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Deux volets :
a. Ius contra bellum (« droit contre la guerre ») : règles de DIPU régissant le principe
même du recours à la force.
Aujourd’hui, il n’y a plus de ius ad bellum proprement dit (lit. « droit à la guerre »),
mais un ius contra ou para bellum
b. Ius in bello (« droit dans la guerre ») : règles de DIPU régissant les modalités du
recours à la force une fois qu’il a lieu (peu importe sa légalité).
a. Le principe
La contrainte par laquelle un État intervient dans les affaires d’un autre
n’est pas forcément armée … :
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Base légale : art. 2 §1 CNU : norme de DI coutumier fondée sur l’égalité entre États
souverains. N.B. : lié au principe de « non-ingérence » de l’art. 2 §7 CNU.
b. Les éléments
• Traité : art. 2 §4 CNU, complété par le Ch. VII (art. 39 ss) – pendant de l’art. 2 §3
et du Ch. VI sur le règlement pacifique des différends. L’art. 2 §4 CNU est un
principe de droit coutumier (CIJ, Nicaragua), voire même principe de ius cogens.
• Soft law (mais déclaratoire de droit coutumier ! ; cf. CIJ, Nicaragua, §191 et CIJ,
RDC c. Ouganda, §162)
Contenu peu précis et très contesté (échecs des tentatives de codification sur ce thème
depuis 1945). Donc : interprétation à la lumière des principes énoncés dans la
Déclaration 2625, devenus aujourd’hui de droit coutumier (CIJ, Nicaragua, par. 191 et
CIJ, RDC c. Ouganda, §162)
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• Recours à la force…
• … armée…
• … contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique d’un État …
• … entre États.
N.B. : contesté… ! Ex. : une attaque chimique sur un ancien agent double russe
à Salisbury constitue-t-elle une violation du recours à la force armée ? Oui, si
spectre potentiel de victimes plus large (et ça a été le cas à Salisbury) !
iv. … armée …
S’il ne s’agit pas d’un recours à la force armée, une intervention peut violer le
principe de non-intervention dans les affaires internes d’un État (contrainte non-
armée) ainsi que le principe de souveraineté (territoriale ou politique).
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tels que des opérations ponctuelles punitives comme la capture de criminels ou
le sauvetage de ressortissants (même en absence de mise en cause de l’intégrité
territoriale ou de l’indépendance politique de l’État concerné).
• L’art. 2 §4 CNU ne peut pas non plus être invoqué par l’État A pour cibler des
groupes privés qui l’attaquent depuis l’État B.
2. Exclusion des conflits entre un État et des groupes militaires privés (ex. :
rebelles, terroristes) du champ de l’art. 2 §4 CNU, car ceux-ci ne sont pas
soumis à l’interdiction du recours à la force armée… Sauf s’il est possible
d’attribuer les actes de ces particuliers à un État ou, du moins de considérer
qu’un État a violé son obligation de due diligence à leur égard !
ATTENTION : cela n’exclut pas l’application du Ch. VII à ces situations, aux
conditions de l’art. 39 CNU, qui s’applique plus largement que l’art. 2 §4 CNU !
Exemples :
1. Imputation des actes des groupes privés à un État selon qu’ils agissent
comme organes de iure ou de facto (4 ARE ; par extension 5, 6, 9 et 11 ARE)
ou sont contrôlés par cet État (8 ARE ; par extension 10 ARE lorsque ces
groupes deviennent le gouvernement/ nouvel État)
2. De considérer que cet État a violé son devoir de diligence (par ses organes
de iure) en ne prévenant pas ces particuliers d’agir (s’il savait/ devait savoir et
pouvait raisonnablement agir)
Ex. : devoir de prévention des agressions par des particuliers sur une
ambassade (inviolabilité, CVDT/ CVRC ; CIJ, Téhéran)
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c. Les exceptions au principe
• Origines historiques
2. Le CS n’a pas encore pris les mesures nécessaires pour maintenir la paix
et la sécurité internationales. Dès que le CS a pris des mesures : le droit de
recourir à la force par légitime défense est suspendu.
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2. La légitime défense collective : l’État attaqué se défend avec d’autres
États, ou se fait défendre par d’autres États. Deux possibilités :
Condition : l’État allié est interpellé par l’État agressé. L’État allié ne
peut pas venir au secours d’un État agressé qui ne lui a rien demandé !
a. « Agression armée »
N.B. : l’Art. 1 A/RES 3314 ne fait pas la différence entre une agression et
le recours à la force armée, en définissant l’agression et le recours à la
force armée de manière équivalente. Notamment, l’art. 3 f A/RES 3314
n’est pas une agression armée !
La légitime défense peut donc être invoquée uniquement par un État qui a
été agressé et réagit à cette agression, d’une part, et par un État qui réagit à
une agression armée contre son territoire (y compris sur des personnes sur
ce territoire), d’autre part.
Il ne peut donc pas s’agir de réagir à une attaque contre des ressortissants
nationaux à l’étranger (ex : contre des soldats américains dans une
discothèque berlinoise).
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Exception : attentat sur la personne d’un chef d’État à l’étranger (ex. :
contre Bush en 1993 au Kuwait par l’Irak). Dans ce cas, possibilité de
légitime défense.
Pour pouvoir y répondre par légitime défense, il faut pouvoir les lier à un
État – mais comment ?
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2. L’État pouvait agir pour prévenir ses ressortissants d’agir
(moyens).
→ Autrement dit, on ne peut pas lui attribuer les actes de ceux qu’il a
laissé faire, mais uniquement lui reprocher sa négligence !
Alternative ?
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Ex. : intervention des USA et alliés en Syrie contre EI/IS depuis 2014 ?
Y compris dans un autre État (cf. affaire Suleimani en 2019 et 2020 et
attaques des USA et de l’Iran sur des cibles en Irak) ?
Délimitations :
→ La légitime défense peut être réactive, mais aussi préemptive (si une
attaque est certaine et imminente) – dès lors, extension de l’art. 51 CNU à
la légitime défense préemptive.
En Irak : consentement.
En Syrie :
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agir par le CS, mais un encouragement à le faire « par tous les moyens »
dans les limites de la CNU et du DI !
Problèmes :
Alternatives :
1. La Syrie est « ne peut pas et ne veut pas » lutter contre l’EI (unable and
unwilling) (argument US et UK) (même argument ensuite de la Turquie
pour justifier son intervention contre les Kurdes en 2018 et 2019) ?
Mais dans tous les cas, pas possible de justifier une légitime défense
par une violation du devoir de diligence de la Syrie.
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trouvent à mi-chemin entre des mesures pacifiques et des mesures impliquant
l’usage de la force !) (art. 39 ss CNU). Ces mesures ne sont pas pacifiques,
mais n’impliquent pas non plus l’usage de la force.
1. Conditions
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Remarques :
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3. Effets des mesures adoptées par le CS
Art. 53 CNU : les ORs ne peuvent recourir à la force armée que sur
autorisation du CS !
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Problème politique lié au droit de veto et au consensus des P5. Le Chapitre
VII n’est donc que rarement utilisé – raison pour laquelle on voit de plus en
plus souvent des déploiements de forces armées qui ne passent pas par le
Ch. VII, mais par le « Ch. VIbis ».
Deux observations :
→ Du fait du veto notamment, le Ch. VII n’est que rarement utilisé. Raison
pour laquelle on a vu de plus en plus souvent des déploiements de forces
armées qui ne passent pas par le Ch. VII, mais par le « Chapitre VIbis ».
Pour des raisons liées à la paralysie du système du Ch. VII, les NU ont
graduellement privilégié les opérations de maintien de paix fondées sur le Ch.
VI de la CNU (Règlement pacifique des différends internationaux), et le VII.
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c) Construction de la paix (peace-building) [Ch. VII].
Base légale : Chapitre VI, mais parce que le maintien de la paix dérive très
souvent sur de l’imposition de la paix, on a une « mission creep », une
sorte de transformation de la mission en cours de mission (ex. : si le conflit
dégénère quand les troupes y sont).
2. Accord de séjour entre État fournissant ses troupes et État hôte (SOFA)
Deux conditions :
Mandats :
Base légale : Chapitre VI, mais Chapitre VII aussi, car mandat hybride et
implique l’usage de la force pour rétablir la paix. Comme il s’agit de
rétablissement par la force, cela devrait passer par le Ch. VII, mais ça ne
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passe pas toujours par-là, du fait du problème des vetos. Dès lors, ça passe
parfois par le Ch. VI… !
Conditions :
Condition :
Il peut arriver, par exemple, qu’une opération de maintien de la paix repose sur
un mandat qui autorise, en cas de nécessité, l’imposition de la paix par la force.
Il se peut aussi que l’on passe d’une opération de maintien de la paix à une
opération d’imposition de la paix sans mandat et sans renouvellement de la
base légale (glissement de mission, ou mission creep) !
Les différentes formes de recours à la force armée ne tombant pas sous le coup de
l’art. 42 (autorisation du CS) ou 51 (consentement ou légitime défense) sont
ILLICITES. Mais… l’illicéité de certaines demeure controversée :
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1. Les représailles armées
Elles sont contraires à l’art. 2 §4 CNU (sauf si elles entrent dans le champ de
42 ou 51 CNU). N.B. : à distinguer des représailles non-armées (contre-
mesures [potentiellement licite – art. 49 ss ARE] ou de la rétorsion [licite].
C’est contraire à l’art. 2 §4 CNU (sauf si elles entrent dans le champ des art.
42 ou 51 CNU). En outre, principe de la compétence territoriale exclusive c.
principe de la compétence personnelle (cf. supra)
Conditions :
3. Proportionnalité (ponctualité)
Attention : le fait qu’un de mes ressortissants soit attaqué à l’étranger n’a rien
à voir avec une agression armée sur mon territoire.
3. L’intervention humanitaire
Intervention militaire sur le territoire d’un État sans son consentement, et sans
que soient remplies les conditions de l’art. 42 ou 51 de la CNU, afin de
remédier à de graves violations des DH sur le territoire de cet État.
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Donc : contraire à l’art. 2 §4 CNU (sauf si elles entrent dans le champ des
art. 42 ou 51 CNU).
La position majoritaire
Utilisée pour la première fois contre la Libye dans la C/RES 1973 (2011) :
mais abus (intervention sur le terrain alors que la C/RES ne donnait que le
droit de survol), et donc plus utilisée depuis…
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… Selon certains, ce droit contiendrait donc le droit de recourir
unilatéralement à la force armée pour se défendre et d’obtenir de l’aide
d’autres États pour ce faire.
Cela est contraire à l’art. 2 §4 CNU, sauf si cela entre dans le champ
d’application des art. 42 (autorisation) ou 51 (légitime défense) CNU.
Dès lors, dans l’hypothèse d’un soulèvement contre le régime sur le plan
interne, la question est très délicate car l’intervention peut avoir pour effet de
s’opposer au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et au principe selon
lequel chaque peuple est libre de s’organiser librement sans ingérence
extérieure.
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Exemples :
d. Un bilan
1. Dépendance politique du CS
Règles de droit minimisant les violations de l’intégrité physique dans le cadre d’une
activité de prime abord illégale car contraire à l’interdiction du recours à la force
armée
N.B. : les forces armées qui sont déployées sous le Chapitre VII doivent respecter le
ius in bello.
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b. La notion de conflit armé
Art. 2 Conventions de Genève (1949) : couvre la guerre, mais aussi tout conflit armé
(entre un ou plusieurs États)
1. Protocole I sur les conflits armés internationaux (IAC) : s’applique aux conflits
armés interétatiques mais aussi aux conflits armés dans lesquels les peuples luttent
contre la domination coloniale et l’occupation étrangère et contre les régimes
racistes dans l’exercice du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Distinction difficile entre IAC et NIAC : ex. : Ossétie du Sud, Ukraine/ Crimée,
Syrie – notamment : lorsqu’un État tiers soutient l’État (NIAC) vs. État tiers soutient
un mouvement insurrectionnel (IAC) !
3. Zone grise entre crise interne non-soumise au DIH, et NIAC soumis DIH
Le DI des conflits armés énonce les droits et obligations des belligérants dans le
déroulement des hostilités, indique les moyens et les méthodes de combat qui sont
interdits (le DI de la conduite des opérations militaires) et prévoit la protection des
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populations civiles, des biens de caractère civil, des prisonniers de guerre et des
populations des territoires occupés (DIH).
Le DIH au sens strict est l’ensemble de règles visant à limiter les effets des conflits
armés sur les droits des victimes.
et
Autres sources :
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Cf. grand projet de recension coutumière du CICR en 2005, actualisé depuis
régulièrement en ligne.
b. Principes généraux de DI
Délimitations :
1. DIH et DIDH
2. DIH et DI pénal
Le DIH, le DIDH et le DI pénal protègent le même bien (la vie juridique), mais le
font de différentes manières :
Évidemment, DIDH, DIH et DI pénal peuvent s’appliquer dans un même cas. Ex. :
destruction d’une maison de civils (DIDH : droit à la vie privée ; DIH : principe de
distinction ; DI pénal crime de guerre du chef militaire).
→ Le fait qu’un État soit en conflit armé ne suspend pas le DIDH, SAUF en vertu de
15 CEDH – qui a des conditions très strictes : existence de droits indérogeables ;
suspension uniquement temporaire ; …
Le droit de la conduite des opérations militaires a pour but de fixer les droits et
devoirs des belligérants dans la conduite des hostilités et de limiter les choix des
moyens de nuire à l’ennemi. 13 Conventions ont été conclues à La Haye à l’occasion
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des Conférences de 1899 et de 1907 : ces textes sont ceux qui ont le moins été
modifiées mais ils ont été rattrapés par le droit humanitaire et le droit du désarmement.
Clause Martens : « En attendant qu'un Code plus complet des lois de la guerre
puisse être édicté, […] les populations et les belligérants restent sous la
sauvegarde et sous l’empire des principes du droit des gens, tels qu’ils résultent
des usages établis entre nations civilisées, des lois de l’humanité et des
exigences de la conscience publique ».
N.B. : les PA I et II contiennent des règles de DIH et des règles sur la conduite des
hostilités (ex. : attaque indiscriminée ; attaque causant des maux superflus ; …).
c. Le droit du désarmement
Le droit du désarmement est un domaine distinct du ius in bello, mais qui a certaines
implications pour ce dernier. Nombreuses conventions internationales dès la
conférence du désarmement [UNODA] en 1978 : notamment en matière de non-
prolifération nucléaire au niveau des NU et de l’OSCE et de désarmement chimique et
biologique (ex. : nucléaires, bactériologiques, chimiques, à effets traumatiques
excessifs ou indiscriminés, mines antipersonnel, armes à sous-munitions, …).
À son art. 6, le TCA [Traité sur le commerce des armes] interdit le transfert d’armes
classiques. Or, cet article pose problème en matière de vente d’arme, étant donné qu’il
contient une obligation de diligence due en matière de vente d’arme (ex. : autorisation
des ventes d’armes du CF).
Rappel : la Suisse est neutre. Cela signifie que dans le cas d’un CA, elle ne peut pas
prendre position pour l’un ou l’autre des belligérants, et doit assurer le courant normal
(économique et diplomatique) Or, c’est justement ce courant normal qui pose
problème pour les ventes d’armes.
En Suisse, l’OMG [O sur le matériel de guerre] violait nos obligations en vertu du DI,
et notamment de l’art. 6 TCA et son obligation de due diligence ! Désormais,
modification de la LFMG [LF sur le matériel de guerre] – et donc plus de
modifications faciles par le CF possible (comme c’est le cas dans les ordonnances) !
TIAN [Traité sur l’Interdiction des Armes Nucléaires] de 2017 (EeV au 01.10.2020 ! ;
56 EP, sans la R, US, C, F, UK et CH !) → Les États non dotés de l’arme nucléaire ne
peuvent pas le ratifier. Depuis 2001, nouvelle escalade et tensions autour du nucléaire
et des armes de destruction massive en général (biologiques et chimiques) : Résolution
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1540(2004) en réponse à la crise post-2001 ; Résolution 2118(2013) en réponse à
l’emploi des armes chimiques par la Syrie.
a. Le principe d’humanité
Mais… difficulté de distinguer entre combattants et civils dans les conflits armés
contemporains.
b. Question de son application à des conflits armés qui ne tombent pas sous le
coup des CG (ex. : terrorisme).
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Ex. : Hamdan c. Rumsfeld (2006) ; Boumediene c. Bush (2008) ; Al Marri c.
Spagone (2009) → La Cour Suprême US a désavoué le gouvernement US et a
accordé la protection de la Constitution aux prisonniers de Guantanamo.
Combattants Civils
(= membre de forces armées) (= tous les autres)
Questions :
1. Pourquoi les immunités de juridiction de l’État sont restreintes par l’art. 12 CNUIJE
([1] procédure se rapportant à une atteinte physique, [2] du à un acte/ omission
prétendument attribuable à l’État, [3] si acte/ omission se sont produits sur le territoire
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de l’État, [4] si l’auteur de l’acte/ omission était présent sur le territoire au moment de
l’acte/ omission), et pas par le ius cogens ? Plus précisément, pourquoi la CIJ (Italie c.
Allemagne, 2012) dit que cela est logique étant donné la nature préliminaire de la
question de l’immunité, alors que l’art. 12 CNUIJE est justement une exception ?
→ Oui, grosse tension, surtout si on considère que s’il y a une violation des DH, il y a
aussi un DH de droit au juge, qui est aussi de ius cogens, et donc pourrait invalider
l’immunité (qui a un statut de ius cogens)
What is sovereignty? Is that that a State can do anything, for example attacking others for no
reason? If not, then what limits sovereignty? Well… International law. Then the trap of
sovereignty just closed on you… As international law evolves and grows… well then,
sovereignty shrinks.
In fact, sovereignty was even created and enabled by international law: the fact that each State
is equal and does what it pleases, under certain conditions.
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