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LES
RÉVOLUTIONS
ALGÉRIENNES
Fayard
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Avant-propos
Tout au long des quinze mois que nous avons consacrés à l'éla-
boration de cet ouvrage, nous avons trouvé en Algérie un accueil
extrêmement chaleureux.
Nous remercions toutes les personnalités algériennes qui ont
bien voulu nous recevoir et nous aider dans nos recherches.
Enparticulier, nous avons été très sensibles à la confiance que
nous a témoignée M. Houari Boumediène, président du Conseil
de la Révolution.
Enfin, nousdevonsdire toute notre reconnaissance au Dr Ahmed
Taleb-Ibrahimi, ministre de l'Information et de la Culture, qui
nous a assistés de ses précieux conseils.
Nous ne prétendons nullement être les interprètes de nos amis
algériens. Nous voulons simplement apporter un témoignage sur
ce qu'ils sont, sur ce qu'ils réalisent et sur ce qu'ils entreprennent.
Nous espérons que ce livre contribuera à mieuxfaire connaître
les révolutions algériennes.
Nous terminerons cet avant-propos en exprimant notre affec-
tueuse reconnaissance à MmeMonheim-Bensmaïne qui a collaboré
auprésent ouvrage dupremier au dernierjour, de lapremière à la
dernièrepage.
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1.
Le pouvoir révolutionnaire
LE REDRESSEMENTDU 19 JUIN
Lemouvement du 19juin entend mettre fin au déviationnisme
de Ben Bella, en rétablissant la continuité avec les grands
1. Enréalité, les critiques formulées à l'égard dugouvernement deBen
Bella portaient sur les déviations inconsidérées queson action personnelle
avait engendrées. Elles ne visaient pas les réformes de structure, mises
en place au lendemain de l'indépendance.
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LE CONSEILDELARÉVOLUTION
ETLEPOUVOIR CONSTITUANT
Le 19juin 1965, le Conseil dela Révolution annonce sa propre
création. Laproclamation, signéeensonnompar Houari Boume-
diène, dit en substance : «UnConseildela Révolution a été créé.
Il a pris toutes les dispositions pour assurer, dans l'ordre et la
sécurité, le fonctionnement des institutions en place et la bonne
marche des affaires publiques. Par ailleurs, il s'attachera à réunir
les conditions pour l'institution d'un État démocratique sérieux,
régi par des lois et basé sur une morale, un État qui saura sur-
vivre aux gouvernements et aux hommes. »
Le 10juillet, le Conseildela Révolution publie une ordonnance
affirmant que, en attendant l'adoption d'une Constitution, il
est le dépositaire de l'autorité souveraine.
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du12.6Kaï
madi A
19h7m
0.ed, dans la tribune libre de l'hebdomadaire Jeune Afrique
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LE PARTI, LÉ
' TAT, LEGOUVERNEMENT
Durant la guerre d'indépendance, le F.L.N. s'est identifié
au peuple algérien.
A cette époque, par conséquent, il est infiniment plus qu'un
parti politique, il est le symbole et l'expression concrète du
combat. Il est donc, très exactement, ce que M. Bedjaoui a
appelé «un parti-nation » par lequel l'Algérien «membre d'une
nation est devenu simplement synonyme de Frontiste membre
d'un parti ».
Aucun problème de légalité ne se posait : seule comptait la
légitimité, et celle du F.L.N. était incontestable puisqu'elle se
confondait avec la légitimité de la révolution.
L'autorité n'était pas mise en cause : les chefs de l'insurrec-
tion disposaient naturellement de tous les pouvoirs.
La situation du F. L. N. était donc relativement simple. Il y
avait identité entre le parti et le peuple algérien en lutte; le loya-
lisme vis-à-vis de la révolution ne pouvait s'exprimer qu'à
travers le loyalisme vis-à-vis du F.L.N.; au sein de celui-ci, il
ne pouvait y avoir de cassure entre les civils et les militaires :
en principe, tout le monde se battait. Enfin, les chefs de l'armée
étaient les dépositaires de tous les pouvoirs en tant que repré-
sentants de la nation.
Pourtant, l'unité va s'effriter lorsque la lutte armée atteint
son but : l'indépendance.
M. Kaïd Ahmed a rappelé en 1968 2ce que fut la crise inter-
venue en été 1962 :
« Certains politiciens, qu'il s'agisse de ceux sortis des prisons
ou de ceux revenus de l'exil, devaient se livrer une âpre lutte
en vue de se placer à l'avant-scène du pouvoir.
« Mais il y avait un obstacle majeur à éliminer, en l'occur-
rence l'avant-garde homogène que constituait l'A.L.N.
« Dès lors, un grave dilemme se posait aux chefs de l'Armée
Il est évident que les deux tâches seront assumées par des
hommes différents, au fur et à mesure que le temps passe, mais
le parti doit précisément assurer la continuité, la filiation entre
les premiers et les seconds.
Le parti, dit encore le président Boumediène, a eu pour mission
première d'animer la lutte contre la domination coloniale;
désormais, il doit « poursuivre la construction du socialisme
en luttant contre le sous-développement, en assurant l'élévation
du niveau de vie des masses, l'accroissement du bien-être et la
justice sociale ».
Il ajoute : « Le parti doit enfin veiller à l'application d'une
stricte austérité, en premier lieu, dans son propre train de vie;
il ne peut se permettre de vivre au-dessus des moyens de la
nation 1 »
En effet, le F.L.N. avait perdu son auréole révolutionnaire
et était devenu impopulaire. « Le parti, explique le président,
a été discrédité par un esprit policier, générateur de méfiance,
de crainte et de suspicion; il a été alourdi par une bureaucratie
pléthorique et paralysante. »
Ce parti, transformé en administration parallèle quand ce
n'était pas en police parallèle, le mouvement du 19 juin enten-
dait le réhabiliter.
S'adressant, le 4 décembre 1965, à ses cadres, le président
déclare : « Le parti est la base de tout, la source de tout pou-
voir. »
Tel est le schéma idéal, bien entendu. Car, dans la pratique
des choses, le président Boumediène et les responsables suc-
cessifs du parti, MM. Cherif Belkacem et Kaïd Ahmed, n'ont
jamais caché que la réorganisation du F.L.N. s'avérait être une
opération extrêmement délicate.
Pour quelle raison? A cause de la relative désaffection des
cadres à son égard. Le président l'a dit explicitement le 31 oc-
tobre 1969 : « L'engagement révolutionnaire des cadres n'est
pas aussi parfait que nous l'aurions souhaité. En d'autres
termes, si l'adhésion a été unanime et totale à l'objectif de la
1. Allusion aux excès dont le F.L.N. s'était rendu coupable sous Ben
Bella : entretien decentraux...
seuls organismes plus de 8000fonctionnaires et de400véhicules pour les
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1. Houari
chrétien, datéBoumedi ène dans
du 17 février une interview à l'hebdomadaire Témoignage
1966.
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1. Les textes officiels ont paru dans la Revue algérienne des sciences
juridiques, économiquesetpolitiques,vol.V,n°3,septembre1968,Documents,
pp. 803 à 836, Alger, 1968.
2. Réunion des cadres de l'A.N.P. du 28décembre 1967. Compterendu
de El Moudjahiddu 29 décembre 1967.
3. Sous le pseudonyme de commandant Slimane, M. Kaïd Ahmedavait
joué un rôle important dans l'état-major de l'A.L.N.; en sa qualité de
ministre desFinances, il fut ensuite l'un desprincipaux artisans duredresse-
ment financier opéré depuis le 19juin 1965.
4. In Revue algérienne, déjà citée.
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Les auteurs
Arthur Doucy : D.E.S. de la faculté de droit de Paris, docteur de l'université de Paris,
professeur d'économie sociale à l'université de Bruxelles, directeur de l'Institut de
Sociologie.
Francis Monheim : journaliste dès l'âge de dix-huit ans. Grands,reportages en Afrique
centrale, en Amérique latine, aux États-Unis, etc., pour de nombreux quotidiens,
magazines et programmes de télévision belges et étrangers.
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