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Les Fac 233 Ties Des Expressions Fran 231 Aises
Les Fac 233 Ties Des Expressions Fran 231 Aises
0,578 po
RICALENS-POURCHOT
Les facéties des
NICOLE
expressions NICOLE RICALENS-POURCHOT
françaises
Avez-vous le cœur sur
la main ? Avez-vous déjà Les facéties des
expressions
donné votre langue au chat ?
françaises
le quotidien et témoignent de la vitalité de la
langue française. Si ces phrases se transmettent le plus
souvent à l’oral, il faut parfois remonter bien loin pour percer leurs mystères.
Facétieuses nos expressions ? Certaines se comprennent facilement (être dans
le pétrin, l’échapper belle), d’autres sont imprégnées de références culturelles
(ne pas filer, avoir la tête enflée) ou paraissent pour le moins absurdes (râler
comme un pou, copains comme cochons).
Plaisantes et souvent surprenantes, ces expressions colorent la langue et
s’approprient le vocabulaire d’une drôle de façon. Mais à la différence des
dictons ou des proverbes, le côté cocasse prend le pas sur l’aspect moralisateur.
Alors, feuilletez ce livre avant de jeter l’éponge et de parler français comme
une vache espagnole.
Ricalens-Pourchot, Nicole
Les facéties des expressions françaises
ISBN 978-2-89579-590-2
1. Français (Langue) - Idiotismes. 2. Français (Langue) - Mots et locutions. I. Titre.
Bayard Canada Livres inc. remercie le Conseil des Arts du Canada du soutien accordé à son
programme d’édition dans le cadre du Programme des subventions globales aux éditeurs.
Imprimé au Canada
978-2-89579-916-0
Certaines font appel à des coutumes qui n ’ ont plus cours ou font
allusion à des faits historiques plus ou moins occultés les rendant
ainsi mystérieuses : aller au diable vert, compter pour du beurre,
casser sa pipe, être Gros Jean comme devant, les Anglais sont
arrivés, payer en monnaie de singe, tomber en quenouille, c ’ est un
nom à coucher dehors, être dans de beaux draps, reprendre du poil
de la bête…
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Nicole Ricalens‑Pourchot
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Quelle que soit son origine, cette expression fait allusion ultérieure‑
ment à la musique militaire (XIXe siècle), en l ’ occurrence aux batte‑
ments de tambour à bâtons rompus, ce qui consistait à donner deux
coups successifs avec chaque baguette sans produire le roulement
continu habituel, autrement dit « interrompre une forme de musi‑
calité pour lui en substituer une autre ».
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1. Guiraud, Pierre. Les locutions françaises, coll. Que sais‑je ?, Paris, PUF, 1973, p. 89.
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2. Cette rue s ’ appelle aujourd ’ hui l ’ avenue Denfert‑Rochereau, après avoir reçu, entre autres noms, au
cours des siècles ceux de rue des Chartreux, chemin de Vauvert, chemin d ’ Issy, chemin de Vanves.
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3. Dictionnaire historique de la langue française, sous la direction d ’ Alain Rey, Paris, Le Robert, 1994.
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« Inéluctablement »
ou
« À propos »
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La marée n ’ est certes pas arrivée à propos pour Vatel, maître d’ hôtel
du Grand Condé alors qu ’ il l ’ attendait à Chantilly pour un repas
offert au roi Louis XIV. Le poisson n ’ étant pas arrivé à temps, il se
sentit déshonoré et se transperça de son épée, d ’ après une lettre de
Madame de Sévigné.
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Ce n ’ est pas non plus le deuxième sens de pied, soit celui de « partie
inférieure d ’ une chose », ainsi mettre au pied du mur. Référons‑nous
plutôt à son troisième sens (ainsi classé par Le Petit Robert) et pour
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N.B. C ’ est ce dernier sens d ’ « unité de mesure » qu ’ il faut donner aussi aux
expressions telles que vivre sur un grand pied, « mener un grand train de vie »,
vivre sur un pied d ’ égalité, « être l ’ égal de quelqu ’ un », un petit pied pour signifier
« en raccourci ». Et faire un pied de nez « symbolise une distance en mettant ses
mains sur son nez pour montrer volontairement que les espoirs sont loin de la
réalité » !
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« Jamais »
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N.B. « Il est intéressant, remarque Daniel Burnant (Qu ’ est‑ce à dire ? espacefranco‑
phone.com), de noter que c ’ est du mot calendes que vient le mot calendrier. Il est
issu du mot latin calendarium qui désignait le registre où étaient consignées les
dettes « à payer aux calendes avec les intérêts ». Ce n ’ est guère avant le XIIe siècle
que le mot calendrier a pris le sens que nous lui connaissons aujourd ’ hui.
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Pour Claude Duneton, enfin, cette expression serait née dans les
cuisines où les chefs, jouant sur la ressemblance des deux animaux,
faisaient avaler des couleuvres au lieu d ’ anguilles dont la chère était
très estimée. Et attention ! « Qui avale trop de couleuvres, dit‑il, finit
toujours par cracher du venin ! »
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4. Brylinsky, Monique. « Avoir du pain sur la planche », Défense de la langue française, no 233, p. 31.
Voir site : <langue‑francaise.org/dlf233.pdf>.
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L e sang est rouge, sans aucun doute. Dans quel cas peut‑il être
bleu ?
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Une autre explication, plus subtile, est celle qui considère que le
terme bleu remplacerait le nom Dieu ; avoir le sang bleu signifierait
alors appartenir à une lignée royale ou noble, de sang divin. Cette
déformation de Dieu ne serait pas unique, elle se retrouve dans
morbleu (mort de Dieu) ou dans le juron sacrebleu (sacré Dieu).
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Celle‑ci, qui est apparue dès le XVIe siècle et qui a toujours gardé
son sens initial, semble vouloir dire : le bonnet trop serré ou trop
enfoncé sur la tête échauffe les oreilles, autrement dit « met en
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Que conclure ?
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N.B. Le terme maille apparaît également dans une autre expression n ’ avoir ni sou
ni maille, « être sans argent ».
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Que viennent faire des coutures, et de surcroît plates (!) dans une
bataille guerrière ou bien dans une partie de cartes ? L ’ explication
est assez laborieuse et les détours de la langue ne sont pas toujours
faciles à discerner. Essayez de vous y retrouver.
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Au Québec, quand une équipe de hockey est écrasée, elle peut être
battue à plates coutures mais si elle ne s ’ inscrit pas au pointage,
elle est alors blanchie, expression du vocabulaire sportif américain
« blanked » ou « whitewashed ».
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Mais voilà un jeu de mots (du moins à l ’ oral) entre le sens propre de
cette expression où il s ’ agit d ’ une habitante de Rome et celui qui fait
intervenir une salade (XVIe siècle), car c ’ est bien d ’ une salade qu ’ il
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« Mourir »
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Que viennent faire des manches pour désigner une chose tout
à fait différente d ’ une autre ?
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« Faire la cour »
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Quelle que soit son origine, cette expression, dans certaines situa‑
tions, a le sens de « conter fleurette » :
Mais bien souvent, elle n ’ a pas ce sens romantique, elle est plutôt
péjorative et signifie « tromper par de belles paroles » et les
chanteurs de pomme ne sont pas toujours recommandables :
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« Amis intimes »
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Le terme cochon, quelle que soit son origine exacte, n ’ a donc rien
à voir avec l ’ animal dans cette expression qu ’ on trouve d ’ abord
sous la forme amis comme cochons, puis camarades comme cochons
(XVIe siècle) et enfin au XIXe siècle copains comme cochons, forme
qui reste la plus vivante, sans doute du fait de l ’ importance de la
répétition de la syllabe co dans les trois mots.
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Une blague qui a pour origine une croyance des Anciens qui
pensaient que « le point de côté », que nous connaissons tous et
qui nous oblige à nous arrêter dans notre course, était une douleur
causée par la rate ; les Grecs et les Romains croyaient pouvoir
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« Attendre en se morfondant »
Certes, une chose est sûre : il n’est pas question ici d’un ogre
croquant à belles dents un jeune enfant.
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7. Cité par P. Dupré. Encyclopédie du bon français dans l'usage contemporain, Éd. de Trévise, 1972,
p. 339.
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« À bout de résistance »
Pour Grevisse, l ’ adjectif aurait été mis par erreur au féminin car
le s de las, étant anciennement prononcé à la pause, aurait peu à peu
conduit à l ’ orthographe phonétique. Pour Maurice Rat, le féminin
se justifie comme épithète de guerre à condition de donner un sens
actif à lasse, « qui lasse, qui fatigue ».
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« Renoncer à deviner »
Mais plus tard, Eugène Sue, lui, ne la jette pas mais la donne :
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Une autre explication serait que le chat est évoqué lorsqu ’ il s ’ agit
de confidences …et mettre un secret dans l ’ oreille d ’ un chat pour
George Sand (La petite Fadette), c ’ est « oublier ». Le chat a donc
connaissance de beaucoup de choses qu ’ il ne peut divulguer
puisqu ’ il est privé de parole ! Et donner sa langue au chat serait ainsi
« prêter la parole au chat », lui qui détient tant de secrets, afin qu ’ il
nous donne la réponse à une devinette. Cette explication en vaut
bien une autre !
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En effet, de nos jours, le couvert est tout ce qui couvre une table
pour un repas, entendons par là : nappe, assiettes, verres, serviettes,
fourchettes, cuillères et couteaux, en somme le nécessaire pour
mettre à l ’ aise le convive… avec le repas en prime.
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« Rapidement et efficacement »
En cinq sec et non pas en cinq sept comme cela se dit souvent.
Ce serait tellement plus simple de continuer dans l ’ énumération
des nombres même si, en apparence, l ’ une des expressions n ’ a pas
plus de sens que l ’ autre ! Qu ’ en est‑il exactement ? Que vient faire ce
chiffre 5 associé à cet adjectif sec non accordé grammaticalement ?
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« En pièces de monnaie,
en argent liquide »
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8. Ne pas confondre cette petite balance avec la catapulte aussi appelée trébuchet, « machine de
guerre pour abattre les murailles », bien évidemment disparue de l ’ usage mais dont la miniature
est « une cage pour oiseaux dont le haut est garni d ’ une bascule sur laquelle on met des graines »
(Le Petit Robert).
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Notons que Daninos a écrit Le 36 e dessous qui n ’ est autre que ce mal
étrange et sans cesse croissant qu ’ est « la dépression nerveuse ».
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Qui est Gros Jean ? Et que signifie ici devant qui rend l’expression
assez énigmatique ?
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N.B. Maurice Rat nous rappelle que les prénoms Jean, Jeannot, Jacques avaient la
même signification que Gros Jean, noms de paysan synonymes de « lourdaud ».
On dit aussi faire le Jacques, « faire l ’ idiot ». Rappelons que Jacques Bonhomme
était le surnom du paysan typique à la fin du XIXe siècle.
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C ette expression est plutôt facétieuse, car elle nous laisse croire
à une situation faste nous permettant de vivre dans le luxe. Or, il
n ’ en est rien ! Toujours exclamative, elle est d ’ abord une antiphrase :
figure de style qui consiste « à employer un mot, une phrase dans
le sens contraire au sens véritable par ironie ou euphémisme »
(Le Petit Robert). Ainsi, beau est pris ironiquement comme dans cela
me fait une belle jambe, voilà la belle affaire ! On peut en dire autant
des termes bien et propre : Nous voilà bien ! Nous voilà propres ! Il faut
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« Ne pas réussir ce qu ’ on
entreprend, échouer »
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Quelle que soit son origine, faire chou blanc signifie aujourd ’ hui
« échouer ». Au Québec, on ne fait pas chou blanc mais on passe
dans le beurre : « Il a pris son élan pour frapper la balle mais il a passé
dans le beurre », autrement dit « il a raté son coup ».
N.B. Il existe quelques expressions faisant intervenir le chou en tant que légume
cette fois : faire ses choux gras, « tirer profit » ; bête comme chou, « facile à faire
comprendre » ; une feuille de chou, « journal de peu d ’ importance ».
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« Se régaler de plaisanteries
faites au détriment de quelqu ’ un
ou de quelque chose »
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Qui a raison ?
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C ’ est une de nos expressions mal comprises parce que son origine
est généralement ignorée. En effet, quelle étrange comparaison
pour qui ne sait pas que ce pou n ’ a rien à voir avec l ’ insecte mais
avec le coq dont une forme dialectale est poul ou pouil (du latin
« pullus ») ; cette famille de gallinacés était jadis composée du poul,
de la poule et du poulet. Tout paraît alors logique puisque le coq
régnant sur la basse‑cour est le symbole de l ’ orgueil !
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« Il y a bien longtemps »
D ’ où nous vient cette lurette qui n’existe que si elle est belle ?
Certains aimeraient voir en lurette, le féminin de luron « bon vivant,
insouciant »… mais il n ’ en est rien, car le féminin de luron est bien
luronne. Ce nom n ’ a non plus rien à voir, malgré les apparences,
avec les Lurons et les Luronnes habitants de la petite ville de Lure,
dans l ’ Est de la France ! D ’ autres voudraient faire venir ce mot de
lurette d ’ un dialecte picard lures, lurettes signifiant « sornettes » et
lurer « dire des sornettes », mais notre belle lurette n ’ est pas appa‑
rentée à cette forme régionale. Ce terme de lurette n ’ existe tout
simplement pas et ne s ’ utilise que dans cette expression. Pourquoi ?
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N.B. Un des livres du conteur québécois, Fred Pellerin, s ’ intitule : Dans mon village,
il y a belle Lurette… Remarquons que dans ce titre se trouve une antanaclase
(figure donnant deux sens différents du même mot), belle lurette signifiant « il y
a longtemps » et Lurette avec une majuscule, étant le prénom d ’ un personnage
féminin.
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N.B. L ’ éponge est employée dans d ’ autres expressions comme avoir une éponge
dans le gosier, « boire plus que de raison » ou passer l ’ éponge, « oublier ».
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Que vient faire un mérinos, race de mouton dont la laine est parti‑
culièrement appréciée ? Et pourquoi le laisser pisser ?
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N.B. Dans l ’ expression vous me la baillez belle, il ne faut pas non plus voir de
terme de jeu sous‑entendant une belle balle, mais bien comprendre « vous me
dites une belle chose » où le pronom la représente un neutre comme le l ’ dans
« l ’ échapper belle ».
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« L ’ argent »
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Dans certains pays, surtout africains, on entend dire être dans ses
lunes ou avoir ses lunes. Les anciennes croyances quant à l ’ influence
de la lune sur le comportement humain seraient à l ’ origine de ces
expressions (D.H.L.F.).
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Toujours est‑il que de nos jours cette expression s ’ utilise dans une
situation désespérée.
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Il faut donc bien consoler ces jeunes gens qui se marient sous la
pluie et qui auraient tant souhaité le soleil pour que cette journée
soit parfaite et les photos radieuses… en leur assurant un mariage
heureux.
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Mener une vie de patachon est une autre expression plus récente
(XIXe siècle), mais de même signification et qui fait référence à la
patache, cette diligence fort peu confortable, sans suspension, se
déplaçant par monts et par vaux et conduite par le patachon, per‑
sonnage toujours sur les routes et buvant copieusement aux relais ;
sa vie, comme celle des bâtons de chaises, symbolisait une vie tour‑
mentée et dissolue en proie à toutes sortes d ’ excès.
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Cette expression, très ancienne, a subi au cours des âges des modifi‑
cations de sens et pour mieux la comprendre, il est bon de la suivre
dans son évolution.
Aux XIVe et XVe siècles, elle signifiait « moitié bon, moitié mauvais ».
Le rapprochement de ces deux fruits était courant car on les
mangeait secs pendant le carême, mais pourquoi les mettre en
opposition ? Simplement parce que les raisins doux et sucrés
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« S ’ emporter, le prendre
de haut et avec agressivité »
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Que croire ?
N.B. Ce mot chique a gardé une certaine vitalité peu explicable dans notre langue
et voici ce que nous en dit le D.H.L.F. : « Le sens initial de “morceau de tabac
à mâcher” est devenu archaïque quand l ’ habitude de mâcher du tabac s ’ est
perdue. Aussi les expressions figurées encore vivantes ne sont‑elles pas interpré‑
tées clairement : poser sa chique, “se taire” ; couper la chique, “interloquer, inter‑
rompre” ; avaler sa chique, “mourir”… »
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Si elle n ’ est pas vraie, cette explication est du moins plaisante sinon
grivoise.
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« Ne servir à rien »
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Il est une hypothèse qui veut que les crocodiles pleurent lorsqu’ ils
mangent leur proie, ce qui serait dû au fait que leurs glandes lacry‑
males aient les mêmes circuits neuromoteurs que leurs glandes
salivaires et gastriques. Ainsi, lorsqu ’ ils mangent, leurs glandes
lacrymales sont activées. Or, cette explication paraît fausse car
« il n ’ y a que les alligators américains, donc loin de l ’ Egypte, où
les mâchoires sont faites de telle manière qu ’ elles effectuent une
pression sur les glandes lacrymales » (www.expressio.fr).
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N.B. Un claque, attesté en 1823, est toujours un terme de cordonnerie qui désigne
pour le spécialiste « la partie avant du soulier » et claquer signifie « garnir des
chaussures de claque » (Block et Wartburg).
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Voilà un prénom masculin noble porté par des rois et des ducs,
plus célèbre au Moyen Âge qu ’ au XXe siècle : ainsi le roi Arthur
dans les Chevaliers de la Table Ronde. Pourquoi ce prénom en est‑il
arrivé à cette déchéance ? En voici une explication amusante mais
pas attestée. Elle daterait de la Deuxième Guerre mondiale et ferait
référence à l ’ occupation de la France par les Allemands. Ceux‑ci
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Une autre hypothèse fait allusion au jeu de cartes trente et un, jeu
très à la mode au XIXe siècle où le 31e point était le gagnant, donc
le plus beau.
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N.B. On dit aussi tous les 36 du mois, voir trente‑six chandelles, je vous l ’ ai dit
trente‑six fois, le trente‑sixième dessous…
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Si c ’ est le chat qui se brûle les doigts, c ’ est le singe qui se régale ;
autrement dit c ’ est se donner de la peine, prendre des risques pour
le seul profit d ’ un autre ; il y a toujours un sot ou un naïf qui se
dévoue ! Ce sens originel attesté depuis trois siècles se retrouve
ainsi dans le Trésor de la langue française : « entreprendre une
action difficile, risquée pour le seul profit d ’ autrui, sans bénéfice
personnel ». C ’ est le point de vue du chat ! Mais le sens n ’ est plus
le même aujourd ’ hui : ce n ’ est plus au profit d ’ autrui mais au
détriment d ’ autrui. La troncation de cette expression (suppres‑
sion de avec la patte du chat) a pu en fausser l ’ interprétation qui
bien souvent correspond à ceci : « c ’ est faire une bonne affaire au
détriment d ’ un autre », c ’ est « tirer un gros avantage de la mise en
péril d ’ autrui ». C ’ est donc devenu le point de vue du renard et non
plus celui du chat.
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Cette expression a été attestée dès le XVIe siècle dans son sens
originel, c ’ est‑à‑dire « passer par succession dans les mains d ’ une
femme » puis elle a évolué pour sous‑entendre que « le patrimoine
était l ’ affaire des hommes », car une femme était incapable de bien
le gérer et son domaine se restreignait aux travaux ménagers et à la
quenouille.
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« Ruisselant de pluie »
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« Attention ! Danger ! »
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Guiraud, Pierre. Les locutions françaises, PUF, coll. Que sais‑je ?, 1962
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A
À bâtons rompus ...................................................................................................................................... 13
À brûle‑pourpoint ................................................................................................................................... 15
À la barre du jour* ................................................................................................................................... 94
À la bonne franquette .......................................................................................................................... 19
À la Saint‑Glinglin ..................................................................................................................................... 21
À qui mieux mieux .................................................................................................................................. 27
À tire‑larigot .................................................................................................................................................. 31
Agir sous le manteau ............................................................................................................................. 17
Aller au diable vert .................................................................................................................................. 23
Aller de concert .......................................................................................................................................... 25
Aller de conserve* .................................................................................................................................... 26
Arriver comme mars/marée en carême ............................................................................... 29
Attelé comme la chienne à Jacques* .................................................................................... 118
B
Battre à plates coutures ....................................................................................................................... 55
Bête comme chou* .............................................................................................................................. 122
Bête comme la paix* ........................................................................................................................... 224
Bon comme la romaine ...................................................................................................................... 57
D
Damer le pion .............................................................................................................................................. 85
Dans l ’ ancienneté* ................................................................................................................................ 142
De but en blanc ......................................................................................................................................... 89
De guerre lasse ............................................................................................................................................ 91
Depuis les vieilles guerres* ............................................................................................................. 142
Dès potron‑jacquet/Dès potron‑minet ............................................................................... 93
Donner sa langue au chat ................................................................................................................. 95
Donner/offrir le gîte et le couvert ............................................................................................. 97
Du temps du vieux bon Dieu* ................................................................................................... 142
E
En cinq sec ...................................................................................................................................................... 99
En deux coups de cuillères à pot* ........................................................................................... 100
En espèces sonnantes et trébuchantes .............................................................................. 101
Être (se mettre) dans de beaux draps ! ................................................................................ 111
Être au trente‑sixième dessous .................................................................................................. 103
Être blanchi* .................................................................................................................................................. 56
F
Fagoté comme l ’as de pique ....................................................................................................... 117
Faire chou blanc ...................................................................................................................................... 121
Faire de son nez* .................................................................................................................................... 134
Faire des gorges chaudes ................................................................................................................. 123
Faire/ne pas faire long feu .............................................................................................................. 127
Faire manger de l’avoine* ................................................................................................................... 86
Faire ses choux gras* ........................................................................................................................... 122
Faire son gros dos* ................................................................................................................................ 134
Faire son ronron* ................................................................................................................................... 134
Faire son beurre* ....................................................................................................................................... 72
Faire un pas de clerc ............................................................................................................................ 131
Faire un pied de nez* ............................................................................................................................. 34
Feuille de chou* ....................................................................................................................................... 122
Fier comme un pou ............................................................................................................................. 133
Fort comme un Turc .......................................................................................................................... 135
Fumer comme un pompier ......................................................................................................... 137
Fumer comme un sapeur, une cheminée, une locomotive* .......................... 138
I
Il n ’ y a pas le feu à la maison* ..................................................................................................... 140
Il n ’ y a pas le feu au lac* ................................................................................................................... 140
Il y a belle lurette .................................................................................................................................... 141
Il y a/il n ’ y a pas péril en la demeure .................................................................................... 139
J
Jeter l ’ éponge ............................................................................................................................................. 145
L
L ’ échapper belle ...................................................................................................................................... 149
L ’ année du siège* ................................................................................................................................... 142
L ’ assiette au beurre* ............................................................................................................................... 72
La bailler belle* ......................................................................................................................................... 150
La semaine des quatre jeudis* ....................................................................................................... 22
Lâche pas la patate* ............................................................................................................................. 146
Laid comme un pou* ......................................................................................................................... 134
Laisser pisser le mérinos ................................................................................................................... 147
Le nerf de la guerre ............................................................................................................................... 151
Le vieux a cassé sa cuillère à manger du riz* ..................................................................... 60
Les Anglais sont arrivés/ont débarqué ................................................................................ 153
Les Anglais sont au port* ................................................................................................................ 154
Les carottes sont cuites .................................................................................................................... 155
Les copains sont dans le beurre* ................................................................................................. 72
Lever les pattes* ......................................................................................................................................... 60
N
Ne pas être dans son assiette ...................................................................................................... 169
Ni figue ni raisin* .................................................................................................................................... 162
Noir comme un geai ........................................................................................................................... 173
O
On n ’ est pas sorti de l ’ auberge ................................................................................................. 175
On n ’ est pas sorti du bois* ........................................................................................................... 176
P
Parler français comme une vache espagnole ............................................................... 177
Passer dans le beurre* ............................................................................................................... 72, 122
Passer l ’ éponge* ...................................................................................................................................... 146
Passer la nuit sur la corde à linge* .............................................................................................. 64
Passer/sauter du coq à l ’ âne ........................................................................................................ 181
Payer en fricassée* ................................................................................................................................. 186
Payer en monnaie de singe ........................................................................................................... 185
Pédaler dans le beurre* ........................................................................................................................ 73
Péter dans une buse* .......................................................................................................................... 187
Péter de la broue* .................................................................................................................................. 134
Pisser dans un violon .......................................................................................................................... 187
Pleurer des larmes de crocodile ................................................................................................ 189
Q
Quand les poules auront des dents* ...................................................................................... 22
Qui dort, dîne ........................................................................................................................................... 197
R
Remède de bonne femme ............................................................................................................ 199
Reprendre du poil de la bête ....................................................................................................... 201
S
Sacrer son camp* .......................................................................................................................... 70, 194
Se faire appeler Arthur ...................................................................................................................... 203
Se faire brasser le canayen* ........................................................................................................... 204
Se faire brouter par la chèvre* .................................................................................................... 221
Se mettre en rangs d ’oignons ..................................................................................................... 205
Se mettre sur son trente et un ................................................................................................... 209
Se mettre sur son trente-six* ....................................................................................................... 211
Se (faire) péter les bretelles* ......................................................................................................... 134
Son chien est mort* ............................................................................................................................ 156
T
T ’ es dans le beurre* ................................................................................................................................ 73
Tête de Turc* .............................................................................................................................................. 136
Tirer les marrons du feu ................................................................................................................... 213
Tomber dans la jatte de beurre* .................................................................................................. 72
Tomber dans les pommes ............................................................................................................. 217
Tomber en quenouille ....................................................................................................................... 219
Tous les 36 du mois* ....................................................................................................... 22, 105, 211
Travailler pour des pinottes* ....................................................................................................... 225
Travailler pour des épluchures de manioc* .................................................................... 225
V
Vingt‑deux, v ’ là le chef/v ’ là les flics ! ..................................................................................... 229
Vivre sur un grand pied* .................................................................................................................... 34
Vivre sur un pied d’égalité* .............................................................................................................. 34
Voir trente-six chandelles* ............................................................................................................. 104
RICALENS-POURCHOT
Les facéties des
NICOLE
expressions NICOLE RICALENS-POURCHOT
françaises
Avez-vous le cœur sur
la main ? Avez-vous déjà Les facéties des
expressions
donné votre langue au chat ?
françaises
le quotidien et témoignent de la vitalité de la
langue française. Si ces phrases se transmettent le plus
souvent à l’oral, il faut parfois remonter bien loin pour percer leurs mystères.
Facétieuses nos expressions ? Certaines se comprennent facilement (être dans
le pétrin, l’échapper belle), d’autres sont imprégnées de références culturelles
(ne pas filer, avoir la tête enflée) ou paraissent pour le moins absurdes (râler
comme un pou, copains comme cochons).
Plaisantes et souvent surprenantes, ces expressions colorent la langue et
s’approprient le vocabulaire d’une drôle de façon. Mais à la différence des
dictons ou des proverbes, le côté cocasse prend le pas sur l’aspect moralisateur.
Alors, feuilletez ce livre avant de jeter l’éponge et de parler français comme
une vache espagnole.