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Thierry ARNAL

Histoire des activités physiques


De l’Antiquité
au début du XXe siècle

STAPS 1ère Année


Plan et support du cours
Hsport1
Thierry ARNAL

Histoire des activités physiques de l’Antiquité au début du XXe siècle


Comme élément de la culture, les pratiques physiques sont
indissociables des sociétés dans lesquelles elles sont organisées. Elles sont
intimement liées à leurs fondements économiques, sociaux, culturels et
politiques. A ce titre, leur évolution dans le temps rend compte des
transformations qui se produisent au fil des siècles. C’est à ces
transformations des sociétés occidentales et de leurs pratiques physiques que
nous allons nous intéresser.
Ces transformations des pratiques physiques, que nous allons
analyser ici depuis la période antique et jusqu’à nos jours, posent une
question essentielle dont débattent les historiens : les pratiques évoluent-
elles selon un principe de continuité qui reposerait sur des « permanences »
entre les activité modernes et les activités anciennes ( par exemple, le jeu de
paume est-il l’ancêtre du tennis?) ou doit-on, au contraire, envisager qu’il y a
une rupture entre le sport moderne (inventé en Angleterre au XVIIIe siècle) et
les activités physiques pratiquées durant l’Antiquité ou le Moyen-âge? (le
tennis, inventé au XIXe siècle en Angleterre, aurait une logique propre à la
société moderne et se différencierait donc des pratiques de l’Ancien régime).
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Les tenants de cette seconde hypothèse considèrent que le sport est


un produit des sociétés modernes et industrielles et qu’à ce titre il véhicule
des valeurs radicalement différentes de celles qui accompagnaient les
pratiques physiques plus anciennes.
Un historien américain, Allen Guttmann considère que le terme
sport impose sept critères que seules les activités nées dans les trois derniers
siècles (principalement au XIXe dans la plupart des pays industrialisés)
possèdent simultanément : le sécularisme, l’égalité des chances, la
spécialisation, la rationalisation des pratiques, la quantification des pratiques,
la bureaucratisation, la quantification des performances, la quête de records.
Pour cette raison nous désignerons par activités physiques toutes les
pratiques antérieures au XIXe siècle (à trois exceptions prés limitées au
Royaume-Uni et codifiées au XVIIIe : le cricket, la boxe et le golf)
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Les premières traces


La Mésopotamie

On retrouve quelques indices de la pratique d’exercices physiques


dans la civilisation mésopotamienne. Parmi ces pratiques, la chasse
notamment est le complément de la guerre. Le rapport entre force physique
et puissance politique est alors essentiel comme en atteste l’Epopée de
Gilgamesh (environ 1700 avant JC), récit légendaire racontant les exploits du
roi d’Uruk. Le combat (lutte ou boxe) est alors un moyen d’imposer sa
supériorité physique, morale et politique. De même, la course est une
pratique qui est utilisée lors de ces rituels : vers 2050 av JC, le roi d’Ur aurait
ainsi parcouru la distance reliant Nippur à Ur, soit quelques 150 Km, à
l’occasion d’un festival religieux.
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Au-delà des seuls souverains, des bas reliefs datés d’environ 1200 av
JC montrent qu’il existe alors une catégorie d’hommes qui se préparent
spécialement pour des épreuves de force. Des scènes de lutte sont
représentées sur des stèles liturgiques trouvées à l’est de Bagdad.
La boxe est aussi représentée, peu après l’an 2000 avant notre ère,
sur des plaquettes de terre cuite : des boxeurs dépourvus de gants, semblent
être parfois accompagnés par un petit orchestre.
Non loin de la Mésopotamie les Hittites, peuple indo-européen
possèdent, entre 1900 et 1200 av JC des jeux funéraires impliquant
notamment des courses, des concours de tir à l’arc, de la boxe et de la lutte.
De même des concours de combats sont organisés en Crète et à
Santorin de 2700 à 1200 av JC.
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L’Egypte ancienne
Dans l’Egypte des pharaons, les jeux physiques ont également une
fonction rituelle et politique.
Lors de la fête-Sed qui célèbre les trente ans de règne d’un
souverain, celui-ci est amené à réaliser des performances physiques dans le
but de consolider son pouvoir en montrant qu’il reste à la hauteur des
exigences de sa charge.
Le test se fait sous forme d’une course réalisée sur une piste de 55
mètres construite au pied d’une pyramide. Nous n’avons cependant aucune
indication sur la distance parcourue par le pharaon ni sur sa vitesse.
Les prouesses physiques permettent aux pharaons d’afficher leur
puissance comme lorsqu’il s’agit de tirer à l’arc sur une cible depuis un char
lancé à toute vitesse.
La course est également pratiquée par les soldats. Au VIe siècle av JC
on rapporte qu’une course opposait des soldats qui devaient relier Memphis
à Fayoum, aller-retour, soit environ 100 Km, le tout en 9 heures. Le pharaon
offrait des prix au vainqueur ainsi qu’un banquet.
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Les qualités physiques étant importantes et recherchées dans la


société égyptienne, les activités de combat y sont également pratiquées.
Des épreuves de lutte, de canne s’y organisent. Les plus anciennes
représentations de lutte remontent à 3000 ans avant notre ère. La lutte
fait alors partie de l’entrainement du soldat.
Comme la lutte, dont les combats sont parfois dirigés par des
arbitres, le combat au bâton est extrêmement populaire. On retrouvera
des exemplaires de cannes utilisées par les athlètes dans la tombe de
Toutankhamon.
Peu à peu des jeux de balle et l’équitation se développent aussi dans
la noblesse.
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La Grèce antique
A Spartes comme à Athènes, les activités physiques préparent la jeunesse
à la guerre. La guerre est en effet au cœur de la vie des Grecs. La forme
physique entretenue par l’exercice donne la puissance guerrière.
Cependant, les deux cités se distinguent quant à l’utilisation qu’elles en
font.
A Spartes : la pratique des exercices physiques est exclusivement tournée vers la guerre.
Lutte et pancrace endurcirent les corps aux coups et blessures. On développe la
puissance et la résistance des enfants en les entrainant à la boxe ou en organisant des
rixes. Au travers d’une éducation collective contrôlée par l’Etat les jeunes, entre 7 et 20
ans, sont soumis à une discipline sévère et dressés à obéir. Pour tous les citoyens le
sacrifice suprême est le sacrifice pour la Cité.
Mais, ce qui distingue véritablement Spartes d’Athènes est sans doute la place
accordée aux femmes dans ce système. Les filles sont soumises à un entrainement
légèrement plus léger que celui des garçons mais cependant très vigoureux. L’objectif de
la maternité remplace pour elles celui de la guerre. Les deux parents doivent être forts.
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A Athènes : Au IXe siècle avant Jésus Christ, Homère décrit quelques activités physiques comme les
courses de char, les lancers de disque, les sauts. L’éducation aristocratique athénienne passe aussi par la pratique
du javelot, de la boxe et de la lutte. Peu à peu sont érigés des gymnases. A l’origine le gymnase est un champ
d’exercices servant à la préparation militaire. A la fin du Ve siècle av JC il devient un lieu d’instruction.
Le plus ancien érigé à Delphes est daté de 560 av JC; rapidement, dans les années qui suivent, d’autres
cités se dotent d’un gymnase. Certaines grandes cités en ont plusieurs. Athènes, dans sa période faste, en possède
au moins 9.
Le pédotribe y dispense son savoir. C’est une sorte d’entraineur. Il est le plus souvent vêtu d’un manteau
pourpre qu’il ôte pour faire des démonstrations devant ses élèves. Il possède également un long bâton fourchu
qu’il utilise pour séparer des lutteurs ou corriger ses élèves.
Lors des séances d’entrainement les athlètes sont nus. Le terme gymnastique vient de gymnos qui signifie
nu.

Les activités physiques pratiquées par les athéniens ont 3 fonctions principales :
1. Une fonction guerrière : certains exercices pré ou post militaires servent de préparation à la
guerre. Leur but est également de refléter la valeur militaire de celui qui y triomphe.

2. Une fonction hygiénique et médicale à la quelle sont attachés deux grands noms de
l’Antiquité: Hippocrate (env 460 à 370 av JC) et Galien (env 129 à 216). Le premier œuvre pendant la
période classique et le second sous l’Empire Romain. Hippocrate considère que la nature guérit tout
et que la gymnastique permet de tisser des liens avec la nature. Les exercices sont classés selon
leurs effets : marcher et sauter agissent sur les pieds, soulever des charges sur les hanches. Respirer,
chanter ont des conséquences sur les poumons. Galien poursuit l’œuvre d’Hippocrate et consacre
un traité au jeu de la petite balle qu’il considère comme le meilleur exercice : « On trace à la craie
entre les deux camps une ligne, la scyre ; c’est là que la balle est posée. On trace ensuite deux autre
lignes derrière chaque camp. Les uns lancent la balle au-dessus des autres qui doivent essayer de
l’arrêter et de la relancer le jeu se termine lorsqu’un camp est bouté hors de sa ligne de fond »

3. Une fonction religieuse: certains jeux physiques accompagnent les cérémonies funéraires.
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A partir du Ve siècle avant notre ère, de plus en plus d’athéniens fréquentent le
gymnase. L’éducation aristocratique devient alors l’éducation de tous les citoyens. Trois
maîtres se partagent alors cette éducation: la cithariste, le grammairien et le pédotribe. Les
exercices physiques ont pour but de donner aux jeunes gens courage, santé et beauté.
Autour de 400 avant J.C., Platon va élaborer un système d’éducation à partir de
facteurs nouveaux dont Socrate à été l’initiateur. Platon traite de la gymnastique dans deux
ouvrages: La République et Le Timée.
Dans La République Platon distingue trois sortes de gymnastique :
- La gymnastique militaire qui développe le courage est celle qui retient
l’attention de Platon car il la considère utile pour l’Etat. Platon l’associe à la musique.
- La gymnastique médicale est utile dans son principe mais contesté par
Platon en ce qui concerne ses applications.
- La gymnastique athlétique des professionnels que Platon juge inutile car
elle ne recherche que la force physique. Platon considère qu’elle développe la barbarie
et la cruauté.
Dans Le Timée, Platon s’intéresse surtout aux rapports de l’âme et du corps. L’idée est que si
le corps et l’âme ont chacun une fonction propre, elles ne peuvent s’exercer
séparément. Le beau (corps) et le bien (âme) sont toujours liés.
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La Grèce antique est le théâtre de nombreuses fêtes auxquelles sont associées les exercices physiques.
Outre les Jeux Olympiques, existent les Jeux de Delphes, les jeux de l’Isthme et les Jeux de Némée.
Plusieurs légendent accompagnent l’origine des JO antiques. Pour certains, Zeus aurait fondé les JO après
sa victoire sur les Titans. D’autres expliquent qu’on les doit à Héraclès qui les aurait organisé pour fêter ses douze
travaux.
La légende la plus connue est cependant celle dans laquelle Pélops aurait demandé la main d’Hippodamie,
fille du roi Oenomanos. Le souverain, avait pris l’habitude d’organiser une course de char entre lui et les
prétendants de sa fille, course qu’il gagnait toujours . Mais Hippodamie, qui souhaitait épouser Pélops, aurait
saboté le char de son père et provoqué un accident dans lequel il trouva la mort. Pélops aurait alors institué les JO
pour célébrer sa victoire et expier le crime.
L’origine des JO semble remonter à 776 avant JC. Il n’y a alors qu’une seule épreuve : une course disputée
sur une piste de 192,37 mètres soit 600 fois la taille du pied d’Héraclès. Le vainqueur reçoit une couronne d’olivier.
A l’occasion des jeux, qui se déroulent tous les 4 ans, une trêve sacrée de 12 jours est proclamée.
Selon certaines estimations, le stade d’Olympie pouvait avoir une capacité de 40000 à 50000 places. La piste, large
de 29,32 mètres était divisée en 20 couloirs. La ligne de départ est matérialisée par un alignement de pierres
appelé balbis. Des courses à pied mais aussi des courses de chevaux s’y déroulent.
Les athlètes sont issus le plus souvent issus de l’élite sociale.
Initialement les jeux consistent en une simple course puis diverses épreuves s’y ajoutent progressivement.
Vers les VIe et Ve siècles av JC les jeux comptent dix épreuves : la course du stade (192,27 m), la course du double
stade, la course de 24 stades, la course en armes, la lutte, le pugilat, le pancrace, la course à cheval monté, la
course de quadriges et le pentathle (5 épreuves: course du stade, lutte, disque, javelot, saut en longueur).
Les épreuves présentées aux JO ne sont pas seulement athlétiques et hippiques. Il existe aussi des
compétitions artistiques, notamment de musique et de danse.
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Bordure pour indiquer lignes de


départ et d’arrivée

Source: Marc Perelman, L’ère des stades, Infolio, 2010


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Vers 440 av JC, la spécialisation et la


professionnalisation des athlètes deviennent communes. Cette
période précède le déclin des jeux à partir de 338 av JC. Avec la
professionnalisation, les athlètes sont rémunérés. Les cités
deviennent leurs principaux sponsors et promettent parfois
d’immenses récompenses à leurs champions. Certaines cités
vont même jusqu’à acheter des champions étrangers pour se
couvrir de gloire le plus rapidement possible. Souvent ces
athlètes professionnels sont méprisés pour leur genre de vie
en même temps qu’ils sont admirés pour leurs exploits.

Certaines épreuves sont très


violentes, notamment le pugilat et le pancrace. Il
n’est pas rare que les concurrents soient
totalement défigurés. On raconte l’histoire d’un
jeune homme, de retour dans sa cité, qui aurait
été incapable de se faire reconnaitre de sa propre
famille.
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Peu à peu apparaissent des entraineurs. Ce sont d’anciens champions qui se reconvertissent. Ils
enseignent les bons mouvements mais aussi fixent des régimes : certains à base de figue, ou de fromage
ou encore de viandes. Cette pratique est violemment critiquée par les médecins. Hippocrate n’hésita pas à
dire que les fautes commises en matière de diététique engendrent des êtres stupides, horribles et
difformes. Galien reprendra ces critiques pour comparer les athlètes à des bêtes notamment à des porcs
ou à des lions.

Milon de Crotone est le plus célèbre des athlètes de l’Antiquité. Il ne remporte pas moins de 32
victoires entre 532 et 516 av JC (6 à Olympie, 7 à Delphes, 10 à l’Isthme, 9 à Némée).
Leonidas de Rhodes est pour sa part le plus grand des coureurs de l’Antiquité. Il remporte 12
victoires d’affilée lors de 4 olympiades successives.
Mais, d’autres athlètes sont connus pour des faits moins glorieux. Lors de la 98e Olympiade, en 388
av JC, Eupolos de Thessalie paye tous ses adversaires afin qu’ils s’inclinent devant lui. Démasqué, il devra
payer une forte amende.
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Rome

Dans la Rome Antique l’éducation du corps dépérit peu à peu. La philosophie,


notamment celle des stoïciens, justifie l’abandon des exercices corporels. Sénèque traduit
cette pensée en affirmant que le corps est subordonné à l’âme et que c’est pour cette
dernière qu’il faut agir. Puis, c’est l’essor du christianisme qui porte un coup fatal aux
exercices corporels et à la gymnastique.

Avant cela, les exercices physiques ne sont cependant pas totalement absents de la vie
des Romains. Lors des jours fériés, les jeux du cirque sont très prisés. Ils ont une fonction
religieuse : la course de chevaux autour de l’arène symbolise ainsi la course du soleil autour
de la terre. Le stade le plus célèbre reste le Circus Maximus dont on pense qu’il pouvait
accueillir 150 000 spectateurs. Il est long de 620 mètres et large de 180. Sur sa piste de
sable, qui était arrosée régulièrement pour éviter les nuages de fumée, se déroulent
notamment des courses de chars.
Rome est également connue pour ses combats de gladiateurs. Les plus renommés
d’entre eux sont adulés par la foule et peuvent gagner des sommes considérables. Certains
de ces esclaves utilisent les sommes gagnées pour racheter leur liberté.
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Source: Marc Perelman, L’ère des stades, Infolio, 2010


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Le Moyen-âge

Les tournois

Dans leurs formes primitives :


– Ce sont des jeux guerriers qui se déroulent sans
limitation précise de temps ni d’espace.
– Ce sont des mêlées confuses, livrées avec les armes
de guerre et dans lesquelles la force est plus
nécessaire que l’adresse.
– Ces tournois sont frustres, inorganisés, violents et
sanguinaires. Ils sont directement liés aux instincts
belliqueux développés dans la noblesse
– Initialement, cette « guerre jouée » n’a d’autre but
que le divertissement. Mais, peu à peu, des prises
effectuées pendant la bataille peuvent donner lieu à
des demandes de rançon.
Thierry ARNAL

Histoire des activités physiques de l’Antiquité au début du XXe siècle

« Selon les chroniqueurs, l’invention des tournois serait due à un gentillomme angevin
Geoffroy de Preuilly, mort en 1066, mais c’est sans doute là une approximation. En fait, les combats
simulés remontent bien avant cette date et l’inventeur angevin n’est probablement que le premier
de ceux qui ont cherché à codifier et à règlementer des pratiques beaucoup plus anciennes et
probablement anarchiques. En effet les caractéristiques des tournois vont évoluer avec la
civilisation, les goûts, les mentalités et l’image que l’on se fait du chevalier combattant .
dans une période primitive qui va jusqu’au XIe siècle, ils sont pratiquement informels. C’est
vraiment l’époque où l’affrontement atteint presque l’intensité du combat réel, où tous les coups
sont permis, où on ne se gène pas pour frapper un cavalier « déhaumé » ou « désarmé». Peu ou
pas de barrières pour délimiter le champ d’exercice constitué par une plaine ou un vallon. Peu ou
point de règles pour déterminer le déroulement de l’épreuve et pour interdire certaines armes. La
force règne en maîtresse dans la mêlée générale qui rassemble les combattants, dans la « presse »
comme on dit alors, où, après avoir usé de la lance, on emploie l’épée. Epée droite, longue, large et
lourde qui sert beaucoup plus à assomer et à meurtrir qu’à estoquer. Il existe même des poursuites
en dehors du champ primitif et le tournoi n’a que peu ou pas de spectateurs; c’est la lutte à l’état
pur, une sorte de guerre dont seule la durée paraît avoir été décidée à l’avance ».

Thibault J., Les aventures du corps dans la pédagogie française, Paris, Vrin, 1977.
Thierry ARNAL

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« le mot tournoi dérivé du verbe français tornare (tourner), est créé pour désigner une
nouvelle manière de combattre et inonde bientôt , entre le XIIe et le XIIIe siècles, les romans
courtois, les romans arthuriens, les actes de justice ou encore les bulles papales. Preuve que la
référence romaine n’est pas complètement morte, le chroniqueur Lambert d’Ardres (v. 1160-1227)
évoque le mot gladiatura quand il parle du tournoi. Le tournoi prend peu à peu sa place dans le
calendrier, notamment lors des grandes fêtes de Noël ou de Pâques, et c’est bientôt toute l’Europe,
de l’Angleterre à l’Espagne, en passant par l’Allemagne et la France, qui est touchée, mobilisant un
nombre de plus en plus important de groupes d’individus qui prennent les chemins pour aller
combattre. Le jeune comte Baudouin V, qui part après Noël en 1772, est accompagné de quatre-
vingt chevaliers et revient quelques mois plus tard avec cent. Le tournoi de Lagny en 1183 attire
3000 chevaliers. Sont aussi présents des combattants de basse naissance aptes à manier les armes
vilaines, telles que les pics ou les crocs. Au total, à Lagny, on dénombre plus de dix mille hommes
avec autant de chevaux, auxquels il faut ajouter tout un caravansérail de chanteurs et de filles de
joie. Le tournoi devient bientôt le plus couru des pèlerinages »

Turcot L., Sports et Loisirs. Une histoire des origines à nos jours, Paris, Folio Gallimard, 2016.
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XIVe siècle: apparition des joutes


Peu à peu les tournois déclinent et sont
remplacés par des joutes qui sont des assauts à
la lance et au cheval. Au départ, le joutes se
déroulent pendant les tournois et naissent du
fait que pendant les batailles certains duels de
combattants particulièrement remarquables
arrivaient à captiver l’attention des autres
combattants jusqu’à suspendre les batailles.
Puis, elles sont organisées au lendemain des
tournois pour permettre aux chevaliers de
montrer leurs capacités. Des prix peuvent alors
être décernés: le plus beau coup de lance, le
plus grand nombre de lances brisées…
L’affrontement cheval contre cheval,
lance contre lance, demeure symbolique des
assauts de chevaliers. Le jeu de lance, avec défit
et course frontale, s’apparente au duel.
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XIVe siècle: Vers une réglementation des tournois

Progressivement le temps et l’espace sont plus précisément


limités. Certains coups sont défendus. Les épées sont émoussées.
Les tournois cessent peu à peu de n’être que des exercices militaires
pour devenir un spectacle. On prévoit alors des gradins pour
accueillir les spectateurs. La présence de spectateurs, mais surtout
de spectatrices font peu à peu entrer les tournois dans les rituels de
l’amour et certains de hommes qui combattent cherchent à se faire
une réputation dans l’espoir d’épouser une riche héritière.
Les tournois, comme plus tard les joutes, permettent encore
aux nobles d’exhiber leur vigueur physique dont la manifestation est
un signe du pouvoir. Henri II, fougueux, crève l’œil d’un de ses
maître d’armes, avant d’être lui-même tué au cours d’une joute.
Charles Quint est lui aussi connu comme un grand tournoyeur. Un
tableau de Titien (1548) le représente armure et lance en main,
corps tendu pour l’attaque, cheval caparaçonné, amorçant le galop.
Thierry ARNAL

XVe siècle
Thierry ARNAL

Histoire des activités physiques de l’Antiquité au début du XXe siècle

XVe siècle: « sécurisation » des joutes

– Au XVe siècle, on installe une barrière


séparative le long de laquelle galopent
en sens inverse les deux chevaux. Cette
barrière protège le cheval et une partie
du cavalier.
– On tente donc de diminuer la violence
du jeu mais sous le poids des armures
les cavalier ont de moins en moins de
mobilité ce qui appauvrit
considérablement le spectacle.
– La mort d’Henri II en 1559 au cours de
l’une d’elle fût le signe de leur déclin.
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Les jeux violents de la noblesse

« les jeux, à la cour, ont, au tout début du XVIe siècle, une violence qui étonne le
lecteur d’aujourd’hui. Le défi lancé par François 1er à Saint-Pol, un de ses lieutenants,
est de ceux-là. Saint-Pol vien fêter les Rois et a obtenu la fève. François propose une
attaque contre ce roi de dérision : assaillir son hôtel avec œufs, pommes et boules de
neige …. Les assiégés acceptent le défi; l’action s’engage mais, très vite, tourne au
désordre : les heurts s’intensifient, les objets lancés deviennent hétéroclites, un tison
enflammé atteint le « vrai » roi à la tête. Le combat s’arrête dans la confusion et le
malaise. Aventure quasi-identique en 1546, mais plus tragique : c’est un coffre, cette
fois, basculé d’une fenêtre qui, atteignant le duc d’Enghien le blesse si gravement
que, peu de jour après il mourut, au grand regret de roi et de toute la cour »

Vigarello G., Du jeu ancien au show sportif, Paris, Seuil, 2002.


Thierry ARNAL

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XVe siècle: la soule, un jeu populaire


- Les jeux ne sont pas l’apanage de la noblesse. Le peuple pratique
certains jeux physiques qui sont en général associés à des fêtes : la lutte, la
paume et surtout la soule.

- La soule est souvent présentée comme l’ancêtre lointain des jeux de


football et de rugby. Ses règles étaient assez floues. Il s’agissait, pour
l’essentiel de porter un « ballon » en un point donné. Par exemple d’un
village à un autre. Les accidents graves, voire mortels, étaient fréquents.

- Devant cette violence, le jeu fut plusieurs fois interdit par le Roi, mais
sans succès.

- Une variante, la soule à la crosse, était pratiquée selon le même


principe.
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La soule
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Histoire des activités physiques de l’Antiquité au début du XXe siècle

Dans certaines régions, la soule perdure jusqu’au XIXe siècle :

« Lorsque j’arrivai à Saint-Hilaire (1844), il y avait dans cette paroisse une


coutume qui tenait en quelque sorte de la barbarie. Quand une jeune fille quittait le
pays par suite de son mariage, le dimanche qui suivait ses noces, elle devait revenir
dans la paroisse à la grand’messe, apportant avec elle une soule, c’est-à-dire une boule
en cuir remplie intérieurement de diverses choses, et même de quelques pièces de
monnaie ou d’argent. Après la messe, le mari sortait avec sa jeune femme. Tous les
jeunes gens de la paroisse divisés en deux camps les entouraient aussitôt. La femme
alors remettait la « soule » à son mari qui, d’un bras vigoureux, la laçait par dessus le
faîte de l’église. Tous à l’instant de se précipiter sur la soule, se culbutant, se frappant
même, pour arracher des mains de ceux qui l’avaient saisi les premiers. … . Rien ne les
arrêtait! Ils renversaient les croix dans les cimetières, démolissaient les barrières qu’ils
rencontraient, détruisaient tout dans les jardins, dans les champs… . Un jour même, un
jeune homme fut écrasé, dans la mêlée, sous les pieds de ses camarades, et mourut peu
de temps après ».

Abbè Jamet, 1905


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Le jeu de Paume

- Ce jeu, qui remonte au XIIe siècle, fut celui qui eut au Moyen Age la
règlementation la plus poussée.
- Au départ, le terrain est mal délimité, puis progressivement divisé en
deux camps, d’abord par un trait tracé au sol puis par une corde en guise
de filet. On joue fréquemment à 5 contre 5 ou 6 contre 6.
- Au début du XIVe siècle on commence à jouer dans des salles attenant
aux cathédrales. Puis arrive l’utilisation d’un gant et d’une raquette.
- A la fin du XVIe siècle, la Paume devient un spectacle. L’entrée dans les
salles est payante.
- Le jeu est dangereux: on signale de nombreuses blessures: fractures,
cranes fêlés, yeux crevés.
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La Paume à la Renaissance

- Au XVIe siècle, le peuple pratique la longue Paume tandis que la bourgeoisie ou


la noblesse pratique la courte Paume qui est plus difficile en raison des ricochets sur les
murs. Les dames assistent aux rencontres et participent parfois.

- François 1er fait construire un jeu de paume dans la poupe du bateau qu’il utilise
sur la Loire en 1539.

- On compte 250 jeux de Paume à Paris en 1596 (40 à Orléans, 22 à Poitiers)

- On joue maintenant le plus souvent à 1 contre 1 ou 2 contre 2.

- Au début de chaque partie les joueurs déposent une somme d’argent, au pied
du filet, que les vainqueurs empochent. Les spectateurs font des paris sur le résultat des
rencontres
Thierry ARNAL

Jeu de Paume
Thierry ARNAL

Histoire des activités physiques de l’Antiquité au début du XXe siècle

La Renaissance est une époque durant laquelle vont être


valorisées les prouesses individuelles. L’homme de cour
notamment doit exceller dans certaines activités physiques
plus axées sur l’adresse que sur la force. On peut donc voir la
Renaissance comme une période de l’abandon de certaines
activités chevaleresques au profit d’activités plus « raffinées ».
Thierry ARNAL La Renaissance est une époque durant laquelle vont être valorisées
les prouesses individuelles. L’homme de cour notamment doit
exceller dans certaines activités physiques plus axées sur l’adresse
que sur la force. On peut donc voir la Renaissance comme une
période de l’abandon de certaines activités chevaleresques au profit
d’activités plus « raffinées ». Cette inflexion se traduit par un
changement dans la manière de concevoir l’escrime. Rendue
obsolète dans les combats militaires par l’apparition de la poudre et
des arquebuses, elle se perpétue comme un art académique selon
la devise « l’art pour l’art ».

Traité d’escrime
1705
Académie de l'Espée de Girard Thibault d'Anvers
1628
Thierry ARNAL

Histoire des activités physiques de l’Antiquité au début du XXe siècle

L’équitation

Ce processus « de civilisation des mœurs » est encore


visible au travers de l’évolution que subit l’une des activités
les plus importantes de l’époque: l’équitation.
Dans un raffinement de techniques, on s’oriente vers l’art
du dressage. C’est à cette époque que se développent les
exercices de saut et de voltige.
Histoire des activités physiques de l’Antiquité au début du XXe siècle

Le XVIe siècle redécouvre également la médecine Grecque et notamment les principes


d’Hippocrate et de Galien.
Les exercices du corps sont de plus en plus envisagés dans leurs dimensions hygiénique
et pédagogique.
Un ouvrage notamment fera date: De Arte gymnastica (1565) de Mercurialis.
D’autres auteurs comme Rabelais, militent pour une formation complète de l’homme à
laquelle participent les exercices du corps : Gargantua pratique des exercices dans un but
hygiénique. Il apprend l’art de la chevalerie dans un but militaire.
Erasme, pour sa part, s’il rejette la natation à cause du danger, est partisan des jeux de
balle, des courses et des sauts.
Ignace de Loyola (1491-1556), le fondateur des Jésuites, écrivait quant à lui: « Je crois
qu’il vaut mieux, pour la gloire de notre seigneur, conserver et fortifier l’estomac et les autres
facultés naturelles que de les affaiblir…. Vous ne devez pas attenter à notre nature physique
parce que, si vous l’épuisez, la nature intellectuelle ne peut plus agir avec la même énergie ».
Au final on peut dire que les activités physiques participent désormais d’une certaine
conception de l’éducation dont le but est la réalisation de l’essence humaine.
La gymnastique à la Renaissance
Histoire des activités physiques de l’Antiquité au début du XXe siècle

XVIIe et XVIIIe siècles

Les XVIIe et XVIIIe siècles voient décliner un grand nombre d’activités


physiques. La Paume et supplantée par le billard. En 1657, seulement 114 salles
fonctionnent encore à Paris. En 1780, il n’en reste plus que dix
Sous le règne de Louis XVI, les gens de cour prennent l’habitude de ne
plus porter l’épée.

Dans ce mouvement, des activités peu violentes


connaissent un certain succès. C’est le cas du jeu
de volant qui se pratiquait avec des raquettes
légères nommées demi paumes et de gros volants.

De même, le jeu de mail, peu


violent et hygiénique semble trouver
un certain crédit auprès des pratiquants.
Histoire des activités physiques de l’Antiquité au début du XXe siècle

XVIIIe siècle

Toutefois, dans cette société du XVIIIe siècle où le luxe et le confort


se sont développés, la noblesse est entrainée dans un tourbillon de plaisirs
qui ne peuvent guère s’accoutumer de l’ascétisme et de la rudesse des
activités corporelles. On leur préfère alors voyages, jeux de cartes et
d’échecs, réunions de salon, ballets, théâtre. C’est cette dépréciation de la
valeur de l’exercice physique dans la noblesse que relèvent Diderot et
d’Alembert dans leur Encyclopédie (1755) : Dans nos sociétés modernes,
un homme qui s’appliquerait trop aux exercices nous paraîtrait misérable,
parce que nous n’avons d’autres objets de recherche que les agréments.
Histoire des activités physiques de l’Antiquité au début du XXe siècle

XVIIIe siècle
Le peuple a également ses activités physique, différentes de celles des nobles
et le plus souvent associées aux fêtes. La lutte, par exemple, était appréciée des
nobles au XVe siècle. En Bourgogne, des lutteurs professionnels s’affrontaient lors
de fêtes données par la noblesse. Cette activité présentait l’avantage de pouvoir
être organisée sans grande préparation, contrairement aux joutes. Les lutteurs
étaient habillés ce qui permettait aux dames d’assister aux combats.

Progressivement la lutte va être


abandonnée comme activité de cour, peut être en
raison de l’évolution de l’art militaire et de la
distanciation progressive du combat. La lutte reste
cependant pratiquée dans les milieux populaires
essentiellement ruraux, car la force y est restée une
vertu essentielle.
Histoire des activités physiques de l’Antiquité au début du XXe siècle

XVIIIe siècle
Apparition du concept d’éducation physique

Contemporain de l’apparition du terme « éducation » (XVIe siècle), le concept


« d’éducation corporelle » a été réactivé à la Renaissance. Mais c’est seulement le
dernier tiers du XVIIIe siècle qui voit apparaitre celui « d’éducation physique ». Le terme,
utilisé pour la première fois en 1762 par le médecin suisse Jacques Ballexerd, concerne
un ensemble des préoccupations hygiéniques telles que l’allaitement maternel,
l’habillement, la nourriture, la salubrité de l’air ou encore les exercices physiques.
L’éducation physique recoupe donc les préoccupations éducatives au sens large
dans la mesure ou une dimension morale est toujours attachée au concept et qu’y est
prépondérante la question des liens entre le « physique » et le « moral ».
Jean-Jacques Rousseau qui publie Emile ou de l’éducation en 1762 est considéré
comme l’un des penseurs importants qui ont favorisé cet intérêt nouveau pour
l’éducation physique des enfants.
Histoire des activités physiques de l’Antiquité au début du XXe siècle

Education physique et Gymnastique fin XVIIIe


Histoire des activités physiques de l’Antiquité au début du XXe siècle

XIXe siècle: La gymnastique


Dans les deux premières décennies du XIXe siècle, dans plusieurs grandes
capitales européennes, quelques précurseurs ouvrent des établissements
consacrés à la gymnastique.

LING JAHN AMOROS CLIAS


(1776-1839 (1778-1852) (1770-1848) (1782-1854)
Thierry ARNAL

Histoire des activités physiques de l’Antiquité au début du XXe siècle

En Prusse, Jahn invente une véritable méthode d’éducation morale


et patriotique : le Turnen. Jahn tente de réagir par son action à la défaite
de la Prusse féodale contre les armées de Napoléon à Iéna (1806). Il
s’inspire de la pensée du philosophe Fichte qui réclamait une galvanisation
morale de la communauté allemande par l’exercice physique. Le Turnen a
pour fonction de donner au peule allemand le sentiment d’appartenance à
une même communauté. L’enjeu est donc de chasser l’occupant et de
constituer une grande nation allemande.
Pour cela, Jahn met l’accent sur des exercices engageant la volonté
et l’audace, notamment des exercices aux appareils (Barres parallèles,
anneaux, cheval d’arçon). Il préconise également des jeux dans lesquels
l’idée de guerre entre deux partis inégaux en nombre est présente et dont
les moins nombreux peuvent être les vainqueurs.
Thierry ARNAL

Histoire des activités physiques de l’Antiquité au début du XXe siècle


Gymnastique au XIXe siècle

Gymnase de Jahn à Berlin Gymnase d’Amoros à Paris


1818 1819-1837
Thierry ARNAL

Histoire des activités physiques de l’Antiquité au début du XXe siècle

En France, c’est Francisco Amoros qui, le premier, tente de propager la


gymnastique. A Paris, Amoros dirige le Gymnase Normal, Militaire et Civil de
Grenelle qui ouvre en 1820. Pour lui, « la gymnastique est la science raisonnée de
nos mouvements, de leurs rapports avec nos sens, notre intelligence, nos
sentiments, nos mœurs et le développement de toutes nos facultés ». Sa méthode
vise donc le perfectionnement physique et moral de l’individu. Elle comprend deux
parties:

- Des exercices élémentaires

- Des exercices complexes dont


certains aux agrès ou au portique

Exercices élémentaires (1830)


Thierry ARNAL

Histoire des activités physiques de l’Antiquité au début du XXe siècle

Gymnastique au XIXe siècle

Gymnase divisionnaire de Metz Un gymnase d’Amoros


1833
Histoire des activités physiques de l’Antiquité au début du XXe siècle

La Gymnastique au XIXe siècle


L’école de Joinville
En 1852, soit 4 ans après la mort d’Amoros, est
crée l’école militaire de Joinville, dirigée par le chef de
bataillon d’Argy. Les militaires qui y séjournent y reçoivent
une instruction gymnastique qui leur confère le titre de
moniteur ou de maître de gymnastique militaire. Les
stagiaires restent environ 6 mois à l’école et tous sont
d’excellents gymnastes, mais on leur reproche parfois de
n’être pas de grands pédagogues et d’avoir de grosses
lacunes scientifiques. Les officiers qui sont appelés à
diriger les gymnases divisionnaires reçoivent une
instruction plus complète.
De 1852 à 1872, Joinville fonctionne sans
changement notable par rapport à ce qu’avait été le
gymnase d’Amoros. A partir de 1873, deux cours
d’escrime ont lieu dans l’année, d’une durée de cinq
mois et demi. Puis, le règlement de 1893 prépare une
évolution vers la gymnastique suédoise à laquelle on
accorde alors une valeur scientifique.
Histoire des activités physiques de l’Antiquité au début du XXe siècle

L’école de Joinville
Histoire des activités physiques de l’Antiquité au début du XXe siècle

La Gymnastique au XIXe siècle


La gymnastique suédoise
Inventée par Ling, la gymnastique suédoise arrive en France dans la seconde
moitié du XIXe siècle après qu’un premier ouvrage de Georgii, publié en 1847, l’y ait
fait connaitre. Ling invente une méthode faite d’exercices essentiellement pensés
dans un but médical et hygiénique. Le but de la gymnastique suédoise consiste à
développer le corps humain au moyen d’exercices rationnels basés sur deux sciences
principales: l’anatomie et la physiologie. Cette méthode se divise en 4 parties:
- La gymnastique pédagogique se propose de développer harmonieusement le
corps et de prévenir des maladies.
- La gymnastique militaire adjoint à la précédente des exercices d’équitation, de
lutte, de natation, d’escrime et de tir.
- La gymnastique médicale et orthopédique complétée par le massage a pour
but de guérir certaines maladies ou difformités. Elle est à la base de la Kinésithérapie.
- La gymnastique esthétique qui occupe une place secondaire.
Histoire des activités physiques de l’Antiquité au début du XXe siècle

Les principaux principes


pédagogiques de la méthode suédoise
sont l’adaptation des exercices au corps
et à l’âge des enfants:
- La progressivité des exercices
(du simple au complexe)
- Le dosage des exercices
- La précision de l’exécution
- L’union du corps et de l’esprit
pendant l’exécution Les exercices sont classés
en 4 groupes:

1- Exercices sans appareils


2- Exercices avec appareils
( bomme, espalier)
3- Exercices libres
4- Exercices avec poids
additionnels
Thierry ARNAL

Histoire des activités physiques de l’Antiquité au début du XXe siècle

La Gymnastique au XIXe siècle


La gymnastique de plancher
On appelle gymnastique de plancher une gymnastique qui
commence à se développer sous le Second Empire dans un but
commercial et dont Hyppolite Triat sera le premier représentant.
Triat est un ancien lutteur des arènes du midi qui, après un
passage en Belgique, s’installe à Paris en 1847. Triat à l’idée de
rendre la gymnastique attrayante. Toutefois, si le gymnase de
Triat est une vaste enceinte ou se trouvent de nombreux
cordages, des poutres, des mats, des anneaux, des échelles, la
leçon de plancher utilise assez peu ces auxiliaires et se fait
essentiellement à base d’exercices de musculation à l’aide de
massues ou d’haltères de tailles et de poids variés.
Triat
Le succès de Triat sera à l’origine de l’ouverture, à Paris, de
plusieurs gymnases privés.
Thierry ARNAL

Histoire des activités physiques de l’Antiquité au début du XXe siècle


Seconde moitié du XIXe siècle

Gymnase de Triat à Paris


1870
Thierry ARNAL

Histoire des activités physiques de l’Antiquité au début du XXe siècle

Les débuts du culturisme

Les débuts du culturisme en France (on


parle alors de culture physique) sont associés
au nom d’Edmond Desbonnet. La culture
physique est une gymnastique analytique
faite notamment d’exercice aux haltères et de
« sport » en plein air. Cette méthode
s’attache surtout aux effets esthétiques de
l’exercice. Desbonnet poursuit l’idéal antique
de l’homme beau et bon. Il se considère
comme le continuateur de l’œuvre de Triat,
notamment lorsqu’il fait de la culture physique
une sorte de médicament en raison de sa
capacité à enfanter la beauté et par
conséquence la santé.
Thierry ARNAL

Histoire des activités physiques de l’Antiquité au début du XXe siècle

Une salle de culture physique « Desbonnet »

Sandow
Thierry ARNAL

Histoire des activités physiques de l’Antiquité au début du XXe siècle

En 1901, Desbonnet écrit L’art de créer le pur sang humain avec le docteur
Georges Rouhet.

Pour les deux hommes, Il


ne faut, considérer la culture
physique qu’au point de vue du
développement complet et
harmonieux des forces humaines,
conduisant à la régénération de
l’espèce et réalisant le men sana in
corpore sano du poète latin. Ils
considèrent que la régénération
physique a des influences sur
l’intelligence et la moralité : « nous
pensons que le corps est un temple
dont le Dieu est l’intelligence ».
Soigner son corps, en assurer la
santé et la force est donc un devoir
pour le citoyen.
Dr Rouhet
Thierry ARNAL

Histoire des activités physiques de l’Antiquité au début du XXe siècle

Les premières sociétés civiles de gymnastique

Avant 1870, il existe 34 sociétés de gymnastique en France, dont 17 en


Alsace en raison de l’influence des sociétés allemandes qui étaient
florissantes.
En 1870, la France perd la guerre qui l’oppose à l’Allemagne. L’Alsace et la
Lorraine sont annexées. Un esprit « revanchard » s’installe alors dans le pays.
En 1873, ces sociétés se regroupent dans une Union des Sociétés de
Gymnastique de France dont la devise est Patrie-Courage- Moralité. L’USGF se
propose « d’accroitre les forces défensives du pays en favorisant le
développement des forces physiques et morales » et « de faire de toutes les
sociétés une école permanente et patriotique face à toutes les éventualités à
venir ».
En 1899, l’USGF regroupe 809 sociétés et compte 300 000 membres.
Thierry ARNAL

Histoire des activités physiques de l’Antiquité au début du XXe siècle

La gymnastique à l’école
En 1854, la gymnastique intègre de manière facultative les enseignements dispensés
dans les lycées et collèges impériaux. Elle y devient obligatoire en 1869.
Puis elle devient obligatoire dans les écoles primaires de garçons en 1880 (loi George)
et dans celles de filles en 1882. L’école primaire est alors l’école du peuple (elle devient
obligatoire, laïque et gratuite par les lois de 1881-82) tandis que les collèges et lycées
sont fréquentés par les enfants issus des classes privilégiées.
Au début des années 1880, la gymnastique scolaire à des accents militaires. Elle est
souvent associée à des exercices de tir. Cette préparation para-militaire trouvera son
point d’orgue entre 1882 et 1890 avec le mise en place des bataillons scolaires.
Après 1890, la gymnastique militaire et la gymnastique aux agrès seront
progressivement abandonnées et remplacées par la gymnastique suédoise
Thierry ARNAL

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Apparition des sports

En Angleterre, les premiers sports sont codifiés au XVIIIe siècle : le cricket en


1727, la boxe en 1743, le golf en 1744. Au même titre que le turf, ils font partie des
loisirs des grands propriétaires terriens. Eux-mêmes ne pratiquent pas la plupart des
activités mais se lancent des défis au cours d’épreuves dans lesquelles ils font concourir
leurs domestiques. En course à pied, les premiers défis, organisés sur le modèle des
courses hippiques, opposent des « running-footmen » (laquais-coureurs). Ces
rencontrent donne toujours lieu à des paris ce qui sous entend que comme dans le turf
les courses sont des épreuves à handicap.
Thierry ARNAL

Histoire des activités physiques de l’Antiquité au début du XXe siècle

Pour la boxe, les aristocrates sélectionnent les plus robustes de leurs


domestiques et tentent d’acquérir au travers des combats qu’ils organisent une
domination symbolique. Mais, ce qui change fondamentalement par rapport au
passé c’est l’apparition de la notion d’entrainement. Ces sportifs modernes ont en
effet une préparation qui dépasse largement le temps de la rencontre ou du
divertissement. Peu à peu va naitre une catégorie particulière de coureurs et de
boxeurs : les professionnels. Ainsi, un premier championnat du monde de boxe a
lieu en Angleterre en 1810. Pour stimuler l’intérêt du spectacle, il oppose un
boxeur blanc à un boxeur noir devant 25000 spectateurs.
Thierry ARNAL

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L’athlétisme qui est un sport central des temps modernes exprime,


au travers des courses, la passion de la vitesse qui semble liée à
l’industrialisme en expansion dans une nation à la conquête du monde. Il
est inventé par les anglais sans que l’idée de ressusciter la tradition des
exercices grecs du stade ait joué un rôle. C’est Pierre de Coubertin qui,
après coup, viendra projeter sur les sports Olympiques un artificiel rayon
de culture néo-hellénique.
L’aviron qui est un parent proche de l’athlétisme est également un
pur produit du XIXe siècle anglais. Il est sans relation avec le canotage
français des bords de Seine.
Dès 1838 des compétitions de natation opposent à Hide Park les
meilleurs nageurs du pays. Des milliers de spectateurs y assistent et
parient sur les vainqueurs. Dès 1839 la National Swimming Society créée
deux ans plus tôt met en place un championnat professionnel.
Thierry ARNAL

Histoire des activités physiques de l’Antiquité au début du XXe siècle


Le sport moderne va encore s’appuyer sur les grands jeux de balle que sont le football et le rugby.
Leur forme réglée et codifiée est l’œuvre de l’Angleterre du XIXe siècle.

Football (vers 1827)


Thierry ARNAL

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Le Tennis est créé en 1874 par le Major Clopton Wingfield. Signe du


lien entre le sport et la société industrielle, il fait aussitôt breveter son
invention.
Le premier championnat de Wimbledon a lieu en 1877.

Quant au badminton, il est ramené des indes par des officiers anglais
en 1873. Ils prennent pour modèle un jeu traditionnel indien appelé
« poona ». Le nom « badminton » est en fait le nom du château qui
accueille ces officiers à leur retour en Angleterre. Le jeu n’a donc pas
de lien direct avec le volant pratiqué en France.
Thierry ARNAL

Histoire des activités physiques de l’Antiquité au début du XXe siècle

Le sport reste pendant la plus grande partie du XIXe siècle, la propriété des
classes privilégiées. L’état physique du prolétariat ne leur permet pas de le
pratiquer : journées de travail de 10h, insalubrité, maladie, alcoolisme . Toutefois,
ce niveau de déchéance est tel qu’il devient contraire à la productivité des
travailleurs. Une certaine culture corporelle s’étend alors au monde ouvrier entre
1870 et 1890 lorsque est réduite la journée de travail et accordé le demi congé du
samedi.
La religion n’est pas étrangère à cette évolution. Le mouvement des
« Muscular Christians » du révèrent Ch. Kingsley (1819-1875) s’insurgea
notamment contre l’exploitation ouvrière en même temps que contre leur
déchéance physique et morale.
Thierry ARNAL

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Le développement des sports dans les collèges anglais


Le développement des sports dans les collèges est contemporain d’une
période durant laquelle la bourgeoisie commerciale et industrielle en expansion
conteste le pouvoir politique à l’aristocratie traditionnelle. Cette nouvelle
bourgeoisie accède à certains des privilèges de la noblesse comme l’éducation.
Les jeux existent dans les collèges depuis la fin du XVIIIe siècle surtout sous
la forme de cricket et de courses. Puis les établissements les mieux pourvus en
espaces verts proposent le football. Ces pratiques sont laissées à l’initiative des
élèves internes. Ces pratiques, qui sont au mieux tolérées par les directeurs,
restent toujours suspectes aux yeux des éducateurs traditionnalistes. Le football
est alors considéré comme indigne d’un gentleman.
A Eton, Winchester et Harrow, qui sont les écoles les plus distinguées et les
plus conservatrices, la pratique s’oriente vers les jeux individuels. Ainsi, les
premières compétitions d’athlétisme eurent lieu en 1845 à Eton selon des règles
bien définies. Les jeux collectifs se répandent surtout dans les autres collèges à
partir de l’exemple de Rugby. En 1870, on accentuera la forme ovale du ballon de
rugby tandis qu’on arrondira celui de football association.
Thierry ARNAL

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Thomas Arnold, recteur du collège de Rugby autorise et règlemente les parties spontanées de football pour
donner naissance au sport que l’on connait. D’autres collèges qui pratiquent la balle au pied, créent les
premières formes de ce qui deviendra le football actuel même si au départ les règles sont imprécises et si l’on
de distingue pas encore ce qui deviendra le football de ce qui deviendra le rugby
Thierry ARNAL

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Selon Allen GUTTMANN, Les caractéristiques qui permettent


d’identifier les sports modernes et de les différencier des pratiques
physiques des périodes précédent le XIX° siècle sont au nombre de
sept:

• Sécularisme
• Egalité des opportunités et des conditions de l’affrontement
• Spécialisation des rôles
• Rationalisation
• Bureaucratisation de l’organisation
• Quantification
• Quête de records
Thierry ARNAL

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Sécularisme
Dans les sociétés dites primitives, les activités physiques comme les sauts, les
courses, les lancers, les combats et même les jeux de balle sont partie intégrante de
rituels et de cérémonies religieuses.
Ainsi, les indiens d’Amériques, avant la colonisation, pratiquaient divers jeux
physiques (Toupie, lutte…)dans le cadre de cérémonies et dans le but d’être agréable
aux dieux, de garantir la fertilité, de faire pleuvoir, de prolonger la vie, de faire fuir les
démons ou de soigner les maladies.
De même, les jeux de balle des Mayas et des Aztèques doivent être vus
comme des pratiques religieuses.
Les jeux d’Olympie, comme les jeux des autres cités grecques étaient des fêtes
sacrées entièrement intégrées dans la vie religieuse. Ils étaient un acte religieux en
l’honneur des dieux. A Olympie, les Jeux étaient un hommage à Zeus. Ceux de
Corinthe, les jeux isthmiques, consacraient Poséidon, alors qu’Apollon était adoré par
les coureurs et les lutteurs de Delphes et de Némée. La période durant laquelle se
déroulaient les jeux était sacrée. Ils étaient précédés de nombreuses cérémonies
religieuses. De même, lors du dernier jour, un banquet était organisé en l’honneur
des Dieux, pour les remercier.
Thierry ARNAL

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Sécularisme

Les fêtes athlétiques Grecques


Fête Lieu Dieu consacré Couronne Intervalle Fondation
(ans) (av JC)

Olympique Olympie Zeus Olivier 4 776

Pythique Delphes Apollon Laurier 4 582

Isthmique Corinthe Poséidon Pin 2 582

Néméique Némée Apollon Persil 2 573


Thierry ARNAL

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Sécularisme

Dans le sport moderne, au contraire, la compétition est


totalement profane. Ce sont des activités qui ont leur propre fin. La
victoire en est le but et il ne s’agit pas de les pratiquer pour
demander aux dieux une bonne récolte ou une bonne santé. Cela,
même si le sport moderne à tendance à devenir une sorte de
« religion séculière » qui porte au culte des héros et possède son
panthéon de gloires passées ou contemporaines.
Thierry ARNAL

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Egalité des opportunités et des conditions de l’affrontement

L’un des principes de base des sports moderne est celui


d’égalité. La relation entre principe d’égalité et valeur de la
performance y est essentielle. L’égalité des participants au début de
toute compétition est une des conditions mêmes de leur succès. En
théorie, il n’est pas question d’exclure un athlète sur la base de sa
classe sociale, de sa religion ou de sa race. Même le sexe, bien que
les compétitions féminines et masculines soient indépendantes, ne
constitue pas un critère discriminatoire.
Thierry ARNAL

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Egalité des opportunités et des conditions de l’affrontement

Ce principe d’égalité est essentiel dans le sport moderne. Certes, les premières
courses de chevaux, en Angleterre ou en France étaient des courses à handicap dans
lesquelles, pour rendre possible les paris, il importait d’équilibrer les chances des
montures afin de créer une incertitude du résultat et donc une artificielle égalité à
l’arrivée. Il en était de même pour les premières courses pédestres qui étaient
l’occasion d’organiser des paris.
Très rapidement toutefois, ce principe d’égalité à l’arrivée est remplacé par le
principe d’égalité au départ . Cette question de l’égalité des participants était inconnu
des sociétés anciennes dans lesquelles c’est l’appartenance à une caste ou à un
groupe prédéterminé qui justifie les positions de chacun. Par exemple, lors de
rencontres de soules sous l’Ancien régime on pouvait voir s’affronter les célibataires
et les hommes mariés.
Thierry ARNAL

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Spécialisation

La logique des sports moderne rend inévitable la spécialisation


et la professionnalisation des athlètes. Cette caractéristique marque
une nette différence avec les activités physiques du moyen-âge qui
étaient relativement indifférenciées. Un seul type de jeu pouvait
englober à lui seul les activités modernes que sont le rugby, le
football, la lutte… . Il n’existait pas de taches spécifiques dévolues à
l’un des participants, le rôle de chacun étant similaire dans le groupe.
Enfin, il n’y avait pas de distinction franche entre les rôles de joueurs
et de spectateurs.
La spécialisation moderne semble toutefois trouver un
précédent dans l’antiquité occidentale. L’importance que les Grecs
accordaient à l’excellence corporelle les ayant conduits à spécialiser et
à professionnaliser leurs athlètes.
Thierry ARNAL

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Rationalisation et standardisation

Cette rationalisation des sports moderne passe par la définition de règles qui
sont universelles. Les règles des sports modernes sont édictées en fonction de la
finalité à atteindre et sont soumises aux représentations culturelles d’une société
donnée. Elles évoluent donc dans le temps. Elles ne sont pas immuables comme les
règles des activités traditionnelles qui sont d’essence divine.
Ce processus de rationalisation touche également les conditions matérielles
dans lesquelles se déroulent les compétitions. Dans le sport moderne, les
compétitions se déroulent dans un environnement qui est identique quel que soit le
lieu des épreuves. La piste est la même à Sydney ou à Pékin. Les disques ou les
javelots sont strictement identiques. Leur poids et leur taille réglementés. Au
contraire, si les athlètes grecs qui participent à une compétition lancent
probablement le même engin, sa taille et son poids varient selon les villes ou ils
s’affrontent. Ainsi les disques pouvaient aller de 13,97 à 34,29 cm de diamètre. Les
poids peuvent peser de 1,3 à 6,8 Kg. De même, si la course dite du stade est un
classique, tous les stades n’ont pas les mêmes dimensions (192,27 m à Olympie,
177,5 à Delphes).
Thierry ARNAL

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Bureaucratisation

Ce sont des organisations bureaucratiques qui décident des


règles du sport moderne. L’une des fonctions les plus importantes
de la bureaucratie est de vérifier si les règlements sont universels.
Une autre est de faciliter la mise en place d’un ensemble de
compétitions qui progressent généralement de rencontres locales
vers des championnats nationaux puis internationaux.
Thierry ARNAL

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Quantification

Le sport est un monde ou tout se mesure, ou tout est quantifié.


Même le nombre des médailles obtenus par une nation aux Jeux
Olympiques donne lieu à un classement.
Ce besoin de tout quantifier est typique des sociétés modernes.
Chez les Grecs, personne ne sait vraiment à quelle distance le disque
a été lancé. Il n’importe pas non plus, de savoir si le vainqueur d’une
olympiade à lancé son javelot plus loin que le vainqueur d’autres
jeux. Seule la désignation du vainqueur compte.
Thierry ARNAL

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Record

L’importance attachée à la notion de record est une caractéristique


des sociétés modernes ; Le verbe « record », « enregistrer », a donné le
nom record dans les années 1880. Le record permet d’élargir la compétition
entre les athlètes présents et d’autres éloignés soit dans l’espace, soit dans
le temps. Cela était impensable chez les grecs qui associaient leur
gymnastique à une certaine conception du corps et à une vision
métaphysique du monde.
La fédération internationale d’athlétisme amateur qui est fondée en
1913, commence dés l’année suivante à publier sa liste des records du
monde. Ce concept de record qui constitue la dernière et la plus singulière
des caractéristiques des sports modernes, dépend lui-même d’une autre
dimension qui les caractérise : la quantification.
Thierry ARNAL

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Les caractéristiques des activités physiques aux différentes époques

Jeux primitifs Jeux Grecs Jeux romains Jeux médiévaux Sports modernes

Sécularisme Non Oui/Non Oui Oui Oui


Egalité Non Oui/Non Oui/Non Oui/Non Oui
Spécialisation Non Oui Oui Non Oui
Rationalisation Non Oui Oui Oui/Non Oui

Bureaucratie Non Oui/Non Oui Non Oui


Quantification Non Non Oui/Non Oui/Non Oui
Quête du record Non Non Non Non Oui
Thierry ARNAL

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La première « mondialisation sportive »

Initialement cantonné aux iles britanniques, le sport se diffuse au cours du XIXe siècle
d’abord au sein de l’Empire britannique puis dans les pays les plus industrialisés (Europe et
Amérique du Nord principalement). Enfin au XXe siècle il s’étend à l’ensemble de la planète.
A partir de ces premiers essais, le sport va lentement se diffuser à travers le monde et
notamment, dans un premier temps au sein de l’Empire britannique. Et, ce sont les colons
eux-mêmes qui vont être à l’origine de cette diffusion du sport. Successivement les militaires,
les enseignants, les missionnaires, les employés administratifs qui pour un certain nombre
avaient fréquenté les publics schools vont exporter les pratiques sportives vers les colonies.
Les militaires notamment, pour tromper l’ennui en temps de paix organisent des
compétitions entre bataillons ou entre régiments. Ainsi les troupes chargées de faire régner
l’ordre et de protéger les grands planteurs aux Antilles britanniques aménagent des terrains
de cricket. Même chose pour les soldats stationnés en Australie qui sont à l’origine des
premières associations sportives avec la création en 1826 du Military Cricket Club et de
l’Australian Cricket Club. Ce sont toujours les militaires qui implantent le cricket en Inde où il
devient sport national.
Quant au Golf, codifié à St Andrew dès 1754, il est introduit aux Etats Unis dès 1779.
Des terrains sont construits dès 1829 à Calcutta et en 1842 à Bombay.
Thierry ARNAL

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Si au départ ces sports sont uniquement pratiqués par


les colons, militaires ou civils, il s’avère que les indigènes sont
progressivement amenés à découvrir ces nouvelles activités.
Ainsi, selon Nagendra Prasad, considéré comme le père du
football indien, c’est en regardant un match disputé par deux
régiments britanniques sur un terrain vague qu’il aurait
adopté ce sport. Même chose à Singapour où les matchs de
football disputé par les militaires du Fort Canning attiraient de
nombreux spectateurs indigènes et auraient ainsi contribué à
diffuser ce sport auprès des populations locales.
En outre, cette diffusion des sports britannique n’est
pas limitée aux périodes de paix. En temps de guerre, il arrive
que les soldats britanniques enrôlent dans leur équipe des
prisonniers lorsqu’ils manquent de joueurs. Ainsi, en Afrique
du Sud, ils contribuent à diffuser les rudiments de la pratique
du football aux populations noires avant la première guerre
mondiale.
Thierry ARNAL

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Toutefois, plus qu’au niveau des classes pauvres, la diffusion des sports dans la
plupart des pays colonisés se concrétise au travers du mode de vie des élites autochtones qui
très souvent adoptent le modèle anglais d’éducation. Pour les élites locales, l’adoption du
système d’éducation britannique faisant une large place à la pratique sportive est un moyen
de démontrer leur allégeance aux valeurs victoriennes. Leurs enfants fréquentent les
publics schools locales et parfois sont envoyés en Grande Bretagne d’où ils reviennent
imprégnés de la culture britannique. Comme ce sera le cas en Europe à la fin du XIXe siècle,
dans les colonies britanniques la pratique sportive s’impose assez vite comme un moyen de
distinction sociale réservé aux élites. Cela est notamment le cas pour des activités comme le
cricket, le golf, le polo, le tennis. Ainsi, la pratique par les princes indiens du polo ou du
Cricket a largement contribué à l’enracinement de ces sports dans la culture indienne. Cette
diffusion des sports est toutefois parfois contrariée, en Asie, par la culture locale. Au
cachemire, les enfants de princes répugnent à pratiquer les jeux de balle. Dans la culture
brahmane, le contact physique est considéré comme répugnant et le développement
musculaire est vu comme un attribut des classes populaires. En outre, chez les indous, il est
dégradant de toucher le cuir. Dans l’Indochine française, c’est l’attitude de l’Empereur Bao-
Daï, jouant au tennis en tenue blanche, couleur de deuil, qui va heurter l’étiquette de la cour.
Thierry ARNAL

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Ailleurs dans le monde, le processus de diffusion repose aussi sur la présence des
britanniques. En Amérique latine, ce sont les ingénieurs et techniciens des compagnies
britanniques qui introduisent le football. Au Mexique, par exemple, ce sont les Anglais qui
travaillent sur les voies ferrées et dans les mines qui diffusent cette pratique au début du XXe
siècle.
En Europe, la diffusion des sports s’amorce d’abord timidement dans la seconde
moitié du XIXe siècle, puis s’accélère à partir des années 1880.
La diffusion des sports en France entre dans ce schéma puisque le premier club est
créé dans l’hexagone en 1856. Il s’agit du club de Golf de Pau dont les premiers membres
sont tous britanniques car la ville était appréciée comme lieu de villégiature ou de résidence
par de nombreux anglais fortunés.
Quant au football, il apparait pour la première fois en 1872 avec la création du HAC
par des employés d’une compagnie maritime de navigation. Ils pratiquent les deux types de
football, et choisissent un maillot aux couleurs bleu pale et bleu foncé qui sont pour l’une la
couleur de Cambridge, pour l’autre celle d’Oxford. Ce sont encore les britanniques qui
fondent quelques clubs de football à Paris : Les English Taylors en 1877, le Paris FC en 1879,
puis Les Whites rovers (1891) et le Standard Athlétic Club en 1892.
Thierry ARNAL

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Le sport en France

L’une des premières apparitions du terme sport en France date de


1854 avec la parution du livre d’Eugène Chapus Les sports à Paris.
Mais, sous ce nouveau mot se cachent en fait des activités très
traditionnelles peu en rapport avec l’athlétisme, l’aviron ou les sports
collectif. Chapus détaille ainsi, la chasse à coure, le tir au pistolet, le
jeu de paume, le jeu de boule, la natation, la danse, …. Et surtout le
turf.
En France, le sport reste en effet longtemps associé au monde des
hippodromes comme en atteste la définition du mot que donne le
Larousse de 1876 qui indique que ce dernier implique trois choses,
soit séparément, soit simultanément : le plein air, le pari et
l’application d’une ou plusieurs aptitudes du corps.
Thierry ARNAL

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En réalité, c’est seulement dans les années 1880 que les sports
anglais feront leur apparition en France à l’initiative de quelques
lycéens issus de la haute bourgeoisie parisienne.
Toutefois, hors de la sphères des sport britanniques, le cyclisme
s’implante en France dès la fin du Second Empire .
Depuis 1790 avec l’invention du célérifère de Sivrac, les
aménagements techniques se succèdent sur les machines. Et, c’est sur
des Draisiennes qu’en 1818, au jardin du Luxembourg, à lieu la
première « course vélocipédique » de l’époque.

² Draisienne vers 1818


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C’est l’invention de la pédale par les frères Michaux (1861) qui va donner à
ce sport la forme que nous lui connaissons.

Vélocipède à pédales (après 1861)

En 1868, on court dans les allées de Saint-Cloud où est organisée la


première compétition. Puis, en 1869 est disputée une première course longue
entre Paris et Rouen. Le vainqueur parcourt les 123 KM en 10h 25 soit à une
moyenne de 11km/h. Les routes sont très mauvaises et la machine pèse 25 kg.
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En 1881, l’Union vélocipédique de France est créée et regroupe les multiples véloce-
Clubs qui se sont constitués dans la plupart des villes. Les véloces-clubs passent ainsi de prés
de 100 en 1887, à 300 en 1891 puis 1700 en 1899.
En 1891 (après que les pneumatiques aient été inventés par Dunlop en
1888), c’est la création de deux importantes courses sur route : Bordeaux –Paris, 580 km),
organisée par le journal bordelais Véloce-sport et Paris-Brest-Paris (1200 km) organisée par
Le petit journal. 28 coureurs se présentent au départ du 1er Bordeaux-Paris. Parmi eux 5
anglais. Les longues courses étant fréquentes outre-manche, ils sont favoris. Les coureurs
sont précédés par leurs entraineurs (eux aussi à bicyclette) qui se relaient pour couper le vent
et alimenter le coureur. Les meilleurs coureurs ont à leur service un service d’entraineurs
répartis sur tout le parcours. Cette organisation très couteuse et prise en charge par les
constructeurs qui équipent le coureur. C’est un anglais de 23 ans, Mills qui remporte la 1ère
édition devant 3 de ses compatriotes. Sa moyenne est de 21,816 km/h.

Une bicyclette en 1888


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Le premier Paris-Brest, lui est


ouvert aux seuls coureurs français et voit
s’élancer plus de 200 concurrents attirés
par la prime de 2000 francs promise au
vainqueur. La course est un moment fort
qui exalte les rivalités entre fabricants de
pneumatiques. Au final, le coureur
équipé par Michelin l’emporte sur celui
équipé par Dunlop.

Départ de Paris-Brest, 1891


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Toutefois, ce sont surtout les courses de vitesse qui ont les faveurs du public.
Elles sont d’abord organisées sur des pistes improvisées, puis sur des vélodromes.
La presse sportive s’alimente alors à ce phénomène. Le vélocipède illustré, le
véloce-sport, le vélo, le cycle, le journal de vélocipédistes, le petit journal et l’auto-
vélo constituent les principaux journaux de l’époque.
Au-delà de ces premières compétitions, les années 1890 constituent la Belle
Epoque de la Vélocipédie. Le bourgeois devient alors cycliste et touriste. En 1890
est créé le Touring-Club de France qui a pour but de développer le tourisme sous
toutes ses formes et particulièrement le tourisme vélocipédique. Le vélo se situe
alors, dans les mentalités de l’époque, entre les pratiques équestres et les loisirs
mécaniques qui apparaissent.
Peu à peu, au cours du XXe siècle, les classes supérieures vont abandonner
le vélo pour se tourner vers l’automobile et l’avion. Le prix de revient d’une
bicyclette baissant alors fortement par rapport au salaire moyen, elle devient un
instrument primordial pour la conquête des loisirs populaires, mais aussi un objet
utilitaire.
Thierry ARNAL

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Apparition des sports athlétiques en France

Le football association arrive pour la première fois en France par l’intermédiaire de


quelques employés d’une compagnie britannique de navigation qui créent le Havre Athlétic
Club dont les couleurs du maillot (bleu clair et bleu foncé) reprennent celles des universités
d’Oxford et de Cambridge. Plus tard, ce furent encore des britanniques qui fondèrent deux
clubs à Paris: les Whites Rovers (1891) et le Standar Athlétic Club (1892).
Mais, plus encore que les britanniques, ce sont les lycéens qui sont à l’origine du
développement des sports athlétiques en France. En 1880 quelques lycéens parisiens
fondent une société dite société sans nom dont les membres jouent au football sur une
pelouse du bois de Boulogne. En 1884, des élèves du lycée Condorcet créent le Lutèce
football club.
Peu avant, d’autres lycéens parisiens s’étaient rejoints pour aller courir prés de la gare
Saint-Lazare. Ils fondent le Racing Club en 1882, puis, en 1883, le Stade Français. Tous
pratiquent la course à pied. Les stadistes s’exercent aux Tuilleries, tandis que les racingmens
utilisent la piste cavalière qui entoure le bois de Boulogne.
Thierry ARNAL

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Chaque dimanche, ils endossent un costume composé d’une casaque en satin ou en soie,
d’une toque et d’une culotte courte avec bas noirs. Ils se disputent des récompenses. Certains
deviennent même si rapides qu’on est obligé de la handicaper comme les chevaux de race. En
fait, les lycéens parisiens s'inspirent, pour les reproduire, des courses organisées quelques
années plus tôt par le membres d'un éphémère Club des coureurs. Dès 1875, ces « jeunes gens
de bonne famille » avaient investi l'esplanade des Invalides pour y organiser leur exercice sur le
modèle des courses hippiques et sans autre souci que celui de se divertir. Un public, déjà
nombreux, pouvait alors voir courir, sous des noms de chevaux connus, les négociants,
commerçants ou autres officiers de l'armée que comptait le club. Toutefois, assez rapidement,
sous l’impulsion de Georges de Saint-Clair, qui devient secrétaire général du Racing à partir de
1884, ces pratiques inspirées du turf disparaissent (Le Racing–Club qui deviendra Racing-club
de France en 1885).
Thierry ARNAL

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Création de l’U.S.F.S.A

Ce sont les membres de ces deux clubs qui,


en janvier 1887 décident de créer l’Union des
Sociétés Françaises de Coures à Pied qui
ambitionne de favoriser la création d’associations
athlétiques dans les lycées et collèges. Ils adoptent
la devise : « Ludus pro patria ». Deux ans plus tard,
en 1889, elle prend le nom d’Union des Sociétés
Françaises de Sports Athlétiques (USFSA).
Rapidement, l’USFSA va fédérer les
associations sportives scolaires et extra scolaires.
Lors de sa 1ère assemblée générale en 1890 elle
rassemble 14 associations. Elles seront 70 en 1894
et 78 en 1898.
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Le comité pour la propagation des exercices physiques


Dans le même temps, est tentée dans une institution privée parisienne (Monge) une
expérience d’éducation nouvelle, d’éducation à l’anglaise. Il s’agit entre autre, d’y valoriser
l’énergie physique, car, dit-on alors, sans elle, l’intelligence et la volonté restent stériles. Jules
Simon, ancien ministre de l’Instruction Publique, soutient cette initiative dans laquelle il voit
une tentative d’application de ces propres conceptions éducatives. L’école Monge est, le 1er
juin 1888, le berceau d’un comité pour la propagation des exercices physiques. Jules Simon
préside ce comite qui réunit de nombreuses personnalités mais l’idée émane d’un jeune
homme qui a rejoint les rangs de l’USFSA et qui, lors d’un voyage en Angleterre à ressenti une
attirance extrêmement forte pour la pédagogie sportive. Cet homme, c’est Pierre de
Coubertin.
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Premières compétitions
Le comité organise le 4 juillet le premier jeu athlétique anglais, un « rallie papiers »
qui regroupe un quarantaine d’élèves de trois écoles privées parisiennes. Aussitôt,
l’évènement est relaté par 71 articles de journaux.
Sur ces bases, le Racing et le Stade organisent en décembre 1888, des manifestations
sportives dans les établissements parisiens.
Toujours en 1888, les élèves du lycée de Janson-de-Sailly jouent à la barette contre
des élèves anglais et américains de l’école Cotta, dans ce qu’ils nomment des rencontres
internationales.

A partir de 1888, Paschal Grousset fonde la Ligue Nationale de l’Education physique.


Rapidement, il lance les lendits nationaux annuels qui constituent de grandes fêtes
athlétiques de la jeunesse scolaire. Ce sont des épreuves étalonnées sur plusieurs jours (11
jours) qui comprennent escrime, bicycle, marche, course à pied (100m, 400m, 1000m, 2000
m), aviron, natation, équitation, saut, tir, boxe française. Ceux-ci vont connaitre leur
apothéose, en même temps que leur fin, en juin 1890.
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La Ligue Girondine d’Education Physique

La même année (1888), le docteur Tissié crée la Ligue girondine d’EP. Son but est de
« Développer la force et l’adresse des enfants et adolescents par tous les exercices du corps et
en particulier par la récréation active et les jeux de plein air ». Il organise des lendits réservés
à la région du Sud-Ouest. Le premier se déroule en 1889 dans la cour du lycée de Bordeaux,
puis au vélodrome. Deux cents élèves vêtus de maillots de corps striés de jeune et de noir ou
de noir et de rouge jouent à différents jeux (quilles, croquet,… ) et pratiquent la course, la
boxe française. Ce sera le premier des 14 lendits qui vont se succéder dans l’académie de
Bordeaux. L’année suivante, le 2ème lendit regroupe des élèves des lycées de plusieurs villes
du Sud-Ouest. Les activités proposées sont variées : Equitation en manège, boxe française,
canne, escrime, rallie papier à pied ou à vélo, course à pied, barette, tir à la corde, canotage.
Chaque équipe est revêtue d’une tenue aux couleurs vives. Bandes Jaune et noires pour
Mont de Marsan, d’où le surnom de boutons d’or. Chaque équipe se voit ainsi attribuer un
nom de fleur : Les muguets, les lilas, les bleuets, les coquelicots……
Tissié voit dans ces jeux de plein air, non seulement un exercice physique hygiénique,
mais également un moyen de développement moral. C’est pourquoi, des notes de bonne
tenue générale sont données à chaque équipe.
Thierry ARNAL

Histoire des activités physiques de l’Antiquité au début du XXe siècle

Bibliographie Sommaire

Andrieu G., La gymnastique au XIXe siècle ou la naissance de l’éducation


physique, 1789 – 1914, Paris, Actio, 1999.
During B., Des jeux aux sports, Paris, Vigot, 1990.
Guttman A., Du rituel au record, Paris, l’Harmattan, 2006 [1978].
Thibault J., Sport et éducation physique, 1870 – 1970, Paris, Vrin, 1972.
Thibault J., Les aventures du corps dans la pédagogie française, Paris, Vrin,
1977.
Turcot L., Sports et Loisirs. Une histoire des origines à nos jours, Paris, Folio
Gallimard, 2016.
Vigarello G., Du jeu ancien au show sportif, Paris, Seuil, 2002.

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