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Si l’on retourne son iPhone, on peut lire la mention « Designed in

California, assembled in China ». Cependant, la réalité de la chaîne de


fabrication et de diffusion de l’iPhone est bien plus complexe. En effet, la
production de smartphones fait appel à une multitude d’acteurs et de territoires ;
elle génère ainsi de nombreux flux mettant en relation ces territoires.
Ainsi, en quoi l’iPhone est un produit mondialisé ? Pour répondre à cette
question, après avoir étudié les différents territoires qui participent à
l’élaboration de ce produit, nous verrons comment Apple met en relation
plusieurs dizaines d’Etats. Enfin, nous verrons comment les flux générés
réorganisent le monde.

***
Tout d’abord, étudions les différents territoires participant à l’élaboration
de l’iPhone.

Pour commencer, l’iPhone a été conçu au sein de la Silicon Valley, en


Californie (EU). La Silicon Valley est un territoire de l'innovation, c'est-à-dire un
territoire où se concentrent des lieux de recherches et des acteurs
économiques visant à développer des produits et des services à partir de ces
recherches. Le siège social de l'entreprise y est basé ainsi que le centre de
recherche et développement initial. Celui-ci est complété par un deuxième en
Caroline du Nord. De plus, l'ancrage américain de la firme est complété par
l'implantation new-yorkaise de la division marketing de la marque.
L’iPhone est aujourd’hui produit et monté grâce à des opérations ayant
lieu sur des territoires disséminés sur quatre continents. La production implique
des pays appartenant aux « Nords » comme aux « Suds ». En effet, les
matières premières de l’iPhone (étain, coltan) proviennent d’Afrique équatoriale,
de Chine et de Mongolie. De plus, des pièces sont produites en Europe de
l'Ouest (Allemagne, R-U, Italie) et en Asie de l'Est (Corée, Japon, Taïwan). Pour
finir, le tout est ensuite assemblé dans des usines du sous-traitant Foxconn, en
Chine (Shenzhen par exemple) et au Brésil (comme à São Paulo).
Enfin, ce produit connait une diffusion mondiale, sur tous les continents,
même si l’essentiel des ventes se fait dans les pays de la Triade. Par ailleurs,
Apple tente aujourd’hui de conquérir les marchés des pays émergents (BRICS).
Pour repère, en 2014, 125 millions d'unités ont été écoulées.
Le fonctionnement d'un tel système mondialisé nécessite la mobilisation
d'une grande diversité d'acteurs économiques mais aussi non-économiques.
Tout d’abord Steve Jobs puis ensuite Tim Cook, tous deux dirigeants de la
firme, sont des acteurs de la mondialisation parce qu'ils sont les inventeurs de
produits assemblés et vendus par les réseaux de la mondialisation tels que
l'iMac, l'iPod, iPhone, l'iPad ou plus récemment l'Apple Watch. De plus, Jobs
est le co-fondateur de la première FTN au monde (première en 2016 par sa
capitalisation boursière et par ses bénéfices).
Ensuite, la fabrication de l'iPhone nécessite de mobiliser trois grands
types de travailleurs : les employés d'Apple, les sous-traitants d'Apple et les
concurrents d'Apple. En effet, Apple emploie d'abord directement
des hommes et des femmes. Ce sont surtout des ingénieurs et des cadres qui
contrôlent toutes les étapes du processus de fabrication, de conception et de
commercialisation du produit à partir des Etats-Unis. Par la suite, la fabrication
est ensuite régie par des entreprises sous-traitantes selon la logique de la
NDIT (nouvelle division internationale du travail). Les sous-traitants d’Apple
sont implantés là où la main d’œuvre est peu coûteuse, en l’occurrence en
Chine. Aussi, les concurrents d'Apple comme Samsung ou Sony participent
d'une certaine manière à la conception de l'iPhone car ils stimulent l'innovation.
Enfin, les ONG et les médias sont aussi des acteurs « mobilisés » par
Apple. En effet, les ONG mettent en lumière certaines dérives sur les plans
sociaux, environnementaux, géopolitiques et culturels d’Apple. Sur le plan
social, les conditions de travail des salariés en Chine sont dénoncées : salaire
dérisoire, travail infantil, journée de 12 heures. Ces ONG critiquent également
l’obsolescence programmée des produits Apple, ayant des conséquences
considérables sur l’environnement. Sur le plan géopolitique, elles dénoncent
l’implication indirecte d’Apple dans un conflit en RDC où l’achat de matières
premières finance les bandes armées. Enfin, Apple est accusé par les
altermondialistes de participer à l’uniformisation culturelle du monde. Par
ailleurs, les médias ont ainsi un double rôle. Premièrement, ils relayent les
informations des ONG, mais d’autre part, ils relayent également les publicités
des produits Apple.

Enfin, le marché de l’iPhone façonne les territoires du monde. Il génère de


nombreux flux qui circulent sur des réseaux. Ce fonctionnement a pour
conséquence de hiérarchiser les territoires à plusieurs échelles.
Le marché mondial de l'iPhone fonctionne en réseaux car il génère de
nombreux flux, aussi bien matériels qu'immatériels. En effet, la production
nécessite des flux de matières premières, puis de pièces détachées vers les
usines. Ensuite, les points de vente sont approvisionnés de produits finis via les
porte-conteneurs en empruntant les grandes routes maritimes. Les camions
prennent le relais aux plateformes multimodales que sont les grands ports ou
les aéroports internationaux (hubs).
Enfin, l'iPhone est distribué dans les foyers individuels. Par ailleurs, la
connexion au web ou aux réseaux de téléphonie mobile génère des flux
d’informations.
De plus, le fait que les différentes étapes de la fabrication de l'iPhone sont
localisées dans des territoires différents nécessite ainsi un fonctionnement en
réseau. Le marché mondial de l'iPhone participe ainsi à la hiérarchisation des
territoires dans la mondialisation. Chaque stade de la production ou de la
commercialisation est lié à un ou des territoires qui n'en retirent pas un égal
profit. Globalement, on constate une tripartition entre les lieux de
commercialisation concentrés dans la Triade (Amérique du Nord, Europe,
Japon), les territoires de production à bas coût dans les pays émergents et les
territoires des matières premières dans les pays les moins avancés (PMA).
Néanmoins, ce découpage est à nuancer : les pays émergents, en cours
d'intégration à la mondialisation, voient leur consommation d'iPhone grandir
rapidement. Par ailleurs, les Apple Store sont concentrés dans les pays de la
Triade mais depuis 2014, une dizaine d’Apple Store ont déjà ouvert dans des
pays émergents (Mexique, Chine, Turquie, EAU, ou encore Brésil) ce qui
montre la volonté de la firme d’étendre ses marchés.

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En conclusion, l'iPhone reflète donc bien la mondialisation car toutes les
étapes de son élaboration et de sa diffusion révèlent l'intégration des acteurs
économiques mondiaux les plus divers et la complexité des liens économiques
qui unissent différentes parties du monde. L'iPhone est conçu aux Etats-Unis,
produit et assemblé en Afrique, en Europe, en Asie et en Amérique et fait l'objet
d'une diffusion massive sur les marchés du monde. Il en résulte un
fonctionnement en réseaux qui révèle les inégalités entre espaces à différentes
échelles.

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