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Y compris collectives et menées par d’autres États que les États lésés en cas de

violation d’obligations erga omnes (art. 54 et 48 ARE) ? Ex. : sanctions


économiques (hors art. 41 CNU ; cf. supra)

Exclues lors de la violation de certaines normes impératives (ius cogens)

2. Armées : toujours illicites.

4. Les deux volets du droit de l’interdiction du recours à la force : le ius ad


bellum et le ius in bello.

Deux volets :

a. Ius contra bellum (« droit contre la guerre ») : règles de DIPU régissant le principe
même du recours à la force.

Aujourd’hui, il n’y a plus de ius ad bellum proprement dit (lit. « droit à la guerre »),
mais un ius contra ou para bellum

b. Ius in bello (« droit dans la guerre ») : règles de DIPU régissant les modalités du
recours à la force une fois qu’il a lieu (peu importe sa légalité).

II. Le ius contra bellum

1. Délimitation : Le principe de non-intervention en général (art. 2 §1 CNU)

a. Le principe

Le principe de non-intervention interdit l’intervention directe ou


indirecte d’un État dans les affaires internes ou externes d’un autre
État au moyen de la contrainte. Ce principe est le corolaire du
principe d’égalité souveraine.

La contrainte par laquelle un État intervient dans les affaires d’un autre
n’est pas forcément armée … :

• Si non intervention armée : application du principe de non-recours à la force (lex


specialis)

→ Mais l’interdiction de l’intervention en général et l’interdiction de l’intervention armée


restent souvent invoquées et violées ensemble (cf. CIJ, Nicaragua ; CIJ, RDC c. Rwanda).
Dans Nicaragua, les USA étaient d’avoir violé les deux principes : non-intervention, et non-
intervention armée. Les USA ont fourni des armes aux rebelles (= violation du principe de
non-intervention), mais le principe d’interdiction du recours à la force armée n’était pas violé
(car les guérilleros n’étaient pas sous le contrôle effectif des USA [critère difficile à remplir]).

• Si intervention non armée (ex. : économique ou politique) [d’une certaine


intensité] : intervention subversive directe ou indirecte, mais pas l’aide
économique ou humanitaire (CIJ, Nicaragua)

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Base légale : art. 2 §1 CNU : norme de DI coutumier fondée sur l’égalité entre États
souverains. N.B. : lié au principe de « non-ingérence » de l’art. 2 §7 CNU.

b. Les éléments

• « Affaires internes » : « Le domaine réservé est celui des activités étatiques où la


compétence de l’État n'est pas liée par le DI. L'étendue de ce domaine dépend du
droit international et varie selon son développement » (AIDI 1954 vol. 45 p. 292).

• « Intervention » : directe [intervention directe de l’État] ou indirecte [intervention


de l’État par le biais de soutien à un groupe/ …] (CIJ, Nicaragua)

• « Contrainte » : A/RES 2625 (CIJ, Nicaragua) [contenu de droit coutumier] –


définition encore indéterminée.

2. Le principe de non-recours à la force (lex specialis du principe de non-


intervention de la contrainte par un État sur un autre)

a. Les sources du principe

• Traité : art. 2 §4 CNU, complété par le Ch. VII (art. 39 ss) – pendant de l’art. 2 §3
et du Ch. VI sur le règlement pacifique des différends. L’art. 2 §4 CNU est un
principe de droit coutumier (CIJ, Nicaragua), voire même principe de ius cogens.

• Soft law (mais déclaratoire de droit coutumier ! ; cf. CIJ, Nicaragua, §191 et CIJ,
RDC c. Ouganda, §162)

A/RES/2625 [XXV] du 24 octobre 1970 relative aux principes du DI touchant les


relations amicales et la coopération entre les États conformément à la CNU

A/RES/3314 [XXIX] du 14 décembre 1974 qui définit l’agression

→ Ces résolutions peuvent être utilisées pour interpréter le principe de non-


intervention à la force armée.

Attention : à ne pas confondre avec l’interdiction du crime de guerre de l’art. 5 du


Statut CPI ou de l’agression armée de l’art. 8bis du Statut CPI ; il s’agit là de DI pénal,
et de crimes commis par des individus (chefs militaires) et non pas par des États !!!

b. Le contenu du principe (art. 2 §4 CNU)

Contenu peu précis et très contesté (échecs des tentatives de codification sur ce thème
depuis 1945). Donc : interprétation à la lumière des principes énoncés dans la
Déclaration 2625, devenus aujourd’hui de droit coutumier (CIJ, Nicaragua, par. 191 et
CIJ, RDC c. Ouganda, §162)

Éléments de la définition de l’art. 2 §4 CNU :

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• Recours à la force…
• … armée…
• … contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique d’un État …
• … entre États.

iii. Recours à la force …

L’art. 2 §4 CNU interdit le recours à la force armée en général, et non pas


uniquement l’agression armée qui est la forme la plus aigüe ou
intense de recours à la force armée. Donc, l’intensité de la
force n’est pas nécessairement aussi élevée et grave qu’une «
agression armée » (art. 51 CNU), qui est la forme la plus grave
et la plus dangereuse de l’emploi illicite de la force (CIJ,
Nicaragua).

Minimum d’intensité du recours à la force requise pour


entrer dans le champ de l’art. 2 §4 CNU :

N.B. : contesté… ! Ex. : une attaque chimique sur un ancien agent double russe
à Salisbury constitue-t-elle une violation du recours à la force armée ? Oui, si
spectre potentiel de victimes plus large (et ça a été le cas à Salisbury) !

L’interdiction couvre aussi bien le recours effectif à la force que la menace du


recours à la force. La menace n’est cependant considérée illicite que lorsqu’il
s’agit d’une menace d’utiliser la force de manière illicite (ex. : la menace d’usage
de la force en légitime défense peut être licite) (CIJ, Licéité de l’arme nucléaire).

iv. … armée …

Cela signifie l’usage de moyens militaires, y compris agents chimiques


d’empoisonnement. Si une cyberattaque entraîne des effets similaires à ceux
résultant de l’utilisation d’armes nucléaires, elle peut être considérée comme un
recours à la force armée (ex. : Stuxnet, NotPetya, …).

S’il ne s’agit pas d’un recours à la force armée, une intervention peut violer le
principe de non-intervention dans les affaires internes d’un État (contrainte non-
armée) ainsi que le principe de souveraineté (territoriale ou politique).

v. … l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique …

Objet de l’usage de la force : en principe il est extraterritorial puisque le recours


doit porter sur le territoire d’un autre État ou du moins son indépendance
politique.

Objet exact indéterminé, cependant :

• Pas toujours besoin d’atteinte à l’intégrité territoriale ni à l’indépendance


politique (contrairement à la lettre de l’art. 2 §4 CNU) – il est possible que
l’interdiction recouvre tout recours à la force armée contraire aux buts des NU,

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tels que des opérations ponctuelles punitives comme la capture de criminels ou
le sauvetage de ressortissants (même en absence de mise en cause de l’intégrité
territoriale ou de l’indépendance politique de l’État concerné).

• L’art. 2 §4 CNU ne peut pas non plus être invoqué par l’État A pour cibler des
groupes privés qui l’attaquent depuis l’État B.

vi. … entre États …

1. Exclusion en principe des conflits purement internes (ex. : guerre civile,


crise humanitaire) du champ de l’art. 2 §4 CNU

Cependant (CIJ, Mur en Palestine), le principe du non-recours à la force peut


aussi être invoqué en cas d’occupation d’un territoire qui n’est pas celui d’un
État proprement dit, mais qui empêche une population d’exercer son droit à
l’autodétermination.

2. Exclusion des conflits entre un État et des groupes militaires privés (ex. :
rebelles, terroristes) du champ de l’art. 2 §4 CNU, car ceux-ci ne sont pas
soumis à l’interdiction du recours à la force armée… Sauf s’il est possible
d’attribuer les actes de ces particuliers à un État ou, du moins de considérer
qu’un État a violé son obligation de due diligence à leur égard !

ATTENTION : cela n’exclut pas l’application du Ch. VII à ces situations, aux
conditions de l’art. 39 CNU, qui s’applique plus largement que l’art. 2 §4 CNU !

D’où les tentatives de rattachement de l’usage de la force par des groupes


militaires privés à un État

Exemples :
1. Imputation des actes des groupes privés à un État selon qu’ils agissent
comme organes de iure ou de facto (4 ARE ; par extension 5, 6, 9 et 11 ARE)
ou sont contrôlés par cet État (8 ARE ; par extension 10 ARE lorsque ces
groupes deviennent le gouvernement/ nouvel État)

Ex. : contrôle effectif au sens de l’art. 8 ARE : actes terroristes commis


sous contrôle d’un État (CIJ, Nicaragua et RDC c. Ouganda)

2. De considérer que cet État a violé son devoir de diligence (par ses organes
de iure) en ne prévenant pas ces particuliers d’agir (s’il savait/ devait savoir et
pouvait raisonnablement agir)

Ex. : devoir de prévention des agressions par des particuliers sur une
ambassade (inviolabilité, CVDT/ CVRC ; CIJ, Téhéran)

Controverse : question de savoir si la simple tolérance d’activités terroristes


sur son territoire est une violation du principe de non-recours à la force armée
(par violation d’un devoir de diligence ; « harbouring terrorism »). Pour cela,
il faut une base légale expresse de DIPU (traité). Cette obligation est
mentionnée par la A/RES 2625, mais n’a pas été reprise dans la A/RES 3314.

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c. Les exceptions au principe

Trois exceptions au principe de l’interdiction du recours à la force armée, dont les


deux premières sont les principales :

• La légitime défense (art. 51 CNU)

• Le système de sécurité collective du Chapitre VII : autorisation du CS

N.B. : différence entre « unilatéral » et « collectif »

• Le consentement (libre et éclairé) rend en principe l’intervention armée


unilatérale d’un ou plusieurs autres États licite.

N.B. : problème de détermination du consentement, et de ses limites (ex. : ius


cogens).

i. Le recours unilatéral à la force en légitime défense

• Origines historiques

Source : droit coutumier

a. Affaire Caroline 1837 (sentence arbitrale) : « la nécessité de la légitime


défense lorsque l’agression armée est instantanée, incapacitante pour l’État
attaqué et ne laisse aucun choix et aucun temps pour se défendre »

b. Art. 51 CNU : « droit naturel » de légitime défense

• Les 4 conditions (art. 51 CNU)

1. Agression armée par un autre État

2. Le CS n’a pas encore pris les mesures nécessaires pour maintenir la paix
et la sécurité internationales. Dès que le CS a pris des mesures : le droit de
recourir à la force par légitime défense est suspendu.

3. Les mesures prises en vertu du droit de légitime défense sont


immédiatement portées à la connaissance du CS.

4. Respect du principe de proportionnalité (condition tacite) (CIJ,


Nicaragua et Plateformes pétrolières). De même, respect du DIH.

• Une distinction : légitime défense individuelle/ collective

1. La légitime défense individuelle : l’État attaqué se défend lui-même

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2. La légitime défense collective : l’État attaqué se défend avec d’autres
États, ou se fait défendre par d’autres États. Deux possibilités :

a. Du fait d’une alliance (art. 5 OTAN)

Condition : l’État allié est interpellé par l’État agressé. L’État allié ne
peut pas venir au secours d’un État agressé qui ne lui a rien demandé !

Ex. : CIJ, Nicaragua : interpellation antérieure pas donnée en


l’occurrence (les USA ont invoqué le fait qu’ils avaient été appelés par
le Honduras ; et qu’ils avaient peut-être violé 2 §4 CNU, mais qu’ils le
faisaient parce qu’ils avaient été interpelés par un État agressé).

b. Du fait qu’ils ont tous été attaqués ensemble

→ La légitime défense « collective » reste en réalité une légitime


défense unilatérale, exercée pour l’État agressé – à distinguer de l’usage «
collectif » de la force au sens du Ch. VII (ordonné/ autorisé par le système
de « sécurité collective » des NU), exercé au nom de la communauté
internationale.
• Quelques questions ouvertes – Notions de l’art. 51 CNU

a. « Agression armée »

L’agression armée au sens de l’art. 51 CNU est un recours plus intense et


spécial à la force armée (ex. : invasion) que le recours à la force armée en
général de l’art. 2 §4 CNU (ex. : incident frontalier) – conception
restrictive de l’art. 51 CNU confirmée par la CIJ (Nicaragua).

N.B. : l’Art. 1 A/RES 3314 ne fait pas la différence entre une agression et
le recours à la force armée, en définissant l’agression et le recours à la
force armée de manière équivalente. Notamment, l’art. 3 f A/RES 3314
n’est pas une agression armée !

[Rappel] Définition distincte du crime d’agression défini à l’art. 8bis du


Statut Rome, qui ne s’applique qu’aux individus et non aux États.

b. Agression « Contre un État »

La légitime défense peut donc être invoquée uniquement par un État qui a
été agressé et réagit à cette agression, d’une part, et par un État qui réagit à
une agression armée contre son territoire (y compris sur des personnes sur
ce territoire), d’autre part.

Il ne peut donc pas s’agir de réagir à une attaque contre des ressortissants
nationaux à l’étranger (ex : contre des soldats américains dans une
discothèque berlinoise).

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Exception : attentat sur la personne d’un chef d’État à l’étranger (ex. :
contre Bush en 1993 au Kuwait par l’Irak). Dans ce cas, possibilité de
légitime défense.

N.B. : une agression armée contre un navire de guerre est considérée


comme justifiant la légitime défense (CIJ, Plateformes pétrolières). La
question d’une possible transposition aux cas de piraterie lors d’agressions
armées contre des navires marchands et leur équipage reste ouverte.

c. Agression « Par un État »

La légitime défense au sens de l’art. 51 CNU implique l’existence d’une


agression par un État et contre un État qui se défend légitimement (art. 4
ARE, et par extension 5-11 ARE).

N.B. : dans l’affaire du Mur en Palestine, la CIJ a considéré qu’il


manquait l’élément d’agression par un État nécessaire à l’invocation de
l’art. 51 CNU pour qu’Israël puisse invoquer la légitime défense.

Quid des agressions provenant de particuliers ?

Pour pouvoir y répondre par légitime défense, il faut pouvoir les lier à un
État – mais comment ?

1. Imputation d’actes de particuliers à l’État agresseur (organes de iure


ou de facto : art. 4, 5, 6, 9 ou 10 ARE ; ou agents sous contrôle : art. 8
ARE). Seulement, c’est très difficile à prouver…

Ex. : CIJ, RDC c. Ouganda

2. Existence d’un devoir de diligence de l’État quant aux activités de


particuliers sur son territoire qui menacent d’autres États (dont la
violation pourrait lui être imputée directement sans lui imputer les actes
de violence des particuliers).

Cf. Résolution 2625 (droit coutumier ? Cf. CIJ, RDC c.


Rwanda), mais pas repris dans Résolution 3314.

Ex. : obligations de surveillance et de désarmement données par


des C/RES : Afghanistan face aux Talibans en 2001 ; Liban face
au Hezbollah en 2006.

Conditions du devoir de diligence requise :

D’abord, il faut une base légale expresse en DI (notamment un traité),


mais en plus :

1. L’État savait/ aurait dû savoir que ses ressortissants agiraient de la


sorte (connaissance), et

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2. L’État pouvait agir pour prévenir ses ressortissants d’agir
(moyens).

Attention : dans tous les cas, la violation du devoir de diligence requise


de l’État ne fonde pas, en l’état du DI, un droit à la légitime défense
contre cet État. Si on a établi qu’il a violé sa due diligence, on a établi
qu’il a été négligent ; mais on ne peut pas utiliser la légitime défense
contre lui !

→ Autrement dit, on ne peut pas lui attribuer les actes de ceux qu’il a
laissé faire, mais uniquement lui reprocher sa négligence !

Alternative ?

Attention : pas accepté comme une interprétation coutumière de l’art. 51


CNU, et donc pas ce n’est pas du DI !

3. Si l’État territorial ne peut pas et ne veut pas lutter contre les


groupes privés en cause (« unable and unwilling »), certains
défendent la thèse très controversée selon laquelle la légitime défense
pourrait être possible (ex. : thèse US et UK concernant la Syrie en
2016, et thèse turque concernant Afrin en 2018 ou nord-est syrien en
2019, voire USA concernant des cibles iraniennes en Irak en 2020).

→ Encore moins plausible qu’en cas de violation du devoir de


diligence requise de l’État, toutefois !

Quid des mesures de légitime défense orientées contre des particuliers


directement (ceux qui sont à l’origine de l’agression armée imputée à un
État) ?

Certains État n’essaient même plus d’attribuer ou d’essayer d’interpréter la


situation comme celle d’un État qui les agresse, mais disent explicitement
qu’ils agissent contre des particuliers.

Exemples : « Targeted killings » dans les territoires occupés par Israël


ou ailleurs par les USA (notamment par le biais de drones au Pakistan,
au Yémen, en Syrie, en Libye et ailleurs) ; assassinat de Ben Laden
(Pakistan, 2011) par un commando spécial US ; …

Pro : Résolution 1368 et 1373 (2001) contre le terrorisme

Contra : CIJ, Mur en Palestine ; sans compter les violations d’autres


obligations de DI comme le DIDH ou le DIH.

Développement d’une coutume internationale de légitime défense contre


les acteurs non-étatiques ?

190
Ex. : intervention des USA et alliés en Syrie contre EI/IS depuis 2014 ?
Y compris dans un autre État (cf. affaire Suleimani en 2019 et 2020 et
attaques des USA et de l’Iran sur des cibles en Irak) ?

→ Violation du DIH, du DIDH, de la souveraineté et de l’intégrité


territoriale.

 Puisque la légitime défense au sens de l’art. 51 CNU n’est acceptée qu’à


l’encontre d’un État auteur d’une agression armée, la réaction de l’État
agressé doit aussi être orientée contre cet État en retour. L’inverse
remet entièrement en cause le système de sécurité de la CNU !

d. Légitime défense « réactive », « préventive » ou « préemptive »

Critère de l’actualité de l’attaque ; en principe : légitime défense «


réactive », c’est-à-dire en cas d’attaque actuelle.

a. Art. 51 CNU : « if an armed attack occurs »


b. Cf. sentence arbitrale dans Caroline
c. Confirmé dans CIJ, Plateformes pétrolières

Délimitations :

1. Légitime défense réactive : attaque actuelle


2. Légitime défense préemptive : attaque imminente
3. Légitime défense préventive : attaque non-imminente mais latente

→ La légitime défense peut être réactive, mais aussi préemptive (si une
attaque est certaine et imminente) – dès lors, extension de l’art. 51 CNU à
la légitime défense préemptive.

 En revanche, monopole de la légitime défense préventive par le CS


NU ! Par conséquent, la simple détention d’armes de destruction
massive ne suffit pas à remplir les critères de l’art. 51 (même si leur
existence est avérée !).

NB : Doctrine américaine post-9/ 11 contre la position des NU

• Excursus sur la légitime défense en Irak et en Syrie

Légalité du recours à la force des USA/ F /UK /Russie /Turquie.

En Irak : consentement.

En Syrie :

a. Consentement ? Non, sauf en Syrie pour la Russie (selon la Russie).

b. Autorisation du CS NU (art. 42 CNU) ? Non. NB : discussion autour du


§5 de la Résolution 2249/2015 : pas d’autorisation/ ordre des/ aux États à

191
agir par le CS, mais un encouragement à le faire « par tous les moyens »
dans les limites de la CNU et du DI !

c. Légitime défense ? Agression armée de qui, par qui et contre qui en


retour ? Légitime défense collective à la demande de l’Irak (ex. : thèse
allemande pour l’intervention contre Daech) et/ ou légitime défense
individuelle (ex. : thèse de la France pour le Bataclan).

Problèmes :

1. Agression par un groupe privé et en retour contre un groupe privé, sans


possibilité d’attribution à la Syrie (la mention du sanctuaire en Syrie et
en Irak au §5 de la Résolution 2249/2015 peut-elle être invoquée ?)

2. Identité du ou des États agressés (ex. : Irak) et relations aux US et leurs


alliés

Alternatives :

1. La Syrie est « ne peut pas et ne veut pas » lutter contre l’EI (unable and
unwilling) (argument US et UK) (même argument ensuite de la Turquie
pour justifier son intervention contre les Kurdes en 2018 et 2019) ?

Mais dans tous les cas, pas possible de justifier une légitime défense
par une violation du devoir de diligence de la Syrie.

2. EI comme État à part entière ? Non… : la population fuyait ; le


gouvernement n’était pas effectif ; et il ne pouvait pas communiquer
avec d’autres États.

3. Nouvelle pratique et donc coutume de légitime défense contre des


acteurs non-étatiques ? (Passer outre l’art. 51 CNU)

d. Sinon, zone grises : par ex. intervention humanitaire ? Éventuellement


justification indirecte fondée sur le par. 5 de la Résolution 2249/ 2015 ?

ii. Le système de sécurité collective du Chapitre VII

Art. 24 CNU : le CS a « la responsabilité principale du maintien de la paix et de la


sécurité internationales ». En cas de menace contre la paix, de rupture de la paix
ou d’acte d’agression au sens de l’art. 39 CNU, le CS dispose de trois catégories
de mesures :

1. Règlement pacifique des différends : Chapitre VI (ex. : art. 33 ss CNU)

2. Mesures impliquant l’usage de la force (mesures d’imposition de la paix) :


Chapitre VII (art. 42 ss)

3. Mesures de maintien, de rétablissement et de construction de la paix :


pratique (Chapitre VI, mais surtout « Chapitre VIbis » lorsque les mesures se

192
trouvent à mi-chemin entre des mesures pacifiques et des mesures impliquant
l’usage de la force !) (art. 39 ss CNU). Ces mesures ne sont pas pacifiques,
mais n’impliquent pas non plus l’usage de la force.

1. Les mesures impliquant l’usage de la force (Ch. VII)

a. Le système du Chapitre VII

1. Conditions

Constat par le CS de « l’existence d’une menace contre la paix, d’une


rupture de la paix ou d’un acte d’agression » (art. 39). Une fois l’un des
3 éléments constaté, le CS fait des recommandations et décide des
mesures à prendre (art. 41-42 CNU).

Trois situations, interprétées de manière très large en pratique :

1. « Rupture de la paix » : conflit armé international


nécessairement (ex. : C/RES 660 (1990) sur le Kuwait)

2. « Acte d’agression » (notion selon l’art. 1 A/RES 3314) : plus


large que la notion d’agression armée de l’art. 51 CNU, et donc
tout recours à la force armée (au sens de l’art. 2 §4 CNU).

3. « Menace contre la paix » : menace de conflit armé interétatique,


mais aussi menace de conflit armé interne d’une certaine gravité
(persécution de populations, violations systématiques des DH,
emploi d’armes chimiques) ou attaques terroristes. Ex. : Somalie,
Rwanda, Irak, Haïti, Liberia, Libye et Syrie.

N.B. : menace concrète requise (art. 39 CNU), contrairement à la


« menace au maintien de la paix » de l’art. 33 CNU (condition de
règlement pacifique des différends par le CS).

Menace d’autres types aussi comme les graves épidémies :


C/RES 2177 (2014, Ebola). Peut-être un jour la menace climatique.
2. Mesures

Trois types de mesures :

1. Mesures provisoires (art. 40)

2. Mesures n’impliquant pas l’usage de la force armée (art. 41)

a. Sanctions : étatiques, organisationnelles ou individuelles ! Ces


sanctions sont obligatoires.

Ex. : C/RES 661 (1990) concernant l’Irak ou Résolution


1970 (2011) contre la Libye

193
Remarques :

1. Problème des « targeted sanctions » contre les particuliers


ainsi que de l’ineffectivité de certaines sanctions.

2. À ne pas confondre avec les sanctions individuelles prises


par certains États (ou l’UE) en contre-mesures individuelles
(art. 49 ARE) ou collectives (art. 54 ARE) (à justifier
séparément selon les ARE). Si les États adoptent des
sanctions en dehors de la CNU, ils peuvent potentiellement
violer le DIPU (traité commercial, traité de DIDH, …).
Justification nécessaire dès lors : contre-mesures.

Attention : possible conflit entre obligations résultant d’une


C/RES ordonnant des sanctions et des obligations de
DIDH (Kadi, Nada, Al-Dulimi, …) ! Cela peut aussi porter sur
les droits du PIDESC (appauvrissement d’une population en
cas de sanctions économiques) !

Donc : sanctions ≠ quelque chose qui est forcément légal !

b. Création d’organes judiciaires ou quasi-judiciaires (ex. :


tribunaux pénaux ad hoc ou hybrides créés par résolutions (ex. :
TPIY, TPR, Cambodge, Liban, …)

c. Mise en place d’autorités administratives (ex. : MINUK et


KFOR au Kosovo)

d. Adoption de tout autre acte sur la base de résolutions (ex. :


C/RES 1373 (2001) sur le terrorisme, mais aussi plus
récemment C/RES 2249 (2015) sur les obligations individuelles
et collectives des États dans la lutte contre le terrorisme ;
C/RES 2380 (2017) sur le trafic des migrants en Libye)

3. Mesures impliquant l’usage de la force armée (art. 42)

Subsidiarité de 42 CNU à 40-41 CNU : le CS recourt à la force


armée uniquement si les mesures provisoires (40 CNU) ou les
mesures n’impliquant pas l’usage de la force (41 CNU) ne
fonctionnent pas. Si ces dernières sont insuffisantes ou paraissent
d’emblée inadéquates, le CS peut cependant directement actionner
l’art. 42 CNU.

Comme les NU n’ont pas de troupes propres, le CS NU ordonne


rarement, mais le plus souvent il autorise le recours à la force
armée [en général pour plusieurs États en même temps].

→ Dans les limites de la CNU et du droit coutumier (24 §2 CNU).

194
3. Effets des mesures adoptées par le CS

Caractère obligatoire des mesures ordonnées par le CS sur la base des


art. 41 et 42 (art. 103 : priment toute obligation contraire des EM NU) :
combinaison art. 25 + 103 CNU.

Concernant les mesures impliquant l’usage de la force armée (42


CNU), selon l’art. 43 CNU (et 106 CNU) les EM devraient mettre des
troupes à disposition de l’ONU par des accords spéciaux. Seulement,
comme aucun accord n’a été conclu jusqu’ici, le CS contourne l’art 43
CNU par une nouvelle compétence qu’il s’arroge : celle d’autoriser le
recours à la force par les États ou une OI (art. 42 phrase 2), et non plus
de l’ordonner.

Rôle des organisations régionales

Art. 53 CNU : les ORs ne peuvent recourir à la force armée que sur
autorisation du CS !

Problèmes : abus potentiels et problèmes de responsabilités multiples


(ex. : ONU/ UE ou OTAN/ États). Ex. : si un soldat français viole le
DIH, il fait partie de l’état-major français, qui fait partie de l’état-major
de l’OTAN, qui fait partie de l’état-major de l’ONU ! Quid ?

4. Excursus sur le rôle de l’AG NU

Selon l’art. 14 CNU, l’AG peut recommander des mesures propres à


assurer l’ajustement pacifique de toute situation. Néanmoins, l’AG est
restreinte par l’art. 12 CNU, d’où la création de l’A/RES Dean
Acheson [ou « Uniting for Peace »] pour que l’AG puisse concurrencer
l’action du CS NU et intervenir de manière urgente pour intervenir et
sauvegarder la paix et la sécurité internationale. L’AG a toutefois
utilisé l’art. 14 CNU pour créer un petit mécanisme d’enquête en Syrie,
mais pas sur tout le conflit : l’IIIM [International, Impartial and
Independent Mechanism] (2011).

b. L’application contemporaine du Chapitre VII

Trois grandes phases :

1. Avant 1990 : pas d’utilisation de l’art. 42 CNU (sauf peut-être


l’autorisation de la riposte US à l’invasion de la Corée du Sud en 1950)

2. 1990 : première utilisation officielle de l’art. 42 CNU, coïncidant avec


la fin de la guerre froide : C/RES 678 (1990) concernant le Koweït

3. Après 1990 : aucune utilisation ouverte de l’art. 42 CNU depuis (seule


mention du Chapitre VII en général).

Avenir de l’art. 42 et du Chapitre VII ?

195
Problème politique lié au droit de veto et au consensus des P5. Le Chapitre
VII n’est donc que rarement utilisé – raison pour laquelle on voit de plus en
plus souvent des déploiements de forces armées qui ne passent pas par le
Ch. VII, mais par le « Ch. VIbis ».

Deux observations :

1. Problème de base légale : Chapitre VII oui, mais art. 41 ou 42 ? Le CS


n’est jamais explicite lorsqu’il prend des mesures, et souvent prend des
mesures de type 41 et de 42 CNU dans une même résolution.

Ex. : C/RES 1973 (2011) sur la Libye

Actuellement, multiplication des opérations de paix de nature hybride


(ex. : Rwanda, Somalie, Haïti).

2. Dans le cadre de l’art. 42, « autorisation » du recours à la force par


les États ou une OI (art. 42 phrase 2 CNU), plutôt qu’ordre du CS lui-
même.

Ex. : Kowaït, Bosnie, Haïti, Somalie, Liberia, Libye.

→ Du fait du veto notamment, le Ch. VII n’est que rarement utilisé. Raison
pour laquelle on a vu de plus en plus souvent des déploiements de forces
armées qui ne passent pas par le Ch. VII, mais par le « Chapitre VIbis ».

2. Les opérations de paix (Chapitre VI et « Chapitre VIbis »)

Pour des raisons liées à la paralysie du système du Ch. VII, les NU ont
graduellement privilégié les opérations de maintien de paix fondées sur le Ch.
VI de la CNU (Règlement pacifique des différends internationaux), et le VII.

a. Désormais, de nature le plus souvent hybride due à l’envoi de forces


armées d’interposition et d’imposition de la paix (en principe fondé sur
l’art. 42) – d’autres types d’opérations de maintien de paix au sens large se
sont développées, sans qu’on sache toujours très bien si leur base légale
dans la Ch. VII convient bien au mandat effectif…

→ D’où l’appellation de « Chapitre VIbis », entre le Chapitre VI et le


Chapitre VII

b. Budget distinct du budget général des NU (env. 6 milliards/ an). En


général, couvert séparément, par un ou plusieurs États (ex. : 25% USA) –
attention, les troupes ne viennent pas de ces États la plupart du temps !

Les types d’« opérations de paix » au sens large :

a) Maintien de la paix (peace-keeping) [Ch. VI] ;


b) Rétablissement de la paix (peace-making) [Ch. VII] ;

196
c) Construction de la paix (peace-building) [Ch. VII].

a) Maintien de la paix (Chapitre VI)

But : prévenir la violence, maintenir une séparation des belligérants ou


assurer le respect d’un cessez-le-feu.

Base légale : Chapitre VI, mais parce que le maintien de la paix dérive très
souvent sur de l’imposition de la paix, on a une « mission creep », une
sorte de transformation de la mission en cours de mission (ex. : si le conflit
dégénère quand les troupes y sont).

1. Décisions du CS ou recommandations de l’AG – obligatoires selon


l’art. 25 CNU ?

2. Accord de séjour entre État fournissant ses troupes et État hôte (SOFA)

3. Accord entre l’ONU et l’État fournissant ses troupes

Deux conditions :

1. Consentement de l’État concerné

2. Légitime défense des États participants

Mandats :

1. Mandats classiques : surveillance d’accords ; création de buffer zones

2. Mandats de 2ème génération : fonctions policières et de maintien de


l’ordre public ; fonctions civiles ; administration.

Problèmes des opérations de maintien de la paix :

Problème : souvent « mission creep » entre imposition et maintien de la


paix, et complément/ transformation vient plus tard.

→ Parfois, sans base légale claire ! Ex. : Missions UNOSOM en


Somalie en 1992-3 ou UNMIBH en Bosnie-Herzégovine depuis 1995

D’où le développement du droit de la responsabilité de l’ONU pour les


agissements dans le cadre de ces opérations – problème des obligations
primaires, des tribunaux compétents et des immunités !

b) Rétablissement de la paix (Chapitre VII)

Base légale : Chapitre VI, mais Chapitre VII aussi, car mandat hybride et
implique l’usage de la force pour rétablir la paix. Comme il s’agit de
rétablissement par la force, cela devrait passer par le Ch. VII, mais ça ne

197
passe pas toujours par-là, du fait du problème des vetos. Dès lors, ça passe
parfois par le Ch. VI… !

Conditions :

1. Autorisation ou ordre du CS (art. 42 CNU)

2. Pas besoin du consentement de l’État dans lequel on intervient

Exemples : UNOCI en Côte d’Ivoire (résolution 1527(2004)) ;


ONUB au Burundi (résolution 1545(2004))

N.B. : la plupart du temps, mandats courts et mélanges des genres !

c) Construction de la paix (Chapitre VII)

Base légale : Chapitre VII

Condition :

1. Autorisation ou ordre du CS (art. 42)


2. Pas besoin du consentement de l’État dans lequel on intervient

Exemples : C/RES 1272 (1999) Timor Leste ; C/RES 2149


(2014) Centrafrique (MINUSCA)

« Chapitre VIbis » – Les opérations de paix hybrides

La plupart des opérations de paix (peu importe leur type) demeurent


profondément hybrides, notamment lorsqu’elles impliquent l’intervention de
troupes de maintien de la paix qui parfois contribuent tout de même à imposer
la paix au sens du Ch. VII, à tel point que leur base légale pose problème.

Il peut arriver, par exemple, qu’une opération de maintien de la paix repose sur
un mandat qui autorise, en cas de nécessité, l’imposition de la paix par la force.
Il se peut aussi que l’on passe d’une opération de maintien de la paix à une
opération d’imposition de la paix sans mandat et sans renouvellement de la
base légale (glissement de mission, ou mission creep) !

Faisant référence à la nature hybride de ces opérations se situant entre des


opérations de maintien de la paix du Ch. VI et des opérations d’imposition de
la paix du Ch. VII, certains auteurs ont utilisé l’expression « Ch. VIbis » pour
désigner la base légale flottante de ces opérations.

iii. Le recours à la force armée sans autorisation

Les différentes formes de recours à la force armée ne tombant pas sous le coup de
l’art. 42 (autorisation du CS) ou 51 (consentement ou légitime défense) sont
ILLICITES. Mais… l’illicéité de certaines demeure controversée :

198
1. Les représailles armées

Elles sont contraires à l’art. 2 §4 CNU (sauf si elles entrent dans le champ de
42 ou 51 CNU). N.B. : à distinguer des représailles non-armées (contre-
mesures [potentiellement licite – art. 49 ss ARE] ou de la rétorsion [licite].

Certains États revendiquent une pratique antérieure à l’art. 51 CNU qui


autorisaient les représailles armées (aussi en l’absence d’agression armée), à
deux conditions cumulatives :

1. Un dommage a été subi


2. La proportionnalité est respectée

2. La protection des nationaux à l’étranger

C’est contraire à l’art. 2 §4 CNU (sauf si elles entrent dans le champ des art.
42 ou 51 CNU). En outre, principe de la compétence territoriale exclusive c.
principe de la compétence personnelle (cf. supra)

Conditions :

1. Nécessaire à la survie des nationaux à l‘étranger (hostilité de l‘État


concerné)

2. Ultima ratio (après les recours diplomatiques)

3. Proportionnalité (ponctualité)

Exemples : libération des otages américains à Téhéran en 1980 ; sauvetage


d’un otage israélien dans le détournement d’un avion en Ouganda en 1976 ;
Intervention russe en Géorgie pour sauver ses ressortissants en 2008 ? Et
en Crimée en 2014 ?

Attention : le fait qu’un de mes ressortissants soit attaqué à l’étranger n’a rien
à voir avec une agression armée sur mon territoire.

Dérive dangereuse récente : transposition à des cas d’expéditions punitives


afin de protéger des ressortissants nationaux sur sol national par des
interventions armées à l’étranger (ex. : « targeted killings » des USA ou
d’Israël au Pakistan, au Yémen, en Syrie, en Palestine ou encore en Libye).

3. L’intervention humanitaire

Intervention militaire sur le territoire d’un État sans son consentement, et sans
que soient remplies les conditions de l’art. 42 ou 51 de la CNU, afin de
remédier à de graves violations des DH sur le territoire de cet État.

Attention : intervention humanitaire ≠ « aide humanitaire » apportée en cas de


conflit armé (sur consentement de l’État ou sur ordre des NU conformément au
Ch. VII, et sans intervention militaire la plupart du temps).

199
Donc : contraire à l’art. 2 §4 CNU (sauf si elles entrent dans le champ des
art. 42 ou 51 CNU).

Les arguments dans le débat :

a. Pro : pallier la paralysie du CS afin de protéger contre une violation du ius


cogens – conditions cumulatives évoquées :

1. Situation humanitaire extrêmement grave (ex. : génocide)


2. Blocage du CS
3. Intervention proportionnée et comme une ultima ratio
4. Intervention autorisée par une OI compétente (ex. : OTAN)

Alternative : AG NU (A/RES Dean Acheson)

b. Contra : insécurité due à l’appréciation purement subjective et unilatérale


d’une situation par certains États (retour de la « guerre juste »)

La position majoritaire

a. Pas de droit unilatéral d’intervention humanitaire : mais peut-être un


droit ou un devoir « moral » potentiellement justifiable ultérieurement ?
Mais approche dangereuse à terme… légitimité = ?

b. Peut-être un devoir/ une responsabilité d’intervention


humanitaire (R2P) ? Un devoir fondé, par exemple, sur des obligations
positives de ius cogens et la violation grave de celui-ci (art. 41 ARE) ?

D’abord : obligation de chaque État par rapport à sa propre population,


puis en cas de défaillance une obligation de la communauté des autres États
(responsabilité de DIDH). Ensuite, décision du CS ou de l’AG au nom de
la communauté des États, et non pas une décision unilatérale.

Utilisée pour la première fois contre la Libye dans la C/RES 1973 (2011) :
mais abus (intervention sur le terrain alors que la C/RES ne donnait que le
droit de survol), et donc plus utilisée depuis…

Critiqué car pas très différent du système de l’art. 42 CNU (autorisation du


CS).

4. L’auto-détermination et les mouvements de libération

Le droit à l’auto-détermination des peuples (art. 1 §2 CNU + A/RES 2625) est


coutumier et impératif. Néanmoins, ce droit ne donne pas de droit à la
sécession [celle-ci n’étant ni autorisée ni interdite par le DI en l’état : CIJ,
Kosovo], ni à devenir un État.

Mais souvent…. Pour qu’un peuple puisse pratiquer son auto-détermination, il


aura besoin de recourir à la violence (souvent avec le soutien d’un État tiers)

200
… Selon certains, ce droit contiendrait donc le droit de recourir
unilatéralement à la force armée pour se défendre et d’obtenir de l’aide
d’autres États pour ce faire.

Cela est contraire à l’art. 2 §4 CNU, sauf si cela entre dans le champ
d’application des art. 42 (autorisation) ou 51 (légitime défense) CNU.

N.B. : ambiguïté de l’art. 7 A/RES 3314 et de CIJ, Mur en Palestine !

→ Dans ce genre de cas, essayer de prouver qu’il y a eu consentement, donné


par celui qui pouvait le donner, c’est-à-dire le peuple. Toujours un moment de
flottement où il y a le gouvernement déchu et une nouvelle institution qui
représente la population. Question : cette institution est-elle légitime ?

Deux cas de figure controversés :

1. L’usage unilatéral de la force par un mouvement d’autodétermination


pour renverser une puissance externe occupante

2. L’usage unilatéral de la force par un État tiers pour assister un


mouvement d’auto-détermination contre son État

Dans ce 2ème cas : légalité de l’invitation d’un État tiers à intervenir ?

a. Importance de déterminer la véracité de l’invitation (consentement


libre et informé)

b. Identité du groupe qui a la compétence de le faire en cas de crise


interne (notamment en cas de guerre civile, aucune des parties n’est
vraiment légitime à donner son consentement… !)

Dès lors, dans l’hypothèse d’un soulèvement contre le régime sur le plan
interne, la question est très délicate car l’intervention peut avoir pour effet de
s’opposer au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et au principe selon
lequel chaque peuple est libre de s’organiser librement sans ingérence
extérieure.

Ex. : Crimée (intervention de la Russie avant/ en marge du référendum


sur la sécession)

5. La poursuite de criminels internationaux

Opposition : compétence territoriale exclusive vs compétence personnelle

En soi, contraire à l’art. 2 §4 CNU, sauf si conforme à 42 ou 51 CNU – mais


en l’occurrence, ce n’est aucun des deux, car la poursuite des criminels
internationaux est punitive, et non pas défensive. Dès lors, en principe, la
poursuite de criminels internationaux, nécessite le consentement de l’État dans
lequel un autre État intervient, même ponctuellement, sauf ultima ratio.

201
Exemples :

1. Problème de la lutte anti-terroriste (« renditions ») : le fait pour


l’armée US et ses alliées d’aller chercher par la force et enlever des
présumés terroristes en Syrie, Libye, Afghanistan, et les passer par
transition dans une geôle d’un pays de l’Est ou du Caire, pour
ensuite les emmener aux USA.

2. Enlèvement d’Eichmann en Argentine pour le juger à Jérusalem

d. Un bilan

Principe de non-recours à la force : aujourd’hui consensuel

Exceptions, en revanche : encore controversées

a. Notamment art. 51 et légitime défense

b. Mais aussi limites du Chapitre VII et art. 42, notamment du fait de :

1. Dépendance politique du CS

2. Manque de contrôle du CS (ius cogens)

N.B. : CJUE depuis 2005 (Kadi) ; CDH (Sayadi) depuis 2008 ; et


CourEDHdepuis 2012 (Nada, Al-Dulimi), mais contrôle indirect seulement
(via les États) et externe aux Nations Unies

N.B. : Ombudsman des NU par les NU en matière de sanctions individuelles, à


l’instigation de la Suisse

III. Le ius in bello (« droit dans la guerre »)

1. Le droit des conflits armés en général

a. Les origines historiques

Règles de droit minimisant les violations de l’intégrité physique dans le cadre d’une
activité de prime abord illégale car contraire à l’interdiction du recours à la force
armée

→ Égalité de protection des parties au conflit armé (critique : contribution du ius in


bello à la légitimation de certaines situations illicites)

→ Résolution de conflit nécessairement partiale vs. Action humanitaire impartiale

N.B. : les forces armées qui sont déployées sous le Chapitre VII doivent respecter le
ius in bello.

202
b. La notion de conflit armé

Art. 2 Conventions de Genève (1949) : couvre la guerre, mais aussi tout conflit armé
(entre un ou plusieurs États)

Complété par deux Protocoles (1977) :

1. Protocole I sur les conflits armés internationaux (IAC) : s’applique aux conflits
armés interétatiques mais aussi aux conflits armés dans lesquels les peuples luttent
contre la domination coloniale et l’occupation étrangère et contre les régimes
racistes dans l’exercice du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

Cf. CIJ, Avis sur le mur en Palestine

2. Protocole II sur les conflits armés non-internationaux (NIAC) : s’applique à


tout conflit armé entre un État et un groupe armé ou deux groupes armés. Y
compris les guerres civiles, mais seuil minimal : à l’exclusion de simples tensions
internes, d’actes sporadiques, etc.

Distinction difficile entre IAC et NIAC : ex. : Ossétie du Sud, Ukraine/ Crimée,
Syrie – notamment : lorsqu’un État tiers soutient l’État (NIAC) vs. État tiers soutient
un mouvement insurrectionnel (IAC) !

 Application de l’art. 3 commun CG (CIJ, Nicaragua) qu’il s’agisse d’un IAC ou


d’un NIAC !

Questions encore non-résolues :

1. NIAC et IAC peuvent se superposer : question du droit applicable ? Selon les


relations des belligérants.

2. Droit de l’occupation : encore (et seulement) du ius in bello ? Quid de


l’application du ius contra bellum ?

3. Zone grise entre crise interne non-soumise au DIH, et NIAC soumis DIH

4. Actes terroristes : combattants ou civils au sens du DIH ? Distinction qui n’existe


pas en cas de NIAC, et mesures anti-terroristes peuvent entraîner des restrictions
du DIH. N.B. : mais les USA ne reconnaissent pas les terroristes comme des
combattants (combattants illégaux) ; et donc pas de protection !

Cf. US Sct, Hamdan. V. Rumsfeld et voir discussions autour de la résolution


2178(2014) sur les combattants étrangers

1. La notion de droit des conflits armés

Le DI des conflits armés énonce les droits et obligations des belligérants dans le
déroulement des hostilités, indique les moyens et les méthodes de combat qui sont
interdits (le DI de la conduite des opérations militaires) et prévoit la protection des

203
populations civiles, des biens de caractère civil, des prisonniers de guerre et des
populations des territoires occupés (DIH).

a. Droit de la conduite des opérations militaires (« droit de La Haye ») :


Conventions de la Haye sur la guerre sur terre (1907)

Le droit de la conduite des opérations militaires concerne les combattants et les


comportements qu’ils peuvent avoir en cours de conflit armé.

b. Droit international humanitaire au sens strict (« droit de Genève ») : adoption


de la 1ère Convention de Genève (1864), puis adoption des 4 CG (1949)

Le DIH au sens strict est l’ensemble de règles visant à limiter les effets des conflits
armés sur les droits des victimes.

a. Il protège en particulier les individus qui ne participent pas (civils) ou ne


participent plus (prisonniers, blessés) aux combats

et

b. Il limite le choix des moyens et méthodes de combat par les combattants au


niveau indispensable pour atteindre le but visé par le conflit.

2. Les sources du droit des conflits armés

a. Le droit international humanitaire

1. Les 4 Conventions de Genève de 1949

1. CG I : personnel militaire blessé ou malade dans la guerre terrestre


2. CG II : personnel militaire blessé, malade ou naufragé dans la guerre maritime
3. CG III : prisonniers de guerre
4. CG IV : civils (hors de combat)

→ Dont l’article 3, de nature coutumière est commun aux 4 conventions :


garanties minimales de protection des victimes de tout conflit armé interne et
international (CIJ, Nicaragua).

2. Les deux Protocoles Additionnels de 1977

1. PA I : protection des victimes des conflits armés internationaux


2. PA II : protection des victimes des conflits armés non internationaux

3. 3ème Protocole de 2005 : adoption d’un signe distinctif additionnel

Autres sources :

a. DIH = aussi largement coutumier aujourd’hui

204
Cf. grand projet de recension coutumière du CICR en 2005, actualisé depuis
régulièrement en ligne.

b. Principes généraux de DI

Délimitations :

1. DIH et DIDH

a. DIH : droit objectif (obligations étatiques)


b. DIDH : droits subjectifs (individuels)

Question de la suspension des DH en état d’urgence (ex. : art. 15 CEDH) et effet


extraterritorial. Mais dans tous les cas : indérogeabilité des droits de ius cogens.

2. DIH et DI pénal

a. DIH : droit objectif (obligations étatiques)

b. DI pénal : obligations subjectives (individuelles) ; précisions dans la définition


des comportements interdits et aide à la mise en œuvre (notamment via
responsabilité pénale et tribunaux pénaux internationaux)

Le DIH, le DIDH et le DI pénal protègent le même bien (la vie juridique), mais le
font de différentes manières :

1. DIDH = droits aux individus, obligations des États ;

2. DI pénal = droits aux individus, obligation des individus ;

3. DIH = obligations aux États et aux combattants de respecter des


minima durant le conflit armé.

Évidemment, DIDH, DIH et DI pénal peuvent s’appliquer dans un même cas. Ex. :
destruction d’une maison de civils (DIDH : droit à la vie privée ; DIH : principe de
distinction ; DI pénal crime de guerre du chef militaire).

Ex. : lors des opérations en Afghanistan par le R.-U., l’argument


britannique était de dire que comme il s’agit d’un conflit armé, la CEDH ne s’y
applique pas (ce qui est faux)

→ Le fait qu’un État soit en conflit armé ne suspend pas le DIDH, SAUF en vertu de
15 CEDH – qui a des conditions très strictes : existence de droits indérogeables ;
suspension uniquement temporaire ; …

b. Le droit de la conduite des opérations militaires

Le droit de la conduite des opérations militaires a pour but de fixer les droits et
devoirs des belligérants dans la conduite des hostilités et de limiter les choix des
moyens de nuire à l’ennemi. 13 Conventions ont été conclues à La Haye à l’occasion

205
des Conférences de 1899 et de 1907 : ces textes sont ceux qui ont le moins été
modifiées mais ils ont été rattrapés par le droit humanitaire et le droit du désarmement.

Clause Martens : « En attendant qu'un Code plus complet des lois de la guerre
puisse être édicté, […] les populations et les belligérants restent sous la
sauvegarde et sous l’empire des principes du droit des gens, tels qu’ils résultent
des usages établis entre nations civilisées, des lois de l’humanité et des
exigences de la conscience publique ».

N.B. : les PA I et II contiennent des règles de DIH et des règles sur la conduite des
hostilités (ex. : attaque indiscriminée ; attaque causant des maux superflus ; …).

Aujourd’hui, droit humanitaire et droit de la conduite des hostilités sont devenus


largement indissociables, le droit de Genève confirmant et complétant les dispositions
du droit de la Haye.

c. Le droit du désarmement

Au sens strict, le droit du désarmement a pour objet la diminution du volume absolu


des armements des États. Autrement dit, il vise la destruction de stocks d’armes
existantes, et ne se contente pas d’en limiter ou interdire l’usage. Cependant, il a
évolué vers un droit de maîtrise des armements (arms control) qui vise à ralentir les
progrès techniques en matière d’armement.

Le droit du désarmement est un domaine distinct du ius in bello, mais qui a certaines
implications pour ce dernier. Nombreuses conventions internationales dès la
conférence du désarmement [UNODA] en 1978 : notamment en matière de non-
prolifération nucléaire au niveau des NU et de l’OSCE et de désarmement chimique et
biologique (ex. : nucléaires, bactériologiques, chimiques, à effets traumatiques
excessifs ou indiscriminés, mines antipersonnel, armes à sous-munitions, …).

À son art. 6, le TCA [Traité sur le commerce des armes] interdit le transfert d’armes
classiques. Or, cet article pose problème en matière de vente d’arme, étant donné qu’il
contient une obligation de diligence due en matière de vente d’arme (ex. : autorisation
des ventes d’armes du CF).

Rappel : la Suisse est neutre. Cela signifie que dans le cas d’un CA, elle ne peut pas
prendre position pour l’un ou l’autre des belligérants, et doit assurer le courant normal
(économique et diplomatique) Or, c’est justement ce courant normal qui pose
problème pour les ventes d’armes.

En Suisse, l’OMG [O sur le matériel de guerre] violait nos obligations en vertu du DI,
et notamment de l’art. 6 TCA et son obligation de due diligence ! Désormais,
modification de la LFMG [LF sur le matériel de guerre] – et donc plus de
modifications faciles par le CF possible (comme c’est le cas dans les ordonnances) !

TIAN [Traité sur l’Interdiction des Armes Nucléaires] de 2017 (EeV au 01.10.2020 ! ;
56 EP, sans la R, US, C, F, UK et CH !) → Les États non dotés de l’arme nucléaire ne
peuvent pas le ratifier. Depuis 2001, nouvelle escalade et tensions autour du nucléaire
et des armes de destruction massive en général (biologiques et chimiques) : Résolution

206
1540(2004) en réponse à la crise post-2001 ; Résolution 2118(2013) en réponse à
l’emploi des armes chimiques par la Syrie.

Difficultés à venir : désarmement des particuliers et groupes de terroristes en


particulier ; cyberguerre ; régulation multilatérale de la cybersécurité

3. Les principes du droit des conflits armés

a. Le principe d’humanité

a. Art. 22 Règlement annexé à la Convention de La Haye de 1907 concernant les lois


et coutumes de la guerre sur terre : « les belligérants n’ont pas un droit illimité
quant au choix des moyens de nuire à l'ennemi ».

b. Art. 23 Règlement et art. 37 PA I : prévoient certaines méthodes et proscrivent les


méthodes :

a. « Barbares » : qui causent des « maux superflus »

b. « Perfides » : faisant appel, avec l’intention de tromper, à la bonne foi d’un


adversaire pour lui faire croire qu’il a le droit de recevoir ou l’obligation
d’accorder la protection prévue par les règles du DIH (ex. : faux pavillon, faux
uniforme, …).

b. Principe de distinction (protection des civils)

Principe de distinction entre combattants et population civile, afin de protéger la


population civile.

Art. 48 PA I : « En vue d’assurer le respect de la population civile et des biens


de caractère civil, les Parties au conflit doivent en tout temps faire la
distinction entre la population civile et les combattants, ainsi qu’entre les
biens de caractère civil et les objectifs militaires et, par conséquent, ne diriger
leurs opérations que contre des objectifs militaires. »

Mais… difficulté de distinguer entre combattants et civils dans les conflits armés
contemporains.

a. Distinction inexistante en principe dans le cadre de NIAC, sauf à arguer sur la


base du droit coutumier (question du monopole de l’État sur les forces armées
officiellement reconnues sur son territoire).

b. Question de son application à des conflits armés qui ne tombent pas sous le
coup des CG (ex. : terrorisme).

N.B. : question des « combattants illégaux » (« enemy combatants ») dans la


guerre contre la terreur des USA, qui ne sont pas traités comme des combattants
officiels et ne seraient pas protégés par les CG selon le gouvernement US (sous
Obama la terminologie a changé, mais le traitement reste le même !)

207
Ex. : Hamdan c. Rumsfeld (2006) ; Boumediene c. Bush (2008) ; Al Marri c.
Spagone (2009) → La Cour Suprême US a désavoué le gouvernement US et a
accordé la protection de la Constitution aux prisonniers de Guantanamo.

c. Question des « Private military and security companies » (personnel des


entreprises militaires privées). Cf. Principes et bonnes pratiques de Montreux
(DFAE) et LF suisse sur les prestations militaires privées à l’étranger (obligations
de diligence)

c. Résumé des principales catégories des statuts de combattants et de civil


en DIH

Combattants Civils
(= membre de forces armées) (= tous les autres)

Activité : participation OUI NON


directe aux hostilités

Droits : droit de OUI NON


prendre part
directement aux
hostilités

Punissabilité du fait de NON OUI


la participation directe
aux hostilités (ex. :
après avoir tué des
soldats adverses)

Protection Dès qu’ils ne participent plus Parce qu’ils ne participent pas


directement aux hostilités : directement aux hostilités :

1. Dans les mains ennemies 1. Dans les mains ennemies


(PdG) (en tant que civils)

2. Blessés, malades ou 2. Contre les attaques et tous


naufragés les effets des hostilités

ATTENTION : SOULIGNER CNUIJE (Convention des NU sur les immunités


juridictionnelles des États) et CVRC + CVRD (droit coutumier codifié) + ARE + AROI +
CNU + Statut CIJ + CEDH + Statut de Rome

Questions :

1. Pourquoi les immunités de juridiction de l’État sont restreintes par l’art. 12 CNUIJE
([1] procédure se rapportant à une atteinte physique, [2] du à un acte/ omission
prétendument attribuable à l’État, [3] si acte/ omission se sont produits sur le territoire

208
de l’État, [4] si l’auteur de l’acte/ omission était présent sur le territoire au moment de
l’acte/ omission), et pas par le ius cogens ? Plus précisément, pourquoi la CIJ (Italie c.
Allemagne, 2012) dit que cela est logique étant donné la nature préliminaire de la
question de l’immunité, alors que l’art. 12 CNUIJE est justement une exception ?

→ Oui, grosse tension, surtout si on considère que s’il y a une violation des DH, il y a
aussi un DH de droit au juge, qui est aussi de ius cogens, et donc pourrait invalider
l’immunité (qui a un statut de ius cogens)

What is sovereignty? Is that that a State can do anything, for example attacking others for no
reason? If not, then what limits sovereignty? Well… International law. Then the trap of
sovereignty just closed on you… As international law evolves and grows… well then,
sovereignty shrinks.

In fact, sovereignty was even created and enabled by international law: the fact that each State
is equal and does what it pleases, under certain conditions.

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