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Le Praticien en anesthésie réanimation (2012) 16, 224—229

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com

RUBRIQUE PRATIQUE

Anesthésie péridurale ou bloc paravertébral :


quel choix ?
Thoracic epidural or paravertebral block: What is the choice?

Emmanuel Marret 1,∗, Yacine Ynineb ,


Thibault Mariaux de Serres , Mihai Ott ,
Anissa Houhou , Francis Bonnet

Département d’anesthésie-réanimation, hôpital Tenon, 4, rue de la Chine, 75020 Paris, France

MOTS CLÉS Résumé Le bloc paravertébral est devenu une alternative à l’analgésie péridurale pour la
Block paravertébral ; chirurgie thoracique. La technique de mise en place est soit chirurgicale, soit médicale sous
Analgésie péridurale guidage échographique. Le bloc procure une analgésie comparable à l’analgésie péridurale mais
thoracique ; avec moins d’effets secondaires et peut être entretenu comme l’analgésie péridurale par une
Chirurgie thoracique perfusion continue sur cathéter.
© 2012 Publié par Elsevier Masson SAS.

KEYWORDS Summary Paravertebral block is an alternative to thoracic epidural analgesia for thoracic
Paravertebral block; surgery. The paravertebral catheter can be placed under surgical control or guided by ultrasono-
Thoracic epidural graphy. Paravertebral block and thoracic epidural provide comparable postoperative analgesia
analgesia; but side effects are less frequent with paravertebral block.
Thoracic surgery © 2012 Published by Elsevier Masson SAS.

Introduction l’injection d’un anesthésique local à proximité des racines


des nerfs rachidiens, juste après leur sortie du canal médul-
Le bloc paravertébral est l’une des plus anciennes tech- laire, lorsqu’ils sont au contact des apophyses transverses.
niques d’anesthésie locorégionale décrite puisqu’il en est Le bloc paravertébral est réalisable à tous les étages de
fait mention dans le livre de Pauchet, édité par Doin en la colonne vertébrale, cependant, le terme de bloc para-
1914 [1]. Le principe du bloc paravertébral repose sur vertébral est surtout consacré aux blocs réalisés à l’étage
thoracique. La recherche d’une technique d’anesthésie
locorégionale périphérique pour l’analgésie postopératoire
∗ Auteur correspondant. après chirurgie du thorax a redonné de l’intérêt à ce bloc
Adresse e-mail : emmanuel.marret@tnn.aphp.fr (E. Marret). qui procure une analgésie unilatérale continue de qua-
1 Photo. lité grâce à la mise en place d’un cathéter dans l’espace

1279-7960/$ — see front matter © 2012 Publié par Elsevier Masson SAS.
http://dx.doi.org/10.1016/j.pratan.2012.02.007
Anesthésie péridurale ou bloc paravertébral : quel choix ? 225

sympathique et des ganglions prévertébraux du même côté.


Chez 16 volontaires, l’injection d’une vingtaine de milli-
litres de lidocaïne dans l’espace T11 a pu ainsi provoquer
une augmentation unilatérale de la température cutanée
liée à la vasodilatation induite par le bloc sympathique [3].
L’anesthésie unilatérale de la chaîne sympathique thora-
cique ne provoque pas d’hypotension artérielle à l’inverse
de ce que l’on peut observer avec l’anesthésie péridurale.
Cependant, une mauvaise technique liée à une direction
trop médiale de l’aiguille peut s’accompagner d’une diffu-
sion péridurale via le foramen ovale [5].

Description des techniques de réalisation


d’un bloc paravertébral
Figure 1. Anatomie de l’espace paravertébral thoracique L’espace paravertébral est habituellement abordé par voie
(d’après Karmakar [2] ; 1 : fascia endothoracique ; 2 : fascia subsé- postérieure en passant à travers les muscles paravertébraux
reux ; 3 : plèvre viscérale ; 4 : plèvre pariétale ; 5 : veine azygos ; 6 :
et le ligament costo-transverse. Après anesthésie locale
œsophage ; 7 : canal thoracique ; 8 : aorte descendante ; 9 : chaîne
ganglionnaire sympathique ; 10 : espace interpleural ; 11 : compar-
de la peau et des plans sous-cutanés, l’espace paraverté-
timent extrapleural ; 12 : compartiment subendothoracique ; 13 : bral est recherché par une perte de résistance comme lors
nerf intercostal ; 14 : rameaux postérieurs primaires ; 15 : liga- d’une anesthésie péridurale d’après la technique décrite
ment costo-transverse supérieur ; 16 : poumon droit ; 17 : poumon par Eason et Wyatt [6]. Chez un patient assis ou en décu-
gauche). bitus latéral, le point de ponction se situe à 2—3 cm en
dehors de la ligne des épineuses. On utilise une aiguille de
Tuhoy qui est avancée perpendiculairement au plan cutané
paravertébral et constitue une alternative à l’analgésie péri- jusqu’au contact osseux de l’apophyse transverse. Au niveau
durale. de D4 , l’apophyse est perçue à une profondeur de 15 à 38 mm
[7]. L’aiguille est alors redirigée de manière céphalique,
jusqu’à rencontrer et traverser le ligament costo-transverse
Anatomie de l’espace paravertébral supérieur et pénétrer dans l’espace paravertébral ce qui
se traduit par une perte de résistance sur le piston de la
Les racines des nerfs rachidiens émergent du canal rachi- seringue adaptée à l’aiguille de Tuhoy. L’espace paraver-
dien par le foramen intervertébral et cheminent dans tébral se trouve en moyenne à 40 mm (extrêmes de 24 à
l’espace paravertébral. Elles comprennent un rameau ven- 56 mm) dans une série de patientes opérées du sein [7].
tral connecté aux ganglions sympathiques, un rameau dorsal L’aspiration avant injection permet de s’assurer l’absence
destiné aux muscles paravertébraux et un rameau latéral : de ponction pleurale, pulmonaire ou vasculaire, voire dure-
le nerf intercostal (Fig. 1). Au niveau thoracique, la paroi mérienne. L’espace paravertébral peut être identifié en
postérieure de l’espace paravertébral est constituée par le s’aidant de l’échographie. Compte tenu de la profondeur
ligament costo-transverse supérieur (reliant le col de la côte de l’espace paravertébral, il faut utiliser préférentielle-
à l’apophyse transverse sus-jacente) et de l’articulation ment une sonde de basse fréquence d’émission (5 MHz) mais
costo-transverse, la paroi médiale par le corps vertébral et des fréquences plus élevées sont tout à fait adaptées lors
la paroi antérieure par la plèvre pariétale. Latéralement, d’une approche plus latérale. Plusieurs voies d’abord ont
l’espace paravertébral se prolonge par l’espace intercostal. été décrites. La sonde peut être positionnée latéralement
L’espace paravertébral contient donc les racines médullaires par rapport à la ligne des épineuses parallèle (Fig. 2) ou per-
avec leur paquet vasculaire (artère et veine intercostale), pendiculaire (Fig. 2) au rachis. L’échographie repère deux
les ganglions sympathiques et le fascia endothoracique. structures anatomiques importantes : l’apophyse transverse
Cet espace n’est pas fermé : une solution injectée au et la plèvre pariétale et viscérale. La technique que nous
niveau d’un seul espace paravertébral diffuse en direction utilisons préférentiellement repose sur le positionnement
céphalique et caudale vers les espaces sus- et sous-jacents. paramédian et vertical de la sonde puis de l’introduction
L’injection d’une solution anesthésique permet ainsi une de l’aiguille dans le plan des ultrasons en visant la base
anesthésie de plusieurs métamères thoraciques. Saito et al. de l’image ultrasonique de l’apophyse transverse corres-
ont montré une extension jusqu’aux racines lombaires après pondante. L’injection de la solution d’anesthésique local se
l’injection de 22 mL d’anesthésique local au niveau de T11 , traduit par une augmentation de volume de l’espace para-
avec une anesthésie étendue de T5 à L3 [3]. Dans cer- vertébral qui repousse la plèvre viscérale.
tains cas, le produit injecté peut aussi diffuser en avant Un cathéter peut être introduit sur quelques centimètres
du corps vertébral jusqu’à l’espace paravertébral contro- dans l’espace paravertébral afin d’assurer une analgésie
latéral [4]. Sur un cliché thoracique de face, ce mode de continue. Cependant, le cathétérisme est parfois diffi-
diffusion peut conduire à l’interprétation erronée d’une cile car il s’agit comme l’espace péridural d’un espace
diffusion dans l’espace péridural. La réalisation d’un bloc « virtuel ». Il est donc conseillé d’injecter un volume suf-
paravertébral s’accompagne d’une anesthésie de la chaîne fisant (15 à 20 mL) de sérum physiologique ou d’agents
226 E. Marret et al.

Tableau 1 Indications du bloc paravertébral.


À visée Thoracotomie latérale pour
analgésique après chirurgie pulmonaire
chirurgie Vidéothoracoscopie
Mastectomie plus ou moins
associée à un curage axillaire
Chirurgie plastique du sein
unilatérale, reconstruction
mammaire avec lambeau
musculaire
Chirurgie viscérale avec
incision transverse latéralisée
Chirurgie du rein et de
l’uretère par lombotomie

À visée Chirurgie du sein


anesthésique Exploration de la paroi
thoracique
Radiofréquence hépatique
Autres Traumatisme thoracique
unilatéral (fracture de côtes)
Douleur chronique après
thoracotomie
Névralgie post-zostérienne
Hyperhydrose palmaire
Douleur capsulaire après
traumatisme hépatique

Figure 2. Échographie de l’espace paravertébral. A. Approche


latérale (d’après Shibata et Nishiwaka [8] ; TP : apophyse trans-
abdominale ainsi que pour le traitement des douleurs
verse ; PL : plèvre ; EICM : muscle intercostal ; N : aiguille).
B. Approche sagittale (TP : apophyse transverse ; PP : plèvre ; LT : chroniques (Tableau 1). Il existe moins de publications
poumon ; SCTL : ligament costo-transverse) ; d’après O’Riain et al. consacrées au bloc paravertébral qu’à l’analgésie péridurale
[9]. [11].
En chirurgie thoracique, le bloc paravertébral a été
comparé soit à une analgésie par voie systémique, soit
anesthésiques avant d’essayer de placer le cathéter. Si le
à l’analgésie par voie péridurale. Dans la première situa-
bloc est réalisé en préopératoire, la bonne localisation du
tion, un bloc paravertébral avec une perfusion continue
cathéter peut être confirmée le cas échéant, à thorax ouvert
s’est montré supérieur à une analgésie multimodale intra-
grâce à l’injection de bleu de méthylène. Celui-ci peut être
veineuse pour diminuer la douleur post-thoracotomie et
aussi opacifié en postopératoire lors la réalisation d’une
les complications respiratoires [12]. Une étude récente
radiographie thoracique de contrôle.
n’a cependant pas retrouvé cet effet bénéfique du bloc
L’espace paravertébral peut aussi être abordé, via
paravertébral posé en peropératoire par le chirurgien tho-
l’espace intercostal, directement par le chirurgien thora-
racique [13]. Le bloc paravertébral en perfusion continue
cique en fin d’intervention, juste avant la fermeture de la
a été aussi comparé à l’analgésie par cathéter péridural
paroi thoracique [10]. Un set de péridural est alors utilisé. Il
thoracique considérée comme la technique analgésique de
est recommandé d’introduire l’aiguille de dehors en dedans
référence après chirurgie thoracique. L’efficacité analgé-
puis de pousser le cathéter dans l’espace paravertébral. La
sique des deux techniques a été jugée comparable mais
technique de dissection pour réaliser une poche pleurale
le bloc paravertébral a l’avantage de provoquer moins
n’est finalement pas recommandée car elle est à l’origine de
d’effets secondaires (moins d’hypotension artérielle, moins
fuite autour de l’orifice d’insertion du cathéter. Le cathéter
de rétention d’urine) [14]. L’ensemble des études cliniques
est fixé fermement à la peau.
qui ont comparé les deux techniques, a fait l’objet de deux
méta-analyses qui confirment une efficacité analgésique
comparable et une moindre incidence des effets secondaires
Indications et limites de la pratique du tels que l’hypotension artérielle ou la rétention d’urines
bloc paravertébral par rapport à dans le groupe de patients traités par bloc paravertébral
l’analgésie péridurale en perfusion continue [12,15]. La seule réserve tient au fait
que les patients traités par analgésie péridurale ne rece-
Le bloc paravertébral thoracique est préférentiellement vaient que des anesthésiques locaux dans la majorité des
indiqué pour l’analgésie après une chirurgie ou un trau- cas et que l’on peut donc faire l’hypothèse que l’adjonction
matisme unilatéral du thorax. Cette technique a aussi d’un opiacé en péridural aurait pu améliorer la qua-
été proposée pour l’anesthésie de la paroi thoracique ou lité de l’analgésie et/ou diminuer le risque d’hypotension
Anesthésie péridurale ou bloc paravertébral : quel choix ? 227

artérielle. Le deuxième élément à noter est que, dans ces T4 avec mise en place d’un cathéter pour l’analgésie post-
méta-analyses, l’étude la plus en défaveur du bloc para- opératoire peut être recommandée. Une méta-analyse des
vertébral avait étudié la mise en place par le chirurgien études cliniques publiées montre que le bloc paravertébral
du bloc paravertébral, comme dans l’étude d’Helms et al. contrôle mieux la douleur que les analgésiques systémiques
[10,13]. Une injection continue de 0,1 mL/kg par heure de et diminue l’incidence des nausées et des vomissements
ropivacaïne 5 mg/mL (soit 5 à 10 mL/h) est habituellement postopératoires après ce type de chirurgie [25]. Comme le
utilisée pour assurer l’analgésie après thoracotomie sur une bloc paravertébral est une technique invasive qui comporte
période de deux à trois jours [16]. L’utilisation de fortes dans cette indication, un risque, bien que faible, de pneu-
concentrations d’anesthésique local apparaît être une des mothorax (< 1 %), il importe de peser les avantages et les
clés de l’efficacité [17]. Le groupe Prospect qui a conduit inconvénients de la technique pour en définir les indications.
une analyse quantitative exhaustive de la littérature consa- En pratique, bien que certaines équipes rapportent une utili-
crée à l’analgésie après chirurgie thoracique recommande sation extensive voire en ambulatoire, du bloc paravertébral
donc l’utilisation du bloc paravertébral comme technique [26], il paraît actuellement recommandé en première inten-
d’analgésie préférentielle [12,18]. tion de limiter l’indication de cette technique aux gestes
L’hémodynamique est un élément important dans la chirurgicaux les plus « lourds » soit en pratique les mastec-
prise en charge des patients opérés en chirurgie thora- tomies avec dissection axillaire avec ou sans reconstruction
cique même si les complications cardiovasculaires sont au mammaire d’emblée (en utilisant le grand dorsal ou le grand
deuxième plan après les complications respiratoires. Le fait droit). Dans le contexte de la chirurgie du sein, outre le
que l’analgésie péridurale augmente le risque d’hypotension contrôle de la douleur, le bloc paravertébral a plusieurs inté-
artérielle ne doit pas être sous-estimé. Tout d’abord, la sur- rêts : dans une étude, la mesure de la saturation tissulaire
venue d’une hypotension artérielle en périopératoire a été en oxygène était améliorée au niveau de la plastie chez les
clairement identifiée comme être un facteur de risque asso- patientes bénéficiant d’un bloc, du fait probablement de la
cié à une augmentation de la morbi-mortalité (POISE Trial) sympatholyse locale assurant une meilleure perfusion de ce
[19]. Deuxièmement, le remplissage périopératoire est un lambeau [27] ; dans une autre étude, il est démontré que
élément important qui influence les suites postopératoires. les patientes ayant bénéficié d’un bloc paravertébral ont
Plusieurs études ont montré une relation entre le volume développé avec moins de fréquence des douleurs chroniques
perfusé lors d’une lobectomie ou pneumonectomie et la après mastectomie [28] ; ce point est important quand on
survenue de complications respiratoires postopératoires connaît le risque de développer des syndromes douloureux
[20]. Finalement, l’optimisation hémodynamique périopé- chroniques après chirurgie du sein et peut s’expliquer par
ratoire, notamment du débit cardiaque, est un élément qui un meilleur contrôle de la douleur aiguë et par une dimi-
commence à avoir une place importante dans la prise en nution des phénomènes inflammatoires qui sont à l’origine
charge des patients opérés d’une chirurgie à risque [21]. de la neuroplasticité ; dans une troisième étude portant sur
Pintaric et al. ont récemment comparé les conséquences une cohorte de patientes dont on évaluait les facteurs de
d’une analgésie péridurale versus un bloc paravertébral sur risque de voir survenir des complications du cancer après
l’hémodynamique et l’analgésie après thoracotomie [22]. chirurgie, les patients opérés sous bloc paravertébral ont,
Dans les deux groupes, les patients recevaient des col- pour une chirurgie comparable et des stades du cancer
loïdes voire des catécholamines pour optimiser la délivrance comparables, présenté moins fréquemment des métastases
en oxygène. En peropératoire, les patients ayant reçu une à distance [29]. Ce résultat très surprenant mérite d’être
analgésie péridurale nécessitaient une administration plus confirmé dans une étude prospective.
importante de colloïdes (554 mL contre 194 mL) et de phé- Le bloc paravertébral ne se limite pas à l’étage thora-
nyléphrine (40 ␮g contre 17 ␮g) pour assurer un transport cique. Au niveau lombaire, il se matérialise sous la forme du
d’oxygène comparable. À noter que les auteurs ne notaient bloc lombaire par voie postérieure. Dans la situation de la
pas de différence sur la qualité de l’analgésie entre les prothèse de genou, la réalisation d’un bloc du nerf fémoral
deux techniques. Ces données pourraient ainsi expliquer par rapport à une analgésie péridurale est associée à moins
les résultats du registre anglo-saxon des pneumonectomies d’hypotension artérielle et de rétention d’urine avec une
(n = 312) [23]. Les auteurs ont observé que les patients ayant analgésie équivalente [30]. Dans ce contexte, l’approche
une analgésie péridurale et opérés d’une pneumonectomie du nerf fémoral est préférentiellement réalisée au niveau
avaient un risque plus important (multiplié par deux) de du pli inguinal. Le bloc paravertébral au niveau lombaire
développer des complications graves par rapport à ceux par rapport à l’analgésie péridurale a plus sa place lors de la
ayant une analgésie par bloc paravertébral. Cependant, cer- réalisation d’une chirurgie de la hanche. Les résultats obser-
taines techniques chirurgicales peuvent ne pas permettre la vés sont en accord avec les autres études et méta-analyses
réalisation du bloc paravertébral. La pleurectomie ou toute comparant les deux approches : analgésie équivalente avec
thoracoplastie qui réalise une exérèse de la plèvre pariétale moins d’effets secondaires [31,32].
enlève tout intérêt au bloc auquel il faut alors substituer une Les complications des blocs représentent aussi un des
analgésie péridurale. Il en est de même en cas de thoraco- éléments dans le choix d’une technique analgésique. Les
tomie bilatérale. contre-indications du bloc paravertébral sont celles de
Le bloc paravertébral a également été utilisé pour toutes techniques d’analgésie tronculaire périphérique :
d’autres types de chirurgie telle la chirurgie du sein où infection au point de ponction, anomalies de l’hémostase.
le risque de l’analgésie péridurale apparaît disproportionné Mis à part les incidents liés au traumatisme nerveux
par rapport à son éventuel bénéfice. Des injections fraction- et à l’injection intravasculaire inhérente à toute tech-
nées et étagées sont souvent réalisées de T1 à T7 (4 à 5 mL nique d’anesthésie locorégionale, une seule étude a évalué
par niveau) [24], mais en fait une seule injection en T3 ou prospectivement la faisabilité du bloc paravertébral sur
228 E. Marret et al.

367 patients [33]. L’incidence des ponctions vasculaires était [12] Joshi GP, Bonnet F, Shah R, Wilkinson RC, Camu F, Fischer
de 3,8 % et celle des ponctions pleurales de 1,1 %. Le risque B, et al. A systematic review of randomized trials evalua-
de ponction périmédullaire voire sous-arachnoïdienne existe ting regional techniques for postthoracotomy analgesia. Anesth
mais reste anecdotique. Il doit être prévenu par une ponc- Analg 2008;107:1026—40.
[13] Helms O, Mariano J, Hentz JG, Santelmo N, Falcoz PE,
tion parallèle au plan sagittal voire discrètement latéral.
Massard G, et al. Intra-operative paravertebral block for post-
La brèche pleurale ne pose aucun problème en cas de tho-
operative analgesia in thoracotomy patients: a randomized,
racotomie en raison du drainage thoracique. L’apophyse double-blind, placebo-controlled study. Eur J Cardiothorac
transverse reste probablement un bon repère à rechercher Surg 2011;40:902—6.
pour éviter ce type de complication ; la plèvre pariétale se [14] Matthews PJ, Govenden V. Comparison of continuous paraver-
situant en moyenne à 14 mm de celle-ci. La visualisation de tebral and extradural infusions of bupivacaine for pain relief
la réalisation du bloc par échographie est aussi une aide. after thoracotomy. Br J Anaesth 1989;62:204—5.
Ces différents événements indésirables sont à mettre en [15] Davies RG, Myles PS, Graham JM. A comparison of the analgesic
balance avec les complications rares de l’analgésie péridu- efficacy and side-effects of paravertebral vs epidural blockade
rale qui peuvent avoir un caractère dramatique quand elles for thoracotomy–a systematic review and meta-analysis of ran-
domized trials. Br J Anaesth 2006;96:418—26.
sont associées à la présence d’un déficit neurologique.
[16] Marret E, Bazelly B, Taylor G, Lembert N, Deleuze A, Mazoit JX,
et al. Paravertebral block with ropivacaine 0.5 % versus syste-
mic analgesia for pain relief after thoracotomy. Ann Thorac
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Le bloc paravertébral constitue une bonne alternative à techniques of paravertebral block for analgesia after thoraco-
l’analgésie péridurale chez les patients opérés d’une chi- tomy: a systematic review and metaregression. Br J Anaesth
rurgie unilatérale. Le recul de cette technique repose sur 2009;103:626—36.
de nombreuses publications qui dessinent une place du bloc [18] postoppain.org [page d’accueil sur Internet]. URL :
paravertébral pour les patients opérés d’une thoracotomie www.postoppain.org (accès le 4/2/2012).
ou d’une chirurgie du sein. [19] Devereaux PJ, Yang H, Yusuf S, Guyatt G, Leslie K, Villar
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