end
prochain ? Pas de souci.
— Ça… ne serait pas possible non plus. Je dois être en
Russie pour deux semaines.

La frustration mêlée à la colère me monte au nez.

— Tu m’avais promis ce voyage en amoureux.

Je me lève toute furieuse et lui fais face.

— Nous n’avons pas eu de moment rien qu’à nous depuis


ces fâcheux événements avec l’autre timbrée (cf T.Y. :
Cet homme à tout prix.)
— J’en ai conscience et je te promets d’y remédier. Mais
en attendant, tu peux y aller toute seule ou avec Carine.
— Si je voulais y aller avec ta sœur, j’y serais allée depuis
bien longtemps. C’est de nous deux qu’il est question.
— J’en suis navré. J’au…
— Laisse tomber.

Je sors sans lui accorder un regard. Je n’arrive pas à croire


qu’il me fasse un tel coup. C’était censé être notre week-
end à nous et il envoie tout balader à la dernière minute.
J’ai la rage. Je préfère aller m’enfermer dans la salle de
bains au risque de lui balancer le fond de ma pensée à la
figure.

*Mona
*LYS

Je tombe sur le programme d’un carnaval qui se déroulera


ce week-end à Miami et je suis de plus en plus en colère.
C’est ce si magnifique événement que Terry veut me faire
rater ? Il n’en est pas question. J’irai toute seule, pour en
profiter au maximum. Qu’il reste dans ses conférences,
s’il le désire. Moi j’irai. Ça ne me dérange pas d’y aller
seule. Carine a déjà son programme à elle. Tchip ! Terry
dérange. Je ferme mon laptop pour ne pas augmenter ma
déception. Mon assistante me rejoint et nous faisons le
point des activités de la semaine et de celles à venir. Nous
serons overbookées. Il n’y a plus de place pour d’autres
événements. Il faudrait attendre le mois prochain au
moins avant d’obtenir nos services. Je dois songer à
encore agrandir nos services.

La porte de mon bureau s’ouvre alors que j’ai la tête


baissée sur un dossier. Par la réaction de mon assistante,
je sais de qui il s’agit.

— Bonjour monsieur ! le salue mon assistante avec


révérence en étant debout.
— Bonjour, lui répond Terry.

Sans qu’il lui dise quoi que ce soit, elle sort à la hâte. Cet
homme a pour don d’intimider mes employés malgré que
la plupart le connaissent depuis longtemps. Moi, je
l’ignore carrément en continuant ce que je faisais. Il
contourne mon bureau, me prend la main et me relève. Je
garde la mine fermée. Il me fait asseoir sur mon bureau.
— Tu auras ton week-end en amoureux, m’informe-t-il
en posant son front contre le mien. Tu iras avant moi et
je te rejoindrai le samedi dans l’après-midi. Ça te va ?

Je croise les bras en tirant la bouche.

— Trish ! souffle-t-il en me regardant.


— Ok !
— Je pensais que ça te ferait plaisir.

Je souris de toutes mes dents. Il soupire de soulagement.


Je prends sa tête et l’embrasse.

— Merci, mon amour ! lui dis-je contre ses lèvres.


— Je ne veux pas que tu te mettes en colère.

Il glisse son visage dans mon cou et hume mon parfum.


Il adore faire ça, surtout quand il est stressé. On pourrait
dire que mon parfum, c’est sa drogue. Ses mains glissent
sous ma jupe. Je souris et frétille. Je lui retire sa veste en
prenant de nouveau possession de ses lèvres. Il retire mon
dessous sans forme de procès, m’attire vers lui et me
pénètre. Oh, je ne crains pas qu’on nous surprenne.
Personne n’ose entrer dans mon bureau quand il est là.
Malgré le fait qu’il se soit un tout petit peu adouci, Terry
YOUL demeure une terreur pour tous, surtout pour
quiconque voudrait se mettre entre nous.
3

***LORAINE ANDERSON (À retrouver dans Un


amour dangereux 1 & 2)

« — Vous êtes toujours partante pour l’exposition ? »


— Mais bien sûr. Comment dire non à une telle
opportunité ?
« — Je suis certaine que vos chaussures se vendront
comme des petits pains. Elles sont magnifiques. Surtout
la récente collection. »
— Je suis vraiment impatiente d’être à demain.
« — Vous avez reçu les billets d’avion ? »
— Oui, très tôt ce matin. Encore merci.
« — C’est nous. À bientôt. »
— Oui ! Bye !

Je coupe l’appel vidéo, toute souriante de joie. Je vais à


Miami, participer à leur carnaval où j’aurai mon stand à
moi pour exposer mes créations. J’ai été aux anges
lorsque j’ai reçu cette invitation de la part d’une fidèle
cliente qui fait partie de l’organisation dudit carnaval.
Son organisation et elle ont pour tâche de gérer le volet
commercial et bien entendu ils auront un pourcentage sur
chaque vente. Mais ce à quoi je ne m’attendais pas, c’était
qu’ils m’envoient des billets pour moi et toute ma
famille. Ce sont les enfants qui seront heureux.

Je descends dans mon entrepôt vérifier que les cartons


des chaussures sélectionnées sont bien rangés. Je les
vérifie de nouveau avant que nous ne les scellions.

— Demain matin, à la première heure tu dois les déposer


à l’aéroport, dis-je à mon assistante. Avec un peu de
chance, ils arriveront d’ici vendredi.
— C’est compris, Madame.
— Toutes les livraisons de ce jour ont été faites ?
— Oui ! Enfin, sauf une. La femme dit s’être trompée sur
sa pointure donc elle a annulé sa commande.

Je secoue la tête. Qu’est-ce que les gens n’inventeront pas


pour annuler leur commande ? Sinon, quand on se trompe
de pointure, bah, on change et c’est tout. Bref, j’ai cessé
de m’occuper directement des clientes en ligne pour
m’éviter de leur manquer de respect à chaque fois. Entre
celles qui, après avoir utilisé les chaussures, appellent
pour se plaindre de n’avoir pas reçu ce qu’elles avaient
commandé et celles qui ferment carrément leur portable
quand elles doivent être livrées, ma bouche aurait
distribué des injures non-stop. Mon assistante a pris
l’engagement de se charger des ventes en ligne donc je la
laisse se démerder. Si cela ne tenait qu’à moi, on n’en
ferait pas. Bref, ma journée achevée, je me dépêche de
rentrer chez moi, retrouver ma magnifique petite famille.
Je remarque la voiture de Carl en rentrant. Erwin et
Soraya courent se jeter dans mes bras aussitôt que je
franchis la porte.

— Ohh, mes amours ! Vous m’avez tellement manqué.

Je les serre fortement dans mes bras.

— Il est où papa ?
— À la cuisine, me répond Erwin.

Je prends la petite Soraya dans mes bras et me rends à la


cuisine où mon homme fait la cuisine.
— Ça sent bon par ici. Coucou toi !

Je me penche vers lui pour l’embrasser en gardant Soraya


loin du gaz.

— Tu es rentré super tôt aujourd’hui, fais-je remarquer


en allant m’asseoir près de l’îlot central.
— Je me sentais épuisé. Comment a été ta journée ?
— Oh super génial. J’ai reçu des billets d’avion pour
toute la famille de la part de Mme MILLER.
— Ah oui ?
— Nous pouvons tous aller assister au Carnaval. Ça nous
fera une sorte de vacances en famille. Tu pourras y aller,
j’espère ? Normalement, ça débute le vendredi, mais je
préfère m’y rendre dès demain pour prendre la
température des lieux. Ça fait si longtemps que nous
n’avons rien fait tous ensemble.
— Tu me laisseras le temps d’aller confier des tâches à
mon second.
— Ça marche. Je peux terminer le diner, si tu te sens…
— Non, ça va. Va plutôt prendre une douche.
— Ça marche !

Je laisse Soraya concentrée sur sa tablette et je sors de la


cuisine. Cette petite adore tenir compagnie à son père.

— JESS !!! MAX !!! FAITES VOS VALISES, ON


PART À MIAMI !!! Je hurle en marchant vers les
escaliers.

Les deux cités surgissent de je ne sais où et courent, tout


excités, vers moi.

— Quoi ? Sérieux ? Quand ? font-ils en sautillant.


— Jeudi.
— Demain ? s’étonne Jess. Mais… j’ai une soirée entre
filles prévue ce vendredi.
— Tu peux rester si tu veux, la taquine son frère. Moi
j’irai bronzer sur les plages de Miami. De toutes les
façons, nous n’avons pas besoin de toi pour nous amuser.

Jess lance son bras vers son frère, mais il esquive le coup.
— La vie c’est un choix, chérie, lui dis-je en montant les
marches. Soit tu viens avec nous, soit tu restes.

Je les entends se chamailler en bas. Je me dirige droit


dans ma salle de bains me couler un bain parfumé dans la
baignoire. J’y glisse, complètement nue et relaxe. J’en
avais grand besoin après cette journée stressante. Je sens
des mains caresser ma cuisse. Mon corps reconnaît son
propriétaire et réagit à la seconde. Ses doigts vont de ma
poitrine à mon ventre puis descendent entre mes jambes.
Je m’agrippe à la baignoire en sentant les doigts de Carl
se frayer leur chemin en moi.

— Babe ! soufflé-je, haletante.

Carl sait me faire souffrir de plaisir et il adore le faire.


Mais j’en veux plus. J’ouvre les yeux et l’attire dans
l’eau. Il ne résiste pas. Comment le pourrait-il d’ailleurs
quand il s’est déjà mis en tenue d’Adam ? Il retire ses
doigts, m’oblige à me mettre à quatre pattes dans la
baignoire et s’enfonce de tout son phallus en moi. Ne
sortent de ma bouche que des douces complaintes. Il y va
avec douceur, mais fermement.
— Tu es encore plus belle de jour en jour, souffle-t-il en
me tirant vers lui tout en continuant à s’enfoncer de plus
en plus loin en moi.
— C’est grâce à toi, Babe. Han ! Oui ! Plus fort, Babe !
Plus fort.

Il redouble d’ardeur. Des spasmes s’enchaînent sans qu’il


arrête.

— Je t’aime, Carl ANDERSON.


— Je t’aime, ma princesse.

Un dernier coup et nous atteignons le nirvana. Nous


restons immobiles à reprendre nos souffles. Quand c’est
fait, nous reprenons place dans la baignoire, lui derrière
moi, pour relaxer. Nous redescendons une trentaine de
minutes plus tard auprès de nos enfants pour diner.

— Maman, nous irons à Miami pour combien de jours ?


demande Jessica.
— Normalement pour le week-end. Mais si vous voulez,
nous pourrions y rester quelques jours de plus. Vous
n’avez pas cours cette semaine de toute façon.
Elle se met à danser. Max et elle se mettent à faire leurs
programmes. Je sens que ce week-end sera parfait.

***ÉTATS-UNIS, MIAMI***

Nos lunettes de soleil collées sur nos yeux, nous


marchons vers la sortie de l’aéroport. Dans cette ville, le
soleil bat tout le temps son plein, ce qui rend les plages
plus attrayantes, car tout le monde y vient pour profiter.
Une limousine gare juste devant nous et la portière arrière
s’ouvre. Je ne prête pas attention sur le coup à la personne
qui en descend. Je suis plutôt de près le représentant de
Mme MILLER qui est venu nous chercher. Je tourne la
tête et je sursaute en voyant Joël venir vers moi. Jess
court lui sauter dans les bras.

— Mon grand frère d’amour, fait-elle en l’encerclant de


ses jambes dénudées par son petit short.
— Mais que fais-tu là ? je lui demande, agréablement
surprise.
Il avance difficilement en retenant Jess qui refuse de
descendre.

— Papa m’a dit que vous seriez ici. J’ai tenu à vous faire
une surprise.
— Tu passeras donc le week-end avec nous ?
— Oui, m’man.

Je souris de joie et l’enlace fortement. Jess le libère et il


me serre fort à son tour. Il m’avait trop manqué mon
fiston. Maintenant que toute ma famille est réunie, nous
pouvons passer le week-end le plus génial de toute notre
vie. Nous arrivons dans un gigantesque hôtel dont la
réputation n’est plus à refaire. Rien que l’entrée nous
laisse pantois. On arrive à se mirer dans le carrelage. Les
enfants ne font que s’extasier et se prendre en photo.
Nous suivons le représentant à l’accueil.

— Bienvenue dans notre sublime hôtel, nous accueille un


homme en costume, qui est plutôt efféminé, en nous
tendant des bracelets jaunes. Je suis Kaaarlos, avec un K,
pour vous servir, se présente-t-il en roulant bien sur le
Kar. Je suis chargé de m’assurer que vous vous sentiez
bien durant votre séjour dans notre domaine. Veuillez me
suivre. Magnifique famille surtout.
— Merci, dis-je avec le sourire.
— Maman, c’est un pédé ? me demande doucement Max.
— Chut ! On ne fait pas ce genre de remarque ici.

Nous suivons le Karlos avec un K. Du rez-de-chaussée à


notre étage en passant par l’ascenseur, tout est à couper
le souffle. J’ai le souffle complètement coupé quand
Karlos avec un K nous ouvre la porte de notre suite.

— Mais dis donc, Mme MILLER n’a pas fait dans la


dentelle.

Les enfants se mettent à toucher à tout et prendre des


photos. La cerise sur le gâteau, c’est la magnifique vue
que nous avons sur la plage. Cette fois c’est clair, nous
allons rester plusieurs jours pour mieux profiter de tout
ceci. Miami, nous voici.

***BRAD
Je regarde Kylie qui s’efforce de ne pas me regarder. Je
sais qu’elle en brule d’envie, mais elle est beaucoup trop
en colère contre moi pour le faire. Je joue de ma langue
avec le pique à dent dans ma bouche. Je finis par me
rapprocher d’elle.

— Kylie !

Elle s’éloigne de moi sans m’accorder un regard. Lara et


Faith qui ont suivi la scène me lancent des regards
compatissants. Je retourne à ma place et vide mon verre
d’eau.

— Il se passe quoi avec ta femme ?

Je lève les yeux vers Vicky qui m’a rejoint. Elle s’assied
près de moi.

— Elle me fait la gueule parce que je refuse qu’elle


participe au Carnaval de Miami.
— Pourquoi ?
— Parce que…
Je souffle et me passe la main sur le visage.

— Je ne veux pas qu’elle prenne des risques inutiles. Elle


est presque à terme.
— Elle a passé toute la grossesse cloitrée entre les quatre
murs de votre maison. Elle a stoppé l’école, le boulot, elle
a tout stoppé pour se concentrer sur la grossesse. Ne
crois-tu pas qu’un peu de détente lui ferait du bien ?
— Je suis inquiet. Et s’il lui arrivait quelque chose ?
— Et si tu arrêtais, toi, de murir des superstitions à
chaque fois ? Laisse mourir le Brad toujours prêt à
dégainer. Déstresse un peu et profite de la vie.

Je me craque le cou. Il m’est impossible d’arrêter de


m’inquiéter. C’est une mission impossible pour moi. Je
garde toujours en moi mes réflexes. Je déteste ce genre
de rassemblement. Il y a toujours des histoires bizarres
qui s’y passent. Des filles qui se font droguer et violer,
des personnes qui se font dépouiller sans jamais savoir
comment, des disparitions subites dont la majorité des
victimes ne sont jamais retrouvées, et j’en passe. Je ne
veux pas que ma femme se retrouve au milieu de tout ce
bordel.
Je reste avec Mel, Wilson et Dwayne, à profiter du reste
de ce brunch familial. Tout le monde est présent et les
conversations fusent de partout. Même si elle me fait la
gueule, Kylie s’amuse plutôt bien.

— Arrête de la dévorer ainsi du regard, me taquine


Wilson. On sait que c’est ta femme.
— T’es grave amoureux, dis donc, renchérit Dwayne.
— Vous êtes cons, leur dis-je en piochant dans le bol des
cacahuètes. Toi tu en es où avec April ? je demande à
Dwayne.
— Il y avait quoi avec April ? demande-t-il faisant mine
de ne pas savoir de quoi je parle.
— C’est ça ! fais-je en souriant.

À la tombée de la nuit, chacun de nous reprend le chemin


de sa maison. Kylie demeure dans le silence durant le
trajet. Elle se met les écouteurs et ferme les yeux. Dès
que nous franchissons la porte de notre appartement, elle
se dirige droit dans la chambre. Cette atmosphère devient
trop pesante. Ça fait deux jours qu’elle ne m’a pas adressé
la parole et je n’en peux plus. De nous deux, c’est elle la
bavarde alors son silence plonge notre nid dans une
atmosphère que je déteste. Assis sur le lit, je retire mes
rangers et mon tee-shirt. Elle sort quelques minutes plus
tard avec sur elle une serviette qui a du mal à couvrir
totalement son ventre arrondi. Elle disparaît de nouveau
dans son dressing. Je reste toujours assis sur le bord du
lit. Quand elle ressort de nouveau, elle se dirige vers la
porte sans un regard pour moi. Je commence
sérieusement par en avoir marre. Je lui attrape le bras en
me levant.

— Kylie !

Elle reste immobile, dos à moi. Je me rapproche d’elle et


hume le parfum de ses cheveux avant d’y poser mes
lèvres.

— Arrête, s’il te plaît !

Je pousse un soupir.

— Ok, tu as gagné !
Elle se retourne vivement et sourit.

— Je peux donc y aller ?


— Oui !
— Vraiment ? J’ai vu qu’ils avaient un super programme
pour toute la semaine qui…
— Non, pour le week-end, Kylie. Tu as dit le week-end.
— Mais…
— Kylie !
— Ok, va donc pour ce week-end. Merci, bébé.

Se hissant sur la plante de ses pieds, elle joint ses lèvres


aux miennes.

— Je veux aussi te faire à diner ce soir.

Je lève les yeux au ciel.

— Brad, s’il te plaît ! J’ai vu une super recette et je


voudrais la faire pour toi. Je suis sûre que tu vas adorer.
Tu es là, tu peux m’assister si tu veux pour t’assurer que
je ne prenne aucun risque.
— Ok !

Elle m’embrasse et me tire par la main jusque dans la


cuisine. Elle sort du frigo tout ce dont elle aura besoin,
active sa tablette et commence à cuisiner. Elle est
heureuse et c’est tout ce qu’il me faut pour l’être
également.

***QUELQUE PART À MIAMI***

***EL JEFE

— Tout le monde est-il prêt ?


— Oui, chef !
— Tâchez de ne pas vous faire prendre. Que chacun joue
son rôle à la perfection. Nous devons avoir vingt filles ce
week-end. Les clients veulent du nouveau, de la chair
fraiche.
— Vous avez une préférence pour cette fois ?
— Non ! Prenez tout. Blonde, brune, vierge, enceinte,
tout ! Du moment qu’elles sont belles à croquer. Nous
devons récolter le maximum d’argent possible à notre
soirée. Plus les filles sont belles et plus les clients misent
gros.
— C’est compris, chef. Et que faisons-nous des
anciennes filles ?
— Gardez-les dans le sous-sol. Je veux voir de nouvelles
filles dès ce vendredi soir.

Ils acquiescent tous et sortent. Je tire sur mon cigare en


regardant le spectacle de striptease que m’offrent ces
deux belles filles.

— Venez faire du bien à papa.

Elles viennent vers moi avec des démarches chaloupées.


L’une s’attaque à ma ceinture qu’elle défait sans
ménagement pour me faire la meilleure pipe du siècle
quand l’autre me masse le visage avec ses deux gros
melons. Humm j’ai hâte de me faire encore plus de
pactole avec les nouvelles filles que je vais vendre à mes
partenaires. N’est-elle pas belle la vie ?
4

***KYLIE

— Tu me préviens dès que vous arrivez.


— C’est compris, Brad. Ça fait la cinquième fois que tu
me le répètes.
— Parce que je ne suis toujours pas rassuré de te laisser
partir. Garde toujours ton portable à portée de main. Je
veux pouvoir te joindre à n’importe quel moment.
— C’est compris.
— Au moindre étourdissement, tu rentres. Si tu te sens
observée ou en danger, tu me préviens et je viens te
chercher.
— Brad !
— Je ne rigole pas.

Je soupire.

— Tout va bien se passer, promis.


Je me hisse sur la plante des pieds et l’embrasse.

— Tout ira bien.

Il n’a pas l’air rassuré malgré mes paroles. Je ne sais


vraiment plus quoi lui dire.

— Juste deux jours, Kylie. Dimanche soir vous devriez


être rentrées.
— Brad, arrête ! Tu vas finir par me faire flipper.
— Ok, je suis désolé. Viens là !

Il m’attire dans ses bras et me couvre de tous ses muscles.


Je me blottis comme un petit chat contre lui. Je remarque
deux jeunes filles non loin, qui le dévorent littéralement
du regard. C’est mon homme, mes chéries. Il est à moi
toute seule.

— Les amoureux, ça suffit, fait Lara. Nous devons y


aller.
J’embrasse de nouveau mon mari.

— Je t’aime !

Il me retient par la taille et m’embrasse là


langoureusement. Ça me met tout de suite en chaleur et
j’ai envie de tout annuler pour rentrer faire l’amour avec
lui.

— Tu prends soin de toi et de nos enfants, finit-il par dire


quand il libère mes lèvres.
— Promis !

Encore un dernier smack, et je rejoins Lara pour


l’embarquement. Enfin, je vais pouvoir m’amuser.

****MIAMI***

Notre taxi gare devant l’un des hôtels partenaires du


Carnaval où nous avons réservé notre chambre pour le
week-end.
— Bienvenue dans notre sublime hôtel, nous accueille un
homme en costume en nous tendant des bracelets de
couleur jaune. Je suis Kaaarlos, avec un K, pour vous
servir, se présente-t-il en roulant bien sur le Kar. Je suis
chargé de m’assurer que vous vous sentiez bien durant
votre séjour dans notre domaine. Veuillez me suivre.

Lara et moi sommes de plus en plus excitées. Nous


suivons le Karlos avec impatience.

— Les festivités ont déjà commencé ? demande Lara.


— Oui très chère. Montez vous installer et ensuite je vous
indiquerai les endroits pour vous amuser. Déjà ce matin,
vous pouvez faire des achats souvenirs et ce soir, il y aura
une grande fête sur la plage. Karlos va vous aider à
profiter de ce magique Caaarrrnaval.
— Caaarrnaval ! répète Lara, amusée.

Nous éclatons de rire. Nous sommes subjuguées par la


beauté de notre chambre. Mais nous ne perdons pas de
temps à nous extasier. Il nous faut sortir voir la ville.
Karlos nous donne des flyers qui nous indiquent les
endroits choisis pour les différents événements du
Carnaval. J’appelle Brad pour l’informer de notre
arrivée. Je mets assez vite fin à l’appel avant qu’il ne
commence à jouer au bodyguard. Lara et moi nous
décidons de nous rendre à l’espace transformé en grand
marché et espace de détente. Nous sautons dans le
premier taxi qui gare devant nous. Il y a une tonne de
taxis qui tournent devant l’hôtel. La majorité des clients
sont des touristes venus profiter du Carnaval.

— Bien le bonjour, mes jolies dames, salue le chauffeur


avec un accent mexicain. Vous êtes là pour le Carnaval ?
— Oui, répond Lara. Pouvez-vous nous conduire à la
grande place, s’il vous plaît ?
— Mais bien-sourrr ! Je suis Miguel et je peux être votre
chauffeur personnel si vous le souhaitez. Ça vous évitera
les longues attentes. Pendant le Carnaval, le trafic est
dense et il y a toujours plus de clients que de voitures. Je
connais cette ville comme ma poche.

Lara et moi trouvons la proposition alléchante. Nous


n’avons pas voulu nous prendre de voiture de location
pour pouvoir nous fondre dans la masse. Ici, il n’y a pas
de classe sociale. Tout le monde se mélange à tout le
monde. Miguel, cet homme qui peut être notre père, se
montre tellement sympathique que nous échangeons avec
lui comme de vieux amis. Arrivées à destination, il nous
donne son numéro pour que nous l’appelions chaque fois
que nous aurions besoin de lui. J’inspire cet air de bien-
être qui est propagé dans cet endroit. Nous nous lançons
dans cette foule de personnes venues pour les mêmes
raisons que nous. Il y a tellement de belles choses, que je
ne sais quoi acheter. Nous nous rendons en premier au
stand de bijoux faits à base de perles indiennes et
africaines. Tout est tellement beau. Lara et moi en
essayons quelques-uns. Un tapotement sur mon épaule
me fait retourner. Il y a un jeune homme devant nous avec
un appareil photo.

— Photo ? nous propose-t-il.

Lara et moi nous mettons automatiquement en position.


Nous prenons deux poses différentes. Il nous les montre
ensuite.

— Elles sont magnifiques, j’apprécie en souriant au type.


Mais comment pourrions-nous les récupérer ?
— Oh ! ne vous inquiétez pas. Je dépose les photos de
ceux qui désirent les avoir à leur hôtel, dit-il en parlant
assez rapidement. Vous n’aurez qu’à demander à votre
réceptionniste les photos de Angélas. Angélas, avec le
“g’’ prononcé en “ r’’, pas Angela. Et c’est “Ane’’, pas
“An’’ je précise parce que certains ont tendance à
confondre les deux prénoms alors qu’ils sont si distincts.
Les gens ne veulent plus faire d’effort de nos jours.
— Ah ! Ok. Nous sommes donc…
— Je connais déjà votre hôtel, déclare-t-il en montrant
nos bracelets sur nos poignets. Chaque hôtel attribue une
couleur de bracelets à ses clients. Ça permet de retrouver
son chemin.

Il nous sourit de toutes ses dents. Nous rigolons devant


son air un peu débile. Je le trouve amusant. Il prend congé
de nous et prend des photos dans le tas. Lara et moi
changions de stand, quand un ballon me tape la jambe.
Un petit garçon court le chercher.

— Erwin, combien de fois vais-je te dire de déposer ce


ballon ? gronde une femme qui vient vers lui. Toutes mes
excuses, ma belle.
— Oh non, ce n’est rien.
Je regarde la bouille du petit et je souris. Il est tout
mignon à croquer. Quand il se baisse pour ramasser sa
balle, mes yeux, qui ont suivi son mouvement, tombent
sur les chaussures de la femme qui semble être sa mère.

— Elles sont magnifiques, vos tongs. À quel stand les


avez-vous achetées, s’il vous plaît ?
— Merci ! C’est à mon stand personnel. Je suis créatrice
de chaussures.
— Oh, mais c’est génial ! Je peux voir ?
— Oui, venez !

***LORAINE

Les deux jeunes filles me suivent jusqu’à mon stand qui


est bondé de clients. Je ne m’attendais pas à ce que mes
chaussures aient un succès aussi fulgurant. Une chance
que j’en ai rapporté une bonne cinquantaine.

— Voilà ! Il y a des talons aiguilles, des boots, des


tapettes assez belles pour les petites sorties.
Voir leurs yeux briller devant mes articles me fait
énormément plaisir. Les deux jeunes filles passent leur
temps à se disputer des chaussures. J’en sors donc des
exemplaires de chaque choix pour chacune afin qu’elles
soient satisfaites. Celle qui est enceinte grimace tout à
coup de douleur.

— Ça va ? je m’enquiers en me rapprochant d’elle.


— Oui ! Je crois que j’ai beaucoup été en mouvement
pour aujourd’hui. Je n’ai pas pris le temps de me reposer.
— Ok, venez vous asseoir.
— Non, je vais retourner à mon hôtel me reposer plutôt.
— Attends que j’appelle le chauffeur de taxi, lui dit
l’autre, qui, je déduis, doit être sa sœur par leur forte
ressemblance.
— Laissez mon fils vous déposer plutôt, je propose à
mon tour. Il est véhiculé.

J’appelle Joël sans attendre leur réponse.

— Oui, m’man !
— Dépose ces dames à leur hôtel, s’il te plaît, et tu en
profiteras pour aller chercher ton père. Il s’est assez
reposé comme ça.

Il avale le reste de son hot-dog et se tapote les mains pour


les nettoyer. J’emballe les articles des filles et les donne
à mon fils qui les conduit ensuite à sa voiture.

— Tout se passe bien ?

Je me retourne et tombe sur Mme MILLER qui vient


d’arriver.

— Oui. J’ai presque terminé mon stock. Je crois que


j’aurais dû envoyer beaucoup plus de chaussures.
— J’avais dit que vous alliez vous faire de l’argent.
— Et c’est grâce à vous. Infiniment merci.

Elle me gratifie d’un sourire et prend congé. Je cherche


mes enfants du regard. Jess, Max, Erwin et Soraya se font
prendre en photo par ce jeune photographe qui tourne au
milieu de nous depuis ce matin. Bon, je vais devoir me
débrouiller toute seule pour le reste des articles vu que
Jess m’a abandonnée.

***TRISHA YOUL

« — Que fais-tu maintenant ? »


— Je m’apprête à sortir. Paraît qu’il y a un espace qui a
été apprêté pour les achats souvenirs et la détente.
« — Tu ne t’y ennuieras pas en y allant toute seule ? »
— Je vais faire avec en attendant que tu me rejoignes.
« — Nous ne participerons pas aux festivités si je viens. »
— Oui, je n’ai pas oublié que tu détestes la foule. Je vais
donc en profiter le temps que tu me rejoignes. Demain,
c’est sûr ? je demande en appuyant mon regard.
« — Oui. Je serai là demain soir. »
— Ok. Je vais donc m’acheter une chic lingerie pour
t’accueillir.

Il mime un sourire.

« — J’ai hâte. Je dois y aller maintenant. »


— Ok. Bye. Je t’aime.
« — Je t’aime. »

J’adore tellement l’entendre me dire qu’il m’aime. Il le


fait très rarement alors quand c’est le cas, je m’en réjouis
complètement. Je coupe l’appel vidéo, glisse mon
portable dans la poche arrière de mon jean et sors de la
suite que Terry avait pris le soin de réserver plus tôt. Jean,
mon garde du corps me suit. Pour l’occasion, j’ai
demandé à ce qu’il se vêtisse de façon décontractée pour
pouvoir se fondre dans la masse et aussi profiter de
l’événement. Je ne veux pas me sentir surveillée. Je
descends dans le hall et par le plus grand des hasards, je
tombe sur mon ami de longue date.

— Joël ?

Il termine une photo avec une fan et se retourne. Son


visage se déforme par la surprise automatiquement.

— Trish ? Non, mais quelle agréable surprise !

Nous nous enlaçons longuement.


— Comme je suis heureuse de te voir.
— Et moi donc ? Tu es là pour le Carnaval ?
— Entre autres. Ça, et aussi pour un moment en
amoureux avec Terry.
— Où est-il ?
— Au Nigéria. Il me rejoindra demain.
— Donc pendant ce temps, je peux profiter de toi sans
craindre de me faire foudroyer.

J’éclate de rire.

— T’es bête !
— Que fais-tu là maintenant ?
— Je me rendais à la grande place publique.
— Ça tombe bien, j’y retournais. Ma mère y tient un
stand pour ses créations.
— Allons-y donc que j’y jette un coup d’œil.

Je suis Joël à sa voiture. Jean prend la mienne et nous


suit. Ça me fait toujours du bien de revoir Joël, mon frère
d’orphelinat. Lui et moi avons fini par avoir le dessus sur
les épreuves de la vie. Nous nous en sommes sortis après
nos années de souffrance. Lui, il est devenu footballeur
professionnel, et moi, une femme d’affaires redoutable
en plus d’être l’épouse d’un grand architecte.

Nous rejoignons sa mère qui est très heureuse de me voir.


Je fais des achats chez elle avant de visiter d’autres
stands. Joël me tient compagnie et nous passons toute la
journée à rigoler et à grignoter tout ce qui se trouve dans
cet espace. Nous nous dirigeons vers l’espace des jeux
avec les frères de Joël. Je passe le temps à rigoler avec
eux et m’amuser. Jean finit par lâcher prise et se met dans
le bain sous mon insistance. Après plusieurs heures à
m’amuser, je commence à me sentir étourdie. Je préviens
Joël que je vais rentrer me reposer.

— Je crois qu’il est aussi temps pour nous de retourner à


l’hôtel, dit-il également. Paraît qu’il y aura une soirée ce
soir sur la plage. Tu y seras ?
— Si tu y es, je viens. Je ne veux pas y être seule.
— À ce soir donc.
Nous faisons une accolade avant que je ne m’en aille avec
Jean à ma suite.

VENDREDI 19 HEURES

Je rejoins Joël et sa famille dans le restaurant de l’hôtel.


La plage est presque prête pour accueillir du monde pour
une soirée autour de plusieurs feux.

— Merci de me laisser m’incruster parmi vous, dis-je à


l’encontre de Mme ANDERSON.
— Les amis de nos enfants font partie de notre famille,
me rassure-t-elle. J’ai vu que tu portais l’une des
chaussures que tu as achetées ce matin. Elles te vont à
merveille.
— Merci beaucoup, madame…
— Rharrr, tu recommences avec les dames comme à
notre première rencontre. J’ai dit Loraine.
— Désolée, fais-je en souriant. Je disais donc qu’à notre
retour au pays, je viendrais dévaliser ton magasin. J’ai
besoin de nouvelles chaussures. Depuis l’accouchement,
j’ai l’impression que mes pieds ont doublé.
— Oh, je vois de quoi tu parles. La maternité ne nous
bouffe pas que nos vies, elle fait de notre corps ce qu’elle
veut. Moi, je mène un combat perpétuel contre la prise de
poids. Après quatre maternités, crois-moi, le combat
devient plus rude. Une chance que j’aie épousé un coach
sportif, souligne-t-elle tournant un regard doux sur son
époux qui est occupé à nourrir la petite dernière.

Il lève la tête et lui fait un petit sourire. Rien que par ce


petit échange de regards qui n’a duré que quelques
secondes, on peut voir le grand amour qui les lie. Terry
me manque tout à coup. Je veux qu’il soit là, près de moi
pour me couvrir de tendresse comme il sait si bien le
faire.

Une serveuse s’approche avec un plateau de cocktail.


Elle se met à disposer les verres devant chacun.

— Désolée, nous n’avons pas commandé de cocktails,


rectifie Loraine.
— Oui, c’est la maison qui offre. C’est le Carnaval, alors
on fait plaisir à tout le monde.
Je remarque que les autres tables reçoivent également
différents cocktails. Pour les enfants, ce sont des bols de
friandises qu’ils récupèrent avec excitation.

Après le copieux diner, nous nous rendons au bord de la


plage où un orchestre met de l’ambiance. Des jeunes se
déhanchent au son des musiques jouées et tiennent tous
des gobelets rouges qui, j’en suis certaine, contiennent de
l’alcool. Un espace a été aménagé pour les enfants. Joël,
sa sœur et moi rentrons dans le bain. Nous chantons et
dansons. Nos mains sont illuminées par nos bracelets.
Jean qui restait stoïque au début finit par se mettre dans
le bain. Je le vois remuer la tête au rythme de la musique.
Une jeune fille s’approche de lui et lui tend un gobelet de
boisson. Il me regarde, je lui fais signe de prendre. Il obéit
et se laisse entraîner par la jeune fille qui semble être
attirée par lui. Il s’amuse tout en gardant son attention sur
moi. Il suffit que je me déplace pour que je sente son
regard me suivre.

— Où sont tes parents ? je demande à Joël quand nous


nous asseyons enfin.
— Je crois qu’ils sont montés.
Et je devine aisément ce qu’ils font. Pourquoi diantre
Terry n’est-il pas avec moi ? Je brule de le sentir en moi
et voir tous ces couples s’amouracher devant moi ne
m’aide pas.

Mon ventre se met à tourner. Je crois que je digère mal


quelque chose que j’ai mangé. Depuis l’accouchement,
mon ventre est très sensible. Il en faut peu pour me causer
une indigestion.

— Je reviens, Joël. Je vais faire un tour aux toilettes.


— Ça va ?
— Oui.
— Attends, je t’accompagne.
— Non, ça va. Je reviens tout de suite.

Je me lève à peine, que Jean se met aux aguets.

— Reste, Jean.
— Monsieur a dit que je ne devrais jamais vous perdre de
vue.
— Jean, je vais juste dans les toilettes de l’hôtel. Je crois
même que d’ici tu peux me voir y entrer. Je reviens.

Il n’a pas l’air partant, mais obéit malgré lui. Je me


dépêche dans les toilettes qui sont dans le hall. Je me
soulage dans l’une des cabines et sors me laver les mains.
Je remarque une femme enceinte qui se lave également
les mains. Je lui fais un sourire auquel elle répond. Elle
se déplace et marche vers la cabine derrière moi. Je ne lui
prête pas attention. Je finis de me laver les mains et au
moment d’aller les sécher sous le sèche-mains électrique,
je sens une piqûre dans mon cou. Je pose rapidement ma
main à l’endroit en jetant un coup d’œil dans la glace
devant moi. Je vois la femme enceinte tenant une
seringue. Je me retourne en me rendant compte que
c’était elle qui m’avait piquée.

— Mais… qu’est-ce que…

Je suis prise de vertige et me sens partir.


5

***LORAINE

Je chevauche Carl avec une telle vigueur qu’on croirait


que je cours un marathon. Carl me tient fermement avec
précaution. Nous essayons d’avoir un autre bébé, alors
nous faisons l’amour chaque fois que nous en avons
l’opportunité. Soraya est grande et moi ça me manque de
changer les couches.

— Tu es tellement belle, me complimente-t-il dans un


grognement.

J’accélère la cadence et ensemble nous atteignons


l’orgasme en même temps. Nous restons enlacés à
reprendre nos souffles. Il me caresse lentement le dos
pendant que je suis accrochée à lui. Nous allons enfin
prendre une douche rapide et descendons rejoindre les
enfants au bord de la plage. Je fais signe à Max de monter
se mettre au lit avec Soraya et Erwin. Joël est assis,
buvant calmement dans un gobelet. Je cherche Jess du
regard sans la voir.

— Elle est où, ta sœur ? je demande à Joël.


— Se soulager. D’ailleurs, Trisha aussi et ça fait un bon
moment. Elles ont toutes les deux eu une indigestion.

Jess refait son apparition, à peine son frère finit de parler


d’elle.

— Tu n’as pas vu Trisha ? lui demande Joël.


— Non, elle n’était pas dans les toilettes. Peut-être
qu’elle est montée dans sa chambre.

Joël devient inquiet. Il se rend auprès du garde du corps


avec qui il discute. Le garde s’éloigne aussitôt.

— Il va aller voir dans sa chambre, nous informe Joël. Ce


n’est pas normal.

Jess grimace en se tenant le ventre.


— Je crois que je vais encore y aller.

Elle retourne sur ses pas. Joël raccompagne Max, Erwin


et Soraya. Je reste assise sur les jambes de mon mari à
regarder les gens s’amuser. Il fait bon vivre ce soir. Les
jeunes s’amusent et les couples s’amourachent. Cet
endroit est magique. Nous resterons encore une semaine
de plus pour mieux visiter la ville.

— Maman !

Je tourne la tête vivement. Joël arrive accompagné du


garde de Trisha et tous deux ont des mines qui font peur.

— Qu’y a-t-il ? fais-je, inquiète de les voir dans cet état.


— On ne trouve Trisha nulle part et son numéro est
inaccessible.
— Vous avez fouillé dans sa chambre ?
— Oui, Madame, répond le garde. Elle n’est nulle part et
personne ne l’a vue.
— Comment cela se fait-il ? Elle ne peut s’être
volatilisée.
Je me rends compte à mon tour que Jessica a également
mis du temps.

— Où est ta sœur ? L’as-tu vue ?


— Euh non ! Elle n’est pas ici ?

Bon. OK, ça devient flippant. D’abord, les deux qui ont


des indigestions et ensuite elles sont introuvables. Je
bondis des jambes de Carl et cours en direction de l’hôtel.
Je fonce directement vers les toilettes qui se trouvent
dans le hall. J’entre et elles sont vides.

— Jess ! Jessica !

Je regarde sous les portes. L’une des portes s’ouvre sur


une femme enceinte.

— Excusez-moi, vous n’avez pas vu ma fille ? Une jeune


fille, élancée, avec une longue perruque noire lissée. Elle
porte un jean, un démembré et un pull à capuche par-
dessus.
— Elle sortait quand je rentrais.

Je sors à la hâte en lançant son numéro. Ça sonne dans le


vide. J’insiste en continuant à fouiller dans les recoins de
l’hôtel au point de me perdre. Je me retrouve dans un
couloir vide de toute présence sans savoir comment je
suis arrivée là. Je lance encore le numéro et j’entends un
portable sonner non loin de moi. Je reconnais la sonnerie
que Jess m’a attribuée. C’est moi, hurlant son nom. Elle
m’a enregistrée un jour, alors que je lui hurlais dessus
pour qu’elle se presse de s’apprêter pour une sortie que
nous devions faire en famille. Je suis l’écho de la sonnerie
et arrive jusqu’en haut d’un petit escalier. Je descends les
marches et vois un couloir très peu éclairé. L’appel
coupe, je le relance. Je suis de nouveau la sonnerie et
cette fois, j’entends des voix.

— But cut and throw away that cellphone before it


catches us (mais coupe et jette ce portable avant qu’il
nous fasse repérer), dit la voix d’un homme qui gronde
un autre.
J’arrive au bout du tunnel et vois deux hommes qui
tiennent ma fille inconsciente de part et d’autre et tentent
de la faire monter à l’arrière d’une fourgonnette.

— HÉ ! OÙ ALLEZ-VOUS AVEC MA FILLE ???

Les deux sursautent quand ils me voient. Je saute sur le


premier qui fonce sur moi et lui assène des coups au
visage.

— Damn, what a wild woman ! (Merde, quelle femme


sauvage !) s’écrie-t-il en se protégeant le visage.

Je redouble mes coups. Il me ramasse par mes jambes et


me fait tomber. Ça ne me fait pas baisser les bras, encore
moins en voyant le deuxième refermer la portière de la
fourgonnette sur Jess.

— À L’AIDE !!! AU SECOURS !!! AIDEZ-MOI !!!


CARL !!!

L’homme se met à me rouer de coups pour me faire taire.


— But, kill her ! (Mais, bute-la), grogne le deuxième.
— If I shoot it will alert people (Si je tire, ça va alerter
les gens).

Je réussis à me lever, mais je reçois aussitôt un coup au


visage qui me fait tourner la tête.

— What do we do with her? (Que fait-on d’elle ?)


— We take her away otherwise she risks rocking us when
she wakes up (On l’emmène, sinon elle risque de nous
balancer à son réveil).

C’est sur ces derniers mots que je perds connaissance.

***KYLIE

J’émerge du profond sommeil dans lequel j’ai été


plongée à notre retour de la place publique des stands. Je
jette un coup d’œil à mon portable histoire de voir
l’heure, mais ce sont les appels en absence de Brad qui
me sautent aux yeux en premier. Je le rappelle et nous
passons près d’une heure à discuter avant que je ne
raccroche. Je ne vois Lara nulle part dans la chambre. Je
prends une douche et descends la chercher en tentant de
la joindre vainement. J’entends de la musique depuis la
plage et des cris de joie. Je me rapproche de Karlos qui
termine une discussion avec quelqu’un.

— Bonsoir. S’il te plaît, tu n’aurais pas aperçu ma sœur ?


Je n’arrive pas à rentrer en contact avec elle.
— Oh la jolie brune ? J’ai cru l’avoir vu sortir de l’hôtel
et emprunter un taxi.
— Mais pour aller où ?
— Tu devrais le demander au portier. Il doit l’avoir
entendu.
— Ok, merci !

Je me dirige vers le portier quand je suis accostée. Sur le


coup, je ne le reconnais pas, mais après insistance je me
souviens du chauffeur de ce matin.

— Bonsoir, mademoiselle. Ça fait un bon moment que je


vous attends. Votre sœur m’a demandé de vous conduire
à elle.
— Me conduire à elle ? Où ?
— Dans une boîte de nuit, non loin.

Je tique. Une boîte de nuit ? Depuis quand Lara


fréquente-t-elle les boîtes de nuit ? Je lance de nouveau
son numéro et c’est toujours le même résultat. Je décide
de suivre le chauffeur néanmoins. Après une vingtaine de
minutes, nous arrivons à destination. Je ne comprends
toujours pas le choix de Lara de venir faire la fête dans
une boîte de nuit, elle qui ne supporte pas l’atmosphère
qui règne dans ces lieux. Je remercie Miguel et entre dans
la boîte. Il y a un monde fou. La musique est à fond,
tellement que j’en ai mal aux oreilles. Je me fraie
difficilement un chemin jusqu’au bar pour espérer être en
sécurité. Énervée, j’envoie un message à ma sœur.

« — Mais tu es où, putain ? »

Je guette mon portable en attente d’une réponse. Je


demande un verre d’eau au barman. Un homme
s’approche aussitôt de moi.

— Salut, beauté ! Que fais-tu seule dans cet endroit ?


Je l’ignore et bois d’une traite mon eau. Je ne me sens
absolument pas à l’aise dans cet endroit avec mon état.

— Désolé si j’importune, continue le gars. Je trouvais ça


étrange qu’une femme enceinte vienne dans cet endroit
qui peut être un peu dangereux.
— Je cherche ma sœur, je lui hurle e me rapprochant un
peu de lui pour qu’il m’entende. L’auriez-vous aperçue ?

Je lui montre une photo de Lara. Il se rapproche encore


plus de moi comme si nous étions de vieux potes.

— Non non. Avec cette lumière tamisée, il est difficile de


reconnaître les gens.

Il se rapproche encore plus et me parle directement à


l’oreille.

— Mais je peux t’aider à la retrouver si tu veux.


Il m’attrape le bras légèrement comme pour me rassurer
de sa bonne foi. Je fais un léger mouvement pour me
libérer. Mon portable vibre dans ma main. C’est un
message de Lara.

« — À la plage. »

J’ai un tic.

« — Comment ça, à la plage ? Je suis dans la boîte de nuit


où tu as demandé de te rejoindre. »

Je commence sérieusement à m’énerver. Je me fais


bousculer par un type complètement ivre qui essaie par la
suite de me tripoter. Je suis défendue par le premier qui
me prend ensuite la main comme pour dire à l’autre que
nous sommes ensemble. J’appelle Lara et cette fois ça
passe.

« — Kylie, où es-tu ? »
— Dans une boîte de nuit, hurlé-je pour qu’elle puisse
m’entendre, mais aussi parce que je suis sur les nerfs ? Le
chauffeur, Miguel m’a dit que tu l’avais mandaté pour
m’y conduire. Et depuis je t’appelais en vain.
« — Je n’ai mandaté personne. J’avais égaré mon
portable. C’est le DJ qui me l’a rapporté. Je suis ici à
l’hôtel. Donne-moi le nom de la boîte de nuit, je viens te
chercher. »
— Laisse tomber, je vais rentrer.

Non, mais c’est quoi ces bêtises ? Me faire tourner de la


sorte dans mon état. Il va me sentir passer ce chauffeur.
Je décide de m’en aller quand j’ai un étourdissement. Le
type avec moi m’attrape le bras.

— Ça va ?
— J’ai… j’ai la tête qui tourne.
— Viens que je te raccompagne.

Il dégage mon visage des mèches de cheveux rebelles.

— Tu me permets de t’attraper par la taille ? C’est pour


mieux te tenir à cause de ton ventre.
Je me sens trop faible pour penser convenablement alors
j’acquiesce. Je le trouve beaucoup trop proche de moi
comme si nous étions intimes. Je me laisse tout de même
conduire par lui jusqu’à l’extérieur.

— Je suis garé là, m’informe-t-il.

Je marche près de lui jusqu’à ladite voiture. J’ai un léger


sursaut quand il enfouit son visage dans mon cou.

— Mais que fais-tu ?


— Désolé, je n’ai pu m’empêcher. J’adore ton parfum.
— Je veux rentrer.
— Oui, viens.

Il m’ouvre la portière côté passager, m’installe et fait de


même. Je m’assoupis dès qu’il démarre.

***LARA

Je n’ai pu attendre que Kylie me rejoigne, j’ai sauté dans


le premier taxi pour me rendre sur le lieu. J’arrive juste
au moment où un homme la met dans sa voiture. Le
temps pour moi de descendre, il a déjà démarré. Je
remonte dans le taxi et demande au chauffeur de suivre
la grosse cylindrée noire. En quelques minutes, le
chauffeur réussit à l’arrêter avec des coups de klaxon
assourdissants. Je saute du taxi.

— Où emmenez-vous ma sœur ? Ouvrez !

Il obéit et je vois Kylie endormie.

— Elle a eu un malaise juste après m’avoir demandé de


la raccompagner à son hôtel. Elle a fini par s’endormir.
C’est vous sa sœur qu’elle attendait ?
— Oui ! Mais il y a une incompréhension.
— Montez, je vous dépose. Il vous sera difficile de la
porter toute seule.

J’analyse la situation et accepte sa proposition. Je libère


le taxi et grimpe à l’arrière de la cylindrée. J’essaie de
réveiller Kylie durant le trajet, mais en vain.
— Pourquoi ne réagit-elle pas ? Elle a l’air inconsciente.
— Je ne sais pas. Elle a juste bu de l’eau. Ce doit être la
fatigue. Dans son état, ce n’est pas évident, surtout
qu’elle m’a l’air beaucoup avancée. Ma sœur a vécu
pareil durant sa grossesse. Elle pouvait dormir des heures
durant, à poings fermés. Même les bruits de train ne
pouvaient la réveiller.

Je l’écoute d’une oreille parler de sa famille et autre. Au


bout d’un moment, je remarque que nous ne sommes
toujours pas arrivés à l’hôtel alors que ce n’est pas si loin.
Je regarde autour.

— Quel chemin avez-vous emprunté ? J’ai l’impression


que nous sommes loin.
— Cette voie est plus dégagée que l’autre.

Cette explication ne me convainc pas. Alors que je


promène mon regard, je vois une arme posée sur sa
jambe. Un frisson me traverse l’échine. J’ai un mauvais
pressentiment. Je regarde ma sœur et le rythme de sa
respiration me fait comprendre que non, elle ne dort pas,
elle est plutôt inconsciente.
— Garez-vous sur le côté, nous allons descendre,
j’ordonne d’un ton sans appel en rangeant mon portable
dans la poche arrière de mon jean.
— Pourquoi ça ?
— J’AI DIT DE GARER CETTE PUTAIN DE
CAISSE !!!

Les portières se condamnent et il bifurque sur une rue pas


fréquentée. Je le vois diriger sa main vers l’arme. Je lui
saute au cou automatiquement et lui assène des coups qui
lui font perdre le contrôle de sa voiture. D’une main, il se
débat quand, de l’autre, il essaie de stabiliser le véhicule.
Je forme une prise autour de son cou.

— Arrête cette voiture !

Il freine brusquement, me faisant projeter contre le pare-


brise qui se brise sous le choc de ma tête. Je reprends vite
des forces. Le type me saisit et me fait sortir de force de
la voiture. Il me met au sol et m’assène des coups dans le
ventre. Je réussis à me relever. J’applique les leçons de
self-défense que Brad m’a apprises. Je donne autant de
coups que j’en reçois. L’homme n’en pouvant plus de se
battre sort son arme de sa chaussure.

— Tu m’arrêtes tes conneries maintenant, espèce de


salope !
— Que veux-tu ? je demande, les mains en évidence. De
l’argent ? Donne ton numéro de compte et tu recevras ce
que tu veux.
— Je toucherai beaucoup plus en vous vendant ta sœur et
toi.
— Quoi ? C’est pour un trafic humain ?
— Oui, ma jolie. Et tu es en train de me faire perdre mon
temps.

Il fonce sur moi en faisant sortir quelque chose de son


dos. Le temps de distinguer l’objet, je reçois une
décharge électrique qui me fait tomber dans les pommes.
6

***CARL ANDERSON (À retrouver dans Un amour


dangereux 1 & 2)

23 HEURES 30 MINUTES

Joël, le garde du corps Jean et moi fouillons partout dans


l’hôtel, à la recherche de ces trois femmes disparues
subitement. Nous ne comprenons pas comment elles ont
pu se volatiliser ainsi en un clin d’œil. Le pire, c’est
qu’elles sont injoignables. Le portable de Loraine sonne
dans le vide, pourtant elle ne s’en sépare jamais. Je vois
enfin le responsable de l’hôtel sortir de l’ascenseur.

— Excusez, vous n’auriez pas aperçu ma femme et ma


fille ?
— Votre fille, je ne sais pas. Mais votre femme, je crois
l’avoir vu sortir de l’hôtel et emprunter un taxi.
— Mais pour aller où ?
— Elle parlait au téléphone avec votre fille sans doute. Je
l’entendais gronder quelqu’un.
C’est étrange. Loraine ne serait pas sortie sans
m’informer.

— Je vais aller à leur recherche, informé-je Joël et Jean


en lançant de nouveau le numéro de ma femme.
— Je viens avec toi, me dit Joël.
— Non, reste veiller sur tes frères et aussi au cas où elles
reviendraient.
— Est-ce que moi je peux venir avec vous ? me demande
Jean, le garde du corps. Peut-être que ma patronne est
avec elle.
— Allons-y ! Joël, toi tu nous préviens si elles
réapparaissent.

Nous nous engouffrons dans un taxi et sillonnons les


rues. Nous demandons au chauffeur de nous conduire
dans des endroits où ont lieu des rassemblements festifs.
Nous quittons le premier rassemblement quand je reçois
un message de Loraine.

« — J’ai retrouve Jessyka. Nous somme dans un boîte de


nuit. On rentre bientôt. Biz. Je tème. »
Je fronce les sourcils en lisant ce message. Pourquoi
écrit-elle ainsi avec énormément de fautes ? Je reçois un
appel de Joël qui m’informe que Soraya me réclamait.
J’avais zappé que cette petite ne dormait pas sans moi à
ses côtés. J’informe Jean du message de Lorraine. Nous
déduisons que sa patronne est sans doute avec Loraine et
Jess. Nous retournons donc à l’hôtel.

SAMEDI 8 HEURES DU MATIN

Je sens que je vais péter un câble. Loraine et Jessica ne


sont toujours pas rentrées. Et ce message que je n’arrête
pas lire pour me rassurer que c’est bien elle qui me l’a
envoyé. Il y a beaucoup trop de fautes pour que ça puisse
venir d’elle. Depuis quand écrit-elle le nom de sa fille
avec un « y » et un « k » ? Peut-être qu’elle avait les
mains occupées et qu’elle a demandé à quelqu’un
d’écrire le message. Putain ! Ça n’a pas de sens. J’ai beau
essayer de trouver une explication logique, mais rien ne
colle. Ce message ne peut pas venir d’elle. Ce n’est
surtout pas dans ses habitudes de découcher. Loraine est
la femme la plus casanière que je connaisse. Les seules
fois qu’elle se permet de sortir s’amuser, c’est avec moi
ou avec Roxane et Jess. Jamais en boîte. Loraine n’en est
pas une adepte. Jessica non plus n’en a pas droit. La seule
fois où elle a osé défier sa mère en allant en boîte avec
des copines, elle en a eu pour son compte et plus jamais
elle n’a retenté l’expérience. Alors j’ai du mal à croire
qu’elles y soient allées. Loraine ne disparaîtrait jamais de
la sorte sans laisser de nouvelles. Je me lève du lit et sors
de la chambre que j’occupe avec Loraine.

— Je vais au commissariat demander un avis de


recherche, j’informe Joël qui donne à manger à Soraya.
— Tu penses vraiment qu’elles ont disparu ?
— À ton avis ? Analyse par toi-même.

Il promène son regard dans le vide.

— Tu n’as pas tort. Ça ne ressemble pas à maman.

J’affiche le message et le lui mets sous le nez.

— Hum ? grimace-t-il. C’est maman qui a écrit ça ?


— Je me le demande aussi.
— Peut-être que quelqu’un lui a volé son portable.
— Tu en connais des voleurs qui envoient des messages
aux proches de leurs victimes pour les rassurer ?

Il rapporte son attention sur sa petite sœur.

— Le mieux c’est de signaler leur disparition à la police.


On n’y perdra rien.
— Tiens-moi informé s’il y a du nouveau.
— Toi aussi.

J’embrasse Soraya et sors. Je rencontre Jean dans le hall


qui semble n’avoir pas dormi. Il a les yeux cernés.

— Bonjour, monsieur ! me salue-t-il. Avez-vous eu des


nouvelles de votre femme ?
— Non. Toi non plus de ta patronne ?
— Non, monsieur. Je commence par croire qu’il leur est
arrivé quelque chose.
— Je me rends au commissariat signaler leur disparition.
Tu veux venir ?
Il soupire. La tristesse, mais surtout la peur se lit sur son
visage.

— Si je ne retrouve pas ma boss, je vais passer les jours


les plus sombres de ma vie. Mon boss tient à sa femme
plus que toute autre chose.
— Je le comprends.
— Je n’aurais jamais dû la laisser toute seule.

Il se passe nerveusement la main sur le visage.

— Je suis fichu !
— Gardons espoir. Elles se sont peut-être perdues en
chemin.
— On ne sait même pas si ma patronne est avec votre
femme. Le gérant de l’hôtel dit ne pas l’avoir aperçue.
— Mieux vaut donc aller à la police pour nous aider à les
retrouver.
— Je vous suis.

Une trentaine de minutes plus tard, nous arrivons au poste


de police. Les premiers flics que nous rencontrons ne
parlent pas le français. Ils font appel à une femme qui
pourrait nous aider. Elle se présente à nous derrière le
comptoir.

— Oui, comment puis-je vous aider ?


— Nous voulons signaler la disparition de trois
personnes. Ma femme, ma fille ainsi que la patronne de
celui-ci.

Elle a un petit rire.

— Vous êtes là pour le carnaval ?


— Oui !
— Et c’est votre première ?
— Effectivement !
— Sachez donc, messieurs, que durant les carnavals, les
gens disparaissent et réapparaissent quand ils ont fini
d’assouvir tous leurs fantasmes. Chaque année nous
enregistrons des centaines d’avis de disparitions et à la
fin du carnaval, ils réapparaissent tous. Elles reviendront,
ne vous inquiétez pas.
— Non, je crois qu’il y a vraiment un souci. Ma femme
n’est pas du genre à disparaître de la sorte. D’ailleurs, les
fêtes mondaines, ce n’est pas trop son truc. Je pense
sérieusement qu’il y a quelque chose de pas très clair.
Surtout avec le message que j’ai reçu.
— Montrez-moi !

Je le fais. Elle lit et me redonne mon portable.

— Bah, tout est clair non ? Elles sont parties faire la fête.
— J’ai reçu ce message depuis minuit. Elles devraient
être rentrées depuis.
— Elles ont sans doute continué dans une autre fête. Il y
en a chaque heure et à chaque coin de rue.
— Mais…
— Monsieur, rentrez à votre hôtel et patientez. Un
homme a signalé la disparition de sa femme ce matin
pour ensuite la retrouver endormie dans les toilettes
d’une discothèque. Donc vos disparues reviendront.

Je veux répondre, mais elle vaque à d’autres occupations


sans plus nous prêter attention.
— Que fait-on maintenant ? s’enquiert Jean, de plus en
plus craintif.
— Recherchons-les nous-mêmes dans toutes les boîtes
de nuit, en espérant qu’elles s’y soient endormies.

***ARMEL SEKA (À retrouver dans La vengeance est


une femme 1 & 2)

Je tourne à droite, défonce la porte d’un coup de pied et


tire sur les deux teneurs d’otages.

— Otage 3, libéré.

Je ressors et fonce droit jusqu’au bout du couloir en


gardant mon arme, droit devant moi. Je défonce la porte,
mais je me retiens à temps de tirer sur les trois otages qui
s’étaient réfugiés dans la pièce.

— Trois autres otages trouvés.


Je reviens sur mes pas et marche vers la porte arrière qui
mène dehors. Je me fais agresser par un bandit. Je laisse
mon arme accrochée à mon épaule, je saisis le bras du
bandit et le fais passer par-dessus mon épaule. Je vois de
l’autre côté Brad et Wilson sortir, leurs armes bien
tendues devant eux. Wilson neutralise son agresseur.
Quant à Brad, il ne voit pas le sien venir et lui tirer une
balle dans la poitrine. Je pousse un soupir et siffle la fin
de l’entraînement. Je marche vers Brad qui se débarrasse
de son gilet tacheté de peinture bleue.

— Yo, qu’y a-t-il ? Ça fait trois fois que tu te fais tirer


dessus aussi facilement.
— Ouais, t’es pas du tout concentré, renchérit Wilson.
— C’est en rapport avec Kylie ? je demande de plus.
— Je n’ai pas eu de ses nouvelles depuis hier et je ne peux
empêcher mes sens de m’alerter, à m’en faire mal au
cœur. C’est chiant l’amour.

Il jette sa tenue par terre et se dirige à l’intérieur du centre


de formation. Wilson et moi échangeons un regard.
Aimer une femme, autre que Vicky, c’est tout nouveau
pour lui et il a l’impression parfois de suffoquer quand il
commence à s’inquiéter pour la sécurité de celle qui a
ravi son cœur. Avec Vicky, c’était différent. Elle savait
se défendre et il savait également qu’en dehors de lui, il
y avait toute une équipe qui serait là pour la protéger.
Mais avec Kylie, c’est tout autre chose. Il refuse qu’elle
soit mêlée aux armes et aux choses dangereuses. Il la
surprotège au point de la priver de tout. Je crois qu’il ne
s’est pas encore totalement libéré de son passé. Il reste
toujours le même et garde ses mêmes réflexes. Il a encore
du chemin à faire pour lâcher prise.

Wilson regroupe les élèves policiers que nous devrions


entraîner aujourd’hui, pendant que moi, je rejoins Brad.
Il s’acharne cette fois sur le sac de boxe.

— Tu ne l’as pas appelée ?


— Elle est injoignable et c’est ce qui me fait le plus chier.
— Sa batterie doit être à plat. Elle t’appellera.

Il redouble de vigueur dans ses coups. Je le laisse se


défouler et je vais faire les derniers entraînements avant
de clore la session du jour. Les gars et moi nous nous
séparons dans nos voitures respectives. Wilson et Brad
rentrent chez eux tandis que moi je me rends chez ma
mère. Elle a demandé à ce que je passe l’aider sur un
dossier à caractère juridique. Je la retrouve à la terrasse
près de la piscine.

— Salut, maman ! dis-je en l’embrassant.


— Enfin, tu es là ! J’ai cru que tu m’avais oubliée.
— Du tout. Nous étions à l’entraînement.
— Brad y était ?
— Oui, mais il n’était pas dans son assiette.
— Je savais qu’il garderait cette mauvaise mine jusqu’au
retour de Kylie.
— Il pense qu’elle pourrait être en danger.
— Il continue d’être sur le qui-vive.
— Effectivement. Ça lui passera au fil du temps.

Nous passons sur ce sujet et entamons la discussion sur


la raison de ma venue. De chez elle, je rentre chez moi,
retrouver ma petite famille. J’embrasse Faith qui berce le
petit en faisant des allées et venues dans le salon. Je pose
ensuite un baiser sur le front de mon fils et me rends dans
la chambre, ensuite dans la salle de bain pour une douche.
Je coupe l’eau quand j’entends Faith m’appeler.
— Bébé !
— Oui ! dis-je en sortant la tête de la cabine de douche.
— Ton portable. C’est Vicky.

Je m’essuie les mains et récupère mon portable.

— Oui, maman !
« — C’est Brad. Il vient de m’appeler. Il veut le jet pour
se rendre à Miami. Je crois que c’est sérieux. Ni Lara ni
Kylie ne sont joignables. La réceptionniste de leur hôtel
dit qu’elles ne sont pas rentrées depuis hier nuit qu’elles
sont sorties. »
— Vraiment ? C’est étrange.
« — Oui. Kylie est enceinte. Elle a peut-être eu un
malaise. Je veux que tu y ailles avec Brad. Dans son état
actuel, il risque de péter les plombs si jamais quelque
chose était arrivé à sa femme. »
— C’est compris, maman. J’y vais.

J’attrape la serviette et sors à la hâte en m’essuyant.


— Peux-tu, s’il te plaît, mettre quelques vêtements dans
mon petit sac de voyage ? Je demande à Faith en allant
vers mon dressing.
— Qu’est-ce qu’il se passe ? S’inquiète-t-elle en me
suivant.
— Je dois accompagner Brad à Miami. Lara et Kylie sont
introuvables.

Je tire un tee-shirt et l’enfile.

— Sérieusement ? C’est pourquoi je n’arrive pas à les


joindre depuis hier. Je voulais savoir si tout allait bien
pour pouvoir les rejoindre ce soir et terminer le carnaval
ensemble.
— Il est préférable que tu restes ici le temps qu’on les
retrouve.

J’enfile une culotte chasseur et mes rangers. Faith ferme


mon sac au même moment. Je sors mon arme de service
que je glisse sur mon côté droit. Je prends mon insigne et
une cartouche de balles.
— J’espère qu’elles n’ont rien de grave, souhaite Faith de
plus en plus inquiète.
— Moi aussi.

Je pose un baiser sur ses lèvres.

— Prends soin de toi et du petit.


— Toi aussi. Revenez vite.

Elle m’embrasse de nouveau et me tend mon sac.

J’arrive à l’aérodrome au même moment que Brad. Il n’a


pas répondu à mes appels alors j’ai préféré me rendre ici
directement.

— Que fais-tu ici ? Me demande-t-il en refermant la


portière de sa voiture.
— Je viens avec toi.

***MIAMI***
Nous arrivons à l’hôtel où sont censées séjourner Kylie
et Lara. Nous nous rendons à l’accueil. Brad se présente
et demande la clé de la chambre. La réceptionniste refuse
dans un premier temps puis abdique. Nous montons jeter
un coup d’œil. Brad dépêche ses pas en gardant ses
poings fermés. Dans la chambre, nous ne remarquons
rien de bizarre. Tout est propre et bien rangé. Brad lance
le numéro de Kylie et moi celui de Lara. Aucun ne passe.

— C’est bizarre, Mel.


— Vraiment très bizarre. On devrait redescendre poser
des questions aux employés.

Nous redescendons et la réceptionniste nous dit ce que


nous savons déjà. Les deux jeunes femmes sont sorties
dans la nuit et ne sont pas rentrées. Brad se masse les
poings, signe que sa tension commence sérieusement par
monter.

— Mais n’avez-vous pas une idée exacte de l’endroit où


ma femme et sa sœur auraient pu aller ?
— Sincèrement, non.
Elle regarde par-dessus mon épaule.

— Veuillez discuter avec cet homme là-bas. Il est


chauffeur de taxi et c’est lui qui a conduit celle qui était
enceinte hier soir.

Nous suivons son doigt qui montre un homme grand d’un


certain âge, les joues recouvertes d’une barbe mal
entretenue.

— Bonjour, monsieur. Vous auriez conduit ma femme


hier. Une jeune femme métisse, enceinte, avec les
cheveux bouclés.

Il réfléchit un bref moment.

— Ah oui, je vois, répond-il d’un accent mexicain. La


jolie dame. Effectivement je l’ai conduite hier à sa sœur
dans une boîte de nuit.
— Et vous les avez ramenés ici après ?
— Euh, non ! J’ai déposé la femme et je suis parti ensuite.
— Pouvez-vous nous y conduire ?
— Évidemment.

Brad monte avec lui. Moi je monte dans notre véhicule


de location et les suis. Les rues sont bondées de monde.
Certains tiennent des bouteilles d’alcool et la majorité des
filles sont presque à poil. Les carnavals sont des moments
où tous les vices sont permis et exposés aux yeux de tous.
Le chauffeur gare enfin son véhicule et retourne à ses
occupations. Brad et moi pénétrons dans le local. Un
grand ménage est en train d’être fait. Nous nous dirigeons
droit vers le barman qui nettoie son comptoir.

— Bonjour, avez-vous vu cette femme dans la soirée


d’hier ? l’interroge Brad.
— Je ne vois pas, répond-il sans daigner regarder la
photo dans le portable de Brad.

Brad sort plusieurs billets et les pose avec force sur le


comptoir. L’homme regarde les billets et ensuite la photo.

— Elle est partie hier avec un homme. Ils avaient l’air de


bien s’entendre, si vous voyez ce que je veux dire.
— Non, je ne vois pas.
Le ton employé par Brad me fait avancer vers lui. Je sens
qu’au prochain mot déplacé, il y aura de l’action.

— Vous savez, une femme enceinte, c’est toujours en


chaleur. Elle avait sans doute besoin d’un mâle pour
réchauffer son…

Brad le saisit par son col et le fait passer par-dessus le


comptoir avant de le plaquer sur le sol humide.

— Parle encore ainsi de ma femme et je te broie la


mâchoire. Maintenant, dis-moi où est-ce qu’elle est partie
et avec qui.
— Je… je… je… je ne sais pas. C’était bondé de monde.
Je l’ai vu juste discuter avec un gars, ensuite ils sont
sortis. Je ne sais rien d’autre.
— Brad, tu devais te calmer, essayé-je de le raisonner.

Brad le relève avec force.


— Montre-moi vos caméras de surveillance, lui ordonne-
t-il.
— Je ne peux pas. Je ne suis pas habilité à le faire.

Brad sort son arme et la fait craquer. L’homme recule.

— Brad ! dis-je doucement.


— Où sont les caméras ? insiste-t-il sans me prêter
attention.
— Là-haut, dans le bureau du boss. Mais il n’est pas là.

Je ramène légèrement Brad en arrière.

— Ils ne sont pas obligés de nous montrer leurs vidéos de


surveillance. Il est peut-être mieux de nous rendre à la
police pour signaler leur disparition.

Il se dégage de mon emprise, récupère l’argent sur le


comptoir et sort. Je le rejoins. Il se craque les muscles
pour essayer de faire descendre ses pulsions. Ses mains
se font tout de même tremblantes. Il a beau montrer ce
côté dangereux, je sais que tout en lui est en panique. Je
pose ma main sur son épaule.

— Tout se passera bien !

J’essaie de l’en rassurer, mais au fond, je suis enclin à


l’anxiété. Nous nous rendons dans le commissariat le
plus proche, signalons les disparitions et retournons à
l’hôtel. Nous devons attendre 48 h avant que la police
n’entame des recherches. J’espère qu’elles seront
rentrées avant. Mais j’espère surtout que cette histoire de
disparition n’est pas ce à quoi je pense.

***RICO

***NIGÉRIA***

Je reste non loin de mon boss pendant qu’il fait son


speech à l’assemblée de jeunes, dont l’âge varie entre 20
et 30 ans, qui désirent se lancer dans l’architecture. La
majorité a pour modèle monsieur Terry YOUL. Quoi de
mieux donc que de recevoir des conseils de lui ? Ils sont
tous attentifs à son discours. À la fin, quelques-uns
s’approchent pour prendre des photos. Bien entendu, une
certaine distance est respectée. Mon portable vibre dans
ma poche de ma veste. Je décroche tout en gardant les
yeux sur monsieur YOUL. C’est Jean.

— Oui, Jean ! Quoi de ne neuf ?


« — Je… je… »

Je l’entends renifler.

— Qu’est-ce qu’il y a ? Tu pleures ?


« — Je… je… »
— Mais tu vas parler, bon sang !
« — Madame… elle… elle a disparu. »
— Comment ça ?
« — Je n’en sais rien. Nous étions à une fête à la plage
dans la nuit d’hier et elle a disparu. Je l’ai cherché en
vain. Et son numéro est inaccessible. »

Je regarde mon patron et je me passe la main sur le


visage. Si sa femme a réellement disparu, ça lui causera
encore des traumatismes.
— Jean !
« — Oui, chef ! »
— Si tu es malin, suicide-toi. Parce que si le Boss te
retrouve vivant, il te tuera de ses propres mains.
« — Je… »

Je coupe l’appel. Je marche vers mon Boss en cherchant


une manière moins brutale de lui annoncer la nouvelle.

— Boss !

Il termine une dernière photo et se tourne vers moi.

— Nous avons un problème.

Il plisse les yeux.

— Jean vient de m’appeler et… Madame serait portée


disparue.
La rapidité à laquelle l’expression de son visage change
me fait froid dans le dos.

— On y va !

Il sort de la salle sans adresser un au revoir à ses hôtes. Je


me charge de leur expliquer rapidement qu’il a une
urgence et je cours le rattraper.

***MIAMI***

Nous avons dû faire escale à Abidjan rapidement pour


permettre au Boss de récupérer certaines affaires et nous
sommes remontés dans l’avion pour Miami. Il fait nuit
lorsque nous arrivons à l’hôtel. Jean qui nous attendait à
l’accueil se précipite vers nous. Il a sale mine.

— Bonsoir, Boss !
— Où est ma femme ?
— Nous étions à la plage quand elle a émis le besoin de
se rendre dans les toilettes de l’hôtel pour se soulager.
J’ai voulu l’y accompagner, mais elle m’a ordonné de
rester sur place. Après, elle n’est plus revenue. Je…

En un éclair, le Boss lui décroche une droite qui le fait


tomber par terre.

— Je te paie pour garder ma femme et toi tu oses me dire


que tu l’as laissé se déplacer toute seule, hurle-t-il.
— Boss…
— As-tu signalé sa disparition à la police ?
— Oui, Boss, répond Jean toujours au sol. Mais nous
n’avons pas été pris au sérieux.
— Nous ?
— Oui ! Nous étions avec un jeune que Madame
connaissait depuis Abidjan. Sa mère et sa sœur ont
également disparu, dans les mêmes circonstances. Le
mari et moi, nous nous sommes rendus ensemble au
centre de police.

Cette fois ça devient étrange.

— Conduis-moi à cette famille, ordonne le Boss.


Jean se lève en se tenant la joue endolorie. Nous le
suivons dans l’ascenseur puis jusque devant la suite de la
famille en question qui se trouve à une porte de la suite
de notre patronne. Jean cogne et la porte s’ouvre sur un
visage qui m’est aussi familier. Il s’agit du joueur
international Joël ANDERSON dont je suis un fan. Mais
l’heure n’est pas aux autographes. Je le savais ami à
Madame. Le Boss le reconnaît également.

— Monsieur YOUL ! Bonsoir, salue la star avec


beaucoup de respect.
— Ma femme aurait passé la soirée avec vous avant de
disparaître.
— Oui ! Nous étions tous deux…

Un bruit derrière lui l’interrompt. Un homme aux


muscles exagérés arrive et ouvre grandement la porte.

— Bonsoir, messieurs. Comment pouvons-nous vous


aider ?
— Papa, c’est le mari de Trisha.
— Ah, je vois. Vous voulez entrer ?
Je regarde mon Boss qui hésite un moment avant
d’accepter l’invitation.

— Je vous sers quelque chose à boire ?


— Je ne suis pas ici pour ça donc épargne-moi vos
politesses. Où est ma femme ?

L’agressivité de patron fait tiquer le monsieur en face.

— Nous ne savons où elle se trouve. Ma femme et ma


fille ont également disparu.
— Et si c’était plutôt elles qui détenaient ma femme en
otage ? Que voulez-vous ? Une rançon ? Donnez-moi
votre prix et je vous signe un chèque à l’instant.
— Oh, monsieur ! calmez-vous ! Nous n’avons aucune
raison de séquestrer votre femme.
— Votre fils est le dernier à l’avoir vue.
— Cela ne signifie absolument rien. Je ne vous
permettrai pas d’accuser mon fils. Le mieux serait que
vous sortiez calmer vos nerfs et revenir discuter quand
vous serez plus calme.
— Si je découvre que votre fils est responsable de près
ou de loin avec la disparition de ma femme, je détruirai
sa carrière et sa vie par la même occasion.
— Je vais mettre vos propos sous l’effet de l’anxiété.
Mais n’osez plus jamais menacer mon fils où vous saurez
qu’il n’y a pas que l’argent et les relations qui puissent
détruire la vie des gens.

Les deux hommes s’affrontent du regard. La tension est


palpable dans la pièce. Mais toute cette agressivité
disparaît à l’apparition d’une petite fille qui tient en main
son doudou. Mon Boss tourne les talons et sort. Jean et
moi le suivons.

— Rico, je veux des informations concernant cette


famille. Je veux être sûr qu’ils ne trempent pas dans des
choses louches qui auraient pu mettre ma femme en
danger. Contactez le directeur de cet hôtel. Je veux le voir
dans les minutes qui suivent dans notre suite.

Il s’arrête et me fait face.


— Et prends bien le soin d’insister sur le fait que si ma
femme n’est pas retrouvée dans les prochaines 24 h, je
mettrai le feu à son hôtel.
7

***LORAINE

SAMEDI 19 HEURES

J’ouvre les yeux petit à petit en grimaçant de douleur. J’ai


affreusement mal au crâne. Je me touche le front et sens
un truc pâteux qui me fait comprendre que je suis blessée.
J’essaie de me souvenir de la cause de mon état, mais je
ne vois que du noir. Je me redresse doucement en me
tenant la tête. Ma jambe touche quelque chose. Je regarde
et je sursaute aussitôt.

— Jessica !

Je me précipite vers ma fille toujours inconsciente.


Toutes les images des derniers évènements affluent dans
mon esprit.

— Jessica ! Réveille-toi, je t’en prie !


Je la secoue et la tire sur mes jambes. Elle émerge en
émettant un petit grognement.

— Jessica !
— Ma… man !
— Oui, ouvre les yeux, mon cœur !

Je la serre contre moi le temps qu’elle se reprenne


totalement. En levant les yeux, c’est avec horreur que je
vois d’autres filles dans la même pièce que nous.
Certaines émergent quand les autres sont encore
inconscientes.

— Mais c’est quoi tout ça ? Que se passe-t-il ?

L’une des filles réveillées se met à pleurer à chaudes


larmes et fonce vers la porte qu’elle essaie d’ouvrir en
vain. Elle se met à cogner la porte et à hurler.

— Laissez-moi sortir !!! À l’aide !!!


Ses cris finissent par réveiller celles qui étaient
inconscientes.

— Maman, où sommes-nous ? me demande Jess en se


redressant.
— Je n’en sais rien, ma puce. Mais je crois que nous
avons été séquestrées.

Toutes les autres se mettent à paniquer. Un constat que je


fais, c’est que nous sommes toutes noires ou métisses. À
voir les traits, je dirais que nous sommes toutes
africaines. Je balade mon regard et je vois un visage
familier.

— Mon Dieu ! Trisha !

Elle rampe rapidement jusqu’à moi.

— Mon Dieu ! Je n’arrive pas à y croire. Mais pourquoi


nous ont-ils fait ça ?
J’ouvre mon bras et elle s’y réfugie. Elle a pratiquement
le même âge que Joël donc elle peut être ma fille ou
encore ma petite sœur. D’ailleurs toutes les filles dans
cette pièce peu éclairée sont beaucoup plus jeunes que
moi. Sentant l’angoisse monter, je promène ma main sur
mon cou, mais il est vide. J’ai perdu ma chaine. J’ai pour
habitude de la serrer quand je stresse. Une autre jeune
fille attire soudainement mon attention. Non, ce n’est pas
possible. C’est la jeune fille enceinte qui a fait des achats
chez moi. Ce n’est que maintenant qu’elle reprend
connaissance.

— Lara ? Mais où sommes-nous ?


— Je n’en sais rien. Nous avons été kidnappées.
— Quoi ? Non ! Non, ça ne peut pas être possible.

Elle se met à pleurer, toute paniquée. Sa sœur la prend


dans ses bras en essayant tant bien que mal de la rassurer.
J’ai autant de la peine pour elle que pour toutes les autres.
Mon rythme cardiaque s’accélère en me faisant une idée
du but de tous ces enlèvements. La porte s’ouvre, nous
faisant voir la nuit dehors. Nous sommes dans un entrepôt
de ce que je peux constater. Deux hommes entrent avec
en mains des kalachnikovs et escortent une femme aux
allures de pimbêche ainsi perchée sur ses talons aiguilles
aussi longs que ses jambes dévoilées par sa petite culotte.
N’en parlons pas de son haut qui ressemble plus à un
soutien qu’un haut et ses nombreux tatouages. Fhum !
Jessica s’habillerait ainsi que je la crucifierais. Toutes les
filles prennent peur. Jess et Trisha se carrent encore plus
dans mes bras. La femme, que dis-je, la jeune fille de la
même trempe que toutes les autres, s’arrête tel un
mannequin et balade son regard sur nous toutes avec un
bonbon rouge à la main.

— Elles ne sont que dix, relève-t-elle. Il nous en faut


plus.
— Oui, les autres sont en chemin avec dix autres filles.
— C’est parfait, se réjouit-elle en claquant sa langue
après une lèche sur le bonbon qu’elle tient. Il y a même
une qui est enceinte. J’ai toujours rêvé d’avoir un bébé
sans déformer ma plastique.

Elle marche vers la fille enceinte et s’accroupit devant


elle.

— À combien de mois es-tu ?


La fille lui répond par son silence et cache son visage
dans la poitrine de sa sœur. La sorcière se redresse en
riant.

— Tu ne dois pas être loin de l’accouchement. Je vais


donc patienter. De toutes les façons, tu nous appartiens
maintenant.
— Ne rêvez pas, lui lance subitement celle enceinte. Mon
mari vous retrouvera et vous fera la peau à tous. Vous ne
savez pas qui il est.

La sorcière rigole, cale son bonbon dans sa gueule et se


tourne de notre côté. Quand elle me voit, elle plisse les
yeux.

— Pourquoi il y a une vieille parmi ?


— C’est ta mère la vieille. Chienne ! Mtchrr !

Elle s’approche de moi et me flanque une gifle.


— Ma petite, assure-toi que je ne mette jamais la main
sur toi. Sinon je te ferai avaler ton bonbon.
— Je peux demander qu’on te saute la tête, là maintenant.
Mais j’ai bien envie de te voir me supplier quand tu te
feras baiser sauvagement par tes acheteurs. Tu es vieille,
mais tu as l’air bonne.

Elle tourne les talons et sort avec ses gorilles.

— C’est donc un trafic humain ? relève une des filles à


haute voix. Ils veulent faire de nous des prostituées.

Cette révélation les fait pleurer toutes. J’ai mal au cœur


rien qu’en pensant à toutes ces vies qui seront gâchées.
J’ai encore plus mal en pensant à ma fille. Celles qui sont
ensemble s’entrelacent pour se soutenir, celles qui sont
seules, se recroquevillent sur elles-mêmes, les genoux
ramenés vers leurs poitrines. J’espère que la police nous
retrouvera à temps.

***LARA

DIMANCHE 11 HEURES
Nous ne savons pas quelle heure il fait, ni quel jour nous
sommes, encore moins si nous sommes le jour ou la nuit.
Il fait sombre dans ce conteneur. Il n’y a qu’une petite
ampoule accrochée au milieu et qui nous éclaire
faiblement. Kylie dort dans mes bras. Certaines des filles
présentes ont également fini par s’assoupir. Mais lorsque
la porte s’ouvre de nouveau dans un grincement, toutes
nous sursautons. Les deux hommes qui étaient là un peu
plus tôt entrent avec des paquets en main. Ils nous
distribuent de la nourriture emballée dans des
Tupperwares à chacune. Certaines se pressent de manger,
quand d’autres le font avec peu d’enthousiasme. Je
déballe le plat de Kylie et le pose sur ses jambes. La
voyant, vraiment affamée à cause de son état, je lui donne
la moitié de mon plat. De toute façon j’ai l’appétit coupé.

— Je veux faire pipi, grimace Kylie après avoir fini son


plat. Je me suis trop longtemps retenue. Je n’en peux plus.
— Je viens !

Je me rends à la porte et cogne avec acharnement.

— Il y a quelqu’un ?
La porte s’ouvre sur un homme armé.

— Quoi ?
— Il y a ma sœur qui veut uriner.
— Qu’elle se retienne.
— Elle ne peut pas. Elle est enceinte.

Il lève les yeux au-dessus de ma tête pour voir Kylie qui


rechigne. Les autres filles également se mettent à supplier
pour se soulager.

— Attendez, je reviens !

Il sort et referme la porte. Je reste sur place à attendre


jusqu’à ce qu’il revienne.

— Vous pouvez sortir vous soulager. Mais faites bien


attention, car la première qui tente quoi que ce soit se
prendra une balle.
Les filles se précipitent de sortir. Je vais aider Kylie à se
lever et à marcher. Une fois dehors, je remarque que nous
sommes au milieu de nulle part en fait. Il y a tout un tas
de conteneurs posés un peu partout. Il y a au total cinq
hommes armés qui surveillent l’endroit. Par la position
de nos ombres, je peux déduire que nous sommes peut-
être entre midi et deux. Ou moins. Je regarde de gauche
à droite pour essayer de repérer un quelconque moyen de
s’échapper d’ici. J’aide Kylie à ouvrir son jean de
grossesse. Elle a les mains toute tremblante, tellement
elle est apeurée.

— Tout se passera bien, j’essaie de la rassurer en lui


caressant le bras.
— J’ai peur qu’ils ne fassent du mal à mes bébés.
— Je veillerai à ce que rien ne vous arrive. Je t’en fais la
promesse.

Elle souffle et se touche le ventre. Elle se baisse


difficilement et se vide la vessie. Je reste devant elle tout
en continuant de promener mon regard autour. Avec ces
nombreux conteneurs, il sera très facile de se cacher et
disparaître, mais à condition d’être super rapide. Je
reporte mon attention sur Kylie qui essaie de se lever. J’y
l’aide. Un grabuge me fait retourner vivement la tête.
L’une des filles essaie de s’échapper. Elle court
difficilement à cause de sa jupe trop courte et ses talons
trop hauts. L’un des gardes l’interpelle, lui exigeant de
s’arrêter, mais elle continue de courir. L’un d’eux lui tire
une balle dans la jambe. J’attrape par réflexe Kylie qui
sursaute dans un cri.

— Ça suffit ! Rentrez toutes ! nous gueule le garde qui a


tiré. Et gare à celle qui voudra faire sa star. La prochaine
balle sera dans sa tête.

Il ordonne à un autre de ramener la fille blessée qui ne


cesse de pleurer à chaudes larmes. Kylie est toute
tremblante.

— Je ne peux pas rester ici, pleure-t-elle. Lara, j’ai peur.


— Tout va bien se passer.

Enfin, je l’espère.

***TRISHA
Dire que j’ai peur est un euphémisme. Je suis morte de
trouille. Tout mon être entier tremble de frayeur. Mon
cœur est prêt à lâcher tellement il bat à tout rompre. J’en
ai même mal à la poitrine. Dans quoi sommes-nous
tombées ? C’était censé être un week-end festif, un week-
end que je devrais passer en amoureux avec mon homme.
Au lieu de ça, je suis enfermée ici pour ensuite être
vendue comme une prostituée. J’avais déjà entendu
parler de cette pratique, mais jamais au grand jamais je
n’aurai pensé un jour faire partie des victimes.

Les gardes nous font rentrer dans le conteneur avec


brutalité. Je me fais pousser dans le dos et je trébuche. Je
rampe jusqu’à la place que j’occupais. Loraine et Jessica
me rejoignent. La fille blessée est jetée par terre.

— Vous avez intérêt à rester tranquille si vous ne voulez


pas recevoir des balles, nous prévient l’un des gardes qui
semble être le chef.
— Je vous en supplie, soignez-moi, supplie la jeune fille.
Je me vide de mon sang.
— Tu aurais dû y penser avant de jouer à Rambo.
Il arrache le foulard d’une autre fille sur sa tête et
l’attache sur la jambe de la fille.

— Débrouille-toi avec, le temps que le kit de premiers


soins arrive.

Il sort et referme derrière lui.

*Mona
*LYS

Nous nous redressons prestement lorsque la porte s’ouvre


de nouveau. J’ai des courbatures partout. Je ne sais même
pas quel jour nous sommes. Mais ce n’est pas tellement
ça le plus important. Est-ce que Terry sait que j’ai été
séquestrée ? A-t-il alerté la police ? J’espère de tout mon
être qu’on viendra nous délivrer.

La femme qui été là un peu plus tôt, entre, suivie de deux


gardes.
— Il parait que vous jouiez aux folles ? Alors, laissez-
moi vous dire quelque chose. Vous ne pourriez jamais
vous en aller. Vous êtes à nous, de ce fait, nous ferons de
vous tout ce que bon nous semblera. Plus vite vous
accepterez cette idée, mieux vous vous porterez. Dès
demain, nous vous transporterons dans un autre endroit
où vos potentiels clients viendront faire votre
connaissance. Je vous conseille donc d’être docile. Celle
qui essaiera de nous faire chier se fera buter. Nous
n’acceptons pas les garces.

Elle termine sa dernière phrase en posant son regard sur


Loraine qui la toise à son tour. L’un de ses gorilles
s’approche.

— Madame, les autres filles sont arrivées, lui souffle-t-il.


— Allons les voir.

Ils sortent tous, nous replongeant dans l’obscurité. Une


des filles se met à bouger son pied droit comme si
quelque chose la gênait. Elle sursaute tout à coup.

—Oh my God!
Nous lui prêtons toutes notre attention. Elle ouvre sa boot
et y sort un petit portable à clapet.

— J’avais oublié que je gardais toujours mon portable là


quand je sortais en boîte.
— Appelle la police, s’empresse de lui dire une autre
fille.

Elle ne se fait pas prier. Une lueur d’espoir illumine nos


visages. Nous la regardons, attendant qu’elle appelle vite
la police. Elle colle le portable à son oreille.

— Merde ! La ligne de la police est saturée, gronde-t-elle.


— Rappelle !
— Je vais plutôt appeler ma sœur. Elle saura quoi faire.

Elle appuie les touches et recolle le portable à son oreille.


Elle se met aussitôt à parler en langue. Je crois que c’est
de l’espagnol ou du portugais. À entendre son accent, je
dirais qu’elle est Angolaise. Elle ne tarde pas à
raccrocher.
— C’est bon. Elle va appeler la police.

C’est la joie sur tous les visages. Je me sens tout de suite


soulagée. Elle glisse de nouveau son portable dans sa
chaussure. Il ne reste plus qu’à attendre. Après quelques
minutes, la porte s’ouvre subitement et la femme rentre
avec fracas en tenant une arme.

— Qui est la garce qui a appelé la police ?

Merde ! Comment a-t-elle su ? Nous nous regardons sans


répondre.

— Je vais poser la question une dernière fois et si je


n’obtiens pas de réponse, je tuerai deux d’entre vous. Qui
est la garce qui a appelé la police ?

Encore le silence. La femme lève son arme et tire dans la


tête d’une fille assise non loin de celle enceinte. Ce sont
des cris et des pleurs qui remplissent l’endroit.
— Vous ne voulez toujours pas répondre ?
— C’est… c’est celle-là ! dénonce une fille en indexant
la coupable.

La femme se tourne vers elle et lui tend la main.

— Remets-moi ton portable.

Toute tremblante, la fille obéit. Dès que le portable est


dans sa main, elle tire une balle dans la tête de la jeune
femme. J’éclate en sanglots en me fermant le visage.
C’est trop. Je n’arrive pas à croire que je viens d’assister
à ces horreurs.

— FERMEZ-LA !!! gueule la vipère. Vous réfléchirez à


deux fois avant de refaire un sale coup. Et retenez bien
ceci : la police ne pourra rien pour vous, car elle travaille
pour nous.

Cette annonce me fait pleurer deux fois plus. Je pense à


mon mari, je pense à mes trois enfants, à toute ma famille.
Je ne veux pas finir ainsi. Je refuse de finir ma vie en
prostituée.
— Qu’est-ce qui brille autant ?

Je ne me rends pas compte qu’elle me parle jusqu’à ce


qu’elle me prenne la main.

— Du diamant ! Hum, j’adore ! Donne-moi ça !


— Non, pas mon alliance. Je vous en supplie !

Je lui résiste alors qu’elle veut me retirer mon alliance.


Elle me donne un violent coup au visage qui m’oblige à
lâcher prise et elle retire ma bague. Loraine me retient
alors que je veux arracher ma bague.

— Laisse tomber, Trisha. Ne te fais pas tuer pour une


bague.

Je me laisse tomber dans ses bras en laissant le sang


couler de mon front à ma joue. La vipère se met à
dépouiller tout le monde de leur bijou. Les alliances de
Loraine et de la jeune fille enceinte sont également
arrachées. Tout comme moi, la fille enceinte émet de la
résistance au début, mais finit malgré elle par laisser
tomber. Je commence à me sentir faible. Je me couche à
même le sol et ferme les yeux. Je prie intérieurement que
Dieu fasse un miracle. Il le faut, sinon je risque de me
donner la mort parce que je refuse de me faire abuser le
reste de ma vie.
8

***ARMEL BEYNAUD

DIMANCHE 15 HEURES

Plus de trois heures se sont écroulées sans qu’aucun


officier nous ait accordé un seul regard. C’est à croire
qu’ils se foutent royalement de ce qui se passe. Je regarde
Brad qui est au bord de la folie. Ses nerfs battants sont
visibles de partout sur lui. Il se tâte les poches
nerveusement et lance un juron. Sa nouvelle vie de futur
papa ne lui permet pas de fumer. Kylie déteste ça depuis
qu’elle est enceinte. Il n’est pas le seul sur les nefs. Il y a
d’autres gens venus signaler les disparitions de leurs
proches également. Il y en a surtout un qui m’intrigue par
son calme. Il est assis près de nous, l’air de rien, mais de
ma place je peux sentir son anxiété. C’est étrange de voir
un homme aussi baraqué que lui stresser pour une femme.
Un bout de femme, je suis prêt à parier. Brad se lève, n’en
pouvant plus, et tourne sur lui-même. Une femme officier
arrive à temps avant qu’il ne cogne dans le mur.
— Monsieur Carl ANDERSON, Monsieur Bradley
KINGSLEY. Veuillez me suivre s’il vous plaît.

L’autre type se lève et la femme officier recule de deux


pas, intimidée par son gabarit. Pour être baraqué, il l’est.
Je suis les deux cités.

— Qui êtes-vous, monsieur ? m’interroge l’officier.


— Il est avec moi, répond Brad.

Elle nous conduit dans une salle et nous demande à


nouveau de patienter.

— Ça commence à bien faire, geint Brad.


— Garde ton calme.

La porte s’ouvre, nous faisant tourner nos têtes. Un


homme entre. Je reconnais aussitôt Rico, un ancien
collègue avec qui j’ai bossé en Côte d’Ivoire. Il
m’aperçoit à son tour.

— Yo mec ! je le salue en cognant son poing.


— Que fais-tu là ?
— Il y a la femme de Brad qui a disparu.
— Aussi ? s’étonne-t-il. Il y a ma boss qui est également
portée disparue.

Je remarque à cet instant la présence de son patron


derrière. Monsieur Terry YOUL a le portable collé à
l’oreille en faisant des tours sur lui. Cette histoire est plus
sérieuse que je ne le crois. Ce n’est pas possible qu’il y
ait autant de disparitions en une seule journée et que cela
soit le fruit d’un hasard. Il y a forcément quelque chose
qui ne va pas. Rico me révèle le nom de l’hôtel où
séjournait Mme Trisha YOUL et encore une autre
coïncidence, c’est le même que celui de Kylie et de la
femme du dénommé ANDERSON.

La porte s’ouvre une fois de plus. Tous, nous nous


mettons aux aguets, espérant avoir enfin une bonne
nouvelle. Un homme en costume entre et fonce droit sur
Monsieur YOUL. Rico s’avance en mettant sa main entre
les deux hommes comme pour signifier au nouveau venu
de ne pas trop se rapprocher.
— Monsieur YOUL. J’étais de passage et j’ai appris
votre présence dans nos locaux, dit-il en lui tendant la
main.

Monsieur YOUL le dévisage sans prêter attention à la


main qui lui est tendue.

— Où se trouve ma femme ? demande-t-il d’un ton sec.


— Elle doit sans doute être quelque part dans la ville.
Vous savez, c’est chose courante que des touristes
perdent leur chemin. Elle finira par revenir.
— Vous voulez donc dire que toutes nos femmes se sont
« égarées » au même moment ? intervient Monsieur
ANDERSON tout furieux. Nous poirotons depuis plus de
quatre heures de temps à attendre des nouvelles, pour au
final entendre ces conneries ? Pour qui diable vous nous
prenez ?
— Veuillez vous calmer, cher monsieur…
— Sinon quoi ?

Il renverse sa chaise en s’avançant dangereusement. Il


s’arrête subitement et forme les poings. Je peux voir ses
mâchoires craquer. Il souffle pour se donner de la retenue
et recule.

— Je vous demande à tous d’être patients. Je ferai part au


Commissaire de se pencher spécialement sur ce cas. Ce
n’est pas mon service ici. Nous allons essayer de les
localiser et si ça ne marche pas, nous enverrons une
patrouille à…
— Qu’ils aillent tous se faire foutre, rouspète Brad en
marchant vers la sortie.
— Où allez-vous, monsieur ?
— Chercher ma femme. Restez dans vos conneries de
localisation si vous le voulez.
— Monsieur…

Il essaie de retenir Brad qui le repousse et sort. Tous les


autres hommes suivent son mouvement.

— Messieurs, veuillez rester ici.


Se voyant dans l’incapacité de nous retenir dans ces
locaux, l’homme en costume ordonne à ses officiers de le
faire.

— Empêchez ces hommes de sortir.

Le premier officier qui essaie de toucher Monsieur


YOUL est très vite repoussé par Rico.

— Ne le touchez surtout pas.

Toute la ribambelle de flics présente nous encercle en


ayant leurs armes à la main. Monsieur ANDERSON
recule, mais Brad et Monsieur YOUL continuent
d’avancer comme si de rien n’était. Les policiers n’ont
d’autres choix que de pointer leurs armes sur eux.

— Messieurs, veuillez obtempérer.

Je me dépêche d’attraper Brad et de le faire reculer avant


qu’il ne fasse une bêtise. Rico en fait de même avec son
boss avec qui il discute dans un chuchotement.
— Brad, nous sommes dans un autre État. Calme-toi !
— Ma femme, enceinte de mes jumeaux et sa sœur se
trouvent en danger quelque part et tu sais comme moi que
la police ne fera absolument rien pour les retrouver.
— Je sais. Mais comme l’a dit l’autre con, elles ont
certainement perdu leur chemin.
— Ça fait deux jours. Putain !
— Laissons-les essayer de les localiser. Et si ça ne donne
rien, nous irons nous-même à leur recherche. Je t’en
donne ma parole.

Il serre la mâchoire, ferme les yeux, se craque le cou et


ouvre de nouveau les yeux. Il tourne les talons.

— Je reste, mais mon patron doit s’en aller, prévient Rico


au moment où Brad et moi pénétrons de nouveau la salle.

Monsieur ANDERSON nous rejoint également et ensuite


Rico.

— Il est où ton boss ?


— Essayer de toucher ses relations. Moi je reste pour
essayer d’en savoir plus.

Le grognement de Brad attire notre attention. Il cogne


dans le mur et lance un juron.

— Brad !
— Non, Mel. Je commence sérieusement par perdre
patience. Si dans les deux heures qui suivent je ne vois
pas ma femme, je fais un malheur et quiconque se mettra
sur mon chemin me sentira passer. Flic ou pas flic.

Je me rapproche de lui.

— Tu ne peux pas avancer de tels propos, je le reprends


dans un chuchotement. Ça peut se retourner contre toi. Et
souviens-toi, tu as promis devant Dieu de ne plus tuer.
— Dieu a fait bruler Sodome et Gomorrhe par une
tempête de feu. Crois-moi, il me comprendra.

Il retourne son siège et s’assied.


— Monsieur… ANDERSON ! dit Rico en pointant son
doigt sur le nommé. C’est bien ça ?
— Oui ! répond ce dernier en tournant la tête.
— Moi c’est Rico. Le chef de Jean. Encore désolé pour
l’altercation avec mon Boss hier.
— Ce n’est rien. Je le comprends.
— Merci ! Maintenant, puisque vous étiez présents
depuis le début, pouvez-vous nous expliquer un peu les
choses ? Ce qui s’est passé à cette soirée.

Il se tourne complètement vers nous.

— Ma famille et moi avions diné avec votre patronne


dans le restaurant de l’hôtel. Après, ma femme et moi
sommes montés dans notre suite. Les autres quant à eux
se sont rendus à la fête qui se déroulait à la plage. Quand
nous sommes redescendus, Mme YOUL n’était plus avec
mon fils. Elle se serait rendue dans les toilettes de l’hôtel
pour se soulager d’une indigestion. Ma fille également a
eu une indigestion.
— Elles sont allées ensemble se soulager ?
— Non ! Ma fille est partie juste après. Vu qu’elle mettait
du temps à revenir, ma femme est allée à sa recherche et
elle également n’est plus revenue.
— Votre fille et ma patronne ont-elles mangé la même
chose au diner ?
— Hum non. Par contre, elles ont eu toutes les deux, le
même cocktail qui nous avait été offert par l’hôtel. Moi
et les autres en avions eu d’autres. Va savoir s’il s’agit
d’une coïncidence ou si ça a été prémédité.

Rico semble analyser toutes ces informations. Je sors


mon portable de ma poche et affiche une photo de Lara,
Kylie et Faith.

— S’il vous plaît, aviez-vous vu ces deux jeunes femmes


à gauche ? Ce sont mes belles-sœurs et l’une est enceinte.

Il regarde la photo avec insistance.

— Je n’ai pas vraiment fait attention aux gens sur la


plage, finit-il par répondre. Mais, un peu plus tôt dans la
journée, mon fils m’avait dit avoir ramené de la place
publique deux jeunes femmes dont l’une était enceinte.
Elles ont acheté des chaussures avec ma femme.

Je me souviens avoir vu des paquets de chaussures. La


porte s’ouvre de nouveau mais sur un autre homme en
costume.

— Bonsoir, salue-t-il. Je suis le commissaire


FRANKLIN, en charge de vos dossiers. Messieurs
ANDERSON et…

Il indexe Rico.

— Romaric ! répond celui-ci.


— Monsieur Romaric. Nous n’avons pu avoir
d’information sur vos disparues. La localisation n’a rien
donné. Demain, mes agents iront à votre hôtel, interroger
le gérant pour essayer d’en savoir plus, tout en espérant
qu’elles réapparaissent d’ici là.
— Et c’est tout ? s’étonne le sieur ANDERSON ? Ça fait
48 heures qu’elles sont portées disparues et c’est demain
que vous enverrez vos agents ?
— Nous devons suivre certaines procédures. De plus,
nous avons d’autres avis de recherche à gérer. Mais tenez
ma carte, ajoute-t-il en glissant sa main dans sa veste.
Contactez-moi si vous découvrez quoi que ce soit.

Rico et Monsieur ANDERSON prennent chacun une


carte. Ils sortent sans plus rien ajouter. Le Commissaire
se tourne vers Brad.

— Monsieur KINGSLEY, quant à vous, nous avons du


nouveau.

Il ouvre une grosse enveloppe kraft qu’il tenait depuis le


début.

— Deux de mes agents qui étaient dans les parages se


sont rendus dans la boîte de nuit où votre femme s’était
rendue. Et nous avons découvert ceci.

Il pose une par une les photos devant Brad.


— Ce sont les clichés pris à partir de la vidéo de
surveillance de la boîte. Votre femme serait allée avec un
autre homme.

Effectivement, nous voyons Kylie en compagnie d’un


gars. Ils ont vraiment l’air très proches sur les photos. Il
y en a une sur laquelle ils sont entrelacés et le gars a sa
tête plongée dans le cou de Kylie. Bien que je doute de la
véracité des propos du Commissaire, je guette la réaction
de Brad.

— Que voulez-vous vous dire ? demande Brad dans un


calme qui camoufle tant bien que mal sa colère.
— Qu’il est possible que votre femme… soit avec… un
autre homme !

Brad se lève d’un bond, sort et claque la porte derrière


lui. Je le suis jusqu’à la voiture. Je la déverrouille à
distance. Brad s’installe tout furieux. Je monte à mon
tour, derrière le volant.

— Brad !
— Allons à l’hôtel. J’ai besoin de réfléchir.
J’obéis sans rien ajouter. Nous montons dans la chambre
des filles. Brad part tout de suite s’enfermer dans les
toilettes. Je reçois aussitôt un appel de ma mère. Je me
rends sur le balcon pour discuter plus librement.

— Allô, maman !
« — Il se passe quoi depuis et je n’ai pas de vos
nouvelles ? Vous avez retrouvé les filles ? »
— Pas encore, je réponds en me passant la main sur le
visage. Aux dernières nouvelles rapportées par la police,
Kylie serait avec un autre homme.
« — Un autre homme, tu dis ? »
— Oui, maman.
« — Mais ça ne lui ressemble pas. On sait tous que Kylie
n’aurait jamais trompé Brad. Elle est dingue de lui. »
— Je sais. Il y a certainement une autre explication. Je
vais essayer de discuter avec le Commissaire pour qu’il
me permette de voir la vidéo. On y verra certainement
mieux.
« — Oui, fais ça. Je vais me préparer et vous rejoindre. »
— Surtout pas. Si tu viens, Brad voudra à tout prix
assurer ta sécurité, d’autant plus que toute cette histoire
est étrange. Il est actuellement tendu et sur les nerfs. Je
crains qu’il ne puisse tout gérer à la fois. Je vais essayer
d’user de mon grade pour obtenir des faveurs. Je te ferai
signe si ta présence est nécessaire.
« — C’est compris ! Veille bien sur ton frère. Ne le perds
surtout pas de vue, ne serait-ce qu’une seconde. Tu sais
comment il est. On ne peut le saisir quand il s’y met. »
— Je sais.
« — Je te laisse donc. Appelle-moi toutes les fois que
vous aurez du nouveau. »
— Je n’y manquerai pas.

Après avoir raccroché, je me rends devant la salle de


bain.

— Yo, frangin ! Tout va bien ?

Je cogne sans obtenir de réponse.

— Mec, tu es là ?
Toujours pas de réponse. Et le silence à l’intérieur
m’inquiète. J’ouvre la porte et avec surprise je constate
que la salle de bain est vide. La chambre ne comporte
aucune autre pièce pour qu’il puisse y être. Je reviens sur
mes pas en lançant son numéro et c’est là que je remarque
la disparition des clés de la voiture.

— Merde ! Brad, qu’es-tu en train de faire ?

Je sors à toute vitesse de la chambre en espérant le


rattraper à temps.

***BRAD

Je refuse de croire en ces putains de photos. Ils ne me


feront pas gober cette histoire d’infidélité. Je refuse
absolument de l’accepter. Kylie ne peut pas me tromper.
Pas après tout ce qu’elle et moi avions vécu. Pas après
tout ce chemin parcouru. Je refuse de croire que MA
FEMME m’ait trompé avec un autre. Encore moins avec
mes bébés dans son ventre. Ma Kylie n’est pas ainsi.
Jamais elle ne se rabaisserait à de telles bassesses. Il doit
y avoir une explication et je la trouverai.
Je gare devant la boîte de nuit et fonce à l’intérieur. J’ai
encore dix minutes avant l’ouverture. J’aperçois derrière
le comptoir le mec de la dernière fois. Il panique en me
voyant.

— Appelez la sécurité, hurle-t-il en bougeant dans tous


les sens.

Les autres personnes présentes prennent la fuite en me


voyant sortir mon arme.

— Conduis-moi aux caméras, tout de suite !

Il lève les mains et quitte son comptoir. Je le saisis par-


derrière en ayant mon arme pointée sur lui et je l’oblige
à marcher plus vite.

— Accélère ! Je n’ai pas que ça à faire.


— Vous ne vous en sortirez pas aussi facilement, me
menace-t-il en montant les marches. Mon patron sera là
d’un moment à l’autre et il vous fera regretter votre
insolence.
— Parle pour toi.

Il ouvre une porte. Je le fais asseoir dans un siège.

— Ne tente rien si tu veux sortir d’ici vivant.

Je m’assieds devant les écrans et tape la date du vendredi


dernier. Les vidéos s’affichent. J’accélère jusqu’à
apercevoir Kylie. Je regarde avec attention et un élément
attire mon attention. Quelque chose a été glissé dans son
verre de façon subtile. Je connecte la clé USB de Kylie
que j’ai prise dans son sac à main.

— Que faites-vous ? demande l’autre, tout inquiet.

Il prend le risque de me sauter dessus par surprise. Je


l’assomme automatiquement avec mon arme. Je regarde
ensuite avec impatience la copie se faire. Je retire ensuite
la clé et je sors. Je tombe nez à nez avec les policiers dans
les escaliers.
— Monsieur, veuillez lâcher votre arme et mettre vos
mains en évidence.

J’obéis sans résister. Je n’ai rien à craindre. Mel viendra


me faire libérer. Il assure toujours mes arrières. On me
passe les menottes et je suis conduit dehors. Je vois Mel
descendre d’un taxi et se précipiter vers moi. Je fais mine
de trébucher et lui rentre dedans. L’officier qui me tient
me ramène en arrière avec rage. Mais j’ai eu le temps de
glisser la clé USB dans la main de mon frère. Il glisse à
son tour ses mains dans ses poches.

— Je te rejoins au Commissariat, me hurle-t-il.

Après une heure d’attente, un officier vient ouvrir la


grille de la cellule.

— Vous êtes libre.


Je ne m’attendais pas à moins. Je sors de la cellule et vois
de loin Mel sortir du bureau du Commissaire. Il lui
empoigne la main. Je marche dans sa direction quand les
cris d’une femme m’interpellent. Elle parle avec un fort
accent étranger.

— Je vous dis que ma sœur m’a appelée toute paniquée


et m’a fait comprendre qu’elle et d’autres filles étaient
détenues prisonnières quelque part dans un entrepôt.
— Madame, si vous ne nous donnez pas plus
d’informations, nous ne pourrons rien faire.
— Mais elle ne m’a pas dit grand-chose. Juste qu’elle
avait été séquestrée et qu’elle ne serait pas seule.
— Veuillez vous calmer !
— Merda (merde en Portugais) !

Elle continue de hurler en Portugais. Je rejoins Mel et


nous sortons.

— Tu as jeté un coup d’œil à la clé ? je lui demande


quand nous sommes complètement hors du
commissariat.
— Pas encore. Je devais d’abord te faire sortir. Qu’il y a-
t-il dessus ?
— La preuve que Kylie a été enlevée. Le type qu’elle
aurait suivi a glissé quelque chose dans son verre.
— On y verra mieux une fois à l’hôtel.

Il s’apprête à monter quand j’aperçois de loin la jeune


fille de tout à l’heure.

— Attends un instant ! dis-je à Mel en m’arrêtant.


— Quoi ? demande-t-il en s’asseyant derrière le volant.
— Nous devons parler à cette fille.

Je l’accoste alors qu’elle continue de rouspéter.

— Excusez-moi ! Pouvez-vous m’accorder une minute ?


— Je n’ai pas le temps pour les dragues, me lance-t-elle
en passant son chemin.
— Non, je voudrais vous poser des questions concernant
votre sœur. Ma femme et sa sœur ont également disparu.
Vos informations pourraient nous aider à les retrouver.
Elle s’arrête et revient sur ses pas.

— Et vous êtes ?

Mel sort de la voiture et lui montre son insigne.

— Je suis de la police. Nous pourrions vous aider. Quand


est-ce que votre sœur a disparu ?
— Le vendredi dernier. Nous étions en boîte et un gars
l’a accostée. Elle a voulu être sympa et il a carrément
passé plus d’une heure avec nous. Après, les deux se sont
rendus sur la piste de danse et c’est là que j’ai perdu les
traces de ma sœur.
— Pouvez-vous nous décrire le gars en question ?

Elle répond à la question et aux deux autres suivantes.


Conclusion, c’est dans la même boîte de nuit que Kylie.
Nous échangeons les contacts et nous nous séparons.
Nous montons dans notre voiture. Pendant que nous
conduisons, je remarque qu’il y a une voiture derrière qui
nous suit depuis un moment.
— Tu as remarqué la voiture ? je demande à Mel.
— Ouais, répond-il en jetant un coup d’œil rapide dans le
rétroviseur.
— Tu crois que la police en sait quelque chose sur ces
disparitions ?
— C’est possible. Nous verrons quoi faire après avoir
visualisé la vidéo de surveillance.
— On fait quoi du suiveur ?
— Laissons-le nous suivre. Tant qu’il ne tente rien, tout
baigne.

***CARL

Ça fait plus d’une heure que nous tournons dans cette


ville dans l’espoir de retrouver ces femmes dans l’optique
où elles se seraient perdues, mais aucune trace d’elles.
C’est à croire qu’elles se sont volatilisées. Je pousse un
soupir et coupe l’appel de Joël.

— Qu’est-ce qu’il y a ? me demande Rico qui a été gentil


de me proposer de monter avec lui dans sa voiture.
— C’est mon fils. Je ne saurais quoi lui répondre s’il me
demandait des nouvelles de sa mère.
— Je vois. Quant à moi, c’est pour mon boss que je crains
le plus. Leurs enfants sont encore petits, ils s’en
remettraient sans doute vite si quelque chose devait
arriver à leur mère. Mais lui, jamais. Il ne sera plus jamais
stable de toute sa vie.
— Perdre son partenaire de vie, c’est assez pénible. Votre
patron m’a l’air beaucoup trop possessif. De ce que j’ai
pu comprendre.
— Possessif, non. Dépendant, on peut le dire.
— Je ne voudrais pas paraitre curieux, mais j’ai remarqué
qu’il avait des petits tics nerveux quand des gens
s’approchent un peu trop de lui.

Il s’arrête à un feu tricolore et retire ses gants en cuir.

— Dans son enfance, il a vécu des traumatismes, autant


émotionnel, mental que physique, qui lui ont laissé
certaines séquelles. Il ne supporte donc pas qu’on le
touche.
— Comment fait-il donc dans le milieu professionnel ?
— Il évite au mieux les lieux de trop grands
rassemblements. Il n’y va que lorsque c’est nécessaire
pour son business.
— Je vois.

Le feu devient vert et nous pouvons y aller. Il prend cette


fois le chemin de l’hôtel. Quand nous y arrivons, chacun
se dirige vers sa chambre avec la promesse de nous
informer l’un et l’autre s’il y a du nouveau. Les enfants
se ruent sur moi et me bombardent de questions.

— Vous avez trouvé maman ? Elle est où ? On veut la


voir.

J’ai le cœur lourd de ne pas pouvoir leur donner de


réponses positives. Je ferme les poings pour retenir du
mieux que je peux mes émotions à deux doigts de me
submerger. Je ne dois surtout pas craquer devant les
enfants. Joël s’apercevant de mon état, demande à ses
petits frères de me laisser me reposer. Je vais m’enfermer
dans notre chambre. Assis sur le lit, je laisse une larme
traverser les barrières de mes yeux. Cette femme m’a
rendu beaucoup trop sensible. Elle n’a donc pas intérêt à
me lâcher maintenant. Aucune autre femme ne mérite
mes larmes ni mon amour. Je ne pourrai pas tout
reprendre avec une autre. Je m’essuie le visage quand
j’entends Joël s’annoncer et rentrer.

— Papa ?
— Je suis là !

Il entre et ferme derrière lui. Par ma mine, il devine les


choses.

— Que dit la police ?


— De patienter qu’ils mènent leurs investigations.
— Mais ça fait deux jours.
— Je sais.
— Tu dois faire quelque chose. Pourquoi ne pas mener
toi-même tes investigations ?
— Nous sommes dans un pays étranger. Je crains de me
mettre la police à dos.
— Mais tu ne peux pas rester ainsi sans rien faire,
s’énerve-t-il. Tu l’as toi-même dit, nous sommes des
étrangers ici, en plus des noirs. Ils ne nous prendront
jamais au sérieux. Fais quelque chose pour retrouver ta
femme et ta fille. Même s’il faut que tu ressuscites
Dusky, fais-le ! Je refuse de perdre des membres de ma
famille.

Il sort et ferme la porte avec rage. Ses paroles ne m’ont


pas laissé insensible. Il a raison, je ne peux attendre
sagement que la police veuille bien m’apporter des
nouvelles. Je dois faire quelque chose. Je prends mon
portable et sors. Je me rends dans le hall de l’hôtel et
montre les photos de Loraine et Jessica à toutes les
personnes que je croise. Mais c’est toujours la même
réponse que j’entends. Personne ne les a aperçues. Je
décide de parcourir tous les recoins de cet immense hôtel.
Une autre fête se prépare non loin de la plage. C’est ce
soir que prend fin le Carnaval et tout le monde est
surexcité pour les dernières festivités. J’emprunte tous les
chemins que je croise. Je finis par me retrouver derrière
l’hôtel. Il y a une grande benne à ordure. Je marche tout
le long de la ruelle jusqu’à l’autre extrémité. Une porte
attire mon attention. J’essaie de l’ouvrir par curiosité,
mais elle est condamnée. J’abandonne et reviens sur mes
pas. Un scintillement par terre attire mon attention. Je
marche vers l’objet. C’est une chaine. Je la ramasse et
mes nerfs se tendent. Je regarde de plus près pour avoir
le cœur net. C’est bien la chaine de Loraine. Je promène
mon regard et un autre objet posé près de la benne à
ordures attire encore mon attention. Cette fois, c’est un
portable. L’écran est brisé, mais je le reconnais.

— Que faites-vous là ?

Je sursaute au son de la voix. Je vois le gérant de l’hôtel


venir vers moi dans sa démarche féminine. Par
précaution, je glisse sans geste brusque les objets trouvés
dans ma poche.

— Rien. Je me suis égaré.


— Avez-vous eu des nouvelles de votre femme ?
— Non, encore rien.
— Vous la trouverez. C’est la première fois que ce genre
de chose se produit dans cet hôtel.
— Merci !
— Vous ne devriez pas traîner par ici. Ce n’est permis
qu’aux employés.
— Mes excuses.

Je le laisse là et retourne à l’intérieur de l’hôtel. Je vois


Rico et Jean qui escortent leur patron. Je siffle et Rico
tourne la tête vers moi. Je lui fais signe de me rejoindre.
Il prévient son patron qui se glisse dans l’ascenseur avec
Jean et il me rejoint.

— Quoi de neuf ?
— J’ai retrouvé ça derrière l’hôtel, lui dis-je en lui
montrant les objets sortis de ma poche.
— C’est quoi ?
— La chaine de ma femme et le portable de ma fille. Ils
étaient par terre.

Il fronce les sourcils et me regarde.

— Tu penses à ce que je pense ? s’enquiert-il.


— Oui. Si on veut ajouter à cela le fameux message que
ma femme m’a envoyé quelque temps après sa
disparition.

Je lui montre le message en question. Il me regarde sans


comprendre où se situe le problème.
— Ma femme est beaucoup trop instruite pour pondre
autant de fautes. Et le nom de sa fille ne s’écrit pas ainsi.

Il veut parler, mais son regard est détourné par quelque


chose. Je me retourne et vois les deux autres hommes
avec qui nous étions au commissariat. Rico leur fait signe
de nous rejoindre et leur fait le point de ma découverte.
Les deux hommes s’échangent un regard.

— Je crois qu’on devrait monter, suggère celui que Rico


a appelé Mel.

Nous le suivons dans sa chambre. Son frère sort un


ordinateur et connecte une clé USB.

— Nous avons aussi une raison de croire que Kylie et sa


sœur ont été également enlevées, souligne Mel.

Nous visualisons la vidéo qui semble provenir d’une


caméra de surveillance. Il met une pause sur une scène et
nous voyons tous clairement que la femme du nommé
Brad a été droguée. Nous visualisons une deuxième vidéo
de la caméra extérieure.
— Là, sursaute Mel. C’est Lara. Je trouve ça étrange que
Kylie et elle n’étaient pas ensemble.

On voit la jeune fille descendre et remonter dans un taxi


qui emprunte le même chemin que la précédente voiture.
Brad demeure silencieux et ramène la vidéo en arrière. Il
marque ensuite une pause sur une image.

— Cette fille, on dirait la sœur de celle que nous avons


rencontrée au commissariat. La description correspond.

Mel regarde de plus près et atteste.

— Et le mec avec elle, c’est le même qui était avec Kylie,


ajoute-t-il. Et il y a une dizaine de minutes entre les deux
rencontres. La fille a dit que sa sœur a affirmé avoir été
séquestrée avec d’autres filles.
— Nous sommes donc tous d’accord qu’elles ont toutes
été enlevées ? Je relève de plus en plus anxieux.

Ils acquiescent.
— Que fait-on donc ?

Ils demeurent tous pensifs jusque ce que Mel prenne la


parole.

— Pour ma part, nous devons récolter plus de preuves


pour les rapporter à la police.

Son frère grogne et se lève.

— Ces gens n’en ont rien à cirer de cette histoire,


balance-t-il en claquant l’ordinateur. Vous avez tous
entendu, ils ont des tonnes d’avis de recherche à gérer.
— Je sais, lui répond Mel. Mais avant de faire toute
chose, nous devons passer par la voie normale au risque
de nous créer des problèmes. Nous deux, nous sommes
américains, on pourra gérer, mais pas eux. Rico encore
ça va. Son boss pourra le sortir d’affaire, mais pas
Monsieur ANDERSON. Il est carrément étranger ici avec
toute sa famille. Ce que je propose, c’est d’aider la police
à retrouver ces femmes. Ici, je ne suis pas flic, je suis un
citoyen lambda donc tout acte déplacé me coûtera sur
tous les plans.

Il se tourne vers Rico et moi.

— Alors, messieurs, récoltons des indices et apportons-


les à la police. Je vais également contacter mes supérieurs
pour demander leur intervention, mais là encore ça va
demander trop de protocoles, mais mieux vaut procéder
ainsi.

L’autre n’a pas l’air très partant, mais ravale sa rage et se


rassoit.

— Alors, par quoi commence-t-on ? demandé-je,


impatient.
— Peut-être que nous devons également jeter un coup
d’œil aux caméras de surveillance de l’hôtel, répond Mel.
Nous y trouverons sans doute d’autres indices.
— C’est vrai, intervient Rico. Je connais le plan de cet
hôtel. C’est mon boss qui l’a fait. Je sais où se trouve la
salle des caméras. Monsieur ANDERSON et moi…
— Carl. Vous pouvez m’appeler Carl.
— Ok. Carl et moi allons y aller et toi et Brad ferez le
guet. Il y a une soirée dehors et dans la ville. L’hôtel sera
certainement vide.
— Ça marche, approuvons-nous Mel et moi.

Brad demeure muet. Mine de rien, j’aime sa manière


d’être. J’ai l’impression de me voir. Je sens que lui et
moi, nous nous entendrons. Nous ficelons un plan et nous
nous séparons.
9

***RICO

DIMANCHE 20 HEURES

Je rejoins mon boss dans sa suite après ma petite réunion


avec les autres gars et je lui fais le compte rendu de tout.

— Tu as confiance en ces hommes ?


— Je connais Mel et je sais qu’il est performant. Il a été
dans l’armée et il est présentement dans le SWAT. Brad,
je ne le connais pas personnellement, mais il a les mêmes
compétences que Mel. Quant à Monsieur ANDERSON,
tu as déjà reçu toutes les informations sur lui. Nous
pouvons leur faire confiance, d’autant plus que nous
menons le même combat.

Il glisse ses mains dans ses poches et se tourne vers la


grande fenêtre vitrée qui donne sur la plage.
— Si Trisha a été séquestrée comme tu le prétends, je
vais devoir faire intervenir les autorités de cet État. Je
vais prendre rendez-vous avec le gouverneur pour
demain.
— Ça fera accélérer les choses, effectivement.

Il se tourne face à moi.

— Vous avez donc mon soutien. Si je peux intervenir


d’une manière que ce soit, n’hésite pas à me le demander.
— Bien noté. Jean assurera votre sécurité.

Il fait oui de la tête. Il s’assied et fixe son verre de


Whisky. J’ai mal de le voir de nouveau si déboussolé. Il
n’a pas besoin de me le dire pour que je le sache.

— Tout se passera bien, Boss.

Il lève les yeux et me regarde. Ses yeux ont viré au rouge.

— Je veux ma femme, Rico. J’ai besoin d’elle.


— Je la ramènerai, je vous en fais la promesse.
Il prend son verre et le vide. Je me rends dans ma
chambre, prendre une douche et enfiler une tenue plus
relaxe pour ma tâche. Je reçois un message de Mel qui
me prévient qu’ils sont déjà en poste. Je range mon arme
dans mon sac de voyage et sors. En sortant de l’ascenseur
au rez-de-chaussée, j’aperçois les autres qui se sont
également changés. Nous communiquons par des
mouvements de tête et chacun emprunte un chemin. Brad
et Mel doivent rester dans les parages pour s’assurer que
personne ne viendra me surprendre quand je serai dans la
salle d’enregistrement. Carl aura pour mission de
distraire le garde de nuit. Je marche à une distance
derrière lui et me cale dans un coin quand nous
approchons de la salle. Carl entre dans la pièce sans
frapper et s’excuse aussitôt.

— Désolé, je crois que je me suis trompé de porte. Je


cherchais les toilettes.
— Les toilettes se trouvent au rez-de-chaussée,
monsieur. Veuillez quitter cet étage.
— Pouvez-vous s’il vous plaît m’y conduire ? Je crois
que j’ai un peu trop forcé sur l’alcool et je risque de faire
n’importe quoi.
J’entends le garde soupirer.

— Ok. Mais faisons vite. Je dois suivre mon match.


— Merci, monsieur.

Je me cale bien dans ma cachette en camouflant mon


visage avec ma casquette. Ils passent non loin de moi et
entament les escaliers. Je me précipite dans la salle qui
n’a pas été fermée à clé. La première image qui
m’accueille, c’est la vidéo pornographique mise en
pause.

— Quel pervers !

Je fais fi et entame mes recherches. À ma grande surprise,


la vidéo du vendredi nuit a été supprimée. J’appelle Mel.

— Mec, la vidéo a été supprimée.


« — Il y a un moyen de la récupérer depuis le serveur. Je
vais te montrer. »
— J’écoute. Fais un peu vite parce que le garde sera là
d’un moment à l’autre.

Il se lance dans les instructions que j’exécute assez


rapidement tout en tendant l’oreille vers l’extérieur.

— Je l’ai trouvé.

J’active la vidéo. Je suis obligé d’accélérer pour espérer


tomber sur quelque chose de plus flagrant. J’entends
subitement un bruit dans le couloir. Je vais rapidement
jeter un coup d’œil et c’est Carl qui vient vers moi.

— Que fais-tu là ? Il est où le garde ?


— Il a été détourné par les beaux yeux d’une des femmes
de chambre, répond-il en rentrant. Tu as trouvé quelque
chose.
— Oui ! Viens voir.

J’actionne la vidéo. On y voit ma patronne rentrer dans


les toilettes, mais elle n’y sort jamais. Il en est de même
pour la fille de Carl. Sa femme quant à elle, entre et
ressort.

— Attends, reviens un peu en arrière, me dit Carl. Là,


stop ! Cette femme enceinte ; elle est présente à chaque
fois. Elle sort quelques minutes après l’entrée de Trisha
et de Jessica.
— Mais si elles ne sont jamais ressorties des toilettes, ça
veut dire qu’elles peuvent encore y être.
— Mais comment expliquer les objets trouvés dehors ?
Comment sont-ils arrivés à cet endroit ?
— Bonne question !
— Balance la vidéo de la caméra arrière s’il y en a.

Je passe plusieurs secondes à chercher les


enregistrements des caméras extérieurs. Il y en a
tellement que je me perds un peu.

— Attends ! Reviens encore en arrière. J’ai vu quelque


chose.
Je m’exécute. Enfin, quelque chose de flagrant. On y voit
clairement deux hommes transporter une jeune fille.

— C’est Jessica ! Merde !

Il cogne la table et se lève. La vidéo continue avec une


femme, que Carl identifie comme sa femme, qui essaie
d’intervenir, mais ils se rendent à un angle qui n’est pas
capturé par la caméra. Carl attrape la chaise et la balance
contre le mur. Les nerfs de ses musclent se tendent à
l’excès. Nous recevons un appel de Mel qui nous informe
que le garde a pris les escaliers. Carl décide de sortir le
retenir le temps que je copie les vidéos sur une clé USB.
Je prends tout de même des photos des personnes dans la
vidéo avec mon portable. Ce n’est pas très net, mais un
expert pourra les identifier. La copie met plus de temps
que prévu. Je tapote mes doigts d’impatience et de
nervosité.

— Vite, vite !

Encore quelques secondes et… c’est bon. Je retire la clé


et sors à toute vitesse. J’entre dans une pièce en entendant
la voix du garde. Je ressors lorsqu’il entre dans sa salle et
referme derrière lui. Je rejoins Carl en bas. Nous faisons
signe aux autres et nous nous retrouvons dans un endroit
isolé où je leur montre les photos prises.

— Transfert-moi les images, me demande Mel. Je vais


les envoyer à des connaissances qui pourraient nous
trouver leurs identités en moins de deux.

Je fais comme il a dit et il contacte qui de droit. Nous


décidons ensuite de nous séparer de nouveau. Mel et moi
nous nous rendons dans les toilettes des femmes et les
deux autres à l’arrière de l’hôtel.

— Dans la vidéo, ma patronne et la fille de Carl sont


entrées ici, mais ne sont jamais ressorties.

Nous ouvrons les quatre portes après avoir cogné à


chaque fois et elles sont toutes vides.

— Pourtant, elles ne sont pas là, constate Mel.


— Ce qui est étrange.
Nous voyons une autre porte dans le fond. Nous
l’ouvrons et elle est vide.

— Ils veulent peut-être y faire une autre cabine.

Je tourne les talons, mais Mel reste sur place à fixer le


vide de la pièce.

— Qu’est-ce qu’il y a ? je lui demande en revenant sur


mes pas.
— Si les deux femmes sont entrées et ne sont pas
ressorties, c’est qu’elles devraient être là. Pourtant ce
n’est pas le cas. Si elles ne sont pas sorties par cette
unique porte, c’est qu’il doit y avoir une autre sortie.

Aussitôt sa phrase terminée qu’il entre dans ce petit


espace et glisse ses mains sur le mur de long en large. Je
le suis attentivement du regard. Il se fige un moment et
tout à coup on voit le mur commencer à bouger.

— C’est quoi ça ? je demande en le rejoignant. Pourquoi


le mur bouge-t-il ?
— Ce n’est pas un mur. Mais une porte sans poignet.

Il ouvre complètement la porte et nous apercevons une


sorte de tunnel non éclairé. Je ne me rappelle pas cette
partie dans le plan de l’hôtel. Avec les torches de nos
portables, nous empruntons le chemin jusqu’à une autre
porte qui est condamnée. Deux coups d’épaule de Mel et
elle cède. Nous tombons nez à nez avec Carl et Brad.

— Mais, d’où sortez-vous ? s’étonne Carl.


— Des toilettes des femmes, répond Mel. Je crois bien
que c’est par là qu’ils ont fait sortir leurs victimes.

Nous continuons à analyser toutes les scènes tout en


fouillant tout autour de nous. L’avantage que nous avons,
c’est que nous avons une connaissance de ce genre de
situation donc nous savons comment enquêter plus vite.
Nous marchons jusqu’au bout de la ruelle histoire de voir
où elle débouche. Lorsque nous tournons, nous
apercevons à quelques pas de nous, deux hommes et une
femme aux longs cheveux blonds, arrêtés près qu’une
fourgonnette. Carl me tapote légèrement l’épaule.
— Regarde bien, on dirait les gars dans la vidéo. Ceux
qui transportaient Jess.
— Et la femme…

Je jette un coup d’œil aux photos prises avec mon


portable.

— C’est elle, confirmé-je. Mais elle ne devrait pas être


enceinte ?

Brad jette un coup d’œil à mon portable.

— C’était un leurre pour ne pas se faire soupçonner,


analyse-t-il. On devrait les choper.

Mel est le premier à ouvrir la marche. Nous l’imitons en


marchant à sa suite. Mais à peine nous faisons quelques
pas qu’un quatrième gars sort d’une porte avec une jeune
fille qui a du mal à tenir sur ses jambes. Nos deux
hommes suspects récupèrent la fille des mains du premier
gars.
— Ils essaient de l’enlever, relève Mel. On fonce !

Les bandits nous voient aussitôt courir vers eux. Ils


laissent tomber la jeune fille qu’ils tenaient et se mettent
à courir. Nous accélérons nos pas, car ils y vont super
vite. Ils tournent à un carrefour et se séparent en deux
groupes de deux sur chacun des trottoirs. Comme si nous
nous étions communiqués, Brad et moi suivons ceux qui
se sont détachés, en l’occurrence la fausse femme
enceinte et le nouveau gars qui a envoyé la jeune fille. Ils
renversent une poubelle devant nous. Nous la sautons et
continuons notre course poursuite. Une voiture sortie de
nulle part nous barre la route. Je suis freiné, mais Brad
saute par-dessus le capot et continue de courir. Je le vois
ramasser un morceau de bois et le balancer entre les
jambes de la femme. Elle trébuche aussitôt. Brad s’arrête
et la relève en lui empoignant les cheveux. Elle se débat
sans parvenir à se libérer de l’emprise de Brad. Je tourne
et vois un peu loin derrière nous Mel et Carl qui ont pu
attraper qu’un seul gars également. Nous rebroussons
chemin avec notre proie quand deux voitures de police
garent entre nous. La fille que tient Brad se met à hurler.

—Help ! Help! They want to hurt us (Au secours ! À


l’aide ! Ils veulent nous faire du mal).
Les flics sortent avec leurs armes à la main et nous
intiment ordre de lâcher nos détenus.

— Nous ne sommes pas des agresseurs, leur dis-je sans


obéir. Ces gens sont impliqués dans des enlèvements.
— Nous avons été signalés d’une agression qui était en
cours.
— Ce sont eux les bandits.
— Lâchez-les, je dis !

Nous essayons tant bien que mal de leur expliquer les


choses, mais ils ne veulent rien comprendre. Ils nous
ordonnent de nous mettre à genou. La moutarde
commence sérieusement par me monter au nez.

— Les gars, nous interpelle Mel. Obtempérez si vous ne


voulez pas avoir des problèmes plus graves.

Il appuie tellement sur les mots que je percute. Nous


sommes tous des noirs en face des personnes toutes
blanches. Nous nous mettons tous à genou, sauf Brad qui
n’a pas l’air de vouloir obéir. Mel garde son regard sur
lui jusqu’à ce qu’il décide à son tour d’obtempérer. On
nous passe des menottes et nous sommes embarqués. Il
n’y a vraiment rien qui va dans cette ville.

Après je ne sais combien d’heures passées à nous faire


chier, le commissaire apparait enfin et nous demande de
le suivre dans son bureau.

— Les gens que vous avez agressés dans la rue ont décidé
de ne pas porter plainte contre vous.
— Quoi ? grondons-nous tous en même temps.
— Je…
— C’est plutôt à nous de porter plainte contre eux, me
coupe Brad. Ces gens ont séquestré nos femmes et vous
ne dites que c’est nous les méchants ?
— Sur quoi vous basez-vous pour émettre de telles
accusations ? demande le commissaire.

Brad veut encore parler, mais je le devance parce que je


le sens vraiment en colère. Il risque de se jeter sur le
commissaire.
— Nous avons visualisé les caméras de surveillance de
l’hôtel et…
— Vous avez quoi ? Vous avez commis une infraction.
— (Tapant du poing), Mais on s’en tape de ce que nous
avons enfreint. Je vous dis que j’ai vu ces gens enlever
les femmes que nous recherchons. Et même ce soir, ils
ont essayé de kidnapper une fille. Nous les en avons
empêchés, alors arrêtez de nous poser des questions
stupides et bougez-vous enfin, nom de Dieu.
— Contrôlez votre langage.
— Sinon… ???

Mel me tapote l’épaule et prend la parole en s’appuyant


sur le bureau du commissaire.

— Nous avons des preuves que ces gens sont impliqués


dans une affaire de kidnapping, entame-t-il dans un ton
posé, mais ferme. Pour quelle raison l’ont-ils fait ? Nous
ne le savons encore parce que trois jours sont passés et
nous n’avons pas reçu de demande de rançon. Ça fait
plusieurs heures que j’essaie de maitriser les nerfs de
mon frère, continue-t-il en désignant Brad, et là je
commence par être fatigué. Alors, cher commissaire, si
vous ne faites rien pour gérer cette situation, nous la
prendrons en main et croyez-moi, nous ferons exploser
cette ville jusqu’à ce que nos disparues réapparaissent.

Le commissaire passe son regard sur chacun de nous.

— Ok ! abdique-t-il. Montrez-moi vos preuves.

Je lui tends la clé USB. Il la connecte à son ordinateur et


reste silencieux en visualisant le contenu. Il se passe la
main sur le visage et se laisse choir dans son siège.

— Cette histoire est très complexe. Nous allons devoir la


gérer avec prudence pour éviter de nous faire bruler.
Nous allons devoir faire fermer l’hôtel le temps que dure
l’enquête. Mais ça risque d’être compliqué parce que le
propriétaire est un homme puissant.

Il souffle.

— Voici ce que donc je vais vous proposer, mes hommes


vont vous escorter jusqu’à votre hôtel pour s’assurer que
personne ne s’en prenne à vous après cette course
poursuite. Parce que si l’homme à qui je pense, est
véritablement impliqué dans cette histoire, il voudra vous
faire taire par tous les moyens possibles. Rentrez donc
dans votre hôtel. Moi, pendant ce temps, je vais essayer
d’obtenir des mandats d’arrêt et de perquisition. Ce n’est
pas la première fois que ces gens soient impliqués dans
des histoires de trafic de tout genre. Un instant, je reviens.

Il sort de son bureau et nous nous restons là sans rien nous


dire. Il revient ensuite, s’excuse et se rassoit. Un homme
apparait à son tour.

— Je veux que tes hommes et toi assuriez la sécurité de


ces hommes jusqu’à leur hôtel.
— Oui, monsieur !
— Tu peux aller préparer les voitures et les autres.

L’officier sort.

— Je vais vous demander, messieurs d’être le plus


prudent possible. De vous faire discret s’il le faut parce
que ces gens auront les regards sur vous dorénavant.
— Pourquoi ne nous ont-ils pas demandé de rançon
depuis ? questionne Carl depuis le fond de la pièce.
— Nous le saurons bien assez tôt quand j’aurai obtenu les
mandats et l’autorisation d’aller plus en profondeur dans
l’enquête.

Nous sommes interrompus par deux hommes armés, en


civil, mais avec des airs dangereux.

— Voici deux de mes meilleurs hommes, nous présente


le commissaire. Ils vous raccompagneront avec d’autres
membres de leur équipe. Demain, je passerai vous faire
le point de la situation à votre hôtel.

Nous n’avons d’autres choix que de replier, pour le


moment. Les gars et moi, nous sortons, accompagnés par
les deux flics. Carl et moi montons à l’arrière du même
véhicule. Il en est de même pour les deux autres. Le trajet
se fait silencieux. Carl ne cesse de se masser les poings.
Je suis anxieux. J’ai l’impression que cette histoire est
plus complexe, surtout plus dangereuse que nous ne le
pensons. Je reçois un message WhatsApp de mon ex qui
m’implore une fois de plus de lui pardonner son
infidélité. Je supprime son message. Je n’ai pas la tête à
ça. De plus, je suis déjà passé à autre chose. Quand je
relève la tête, je remarque quelque chose d’étrange sur
notre trajet je reçois un autre message, mais celui de Mel.

« — Ce n’est pas le chemin de l’hôtel. Cette voie mène à


un endroit isolé. Quelque chose cloche. »
« — Je viens de m’en rendre compte, je lui réponds à mon
tour. Restons sur nos gardes. Il y a une troisième voiture
qui nous suit. »

Je bouscule doucement la jambe de Carl avec la mienne


et lui montre en bas le message de Mel. Nous échangeons
un regard. Je range mon portable dans la poche de mon
jean.

— Vous êtes sûr que c’est le chemin de l’hôtel ? je


demande, prêt à attaquer.
— Nous avons pris un raccourci pour plus de sécurité,
nous répond celui qui conduit.

Je vois le deuxième sortir son arme tout doucement. Je


fais un signe de tête à Carl et nous bondissons en même
temps sur les gars en les saisissant par le cou. La voiture
se met à bouger dans tous les sens.

***BRAD

À la seconde même où nous voyons la voiture des autres


bouger dans tous les sens, Mel et moi sortons les poings.
Le gars assis sur le siège passager pointe son arme vers
Mel assis derrière le chauffeur. Je lui saisis le bras et le
coup part dans le plafond de la voiture. Je lui brise le bras.
Il relâche son emprise sur l’arme en hurlant de douleur.
Je la lui arrache et lui tire une balle la tête.

— MEL !

Mel se dégage rapidement et je tire dans la tête du


chauffeur avec qui il se battait. Nous relevons la tête à
temps pour voir que nous fonçons droit dans un gros
arbre. Nous sautons de la voiture et roulant dans le sable
avant de nous stabiliser. Un autre bruit nous fait tourner
la tête. C’est la voiture de Rico et Carl qui vient de faire
un tonneau et elle finit sa course renversée. Un coup de
pied brutal fait sauter la portière. Carl est le premier à
sortir. Mel et moi courons vers eux pour les aider, mais
la troisième voiture qui nous suivait gare et quatre
hommes lourdement armés en descendent et se mettent à
nous tirer dessus avec des mitraillettes. Nous retournons
sur nos pas et nous nous abritons derrière la voiture
encastrée dans l’arbre. Les balles atterrissent sur la
voiture.

— Tu as apporté ton arme ? demandé-je à Mel.


— Non, je l’ai laissé à l’hôtel. Nous ne pouvons pas non
plus prendre celles des gars dans la voiture au risque de
nous prendre des balles.
— On va donc attendre qu’ils finissent leurs premières
minutions et on fonce sur eux.

Mel se lève légèrement pour regarder, mais se rabaisse


assez vite.

— Ils sont deux et pas très loin de nous. Les deux autres
sont sur Rico et Carl. Ils seront bientôt à court.

Les tirs durent encore quelques secondes et s’arrêtent tout


à coup. Nous entendons un petit craquement.
— Ils sont entrain de recharger, relève Mel. On fonce !

Chacun passe d’un côté de la voiture et nous fonçons à


toute vitesse sur les deux flics qui finissent à peine de
recharger. Je ramasse du sable sur mon passage. Nous ne
leur laissons pas le temps de pointer de nouveau leurs
armes sur nous. Je verse le sable dans les yeux de mon
adversaire et tente de lui arracher son arme qu’il refuse
de lâcher malgré son malaise dans les yeux. Un coup de
pied dans les burnes, il courbe l’échine. Je lui arrache
l’arme et lui fracasse le crâne avec. Mel neutralise son
adversaire avec un dernier coup de pied au visage exécuté
dans un retourné. Avec l’arme de ce dernier, Mel vise
depuis sa position et tire sur les deux autres bandits. Nous
rejoignons nos acolytes qui sortent de leur cachette.

— Vous allez bien ? je leur demande.


— Oui, répond Carl. Cette affaire prend une autre
tournure. Cette fois, il est clair que nous ne pouvons plus
faire confiance à la police.
— C’est clair, atteste Rico qui se masse la main en
grimaçant de douleur. Je suis prêt à parier que c’est le
commissaire de merde qui leur a donné l’ordre de nous
éliminer.
— C’est qu’il doit être mouillé également, ajoute Mel. Ce
qui signifie qu’il sait où se trouvent ces femmes.
— On devrait lui rendre une petite visite pour lui faire
cracher le morceau. Vous ne croyez pas ? je propose en
passant la corde de la mitraillette autour de mon cou.
— Mais avant, nous devons nous planquer, suggère Mel.
Nous ne pouvons plus retourner à l’hôtel.
— Mes enfants y sont, sursaute tout à coup Carl. Ils
peuvent s’en prendre à eux.
— Appelle donc l’ainé et demande-lui de s’en aller sur le
champ, lui conseille Rico. Joël est une star du foot, il peut
utiliser ses relations pour se tirer vite fait avec ses frères.

Carl approuve l’idée et s’éloigne pour communiquer. Un


portable se met à sonner dans l’une des poches de nos
agresseurs. Je fouille leurs poches et récupère le portable.

— C’est le commissaire, informé-je les autres.


— Mets sur haut-parleur, dit Mel.

Je décroche, mais ne dis rien.


« — Ça y est ? Vous vous êtes débarrassés de ces gens ?
Allô ? Allô ? »
— Ils sont tous morts, je réponds avec rage. La prochaine
fois, choisissez des hommes plus costauds.

Un long silence se fait, mais je peux l’entendre siffler un


juron.

« — Écoutez… »

Il marque de nouveau une pause.

« — Je crois qu’il y a eu un malentendu. Mes hommes


avaient pour mission de vous conduire dans un endroit
plus isolé afin… »
— Mec, cesse de bavarder. Tu viens de nous déclarer la
guerre et crois-moi, tu vas le regretter.
« — Vous… »

Je raccroche et jette le portable.


— On devrait se munir de leurs armes, je conseille aux
autres en ramassant les armes des types par terre.

Les autres en font de même. Nous nous séparons de


nouveau en deux groupes pour fouiller les voitures et
récupérer les armes ainsi que des minutions. Il n’y en a
pas assez, mais ça peut nous maintenir en vie jusqu’à
demain. Un bruit nous fait tourner vivement et lever nos
armes en direction du bruit. Une camionnette blanche se
gare. Les phares se mettent à clignoter et un tissu blanc
apparait.

— C’est qui ce taré ? chuchote Carl.

La portière côté conducteur s’ouvre.

— Je viens en paix, hurle une petite voix.

Des jambes apparaissent, puis une silhouette. C’est un


jeune garçon dont les lunettes sur son nez lui donnent des
allures d’intello. Ils lèvent les mains en continuant à
agiter son tissu blanc. Il fait un pas vers nous.
— Tu restes où tu es, je lui intime en faisant craquer mon
arme.
— Oh purée ! hurle-t-il en se couchant sur le bitume.

Nous échangeons des regards pleins d’interrogations.

— Qui es-tu et que veux-tu ? lui demande Mel.


— Je… je suis un photographe et je peux vous aider.
Enfin, je pense que je peux vous aider. Enfin, je n’en suis
pas si sûr parce que rien ne dit que mes informations vous
permettront de trouver vos femmes.
— Avance, lui intime Mel.

Nous nous attendions à le voir se lever et venir vers nous,


mais au lieu de ça, il se met à ramper. Mel et Rico se
mettent à rire.

— Lève-toi et avance, lui ordonne à nouveau Mel.


— Vous, vous n’allez pas me tuer ?
— Si tu ne tentes rien, non.
— Même si je le voulais, je ne serais pas aussi fou. Moi,
je suis beaucoup trop jeune pour mourir. Je suis
l’espoir…
— FERME-LA ET VIENS ICI, je hurle, agacé par son
bavardage.
— À vos ordres, monsieur !

Les autres se mettent à rire. Le jeune se relève et ajuste


ses lunettes sur son nez. Il s’approche avec prudence en
levant de nouveau les mains. Quand il arrive à notre
niveau, il écarquille les yeux.

— Waouh !!! C’est fou comme vous êtes costaud de plus


près. Enfin, sauf vous, désigne-t-il Mel. Mais Abuela m’a
toujours dit de me méfier des gens pas très gros parce
qu’ils gardent toute leur force en eux. Et à vous voir, je
peux sentir avec mon flair légendaire qu’on ne doit
surtout pas vous chercher des noises.

Son bavardage m’agace de plus en plus. Je recule et laisse


Mel se charger de lui, vu qu’il en est amusé.

— Tu as dit que tu pouvais nous aider. Comment ?


— Je peux très bien vous expliquer les choses ici, mais
nous risquons d’y passer la nuit, parce que quand je
commence à parler, je ne peux plus m’arrêter, parce que
j’aime donner beaucoup de détails afin que mon
interlocuteur puisse comprendre où je veux en venir.
Alors, je vous suggère de me suivre dans un endroit
beaucoup plus sécurisé afin de discuter.

Son regard est détourné sur les hommes par terre. Il siffle.

— Sapristi ! Vous ne les avez pas loupés, dis donc. Est-


ce qu’ils sont… morts ? Je n’ai jamais vu de cadavre
avant. Ils sont dans les pommes ? Comment avez-vous
réussi à les neutraliser bien qu’ils aient été lourdement
armés ?

Rico claque ses doigts devant le bavard.

— Oh, petit ! Cesse de te disperser et va droit au but.


— Ok. Je sais qui détient vos femmes. Et je peux vous
aider à les retrouver. Je sais absolument tout du cartel.
J’ai des preuves, chez moi. Vous pouvez vous y planquer
parce qu’après ce carnage-là, c’est clair que vous aurez
assez de monde sur le dos. Mais vous allez devoir cacher
vos armes parce que Abuela n’aime pas les voir, même
pas en peinture.

Mel lui fait signe de reculer et se tourne vers nous.

— Qu’est-ce que vous en pensez ? nous demande-t-il.


— Je pense que nous n’avons rien à perdre, répond Carl.
S’il dit avoir des infos susceptibles de nous aider, nous
devons le suivre.
— Et si c’était un piège ? demande Rico.

Nous demeurons silencieux un moment jusqu’à ce que


Mel brise le silence.

— Mon intuition me dit qu’on peut lui faire confiance.


Nous devons tout de même rester sur nos gardes.

Nous échangeons des regards et hochons la tête. Nous


nous retournons ensuite vers le petit.
— Nous te suivons, lui lance Mel. Mais à la moindre
gaffe, tu es un homme mort. C’est compris ?

Il avale sa salive.

— Oui, chef !

Nous le suivons dans sa camionnette et quittons les lieux.

***COMMISSAIRE FRANKLIN

Je crois que j’ai un peu trop sous-estimé ces quatre


hommes. Je les ai pris pour des petits joueurs malgré leurs
carrures imposantes. À eux quatre, ils ont réussi à
neutraliser huit hommes très entraînés et lourdement
armés. Je ne l’aurais jamais cru. Qui peuvent-ils bien
être ?

J’appuie sur mon combiné et fais appel à un de mes


éléments qui s’emmène à la minute.

— Oui, chef !
— Je veux des informations sur les quatre hommes qui
étaient là tout à l’heure. Je les veux demain à la première
heure sur mon bureau.
— C’est compris, chef !

En attendant d’avoir plus d’informations sur les quatre


hommes, je fais des recherches sur les deux citoyens
américains. Ce que je vois déjà ne m’aide pas. Ils ont tous
deux fait l’armée. L’un est présentement en fonction dans
le SWAT tandis que l’autre est formateur des nouvelles
recrues. Ce n’est pas bon ça. Rien que ces deux-là
peuvent nous créer de sérieux problèmes.

— Shit (Merde) !

Je me carre dans mon siège et passe mes doigts dans ma


barbe. Je dois faire quelque chose. Je ramasse mes clés,
ma veste que je passe par-dessus ma chemise et je pars
du commissariat pour une destination plus lointaine.
J’arrive après une heure de trajet, j’arrive devant cette
grande bâtisse qui renferme à elle seule tous mes vices
imaginables. Les deux costauds postés devant me
connaissant me laissent passer. Je traverse le premier
niveau transformé en casino avec tous les jeux de hasard.
Je monte au second niveau. Un endroit où les strip-
teaseuses font leurs lois. Des paires de fesses me sautent
aux yeux dès mon entrée. Je me sens tout de suite étroit
dans mon pantalon. Mais une chose à la fois. Je dois
m’entretenir avec Miguel VARGAS, alias El Jefe. Je
monte les marches en direction du carré VIP d’El Jefe.
Ses gorilles m’empêchent d’avancer. Je vois un autre
aller lui chuchoter à l’oreille. Il revient et fait signe aux
deux autres devant moi. Ils me font signe de me
débarrasser de mes armes. Je retire l’arme dans sa
pochette autour de ma taille et la deuxième dans ma
chaussette. Ils me cèdent le passage. J’entre en ajustant
ma veste.

— Alors, Commissaire FRANKLIN, que me vaut


l’honneur de cette visite improvisée ? me demande El
Jefe de son fort accent mexicain.

Il tire sur son cigare et éjecte la fumée dans le vide. Il me


fait signe de m’asseoir en face de lui.

— Il se pourrait que nous ayons un problème. Non,


quatre problèmes.
Une serveuse m’apporte un verre contenant de la boisson.
J’en prends une gorgée.

— Parmi les nouvelles recrues, il y en a qui sont liées à


des hommes qui pourraient représenter un danger pour
nous.
— Comment ces hommes pourraient-ils représenter un
danger pour toi alors que tu as du pouvoir en tant que chef
de police ?

Il n’a pas tort. Ces hommes ne peuvent pas venir


m’intimider sur mon territoire. El Jefe fait un signe de la
main et l’un de ses hommes lui apporte une mallette qu’il
tenait depuis. Il ouvre la mallette et El Jefe en sort trois
énormes liasses de billets neufs qu’il pose devant moi.

— Arrange-toi à ce qu’ils ne me gênent pas.

Je ravale ma salive devant autant d’argent.

— Et si tu penses qu’avec tes éléments tu ne pourras pas


y arriver, je peux te prêter mes hommes pour bien faire le
boulot.
Il tire sur son cigare et éjecte la fumée.

— C’est compris, chef. Je vais d’abord essayer à ma


manière et si ça ne fonctionne pas, je ferai intervenir vos
hommes.
— Il en est de ton intérêt de régler cette histoire au plus
vite parce que si je tombe, tu tombes également, ainsi que
tous les autres.
— Je ferai ce qu’il faut.
— J’aime entendre ça. Tu peux maintenant aller t’amuser
en haut avec ces deux jeunes belles filles.

Je souris, rien qu’en pensant aux plaisirs qui m’attendent.


J’empoche mes liasses de billets et suis les filles jusque
dans une salle privée.

— Venez mes jolies. Venez vous occuper de papa.

Je défais prestement mon pantalon et me détends dans le


siège. L’une s’attaque à mon sexe et l’autre me met ses
seins au visage. Argh ! J’adore ça !
*Mona
*LYS

Quand j’arrive au bureau ce matin, je retrouve sur ma


table les informations demandées. J’y jette un coup d’œil.
Ce que je vois ne me plaît absolument pas. J’ai affaire à
des pros. Je sélectionne une photo de chacun et les envoie
à mes éléments qui font toujours le sale boulot avant de
les appeler.

« — Oui ! »
— Je viens de vous envoyer des photos. Je les veux morts
ou vifs.
« — Ok. »

Je raccroche. Ces hommes veulent jouer à des jeux


dangereux ? Nous allons y jouer.
10

DIMANCHE 23 HEURES 50

***DWAYNE BAKER (À retrouver dans La vengeance


est une femme tome 2)

— Mel t’a appelé ?


— Non, mais je crois qu’il a laissé un message dans le
groupe pour parler de la disparition de Kylie et Lara.
— Oui, j’ai vu. J’ai tenté de le joindre, mais il n’a pas
répondu. Tu crois que c’est sérieux ?
— J’espère que non.

Nous prenons nos bouteilles de bière au même moment


et nous les rapportons à nos lèvres. Il reçoit un appel de
sa petite amie. Je profite pour surfer sur le Net. Il termine
assez vite sa conversation par une phrase niaise qui me
fait rigoler.

— Pourquoi rigoles-tu ? demande-t-il tout souriant après


avoir raccroché.
— C’est ta tête d’amoureux qui me fait rigoler. Qui aurait
cru qu’un sniper aussi dangereux que toi deviendrait si
ridicule devant une fille à cause de cette chose qu’on
appelle l’amour ?
— Tu diras ça à Brad et Mel qui eux se sont carrément
passé la corde autour du cou, rigole-t-il. Mais, sans te
mentir, ça fait du bien d’aimer et de se sentir aimer. Tu le
saurais si tu te décidais enfin à pardonner à April.
— Je n’ai rien à lui pardonner, gars, je réponds en prenant
ma bière. Elle a fait un choix.
— Qu’elle regrette.
— Uniquement parce que l’autre s’est révélé être un
bandit. Elle se serait mariée avec lui sinon.
— Qu’est-ce que tu en sais ? Elle aurait peut-être désisté.
— Désisté ? Tu crois vraiment qu’elle aurait renoncé à un
homme pour qui elle a tourné dos à son propre frère ?
— Tu sais que c’est toi qu’elle aimait malgré tout.
— On s’en fout de qui elle aimait. Elle m’a rejeté à cause
de mon passé. Qu’elle assume donc.
— T’es dur, gars.

Je bois une gorgée de ma bière.


— Parlant du passé, tu l’as dit à ta copine ?
— Je ne suis pas rentré dans tous les détails, mais je lui
ai demandé si elle continuerait de m’aimer si je lui disais
que j’ai été un tueur dans une autre vie.
— Et qu’a-t-elle répondu ?
— Que si je ne l’étais plus, ce serait ça le plus important.
Plus notre relation évoluera, plus je lui en dirai sur moi.
Mais la connaissant mature, je pense qu’elle ne changera
pas pour ça.
— Tu es chanceux donc.
— Ouais !

Son portable sonne de nouveau.

— Eh bien, quand on parle de la louve…

Il décroche et met le haut-parleur. Au premier mot, je


reconnais la voix d’April. Je bois ma bière pour faire taire
la stupide réaction de mon cœur.
« — Wilson, désolée de te déranger. Ma voiture m’a
lâchée non loin de l’entreprise et tu sais combien j’ai la
frousse de prendre les taxis quand il se fait tard. En plus,
il pleut des cordes. J’ai besoin que tu viennes me
raccompagner chez moi, s’il te plaît ! C’est Mel que j’ai
l’habitude d’embêter dans ce gens de situation, mais il
est absent. »
— J’aurais bien voulu te venir en aide, mais j’ai une
urgence à régler.

Je fronce les sourcils.

— Mais je t’envoie quelqu’un de confiance.


« — C’est compris. Merci infiniment. »

Il raccroche et me regarde en souriant.

— Tu as une urgence ? je demande, perplexe.


— Oui et toi tu iras la dépanner.
— Pardon ? Ah non !

Il se lève et pose deux billets sur la table.


— Je dois passer souhaiter une bonne nuit à ma dulcinée.
— Arrête de raconter des bêtises. Tu viens de le faire.
— Je veux le faire les yeux dans les yeux. Tu ne vas tout
de même pas laisser April seule dans les rues de cette
ville dangereuse ?

Il rigole et sort du bar. Il est bête ou quoi ce mec ? Je sors


à sa suite et je le vois disparaître en trombe dans sa
voiture en me faisant un signe de la main.

— Tu es un enfoiré ! dis-je pour moi-même.

Je monte dans ma voiture et malgré moi je prends le


chemin menant à April. J’appelle tout de même Wilson.

« — Yeah bro ! »
— Tu vas me le payer.
« — Tu me remercieras plus tard. »
— C’est ça ! Enfoiré !
Je raccroche en rouspétant.

***APRIL DOBÉ (À retrouver dans La vengeance est


une femme 1 & 2)

Assise dans ma voiture, j’attends impatiemment la


personne censée venir à ma rescousse. J’échange par
WhatsApp avec Faith qui me fait part également de son
inquiétude concernant la subite disparition de Kylie et
Lara. Pour tout dire, cette histoire inquiète tout le monde,
encore plus à cause de l’état de Kylie. Nous ne faisons
que prier pour qu’elles nous reviennent saines et sauves.

Des coups donnés contre ma vitre me font sursauter. Je


vois une silhouette avec un parapluie qui cache le visage
de la personne. Sans trop réfléchir, je prends mes affaires
et sors de la voiture. Je m’engouffre sous le parapluie
aussitôt mes pieds dehors.

— Infiniment merci d’être venu me chercher.


Je relève la tête vers mon bienfaiteur et mon cœur fait une
embardée en croisant le regard de Dwayne dans la
pénombre occasionnée par le parapluie.

— Oh ! Je ne savais pas que c’était toi que Wilson


enverrait.
— Je ne le savais pas non plus. Bref, on y va ? Quelqu’un
viendra chercher la voiture.

Je me laisse escorter jusqu’à sa voiture tout en luttant


contre cette envie irrépressible de me réchauffer dans ses
bras. Chaque jour que je passe loin de lui me consume le
cœur. Je reconnais avoir pris de mauvaises décisions,
mais je suis prête à me racheter, sauf que lui, il n’est pas
prêt à me donner cette chance.

— Que faisais-tu encore au bureau à cette heure ? me


demande-t-il après avoir entamé la route.
— J’avais des dossiers à traiter. Je devais le faire depuis
hier, mais l’histoire de Kylie et Lara m’a tellement
occupé l’esprit que je n’avais pas la tête à travailler. C’est
toujours le cas, mais j’ai dû me faire violence parce que
c’était des dossiers d’une extrême importance.
— Je vois.

Le reste du trajet se fait dans le silence. Ou plutôt avec


pour seul bruit la musique que joue son lecteur. Arrivés à
destination, il me raccompagne jusque devant mon
appartement.

— Tu ne veux pas rester un peu, le temps que la pluie


s’estompe ?
— Je préfère rentrer. Merci quand même ! Bonne nuit à
toi.

Il se retourne, mais je lui attrape le bras.

— Dwayne ! Ça fait plus d’un an que je te supplie de nous


donner une chance et tu ne veux toujours rien
comprendre.

Il revient sur ses pas et se poste devant moi.

— Si James n’avait pas été un trou du cul, aurais-tu


renoncé à votre mariage pour revenir vers moi ?
Je veux lui répondre par l’affirmatif, mais, entêtée que
j’étais, je sais au plus profond de moi que ça n’aurait pas
été le cas. Je me suis rendue à l’évidence que si je voulais
coûte que coûte me marier à ce James, c’était uniquement
pour ne plus ressentir ce que je ressens jusqu’à ce jour
pour Dwayne. Prenant mon silence comme réponse, il
retire son bras de mon emprise.

— Mieux vaut que tu passes à autre chose. Plus tôt tu


l’auras accepté et plus vite tu te trouveras un nouveau
fiancé. Bonne nuit !

Je le regarde s’en aller et les larmes me montent aux


yeux. Je me réfugie chez moi et dans le sofa, je libère ma
peine. C’est trop dur de renoncer à une personne qu’on
aime de toute son âme.

***TERRY YOUL (À retrouver dans T. Y : Ce cœur à


conquérir et T. Y : Cet homme à tout prix.)

« — Terry, tu n’as toujours pas retrouvé ma fille ? Terry,


où est ma Trisha ? »
J’éloigne mon portable de mon oreille, ne supportant pas
les pleurs de ma mère. Je n’aurais pas dû lui dire que
Trisha avait été séquestrée. Elle n’arrête pas de pleurer
depuis. Toute la famille est morte d’inquiétude pour ma
femme. Je ne parle pas de ce que moi je ressens. Chaque
seconde est un supplice pour moi. Je n’en peux vraiment
plus de devoir perdre ma femme à chaque fois. J’en ai
marre d’être séparé d’elle de façon si dramatique. Ça
commence par bien faire. C’est décidé, c’est la dernière
fois qu’elle part quelque part sans moi. Je me consume à
petit feu face à cette situation. J’ai besoin de ma femme.

— Je la retrouverai, maman, je finis par dire à ma mère


en espérant la rassurer.
« — Je t’en prie, appelle-moi dès que tu la trouves. Je
veux lui parler avant votre retour au pays. »
— Comme tu veux, maman. Va te reposer maintenant. Il
doit être 3 h du matin là-bas.
« — J’ai compris. »

J’entends Carine dans le fond lui demander de lui passer


le portable. Je discute avec ma sœur puis je raccroche en
voyant Jean garer.
— Rico t’a-t-il contacté de nouveau pour te donner
l’adresse d’où il s’est réfugié ? je demande en rangeant
mon portable.
— Non monsieur ! Je vais essayer de le joindre tout à
l’heure.

Jean descend et vient m’ouvrir la portière. J’entre dans


l’hôtel et me dirige droit vers l’ascenseur qui me mène à
la suite du Gouverneur Patrick BUSH. Les gardes postés
devant essaient de me retenir. Jean se presse de
s’interposer afin de les empêcher de me toucher. Le chef
de la sécurité qui me connait intervient.

— Monsieur YOUL. Le gouverneur arrive à peine et il a


souhaité ne pas être dérangé jusqu’au matin.
— Tu lui diras que je ne bougerai pas d’ici sans l’avoir
vu.

Il semble embarrassé parce qu’il connait mes rapports


avec son patron. Il s’excuse et rentre dans la suite. Il en
ressort quelques secondes plus tard et me donne l’accès à
la suite. J’entre sans Jean. Le gouverneur apparait en
peignoir.

— Monsieur YOUL ! Que me vaut l’honneur de cette


visite tardive ?
— Tu l’aurais su si depuis tu avais accepté de me
recevoir.
— Toutes mes excuses. J’étais très pris. On peut
s’asseoir, dit-il en s’asseyant.
— Pas assez pris pour passer du bon temps avec des
escort-girls, je lui lance à mon tour en m’asseyant.

Il me regarde, embarrassé. Il se racle la gorge en se


reprenant.

— Comment puis-je t’aider ?


— Ma femme a disparu et j’ai des raisons de croire
qu’elle a été enlevée. Elle et d’autres femmes.
— Vraiment ? L’as-tu signalé à la police ?
— Bien évidemment. Selon les propos de Rico, mon bras
droit, la police est beaucoup plus impliquée que nous ne
le croyions. Raison pour laquelle je demande ton
intervention.

Il marque un long moment de silence, perdu dans ses


pensées et se reprend.

— Je ne vois pas ce que je peux faire, me lance-t-il tout


bonnement.
— Tu es le gouverneur donc tu as plus de pouvoir que la
police. Tu peux ordo…
— Seule la police pourra t’aider, prend-il le risque de me
couper tout en ayant connaissance que j’en ai horreur.
J’ai un agenda très chargé en ce moment. Je ne peux t’être
d’aucune utilité.

Il se lève, une manière subtile de me clore la


conversation. Je pose sur lui un regard des plus surpris.

— Tu sais à qui tu t’adresses là ? je lui demande.


— Écoute Terry…
— Je suis celui grâce à qui tu es à cette position. Je suis
celui qui a financé ta campagne alors que tous tes
confrères américains t’avaient tourné le dos.
— On ne va pas…
— Et aujourd’hui, je demande ton intervention pour
retrouver ma femme et tu oses me balancer à la figure que
tu ne peux rien pour moi ?
— Terry…
— Bien !

Je me lève et ferme le seul bouton de ma veste.

— De même que je ne me répète pas, je ne te demanderai


pas ton aide une deuxième fois. J’ai pris acte de tes
paroles. Mais retiens une chose, dès l’instant où je suis
celui qui t’as fait, je pourrai te défaire quand l’envie m’en
prendra. On se reverra, très cher gouverneur.
— Terry, tu ne vas pas…

Je sors et claque la porte derrière moi. Je sors mon


portable et lance le numéro de Rico. Injoignable.
J’appelle Safi, ma chargée de communication.
« — Bonsoir, Monsieur » elle me répond d’une voix
ensommeillée.
— À ton réveil, organise-moi un rendez-vous avec
Charles DAVIS.
« — C’est noté, Monsieur. »

Je raccroche et range mon portable dans ma poche. Si les


amis ne veulent pas aider, on s’allie avec l’ennemi.

***KYLIE

Je m’en veux tellement. Si seulement j’avais écouté Brad,


ma sœur et moi ne serions pas là. C’est ma faute tout ça.
Je me suis entêtée et voilà où ça nous a conduits. Je ne
cesse de pleurer. Ma vie et celle de mes bébés sont en
danger par ma faute. Je ne sais ce qui m’arrivera ici. Mais
si personne ne vient nous délivrer, je crains le pire. On
veut nous forcer à nous prostituer. Je ne veux pas de ça.
Pourquoi ne vont-ils pas tout simplement prendre ces
filles qui traînent les trottoirs et qui ont délibérément
choisi cette vie ? Je caresse mon ventre et écrase une autre
larme.
— Cesse de pleurer, tu vas faire mal aux bébés, me
gronde Lara.
— Je suis l’unique responsable de cette situation, Lara.
Brad ne voulait pas que je vienne. Il m’avait prévenu que
ce serait dangereux et moi comme toujours, je n’en ai fait
qu’à ma tête.
— Tu n’as absolument rien fait de mal. C’est tout à fait
normal que tu veuilles changer d’air après tous ces mois
à stresser pour la bonne évolution de ta grossesse. Ce sont
ces gens qui sont mauvais.
— Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? Nous ne pouvons
pas rester là sans rien faire, à attendre qu’on vienne nous
vendre au plus offrant.
— Je ne sais pas encore, mais je cherche une solution. Si
seulement je peux rentrer en possession d’un portable, je
pourrai appeler Brad.
— Tu as bien vu ce qui est arrivé à l’autre fille qui avait
un portable sur elle ? Ce serait de la folie.
— Je sais. Je trouverai une solution.

Le bruit de la porte qui s’ouvre nous fait toutes sursauter


comme à chaque fois. Les gardes entrent, suivis d’un
homme cette fois. Je suis sur le cul en voyant le gérant de
l’hôtel. Comment s’appelle-t-il déjà ? Karlos. Il a
pourtant l’air si différent. Il est plus mâle. Il promène son
regard sur chacune de nous.

— Bonsoir mesdames ! Désolé pour le retard. J’avais


pour tâche de vous conduire dans un endroit plus
agréable, mais j’ai été retardé par des hommes qui se sont
donnés pour mission de retrouver certaines d’entre vous.
Apparemment, certaines ici ont épousé des tarés, ajoute-
t-il en me regardant. Mais bon, on leur réglera leur
compte.

Lara et moi échangeons un regard. Et s’il parlait de Mel


et Brad ?

— Préparez-vous, je vous reviens.

Quand il sort, je me tourne vers Lara.

— Tu crois qu’il parlait de Brad et Mel ?


— Il y a des chances que ce soit eux. Ça fait plusieurs
heures que nous sommes portées disparues, et
connaissant ton mari, il doit s’être précipité de venir te
trouver et Mel doit l’avoir suivi pour assurer ses arrières
comme toujours.

Cette hypothèse me redonne un peu d’espoir. Si Brad et


Mel sont là, ils remueront ciel et terre pour nous
retrouver, surtout mon Brad.

— J’ai une idée, m’informe subitement Lara.


— À quoi penses-tu ?
— Quand nous sommes sorties faire pipi, j’ai eu le temps
d’observer les alentours et j’ai des chances de
m’échapper en me faufilant entre les conteneurs.
— Quoi ? Non, non, Lara. C’est une mauvaise idée. Tu
as vu ce qu’ils ont fait à la fille qui l’a essayé ? Je ne veux
pas.
— Si Brad et Mel sont là comme nous le supposons, alors
je dois au moins les alerter.
— Non, je…
— Kylie, l’une de nous doit tenter le coup. Seuls eux
peuvent nous aider. Tu as entendu l’autre garce ? La
police travaille pour eux donc nous sommes condamnées.
Je dois essayer.
— Et si tu meurs ? je demande en me mettant à pleurer.
Je refuse que tu mettes plus ta vie en danger. Je te
l’interdis.

Elle ne m’écoute plus et rampe vers la femme qui nous


avait vendu des chaussures. Elles discutent brièvement et
Lara revient vers moi.

— Qu’es-tu allée lui dire ?


— Je lui ai demandé de veiller sur toi.
— Quoi ? Lara, tu es donc sérieuse ?

La porte s’ouvre à nouveau.

— Chut !!! Calme-toi au risque de nous faire remarquer.

Les gardes armés entrent et nous intiment l’ordre de nous


mettre en rang. Lara m’aide à me relever. Elle laisse tout
le monde passer avant elle et reste la dernière. La
vendeuse de chaussures reste derrière moi. J’essaie de
convaincre Lara par des signes de ne pas suivre son plan,
mais elle ne me regarde pas. Nous recevons l’ordre de
sortir du conteneur en suivant les gardes. Trois
fourgonnettes sont garées devant nous. Il y a une autre
file de filles d’un autre côté. Un cri sorti de nulle part me
fait sursauter. C’est la femme de la chaussure qui hurle
de douleur en se tenant la poitrine. Les gardes accourent
vers elle et c’est en voyant Lara reculer en catimini que
je me rends compte qu’il s’agit d’un plan entre les deux
femmes.

— Hé toi ! hurle un garde qui a remarqué le manège de


Lara. Reviens ici !

Lara se met aussitôt à courir.

— Lara, je t’en prie, reviens.

Je me tiens le ventre et éclate en sanglots. Deux gardes se


lancent à sa poursuite en tirant.

— Je vous en supplie, ne lui faites pas de mal. Lara !!!

La femme me tient et tente de me mettre debout.


— Elle va y arriver. Ne t’inquiète pas, tente-t-elle de me
rassurer.
— Je ne veux pas qu’elle meure, dis-je entre deux
sanglots.
— Elle ne mourra pas.

Plusieurs coups de feu se font entendre puis un cri, celui


de Lara. Après, plus rien. C’est le silence. Mon cœur se
met à battre à vive allure. Les deux gardes réapparaissent
et nous obligent à monter précipitamment dans les
fourgonnettes.

— Où est ma sœur ? je leur demande en pleurant à


chaudes larmes. Où est Lara ? Que lui avez-vous fait ?
— Elle n’a eu que ce qu’elle méritait. Maintenant, ferme-
la et monte !
— Non, non !!! Je refuse de monter. Tuez-moi !!!

Je me débats dans les bras de la femme qui me tient.


— Calme-toi, ma puce ! Pense à l’enfant que tu portes.
Tu dois tenir le coup.
— Je lui avais dit de ne pas le faire.
— Je suis là, avec toi. Je ne te laisserai pas seule. Je t’en
fais la promesse.

Malgré la douleur, je n’ai pas d’autres choix que de


monter avec les autres. La femme me garde dans ses bras.
Si Lara est vraiment morte, jamais je ne me le
pardonnerai parce que c’est de ma faute.
11

***ANGÉLAS DE LA VEGA

LUNDI 6 HEURES

Je dispose les quatre tasses de thé sur le plateau, la boite


de sucre, les petites cuillères et je crois que c’est bon.

— Pero, qué es todo este ruido ? (Mais, c’est quoi tout ce


bruit ?)

Je me dépêche de disposer les différents sandwichs et les


biscottes.

— Mais que fais-tu dans ma cuisine de si bonne heure ?


me hurle Abuela (grand-mère en Espagnol)
— Mon petit-déj.
— Ton petit déjeuner ? Tout ça ?
Elle veut fourrer son nez dans le plateau, mais je le
soulève.

— Chiquito, c’est quoi tout ça ? continue-t-elle de hurler


en essayant de m’arracher le plateau. Il y a plusieurs
tasses. Mais où vas-tu ?
— J’ai du boulot.

Je ne l’écoute plus hurler et disparais dans ma chambre


située en bas, à la cave. Les quatre costauds que j’héberge
braquent leurs regards sur moi dès que j’apparais.

— Bonjour chers messieurs. Je vous ai rapporté du café


pour vous remettre de cette nuit agitée.

Je pose le plateau et tends à chacun une tasse. Le dernier,


qui d’ailleurs n’a pas détaché son visage depuis son
arrivée, hésite à prendre la tasse qui lui est destinée.

— Vous en avez besoin… pour détendre vos nerfs. Parce


qu’ils sont vraiment tendus de chez tendu.
Il se craque le cou et prend la tasse.

— Alors, maintenant peux-tu nous dire ce que tu sais ?


lance le plus baraqué des quatre que je vais mentalement
surnommer Hulk.

Je pose mon verre de jus et engloutis ma dernière part de


sandwich.

— Pour commencer, je m’appelle Angélas. Alors,


laissez-moi vous expliquer mon prénom. C’est prononcé
"Ane_ré_las" et non Angela. Les gens ont tendance à
confondre. Angela c’est pour les filles. Moi…
— Petit, va droit au but ! s’impatiente toujours le plus
baraqué, le sieur ANDERSON.
— Je disais donc que je sais où sont vos femmes. Et avec
qui ?

Je m’assieds sur mon siège et d’un coup de pied, je me


fais glisser jusque devant mon ordinateur. Je retire le tissu
blanc devant moi et dévoile mes écrans à mes invités. Ils
s’avancent tous, tout à coup intéressés. J’affiche
différentes images sur chacun des cinq écrans.
— Le cartel de Miguel VARGAS, ou si vous voulez, El
Jefe. Le voici là, dis-je en touchant le concerné sur
l’écran. C’est le plus grand trafiquant d’armes et de
drogue de la ville. Mais il est aussi réputé pour vendre les
plus belles filles aux plus offrants. Il fait séquestrer les
plus belles filles, puis il organise une soirée au cours de
laquelle les hommes les plus fortunés d’ici et d’ailleurs
viennent faire leur choix en échange de grosses sommes
d’argent, soit pour la nuit, soit pour deux nuits ou
plusieurs jours. Dans ce dernier cas, la fille se fait garder
par l’un des gorilles d’El Jefe qui s’assure qu’elle ne fasse
pas de bêtise ou que le client, lui, ne fasse rien qui
pourrait mettre la vie de la fille en danger puisqu’elle leur
sera encore utile. On l’enferme dans une chambre durant
tout le temps payé et son "acheteur" fera d’elle tout ce
qu’il voudra avant de la ramener. En gros, il les prostitue.
— Comment toi, un citoyen lambda sait-il tout ça, et la
police non ? questionne le flic du SWAT.
— Un, la police sait tout ça. Le truc, c’est que la moitié
de ses agents est mouillée et l’autre moitié, bah elle a trop
la trouille de s’attaquer à ce cartel parce qu’il est parrainé
par des gens importants. Disons qu’elle attend d’avoir
des preuves irréfutables avant d’agir. À la question de
savoir comment moi je sais, c’est simple. J’enquête sur
eux depuis deux ans. Ma grande sœur a aussi été enlevée.
Elle avait réussi à une période à me joindre avec un
portable volé et c’est là qu’elle m’a raconté son calvaire.
Après, c’était le silence radio. Je ne sais pas si elle est
toujours en vie. J’ai donc commencé à enquêter en
espérant un jour les faire tomber.
— Pourquoi donc ne pas avoir ramené toutes ces preuves
à l’autre moitié de la police qui n’est pas corrompue ? me
demande toujours le super flic.

Je baisse les yeux, cette fois d’embarras.

— Je vois. Vous êtes des immigrés clandestins.


— Oui. J’espérais qu’un jour, une personne se décide à
s’attaquer à ces gens et qu’enfin je puisse l’aider à y
arriver. Puis, je vous ai remarqué, je vous ai suivi, j’ai fait
des recherches sur vous et j’ai enfin compris que les
justiciers que j’attendais étaient enfin là.
— Tu as fait des recherches sur nous ?
— Oui. Vous, vous êtes Armel SEKA, vous avez été dans
plusieurs corps militaires avant de finir au SWAT. Votre
frère derrière, c’est Bradley KINGSLEY, pratiquement
les mêmes formations que vous, ajouté à cela il a été
bodyguard. Lui, c’est Carl ANDERSON, ancien gangster
transformé par et pour l’amour d’une femme. Et pour
finir, Romaric ADELEKE, dit Rico, garde du corps d’un
très grand architecte, Terry YOUL, qui a également
financé la campagne de notre actuel gouverneur.

Ils se regardent tous et reviennent à moi.

— Comment pouvons-nous les arrêter ? demande Rico.


— Il vous faudra rendre de petites visites à deux de leurs
hommes. Ils en savent beaucoup plus et pourront vous
dire où et quand aura lieu la soirée de la vente. Moi, j’ai
toujours campé le rôle d’un photographe stupide que
personne ne pourrait soupçonner.

Je me retourne devant mes écrans et affiche deux images.

— Voici vos nouvelles cibles. Le gérant de l’hôtel et


celui qui traine dans les boites de nuit. Chaque année, ils
procèdent de la même manière, mais dans différents
endroits. Et n’ayez aucune compassion pour le gérant. Il
n’est pas du tout gay. C’est un rôle qu’il endosse pour ne
pas se faire suspecter.
Je leur donne des détails supplémentaires et avec joie, je
les vois attentifs et prêts à se lancer dans cette mission.
Alors que nous sommes concentrés sur l’affaire, Abuela
déboule avec en main sa poêle.

— Chiquito, qui va nettoyer tout le… Oh ! Santa Maria


de Guadeloupe ! sursaute-t-elle en voyant mes invités.

Elle se positionne devant moi comme bouclier en


brandissant sa poêle.

— Pourquoi ne m’as-tu pas dit qu’il y avait des gorilles


dans notre maison ? Que voulez-vous ? Il n’y a rien à
voler dans cette maison donc allez-vous-en. Mais
attention, je fais du karaté avec ma poêle.
— Abuela ! Non, attends !

Elle ne m’écoute pas et se met à balancer sa poêle dans


tous les sens.

— Le premier qui ose s’approcher, je lui fracasse le


crâne. Allez, je vous attends !
Cette vieille est sérieuse ?

— Abuela, ce ne sont pas des bandits.


— Comment ça ? Regarde comme ils sont costauds. Que
peut faire un homme normal avec autant de muscles si ce
n’est pour agresser les plus faibles comme toi ?
— Eux ils sont gentils. Leurs femmes ont aussi été
enlevées par le cartel d’El Jefe.
— Oh !

Elle promène sur chacun un regard compatissant.

— Mais pourquoi tu ne me l’avais pas dit depuis ? me


gronde-t-elle en me donnant un coup avec sa poêle. Et
vous ? retourne-t-elle vers les quatre gars. Comment des
hommes aussi costauds que vous, avez-vous fait pour
perdre vos femmes ? À quoi vous servent tous ces
muscles ?
— Abuela, c’est une longue histoire. Mais ils peuvent
nous aider à faire revenir Maria.
— C’est vrai ça ? Ah, d’accord vous êtes les bienvenus.
Mais attention, on ne casse rien dans ma maison. Bon, je
remonte vous faire à manger.

Elle remonte sans cesser de parler.

— Désolée, c’est ma grand-mère et la seule famille qui


me reste. Donc je disais, voici où vous trouverez le type
de la boite de nuit. Il s’appelle Ron. Il aime passer du
temps dans les casinos et les bars à strip-tease. Il pourra
vous donner toutes les informations. Il y a également
Carlos, le gérant de l’hôtel. Son nom c’est Carlos, sans
un “ K ” et voici son adresse. Il a une petite fille qu’il a
prise de force à sa mère parce que celle-ci ne voulait plus
de lui.

Je note les adresses sur des bouts de papier que je leur


tends. Mel veut récupérer, mais Brad bondit et me les
arrache. Il jette un coup d’œil sur les papiers et en tend
une à Mel.

— Je vais m’occuper de celui de la boite de nuit, dit-il en


fourrant la fiche dans sa poche.
— Brad, l’interpelle son frère.
— T’inquiète, je vais juste l’effleurer. Un tout petit peu.

Il clôt sa phrase en glissant un pique-dent dans sa bouche.

— Je pourrais y aller avec lui, propose le plus costaud,


Carl ANDERSON.
— Ça marche, approuve Bradley.
— Rico et moi, nous nous occuperons de l’autre gars.

Je les écoute ficeler leur plan et je ne peux que sourire.


Enfin, ce cartel va disparaître et toutes ces filles captives
retrouveront leur liberté.

LUNDI 9 HEURES

***TERRY YOUL

Je ressens un nœud qui me compresse la poitrine. Je


masse celle-ci doucement en espérant faire passer le
malaise. Mes mains qui étaient censées m’aider à me
soulager se mettent elles aussi à trembler. Je préfère
ignorer tous ces signaux et finir de me préparer. Des
coups sont donnés sur la porte de la suite que j’occupe.
Je sors de la chambre en mettant les boutons de mes
manchettes.

— Entre, Jean !

Jean entre.

— Monsieur, il y a monsieur WELLINGTON qui est là.


— Enfin, il ose montrer le bout de son nez. Fais-le
entrer !

Je glisse mes mains dans les poches de mon pantalon en


regardant la porte qui s’ouvre de nouveau.

— Monsieur YOUL ! Toutes mes excuses. Ce n’est


qu’hier que j’ai pu me libérer et prendre le premier vol.
— Ma femme a disparu dans votre hôtel avec la
complicité de vos employés. Ce sont les explications que
j’attends.
— Je suis vraiment embarrassé par cette situation. Jamais
pareille chose ne s’était produite dans l’un de mes
établissements. Ces derniers mois, je n’ai pas réellement
eu de regard sur les nouveaux recrutements. Mais peu
importe, je vous promets de faire mains et pieds pour
aider la police à la retrouver. D’ailleurs, je suis venue
avec une équipe du FBI qui actuellement mène des
interrogatoires à tous mes employés.

Cette nouvelle a pour don d’atténuer ma colère contre lui.

— Merci pour cette promptitude, lui dis-je en sortant


mon portable de la poche de ma veste.
— Avez-vous des nouvelles des familles de ces autres
femmes disparues ?
— Non, je réponds par précaution au cas où il serait
impliqué. Je dois me rendre maintenant à un rendez-vous.
On continuera ce soir à mon retour.
— C’est comme vous voulez. Je séjournerai ici le temps
que durera l’enquête pour être sûr d’avoir l’œil sur tout.
— Ok !
J’ouvre le chemin et il me suit. En sortant de l’ascenseur,
je remarque effectivement la présence des agents du FBI.
WELLINGTON fait les présentations avec le chef. Je
réponds à quelques questions et il demande à s’entretenir
quelques minutes avec Jean. J’appelle sur Abidjan
pendant ce temps. J’appelle plus précisément Darnell qui
se sent de plus en plus mal à cause de la disparition de sa
sœur. Toute la famille va mal, surtout les enfants qui ne
cessent de me réclamer leur mère. Nos vies ne sont plus
pareilles sans Trisha et ça le restera tant qu’elle ne sera
pas revenue parmi nous.

— Nous pouvons y aller, Boss.

Je range mon portable et le suis jusqu’à la voiture. Nous


arrivons au lieu de rendez-vous après une vingtaine de
minutes de trajet. Nous nous faisons escorter par le chef
de la sécurité. Nous entrons dans l’ascenseur et il
retourne à son poste, mais au moment de la fermeture des
portes, une énorme main les sépare. Je reconnais tout de
suite Rico lorsqu’il se montre avec cette casquette noire
qui lui ferme le visage. Il s’arrête près de moi.

— Bonjour, Boss.
— Quoi de neuf, Rico ? Pourquoi ce long silence ?
— Je ne veux pas vous mettre en danger. Il y a des
chances que je me fasse suivre ou que mon numéro soit
sur écoute. Je venais juste voir comment vous alliez. Jean
m’a parlé des tremblements de vos mains.
— Je vais bien, essayé-je de m’échapper en me massant
les mains.
— J’ai pris rendez-vous pour vous dans une clinique non
loin d’ici.
— Rico, je n’ai vraiment pas besoin de ça.
— Boss, je ne pourrai pas me concentrer sur ma mission
si vous ne vous portez pas bien. Ce sera juste un rendez-
vous de routine. Rien de plus. Votre femme doit vous
retrouver en pleine forme.

Je reste silencieux jusqu’à ce que les portes s’ouvrent.

— Ok. On ira après mon rendez-vous, dis-je en sortant de


l’ascenseur.

J’entre dans le bureau de Charles DAVIS qui m’attendait


avec impatience. Il me demande de le rejoindre dans son
salon.
— Je dois avouer que j’ai été surpris par votre appel,
monsieur YOUL. Que me vaut cet honneur ?
— Ma femme a disparu.
— Vraiment ? Je suis vraiment désolé pour vous. Que
s’est-il passé ?
— Je n’en sais encore rien. C’est pour ce fait que je suis
là.

J’ouvre ma veste et me positionne confortablement dans


le siège.

— Je sais que vous avez des relations qui pourraient


m’aider à mettre la main sur ceux qui ont séquestré ma
femme.
— Pourquoi me demander de l’aide à moi, alors que vous
êtes beaucoup plus proche du gouverneur ?
— Je n’ai pas envie de parler de lui. Mais je peux vous
assurer que ma reconnaissance sera de taille.

Il paraît intéressé tout à coup. Il se carre dans son fauteuil.


— Je vous écoute.

Après pratiquement une heure à échanger, nous


écourtons ce rendez-vous. J’en sors satisfait et rejoins
Jean.

— Il est où, Rico ? je demande à mon garde.


— Camouflé quelque part. Il nous rejoindra à l’hôpital.

LUNDI 10 HEURES

***LARA

J’ouvre lentement les yeux, mais les referme aussitôt,


frappée par les rayons du soleil. Je suis frappée par autre
chose, une douleur au crâne. Je me passe la main dans les
cheveux et quelque chose me colle aux doigts. Du sang !

— Fais chier ! grogné-je en serrant les dents.

Je jette un coup d’œil autour de moi et remarque la grosse


pierre qui m’a fracassé le crâne. Elle est d’ailleurs
tachetée de mon sang. Je lève les yeux. J’ai sacrément
roulé dans cette pente. J’essaie de me lever, mais j’y
renonce assez vite quand je me sens tiraillée par mon
côté. Mon vêtement qui à la base était bleu ciel est
maintenant tout rouge. Je relève lentement mon haut et
vois un trou qui saigne abondamment. Ces imbéciles
m’ont tiré dessus. Je dois impérativement trouver
quelqu’un pour me secourir au risque de me vider
complètement de mon sang. C’est d’ailleurs une chance
que je sois encore en vie. C’est en tentant de me mettre
sur mes jambes que je me rends compte que je suis faible.
Je suis tout de suite prise de vertige. Je n’ai pas pris un
aussi gros risque pour mourir aussi facilement dans cet
endroit désert. Je dois aller au bout de ma mission. C’est
donc en titubant et rampant par moment que j’emprunte
instinctivement un chemin qui me semble être une sortie.
Au bout de plusieurs efforts et de plusieurs chutes dues à
la faiblesse de mon corps, je déboule sur une voie
bitumée, mais déserte. Je continue de marcher en
longeant la voie tout en espérant qu’une voiture passe par
là. Ça ne tarde pas, car j’entends le bruit d’une voiture
loin derrière moi. Je lève faiblement la main pour faire
signe de s’arrêter, mais la voiture me dépasse à la vitesse
de l’éclair. Le brin d’espoir qui était né en moi s’évapore.
Je continue donc ma marche, difficilement, le regard
devenant flou et les jambes prêtes à flancher. Un autre
bruit de voiture se fait entendre. Je me tourne, fais des
signes de la main, mais mon corps me lâche. Je m’écroule
et avec le regard flou, je vois une voiture garer et un
homme courir vers moi. Je ferme les yeux avec
soulagement.

J’ouvre les yeux dans un sursaut.

— Kylie !

Je dois sauver ma sœur. Je dois contacter Brad et Mel.


Seuls eux peuvent la sauver, ainsi que toutes les autres.
En promenant mon regard, je reconnais la chambre d’un
hôpital par le décor.

— Vous devez rester allongée, mademoiselle.

Je tourne la tête vers l’infirmière qui vérifie ma perfusion.

— Où suis-je ? Comment suis-je arrivée ici ?


— Vous êtes dans une clinique et vous avez été conduite
ici par un couple qui affirme vous avoir trouvé dans la
rue. Ils ont aussi affirmé que vous ne cessiez de dire que
vous devez appeler les secours pour votre sœur détenue
prisonnière.
— C’est exact ! Je dois appeler mon beau-frère. Passez-
moi vite un portable. C’est une question de vie ou de
mort.

Je tente de me lever, mais elle me retient.

— Cessez de bouger autant sinon les points de suture


vont céder. Vous êtes encore faible.

J’essaie de me lever malgré ses avertissements.


Finalement c’est la douleur qui me ramène à ma place
initiale.

— S’il vous plaît, apportez-moi un portable. Je dois


passer un coup de fil. C’est une urgence.
— Je vais voir ce que je peux faire.

Je lance un juron quand elle sort. Les minutes passent


sans qu’elle ne revienne pas. Non, mais c’est si difficile
de trouver un portable ? N’en a-t-elle pas un ? La porte
s’ouvre enfin. Je guette avec impatience l’entrée de
l’infirmière. C’est plutôt un homme en blouse blanche
qui entre, suivi de deux hommes.

— Docteur, je vous prie, pour l’amour du ciel, passez-


moi un portable. Il me le faut urgemment.
— Bonsoir, mademoiselle, me salue l’un des hommes. Je
suis l’inspecteur Sam et mon collègue, l’inspecteur Bill.

Ils me montrent tous les deux leurs insignes accrochés à


leurs ceintures.

— Nous avons des questions à vous poser. Selon


l’infirmière, vous auriez des informations concernant
votre sœur disparue.
— Monsieur le flic, pour l’amour de Dieu, laissez-moi
passer ce coup de fil et après je pourrai répondre à toutes
vos questions.
— Pouvons-nous savoir qui vous souhaitez appeler ?
— Mes beaux-frères. Ils doivent savoir ce qui se passe.
— Et qu’est-ce qui se passe ?
— Monsieur…
— Répondez juste à cette question et nous vous
permettrons de passer votre coup de fil. Où se trouve
votre sœur ?

Je les regarde à tour de rôle. Ils n’ont pas l’air de se


résigner. Je pousse un soupir. Je leur explique vite fait la
situation. Ils s’échangent des regards et l’inspecteur Sam
vient vers moi en sortant son portable.

— Vous pouvez appeler.

Je lui arrache carrément son appareil et compose le


numéro de Brad.

— Ça ne passe pas, dis-je après trois essais.


— Oh désolé ! J’avais complètement oublié que je
n’avais plus de forfait. Je vous reviens.

Il tend la main et en y posant le portable, mon regard se


pose sur le tatouage sur son avant-bras. Mon cœur se met
à battre la chamade. J’ai vu le même tatouage sur la
femme responsable de notre enlèvement ainsi que sur les
gardes qui veillaient sur nous. C’est exactement le même.
Un rectangle avec à l’intérieur deux doigts croisés et le
chiffre quatre. Ils sont donc de mèche avec les bandits. Je
pose le portable comme si de rien n’était sans lever les
yeux au risque qu’ils voient l’angoisse qui me broie les
tripes se dessiner sur mon visage. Je dois sortir d’ici le
plus vite possible avant que ces gens ne viennent me tuer.
Ils sortent comme ils sont rentrés, avec le Docteur.
J’attends qu’ils s’éloignent avant de me précipiter vers la
porte en me tenant le côté. J’ouvre la porte lentement et
glisse ma tête afin de voir leur position. Je les vois
discuter avec le Docteur et à quelques pas d’eux, se
trouvent trois autres hommes aux allures étranges. Je sors
sur la pointe de mes pieds nus et emprunte le chemin
inverse. Je marche assez rapidement en gardant la tête
baissée. Je ne fais pas attention et je bute contre
quelqu’un. La personne, un homme plus précisément, me
rattrape avant que je ne m’écroule complètement au sol.

— Je suis désolée ! dis-je prestement et lançant un regard


négligé vers l’homme.
— Vous allez bien ?
Je regarde derrière moi par réflexe et malheur pour moi,
mon regard croise les trois paires d’yeux des hommes que
je fuis. Sans répondre à mon interlocuteur, je me dégage
de son emprise et continue de marcher rapidement vers
l’ascenseur qui se referme juste sous mon nez.

— Merde ! Merde ! Merde ! Merde !

J’appuie rageusement sur le bouton en espérant


vainement que les portes de l’ascenseur s’ouvrent, mais
c’est peine perdue. Je jette un coup d’œil derrière moi. Ils
arrivent. Bordel de merde ! Pas le temps d’attendre
l’ascenseur. Je me dirige vers les escaliers de secours. Je
sais que je n’ai pas de chance par ce chemin, mais je n’ai
pas d’autres options. J’atteins à peine l’étage en dessous
que je suis rattrapée par les deux inspecteurs. Celui qui
se nomme Sam plaque son arme dans mon dos.

— Où comptais-tu t’en aller comme ça ? demande-t-il en


m’empoignant le bras. Tu restes docile ou je te planque
la première balle dans la tête. On y va !

Ai-je seulement le choix ? Je prie intérieurement qu’un


miracle se produise.
12

***RICO

Je fais quelques pas et je me fige, comme si une


information arrivait tardivement à mon cerveau. N’est-ce
pas la belle-sœur de Mel qui vient de me rentrer dedans ?
La voix est identique. Comment oublier cette voix qui
m’a gueulé dessus plusieurs minutes pour une histoire
bidon ? Je jette un coup d’œil en arrière en fronçant les
sourcils. Je revois la scène dans mon esprit. La jeune fille
avait l’air de fuir quelque chose ou quelqu’un. Il faut que
j’en aie le cœur net. Elle ressemble beaucoup trop à celle
que j’avais rencontrée à New York. Je range mon
portable que je manipulais, en revenant sur mes pas.
J’emprunte le chemin qu’elle a emprunté et je tombe sur
des escaliers. Je descends quelques marches et jette un
coup d’œil en bas. Je la vois avec deux hommes qui la
tiennent.

— Lara ? hurlé-je.

Elle lève vivement la tête et oui c’est bien elle.


— AU SECOURS !!! AIDE-MOI !!!

Celui qui la tient me tire dessus. Je me dégage assez vite


et quand je regarde de nouveau, je les vois descendre
précipitamment. Je me lance à leur poursuite. Je me fais
tirer dessus par moment. Je suis obligé de ralentir au
risque de me prendre une balle. Les escaliers finissent
derrière une porte. Je l’ouvre et je vois les deux hommes
courir dans le parking vers une voiture en tirant Lara qui
continue de se débattre. Je sors l’arme que j’ai sur moi et
essaie de tirer, mais c’est trop risqué. Je pourrais toucher
Lara. Ils montent avec elle dans leur voiture. Je cours vers
la voiture de location que j’ai acquise ce matin pour
rejoindre mon boss. Je saute à bord de la Mercedes et me
lance à leur poursuite. Ils conduisent assez vite et dans
tous les sens, manquant de renverser des passants et
causant presque des collisions entre d’autres véhicules.
Je ne fais que les suivre en évitant du mieux que je peux
tout le désordre qu’ils créent. Cette voie est beaucoup
trop étroite pour que je puisse tenter un accrochage avec
eux. Une idée me vient en tête quand je vois le chemin
sur lequel ils bifurquent. Au lieu de les suivre, je continue
tout droit en y allant vraiment à fond, puis bifurque sur la
prochaine rue qui est parallèle à celle qu’ils ont prise. Je
dois faire assez vite si je veux réussir ce qui me passe par
la tête. Je tourne de nouveau et fonce dans un étroit
couloir qui aboutit sur leur voie. Quand j’y suis, je jette
un d’œil sur ma droite et je vois la voiture des deux
hommes venir de loin. Je gare de sorte à leur barrer le
passage. Je descends et sors mon arme. Je vise la voiture
et attends qu’elle soit plus proche. Je reste dans cette
position en espérant que Lara se baisse en me voyant.
Quand la voiture est assez proche, je la vois foncer à vive
allure sur moi. Je vise le chauffeur et tire plusieurs coups
jusqu’à l’atteindre à la tête avant de sauter sur la voiture,
évitant de justesse de me faire renverser. Je roule par-
dessus jusque sur le coffre et m’écrase sur le bitume. La
voiture frôle la mienne en tournant pour finir sa course
dans un poteau électrique. Je me suis fait sacrément mal
en tombant ce qui m’oblige à mettre du temps à me
relever. Mais je prends sur moi en voyant le deuxième
bandit sortir de la voiture. À peine il lève son arme que je
lui tire une balle dans l’épaule. Je tire une seconde fois,
mais sans qu’aucune balle ne sorte.

— Merde !

Je fonce rapidement sur lui avant qu’il ne retrouve ses


esprits. Je lui attrape la tête et la cogne maintes fois contre
la voiture jusque ce que je ne le sente plus bouger.
J’ouvre la portière arrière et sors Lara.

— Tu vas bien ?

Elle baisse la tête vers sa main posée sur son ventre. Elle
saigne.

— Viens, je t’emmène.
— Je dois impérativement parler à Mel et Brad. Kylie est
tenue prisonnière ainsi que d’autres femmes. Nous
devons…

Des coups de fusil nous font sursauter. Il y a trois motards


armés qui viennent vers nous.

— Dans la voiture, hurlé-je à Lara en la tirant vers ma


voiture.

Nous nous engouffrons à temps avant qu’une rafale de


balles ne tombe sur la voiture.
— Reste couchée !!!

Lara ne se fait pas prier. Elle s’allonge sur le siège arrière


pendant que moi, baissé, je manœuvre la voiture pour
nous sortir de ce guêpier. Je me relève légèrement puis,
quand je constate que la voie est dégagée, je fonce à la
première vitesse. Les motards nous suivent de près en
tirant quand ils le peuvent. Je mets deux fois plus le turbo
et réussis à mettre une distance entre nous. Je vois par le
rétroviseur l’un des trois motards qui est également à
fond derrière nous.

— Tu veux jouer ? On va jouer.

J’accélère encore plus, il en fait de même. C’est bien !


Mords à l’hameçon. J’accélère de nouveau, il en fait
encore de même. Je le regarde nous rattraper et dès qu’il
est juste derrière nous, je freine brusquement. Et là,
BAM ! Il nous rentre dedans. Le choc est tellement
violent qu’il s’envole par-dessus ma voiture et tombe à
une bonne distance devant moi. Je démarre et lui roule
dessus.

— Espèce d’enfoiré !
Je jette un coup d’œil à Lara qui s’est heurtée quand j’ai
freiné.

— Ça va ? je lui demande.
— Oui, répond-elle douloureusement. Je crois que la
plaie s’est ouverte à nouveau.

J’entends les deux autres motards arriver.

— Viens, on descend ! dis-je en garant sur place.


— Pourquoi ? Je ne pourrai pas marcher.
— Nous devons changer de voiture sinon ces gens ne
nous lâcheront pas. Nous ne pourrons aller loin de toute
façon. Il ne reste plus assez de carburant.

Je descends prestement et l’aide à sortir de la voiture. Je


la soulève contre moi et marche assez vite jusqu’à
disparaître dans une autre ruelle. Je me mets à l’abri et je
jette discrètement un coup d’œil derrière. Je vois de loin
les deux motards fouiller partout dans la voiture. Je
continue le chemin emprunté et j’arrête le premier taxi.
Je lui donne une adresse. Nous faisons un arrêt à une
pharmacie avant de continuer. Nous arrivons une
quarantaine de minutes plus tard dans la nouvelle maison
de mon boss. Il avait prévu faire la surprise à sa femme
lorsqu’il l’aurait rejoint. Elle est terminée et contient
juste quelques meubles. Il voulait la laisser faire elle-
même la déco. Seules trois des chambres du bas sont
équipées de lits et juste quelques draps aux couleurs
neutres. Je la pose délicatement dans le divan. Elle
grimace de douleur.

— Désolé !
— Ce n’est rien.

Je dispose les éléments achetés sur la petite table basse.

— Je peux ? je lui demande en fixant la partie saignante.

Elle fait oui de la tête. Je retire mon tee-shirt et le pose


sur sa jambe. Je le fais monter le long de sa jambe au fur
et à mesure qu’elle remonte sa robe jusqu’à ce que sa
nudité soit couverte. Elle tient le tissu sous sa poitrine.
J’examine la plaie et c’est une chance que les sutures
n’aient pas sauté. Elle saigne tout simplement. Je nettoie
le sang avec précaution pour ne pas lui faire mal.

— Merci d’être venu à ma rescousse, me dit-elle


doucement.
— Ce n’est rien. Brad et Mel sont morts d’inquiétude.
— Tu les as vus ? demande-t-elle tout à coup surexcitée.
— Nous enquêtons ensemble pour vous retrouver. Il n’y
a pas que toi et la femme de Brad.
— Toi aussi tu as perdu ta femme ? Ou ta fiancée ?
— Non ! La femme de mon boss. Trisha YOUL.
— Oui, elle était avec nous dans l’entrepôt.
— Vraiment ?
— Oui ! Nous étions 10. Ta patronne était proche d’une
autre femme. Je crois qu’elle s’appelle… Loraine. Voilà,
c’est ça.
— Loraine ANDERSON. Son mari est également avec
nous. Elle était avec sa fille ?
— Oui. Jess ou Tess. Je ne sais plus trop.
— Tu as parlé d’un conteneur dans lequel vous étiez.
Comment as-tu fait pour t’échapper ?
— Ils avaient décidé de nous transférer dans un autre lieu
plus propice et sécurisé selon eux. C’est pendant que les
autres montaient dans les fourgonnettes que j’ai pu
m’échapper avec la complicité de Loraine. Les gardes
m’ont prise en chasse et n’ont pas hésité à me tirer dessus.
J’ai dû me jeter en contrebas d’une pente pour avoir la
vie sauve. Mais je me suis quand même pris une balle.

Elle ferme les yeux et subitement se met à pleurer.

— J’ai tellement peur pour ma sœur. J’ai peur qu’ils ne


lui fassent de mal ou qu’elle perde ses bébés. Elle est
tellement angoissée. Peut-être que j’aurais dû rester avec
elle. Mon Dieu ! Tout est ma faute et je suis en train de
faire n’importe quoi. Je l’ai laissée toute seule. Je n’aurais
pas dû.

Elle se cache le visage avec ses mains et pleure à chaudes


larmes. Je lève, avec hésitation, les mains et je prends les
siennes.

— Cesse de culpabiliser. Tu n’as rien fait de mal. Je te


trouve d’ailleurs très courageuse d’avoir pris autant
risque dans le seul but de venir en aide à ta sœur. Tu es
la jeune fille la plus courageuse que je connaisse. Et tu
peux demander à Mel, je ne suis pas du genre à flatter
juste pour faire plaisir.

Elle relève la tête et pose son regard mouillé dans le mien.


Je lui nettoie le visage avec une compresse.

— Tu devrais aller te reposer maintenant.


— Non. Je dois voir Mel et Brad d’abord.
— Je m’occupe de les faire venir. Ils ont des trucs à
régler. À ton réveil, tu les verras. Attends que j’aille
vérifier l’état de la chambre. Tu peux enfiler mon tee-
shirt à la place de la robe.

Elle fait oui de la tête. Je me rends dans l’une des


chambres du bas et mets un drap sur le lit. Je sors mon
portable pour appeler Mel, mais il est éteint.

— Mince !

J’avais oublié que ma batterie était morte. Je ne l’ai pas


chargée depuis deux jours. Je trouverai bien un moyen de
contacter les autres. Je retourne au salon où Lara se tient
debout avec sur elle mon tee-shirt. Juste au moment où
mes yeux se posent sur elle, elle relève la tête en rejetant
ses cheveux en arrière. L’espace d’une seconde, je sens
mon pouls s’accélérer puis reprendre un rythme normal.
Waouh ! Qu’est-ce qui vient de se passer ? Quand elle me
voit, elle devient tout à coup timide. Elle baisse les yeux.
Ok. Une tension étrange est en train de se former dans
l’air. Je vais vers elle et la soulève de nouveau.

— Je peux marcher, souffle-t-elle timidement.


— Je sais. Mais tu as l’air fatiguée.

Sur ce, je la conduis à la chambre et la pose sur le lit.

— Repose-toi bien !
— Merci !

Je sors et rabats légèrement la porte. Bon, maintenant je


dois trouver le moyen de joindre les autres. Je dois rester
caché. Ces gens doivent être en train de rôder dans les
rues à notre recherche. Vivement que cette histoire se
termine. Je commence à en avoir marre.
***LORAINE

Des reniflements me font émerger de mon sommeil. Mon


premier réflexe est de regarder Jess qui dort toujours dans
mes bras. Le reniflement qui suit me fait
automatiquement tourner là dans la direction où se
trouvent les lits de Kylie et Trisha. La dernière citée dort
également. Il s’agit donc de Kylie qui pleure
silencieusement. Je retire doucement mon bras en
dessous de Jess et me rends au chevet de Kylie qui ne
m’entend pas arriver. Je m’assieds derrière elle et me
penche vers elle en lui caressant l’épaule.

— Ma puce arrête de pleurer, s’il te plaît ! Ce n’est pas


bon pour le bébé.
— Les bébés, rectifie-t-elle entre deux reniflements.
— Oh, mais c’est super ça ! J’ai toujours voulu avoir des
jumeaux. Tu es trop chanceuse. Ce sont tes premiers
enfants ?

Elle se redresse et s’adosse sur le dossier près de moi.


— Oui ! Et je suis sur le point de les perdre.
— Hey ! Arrête de penser négativement.

Je lui nettoie le visage avec ma main.

— Nous sortirons d’ici et tu auras tes bébés.


— Comment allons-nous sortir d’ici ? Lara qui devait
aller chercher du secours s’est fait tuer.

Elle éclate en sanglots et se couvre le visage. Je retire ses


mains et la prends dans mes bras.

— Je t’en prie, arrête ! Tu vas vraiment faire mal aux


bébés.
— J’ai tellement peur, avoue-t-elle en hoquetant.
— Tu ne les perdras pas. Regarde-moi, je lui intime en
lui tenant les joues et levant sa tête vers moi. Nous allons
sortir de là. Je ne sais pas pour ton mari, mais le mien
remuera ciel et terre pour me retrouver. Crois-moi, il est
Hulk version ivoirienne. Il fait peur avec son gabarit de
méchant.
Un rire me fait tourner la tête. Trisha s’est réveillée et est
assise sur son lit à nous écouter.

— Le mien aussi, sourit Kylie. Brad, c’est un homme à


part.

Elle se nettoie le visage.

— Souvent, je ressasse notre histoire et je m’en rends


compte d’avoir pris d’énormes risques dans ma quête de
le conquérir. Je n’en reviens pas d’avoir réussi à faire
tomber cet homme, si dangereux et renfermé, amoureux
de moi.
— Oh ! Nous les femmes avons un pouvoir que nous
ignorons souvent. Carl était un gangster, et pas des
moindres. Il était le gangster le plus recherché de la Côte
d’Ivoire.
— Vraiment ?
— Oui ! Mais je n’en savais rien avant de tomber
amoureuse de lui. Il était mon coach sportif et c’est de là
que tout est parti.
Je lui raconte mes mésaventures avec Dusky d’un côté et
Carl de l’autre. Son visage se détend et un grand sourire
se dessine sur son visage. Elle rigole tout au long de mon
récit.

— Vous avez une belle histoire d’amour. Elle est


similaire à quelques détails près de la mienne avec mon
Brad. Je l’ai harcelé jusqu’à ce qu’il me cède. Je pourrais
paraître comme une désespérée pour avoir couru ainsi
derrière un homme.
— Oh non ! Tu étais juste amoureuse.
— Moi aussi j’ai harcelé Terry jusqu’à ce qu’il me cède,
s’élève soudainement la voix de Trisha.

Nous tournons nos têtes vers elle. Son lit se trouve près
de celui de celui de Kylie.

— Contrairement à vos époux, Terry n’était pas


dangereux. Juste trop strict et exagérément renfermé.
J’en ai bavé pour faire fléchir son cœur. Même ne serait-
ce que pour l’entendre me dire “ je t’aime ”, j’en ai grave
bavé. Mais aujourd’hui, il ne peut plus se passer de moi.
Sans abus de langage, je peux affirmer que je suis son
antidépresseur, si bien que je ne fais jamais plus de trois
jours lors de mes voyages d’affaires, et lui également,
lorsqu’il doit mettre plus de temps pour ses voyages, il
m’emmène. Je crois que je suis plus inquiète pour lui que
pour moi.
— Brad n’était jamais tombé amoureux avant moi.
L’amour, c’est nouveau pour lui et il s’en sort plutôt bien,
rigole-t-elle. Il s’en sort tellement qu’il est chiant parfois
à être surprotecteur. Je ne peux mettre les pieds dehors
sans qu’il veuille m’accompagner ou sans qu’il me
bombarde d’appels jusqu’à ce que je rentre. Quand je
pense qu’il était contre ce voyage. J’aurais dû l’écouter,
termine-t-elle tristement.
— Tu n’as pas à te sentir coupable. Et si tu nous racontais
plutôt ta rencontre avec Brad. Votre histoire m’a l’air
passionnante.

Le sourire revient sur son visage. Elle entame son récit


en sautant par moment quelques détails que je devine être
privés. Cette petite découvre l’amour, ça se voit. Elle a
les étoiles plein les yeux. Ce petit moment de partage de
nos histoires d’amour nous fait oublier la merde dans
laquelle nous nous trouvons. La porte de notre nouveau
dortoir s’ouvre et une jeune fille aux longs cheveux bruns
apparaît. Elle porte une mini-jupe, un haut qui dévoile
légèrement son ventre et des talons hauts. Je remarque
tout de suite son regard rempli de tristesse.

— Bonjour, nous salue-t-elle timidement, les yeux


baissés. Je m’appelle María. Vous devez vous préparer.
Ils vont venir vous chercher tout à l’heure.
— Qui ? je demande.
— Les gardes. Le boss doit faire votre connaissance.

Avant que je ne puisse lui poser une autre question, la


porte s’ouvre avec fracas.

— Tout le monde debout ! gueule le chef des gardes qui


nous surveillaient dans l’entrepôt.

Il a tellement crié que Jess se réveille en sursaut. L’un des


gardes la saisit par le bras et la relève avec brutalité. Je
bondis du lit de Kylie.

— HEY ! NE LA TOUCHEZ PAS, ESPÈCE DE


BRUTE.
Avant que je n’arrive à son niveau, un autre garde me
saisit et me tire à l’extérieur.

— Trisha, aide Kylie !

Trisha m’obéit et reste près de Kylie dont elle tient la


main. Ils nous conduisent je ne sais où et sur le chemin,
je vois les autres filles avec qui nous étions, sortir des
autres chambres. Je ne sais exactement où nous sommes.
Une fumée de somnifère a été éjectée sur nous dans la
fourgonnette et à notre réveil, nous étions dans cette
chambre et chacune sur un lit d’une place. Arrivées dans
une grande salle qui ressemble à un bar, on nous aligne
toutes. Nous sommes une vingtaine en tout. Les gardes
s’éloignent et tiennent leurs armes accrochées à leurs
épaules. Une porte, autre que celle par laquelle nous
sommes entrées, s’ouvre. Un homme d’un certain âge,
avec une barbe poivre et sel qui lui mange la joue et un
énorme ventre fait son entrée avec, à sa suite, deux gros
gardes du corps et la pimbêche qui nous avait rendu visite
à l’entrepôt. Toujours perchée sur des talons plus longs
que ses jambes.
— Waouh ! Qu’elles sont magnifiques ! s’extasie celui
qui semble être le patron de tout ce bordel. Vous avez
encore fait de très bons choix.

Il promène son regard et tombe sur Kylie.

— Il y a même une femme enceinte. C’est Paco qui sera


heureux. Lui qui aime baiser les femmes enceintes à
cause de la chaleur qu’elles dégagent. Leur chaleur
intérieure lui fait perdre la tête. À la naissance du bébé,
ma petite chérie et moi l’adopterons.

Kylie pose sa main sur son ventre en reculant de peur.


L’homme se lèche les lèvres en continuant son
exploration et quand il revient au niveau de Jess, il
s’arrête.

— Hum !!! C’est qui cette magnifique jeune fille ?


J’adore sa forme. Fine, mais avec des formes généreuses.
Approche !

Jess se cache derrière moi en m’attrapant.


— Maman ! pleure-t-elle.

L’un des gardes approche et essaie de la séparer de moi.

— Non ! Laisse-la !

Je le repousse de toutes mes forces. Il s’énerve et me


flanque une gifle. Je relève vivement la tête et lui rends
sa gifle.

— Imbécile !

Il vire au rouge et me gifle cette fois avec son arme. La


douleur m’arrache un cri et je sens une déchirure sur ma
lèvre. Il veut me donner un autre coup.

— Hé, tu arrêtes ! lui intime le patron.

Il me regarde avec curiosité et s’avance vers moi.


— C’est qui cette femme qui a l’audace de défier un
homme armé ?
— Une femme qui en a déjà dompté un et pas des
moindres. Croyez-moi, les armes, ça ne me fait pas peur.

Il sourit.

— Je l’aime bien, elle ! Et vu que tu parais être la plus


âgée de toutes, je vais te garder pour moi.

Le visage de l’autre connasse se déforme. Elle doit être


son amante.

— J’ai bien envie d’exploiter la tigresse en toi au lit,


continue-t-il.

Il essaie de me toucher le visage. Je tape sa main. Le


garde qui m’a agressée veut réagir, mais son patron le
stoppe par un mouvement de la main.

— Laisse, je vais la dompter.


Je souris.

— C’est moi qui dompte. Vous poserez la question à mon


mari quand il viendra régler votre compte.
— Tu parles tellement de lui que j’ai bien envie de le
connaître.
— Croyez-moi, vous n’aimerez pas l’homme qui se
tiendra en face de vous.

Il mime un sourire et tourne les talons. Il fait un signe de


la main et aussitôt les gardes nous ordonnent de retourner
dans nos chambres en nous escortant.

***ANNA RODRIGUEZ

— Tu dois prendre les mensurations des filles pour leur


acheter de belles robes pour la soirée.

Miguel, alias, El Jefe, sort un gros paquet de billets de


banque de son coffre-fort et me le donne.
— Il y en a assez pour organiser la soirée et le reste, tu
l’utilises pour te faire encore plus belle pour moi.

Il s’approche et glisse ses doigts le long de ma jambe. Je


me lève de mon siège en boudant.

— Tu comptes vraiment coucher avec l’autre femme ? je


demande en croisant les bras sur ma poitrine.
— Rhoorr ! Ne sois pas jalouse, ma douce. Tu sais que tu
restes ma préférée. C’est à toi que mon cœur appartient.

Il essaie de m’enlacer, mais je le repousse.

— Cette femme n’a cessé de défier mon autorité et me


menacer donc si tu couches avec elle, elle se croira au
même niveau que moi.
— C’est justement pour sa grande gueule que je veux lui
infliger cette correction. No tienes que estar celoso de ella
(Tu n’as pas à être jalouse d’elle). Tu es plus jeune et plus
belle qu’elle.
Il commence à m’embrasser. Je ne le repousse pas même
si je n’y réponds pas non plus. Mon portable, que je
tenais, me signale un message. J’y jette un d’œil rapide.

— Désolée, je dois commencer les courses pour la soirée.

Je le dévie et je sors de sa chambre. Je sors et me rends


au sous-sol. C’est ici que nous gardons toutes nos filles.
Seules les nouvelles sont restées en haut pour être mieux
préparées pour la soirée. Ici au sous-sol, il n’y a pas de
risque qu’elles s’échappent parce que tout est barricadé.
Je me rends au bureau de Samuel. Celui que le chef a
nommé responsable de la sécurité des filles et aussi le
chef de tous les gardes. Dès que je referme la porte
derrière moi, il me saute dessus et me fait asseoir sur son
bureau.

— C’est quoi cette histoire de bébé ? demande-t-il en


posant des baisers dans mon cou.
— Je veux prendre le bébé de la jeune fille. La voir si
belle dans sa grossesse m’a donné envie d’être mère.
— Tu regrettes de t’être fait retirer les trompes ?
— Je ne sais pas. J’ai juste envie d’élever un bébé. Et je
veux le faire avec toi. Je veux qu’on fonde une famille,
loin de ce cartel.

Nous échangeons un regard amoureux. Il m’embrasse,


me fait descendre, me retourne et pose des baisers dans
mon dos.

— Comment pourras-tu élever un bébé avec moi alors


que tu es la fiancée du chef ? dit-il en stoppant tout
mouvement.
— Je veux qu’on s’échappe, tous les deux. El Jefe se fera
énormément de pognon à cette soirée. Je vais l’endormir,
ensuite je viderai son coffre-fort et nous pourrons
disparaître loin. Ça sera facile, vu que je suis le second
du chef. Personne ne me soupçonnera.

Il réfléchit un bref moment.

— J’adore cette idée.

Il sourit, penche mon cou pour m’embrasser pendant


qu’il relève ma jupe et me pénètre ensuite après avoir
décalé mon string. Je me fais culbuter sur ce bureau qui
a été plus d’une fois témoin de nos ébats et nos moments
en amoureux. J’aimais bien El Jefe jusqu’à ce que Sam
fasse son entrée dans le cartel, il y a trois ans. Nous avons
eu le coup de foudre l’un pour l’autre et depuis, nous
vivons notre relation en douce sans que le chef ne puisse
se douter de quoi que ce soit. C’est grâce à moi que Sam
a eu ce poste. Nous n’avions jamais parlé de fonder une
famille auparavant. Mais voir cette jeune fille si
magnifique avec son énorme ventre et parler de son
homme qui viendra la sauver a remué quelque chose en
moi. J’en ai marre d’être la pute de service. Je veux ma
propre famille. Je ne pourrai pas avoir d’enfant parce que
je me suis fait retirer les trompes. Je ne voulais pas gâcher
la si belle vie que je menais en tombant enceinte. Ça
gâcherait tout. En plus, je ne voulais pas détruire ma si
belle plastique. J’adopterai donc le bébé de cette fille et
je fonderai ma famille loin de cet imbécile d’El Jefe.
13

LUNDI 17 HEURES

***CARL

— Les gars, il y a un problème.

Nous nous rapprochons tous du petit intello qui nous


rejoint dans leur salon avec son ordinateur ouvert. Je n’ai
rien saisi de ce qu’il a expliqué concernant son prénom.
Autant l’appeler l’intello.

— Que se passe-t-il encore ? je demande, lasse de toute


cette situation.
— Je viens de tomber sur cette vidéo qui a été filmée en
pleine ville ce matin.

Nous nous plaçons derrière lui pendant qu’il active la


vidéo en question. Les premiers sons qui nous
parviennent sont ceux de coups de feu.
— C’est Rico ? demande Mel en se baissant pour mieux
voir.
— Oui, répond le petit. Et là il tue deux flics.
— Attends, stoppe là, intime Mel tout à coup. Reviens un
peu en arrière.

Le petit s’exécute.

— Mais c’est, c’est Lara, révèle Mel.

Brad se met aussitôt sur le qui-vive et sort son portable.

— Comment l’a-t-il retrouvée ? réfléchit Mel à haute


voix.
— Il est injoignable, nous informe Brad qui est devenu
nerveux. J’espère qu’ils ont pu échapper aux motards.

Il colle de nouveau son portable à son oreille.

— On peut essayer de localiser le portable de Rico, je


propose en tapotant l’épaule de l’intello.
— Je dois me rendre dans ma chambre pour pouvoir le
faire avec mes appareils.

Il se lève à la hâte et court dans sa chambre. Brad ne fait


que tourner sur lui-même en tentant vainement de joindre
Rico.

— Si Rico a tué ces flics, c’est qu’ils étaient du mauvais


côté, fais-je remarquer.
— Exactement, atteste Mel. Reste à savoir comment Lara
s’est retrouvée au milieu de tout ceci.

L’intello revient avec une note.

— Voici où il se trouve en ce moment.

Brad lui arrache la feuille et s’en va.

— Nous allons les ramener, lance Mel en suivant Brad.


Je crois d’ailleurs que nous devons chercher une autre
planque.
Il sort et claque la porte derrière lui.

— Oh ! Non, mais vous voulez m’arracher ma porte ? se


plaint la vieille dame en apparaissant. Ce sont tous vos
muscles qui vous obligent à fermer la porte avec autant
de force ?

Elle disparaît dans la cuisine en continuant ses


complaintes.

***BRAD

Nous arrivons à cette maison en bordure de mer et y


avançons avec beaucoup de précautions.

— Rico ? appelle Mel. Rico, tu es là ?

Nous jetons un coup d’œil à l’intérieur à travers la grande


baie vitrée. Un bruit derrière nous nous fait sursauter et
nous met en alerte. Rico apparaît devant nous avec son
arme en main.
— Ah ! C’est vous ! remarque-t-il en rangeant son arme.
Comment m’avez-vous retrouvé ?
— Grâce au petit, répond Mel. C’est d’ailleurs lui qui
nous a montré une vidéo de toi tuant deux flics. La vidéo
circule partout.
— Ah bon ? Rentrons que je vous explique.
— Lara est avec toi ? je demande pendant que nous le
suivons à l’intérieur.
— Oui. Elle s’est endormie.

Il nous conduit dans la chambre où se trouve ma belle-


sœur. Elle dort à poings fermés. Nous retournons au salon
et il nous relate les derniers évènements.

— Elle ne t’a pas dit où ils avaient pu conduire les


otages ? je demande en me massant les poings.
— Non ! Elle a seulement compris que ce serait dans un
endroit plus confortable.
— Sans doute un QG, admet Mel. Nous devons rendre
une petite visite aux deux complices que nous avons pu
identifier. Nous devons vite agir avant que ces gens
n’avancent dans leur plan.
Pendant que les deux continuent de parler, mes sens se
mettent brusquement en alerte. Je promène mon regard
sur la terrasse visible à travers la baie vitrée. Je sens une
présence étrangère. Je me lève doucement en levant mon
doigt avec les autres. Ils se taisent aussitôt.

— Qu’il y a-t-il ? demande Mel.

Je continue de promener mon regard et ils captent. Je


tourne mes doigts dans le vide pour leur signaler que nous
sommes encerclés. Il y a des intrus.

***CARL

— Pourquoi as-tu tous ces appareils chez toi ? Je


demande à l’intello qui mange avec appétit le plat
concocté par sa grand-mère.
— Mon père était flic dans notre pays, au Mexique.
J’aimais le sérieux qu’il arborait lorsqu’il était sur une
affaire. Un jour, alors qu’il me conduisait à l’école, nous
avions surpris un braquage dans un supermarché. Il est
descendu sans hésiter et il a neutralisé les bandits. C’était
époustouflant. Il avait même reçu une médaille des
autorités. J’ai décidé de suivre ses traces et étant donné
que j’étais passionné d’informatique, j’ai allié mes deux
passions. J’aime prendre des photos, les examiner en
espérant trouver des choses louches. J’aime aussi tout
filmer. C’est comme ça que j’ai pu repérer le cartel d’El
Jefe. Je connais pratiquement la vie de toutes les
personnes qui habitent ce quartier. Tous, sans exception.
— Il est où ton père ? Enfin tes parents ?
— Morts. Mon père a été assassiné parce qu’il enquêtait
sur une mafia à laquelle appartenaient certains de ses
supérieurs. Par la suite, ils nous ont tout pris, nous jetant
à la rue. Ma mère a succombé au chagrin. C’était
beaucoup trop pour elle. Ma grand-mère nous a pris avec
elle, ma sœur aînée et moi. Sauf que nous avions
l’impression d’être des étrangers dans notre propre pays.
Elle a décidé de venir ici avec nous afin de préserver nos
vies. Elle a enchaîné plusieurs boulots pour subvenir à
nos besoins. Nous arrivons à nous en sortir, mais ça sera
encore plus le cas si nous obtenons nos cartes de séjour.
— Je vois !

Des coups sont frappés sur la porte avec brutalité.

— Ouvrez ! C’est la police, hurle une voix à l’extérieur.


Je me lève et me planque contre un mur. La grand-mère
va ouvrir.

— Décidément tout le monde veut me fracasser cette


porte, se plaint-elle en ouvrant. Oui, quoi ?
— C’est la police.
— Et alors ?
— Nous avions eu écho que vous hébergiez des fugitifs.
— Des quoi ? Non, vous faites erreur. Ici il n’y a que mon
petit-fils, Chiquito et moi.
— Pouvons-nous entre jeter un coup d’œil ?
— Non, je…

Je les entends entrer de force. Je me faufile derrière un


meuble. La vieille dame se met à bavarder. L’intello reste
debout sans rien dire jusqu’à ce que les flics se
rapprochent du meuble où je suis.

— Il n’y a rien ici, s’empresse de dire l’intello.


Les deux gars promènent leurs regards dans la pièce puis
tournent les talons. Leurs pas s’éloignent lentement et la
porte d’entrée se referme. Je sors de ma cachette.

— Ces gars sont tout sauf des flics, m’informe l’intello.


Ils avaient le tatouage d’un gang qui bosse pour El Jefe.
— Je l’ai deviné en les voyant. Comment ont-ils pu nous
retrouver ?
— El Jefe a des hommes partout. Quelqu’un a dû vous
repérer.
— Nous allons devoir changer de planque pour ne pas
vous mettre en danger ta grand-mère et toi. Je vais joindre
Mel pour savoir où ils en sont.

Un mouvement à la fenêtre me fait tourner les yeux. Je


vois des ombres défiler. Je devine leurs mouvements. Et
là, je vois le bout d’une arme être pointé puis la seconde
d’après, l’un des hommes de tout à l’heure se montre par
la fenêtre.

— MERDE, COUCHE-TOI !
Je pousse le petit derrière le divan et je cours en me
baissant en direction de la vieille dame qui sortait au
même moment de la cuisine. Je l’attrape et je nous fais
plonger au sol juste avant que les tirs ne se dirigent vers
elle. Elle se met à hurler.

— Sainte-Marie, mère de Dieu, venez à notre secours !!!


Aaarrrgghh !!!! Notre père qui est aux cieux que ton nom
soit sanctifié. Que ton règne vienne…

Elle continue de hurler sa prière pendant que je la couvre.


Je tourne la tête, à la recherche du petit. Il est en sécurité
derrière le fauteuil qui est criblé de balles.

***BRAD

Quelque chose traverse la baie vitrée en la brisant.

— MERDE ! UN FUMIGÈNE !!!

À mon cri, Mel et Rico remarquent l’objet. Chacun de


nous saute dans une cachette. Le fumigène s’active et la
fumée commence à se répandre dans la pièce.
Automatiquement, comme si nous nous étions
communiqués, nous retirons chacun notre tee-shirt et les
attachons juste au-dessus du nez afin de ne pas respirer le
gaz. Des tirs se font entendre en désordre et les balles
détruisent tout. Nous nous engouffrons plus dans nos
cachettes de sorte à ne pas être exposés aux balles. La
fumée nous aveugle complètement. Des bruits de pas se
font entendre et se rapprochent. Je ferme les yeux pour
mieux discerner les pas et déterminer le nombre de
personnes. Ils entrent au fur et à mesure. Je compte huit
personnes et ils viennent vers nous. Étant caché devant le
divan, je rampe jusque derrière une petite commode plus
sécurisante. Je vois clairement les gars avancer. Le
courant d’air fait se dissiper la fumée, ce qui risque de ne
pas nous arranger dans l’immédiat. Les gars tournent les
regards vers moi. Je leur parle en langage de signes.

[— Nous devons faire quelque chose avant qu’ils ne nous


voient.]
[— J’ai une idée, répond Mel. Je vais faire diversion et
vous les arrosez.]

Nous approuvons de la tête. Mel glisse son arme à Rico


qui n’est pas loin de lui.
— Nous savons que vous êtes là, hurle l’un des gars qui
est à la tête de leur groupe. Sortez de votre cachette.

À l’entendre, on croirait qu’il a un masque sur son visage


pour se protéger de la fumée. Mel nous fait un signe de la
tête pour nous signifier qu’il est prêt à se lancer. Rico et
moi, nous nous préparons à tirer. Mel prend le vase posé
juste devant lui et le lance vers la porte d’entrée. Tous les
hommes se retournent vivement et se mettent à tirer.

— GO ! hurle Rico à travers son tee-shirt qui couvre sa


bouche.

Nous sortons de nos cachettes et tirons sur les intrus. La


fumée nous empêche de mieux voir alors nous tirons dans
le tas. Deux différents cris nous font comprendre que
nous avons eu deux d’entre eux. Ils se retournent et se
mettent de nouveau à tirer vers nous. Nous sommes
encore obligés de nous planquer. Moi je n’ai plus de
balles. Rico aussi apparemment. Bon, on va devoir y aller
avec les poings.
***CARL

— Sainte-Marie, mère de Dieu, priez pour nous…

La vieille continue de hurler ses prières. Les tirs cessent.


J’entends les intrus venir maintenant vers l’entrée de la
maison.

— Je vous salue Marie. Pleine de grâce…


— Madame ! Ça suffit, levez-vous ! je lui dis en me
relevant à la hâte. Vous devez maintenant descendre dans
la chambre de votre petit fils et vous y enfermer.

Je la relève.

— PETIT ! hurlé-je au petit en allant vers lui avec sa


grand-mère.

Mais avant que nous ne franchissions la cuisine, deux


hommes armés apparaissent entre nous et le petit. Celui-
ci roule par-dessus le fauteuil et se laisse tomber par terre
pour se cacher de nouveau. Dans un réflexe, je pousse la
vieille dame, un peu brusquement malgré moi, dans la
cuisine.

— Mettez-vous à l’abri, lui intimé-je en fonçant vers les


bandits.
— À l’abri où ? Cette cuisine est aussi petite que le
cerveau de ces délinquants.

Elle finit par se glisser derrière la porte. Le premier bandit


se tourne vers moi, mais avant qu’il n’ait eu le temps de
me pointer l’arme dessus, je lui attrape le bras, tends
celui-ci de toute sa longueur et le brise d’un coup de
coude. Il hurle sa race. Je lui arrache son arme pendant
qu’il gueule et je tire dans le cou du second.

— Fais chier !

Je ne voulais vraiment pas tuer. Je ne voulais plus de ça


de toute ma vie. Je reviens vers le premier à qui j’envoie
mon genou dans son visage. Il s’écroule.

***MEL
— On se sépare, dis-je aux autres en un seul signe.

Nous entendons les bandits bouger dans tous les sens.

— Vous quatre, trouvez-moi ces hommes. Moi et Ben


irons chercher la fille. Elle se trouve dans une pièce ici en
bas. On tue les hommes et on dégage avec elle.

Nous entendons leurs pas se disperser. Brad en profite


pour se jeter à travers la deuxième baie vitrée, qui donne
sur la terrasse arrière, en la brisant. Il fait une roulade et
se met rapidement sur ses jambes. Deux gars le suivent.
Je donne le top à Rico qui retire son tee-shirt de son nez.

— Je m’occupe de Lara, me hurle-t-il en courant vers la


chambre de cette dernière.

Je jette un premier coup d’œil rapide et remarque qu’ils


sont retirés leurs masques à gaz. Je sors aussitôt de ma
cachette en ramassant un autre vase que je balance contre
la tête du premier qui reçoit par la suite mon poing au
ventre ensuite mon poing au visage. Je reçois à mon tour
un coup dans mon abdomen qui me fait légèrement
vaciller. Il enchaîne un deuxième coup, mais au
troisième, j’esquive en me baissant et je passe derrière
lui. Je retire l’arme qu’il dissimulait dans son dos et lui
explose la cervelle. Avant que je ne me tourne vers
l’autre, il me rentre dedans et me trimballe jusque dans
les débris de verre dans lesquels nous tombons tous les
deux, lui au-dessus de moi. Il veut se relever, mais je le
maintiens fermement sur moi avec un bras et mes deux
jambes croisées autour de lui et de l’autre main je
ramasse un morceau de verre. Je le plante dans son cou
et l’enfonce encore plus jusqu’à ce que je ne le sente plus
bouger. Je le dégage ensuite de moi.

***CARL

Je vais chercher la vieille dame, mais à peine elle sort de


sa cachette que deux autres bandits font leur entrée en
scène. Je ramasse le gros couteau posé sur le plan de
travail et le lance sur le plus proche. Il le reçoit en pleine
poitrine. Le second prend le risque de venir m’affronter
en retirant le couteau du corps de son collègue. C’est à
croire qu’il a décidé de se suicider ce soir. Il balance le
couteau devant moi en tentant de m’atteindre. J’esquive
en reculant dans la cuisine à chaque fois. Je m’apprête à
lui envoyer mon poing dans sa face quand il reçoit d’une
violence extrême une poêle sur la tête. Il s’écroule à mes
pieds.

— Vous avez saccagé ma maison, vous voulez aussi


saccager ma cuisine ? Je dis non ! s’énerve la dame en
continuant à donner des coups sur la tête du gars qui est
pourtant inerte au sol.
— Nous devons nous en aller au plus vite, lui dis-je en
lui attrapant le bras
— Ah non ! se dégage-t-elle. Il n’est pas question que je
quitte cette maison. Si ces bandits veulent qu’ils
viennent. Je les attends de pieds de ferme avec ma poêle.

Son petit-fils se dépêche de nous rejoindre.

— Explique à ta grand-mère que nous devons y aller


sinon nous mourrons tous les trois à la prochaine attaque.
— Abuela, s’il te plaît, nous devons y aller. Ces gens
reviendront s’en prendre à nous.
— J’ai dit qu’ils viennent ! Je n’ai pas peur d’eux. Je vais
ouvrir leurs crânes avec ma poêle. Mtchrrrr ! Mon
Abuela, que la Sainte Vierge ait son âme, me disait qu’il
ne fallait jamais se laisser intimider par qui que ce soit
même si on devait y laisser sa vie.

Il se lance dans un discours en Espagnol et au bout de


quelques minutes, elle capitule.

— Mais où va-t-on aller ? demande-t-elle. Ce Hulk-là n’a


nulle part où aller justement et il veut que nous le
suivions.
— Nous trouverons bien un endroit, je lui réponds. Le
temps presse. Partons avant que d’autres gens ne
viennent.
— Mais je dois prendre quelques affaires, insiste-t-elle.
Vos vêtements ne m’entreront pas. Nous ne faisons pas
ma même taille.

Si la situation n’était pas aussi dangereuse, j’aurais éclaté


de rire. Cette mamie est adorable.

— Dépêchez-vous donc de récupérer quelques affaires.


Mais je vous en conjure, faites vite. Pendant ce temps, je
vais essayer de joindre les autres.
***RICO

Je ne sais encore comment ils ont su où nous trouver,


mais surtout que Lara était ici et dans quelle chambre elle
se trouvait. J’arrive juste au moment où celui qui semble
être le chef la fait sortir du dessous du lit pendant que le
second se tient dos à la porte. Elle a certainement dû se
cacher là en entendant les bruits des armes. Dès qu’il me
voit, il lève son arme vers moi et tire. Je reviens sur mes
pas assez rapidement et m’abrite. J’entre dans la chambre
juste à côté et laisse la porte entrouverte. Je me planque
de l’autre côté avec en main la barre de fer d’une des
fenêtres. J’entends quelqu’un s’approcher. Le deuxième
homme qui était avec le chef ouvre la porte avec
beaucoup de prudence. J’attends qu’il rentre totalement
et je lui saute dessus en lui assénant un premier coup à la
tête. Il geint de douleur. Je le coince avec la barre de fer
contre le mur. Son arme lui échappe des mains et tombe
à mes pieds. J’enchaîne des coups de tête dans son visage
jusqu’à ce qu’il perde connaissance. Je le laisse tomber.
Je ramasse l’arme et sors. Je tombe nez à nez avec le chef
qui tente de faire avancer Lara qui lui résiste. Sans
réfléchir, je lui tire d’abord dans l’épaule droite pour
l’obliger à se dégager de Lara. J’enchaîne un deuxième
tir au même endroit. Il laisse Lara et de sa main gauche,
il lève son arme. Je lui tire dans sa deuxième épaule avant
qu’il ne tire. L’arme tombe. Je tire dans son ventre. Il
recule en titubant. J’avance et tire cette fois dans sa tête.
Lara hurle et se cache le visage contre le mur. Je me
rapproche d’elle et la prends dans mes bras. Elle
s’accroche à moi en pleurant à chaudes larmes. Je lui
caresse l’épaule pour la consoler.

— C’est fini ! lui dis-je dans un souffle.

Elle resserre son étreinte deux fois plus. Ce contact


provoque quelque chose d’étrange en moi. Le trouble
s’empare de moi et je n’arrive pas à le contrôler.

— RICO, ATTENTION !!!

Le cri de Lara me fait tourner vivement. Je la pousse et


me prends une balle dans le bras. Je tire à mon tour à
répétition sur le gars dont j’avais fracassé le visage avec
ma tête. Je ne m’arrête que lorsque le chargeur se vide.

— Tu… tu es blessée, s’inquiète Lara.


Je jette un coup d’œil à mon bras.

— La balle est ressortie. Ce n’est rien de grave.

Je lève les yeux sur elle.

— Comment vas-tu ?
— Je… je n’en sais rien. Tout ça, c’est trop pour moi.

Elle me tombe de nouveau dans les bras et cette fois, c’est


mon cœur qui est secoué. Ce sont les bruits de pas qui me
ramènent à moi. Je me retourne en position de combat et
avec soulagement, je vois Mel apparaître.

— Tout va bien ? demande-t-il.


— Oui !
— Ok. Je vais voir Brad.

Mon portable, que j’ai pu recharger avec un nouveau


chargeur acheté non loin d’ici, se met à sonner dans ma
poche. Je garde la main de Lara au chaud dans la mienne
et réponds à l’appel.
***BRAD

Alors que je maîtrise l’un de mes adversaires par le cou,


prêt à lui briser la nuque, le second que j’avais mis par
terre se relève. Il fait à peine un mouvement qu’un coup
de feu retentit. Il se fige et tombe sur ses genoux. Mel se
tient derrière lui. Je prends l’élan pour briser la nuque de
celui que je tiens, quand son talkie-walkie se met à
signaler.

« — Allô ! Vous êtes là ? Vous avez réussi à tous les


éliminer et récupérer la fille ? »

Je reconnais la voix du commissaire. Je tape l’arrière du


pied de mon otage et il se met à genou. Mel s’avance
beaucoup plus, son arme pointée sur lui.

— Tu vas répondre et lui dire que nous sommes morts,


lui ordonne Mel. Et tu auras la vie sauve.
— Qu’est-ce qui me prouve que vous tiendrez parole ?
ose demander le type.
— Tu veux jouer à ça ? Ok !
Mel charge l’arme.

— Ok ! Je vais le faire, panique l’otage. Mais ne me tuez


pas.
— Réponds ! appuie Mel.

Il appuie sur le talkie-walkie et le type répond.

— Affirmatif, chef ! Mais… mais la fille est également


morte.
« — Fais chier ! Où est donc votre chef ? Je n’arrive pas
à le joindre. »
— Il est grièvement blessé. Il vous contactera plus tard.

Plus de réponse du commissaire. Je détache mon emprise


et m’éloigne. Mel lui tire une balle dans la tête.

— Ça commence à bien faire, Mel, dis-je en colère. Je ne


peux plus rester là à attendre.
Je ramasse les deux armes sur les corps et les fourre. Je
retourne à l’intérieur et croise Rico qui discute au
téléphone alors que Lara se tient près de lui. Dès qu’elle
me voit, elle court se jeter dans mes bras.

— Brad ! Je suis si désolée ! C’est ma faute si les vies de


ta femme et de tes enfants sont en danger.
— Tu n’as rien fait. Nous allons les retrouver. Comment
va-t-elle ?
— Mal ! Elle espère plus que tout que tu ailles la délivrer.

Et je compte le faire. Rico s’approche en raccrochant.

— C’était Carl. Ils ont reçu la visite des agresseurs. Il a


pu les neutraliser et là ils sont dans la rue. Je vais les
récupérer.
— Il y a quelque chose qui me chiffonne, relève Mel.
Comment ont-ils su avec exactitude où se trouvait Lara ?
C’est un peu comme s’ils l’avaient tracée.

Je glisse mon regard sur Lara pour essayer de trouver un


élément, mais elle n’a quasiment rien sur elle. Je la
regarde avec insistance et un bracelet sur son poignet
attire mon attention.

— C’est quoi ce bracelet ? je lui demande en lui prenant


la main.
— C’est celui de l’hôtel où nous séjournions. Tout le
monde en a reçu un. Je n’ai pas vraiment eu le réflexe de
le retirer.

Je le lui retire et l’examine de plus près en le palpant. Je


sens quelque chose à l’intérieur. Je ramasse un morceau
de verre brisé et déchire l’objet. Quelque chose en tombe.
Je la ramasse.

— Une minuscule puce ! j’annonce en la montrant aux


autres. Les enfoirés !

Je détruis la puce en l’écrasant avec mes chaussures.

— Nous devrions fouiller les corps pour voir ce qu’on


peut trouver.
J’entame les fouilles. Je récupère une clé de voiture.

— Je ne sais pas ce que vous attendez, mais moi je n’en


peux plus de passer mon temps à me cacher. Je dois
rendre une petite visite à ce commissaire. Nous devons
nous en débarrasser et je suis le mieux placé pour le faire.
— Brad ! me retient Mel par le bras quand je veux m’en
aller. Ne fais pas ça. Jusque-là nous sommes en position
de légitime défense. Ne sois pas celui qui attaque.
— Jusqu’à quand allons-nous rester là à attendre ? Là, ils
nous croient morts. C’est le moment de frapper.
— Je sais. Mais…
— Arrête de me faire chier, Mel, commencé-je à
m’énerver. Ce n’est pas ta femme et tes bébés qui sont en
danger. Je peux comprendre que tu n’en aies rien à foutre.
— Ne dis pas de connerie.
— Je ne dis que la vérité. Tu es calme parce ce que tu
n’es pas directement lié à cette histoire. Si c’était Faith…
non, que dis-je ? Faith encore tu garderais ce même
tempérament. Si c’était ta mère, Vicky, qui était
séquestrée et à deux doigts d’être transformée en objet
sexuel, tu aurais pété un câble, enfreint toutes les lois et
aurais foutu en l’air ta carrière, rien que pour la sauver.
Te connaissant, tu serais parti tout seul affronter ces gens,
quitte à te faire tuer. Alors, ne viens pas me dire d’être
calme. Vicky et vous avez toujours été ma seule famille.
Je ne vivais que pour protéger ta mère. Puis Kylie est
arrivée et elle a tout chamboulé dans ma vie.
Aujourd’hui, c’est elle ma raison de vivre. Alors, s’il faut
que je redevienne l’homme sanguinaire qu’elle déteste
pour la sauver, je le redeviendrai. Si tu n’es pas d’accord
avec ça, tu peux retourner auprès de ta femme et de ton
fils.

Je dégage mon bras et je sors. Personne n’ira sauver ma


femme à ma place. S’ils le veulent, qu’ils partent tous. Je
n’ai besoin de personne pour aller chercher ma famille.
14

LUNDI 22 HEURES

***COMMISSAIRE FRANKLIN

« — Alors, quoi de neuf, cher ami ? »


— J’ai éliminé les problèmes. Vous n’avez plus rien à
craindre.
« — Très beau boulot, amigo ! Je t’enverrai une petite
récompense dans peu de temps. Là, je suis en rendez-
vous. »
— C’est compris, je réponds tout sourire.

Je raccroche, plus que satisfait de moi. J’en ai fini avec


ces intrus et je recevrai une belle récompense. C’est pour
cette raison que j’adore travailler pour El Jefe. Je me
fiche pas mal d’être dans le camp des méchants.
Longtemps, j’ai été un bon flic et qu’est-ce que j’en ai
gagné ? Que dalle ! Il n’y a aucun intérêt à être un flic
loyal. Par contre, on se fait plein de tunes lorsqu’on se
place de l’autre côté. Sans oublier toutes les filles que
nous pouvons mettre à nos pieds rien qu’avec assez de
billets. Je vais en gagner encore plus après la grande
soirée que donnera El Jefe pour la vente aux enchères des
nouvelles filles. Certains de mes collègues et hommes de
main y seront pour assurer la sécurité en plus de l’équipe
du chef composée de différents gangs. J’y serai
également, mais pour enculer toute la nuit l’une des
anciennes. Il faut que je prenne mes potions magiques
pour être au top de ma forme durant toute la nuit.

Je descends de ma voiture, tout joyeux d’avoir enfin reçu


ma récompense par virement bancaire. Et si j’appelais
une call-girl pour fêter ça ce soir ? Je sors de ma voiture
en passant une commande en ligne pour avoir de la
compagnie. Ma commande est validée. J’entre chez moi,
allume les luminaires, pose mes clés et mon arme, tout ça
en sifflant un air de musique joyeuse. Il me faut prendre
une douche avant l’arrivée de ma commande. Je
commence à ouvrir ma chemise quand une présence me
fait sursauter. Je sens mon pouls s’accélérer quand je
reconnais l’intrus.

— Qu’est-ce que… Vous n’êtes pas mort ? Comment… ?

L’homme me tire une balle dans la jambe gauche.


— Aarrgh ! Merde ! hurlé-je en tombant.
— Nous n’avons que quinze minutes, alors allons droit
au but. Où se trouve ma femme ?
— Je n’en sais rien.

Son deuxième tir se fait systématiquement et droit dans


mon épaule gauche.

— Non, mais vous êtes malade ??? lui hurlé-je dessus en


agonisant.

Il se rapproche rapidement et il me relève violemment la


tête par les cheveux. Il profite de mon cri de douleur pour
glisser son arme dans ma bouche.

— Dépêche-toi de tout me dire, où je t’explose la


cervelle.

Je fais non de la tête. Il retire son arme de ma bouche. Je


me sens soulagé jusqu’à ce qu’il sorte un couteau.
— Que…

Il me tranche une oreille d’un seul coup.

— Aaaaaaarrrgghhhh !!!! ESPÈCE DE FILS DE


PUTE !!!
— Tu parles où je t’arrache la deuxième oreille ?
— Va te faire fou…

Il me tranche la deuxième oreille et plante le couteau dans


mon épaule.

— Tu refuses toujours de parler ? me demande-t-il en


faisant tourner le couteau dans ma chair.
— Aaarghh !!! Non, arrête !!! Je vais te donner toutes les
informations que j’ai. Tout est dans mon bureau, là dans
cette pièce, dis-je en montrant une porte de la tête. Je t’en
supplie arrête !!!
— Debout ! m’ordonne-t-il en retirant le couteau.
— Tu ne vois pas que tu m’as explosé la jambe ?
— Il t’en reste une, donc lève ton cul.
Il me relève de force et me pousse. C’est en marchant à
cloche-pied que je me dirige vers mon petit bureau. Je
jette un coup d’œil derrière et je vois mon sang tracer une
ligne à chaque fois que j’avance.

— Tu ne sais pas à qui tu veux t’attaquer.


— Je ne t’ai pas demandé conseil.
— Le chef est un homme dangereux et pour l’atteindre,
il te faudra tuer tous ses hommes
— J’y suis déjà habitué.

J’ouvre mon tiroir avec la clé tout en le regardant.

— Habitué à tuer ?
— Tu as fait des recherches sur moi. Tu devrais le savoir.

Je glisse ma main dans mon tiroir et récupère doucement


mon arme.

— En dehors du fait que tu aies été dans l’armée


américaine, il n’y avait rien de plus.
— Ça aurait dû te convaincre de ne pas m’attaquer.
— Je n’ai pas encore dit mon dernier mot.

Comme une fusée, je pointe mon arme sur lui et tire. Mais
je chancelle et tombe dans mon siège. L’enfoiré ! Il a vu
le coup venir et il m’a tiré dessus en premier. Il vient vers
moi.

— Je t’avais bien dit que je te tuerais.


— Je…

BAM !

***MEL

Nous jetons le dernier corps à la mer et retournons à


l’intérieur de la maison. Il nous faudra maintenant y
remettre de l’ordre. Nous avons décidé d’y rester, car elle
est plus propice pour nous. De plus, nous n’avons nulle
part d’autre où aller. Nous retrouvons Carl et Angela, ou
je ne sais plus c’est quoi son prénom, achevant le
balayage de tous les débris.
— Angela, tu devrais aller te reposer, conseille Rico.
— Non, c’est Angélas. Vous n’avez donc pas compris
tout ce que j’ai dit à ce sujet, dit-il faussement contrarié.
Angela, c’est…
— Va rejoindre ta grand-mère.

Il pose son balai et disparaît en continuant de parler. C’est


à croire qu’il ne s’épuise jamais. Après avoir répondu à
mes questions, Lara s’est de nouveau endormie.
Difficilement, mais elle y est finalement parvenue. Des
bruits de pas nous font nous retourner vivement, prêts à
attaquer de nouveau. Mais c’est Brad qui fait son entrée
avec dans ses bras, une petite fille endormie.

— Brad ? C’est qui cette petite ? je lui demande en le


rejoignant.
— La fille du gérant de l’hôtel. Nous allons l’utiliser
comme moyen de pression.
— Comment ? Pourquoi ?

Il jette un dossier par terre, traverse la pièce et se rend


dans le couloir des chambres du bas. Je récupère le
dossier que je commence à examiner. Il revient quelques
instants après.

— Alors, c’est quoi ? m’interroge Rico.


— J’ai tué le commissaire, nous informe-t-il en
réapparaissant. J’ai ensuite farfouillé un peu partout dans
son bureau et j’en ai découvert des choses. Une idée
m’est venue à l’esprit. Lis la troisième fiche, me fait-il
signe.

Je m’exécute et vois une trentaine de noms.

— C’est qui ces hommes ? demandé-je en retour.


— Les fidèles clients pour certains et les parrains pour
d’autres de cet El Jefe.

Je suis surpris d’y lire les noms de certains personnages


publics. Même des gens à la tête de notre pays.

— Qu’ont-ils tous en commun ? demande Brad en


s’allumant une cigarette.
— Humm, ils sont tous riches ? répond Rico qui s’est
rapproché de moi pour lire également.
— Exactement !

Rico n’a pas saisi le subtil message de Brad.

— Ce que Brad veut dire, c’est que ton boss pourrait se


faire passer pour un client et s’infiltrer au milieu de ces
gens.

Il se perd dans ses pensées quelques secondes avant de


retrouver ses esprits.

— C’est une très bonne idée, conclut Rico. Je vais donc


en parler avec lui. Mais ça ne nous explique toujours pas
la présence de la petite fille, termine-t-il en tournant son
regard sur Brad.
— C’est pour faire d’elle un moyen de pression sur son
père pour qu’il nous fasse entrer dans leur cercle. J’aurais
pu la laisser pour aller directement vers son père, mais
j’avais 99 % de chance de le tuer. D’autant plus que je
n’ai pu mettre la main sur le type du bar. Alors, il est à
vous.
Il sort de la poche de son blouson un petit portable qu’il
me tend.

— Un téléphone prépayé.

Il me pose quelque chose d’autre dans la main.

— J’ai acheté plusieurs puces. Il y a déjà le numéro du


gars enregistré dans le portable. À vous de jouer. J’ai
besoin de prendre des forces pour la suite.

Il écrase sa cigarette sur la petite table et se détend dans


le fauteuil déchiqueté par les balles, mais que nous avons
recouvert de drap blanc. Sans hésiter, j’appelle la cible et
active le haut-parleur. Il décroche avant la fin de la
première sonnerie.

« — Allô, qui êtes-vous ? »


— Nous avons ta fille, lui dis-je.
Il demeure silencieux, mais on peut l’entendre soupirer
plusieurs fois.

« — Je veux une preuve. »

Bien évidemment ! Je raccroche, sors la puce que je casse


et en mets une autre. On ne doit pas prendre le risque de
se faire tracer. Cette maison ne résistera pas à une
deuxième attaque. Je vais prendre une photo de la petite,
endormie près de Lara. J’envoie ensuite la photo au père
et le rappelle en retournant dans le salon où Rico
m’attend.

— Tu as ta preuve, dis-je au gars quand il décroche.


« — Ne lui faites pas de mal, je vous supplie. »
— Si tu fais tout ce qu’on te demande, rien ne lui arrivera.
« — Que voulez-vous ? »

Je raccroche, lui envoie une adresse pour une rencontre


par message ainsi que l’heure, sans oublier de le mettre
en garde si jamais il osait venir accompagné. Je retire la
puce et la détruis.
*Mona
*LYS

MARDI 00 HEURE

Camouflé dans ce couloir sombre et désert, je regarde la


voiture du type approcher lentement de notre lieu de
rencontre. Je l’appelle.

« — Oui ! Je suis là. »


— Descends et marche jusqu’à la prochaine intersection.
Ensuite, tu tournes à droite puis au carrefour suivant, à
gauche. As-tu bien noté ?
« — Oui ! »
— Maintenant, jette ton portable.

Il descend, regarde partout autour de lui puis jette son


portable après un bref moment d’hésitation. J’envoie un
message à Rico de mon numéro personnel pour
l’informer de la venue du type dans sa direction. Je reste
dans ma cachette, attendant de voir si des complices à lui
se pointeront. Quelques minutes après, je sors de ma
cachette et récupère le portable. Je l’éteins, retire la puce
et le fourre dans ma poche. Je suis le chemin que l’autre
gars a emprunté. Je le repère à une bonne distance devant.
Je me planque quand je sens qu’il veut jeter un coup d’œil
derrière lui. Je ressors et continue de le suivre. Il tourne
au dernier carrefour tel que je lui ai indiqué. Moi je
continue ma marche, droit devant moi jusqu’à notre
voiture, empruntée aux hommes venus nous attaquer plus
tôt. Je monte à peine dans la voiture que Rico sort de la
ruelle avec le type couché sur son épaule en état
d’inconscience. J’ouvre le coffre automatiquement et il y
jette sa victime avant de refermer et de monter dans la
voiture. Je démarre et nous disparaissons sans laisser de
trace.

*Mona
*LYS

Je vide le contenu du petit seau d’eau sur notre otage. Il


se réveille en sursaut.
— Où suis-je ? Où est ma fille ? panique-t-il en
promenant son regard partout autour de lui dans cet
endroit sombre où nous nous trouvons.

Il se débat pour tenter de se libérer des cordes qui le


maintiennent prisonnier sur la chaise.

— Ta fille est en lieu sûr, je lui réponds en restant debout


devant lui.
— Relâchez-la ! Vous m’avez, donc libérez-la.
— Tu la retrouveras si tu fais tout ce qu’on demande.
Dans le cas contraire, on la tuera sous tes yeux.
— Vous n’allez pas oser tuer une petite fille.
— La jeune femme enceinte que tes complices et toi avez
séquestrée, eh bien figure-toi que son homme est un tueur
professionnel et il est dans un coin, pas très loin,
attendant que je lui donne un signal pour faire son travail.
Ce soir, il a tué le commissaire FRANKLIN et ensuite il
est parti chez toi récupérer ta fille. Une chance que tu n’y
étais pas, sinon il t’aurait dépecé en petits morceaux et en
aurait fait de même avec ta fille.
— Vous ne m’avez toujours pas dit ce que vous voulez,
dit-il, la peur dans la voix.
— Ton patron. Celui qui est à la tête de tous ces
enlèvements.

Il ricane.

— Vous ne savez pas à qui vous voulez vous attaquer.


Cet homme commande presque tous les gangs et cartels
de cette ville. Demandez-moi tout ce que vous voulez,
mais pas ça. S’il apprend que je l’ai trahi, il tuera toute
ma famille et terminera par moi. Je ne dirai rien.
— Tu ne diras rien ?
— Je ne dirai rien. Et je sais que vous ne ferez rien à ma
fille non plus.

Je souris.

— Ok, comme tu voudras. Il y a quelqu’un qui veut te


faire un petit coucou.

Je retourne dans la voiture et fais signe à Brad. Il descend


ensuite avec un petit sac contenant des outils qu’il s’est
acheté un peu plus tôt. Je reste près de Rico, à l’avant de
la voiture.

— Tu crois qu’il le fera parler ? s’enquiert ce dernier.

Un cri soudain et déchirant nous parvient. Je souris.

— Tu auras ta réponse dans trois minutes.


— Mais que fera-t-on de lui après ?
— On le tuera et on ramènera la petite à sa mère.

Il approuve de la tête. Les cris continuent à déchirer le


silence de la nuit puis trois minutes après, Brad revient,
recouvert de sang.

— Il est à vous, nous informe-t-il en s’essuyant les mains


pleines de sang.

Je regarde Rico avec un regard qui dit “ je te l’avais dit ”.

10 HEURES
***TERRY YOUL

Je me fais escorter par quatre hommes lourdement armés.


Lorsque Rico m’a informé de leur plan, j’ai tout de suite
validé. Je suis prêt à faire n’importe quoi pour sauver ma
femme. Son absence devient de plus en plus pénible pour
moi. Mais surtout pour ne plus entendre ma mère pleurer
et mes enfants réclamer sans cesse leur mère. J’ai été un
tout petit peu soulagé d’apprendre que rien ne leur ait été
fait jusque-là et que tout se jouerait dans la soirée de
demain. C’est donc à ce moment que nous entrerons en
scène. Enfin, si je réussis à convaincre le cerveau de toute
cette merde, mais surtout si je sors d’ici vivant. Nous
arrivons devant une deuxième entrée où d’autres gardes
se tiennent. Un détecteur de métaux est une fois de plus
passé le long de mon corps, de celui de Jean et du type
qui joue le rôle de médiateur entre moi et le patron. Ils
prennent l’arme de service de Jean et nous sommes
conduits dans une grande pièce où des strip-teaseuses
sont accrochées aux barres de fer et se trémoussent
devant un homme qui ne peut passer inaperçu par son
physique imposant, caractérisé par un ventre redondant.
Il regarde le spectacle avec beaucoup d’entrain, le sourire
aux lèvres, les yeux remplis de désirs pervers, le tout en
sirotant un verre qu’il termine et remplit de nouveau.
Notre indic échange quelques mots en espagnol avec lui.
Bien entendu, je comprends exactement tout ce qu’ils
disent. Je n’aurais pas pris sinon le risque de venir me
jeter dans la gueule du loup. Le jeune lui dit que je suis
le nouveau client dont il lui a parlé très tôt ce matin. En
effet, je me fais passer pour un client potentiel des putes
que je mettrai à mon service.

— So welcome, my friend! (alors, bienvenue, mon ami !)

Il se lève et me tend la main.

— Désolé, je ne suis pas très à l’aise avec les contacts


physiques, lui dis-je en restant stoïque à ma place.
— Oh, je peux comprendre, répond-il sans en être
offusqué. Veuillez donc prendre place.

Nous nous asseyons, l’un en face de l’autre. Il fait un


signe de la main et l’un de ses gorilles apporte un verre.

— Il y a de tout sur cette table. Laquelle je vous sers ? me


questionne-t-il.
— Vodka !
— Très bon choix, dit-il en me servant. Quoi de mieux
que de la Vodka pour parler affaires ?

Je récupère le verre et fais mine de boire. Pendant ce


temps, il tourne son regard vers l’autre jeune.

— Oh, Carlos, mais que t’est-il arrivé ? Tu es tout


amoché et avec des doigts en moins.
— Des trucs de gangs, répond ce dernier aussi
naturellement que possible. Mais ne vous inquiétez pas,
je vais régler ça.
— Je n’en doute pas.

Il revient à moi.

— Alors ? Que me vaut l’honneur de cette visite,


monsieur…
— David WILLIAMS.
— David WILLIAMS, répète-t-il.
Il dit en Espagnol à l’un de ses hommes de faire des
recherches sur moi. Ce dernier s’éclipse. Je ne crains
toujours rien jusque-là, car les amis de Rico se sont
chargés de mettre un faux profil de moi sur Wikipédia.
Ces gens ne trouveront que ce que je veux qu’ils voient.
En l’occurrence, David WILLIAMS, grand homme
d’affaires Ivoiro-Sud-africain, spécialisé dans les
minéraux et dans le pétrole. De quoi convaincre un
homme avide d’argent comme lui.

— Vous pouvez m’appeler El Jefe, comme tout le


monde, poursuit-il en s’allumant un cigare.
— J’ai grandement entendu parler de vous et je suis là
pour avoir des filles.
— À quelle fin ?
— Je reçois des amis dans mon manoir pour une semaine
et j’aimerais leur faire vivre des moments inoubliables.
— Pourquoi ne pas tout simplement louer les services de
celles qui s’offrent d’elles-mêmes ?
— Parce qu’il y a toujours plus de plaisir quand il y a de
la résistance. Si vous voyez ce que je veux dire.
— Je vois, sourit-il. Il y a des filles déjà prêtes. Nous
allons les faire venir pour que vous fassiez votre choix.
— Carlos m’a parlé d’une nouvelle cargaison, ce sont-
elles ?
— Non ! Elles, elles ne sont pas encore prêtes à
l’utilisation.
— Elles le seront quand ? Je veux de la chair fraîche.

Il tire sur son cigare et rejette la fumée. Son homme


revient avec une tablette en main et la pose sous ses yeux.
Il la regarde pendant quelques secondes avant de relever
la tête de nouveau vers moi. Il se redresse et semble
maintenant plus intéressé.

— Monsieur David WILLIAMS, commence-t-il avec un


grand sourire. Je vous avais un peu sous-estimé, j’avoue.
Mais après ce que je viens de voir, je crois que nous
ferons de bonnes affaires tous les deux.

Une femme fait son entrée et s’assied près de lui.

— Je vous présente ma fiancée. C’est elle qui se charge


de l’entretien des filles.
La femme fait un mouvement vers moi et me tend sa main
de sorte que je lui fasse un baisemain. Mon regard est tout
de suite frappé par la bague qui se trouve sur son
annuaire. Je la reconnaîtrai même les yeux fermés parce
que c’est moi qui ai dessiné cette alliance pour ma
femme. Je serre les poings pour me maîtriser tout en
ignorant la main. Son homme lui chuchote quelque chose
et elle recule près de lui. Elle se lève ensuite et disparaît.

— Je donne une soirée spéciale comme chaque année


pour présenter les nouvelles recrues.

Sa femme revient avec une petite carte qu’elle lui remet


et qu’il me remet à son tour.

— Voici votre carte d’accès. Il y a derrière, l’adresse du


lieu où se déroulera la soirée. Venez avec votre chéquier
et soyez prêt parce que les autres personnes présentes ont
tendance à miser gros pour avoir les plus belles filles.
Cette année, il y en a de toutes les couleurs et de tous les
goûts. De jeunes, des vieilles, des prudes et une qui est
enceinte jusqu’au cou.
Ça me répugne la façon amusante qu’il a de parler de ses
victimes comme s’il s’agissait d’objets.

— Je serai là et croyez-moi, je serai celui qui fera les plus


grosses offres.
— J’ai hâte.
— À demain soir donc.

Je me lève et avec l’intermédiaire, je ressors des lieux,


accompagné de Jean qui récupère son arme. Lorsque
nous sommes loin, j’appelle Rico avec le portable
intraçable qu’il m’a acheté.

« — Oui, Boss ! »
— C’est OK. Je suis invité à la soirée.
« — C’est une bonne nouvelle. J’ai envoyé à Jean
l’adresse d’un autre hôtel où vous devez séjourner. Ils
vont sans doute vous suivre. »
— Que fait-on de l’autre type ?
« — J’ai donné des instructions à Jean. Je l’attends dans
une voiture non loin. »
— Ok.
Je raccroche et quelques minutes après, Jean gare la
voiture. L’autre type sort et monte aussitôt dans une autre
voiture. Je rappelle Rico que j’ai reconnu au volant.

« — Oui, Boss. »
— C’est quoi la suite ?
« — Faîtes ce que vous avez à faire, Boss. On s’occupe
du reste. »
15

***MEL

« — Pourquoi est-ce par d’autres personnes que


j’apprends que tu te trouves au milieu d’une histoire de
trafic humain ? »
— Désolé, mon commandant. Je n’ai pas voulu vous
impliquer étant donné que je ne maîtrisais pas les tenants
de cette affaire.
« — Maintenant que tu en sais plus, fais-moi donc le
point. »

Je me gratte le front du bout de mon index.

— Je préfère vous garder loin de tour ceci. Moins vous


en savez et moins vous risquez de mettre votre poste en
danger.
« — Tu es mon meilleur élément et le chef d’une équipe
alors je veux pouvoir t’aider. »
— Croyez-moi, je préfère régler cette histoire étant dans
la peau d’un civil, pas entant qu’agent du SWAT. Mais
j’ai une connaissance au FBI qui pourrait me venir en
aide. Ça fait plusieurs années qu’il enquête sur ces gens
qui ont enlevé ma belle-sœur et je crois qu’ensemble,
nous pourrions en finir avec toute cette affaire.

Je peux l’entendre réfléchir dans ce silence qui suit.

« — Si quelque chose t’arrive, j’aurai des ennuis avec ta


mère. »

Je souris à sa plaisanterie.

— Je sais. Je vous promets de revenir sain et sauf.


« — Je l’espère. Ton équipe te passe le bonjour. »
— Bien de choses à eux.

Nous prenons congé l’un de l’autre et je retourne à


l’intérieur où un ami flic nous a rejoints pour discuter
ensemble de la procédure à suivre pour mettre fin à ce
cartel. Je savais que j’avais déjà entendu le sobriquet "El
Jefe" quelque part. Il m’a fallu me creuser les méninges
pour trouver. Puis, lorsque j’ai contacté Samuel, il m’a
informé également qu’il était sur une affaire de plusieurs
disparitions dans un hôtel. Nous avons discuté un
moment et il a tenu à nous rejoindre avec plus de détails
sur l’affaire.

— Voici là, le plan du manoir où sont détenues les


femmes et également où se déroulera la soirée.

Il déroule un grand parchemin sur la table au milieu de


nous. Je prends l’une des petites bouteilles minérales
disposées sur la table et l’ouvre.

— L’endroit est énorme, s’étonne Rico.


— Effectivement. El Jefe l’a acheté puis transformé en
un casino privé où les plus grandes personnalités peuvent
assouvir leurs vices à l’abri des regards indiscrets.
Chaque année, une vente aux enchères humaine s’y
déroule. J’ai passé des années à enquêter sans jamais
avoir de preuves solides. Et quand je me rapprochais d’un
élément, je perdais mystérieusement mes preuves. Ce
n’est plus tard que j’ai compris qu’il y avait des
complices parmi mes supérieurs et mes collègues. Mais
aujourd’hui, j’ai de l’espoir parce que tu es sur cette
affaire également, me sourit-il. Il est temps de mettre fin
à ce réseau qui a déjà fait trop de victimes.
— Explique-nous donc comment les choses se passent, je
lui réponds en fermant la bouteille d’eau dont je viens de
boire une gorgée.
— Étant donné qu’il y aura des gens importants, la
sécurité sera lourdement renforcée. Voici les différents
endroits où seront postés les gardes.

Il prend un stylo rouge et commence à marquer des croix


à des endroits tout en continuant dans les explications.
Nous tous écoutons attentivement.

— Je peux réunir quelques hommes en qui j’ai


extrêmement confiance, mais à nous seuls, nous ne
saurions accomplir cette mission.

J’échange un regard avec Brad.

— Je ne sais pas pour Rico et Carl, mais Brad et moi


pouvons faire le nettoyage de certaines entrées. Nous
pourrions donc nous en occuper et après vous autres,
rentrez en jeu.
— Je peux me joindre à vous, intervient Carl qui était
silencieux jusque-là. Je sais me défendre autant avec mes
poings qu’avec les armes.
— Moi également, ajoute Rico. Alors, le mieux c’est que
nous commencions le boulot et après, vous les flics vous
intervenez. Il est même préférable que ce soit nous qui
soyons au-devant sinon vos supérieurs retourneront la
situation contre vous.
— C’est pourquoi je ne veux pas intervenir en tant que
flic, je réponds à mon tour. Trop de choses seront mises
en jeu si les choses tournaient mal.
— Maintenant la question est : c’est quoi le plan ?
demande Carl.

Nous échangeons tous des regards et Brad est celui qui


prend la parole. Je savais bien qu’il aurait un plan. Il nous
explique ses idées, nous les analysons ensemble. Rico
appelle son patron qu’il met sur haut-parleur. Chacun
apporte ses idées et nous peaufinons un plan qui se
montre infaillible. Après plusieurs heures d’échanges,
Samuel prend congé. Je le raccompagne pour m’assurer
qu’il n’ait pas été suivi. Quand je reviens, je vais
retrouver Brad qui se prépare pour l’entraînement, tout
comme Rico et Carl.
— Yo ! lui dis-je en me rapprochant de lui.
— Yo ! répond-il.
— Je suis désolé pour hier. Je me suis montré un peu
égoïste.
— Non, tu n’as rien fait de mal. Tu essayais juste de
m’empêcher de replonger. Mais je t’assure que tout va
bien. Après cet épisode, je retournerai à la vie normale
sans difficulté. Je sais me maîtriser dorénavant et faire la
part des choses. Je ne t’en veux pas.
— Ça me soulage.
— Maintenant va te changer et rejoins-nous pour
l’entraînement.

***VICKY HAMILTON BEYNAUD (À retrouver dans


la vengeance est une femme 1 & 2)

Je sens que quelque chose se trame, mais mon fils persiste


à me dire que lui et Brad gèrent la situation. Je sens
toutefois au plus profond de moi que rien ne va. Ne pas
avoir de nouvelles de Kylie jusque-là me fait perdre la
tête. Je n’arrive à me concentrer sur rien. Je suis morte
d’inquiétude et là mon cœur jongle entre me rendre à
Miami pour suivre de près cette affaire, ou rester ici et
faire jouer mes relations.

— Tu devrais aller rejoindre les garçons.

Je lève les yeux sur Malcom qui est adossé contre la


porte. Je ne l’ai même pas entendu rentrer.

— De quoi parles-tu ? je lui demande en me ressaisissant.

Il entre et s’arrête devant moi.

— Je parle du fait que tu ne fais que lutter contre l’envie


de te rendre à Miami pour voir l’évolution de la situation
de tes propres yeux.
— Mel a dit…
— On sait tous les deux qu’il te ment pour ne pas
t’affoler. Et si tu crains d’être confrontée à une situation
qui risque de ramener les vieux démons, sache que je
crois en toi et j’ai foi que plus rien ne te fera rechuter.
Ce doit sans doute être ça qui m’empêchait de sauter dans
le jet. Pourtant j’ai confiance que plus rien ne
m’ébranlera.

— Je crois que je vais passer voir le commandant JOSH.


Peut-être que lui m’en dira plus. Mel doit lui avoir dit
certaines choses.
— Tu veux que je vienne ?
— Non, ça va. Repose-toi ! Ton voyage t’a assez épuisé.

Je l’embrasse et sors de notre chambre. Mel peut me


mentir, mais pas à son patron. Dès que j’arrive dans leurs
locaux du SWAT, je vois le commandant qui discute avec
l’un de ses officiers. Il abrège en m’apercevant.

— Madame BEYNAUD ! fait-il en me tendant la main.


— Commandant ! dis-je à mon tour en lui serrant la main.
J’ai besoin d’avoir des nouvelles de mon fils. Les vraies
nouvelles surtout.
— Allons dans mon bureau.
Nous nous rendons dans ledit bureau qu’il condamne
derrière moi. Je comprends que la conversation sera très
sérieuse.

— Que se passe-t-il ? J’ai l’impression que Mel me cache


quelque chose. En as-tu une idée ? Il m’a dit que les gens
qui avaient séquestré Kylie l’ont relâchée dans un endroit
isolé et qu’ils étaient sur le point d’aller la chercher. J’ai
du mal à croire à cette version.
— Effectivement, il y a plus.

Il récupère une grosse enveloppe et en fait sortir des


photos qu’il me montre.

— Je crains que Mel et Brad ne se soient lancés dans une


guerre contre le plus puissant cartel de trafic d’êtres
humains qui est à l’origine de la disparition de vos belles-
filles.
— Mais comment peut-il me cacher une chose pareille ?
m’offusqué-je en posant les photos que je tenais. Vous
allez intervenir n’est-ce pas ?
— Je vais essayer de faire mon mieux.
— Comment ça ? Il est un élément du SWAT.
— Sauf qu’il n’y est pas en tant que flic. Il n’a reçu aucun
ordre de mission et le domaine auquel il veut s’attaquer
n’est pas le nôtre. Mais tout ceci est un bien petit
problème face aux personnes contre qui il va. Les
partenaires de ce cartel ne sont pas des personnes
lambdas. Certains font partie de la police et elles
pourraient mettre fin à la carrière de Mel en un
claquement de doigts. Il prend un énorme risque et je
crois que c’est la raison pour laquelle il ne veut ni
m’impliquer ni impliquer ses coéquipiers, de peur de
mettre également nos carrières en danger.

Je prends une grosse inspiration. Je sens que cette affaire


va me donner des céphalées.

— Je vais tout de même essayer d’agir parce que ce cartel


fait énormément de victimes depuis plusieurs années,
mais surtout parce que Mel est comme un fils.
— Merci ! Je vais également essayer de mon côté. On
reste en contact.
— Oui !

Je sors de son bureau sans attendre qu’il me


raccompagne. Je tente de joindre Wilson, en vain. Je
monte dans ma voiture, accroche mon portable au tableau
de bord et j’appelle April.

« — Vicky ! »
— As-tu vu Wilson aujourd’hui ? Il ne répond pas à son
portable.
« — Il avait entraînement avec Dwayne dans les bois. »
— Contacte donc Dwayne et demande-leur de venir de
toute urgence chez moi.

Je coupe et appuie sur le champignon. De retour chez


moi, je remarque la voiture d’Audrey. Elle se lève dès
qu’elle me voit entrer dans la maison.

— Vicky, où sont mes filles ? pleure-t-elle. Je n’en peux


plus d’attendre des nouvelles de Brad qui ne sont pas
convaincantes.

Je lui prends les mains.

— Les choses sont un peu plus compliquées. Je vais


rejoindre les garçons à Miami.
— Je viens avec toi.
— Non. Mieux vaut que tu restes ici.
— Il m’est impossible…
— Je sais pertinemment ce que tu ressens. Mais si tu
viens, je ne pourrai tout gérer à la fois. Mais je te promets
de te ramener tes filles.
— Vicky ! Je te confierai ma vie sans hésiter et tu le sais.
Mais là, il y a mes deux filles, mes deux uniques enfants,
qui sont en danger et je ne peux absolument pas rester ici
à attendre sagement que tu me donnes des nouvelles.
Alors, soit je viens avec toi, soit j’y vais seule.

Mon cœur flanche face à sa désolation.

— Ok. Je te laisse donc le temps d’aller préparer un peu


de vêtements.
— Changer de vêtements est le dernier de mes soucis,
Vicky.
— Ok. Je reviens.

Je monte dans ma chambre, prendre quelques effets.


— Que fais-tu ? demande Malcom que mes bruits ont
réveillé.
— Je vais à Miami, je réponds en continuant de ranger
mon petit sac. Les enfants ont de gros ennuis. Je dois
intervenir.
— C’est aussi grave que ça ?
— Je le crains, oui.

Je boucle le sac et entreprends d’aller prendre une douche


rapide le temps que les garçons me rejoignent.

***DWAYNE

— Prêt ?
— Prêt !

Wilson, couché dans la broussaille, tient fermement son


arme contre sa poitrine, pose un œil sur le viseur et tire.
Les oiseaux se dispersent dans le ciel. Je vérifie à l’aide
de mes jumelles la trajectoire de la balle.
— T’es un enfoiré, Wilson. Tu as défoncé dix arbres d’un
seul coup.

Je lui tape l’épaule en rigolant. Il n’y a pas meilleur sniper


que lui.

— Je t’avais bien dit que cette nouvelle arme et ses balles


sont très dangereuses, répond-il en donnant un baiser à
son arme.
— Non, c’est toi qui es un enfoiré.

Nous continuons de rigoler quand mon portable émet des


vibrations dans ma poche. J’hésite à répondre en voyant
le numéro d’April. Je finis par le faire après plusieurs
sonneries.

— Bonsoir, April !
« — Salut ! Vicky vous demande de toute urgence chez
elle, Wilson et toi. »
— Nous arrivons.

Je raccroche et me lève.
— Vicky nous demande.

Nous arrivons chez notre boss qui tourne en rond près


d’une valise. April et les parents de Kylie sont aussi
présents.

— Merci pour votre promptitude, les gars, commence-t-


elle. J’ai besoin de vous pour une nouvelle mission.

Elle nous fait le point de la situation.

— Mais sais-tu où se trouvent Brad et Mel en ce


moment ? demande Wilson.
— Justement, non. Mais nous nous occuperons de tout ça
une fois sur place. Wilson, tu t’occuperas de contacter
nos informaticiens. Et toit Dwayne, rassemble la bande,
sauf ceux dont les femmes sont enceintes. Elles n’ont pas
besoin de stress supplémentaire.

Wilson et moi échangeons un regard.


— Dois-je aussi prendre… ce que tu sais.

Elle réfléchit en se tapotant la cuisse.

— Oui, finit-elle par répondre. Vous en aurez sans doute


besoin. On ne va pas en guerre les mains vides.

Wilson et moi échangeons un sourire.

— Vous pouvez y aller. On se retrouve dans une heure à


l’aérodrome.

Nous sortons à la hâte et chacun se dirige vers sa voiture.

— Dwayne ! m’appelle une voix derrière.

Je me retourne vers April qui vient vers moi. Elle arrive


à mon niveau et se met à hésiter. Je crois qu’elle cherche
ses mots.

— Tu veux me demander de ne pas tuer ?


— Non ! répond-elle tristement. Je voulais juste te dire…
de faire attention à toi, s’il te plaît !

Bien que je veuille être insensible à cette


recommandation qui ressemble plus à une inquiétude,
j’en suis touché. Je lui fais oui de la tête et monte dans
ma voiture. Et c’est parti pour un tour.

MERCREDI 8 HEURES

***LARA

Debout dans la cuisine, j’observe à travers la baie vitrée


Rico qui fait des exercices sur la terrasse pendant que les
autres s’entraînent dans le sable, près de la mer. J’observe
tout en buvant doucement mon verre de lait chaud
préparé par la vieille dame qui nous a rejoints avec son
petit-fils que j’ai reconnu tout de suite. Le patron de Rico
nous a fait parvenir le nécessaire pour que nous soyons
plus à notre aise. De nouveaux meubles, des ustensiles de
cuisine ainsi que des vivres, des vêtements et
médicaments.
— Rhorrrr… regardez comment ces 100 kg de chocolat
noir vous font rougir.

Je sursaute au son de la voix de la vieille dame qui se met


à rigoler en s’essuyant les mains.

— Quoi ? Non ! Je regardais la mer.


— La mer ne fait ni baver ni rougir. Il est à croquer cet
apollon africain. Si j’étais encore jeune, je lui aurais sauté
dessus cette nuit quand il dormait. J’en ai des palpitations
rien que d’y penser.

Je préfère rigoler en ignorant ses propos. Je termine mon


verre d’une traite. Elle me le prend aussitôt des mains et
disparaît. Je glisse mon regard sur le torse nu de Rico et
oui je reconnais qu’il est très attirant. Mais la situation
n’est pas adéquate pour les fantasmes. Je descends de ma
chaise et je le rejoins après plusieurs luttes intérieures.
J’ai besoin d’être rassurée sur ce qui va se passer ce soir.

— Salut ! le salué-je dans un souffle.


— Comment vas-tu ? s’enquiert-il en posant l’haltère par
terre.
Si, à notre première rencontre, sa voix grave ne m’avait
pas laissée indifférente, aujourd’hui encore elle me fait
encore plus d’effet.

— Ça va. Pourquoi n’es-tu pas avec les autres ?


— Je vais les rejoindre. Je devais me mettre en jambes
avant d’entamer les entraînements. Toi, ça va ?

Le regard qu’il pose sur moi me fait automatiquement


baisser le mien.

— J’ai encore un peu mal, mais je tiens le coup.

Je range mes cheveux derrière l’oreille et relève la tête.

— Au fait… euuh… je tenais à te présenter mes excuses


pour mon attitude ce soir-là, lors de notre première
rencontre.
Il se lève de tout son long en retirant sa petite serviette de
sa poche arrière. Je baisse de nouveau les yeux de peur
qu’il y lise mon attirance.

— Tu n’as pas à t’excuser.


— Si, je le dois. Je venais d’apprendre que mon fiancé se
la coulait douce avec une autre dans cet hôtel et… bref,
j’ai déversé ma colère sur toi.

Je l’entends sourire. Je relève les yeux et vois tout de


suite sa dentition blanche et éclatante.

— Je me suis moi aussi défoulé sur ton portable. Je crois


qu’on est quitte.
— Tu avais aussi un chagrin ?
— On peut dire ça. Aussi chaotique que puisse être cette
situation, je dois reconnaître qu’elle m’a aidé à passer
dessus assez rapidement. Difficile de penser à un chagrin
quand on se retrouve chaque cinq minutes entre des jets
de balles.

Cette fois c’est moi qui ris.


— Je ne te le fais pas dire.

Nous échangeons un sourire qui finit par me fait encore


détourner les yeux.

— Tu penses être en état pour ce soir ? je lui demande en


regarde la bande sur son bras.
— Oh, ne t’inquiète pas pour ça. J’ai été formé pour tout
genre de situation. Tout se passera bien. Tu verras ta sœur
ce soir.
— Je l’espère.
— Je dois rejoindre les autres maintenant.

Je recule pour lui permettre de passer. Quand il me tourne


le dos, poussée par je ne sais quel esprit, je lui attrape la
main. Il se retourne vivement, surpris de mon geste. Il
passe son regard de nos deux mains à mon visage. Je
plonge mon regard dans le sien.

— J’espère te revoir… sain et sauf.


— Moi aussi.
Il me fait un faible sourire et je le laisse s’éloigner.
16

MERCREDI 15 HEURES

***CARL

— Comment allez-vous ?
« — Erwin et Soraya ne font que vous réclamer, me
répond Joël. Comment ça se passe là-bas ? »
— Je ne peux pas t’en dire plus pour le moment. Mais, je
te fais la promesse de rentrer avec ta mère avant la fin de
cette semaine.
« — Vivement que ça se fasse. Je suis à deux doigts de
craquer. »
— Merci d’être resté avec tes frères. Mais, si tu as des
engagements avec ton club, tu peux les laisser chez votre
tante et t’en aller.
« — Comment veux-tu que j’arrive à aller jouer quand
ma mère est en danger ? »
— Excuse-moi ! C’est juste que je ne veux pas que tu
mettes ta vie en stand-by.
« — Sans l’amour de cette femme, ma vie n’aurait jamais
eu de sens. Je ne retournerai pas jouer tant qu’elle ne
sera pas rentrée. »

Je ferme les yeux, car la douleur devient insupportable.


La tristesse commençant à l’envahir, il passe le portable
à Erwin.

« — Allô, papa ? »
— Comment tu vas, champion ?
« — Pourquoi vous ne rentrez pas, maman et toi ? »
— Parce qu’elle a encore un peu de boulot. Là, en ce
moment elle y est.
« — Je veux maman. »
— On rentre bientôt. Toi, pendant ce temps, reste sage et
veille sur ta petite sœur. Compris ?
« — C’est compris, papa. »
— Maintenant, passe-moi ta sœur. »

Je me masse l’arête du nez le temps qu’il passe le portable


à Soraya.
« — Allô, papa ? »

Entendre sa petite voix si mignonne me fait monter les


larmes aux yeux. Je les ferme et serre les dents. Je souffle
ensuite et me reprends.

— Comment vas-tu, mon sucre d’orge ?


« — Je vais bien, papa. Vous rentrez quand ? »
— Dans très peu de temps. Es-tu sage avec tes frères ?
« — Oui ! J’ai fait un dessin. Joël, il a dit qu’il était
magnifique. »
— Tu es très forte, mon amour. Et qu’as-tu fait comme
dessin ?
« — J’ai dessiné une planète avec moi dessus dans mon
costume d’astronaute. »
— C’est vrai ça ? Dis-moi plus.

Un grand sourire plaqué sur mes lèvres, je l’écoute


m’expliquer son œuvre et par la même occasion me
raconter ses journées. Elle finit par me réclamer sa mère
au point d’en avoir la voix tremblante. Je la rassure du
mieux que je le peux. J’aperçois ensuite de loin Rico qui
arrive vers moi avec un sac en main.

— Je te rappelle plus tard, mon cœur. Bisou. Je t’aime.


« — Bisou, papa. Je t’aime. »

Je raccroche et glisse le portable dans la poche arrière de


mon jean.

— Les équipements sont arrivés. Voici les tiens. Le sac


des armes est dans le salon. Tu peux aller choisir celles
qui te conviennent.
— Ça marche !

Je récupère le sac de ses mains et je rentre me préparer


pour ce soir.

***BRAD

« — Je suis nul en amour, tu le sais déjà.


Elle sourit.

— Mais je promets de suivre tes instructions à la lettre.


— Apprête-toi donc à m’offrir beaucoup de cadeaux.

Les rires de l’assistance s’élèvent. Je souris en la


regardant sourire et j’ai mon cœur qui craque encore
plus pour cette gamine.

— Je ne te ferai pas regretter de m’avoir choisi.


— Je n’en doute pas une seconde, murmure-t-elle.
— Je t’aime, Kylie FERGUSON. Merci de m’avoir
choisi.

Je lui glisse la bague à son doigt. Elle se précipite vers


moi et fond ses lèvres sur les miennes sans attendre le
mot d’ordre de Malcom qui officie la cérémonie. Je ne
prête pas attention aux rires des autres. Je tiens
fermement ma femme et approfondis son baiser.

*
— Viens, on danse !
— Non, je préfère rester assis.
— Brad !!! boude-t-elle. C’est notre mariage. Fais un
effort, s’il te plaît !

Je souffle. Je pose mon verre et me laisse trimballer par


elle sur la piste de danse où les invités se trémoussent
déjà. Elle se met dans le bain. Je la regarde danser en
bougeant doucement. Mon regard est figé sur ce
magnifique sourire plaqué sur son visage. Je me sens tout
à coup chanceux. Avec tout le sang que j’ai versé, je me
sens chanceux d’avoir été choisi et d’être aimé par une
fille aussi pure et innocente qu’elle. Je ne la mérite pas,
c’est certain. La musique prend fin et elle me tombe dans
les bras en riant. Je passe mes bras autour d’elle sans la
lâcher du regard.

— Tu es magnifique, lui dis-je en promenant mon doigt


sur sa joue.

Oui, j’ai appris à lui faire des compliments. Je me devais


de faire des efforts pour elle.
— Et toi tu es parfait, répond-elle en m’entourant de ses
bras.
— Arrête de dire n’importe quoi. Tu sais que je ne le suis
pas.
— Pour moi, si. Tu es tout ce qu’il me fallait. Et même si
tu en doutes, je sais que tu seras un père génial pour
notre enfant.

Elle termine sa phrase en glissant ma main sur son


ventre. Je fronce les sourcils.

— J’avais prévu de te le dire ce soir, à notre nuit de


noces, mais je n’en pouvais plus de garder ça pour moi.

Elle sourit pendant que moi je suis hypnotisé par cette


annonce. Mes oreilles se mettent à bourdonner.

— Dis quelque chose.


— Je… Tu es enceinte ? De… moi ?
— De qui d’autre ?
Elle éclate de rire. Je ne sais pas comment réagir. Je me
passe la main sur le visage et recule. Je n’arrive pas à
réfléchir convenablement. J’ai besoin de prendre de
l’air. Je sors de là à toute vitesse en retirant ma cravate
avec rage. Je sors du bâtiment et me réfugie dans la
voiture de Mel. Elle est enceinte. Jamais je n’avais
imaginé devenir père. Ça n’a jamais fait partie de mes
projets d’avenir.

« Te marier non plus ne faisait pas partie de tes projets »


me souffle ma conscience. Je me passe de nouveau la
main sur le visage. Je revois le visage joyeux de Kylie.
Cette fille a complètement chamboulé ma vie. J’éclate de
rire. Cette fille… putain, elle est forte. Je sors de la
voiture et retourne à l’intérieur, plus déterminé que
jamais. Je rencontre les gars qui venaient vers moi.

— Yo ! Ça va ? me demande Dwayne.
— Tout va parfaitement bien, je leur réponds le sourire
sur les lèvres sans m’arrêter.

J’entre dans la salle où je vois Kylie discuter avec sa


sœur et Vicky. Je fonce droit sur elle, la retourne et
écrase mes lèvres sur les siennes. Je la sens soupirer de
soulagement.

— Tu as voulu de moi, maintenant, sache que tu es


condamnée à jamais à mes côtés, lui dis-je en la
regardant droit dans les yeux. Je ne te laisserai plus
jamais partir.
— Je ne comptais aller nulle part.
— Qui es-tu, Kylie ?
— Ton ange, sourit-elle.
— Je t’aime. Et je donnerai ma vie pour toi. Jamais je ne
laisserai quiconque te faire du mal. Avant de te toucher,
on devra me tuer.

Son sourire s’agrandit. Je prends de nouveau possession


de ses lèvres. C’est ainsi que je scelle ma vie entière à la
sienne. »

J’ouvre les yeux, droit sur le plafond. Je donnerai tout


pour avoir ma femme à mes côtés en ce moment. C’est
fou comme son parfum me manque. Ne parlons même
pas de son sourire et son énergie. Je désire tellement me
réfugier dans ses bras comme chaque soir quand je
descends du boulot, pour retrouver un peu de douceur. La
vie ne peut pas me la prendre un an seulement après notre
rencontre. Toutes mes résolutions n’auront servi à rien,
car c’est pour elle que je les ai prises.

Je ferme les yeux quand on frappe à la porte de la


chambre dans laquelle je me suis retiré pour un moment
de repos. Je me redresse sur mon flanc.

— Oui !

La porte s’ouvre tout doucement.

— C’est moi, s’annonce le petit intello en rentrant avec


un sac en main. Votre frère m’a chargé de vous faire
signe qu’il est temps de se préparer.

Il pose le sac sur le lit.

— Au fait, j’ai ça pour vous.

Il me tend une enveloppe.


— C’est quoi ? je demande sans prendre l’enveloppe.
— Les photos de votre femme que j’avais prises avant sa
disparition, dit-il en les sortant. Elle avait souhaité les
avoir. Je vous les donne pour les lui remettre.

Il les pose sur le lit et sort. Je récupère les photos et la


seconde d’après, je regrette de les avoir regardées. La
voir si heureuse sur ses photos me met le cœur en miettes.
Je commence à flipper de ne plus avoir la possibilité de
revoir ce sourire.

— Et merde !

C’est la première fois depuis bien trop longtemps que je


flippe. Je vais prendre une douche pour évacuer ce trop-
plein d’angoisse qui me broie la poitrine. Quand je
reviens dans la chambre, je jette un coup d’œil dans le sac
à dos. Il y a des fringues en noir pour passer inaperçu, des
rangers et un gilet pare-balles. J’enfile le tout sans le
gilet. Je n’ai jamais été à l’aise avec ce truc. Je sors
retrouver les autres au salon, également en tenue. Je jette
un coup d’œil aux armes posées sur la table au centre.
— C’est quoi ces conneries qu’on nous a rapportées ? Ce
ne sont pas des armes ça.
— C’est ce que Samuel a pu nous avoir. Nous allons
devoir faire avec.

Je laisse les armes et fais le tri parmi les armes blanches.


Je fourre quelques couteaux sur moi. Je prends
néanmoins une arme.

— Les gars, nous interpelle Carl, je ne sais pas pour vous,


mais moi, je ne sens pas trop les choses.
— C’est-à-dire ? demande Rico assis près de moi.
— Je ne connais pas ce Samuel et c’est possible qu’on
puisse vraiment lui faire confiance, mais rien ne nous
prouve qu’il n’y ait pas de traitre parmi ses gars.

Je regarde Mel qui se tient le menton, debout près de Carl.

— J’avoue que j’y ai aussi songé, dit Mel. Que proposes-


tu donc ?
— Un plan B répond Carl. Le petit peut nous être d’une
grande utilité, surtout qu’il s’y connait en électronique et
informatique.
— Il ne sait ni se battre ni tenir une arme, je relève.
— Il peut rester avec moi jusqu’à l’intérieur, propose
toujours Carl. Je sens qu’il pourra nous être utile.
Comment ? Je ne sais pas encore.

Nous analysons ensemble la situation et effectivement, il


n’a pas tort. Le petit fait son apparition au même moment.

— Yo, Angela, viens par-là, l’appelle Rico.


— Qui ça, moi ? demande-t-il.
— Oui, approche.

Il vient en passant son regard sur chacun de nous.

— Il faut vraiment que vous fassiez des efforts pour


retenir mon prénom.
— Va te préparer, tu viens avec nous, lui lance Rico.
— Quoi ? Qui ? Moi ? Mais, pour quoi faire ?
— Tu pourrais nous être utile.
— Oh, non ! Je ne vois pas en quoi je vous serais utile. Je
ne sais pas me battre et j’ai une peur bleue des armes.
Non, merci !

Il nous tourne le dos, mais Mel le ramène en arrière en le


tirant par le col de son tee-shirt. Je lui lance mon gilet
pare-balles, mais c’est Mel qui le réceptionne.

— Tiens, enfile ça, lui dit Mel en plaquant le gilet contre


son torse.
— Mais… je vais mourir. Je n’ai pas de muscles.
— Nous te protègerons. Allez, on y va.

Nous lui emboitons le pas pendant qu’il continue de


pleurnicher derrière. Une fois assis dans la voiture, je
regarde mon alliance.

— Prêt ? me demande Mel.


— Prêt !

***LORAINE
MERCREDI 17 HEURES

Je me précipite vers Kylie qui grimace encore de douleur.

— Tu as toujours mal ?
— Oui ! Depuis ce matin. Je ne sais pas ce que ces
enfants ont.

Je me retiens de lui dire que ce sont peut-être les


contractions qui ont commencé. Ça la ferait angoisser
deux fois plus. Par le regard qu’elle me lance, je crois que
Trish l’a aussi deviné. Elle nous rejoint et se met à
caresser le dos de Kylie pour la soulager. J’entends
renifler dans mon dos. Je me retourne vers Jessica qui
s’est recroquevillée sur elle-même.

— Qu’est-ce qu’il y a, ma puce ? je lui demande en la


ramenant contre moi.
— Je ne veux plus rester ici. Maman, j’ai peur. C’est ce
soir que nous serons livrées. Je ne veux pas devenir une
prostituée. J’ai tellement peur, maman.
Elle éclate en sanglots. Je la prends dans mes bras pour
la réconforter. J’ai moi aussi peur de ce qui pourrait nous
arriver. Mais moi, contrairement à elles, je ne dois pas
laisser transparaître mes émotions. Je me sens garante de
ces 3 jeunes femmes. Je me sens obligée de veiller sur
elles et de les protéger. La petite María entre avec
plusieurs cartons en main qu’elle dispose devant chacune
de nous.

— Ce sont vos tenues pour la soirée. Il y a tout dans les


cartons.

Les pleurs de Jess redoublent.

— Maman !
— Tout se passera bien.

Deux gardes font leur entrée et se dirigent directement


vers moi.

— Suivez-nous ! m’intime celui avec qui j’avais eu une


altercation hier.
— Pour aller où ?

Il me tire par le bras.

— Si ça ne tenait qu’à moi, vous seriez déjà morte.

Je tchipe et me laisse guider par eux hors de la chambre.


Après quelques minutes de marche, nous arrivons devant
une porte. Celui qui me tient frappe et nous entrons dans
une chambre très spacieuse. Le chef, dans son peignoir,
se lève de son lit en faisant signe aux hommes de nous
laisser. Il se lèche les lèvres en s’approchant de moi.

— Comment est-ce que vous allez, ma belle dame ?

Il glisse son doigt sur ma joue. Je tourne la tête pour le


dégager.

— J’adore ta force de caractère.


— La jeune femme enceinte risque d’accoucher. Elle a
besoin d’un docteur.
— Et moi j’ai besoin de goûter à tes lèvres.
À peine sa phrase terminée qu’il me saute dessus. Je serre
les dents, mais il me tient fermement la tête pour forcer
le passage. J’ouvre la bouche et enfonce mes dents dans
sa lèvre inférieure. Je ne la lâche pas malgré ses cris. Il
me donne un coup dans le ventre qui m’oblige à détacher
mes dents. Quand je le lâche, il enchaîne avec une gifle
puis me projette contre le mur. Il fonce sur moi et enfonce
ses doigts dans mes joues. Sa lèvre saigne abondamment.

— Regarde-moi bien et enregistre le visage de celui qui


te rendra docile. Je vais tellement te baiser que tu n’auras
d’autres choix que de devenir douce.

Il promène sa main sur mon corps. De ma poitrine qu’il


pétrit à mon ventre et termine sur mes fesses qu’il claque.
Je veux me dégager pour me défendre, mais il est
littéralement couché de tout son poids sur moi. Il
m’embrasse de nouveau et cette fois je n’y peux rien.

— Haría grandes cosas contigo, mi amor. (Je ferais de


grandes choses avec toi, mon amour).
Il me lèche la joue et me libère. Je me racle la gorge et lui
crache au visage. Il sourit et l’essuie.

— Estime-toi heureuse que j’aie une soirée à coordonner.


Mais ce soir, tu seras ma cavalière et après, toi et moi,
nous passerons la plus belle nuit de toute ta vie.
— Je n’irai nulle part avec vous ce soir à moins que vous
ne m’enchaîniez à vous.

Il sourit et se rapproche.

— J’ai cru comprendre que ta fille est également


présente. Vu la fraîcheur qu’elle dégage, elle tapera dans
l’œil de beaucoup.
— Je vous interdis de poser les mains sur ma fille.
— Si tu veux que je l’épargne ce soir, sois donc docile.
Aussi, l’accouchement de ton amie dépendra de toi. Si tu
fais ce que je te dis, elle aura un service médical à son
chevet.

***EL JEFE
Je la vois craquer ses mâchoires et j’en souris. Je crois
que cette fois, je la tiens.

— Je vois que tu as compris. Va donc te préparer.

Je saisis ses joues et l’embrasse. La porte s’ouvre sur


Anna. Je libère l’autre qui tourne aussitôt les talons. Je
lui donne une claque sur les fesses. Elle ferme ses poings
sans s’arrêter. Damn ! Cette femme est bonne. Je suis tout
à l’étroit en dessous de mon peignoir.

— Que faisais-tu avec elle ? me demande Anna d’une


voix empreinte de jalousie.
— Elle sera ma cavalière ce soir, je réponds en allant
m’allumer un cigare.
— Comment ? Pourquoi elle, alors que c’est moi ta
fiancée ?
— Déstresse ! Je veux garder cette femme à l’œil sinon
elle risque de nous causer des ennuis. Toi, gère tes filles
comme tu sais si bien le faire et assure-toi qu’elles soient
toutes à leurs postes. Aussi, concernant cette femme, j’ai
décelé chez elle un caractère de leader. Si je réussis à la
dompter, elle fera de grandes choses pour nous.
— Je ne l’aime pas.
— Tu vas devoir t’y faire parce qu’elle sera la prochaine
responsable des filles. Elle inspire confiance et elle
pourra les canaliser.

Elle fait la tronche et s’assied sur le lit.

— J’ai entendu dire que celle qui est enceinte avait des
douleurs au ventre depuis ce matin.
— Oui, je viens de l’apprendre également, dis-je en
dressant mon smoking sur le lit.
— Tu tiens vraiment à garder le bébé ? S’occuper d’un
enfant, ça demande beaucoup d’implications. Nous avons
déjà énormément de choses à gérer. Tu devrais laisser
tomber cette idée.

Anna se lève et vient se blottir contre mon dos.

— Ne me prive pas de ça, s’il te plaît ! J’ai déjà acheté


des vêtements pour bébé. Cette expérience nous
rapprochera encore plus.
Je demeure silencieux. Elle me retourne et m’embrasse
suavement.

— Por favor mi amor ! (S’il te plaît, mon amour !) On


prend le bébé et, soit on garde la mère pour le business,
soit on la tue.
— Ok. Faisons donc venir le docteur pour l’examiner.
— Alors, on garde le bébé ?
— Oui, on le prend.

Elle jubile et m’embrasse goulument.

— Te amo, mi amor (Je t’aime, mon amour).

Elle se baisse devant moi et ouvre mon peignoir.

— Je te fais une petite gâterie avant qu’on se prépare ?

Mon sourire est une réponse. Je tire sur mon cigare à sa


première gorgée et rejette la fumée dans l’air. Je sens que
cette soirée sera fabuleuse.
17

MERCREDI 19 HEURES

***EL JEFE

Debout à la fenêtre de ma chambre, j’observe toutes ces


voitures de luxe se garer dans cette gigantesque
concession. Un vent de bonheur me souffle au visage. Je
me ferai encore du fric cette nuit. Des millions de dollars
seront dépensés tout au long de cette soirée. J’ai déjà hâte
qu’elle se termine pour baigner dans mes billets de
banque.

— Mon cœur, ils sont là ! m’informe Anna, arrêtée dans


mon dos.
— Tous ? je demande en me tournant vers elle.
— Sur la liste, il ne manque qu’une seule personne. Le
nouveau. David WILLIAMS.

Je jette un coup d’œil à ma montre.


— Il viendra !
— J’ai aussi appris deux mauvaises nouvelles. Carlos et
le commissaire FRANKLIN ont été retrouvés morts. Le
premier, dans une rue, et le second, chez lui avec une
balle plantée dans l’œil.
— Hum ? Comment est-ce possible ?
— Je n’en sais rien. Je n’ai pas voulu que nos hommes
enquêtent maintenant pour mieux se concentrer sur la
soirée. Dès demain, ils le feront. Mais crois-tu que ça ait
un rapport avec nous ? FRANKLIN avait parlé des
hommes dangereux qui seraient à la recherche de
certaines des filles que nous détenons.
— Non ! Je ne pense pas que ça puisse être eux.
FRANKLIN m’avait dit les avoir tous supprimés. Ce doit
être autre chose. Nous enquêterons dès demain pour en
être plus sûrs. Ce soir, nous devons profiter de la fête.

Je l’attire et l’embrasse.

— Toutes les filles sont prêtes ?


— Oui ! Ta cavalière également. Le docteur sera là dans
quelques heures, le temps pour lui de finir avec une
urgence.
— On y va donc !

***TERRY YOUL

— Nous sommes arrivés, Boss.

Je croise le regard de Jean dans le rétroviseur. Je regarde


dehors et je constate effectivement que nous sommes
arrivés. Je vérifie que ma fausse moustache est bien en
place. Je baisse mon chapeau sur mon visage et descends
de la voiture. Jean me suit de près jusqu’à l’entrée du
bâtiment. Ce que je remarque en premier, c’est la sécurité
qui est très renforcée aux alentours. Il y a des hommes en
costume pour certains et en tenue militaire pour d’autres.
Il n’a pas badiné sur cet aspect, dis donc ! Je passe le
contrôle de sécurité puis au tour de Jean, il est empêché
d’avancer.

— Désolé, pas de garde personnel à l’intérieur.


— Il n’est pas question que je laisse mon patron seul,
s’oppose Jean.
— Non, laisse tomber, lui dis-je. Je n’ai rien à craindre.
Il n’a pas l’air très rassuré, mais obéit tout de même.
J’entre, escorté de deux autres gardes qui me conduisent
à une grande salle au premier étage où se trouve déjà une
trentaine d’hommes. J’appuie subtilement sur mon
oreille et l’oreillette s’active.

— Je suis à l’intérieur, chuchoté-je. Vous me recevez ?


« — Cinq sur cinq, Boss, répond Rico. Nous sommes déjà
en position. Nous rentrerons une fois le chef présent. »

Je prends une coupe de champagne et observe tout ce qui


se passe. Je remarque la présence de plusieurs filles en
lingerie avec des brassières et en dessous des très hauts
talons aiguilles. Certaines circulent parmi nous avec des
plateaux de champagne et des amuse-bouches. D’autres
sont dans de grandes cages vitrées et dansent tantôt sur
des barres de fer et tantôt sans. Je vois certaines qui
tiennent compagnie aux autres hommes dont je reconnais
certains. C’est sans surprise que j’aperçois le gouverneur
Patrick BUSH qui s’éclipse avec deux filles. C’était donc
parce qu’il faisait partie de ce cartel qu’il m’a refusé son
aide. Je lui règlerai son compte plus tard. Il est bien trop
occupé à fricoter avec les filles pour me remarquer et
même pour me reconnaitre. Une fille s’approche de moi.
Je me décale à temps avant qu’elle ne me touche.
— Puis-je vous tenir compagnie durant cette soirée ?
— Non, merci ! C’est gentil !

Elle pose sa main sur mon épaule. Je grimace et me


dégage.

— Ne me touchez plus, s’il vous plaît !


— Vous avez l’air tendu.

Elle essaie de nouveau de me toucher. Cette fois, je lui


attrape la main.

— Je ne veux pas être désagréable. Je n’ai vraiment pas


la tête à fricoter.
— Je comprends ! Mais je serai dans le coin si vous
changez d’avis.

Elle retourne sur ses pas en se déhanchant pendant que je


m’essuies les mains. Je promène mon regard dans cette
grande salle. El Jefe fait son entrée, avec à son bras une
femme dont le visage me dit nettement quelque chose.
— Madame ANDERSON vient de faire son entrée au
bras d’El Jefe, dis-je dans l’oreillette.
« — Comment va-t-elle ? » s’enquiert son époux.
— Physiquement, elle a l’air d’aller bien. Mais ça se voit
qu’elle a été obligée à être la cavalière de cet homme.

El Jefe donne de petits coups sur sa coupe.

— Hello, dear all! Welcome to our annual party. Have


fun ! (Bonsoir, chers tous ! Soyez les bienvenus à notre
soirée annuelle. Amusez-vous bien !)

Nous levons tous nos verres et la soirée reprend son


cours.

— La soirée peut commencer, informé-je mes


coéquipiers.

J’avale tout le contenu de ma coupe et me rapproche


d’une table où se joue un jeu de cartes. Je dois me fondre
dans la masse pour ne pas me faire repérer.
21 HEURES

Je gagne pour la troisième fois et ramasse tous les biens


de mes adversaires qui ne font que rechigner. Je jette un
coup d’œil à ma montre. L’heure avance et les filles ne
sont toujours pas là. J’abandonne mes camarades de jeux
et me prends une coupe de champagne.

— Monsieur David WILLIAMS, m’appelle El Jefe en


venant vers moi, accompagné de Loraine ANDERSON.
Nous n’avons pas encore eu le temps de parler. J’ai
entendu dire que vous avez fait des malheureux au jeu de
cartes.
— Bof, rien de bien compliqué. Mais j’avoue qu’il me
tarde de faire la connaissance des filles.

Il jette un coup d’œil à la montre sur son poignet.

— Elles seront là dans une dizaine de minutes. Vous


n’êtes pas le seul à vous impatienter.
— Je pourrai rentrer ce soir avec les filles ?
— Si vous mettez le paquet, dit-il en se frottant les doigts
pour me faire comprendre qu’il parle d’argent. Mais,
elles seront accompagnées de trois de mes hommes pour
assurer leur sécurité.
— Oui, ça je l’avais compris.
— Tant mieux. J’aimerais vous présenter quelques amis,
si cela ne vous dérange pas.
— Du tout !

Je le suis à une autre table où nous nous asseyons.


Loraine ne cesse de regarder derrière elle. Elle n’a pas
levé les yeux un seul instant vers moi. J’espère qu’elle
me reconnaitra sous mon déguisement.

***MEL

Brad, Carl et moi sautons par-dessus la grande clôture et


tombons sur nos jambes. Le petit par contre, s’écrase au
sol comme un sac de patates.

— Oh la vache ! geint-il de douleur.


— Chut ! Moins de bruit, lui fait Carl en le relevant par
son gilet par balle.

Il se relève et met de l’ordre dans sa tenue.

— Selon les informations de Samuel, il doit y avoir deux


gardes de chaque côté, dis-je aux autres. On se sépare
donc. Chacun sait ce qu’il doit faire.

Nous prenons chacun une direction. Carl part avec


l’intello. Rico étant blessé, il doit rester sagement à
l’extérieur et attendre que son patron ait les femmes avec
lui pour rappliquer avec la voiture avec laquelle il doit
disparaitre avec elles. J’avance, baissé, vers ma première
cible. J’avance lentement dans son dos. Je le saisis et lui
brise la nuque. Brad en fait de même au même moment.
Nous allons vers un deuxième groupe et faisons le même
manège. L’entrée de notre côté est dégagée. Nous
pouvons donc rentrer. Il nous faut neutraliser le
maximum de gardes avant d’arriver à la grande salle si
nous voulons avoir plus de chance de réussir cette
mission. Les gardes sont tellement nombreux qu’ils nous
mettraient la main dessus en moins de deux.
***CARL

Je dois conduire le petit à la salle des caméras de


surveillance. Nous aurons besoin d’avoir les yeux partout
pour savoir où nous mettons les pieds. Notre effectif est
beaucoup trop peu pour ceux contre qui nous venons.

Je brise la nuque du cinquième garde sur qui je tombe.

— Comment arrivez-vous à faire ça sans vous casser les


muscles ? s’étonne l’intello à voix basse en sautant le
corps allongé par terre. Je crois que jamais je ne réussirai
réaliser une chose pareille. Il n’y a qu’à voir mes bras fins
comme des fils électriques.

Il continue de bavarder à voix basse pendant que nous


avançons. Je bifurque sur une allée et je tombe sur deux
gardes. Je recule aussitôt sans me faire voir et empêche
le petit d’avance.

— Normalement, il devrait y avoir qu’un seul garde, dis-


je dans un chuchotement
— Il y en a combien ?
Il jette un coup d’œil.

— Oh punaise ! Comment vas-tu faire ?


— Je vais les distraire. Toi tu te faufiles assez
rapidement. La salle des caméras de surveillance se
trouve au fond de ce couloir.
— Quoi ? Mais je ne peux pas y aller tout seul, panique-
t-il.
— À trois, on y va.
— Non je ne…
— Trois !

Je le pousse de l’autre côté sans que les gardes s’en


aperçoivent, jusqu’à ce que le petit se cogne contre une
barre de fer. Ils se retournent tous vivement.

— Désolé, je crois que je me suis perdu, leur dis-je en


avançant vers eux tandis que le petit continue son chemin
sans s’arrêter. Je suis le garde de l’un des hommes
présents là-haut.
— Vous n’avez pas le droit de venir par ici, me dit l’un
d’eux.

Ils s’échangent des regards. Je vois l’un d’eux glisser sa


main vers son arme. J’envoie mon poing, droit dans le
nez de ce dernier. J’enchaîne avec mon coude dans le nez
du second. Puis pendant que les deux se morfondent, je
cogne leurs deux têtes contre le mur. Ils tombent dans les
pommes. Je me retourne et je tombe nez à nez avec six
hommes qui braquent automatiquement leurs armes sur
moi.

— Nous en avons un, dit l’un des six dans son talkie-
walkie.

***KYLIE

Trisha me caresse le dos quand les douleurs refont


surface. Plus les heures passent, plus les douleurs au
ventre s’intensifient et plus la peur gagne du terrain en
moi. Je me mets à chialer.

— Ne pleure pas, ma chérie, tente de me calmer Trisha.


— Mais j’ai peur, dis-je en éclatant en sanglots. Je ne sais
pas pourquoi je ressens ces douleurs. Je ne suis pourtant
pas à terme.
— Ça arrive souvent d’avoir ce genre de malaise. Ce
n’est rien de grave. Loraine a dit qu’un docteur viendra
t’examiner.
— Mais il est où, putain ?

La douleur passe et je peux souffler un peu. Je vide la


carafe d’eau que m’a rapportée María. La porte s’ouvre
sur cette vipère qui sert de pute au chef.

— Jessica et… (elle fouille dans sa mémoire) Trisha.


Suivez-moi ! (À moi) Le Docteur sera là dans moins de
cinq minutes.

Deux gardes entrent et obligent Trisha et Jess à les suivre.


À peine sortent-ils tous qu’un homme entre avec une
malle en main. Je devine tout de suite que c’est lui le
docteur. Il échange avec la femme en espagnol avant de
se tourner vers moi.
— Bonsoir, madame. Je vais vous examiner, si vous le
voulez bien.
— Bien sûr qu’elle le veut, intervient la connasse. Elle
n’a pas d’autres choix de toute façon. Elle porte mon
enfant donc c’est moi qui décide.

Je me couche sur le lit pendant qu’il enfile ses gants. Je


grimace lorsqu’il commence le toucher vaginal. Je ferme
les yeux et inspire. Il me pose des questions auxquelles je
réponds. Il enfonce plus ses doigts et fronce les sourcils.

— Ce sont combien de bébés ?


— Deux, je lui réponds, mal à l’aise.

Le sourire de l’autre femme me fait tourner la tête vers


elle.

— Des jumeaux ? Mais c’est merveilleux !!!

Le docteur retire ses gants et prend ma tension.

— Qu’a-t-elle ? demande Anna.


— Le travail a commencé plus tôt, répond le docteur.
— C’est-à-dire ?
— Qu’elle va accoucher dans les heures qui viennent.
Mais sa tension est beaucoup trop élevée. Nous devons la
conduire à l’hôpital pour un meilleur suivi sinon elle
risque d’y passer.

J’ouvre grand les yeux de stupéfaction avant d’éclater


encore en sanglots.

— Je ne veux pas accoucher ici. Pas dans cette situation.


Je veux mon mari.
— Ferme-la, m’intime Anna avant de se tourner vers le
docteur. Elle n’ira nulle part. Faites ce qu’il y a à faire ici,
peu importe si elle y reste. Ce sont les bébés les plus
importants.
— Madame !
— Fermez-la, docteur, et faites ce qu’on vous dit. Vous
serez bien payé comme toujours.

Il hoche la tête et moi je suis prise de panique. Je ne peux


pas accoucher ainsi. Brad me détestera toute sa vie de lui
avoir fait rater ce moment si important de sa vie.
18

22 HEURES

***TRISHA

Je garde la main de Jess dans la mienne pendant que nous


marchons le long du couloir. Les gardes nous conduisent
dans une autre pièce. Jessica est toute tremblante. Je serre
encore sa main pour la rassurer. Je ne sais à quel genre de
soirée nous allons prendre part, mais il est clair que ce
sera nous l’attraction vu ces vêtements vulgaires que
nous avons été contraintes d’enfiler. On peut carrément
voir nos fesses si on s’abaissait ne serait-ce qu’un tout
petit peu. Certaines semblent habituées à ce type de
tenues. Moi par contre, j’ai arrêté de me vêtir ainsi depuis
que j’ai rencontré Terry. Il aime me voir sexy, ça, c’est
certain. Mais de façon exagérée, limite à ne cacher grand-
chose de mon corps, il en est hors question. J’ai d’ailleurs
passé l’âge pour toutes ces choses. Jessica également ne
cesse de tirer sur sa robe. Je compte mentalement toutes
les filles présentes et nous sommes au total vingt.
La copine du chef fait son entrée avec des stickers
numérotés en main. Elle se met à en coller sur chacune
des filles.

— Vous irez dans la grande salle où des hommes vous


attendent impatiemment. Vous avez intérêt à rester docile
sinon vous prendrez une balle entre les deux yeux.

Elle colle le sticker sur Jess et termine sur moi.

— Que va-t-il se passer ? ai-je le courage de lui


demander.

Elle sourit.

— Vous serez des trophées pour ces hommes puissants et


celui qui offrira plus vous obtiendra. Disons, une vente
aux enchères humaine. Allez, on y va !

Les gardes nous encerclent de nouveau. Jessica reprend


ses pleurs en silence. Seuls ses reniflements se font
entendre. Nous entrons dans une grande salle bondée
d’hommes, tous vêtus de costumes hors de prix. Les
gardes nous font monter sur une petite estrade sous les
sifflements des hommes présents. Je promène mon regard
et rencontre celui de Loraine qui est plein de compassion
et de tristesse. Je sais qu’elle ne restera pas là sans rien
faire. Moi de même, je dois faire quelque chose. Je ne
peux pas rester ainsi et subir. Je dois me battre pour sortir
d’ici.

— Alors, messieurs, commence le chef. Voici les


nouvelles pépites. Cette année, nous avons uniquement
que des africaines et des métisses. Lesquelles garderez-
vous pour les enchères ?
— La douze… la cinq…

Ils se mettent à crier les numéros tous ensemble. Mon


numéro est d’ailleurs le premier cité. Je ferme les yeux.

— Veuillez avancer, mesdames. Les autres, vous pouvez


vous retirer pour l’instant. Mais vous reviendrez dans peu
de temps.
Nous sommes six à rester sur l’estrade, Jessica y compris.
Elle ne fait que pleurer. Les hommes sont tous agités et
se mettent à balancer des billets sur nous. Au milieu de
toute cette agitation, un seul attire mon attention dans le
fond. Le seul parmi ces hommes qui soit debout
sereinement. À la seconde où mes yeux se posent sur lui,
je le reconnais.

— Terry ! chuchoté-je.

Malgré la fausse moustache et le chapeau, je reconnaitrai


mon homme parmi mille. Il me regarde et je souris
légèrement. Je reconnaitrai ce regard plein d’amour pour
moi. S’il est là, c’est qu’il n’est pas seul. Rico doit être
quelque part avec du renfort.

***LORAINE

— Je désire aller voir Kylie, dis-je au chef.


— C’est qui Kylie ?
— Celle qui est enceinte.
— Elle est entre de bonnes mains.
— Je n’en doute pas, mais je veux quand même voir
comme elle va, mais aussi la rassurer.
— Ok, mais tu ne tardes pas.

Il fait signe à un garde de m’escorter. Je me rends


rapidement à notre chambre devant laquelle un autre
garde est posté. Lorsque Kylie me voit, elle est tout de
suite soulagée. Elle se jette littéralement dans mes bras et
éclate en sanglots.

— Le docteur a dit que j’allais accoucher plus tôt que


prévu. Mes bébés seront prématurés. Je ne veux pas les
perdre.
— Tu ne les perdras pas. Je ne sais pas encore comment,
mais je trouverai une solution pour nous sortir de là.

Je m’éloigne et lui prends les mains.

— Tu dois tenir le coup pour tes bébés. Le rôle de maman


commence dès le premier jour de la grossesse. Protège
tes bébés. Ok ?
— Ok, fait-elle en remuant la tête.
— J’y vais. Mais je reviendrai te voir de temps en temps.
— C’est compris !

Je l’enlace une dernière fois avant de m’en aller.

Je parcours la salle du regard à la recherche d’une idée


pour nous faire sortir d’ici ou même pour éviter cette
catastrophe sur le point de se produire. Les ventes vont
bientôt débuter et chaque fille s’en ira avec celui qui
l’aura achetée au prix d’or. Alors que je suis plongée dans
mes pensées, je me fais bousculer et la seconde d’après,
un plateau contenant plusieurs coupes de champagne se
renverse sur ma robe, mais également sur un autre
homme qui se tenait près de moi. Je veux rouspéter, mais
le regard triste de la serveuse me fait ravaler ma phrase.
Elle aussi est là contre son gré. L’homme par contre, ne
se retient pas de montrer son mécontentement. Le chef
administre une gifle cinglante à la fille avant de s’excuser
auprès de son invité.

— Ma beauté, m’interpelle-t-il. Conduis, s’il te plaît


notre invité à la salle d’eau pour qu’il se nettoie et profite
également pour te changer.
J’obéis et j’emboite le pas à l’homme qui semble
vraiment en colère. C’est bien fait pour sa gueule. Nous
nous faisons escorter par un garde jusque dans les
toilettes.

— Voilà, c’est ici, dis-je à l’homme en lui ouvrant la


porte.

Il retire sa veste et me la tend.

— Nettoyez-la ! m’ordonne-t-il.
— Pardon ?
— Vous êtes une femme alors vous êtes la mieux placée
pour le faire.

Je vois rouge. Il vient de me traiter de boniche ?

— Non, mais vous êtes malade de me rabaisser de la


sorte ? Je ne ferai rien. Mtchrr !!!

Je veux m’en aller quand il me saisit le bras et me fait


entrer de force dans la salle de bains. Le garde veut
intervenir, mais mon agresseur se retourne vivement et
lui décroche une droite. Il se cogne la tête contre le mur.
L’homme lui arrache son arme et l’assomme
violemment. Le garde tombe dans les pommes. L’homme
se retourne vivement vers moi alors que je m’apprête à
lui donner une gifle également, mais je me retiens de
justesse quand il retire son chapeau et sa fausse
moustache.

— C’est moi, Terry YOUL. L’époux de Trisha.


— Oh mon Dieu !

Je suis tellement soulagée de le voir que je lui saute


dessus. Je le sens se raidir totalement. Je me souviens
avoir entendu Trisha dire qu’il avait horreur d’être
touché. Je me sépare de lui automatiquement.

— Je suis sincèrement désolée.


— Ce n’est pas bien grave, dit-il en mettant de l’ordre
dans sa tenue. Je suis ici avec votre mari, celui de… Kylie
et son frère Mel.
— Oh mon Dieu ! Carl est là ? je fais, émue.
— Oui ! répond-il en enfilant sa veste. Ils ne vont pas
tarder à intervenir. Moi, je dois payer pour vous, votre
fille, ma femme et Kylie et m’en aller avec vous.
— Je ne sais pas si je pourrai aller avec vous. Kylie est
hors compétition parce qu’elle risque d’accoucher cette
nuit. Je ne peux pas m’en aller et la laisser seule ici. Je
propose donc que vous preniez Jessica, votre femme et
deux autres filles à notre place.
— Je vais faire comme vous l’avez dit, mais tenez-vous
tout de même prête parce que lorsque je m’en irai, les
autres interviendront pour libérer toutes les autres filles.

Il me tend l’arme du garde.

— Prenez ça sur vous. Ça pourrait servir.


— D’accord. Mais nous ne pouvons pas laisser ce garde-
là. Quelqu’un pourrait le voir.

Il promène son regard, l’air de réfléchir.

— Aidez-moi donc à le mettre dans l’une des cabines.


Je prends les pieds et lui les bras et nous jetons le garde
dans l’une des cabines. Je condamne la porte et nous
sortons, chacun empruntant un chemin comme si de rien
n’était. Je retourne auprès de Kylie qui lutte avec une
contraction. Je me rapproche d’elle.

— Tiens bon, lui dis-je à l’oreille. Nos hommes sont


venus nous délivrer.
— Comment ça ?
— J’ai vu le mari de Trisha et il m’a assuré que mon mari,
le tien et un autre du nom de Mel sont là pour nous
délivrer.

Cette nouvelle illumine son visage.

— Je savais que mon Brad me retrouverait.


— Reste calme et conduis-toi normalement au risque
d’attirer l’attention. Lorsque le top me sera donné, je
viendrai te chercher et nous nous en irons. Mais tu dois
être forte.
— Je le serai. Promis !
Je lui embrasse la tempe et me dépêche de me changer.

22 HEURES 30 MINUTES

***BRAD

— Mel, as-tu des nouvelles de Carl ? je demande dans


l’oreillette. Il est silencieux.
« — Je crois qu’il a été… »

Des bruits se font entendre.

— Mel ?
« — Fais chier ! Brad, les armes sont… »

J’entends un bruit sec puis silence radio.

— Mel ! Mel !

Un garde me tombe dessus par surprise. Je réussis à le


neutraliser quand je vois quatre autres venir vers moi. Je
sors mon arme de mon dos et appuie sur la détente, mais
aucune balle ne sort. J’insiste et toujours rien. Je vérifie
l’arme.

— Merde !

Elle est truquée. Je la laisse tomber et lève les mains.


L’ami de Mel nous a entubés.

— Vous vous croyiez plus malin ? me lance l’un des


hommes en venant vers moi. Vous voilà pris dans votre
propre piège.
— Vous ferez mieux de me tuer, sinon c’est moi qui le
ferais.
— Oh, ne t’inquiète pas ! nous vous règlerons votre
compte dans peu de temps.

Je reçois un coup violent à la tête qui me fait tomber dans


les pommes.

Je geins de douleur en ouvrant les yeux. Je veux me tenir


la tête qui me fait affreusement mal, mais je sens mes
mains liées derrière. Elles sont trop serrées pour que je
puisse les détacher. Je tourne la tête au grognement d’une
autre personne. Mel et Carl sont également présents et
dans les mêmes conditions que moi, c’est-à-dire, les
mains ligotées.

— Mel, ton ami nous a fait un sale coup, dis-je en tentant


de me relever.
— Il ne paie rien pour attendre.
— J’avais raison, relève Carl tout aussi furieux que nous.
D’ailleurs où sommes-nous ? gueule-t-il.

À première vue, nous sommes dans un entrepôt utilisé


généralement pour les règlements de compte à en juger
les outils de torture exposés un peu partout sur les murs
et les tables. Une porte s’ouvre et trois hommes armés
entrent. Ils nous relèvent sur nos genoux et nous alignent,
Mel se trouvant entre Carl et moi. Enfin, Samuel, l’ami
de Mel fait son entrée, tout joyeux.

— Bonsoir, chers amis, salue-t-il en souriant de toutes


ses dents jaunâtres. Comme je suis heureux de vous
revoir.
— Pourquoi nous as-tu fait ça ? rouspète Mel. Je te
croyais un bon flic.
— Oh oui, je l’étais. Mais, ça ne règle pas tous les
problèmes. Oui, je me suis infiltré pour démanteler cette
mafia. Le problème, c’est que je me suis fait beaucoup
plus de pactole en cinq mois que je n’en ai eu en dix ans
de service. Que veux-tu ? L’argent domine le monde et
change même les cœurs les plus purs.
— Tu n’es qu’un sale enfoiré !
— Oui, je sais, Mel, reconnait-il en s’allumant une
cigarette. On me le dit souvent.
— Te rends-tu compte que les vies de ces femmes seront
détruites à jamais ? grogne Mel en luttant contre les
cordes qui retiennent ses mains.
— Qu’est-ce que tu veux ? Il faut qu’il y ait toujours des
dommages collatéraux.

Des pas se font entendre derrière lui. Il se décale et laisse


venir vers nous, un homme, cintré dans un costume trois-
pièces exposant son ventre bedonnant et fumant un
cigare. Il nous regarde, le sourire aux lèvres.
— Tu as fait du bon boulot, Samuel, le félicite-t-il de son
fort accent mexicain. Tu viens de me prouver que tu es
digne de confiance. Ça mérite une énorme récompense.
— Merci, chef !

Il passe son regard sur chacun de nous et nous rejette la


fumée au visage.

— Ce sont donc ces gars qui ont donné du fil à retordre


au commissaire FRANKLIN et qui l’ont tué ?
— Exact ! Ils ont également éliminé Carlos.
— Ils sont forts, dis donc.
— S’ils l’étaient réellement, ils ne seraient pas
prisonniers en ce moment.
— Tu marques un point.

Ils rigolent tous les deux à leurs débilités.

— Je vous laisse terminer le boulot que vous avez si bien


entamé. Je retourne près de mes invités.
Il rejette une dernière fois la fumée vers nous et sort
comme il est entré.

— Bon, trêve de bavardage. Je dois retourner assister à la


vente aux enchères de ces délicieuses damoiselles. (À ses
hommes) Éliminez-les, débarrassez-vous des corps et
revenez à vos postes. Je m’occuperai de celui qui est à
l’intérieur, une fois identifié.

Il rejette la fumée sur nous et donne dos. Trois hommes


nous encerclent une fois la porte de l’entrepôt refermée.
Ils se dirigent tous vers la table où sont disposés des outils
de torture.

— Il est où ton plan B ? chuchoté-je à Carl.


— Je n’en sais rien, répond-il en chuchotant également.
Il ne répond pas.

Nous nous taisons quand les trois gars reviennent vers


nous.
— Alors par qui on commence ? questionne l’un en
passant son regard sur chacun de nous. Pourquoi pas le
plus baraqué ?
— Allez vous faire foutre, lance Carl.

Le type lui déchire l’épaule à l’aide du bistouri qu’il


tenait.

— Il en faut plus pour me faire mal, le nargue Carl.

Le type lui envoie une droite. Carl crache par terre et


sourit.

— C’est tout ? Si moi je t’envoie une droite, tu ne te


nourriras qu’à la paille.
— Tu penses pouvoir m’amadouer et me pousser à te
détacher ? rigole le garde. C’est bien tenté.
— Approche ! lui dit Carl.

Le garde fronce les sourcils.


— Approche, j’ai une confession à te faire avant de
mourir.

Le garde, tout confiant, commet la bêtise de se baisser au


niveau de Carl. Il reçoit aussitôt un coup de tête violent
dans le nez.

— MERDE !!!! hurle le garde. Je vais te tuer.

Il tente de poignarder Carl dans le cœur, mais ce dernier


dans un mouvement fait dévier la trajectoire du couteau
qui s’enfonce dans son épaule. Je profite de ce moment
de distraction pour tenter un truc suicidaire. Je me relève
difficilement et fonce sur le garde près de moi qui était
concentré sur l’autre spectacle. Nous tombons tous les
deux à la renverse. Le troisième me relève de force et
pointe son arme sur ma tempe.

— Vous voulez jouer aux durs, hein ? dit-il. On verra


bien qui commande.

Il me donne un coup de pied dans le creux de mon genou


et je me retrouve de nouveau à genou. Il pointe encore
une fois son arme sur ma tempe et charge. Je ferme les
yeux, attendant de recevoir une balle. Un grand vacarme
nous fait tous sursauter tout à coup.

— C’est quoi ça ? demande celui qui a poignardé Carl.

Des coups bruyants sont donnés sur la porte en fer. Celui


qui a son arme braquée sur moi et l’autre que j’ai renversé
décident d’aller jeter un coup d’œil. Ils prennent leurs
mitraillettes et sortent. Le troisième reste sur place à les
observer avec prudence. Dès qu’ils sont loin, Mel se jette
sur ses fesses en envoyant ses deux jambes balayer le
garde devant lui qui tombe brutalement en poussant un
cri. Rapidement, j’imite son mouvement en me jetant sur
mes fesses. J’emprisonne le cou du garde allongé au sol
entre mes jambes et je les serre fermement pendant qu’il
se débat. Mel rampe et tente de lui prendre son bistouri.
Après plusieurs secondes à lutter, le garde lâche prise. Il
est mort. Mel essaie tant bien que mal de couper sa corde
quand un bruit de pas nous fait encore sursauter. Nous
regardons l’entrée, croyant voir les deux gardes revenir.

— Salut les gars !


Nous soufflons de soulagement en voyant le petit
apparaitre.

— J’étais en train de partir vers la salle des caméras de


surveillance quand j’ai vu Carl se faire chopper. J’ai fait
demi-tour et je vous ai suivi jusqu’ici. Ensuite, je me suis
planqué entre les arbres…
— FERME-LA ET DÉTACHE-NOUS ! hurlons-nous
tous ensemble.
— Oh oui punaise, c’est vrai. Désolé !

Il court prendre un autre couteau sur la table et vient vers


moi en premier.

— Relève-moi, lui ordonné-je.

Il obéit prestement et s’acharne sur la corde tout comme


Mel avec la sienne. Nous entendons les voix des deux
gardes partis plus tôt.

— Dépêche !!! dis-je à l’autre en bougeant sur place.


— Les cordes sont beaucoup trop serrées.
Il continue de se démerder pendant que les pas des deux
gardes se font plus proches. Je regarde autour de moi et
je remarque une petite hache posée sur le bord de la table
dont la manche pend dans le vide. Je m’y rapproche
doucement en sentant les cordes lâcher.

— J’y suis presque, m’informe le petit. Encore cinq


petites secondes et…

Les deux gardes entrent et nous surprennent.

— C’est bon ! termine le petit.

D’un coup de pied, je tape la manche de la hache qui


virevolte dans les airs. Je la saisis en l’air, me retourne et
la lance en direction d’un des gardes. Elle s’enfonce droit
dans son front. Mel qui s’est détaché, ramasse rapidement
l’arme du garde couché au sol et tire dans la tête du
deuxième garde debout avant que celui-ci ne nous tire
dessus. Le petit siffle d’admiration.
— Mais vous êtes plus que Rambo. Dis, on pourrait rester
ami après toute cette histoire ? Je crois que j’aurais besoin
de vous pour casser la gueule à ces gars de mon quartier
qui n’ont cessé de m’humilier.
— Détache Carl, je lui ordonne en allant me servir sur la
table des outils.

Il revient à lui et s’exécute. Je fourre sur moi deux petites


haches et en garde deux dans mes mains. Mel se munit
en armes. Carl en fait de même, une fois libéré.

« — Messieurs… Vous m’entendez ? »

Nous touchons nos oreillettes.

« — Ça fait un moment que vous êtes silencieux. Est-ce


que tout va bien ? » s’inquiète Monsieur YOUL
— Nous nous sommes fait avoir par Samuel, répond Mel.
Mais nous sommes prêts à rentrer dans le bâtiment. Avez-
vous vu les femmes ?
« — Toutes, sauf la femme de… Brad. Je sors des toilettes
avec Madame ANDERSON et elle m’a informé qu’elle ne
pourrait pas sortir avec moi parce que la femme de Brad
serait sur le point d’accoucher, de ce fait, il lui sera
difficile de s’échapper aussi facilement. »

Mon sang ne fait qu’un tour. Les autres me regardent,


attendant ma réaction. Je pose mes outils sur la table,
retire mon tee-shirt que j’attache sur ma tête.

« — Puisque le flic nous a entubés, c’est quoi le plan


maintenant ? Parce qu’il va sans doute me dénoncer
également. »

Mel veut parler, mais je l’interromps.

— Au diable les plans doux. Prenez celles qui sont


disponibles et foutez le camp à notre signal. Nous, nous
allons rentrer. Carl et Mel se chargeront de faire le
nettoyage et récupérer les autres filles. Moi, je vais
chercher ma femme. Il est hors de question qu’elle
accouche au milieu de ce bordel.

Je récupère mes deux haches et je sors.


19

23 HEURES

***EL JEFE

— Vous là, allez jeter un coup d’œil à vos amis dans


l’entrepôt, ordonne Samuel à ses hommes.

Ceux-ci s’exécutent une fois l’ordre donné.

— Nous devons trouver le dernier intrus, dis-je à Samuel


pendant que nous retournons dans la salle où se déroule
la soirée.
— Nous le retrouverons bien assez tôt.
— Tu n’as toujours pas une idée de qui ça pourrait être ?
— Absolument pas. Je ne lui ai parlé qu’au téléphone. Ils
n’ont pas donné plus de détail concernant sa nouvelle
identité. Mais je pourrai le reconnaitre pendant les
enchères. Je connais les noms de celles pour qui il doit
payer.
— Reste donc près de moi.
Nous entrons dans la salle où tout le monde m’attend
pour lancer les enchères. Je promène mon regard sur tous
les visages espérant détecter l’intrus. Difficile tâche, car
il y a quatre nouveaux partenaires et je ne peux deviner
lequel c’est.

— Veuillez m’excuser, mes chers amis, leur dis-je en


montant sur l’estrade. J’avais certaines affaires urgentes
à régler. Nous pouvons maintenant commencer.

***MEL

Je suis Brad qui est déjà sorti sans attendre nos réactions.
Il a raison. Nous n’avons plus de temps à perdre dans les
plans. Nous devons aller droit au but sans tergiverser.

— Mais où nous ont-ils conduits, ces imbéciles ?


grommèle Brad en se fondant parmi les arbres.

De notre position, nous pouvons voir le bâtiment où se


déroule la soirée. Nous sommes toujours dans la
demeure, pas très loin. Les autres nous rejoignent, mais
nous n’allons pas bien loin quand nous tombons nez à nez
avec trois gardes. Dès qu’ils nous voient, ils se mettent à
nous tirer dessus. Le premier réflexe est de se mettre à
l’abri derrière les arbres. Nous nous protégeons derrière
les arbres. Nous entendons les pas de nos adversaires
s’approcher. Je contourne mon arbre et je prends par
surprise l’un des gars. Je le désarme et lui tire une balle
dans la tête. Je tourne vers mes partenaires qui ont déjà
neutralisé les autres gardes. Nous n’avons pas le temps
de souffler que d’autres gardes, plus nombreux, courent
vers nous en tirant des rafales de balles. Cette fois, la
guerre est déclarée. Une chance que nous soyons au
milieu d’une petite forêt pleine d’arbres qui nous
permettent de nous protéger. Les balles atterrissent dans
les arbres. Je peux sentir certaines balles passer pas très
loin de mon visage. J’attends un moment propice et sors
de ma cachette. Je tire sur deux et me planque de nouveau
derrière un autre arbre. J’attends encore et refais la même
chose. J’en tue trois et je vois d’autres gardes venir en
courant.

— BRAD !!!

***BRAD
Je tourne la tête vers Mel qui visiblement me demande de
trouver un plan. Je ramasse une pierre et la lance. La
réaction des gardes est celle que j’attendais. J’en vois
quelques-uns se retourner vers le bruit. Je sors de ma
cachette et fonce sur eux. Le bruit de mes pas les fait
revenir vers moi. Je cible d’abord deux et je lance mes
deux petites haches qui se logent droit dans leurs têtes. Je
sors la troisième que j’avais fourrée dans l’une de mes
poches et la lance droit dans l’œil d’un autre garde. Un
autre se tourne vivement vers moi avec son arme. Je
glisse sur mes genoux, ramasse l’arme d’un garde mort
et crible son ventre de balles. Je termine les minutions sur
un autre qui tirait en direction de Mel. Il y en a encore qui
arrivent.

— Mais merde, combien sont-ils ?

Je reviens sur mes pas et je récupère mes haches. Cette


fois, je cours vers les bandits sans attendre qu’ils viennent
à moi. Je leur tranche la gorge un par un sans m’arrêter.
J’ai du sang plein les bras. Je tue le dernier bandit et me
planque derrière un arbre en voyant un autre courir vers
moi. J’attends qu’il arrive à mon niveau et je contourne
l’arbre en sortant un couteau de ma chaussure.
— Hey ! dis-je derrière lui.

Il se retourne et j’enfonce le couteau dans son œil. Je


tourne la larme, fais sortir le couteau et le plante dans sa
gorge. Le sang jaillit sur mon visage. Je laisse tomber le
corps et recule. Je récupère sa mitraillette en attendant ses
coéquipiers qui continuent d’affluer.

***CARL

Je suis à court de munitions. J’entends des armes craquer


également. Je jette un coup d’œil et remarque deux
hommes qui vérifient leurs armes. C’est le moment ou
jamais. Je fonce sur le plus proche de moi et lui envoie
une droite puis une gauche, qui le fait tomber dans les
pommes, avant d’envoyer mon pied dans le ventre du
deuxième qui laisse tomber sa cartouche de balles. Je lui
agrippe le col puis le bas de son pantalon et le soulève
par-dessus ma tête. Je le lance telle une boule de bowling
vers d’autres gardes qui accouraient dans ma direction.

— DERRIÈRE TOI !!! me hurle le petit qui s’est planqué


derrière un arbre.
Je fais volte-face et d’un coup de poing, je brise le nez de
celui qui venait par surprise derrière moi. Je le saisis par
le col et l’utilise comme bouclier contre les balles qui me
sont tirées dessus par son collègue. Je fonce vers ce
dernier en gardant mon bouclier humain devant moi bien
qu’il soit mort. Une fois à son niveau, je dégage le
bouclier puis envoie ma tête dans celle de celui qui me
tirait dessus. J’arrache son arme, l’arrose, me tourne et
arrose ceux qui avaient été terrassés sous la boule de
bowling humain. Je jette un coup d’œil vers le petit.

***ANGÉLAS

— PETIT, BAISSE-TOI !!! me hurle Carl.

Je me baisse juste à temps avant que les balles ne volent


au-dessus de ma tête.

— Oh, Jésus Marie Joseph !!! Qui m’a dit de me mêler


des affaires des autres !!!!
— ANGELA !!! hurle de nouveau Carl.
— Non, c’est Angé…
— DÉGAGE !!!

Il me pousse si fort que je tombe. Je lève la tête et je le


vois tuer deux gardes et faire une prise au troisième. En
un seul coup, il lui brise la nuque.

— Oh, punaise !!!

Il me tend la main et me relève avec force.

— Comment faites-vous pour…


— Attention !!! hurle-t-il de nouveau.

Je me retourne et un coup de fusil est tiré dans ma


direction. Je ressens une brûlure au niveau du ventre. Je
m’écroule.

— OH MON DIEU !!! JE SUIS MORT !!! pleuré-je en


me tortillant dans la broussaille. Vierge Marie, ayez pitié
de mon âme !!! Je n’avais pas prévu mourir ainsi. Je n’ai
pas encore connu l’amour. Pourquoi permettre que je
meure maintenant ???
— Oh, petit ! Relève-toi ! m’ordonne Carl. Tu as porté un
gilet.
— Quoi ?

J’ouvre les yeux.

— Oh ! Je suis encore en vie ?

Je m’assieds et relève mon tee-shirt.

— Oups ! J’ai cru que j’étais mort, dis-je en rigolant.


— Debout ! Nous devons avancer.

Il m’aide à me relever. Je siffle en admirant le carnage.


Merde ! Ils ont tué tous ces gardes ? Je siffle de nouveau.
Comme toujours, c’est Brad qui donne encore le mot
d’ordre pour que nous y allions. Il ouvre encore la
marche. Carl ramasse une petite arme et me la tend.

— Garde ça sur toi. Ça pourrait t’être utile.


Il la pose dans ma main sans attendre que je la prenne.
Nous sommes proches de la sortie de cette petite forêt
quand trois autres hommes sortent devant nous. Mais
ceux-ci sont lourdement armés.

— Mais ils ne finissent pas ou quoi ? Je me plains, épuisé


de toutes ces actions.
— Oh shit ! jure Carl.

Avant que je ne comprenne ce qui se passe, Carl me


projette d’un coup de bras et lui et les deux autres courent
se mettre à couvert. Je comprends ce qui se passe
lorsqu’une rafale de balles, dont le bruit est plus
assourdissant que les précédentes armes, est tirée contre
nous. Putain ! Je crois que ce sont de grandes mitraillettes
de guerre. Cette fois, nous allons mourir.

***TERRY YOUL

Le bruit des armes qui retentit depuis un moment sème la


panique chez tout le monde dans la salle. Je regarde
Trisha et lui fais un léger signe de la tête. Elle en fait de
même.
— Les gars ! chuchoté-je dans mon micro. Que se passe-
t-il ?
« — Nous sommes pris dans un putain de piège. » hurle
Brad.
— Qu’est-ce que je fais maintenant ? Je ne peux pas
m’échapper avec les filles. Il y a des gardes partout.
« — Donnez-nous quelques minutes pour intervenir,
renchérit Mel. Là, nous ne pouvons rien faire. »

Je jette un coup d’œil autour de moi en analysant les


choses mentalement. Je serre les dents parce que je ne
peux rien faire également au risque de me faire tuer. El
Jefe donne des ordres à certains de ses hommes présents
et ils sortent en courant. Il sort une arme et tire en l’air,
provoquant la panique chez tous.

— Il y aurait un intrus dans cette salle. Qu’il se dévoile


ou je tue l’une des filles présentes.

Des chuchotements remplissent la pièce. Tout le monde


s’interroge.
— Je compte jusqu’à cinq.
— Mais que racontes-tu ? interroge le gouverneur Patrick
BUSH que j’ai évité toute la soirée pour ne pas me faire
démasquer.
— Il y a parmi nous, un homme qui est là pour sauver sa
femme et celles de ses amis. Alors, je veux savoir qui
c’est ou je tue toutes les nouvelles recrues. Je m’en
trouverai d’autres d’ici 24 heures. Je n’ai donc rien à
perdre.

Une bouffée de chaleur m’irradie le corps au point


d’avoir les mains moites. Qu’est-ce que je fais, putain ?

— Un… deux… commence-t-il le décompte… Trois…


quatre… et cinq.

Il tire dans la tête d’une fille qui se tenait tout près de


Trisha. Celle-ci reçoit des gouttes de sang sur son visage.
Je sursaute en même temps que tout le monde. Trisha et
toutes les filles se mettent à hurler.

— Mais bordel, calme-toi ! hurle un autre invité à El Jefe.


— Il n’est pas question que je me calme quand une bande
d’enfoirés essaie de gâcher mon business.

Il pète un câble et monte sur l’estrade. Il enjambe le corps


sans vie allongé et tire Trisha par les cheveux vers lui
avant de lui mettre le bout de son arme sur la tempe. Cette
fois, je sens mon corps se consumer.

— Il va tuer ma femme, chuchoté-je à l’oreillette en


luttant contre cette angoisse qui me comprime le cœur.

Je les entends lancer de gros mots en désordre. Je relève


les yeux vers ma femme. Elle me regarde et pleure. Je me
maudis d’être impuissant. Tous les pires scénarios me
passent par la tête. Non, les choses ne peuvent pas se
passer ainsi. Je ne peux pas une deuxième fois perdre une
femme.
20

23 HEURES 30 MINUTES

***BRAD

Les tirs continuent de plus belle et si nous commettons


l’erreur de lever un doigt, nous mourrons à la seconde. Il
nous faut maintenant un miracle ou c’est la fin.

Alors que je fais une prière intérieure, je perçois


subitement, d’autres bruits d’armes, différents de celles
qui nous tirent dessus et un bruit de moteur. Mel me
regarde en fronçant ses sourcils. Je crois qu’il a aussi fait
la même remarque. Un silence se fait tout à coup. Plus
aucun tir, plus aucun bruit. Je prends le risque de jeter un
coup d’œil et c’est avec surprise que je vois…

— Dwayne ?
— Alors, on fait la fête sans nous ?

Il saute du pick-up du milieu duquel il se tenait debout.


— Mais… que fais-tu là ? je lui demande en sortant de
ma cachette.

Les portières de la voiture s’ouvrent et trois autres de nos


gars en sortent.

— Que faites-vous là ? je demande, de plus en plus


surpris en avançant vers eux. Comment vous nous avez
retrouvés ?
— Tu oublies qui nous sommes ? rigole-t-il.

Mel s’approche à son tour.

— Toi, ta mère va t’étriper lorsque vous vous verrez,


annonce Dwayne à Mel.

Mel ouvre la bouche quand il est interrompu par des tirs.

— Je crois que les retrouvailles seront pour plus tard, dit


toujours Dwayne en chargeant sa mitraillette. Le combat
reprend.
Il se met à tirer en direction des hommes qui venaient vers
nous. Une chose sur laquelle Samuel n’a pas menti, c’est
que les gardes sont d’un très grand nombre pour nous.
Dwayne extermine les premiers qui couraient vers nous.
Il nous lance un sac que je reconnais. C’est tout notre
arsenal qui s’y trouve. Je prends mes éléments à moi et
glisse deux armes dans mon dos ainsi qu’une grenade, au
cas où. Les autres viennent se servir.

— Nous devons rapidement monter avant que ce fou ne


tue d’autres femmes, dis-je en me précipitant vers le
bâtiment tout en maniant deux petites machettes.
— Wilson s’en occupe, dit Dwayne, un sourire en coin.

***TERRY YOUL

« — Monsieur YOUL ! Je suis Wilson, sniper, je suis dans


votre camp. Nous avons interféré avec vos micros à
partir de celui de votre garde. Soyez prêt à vous en fuir
avec les dames. Maintenant, avancez vers la scène si
vous me recevez. »
J’avance lentement même si je ne connais pas ce Wilson
en question.

« — Soyez prêt. À cinq, vous foutez le camp. Faites


légèrement oui de la tête. »

J’obéis encore une fois.

— Je vais compter jusqu’à cinq, gueule de nouveau El


Jefe, de plus en plus furieux. Un…
« — Cinq. Go. »

Un homme saute par surprise sur l’estrade devant El Jefe


et se fait exploser la tête. La balle termine tout de même
sa course dans le cou du chef. Tous les deux hommes
s’écroulent. Les cris s’élèvent de partout. J’entends le
sniper lancer un gros mot dans l’oreillette.

— Trisha ! Venez !

Je prends la main de ma femme qui saute de l’estrade et


nous profitons du grabuge pour nous diriger vers la sortie.
Un garde veut s’interposer, mais il reçoit également une
balle entre les yeux. Je jette un coup d’œil derrière moi et
je vois certaines des autres filles qui étaient sur la scène
nous suivre. Elles sont cinq en tout, y compris ma femme
et la fille de Carl ANDERSON.

— Les gars, dis-je dans mon micro. J’aurai besoin d’être


dirigé pour sortir d’ici. Cet endroit est un vrai labyrinthe.

Nous voyons un garde venir dans notre direction. Nous


nous planquons assez rapidement avant d’être repérés.

***ANGÉLAS

— À toi de jouer, petit, me lance Carl.

Il court derrière moi jusqu’à l’intérieur du bâtiment. Nous


rencontrons des gardes sur qui il tire sans sourciller. Il me
demande ensuite de continuer tout seul pendant que lui
s’occupe d’éloigner les gardes. Je me précipite donc vers
la salle de surveillance. Je tombe nez à nez avec un autre
garde. Il lève son arme contre moi, mais avant qu’il ne
tire, c’est moi qui le fais. Je sursaute aussitôt le tir parti.
— Oh punaise !!!

Je me suis brûlé en tirant. Je laisse l’arme tomber en


même temps que mon adversaire qui malgré ma
maladresse a reçu la balle. J’entre dans la salle et
m’installe devant les multiples caméras.

— Monsieur YOUL, c’est Angélas. Vous me recevez ?


« — Angela ? »
— Non c’est Ang… Pff, laissez tomber. C’est parti !

***ANNA RODRIGUEZ

Le chef est mort, c’est encore mieux que je l’espérais. Je


peux donc disparaitre sans craindre d’être pourchassée
par les hommes du chef. Je profite du grabuge pour courir
vers la chambre d’El Jefe. Je me dirige directement vers
son coffre-fort situé dans son dressing. À l’aide du code,
j’ouvre le coffre et fourre dans un grand sac noir tout le
pactole qui s’y trouve. Il y en a pour des millions de
dollars, assez pour recommencer une nouvelle vie loin.
Je ramasse également tous ses bijoux en or et en diamant.
Ce vieux con croyait vraiment qu’une belle et jeune fille
comme moi ferait ma vie auprès de lui. Quel bel
imbécile !

Je cale le sac, devenu très lourd, sur mon épaule. En


sortant, je tombe sur Samuel qui s’apprêtait à entrer.

— Je savais que je te trouverais ici, dit-il tout essoufflé.


Tu as tout ?
— Oui, dans ce sac, je réponds en tapotant le sac en
question. On y va ?
— Pas si vite. C’est la jungle là dehors. Il nous faut nous
protéger au maximum pour pouvoir nous en tirer. La
jeune fille enceinte va la chercher et…
— Pour quoi faire ? Si c’est pour les bébés, on peut se
trouver…
— Non ce n’est pas ça. Elle est notre assurance. Personne
n’osera nous faire de mal si nous la tenons en otage.
— Tu n’as pas tort.
— Va donc la récupérer, moi je récupère les papiers des
comptes fictifs du chef. On se retrouve à l’arrière.
— Ça marche !
Je lui donne le sac. Nous échangeons un baiser avant de
nous séparer.

***LORAINE

Je retire ces fichus talons hauts et cours pieds nus en


direction de la chambre où se trouve Kylie. J’entre en
fracas dans la chambre et la trouve branchée de partout et
en robe de chambre. Elle est surtout en pleurs.

— Loraine, je t’en prie, sors-moi d’ici. Ils veulent me


prendre mes bébés.

Je retire tout sur elle et la relève.

— Nous devons sortir d’ici. C’est le carnage dehors. Nos


hommes sont déchaînés comme jamais. Où sont les
docteurs ?
— Aucune idée. Ils sont sortis quand ils ont entendu des
bruits. Tu as vu Brad ? demande-t-elle dans un
gémissement douloureux.
— Ni lui ni mon homme. Mais Trisha, Jess et quelques
filles se sont barrées avec monsieur YOUL. Nous devons
trouver le moyen de sortir d’ici sans nous faire prendre
en espérant rencontrer l’un des nôtres.

Je constate qu’elle a du mal à se tenir droite. Le travail a


vraiment débuté.

— Tu dois faire un effort, ma puce. Nous allons y arriver.

Elle forme ses poings pour se donner de la force. Dès que


nous sortons de la pièce, nous rencontrons María.

— Oh mon Dieu ! C’est la folie à l’entrée, dit-elle toute


paniquée. Je ne sais pas qui sont ces hommes, mais ils
sont comme fous et tire sur tout ce qui bouge. Nous allons
tous mourir. Je ne…
— Hé hé oh stop ! Calme-toi ! Ces hommes sont là pour
nous sauver. Aide-nous à sortir d’ici.
— Vraiment ? Mais il y a d’autres filles séquestrées dans
le sous-sol.
— Conduis-nous à une des sorties et tu reviendras les
chercher, s’il te plaît ! Elle est sur le point d’accoucher.
Nous devons la conduire à l’hôpital.
— D’accord.

Elle tient Kylie de l’autre côté et nous suivons ses


instructions. Nous sommes malheureusement obligées de
marquer des pauses entre les moments de contractions
qui deviennent de plus en plus intenses.

— Je ne crois pas que je pourrai y arriver, nous dit Kylie,


tout essoufflée. Vous devez y aller sans moi.
— Il n’est pas question que je te laisse ici. Je me suis
portée garante de toi et j’honore toujours mes
engagements. Viens, on continue.

Les bruits d’armes ne cessent toujours pas. Sans avoir vu


la scène, je peux affirmer que c’est un vrai bordel dehors.
Kylie se relève à peine qu’un garde apparait devant nous.
Sans trop réfléchir, je sors l’arme que j’avais fourrée dans
ma jarretelle sous ma robe et lui tire deux fois dessus.
Nous pouvons reprendre le chemin. Mais une autre
contraction nous oblige à nous arrêter.
— Tout va bien, ma puce, la rassuré-je en caressant son
dos. Tout ira bien.

Elle souffle plusieurs fois et se redresse. Nous reprenons


la marche, mais pas pour longtemps. Nous rencontrons
par malheur cette pimbêche. Elle lève automatiquement
son arme sur nous.

— Où comptiez-vous aller comme ça ? Lâchez-la !

Je veux détacher mon emprise, mais Kylie me serre


contre elle.

— Fais-moi confiance ! je lui chuchote en me séparant


d’elle malgré tout.

Je fais deux pas de côté pendant que María se détache à


son tour. J’observe sa main qui tient larme. Cette
connasse va vraiment tirer. Je profite du fait qu’elle soit
occupée à regarder Kylie se tortiller de douleur pour me
jeter sur elle par surprise. Je lui attrape d’entrée de jeu sa
main tenant l’arme et la soulève. Le tir part dans le vide.
— María, va-t’en avec elle ! je lui hurle en saisissant
fermement cette Anna qui se débat pour se libérer.

L’arme finit par lui échapper. J’attends que les filles


soient hors de vue pour donner un bon coup de tête dans
le nez de cette connasse. Elle dandine en arrière en se
tenant l’arête du nez.

— Espèce de salope ! m’insulte-t-elle. Je vais te tuer.

Elle veut ramasser son arme, sauf qu’en voulant l’en


empêcher, mon pied balance l’arme dans les escaliers. Je
ne m’y attarde pas. Je récupère la go et la bastonne
copieusement. Elle ne fait que hurler sous moi pendant
que je la roue de coups. Quand je la sens affaiblie, je la
laisse et me dirige vers les escaliers. Contre toute attente,
elle m’attrape le pied et je dégringole dans les marches
avant de me heurter violemment le crâne contre le mur et
de m’évanouir.

***TERRY YOUL
« — Tournez à votre gauche, il y a un garde qui vient
dans votre direction. »

Je tourne et tire sur le garde. Les filles me suivent,


alignées derrière moi. Trisha me tient fermement la main.

« — Monsieur YOUL, un autre garde. »

Je lève mon arme et dès que je vois quelqu’un apparaitre,


je tire en visant la tête. Plus de balles. Je jette l’arme.
Avant que je ne puisse ramasser une nouvelle arme, un
autre garde fait son entrée. N’étant pas lui aussi armé, il
me saute dessus. J’esquive son coup de poing et lui en
donne un. Il sort un couteau de nulle part et déchire la
manche de ma veste en voulant me blesser.

— Espèce d’enfoiré ! Tu sais combien il m’a coûté ce


costume ?

Je prends le risque de foncer sur lui pendant qu’il


continue de balancer le couteau contre moi. Il déchire
cette fois ma chemise au niveau de ma poitrine. Je lui
saisis le bras fermement et enfonce mes doigts dans son
poignet jusqu’à ce qu’il lâche le couteau. Je le ramasse et
l’enfonce dans son ventre. Je le pousse au sol, mets de
l’ordre dans ma tenue abimée et je continue mon chemin
avec les filles.

— Enfoiré de fils de pute ! dis-je en sautant le corps sans


vie.

Celui qui me parle dans l’oreillette donne des instructions


également aux autres avant de revenir vers moi.

« — Monsieur YOUL, tournez à votre gauche, descendez


les escaliers et passez la porte à votre droite. Il y a deux
gardes non armés qui se sont réfugiés là. Après ça, vous
êtes dehors. »
— Ça marche ! Rico, tu es là ?
« — En position, Boss. » me répond mon fidèle garde.
— Rapproche ma Lamborghini. Le petit te conduira à
nous.
« — J’arrive. »
Je demande aux filles de se coller au mur. J’ouvre la porte
d’un coup de pied et vide le chargeur de l’arme sur les
deux hommes. Je prends la main de ma femme et nous
sortons. Je les entends soupirer de soulagement quand
nous sommes dehors. Je vois de loin les phares d’une
voiture. Je suis tellement concentré à observer que je ne
vois pas le garde qui me tombe dessus à surprise. Je
reçois un coup de poing en pleine face quand je tourne la
tête vers lui. Je lâche la main de Trish en titubant. Il fonce
sur moi en envoyant un autre coup de poing, mais je me
baisse et lui en donne deux dans ses côtes. Il part en
arrière puis au moment de revenir vers moi, Trisha
l’assomme avec une pierre qui traînait là. Rico gare au
même moment la voiture et en sort à la hâte.

— Montez ! j’ordonne aux filles.

Trisha aide les trois filles à monter à l’arrière.

— Jean vous attend pour vous escorter, m’informe Rico.


Allez-y ! Je vous couvre.

Je grimpe dans la voiture en même temps que Trisha et je


décampe à la vitesse de l’éclair. Je sens tout le monde
soupirer quand nous sortons de la concession. Je vois un
peu plus loin la voiture avec laquelle je suis venu. Jean y
est à l’intérieur et n’attend que nous. Je lui fais des signes
de phare pour le rassurer que c’est moi et je gare à son
niveau. Je coupe le contact, me tourne vers ma femme et
la prends dans mes bras. Elle éclate en sanglots. Je la
serre tellement fort que j’en ai mal à la poitrine, mais je
m’en fiche tellement. J’ai enfin ma femme dans mes bras.

— Je t’aime, Trish ! Je t’aime à en mourir.


— Je t’aime aussi, mon amour, répond-elle entre deux
hoquets.

Je prends sa tête en coupe et lui essuie les yeux.

— Pardonne-moi de n’avoir pas été là. Si j’avais été


présent…
— Chut ! Non, ne te blâme pas. Tu m’as sauvé la vie.
C’est le plus important.

Elle m’embrasse brièvement. Je retire ma veste et la


couvre.
— Jean va vous conduire dans un lieu sûr.
— Tu ne viens pas ?
— Je dois aider les autres à libérer toutes les autres filles,
y compris leurs femmes. Mais je te reviendrai bien assez
vite.
— Tu me le promets ?
— Je te le promets ! Viens là !

Je la serre de nouveau contre moi et je sors. Jean et moi


échangeons les voitures. Je monte dans la Range Rover
et retourne au point de départ.
21

MERCREDI 00 HEURE

***EL JEFE

J’ouvre les yeux et avec soulagement je remarque que je


suis en vie. Je touche mon cou et je vois beaucoup de
sang. Je crois que la balle m’a traversé ou m’a juste
effleuré. Je balance le corps loin de moi et me relève. La
salle est vide. J’entends des bruits de tirs là dehors. Je
dois absolument sortir d’ici. Une chance que j’aie mes
sorties secrètes. Mais avant, je dois régler le compte de
tous ces malheureux. Je n’ai pas encore dit mon dernier
mot. J’entre dans la salle annexe à celle où je suis et
j’ouvre une porte secrète menant au sous-sol. Il serait
risqué de me rendre dans ma chambre. Je récupère le peu
d’argent que j’avais gardé dans un petit coffre secret plus
mon arme. J’entends appeler de l’aide de l’autre côté du
mur. Je dois voir si Sam se trouve dans son bureau. J’y
vais donc sous les cris des filles qui me supplient de les
libérer.

— Vous ne sortirez jamais d’ici. Vous allez toutes crever,


espèce de salopes.
J’entre dans le bureau que je trouve vide. Je jette un coup
d’œil sur son écran de surveillance. C’est un vrai bordel
dehors. Les intrus ont assiégé le bâtiment. Ils auront une
grosse surprise. Je sors un briquet de la poche de ma veste
et j’allume le feu sur le siège. Dommage que je n’aie pas
d’essence. Je les aurais toutes cramées illico. Je vais donc
espérer qu’elles meurent asphyxiées. Je sors en courant
pendant que la fumée commence à se propager. Je
remonte cette fois par la voie normale. Je me souviens
tout à coup d’un détail. J’avais fait installer des
détonateurs un peu partout sous ce bâtiment pour le
détruire en cas d’urgence.

— Bingo !

On verra bien comment la police trouvera des preuves


contre moi. Je sors mon portable de ma veste et j’active
les bombes. Je suis désolé pour tous les autres, Anna y
compris. S’ils doivent périr pour me sauver la peau, tant
mieux. Je range mon portable et cours vers la sortie
arrière avec ma mallette.

***CARL

J’avance avec précaution, en gardant mon arme bien


tendue. J’ai les vêtements tout déchiquetés et sales. Je
crois même que je suis blessé à quelques endroits.
J’arrive devant des escaliers. Je les entame et je vois un
corps de femme allongé au pied des marches. Je descends
vers elle sans mettre de côté ma prudence. Elle se met à
bouger. Je tiens fermement mon arme, prêt à dégainer.

— Tout va bien ? je lui demande.

Elle geint de douleur en se levant.

— La vache ! dit-elle.

Mon corps se crispe quand je reconnais sa voix. Elle se


retourne.

— Oh mon Dieu ! Loraine !

Je la prends dans mes bras avant qu’elle ne lève les yeux.

— Carl ? Oh Dieu ! Mon amour ! Je suis si heureuse de


te voir.
Je serre son si petit corps de plus en plus fort contre moi.
Nous restons entrelacés de longues minutes. Je prends
son visage en coupe et l’embrasse.

— Tu m’as tellement manqué, lui dis-je.


— Toi aussi !

Elle sursaute tout à coup.

— Et Jess ?
— Elle est hors de danger. Viens que je te conduise
dehors.
— Non, nous devons retrouver Kylie. Elle va accoucher.
— Je te ramène dehors et je reviens la chercher. Les
autres gars pourront également la retrouver.
— Non, je veux la retrouver moi-même. Carl, elle est tout
apeurée.

Un coup de feu se fait entendre, suivi d’un cri.

— Ce doit être elle ou María. Allons voir, je t’en supplie.

***ANGÉLAS
— Les gars, il n’y a plus de garde vers vous. Vous pouvez
donc circuler sans rien craindre.

Je promène mon regard sur les différents écrans et je vois


deux femmes apparaitre.

— María ! chuchoté-je.

Je la reconnais malgré les années de séparation. Elle tient


une femme enceinte qu’elle aide difficilement à marcher.

— Brad, ta femme se trouve à une vingtaine de mètres de


toi.

Une apparition sur un autre écran attire mon attention.

— La vache ! Les gars, le chef n’est pas mort. Il est en


train de se faire la malle. Il est…

Je vois le flic ripou apparaitre soudainement devant


María et il lui tire dessus.

— NON !
« — C’était quoi ce coup de feu ? » demande Brad avec
anxiété.
— Cet enfoiré de flic a tiré sur ma sœur, dis-je la voix
tremblante.

Je sors de là en courant. Je ne peux pas perdre ma sœur


maintenant que je l’ai trouvée. J’arrive à son niveau au
même moment que Carl et sa femme. María baigne dans
son sang en pleurant.

— María !
— Angélas, m’appelle-t-elle faiblement. Tu m’as
trouvée ?
— Oui, María, je réponds en laissant mes larmes couler.
Abuela est impatiente de te serrer dans ses bras. Tu dois
rester forte, pour l’amour de notre Sainte Vierge. Tiens
bon.

Carl veut me dégager, mais je résiste.

— Laisse-moi l’aider sinon elle mourra, me hurle-t-il


dessus.
Je le laisse et m’assieds sur mes fesses. La femme de Carl
s’agenouille près de María. Carl exerce une pression sur
son ventre, exactement là où elle a reçu la balle.

— Tout va bien se passer, ma chérie. Où est Kylie ?


— Sam… Samuel et Anna l’ont emmenée. Ils veulent
la… prendre comme… bouclier pour s’en fu… fuir. Vous
devez la sauver. Ils la tueront.

Brad qui arrive à peine se met à courir dans la direction


inverse après avoir entendu les propos de María. Celle-ci
ferme subitement les yeux. Je me mets à paniquer.

— María ! Non, María ! Ouvre les yeux.


— Nous devons la conduire à l’hôpital de toute urgence,
hurle Carl en la soulevant dans ses bras. Elle perd
beaucoup de sang.

Nous courons tous les trois vers la sortie. Dès que nous
franchissons la porte, nous voyons arriver des voitures de
police et des ambulances. Certains hommes présents pour
la soirée sortent du bâtiment, pensant ne pas se faire voir.
La police leur intime l’ordre de se mettre à genou. Carl
se dirige vers l’une des ambulances dans laquelle María
est vite prise en charge. Je monte avec elle.
— Tiens bon, petit, me fortifie Carl. Elle s’en sortira.
— Merci !

Je m’assieds sur la banquette et les portes se referment


sur nous avant que l’ambulance ne démarre.

***CARL

— Il y a des filles dans le sous-sol, j’informe les flics.


Nous devons les sortir de là.

Comme un seul homme, mes frères de combats ainsi que


les flics, nous courons à l’intérieur ainsi que quelques
policiers. Après un moment à chercher l’entrée du sous-
sol, nous la trouvons enfin. Mais impossible pour nous
d’y descendre, car une fumée aveuglante s’y est
propagée. Nous entendons les voix des filles qui nous
appellent à l’aide en toussant à s’en briser les cordes
vocales.

— Je remonte prendre des masques à masques à gaz,


nous hurle l’un des policiers.
— Nous n’avons pas le temps pour attendre que vous
reveniez, dit le nouveau venu, Dwayne. Elles vont
s’asphyxier.
Il descend en premier en s’attachant le nez avec son
vêtement. Nous faisons de même et le suivons. Il nous est
difficile de voir quoi que ce soit. Nous suivons donc les
voix.

— Nous sommes là pour vous sauver, hurle un flic. Où


êtes-vous ?
— Nous… sommes enfermées dans… les cellules,
répond une voix entre les toussotements. Aidez-nous.
Certaines ont déjà perdu connaissance.

Nous nous rapprochons des cellules et tentons de les


ouvrir, mais elles sont scellées avec des cadenas. Nous
lançons tous des jurons.

***BRAD

Je sors par l’arrière et je vois Samuel et une autre femme


s’enfuir vers une voiture en tirant Kylie qui se tord de
douleur. Je ne peux malheureusement pas tirer au risque
de la toucher.

— Wilson, j’ai besoin de toi, dis-je dans mon micro en


accélérant mes pas.
« — Je n’arrive pas à les avoir à cause des arbres.
Attends, je me déplace et je te préviens. »
— Fais chier !

J’accélère encore plus mes pas.

— HEY ! je leur hurle pour essayer de les ralentir.

Ils se retournent et Sam confie Kylie à sa complice avant


se mettre à tirer sur moi. Je m’abrite et j’attends qu’il
finisse pour ressortir de ma cachette. Je les vois monter
dans une voiture. Je me mets à courir quand quelqu’un
me rentre dedans comme un taureau, me propulsant assez
loin. Je ressens une vive douleur dans mon côté. Je tente
de me relever quand je reçois un violent coup de pied
dans le ventre. Il veut m’en envoyer un autre, mais je
roule loin de lui et me relève. C’est à ce moment que je
reconnais le type de la boîte de nuit qui a enlevé ma
femme. Une envie de vengeance s’empare de moi. Cet
enfoiré a osé poser ses sales pattes sur ma femme. Je fais
un mouvement rapide vers lui, lui faisant croire que je
veux l’attaquer, et je recule aussitôt quand je le vois
réagir. Il m’envoie son poing. Je le saisis, donne un coup
de pied sur son genou. Il hurle et tombe à mes pieds. Je
brise le bras que je tenais, je passe derrière, je prends une
grenade que j’avais accrochée à ma ceinture, je retire le
bouchon et glisse la grenade dans son tee-shirt fourré
dans son pantalon.
— Plus jamais tu ne toucheras à ma femme.
— Qu’as-tu glissé dans mon vêtement ? demande-t-il
tout paniqué.

Je m’éloigne en courant pendant qu’il se débat pour


retirer la grenade. Il ne faut pas plus de temps pour qu’il
explose et devienne de la chair à pâté. Je touche mon
oreillette, mais elle n’est plus là. J’ai dû la perdre dans la
bagarre. Je vais devoir me débrouiller seul. Je jette un
coup d’œil dans la direction où sont partis les autres avec
ma femme et je ne les vois plus.

— MERDE ! MERDE ! MERDE !

Il me faut les rattraper avant qu’ils disparaissent.

***LORAINE

— Avez-vous eu des nouvelles de celle qui est enceinte ?

Je pose la question à plusieurs qui semblent ne pas


m’entendre. Tout le monde est préoccupé par les filles
qui sont encore dans le bâtiment. Je les comprends, mais
je ne peux m’empêcher d’être morte d’inquiétude pour
Kylie. J’ai fini par m’attacher à cette petite et j’aurai
vraiment mal si quelque chose de très grave lui arrivait
ainsi qu’à ses bébés. C’est un véritable bordel en ce
moment. Plusieurs flics sont rentrés chercher les filles
quand d’autres sont ici à procéder aux arrestations de tous
ceux qu’ils trouvent dans leurs fouilles.

— Quelqu’un a-t-il vu Kylie ? Elle est enceinte et sur le


point d’accoucher.

Un flic vient en courant en annonçant que les filles sont


prises en piège dans de la fumée. Il demande des masques
à gaz, mais seulement quatre masques lui sont donnés.
Au même moment, je vois un homme courir dans notre
direction. Si j’en crois la réaction qu’il a eue quand María
a parlé de Kylie, je peux affirmer que c’est lui le mari en
question. Je cours vers lui.

— C’est vous Brad ? Où est Kylie ?


— Ils s’en sont allés avec elle, répond-il tout furieux en
me contournant.
— Où ? je demande en le suivant. Elle risque
d’accoucher dans pas longtemps vu le rythme de ses
dernières contractions.
Je crois que je n’aurais pas dû le lui dire. Il pousse un
grognement en accélérant ses pas. Il saute sur une grosse
moto et démarre en trombe. Il décampe comme une fusée,
faisant tourner des têtes vers lui. Je vois Carl sortir du
bâtiment en toussant.

— Il nous faut quelque chose pour briser les cadenas, dit-


il tout essoufflé.
— Carl, Carl, je l’appelle en courant vers lui. Nous
devons rejoindre Brad.
— Princesse, je dois retourner en bas avec des outils
sinon les filles mourront asphyxiées. (Hurlant)
Quelqu’un a-t-il une hache ?

Il ne m’écoute plus.

— Madame, vous avez parlé de Brad ?

Je me retourne vers la voix derrière moi.

— L’avez-vous vu ? me demande le jeune homme devant


moi.
— Vous êtes ? je demande avec méfiance, vu tous les
traitres qu’il y a dans cette histoire.
— Je suis Mel, son frère. Ça fait un moment que je le
cherche. Il ne répond pas non plus à son oreillette.
— Il est parti dans cette direction, je réponds soulagée
après avoir reconnu son prénom. La fiancée du chef et
son amant ont enlevé Kylie.

Il lance un juron et appelle un autre du nom de Rico.

— Nous devons rejoindre Brad. Il a besoin de nous.

Tous les deux courent vers une voiture. Je leur cours


après.

— Je viens avec vous, leur dis-je.


— Non, madame. C’est dangereux.
— Pouvez-vous assister une femme sur le point
d’accoucher ? Il n’y a pas assez d’ambulanciers et ils
doivent se préparer à réanimer les filles qui sont dans le
bâtiment. Je peux aider Kylie le temps d’avoir l’aide des
professionnels.
— Ok, venez.

Je grimpe à l’arrière de la voiture sans perdre de temps.


Mel retourne sur ses pas, et revient avec une arme lourde
avec laquelle il monte.
— C’est pourquoi ? lui demande le nommé Rico.
— Ça pourrait être utile. On y va !
22

00 HEURE 30 MINUTES

***TERRY YOUL

En m’approchant du lieu, je remarque plus loin un


homme, escaladant la clôture. Ce doit être l’un des
partenaires de ce réseau sordide. Il n’est pas question
qu’un de ces types s’échappe. J’accélère et gare la voiture
juste devant lui quand il tombe de la clôture. Je regarde
de plus près et je reconnais mon cher ami Patrick BUSH.
Je descends et passe de son côté. Il court dans ma
direction.

— Au secours ! Veuillez m’aider s’il vous plaît !

Quand il arrive à mon niveau et me reconnaît, il sursaute


de frayeur.

— Terry YOUL !
— Comme on se retrouve, très cher ami.
— Je suis vraiment désolé pour la dernière fois. J’avais
la corde au cou. Ces gens me tiennent. Mais je te promets
de t’aider à mettre fin aux actions de cette mafia si tu me
fais sortir de là sans que la police me voie.
— Je t’avais demandé de l’aide et tu me l’as refusée.
— Je suis désolé. Il n’est pas encore tard pour agir. Je
t’en supplie !

Je le regarde, faisant mine de réfléchir.

— Ok. Monte !

Il se dépêche de grimper dans la voiture. Je monte à mon


tour.

— Tu devrais te coucher pour ne pas te faire voir.

Il obéit comme un toutou. J’envoie subtilement un


message.

— Je ne te remercierai jamais assez, Terry. Je fais la


promesse de mettre tous ces gens derrière les barreaux
pour le restant de leur vie.

Je roule sans lui répondre. Après quelques secondes, je


gare la voiture.
— Nous sommes arrivés ? me demande-t-il avec
surprise.
— Tu peux sortir. Mon chauffeur ira te déposer.
— Ok. Merci infiniment. Une fois hors de danger,
j’entamerai les procédures contre ces malfrats.

Je sors sans plus écouter son bavardage incessant. Dès


qu’il sort, des flics sortent de leur cachette.

— Les mains en l’air !


— Quoi ? Mais… Que faites-vous ? Je suis le gouverneur
de cet état !
— Vous êtes surtout l’un des plus grands partenaires
d’une organisation de trafic d’homme. Et vous êtes en
état d’arrestation.
— Non, lâchez-moi !

Il se débat pendant qu’on lui passe les menottes. Une


fourgonnette gare et des journalistes en sortent avec leurs
équipements. On braque sur lui une grande caméra. Je
reste en retrait et savoure le spectacle.

— Éteignez cette caméra ! Lâchez-moi ou je vous fais


mettre tous derrière les barreaux.
Je croise les bras, totalement satisfait. Mon sourire le met
en rogne. Il fonce sur moi, mais il est retenu à temps par
les flics.

— Tu m’as piégé ! grogne-t-il. Tu vas me le payer.


— Je t’ai fait, et aujourd’hui je viens de te défaire. On ne
touche pas à ma femme.

Je tourne les talons et retourne à ma voiture. Il se met à


hurler des insanités. Je démarre et retourne auprès des
autres.

***KYLIE

La voiture gare non loin d’un hélicoptère. Je me mets à


paniquer deux fois plus.

— Où m’emmenez-vous ? Non, libérez-moi !

Je me débats pendant qu’ils essaient de me faire sortir.

— Je n’irai nulle part avec vous. Vous m’enten…


Je suis vrillée par une violente contraction qui m’arrache
un cri strident. Je sens quelque chose couler entre mes
jambes. J’y passe ma main et je vois du sang.

— Seigneur, non pas ça ! Protège mes bébés, je t’en


supplie !

Je suis sortie de la voiture de force et tirée jusqu’à


l’hélicoptère qui est mis en marche dès que nous sommes
à l’intérieur. Une autre contraction me fait pousser un
autre cri.

— Conduisez-moi à l’hôpital, pour l’amour du ciel. Je


suis le point de…

J’ai le souffle coupé par une énième contraction. Je me


mets à pleurer malgré toute ma bonne volonté.

— Que fait-on d’elle ? demande la fille à son amant. Elle


va accoucher.
— Nous n’avons rien avec nous pour accueillir deux
gosses prématurés. Tue-la et jette-la hors de
l’hélicoptère. Ou jette-la directement. Qu’elle vive ou
meurt, on s’en fiche.
La fille attend que l’appareil s’élève et vient vers moi.
Elle essaie alors de me relever de mon siège. Je me débats
et la repousse.

— Non, ne faites pas ça ! Ne me tuez pas.

Malgré la douleur, je lui résiste. Elle est donc obligée de


me donner une claque pour m’affaiblir et réussir à me
relever. L’appareil monte petit à petit. La fille me tire de
force et me rapproche du bord. Je relève la tête et je vois
Brad qui vient à toute vitesse vers nous. Je suis soulagée,
bien que me disant qu’il ne pourra plus rien pour
empêcher ce qui est sur le point de se passer.

***MEL

J’aperçois Brad loin devant roulant une moto à vive


allure en direction d’un hélicoptère qui s’élève
doucement dans le ciel. Je vois du mouvement dans
l’appareil. Rico appuie sur l’accélérateur.

— Je crois qu’il y a une bagarre là-haut, dis-je en ouvrant


la toiture de la voiture.

Je fais passer le fusil d’assaut en premier, ensuite mon


tronc. Je pose le fusil devant moi et jette un coup d’œil
dans la loupe. Ils sont bien trop loin pour que je puisse
toucher ma cible. Il nous faut nous rapprocher un peu,
mais je crains que nous n’ayons ce temps. J’appuie sur
mon micro.

— Wilson ? Wilson ?
« — Chut, Mel ! J’ai une cible en vue. »
— Tu dois…

Un coup de feu retentit. Je regarde rapidement dans la


loupe et je vois la fille qui tenait Kylie s’attraper l’épaule
et tomber en arrière. Kylie se dépêche de retourner à
l’intérieur.

— Ne les tue pas, Wilson ! Ils doivent croupir en prison.


« — À vos ordres ! » répond-il.
— Mais que veut-il faire ? demande tout à coup Rico.
— Quoi ?
— Regarde Brad.

Je tourne la tête vers Brad et je le vois se lever sur sa moto


en tenant toujours les guidons.

— Il ne va pas sauter là ? s’étonne Rico.


— Je crois bien que si.
— Il ne pourra pas. L’hélicoptère est en train de monter.
— Oh que si, il le pourra, je réponds en souriant. Si Brad
dit qu’il peut, alors Brad pourra.

Brad monte sur le siège de la moto qui est en pleine


vitesse, il laisse les guidons et s’élance dans les airs.

— OH MON DIEU !!! hurle la femme assise sur la


banquette arrière de notre véhicule.

Rico freine brusquement et je le sens retenir son souffle.


Il le relâche quand Brad réussit à s’accrocher au patin de
l’hélicoptère.

— Putain ! C’est quoi cette dinguerie ? Il est taré ce type,


dit Rico complètement sur le cul.
— Non, il est juste amoureux, dis-je à mon tour,
admiratif face à la folie de mon frère.

***BRAD

Je m’accroche de toutes mes forces pour résister à ce petit


basculement provoqué par mon accrochage. Je serre les
dents pour ne pas lâcher. J’entends Kylie hurler pendant
que l’hélicoptère monte encore plus haut. J’attrape le
marchepied et me hisse plus haut. Je croise le regard de
Samuel qui attachait un morceau de tissu sur l’épaule
saignante de sa complice. Kylie me voit également.

— Brad !!! hurle-t-elle.


— Mais, que fait-il là ? grogne Samuel.

Il fonce sur moi avec son arme et me tire dans l’épaule.


Je bascule vers le bas, mais je réussis à m’accrocher avec
mon bras valide. Sam veut encore tirer, mais il se prend
une balle également à l’épaule qui le projette en arrière.
Je remercie intérieurement Wilson. Je grimpe rapidement
malgré la douleur. Sam fonce sur moi de nouveau avec
son arme. Je saisis son bras, pose mon autre bras sous son
cou et le pousse jusqu’à le caler contre la paroi.
J’enchaine ensuite des coups de genou dans son ventre.

— BRAD, ATTENTION !!!

Le cri de Kylie me fait me retourner, mais pas assez vite


pour éviter la balle qui me touche à la cuisse. J’envoie un
dernier coup de tête à Samuel qui s’écroule et je fonce sur
sa complice qui ne cesse d’appuyer sur la détente sans
qu’aucune balle sorte. Sam se relève avec toujours son
arme à la main. Je suis partagé entre projeter cette femme
hors de l’engin et en finir avec cet imbécile de Samuel.
Je choisis la deuxième option, étant donné que l’autre ne
peut plus rien faire à cause de la balle qu’elle a reçue. Il
est d’ailleurs temps d’en finir. Je regrette à cet instant de
n’avoir aucune arme sur moi.

Samuel veut de nouveau me tirer dessus, mais je donne


un coup sur sa main dans le but de faire tomber l’arme
sauf qu’en tombant, le coup part tout seul et atteint le
pilote qui tombe raide mort sur le tableau de bord.
L’hélicoptère vacille aussitôt, nous faisant tanguer, tantôt
à gauche, tantôt à droite.

— Accroche-toi, Kylie !!! hurlé-je à ma femme qui s’est


assise dans siège qu’elle tient de toutes ses forces.

Quant à moi, je m’efforce de rejoindre le poste de


pilotage en m’accrochant à tout ce que je peux, mais c’est
sans compter sur Samuel qui veut encore se battre. Il est
complètement taré ce mec. Il avance difficilement vers
moi quand tout à coup sa copine perd l’équilibre et se
retrouve projetée dehors, dans le vide. Nous ne sommes
pas assez haut, il y a donc des chances qu’elle survive.
Sam se laisse distraire par cette scène. J’en profite pour
le pousser d’un coup de pied à la suite de sa dulcinée.

— Espèce d’enfoiré ! dis-je en retournant vers le poste de


pilotage.
— Brad, je sens que… je vais accoucher.
— Tiens bon, ma puce ! Je vais nous faire descendre.

Je dégage le corps du pilote et m’installe. J’en prends


difficilement le contrôle et au bout de plusieurs efforts,
j’arrive enfin à stabiliser l’appareil.

— BRAAADDD !!! hurle Kylie en poussant cette fois.


— Je suis là, ma puce. Tiens bon !

Je descends lentement en plein milieu de la ville et les


véhicules n’ont d’autres choix que de s’écarter pour me
laisser me poser en toute sécurité. Je bondis de mon siège
et me précipite au chevet de Kylie allongée dans le siège
et qui est trempée de sueur.

— Hey, bébé ! Tout se passera bien.


— Je te demande pardon, Brad ! pleure-t-elle. J’aurais dû
t’écouter.
— Non, tu n’as rien fait, j’essaie de la rassurer en lui
caressant les cheveux. Tout ira bien.
— Non, j’ai été entêtée, pourtant tu avais raison.
— On s’en fout de qui avait raison. Tiens bon, les
urgences seront là dans peu de temps. Nous aurons nos
bébés.
— Et s’il leur était arrivé un bobo ? Et si…

Elle est interrompue par une contraction. Une personne


déboule au même moment.

— Kylie, comment ça va ? demande la femme qui vient


d’arriver.
— Je sens… les bébés… proches… informe Kylie en
poussant.

La femme monte.

— Désolée, monsieur… Brad ! Je suis Loraine, la femme


de Carl. Vos amis sont dehors en train de sécuriser les
alentours le temps que l’ambulance arrive.

Elle parle tellement vite que je ne peux placer un mot. Je


la regarde jeter un coup d’œil entre les jambes de Kylie.

— Aidons-la à descendre. C’est risqué de la garder dans


le siège. (À Kylie) Ma puce, appuie-toi sur tes bras et
descends, mais garde surtout les jambes ouvertes. La tête
du premier bébé n’est pas loin.
— Il ne serait pas mieux de la conduire à l’hôpital ? je
demande, complètement en proie à l’angoisse.
Nous faisons descendre Kylie et la femme lui remonte sa
robe.

— Si le travail n’était pas autant avancé, si. Mais là, elle


est à deux doigts d’expulser le premier bébé. Retarder
davantage la délivrance serait dangereux. Maintenant,
fouillez dans ces sacs de voyage et donnez-moi des
vêtements.

J’obéis aussi vite que je le peux. Elle rassemble quelques


vêtements sous les fesses de Kylie et les étale entre ses
jambes. Je prends la main de Kylie et la caresse
lentement.

— Kylie, ma chérie, à la prochaine contraction, tu vas


pousser de toutes tes…

Kylie ne la laisse pas terminer et elle se met à pousser en


me broyant les doigts.

— C’est bien, ma chérie. Je vois sa tête. Respire et pou…

Kylie la devance encore et pousse de toutes ses forces et


là, un cri de bébé transperce celui de Kylie.
— Oh, qu’elle est mignonne ! s’émerveille la dame.
Monsieur Brad, donnez-moi votre vêtement. Il est
préférable que le bébé soit couvert par celui de son père
que le vêtement d’un étranger.

Je retire mon tee-shirt attaché sur ma tête et le lui tends.


Elle y enroule le bébé et le pose entre les jambes de sa
mère sur le tas de vêtements. Une sirène d’ambulance se
fait maintenant entendre pour notre plus grand
soulagement.

— Je me sens épuisée, soupire Kylie.


— Il te reste encore un bébé à mettre au monde,
l’encourage la dame.
— Non, je ne pourrai pas.
— Tu le peux. Tu es une femme forte.

Deux ambulanciers arrivent, dont un homme et une


femme et demandent à Loraine de leur faire le point
pendant qu’ils prennent les choses en main. On lui
demande de s’éloigner, mais Kylie insiste pour qu’elle
reste. Loraine monte donc dans l’hélicoptère près de moi
et nous assistons à la deuxième naissance sans cesser de
soutenir Kylie. L’ambulancier coupe le cordon du
premier bébé et s’éclipse avec lui pendant que sa collègue
procède à l’expulsion du second. De ma place, je vois
l’ambulancière retirer le bébé, mais il y a quelque chose
qui cloche. Le bébé ne pleure ni ne bouge. Je m’apprête
à poser la question quand Kylie se met à convulser.

***DWAYNE

— IL NE RESTE QUE TROIS FILLES, nous hurle le


flic en chef. ACCÉLÉRONS, NOUS N’AVONS PLUS
ASSEZ DE TEMPS.

Je prends l’une des dernières filles quand un autre


tremblement survient. C’est le troisième depuis cinq
minutes que nous nous activons. Une grande partie du
bâtiment s’est déjà écroulé. Il ne reste pratiquement plus
rien là-haut. C’est à croire qu’il y a des bombes dans le
bâtiment. Plusieurs parmi les filles étaient inconscientes,
ce qui nous a un peu ralentis. Nous sommes tous épuisés,
mais nous nous surpassons pour sortir ces filles de là. Il
y en avait une quarantaine en tout.

Nous sommes encore dans les escaliers du sous-sol quand


une énième explosion survient et nous bouscule. Le sous-
sol est en train de s’écrouler. Le temps de me rendre
compte de quoi que ce soit, la toiture s’effondre et une
pierre me tombe sur la jambe, m’arrachant un cri. La fille
essaie de me venir en aide.
— Cours ! Va-t’en : j’intime à la fille qui est autant faible
physiquement que moi.
— Et vous ?
— Les autres viendront me chercher. Va-t’en
maintenant !

Elle part à la hâte. De mon côté, je me débats comme je


peux pour retirer ce tas de pierres de ma jambe. J’entends
un autre bruit. Je relève la tête et je vois ce qui reste de la
toiture du sous-sol tomber d’un seul coup.

— Merde !

Je place mes bras pour me protéger, mais je me sens


engloutir par une grosse pierre.

***LARA

Ça fait plus de deux heures que nous sommes toutes en


train de prier. Nous avons été soulagées de voir Trisha,
Jessica et d’autres filles arriver. Mais l’anxiété est très
vite revenue après qu’elles nous aient donné les dernières
nouvelles. Nous avons repris les prières et là je suis à
bout. J’ai besoin d’avoir des nouvelles au risque de voir
ma tête s’exploser. Plus aucune de nous n’est assise.
Nous déambulons toutes dans la maison. Sincèrement,
seules Vicky et Abuela prient. Nous sursautons quand la
sonnerie du portable de Vicky retentit. Elle est tellement
pressée de répondre que le portable lui glisse des mains,
augmentant notre stress. Elle le ramasse et décroche.
Nous sommes toutes suspendues à ses lèvres.

— Mel ? C’est toi ? Comment vas-tu, mon chéri ?


Donne-moi les nouvelles, je t’en prie !
— Demande-lui des nouvelles de mes petits-enfants, lui
lance Abuela.

Vicky reste silencieuse à écouter et plus les secondes


passent, l’expression de son visage change. Nous
sommes toutes figées. Abuela serre encore plus fort son
chapelet et le ramène à ses lèvres en murmurant une
prière, enfin, je suppose.

— Com… comment vont Kylie et le bébé ? demande


Vicky d’une voix brisée par l’émotion.

Une larme perle sur sa joue.

— Et Brad ? demande-t-elle de nouveau.


Quelques secondes passent encore et cette fois, elle se
laisse tomber dans le fauteuil.

— Mon Dieu ! Pas Dwayne ! chuchote-t-elle en laissant


échapper une deuxième larme.
23

01 HEURE

***ANGÉLAS

Je ne cesse de me ronger les ongles au point de me


blesser. L’attente est longue. María a reçu deux balles qui
sont restées dans son corps et depuis elle est en salle
d’opération. J’ai donné mon sang et depuis je n’ai aucune
nouvelle. Ça fait plusieurs heures, putain ! Je fais encore
un tour sur moi. Au prochain, je vois une femme en
blouse s’approcher de moi.

— Docteur, comment va ma sœur ?


— L’opération s’est bien déroulée. Il ne reste plus qu’à
attendre qu’elle reprenne connaissance. En espérant
qu’aucune complication ne survienne.
— Je peux la voir ?
— Pas maintenant. Nous vous ferons signe. Nous aurons
besoin d’enregistrer vos informations personnelles.
Veuillez donc vous rendre à la réception pour remplir le
formulaire.
— C’est compris !
Je retourne m’asseoir quand elle retourne sur ses pas.
Remplir ce formulaire serait dévoiler que nous sommes
sur le territoire américain illégalement. On risquerait de
nous expulser. Je préfère attendre sagement le réveil de
ma grande sœur. Mes pensées s’envolent vers mes chers
amis de mission. Comment les choses se passent de leur
côté ? Ont-ils réussi à sauver toutes les filles ?

Un grabuge me fait tourner la tête. Un groupe de femme


déboule dans l’hôpital et fonce directement vers
l’accueil. Je les détaille chacune et je vois entrer tout à
coup, ma grand-mère au bras de Lara.

— Abuela ? je l’appelle en me levant.

Elle tourne la tête dans ma direction.

— Chiquito !!! Oh, Sainte Vierge ! Comment vas-tu ?

Elle vient vers moi prestement et me prend dans ses bras.

— Nous n’avons pas eu de bonnes nouvelles de tes amis.


J’ai cru qu’il t’était arrivé quelque chose également.
— Je vais bien, Abuela !
Je me détache d’elle.

— María est ici !

Le choc et la surprise déforment son visage ?

— Vraiment ? Elle est là ? Où est-elle ? Je veux la voir.


Je veux voir ma petite-fille.
— Elle s’est fait tirer dessus.
— Oh Jésus ! s’écrit-elle en posant ses deux mains sur sa
tête.

Elle se met à pleurer en balançant des complaintes. Je lui


attrape les bras.

— Abuela ! Abuela ! Non ! Elle en vie et l’opération s’est


bien déroulée. Nous n’avons plus qu’à attendre son
réveil.

Je me réserve de lui donner toutes les informations. Je ne


veux pas retirer ce soulagement de son visage. Je n’ai
plus qu’à espérer que María se réveille assez tôt.
***APRIL

On nous fait comprendre que les ambulances transportant


nos proches arriveront d’un moment à l’autre. Mon cœur
ne cesse de battre follement et mes jambes sont à deux
doigts de se dérober sous moi. Lorsque Vicky nous a
appris que le bâtiment s’était écroulé sur Dwayne, j’ai
senti mon cœur à deux doigts de me lâcher. Je ne
m’attendais pas à une telle nouvelle. Qu’il soit peut-être
blessé, ça oui, je m’y étais préparée parce qu’on ne va pas
en guerre sans revenir avec au moins une petite
égratignure. Mais qu’il soit coincé sous les décombres ?
C’était bien loin de mes pensées. Tout ce que je souhaite
c’est qu’il me revienne en vie. C’est tout ce que je
demande.

Le bruit des sirènes me fait sursauter.

— Je crois que ce sont eux, suppose Vicky en se hâtant


vers la sortie.

Audrey, Lara, Trisha et moi la suivons. Deux ambulances


garent et les agents se mettent à courir dans tous les sens.
— Nous avons un nouveau-né et la mère à réanimer,
hurle une ambulancière pendant qu’elle ouvre les portes
de l’ambulance.

Elle commence à employer des expressions médicales.


Puis aux mots “ hémorragie interne ”, je pose une main
sur ma bouche pour étouffer mon cri. Une femme sort de
l’ambulance avec un bébé en main qu’elle donne à une
infirmière. Une autre descend de l’ambulance avec un
autre bébé sur le visage de qui est placé un ballon d’air.
Nous voyons Brad descendre de la deuxième ambulance
qui transporte sans aucun doute Kylie. Vicky part vers lui
et le prend dans ses bras. Lara et sa mère, quant à elles,
courent entourer Kylie, transportée sur un brancard. Une
larme perle sur ma joue quand je la vois dans cet état. Elle
a l’air si affaiblie. Une troisième ambulance fait son
entrée, suivie de plusieurs voitures personnelles. Mel sort
en sautant de l’ambulance.

— Mel ! je l’appelle en courant vers lui. S’il te plaît, dis-


moi que Dwayne est en vie. Je t’en supplie !

Il me prend les mains et m’éloigne de l’ambulance.

— Tu ne devrais pas voir ça, me recommande-t-il,


l’angoisse sur son visage.
— Pourquoi ? je demande, la voix brisée.
Je vois Wilson et d’autres gars aider les ambulanciers à
sortir une civière. Je comprends qu’il s’agit de Dwayne.
Je veux me rapprocher, mais mon petit frère me retient.

— Reste ici, s’il te plaît ! me supplie-t-il.


— Pourquoi ?
— Il est dans un état très grave. Il a… le crâne ouvert. Ce
n’est pas très joli à voir.

Une chaleur irradie mon corps et mes jambes se mettent


à trembler. Je pousse mon frère et cours en direction de
la civière. Je suis encore à une distance, mais je peux voir
les vêtements de Dwayne remplis de sang. La civière est
poussée à vive allure pendant que les docteurs sont autour
à faire des diagnostics et à demander à ce qu’il soit
conduit d’urgence en salle d’opération. Je réussis à me
faufiler entre eux. Je lui attrape la main en courant
également.

— Dwayne ! je l’appelle en pleurant. Dwayne, je t’en


prie, tu dois te battre. Ne me laisse pas, pour l’amour du
ciel. Dwayne !
— Madame, vous devez rester ici maintenant, me dit l’un
des docteurs lorsque nous sommes proches de la salle
d’opération.
— Mais je…

Je sens deux mains m’attraper par les épaules.

— Laisse-les s’occuper de lui, me dit Mel.

Je lâche la main de Dwayne et me réfugie dans les bras


de mon petit frère où je pleure toute ma peine. Je ne veux
pas qu’il meure.

***BRAD

— La famille de Kylie FERGUSON ! s’élève une voix de


femme derrière moi.

Tous sans exception, nous nous tournons comme un seul


homme vers la femme en blouse qui a l’air pressée.

— La patiente a urgemment besoin de sang. Elle n’en a


presque plus.
— Je suis sa mère, répond Audrey en s’arrêtant devant le
docteur. Il y a aussi mon autre fille qui est là.
Lara, qui tenait la main de sa mère, se présente
également.

— Docteur, je l’appelle quand elle veut s’en aller.


Comment va ma femme ? Je veux dire, en dehors du
manque de sang.
— Nous ne pouvons rien vous dire pour le moment. Nous
en saurons plus après les transfusions.
— Et… le bébé ?
— Il est en réanimation et nous faisons tout ce qui est en
notre pouvoir pour le stabiliser. Son rythme cardiaque
n’est pas encore stable. Excusez-moi, nous devons y
aller. Ça urge.

Elle part, suivie de la mère et la sœur de Kylie. Dire que


je suis mort d’inquiétude est un bien faible mot à côté de
ce que je ressens. Je ne sais pas si j’ai autant eu peur une
fois dans ma vie. Je suis à deux doigts de perdre ma
femme et l’un de mes enfants. Ça peut paraitre méchant,
mais j’ai plus de besoin de ma femme que des enfants.
C’est elle qui m’a donné un souffle nouveau, un nouveau
but dans ma vie. C’est elle qui m’a donné une nouvelle
vision de la vie. Je serais encore cloitré dans les jupes de
Vicky si elle n’avait pas été là. Je serais encore un tueur
si elle ne m’avait pas souri. Je serais encore là, errant dans
ce monde sans plan de vie, sans autre objectif que
d’assurer la sécurité de Vicky.
Mes jambes n’arrivent plus à supporter mon corps alors
je m’assieds à même le sol, le dos contre le mur. Je
ramène ma tête en arrière et ferme les yeux. Je me sens
minable. Je n’ai pas su protéger ma femme. Mon intuition
ne me trompe jamais. J’aurais dû rester ferme sur ma
décision de ne pas la laisser venir.

— Brad !

J’ouvre les yeux et rencontre ceux de Vicky qui s’est


accroupie devant moi, prenant équilibre sur mes genoux.

— Elle s’en sortira, me souffle-t-elle, un sourire de


réconfort plaqué sur ses lèvres.
— Ma vie n’aurait plus aucun sens si je la perdais.

Je n’ai pas pu maîtriser le tremblement de ma voix. Je ne


contrôle pas cette profonde douleur qui me bouffe le cœur
chaque minute qui passe. Je contrôle encore moins mes
paupières qui me picotent et les larmes qui remplissent
mes yeux.

— Ta femme est forte. Elle te reviendra.


— Je…
Je serre les dents pour ravaler ces fichues larmes.

— Je ne veux pas la perdre.

J’abandonne et laisse ces larmes rebelles couler. Ça fait


la deuxième fois que je pleure depuis de longues années
que je ne l’avais plus fait et c’est encore pour elle. Je
ferme les yeux et baisse la tête.

— Tu ne la perdras pas. Viens, tu dois te faire soigner


également.
— Je ne veux pas m’éloigner.
— On nous fera signe s’il y a du nouveau. Allez, viens !

Elle m’aide à me relever et je la suis comme un enfant.

***MEL

À force de tourner en rond, je ne sens plus mes jambes.


Mais ce n’est pas ce qui me préoccupe le plus en ces
instants. Tout se passait pourtant si bien. Je n’ai pas
compris à quel moment ça a dégringolé. Je cogne dans le
mur et grogne de rage. Il faut un miracle pour que
Dwayne survive. Je le revois encore, allongé parmi les
décombres, le crâne ouvert par une énorme pierre qui lui
est tombé directement sur la tête. Les dernières filles et
les flics qui les escortaient ont été aussi victimes de la
dernière explosion, mais leurs états étaient moins
critiques.

— Veuillez m’excuser, s’il vous plaît !

Je tourne la tête vers deux flics qui nous ont rejoints.

— Le moment est mal choisi, mais nous devons vous


poser des questions.
— Effectivement, le moment est très mal choisi, je
réponds en me rapprochant de lui. Je crains que nous
n’ayons la tête à répondre à des questions.
— Monsieur, ne nous empêchez pas de faire notre boulot.
— Je suis Armel SEKA, agent du SWAT à New York et
j’ai été au cœur de cette affaire. Je vous ferai un rapport
détaillé plus tard. Tout le monde est tendu en ce moment
pour vous répondre.

Les deux flics s’échangent un regard avant de revenir à


moi.
— Nous allons cependant emmener avec nous, le
dénommé Angélas DE LA VEGA.

Par le ton de sa voix, je devine aisément qu’il sait pour


leur immigration ici.

— Je viens de vous dire de nous foutre la paix.


— Monsieur, ne m’obligez pas à…
— À quoi ? commencé-je à m’énerver. Personne ici ne
vous suivra.
— Il s’agit d’un immigré clan…
— JE M’EN TAPE DE CE QU’IL PEUT ÊTRE. Vous
devriez le décorer, car c’est grâce à lui si toutes ces filles
ont pu être sauvées. Ne touchez ni à ses cheveux ni à ceux
de sa famille. Foutez-leur la paix.

Je veux tourner dos quand le flic commet la bêtise de


m’attraper m’épaule. Je me dégage et me rapproche
dangereusement de lui, prêt à lui foutre mon poing dans
sa face.

— Mel ! m’interpelle ma mère.

Je fixe le flic sans m’occuper de ma mère.


— J’ai mon meilleur ami, ma belle-sœur et mon neveu
qui luttent en ce moment contre la mort et croyez-moi, je
suis tellement sur les nerfs que ma tête risque d’exploser
d’un moment à l’autre. Je vous conseille vivement
d’éviter d’être celui qui la fera exploser.

Nous nous affrontons du regard. Ma mère me pousse et


se met entre nous.

— Non, mais ça ne va pas de menacer un flic ? Il ne fait


que son travail.
— Tsuip ! fais-je entre mes dents en leur tournant le dos.

J’écoute de loin ma mère s’excuser puis demander à


Trisha YOUL et Lara, qui est revenue entre temps de la
salle de transfusion, de suivre les policiers dans un autre
endroit pour répondre à leurs questions. Ce sont les seules
aptes à parler en ce moment.

— Et pour le petit et sa famille ? ose demander de


nouveau le même flic. Ils sont là…
— J’ai dit que tu ne les touchais pas, je gronde en
revenant sur mes pas.
— Toi, tu retournes à ta place maintenant, me gronde ma
mère. Laisse-moi gérer.
Elle s’éloigne avec le policier pour discuter en toute
discrétion. Après quoi, Trisha YOUL et Lara vont
répondre à leurs questions.

2 HEURES 30 MINUTES

***RICO

L’angoisse a fini par céder sa place à la fatigue. Plus


personne ne parle. Certains ont l’air de prier en silence,
mais seul le silence est maître de l’espace que nous
occupons. Chaque seconde est un supplice pour chacun.
Nous voulons avoir des nouvelles, mais nous n’avons
d’autres choix que de patienter. Nous avons aussi reçu
des soins. Mel et Carl ont également donné leur sang pour
Dwayne. Il ne reste plus qu’à attendre. Lara se trouve
dans les bras de sa mère, ma patronne dans les bras de
son époux et Mme ANDERSON dans les bras de son
homme. La sœur de Mel est couchée, la tête posée sur les
jambes de son frère. Brad se tient près de son ex-
patronne, la tête ramenée en arrière et les yeux fermés.
Moi je suis debout, les mains dans les poches, lassé d’être
resté longtemps assis. Jean est resté dans la maison de la
plage avec les autres filles qui se sont échappées avec ma
patronne.
Mon patron qui a retroussé les manches de sa chemise
blanche sale, se sépare de sa femme et vient vers moi.

— Puisque nous en aurons pour toute la nuit, je souhaite


que tu ramènes aux femmes des couvertures et des
rafraîchissements pour tous.

Il sort sa carte de crédit de sa poche et me la tend. Je


fourre sa carte et je me tourne vers Lara.

— Lara, tu m’accompagnes, s’il te plaît ?

Elle me regarde sans trop comprendre.

— J’ai une course rapide à faire. Je veux bien que tu


viennes avec moi.
— Je préfère rester ici près de ma mère, répond-elle,
d’une voix à peine audible.
— S’il te plaît !
— Je…

Sa mère lui chuchote quelque chose. Elle finit par se lever


et venir avec moi. Nous montons dans la voiture de mon
boss puis dans le silence, nous nous plongeons dans le
trafic. Elle reste le regard tourné vers l’extérieur. Après
un moment de conduite, je gare sur un trottoir et coupe le
contact. Je la regarde attentivement. Elle ne s’est même
pas rendu compte que je ne roulais plus.

— Lara ! je l’appelle doucement.

Elle tourne vivement la tête vers moi.

— Nous ne sommes que deux maintenant. Tu peux te


libérer.

Elle fronce les sourcils.

— J’ai vu combien tu refoulais tes larmes pour rester


forte pour ta mère. Elle n’est pas là. Libère-toi !

Elle baisse les yeux, ensuite la tête qu’elle ramène devant


elle. Je reste silencieux à la regarder se triturer les doigts
pendant de nombreuses secondes avant qu’elle n’éclate
en sanglots. Elle se couvre le visage de ses mains en
pleurant de plus en plus fort.

— J’ai tellement peur de la perdre, lâche-t-elle enfin. Elle


ne peut pas mourir ainsi. Non, je ne veux pas. Je me
détesterais toute ma vie. C’est pour moi qu’elle a tenu à
faire ce voyage malgré le refus de son mari. Elle a voulu
me faire changer d’air. J’aurais dû dire non. Ça aurait dû
être moi à sa place. ELLE NE MÉRITE PAS UNE
TELLE CHOSE.

Elle continue de hurler en se traitant de tous les noms. Ça


commence à partir en vrille. Je descends de la voiture et
je vais ouvrir sa portière pendant qu’elle continue de se
lamenter. Je la faire sortir et la prends dans mes bras.

— Chuttt !!! Cesse de te maudire. Arrête, je t’en prie !

Elle continue de pleurer en s’accrochant à moi. Elle ne


parle plus, elle se contente de vider ce trop-plein
d’émotion qu’elle n’a fait qu’emmagasiner. Je me
contente de lui caresser le dos et les cheveux. J’ai foi que
nous aurons de bonnes nouvelles. Nous n’avons pas
mené ce combat en vain.
24

MERCREDI 06 HEURES

***ANGÉLAS

Je me réveille en sursaut quand j’entends la voix du


docteur dans mon subconscient. Je crois avoir rêvé, mais
non, elle est là, juste devant nous. Nous lui accordons
tous notre attention et les femmes, qui se sont endormies
comme moi, se réveillent.

— Puisque vous semblez tous faire partie de la même


famille, je vous donnerai les nouvelles de chacun de vos
proches, entame le docteur. Commençons par les bonnes
nouvelles. Le bébé a pu être réanimé. Il se porte bien
même s’il doit rester en couveuse, tout comme sa
jumelle. La mère également a pu être sauvée de justesse.

Brad soupire de soulagement en s’asseyant. On peut


sentir un poids libérer ses épaules.

— Vous pouvez voir les bébés depuis leurs couveuses.


La mère pourra recevoir des visites d’ici quelques heures.
Quant à la patiente María, elle s’est réveillée et elle va
très bien. Elle peut recevoir de la visite.

Cette fois, c’est Abuela et moi qui ne tenons plus en


place.

— La mauvaise nouvelle, c’est que le patient Dwayne se


retrouve dans le coma. Sa tête a cependant été recousue.
Nous attendrons la suite des évènements pour voir
comment les choses évolueront.
— Mais… va-t-il s’en sortir ? demande la sœur de Mel.
— Nous ne saurons le dire encore. Les prochaines heures
nous situeront. Veuillez m’excuser.

Abuela et moi la suivons jusqu’à la chambre de María.


Dès que celle-ci nous voit entrer, elle se met à pleurer.
Abuela se précipite pour la prendre dans ses bras.

— Oh, Dios mio (Oh mon Dieu) ! pleure Abuela en


serrant sa petite-fille. Merci Vierge Marie pour ma petite
fille que tu m’as ramenée. Je ne te dirai jamais assez
merci ! Oh ma petite chérie ! Me extrañaste mucho (Tu
m’as tellement manqué) !

Je me joins à leur étreinte et nous pleurons tous les trois


à chaudes larmes. Nous restons ainsi, à nous vider de nos
émotions pendant de longues heures avant de retrouver le
sourire. Je regarde Abuela raconter tous les évènements
heureux et drôles que María a ratés ces deux dernières
années. Je laisse les deux femmes seules un moment et je
vais retrouver mes nouveaux amis. Je les vois tous sortir
de l’hôpital.

— Où allez-vous ? je demande à Mel qui est le dernier de


la file.
— Nous rentrons nous changer et revenir.
— Je vois. Au fait, je tenais à te remercier de m’avoir
défendu. Ça m’a fait chaud au cœur que quelqu’un en
dehors de ma famille se porte garant de moi.
— Ce n’est rien. Tu le méritais, après tout ce que tu as
fait.
— Tu n’y étais pas obligé, mais tu l’as…

L’émotion me prend aux tripes. Je lui saute dans les bras


et l’étreins en éclatant en sanglot.

— Je ne vous remercierai jamais assez d’avoir sauvé ma


sœur.
— Ça va, dit-il en me tapotant le dos. Tu as aussi joué un
grand rôle. Sans toi, aucune de ces dames ne serait en
liberté. Tu mérites une décoration.
Je rigole en me détachant de lui. Il me gratifie d’un
sourire.

— On se revoit tout à l’heure.

Il me tapote l’épaule et rejoint les autres. Je souris à mon


tour de bonheur et je retourne auprès de ma famille.

***LORAINE

Je me frotte le corps à en avoir mal, à force de vouloir à


tout prix retirer cette sensation de merde que je ressens.
Je finis par éclater en sanglots. Il me faut vider toute
l’angoisse que j’ai bloquée dans ma gorge. Je me laisse
tomber, mais avant que je ne puisse toucher le carrelage,
je sens des mains me saisir. Carl tire une grande serviette,
l’enroule sur moi, me soulève et me ramène dans la
chambre. Il s’assoit sur le lit et me garde sur ses jambes,
tout ça pendant que je continue de pleurer à chaudes
larmes.

— Je suis là, princesse, me réconforte-t-il en me


caressant le dos.
— J’avais tellement peur pour Jess. J’avais peur de voir
ma fille transformée en prostituée sans pouvoir rien faire.
— Ça a été évité. N’y pense plus, s’il te plaît !
Je relève la tête vers lui et il m’essuie les yeux.

— Je… je suis enceinte, lui annoncé-je, le regard plongé


dans le sien.
— Vraiment ?
— Enfin, je le crois. Tu sais combien mon corps est réglé
comme une horloge et que je ne rate jamais mon premier
jour de période.

Je renifle.

— Mes menstrues devaient venir hier, mais jusque-là,


rien.
— Ça peut être dû à l’angoisse.
— Je sais, mais… je suis convaincue à 90 % d’être
enceinte. On aura un autre bébé.

Il sourit et m’embrasse. J’étais en manque de lui, en


manque de ses baisers, en manque de ses caresses. Je
retire la serviette avant que Carl ne me fasse basculer
sous lui. Je retire son haut assez rapidement pour pouvoir
le caresser. Mes mains se baladent sur tout son corps. Il
retire son bas, soulève ma jambe dans le creux de son
coude et me pénètre. Mes ongles s’enfoncent dans son
dos. Il y va fort, plus loin et chaque seconde, plus vite. Je
m’agrippe à lui jusqu’à ce que nous jouissions ensemble.

Nous ressortons de la salle de bains après nous être


douchés ensemble. Nous retournons au salon après nous
êtes vêtus. Deux petits coups sont donnés sur la porte et
la seconde qui suit elle s’ouvre. Joël entre en fracas.

— Maman !

Il se jette dans mes bras en éclatant en sanglots. Je me


laisse également emporter par mes émotions. Je le serre
très fort dans mes bras.

— Mon grand !
— J’ai eu tellement peur, maman !
— C’est fini ! Je suis là maintenant.

Je lui attrape les joues et lui nettoie les larmes des yeux.
Ça m’émeut qu’il pleure ainsi.

— Je suis là et je vais bien. Cesse de pleurer, s’il te plaît !


Il se reprend et m’enlace une dernière fois. La porte
s’ouvre de nouveau et cette fois, ce sont Max, Erwin et
Soraya qui font leur entrée. Je me détache de Joël qui va
rejoindre son père et je réceptionne Soraya qui est la
première à venir me tomber dans les bras. Erwin et Max
m’enlacent à la taille. Je vis mes retrouvailles avec mes
enfants et je me sens revivre.

— Mais comment avez-vous pu arriver ici aussi tôt ? je


demande à Joël quand nous nous installons dans le salon.
Il est à peine 9h.
— Papa m’a envoyé une note vocale dans la nuit pour
m’informer que vous étiez saines et sauves, me répond
Joël. Je n’ai pas voulu attendre que vous rentriez. J’ai
réveillé Max, nous avons pris les plus petits et avons
sauté dans le jet que j’avais commandé. Comment ça va
ici ? Il y a des flics dans tout l’hôtel et devant la suite.
— Le propriétaire du précédent hôtel où nous séjournions
a tenu à ce que nous venions ici, dans cet hôtel qui est
également à lui, le temps que nous aidions la police à
boucler cette affaire, surtout que le grand chef du cartel
est encore en liberté. Tous ces policiers, c’est pour
assurer notre sécurité. Sinon comment va ton oncle ?
— Il va beaucoup mieux maintenant. Mais il nous
détestera quand il découvrira tout.
— Nous l’avons fait pour lui. Sa santé fragile en ce
moment ne lui permet pas d’entendre de si mauvaises
nouvelles. On lui dira tout, une fois rentrés à la maison.
Le fixe de notre suite crépite. Carl part décrocher et après
ses premiers mots, il m’informe que l’appel est pour moi.

— Qui est-ce ? je lui demande en allant vers lui.


— Madame MILLER.

Je lui prends le téléphone des mains.

— Allô, bonjour, madame MILLER !


« — Oh, Dieu du ciel ! Je suis tellement soulagée de vous
entendre. Vous n’imaginez pas l’angoisse qui m’a
terrassée lorsque j’ai appris ce qui vous était arrivé. Une
chance que vous soyez parmi nous. »
— J’ai eu écho de tout le mal que vous vous êtes
également donné pour me sortir de là. Je vous en
remercie.
« — Je n’ai rien fait d’autre si ce n’est aider la police.
Bref, ce soir je vous ferais parvenir le chèque du total de
vos ventes. Vous avez fait un véritable carnage. » rigole-
t-elle.
— J’en suis ravie.
« — Je vais maintenant vous laisser. À plus tard. »
— Au revoir !
Je raccroche et je rejoins ma famille qui m’a tant manqué.
À son réveil, Jessica sera très heureuse de voir ses frères.

***MEL

— Maman !
— Comment as-tu pu me cacher une chose aussi
importante ? Mais surtout aussi sérieuse et dangereuse ?
Vos vies et celles des filles étaient en danger et tu as
préféré te taire que de nous appeler à l’aide ?
— Je ne voulais pas mettre également vos vies en danger.
— Et qui es-tu, toi, pour décider de si nous voulons
mettre nos vies en danger ou pas ?

Je baisse la tête et la laisse me gronder. Peu importent


mes raisons, elle a raison d’être en colère.

— Je suis désolé, maman ! Je te demande pardon.

Elle souffle et se tourne vers moi. Son regard est comme


un signe pour moi. Je me rapproche d’elle et l’enlace.

— Ne me refais plus ça.


— Je te promets !
Nous sommes interrompus par April qui vient
m’informer d’une visite. Je sors de la chambre de ma
mère et me rends au salon où se tient mon commandant,
debout au milieu de la pièce.

— Commandant ? fais je surpris. Je suis surpris de vous


voir ici.

Nous nous empoignons les mains.

— Je ne pouvais pas rester sagement à New York,


sachant mon meilleur élément ici en danger. J’avoue que
j’aurais souhaité être informé de tout ce qui se passait.
— Je ne voulais pas…
— Oui, je connais tes raisons et je les comprends. Je suis
ici pour te donner les dernières informations. La fiancée
d’El Jefe et son amant, Samuel, sont sous surveillance à
l’hôpital. Ils ont eu des côtes cassées et d’autres fractures
après leur chute de l’hélicoptère. Mais ils s’en sortiront
et seront tout de suite transférés. Tous les hommes
présents à la soirée ont été arrêtés. Quelques gardes ont
pu s’échapper, mais pas pour bien longtemps. Tous ceux
qui ont joué un rôle de près ou de loin, seront également
mis aux arrêts. La police doit maintenant passer chez les
familles de filles qui n’ont pas survécu.
— Je vous avais parlé de la sœur d’une des filles en
particulier.
— Oui. J’ai son adresse. Tu veux y aller ?
— Oui, commandant.

Nous arrivons après quelques minutes dans l’hôtel où


séjourne cette Angolaise qui nous avait fourni des
informations au commissariat. Elle comprend la raison de
notre visite à l’instant où elle nous voit. Elle se met à
pleurer. S’il y a bien une chose que je déteste dans ce
boulot, c’est de devoir annoncer les mauvaises nouvelles
aux familles. Mais je me devais de le faire parce que cette
fille nous a été d’une grande aide. Je lui prends les mains
et la conduis dans la chambre. Nous prenons place et nous
la laissons se calmer.

— Toutes nos condoléances, lui dis-je.


— Et les responsables ? demande-t-elle.
— Ils ont été arrêtés.
— Arrêtés ? Ils ne méritent pas la prison. Ils doivent tous
mourir.
— Nous comprenons votre peine.
— Ma sœur est morte, merde !
— Et nous en sommes navrés. Mais si cela peut vous
consoler, sachez qu’elle est morte en héroïne car c’est
grâce à vos informations que nous avons pu avancer dans
nos enquêtes.

Elle renifle et se nettoie le visage.

— Quand se tiendra le procès de ces gens ? Je veux y


assister.
— Nous n’en savons encore rien. Mais je promets vous
tenir informée.
— Merci !

Nous prenons congés d’elle après nous être rassurés


qu’elle allait mieux.

— Commandant, vous ne m’avez pas dit ce qu’il en était


pour El Jefe ?
— Il a été localisé et une équipe ira le saisir.
— Cet homme ne peut pas aller en prison. Il y sera
comme un roi parce qu’il a des relations partout.
— Que veux-tu que nous fassions ? Nous n’avons pas le
droit de le tuer. Sauf s’il attaque les agents en premier, ce
qui risque de ne pas forcément être le cas vu le grand
froussard qu’il est.
Je rumine, rien qu’en pensant à la vie relaxe que ce
criminel aura en prison. Il sera favorisé, c’est certain.

— Et où est-ce que la police est censée aller le piocher ?

Il me fixe, se doutant certainement de ce qui me passe par


la tête. Il baisse la tête et mime un sourire.

***EL JEFE

Il me faut vider tous mes comptes et me tirer d’ici au plus


vite avant que la police ne me mette la main dessus.
J’appelle mon gestionnaire pour qu’il transfère tous mes
différents soldes vers un compte secret au Mexique, mon
pays d’origine. Je réunis des documents de très grande
importance, j’en détruis certains, je prends le peu
d’argent que j’avais gardé ici dans ma petite maison et je
boucle ma valise. Je descends les marches, mais je
dégringole en tombant nez à nez avec ces filles.

— Que… faites-vous ici ? je leur demande, assis sur les


marches.
— Nous sommes là pour nous venger, venger celles qui
sont présentement en soin, et celles que vous avez
vendues ou tuées. Nous venons nous venger pour tout le
mal que tu nous as fait, me répond l’une d’elles, debout
en tête de ligne.
— Écoutez, nous allons nous arranger. Je suis prêt à vous
dédommager. Regardez dans cette valise, il y a plus de
dix millions de dollars. Prenez-les ! Vous pourrez
changer de vie avec cette somme.

Elles se mettent à rigoler.

— Nous avons mieux pour nous dédommager, me


répond la porte-parole.

Elles sortent toutes des fouets.

— Mais qu’est-ce que…

Elles ne me laissent pas terminer que trois d’entre elles


me tirent par les deux jambes jusqu’en bas et elles se
mettent à me fouetter à tour de rôle. Un groupe s’acharne
sur moi jusqu’à épuisement puis laisse la place à un autre
groupe et ainsi de suite. Il y a des choses sur les fouets
qui me transpercent la peau et s’enfoncent dans ma chair.
Pour un homme de mon âge et surtout de ma trempe, cette
scène de moi, trainant au sol et suppliant ces putes de
m’épargner, est sacrément humiliante. Je reçois des
coups partout, jusque sur le visage. Je ne sens plus
certaines parties de mon corps. Je ne fais qu’agoniser. Je
ne vois plus que d’un œil.

— Arrêtez, vous allez me tuer.


— Il y a longtemps que tu nous as tuées. Aujourd’hui,
c’est ton tour de mourir. Attachez-le !

La porte-parole disparaît et laisse les filles me ligoter.


Elles sont beaucoup trop nombreuses pour que je puisse
leur résister. Elles me déchirent ensuite les lambeaux de
vêtements qui me restent et me laissent complètement à
poil.

— Que voulez-vous me faire ? je leur demande en luttant


contre les cordes beaucoup trop serrées.

Les filles se décalent et celle qui avait disparu refait


surface en tenant une grande poêle avec un torchon. La
vapeur qui sort de la poêle me fait flipper.

— Qu’est… qu’est… qu’est-ce que c’est ? Que… que


voulez-vous faire ?

Elle s’approche et penche légèrement la poêle. Un filet


de liquide chaud en découle et me tombe sur la cuisse.
Un cri perçant me traverse la gorge. L’huile chaude me
consume la peau. Je les entends rigoler.

— C’est douloureux ? demande la chef. Cette douleur


n’est en rien comparable à toutes celles que nous avons
ressenties quand tes clients nous violaient, nous battaient
et quand toi tu nous flagellais à chaque désobéissance.
— Je vous demande pardon, fais-je en pleurant à chaudes
larmes. Ne me brûlez pas. Laissez-moi une chance de me
racheter.
— Tu ne nous as pas épargnées quand nous t’avions
supplié, toutes ces années.
— Je vous donnerai tout ce que vous voulez.
— Merci, nous allons décliner l’offre.

Elle commence à renverser le contenu de la poêle sur mes


jambes en remontant sur mes épaules. Je hurle, j’appelle
à l’aide, je supplie. Je ne peux rien faire, les cordes m’ont
immobilisé.

— POUR L’AMOUR DU CIEL !!!!! ARRÊTEZ !!!! AU


SECOURS !!!

Je continue d’agoniser quand je vois une autre fille


apporter une autre poêle chaude. Cette fois, chacune des
filles passe à tour de rôle me verser de l’huile dessus.
L’odeur de chair brûlée remplit la pièce. L’une des filles
me verse l’huile sur le visage. Je hurle encore et encore
et encore. Je préférerais finir en prison que de subir ça.
Mes forces me lâchent petit à petit. Je ne sens plus mon
corps. Je ne ressens plus rien. Mes yeux se ferment petit
à petit. Je les vois jubiler, je les vois satisfaites, je les vois
heureuses. Je les vois toutes me faire un doigt d’honneur
avant que les paupières ne se ferment à tout jamais.
25

***KYLIE

J’ouvre lentement les yeux et promène mon regard dans


la pièce. Je remarque tout de suite que je suis dans une
chambre d’hôpital. Des chuchotements me font baisser
les yeux. Brad se tient près de mon lit. Assis dans un
fauteuil et la tête baissée sur ma main qu’il tient. Je le
regarde et je souris. Il est en train de prier pour moi. Je
retire doucement ma main et la pose sur sa tête. Je lui
caresse les cheveux sans qu’il réagisse.

— Brad ! dis-je dans un chuchotement. Brad ! Bébé !

Il relève la tête puis quand il me voit réveillée, il se jette


littéralement sur moi.

— Ma puce !

Il capture mes lèvres comme un assoiffé. Je sens une


merveilleuse sensation m’envahir. Une sensation de
bonheur, de soulagement. Bref, j’ai l’impression d’avoir
été morte et de revenir à la vie. Brad libère mes lèvres et
me serre dans ses bras à m’en briser les os. Mais ça me
fait tellement de bien. Je verse une larme puis une autre.
Le bonheur que je ressentais d’être dans ses bras laisse la
place à l’angoisse. Je pense à mes bébés et je crains de
poser la question fatidique.

— Je suis désolée, Brad ! dis-je en éclatant en sanglots.


Je suis si désolée !
— Chut ! Ça va ! m’apaise-t-il en me caressant les
cheveux. Tout va pour le mieux.
— Mais les bébés…
— Ils vont bien.
— Vraiment ?

Il se sépare de moi et prend ma tête en coupe.

— Regarde-moi !

Je lève les yeux inondés de larmes.

— Tu as été très courageuse. Tu t’es battue comme une


lionne et tu as mis au monde deux magnifiques bébés.
— C’est vrai ? J’ai cru qu’ils…
— Ils vont bien.
Il pose un baiser sur mes lèvres ensuite pose son front
contre le mien. Je sens ses mains trembler. Je les attrape
et les caresse avec mes pouces.

— J’ai cru devenir fou à l’idée de te perdre, me souffle-


t-il.
— Plus fou que tu l’es déjà ?

Il rigole. Je l’accompagne dans son rire et il relève la tête.


Je lui caresse la joue.

— Je savais que tu viendrais me chercher. J’ai dit à ces


gens que mon taré de mari viendrait leur botter le
derrière.

Il rigole de nouveau et pose un baiser dans la paume de


mes mains. Il me caresse ensuite les doigts et sort quelque
chose de sa poche.

— J’ai récupéré ta bague. Je te la remets ou tu en veux


une nouvelle ?
— J’adore trop ma bague pour la changer. Mets-la-moi
vite !
Il la glisse à mon doigt et scelle l’acte avec un baiser.

— Je veux voir mes bébés.


— Laisse-moi appeler le docteur.

Il sort et revient avec le docteur qui m’examine tout de


suite. Il permet que j’aille voir mes bébés, mais en me
déplaçant dans un fauteuil roulant. Brad me conduit à
mes bébés. Ma mère et Lara nous rejoignent. Les
retrouvailles sont riches en émotions. Nous nous
reprenons pour nous concentrer sur les bébés. Je laisse
échapper une larme en voyant ces deux petits bouts de
moi et Brad. Le docteur m’explique tout ce que le
processus dans une couveuse comprend. Je pourrai
essayer de nourrir mes bébés au sein quand je serai plus
en forme. Je vois Loraine, son mari et Jessica apparaitre
derrière la grande vitre et nous faire un coucou. Je fais
signe à Brad de me conduire à eux.

— Oh Loraine, comme je suis heureuse de te voir. Toi


aussi Jessica.

Loraine se baisse et m’enlace. Brad et le mari de Loraine


se cognent les poings en guise de salutation.
— Je suis également très heureuse de te revoir en forme,
répond-elle. Tu es tellement magnifique, ma chérie !

Je rougis. Cette femme est un véritable amour. Une belle


personne comme il en manque de nos jours.

— Ce sont les bébés ? demande-t-elle en se tournant vers


la vitre.
— Oui !
— Qu’ils sont magnifiques ! Je reconnais la petite.
Normal, c’est moi qui l’ai mise au monde, rigole-t-elle.
— Effectivement ! C’est la fille. C’est la petite Loraine.

Elle tourne vivement la tête vers moi, surprise.

— Elle s’appelle Loraine, en hommage à cette


merveilleuse femme qui a été une véritable mère pour
moi et qui a risqué sa vie pour sauver la mienne. Je ne te
remercierai jamais assez.

Elle se baisse, les larmes dans les yeux et m’enlace de


nouveau.

— Tu vas me faire pleurer, dit-elle en essuyant ses


larmes. Merci pour cet honneur.
Elle se remet de ses émotions.

— Au fait, je suis venue vous dire au revoir. Nous en


avons terminé avec les questions de la police et nous
rentrons ce soir.
— Pouvons-nous rester en contact ? Enfin, si cela ne
vous dérange pas.
— Absolument pas. Tenez ma carte de visite. Vous
pourrez m’appeler pour me communiquer vos contacts.
Et si vous faites un tour en Côte d’Ivoire, vous pourrez
passer prendre des chaussures.
— Je crois que dès le mois prochain j’y ferai un tour.

Tout le monde sourit à ma plaisanterie. Lara prend la


carte et la famille ANDERSON prend congé de nous.

***ANGÉLAS

Mel entre dans la chambre de María alors que nous


sommes perdus dans un fou rire. Abuela se lève et veut
céder sa place à Mel.

— Prends place, mon garçon.


— Non, asseyez-vous ! Je ne vais pas tarder.
— D’accord.

Elle se rassoit.

— Au fait, j’ai deux nouvelles à vous annoncer,


commence-t-il. D’abord, María, sache que tu n’as plus
rien à craindre. El Jefe a été retrouvé mort dans l’une de
ses maisons privées. Il a été brûlé de partout au point où
ses os étaient visibles.
— Il ira continuer de brûler en enfer, lance María avec
dégoût.
— La deuxième nouvelle, c’est que… ma mère et moi,
nous nous sommes portés garants de vous devant les
autorités. De ce fait donc, je souhaite que vous veniez
vous installer à New York avec nous.

María se redresse dans son lit, la bouche ouverte. Abuela


semble ne pas avoir bien saisi les mots de Mel. Moi non
plus.

— Qu’est-ce que tu as dit ? je demande, pensant sans


doute avoir mal compris.
— Vous venez tous les trois avec nous, je toucherai mes
contacts pour qu’on vous attribue des papiers américains.
On vous offrira une maison et des boulots. Enfin, tout ce
que vous voudrez. Mais nous tenons à ce que vous veniez
vivre à New York avec nous. Si vous le désirez bien sûr.
Je vais vous laisser réflé…
— Réfléchir à quoi ? intervient tout à coup Abuela qui
s’est levée d’un bond. On vient avec vous. J’ai toujours
rêvé d’aller vivre à New York.

Elle avance vers Mel et le prend dans ses bras sans qu’il
s’y attende.

— Merci beaucoup mon garçon. Que le Seigneur te


bénisse !
— Amen ! sourit-il. Nous nous en irons quand les
docteurs auront donné les autorisations aux malades.
— Je pourrai prendre ma poêle ?
— Abuela ! fais-je, dépassé par l’amour de ma grand-
mère pour son ustensile.
— Quoi, Abuela ? Cette poêle est dans notre famille
depuis des générations. Ma grand-mère l’avait, ma mère
l’a eue, ensuite moi. J’attends que le premier de vous
fasse son premier enfant pour la lui léguer en héritage.
Cette poêle ira à New York avec moi et nous ferons de
succulents plats. Je ferai de petits boulots et je m’offrirai
par la suite un food-truck avec des spécialités
mexicaines.
Elle continue de citer haut tout ce qu’elle compte faire
dans sa nouvelle vie qu’elle ne se rend pas compte du
départ de Mel. Je sors quelques secondes après lui.

— Mel, je l’appelle en marchant vers lui. Pourquoi tu


veux prendre en charge toute ma famille ? Tu n’y es pas
obligé.
— Je sais. J’ai discuté avec mon boss et tu pourrais avoir
une place au SWAT vu tes connaissances en électronique
et en informatique.
— Vraiment ?
— Oui ! Tu ferais un enquêteur et un cracker hors pair.
Nous avons besoin d’un gars comme toi dans l’équipe.
— Oh, merci, merci, merci, merci ! dis-je en lui sautant
dans les bras. Tu vas réaliser mon rêve de devenir flic.
— Pas de quoi !

Il me gratifie d’un sourire et reprend le chemin qu’il avait


emprunté. J’ai un grand sourire qui ne s’en ira pas de si
tôt sur mes lèvres. Je vais travailler dans le SWAT.
YES !!!!

***LARA
Couchée près de Kylie, dans son lit, nous papotons,
rigolons, nous faisons des câlins. Je suis tellement
heureuse de l’avoir de nouveau près de moi. Cette
aventure a été folle, mais elle a renforcé encore plus nos
liens.

Nous sommes interrompues par des coups frappés sur la


porte. Nous la fixons et voyons Rico faire son entrée. Je
passe une main dans mes cheveux et range une mèche
derrière l’oreille.

— Désolé de venir à l’improviste. Je voulais voir Lara un


instant.
— Moi ? fais-je surprise.
— Ouais ! Je t’attends dehors.

Il sort et referme la porte. Kylie se tourne vers moi.

— Je rêve ou tu t’es caressé les cheveux quand il est


entré ?
— Je ne vois pas de quoi tu parles.

Je saute du lit et sors avant qu’elle ne commence à me


bombarder de questions. Je rejoins Rico dans le couloir.
Il est de dos et je remarque un carton dans sa main.
— Je suis là !

Il se retourne.

— Comment vas-tu ? s’enquiert-il.


— Parfaitement bien, maintenant que ma petite sœur et
mes neveux vont bien.
— Je suis content pour vous. Au fait, je venais te dire au
revoir. Je rentre avec mes patrons.
— Oh ! Déjà ? fais-je un peu déçue.
— Oui ! Il y a la grande famille qui s’impatiente de revoir
ma boss.
— Je comprends. Alors, on se dit à la prochaine.
— Je t’ai acheté ça.

Il me tend le carton de portable qu’il tenait. C’est le


même portable que j’avais.

— J’ai marqué mon numéro à l’arrière, au cas où tu


voudrais bien rester en contact avec moi.

Je le récupère en souriant.
— Tu sais que ça fait le deuxième portable que tu
m’offres ?
— Je sais. Je crois que pour cette fois, c’est toi qui as une
dette envers moi. Tu t’en acquitteras comme tu le…

Répondant à mes pulsions, je me hisse sur la plante de


mes pieds et pose mes lèvres sur les siennes. J’en
mourrais trop d’envie depuis un moment. Il fallait que je
le fasse, surtout que je ne sais si on se reverra. Je
m’éloigne de lui en gardant mon sourire aux lèvres. Je ne
regrette pas mon geste. Lui par contre, il est très surpris.

— Waouh ! lâche-t-il.
— Je t’appelle !

Je retourne dans la chambre sans attendre qu’il dise quoi


que ce soit et reste adossée à la porte. Ce n’est que
maintenant que je me rends compte de l’audace dont j’ai
fait preuve. Je me mordille la lèvre en repensant à cette
magique sensation qui m’a parcouru l’échine quand je
l’ai embrassé.

— C’est quoi ce sourire niais ? me demande Kylie qui me


fixe étrangement.
— Je viens de l’embrasser.
— Tu as fait quoi ? se choque-t-elle en ouvrant grand la
bouche.
— Oh my God!

Je me couvre le visage avec les mains et la rejoins.

— Ce n’est pas celui avec qui tu as eu une altercation à


New York ?
— Si !
— Vous vous êtes rapprochés à ce point ?
— Je ne sais pas. Je n’ai plus les idées claires là.
— Il te plaît ?

Je la regarde, souris et ferme les yeux.

— Oh la connasse ! rigole-t-elle. Tu es de nouveau


amoureuse.

Elle me cogne la tête avec son coussin. J’ai plein de


papillons dans le ventre.

— Je ne devrais pas m’emballer. Je ne sais même pas si


je lui plais.
— Tu rigoles ? Tu n’as pas remarqué comment il te
regardait tout à l’heure ? C’est clair qu’il en pince pour
toi. Mais tu dois tout de même aller doucement. Ne
montre pas trop qu’il te plaît.
— Je sais. Je souhaite vivement qu’il se passe quelque
chose entre lui et moi. J’espère qu’il est un homme bien.
— S’il est ami avec Mel, c’est qu’il l’est. Alors, tu iras
t’installer en Côte d’Ivoire si vous vous mariez ?
— Quoi ?

J’éclate de rire. Elle se lance dans un délire pas croyable.


Nous ne sortons pas encore ensemble que Kylie fait déjà
les préparatifs du mariage. Elle est tarée.

CÔTE D’IVOIRE***ABIDJAN

***TRISHA

L’avion se pose enfin sur le sol ivoirien. Mon impatience


s’intensifie. J’ai hâte d’arriver à la maison et de retrouver
toute ma famille, mais surtout mes petits amours. Leur
parfum, leurs câlins, leurs cris, leurs bavardages, tout ça
m’a énormément manqué. Terry me prend la main et
nous sortons de l’avion. Dès que nous sortons, la voiture
de maman Nathalie est la première chose que nous
voyons. Elle descend puis quand elle nous voit, elle
s’agenouille, se met à pleurer et à chanter une chanson à
Dieu. Son émotion m’est communiquée. J’avance vers
elle en pleurant. Son visage est inondé de larmes. Je
m’agenouille devant elle et tombe dans ses bras. Elle
pleure de plus belle.

— Seigneur merci oohhh !!! hurle-t-elle. Tu m’as ramené


mon enfant. Comment je peux te dire merci ? Tu n’as pas
permis que mes enfants partent à jamais loin de moi. Qui
est comme toi, Seigneur ? Je ne te dirai jamais assez
merci !!!

Plus elle élève la voix, plus ses pleurs redoublent. Nous


restons ainsi à genou à pleurer toutes les larmes de nos
corps. Après plusieurs minutes, nous nous remettons
enfin de nos émotions. Nous nous relevons et elle part
enlacer son fils.

— Je ne pouvais pas attendre sagement à la maison.


— Je sais, maman, lui répond son fils.

Nous ne tardons pas à rentrer chez nous. Tout le monde


est là également, impatient de me voir. Quand nous
arrivons, je descends de la voiture et je cours à l’intérieur
de la maison. Je commence à hurler le nom de mes
enfants.
— Teyana ! Tayron !

Je les entends courir dans ma direction. Je cours


également et quand nous nous rencontrons, ils me sautent
dessus.

— Maman !!! hurlent-ils.

Je m’assois par terre pour mieux les serrer contre moi.

— Mes bébés ! Mes bébés ! Mes bébés !

Je ne cesse de répéter ça en les palpant. Je les couvre de


baisers. La nounou de Tyler me l’emmène. Je le prends
et le serre contre moi. Je vois tous les autres membres de
la famille, debout dans le grand salon. Je les sais
impatients de me serrer contre eux, mais ils me laissent
profiter de mes enfants. Je suis heureuse, je suis en paix,
je suis émue. Je suis chez moi.
26

CÔTE D’IVOIRE***ABIDJAN

***RICO

Je garde la voiture dans le parking et j’y reste assis un


moment, la tête ramenée en arrière, et je peux enfin
souffler. Cette aventure a été la plus éprouvante de toute
ma vie. Je prends conscience maintenant que j’aurai pu y
laisser ma vie. C’était vraiment un truc de dingue. Le
point positif, c’est que ça m’a permis de rencontrer de
belles personnes telles que Carl, Brad et le petit Angélas.
L’image de Lara me vient sous les yeux. Je souris en me
souvenant de son baiser volé. J’en ai été surpris, mais
j’avoue que j’ai kiffé. Je ne sais si une histoire sera
possible entre nous, mais j’ai bien envie d’essayer. Ça
donnera peut-être quelque chose, enfin, si elle est autant
intéressée. Cette aventure a remis les pendules à l’heure
entre nous vu notre rencontre catastrophique. J’espère
qu’elle m’appellera.

Je descends de la voiture et je marche vers l’ascenseur en


jouant avec mes clés.
— Papa !!!

Je tourne la tête et je vois le petit Ben courir dans ma


direction. Sa mère arrive derrière lui en marchant, toute
joyeuse. Je laisse le petit m’enlacer en fixant
dangereusement sa mère.

— Papa, où étais-tu ? Hier nous sommes venus et tu


n’étais pas là.
— J’étais en voyage, je réponds de façon détachée à ce
petit garçon de trois ans. Comment tu vas ?
— Bien, papa. C’est bientôt mon anniversaire. Tu avais
promis m’organiser une fête.
— Tu l’auras.

Sa mère arrive enfin à mon niveau.

— Bonsoir, chéri !
— À quoi joues-tu ? lui demandé-je, pince-sans-rire.
— Bébé !
— Tu penses que c’est en venant avec le petit que tu vas
m’attendrir ? J’ai dit que c’est fini, alors tu restes loin de
moi.
— Mais et Ben dans tout ça ? Tu es son père.
— Tu sais bien que je ne le suis pas. Je jouais ce rôle
uniquement à cause de nos liens qui n’existent plus
dorénavant. Je ne vois pas de raison de continuer. Tu
aurais dû penser à tout ça avant d’organiser une partouze
dans ma maison.
— Je…
— Je ne veux plus t’entendre. Je t’enverrai de l’argent
pour l’anniversaire du petit, mais retiens bien que c’est la
dernière fois. Et si je te revois encore rôder autour de moi,
tu ne me reconnaîtras pas.

Je lui lance un regard dédaigneux et je lui tourne le dos.


Non, mais qu’est-ce qu’elle a cru ? Que je me laisserais
berner par son fichu jeu ? Oser utiliser son fils pour
m’avoir ? N’importe quoi ! Je rentre chez moi, prends
une douche et je me mets au lit. J’ai besoin de longues
heures de sommeil.

La première chose que je fais lorsque j’ouvre de nouveau


les yeux, c’est de jeter un coup d’œil sur mon portable.
J’ai pu dormir quelques heures. J’ai maintenant l’estomac
au talon. La sonnette de mon appartement retentit
pendant que je commande quelque chose à manger. Je
reconnais mon boss dans son complet jogging à travers le
judas.
— Bonsoir, monsieur, le salué-je après lui avoir ouvert la
porte. Il y a une urgence ?

C’est généralement dans ces cas qu’il débarque chez moi


tardivement.

— Non ! Non, il n’y a rien, répond-il en rentrant. C’est la


fête à la maison et j’ai décidé de fuir un peu le bruit.
— Je vois ! Je peux faire quelque chose pour vous ? S’il
vous plaît, installez-vous.

Il s’installe dans le salon et il pose un document sur la


table.

— Je vous sers quelque chose à boire ?


— Ça va, Rico. Viens t’asseoir.

J’obéis.

— Comment vas-tu, après toute cette épreuve ?


— Plutôt bien, Boss. Je n’ai eu que des plaies
superficielles donc ça va.
— Je tenais sincèrement à te remercier. Pour tout ce que
tu as fait. Infiniment merci !
— Je n’ai rien fait de plus que mon travail.
— Non, tu as fait bien plus. Ce que tu as fait ne faisait
pas partie de ton contrat de travail.
— Vous savez qu’entre vous et moi, il n’y a pas de
contrat. Ce n’est plus ça qui nous lie.
— J’en suis conscient.

Il se gratte la barbe.

— C’est d’ailleurs pour cette raison que je veux que tu


acceptes ce cadeau.

Il pousse le document vers moi avec son doigt. Je le


prends et l’examine.

— Rien ne sera assez pour te remercier d’avoir mis ta vie


en danger pour sauver ma femme. Je t’offre néanmoins
ce building en entier.
— Quoi ? Non, Boss. Je ne l’ai pas fait pour obtenir une
récompense.
— Je sais. C’est un cadeau, en tant qu’ami. Pas en tant
que patron. Tu le mérites, surtout que je sais que tu ne
voudras pas quitter dans mes bottes de sitôt pour te
trouver un meilleur boulot.
Je souris en même temps que lui.

— Tu vis déjà ici, il te sera de ce fait plus facile de garder


un œil sur tout et le gérer comme tu veux. L’agent
immobilier sera toujours à ta disposition pour t’alléger la
tâche.
— Merci à vous, Boss !
— Tu me remercieras quand tu auras signé ces
documents, rigole-t-il. Tu me les rendras demain. J’y vais
avant que Trisha me bombarde d’appels.

Il se lève, signe qu’il veut s’en aller. Je le raccompagne à


la porte, mais il se retourne soudainement.

— Au fait, où en es-tu avec ta copine ?


— Nous ne sommes plus ensemble.
— Ah ! Était-ce parce que tu n’avais pas du temps à lui
consacrer à cause du boulot ?
— Non, ça n’a rien avoir. J’avais toujours du temps pour
elle quand je ne bossais pas. Nous n’étions plus sur la
même longueur d’onde. C’est tout.
— Je vois. Ne tarde pas à te caser. À force de rester
célibataire, on finit par s’habituer à la solitude. Ne suis
pas mon exemple.
— C’est bien noté.
— Bonne soirée !
— À vous de même, Boss !

Après le départ de mon patron, je jette un coup d’œil aux


documents puis je les signe. Je n’en reviens pas d’être
propriétaire de ce building tant convoité par les gens. J’en
suis très heureux, cependant. Avec le coût des loyers des
appartements de cet immeuble, je peux clairement
démissionner et faire la fête jusqu’à la fin de mes jours.
Mais j’aime trop travailler pour cet homme pour songer
à démissionner. Ma livraison arrive, je dine et je vais de
nouveau me mettre au lit pour une bonne nuit de
récupération.

Je suis réveillé en sursaut par la sonnerie de mon portable.


Je pense à mon boss alors je décroche sans jeter un coup
d’œil. Il est le seul à se permettre de m’appeler au milieu
de la nuit.

— Allô, Boss !
« — Allô ? Euh, c’est moi, Lara ! »
— Lara ?

Je décolle mon portable et regarde le numéro. C’est un


numéro américain. Je me redresse en bâillant.
« — Tu dormais ? »
— Oui !
« — Oh, non ! J’avais zappé le décalage horaire. Je suis
sincèrement désolée de t’avoir réveillé. Je vais te laisser
te rendormir. »
— Non, ça va ! On peut discuter. Comment ça va là-bas ?
« — Plutôt pas mal. Si tout se passe bien, d’ici la semaine
prochaine, nous pourrons rentrer à New York et ceux qui
sont convalescents y continueront leurs traitements.
Dwayne sera également transféré dans une clinique déjà
prête à l’accueillir jusqu’à son réveil. »
— J’espère qu’il se réveillera avant.
« — Moi aussi. Sinon, toi, comment vas-tu ? Tu t’es bien
reposé ? Enfin, en dehors du fait que je t’ai réveillé. »

Son ricanement m’arrache un sourire.

— Oui, j’ai pu me reposer. Je crois que je ne me remettrai


pas aussitôt de cette aventure.
« — À qui le dis-tu ? J’espère ne plus revivre chose
pareille. »
— Je ne te croyais pas chochotte, avec ta si grande
gueule ! dis-je en souriant.
« — Il y a une grande différence entre savoir utiliser sa
grande gueule comme arme de défense et savoir manier
une arme. Question grande gueule, tu ne fais pas le poids
devant moi et question gangster, je ne fais pas le poids
devant toi. On formerait une belle équipe, tu ne crois
pas ? »
— Tu voudrais former une équipe avec un gangster ?
« — Si c’est pour que tu me sauves la vie à chaque fois,
pourquoi pas ? »
— Les flics sont là pour ça, tu sais.
« — Les flics ne me font pas de l’effet quand ils me
sauvent des bandits. »

Je plisse les yeux en souriant plus grandement. Elle


demeure silencieuse, attendant sans doute que je réagisse.

— D’abord un baiser volé, ensuite une déclaration, c’est


quoi la suite ?
« — À toi de me le dire. Je ne vais quand même pas tout
faire. »
— Nous venons tous deux de sortir d’une relation
catastrophique. Je pense que nous devrions prendre un
peu le temps de faire le deuil de ces relations-là et ne pas
aller trop vite en besogne par crainte de faire de mauvais
choix.
« — Je vois. »
La déception dans sa voix n’est pas passée inaperçue.

— Je ne voulais pas te froisser.


« — Non, je te comprends parfaitement. Tu as raison. Je
crois que toute cette histoire de séquestration m’a un peu
mis les nerfs à l’envers. Inconsciemment, je cherche un
point de chute pour vite oublier le traumatisme causé. »
— Tu me plais aussi, Lara ! Je ne vais pas le nier. Et je
propose que nous prenions le temps de plus nous
connaitre, d’échanger, ensuite nous verrons où ça nous
mènera.
« — Ça marche ! » dit-elle le sourire dans la voix.

QUATRE MOIS PLUS TARD

***LARA

Je mets les pieds pour la première fois en Côte d’Ivoire


et je trouve ce pays très beau. Je sens que je vais m’y
plaire, avec l’ambiance qui se remarque à première vue.

— Tu es impatiente de le revoir, hein ?

Kylie me pousse avec son épaule et rigole. Je tchipe et


me concentre de nouveau sur la ville qui défile sous mes
yeux. Kylie, Faith, Brad, Mel et moi avions décidé de
venir passer le week-end ici en Côte d’Ivoire, histoire de
changer un peu d’air. De retour à New York il y a
quelques mois, nous avons été mouvementés entre les
bébés en couveuse et la santé de Dwayne qui n’a jusque-
là pas évolué. Enfin si. Son pronostic vital n’est pas en
jeu, mais il n’a toujours pas ouvert les yeux, ce qui plonge
chaque jour un peu plus April dans la déprime. Mel a
insisté pour qu’elle vienne avec nous, mais elle a
catégoriquement refusé. Elle tient à rester au chevet de
Dwayne chaque seconde de sa vie pour ne rien rater de
son réveil.

Mel gare devant une grande boutique qui est censée être
celle de Loraine selon ce qu’il y a de marqué sur sa carte
de visite. À la seconde même où nous pénétrons à
l’intérieur du bâtiment, quelqu’un hurle le nom de Kylie.
Nous nous tournons tous vers Loraine qui vient vers
nous, toute joyeuse.

— Mais que faites-vous là ?

Elle nous enlace tous.

— Je ne m’attendais vraiment pas à vous voir. Quelle


belle surprise ! Venez dans mon bureau.
Nous la suivons dans ledit bureau où nous sommes traités
comme des rois avec des rafraîchissements et des amuse-
bouches de tout genre.

— Ils sont où mes bébés ? demande-t-elle à Kylie.


— Avec ma mère. J’avais besoin de souffler un peu. Ces
jumeaux ne dorment jamais la nuit. Mais comment tu vas
toi ? Et Jess ?
— Elle va bien. Elle vit encore avec la peur au ventre de
se faire de nouveau séquestrer, mais ça va lui passer.
Alors, vous êtes là pour combien de temps.
— Juste deux jours.
— Uniquement ce week-end ? Mince alors. Nous aurions
pu passer du temps ensemble si je n’avais pas un agenda
chargé. Mais si vous voulez, on peut diner ensemble ce
soir chez moi.

Nous nous concertons du regard. Les garçons font signe


qu’ils sont partants. Nous discutons encore plusieurs
minutes. Elle nous laisse choisir chacune une paire de
chaussures. Ses créations sont magnifiques. Nous
prenons congé d’elle avec la promesse de passer diner
dans sa maison ce soir.
— Rico ne répond toujours pas à son portable, nous
informe Mel en manipulant son portable pendant que
nous marchons vers la voiture.
— Il est peut-être au boulot, suppose Brad.
— Non, il ne bosse les week-ends que lorsqu’il doit
voyager avec son boss. On devrait faire un tour chez lui.

Je cache ma joie et surtout mon impatience de voir Rico.


Ces derniers mois, nous nous sommes rapprochés lui et
moi, et je ne sais pas si nous pouvons appeler cela une
relation, mais je crois bien que c’en est une, même si nous
ne l’avons pas vraiment signifié. Mel gare de nouveau,
mais cette fois devant un building gigantesque.

— Vous permettez que j’aille voir ? leur demandé-je,


surexcitée.

Ils acceptent et je descends, de plus en plus surexcitée. Je


crois bien que la première chose que je ferai quand je le
verrai serait de l’embrasser. Au stade où nous en
sommes, je peux me le permettre. Je me présente à
l’agent de sécurité qui m’escorte jusqu’à l’appartement
de Rico. Il reste là pour s’assurer que Rico me connaisse
réellement. Ça ne badine pas avec la sécurité ici, dis donc.
Il sonne et la porte craque quelques secondes après. Je
plaque un large sourire sur mes lèvres, attendant de voir
Rico. Mais ce sourire s’efface quand je vois plutôt une
fille, avec sur elle un tee-shirt d’homme comme seul
vêtement.

— Bonsoir, je peux vous aider ? demande-t-elle.


— Bonsoir ! Je voulais voir Rico. C’est bien ici chez lui ?

Elle glisse son regard sur moi de haut en bas et remonte


lentement.

— Oui ! Je suis sa fiancée, répond-elle toute souriante en


me montrant son doigt couronné d’une bague. Rico se
repose. Vous êtes ?

J’essaie de répondre, mais l’émotion me cloue le bec. J’ai


les yeux qui picotent et le cœur qui bat douloureusement.

— S’il se réveille, dites-lui que ses amis de New York


sont ici.
— Je lui dirai.
— Merci bien.

Elle referme la porte sans attendre que je parte en


premier. Je suis venue enthousiaste et je repars déçue
comme jamais. Je retourne à la voiture et passe ma
frustration sur la portière que je claque bruyamment.
— Tu veux arracher la portière ou quoi ? se plaint Faith.
— Tu l’as vu ? me demande Mel.
— Il n’est pas là. Est-ce qu’on peut aller manger quelque
chose s’il vous plaît ?

Je vois, du coin l’œil, Kylie plisser les yeux.

— Tout va bien ? s’inquiète-t-elle.

J’écris un texte dans mon portable « Il était avec une


autre fille. Sa fiancée. » et je lui montre.

— Je suis désolée, mime-t-elle avant de me prendre dans


ses bras.

Je n’ai plus envie de rester. Je veux retourner chez moi.

***RICO

Je me réveille enfin après ces bonnes heures de sommeil


bien mérité. Cette semaine a été chargée entre les
voyages et les dizaines de réunions par jour. J’avais
besoin de ce repos. Je balade ma main sur le côté vide de
mon lit et prends mon portable. Je veux voir quelle heure
il fait, mais je vois plutôt plusieurs appels en absence
d’un numéro inconnu. Je le rappelle. Ça sonne à peine
que ça décroche.

« — Allô, Rico ! C’est Mel ! Je suis au pays. »


— Depuis quand ? je demande en me levant d’un bond.
« — Il y a quelques heures. Je suis avec Brad, Kylie,
Faith et Lara. »

Je souris à l’entente du dernier prénom.

— Vous êtes où ? Je vous rejoins.


« — Sococé deux plateaux. »
— Ok, j’arrive !

Je fonce prendre une douche rapidement, j’enfile une


tenue décontractée et je ramasse mes clés. En sortant, je
tombe sur Sabine.

— Que fais-tu chez moi ? je gueule avec colère. Et


comment es-tu rentrée ?
— J’ai toujours le double de tes clés.
— Fais chier !!! Ok, j’en ai plus que marre de toi. Repose
le double… non, pars avec plutôt. Je vais faire changer la
serrure.
— Rico !
— TU DÉGAGES DE CHEZ MOI, MAINTENANT !!!

Je vois son sac dans le fauteuil. Je le prends, lui agrippe


le bras et je la trimballe dehors. J’appelle l’ascenseur et
je la jette à l’intérieur avant d’y rentrer à mon tour.

— Rico, je ne suis pas habillée. Mes vêtements sont


restés chez toi.
— Je te les ferais livrer.

L’ascenseur s’ouvre au rez-de-chaussée.

— Rico, arrête ! Tu me fais mal.

Je fais signe à l’un des gardes de venir.

— Foutez-la dehors et mettez-la sur la liste des personnes


interdites ici.
— D’accord, monsieur !
Il récupère Sabine quand moi, je me dirige vers le parking
extérieur. Je me demande ce qui m’a pris de sortir avec
une tarée pareille. Je me dépêche d’arriver au lieu de
rendez-vous avec mes amis. J’appelle Mel qui m’indique
leur position exacte. Je m’y rends et les aperçois, assis
dans un salon. Lara regarde dans ma direction et quand
nos regards se rencontrent, elle détourne les yeux. Je
m’attendais à un sourire, mais non. Je passe dessus et les
rejoins. Je cogne les poings des gars et embrasse les filles.
Autour de Lara, elle effleure à peine ma joue. Je fronce
les sourcils. Il y a quelque chose qui cloche. Nous avons
passé ces quatre derniers mois à bavarder à distance puis,
quand on se voit, elle est froide ? Les filles me cèdent la
place près de Lara.

— Ça va toi ? je lui chuchote près de l’oreille.

Elle fait juste oui de la tête.

— Je suis content de te voir.


— Hum !

Je comprends de moins en moins son attitude. Mel


entame une conversation qui me fait tourner la tête vers
lui.
— Nous avons fait un tour chez Loraine. Elle nous invite
à diner ce soir.
— J’y ai aussi diné quelques fois. C’est Carl que je vois
régulièrement. Je me suis inscrit à sa salle de sport. Vous
êtes descendus où ?
— À l’hôtel de ton boss.
— Si vous nous aviez prévenus, il aurait demandé un
service gratuit pour vous.
— Non, ce n’est pas grave.
— Je le lui dirai quand même. Il sera très ravi de vous
savoir dans son établissement.

Lara se lève et sort de table. Je la regarde partir en


direction des toilettes.

— Excusez-moi, il y a un problème avec Lara ? je


demande aux autres.
— Euh non, répond Mel. Elle était de bonne humeur
toute la journée.
— Jusqu’à ce qu’on revienne de chez toi, termine Kylie.
— Vous êtes venus chez moi ?
— Oui, répond encore Kylie. Et c’est Lara qui est
montée.
— Elle est montée ? Je ne l’ai pourtant pas vue.
— Oui, parce que c’est quelqu’un d’autre qui a ouvert ta
porte.

Son ton me fait capter. Je ferme les yeux et soupire. Elle


a dû rencontrer Sabine. Je me rapproche de Kylie pendant
que les autres continuent de discuter.

— Kylie, l’autre fille, c’est…


— Ta fiancée. Oui, on le sait.
— Fiancée ?
— C’est ce qu’elle a dit à Lara. Et maintenant elle est en
rogne.

Je souffle d’exaspération.

— Cette fille, c’est mon ex. Elle me colle comme un pou.


Mais je te promets qu’il n’y a plus rien entre elle et moi.
— Tu vas devoir l’expliquer à Lara.

La concernée revient avec le visage toujours fermé. Elle


se rassoit près de moi sans m’accorder un regard.

— Il faut qu’on parle, lui chuchoté-je à l’oreille.


— Je n’ai rien à te dire.
— Je…

Je suis interrompu par la sonnerie de mon portable. Je


m’excuse et m’éloigne pour répondre à l’appel de mon
boss.

« — Rico, désolé de te déranger pendant ton jour de


repos, mais j’aurai besoin que tu escortes ma femme à
une soirée ce soir. Je devais y aller avec elle, mais j’ai
une migraine atroce. Jean est déjà pris et je ne peux
confier la sécurité de ma femme à n’importe qui. »
— C’est compris, Boss. Je me prépare et je viens.
« — Merci ! »
— Au fait, Brad et Mel sont là. Ils séjournent à l’un de
vos hôtels.
« — Ah bon ? Occupe-toi donc d’eux et qu’ils ne
déboursent rien surtout. »
— C’est noté.

Il raccroche et je retourne près des autres.

— Vous êtes là pour combien de temps ? je leur


demande.
— Tout le week-end.
— Génial. Mon boss me charge de laisser des
instructions pour vous à votre hôtel. Vous allez
m’excuser, j’ai un imprévu. Mais demain on se verra.
Lara, tu viens un moment, s’il te plaît !

Elle fait la tronche. Sa sœur la pousse à se lever et elle


cède. Je lui prends la main et m’éloigne un peu.

— Demain matin, je viendrai te chercher pour que nous


passions toute la journée ensemble. Il n’est pas question
que je laisse mon ex tout gâcher entre nous.
— Ton ex ? s’énerve-t-elle. Elle a dit qu’elle était ta
fiancée.
— Je t’expliquerai tout demain. Mais crois-moi, je ne t’ai
jamais menti.

Je me rapproche d’elle et capture ses lèvres par surprise.


Elle frissonne. Je relâche tout doucement ses lèvres.

— À demain !

Elle fait oui de la tête. Elle est toute rouge au point


d’avoir du mal à parler. Je souris et tourne les talons.

*Mona
*LYS

Je fais signe à Lara de descendre, une fois ma voiture


garée devant leur hôtel. Elle apparait quelques minutes
plus tard, vêtue d’un jean, un tee-shirt blanc, des baskets
assortis et un petit sac accroché à son épaule. Elle monte
et me salue de façon détachée. Je vois qu’elle est toujours
en colère. Je garde cette conversation pour plus tard. Je
l’emmène à Abidjan Mall, l’un des endroits paisibles de
la commune de Cocody. Nous nous installons dans l’un
des restaurants et passons nos commandes. Elle tourne le
regard ailleurs après le départ du serveur.

— Tu boudes toujours ? je lui demande, le sourire en


coin.
— Pourquoi devrais-je bouder ? demande-t-elle en
tournant les yeux sur moi.
— C’est mon ex. Il n’y a plus rien entre elle et moi.
— Et c’est pourquoi elle était chez toi, presque à poil
avec ton tee-shirt sur elle ?

Je quitte ma chaise et m’assieds sur celle à côté d’elle.

— Je l’ai surprise dans mon lit dans un plan à trois avec


deux gamins.
Elle ouvre grandement ses yeux.

— C’était la veille de notre rencontre. Ensuite, il y a eu


l’enlèvement de ma boss, et à mon retour j’étais tout le
temps parti avec mon boss qui avait pris du retard sur
certains chantiers. Je n’ai donc pas eu le temps de
reprendre le double de mes clés avec mon ex. Hier, elle
est rentrée pendant que je faisais ma sieste. Je ne l’ai vu
que lorsque je venais vous rejoindre.
— Je suis vraiment désolée pour ce qu’elle t’a fait.

Elle baisse la tête et se triture les doigts.

— Est-ce que tu… l’aimes toujours ?


— Si c’était le cas, ce serait avec elle que je serais ici.

Je lui prends les mains posées sur la table.

— Une chose que tu devrais savoir sur moi, c’est que je


ne suis pas du genre à jouer. Soit c’est du sérieux, soit
c’est rien du tout. En plus, mon boulot ne me permet pas
de jongler entre plusieurs filles. Mes temps de repos et
congés sont précieux, alors j’ai choisi de les passer avec
les personnes qui comptent pour moi.
Elle comprend mon message. Je rapproche mon visage et
l’embrasse.

— J’adore comment tu m’embrasses.


— Et moi j’adore quand tu es jalouse.

Elle sourit en se mordillant la lèvre. Nous sommes


interrompus par le serveur qui rapporte nos commandes.
Nous changeons de sujets et cette fois l’atmosphère est
plus joviale. Après le déjeuner, nous montons au
deuxième étage où se trouvent les différents jeux.

— Que fait-on ici ? me demande-t-elle.


— Nous allons nous amuser et ferons tous les jeux
possibles. Allez, viens !

Nous entrons dans la première salle où sont regroupés les


jeux électroniques. J’achète plusieurs pièces et nous
commençons par le premier jeu qui consiste à piocher un
nounours parmi plusieurs. Lara a du mal à s’en prendre.
Je suis obligé de le faire pour elle en me moquant d’elle.
Je lui en prends deux et nous passons au jeu suivant. Nous
passons ainsi la journée entre fou rire et jeux.

***LARA
La main de Rico est continuellement posée sur la chute
de mes reins, ce qui nourrit un brasier en moi. Il ne cesse
de me tenir par la taille en m’aidant à jouer. Là
maintenant, il veut m’aider à marquer des paniers au
basket. Il se place derrière moi, puis quand je me baisse
pour ramasser une balle, mes fesses se frottent à son
entre-jambes. Je retiens mon souffle face à l’excitation
qui me frappe au bas-ventre. J’avais déjà envie de lui
depuis ce matin que je l’ai vu et maintenant c’est pire. Je
le vois mentalement me faire l’amour. Mince ! Je dois
reprendre mes esprits. Je me concentre sur le jeu et
entame les lancers francs. Je termine la journée avec des
bouffées de chaleur. Main dans la main, nous retournons
à sa voiture.

— Merci pour la journée, lui dis-je après avoir bouclé ma


ceinture de sécurité.
— Je voudrais que tu restes encore avec moi ce soir. Ce
n’est pas une invitation à ce que à quoi tu penses, rectifie-
t-il vite. Je veux seulement que nous terminions la soirée
ensemble après une si belle journée.
— Je m’impatientais d’entendre cette invitation.

Nous échangeons un sourire et il démarre. Nous faisons


un arrêt à un restaurant qui fait dans le “garba”, si j’ai
bien retenu le nom. Il dit vouloir me fait découvrir ce
mets typiquement ivoirien. Nous en achetons donc et
nous nous rendons à son appartement que je trouve
magnifique. Nous dégustons le merveilleux plat
accompagné de jus de fruits fait par lui. Je l’aide ensuite
à tout débarrasser.

— Laisse la vaisselle, je vais la faire, me dit-il en me


prenant l’éponge des mains.
— Non, ça ne me dérange pas.
— Tu es mon invitée. Tu peux aller relaxer devant ma
télé.
— Je vais plutôt prendre une douche.
— Viens, je te montre.

Il me conduit à sa chambre devant laquelle je reste la


bouche ouverte.

— Mince ! Combien touches-tu en tant que garde du


corps pour vivre dans un appartement pareil ?
— C’est un cadeau de mon boss, répond-il en rigolant.

Il me laisse sur place et se dirige vers son dressing.

— Ta voiture aussi, c’est un cadeau ?


— Non. Je me la suis offerte pour mon anniversaire.
— Donc tu touches un vrai pactole.
— On pourrait ne pas parler de mon salaire ? rigole-t-il
de nouveau.
— Mais je veux savoir combien tu touches. S’il te plaît !

Il me regarde et sourit.

— Autour d’un million, finit-il par répondre.


— Au-dessus ou en dessous ?
— Je ne te dirai pas plus.
— S’il te plaît ! Alleezz !!!
— Un peu au-dessus.

Je siffle. Il sort un tee-shirt.

— Tu es payé à plus d’un million juste pour garder un


homme ?
— Je ne garde pas n’importe quel homme. Maintenant,
va prendre ta douche et tu enfiles ce tee-shirt.

Il pose un smack sur mes lèvres.

— Je t’attends au salon.
J’écris un message à Kylie pour l’informer que je passerai
la nuit ici. Ensuite, je fonce prendre une bonne douche et
je retourne au salon avec son tee-shirt sur moi. J’entends
depuis ma position, Rico discuter au téléphone. Je trouve
un homme super sexy avec le torse nu et l’élastique de
son boxer qui dépasse légèrement son jean attire tout de
suite les regards sur son postérieur. Je glisse mon regard
sur lui en me mordillant l’intérieur de la lèvre. Il termine
son appel et se tourne vers moi.

— Ah, tu es là !
— Oui. C’était ton boss ? Tu dois aller travailler ?
— Non ! Il me demandait juste un truc concernant un de
ses rendez-vous de la semaine. Tu veux qu’on se regarde
un film ?
— Euh, non ! Je suis plutôt attirée par la piscine sur la
terrasse. Je peux ?
— Bien sûr. Je ne l’ai jamais utilisée de toute façon.
— C’est vrai ? Pourquoi ça ?
— Bof, comme ça.
— Je peux y aller avec ton tee-shirt ? Je n’ai pas apporté
de maillot.
— Oui, vas-y !
Son portable sonne de nouveau.

— Désolé, c’est un cousin au Nigéria.

Je me rends à la piscine pendant qu’il répond à l’appel.


Je profite de la piscine, mais aussi du ciel qui brille cette
nuit de ses mille étoiles. Des bruits de pas derrière moi
me font me retourner.

— Je vais prendre une douche. Ça ne te dérange pas ?


— Et si tu me rejoignais plutôt ? L’eau est bonne.
— Je vais plutôt m’asseoir près de toi.

Il plie les bas de son jean et s’assoit en mettant ses pieds


dans l’eau.

— Tu as une magnifique vue d’ici.


— Ouais ! Ça te plairait de vivre ici ?
— Est-ce une demande en mariage ?

Il éclate de rire.

— Tu veux que s’en soit une ? me demande-t-il en


plongeant son regard brillant dans le mien.
— Ça dépendra ?
— De quoi ?
— De si tu me fais beaucoup d’effet.

Il rigole à nouveau.

— Parce que je ne te fais pas déjà de l’effet ?

Je fais non de la tête en souriant.

— Tu en es certaine ?
— Ouais !

Il descend dans la piscine et me cale contre la paroi en


s’arrêtant devant moi.

— Redis-moi ça !
— Tu ne me fais pas de l’effet.
— Vraiment ?
— Vraiment !

Il rapproche lentement son visage du mien sans me


quitter des yeux. Il effleure mes lèvres et
automatiquement je les ouvre. Je ferme ensuite les yeux
pour pouvoir mieux savourer le baiser.

— Je n’embrasse pas une fille à qui je ne fais pas d’effet.

J’ouvre les yeux. Il recule en rigolant. Il rigole de plus en


voyant la mine que j’affiche.

— Ce n’est pas drôle.


— Pour moi, si.

J’essaie de le taper, mais il recule.

— Je suis plus grand que toi. Tu t’amuses, je te fais


plonger dans le fond de la piscine.
— Tchip ! Je vais dormir.

Je fais mine de vouloir sortir de la piscine, mais il me


retient par la taille et me retourne. Je pose mes mains sur
son buste en répondant à ce regard si profond qu’il a posé
sur moi.

— Toi, tu me fais de l’effet, me souffle-t-elle. Je résiste


depuis ce matin à l’envie de te toucher.
Je comprends ce qu’il veut dire par “ toucher ”.

— Touche-moi ! je lâche, le cœur battant la chamade et


les seins douloureux dus à l’excitation.

Il baisse la tête et me mord d’abord la lèvre avant de la


saisir totalement entre ses lèvres. Je soupire d’aise. Ma
respiration se saccade chaque seconde. Je ne supporte
plus cette excitation qui est à son comble. Il me colle à la
paroi et glisse sa main sous mon tee-shirt. Il grogne en se
rendant compte que je suis complètement nue en dessous.
Le baiser redouble de vigueur. Il me pétrit les fesses,
monte jusqu’à mes seins et emprisonne un dans sa paume
large.

— Rico ! je lâche entre mes gémissements.

Il me soulève et enroule mes jambes autour de sa taille.


Je sens aussitôt son sexe gonflé contre ma fleur. Je suis
prise entre la crainte, le doute et l’excitation. Suis-je prête
à lui donner ma virginité ? N’est-ce pas trop rapide ? Mes
pensées se troublent quand il commence des frottements
de nos deux sexes.

— Rico !!! Han !!!


Je gémis de plus en plus. Je suis en train de perdre la tête.
Je veux l’arrêter, mais en même temps je veux qu’il
continue. Qu’il parte plus loin. Je sens un plaisir fugace
me remplir le bas-ventre et se propager en moi.

— Rico !!! Rico !!!

J’enfonce mes ongles dans sa chair. Je ne sais pas ce qui


m’arrive. Je lâche un cri qui me surprend moi-même. Je
me crispe durant de longues secondes ou minutes, je n’en
sais rien. Quand je relâche, je me sens affaiblie. Je sens
la main de Rico se poser sur ma fleur. Je sursaute.

— Rico, attends !
— Je t’ai fait mal ?
— Non ! C’est jusque…

Je baisse la tête de honte.

— Tu es vierge ?

Je ferme les yeux. J’ai senti comme de la déception dans


sa voix. Je gesticule pour lui faire comprendre que je
veux descendre. Il me laisse, je sors de la piscine toute
honteuse et je cours me réfugier dans sa chambre. Je me
sens ridicule. Je me laisse glisser sur la porte. Je me sens
honteuse qu’il m’ait vue dans un état pareil. Était-ce un
orgasme que je venais d’avoir ? Et j’ai gémi sans pudeur.
Il doit se demander quel genre de fille je suis.

Des coups sont donnés sur la porte.

« — Lara, ça va ? » me demande Rico derrière la porte.


— Je… Je…

Je ne sais pas quoi lui dire.

« — Je suis désolé si je suis allé loin », dit-il.


— Non, tu n’as rien fait. C’est moi qui aurais dû te dire
que… je suis désolée de t’avoir laissé en plan comme ça.
« — Peux-tu sortir, s’il te plaît ? »
— Je me sens honteuse.
« — Pourquoi ? »
— Parce que tout se passait bien. Il suffisait qu’on fasse
l’amour pour que tout soit parfait.
« — Ce n’était pas le sexe qui allait rendre cette soirée
parfaite. Elle l’est déjà parce que tu es là. »
La beauté de sa phrase me fait couler une larme.

« — Si je t’ai demandé de venir, ce n’était pas pour


coucher avec toi, même si j’en ai envie. J’ai voulu
profiter au maximum de toi avant que tu ne repartes. Et
pour tout te dire, je me doutais que tu étais vierge. »

Hum ? J’écarquille les yeux.

— Comment ?
« — C’est facile de reconnaître une fille vierge, dit-il le
sourire dans la voix. Tu sursautais à chaque fois qu’il y
avait un frottement entre nous. Et… tu glousses beaucoup
quand tu me vois. Mais j’avais un peu de doute à cause
de ta grande gueule. »

L’entendre rire me faire sourire.

« — Lara, tu n’as pas à avoir honte d’être vierge. C’est


une vertu qui se fait rare de nos jours. La dépravation
sexuelle est devenue la norme, alors voir une jeune et
belle fille qui ne suit pas la tendance, c’est à féliciter. Je
suis fier de toi. Sincèrement ! »
— Tu veux toujours de moi, malgré tout ?
« — Ouvre, je veux te répondre dans les yeux. »
Je me relève, je souffle et j’ouvre la porte. Je remarque
tout de suite qu’il a troqué son jean pour une grande
serviette enroulée sur sa taille. Dès qu’il me voit, il éclate
de rire.

— Elle est passée où, cette fille qui était prête à en


découdre avec moi à New York ?
— Elle disparaît quand tu es là, dis-je timidement. Je ne
me reconnais plus quand tu es là ou quand tu m’appelles.
Je suis intimidée par toi, je perds mes moyens devant toi.
Je suis amoureuse de toi. Et je crains de ne pas répondre
à tes critères. J’ai fui également parce que j’avais peur de
lire du dégoût dans ton regard. Je ne voulais pas
t’entendre me mettre à la porte parce que je ne te
corresponds pas. Rico, c’est ma première fois de ressentir
autant de choses pour un homme. Je désire ardemment
que ça marche entre nous. Mais avec ce vœu que je me
suis fait de ne me donner qu’à celui qui se montrera être
le bon, des mecs m’ont fui parce qu’ils estimaient qu’une
relation ne peut fonctionner sans sexe. Alors je me dis
que ce sera sans doute pareil avec toi. Tu finiras par te
lasser de patienter ou tu iras te soulager ailleurs avec
d’autres…

Je me tais quand il fait deux pas vers moi.


— Lara, je veux être avec toi. Le sexe n’a jamais été une
preuve d’amour pour moi. Je ne suis pas tous les
hommes. Et si tu crains que je te trompe, sache que j’ai
appris à discipliner mon corps et mes pulsions. Alors, que
tu sois vierge ou pas, ça ne change rien à mes sentiments
pour toi.
— Tu as des sentiments pour moi ? je lui demande, d’une
petite voix.

Il me sourit, se rapproche encore plus et se courbe pour


m’embrasser. La tristesse laisse place à un bonheur
absolu. Cet homme me fait trop d’effet, ce n’est pas
normal.

— Tu n’es pas frustré de ne pas avoir pris du plaisir ?


— Tu es là, Lara. C’est ça le plus important.
— Mais… tu es encore… excité.
— Tu m’excites tout le temps. Il suffit que j’entende ta
voix ou que je voie ton petit minois pour perdre le
contrôle de mes sens.
— Tu es trop romantique pour un gaillard comme toi.

Nous éclatons de rire.

— Il fallait te rassurer, alors…


— Merci beaucoup. Je me sens moins ridicule.

Nous sommes maintenant couchés dans son divan, moi


devant et lui derrière moi, le bras passé autour de ma
taille et nous regardons une série policière sur Netflix. Le
jogging qu’il a porté me permet de le sentir encore plus
contre mes fesses. Après avoir résisté à cette envie, je
finis par bouger doucement mes fesses contre lui.

— Arrête ! souffle-t-il.

Je souris et m’immobilise. J’attends quelques secondes et


je reprends.

— Lara !
— J’ai envie de toi.
— Arrête tes conneries.

Je me retourne face à lui.

— Et si je voulais qu’on le fasse ? Je te désire depuis trop


longtemps.
— Je préfère qu’on attende que tu sois plus prête. Là, ce
sont tes pulsions qui parlent. Tu le regretteras sans doute
demain.
— Mais on peut s’embrasser, se caresser, se toucher ?
— Oui, mais pas à un certain niveau. Je reste un homme
malgré tout.

Je l’embrasse sensuellement et nos mains se laissent


emporter. Elles se font baladeuses. Il me pétrit les fesses
et les seins. Je veux à mon tour glisser ma main dans son
jogging, mais il me stoppe brusquement.

— Pas là-bas.
— Pourquoi ? Toi tu as pourtant accès à mon corps.
— Lara, si tu veux rester vierge, ne t’aventure pas dans
cette zone.
— Il y a un serpent dedans ? plaisanté-je.
— Un dragon qui se met très vite en colère et qui crache
le feu. Maintenant ça suffit. Terminons la série. Madame,
la vierge des temps modernes.

Je pars dans un fou rire qui résonne dans toute la pièce.


Je retourne à ma position initiale. Je prends mon portable
et j’envoie un message aux filles dans notre groupe
WhatsApp.
— Je crois que cette fois, c’est le bon.
« — Je commence donc les préparatifs du mariage. » me
répond Kylie.

Je pose mon portable en souriant. Je me carre encore plus


dans les bras de mon homme et je profite du reste de ma
soirée. Lol, j’ai dit mon homme. Ça sonne plutôt bien.

ÉTATS-UNIS***NEW YORK

***APRIL

— Coucou toi ! Désolée pour mon retard. J’avais une


réunion importante avec un investisseur. Cet homme a
passé son temps à me faire les yeux doux. J’étais à deux
doigts de lui foutre mon doigt dans l’œil, mais il s’est vite
ressaisi.

Je pose mes effets dans le divan et je sors les livres.

— Alors, on fait la méditation avant ou la suite de ton


roman thriller ? Bon, d’abord la méditation et ensuite le
roman. Dieu avant tout.
Je tire la chaise et m’assois près de son lit. Je choisis le
verset du jour et le lit lentement. Après, je prends un
roman policier et je reprends la lecture là où je m’étais
arrêtée hier. J’arrive sur un passage comique et j’éclate
de rire. Je lis une heure durant, après quoi, je raconte lui
ma journée et mon agenda pour les jours à venir. Je finis
par laisser le découragement prendre le contrôle de moi.
Je retire mes chaussures et me couche près de Dwayne
qui refuse jusqu’à ce jour de se réveiller.

— Je commence à désespérer, mon amour. Les jours


passent et tu ne réagis toujours pas. Est-ce ma présence
qui t’empêche de te réveiller ? Tu me détestes au point de
ne pas vouloir me faire ce plaisir ? Tu me manques,
Dwayne. Même si nous ne nous remettons pas ensemble,
je te veux en vie. Te voir me rendait heureuse. J’accepte
que nous restions amis, mais à condition que tu te
réveilles. Je t’en supplie ! Tout le monde t’attend. Ta
chambre est inondée de cadeaux de toutes les personnes
qui t’aiment et pensent à toi. En plus, mon stock de
bouquins est terminé. Donc c’est le moment de se
réveiller.

Je glisse ma main dans la sienne.

— Je t’aime tellement, si tu savais.


Je soupire et ferme les yeux. Depuis notre retour, je passe
pratiquement ma vie ici dans cet hôpital. Je l’ai décidé
ainsi et je ne regrette rien. Je fais des demi-journées au
boulot et je viens les terminer ici, au chevet de Dwayne.
Je passe même mes nuits ici depuis quatre mois. Les
autres membres de la famille passent également le voir
tous les jours. Sa chambre est remplie de ballons, de
nounours, de cartes de souhaits, de paniers-cadeaux avec
des friandises. Certains viennent des filles qu’il a
sauvées.

La fatigue se faisant sentir, je ferme les yeux et me laisse


emporter. Étant à moitié endormie, j’entends faiblement
une voix. Je ne réagis pas. Ce doit être dehors.

— A… Apr… pril !

Je sens ma main être serrée puis soudainement ce sont


des bips qui se font entendre. Cette fois je me réveille en
sursaut.

— Dwayne ? OH MON DIEU, DWAYNE !!!

Dwayne a les yeux ouverts et perdus dans le vide. Ses


lèvres bougent sans qu’aucun son n’en sorte.
— A…
— Non, calme-toi ! Je vais chercher le docteur.

Je bondis du lit en manquant de me ramasser au sol et je


sors alerter tout l’hôpital. Le docteur et trois infirmières
se dépêchent de venir voir. Ils s’activent autour de
Dwayne. Je reste dans le fond à regarder ce qu’il se passe.
Je croise les mains et prie.

— April ?

Je sursaute en entendant la voix de Vicky.

— Que se passe-t-il ? demande-t-elle.


— Dwayne s’est réveillé. Il a ouvert les yeux et a
prononcé mon nom. Ensuite le minuteur s’est mis à biper.

Elle me prend dans ses bras et nous attendons la réaction


du docteur. Les bips s’arrêtent et après quelques
secondes, le docteur vient vers nous.

— Docteur, qu’il y a-t-il ? je lui demande, la peur au


ventre.
Il soupire. Mon cœur fait un bond. Puis, il sourit.

— Il s’est enfin réveillé et il va plutôt bien.

Je m’assieds dans le divan et éclate en sanglots.

— Nous allons lui faire passer une série d’examens pour


nous assurer qu’il est totalement hors de danger. Mais à
première vue, je crois qu’il n’y a plus rien à craindre.
Vous pouvez le voir avant que les infirmières ne
commencent les soins.

Quand il nous laisse, je cours vers le lit de Dwayne.

— Tu m’as entendue. Tu es revenu. Je suis tellement


heureuse.

Je lui pose un baiser sur le front. Il attrape ma main qui


était posée près de la sienne et il exerce une pression. Il
appuie plusieurs fois ma main comme s’il voulait me
faire passer un message.

— Je suis là, lui dis-je. Je suis avec toi. Je n’irai nulle


part.
Il serre ma main plus fort. Je crois que c’est bon signe.
Non, c’est un bon signe.
27

***APRIL

Ça fait dix jours que Dwayne s’est réveillé et il récupère


plutôt bien. Il a repris du poil de la bête. Selon le docteur,
étant donné que son cerveau n’a pas été touché,
miraculeusement d’ailleurs, il n’y a donc pas de risque
qu’il y ait des séquelles dans le futur. Il est complètement
rétabli. Il ne reste plus qu’à ce qu’il se remette
complètement physiquement.

Je pousse le fauteuil roulant dans lequel Dwayne est assis


et nous nous baladons dans l’hôpital. J’enchaine les
sujets de conversations pour ne pas qu’il finisse par
s’ennuyer. Il doit pour le moment se déplacer en fauteuil,
car il a du mal à se tenir longuement sur ses jambes qui
avaient reçu un choc lors de l’explosion à Miami. Il suit
une rééducation dont nous venons de terminer une
séance.

— Pendant ta séance avec le kinésithérapeute, le docteur


m’a annoncé une bonne nouvelle.
— Laquelle ?
— Que tu sortiras d’ici la semaine prochaine !
— Enfin ! soupire-t-il. J’en avais marre de cet endroit.
— Moi de même. Si tu tardais encore un peu, je crois que
je me serais pris une chambre également.

Nous rigolons à cœur joie. Il fut un temps où il ne voulait


même pas me sentir près de lui. Aujourd’hui, nous
sommes redevenus amis. J’en voulais plus, mais je me
contenterais de son amitié.

— Madame ? m’appelle une infirmière derrière nous.


Vous avez oublié la genouillère de votre mari.
— Oh, ce n’est pas mon mari, je rectifie avec gêne en
récupérant la genouillère.
— Ah ok, désolée ! Excusez-moi !

Elle nous laisse. Je me baisse devant Dwayne.

— April !
— Hum ? fais-je en lui portant la genouillère.
— Pourquoi es-tu restée à mon chevet tout ce temps ?

Je le regarde, perplexe.
— Parce que… tu fais partie de ma famille. Et aussi pour
d’autres raisons qui n’ont pas grand importance.
— Tu n’étais pas obligée.
— Je sais.

Je me relève quand il m’attrape la main. Ce geste


m’émoustille.

— Veux-tu m’épouser ?

Mon cœur rate un battement.

— Dwayne ! Je… n’ai pas fait ça pour obtenir quoi que


ce soit de toi. Encore moins de la pitié. Ne fais pas ça.
— Je ne fais rien par pitié. Cette épreuve m’a permis de
comprendre que malgré ma colère, tu étais celle qu’il me
fallait. Mes sentiments pour toi n’ont aucunement
changé, ça, tout le monde le sait. J’étais beaucoup trop
orgueilleux pour nous donner une seconde chance. Mais
la vie est courte, April. Tout peut basculer en une fraction
de seconde. J’aurais pu y laisser ma vie cette nuit-là.

Je ferme les yeux de douleur rien que d’y penser.


— Je ne veux pas quitter ce monde sans avoir vécu
pleinement notre amour, sans avoir fondé une famille
avec toi. Enfin, si tu le veux toujours. Si tu n’as pas fini
par tomber amoureuse d’un autre.
— Amoureuse de qui ? dis-je en pleurant de joie. Je suis
dingue de toi, tu le sais ça.

Je me baisse et l’embrasse.

— J’ai tellement attendu ce moment, tu n’as pas idée.


— Désolé de t’avoir faire souffrir.
— Je l’ai mérité. Mais je te promets d’être la femme
parfaite pour toi.
— Tu es déjà parfaite.

Il m’embrasse le front et nous restons ainsi, front contre


front.

QUATRE MOIS PLUS TARD

Je me regarde dans la glace et je n’arrive toujours pas à


le croire. Je me marie aujourd’hui !!! Je souris de toutes
mes dents. Enfin, mon rêve se concrétise. Je vais épouser
l’amour de ma vie. J’avais commencé à désespérer.
J’aurais pu avoir d’autres hommes. Ce ne sont d’ailleurs
pas des propositions qui m’ont manqué. Le truc, c’est que
c’est Dwayne que je voulais. Lui et uniquement lui.

La porte s’ouvre derrière moi et je vois mon petit frère


Mel entrer avec un bouquet de roses rouges en main. Il
est tiré à quatre épingles dans son smoking noir aux
bordures dorées et brillants.

— J’ai une livraison pour la future madame BAKER, dit-


il en venant vers moi.
— Pour moi ? De la part de qui ?
— Ton futur époux.

Je lui prends le bouquet des mains et je sens les fleurs.


J’adore l’odeur des roses rouges. Je tire la carte qui s’y
trouve. « J’ai hâte d’être à ce soir pour te faire toutes ces
choses que je n’ai cessé d’imaginer depuis notre
rencontre. Je t’aime. D. ». Je me mordille la lèvre.

— Ça dit quoi ?
— Tu es sûr de vouloir savoir ? je lui demande, le sourire
en coin.
— Beurk, non !
Je rigole face à sa mine dégoûtée. Il devient sérieux, me
prend le bouquet des mains qu’il pose sur la petite table
et il me prend les mains.

— Papa serait fier toi, me souffle-t-il.


— Je sais, dis-je émue aux larmes. J’aurais tant aimé
qu’il soit là. Qu’il voie la femme que je suis devenue.
Qu’il voie ce que nous sommes tous les deux devenus.
— Hé, ne pleure pas !

Il me prend dans ses bras.

— Pas de larmes aujourd’hui. Uniquement des larmes de


joie.
— Tu as raison.

Il me relâche et me nettoie les yeux avec le mouchoir de


son costume.

— Il est temps d’y aller. Tu es magnifique.


— Toi aussi tu es à tomber par terre, mon petit frère
adoré.
Il rigole et passe mon bras autour du sien. Nous sortons
de la maison, direction le jardin où tout est arrangé pour
la cérémonie religieuse. Tout le monde se lève quand
j’arrive. Mon regard est figé sur Dwayne, beau comme
tout, débout près de Malcom qui officiera la cérémonie.
Les triplets de ce dernier et Vicky sont mes pages.
Chaque pas vers l’autel me remplit d’émotion. J’ai
toujours adoré le mariage, encore plus en voyant le
couple de Vicky et Malcom qui sont mes modèles. Nous
arrivons enfin et Dwayne vient à notre rencontre. Mel me
prend la main et regarde son ami.

— Je te confie ma sœur. Si tu la fais souffrir, crois-moi,


je te tue.
— Je n’en doute pas une seconde, répond Dwayne en
riant. Et crois-moi, je tiens à ma vie.
— Il y a intérêt.

Ils se tapent dans les mains et se cognent les poings. Mel


se tourne vers moi et me serre contre lui.

— Je te souhaite tout le bonheur du monde. Je t’aime.


— Je t’aime aussi.

Il pose ma main dans celle de Dwayne et part s’asseoir


près de sa femme Faith.
***LARA

Je regarde les mariés faire leur ouverture de bal et mon


envie de vivre la même chose me brûle aux tripes. Être
unie avec l’homme qu’on aime, qui nous aime et fonder
une famille ensemble, il n’y a rien de mieux. Tous mes
proches l’ont fait et ils sont heureux. J’espère vivement
que mon tour arrivera. Penser à tout ça décuple le manque
de Rico en moi. Je n’avais jamais fait de relation à
distance et je dois avouer que c’est quand même pénible.
Ne pas pouvoir le toucher ni l’embrasser est un véritable
supplice pour moi. Il me manque chaque jour un peu plus.
Notre relation est parfaite. Malgré les petites disputes de
temps à autre, je la trouve parfaite. Rico, cet homme a
changé beaucoup de choses en moi, comme le manque de
confiance dans certains domaines de ma vie pour ne citer
que cela. Il m’a aussi fait découvrir certains potentiels
que je ne me connaissais pas. Pff ! Comme il me
manque !

Je vérifie sur WhatsApp s’il est connecté, mais toujours


rien. Je lui laisse un message. Il doit sans doute être
encore avec son patron. J’espère qu’il m’écrira avant de
s’endormir. Je regarde tous les autres couples, qui ont
rejoint les mariés, danser sur le slow qui joue. Ce n’est
pas juste. Je veux moi aussi mon cavalier.
— Vous m’offrez cette danse ?

Je me retourne, m’apprêtant à décliner l’invitation, quand


je tombe nez à nez avec Rico.

— Rico ? Mon Dieu ! Que fais-tu là ?


— J’ai voulu te faire une surprise.

Je lui saute au cou et l’embrasse langoureusement.

— Tu m’as trop manqué, lui dis-je.


— Toi aussi !

Je me blottis contre lui, le cœur bondissant de joie. Je ne


me sens plus seule. Je lui prends ensuite la main et nous
rejoignons les autres sur la piste de danse. Sentir sa main
se poser sur la naissance de mes fesses me faut frétiller.

— Tu es là pour combien de jours ?


— Je repars demain à la première heure. J’ai un autre
voyage avec mon boss.
— On reste donc ensemble cette nuit ?
— Si tu peux rester sage, oui.
— Je serai sage, promis, dis-je en rigolant. Au fait,
puisque tu es là, je voulais te présenter à mes parents.
— Maintenant ?
— Oui, viens.

Je le tire par la main sans lui laisser le temps de répliquer.


Nous arrivons à la table de mes parents et du couple
BEYNAUD.

— Papa, maman, Vicky, Malcom. Je vous présente Rico,


celui qui m’avait sauvé la vie à Miami. Rico, mes parents
ici et mes parrains là.
— Bonsoir, messieurs et dames.

Mon père se lève et tend la main à Rico.

— Je peux enfin vous remercier de vive voix.


— Ce n’est rien, monsieur, lui répond Rico en
empoignant sa main. J’ai fait ce que tout homme normal
ferait.

Je vois ma mère me regarder avec un sourire sur les


lèvres.
— Il est juste ton héros alors ? demande-t-elle. Ou… il y
a quelque chose d’autre.

Je me pince la lèvre. Rico et moi échangeons un regard.

— Au fait euh… nous sommes ensemble.


— Oh, ce n’est pas le baiser langoureux que tu lui as
donné qui nous dira le contraire.

Je baisse la tête, toute honteuse pendant qu’eux rigolent.

— Nous sommes ravis de faire ta connaissance, Rico,


continue ma mère. Nous espérons qu’il y aura une belle
issue à cette relation.
— Je l’espère aussi, madame. Merci à vous de
m’accepter.
— C’est normal.

Je prends la main de mon homme et nous prenons congé.


Nous rejoignons nos amis maintenant assis autour de la
grande table d’honneur. Les discussions vont bon train et
les éclats de rire fusent de partout. Cette fête est une vraie
réussite. Elle l’est encore plus pour moi, car mon mec est
là. Il me surprend en train de le regarder et me fait un clin
d’œil. Mon sourire s’agrandit.
*

Assise sur les jambes de Rico, je tente de me libérer de


toute cette excitation en l’embrassant fougueusement. Je
sens son excitation contre moi et je meurs d’envie qu’il
me fasse l’amour. Ses mains se sont glissées sous ma robe
et elles me pétrissent les fesses. Je promène mes mains
sur son torse nu. Son corps, diantre ! Il me fait perdre mes
sens. Je veux le croquer, le bouffer tout cru. Je lui mords
le lobe de l’oreille et je commence à onduler mes reins
sur lui. Nos deux parties intimes se frottent avec fluidité.
Il grogne.

— Lara, on devrait arrêter.


— Pourquoi ? je demande entre deux gémissements.
— Je risque de ne plus pouvoir me contrôler.
— J’ai envie de toi.
— Non, pas maintenant.

Je ne l’écoute pas et je continue de bouger sur lui.

— Lara !
Il me bloque les hanches de ses mains pour m’empêcher
de continuer.

— Tu as dit que tu serais sage.


— Je le suis, dis-je en rigolant.
— C’est ça !

Il me fait basculer pour que je m’asseye près de lui. Je


m’adosse contre lui et il passe son bras autour de moi.
Nous nous concentrons sur le film que nous étions censés
regarder. Je prends la télécommande et le remets depuis
le début.

— Lara ?
— Hum !
— Si toi et moi, ça devenait plus sérieux. Je veux dire, si
nous devions envisager de nous marier…

Mon cœur rate un battement.

— Serais-tu prête à quitter ta famille pour venir vivre


avec moi en Côte d’Ivoire ?
— Ça fait quatre mois que nous sommes ensemble et tu
penses déjà au mariage ?
— Je ne suis pas avec toi juste pour m’amuser et m’en
aller. Je songe réellement à me caser et si je dois le faire
ce sera avec toi et personne d’autre.

Je souris.

— Si aller vivre en Côte d’Ivoire est le moyen pour moi


d’être avec mon homme, je le ferais. Il me sera difficile
de m’éloigner de ma famille. Mais il faut bien qu’il y ait
un sacrifice à faire. (Levant les yeux sur lui) Serait-ce une
demande en mariage ?
— Lorsque je ferai ma demande, tu ne verras rien venir,
frime-t-il. Je suis imprévisible, tu sais.
— On verra bien.

Il fait un sourire mesquin. Je rigole et je m’installe


confortablement contre lui. Il me serre davantage et pose
un baiser dans mes cheveux.

***ANNA RODRIGUEZ

La sentence est tombée, j’en ai pris pour quarante ans


d’emprisonnement ferme pour plusieurs chefs
d’accusations. Je laisse mes larmes jaillir sur mes joues
pendant qu’on me conduit dehors, vers la voiture qui me
conduira dans ma nouvelle demeure. Il y a un monde fou
de personnes qui me huent et jubilent de mon sort. Les
journalistes me braquent tous leurs micros sous le nez
pour que je parle. Je reçois des coups au milieu de tout ce
grabuge. Pourquoi est-ce à moi de payer pour une
organisation dont je n’étais même pas la daronne ? El Jefe
devait rester en vie pour subir tout ce que je subis en ce
moment. C’est injuste. Je sais que Samuel a également eu
une lourde sentence. Je dois trouver un moyen de
m’échapper de prison. Je ne peux pas rester quarante
années, enfermée. Je ne le supporterais pas.

Alors je me débats pour me faufiler au milieu de ces gens,


je sens des picotements dans mon dos puis quelque chose
me transperce la chair.

— Ça, c’est pour ma sœur, j’entends quelqu’un dire dans


mon oreille.

Je me sens transpercer une seconde fois. Je pousse un cri


en m’effondrant. La foule se disperse et je me retrouve
allongée par terre. J’entends les gens hurler et la police
appeler les secours. Je ferme les yeux.

Je les ouvre en grimaçant. Je suis dans une chambre


d’hôpital.
— Où… suis-je ? demandé-je faiblement.
— Dans un hôpital.

Je lève les yeux sur un docteur qui se tient près de moi.

— Vous avez reçu plusieurs coups de couteau dans le


dos.
— Quoi ?

J’essaie de me lever mais la douleur me ramène à ma


place. Je veux bouger mes pieds mais je n’y arrive pas.

— Mes… jambes.
— Votre colonnes vertébrale a également été touchée.
Vous ne pourrez plus jamais marcher.

Il me balance cette info sans une once de compassion et


sort. Je retire le drap sur mes jambes et tente en vain de
les bouger sans jamais y arriver.

— NON, CE N’EST PAS POSSIBLE !!! NON !!!


28

PLUSIEURS MOIS PLUS TARD

***ANGÉLAS

— Félicitations encore pour la réussite de cette mission.


Madame la maire est très fière de vous. Allez, vous
pouvez maintenant prendre vos jours de repos.
— Merci, commandant, disons-nous tous ensemble.
— Angel ! m’appelle le commandant pendant que les
autres partent.
— Oui, chef ? Désolé, oui commandant ?

Il sourit.

— Félicitations pour tes énormes progrès. Au vu de tes


compétences et des résultats que ta collaboration avec ton
équipe a donnés jusque-là, je compte faire des
recrutements de jeunes prodiges comme toi et si tu
continues à être autant efficace, tu seras leur responsable.
— Oh merci, merci ! Je ne vous décevrai pas, je vous le
promets.
Je lui saute dessus et l’enlace. Il rit et s’en va. C’est tout
joyeux que je rejoins Mel dans ses vestiaires et je lui
relate les propos de notre commandant.

— Tu vois, je t’avais dit d’avoir confiance en toi, dit-il


en enfilant son tee-shirt.
— Ouais ! Mais tout ça, c’est aussi grâce à toi. Merci
pour tout.
— Pas de quoi ! Alors, on se retrouve tout à l’heure à
l’aérodrome ?
— Oui. J’espère que María et Abuela sont déjà prêtes. À
tout à l’heure.

Il prend son sac à dos et passe près de moi en me donnant


une petite tape sur l’épaule.

Je retourne récupérer mes effets également. En sortant, je


rencontre des collègues qui me saluent chaleureusement.
Ils sont tous très cool avec moi.

— Yo, Angel, ça baigne ?


— Oui !
Ici, j’ai préféré dire que je m’appelle Angel, diminutif de
mon prénom trop compliqué à prononcer. Je suis heureux
dans ma nouvelle vie. Je ne savais pas qu’il existait
encore autant de bonté dans un être humain jusqu’à ce
que je rencontre Mel, Brad et leurs familles. Ces gens
nous ont adoptés, ma famille et moi. Ils nous ont acheté
une belle maison de quatre chambres à Brooklyn. Ils ont
financé le food-truck d’Abuela et les études de María.
Avec mon salaire et ce que ma grand-mère gagne, nous
vivons paisiblement. Et la bonne nouvelle, c’est que nous
sommes officiellement des citoyens américains. Nous
pouvons circuler librement sans rien craindre.

J’arrive à la maison sur ma sublime moto, et je trébuche


sur plusieurs grosses valises en rentrant.

— Mais… c’est quoi toutes ces valises ? demandé-je en


me relevant.
— C’est Abuela qui a transporté ses ustensiles de cuisine,
me répond ma sœur qui descend les escaliers.
— Mais Abuela, nous partons juste trois jours à Miami
pour le carnaval. Pas à un concours de cuisine.
— Tu me parles ainsi et je te fracasse le crâne avec ma
poêle, me menace Abuela en apparaissant avec son
fameux ustensile.
Elle me pousse et range la poêle dans la valise avant de
la boucler de nouveau.

— Je dois tous vous faire à manger.


— Abuela, nous allons pour nous amuser, pour profiter
du carnaval.
— Vos estomacs resteront-ils ici ? Non, donc dégage et
va ranger tes affaires sinon nous serons en retard.

Ah, cette vieille dame ! C’est à croire que son avancée en


âge ne dépeindra jamais sur son attitude. Mais je l’adore
ainsi. Elle est toute ma vie. Bref, je dois maintenant me
préparer pour aller faire la fête à Miami.

***KYLIE

— Alors ?
— Je n’ai pas encore fini.
— Mais ça fait un bon bout de temps. Combien d’heures
te faut-il pour faire pipi ?
— Brad, arrête ! Tu me stresses.

Il tourne sur lui-même. L’urine se décide enfin à couler.


— Arrête de faire comme si c’était notre première fois.
— Sauf que la première fois, tu l’as fait toute seule et me
l’as annoncé.

Je lève les yeux au ciel. Je n’aurais jamais dû lui dire que


je soupçonnais être enceinte. Depuis, il n’arrête pas de
flipper.

— Putain, tu n’as pas encore fini ?

Je sors le test de grossesse et le fixe.

— Alors ?

Je le regarde.

— Kylie !
— C’est positif.
— Positif. Ça veut dire ?
— Je suis enceinte.
— Pour de vrai ?
Je tourne le test vers lui. Il approche et jette un coup
d’œil. Un sourire se dessine sur ses lèvres. Il me soulève
du cabinet et me pose sur le lavabo en m’embrassant à
pleine bouche.

— Brad ! dis-je en rigolant.


— Nous aurons un autre bébé.
— Je sais.

Il me regarde, les yeux brillants de bonheur. Je suis


heureuse de le voir si émerveillé par cette nouvelle.

— Merci de me combler de la sorte, Kylie. Écoute, je


promets de toujours te rendre heureuse. Toi et nos
enfants, vous serez à jamais mes priorités.
— Brad, je sais tout ça, lui dis-je dans un éclat de rire. Tu
es déjà un père et un mari formidable. Quel mari
s’accroche à un hélicoptère en plein vol ? Il n’y a que toi,
mon amour. Je t’aime éperdument.
— Je ferai toujours l’impossible pour toi, me chuchote-t-
il avant de prendre possession de mes lèvres.

Ses mains suivent le baiser et se glissent sous ma robe. Il


la retire, fait tomber son bas de jogging qui était le seul
vêtement sur lui, il me soulève en tenant fermement les
fesses et nous conduits à la cabine. Je le reçois en moi
centimètre par centimètre et je ne suis plus que
gémissement. Je suis suspendue entre la vitre et lui et je
me fais labourer avec vigueur. Ses coups sont rapides et
puissants. Je m’accroche à lui pour ne pas perdre pied. Je
lui mords l’épaule quand je sens l’orgasme me frapper,
mais le gars continue comme s’il ne ressentait
absolument rien.

— Brad ! Nous serons… en retard ! Hum !


— Tu veux que j’arrête ?
— Non, continue ! Non, c’est bon ! Oh Purée !

Il me fait descendre, me retourne, me pénètre de nouveau


en me ramenant vers lui et il enchaine les coups. Le
supplice est plus grand, car je ne peux m’accrocher à rien.
Quand il sent l’orgasme revenir, il ralentit pour le faire
disparaître puis reprend de plus belle.

— Brad !!!

Il laisse cette fois l’orgasme me transporter en arrêtant


ses coups. Il me mord le lobe de l’oreille et pose de petits
baisers dans mon dos pendant que je me remets peu à peu
de mes émotions. Je suis tout essoufflée.

— Ça va ? s’enquiert-il.
— Oui ! Je ne t’ai pas senti te libérer. Tu en veux encore ?
— Non ! Aujourd’hui, c’est toi qui es à l’honneur. Te
connaissant, je sais que tu voudras prendre ta revanche.

Je pouffe de rire.

— Exactement ! Mais ce sera à Miami. Je vais te réserver


une belle surprise.
— J’y ai hâte.

Nous prenons une douche, terminons de tout préparer et


nous sortons retrouver les enfants et Lara qui visiblement
vient d’arriver. Les enfants viennent sauter dans les bras
de leur père quand ils le voient. Comment qualifier Brad
entant que père ? Au fait, il n’y a pas de qualificatif. Je
suis chaque jour surprise de découvrir un autre homme
que celui que j’ai connu. Il adore ses enfants au point
d’appeler une dizaine de fois par jour pour avoir de leurs
nouvelles quand il n’est pas à la maison. Vicky m’a offert
un collier de perles pour me remercier d’avoir tant
transformé son protégé. Lui aussi m’a également
remerciée. Il me remercie d’ailleurs tous les jours.

— Dad, I want mashed potatoes with meat (Papa, je veux


de la purée de pommes de terre avec de la viande), dit la
petite Loraine à son père dans les bras de qui elle se
trouve.
— Ah non, je m’oppose. Nous avons un avion à prendre.
Tu auras ta purée à Miami.

Elle boude et regarde son père.

— La princesse a dit qu’elle veut une purée, alors la


princesse aura une purée, dit son père en lui faisant des
papouilles.
— Brad !
— S’il te plaît, mon cœur !

Lara fait une grimace quand elle entend le “ mon cœur ”.


Oui, je sais ce qu’elle pense. Brad qui utilise les petits
noms, c’est étrange. Il ne le fait généralement que lorsque
nous sommes en famille. Dehors, il garde toujours son air
impassible et dangereux. Brad me pose un baiser sur les
lèvres, pose sa fille dans le fauteuil et se rend à la cuisine.

— “ Mon cœur ” ? fait Lara, toujours perplexe.


— Ne me pose pas de question. Cet homme me surprend
de jour en jour. Je reviens.
Je retrouve mon homme à la cuisine qui réchauffe la
nourriture de sa fille.

— Brad, il faudrait que tu arrêtes de me contredire devant


les enfants. Surtout Loraine.
— Je ne t’ai pas contredite.
— Si, tu l’as fait. Et tu lui donnes une mauvaise habitude,
celle de te faire céder en boudant.

Il me fait face.

— Ok, je suis désolé. J’essaie juste d’être un bon père.


Toi tu es assez stricte avec eux. Je dois compenser en
étant plus doux.
— Sauf que tu es beaucoup trop doux. Et ça me fait
passer pour la méchante.

Il sourit.

— Qu’est-ce qu’il y a de drôle ?


— Tu es carrément différente de cette gamine
insouciante et rebelle que j’ai rencontrée. Tu es…
parfaite.
Je souris et laisse tomber ma frustration.

— Ça me fera toujours autant bizarre de te voir en mode


douceur, lui dis-je.

Il sourit et baisse la tête. Je me rapproche et passe mes


bras autour de sa taille. Il glisse son doigt sur ma joue.

— C’est toi qui m’as rendue meilleure, lui soufflé-je. Ton


amour m’a reconstruite.
— Je n’ai rien fait. Tu y es arrivée toute seule et tu m’as
fait la faveur de m’emmener avec toi. Merci !

Il glisse sa main derrière ma tête et m’embrasse. Cet


homme ne le reconnaîtra peut-être jamais, mais c’est lui
qui m’a ramenée d’entre les braises de l’enfer. Si j’ai eu
la force de le courtiser, c’est parce qu’il était “ lui ”. Si je
suis tombée amoureuse de lui, c’est parce qu’il était là
juste au moment où mon cœur tombait en miettes et qu’il
ne restait qu’un tout petit morceau. Si j’ai pu me rebeller
contre mes démons, c’est parce qu’il m’en a donné
l’audace. Il m’a donné une raison de faire tout ce que j’ai
fait. Son apparition dans ma vie l’a bouleversée
positivement. On dit souvent que le changement
commence par un point de départ. Brad était mon point
de départ.
***TRISHA

— Tu ne veux vraiment pas venir avec nous ?


— Je dois terminer un boulot important et je vous rejoins,
promis.
— Dans ce cas Rico reste avec toi, comme ça je suis
certaine que tu viendras. Il doit faire sa demande à sa
petite amie.
— Il viendra avec vous pour mieux se préparer et aussi
garder un œil sur vous. Je n’ai aucune raison de te mentir.
— Je sais.

Je l’embrasse et me blottis dans ses bras. Après deux ans,


nous avons tous décidé de nous retrouver à Miami pour
nous amuser. C’était mon idée. Je l’ai soumise aux autres
et les femmes ont toutes approuvé. Il ne restait qu’à
convaincre nos hommes. Ils ont tous été difficiles à
convaincre, mais pour l’amour de leurs épouses, ils ont
fini par céder, mais à condition d’être présents. De toute
façon, plus on est nombreux, plus la fête est belle. En
plus, je suis obligée d’affronter cette partie de ma vie
parce que monsieur mon cher et tendre époux m’a
construit un palace à Miami. Ce serait un gâchis de ne
jamais y mettre les pieds. Et une autre raison pour
laquelle je veux y aller, c’est parce que je veux me
changer les idées. Ces deux dernières années, j’ai bossé
comme une malade pour pouvoir oublier ce chapitre noir
de ma vie. Toute ma famille m’y a aidé et aujourd’hui je
suis plus que prête à aller de l’avant.

***LORAINE

— LES ENFANTS, NOUS DEVONS Y ALLER !!!

Plus je fais des enfants, plus je hurle dans cette maison.


J’ai hâte que Jessica quitte ma maison pour devenir
indépendante. Ça me fera des cris de moins. Mais cette
fille ne veut quitter ma maison que lorsqu’elle se mariera.
Elle adore n’avoir aucune charge.

— Tu finiras par te briser les cordes vocales, princesse,


me dit Carl en descendant les escaliers avec les deux
petits derniers dans ses bras.

J’ai finalement eu des jumeaux, une fille et un garçon,


comme je l’espérais.

— Je crois que j’en ai terminé avec les enfants. Six mis


au monde et un adopté c’est largement suffisant.
Maintenant, je vais profiter de ma jeunesse, avoir des
parties de jambes en l’air torrides, voyager et me faire
beaucoup d’argent.
— Et si je veux un autre enfant ? demande-t-il en
s’arrêtant devant moi.
— Tu le porteras toi-même.

Il rigole et se dirige vers la sortie avec les enfants. Soraya


et Erwin apparaissent et courent derrière leur père.

— JESSICA !!! MAX !!! SI VOUS NE DESCENDEZ


PAS IMMÉDIATEMENT, VOUS PRENDREZ UN
AUTRE VOL.

Ils se pointent enfin tous les deux en haut des escaliers


qu’ils dévalent. Nous rejoignons les autres dans la voiture
et nous quittons enfin la maison. Nous retournons à
Miami pour le carnaval. Oui, ça peut sembler stupide que
nous retournions dans cet endroit après tout ce que nous
y avons traversé, mais Miami reste une ville magnifique
avec des gens formidables et nous ne voulons pas garder
cette mauvaise image de cet endroit. Nous l’adorions
jusqu’à ce que les mauvais évènements arrivent. Je crois
que deux ans après, nous sommes prêtes à affronter nos
vieux démons.

Nous rejoignons Trisha quelques instants plus tard. Elle


nous a proposé de la rejoindre pour ne pas voyager seule
avec ses enfants. Ses gardes nous aident à monter et à
ranger nos affaires.
— Eh bien, Terry n’a pas badiné sur la sécurité cette fois,
dis-je à Trisha après l’avoir rejoint dans le jet.
— C’était soit ça, soit je ne bougeais pas.
— Il ne vient pas ?
— Il n’est pas très à l’aise quand il y a trop de monde.
— Oui, j’avais oublié.
— Mais il sera là le dernier jour pour profiter de la clôture
du carnaval avec nous.
— Tant mieux. Eh bien, Miami, nous voici.

ÉTATS-UNIS***MIAMI

Quand nous arrivons à Miami dans la nuit, nous nous


tenons les mains pour nous donner de la force. Jessica a
l’air encore un peu apeurée.

— Tout se passera bien, leur dis-je à toutes les deux.


— Oui ! disent-elles ensemble.
— On y va !

Nous arrivons à la maison de la plage que Terry a fait


construire pour Trisha. C’est là que nous passerons notre
séjour avec tous les autres. D’ailleurs ils sont déjà tous là
et bien installés. Terry était déjà venu tout organiser avant
de rentrer au pays.

Lara court se jeter dans les bras de son homme. Je vois


en même temps une petite fille courir dans ma direction
dès que nous franchissons la porte d’entrée.

— Oh, ma petite prunelle !

Je me baisse et soulève ma filleule Loraine.

— How are you? (Comment vas-tu ?) je lui demande en


l’embrassant.
— I am very well! (Je vais très bien !) me répond-elle de
sa petite voix. Did you bring me presents (Tu m’as
apporté des cadeaux) ?
— Many, many gift for you and your brother (Beaucoup,
beaucoup de cadeaux pour toi et ton frère).

Je la repose par terre et récupère son frère Jordan. J’ai


joué à fond mon rôle de marraine. J’appelais
constamment Kylie et je discutais avec les petits. Je
venais les voir de temps à autre quand j’avais des voyages
d’affaires. J’adore ces nouveaux amis que je me suis faits.
Trisha et moi embrassons tout le monde et nous nous
mettons dans le bain des discussions qui étaient très
animées à notre arrivée.

***LARA

Tout se passe à merveille. Notre séjour se déroule comme


si rien ne s’était jamais passé. Ce matin, nous avons fait
un tour en ville pour profiter un peu de l’ambiance. Nous
sommes rentrés pour déguster les succulents plats
d’Abuela et là maintenant, nous sommes sur la plage, à
jouer au beach-volley. Les filles d’un côté et les garçons
de l’autre. Dans mon équipe il y a moi, Kylie, Trisha,
Faith, María et Jessica. Chez les garçons il y a Mel, Brad,
Rico, Angel, Dwayne et Wilson. April est trop enceinte
pour jouer. Elle joue donc le rôle de notre pom-pom girl.
Loraine et son mari sont les arbitres. Pour l’heure, ce sont
les hommes qui nous tiennent lamentablement en échec,
mais pas pour bien longtemps, car nous remontons le
score petit à petit. La balle est lancée par-dessus le filet.
Kylie est la première à taper dedans et la ramener du côté
des hommes. Wilson en fait de même. Je cours, saute et
tape dans la balle avant qu’elle ne descende et bingo, elle
tombe chez les gars qui n’y voient que du feu. Nous
jubilons pour notre but. Nous nous mettons à danser sous
les regards amusés des hommes.

— Encore deux buts et nous serons à égalité, je leur lance


en sortant ma langue pour les narguer.
Ils se positionnent tous et Rico se met en pointe. Je me
retourne et je vois les filles regroupées derrière moi.

— Pourquoi vous êtes loin ? je leur demande.


— Puisque tu sautes mieux que nous toutes, répond
Kylie, reste en pointe et nous resterons derrière pour
t’épauler.
— Ça marche.

Je lance la balle la première. Rico me la ramène. Je lui


relance la balle. Il lance quelque chose avant que la balle
ne descende vers lui. Par réflexe, croyant que c’était la
balle, je me tiens prête à taper, mais je vois plutôt une
petite forme rouge descendre au lieu de la balle blanche.
Je rattrape l’objet avant qu’il ne tombe dans le sable.
C’est une boîte.

— Mais c’est quoi ça ? je demande à Rico en le regardant,


perplexe.
— Bah ouvre, me répond-il.

Je ne comprends pas ce qu’une boîte fait dans ce jeu de


volley. J’ouvre la boîte et je tombe des nues.
— Non ! fais-je en posant ma main sur ma bouche.

Je lève les yeux sur Rico qui rigole.

— Rico !
— Je t’avais prévenue. Je suis imprévisible.

Je me mets à hurler, à sautiller, et je sors la bague que je


me mets. Elle me va parfaitement. Je vois au même
moment Rico qui veut se mettre à genou. Je cours me
jeter dans ses bras. Il se relève à temps pour me
réceptionner et me faire virevolter. Je m’accroche à lui en
l’entourant de mes jambes et mes bras. Il me tient
fermement par les fesses.

— Oui, je veux t’épouser.


— Mais je ne t’ai encore rien demandé.
— Demande-moi.
— Veux-tu…
— Oui, je le veux.

Il éclate de rire en même temps que tous les autres.

— Je t’aime, Lara.
— Moi aussi je t’aime.

Nous échangeons un doux baiser sous les


applaudissements et sifflements de nos proches. J’ai
enfin eu ma demande.

Je me regarde dans la glace et je souffle. Je me sens prête.


Je suis prête. Je ferme mon peignoir et je sors rejoindre
Rico dans la chambre. Ses collègues et lui se sont pris des
chambres dans un hôtel situé à deux pas de la maison de
ses patrons. Les nuits, ce sont les hommes du nouveau
gouverneur Charles DAVIS qui assurent la sécurité. J’ai
décidé de rester dormir avec lui les nuits. Là, je suis sur
le point de sauter un cap important de ma vie. Je reste un
moment derrière Rico, assis dans le divan à moitié nu et
discutant avec son boss au téléphone. Ce dernier doit être
maintenant arrivé à la grande maison. Il était en chemin
quand Rico et moi venions à l’hôtel. Je laisse la porte de
la salle de bains et je me rapproche doucement quand je
sens l’appel sur le point de se terminer. Il raccroche enfin.
Je m’approche encore plus puis… Je fais tomber mon
peignoir, dévoilant ainsi ma nudité.

— Bébé ! je l’appelle, la voix tremblante.


— Oui ?
Il pose son portable et lève les yeux. Son visage se
déforme par la surprise.

— Lara, que… fais-tu ?

Il glisse son regard sur mon corps nu.

— Je suis prête, lui annoncé-je. Je veux sauter le pas.


— Non, attends !

Il se lève et ramasse mon peignoir.

— Tu n’es pas obligée de faire ça. Je peux attendre.

Il essaie de me couvrir, mais je recule.

— J’ai dit que je le ferais quand je trouverais le bon et


c’est fait. Je t’ai trouvé. Je veux que tu sois celui qui me
prenne mon innocence. Je suis sérieuse.

Il plonge son regard dans le mien comme pour vérifier la


véracité de mes propos.
— Fais-moi tienne, Rico, je lui souffle sans le quitter du
regard.

Comme piqué au vif, il laisse tomber le peignoir et écrase


ses lèvres sur mes lèvres. Il me soulève et va vers le lit
sur lequel il me pose sans interrompre son baiser qui
devient de plus en plus chaud. Il laisse mes lèvres pour
mon cou, ma poitrine, mon ventre, il remonte sur ma
poitrine et englobe un sein. Je me cambre en laissant
échapper un soupir. Il me titille le téton puis joue de sa
langue avec. Je sens sa main descendre plus bas. Quand
il touche ma fleur, je frissonne.

— Fais-moi confiance, chuchote-t-il près de mon oreille.

Je fais oui de la tête. Il m’embrasse à en perdre l’haleine.


Ses doigts me caressent plus bas. Je sens une chaleur
m’envahir. Il malaxe mes lèvres intimes et mon petit
bouton de bonheur. Il libère ma bouche et descend sa tête.

— Que… veux-tu… Oh !

Son premier coup de langue me crispe le corps. Je


m’agrippe au drap en lâchant des gémissements
assourdissants. Sa langue s’incruste en moi et me fait
l’amour.

— Rico ! Bébé ! Oui ! Bébé ! Je vais…

Je suis frappée par l’orgasme et tout mon corps est pris


de spasmes. Je ne me remets pas encore que, ayant les
yeux fermés, je sens quelque chose me pénétrer. Je
pousse un petit cri de douleur. Rico s’immobilise et me
caresse les cheveux.

— Ça va ! Je suis là !

Je me reprends doucement.

— Tu as mal ?
— J’ai eu un tout petit peu mal, mais je crois que c’est
passé.
— C’est parce que tu es beaucoup mouillée et excitée
sourit-il. Je peux continuer ?
— Oui !

Il se met à bouger doucement puis à accélérer la cadence


au fur et à mesure. Quand mon corps s’est habitué à sa
présence, il y va beaucoup plus fort. Je sens que je vais
perdre la tête cette nuit.

QUELQUES HEURES PLUS TARD

Assise sur Rico, je le chevauche comme une malade. Il


me tient fermement pour me faire garder l’équilibre. Il est
cinq heures du matin et nous n’avons pas arrêté de faire
l’amour depuis la première fois. Le lit est complètement
mouillé, mais ça ne nous freine pas. Je découvre les
plaisirs de la chair et je ne veux plus m’arrêter. Rico se
trouve un équilibre, m’immobilise au-dessus de lui en me
tenant les fesses et il se met à frapper fort. Je le sens entrer
et sortir dans mes entrailles. J’ai la voix cassée à force de
gémir à tue-tête. Je suis certaine qu’on m’entend dans les
chambres à côté.

— Rico !
— Vas-y ! Lâche-toi.

Il accélère et il n’en faut pas plus pour me faire exploser


de plaisir, une fois de plus. Je tombe toute repue sur lui.
Je n’ai plus de force. Rico caresse doucement mon dos
pour me soulager.

— Tu m’as lessivée, lui dis-je.


Il pouffe de rire.

— Tu t’es lessivée toute seule. Tu ne voulais plus


t’arrêter.

Il pose un baiser dans mon cou.

— Tu es magnifique, me souffle-t-il à l’oreille.

Je souris et lui mords doucement l’épaule.

— Je t’aime, Lara. N’en doute jamais.

Pour toute réponse, je l’embrasse.

— Merci de me faire découvrir l’amour sous un autre


angle, lui dis-je.

Il pose un baiser chaste sur mes lèvres.

— Mes parents n’en reviendront pas quand ils sauront


que je suis fiancée.
— Oh, ils le savent déjà. Chez nous en Afrique, on ne
demande pas une fille en mariage sans en informer ses
parents. Ici, il n’y a pas de dot, je suppose que c’est la
demande en mariage qui la constitue.
— On peut dire ça. De ce fait donc, je suis prête à venir
m’installer avec toi en Côte d’Ivoire.
— Tu es sûre ? sourit-il. Tu ne veux pas attendre après le
mariage ?
— Pourquoi attendre ? Je veux prendre mes marques
avant. À moins que tu ne veuilles pas de moi chez toi.
— Quoi ? Non, mais que racontes-tu ? Je serai heureux
de rentrer chaque soir et te voir. Tu me donnerais une
bonne raison de rentrer vite du boulot. Mais prends le
temps de mieux te préparer. Un mois, deux mois, enfin
ce qu’il te faut pour boucler tout ici.
— C’est noté.
— Mon appartement te plaît ou tu veux qu’on change ?
— Non, il est parfait. Je vais rendre la déco plus
féminine, mais je l’adore.
— Et moi je t’adore.
— Dis-le encore.
— Je t’adore !
— Encore !
— Je t’adore, Lara FERGUSON.
Il mord ma lèvre et glisse son doigt en moi. Je crois que
nous ne dormirons pas. Il me bascule sous lui et c’est
reparti.

*Mona
*LYS

Je rejoins Kylie dans sa chambre juste au moment où elle


termine d’habiller Jordan. Dès qu’elle me voit, elle me
fixe étrangement et se met à sourire grandement.

— Toi, tu as fait des choses cette nuit. Hum ?

Je fais doucement oui de la tête. Elle ouvre grandement


sa bouche.

— Non !!!
— Si !!!

Elle se met à hurler. Je me tords de rire en m’asseyant sur


le lit.

— Tu l’as enfin fait ?


— Oui. Et c’était… magique. Je suis folle de cet homme.
— Je te comprends tellement. J’étais pareil avec Brad.
— J’ai… décidé d’aller m’installer avec lui.
— Quoi ? Aussi vite ?
— Oui ! J’ai 27 ans et mon monde s’arrête à vous. Toi tu
es Brad et les enfants. Moi, rien. Je veux découvrir la vie
autrement et vivre de nouvelles expériences.
— Je te comprends. C’est juste que tu vas trop me
manquer.
— Toi aussi, ma jumelle de deux ans de moins. Mais on
pourra se voir n’importe quand. Nous avons les moyens
de prendre l’avion à tout moment.
— Ouais ! Je suis fière de toi.

Elle me serre dans ses bras. Je sais que c’est une décision
difficile, mais je veux construire mon monde sans être
dans les jupes de mes parents qui me voient toujours
comme un bébé. Je me sens prête à vivre de nouvelles
aventures.

Nous sommes tous sur le grand chariot avec l’une des


fanfares du carnaval et nous faisons le défilé final entouré
d’une foule immense. Pour que Monsieur YOUL puisse
être avec nous, il nous fallait être un peu éloignés de la
foule, car n’y étant pas très à l’aise. Il a donc réussi à nous
mettre en VIP sur le grand chariot en forme de mascotte
du carnaval et nous faisons la fête avec tout le monde.
Les enfants sont restés à la maison avec une multitude de
gardes et de nounous. Nous dansons, chantons et pétons
les fusils de confettis. Chaque homme se trouve près de
sa femme et nous observons la foule en délire. La fanfare
est en feu et enchaine les tubes des plus grandes stars
américaines. Rico me tient fermement à la taille comme
pour me protéger. Je sais qu’avec cet homme, je ne
craindrai rien. Je serai toujours en sécurité. Nous
échangeons un regard puis un sourire.

— Je t’aime, lui dis-je.

Il m’embrasse et pose un dernier baiser sur le bout de


mon nez. Je jette un coup d’œil aux autres et c’est la joie
absolue pour tous. Cette fois, nous avons un merveilleux
souvenir de Miami. Mais cette mauvaise aventure d’il y
a deux ans a chamboulé positivement ma vie malgré tout,
car grâce à elle, j’ai rencontré des gens merveilleux et
surtout l’homme de ma vie. C’est un truc de dingue.
Trouver le bonheur au milieu d’un chaos. Oui, c’est ça,
si je devais donner un titre à tout ceci, je dirais que nous
avons vécu une “ Dinguerie à Miami ”.

~~~FIN

(UN INSTANT… DESCENDEZ…)


(DESCENDEZ ENCORE…)
CHAPITRE BONUS

CÔTE D’IVOIRE***ABIDJAN

QUATRE MOIS PLUS TARD

***RICO

Je fais de la place dans le dressing pour que Lara puisse


y ranger ses affaires également. Elle vient s’installer dans
deux jours et j’ai plus que hâte. Elle a enfin pu mettre de
l’ordre dans tout ce qu’elle avait là-bas. Il n’a pas été
facile de convaincre ses parents, mais ils ont compris
qu’ils devaient laisser leur fille devenir responsable. Lara
m’a apporté son CV et mon boss a pu lui trouver un bon
travail avec un bon salaire dans une grande boîte
partenaire. Les diplômes aux États-Unis sont beaucoup
plus solides et prisés que les nôtres donc elle a été
embauchée avec beaucoup d’empressement vu ses
compétences.

Mon portable posé sur le lit se met à signaler un appel.


C’est un appel vidéo de Lara depuis New York.

— Salut toi !
« — Alors, comment ça va là-bas ? »
— Plutôt bien. J’ai enfin terminé les rangements.
Regarde si ça te convient.

Je lui montre l’espace libéré pour elle.

« — Humm, je ne pense que ça pourrait contenir toutes


mes affaires. »
— Tu en as autant ? je demande, surpris.
« — Mon dressing ici fait deux fois le tien et malgré cela,
j’ai dû mettre d’autres affaires dans l’ancienne chambre
de Kylie. »
— Waouh ! Tu peux prendre donc une deuxième
chambre.
« — Ou on pourra faire des modifications en
construisant un plus grand dressing. Bref, on verra ça
quand je serai sur place. »
— Comme tu voudras.
« — Tu me manques. J’ai hâte d’être de nouveau dans tes
bras. »
— Moi aussi j’ai hâte.
« — Je suis grave en manque. Quatre mois de sevrage,
c’est trop. Je compte tout rattraper. »
— Tu as les reins solides pour m’affronter ?
« — Aussi solide que notre amour. »
— Tu marques un point.

Elle rigole. La sonnerie de mon appartement retentit. Je


mets fin à l’appel et me dépêche d’aller voir. Je sursaute
en voyant ma mère par le judas. Ai-je bien vu ? J’ouvre
la porte et je la vois devant moi avec plusieurs valises, le
chef de la sécurité, mon cousin Ruben et une jeune fille
perchée sur des talons hauts.

— Maman ? Mais que fais-tu là ?


— Comment ça ce que je fais là ? Je n’ai plus le droit de
venir voir mon fils ?

Elle me pousse et entre. Je regarde mon chef de sécurité.

— Désolé, monsieur. J’ai essayé de vous appeler, mais


elle n’a pas voulu attendre votre permission.
— Pas grave. Merci !

La jeune fille et mon cousin entre en laissant leurs valises


sur le pas de la porte. C’est moi qui dois les faire entrer ?
Je prends sur moi et fais tout entrer. Je les rejoins dans le
salon en train de tout contempler.
— Romaric, c’est donc ici que tu vis ? dit ma mère. Tu es
donc devenu riche et tu nous laisses au village ?
— Je ne suis pas riche, maman. Puis-je savoir ce que vous
faites là ?

Oui, étant donné que nous n’avons jamais eu de bons


rapports et que c’est pour être loin de toi que j’ai accepté
de venir travailler en Côte d’Ivoire avec monsieur
YOUL.

— Tu ne nous sers rien à boire ? lance-t-elle en me


dévisageant.

Je serre les poings et me rends à la cuisine. Je leur


rapporte du jus de fruit.

— Je peux maintenant connaitre la raison de votre venue


depuis le Nigéria ?

Ma mère vide son verre et le pose bruyamment.

— Voilà, comme la tradition l’oblige chez nous, le fils


ainé du notable doit épouser la fille du Roi. Donc, je suis
venue te ramener ta femme. Je te présente Shona
OKAFOR, la fille du Roi OKAFOR. Elle a été éduquée
rien que pour être ta femme.
— Quoi ?
— Ne t’inquiète pas, la dot et tous les rituels du mariage
ont été déjà faits. Je te l’ai juste ramenée pour que tu joues
ton rôle d’époux. Ah, et tu n’as pas intérêt à la répudier
sinon tu mourras. Bref, montre-moi la chambre, je veux
dormir. Le voyage en car a été long.

Non, elle blague ?

~~~À SUIVRE…
Autres livres du même auteur :

1-Juste un peu d’amour


2-Ami-Amour
3-Lizzie, une exception
4-La vengeance est une femme
5-Mon cœur contre ma raison
6-Leela, la défigurée
7-Du contrat à l’amour
8-Un amour dangereux tome 1
9-Un amour dangereux tome 2
10-Un sacrifice très coûteux
11-Floriane, les épreuves d’une orpheline
12-TY : ce cœur à conquérir
13- L’autre lui
14-La vengeance est une femme tome 2
15-Si seulement…tome 1
16-Si seulement…tome 2
17-TY : Cet homme à tout prix
18-Plus qu’un regard
19-Murima tome 1
20-Murima tome 2
21- Dark
22- Ma plus belle MELODIE
23- Dark 2
24- Kanègnon

Tous mes livres sont disponibles sur amazon ici :


https://www.amazon.com/stores/author/B07SHJZ2N9

-Facebook : https://www.facebook.com/choniquedemonalys/
-Instagram : https://www.instagram.com/chro.mona_lys/
-Twitter : https://twitter.com/mona_lys
- Site web : https://chroniquesdemonalys.com
Cet ebook a été publié sur Amazon.com et sur www.chroniquesdemonalys.com
Mona LYS, 2022

Designer by Groupe ADK https://groupeadk.com/

You might also like