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Calculus of A Single Variable 11th Edition Larson Solutions Manual Full Chapter PDF
Calculus of A Single Variable 11th Edition Larson Solutions Manual Full Chapter PDF
En mer, 29 septembre.
En mer, 2 octobre.
Il est midi. Un fort courant marche avec nous. Ce n’est plus une
vitesse de dix nœuds qu’a la Junon, mais bien de quatorze nœuds
et plus. Les falaises à pic qui bordent les rives ont bientôt disparu, et
nous entrons dans un second bassin de forme elliptique, semé de
quelques bancs laissant entre eux un large et facile passage. La
physionomie du pays est à peu près la même, cependant moins
aride. Les falaises, toujours assez basses, sont couronnées de
plaines à peine ondulées ; quelquefois nous passons devant de
simples plages sablonneuses, dont la pente presque insensible
semble se continuer sous les eaux. Par tribord, c’est l’extrémité
méridionale des vastes pampas, qui s’étendent ainsi depuis le pays
des palmiers jusqu’à celui des glaces éternelles ! Mais où ai-je vu
quelques-uns de ces aspects ? En traversant les steppes de la
Hongrie, sur les bords du Danube, entre Pesth et Belgrade.
Un promontoire, qu’on nomme le cap Gregory, marque l’entrée
du second goulet, un peu plus large que le premier. Nous le
franchissons en une demi-heure ; la violence du courant est devenue
très grande, et le commandant fait mettre deux hommes de plus à la
barre du gouvernail. A la sortie du second goulet (il est trois heures
et demie), un passage difficile se présente. Le détroit en ce point a
bien dix milles de large, mais il est barré par un groupe d’îles,
entourées de récifs, auprès desquels les courants portent dans des
directions variées. Plusieurs routes existent pour passer entre ces
dangers ; nous choisissons celle qui est connue sous le nom de
chenal de la Reine, et qui longe de très près l’île de Sainte-
Élisabeth. En ce moment, nous nous dirigeons vers le sud, ayant à
notre droite le massif de la grande presqu’île de Brunswick, qui
s’enfonce comme un coin dans la Terre-de-Feu et donne à la forme
générale du détroit de Magellan celle d’un gigantesque V majuscule.
A quatre heures et demie, les îles, les récifs sont derrière nous ; il
ne reste plus que dix milles à faire pour atteindre le mouillage ;
l’ordre est donné de ralentir, le commandant descend de la
passerelle, et nous allons tous dîner avec un appétit qu’excuse
suffisamment notre station de toute la journée sur le pont, et notre
satisfaction d’avoir si heureusement commencé cette traversée
délicate.
Le soleil était déjà caché derrière de hautes collines boisées,
lorsque nous arrivâmes à Punta-Arenas, capitale de la Patagonie
chilienne… ou argentine, puisque le différend n’a pas encore été
tranché, mais plutôt chilienne, puisque le Chili en a pris possession,
qu’une corvette chilienne y tient station, qu’un médecin chilien a bien
voulu déclarer officiellement que nous n’avions aucune maladie
contagieuse, ce qui nous a permis de faire une visite au gouverneur
de la localité, qui aurait pu être Chilien aussi, mais qui préférait être
Anglais, ce qui est un point sur lequel je ne disputerai pas.
La Junon doit appareiller le lendemain à l’aube ; aussi, malgré la
nuit noire et le froid vif, tout le monde se précipite dans les canots
pour fouler la terre patagonienne. On espère vaguement voir
quelques-uns de ces sauvages géants décrits dans les récits des
premiers explorateurs et contestés par notre siècle prosaïque. On a
aussi quelque curiosité à l’égard du dernier établissement civilisé au
sud du monde. L’officier de la santé a promis son canot pour le
retour des retardataires. En route !
Nous abordons dans l’obscurité au pied d’un petit môle, sur
lequel nous grimpons en nous aidant d’un escalier dépourvu de la
plupart de ses marches. Arrivés sur la plate-forme, nous trébuchons
à travers les rails d’un chemin de fer, qui doit conduire, je pense, à
un dépôt de charbon. Décidément, le progrès ne laisse ici rien à
désirer, qu’un peu d’éclairage des voies publiques. Pendant que nos
marins s’en vont par groupes se… réchauffer dans une petite
maison basse où nombre de flacons scintillent sous les feux d’une
lampe à pétrole, nous nous avançons à travers « la capitale. » Nous
arpentons deux rues, peut-être bien les seules, absolument
désertes, bordées çà et là de maisons en bois, composées d’un
simple rez-de-chaussée. Voici une église, toute petite, plus que
modeste et en bois comme les autres constructions ; voici enfin la
maison du gouverneur, auquel nous sommes autorisés à présenter
nos hommages.