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Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales - Agdal -

Département Droit Privé

MASTER SCIENCES JURIDIQUES

Module : Droit de la famille

Recherche sous le thème :

La vente immobilière et l’incapable

Réalisé par : Encadré par :


EL JAOUHARI Sara Pr. EL OUAZZANI Ahmed

Année universitaire : 2022/2023


INTRODUCTION
La capacité est l’un des quatre piliers essentiels de la validité des conventions. Alors son absence ne
retire pas à une personne la propriété de ses droits mais la prive de les exercer par elle-même. C'est ainsi le
cas pour les mineurs et majeurs sous tutelle, curatelle ou sous sauvegarde de justice qui bénéficient d'un
régime de protection juridique spéciale.
En effet, notre intérêt se portera plus particulièrement sur les adaptations que nécessite la protection des
personnes incapables dans le cadre du processus de la vente immobilière, cette dernière renvoie à l'ensemble
de la transaction qui permet de transférer la propriété d'un bien immobilier d'une personne à une autre. Il
s'agit d'un acte juridique qui se doit de respecter certaines étapes obligatoires.
Force donc est de constater que, la vente immobilière de l’incapable fait l’objet d’une règlementation étroite
par le droit commun, la procédure civile, droit de la famille, et le code des droits réels … Ces derniers
fixent les modalités cette opération de vente en dictant des mesures de protection de l’incapable par le juge
des tutelles en assurant un contrôle permanant sur les représentants légaux de l’incapable.
Alors, malgré la diversité des textes réservés à celui-ci, en pratique les ventes immobilières des personnes
incapables font face à plusieurs difficultés notamment au niveau des juridictions, c’est la raison pour
laquelle le juge des tutelles ne se limite pas à un simple rôle de contrôle, mais se préoccupe des décisions
prises sur le terrain par les divers intervenants. L’on s’interroge donc sur le déroulement de cette opération,
et comment le législateur marocain règlemente ce type de vente ?
Toute personne physique de plus de 18 ans a la capacité juridique d’exercer les droits dont elle a la jouissance. La
capacité juridique n’est, en principe, pas accordée aux mineurs et peut être retirée aux majeurs dont les facultés sont
altérées. Les personnes vulnérables peuvent faire l’objet d’une protection dans le cadre d’un dispositif légal,regie aussi
bien par le doc , le code de procédure civile , mais également la loi 32-09 précisant les modalités de mise en œuvre du
devoir de conseil prévu par son art 37 , et consistant en une information du tuteur par le notaire des obligation dont il
est tenu au titre d’une vente immobilière de l’incapable

Le contrat de vente met en présence deux ou plusieurs parties qui précisent librement, d'un commun accord,
les conditions et clauses du contrat en vertu du principe d’autonomie de la volonté
Avant d’atteindre l’âge de 18 ans révolu, le mineur ne peut, sans l’intervention de son représentant légal
(tuteur légal, testamentaire ou datif), vendre un bien immeuble lui appartenant.
La représentation légale du mineur, telle que régie par les articles 229 et suivants du Code de la famille, est
assurée par :
le tuteur légal : le père, la mère en cas d’absence du père ou par suite de son décès ou de la perte de sa
capacité. Le juge est aussi considéré comme étant tuteur légal ;
le tuteur testamentaire désigné́ par le père ou par la mère ;
le tuteur datif désigné́ par le juge.
Le mineur émancipé est capable d’aliéner seul un immeuble. En revanche, la vente conclue par le seul
mineur non émancipé est nulle.
Mais le mineur, qui ne doit pas être livré à lui-même pour la gestion de son patrimoine, ne peut exercer cette
latitude, il est soumis à un statut protecteur, à savoir une tutelle qui englobe aussi bien sa personne que ses
biens
La vente d’un bien appartenant à un mineur ne peut donc être traitée indépendamment des dispositions du
livre 4 du Code de la famille marocain relatif à la capacité et à la représentation légale.
L’art 233 a eu le mérite de débrouiller les confusions que contenait l’ancien statut personnel en délimitant
les champs de chaque tutelle :
Ainsi, la tutelle sur l’incapable et le mineur englobe à la fois la gestion de leurs affaires patrimoniales et
personnelles, toutefois celle-ci se trouve sous contrôle de la justice
Dès sa naissance , l’enfant peut être propriétaire de biens provenant d’une succession ou de donations et
autres présents , mais il n’a pas pour autant la capacité totale de gérer seul ses biens , d’où l’intérêt de
s’interroger sur spécificités du régime d’aliénation des biens appartenant à l’incapable ainsi que la limite du
tutorat dans la gestion financière du patrimoine d’une telle catégorie

Plan :

l- Régime général de tutelle sur les biens :


A- limites et contrôle judiciaire de la tutelle sur les biens :
B- La levée de la tutelle :
ll- spécificités du régime d’aliénation immobilière des biens appartenant au mineur :
A- Aspects théoriques
B- Prolongements pratiques

l- Régime général de tutelle sur les biens :


Il convient d’étudier successivement les limites de la tutelle dans la représentation du mineur quant à la gestion de son
patrimoine et le contrôle exercé par le juge sur ces actes (A) pour mettre en exergue ensuite les effets de la levée de la
tutelle dans le cadre de la gestion de ses affaires financières ( B)

A-limites et contrôle judiciaire de la tutelle sur les biens :


Limites de la tutelle
Conformément à l’article 233 du code de la famille : Le représentant légal exerce sa tutelle sur la
personne et sur les biens du mineur, jusqu'à ce que celui-ci atteigne l'âge de la majorité légale. Il l'exerce
également sur la personne qui a perdu la raison, jusqu'à la levée de son interdiction par un jugement. La
représentation légale, exercée sur le prodigue et le faible d'esprit, se limite à leurs biens, jusqu'à la levée de
l'interdiction par jugement. »
Donc l’art 233 a eu le mérite de débrouiller les confusions que contenait l’ancien statut personnel en
délimitant les champs de chaque tutelle :
La tutelle sur l’incapable et le mineur englobe à la fois la gestion de leurs affaires patrimoniales et
personnelles, toutefois cette tutelle se trouve sous contrôle de la justice conformément a l’art 235 du code de
la famille
Tandis que pour le prodigue et le faible d’esprit, la représentation légale est réduite à la gestion de leurs
biens, qui dure jusqu’à la levée de l’interdiction par une décision judiciaire sans aucune autorité sur leur
personne.
A cette occasion il convient de rappeler que sous l’égide de l‘ancien statut personnel le tuteur testamentaire
et le tuteur datif avaient une mission limitée aux intérêts financiers, alors que en principe c’était le plus
proche qui assurait la tutelle personnelle sans aucun contrôle judiciaire. Dorénavant, un seul représentant
légal qu’il soit père, mère, tuteur testamentaire ou datif accumule les deux tutelles, de manière à mettre fin à
la pluralité de tutelle.
Aujourd’hui la Moudawana attribue au tuteur meme testamentaire ou datif, la tutelle à la fois sur la personne
et sur les biens du mineur et de l’aliéné mental jusqu’à l’âge de la majorité et la levée de l’interdiction par
décision judiciaire .après quoi les deux tutelles prennent fin simultanément, au motif que l’aliénation a cessé
d’exister
-Le mineur émancipé devient pleinement capable. Il entre en possession de ses biens, et peut en disposer
tout seul. Il en va différemment pour le mineur non émancipé qui ne peut disposer de son patrimoine
immobilier qu’en étant représenté par son représentant légal (tuteur légal, testamentaire ou datif)

Contrôle judiciaire
Concernant les actes portant sur l’administration des biens de l’incapable sous tutelle et conclus par son
tuteur, ils ne sont pas sujet à l’examen judiciaire a antériori ( anterieur )
Dans le cas de la cession immobilière d’un bien appartenant a un mineur et dont la valeur dépasse 200 000
dhs, le tuteur doit obligatoirement obtenir une approbation de la part du juge des mineur et ce antérieurement
à cette cession
L’abaissement de ce seuil demeure possible lorsque le juge des mineurs estime que cette baisse est dans
l’intérêt pur du mineur en ordonnant l’ouverture d’un dossier de tutelle légale
Le contrôle du tribunal s’étend donc aux actes frappant le patrimoine du mineur effectues par le tuteur
testamentaire ou datif, dans ce sens l’article 271 de la moudawana subordonne les actes accomplis par le
tuteur testamentaire ou datif au contrôle judiciaire lorsqu’il s’agit notamment de :
vendre un bien immeuble ou meuble de l'interdit dont la valeur excède dix mille dirhams (10.000 DH) ou
créer un droit réel sur ce bien ( une hypothèque ), apporter en participation une partie des biens de l'interdit à
une société civile ou commerciale ou l'investir dans un but commercial ou spéculation , se désister d'un droit
ou d'une action, transiger ou accepter l'arbitrage à leur sujet ,conclure des contrats de bail dont l'effet peut
s'étendre au-delà de la fin de l'interdiction ,accepter ou refuser les libéralités grevées de droits ou de
conditions ,payer des créances qui n'ont pas fait l'objet d'un jugement exécutoire ,servir, sur les biens de
l'interdit, la pension alimentaire due par celui-ci aux personnes à sa charge, à moins que cette pension ne soit
ordonnée par un jugement exécutoire .La décision du juge autorisant l'un des actes précités doit être
motivée.
C- La levée de la tutelle :
Apres avoir atteint l’âge de dix-huit ans la personne devient apte à prendre toutes les décisions concernant sa
propre vie, inclus la gestion de son patrimoine, et de s’engager devant les autres
L’octroi de la majorité implique donc la récupération de la part du mineur de la totalité de ses biens et
obtient la pleine capacité pour leur gestion
Cela s’applique également à l’interdit pour cause de démence ou de prodigalité, une fois la cause levée,
l’interdiction prend fin et la personne concernée récupère sa pleine capacité

ll- spécificités du régime d’aliénation immobilière des biens appartenant au mineur :


Il convient d’étudier successivement les aspects théoriques que revêt la vente immobilière du mineur (A)
pour mettre en exergue ensuite les différents prolongements pratiques de cette particularité juridique (B)
A- Aspects théoriques :
Le contrat de vente met en présence deux ou plusieurs parties qui précisent librement, d'un commun accord,
les conditions et clauses du contrat en vertu du principe d’autonomie de la volonté
Mais le mineur, qui ne doit pas être livré à lui-même pour la gestion de son patrimoine, ne peut exercer cette
latitude, il est soumis à un statut protecteur, à savoir une tutelle qui englobe aussi bien sa personne que ses
biens
Le mineur ne peut donc sans l’intervention de son représentant légal, testamentaire ou datif, vendre seul un
bien immeuble lui appartenant, à défaut, la vente est réputée nulle
L’aliénation des immeubles retombant dans le patrimoine des mineurs répondent à des règles de fond et de forme qui
diffèrent selon les cas suivant :
La cession d’un bien immeuble appartenant à un mineur obéit à des règles de fond et de formes qui différent selon les
cassuivants :

1- Cas où le mineur est représenté par un tuteur testamentaire ou datif


Pour pouvoir vendre un bien appartenant au mineur, le tuteur testamentaire ou datif doit, tout d’abord, obtenir une
autorisation du juge. Cette autorisation doit être motivée (elle doit mettre en avant l’intérêt de cette vente pour le
mineur).

2- Cas où le mineur est représenté par son père ou par sa mère


Aucune autorisation préalable du juge n’est exigée pour vendre un bien appartenant à un mineur car, sauf preuve
contraire, le représentant légal, le père ou la mère, est censé agir dans l’intérêt de l’interdit.
Cette liberté de cession accordée au tuteur légal en vertu de l’article 240 du Code de la famille est en nette
contradiction avec les dispositions de l’article 11 du DOC qui laissent entendre que le représentant légal (tuteur légal,
testamentaire ou datif), ne peut faire « aucun acte de disposition sur les biens dont il a la gestion, qu'après avoir obtenu
une autorisation spéciale du magistrat compétent ».

-Afin de dissiper toute équivoque liée à cette contradiction, la Cour suprême a précisé que le Code de la famille,
adopté en 2004, et qui traite en particulier l’état et la capacité des personnes, s’applique en priorité, et ce,
conformément à la règle selon laquelle la loi spéciale déroge à la loi générale

-Si la valeur des biens du mineur, ajoute l’article 240 du Code de la famille, excède 200 000 dirhams, le tuteur légal
est tenu d'ouvrir un dossier de tutelle au nom du mineur. Le juge peut, même si ce seuil n’est pas atteint, ordonner
l’ouverture de ce dossier dans l’intérêt du mineur.

S’il est généralement admis que le tuteur légal est affranchi de tout contrôle préalable dans la gestion des biens du
mineur, il reste, néanmoins, soumis à un contrôle dit a posteriori.
Il doit, à ce titre, présenter, deux types de rapports :
- un rapport annuel sur la gestion des biens du mineur et leurs fructifications et sur la diligence qu'il apporte à
l'orientation et à la formation de l'interdit
- un rapport de fin de mission qu’il doit présenter au juge, pour homologation. Ce rapport porte sur la situation
et la destination des biens du mineur sous tutelle. Le juge s'assure de la sincérité des revenus et des dépenses
et de la situation débitrice ou créditrice du patrimoine du mineur.
-
Après avoir atteint l’âge de la majorité, le mineur dispose d’un délai de 2 ans pour intenter toute action liée aux
comptes et actes préjudiciables à ses intérêts. Toutefois, en cas d’utilisation de faux, de dol ou recel de documents, ces
actions se prescrivent une année après que le mineur en a eu connaissance.

Attention : Contrairement à l’idée générale selon laquelle la vente par le tuteur légal d’un bien immeuble n’est
soumise à aucun contrôle judiciaire préalable, le Code de la famille prévoit deux cas où l’accord préalable du tribunal
est exigé pour tous les représentants légaux, y compris le père et la mère.
Il s’agit des cas suivants :
- Cas de conflit d’intérêts : ce cas est prévu par l’article 269 du Code de la famille qui traite la situation où le
représentant légal entend conclure un acte qui oppose ses intérêts, ceux de son conjoint ou ceux de l'un de ses
ascendants ou descendants, aux intérêts de l'interdit .Le représentant légal doit, dans ce cas, saisir le tribunal à
l’effet de désigner un représentant de l'interdit pour la conclusion de cet acte. Cette situation peut se présenter
lorsque, par exemple, le tuteur légal, entend affecter en hypothèque un bien lui appartenant en indivision avec
le mineur, pour garantir le paiement d’un prêt dont il a bénéficié seul.

En application de cet article, la Cour de cassation a eu l’occasion d’annuler un acte de vente d’un bien immeuble
appartenant à un mineur. Cet acte avait été conclu par la mère tutrice légale au profit de l’époux de cette dernière

- Partage immobilier : tout partage entre le mineur et autres coïndivisaires doit faire l’objet d’une
homologation préalable de la part du tribunal. Avant de donner son accord, ce dernier doit, au moyen d’une
expertise, s’assurer que cette opération ne porte aucun préjudice aux intérêts de l'interdit.
3- Cas particulier prévu par l’article 239 du Code de la famille
L’article 239 du Code de la famille envisage l’hypothèse où le tuteur légal (le père ou la mère) se trouve, en vertu
d’une condition insérée dans l’acte d’acquisition du mineur, obligé de décliner sa compétence au profit d’une autre
personne. Ce cas peut être envisagé lorsqu’une personne, au moment où elle fait donation d’un bien à un mineur,
stipule dans l’acte de donation, qu’elle exercera elle-même la représentation légale du mineur, en ce qui concerne les
actes portant sur le bien donné.
Même si cette « mention spéciale » ne fait pas partie des droits qui doivent obligatoirement être inscrits sur les livres
fonciers, le donateur peut, au moyen d’une réquisition qu’il peut insérer dans l’acte de donation, demander au
conservateur de la propriété foncière compétent de mentionner cette clause en particulier sur le titre foncier du bien
objet de la donation.
Si aucune mention liée à l’exercice de cette « tutelle spéciale » ne figure sur le bien objet de la vente, il est fortement
recommandé au notaire rédacteur de l’acte de bien lire le titre de propriété du mineur (origine de propriété) et de
vérifier si le titre foncier relatif au bien objet de la vente contient des conditions liées à ce cas, et ce, afin d’éviter tout
risque éventuel d’annulation de l’acte.

4- Cas du prolongement de la tutelle sur le mineur après l’âge de la majorité


La tutelle légale exercée par le père ou la mère peut se prolonger même au-delà de la date où le mineur atteint ses 18
ans. Ce prolongement est justifié, le cas échéant, par la présence des signes de démence, infirmité d’esprit ou autre
motif justifiant la mise sous tutelle du mineur. La tutelle légale exercée par le père ou la mère devrait être reconduite
en vertu d’un jugement rendu par le tribunal compétent

5- Présence de deux représentants légaux (tuteur testamentaire et mère)


Dans le cadre de l’exercice de la tutelle légale sur le mineur, la mère peut se retrouver en présence d’un tuteur
testamentaire désigné par le père de son vivant. Le tuteur testamentaire ne reprend légalement ses fonctions, qu’après
validation de cette nomination par le juge chargé des affaires des mineurs.
En présence de ces deux représentants légaux (la mère et le tuteur testamentaire désigné par le père), c’est la mère qui
représente le mineur dans l’acte de vente du bien immeuble appartenant à ce dernier, le rôle du tuteur testamentaire
consiste, dans ce cas, à surveiller la gestion, par la mère, des affaires du mineur soumis à la tutelle et à saisir la justice,
pour dénoncer, le cas échéant, tout manquement à ses obligations.

B- Prolongements pratiques

------» Informations préalables


Le notaire doit s’assurer des pouvoirs du représentant du mineur. Il doit alors se poser certaines questions tant sur la
situation du mineur que sur celle de son représentant légal :
-le mineur est-il émancipé ?
-la mère tutrice légale répond-t-elle aux conditions exigées par l’article 238 du Code de la famille ?
-le représentant légal a-t-il été privé de l’exercice de l’autorité parentale ?
-le représentant légal du mineur a-t-il déjà ouvert au nom du mineur un dossier de tutelle ?

1- Mineur émancipé
Le mineur émancipé est pleinement capable. Il peut, à ce titre, entrer en possession de ses biens, comme il peut les
gérer ou en disposer tout seul. Il en va différemment pour les mineurs non émancipés qui ne peuvent vendre leurs
biens immeubles qu’en étant représentés par leurs représentants légaux (tuteur légal, testamentaire ou datif).
Le mineur peut, lui-même, demander au tribunal compétent son émancipation dès qu’il atteint l’âge de 16 ans et qu'il
montre des signes de maturité.
Cette demande peut aussi être faite par le représentant légal du mineur.
À l’appui de la requête d’émancipation, le demandeur joint tout document pouvant prouver la maturité du mineur et sa
capacité à gérer ses biens tout seul, notamment un recueil de témoignages de 12 personnes établi par acte adoulaire,
l’accord du représentant légal, et un certificat délivré par les services sanitaires psychiatriques
Le mineur émancipé acquiert sa capacité et assume sa responsabilité entière à compter de la date mentionnée sur la
décision judiciaire rendue en dernier ressort.

2- La mère tutrice légale répond-elle aux conditions exigées par l’article 238 du Code de la famille ?
Le CF marocain place la mère majeure en deuxième position juste après le père pour exercer les missions conférées au
tuteur légal. La mère ne peut représenter le mineur dans la vente du bien immeuble lui appartenant que si elle répond
aux conditions suivantes :
-la mère doit être majeure
-la mère n’exerce ses fonctions qu’en cas d’absence du père, de son décès ou tout autre motif.
En pratique, le notaire chargé d’établir l’acte de vente demande à la mère de produire le livret de famille pour vérifier
si le décès du père est mentionné sur ledit document.
L’absence du père peut être justifiée par un jugement définitif conformément à l’article 263 du CPC.
Dans les autres cas où la mère se trouve dans l’impossibilité de produire un document justifiant l’absence normale du
père ou les autres motifs empêchant le père d’exercer la tutelle légale sur l’enfant mineur, il est fortement
recommandé de demander à la mère de produire une attestation de représentation légale à délivrer par le juge chargé
des affaires des mineurs (sur ce point, certains tribunaux désignent la mère en tant que tutrice dative puisque c’est le
juge qui la désigne, d’autres confirment sa nomination en tant que tutrice légale conformément au classement prévu
par l’article 231 du CF).

3- Le tuteur légal agit-il dans l’intérêt du mineur ?


Le Code de la famille marocain ne soumet le tuteur légal (le père ou la mère) à aucune des conditions prévues par les
articles 246 et 247 du CF qui, à travers des critères objectifs, définissent le profil des candidats aux fonctions de tutelle
testamentaire ou dative, ces dernières ne pouvant être confiées :
- à la personne condamnée pour vol, abus de confiance, faux ou toute infraction portant atteinte à la moralité́ ;
- au failli et au condamné à une liquidation judiciaire
- à la personne qui a, avec l'interdit, un litige soumis à la justice ou un différend familial susceptible de porter atteinte
aux intérêts de l'interdit.
Cette souplesse de la part du législateur quant aux conditions d’exercice de la tutelle légale par le père ou la mère,
trouve sa source dans le rite Malékite, qui affranchit le tuteur légal de toute obligation liée à la présentation des motifs
justifiant la vente du bien du mineur. Le tuteur légal est censé agir dans l’intérêt du mineur

4- Le représentant légal du mineur a-t-il déjà ouvert au nom du mineur un dossier de tutelle légale ?

Le tuteur légal (le père ou la mère), n’est soumis, dans le cadre de la vente du bien du mineur, à aucun contrôle
judiciaire préalable. Toutefois, si la valeur du bien dépasse les 240 000 dhs, le tuteur légal doit procéder à l’ouverture
d’un dossier de tutelle auprès du secrétariat greffe du tribunal de première instance, section justice de la famille. Le
juge chargé des tutelles peut baisser cette limite et ordonner l’ouverture du dossier de tutelle même si la valeur des
biens appartenant au mineur n’atteint pas les 240 000 dhs.
Ce dossier, conservé au niveau du secrétariat greffe, doit contenir tous les documents liés à l’exercice de la tutelle, tels
que l’ acte d’hérédité, les actes passés par le tuteur pour le compte de l’interdit, les autorisations données par le juge,
ainsi que les rapports annuels et le rapport de fin de mission relatifs à la gestion des biens appartenant au mineur

------» Mise en œuvre

De façon générale, la capacité de la mère doit être vérifiée.

1- Sauvegarde des intérêts du mineur


L’acte de vente doit être signé par le tuteur légal (le père ou la mère) en personne. Le notaire doit veiller, dans la
limite de ses moyens, à la sauvegarde de l’intérêt de l’enfant en vérifiant si le montant du prix de vente correspond au
prix du marché. Pour cela, le notaire, peut conseiller, le cas échéant, au tuteur légal de s’aligner sur le référentiel des
prix de l’immobilier édité par la DGI (tax.gov.ma) ou tout autre document de référence.
Le notaire doit, en outre, veiller à la sauvegarde des intérêts de l’enfant en mettant en garde le tuteur légal qui accepte
d’ insérer dans le contrat de vente une clause ou disposition qui pourrait mettre en péril les intérêts du mineur, tel est
le cas du représentant légal qui accepte d’échelonner le prix de vente du bien appartenant au mineur et qui renonce à la
prise des garanties légales et ou conventionnelles liées au paiement différé.

2- Modalités de paiement du prix de vente


-Le notaire doit veiller à la sauvegarde des intérêts financiers du mineur en incitant l’acquéreur à faire transiter le prix
de la vente par la comptabilité du notaire. Les modalités de paiement du prix de vente sont fixées par le décret

-Le versement du prix de vente s’effectue moyennant un chèque barré (barrement spécial CDG) à libeller à l’ordre du
notaire ou moyennant un virement sur le compte ouvert au nom du notaire auprès de la CDG, ou en espèce
directement sur le compte ouvert au nom du notaire auprès de la CDG.

3- Mise en oeuvre du devoir de conseil prévu par l’article 37 de la loi n° 32-09 sur le notariat
Afin de permettre au tuteur légal de remplir efficacement sa mission de tuteur légal, le notaire doit l’informer sur
l’ensemble des obligations dont il est tenu à ce titre, notamment :
- l’obligation de veiller en général à la sauvegarde des intérêts de l’enfant
- l’obligation d’ouverture du dossier de tutelle le cas échéant
- l’obligation d’établir un rapport annuel sur la gestion des biens du mineur et de le soumettre au juge chargé
des affaires des mineurs
- l’obligation d’établir un rapport de fin de mission et de le soumettre au juge chargé des affaires des mineurs
pour validation
- Le droit accordé au mineur, qui conserve son droit d’intenter toute action relative aux comptes et actes
préjudiciables à ses intérêts pendant les deux années qui suivent sa majorité, sauf en cas de faux, dol ou recel
de documents, auquel cas ces actions se prescrivent une année après qu’il en a eu connaissance.

4- Remise du prix de vente


Afin de préserver les intérêts du mineur, il est fortement recommandé au tuteur légal d’ouvrir un compte bancaire où
sera versé le prix de vente ou ce qui en reste après le paiement des impôts dus, tels que l’impôt sur le revenu (catégorie
profits fonciers), et autres impôts grevant l’immeuble.
Il existe des cas où le mineur est titulaire d’un compte bancaire ouvert en son nom auprès de la CDG.
Le virement par le notaire du prix de vente revenant au mineur ne devient définitif qu’après réception par la CDG d’un
ordre reçu, dans ce sens, par le juge chargé des affaires des mineurs.
Cet ordre devrait faire suite à une lettre d’information que le notaire doit envoyer au juge des mineurs où il est
clairement mentionné le prix de vente revenant au mineur ainsi que l’ensemble des impôts et charges payés pour le
compte du mineur.

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