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Chapitre 5

Pourquoi la France veut-elle


construire un empire colonial ?

I nstallés autour d’une table, les trois voyageurs prennent une pause. Madame Réglisse sort de
sa poche une carte du monde et la pose au centre de la table.
– Maîtresse, après être apparus dans une montgolfière et avoir traversé les révolutions, je
pense que tu vas difficilement encore pouvoir nous impressionner ! rigole Pablo.
– Je suis contente de voir que nos aventures te plaisent, Pablo ! Mais regarde un peu. Que voyez-
vous sur cette carte ?
– Je reconnais la France ! Mais quels sont ces pays qui sont dans la même couleur ? interroge Émilie.
– Ici, dans la légende, ils parlent de « colonies françaises »… Et de Jules Ferry ! Maîtresse, tu
nous expliques ? s’excite Pablo, le regard curieux.
– C’est notre prochaine étape ! explique la maîtresse en activant le couloir temporel.
Prenant la main de chaque enfant, Madame Réglisse traverse le portail. Le temps flotte, Pablo,
Émilie et la maîtresse réapparaissent quelques instants après à l’air libre.
– Attention les enfants ! Ne reculez pas plus ! Il y a un étang derrière vous ! s’écrie-t-elle.
– J’ai bien failli perdre l’équilibre, maîtresse ! rit Émilie.
– Admirez l’endroit où nous venons d’atterrir !
– Waouh ! Énorme ! s’émerveille Pablo.
– Maîtresse, je n’avais jamais vu de monuments pareils !
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Chapitre 5
Pourquoi la France veut-elle construire un empire colonial ?

– Nous sommes devant le temple d’Angkor Vat au Cambodge. Admirez ces tours, ces colonnes ! Ima-
ginez ! Ce temple a été construit par un roi qui s’appelait Suryavarman II en 1113 et fait partie d’un site
archéologique d’environ quatre-cents kilomètres carrés. Nous allons pouvoir observer de nombreux
temples, mais aussi des canaux, des bassins, des routes, et même certains villages encore habités !
– Eh bien maîtresse, on dirait que tu l’aimes beaucoup ce temple ! se moque Pablo.
– Les temples asiatiques m’ont toujours impressionnée, ils sont si différents des nôtres, vous ne
trouvez pas ? Mais ce temple n’est pas la seule raison pour laquelle je vous ai emmenés ici les
enfants : saviez-vous que le Cambodge a été français pendant une période ?
– Mais le Cambodge, c’est loin, non ? demande Émilie, sceptique. En tout cas, je suis certaine
que ce n’est pas en Europe !
– C’est très loin oui ! Le Cambodge se trouve au sud-est de l’Asie, entre la Thaïlande et le Vietnam.
Au XIXe siècle, ces territoires intéressaient fortement la France et d’autres pays car ils pouvaient
y trouver beaucoup de matières premières, comme le riz bien sûr, ou encore l’hévéa, et de nom-
breux minerais comme le zinc ou l’étain, qui sont, pour simplifier, deux types de métaux.
– Je n’avais jamais entendu parler de l’hévéa, est-ce que c’est aussi un type de métal qu’on
trouve dans les mines par ici ? questionne Pablo.
– Pas du tout ! L’hévéa est une plante, plus précisément l’arbre duquel est extrait le caoutchouc.
– Le caoutchouc vient d’un… arbre ? répète Émilie qui n’en croit pas ses oreilles.
– Eh oui ! Regardez ! Vous voyez ces petits récipients noirs fixés aux arbres
là-bas ? C’est ainsi que les habitants récoltent le caoutchouc. En réalité, c’est
du latex qui sera plus tard transformé en caoutchouc. Toutes les deux
nuits, ils font une encoche dans l’arbre et le récoltent le jour. Une fois
qu’ils en ont récupéré une quantité suffisante, ils le sèchent, l’aplatissent
puis peuvent fabriquer des protections de pièces de voiture, des pneus,
des objets chirurgicaux et même des chewing-gums !
– Ça alors, je n’en avais aucune idée ! Évidemment que ça doit intéresser
les autres pays ! Mais les habitants ne devaient pas approuver complète-
ment que les Français viennent exploiter leurs terres… Comment ont-ils fait
pour se mettre d’accord ? réfléchit Pablo.
– Comme dans tous les épisodes de colonisation, certains y gagnent plus que d’autres... Les
Français avaient plusieurs objectifs en venant coloniser cette région : les matières premières, le
pouvoir politique que cela leur donnait par rapport aux autres puissances européennes et puis
leur désir d’évangéliser les populations. En échange, ils ont modernisé les voies de communication,
construit des écoles et même des hôpitaux. Mais nous parlons bien de conquêtes : des guerres
ont eu lieu ici pour que les Français aient accès aux richesses de la région, et tous les Français
n’étaient pas d’accord avec cela.
– Est-ce que les Français sont allés dans d’autres pays que le Cambodge ? questionne Émilie.
– Oui ! À l’époque il y avait dans cette région quatre pays : les Français sont d’abord entrés en
Cochinchine, qui se trouve plus au sud, le long de la mer. Ensuite ils sont passés par le Cambodge
puis sont montés vers l’Annam, le Laos et le Tonkin. Aujourd’hui, l’Annam et le Tonkin sont inclus
dans le Vietnam. Et puis la France était aussi très présente en Afrique, mais nous y reviendrons.
– Je crois qu’il va me falloir ma propre carte pour bien visualiser tous ces pays… dit Pablo pensif.
– C’est prévu, ne t’inquiète pas ! D’ailleurs les Français ont donné un nom à tous ces pays asiatiques
une fois qu’ils les avaient conquis : l’Indochine. Mais regardez, un groupe de moines s’approche de
nous ! Nous pourrions profiter d’être ici pour aller visiter le temple, qu’en pensez-vous ?
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