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Prescription Des Activités Physiques, 2e Édition
Prescription Des Activités Physiques, 2e Édition
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Collection Sport
Frédéric Depiesse
Olivier Coste
2e édition
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représente pour l’avenir de l’écrit, tout particulièrement dans le
domaine universitaire, le développement massif du « photo-copil-
lage ». Cette pratique qui s’est généralisée, notamment dans les
établissements d’enseignement, provoque une baisse brutale des
achats de livres, au point que la possibilité même pour les auteurs
de créer des œuvres nouvelles et de les faire éditer correctement
est aujourd’hui menacée.
Nous rappelons donc que la reproduction et la vente sans autorisa-
tion, ainsi que le recel, sont passibles de poursuites. Les demandes
d’autorisation de photocopier doivent être adressées à l’éditeur
ou au Centre français d’exploitation du droit de copie : 20, rue des
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Liste des collaborateurs
Cayrac Claude, éducateur sportif, enseignant – formateur, service formation
CREPS de Toulouse – Midi-Pyrénées.
Coste Olivier, médecin du sport et médecin conseiller, conseiller du direc-
teur régional et départemental de la jeunesse et des sports – direction
régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale Languedoc-
Roussillon.
Déjean Alain, professeur de sport, conseiller technique sportif, Ligue Midi-
Pyrénées de sport adapté – direction régionale de la jeunesse, des sports et
de la cohésion sociale Midi-Pyrénées/Haute-Garonne.
Depiesse Frédéric, médecin du sport et de médecine physique et réadapta-
tion, praticien hospitalier, chef du service de SSR Appareil locomoteur,
centre hospitalier d’Auch, et membre du service d’exploration de la
fonction respiratoire et de médecine du sport, pôle voies respiratoires –
hôpital Larrey CHU Toulouse. Président de la commission médicale de
la Fédération française d’athlétisme (FFA) et membre des commissions
médicales du CNOSF et de la Fédération d’athlétisme européenne (AEA).
Ferriere Marc, médecin cardiologue, praticien hospitalier honoraire, CHU
Montpellier.
Grillon Jean-Luc, médecin du sport et médecin conseiller, conseiller du
directeur régional et départemental de la jeunesse et des sports – direction
régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale Champagne-
Ardennes.
Maïmoun Laurent, maître de conférences des universités, praticien hospita-
lier, département de biophysique, service de médecine nucléaire, hôpital
Lapeyronie, CHRU Montpellier, laboratoire de physiologie et médecine
expérimentale du cœur et des muscles. INSERM U1046, CNRS UMR9214,
université de Montpellier.
Pecourneau Virginie, médecin du sport, rhumatologie, assistant des hôpi-
taux, service d’exploration de la fonction respiratoire et de médecine du
sport, pôle voies respiratoires – hôpital Larrey CHU Toulouse.
Pillard Fabien, maître de conférences des universités, praticien hospitalier,
service d’exploration de la fonction respiratoire et de médecine du sport,
pôle voies respiratoires – hôpital Larrey CHU Toulouse.
Pruvost Jacques, médecin du sport et ancien médecin conseiller à la direc-
tion régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale Provence-
Alpes-Côte d’Azur – Marseille.
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VI
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Préface à la deuxième
édition
C’était déjà un honneur et un plaisir de rédiger la préface de la première
édition de Prescription des activités physiques en prévention et en thérapeutique
dont le succès ne s’est jamais démenti et qui a été cité non seulement dans
de très nombreux rapports officiels mais aussi dans la bibliographie de
revues scientifiques de haut niveau.
Cela l’est à nouveau aujourd’hui non seulement pour la qualité de l’ouvrage
qui est mis à notre disposition, mais aussi parce que l’actualité a enfin écouté
les auteurs, en particulier le docteur Frédéric Depiesse qui est le principal
coordonnateur de cet ouvrage, ainsi que tous ceux qui « militent » depuis
des années pour la prescription médicale des activités physiques et sportives.
En effet, un amendement de la loi de santé en cours d’adoption est, sept ans
après le rapport de la Haute Autorité de santé sur la prescription des thérapeu-
tiques non médicamenteuses, consacré à cette prescription dans les affections
de longue durée. De précurseurs, les auteurs deviennent « accompagnateurs »
et tous ceux qui, au titre de formateurs ou à titre individuel, se lanceront dans
cette voie d’avenir, trouveront ici absolument tout ce dont ils ont besoin.
Déjà très complet dans sa première édition, l’ouvrage a été non seule-
ment réellement actualisé à la lumière des publications les plus récentes
mais aussi enrichi de nouveaux chapitres qui faisaient encore débat lors de
la première publication, dont un sur les maladies neurologiques et un sur les
maladies rhumatologiques, deux nouveaux champs d’intervention qui font
que plus aucun domaine de la médecine ne peut se dire non concerné par
le sujet. Quelle évolution ! Certaines de ces affections ont été longtemps des
contre-indications absolues ! C’est souligner encore le mérite des auteurs
et du coordonnateur d’avoir su trouver des spécialistes pour tous ces cha-
pitres, tout en « mouillant eux-mêmes le maillot » en dignes représentants
qu’ils sont de la médecine du sport, devenue une médecine des activités
physiques et sportives.
Merci et encore bravo aux auteurs de permettre à tous les lecteurs de cette
nouvelle édition de contribuer à modifier le comportement de nos contem-
porains et de continuer à prouver à nos autorités que l’activité physique
prescrite aux individus transformera l’ensemble de notre société sédentaire
en une population active et actrice de sa santé, générera des économies de
santé et surtout retardera la dépendance en ajoutant de la vie aux années,
tout en ajoutant des années à la vie.
Très bonne lecture à tous !
Professeur Daniel Rivière
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Avant-propos
Pourquoi un livre sur la prescription médicale des activités physiques ?
En premier lieu afin d’essayer de vous prouver que même si les études de
médecine ne consacrent que très peu d’heures à l’activité physique (AP),
l’homme en mouvement est une réalité avec une physiologie propre qui
mérite que l’on s’y intéresse ! Cette physiologie de l’exercice diffère de
celle de l’homme au repos et présente des effets bénéfiques sur un grand
nombre de métabolismes (glucidique, lipidique, protidique, hormonaux),
de tissus (neuronal, musculaire, osseux…) mais aussi pour des maladies, en
particulier, les maladies chroniques. Ses effets délétères sont aussi connus
et sont décrits dans ce livre, même si c’est surtout le sport intensif, plus
que l’AP modérée qui en est responsable. Il y a donc bien comme pour
un médicament, des indications, des bénéfices, des contre-indications, des
effets secondaires et une posologie à la pratique des AP. Rien que des préa-
lables préventifs et thérapeutiques facilement accessibles, peu coûteux et
rentables en termes de bénéfices/risques que devrait connaître tout médecin
et tout gestionnaire de fonds de santé (agence régionale de santé, sécurité
sociale, mutuelles, assurances complémentaires…). Les AP décrites dans ce
livre incluent à la fois la pratique de bouger au quotidien (AP domestiques,
de transport…) mais aussi le sport compétitif et les APS ou sports de loisirs,
encadrés ou non. Le sport compétitif sera peu recommandé bien que non
exclu de cet ouvrage.
Dans ce livre écrit par une équipe de spécialistes des AP et de la médecine
des AP – médecins généralistes formés en santé publique et à la médecine du
sport, médecins physiologistes de l’exercice universitaires et/ou hospitaliers,
médecin cardiologue, médecin de médecine physique et de réadaptation,
éducateurs médico-sportifs, cadre technique sportif d’état et enseignants
dans les formations d’éducateurs sportifs –, notre objectif est de résumer
les connaissances nécessaires aux médecins afin de savoir conseiller les AP
en prévention primaire et de prescrire en pratique médicale courante les
activités physiques aux patients porteurs de pathologie chronique. Cette
prescription est de l’ordre de la prévention tertiaire qui vise à prévenir les
rechutes ou les complications, mais aussi de la prévention secondaire. On
parle aujourd’hui de l’intérêt des AP dans le domaine du soin et parfois
on sait qu’elles ont des effets équivalents à des « médicaments ». Il s’agit
bien d’une démarche de réadaptation médicale, psychologique et sociale
par les AP. Malheureusement, malgré les preuves existantes sur leur intérêt,
ces sujets de santé publique et de thérapeutique sont trop rarement abordés
dans notre société. Cette prescription non médicamenteuse est peu coûteuse
à la société ; elle nécessite de bien appréhender les indications de pratique,
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les contre-indications relatives et définitives ainsi que les risques des diffé-
rents types d’exercices physiques utiles aux sujets sédentaires n’ayant pas
encore développé de pathologies et aux patients atteints de pathologies
chroniques selon leur état de santé initial, leur âge, leur sexe, mais aussi leur
situation socioprofessionnelle, leur environnement d’habitat et leur moti-
vation à la pratique. Les masseurs kinésithérapeutes, les éducateurs sportifs,
les spécialistes STAPS des activités physiques adaptées désirant s’occuper de
porteurs de pathologies chroniques trouveront ici matière à réfléchir à leurs
pratiques. Tous les spécialistes d’éducation pour la santé, les diététiciens y
puiseront des conseils utiles pour leur public. Les expériences des réseaux
« sport-santé » ou à thème (diabète,...) et de futurs réseaux de santé s’inté-
ressant à l’AP permettront de montrer comment les AP sont réellement une
thérapeutique et qu’elles font partie intégrante du dispositif de l’éducation
thérapeutique et plus largement de la promotion de la santé. Nous insis-
terons sur l’accompagnement du sujet et sa motivation en proposant des
pistes d’actions. Nous conclurons sur la nécessité de développer un nou-
veau métier d’éducateur « médico-sportif » et une nouvelle collaboration
interprofessionnelle entre les médecins prescripteurs d’une ordonnance
d’AP et les « techniciens » des AP qui la mettent en musique au sein de leurs
cours d’AP.
Dans notre schéma général de prescription, le médecin prescripteur
délègue au technicien des AP le choix des méthodes et exercices d’AP, après
avoir réalisé un bilan de santé et autorisé la réalisation des tests nécessaires
à l’adaptation des contraintes de l’effort, puis avoir rédigé le certificat final
autorisant les activités choisies par le patient et conseillant, en fixant des
limites, les AP adaptées pour le patient. C’est le principe de la complé-
mentarité des tâches puisqu’il s’agit d’une prescription à mettre en œuvre
(comme pour le kinésithérapeute qui choisit sa méthode de rééducation),
même si elle n’est pas aujourd’hui codifiée dans les actes médicaux. Il faut
toujours garder à l’esprit que l’objectif final de nos actions est l’autonomie
du patient dans sa pratique d’AP et la modification de ses comportements
afin d’introduire dans son mode de vie l’AP régulière, modérée tout au long
de sa vie pour son entier bénéfice.
Voyons donc pourquoi la santé des sédentaires mérite que l’on développe
et que l’on fasse connaître la médecine de l’homme en mouvement. Vous
trouverez à la fin de chaque chapitre des encadrés avec les points clés et un
exemple d’ordonnance d’AP pour les patients.
Souhaitons que les discussions parlementaires en cours en cette année
2015 ouvrent la voie à la généralisation de la prescription des AP.
F. Depiesse, O. Coste
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Abréviations
Acc. VC accident de la vie courante
ACSM American College of sport medicine (Collège américain de médecine
du sport)
ACOG American College of Obstetricians and Gynecologists (Collège amé-
ricain des obstétriciens et gynécologues)
AES accident exposant au sang
AFLD Agence française de lutte contre le dopage
AGNE acides gras non estérifiés
AHA American Heart Association
AJD Association des jeunes diabétiques
ALD affection longue durée
AP activités physiques
APS activités physiques et sportives
APSA activités physiques et sportives adaptées
AT arrêt de travail
ATS American Thoracic Society
AUT autorisation d’usage à des fins thérapeutiques
BPCO bronchopneumopathie chronique obstructive
CIO Comité international olympique
CNCI certificat de non-contre-indication à la pratique du sport
CRAPA circuit rustique d’activités physiques aménagé
CREDES Centre de recherche, d’études et de documentation en écono-
mie de la santé (devenu IRDES)
CREPS centre régional d’éducation populaire et sportive
CV capacité vitale
DC débit cardiaque
DE dépense énergétique
DEP débit expiratoire de pointe
DMO densité minérale osseuse
DRDJS direction régionale et départementale de la jeunesse, des sports
et de la vie associative (Service de l’État)
DREES direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des sta-
tistiques du ministère chargé de la Santé
EAL bilan sanguin d’exploration des anomalies lipidiques
ECG électrocardiogramme
EDSS Expanded Disability Status Scale
efFORMip La santé par l’effort et la forme en Midi-Pyrénées – « Dispositif et
réseau Sport-Santé »
EFR exploration fonctionnelle respiratoire
EPGV éducation physique et gymnastique volontaire (fédération sportive)
EPMM entraînement physique dans le monde moderne (fédération
sportive)
EPS éducation physique et sportive
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XXIII
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1 Santé et activités
physiques – Définitions
Frédéric Depiesse
Le Sport de compétition
Une partie du champ des AP et du sport est reliée à la compétition. Dans
ce cadre compétitif, nous retenons la définition de Pierre Arnaud du mot
« Sport »1 – que nous écrivons pour bien l’identifier avec une majuscule.
Elle est citée par Gérard Auneau, en 1995, dans son mémento transversal de
politique préventive de la Fédération française d’éducation physique et
de gymnastique volontaire (FFEPGV) : « Au sens strict, le Sport est une activité
physique réglementée et codifiée par une instance légiférante (une fédération
agréée par le ministère chargé des Sports) qui se déroule dans un temps et
un espace en vue d’une compétition visant l’accomplissement d’une perfor-
mance ». Dans cet ouvrage, nous parlerons peu des sportifs de compétition et
des sportifs intensifs, mis à part chez l’enfant.
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Santé et activités physiques – Définitions 5
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6 Développement et mise en place des activités physiques pour la santé
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Santé et activités physiques – Définitions 7
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8 Développement et mise en place des activités physiques pour la santé
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Santé et activités physiques – Définitions 9
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10 Développement et mise en place des activités physiques pour la santé
Point clé
Notre objectif est de permettre aux porteurs de pathologies chroniques
d’obtenir un niveau d’aptitude physique leur autorisant les AP de base
(vie courante, professionnelle, domestique) mais aussi progressivement les
APS et pourquoi pas un jour le Sport (compétitif).
Références
[1] Recommandations de la Conférence de consensus de Nancy sur les activités
physiques et sportives à visée préventives. In : Laure P. Activités physiques et
santé. Ellipses ; 2007, p. 285-92. Publication Internet des textes des recomman-
dations : www.lorraine.drjscs.gouv.fr.
[2] Gautier D. Actualité et dossier en santé publique. Haut Comité de la santé
publique 1996 ; no 14 : II-III.
[3] Parlebas P. Comment combiner favorablement santé, sport et activité physique ?
La santé de l’homme 2007;387:34-6.
[4] Oppert JM, Simon C, Riviere D, Guezennec C.Y. Activité physique et santé –
Arguments scientifiques, pistes pratiques. Éd. ministère de la Santé et de la
Solidarité-PNNS, Société française de nutrition, Société française de médecine
du sport ; 2006.
[5] Rieu M. Santé, sédentarité et activité physique. Santé publique 1990;4:26-35.
[6] Dietz WH. The role of lifestyle in health: the epidemiology and consequences of
inactivity. Proc Nutr Soc 1996;55(3):829-40.
[7] Poulain JP. Les vrais repas des Français, Manger bien pour vivre mieux. 60 Millions
de Consommateurs Nov-Déc 2001;103:87-94. (hors série).
[8] Étude Active Australia 1997. National physical activity survey. Canberra: Australian
Sports Commission; 1998. Publication Internet: www.ausport.gov.au.
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Santé et activités physiques – Définitions 11
[9] Pate RR, Pratt M, Blair SN, et al. Physical activity and public health: a recommen-
dation from the Centers for disease control and prevention and the American
College of sports medicine. JAMA 1995;273(5):402-7.
[10] Pate RR. Physical activity and health: dose-response issue Research Quaterly for
Exercice and Sport 1995;66(4):313-7.
[11] Anderssen SA, Stromme SB. Physical activity and health recommendations.
Tidsskr Nor Laegeforen 2001;121(7):2037-41.
[12] Winett RA. Physical activity and public health. JAMA 1995 Aug 16;274(7):534-5.
[13] Williams PT. Physical activity and public health. JAMA 1995 Aug 16;274(7):533-4.
discussion: 535.
[14] Pugh CB, Waller AE, Marshall SW. Physical activity and public health. JAMA
1995;274(7):533. discussion: 535.
[15] Physical Activity and Cardiovascular Health. NIH Consens Statement Online
1995 December. 13(3):1-33.
[16] US Department of health and human services. Physical activity and Health: a
report of the Surgeon General. Atlanta: US Department of Health and Human
Services, Public Health Service, CDC, Int Med Publishing; 1996.
[17] INSERM. Activité physique. Contextes et effets sur la santé. Éd. INSERM, collection
« Expertise collective » ; mars 2008, 832 p.
[18] Haskell WL, Lee IM, Pate RR, Powell KE, Blair SN, Franklin BA, et al. Physi-
cal activity and public health: updated recommendation for adults from the
American College of sports medicine and the American Heart Association. Med
Sci Sports Exerc 2007;39(8):1423-34.
[19] Pescatello LS, Arena R, Riebe D, Thompson PD, editors. American College of
Sports Medicine. ACSM’s guidelines for exercise testing and prescription. 9th ed.
Philadelphia, PA: Wolters Kluwer/Lippincott Williams & Wilkins; 2014, 456 p.
[20] PNNS 4, en cours de rédaction, publication prévue fin 2015-2016.
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2 Situation sanitaire
en France et contexte
des activités physiques
pour la santé
Frédéric Depiesse
variable selon les types d’Acc. VC, a été observée surtout chez les moins de
15 ans (−5,7 % par an). On dénombre 254 décès par accident évitable chez
les moins de 15 ans en 2008. En 2010, on recense 20 000 décès par an et une
prévalence de 7,6 % dans la population. Les trois quarts des 20 000 décès
annuels par Acc. VC touchent des personnes âgées. Chez les jeunes, dans
l’étude du Centre de recherche, d’études et de documentation en économie
de la santé (Credes1) Santé, soins et protection sociale en 2000, la proportion
des accidents de sport augmente ; les hommes y sont plus exposés et le
recours aux urgences y est plus fréquent que pour les autres types d’Acc.
VC [4]. En 2010, la revue du Ministère des Sports et de l’INSEP, Stat-Info,
y a consacré un dossier. Neuf pour cent des personnes âgées de 15 ans et
plus ont déclaré avoir été victimes d’un accident pendant la pratique d’une
activité physique ou sportive au cours des 12 derniers mois qui ont précédé
l’enquête. Environ trois quarts (74 %) de ces personnes ont signalé avoir eu
recours à un médecin, un cinquième a dû être hospitalisé et plus d’un quart
d’entre elles a arrêté temporairement son activité [5]. En termes de morbi-
dité depuis 20 ans, le surpoids concerne de plus en plus de jeunes ; en 2000,
selon les régions de France, entre 10 et 19 % des enfants sont en surpoids
et environ 4 % sont obèses [6]. Une enquête d’opinion réalisée en 2014
pour le compte de la Mutuelle générale de l’Éducation nationale (MGEN),
s’est efforcée de cerner les habitudes de vie des Français et leurs liens avec
l’obésité. Il en ressort que 76 % des Français se considèrent en bonne santé,
alors que 30 % sont en surpoids et 16 % obèses. Le pourcentage d’obèses est
plus élevé chez les inactifs (20 %) et chez les 50-64 ans (21 %), les jeunes
étant en revanche plus épargnés (seulement 9 % d’obèses). En fait, pour
les jeunes français, les résultats de l’International Association for the Study of
Obesity de 2013, repris sur le site de l’OCDE2, mentionnent 15 % de prévalence
(obésité ou surpoids), soit 6 % de moins que la moyenne des autres jeunes
en Europe mais avec une progression rapide chez les jeunes garçons français.
Un grand nombre de campagnes de prévention impliquant une éducation
nutritionnelle et une pratique d’activités physiques (AP) ont eu lieu depuis
10 ans (p. ex., PNNS 1, 2, 3, 4). Ainsi, l’étude ICAPS3 en milieu scolaire
sur un suivi de quatre ans depuis 2002 a montré des résultats intéressants,
en termes de prévention de la prise de poids, sur la moindre évolution de
l’index de masse corporelle (IMC) chez les adolescents du groupe actif qui
n’était pas en surpoids initialement, sur leur pratique d’AP, sur la diminution
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14 Développement et mise en place des activités physiques pour la santé
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Situation sanitaire en France et contexte des activités physiques pour la santé 15
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16 Développement et mise en place des activités physiques pour la santé
Connaissance du milieu
Histoire du sport moderne sous l’éclairage
de la pratique santé
C’est dans la seconde moitié du xixe siècle que les activités physiques et
sportives apparaissent et se diffusent, comme les unions de gymnastique,
de vélocipédie ou athlétique. Le contexte de la IIIe République en France,
l’expression de la montée des nationalismes en Europe, la « régénération de
la race » en Suède par l’hygiène (gymnastique suédoise), la nouvelle éduca-
tion globale en Angleterre sont autant d’éléments pour comprendre l’essor
du « sport ». La culture physique née sur des bases militaires touche entre
1850 et 1914 l’ensemble de la société : création de l’école militaire
du bataillon de Joinville en 1852, matière d’enseignement facultative dans
les lycées dès 1854, sociétés de gymnastique, institutions conscriptives
comme les bataillons scolaires, de jeux traditionnels ou locaux, d’associa-
tions de régate, d’escrime, de natation… Toutefois, le sport ne prend son
aspect moderne que vers 1920 sous l’impulsion en particulier de penseurs
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Situation sanitaire en France et contexte des activités physiques pour la santé 17
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18 Développement et mise en place des activités physiques pour la santé
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Situation sanitaire en France et contexte des activités physiques pour la santé 19
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20 Développement et mise en place des activités physiques pour la santé
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Situation sanitaire en France et contexte des activités physiques pour la santé 21
que les femmes (46,9 % vs 38 %). Cette fréquence est bien plus élevée chez
les hommes mais aussi chez les jeunes et diminue fortement au-delà de la
cinquantaine. Selon d’autres sources avec une définition très large de fré-
quence de la pratique, dans la tranche d’âge 15-75 ans (au moins une pra-
tique d’APS par semaine), on obtient : 65 % des hommes et 55 % des femmes.
En 2010, seulement 8 % des pratiquants sont licenciés en club [14, 15]. Les
hommes pratiquaient en 1999 également plus fréquemment du sport de
façon intensive (plus de 8 heures) : 13,2 % vs 6,4 %, idem en 2010 [15, 16].
Dans l’enquête de l’INSEE, 51 % des 15 à 24 ans font du sport au moins une
fois par semaine en 1999, contre 29 % pour les 50-64 ans et 19 % pour les
65 ans et plus. Dans celle de l’INSEP 2000, 90 % des 15-24 ans pratiquent
[17]. Les jeunes garçons pratiquent plus que les filles [18]. En Midi-Pyrénées,
des jeunes scolaires (12-20 ans) non-compétiteurs de haut niveau déclarent
avoir une activité physique régulière à 83 % en 1999 [19]. Plus de 6 millions
des jeunes entre 6 et 14 ans font état d’une activité sportive hors du pro-
gramme scolaire d’éducation physique obligatoire. En revanche, l’enquête
HBSC (Health Behavior in School-aged Children 2001-2006) montre que les
jeunes déclarent pratiquer une activité physique (au moins une heure) en
moyenne un jour sur deux. Seulement 13,5 % d’entre eux rapportent une
activité physique quotidienne, cette proportion diminuant avec l’âge et
étant supérieure chez les garçons. La France est, avec la Suisse et la Russie,
un des pays où la proportion de jeunes pratiquant au moins une heure
d’activité physique quotidienne est la plus faible : 13,5 % contre 20 % pour
la moyenne internationale. En revanche, notre pays affiche de meilleurs
résultats au niveau de la pratique d’une activité sportive (53,7 % des adoles-
cents français en pratiquent au moins deux heures par semaine avec une
moyenne pour tous les pays participants à 51,8 %) [20]. On est donc là
encore devant des données difficiles à interpréter du fait des définitions de
l’AP utilisée dans les questionnaires et ainsi l’exacte prévalence des APS en
France reste approximativement connue. Il serait bon que les futurs pro-
grammes nationaux de promotion de la santé par les APS s’intéressent à
ce domaine. En 1999, huit personnes sur dix ont déclaré avoir marché la
veille de l’interview, pour se rendre à leur lieu de travail ou accompagner
quelqu’un, pour faire des courses ou se promener, la durée moyenne de
la marche étant de 1 heure et 18 minutes. En 2005, pour la marche, une
personne sur dix (10,6 %) déclare ne pas avoir marché au moins 10 minutes
d’affilée dans la semaine, mais 60 % disent avoir marché au moins 5 jours
et 48,7 % tous les jours. Près de la moitié des adultes déclarent avoir mar-
ché au moins 5 jours, pendant au moins 30 minutes, sans différence selon
le sexe. Les adultes de 45 ans et plus sont, en proportion, légèrement plus
nombreux que leurs cadets (51,0 % vs 46,5 %) à être dans ce cas. En 2010
par rapport à 2000, le taux de pratique de la marche auprès des gens déclarés
actifs a progressé de 12 % [21]. Par ailleurs, en 1999, 82 % des personnes
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22 Développement et mise en place des activités physiques pour la santé
7. www.assureurs-prevention.fr/sites/upload/docs/application/pdf/2014-06/syn-
these_de_lenquete_2014-06-17_16-48-40_179.pdf
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Situation sanitaire en France et contexte des activités physiques pour la santé 23
les vacances, 26 millions une fois par semaine, contre environ 15,9 millions
de licences sportives délivrées en 2006 dont environ 5,5 millions de licen-
ciés compétiteurs pratiquant en club. Environ 6 millions des licenciés ont
moins de 15 ans et il y a 35 % de femmes licenciées. Les effectifs de licenciés
ont augmenté rapidement entre 1960 et 1990. Au cours des deux dernières
décennies, la progression a marqué le pas jusqu’en 2005 et semble faible-
ment reprendre à la hausse. Ainsi, les licences purement compétitrices ont
été en très faible augmentation entre 2005 et 2006 (0,9 %), tandis que dans
les fédérations unisport non olympiques, la progression a été de +2,6 %. Ce
relatif tassement suivi de cette légère remontée refléterait le développement
des « pratiques hors institution fédérale », en famille, entre amis ou au
sein de structures privées à caractère commercial. Dans le même temps,
la pratique non encadrée a évolué plus vite ; en 1985, pour une personne
sur deux l’activité se faisait en milieu associatif, dans les années 2000
un pratiquant sur quatre est licencié [11]. En supposant que ces tendances
se poursuivent, et compte tenu des évolutions démographiques, on a
estimé pouvoir approcher les 22 millions de personnes de 15 ans et plus fai-
sant du sport en 2010, avec les 6-14 ans on atteindrait plus de 28 millions.
Les compétiteurs seraient 34 % chez les hommes et 10 % chez les femmes
(24 % dans l’enquête Pratiques sportives 2000) [17]. Les chiffres des années
2000 et leur extrapolation ont été dépassés. En effet, les chiffres exacts de
l’enquête de 2010 sur les Pratiques physiques et sportives en France 2010 (CNDS/
Direction des Sports, INSEP, MEOS) montrent que l’on a 65 % des plus de
15 ans (environ 34 millions) qui auraient fait au moins une fois du sport
par semaine sur les 12 derniers mois. On retrouve 15,7 millions de licences
sportives en 2012.
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24 Développement et mise en place des activités physiques pour la santé
Prévalence de l’inactivité
En 1999, 77 % des seniors déclaraient ne jamais faire de sport, ils étaient 81 %
dans ce cas quatre ans plus tôt. Selon l’enquête du ministère des Sports en
2000, trois quarts des 55-75 ans pratiqueraient de la marche, de la natation,
du vélo et un quart des 60-75 ans le ferait régulièrement. Lors de l’analyse de
8 500 questionnaires d’activité physique chez les sujets de la cohorte SU.VI.
MAX, 10,2 % des hommes et 12,2 % des femmes étaient inactifs au cours
des loisirs et 41,5 % des hommes et 50,1 % des femmes n’atteignaient pas le
seuil d’activité physique quotidienne recommandé à la population générale
(30 minutes ou plus d’activité physique d’intensité modérée) [25]. En 2005, les
personnes ayant un niveau de diplôme inférieur au baccalauréat et les sujets
qui gagnent moins de 1 500 €/mois regardent plus la télévision que les autres
[8]. Pour comparer, aux États-Unis, les données de 1996 du Behavioral Risk
Factor Survey indiquaient que 27 % des hommes et 31 % des femmes adultes ne
pratiquaient pas d’activité physique régulière en dehors du travail [27], idem
en Australie, où 44 % de la population serait sédentaire [28]. En France, il y
aurait environ 21 millions de marcheurs, avec plus de femmes que d’hommes
[14] et 3,2 millions pratiqueraient la marche « sportive » [17]. En 2014, 42 %
des Français (+8 points depuis 2009) déclarent ne jamais faire de sport, surtout
les demandeurs d’emploi, les retraités, les ouvriers et les femmes (et hommes)
au foyer (chiffre le plus élevé : 65 %). La régularité de la pratique continue
aujourd’hui d’augmenter avec le niveau de diplôme ou de revenus [22].
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Situation sanitaire en France et contexte des activités physiques pour la santé 25
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26 Développement et mise en place des activités physiques pour la santé
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Situation sanitaire en France et contexte des activités physiques pour la santé 27
et Nouveau en 1994 [23], ainsi que dans le Baromètre santé 2000, où « les
rencontres avec les amis » apparaissent en troisième position. En réalité,
les motivations varient selon le sexe, l’âge, l’état de santé, la catégorie
socioprofessionnelle. Les travaux de Choquet [18] confirment chez les
adolescents, les données pour les adultes avec des variations liées au sexe
et à l’investissement compétitif ou non du sujet. Les garçons disent plus
volontiers faire du sport pour gagner et les filles pour maigrir. Le sport pour
la santé est plus cité par les 20-25 ans (60,5 %) que par les 12-14 ans (31,6 % ;
p < 0,001) [19]. Chez les jeunes, d’autres études mettent le plaisir (le fait
de se défouler, de se détendre, de s’amuser, de bouger) en premier ; puis le
fait d’apprendre une technique, de sortir, de s’occuper, et enfin en troisième
position, la santé et l’apparence. Faire des rencontres, la compétition, les
sensations arrivent ensuite. Chez les garçons, l’esprit de compétition et la
recherche de sensation sont plus cités que chez les filles8 [11]. Les sujets âgés
de 60 à 74 ans parlent d’abord de santé, puis de plaisir [16].
Les hommes et les femmes ont des raisons différentes mais ont en
commun une certaine tendance au zapping dans leur pratique sportive [34].
Mignon parle de pratique à géométrie variable chez les jeunes. L’influence
parentale est très importante et participe aux représentations sexuées. Les
modèles de pratique parentaux se perpétuent souvent ; ainsi 80 % des ado-
lescents nés de parents sportifs font du sport contre 60 % chez les enfants
de non sportifs [35]. D’autres facteurs incitatifs sont cités comme le sexe
masculin, l’absence d’obésité et en général de maladie chronique, une
scolarité plus élevée, un revenu de la famille élevé, le soutien familial pour
les femmes (un conjoint présent qui garde les enfants, une crèche ou une
garderie proche du lieu de pratique…), la pratique avec des partenaires, etc.
Facteurs de motivation sur le plan psychosocial
Les facteurs cités sont le niveau de connaissance sur les bienfaits de l’AP,
l’efficacité personnelle perçue élevée, l’intention forte, l’attitude positive,
des objectifs réalistes, l’obtention de plaisir, le lien social obtenu, le soutien
familial pour les femmes, le sport avec des partenaires.
8. Pour plus de données, voir chapitre de l’expertise de l’INSERM sur les contextes
sociaux et les motivations.
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seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2016. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
28 Développement et mise en place des activités physiques pour la santé
l’État ou bien les entreprises sur le lieu du travail, les conseils médicaux pour
tous et surtout la possibilité d’accompagnement des pratiquants atteints de
pathologie chronique (club cœur-santé, réseau de santé par les APS comme
efFORMip…).
Dans toutes les études, un espace de pratique agréable, sécurisé, avec des
espaces naturels est un facteur important pour favoriser la pratique.
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Situation sanitaire en France et contexte des activités physiques pour la santé 29
personnes, mais il est admis que la durée pour rejoindre le lieu de pratique,
par exemple de 20 minutes pour se rendre à la piscine, soit souvent déclarée
comme une limite à l’accessibilité.
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30 Développement et mise en place des activités physiques pour la santé
des pistes cyclables facilement accessibles, les ruraux les plus riches prati-
quent s’ils trouvent une salle de gymnastique proche [37]. Ainsi les réflexions
vont-elles devoir différencier ces deux milieux sans les opposer. Dans le
milieu urbain des pays développés, il faut se pencher sur le développement
des lieux de dépense physique (parc, parcours santé…) mais aussi en l’inté-
grant dans les plans de déplacement : parking permettant de laisser gratuite-
ment sa voiture en dehors des villes avec accès à un transport en commun,
liaisons pédestres entre les différents transports en commun (liants), pistes
cyclables accessibles et sécurisées. Dans le milieu rural, il va falloir développer
les moyens de transport collectifs pour accéder aux lieux d’activités ou offrir
le plus possible de pistes cyclables ou de trottoirs sécurisés accessibles.
Il faut que les planificateurs d’urbanisme (universitaires, architectes, ser-
vices publiques, promoteurs) incluent les besoins d’AP dans leurs projets. Il
faut aussi favoriser l’intermodalité entre moyens de transport non polluant
(bus, métro, tramway) et les déplacements humains à pied ou à vélo.
Graig a montré qu’il y a des cadres de vie urbains plus ou moins inci-
tateurs [38]. Ces lieux doivent être attractifs, esthétiques, sécurisés [39].
L’aspect nature de ces lieux serait facilitant [40], l’absence de chiens non
tenus en laisse aussi [41]. En revanche, les conditions climatiques joue-
raient peu [42].
La pratique des sports de nature intégrée au sein des villes se répand et doit
être encouragée. Cette délocalisation de la montagne à la ville, comme les
sociétés exploitantes de murs d’escalade ou encore comme les VTT ou
les BMX parcs, doit permettre une pratique libre mais sécurisée. Ainsi le
développement des sports urbains avec ou sans équipements spécifiques est
à encourager tout en fixant des limites pour le respect de la vie en société,
de l’espace ainsi que du mobilier public et privé. Les pratiquants de ces
AP urbaines (skate, roller, golf de rue, football de rue…) développent des
actions motrices qui luttent contre la sédentarité et sont donc à encourager
dans le respect des limites déjà citées.
L’insécurité (avec la crainte des agressions : le parking du club sportif
doit être bien éclairé…), l’aménagement du temps personnel et profession-
nel, les variables personnelles et culturelles influencent aussi notre taux de
pratique des AP. C’est donc bien un phénomène complexe que la relation
entre milieu de vie et pratique d’AP, mais qui mérite que l’on s’y investisse
localement afin de créer le maximum de conditions favorables. C’est par
exemple le développement de « pédibus » ou de « vélobus », où l’on voit des
parents s’organiser pour accompagner à tour de rôle des enfants en groupe
à pied ou en vélo jusqu’à leur établissement scolaire.
De même, les jardins d’enfants, les écoles devraient avoir des lieux de
pratique de l’AP agréables et sécurisés. Par exemple, pour favoriser l’AP
libre et non encadrée en plus des heures d’éducation physique et sportive
(EPS), il faudrait non pas obligatoirement la construction d’aires de jeux
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Situation sanitaire en France et contexte des activités physiques pour la santé 31
avec appareils, mais tout simplement dessiner au sol dans la cour des tracés
d’exercices comme la célèbre marelle, ou d’autres jeux comme une cible
pour l’adresse au lancer à la main ou au pied…
Le lieu de travail doit permettre la pratique sur place ou à l’extérieur en
libérant du temps soit pour un cours spécifique d’AP, soit en favorisant les
plans de déplacement professionnels physiquement actifs ce qui bénéficiera à
l’employé mais aussi à l’entreprise, tant en créativité qu’en productivité (moins
d’absentéisme et meilleure efficacité) ainsi qu’en ambiance de travail (meilleur
esprit d’équipe, relation sociale et communication interne améliorée).
Une sensibilisation en interne du personnel par tous les moyens de
communication est souhaitable. Des intervenants extérieurs, à l’image des
kinésiologues québécois, devraient pouvoir conseiller les responsables
des entreprises à la pratique des AP au sein de leur société. Ce rôle pourrait
être dévolu aux éducateurs médico-sportifs comme une de leurs missions
d’auxiliaire de santé publique.
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32 Développement et mise en place des activités physiques pour la santé
Équipements de pratique
Au-delà du réseau de pistes cyclables à développer et de trottoirs engageants
et sécurisés, les équipements sportifs sont très importants pour développer
la pratique sportive. Il faut donc une politique active et concertée sur la
création de nouveaux équipements comme les piscines, les gymnases et les
terrains de sports individuels et collectifs. En revanche, pour développer la
pratique d’AP moins organisée et non compétitive, la démarche de créa-
tion d’équipements moins onéreux et sophistiqués est à promouvoir. On
pense par exemple, aux parcours de santé déjà existants en France (type
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Situation sanitaire en France et contexte des activités physiques pour la santé 33
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34 Développement et mise en place des activités physiques pour la santé
Points clés
Au total, on peut citer quelques pistes à suivre pour lutter contre les inégalités
de santé :
� encourager les femmes, les jeunes adolescentes, les classes populaires,
favoriser la pratique sportive sur son lieu de travail et offrir des équipements
sportifs sûrs ;
� aménager l’espace publique, développer l’intermodalité entre moyens de
transport non polluant et déplacement humain à pied ou à vélo, motiver les
sédentaires, favoriser l’accompagnement des malades chroniques dans l’activité
physique et sportive.
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Situation sanitaire en France et contexte des activités physiques pour la santé 35
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36 Développement et mise en place des activités physiques pour la santé
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3 Promotion de la santé
par les activités physiques
Frédéric Depiesse
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Promotion de la santé par les activités physiques 39
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40 Développement et mise en place des activités physiques pour la santé
Accidentologie de compétition
et en pratique de loisirs
Contexte
Le problème reste néanmoins essentiel de pouvoir distinguer ce qui est de
l’ordre de l’accidentologie chez les compétiteurs (voir données ci-dessous)
de celle liée à une pratique de loisir pour laquelle nous sommes très dému-
nis en informations. L’exemple de la pratique de la randonnée de loisirs est
intéressant, nous savons qu’il y a beaucoup de petits traumatismes sur les
chemins de nos montagnes et de nos campagnes, mais nous ne pouvons
pas les quantifier. Les entorses de cheville ne passant pas obligatoirement
(et heureusement) par les urgences hospitalières où nous disposons de dispo-
sitifs de recueil de données ; les pelotons de gendarmerie de haute montagne
et les CRS ne tiennent qu’un registre des accidents « graves » pour lesquels
leur intervention est sollicitée. Le seul recueil fiable permettant d’appréhen-
der les risques d’accidents en pratique de loisirs est celui des médecins de
montagne, mais l’impact de l’environnement sur ce type d’accidentologie
est ici très fort et bien évidemment nous ne pouvons pas généraliser leurs
données à d’autres APS. Ces informations ont un vrai intérêt sanitaire en
permettant à l’assurance maladie de mener des campagnes de prévention
en commun avec l’association des médecins de montagne et le ministère
chargé de la Santé et des Sports sur les risques d’entorse de genou, sur le port
du casque chez l’enfant et sur le réglage des fixations de ski1.
1. www.mdem.org
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Promotion de la santé par les activités physiques 41
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Promotion de la santé par les activités physiques 43
Encadré 3.1
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Promotion de la santé par les activités physiques 45
Encadré 3.2
Premier temps
Apprécier/évaluer le niveau de pratique des APS du patient, ses habiletés,
ses connaissances et ses croyances sur le sujet. On peut parler ici de temps
de diagnostic éducatif. On cherche à comprendre le cadre de référence de la
personne et ses attentes.
Ainsi on utilise cinq questions portant sur différentes dimensions caracté-
ristiques du sujet :
j dimension clinique et biologique : ce que le patient a ? (handicap,
restriction de mobilité, pathologies connues…) ;
j dimension socioprofessionnelle : ce que le patient fait ? (activités profes-
sionnelles, temps libre, investissements personnels, quantité et type d’AP…) ;
j dimension cognitive : ce que le patient sait ? (ses connaissances sur les
bénéfices et risques des APS, l’intérêt par rapport à sa pathologie des APS,
ses inquiétudes ou résistances par rapport aux APS…) ;
j dimension psychologique : ce que le patient est ? (quelques traits de
caractères, son état d’esprit du moment…) ;
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46 Développement et mise en place des activités physiques pour la santé
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Promotion de la santé par les activités physiques 47
Encadré 3.3
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48 Développement et mise en place des activités physiques pour la santé
si elles continuent, elles ont moins de chance d’atteindre leurs buts [36].
Voici donc, les conseils à donner aux patients selon le stade défini dans
l’encadré 3.3.
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50 Développement et mise en place des activités physiques pour la santé
sur la mise en activité. Cette étude porte sur un très petit nombre de sujets.
Pinto a montré chez les personnes âgées la même efficacité du programme
à court terme (6 semaines) et de ses outils pédagogiques sur 12 familles
versus 12 familles contrôle [46], donnée retrouvée sur du court terme dans
l’étude Green Prescription de Swinburn [47]. La durée du counseling y varie
entre 2 et 4 minutes, mais l’on peut penser que comme pour le tabagisme,
la moyenne pourrait être inférieure à 1,5 minute, d’où l’importance de
répéter le message et de bonifier l’intervention comme le suggère Kino-
Québec [48]. Selon certains auteurs, la recommandation d’activité phy-
sique jumelée à un temps de counseling offre de meilleurs résultats chez les
femmes [49]. En fait, il faut surtout bonifier les interventions individuelles
visant à accroître la pratique régulière d’activités physiques par des pro-
grammes et des services offerts notamment dans les milieux hospitaliers
et médicaux [48]. Contrairement à la croyance populaire, les patients ne
sont pas choqués d’entendre parler de prévention lorsqu’ils consultent
pour un problème de santé [50]. Il importe de différencier les personnes
actives des personnes sédentaires et de cibler le propos ; généralement les
personnes actives ont confiance en leurs moyens pour bouger régulière-
ment même lorsqu’elles doivent surmonter des difficultés, elles éprouvent
du plaisir à le faire et elles se fixent des objectifs réalistes [48]. Pour les
personnes inactives, c’est tout le contraire. Seulement 12 % des médecins
de famille prescrivent l’activité physique conformément aux recommanda-
tions en cours et 11 % exercent un counseling auprès de 75 à 100 % de leur
clientèle [51]. Les médecins qui font de la prévention sur divers thèmes de
santé (protection solaire, cancer du sein, tabagisme, activité physique, etc.)
le font le plus souvent par conviction personnelle [52]. À cet effet, comme
Trunet l’a noté [40], il est démontré que la pratique personnelle d’activité
physique du professionnel traitant influence son counseling [52], idem chez
des étudiants en médecine américains [53].
Le profil des patients à qui l’on recommande le plus souvent l’activité
physique est le suivant : IMC élevé, femme et revenu élevé. Ceux qui
d’apparence n’ont pas de problème comme les jeunes et ceux qui ne font
pas d’embonpoint ne reçoivent généralement pas de recommandation [54].
Généralement, ce sont les médecins de 35 ans et plus qui demandent à leurs
patients s’ils font de l’activité physique [55]. Ceux âgés de moins de 35 ans
sont davantage axés sur l’aspect curatif que préventif.
Petrella au Canada [42] a bien montré dans une revue de la littérature
(treize articles portaient sur le counseling de première ligne concernant
l’exercice physique) que les interventions qui s’accompagnaient de docu-
ments remis aux patients, envisageaient des stratégies de changement
comportemental et offraient de la formation et des documents aux méde-
cins, se sont révélées efficaces pour augmenter le degré d’activité physique,
en particulier l’étude Green Prescription de Swinburn [47]. Petrella pense que
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Promotion de la santé par les activités physiques 51
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52 Développement et mise en place des activités physiques pour la santé
ces améliorations n’ont pas concerné de façon homogène toutes les compo-
santes de la population et les inégalités sociales de santé se sont creusées dans
le domaine de la nutrition. Dans le plan 2011-2015, l’AP est surtout
dans l’axe 2 : « Augmenter l’activité physique et diminuer la sédentarité à
tous les âges ». La lutte contre la sédentarité est placée comme objectif n°2,
avec comme objectif général 2-1 : augmenter l’activité physique chez les
adultes, en 2-2 : augmenter l’activité physique et lutter contre la sédentarité
chez les enfants et les adolescents. La mesure prônée est de promouvoir,
développer et augmenter le niveau d’activité physique quotidienne pour
tous. Une série d’actions ont été développées ; on attend leur évaluation
et les nouvelles recommandations du futur plan après 2015. La mesure 2
consistait à promouvoir l’activité physique et sportive adaptée (APA) chez
les populations en situation de handicap, défavorisées, âgées ou atteintes de
maladies chroniques.
Des appels à projet et des comités régionaux de pilotage des projets ont
permis aux promoteurs des APS pour la santé, en particulier les médecins du
sport, mais aussi les institutions éducatives, médico-sociales, sportives, les
collectivités territoriales, de se saisir de cette opportunité.
Le réseau efFORMip (voir p. 58) s’inscrit depuis 2005 totalement dans
cette vision de promotion de la santé avec ces deux aspects à la fois de
prévention primaire et de prise en charge thérapeutique.
Toutes les classes d’âge peuvent utilement bénéficier des APS. Ainsi, une
expérience canadienne, chez les jeunes, montre bien l’intérêt que portent
les spécialistes à mettre très tôt l’éducation à la santé et l’apprentissage du
plaisir à faire des APS au service des jeunes générations. Les directeurs de la
santé publique des différentes régions du Québec ont présenté en 2002
la Proposition du directeur de santé publique au milieu scolaire pour contrer
le désengagement des jeunes face à la pratique d’activités physiques. Elle incite
les écoles à trouver des moyens de faire bouger les jeunes, tant à l’heure
de la récréation que lors des activités parascolaires, pour se déplacer de la
maison à l’école et, bien sûr, lors des cours d’éducation physique. Et si 80 %
des jeunes de 7 et 8 ans marchaient pour se rendre à l’école en 1971, cette
proportion était de 9 % en 1990. Selon Boreham, les jeunes d’aujourd’hui
dépenseraient 600 kcal/jour d’énergie en moins qu’il y a 50 ans [57]. En
revanche, une étude néerlandaise tempère l’idée du bénéfice santé de la
pratique précoce. Elle montre qu’il y a peu de données confirmant le report
à l’âge adulte de bénéfices sur le capital santé d’une pratique des APS pen-
dant la jeunesse. L’existence d’un seuil minimal de pratique pour obtenir
un bénéfice y est notée [57]. A contrario, chez les jeunes enfants et adoles-
cents et en particulier de sexe féminin, les APS favorisent l’obtention d’un
capital osseux nécessaire plus tard à la prévention des risques d’ostéoporose
et de ses complications (voir chapitre 8). Même si cela reste à prouver scien-
tifiquement, l’observation nous indique que l’apprentissage des bonnes
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Promotion de la santé par les activités physiques 55
2. www.physicalactivity360.org
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Promotion de la santé par les activités physiques 57
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Promotion de la santé par les activités physiques 59
chroniques au sein des structures associatives qui les emploient. Ils dis-
pensent des séances adaptées mais toujours avec le public habituel de leur
structure afin d’éviter le phénomène de « ghettoïsation ».
Aujourd’hui, ce projet, qui a plus de dix ans, est en phase d’action opéra-
tionnelle avec les acteurs dispensant des cours d’activités physiques sur le
terrain (monde associatif et sportif : clubs et associations) et les médecins
agissant en commun afin de favoriser une pratique bénéfique, régulière,
individualisée et sécurisée pour les porteurs de pathologies chroniques.
Afin de soutenir la pratique d’APS par les patients au long terme et
l’observance de celle-ci, efFORMip met aussi en place un coaching santé
par téléphone et en face à face afin d’encourager, motiver et conseiller le
patient tout au long de sa prise en charge d’une année au sein du réseau. La
coordination administrative établit le relais de proximité entre le médecin,
l’éducateur et le patient, faisant circuler l’information par le biais du dos-
sier de suivi.
L’intérêt d’efFORMip, aux côtés des réseaux et associations de santé exis-
tants tels que DIAMIP, REPOP Midi-Pyrénées ou les clubs « cœurs et santé »
qui proposent déjà à leurs adhérents des APS, est d’assurer une coordination
entre les professionnels de santé et éducateurs sportifs pour offrir aux patients
« les plus compliqués » une prise en charge et un suivi de qualité. On parle
aujourd’hui de dispositif « sport-santé ». Il est reconnu et fortement soutenu
par l’Agence Régionale de Santé de Midi-Pyrénées. efFORMip est une associa-
tion de dirigeants bénévoles qui emploie cinq personnes et suit près de 300
patients par an. Plus de 600 éducateurs sportifs, plus de 300 professionnels
de santé ont été formés en dix ans. On parle de 1 400 patients suivis pendant
un an depuis les débuts et on estime à sept à dix fois plus de patients qui ont
bénéficié de mise à l’AP, soit un impact de santé publique non négligeable. En
pratique, il s’agit de l’effet « tâche d’huile » qui permet à des professionnels
de santé formé par « efFORMip » de prescrire et conseiller les AP en dehors du
dispositif pour des patients de leur patientèle plus compliants que la popu-
lation inclue dans le dispositif. Les éducateurs qui ont des cours avec des
patients « efFORMip » remplissent leurs cours avec des sédentaires ou
des malades qui ne nécessitent pas tous de suivi global donc qui n’ont pas été
inclus dans le dispositif.
Par ailleurs, sachant que les principaux freins à une pratique d’activités
physiques et sportives régulières sont le manque de temps, de moyens
financiers et surtout le manque de motivation, efFORMip propose à ses
patients un chèque sédentarité sur l’engagement à pratiquer au moins deux
fois par semaine une APS dans le club et une séance, seul, un accompa-
gnement et un soutien sur une année.
Les activités en club sont choisies avec les personnes selon leurs désirs,
leurs lieux de résidence et leurs aptitudes afin d’en faciliter la pratique et en
assurer l’observance.
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4 La prescription des activités
physiques en pratique
médicale courante
Frédéric Depiesse
Podomètres
L’utilisation des podomètres, qui sont en fait des compteurs de pas/unité
de temps qui se fixent à la ceinture du sujet et enregistrent les impulsions
liées à un pas, permet aussi d’estimer les niveaux d’AP uniquement en réfé-
rence à la marche. Leurs données sont peu reproductibles et peu précises, en
particulier chez les sujets obèses et ceux qui traînent des pieds. La montée
des escaliers qui impliquent une dépense énergétique plus importante que
la marche sur terrain plat n’est pas discriminée par l’appareil. On les utilise
uniquement pour un individu donné afin de l’aider à orienter son AP quo-
tidienne de base en particulier de transport. Son avantage, c’est son prix et
sa facilité de lecture. Les données actuelles sont reprises de l’étude Baromètre
santé 2005 :
• le niveau de 10 000 pas est le seuil recommandé par jour pour un bénéfice
santé optimal par l’OMS ;
• de 5 000 à 10 000 pas : de faiblement à modérément actif ;
• de 10 000 à 12 500 : actif ;
• supérieur à 12 500 : très actif ;
• en dessous de 5 000 pas : inactif [3].
Chez les enfants, on va de 12 000 pas jusqu’à 16 000 pas pour parler
d’enfants actifs, certains différencient les données selon le sexe, vu l’objectif
et la précision de la méthode, cela a peu d’intérêt à notre avis. L’enregistre-
ment des données se fait au mieux sur 3 jours d’affilée et une moyenne est
calculée. Un sujet sédentaire fait moins de 3 000 pas par jour. Un sujet très
actif et « affuté » fera plus de 20 000 pas jour. L’effet préventif significatif
et suffisant est obtenu aux environs de 10 000 pas par jour. On ne peut pas
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La prescription des activités physiques en pratique médicale courante 67
passer de manière confortable de 3 000 pas par jour à 10 000 pas par jour
simplement. Il faut des objectifs de croissance de 1 500 à 2 000 pas de plus
par semaine qui sont réalisables sur un à deux mois et permettent d’attein-
dre l’objectif de 10 000 pas par jour en moins de trois mois pour les plus
sédentaires. Chaque fois qu’on ajoute 1 500 pas (aux 3 000 pas initiaux), on
diminue le risque cardio-cérébrovasculaire de 20 à 30 %.
Fréquence cardiaque
La mesure de la fréquence cardiaque (FC) par le biais d’un cardiofréquen-
cemètre est un outil assez simple qui nécessite, pour avoir un maximum
de précision dans l’individualisation des conseils, d’étalonner individuelle-
ment la relation FC/VO2 et donc d’avoir fait une mesure de la VO2 indirecte
ou directe avec mesure de la fréquence cardiaque sur un test d’effort en
laboratoire ou sur le terrain (figure 4.1). L’estimation de la DE se fait par le
temps passé à une zone de FC cible. Les avantages sont la facilité d’acqui-
sition, l’acceptabilité, le faible coût d’un cardiofréquencemètre individuel
portable et son association facile à d’autres méthodes de mesure. Les incon-
vénients de cette méthode sont l’existence de variations interindividuelles
(vs eau marquée) pour les études sur grand groupe, les facteurs intrinsèques
(extrinsèques) de variation de la FC sans modification de la DE (comme
un traitement bradycardisant, températures extérieures élevées…) et le fait
qu’une grande part de la DE soit liée à des activités de faible intensité donc
non prises en compte par le cardiofréquencemètre. En revanche, pour la
prescription de l’AP, c’est bien la méthode la plus précise et accessible pour
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68 Développement et mise en place des activités physiques pour la santé
individualiser les conseils. Elle est encore plus précise si elle utilise l’analyse
de la VO2 par méthode directe permettant de définir des seuils ventilatoires
qui servent à affiner le niveau d’intensité proposé au sujet dans son AP.
La suite de l’explication sur l’utilisation de la VO2max en prescription de
l’AP est donnée dans le paragraphe suivant sur l’évaluation de la condition
physique.
Comme on vient de le voir, l’intensité de l’exercice est souvent expri-
mée dans la littérature en pourcentage de la VO2max. Or, en pratique et en
l’absence de détermination de la VO2max, il est plus commode de recom-
mander au sujet de travailler sans dépasser un certain pourcentage de la fréquence
cardiaque maximale calculée. Cette autre méthode moins précise utilise des
estimations de FC par les équations du type : FC max = 220 − âge ou après
65 ans (voir chapitre 21), nous conseillons FC max = 208 − (0,7 × âge). Cette
formule bien que très pratique reste peu précise. Nous proposons d’utiliser
en routine une autre méthode que nous appelons standard, décrite par
Karvonen qui consiste en l’utilisation de la FC de réserve.
Ce calcul prend en compte la FC de repos mesurée et non calculée, donc
serait un peu plus précise, car tenant compte d’une bradycardie ou au contraire
d’une tachycardie de repos. Il utilise la FC de réserve qui se calcule en prenant
FC réserve = FC max − FC repos. La FC cible de travail se définit en fonction
de l’intensité désirée par l’équation de Karvonen (1957) [4] : FC cible =
FC repos + x % FC réserve. Le niveau d’intensité de travail se détermine selon les
recommandations publiées en 1993 et revues en 2000 et 2011 par Haskell et
Ainsworth [5-7] (tableau 4.1). En l’absence de cardiofréquencemètre, on peut
utiliser la mesure de la FC au niveau de l’artère radiale (figure 4.2).
Une intensité modérée correspond généralement à une FC située entre
50-69 % de la FC max, ce qui équivaut pour la plupart des sujets à une
fréquence cardiaque égale à 45-59 % de la FC de réserve à laquelle on
ajoute la FC de repos calculée le matin au réveil (tableau 4.1). À cette inten-
sité le sujet ne dépasse pas le seuil d’essoufflement (ou seuil aérobie) et
reste capable de parler durant l’effort.
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La prescription des activités physiques en pratique médicale courante 69
Définitions
• 1 MET = 3,5 mL/min/kg de consommation d’oxygène = consommation
d’oxygène de repos.
• 1 L/min de consommation d’oxygène = 5kcal/min.
• Kcal/min = MET × 3,5 × poids/200.
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70 Développement et mise en place des activités physiques pour la santé
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La prescription des activités physiques en pratique médicale courante 71
MET AP
7-8 Faire du jogging à 8 km/h
Faire du vélo à 20 km/h
Jouer au basket-ball
Jouer au hockey sur glace
8-9 courir à 9 km/h
faire du vélo à 22 km/h
10 ou plus Jouer au squash
Jouer au handball
Courir à plus de 10 km/h (= 12)
ainsi que sur le site Internet du Compendium2. Ces équivalences sont des
moyennes et restent des valeurs indicatives.
Les recommandations américaines pour la population générale sont de
pratiquer une activité physique de type aérobie à un volume total corres-
pondant à 500 à 1 000 MET-min/semaine. Si l’on prend l’exemple de la
2. https://sites.google.com/site/compendiumofphysicalactivities
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72 Développement et mise en place des activités physiques pour la santé
Questionnaires de quantification
de l’activité physique
En épidémiologie, l’évaluation du niveau habituel d’activité physique
repose aussi sur l’utilisation de questionnaires [9-11] dont certains ont
été validés par rapport à des méthodes de référence [12]. L’inactivité phy-
sique est alors le plus souvent évaluée par l’absence d’activité physique de
loisirs déclarée. Le temps passé à regarder la télévision (ou vidéos ou jeux
vidéo) est un autre indicateur d’inactivité physique. Ils ont pour avantage
d’être adaptés aux populations aux aptitudes limitées, de grande faisabilité,
rapides (de 5 à 60 minutes) et peu contraignants. En revanche, ils sont peu
spécifiques, peu objectifs, modérément reproductibles (la reproductibilité
diminue plus le temps de rappel s’allonge ou lorsque l’activité est de faible
intensité) et peu sensibles.
En France, le questionnaire le plus utilisé pour les études chez les adultes
et en particulier par le Baromètre santé, c’est l’IPAQ version française (Inter-
national Physical Activity Questionnaire). Une des versions est reprise dans
l’annexe 2 de cet ouvrage. Il en existe une version adaptée aux enfants en
français qui n’est pas encore validée à notre connaissance.
Au total, toutes les méthodes d’évaluation de l’AP, même combinées, ne
permettent toujours pas d’avoir une approche quantitative et qualitative
totale de l’AP. En pratique clinique, pour l’analyse de la pratique d’AP, on se
contente, dans une première approche rapide au cabinet de consultation de
conseil simple, du questionnaire de Ricci et Gagnon que l’on peut remplir
en trois minutes (c’est le choix fait depuis 2005 dans notre dispositif « sport-
santé » efFORMip).
Objets connectés
Depuis les années 2010, les capteurs connectés sont apparus : bracelets,
montres, brassards, oreillettes et mêmes vêtements intelligents (ECG inclus
dans le textile). Ils complètent ou remplacent les podomètres, cardio-
fréquencemètres, accéléromètres, traqueurs d’activité, GPS… Concentrés
de technologie enrobés de design futuriste, ces « grigris » contemporains
mesurent le nombre de pas, le niveau d’oxygénation, la vitesse de dépla-
cement ou encore votre sommeil et votre pression sanguine artérielle (TA).
Par la magie des algorithmes, ils archivent vos efforts d’hier pour mieux
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La prescription des activités physiques en pratique médicale courante 73
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74 Développement et mise en place des activités physiques pour la santé
Établissement du certificat
de non-contre-indication (CNCI) à la pratique
du Sport. La consultation de prescription
des AP et le bilan préalable
Rappelons d’abord que, jusqu’en 2015, le certificat de non-contre-
indication à la pratique du Sport n’était légalement exigible que pour
la première prise de licence dans une fédération compétitive ou non,
puis annuellement pour les pratiques sportives compétitives au sein des
fédérations agrées. Ainsi, rien n’obligeait légalement un établissement
privé de remise en forme d’exiger un CNCI. Le Code du sport préci-
sait pour les disciplines sportives « à risque »3 qu’il existait une liste
avec obligation d’un examen médical approfondi et spécifique en vue
d’obtenir la délivrance d’une première licence sportive (art. A. 231-1
du Code du sport4), comme par exemple les sports utilisant des armes
à feu, les sports mécaniques, les sports aériens à l’exception de l’aéro-
modélisme, les sports sous-marins, l’alpinisme de pointe et les sports
de combat pour lesquels la mise « hors de combat » est autorisée. Dans
les sports comme la plongée subaquatique avec bouteille, il est d’usage
de demander annuellement un certificat médical même en pratique de
loisir. Par ailleurs, l’usage, la judiciarisation de notre société, la pression
des sociétés d’assurances, mais aussi le bon sens ont incité de nom-
breux « offreurs d’AP » à demander systématiquement un certificat
avant toute pratique dans leur structure. On ne pourrait s’en réjouir, en
termes de santé publique, que si l’on était sûr que ces certificats soient
bien réalisés avec le temps et la rigueur nécessaire à leur établissement.
Or, cette approche est très discutée pour des raisons pas forcément
uniquement de santé publique mais aussi de surcharge de travail pour
les médecins, de remboursement trop souvent adressé à l’assurance
maladie (présentement, s’agissant d’un acte de prévention, il relève du
paiement direct par l’individu ou par son assurance complémentaire).
Il fallait donc bien travailler à simplifier et rationnaliser l’usage de ces
certificats. De 2008 jusqu’à la date de rédaction de ce livre en 2015, il
a existé un débat mené par l’État, dans le cadre de la simplification des
actes administratifs, sur l’évolution des exigences pour ce CNCI. On sait
que c’est bien dans une approche « qualité » et avec des preuves médico-
économiques que l’on pourra prouver à l’assurance maladie l’intérêt de
rembourser cet acte de prévention pour les sujets sédentaires et obtenir
un acte médical validé pour les malades. En attendant, l’Assemblée
3. Précision de l’auteur.
4. Code du sport. Dalloz ; 2009, p. 630.
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76 Développement et mise en place des activités physiques pour la santé
5. https://sites.google.com/site/theipaq/
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78 Développement et mise en place des activités physiques pour la santé
réalisation de ces tests. Les tests de tolérance à l’effort sont faits par le méde-
cin, tandis que les tests de conditions physiques peuvent être réalisés indiffé-
remment par le médecin ou le technicien des APS (masseur kinésithérapeute,
éducateur sportif, éducateur médico-sportif…). Le médecin établit le certificat
de non-contre-indication, prescrit les grandes lignes de ce qu’il autorise et
de ce qu’il déconseille (restriction d’activités) et ensuite le technicien adapte
son programme d’activité tant en centre de soins que sur le terrain sportif de
façon individualisée, en tenant compte de la condition physique du sujet et
des données de la prescription du médecin (p. ex., restrictions d’activités).
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La prescription des activités physiques en pratique médicale courante 81
Conseils pratiques
Quand on s’intéresse à la réhabilitation et au réentraînement par les APS, on
se pose les trois questions suivantes : Comment formuler une prescription
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La prescription des activités physiques en pratique médicale courante 83
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84 Développement et mise en place des activités physiques pour la santé
Les recommandations 2007 de l’ACSM pour les adultes de 18-65 ans [15],
redéfinies en 2013 [23], et pour les personnes âgées et les porteurs de patho-
logies chroniques [15, 23] sont très précises.
Pour les adultes de moins de 65 ans non atteints de pathologie chro-
nique : AP d’endurance d’intensité modérée pendant une durée minimale
de 30 minutes, 5 fois/semaine ou une activité de type aérobie d’intensité éle-
vée pendant une durée minimale de 20 minutes, 3 fois/semaine par exem-
ple sur un vélo d’appartement si la personne ne veut pas sortir de chez elle
(figure 4.3). Cette AP peut aussi faire l’objet d’activités combinées à la fois
modérées et intenses. Les AP de la vie courante (aller chercher le pain d’un
bon pas, marcher vite avec le chien…) d’intensité modérée à intense de plus
de 10 minutes d’affilée (période minimale pour avoir un bénéfice santé)
sont à comptabiliser dans l’AP recommandée. Les activités de renforcement
musculaire rentrent dans les recommandations, à raison de 2 jours non
consécutifs/semaine avec 8 à 10 exercices utilisant les principaux groupes
musculaires (8 à 12 répétitions de chaque exercice) (figures 4.4 et 4.5).
Pour les sujets en surpoids ou obèses, la prévention du gain de poids
nécessite un minimum de 150 minutes d’AP/semaine et la non-reprise du
poids après amaigrissement, un minimum de 250 minutes d’AP/semaine
réparties au moins 5 fois/semaine. Chez les enfants, l’ACSM recommande
60 minutes d’AP/jour. Selon les auteurs, pour la perte de poids, une pres-
cription individualisée doit être mise en place [23].
Pour les personnes de plus de 65 ans et les porteurs de pathologies chro-
niques à partir de 50 ans [15], il est recommandé de pratiquer des activités
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86 Développement et mise en place des activités physiques pour la santé
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La prescription des activités physiques en pratique médicale courante 87
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88 Développement et mise en place des activités physiques pour la santé
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5 Surpoids, obésité,
syndrome métabolique
et activité physique
Définitions
Surpoids et obésité sont différents niveaux d’expression d’un excès de poids
qui est exprimé par l’indice de masse corporelle (IMC) qui correspond au
rapport du poids (kg) sur la taille (en mètre) au carré.
Le surpoids (ou surcharge pondérale ou embonpoint) correspond à un
IMC supérieur ou égal à 25. L’obésité correspond à un IMC supérieur ou égal
à 30. Au-delà de 35, on parle d’obésité sévère, et au-delà de 40, d’obésité
morbide.
Par exemple, une personne de 1,70 m et pesant 85 kg a un IMC de 85/
(1,7 × 1,7) = 29,4. Il s’agit donc d’une surcharge pondérale, mais avec une
valeur proche de celle de l’obésité.
Technique
Elle s’effectue en automesure ou bien elle peut se faire avec l’aide d’un ami
ou par un professionnel de santé. La mesure se fait en position debout, les
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Surpoids, obésité, syndrome métabolique et activité physique 93
Épidémiologie
Voir les chiffres donnés aux chapitres 1 et 22 pour les adultes et les enfants
respectivement.
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Surpoids, obésité, syndrome métabolique et activité physique 95
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96 Pathologies
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Surpoids, obésité, syndrome métabolique et activité physique 97
l’exercice. Les glucides étant alors utilisés pour refaire les réserves mus-
culaires en glycogène. Dans ce cas, on sera très vigilant au préalable sur la
tolérance à l’effort du sujet.
Régulation de la glycémie
L’insulino-résistance est une forme de résistance à l’insuline qui se traduit
d’abord par la réduction de la captation du glucose au niveau des tissus
cibles, en particulier du muscle. La diminution de la sensibilité à l’insuline
induit au niveau hépatique une augmentation de la production de glucose.
Au niveau de l’adipocyte, l’insulino-résistance est plus difficile à objectiver
et devrait de traduire par une accélération de la lipolyse qui ne se manifeste
cependant pas clairement en raison de l’hyperinsulinisme compensatoire
qui freine en retour la lipolyse. Cette élévation de l’insulinémie peut,
lorsqu’elle est importante, favoriser la prolifération au niveau du derme
sous la forme d’un acanthosis nigricans et de papillomes bénins fréquem-
ment observés chez les obèses insulinorésistants. L’hyperinsulinémie, chez
la femme, peut accroître la sécrétion d’androgènes ovariens et favoriser leur
effet biologique réalisant le syndrome des ovaires micropolykystiques avec
anovulation et hyperandrogénie.
La très grande fréquence des états d’insulino-résistance rend compte de
la prépondérance des facteurs environnementaux dans un déterminisme
influencé par le patrimoine génétique. Nous verrons plus loin en quoi elle
est positivement influencée par l’AP. Inversement, la sédentarité est respon-
sable d’une réduction de la sensibilité à l’insuline. En l’absence d’activité
physique, le lit capillaire musculaire se réduit, gênant ainsi la diffusion de
l’insuline. La sédentarité s’accompagne aussi d’une baisse des fibres mus-
culaires lentes de type 1, grandes consommatrices de glucose et d’acides
gras libres en raison de leur sensibilité particulière à l’action de l’insuline.
Les efforts d’endurance favorisent le maintien de ce type de fibres et, par-là,
la sensibilité à l’insuline.
L’excès pondéral et plus particulièrement l’excès de tissu adipeux péri-
viscéral intra-abdominal est corrélé au degré de résistance à l’insuline.
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98 Pathologies
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Surpoids, obésité, syndrome métabolique et activité physique 99
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100 Pathologies
de poids, bien que l’amplitude des effets soit relativement modeste [22-24].
L’expérience ICAPS (Intervention centrée sur l’activité physique et la
sédentarité) est une étude exemplaire chez les jeunes réalisée dans le cadre
de l’école (mais en dehors du curriculum obligatoire) et sans composante
diététique [25]. Après quatre ans, l’intervention avait en moyenne fait aug-
menter l’activité physique encadrée d’une heure par semaine et diminuer le
temps passé devant la télévision ou des vidéos de 16 minutes par semaine.
En parallèle, l’incidence du surpoids était réduite de 50 % chez les adoles-
cents qui étaient initialement de poids normal, démontrant qu’il est pos-
sible de prévenir la prise de poids par une intervention centrée sur l’activité
physique et le comportement sédentaire [25]. Pour en savoir plus, voir le
chapitre 22 sur enfant, APS et obésité.
Chez l’adulte, de nombreuses données épidémiologiques associent la
réduction de l’activité physique à une augmentation de la prévalence de
l’obésité [26]. Ainsi, une étude portant sur 10 221 hommes suivis pendant
sept ans a montré que la prise de poids sur sept ans était corrélée positive-
ment au poids initial et à l’arrêt du tabac mais surtout qu’elle était néga-
tivement corrélée à l’activité physique au départ ou à l’augmentation de
l’activité physique pendant l’étude [27].
Dans une étude d’observation des infirmières américaines, le risque
de développer une obésité après six ans de suivi était directement lié au
niveau d’activité physique et de sédentarité : ce risque était diminué de
23 % par heure supplémentaire de marche rapide par jour et au contraire
augmenté de 24 % par tranche de deux heures passées devant la télévision
chaque jour, après ajustement sur la sédentarité pour l’activité physique,
et réciproquement, et ajustement pour les autres facteurs de risque d’obé-
sité, y compris les apports alimentaires [28]. Les associations entre activité
physique, comportements sédentaires et profils alimentaires favorisant la
prise de poids demandent à être mieux documentés, en particulier chez
l’adulte [29].
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Surpoids, obésité, syndrome métabolique et activité physique 101
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102 Pathologies
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Surpoids, obésité, syndrome métabolique et activité physique 103
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104 Pathologies
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Surpoids, obésité, syndrome métabolique et activité physique 105
Psychologie de l’engagement
« La modification durable d’un comportement est largement sous-tendue
par la nature du processus ayant entraîné ce changement. » [58]
L’éducation physique et sportive (EPS) à l’école et l’enseignement des
activités physiques et sportives peuvent ainsi offrir un terrain de trans-
formation durable de comportements dans le cadre de la lutte contre la
sédentarité. De bonnes habitudes peuvent être engagées lors des cours et
transférées dans la vie extrascolaire. Les enseignants d’EPS ont donc un rôle
essentiel à jouer dans la découverte, l’adhésion et le maintien dans la pra-
tique physique pour la santé.
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106 Pathologies
Examen clinique
Il doit être complet, à la recherche d’anomalies associées au surpoids :
• un examen ostéo-articulaire : limitation ou handicap fonctionnel ;
• un examen musculaire : masse maigre, force segmentaire ;
• un examen cardiovasculaire : ECG et échographie cardiaque si nécessaire ;
• un examen pulmonaire : questionnaire, examen clinique. Si anomalies :
explorations fonctionnelles respiratoires ;
• un examen visuel ;
• un examen neurologique (troubles de l’équilibre, déficit neurologique).
Bilan du surpoids
Ce bilan permet d’évaluer :
• l’ancienneté du surpoids et la variabilité de la courbe de poids ;
• l’importance de l’obésité ou du surpoids (IMC pour l’adulte) ;
• la répartition de l’obésité (mesure du tour de taille et tour de hanche).
Le bilan clinique pourra être complété par un examen psychologique et par
un bilan nutritionnel par une diététicienne avec compte rendu au médecin.
Sur le plan biologique, le bilan dépendra des antécédents familiaux (dia-
bète de type II, dyslipidémie…) et personnels mais il comportera au mini-
mum : glycémie à jeun, lipidogramme, bilan hépatique (ASAT, ALAT, gGT),
acide urique, évaluation de la fonction thyroïdienne par la TSH (recom-
mandations européennes de l’OMS).
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Surpoids, obésité, syndrome métabolique et activité physique 107
Contre-indications
Il n’existe pas de réelles contre-indications à la pratique de l’activité phy-
sique chez l’adulte obèse mais des restrictions d’indication que l’on pourra
classer soit en fonction du degré d’obésité soit en fonction des pathologies
associées [59]. On sera surtout vigilant sur les maladies cardiovasculaires
associées, les autres pathologies en particulier musculo-squelettiques et
ostéo-articulaires demandant surtout d’adapter la pratique aux capacités du
sujet.
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108 Pathologies
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Surpoids, obésité, syndrome métabolique et activité physique 109
la prescription afin d’obtenir une perte de poids (intérêt des bilans à type
de test d’effort servant à déterminer la VO2max et le niveau Lipoxmax®)2.
Une réduction des apports caloriques peut être recommandée également
afin d’obtenir un meilleur résultat sur toutes ces modifications pondé-
rales [61, 63].
En 2009, l’American College of sports medecine a publié une réactualisation
de ses conseils et recommande pour les adultes sains au moins 150 minutes
jusqu’à 250 minutes/semaine d’activités modérées (entre 3 et 5,9 MET) en
prévention primaire pour éviter la prise de poids. Au-delà de 150 minutes/
semaine d’activités modérées, on peut espérer une perte de poids ou une
non-reprise de poids après amaigrissement, mais c’est surtout au-delà de
250 minutes/semaine que le résultat est net [64, 65]. L’AP en résistance est
utile pour la perte de masse grasse et pour le maintien, voire le gain de
masse musculaire surtout si une restriction alimentaire est associée, mais
aussi pour ses effets sur les troubles lipidiques, sur la résistance à l’insuline
et sur la pression sanguine artérielle [64].
En prévention secondaire, l’AP, la durée et la fréquence recommandées
sont, selon l’American College of sports medicine de 2013, pour les adultes
en surpoids ou obèses, d’au moins 150 minutes jusqu’à 300 minutes/
semaine selon la tolérance (en particulier cardiovasculaire), réparties en
5 jours par semaine, d’activités aérobies modérées (entre 3 et 5,9 MET) à
intense (si sujet en est capable) pour augmenter la perte calorique. Au-delà
de 150 minutes/semaine d’activités modérées, on peut espérer une perte
de poids ou une non-reprise de poids après amaigrissement, mais c’est sur-
tout au-delà de 250 minutes/semaine que le résultat est net [65]. Le choix
d’activité aérobie seule mais aussi d’ajout d’exercices à haute intensité par
intermittence (alternance d’exercices en résistance soit après test d’effort
au seuil ventilatoire n°2) peut être discuté. Le maintien de l’amaigrisse-
ment réclame au moins 250 minutes par semaine d’AP modérée sur 5 à
7 jours [64, 65].
Après une chirugie bariatrique, l’AP est essentielle surtout pour maintenir
la réduction pondérale obtenue. L’ACSM recommande dans ce cas d’obtenir
plus de 250 minutes d’AP par semaine avec des intensités au minimum
modérées [64]. Les modalités exactes de pratique et de prescription restent
à définir [66]. Par ailleurs, ces données sont issues de la littérature nord-
américaine et on peut se poser la question de l’adaptation à la population
française.
En cas d’usage de médicament comme la sibutramine ou des sulfamides
hypoglycémiants, on est vigilant avec la pratique d’une activité physique et
on interroge le médecin traitant.
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112 Pathologies
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Surpoids, obésité, syndrome métabolique et activité physique 113
Points clés
� L’obésité est un facteur de risque de plusieurs maladies chroniques (dys-
lipidémies, diabète de type II, maladies cardiovasculaires dont l’hypertension
artérielle). Elle détériore l’image de soi et l’estime de soi, sources d’une alté-
ration de la qualité de vie ressentie.
� Le manque d’activité physique est, avec le déséquilibre alimentaire, la
cause principale de l’augmentation de la prévalence de l’obésité, en parti-
culier chez les jeunes, pour lesquels la lutte contre l’obésité doit être une
priorité (40 % des enfants et 70 % des adolescents obèses le restent à l’âge
adulte).
� Les recommandations de prévention primaire pour éviter le gain de poids
chez un sujet normopondéral sont de 150 minutes/semaine d’activité phy-
sique à intensité modérée, ou de 20 minutes d’intensité plus élevée 3 fois/
semaine associée à deux séances de 30 minutes d’intensité modérée. En pré-
vention tertiaire, chez un sujet en surpoids ou obèse, pour ne pas prendre
de poids, il faut de 45 à 60 minutes d’activité physique modérément intense/
jour au moins 5 fois/semaine (à partir de 150 minutes on peut perdre du poids
mais cela est net à partir de 250 minutes/semaine) et pour ne pas repren-
dre du poids après amaigrissement, voire de perdre du poids, il faut de 60 à
90 minutes d’activité aérobie modérée au moins 5 fois/semaine. La régularité
et la progressivité sont essentielles à la réussite de l’objectif de maintien du
poids après amaigrissement voire de perte de poids. Une séance d’AP pour
la lutte contre l’obésité est toujours associée à une prise en charge nutrition-
nelle et inclut au mieux la possibilité de stimuler à la fois les métabolismes
aérobie, musculaire par le renforcement de type musculation et le travail de
l’équilibre.
� Pour maigrir, il faut à la fois réduire les apports caloriques, adapter quali-
tativement les équilibres entre nutriments et augmenter l’activité physique,
mais les 2 000 à 2 500 kcal/semaine supplémentaires qu’il faut dépenser sont
difficiles à atteindre, d’où l’importance de l’accompagnement par du counse-
ling et bien sûr en amont de faire de la prévention globale de l’obésité.
� Les personnes qui sont en surcharge pondérale ou qui sont obèses, mais
qui sont actives et possèdent une bonne aptitude aérobie présentent un
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114 Pathologies
risque de morbidité et de mortalité inférieur à celui de personnes de poids
normal sédentaires et en mauvaise condition physique cardiorespiratoire.
� Le maintien du poids après amaigrissement représente l’effet principal de
l’AP mais les volumes d’activité requis sont supérieurs aux recommandations
d’activité physique pour la population générale. Les autres effets importants
sont le maintien de la composition corporelle et la prise en charge des comor-
bidités, en particulier cardiométaboliques.
� Promouvoir des modes de vie plus actifs au niveau d’une population est
l’affaire de tous, parents, enseignants et éducateurs, élus, gestionnaires de
lieux publics, professionnels de santé, fédérations sportives et mouvement
sportif. Il faut promouvoir la culture sportive au sein de la population et valo-
riser la pratique régulière d’AP en insistant sur le plaisir qui s’y rattache. Le
choix du mode de pratique individuel ou collectif, en groupe de pairs ou en
groupe ouvert doit être laissé à l’appréciation du patient.
� Prévoir un relais de pratique des AP à la sortie des séjours en SSR spécialité
Nutrition est essentiel. C’est le seul moyen de maintenir les niveaux d’AP effi-
caces. Il faut donc promouvoir le développement des dispositifs de « sport-
santé » en ville (comme efFORMip), dans les clubs sportifs, au sein des clubs
fédéraux de sport pour accueillir ce public en surpoids.
Ordonnance
Après des bilans cardiovasculaire et ostéoarticulaire bien réalisés
Dr Z Toulouse, le…
M. X
Vous avez accepté de vous engager vers une pratique physique selon la moda-
lité RASP, c’est-à-dire Régulière, Adaptée, Sécurisante (avec un éducateur spor-
tif formé aux AP des porteurs de pathologies) et Progressive (charge initiale
très faible et progression des charges d’entraînement par paliers de 15 jours
minimum).
La progressivité sera une règle intangible pour favoriser l’observance de l’AP.
Parmi les activités, mieux vaut choisir les AP adaptées à vos goûts (le plaisir
sera recherché), à vos habiletés, capacités et potentialités physiques, mentales,
sociales et culturelles, ainsi qu’à vos objectifs personnalisés déterminés avec
le médecin et/ou l’éducateur médico-sportif. Elles seront au mieux douces,
pratiquées en décharge, limitant la pénibilité liée au poids et économisant vos
articulations, comme la natation, le vélo et/ou la marche (efficacité prouvée
pour cette dernière modalité).
Pratiquer en endurance aérobie (p. ex., vous pouvez alterner une séance de
vélo avec une de marche ou de natation) : vers 60 % de la FC de réserve ou à
50 % de la FC max théorique ou à Lipoxmax® (40 % VO2max) si ce seuil a été
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Surpoids, obésité, syndrome métabolique et activité physique 115
calculé individuellement, pendant 45 à 60 minutes, à raison de 5 fois/semaine
(régularité) ou alors grâce à un travail par interval-training. Par exemple :
30 secondes d’effort puis 60 secondes de repos à répéter pendant 3 minutes,
puis repos de 3 minutes et reprise de la séquence précédente pendant 20 mi-
nutes à 80 % de la FC de réserve (ce schéma d’effort peut être varié selon les
capacités du sujet sous le couvert de l’éducateur médico-sportif). On associera
toujours des exercices de renforcement musculaire des quatre membres, de la
souplesse et de l’équilibre.
Être vigilant en cas d’usage de médicaments comme la sibutramine (qui pré-
sente des effets secondaires et qui positive les contrôles antidopage si la parti-
cipation à des compétitions est envisagée) ou des sulfamides hypoglycémiants.
Tenir un carnet d’entraînement à jour que vous rapporterez à la prochaine
consultation.
Signaler à votre éducateur sportif toute sensation anormale survenant au cours
d’un exercice, comme une gêne ou une douleur thoracique ou abdominale,
un essoufflement anormal, des palpitations, des vertiges, une impression de
malaise, une baisse de forme nette et inexpliquée, etc.
Au moindre problème, m’appeler.
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120 Pathologies
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6 Diabète de type II
et activité physique
Diabète de type II
Définition
Le diabète non insulinodépendant ou type II, ou diabète gras est une patho-
logie du pancréas multifactorielle où la pathogénie est assez complexe sur
le défaut de sécrétion et d’utilisation de l’hormone hypoglycémiante qu’est
l’insuline.
Deux anomalies sont alors responsables de l’hyperglycémie :
• soit le pancréas fabrique toujours de l’insuline mais pas assez, par rapport
à la glycémie : c’est l’insulinopénie ;
• soit cette insuline agit mal, on parle alors d’insulino-résistance.
On le distingue du diabète de type I, non traité ici, où la sécrétion d’insu-
line n’existe plus. Le diabète peut aussi se définir par un trouble de l’assi-
milation, de l’utilisation et du stockage des sucres apportés par l’alimenta-
tion. Cela se traduit par un taux de glucose dans le sang – encore appelé
glycémie – élevé : on parle d’hyperglycémie. Une personne présente un
diabète de type II lorsqu’elle a une hyperglycémie chronique et donc que sa
glycémie à jeun (8 h de jeûne au moins) est contrôlée à deux reprises à une
valeur supérieure à 1,26 g/L (7 mmol/L) ou bien si sa glycémie est supérieure
ou égale à 2 g/L (11 mmol/L) à n’importe quel moment de la journée et
qu’elle présente, de plus, des signes comme la fatigue, un amaigrissement,
une polyuro-polydipsie, une hyperphagie. L’hyperglycémie provoquée par
voie orale qui montre un taux supérieur ou égal à 2 g/L à la deuxième heure
est la méthode étalon pour définir le diabète mais n’est plus utilisée en
routine. Le suivi de l’équilibre glycémique des diabétiques utilise le taux
d’hémoglobine glyquée (HbA1c) qui doit se situer en dessous de 6,5 ou 7 %
(selon les sources) pour éviter les complications.
Profil type
Le diabète de type II ou diabète gras survient le plus souvent après l’âge de
40 ans, même si une tendance à un début de plus en plus jeune apparaît,
chez une personne présentant une surcharge pondérale ou une obésité
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Diabète de type II et activité physique 123
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124 Pathologies
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Diabète de type II et activité physique 125
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126 Pathologies
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Diabète de type II et activité physique 127
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128 Pathologies
Modalités de pratique
Elles sont identiques à tous les conseils donnés aux sédentaires : augmen-
ter l’activité de base de la vie quotidienne et rajouter au moins 3 séances/
semaine d’activités aérobies dans le respect des enseignements tirés des
bilans réalisés avant de débuter les efforts. Les examens complémentaires
sont d’autant plus poussés (en particulier sur le plan cardiovasculaire) que
les disciplines envisagées sont à haute ou très haute intensité.
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Diabète de type II et activité physique 129
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130 Pathologies
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Diabète de type II et activité physique 131
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132 Pathologies
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Diabète de type II et activité physique 133
Neuropathies
Dans les années 2000, les experts recommandaient d’éviter les AP en
charge avec du poids, or, depuis 2006, plusieurs articles tendent à limiter le
poids de cette recommandation et, en 2015, on peut et on doit inciter les
sujets porteurs d’une neuropathie diabétique avec ou sans ulcères cutanés
à faire de l’AP [36-38]. L’activité physique a un effet bénéfique démontré
dans la prévention de la neuropathie diabétique. Par exemple, dans une
étude randomisée chez 78 patients atteints de diabète de type 1 ou de
type 2, il a été observé que 4 heures par semaine de marche d’un pas vif
sur un tapis, pendant 4 ans, diminuent l’apparition d’une neuropathie
sensitivomotrice [39].
Patricia Kluding a montré en 2012 dans le Journal of Diabetes and Its
Complications, les résultats d’une étude qui consistait pour des porteurs de
polyneuropathie diabétique à faire des exercices en aérobie et en force, 3 à
4 fois par semaine pendant dix semaines. Elle a montré, sur un petit nom-
bre de sujets (n = 17), 30 % de diminution du score de douleur et une
amélioration du score de sévérité de la neuropathie. Elle a surtout montré
sur des biopsies de nerf l’augmentation du nombre de fibres nerveuses sur
ces pieds atteints [38].
Pathologies ostéo-articulaires
Une pratique adaptée, sollicitant de manière modérée les articulations
porteuses (ou mieux en favorisant les activités non portées comme le vélo
ou la natation) et évitant les efforts pendant les poussées aiguës réduit les
douleurs articulaires et maintien un bon fonctionnement de l’appareil
locomoteur (voir chapitre 7). Une arthropathie des pieds doit bénéficier de
chaussures adaptées et d’un suivi spécialisé.
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134 Pathologies
Interactions médicamenteuses
Les médicaments pris par les diabétiques et pouvant interagir avec
l’exercice physique sont essentiellement les bêtabloquants indiqués dans
l’hypertension artérielle (sous évaluation de la fréquence cardiaque,
moins bonne tolérance à l’effort et moins bonne sensation d’hypoglycé-
mie), les antidiabétiques oraux ou injectables (précautions précisées pré-
cédemment) et les anticoagulants qui peuvent contre-indiquer certaines
pratiques physiques. Ainsi, il faut être vigilant avec les sulfamides hypo-
glycémiants, car il y a un risque d’hypoglycémie même si l’équilibre est
bon au départ, il faut diminuer la dose de moitié ou arrêter le traitement
et prévoir une autosurveillance avant et après. Cette automesure glycé-
mique permet d’adapter les doses, de constater l’effet hypoglycémiant
de l’activité physique et éventuellement de baisser la dose habituelle de
sulfamides hypoglycémiants.
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Diabète de type II et activité physique 135
Données épidémiologiques
Un nombre considérable de publications atteste de l’intérêt de pratiquer
une activité physique régulière, adaptée, sécurisante et progressive chez
le diabétique, que ce soit pour améliorer son équilibre métabolique, pour
réduire les cofacteurs de morbidité du diabète ainsi que ses complications,
mais aussi pour améliorer sa qualité de vie. On parle vraiment de traitement
pour qualifier l’AP chez les diabétiques de type II.
Une méta-analyse [41] sur 14 études randomisées conclut entre autres
que l’activité physique pratiquée chez le diabétique de type II améliore
de manière significative l’équilibre glycémique, avec une baisse moyenne
de l’HbA1c de 0,6 % (effet attribuable uniquement à l’action de l’activité
physique). Cet effet existe, même sans variation du poids. La pratique
régulière d’une activité physique réduit la graisse viscérale et n’entraîne
aucune complication chez ce diabétique [41]. Pour mesurer l’influence
de cette baisse d’HbA1c, l’étude UKPDS [42] a mesuré les complica-
tions entraînées par chaque augmentation de 1 % d’HbA1c : risque de
complications augmentées de 21 %, risque de décès dû au diabète de
type II augmenté de 21 %, risque d’infarctus du myocarde augmenté
de 14 %, risque de micro-angiopathie augmenté de 37 %. En miroir, on
peut mesurer quelle est la réduction de ces complications par la mise
en place d’une pratique physique régulière, adaptée, sécurisante et
progressive.
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136 Pathologies
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Diabète de type II et activité physique 137
Conclusion
Dans le cadre d’une prise en charge par les AP visant à l’autonomie du
patient :
• il faut absolument évaluer les connaissances des patients diabétiques, et
leur observance aux recommandations : en particulier sur les effets béné-
fiques de l’activité physique sur la glycémie et sur les facteurs de risque
cardiovasculaires ;
• en présence d’une hypoglycémie (patients sous insuline ou sulfamides
hypoglycémiants) : détection, traitement, prévention ;
• en cas d’hyperglycémie importante : pas d’activité physique (elle amé-
liore une hyperglycémie modérée, mais elle aggrave une hyperglycémie
importante) ;
• sur les soins des pieds, en particulier en cas de pieds à risque : soins quo-
tidiens, attention aux cailloux dans les chaussures, choix des chaussures,
protéger les deux pieds en cas de mal perforant plantaire ; sur le fait de
ne pas marcher pieds nus, attention aux coquillages et au sable chaud ;
sur l’hygiène et prévention des mycoses et sur le fait de savoir utiliser les
consultations de pédicurie [46].
Points clés
� Le diabète de type II est une maladie fréquente (3 % des Français) parmi
les adultes de plus de 40 ans ayant un mode de vie sédentaire et une alimen-
tation déséquilibrée.
� Elle se caractérise par une glycémie élevée responsable des complications
du diabète (macro- et micro-angiopathie, atteinte des pieds…) qui se déve-
loppent sans bruit (un grand nombre de diabétiques s’ignorent), altèrent la
qualité de vie et sont sources de handicaps et d’incapacités.
� L’insulino-résistance induite aussi par l’excès d’acides gras est d’abord
compensée par une libération accrue d’insuline jusqu’à ce que le pancréas
s’épuise et que le diabète s’installe.
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138 Pathologies
� Les APS s’inscrivent dans une double perspective de prévention :
j Le diabète de type II peut être prévenu par une alimentation et une AP
adéquate, en particulier chez les sujets à risque « prédiabétiques ».
j Une fois installée, l’AP peut jouer un rôle de « médicament », car les APS ont
en particulier la propriété de diminuer l’hyperglycémie, symptôme et facteur
de risque principal des complications. De plus, en complément de la prise en
charge diététique, elle permet une moindre consommation médicamenteuse.
� L’activité physique, par ses besoins musculaires en énergie, est un moyen
simple et efficace pour réduire l’insulino-résistance (entrée de glucose dans
la cellule sans besoin d’insuline) et ainsi empêcher ou retarder l’apparition
du diabète, indépendamment de la diététique, de l’IMC de départ ou de sa
variation.
� L’activité physique quotidienne, par un meilleur équilibre glycémique
permet d’entretenir une bonne sensibilité à l’insuline et retarde ou empêche
la survenue des complications du diabète. On cherche donc à prévenir le
développement des complications micro- et macrovasculaires à long terme, à
obtenir le meilleur équilibre glycémique possible (HbA1c), à contrôler le poids
et à prendre en charge les autres facteurs de risque cardiovasculaire.
� La plupart des études sur l’AP d’intensité modérée retrouvent une diminu-
tion de l’hémoglobine glyquée de 0,5 à 1 %.
� Quelle que soit la durée de période de sédentarité, l’AP cumulée dans
la journée est bénéfique. Même chez les personnes en surpoids et chez les
fumeurs, l’activité physique permet de prévenir l’insulino-résistance. La
pérennité de l’effet hypoglycémiant nécessite donc l’intégration d’une APS
régulière dans le mode de vie.
� L’AP permet une modification de la morphologie avec gain de masse mus-
culaire, et une modification de la répartition des stocks de graisse (diminution
de la graisse périviscérale) et aide au maintien de la perte de poids, mais ne
fait pas maigrir seule.
� La participation dès le jeune âge à une activité régulière est un facteur de
limitation de l’apparition de l’obésité abdominale et du diabète de type II à
l’âge adulte.
� Il est nécessaire d’individualiser la prescription de l’activité physique chez
le diabétique de type II : l’intensité et la durée sont adaptées après bilan de
tolérance à l’effort ; l’analyse du carnet d’autosurveillance est nécessaire pour
l’adaptation du traitement aux efforts.
� Il y a intérêt d’une activité physique faible à modérée pour une utilisation
maximale des lipides durant l’exercice. Il y a intérêt d’une activité physique
intense pour une utilisation des lipides en post-exercice, mais uniquement en
l’absence de risque cardiovasculaire démontré.
� En pratique, on associe l’entraînement en endurance (au moins 30 minutes/
semaine au moins 3 fois/semaine) qui permet d’améliorer l’équilibre glycé-
mique et la condition physique, à l’exercice en résistance supervisé qui peut
aussi améliorer l’équilibre glycémique et la composition corporelle.
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Diabète de type II et activité physique 139
� En dehors de l’équilibre glycémique, l’exercice physique peut de plus amé-
liorer les facteurs de risque et la survenue d’événements cardiovasculaires.
� Bien évaluer les connaissances dispensées lors de l’éducation thérapeu-
tique.
� L’importance de la régularité de la pratique (entraînement) et l’association
à un programme comportemental d’accompagnement du reconditionne-
ment à l’effort permettent un réentraînement efficace grâce aux éducateurs
médico-sportifs.
� Les éducateurs médico-sportifs, nouveaux acteurs de la santé et de l’édu-
cation thérapeutique du diabétique, peuvent dans le cadre de programmes
individuels d’éducation préparer puis accompagner les patients pour une pra-
tique physique de proximité régulière (3 fois/semaine), adaptée (aux capaci-
tés, aux goûts et aux objectifs de santé), sécurisante (état de santé individuel,
équipement et environnement) et progressive (paliers de 15 jours au moins
avant d’augmenter la charge d’entraînement).
Ordonnance
Dr Z Toulouse, le…
M. X
Faire pratiquer après un bilan de tolérance cardiovasculaire (pour le risque
coronaire et aussi pour le risque tensionnel dans les activités en résistance
comme la musculation), un bilan médical complet et de condition physique.
Doser la glycémie capillaire avant l’effort et si on a une hyperglycémie > 15 mmol/L
(2,5 g/L) ne pas faire d’exercice, si < 1 g/L resucrer avant l’effort.
Faire attention aux sports de combat pour le risque ophtalmologique.
Pratiquer une AP, en plus du fait de bouger au quotidien, qui permet de lutter
contre la sédentarité :
• une AP en endurance aérobie (marche, jogging, vélo, natation…) au moins
3 fois/semaine, et si possible tous les jours, pendant 45 à 60 minutes (à atteindre
progressivement) en endurance modérée, pour atteindre une FC = 30 à 60 %
de FC max (soit entre … bpm et … bpm), ou plus précisément à la fréquence
cardiaque au seuil d’oxydation maximal des lipides donnée par l’épreuve d’ef-
fort (Lipoxmax® à … bpm). On peut proposer en alternance des séances plus
courtes d’une durée de 20 minutes entre 60 à 80 % de FC max si le bilan initial
le permet (soit entre … bpm et … bpm). La marche est l’activité initiale la plus
accessible, mais tous les sports en loisirs, exceptés ceux en environnement hos-
tiles pratiqués en solitaire, sont possibles encadrés par un éducateur sportif
formé aux AP pour la santé ;
• une AP contre résistance musculaire doit être réalisée en fonction de la tolé-
rance du patient, 10 à 15 répétitions de chaque groupe musculaire, pour attein-
dre une force de travail égale à 50 % de la force maximale volontaire (FMV) ;
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140 Pathologies
• une AP qui fait travailler la souplesse et l’équilibre, à faire au moins 2 fois/
semaine.
Tenir un carnet d’entraînement à jour que vous rapporterez à la prochaine
consultation.
Au moindre problème, m’appeler.
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142 Pathologies
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7 Arthrose et activité
physique
Définition
L’arthrose est un terme qui regroupe des affections chroniques dégénéra-
tives non inflammatoires des articulations. Il faut bien distinguer l’arthrose
maladie (primitive ou secondaire) du « vieillissement physiologique » du
cartilage qui est polyarticulaire, asymptomatique et se traduit par de sim-
ples fibrillations superficielles avec cartilage dur, déshydraté et riche en
protéoglycanes. On reconnaît deux types « d’arthrose maladie ». L’une est
dite primitive, avec un fonctionnement articulaire normal, mais un carti-
lage pathologique (fragile) ; l’origine de cette fragilité est intracartilagineuse
(chondrocalcinose, contusion du cartilage) ou bien provient de l’os sous-
chondral (ostéonécrose) ou encore de la synoviale (synovite infectieuse…).
L’autre type d’arthrose, dite secondaire, se définit par un cartilage normal
qui supporte des pressions trop importantes, c’est le cas le plus fréquent
chez le sportif. Par exemple, lorsqu’il existe une dysplasie articulaire de la
hanche (cotyle), au genou dans le cadre d’instabilité articulaire (rupture du
ligament croisé antérieur du genou, hyperlaxité), dans le cadre d’un syn-
drome fémoro-patellaire, dans les cas de surcharge (surcharge pondérale et
surcharge fonctionnelle par hypersollicitation sportive ou professionnelle),
enfin dans les cas d’incongruence articulaire (méniscectomie, séquelle de
fracture). D’autres arthroses secondaires sont liées à certaines maladies
rhumatismales (ostéochondromatose, hyperostose de Forestier) ou métabo-
liques (hémochromatose, drépanocytose, maladie de Paget…).
Prévalence
C’est une pathologie fréquente dont la prévalence est estimée à environ
17 % aux États-Unis [1] et, par déduction, on estime le nombre de personnes
qui en souffrent en France entre 9 et 10 millions [2]. Les articulations prin-
cipalement touchées sont les cervicales et les lombaires (entre 70 et 75 %), le
genou (40 %), le pouce (30 %), la hanche et la cheville (10 %) et les épaules (2 %).
Les arthroses du genou et de la hanche ne sont pas les plus fréquentes, mais
elles restent les plus invalidantes au quotidien. La coxarthrose (arthrose de
la hanche) et la gonarthrose (arthrose du genou) symptomatiques touchent
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Arthrose et activité physique 145
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146 Pathologies
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Arthrose et activité physique 147
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148 Pathologies
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Arthrose et activité physique 149
Conseils spécifiques
Avant l’apparition des signes d’arthrose, les seuls conseils d’AP à donner
sont les conseils habituels d’AP régulière, modérée en limitant les sports
ou AP traumatisantes (à base de torsion, de chocs répétés, de sauts…). Une
fois le diagnostic d’arthrose porté, la prescription est faite grâce aux infor-
mations obtenues suite à un examen ostéo-articulaire qui a recherché les
antécédents traumatiques du patient, les épisodes antérieurs douloureux et
l’histoire de son arthrose ainsi qu’un examen clinique des articulations qui
vont être fortement sollicitées dans les AP ou le sport envisagé par le sujet.
On recherche une raideur méconnue ou une anomalie morphologique pré-
existante à risque (dysplasie de hanche, genu varum, dysplasie de rotule…).
La pratique conseillée est raisonnable et raisonnée en évitant les périodes
de poussées congestives. On minimise les impacts et les torsions articulaires
et on essaie d’augmenter la masse musculaire globale. On veille à encou-
rager la perte de poids chez le patient en surpoids ou obèse, en particulier
par l’association d’un rééquilibrage alimentaire, voire d’une alimentation
hypocalorique, et d’une AP. En prévention secondaire, l’AP, la durée et la
fréquence recommandées sont, selon l’American College of sports medicine
de 2013, pour les adultes en surpoids ou obèses, d’au moins 150 minutes
jusqu’à 300 minutes/semaine selon la tolérance (en particulier cardiovas-
culaire), réparties en 5 jours par semaine, d’activités aérobies modérées
(entre 3 et 5,9 MET) à intense (si le sujet en est capable) pour augmenter
la perte calorique. Au-delà de 150 minutes/semaine d’activités modérées,
on peut espérer une perte de poids ou une non-reprise de poids après
amaigrissement, mais c’est surtout au-delà de 250 minutes/semaine que
le résultat est net [26]. Le choix d’activité aérobie seule mais aussi d’ajout
d’exercices à haute intensité par intermittence (alternance d’exercices en
résistance) peut être discuté (voir le chapitre 5 sur l’obésité). Le maintien de
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150 Pathologies
1. 1 RM : répétition maximale.
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Arthrose et activité physique 151
Sports recommandés
Le vélo (sauf problème particulier sur la rotule), la natation sont particu-
lièrement conseillés ainsi que le stretching et la gymnastique d’entretien.
Les sports de contact, de saut, de ballon sont à éviter. Le ski alpin peut
être pratiqué avec modération et après préparation physique adéquate, de
même le ski de fond en ligne est intéressant, le skating un peu moins. Bien
entendu, tout reste à moduler en fonction du degré d’expérience et d’exper-
tise technique de chacun…
Certains gestes sont déconseillés, mais pas systématiquement interdits.
Ainsi, dans le cas de gonarthrose fémoro-patellaire, on est attentif à la pra-
tique du cyclisme, de la brasse, du ski alpin, de la descente en randonnée,
du pas de patineur en ski de fond. On évite la musculation lourde, on lui
préfère le renforcement musculaire sans charge additionnelle ou encore
l’utilisation de résistances élastiques. L’haltérophilie et la force athlétiques
sont accusées de provoquer des lésions du cartilage rotulien. Il convient
de rappeler que dans la flexion du genou à 90°, la résultante de la force
appliquée au niveau de la face postérieure de la rotule est de six fois le poids
du corps, et certains athlètes soulèvent plus de 200 kg en haltérophilie et
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152 Pathologies
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Arthrose et activité physique 153
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154 Pathologies
l’aviron, le ski alpin (éviter les virages serrés et les pentes raides), le ski nor-
dique et de randonnée, le tennis en double, la musculation.
Les activités non recommandées, présentant des risques d’impact et de
torsion articulaire, sont l’aérobic et le fitness avec impacts élevés sur les
articulations du membre inférieur, les sports collectifs (basket-ball, base-
ball, handball, hockey, volley-ball, rugby, football) ; par extension les sports
de contact, les sports de combat, le squash, le tennis en simple [12, 32, 35]
et, de façon générale, toute activité incluant des sauts rapides et/ou répétés.
En effet, les contraintes générées par des exercices réalisés en pliométrie
peuvent alors atteindre jusqu’à quinze fois le poids du corps.
La marche rapide, éventuellement le jogging, ne semble pas poser de pro-
blème pour les porteurs de PTH, en revanche les porteurs de PTG doivent
être prudents dans la pratique de la course à pied (rester sur terrain plat
et souple). Le patient doit toujours être bien informé des risques d’usure
prématurée, des facteurs provoquant des complications. La compétition est
contre-indiquée.
Perspectives
Tout reste à faire, car une étude française a montré que seulement 15 % des
médecins généralistes étaient prêts à prescrire en première intention une
activité physique chez des patients arthrosiques [43], seulement un tiers
des arthrosiques interrogés avait reçu le conseil de pratique des APS par leur
médecin [44].
Conclusion
L’AP modérée et régulière ne prévient pas l’arthrose, mais elle en diminue
le risque de survenue. L’AP intensive et/ou mal conduite est arthrogène sur
les articulations sollicitées par le sport pratiqué. Lorsque le sujet est arthro-
sique, les études concluent à l’amélioration des capacités fonctionnelles et
à une diminution des douleurs grâce à l’action sur l’environnement mus-
culaire de l’articulation atteinte et ses amplitudes articulaires.
En prévention primaire, on recommande une activité physique ou spor-
tive modérée et régulière et en prévention secondaire et tertiaire, on associe
une éducation thérapeutique avec pratique d’AP encadrée au début par un
masseur kinésithérapeute avec un travail spécifique de renforcement mus-
culaire sur toutes les modalités de contraction possible, d’étirement, de
proprioception puis une AP régulière globale avec des exercices d’aérobie
d’intensité modérée à vigoureuse, de résistance modérée à vigoureuse, de
renforcement musculaire, d’équilibre et d’étirement avec un éducateur
sportif au sein d’une institution sportive afin de renforcer l’adhésion à la
régularité de la pratique.
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Arthrose et activité physique 155
Points clés
� Le sport intensif est une cause de développement de l’arthrose par
contraintes et hypersollicitations. En revanche, les AP, le mouvement articu-
laire et les contraintes de l’articulation sans excès sont essentiels pour « nour-
rir » le cartilage. L’AP dynamique en charge d’intensité faible à modérée est
utile pour maintenir un capital cartilagineux fonctionnel.
� Quelle que soit l’activité, tout non-respect de « l’intelligence articulaire »,
c’est-à-dire du bon placement biomécanique, peut conduire à l’arthrose par
augmentation des contraintes cartilagineuses.
� La pratique des APS est bénéfique chez l’arthrosique, car elle permet de
diminuer la douleur, la raideur articulaire et l’amyotrophie. Elle contribue à la
qualité de vie.
� Il convient de privilégier des AP en décharge en respectant la règle de non-
douleur et le principe d’épargne articulaire. Les APS avec impacts, sauts et
torsions articulaires et les sports de compétition avec impacts (sport de balle
en équipe type football, rugby…) et de contact sont déconseillés.
� Le choix du sol de pratique plutôt souple est important. Les pratiques en
milieux aquatiques, ainsi que les AP en glisse sont utiles.
� La pratique conseillée doit être régulière, raisonnable et raisonnée en évi-
tant les périodes de poussées congestives de l’articulation arthrosique.
� Les porteurs de prothèses peuvent faire de l’AP, surtout en décharge (dans
l’eau, sur vélo) ou en charge mais de façon modérée pour protéger de l’usure
les pièces prothétiques (randonnée, marche, course à pied sur terrain stable).
� Respecter les orientations préférentielles du sujet en matière d’activités
lorsqu’elles sont compatibles avec sa pathologie présente un gage d’adhésion
et favorise l’entretien de sa motivation.
Ordonnance
Type d’activité physique chez un sujet arthrosique
Dr Z Toulouse, le…
M. X
Perdre du poids préalablement à la mise en activité, puis pendant l’activité
(voir ordonnance du chapitre 5).
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156 Pathologies
Tous les jours, faire de l’activité physique de base, afin de lutter contre la
sédentarité comme marcher d’un bon pas pour aller au travail.
5 jours sur 7 au minimum, prévoir 30 minutes d’activités en endurance et
atteindre progressivement 60 minutes d’activité aérobie, à intensité modérée
par jour. Les activités en décharge sont à privilégier. Faire des exercices en
endurance aérobie, efficaces à long terme comme la marche, déambulation
en piscine, yoga, tai-chi et vélo (sauf pour l’arthrose fémoro-patellaire dans le
cas du vélo). Bouger entre … bpm et … bpm.
Vous pouvez aussi alterner tous les 15 jours, le schéma précédent par une
semaine avec 3 séances d’endurance à une intensité plus élevée durant 20
minutes : entre … bpm et … bpm.
Insister sur le renforcement musculaire des muscles périarticulaires au moins 2
à 3 fois/semaine, au mieux à intégrer dans chaque séance d’AP selon la règle
des 8 à 10 exercices utilisant les principaux groupes musculaires avec 10 à 15
répétitions à chaque exercice. L’intensité est au départ modérée (score de 5 sur
une échelle de 0 à 10, puis autour de 7-8).
Ajouter toujours des exercices d’assouplissement, de proprioception et d’équi-
libre.
En cas de crise douloureuse articulaire, diminuer les quantités d’exercices.
Tenir un carnet d’entraînement à jour que vous rapporterez à la prochaine
consultation.
Au moindre problème, m’appeler.
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8 Ostéoporose et activité
physique1
Définition
L’ostéoporose est une maladie du squelette caractérisée par une masse
osseuse basse et une détérioration micro-architecturale du tissu osseux
conduisant à une augmentation de la fragilité osseuse et à une augmenta-
tion conséquente du risque de fracture (col du fémur, vertèbre, poignet…).
Les hommes ont autant de risque que les femmes de faire une fracture
ostéoporotique. Cependant, l’ostéoporose est plus commune chez les
femmes et est le plus souvent liée au vieillissement naturel, en particulier
en post-ménopause. On peut aussi la définir par rapport à la mesure de la
densité minérale osseuse (DMO) par l’absorptiométrie biphotonique aux
rayons X ou DEXA, cette méthode est reconnue par la Haute autorité de
santé (HAS) en 2006, qui précise qu’elle n’est utile et n’a d’indication que
chez les personnes présentant des facteurs de risque (encadré 8.1) [1].
Le DEXA (utilisable en routine clinique, la densitométrie osseuse est
remboursée selon certaines conditions depuis 2006 en France) fournit une
densité par superficie (g × cm−2) et le scanner (tomodensitométrie) osseux
fournit une densité volumétrique (mg × cm−3). La seconde méthode avec
les scanners classiques étant imprécise pour obtenir une meilleure résolu-
tion vu la taille des travées osseuses, on peut utiliser, mais uniquement en
recherche, un scanner haute résolution en 3D. Les résultats sont donnés
sous la forme de deux scores exprimés en unités d’écart type : T-score et
Z-score. Le T-score correspond à une valeur exprimée en nombre d’écarts-
types par rapport à la DMO moyenne au même site osseux chez des sujets
de 20-25 ans (au pic de masse osseuse : valeur optimale) du même sexe et de
la même ethnie. Selon l’OMS, une DMO ≤ − 2,5 T-score signe l’ostéoporose
quel que soit le site anatomique de mesure. Entre − 2,5 et − 1 de T-score on
parle d’ostéopénie. Si le T-score est supérieur à − 1, la densité est normale.
Le Z-score est exprimé avec comme valeur de référence une population de
même âge que le sujet étudié, c’est-à-dire que toute sa vie un sujet non
ostéoporotique aura un Z-score = 0 mais un T-score diminué. Le T-score
est généralement utilisé en clinique chez l’adulte, tandis que le Z-score est
Encadré 8.1
Épidémiologie
En France, on considère que de 3 à presque 4 millions de femmes (30 à 40 %
des femmes ménopausées) sont atteintes d’ostéoporose. Cette maladie a été
responsable de 130 000 fractures (dont 50 000 de l’extrémité supérieure
du col du fémur) et de 78 000 séjours hospitaliers en 1999. Elle est aussi à
l’origine d’une surmortalité bien documentée pour les fractures de hanche
et, à un moindre degré, pour les fractures de vertèbre. Le coût induit par
l’ostéoporose et ses conséquences fracturaires vont continuer à progresser
avec l’augmentation de l’espérance de vie et du nombre de personnes âgées.
Il représente déjà plus de 10 milliards de dollars par an aux États-Unis.
En Europe, il avoisine les 17 milliards de dollars [2]. En France, selon les
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Ostéoporose et activité physique 161
Traitement
Le traitement spécifique n’est pas décrit ici, on recommande de ne le pres-
crire qu’après avoir corrigé une éventuelle carence en calcium et/ou en
vitamine D, par ajustement des apports alimentaires et/ou supplémenta-
tion médicamenteuse. L’HAS recommande d’obtenir le sevrage tabagique
et rappelle que la prévention des chutes fait partie de la prise en charge
globale [1]. Ce chapitre traite uniquement, dans le cadre des traitements
non médicamenteux, de l’intérêt des activités physiques et sportives même
si celui-ci reste très discuté, comme nous le verrons par la suite.
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162 Pathologies
Renouvellement osseux
Afin de bien comprendre le rôle de l’exercice, il faut savoir que l’os se renou-
velle en permanence, c’est ce que l’on appelle le remodelage osseux avec une
balance entre résorption et formation osseuse. Ce processus concerne tous
les os, mais c’est surtout l’os trabéculaire (spongieux) comme les vertèbres
plus que l’os cortical (compact) formant les diaphyses des os longs qui y
est sensible. Si une contrainte du type pression sur l’os liée à un exercice
physique est exercée, la balance osseuse est positive, ce qui conduit à un
gain d’os (ostéogénèse) ; les hypothèses sur les mécanismes impliqués sont
exposées plus loin. À côté de ce phénomène de renouvellement d’os ancien,
il existe aussi sous la contrainte mécanique une synthèse d’os de novo. Cela
est surtout visible sur un os en croissance mais aussi via le périoste sur un os
mature, le calibre de l’os augmente alors. De la même manière, l’absence de
contrainte sur un os (immobilisation prolongée : traitement orthopédique,
alitement, handicap type paraplégie, tétraplégie ; apesanteur) provoque une
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Ostéoporose et activité physique 163
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Ostéoporose et activité physique 165
Figure 8.2. Les quatre domaines de sollicitations mécaniques définis par la théorie
du « mécanostat ».
R : activité de résorption osseuse ; F : activité de formation osseuse ; 1 mstrain correspond
à une déformation de 1 mm par mètre de longueur.
Source : Thèse d’Olivier Coste [66], d’après Duncan et Turner, 1995 ; adaptée de Burr et Martin, 1992.
selon Frost, l’os est donc capable d’ajuster en permanence sa masse et son
architecture afin de préserver l’intégrité de sa structure et de sa résistance,
tout en s’adaptant continuellement aux différents stimuli [14].
Dans la troisième, la déformation au niveau des os par la pression provo-
querait une réponse biochimique médiée entre autre par l’IGF-1 et les pros-
tacyclines qui stimuleraient la formation osseuse [17-19]. Il s’agit du phé-
nomène de mécano-transduction, mécanisme de conversion d’une force
biophysique en réponse cellulaire. On l’explique par l’effet de la contrainte
locale qui entraîne un déplacement de fluide dans les canalicules de la
matrice non minéralisée, ce qui génère une force suffisante pour activer
les ostéocytes qui sont les cellules osseuses les plus sensibles aux sollicita-
tions mécaniques [19]. Aujourd’hui, le mode de stimulation de l’os est aussi
étudié, en particulier les vibrations qui joueraient un rôle positif plutôt en
faveur de stimuli basés sur la haute fréquence et la basse amplitude [10].
D’autres facteurs peuvent moduler l’effet de l’entraînement, c’est-à-dire le
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Ostéoporose et activité physique 167
radius que des autres sites osseux [40]. Dans l’hypothèse de Frost déjà citée,
un seuil minimal d’intensité d’AP est nécessaire pour induire une réponse
du tissu osseux. L’importance de bouger jusqu’à ce seuil est détaillée dans
ce chapitre.
Cela dit, l’effet du muscle sur l’os n’est probablement pas le plus optimal,
en tout cas à lui seul, lorsque l’on sait que des nageurs qui s’entraînent
15 h/semaines ont la même DMO que des sujets sédentaires.
Les effets de l’AP sur l’équilibre n’étant pas en lien direct avec un effet sur
le tissu osseux, ils sont décrits dans la partie prévention secondaire et ter-
tiaire de ce chapitre en relation avec le risque de chutes et de complications
à type de fractures. À la lecture de ces données, on peut donc en déduire que
toutes les AP ne sont sûrement pas équivalentes pour leur effet sur l’os, ce
que nous allons voir dans les paragraphes suivants.
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168 Pathologies
de l’activité physique sur l’os, tels que l’IGF-1 et la DMO du col du fémur,
est d’autant plus significative que les personnes sont sédentaires [44].
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Ostéoporose et activité physique 169
Tableau 8.2. Données sur les contraintes maximales sur hanche saine
adaptées par les auteurs.
Contraintes connues au niveau
des membres inférieurs calculées
en multiple du poids du corps
Haltérophilie : l’haltérophilie avait été 3 à 7 fois le poids du corps (PC)
classée dans les activités sans impact, ce qui
est contesté par les spécialistes de ce sport ;
on dit dans le jargon des « initiés » que
l’haltérophilie c’est du saut avec charge
Sauts, sports collectifs 2 à 8 PC
Course à pied 1,5 à 5,2 PC
Marche 1 à 1,6 jusqu’à 2,5 PC
Ski de fond De pas d’effet osseux pour certains auteurs
à 4,1 à 4,6 PC
Ski alpin 4,1 à 7,8 PC
Cyclisme, natation Pas d’effet osseux
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Ostéoporose et activité physique 173
moins d’effet, ainsi seules les activités en charge (soumises à la gravité) sem-
blent pouvoir avoir un impact sur le statut osseux, en particulier du col
du fémur [79] et si un entraînement en résistance (travail de la force mus-
culaire non en charge) 2 à 3 fois/semaine de 50 minutes n’améliore pas la
densité osseuse [80], un travail de même durée en endurance et en charge
(jogging, marche rythmée) améliore la masse osseuse du col du fémur chez
des femmes en périménopause [81]. Le statut osseux et musculaire avant
l’étude pourrait aussi expliquer les différences de résultats observées.
En définitive, de plus en plus d’études confirment l’intérêt d’une AP
intense et globale chez la femme ménopausée. Kemmler en 2004 a bien
montré l’intérêt, afin d’augmenter la densité osseuse de l’AP avec améliora-
tion de la force, de l’endurance et de la diminution de la perte osseuse, du
mal de dos et des taux de lipides sanguins chez des femmes ostéopéniques
dans les premières années de la ménopause [80].
En général, les résultats de la recherche évaluant les programmes
d’intervention par la marche démontrent que cette activité, communé-
ment prescrite aux femmes post-ménopausées, ne prévient pas la perte
osseuse [13, 82]. Là encore, il existe des études utilisant la marche rapide qui
montrent le contraire [83, 84]. D’autres études, qui ont inclus des activités
d’intensité plus élevée et l’ajout d’exercices de musculation, rapportent une
réponse squelettique plus positive. Cela a été corroboré par une revue de
90 études dont neuf randomisées qui confirment l’intérêt de la marche,
des exercices de musculation et en résistance sur la densité osseuse verté-
brale [85] et de la marche au niveau de la hanche [72].
On peut donc dire qu’une augmentation de l’activité dans ce groupe
d’âge avec une prescription appropriée d’exercices peut ralentir la perte de
masse osseuse, même s’il n’y a pas toujours de gain significatif de la DMO.
Les études suggérant chez la femme que l’exercice combiné avec la thérapie
hormonale de substitution peut avoir un effet ostéogénique ne sont pas
assez informatives car aucune n’est randomisée et l’AP est souvent mal pré-
cisée ; des recherches sont à poursuivre sur ce point [86, 87].
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174 Pathologies
• le risque de fracture liée à une chute est dépendant de la vitesse de marche
et de la force des membres inférieurs [90] ;
• elle permet de travailler la puissance musculaire des membres inférieurs qui
est associée à la masse osseuse des membres inférieurs [91] ;
• elle entraîne des modifications rapides d’intensité des contraintes exercées
sur les segments osseux, ce qui pourrait avoir un impact positif sur le statut
osseux [92].
Pour toutes ces raisons, nous la recommandons fortement. Il s’agit d’une acti-
vité à réaliser de préférence en groupe dans le respect des consignes cardiovas-
culaires, c’est-à-dire en aisance respiratoire donc en pouvant toujours parler
avec ses partenaires.
La course même chez les femmes vétérans favoriserait une densité verté-
brale lombaire plus élevée en comparaison avec des sujets contrôles ; cela
reste discuté. Dans tous les cas, la DMO des coureuses les plus âgées est bien
en dessous de celle du groupe de coureuses les plus jeunes [13].
Les relations entre la masse osseuse et la force ou la masse musculaire
ne sont pas aussi fortes pour les femmes post-ménopausées en comparai-
son avec les femmes préménopausées. Quelques études ont montré que la
masse musculaire est en corrélation avec la DMO chez les femmes post-
ménopausées [13]. La masse grasse exerce aussi une activité positive sur la
masse osseuse.
L’augmentation de la densité osseuse sous l’effet de l’AP dépend forte-
ment des apports calciques avec une relation non linéaire marquée par un
effet seuil autour d’un apport calcique de 1 000 mg/jour [93]. En dessous de
ce seuil, l’effet de l’activité physique sur la densité osseuse serait diminué ;
au-dessus de celui-ci, l’augmentation des apports calciques n’aurait que peu
d’effet [94, 95].
Il est intéressant de garder à l’esprit que l’AP a clairement un effet localisé
et non systémique comme en témoigne l’augmentation de la DMO unique-
ment au niveau des sites mécaniquement sollicités. Ainsi, lors de la marche
active, seule la DMO au niveau des membres inférieurs ou du calcanéum
est augmentée [96]. Des exercices de renforcements musculaires sollicitant
plus particulièrement les membres inférieurs tels que des flexions ou des
extensions de la hanche, associés à des exercices de presse des jambes, ont
une action ostéogénique plus particulièrement au niveau du trochanter,
mais qui n’est pas retrouvée au niveau lombaire [97]. En période post-
ménopausique, des études contrôlées d’intervention d’une durée de 9 à
24 mois d’exercice en résistance ou avec port de charge ont mis en évidence
une augmentation de la DMO pour le corps entier, la colonne lombaire,
le fémur et le radius [66]. Les programmes à courts termes s’avèrent posi-
tifs à partir de 5 à 6 mois, temps nécessaire pour adapter le remodelage
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Ostéoporose et activité physique 177
mais aussi sur l’équilibre, qui sont deux facteurs de risque indépendants de
fracture [110]. Les sujets sédentaires ostéoporotiques qui ont une baisse de
force musculaire des membres inférieurs par rapport aux sujets non ostéo-
porotiques ont un risque accru de chute, ce qui les rend plus vulnérables aux
fractures [111]. Par ailleurs, des études ont mis en évidence qu’un entraîne-
ment qui augmente la force musculaire des membres inférieurs améliore
aussi l’équilibre des sujets [112]. Cela pourrait donc expliquer que la force
musculaire puisse être un déterminant du risque de fracture, indépendam-
ment de la DMO [113]. Mais il faut être prudent, la reprise d’une AP chez
des sujets déconditionnés peut être aussi source de risque accru de chute.
En effet, dans une étude randomisée portant sur l’effet d’un programme de
marche active non supervisé de deux ans, une augmentation du nombre de
chutes a été observée chez les sujets entraînés comparés aux sujets témoins,
et cela plus particulièrement au cours de la première année. Néanmoins le
nombre de fractures répertoriées était le même dans les deux groupes [114]
(voir chapitre 21 pour en savoir plus sur les relations entre chute et AP).
Activités physiques après fracture ostéoporotique
Il y a peu de littérature sur se sujet. Concernant les fractures vertébrales,
Kasch et son équipe ont fait une revue d’articles et ils concluent qu’il est
trop tôt pour recommander un type d’exercice ou un autre. En revanche
ils rapportent bien les bénéfices à bouger en termes de : moindre douleur,
amélioration de la vitesse de marche, meilleure force des muscles extenseurs
du dos, meilleure endurance de la force des muscles du tronc et meilleure
qualité de vie avec peu d’effets secondaires des programmes d’AP [115].
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178 Pathologies
Conseils spécifiques
Ce chapitre permet de rappeler, qu’à notre sens, il n’y a pas d’antinomie
entre :
• les propositions de prévention tertiaire – on pourrait aussi ici parler de soins –,
qui associent exercices physiques et réadaptation, intégrés dans des pro-
grammes visant à la prévention des chutes, telles qu’elles sont préconisées
par les médecins de médecine physique et de réadaptation (ces recomman-
dations sont présentées comme traitement non médicamenteux de l’ostéo-
porose) [117] ,
• et nos recommandations de pratiques régulières d’AP, telles que décrites dans ce
chapitre.
Les acteurs dispensant ces conseils d’activités sont différents, masseurs
kinésithérapeutes d’un côté et éducateurs sportifs de l’autre, mais l’objectif
au service du patient reste le même, celui de l’observance et des bienfaits à
ressentir. En ce sens, ils seraient même plutôt complémentaires, l’éducateur
sportif prenant le relais à long terme dans le but d’obtenir la régularité et
l’autonomie de pratique dans un club sportif de proximité, tandis que le
masseur kinésithérapeute agit en début de programme, souvent en établis-
sement de santé ou à son cabinet, surtout afin d’aider à initier dans de
bonnes conditions les premiers mouvements d’AP.
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Figure 8.3. La course à pied est favorable pour un bon capital osseux.
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184 Pathologies
• prévention de la chute :
– avoir une bonne souplesse, en particulier des chevilles,
– muscles du train porteur (membres inférieurs) et du tronc à renforcer.
Travailler les réflexes par des jeux de balles. Toujours dédramatiser la
chute, apprendre à se relever à partir du sol : on s’entraîne à descendre au
sol et à remonter en faisant attention aux problèmes de genoux et donc
en évitant de prendre appui sur les genoux douloureux (figure 8.7),
– selon les recommandations de l’HAS, le médecin a pris soin d’analyser
la fonction visuelle (acuité, formes, couleurs…) et de faire traiter les défi-
ciences. Attention aux médicaments altérant la vigilance. Ne pas se lever
brusquement, attention aux vertiges positionnels [121].
Conclusion
Un des intérêts de l’activité physique repose sur son faible coût et sur ses
bénéfices sanitaires à objectifs multiples, car, en plus de son action sur l’os,
il agit sur les maladies cardiovasculaires, la sarcopénie et les troubles de la
proprioception. Tous ces déterminants étant utiles dans le cadre de la lutte
contre l’ostéoporose et les fractures ostéoporotiques. L’AP a un effet favo-
rable sur la masse osseuse, non seulement en optimisant le capital osseux à
l’adolescence, mais également en réduisant la vitesse de perte osseuse chez
le sujet âgé. L’ampleur de cette influence et les types de programmes qui
produisent les stimuli mécaniques optimaux sont encore à bien définir,
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186 Pathologies
Points clés
� L’AP en général, influence favorablement le contenu minéral osseux et la
microarchitecture, sachant que les exercices à impact et d’intensité élevée sont
plus efficaces que les exercices d’endurance à faible intensité. En pratique, on
préfère associer une activité de musculation dynamique avec impacts répétés
et de la marche ou du jogging.
� La véritable prévention de la perte osseuse se joue durant la croissance.
L’ostéoporose est une maladie à déterminisme pédiatrique et à révélation
gériatrique.
� Lors de l’enfance et de l’adolescence, la pratique sportive multi-activités
avec d’importantes mises en charge est à recommander.
� Chez l’adulte, une AP régulière et fréquente permet le maintien de la
masse osseuse.
� Des analyses quantitatives démontrent que l’activité physique en aérobie
ou en résistance contribue à maintenir la masse osseuse au niveau vertébral
et pour certains au niveau fémoral chez la femme ménopausée.
� Après la ménopause chez la femme et chez l’homme âgé, la prévention des
chutes est une priorité.
� L’AP agit à la fois sur cet objectif et sur la limitation de la perte osseuse.
Il faut continuellement encourager tous les Français à maintenir une activité
régulière jusqu’à un âge avancé et créer les conditions pour le réaliser. On
associera donc, après avoir éliminé une contre-indication à l’AP, de la gymnas-
tique d’entretien et du travail d’équilibre aux AP citées ci-dessus. Les activités
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Ostéoporose et activité physique 187
avec impacts ne sont pas utilisées si le sujet est très ostéopénique ou déjà
ostéoporotique. L’AP agit sur le capital osseux en collaboration avec d’autres
facteurs comme une nutrition optimale en calcium, en protéines et en vita-
mine D. Les sevrages tabagique et alcoolique favorisent la prévention de
l’ostéoporose.
Ordonnance d’activité
Exemple de prescription pour une femme adulte en post-ménopause
sans facteur de risque de fracture et en bonne santé
Dr Z Toulouse, le…
Mme X
Faire 3 fois/semaine, seule ou dans un club ou association sportive, une acti-
vité d’intensité modérée à élevée de 30 à 60 minutes associant des exercices
aérobies (marche, course à pied), des exercices de renforcement musculaire
comprenant la musculation des membres et du tronc avec des activités de sauts
et des exercices d’équilibre. Ces exercices sont réalisés avec des impacts intenses
et lors d’efforts brefs mais répétés (course à pied, tennis, step…). Si ce n’est pas
possible pour des raisons de douleur ou de gêne, on associera une marche
intensive 2 à 3 fois/semaine durant 45 à 60 minutes à un travail de renforce-
ment codifié à domicile ou au club sportif à raison de 2 fois/semaine incluant :
• pronosupination contre résistance : avec des haltères ou une bouteille d’eau,
50 fois/jour en deux séries (carré pronateur) ;
• flexion de cuisse avec 3 kg à la cheville en position assise 50 fois/jour des
deux côtés (psoas-iliaque) ;
• 30 extensions du tronc contre pesanteur (muscles érecteurs spinaux) ;
• abduction de cuisse en décubitus latéral et contre résistance (haltère de
1,5 kg accroché à la cheville), 30 répétitions (travail du glutéus médius).
Le travail d’équilibre sera toujours réalisé à chaque séance, un apprentissage
des techniques de chute et de relevage seul est à faire.
Tenir un carnet d’entraînement à jour que vous rapporterez à la prochaine
consultation.
Au moindre problème, m’appeler.
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Ostéoporose et activité physique 189
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Ostéoporose et activité physique 193
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9 Maladies cardiovasculaires
et activité physique
et sportive
Marc Ferriere1
Définition
L’état des artères – de toutes les artères de l’organisme – s’altère dès l’enfance.
Cette altération s’accélère avec l’âge et avec des spécificités d’organe
lorsque la localisation artérielle est plus précisément située au niveau du
cœur (artères coronaires) ou du cerveau (accidents vasculaires cérébraux).
L’atteinte artérielle débute donc chez l’enfant et son évolution, sa rapidité
d’installation et les complications viscérales (cœur, cerveau, rein) qui peu-
vent en découler, dépendent de facteurs de risque (FR) modifiables – notam-
ment environnementaux – ou non modifiables, qui vont influencer l’état
artériel et donc la durée de vie (longévité) et la qualité du vieillissement.
Ralentir cette atteinte artérielle est possible dès la naissance (prévention
primaire), tant que des organes cibles – cœur et cerveau – n’ont pas été
directement « impactés » par cette maladie artérielle. Dès que la localisation
cardiocérébrale et ses conséquences existent et sont exprimées, on passe à
la prévention secondaire et au traitement de ces pathologies. Le continuum
est l’atteinte vasculaire, les différentes pathologies ne font que rajouter une
spécificité d’organe (le cœur, le cerveau, le rein) [1-7].
L’atteinte artérielle est donc une constante chronique, d’aggravation pro-
gressive modulée par de nombreux FR. Elle est longtemps asymptomatique
et s’y ajoutent les atteintes cardiaques, cérébrales et rénales, lorsque ces
organes sont lésés du fait de l’atteinte de « leurs artères propres ».
Épidémiologie
L’atteinte vasculaire et les atteintes cardiocérébrales qui la compliquent,
constituent la première cause de mortalité (et de morbidité) dans le monde
(figure 9.1). Les FR qui accélèrent cette évolution « inéluctable » sont bien
connus : tabagisme, diabète sucré, sédentarité. L’hypertension artérielle
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Maladies cardiovasculaires et activité physique et sportive 197
(HTA) a une place à part, par sa très grande fréquence et par une étiologie
« mixte » : composante génétique, familiale, non modifiable et composante
environnementale forte, modifiable. L’hyperlipidémie et plus précisément
l’hypercholestérolémie (LDL-cholestérol) a aussi une position à part, car
fréquente également avec une étiologie mixte où les composantes environ-
nementales et familiales existent ou coexistent.
Tous ces FR, lorsqu’ils sont associés, entraînent un effet additif et multi-
plicateur sur le risque vasculaire. Il existe une relation linéaire (figure 9.2)
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Figure 9.2. Relation entre facteur de risque et atteinte vasculaire.
a : LDL-cholestérol et coronaropathie.
b : Variations du cholestérol et coronaropathies en préventions primaire et secondaire.
c : Tension artérielle et mortalité coronarienne.
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Maladies cardiovasculaires et activité physique et sportive 199
Figure 9.2. (suite) d : Périmètre ombilical (PO) > à l’index de masse corporelle (IMC).
e : Tension artérielle systolique ou diastolique et accidents vasculaires cérébraux (AVC).
Sources : étude MRFIT (circul. 1996) et Cohorte prospective parisienne (Hoefle 2005).
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Maladies cardiovasculaires et activité physique et sportive 201
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202 Pathologies
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Maladies cardiovasculaires et activité physique et sportive 203
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204 Pathologies
Figure 9.3. Rapport INSERM 2008 [8] – Rapport effet-dose de l’activité physique.
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Maladies cardiovasculaires et activité physique et sportive 205
Chez l’adulte
Le tabagisme, maintenant plus répandu chez la femme, et le syndrome
métabolique, plus fréquent aux alentours de la ménopause, accélèrent la
survenue d’une « égalité de risque » entre les sexes, puis la plus grande
sévérité chez la femme plus âgée. Il existe un plus grand risque d’accident
chez l’homme d’âge mûr et avant 45 ans, une égalité vers 65 ans et un plus
grand risque chez la femme au-delà de cet âge.
L’âge « vasculaire » est plus intéressant, utile que l’âge « administratif ». Il
existe sur Internet, de manière très facile à trouver, des abaques très simples,
capables de vous donner votre âge vasculaire sans aucun examen (tension
traitée ou non, taux de HDL-cholestérol, taux de cholestérol total, âge, sexe,
diabète ou non, tabac). Cependant, ces barèmes ne prennent pas en compte
l’activité physique et le poids (l’IMC) n’est utilisé que si on ne connaît pas
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206 Pathologies
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Maladies cardiovasculaires et activité physique et sportive 207
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208 Pathologies
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Maladies cardiovasculaires et activité physique et sportive 209
Score calcique
Le score d’Agatson est le plus couramment utilisé. Il mesure sur un scanner
cardiaque le volume des calcifications coronaires :
• score = 0 signifie pas de calcifications des artères coronaires ;
• score = ou > à 300 signifie calcifications très élevées ;
• un score intermédiaire entre 100 et 300 traduit un réseau coronaire très
calcifié.
Ce score augmente chez tout individu avec l’âge – c’est par cette méthode
qu’une différence d’âge vasculaire de 15 ans a été observée entre l’homme et
la femme avant la ménopause. Ce score va nuancer et préciser les scores de
risque de Framingham (États-Unis) [4] ou SCORE (Europe) [3] (voir ci-dessus).
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210 Pathologies
artériel que devrait avoir une personne à cet âge : on est mieux ou moins
bien, du point de vue artériel, que l’on ne devrait être. Les personnes âgées
qui ont une AP régulière ont un âge vasculaire moins élevé (à FR égal).
Le risque vasculaire coronarien s’exprime surtout avant 65 ans, période
où les accidents vasculaires sont beaucoup plus présents (car plus précoces)
chez les porteurs de FR (ici, les sédentaires) que dans la population ayant
une APS régulière. Au-delà de cet âge, l’APS est associée à une prolongation
de la durée de vie en bonne santé. Ainsi, une dépense énergétique sup-
plémentaire de +2 000 kcal par semaine entraîne une prolongation de la
durée de vie de 2 ans [34] ; entre 70 et 90 ans, l’activité physique régulière
diminue l’incidence des accidents cardiovasculaires de 35 % [1, 3, 4, 7, 14,
18, 20, 22- 24, 26, 27, 31, 33].
Avoir une activité physique entraînant une dépense de 1 000 kcal de
plus par semaine diminue la mortalité de 20 % chez les plus de 50 ans
[17, 18, 20, 24, 36] et ce, quel que soit votre risque initial. On retrouve une
prolongation de la durée de vie de 1,3 à 1,5 an pour une activité faible à
modérée et de 3,5 à 3,7 ans pour une activité plus soutenue. L’étude ita-
lienne dans la petite ville de Brisighella montre une mortalité trois fois plus
faible chez les actifs que chez les sédentaires et même quatre fois moins
chez les hommes de moins de 65 ans [10].
Il existe un effet dose-réponse : lorsque l’activité physique augmente dans
son intensité et sa durée, l’espérance de vie augmente [18] ; mais 75 % du
bénéfice est obtenu pour une activité modérée (courbe et rapport INSERM
2008, voir figure 9.3) [8, 18], et pour les bas niveaux d’activité.
La capacité d’effort est elle aussi, en effet, reliée à l’espérance de vie. De
nombreuses études [18] le montrent et toutes sans exception vont dans le
même sens et indiquent un gain : de 9 à12 % d’espérance de vie par MET
supplémentaire et ce quels que soient l’âge, le poids, le sexe, les pathologies
associées (cardiaque ou pulmonaire notamment) ou l’absence de patholo-
gie ; cela passe essentiellement par une diminution du risque cardiovas-
culaire (mort subite, infarctus du myocarde). Pour rappel, 1 MET (équiva-
lent métabolique) traduit la dépense énergétique de base, obligatoire (voir
chapitre 4) ; 1 MET = 3,5mL/kg/min de consommation d’oxygène (VO2) ;
tout gain de 1 MET de capacité physique se traduit par une espérance de vie
de 12 % comme l’a montré Myers [18] et de nombreux autres travaux tous
concordants. Une capacité physique inférieure ou supérieure à 4 MET, vient
d’être prise en compte pour déterminer le risque chirurgical des patients
soumis à une chirurgie non cardiaque (recommandation avril 2015).
S’il persiste un doute sur le risque de certains sports extrêmes dans leur
intensité et leur durée, il est maintenant bien établi [6, 7, 18, 25, 35, 37, 38] que
les sportifs de haut niveau ont une espérance de vie plus longue comme l’ont
montré les études de durée de vie des médaillés olympiques (de 1894 à 2010 :
+2,8 ans), des cyclistes français du Tour de France (de1947 à 2012 : + 6,8 ans),
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Maladies cardiovasculaires et activité physique et sportive 211
des footballeurs américains, des athlètes finlandais, etc. Ce bénéfice est mis
sur le compte d’une poursuite (après la période de compétition) d’une acti-
vité physique régulière plus fréquente (60 %) que dans la population générale
du même âge (17 %) et une meilleure hygiène alimentaire.
Cependant, 75 % du bénéfice est obtenu pour un niveau faible d’activité,
même s’il y a un effet dose-réponse (rapport INSERM, voir figure 9.3) [8, 18].
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212 Pathologies
il faut éviter les activités intenses ou de longue durée, peu utiles sur le plan
préventif.
Le sport d’endurance est « protégé » par un bilan – échocardiogramme
et ECG, cas de l’HTA – ou un test d’effort – cas du diabète. L’intérêt clas-
sique du test d’effort à partir d’un certain âge est discutable chez un sujet
asymptomatique : il vaut mieux n’autoriser le sport que si les FR sont iden-
tifiés ainsi que contrôlés, et réserver ce test aux sujets à haut risque (voir
figure 9.1, le risque « normal »).
À noter concernant le test d’effort, il ne dépiste que les rétrécissements
permanents, significatifs (> à 60 % des artères coronaires), responsables
d’une diminution de la réserve coronaire à l’effort ; soit un quart seulement
des rétrécissements responsables d’infarctus du myocarde ; celui-ci étant
plus souvent lié à une rupture de plaque d’athérome (voir ci-dessous) et
donc à des FR non ou mal, insuffisamment contrôlés. L’épreuve d’effort doit
être un moment privilégié d’analyse et de prise en charge des FR.
En conclusion, le sport n’est pas prescrit sans un ECG ni une recherche
ainsi qu’une prise en charge des FR. Le test d’effort est réalisé en fonction de
l’âge et du sexe. Il ne « dédouane » pas de la prise en compte des FR et d’une
éducation à l’activité physique régulière.
À propos de la marche
Qu’est-ce qu’une marche rapide ?
C’est une marche légèrement au-dessus d’une marche confortable. Il doit y
avoir un effort légèrement inhabituel, qui entraîne en fin « d’exercice » un
très discret début de transpiration. Cette marche est aussi appelée « contrai-
gnante ». Il s’agit d’une marche volontaire avec au moins 10 minutes de suite
sans arrêt, ni interruption. Ce n’est que dans ces cas que des tranches de 10
minutes peuvent être cumulatives : 10 minutes de marche active chez quelqu’un
de déconditionné, trois fois dans la journée, est bien l’équivalent en termes
de prévention de 30 minutes de marche « contraignante » et le permettra
d’ailleurs en quelques semaines.
Autre moyen d’évaluation de la marche rapide
La marche confortable se fait pour chacun d’entre nous à une fréquence car-
diaque donnée (p. ex, 72 pulsations/min). La marche est active lorsqu’elle accé-
lère votre cœur de 40 % au-dessus de ce chiffre, c’est-à-dire dans cet exemple à
100 /min. Le cardiofréquencemètre peut ainsi avoir sa place.
Podomètre
Le podomètre est un moyen simple, ludique, performant et validé [6, 22-24,
36, 42] d’identifier le « statut » physique des sujets (voir paragraphe « APS,
observance et prescription dans les maladies cardiovasculaires »).
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Maladies cardiovasculaires et activité physique et sportive 213
Évolution troublée
Hypertension artérielle
Cinquante pour cent des individus deviendront, avec l’âge, hypertendus
si on se base sur une tension de 140/90 mmHg pour le niveau de traite-
ment chez le sujet jeune et de 150/90 pour le sujet âgé (la normale étant
de 120/80 mmHg dans les deux cas), avec une forme d’HTA systolique pure
(sujet âgé) traduisant la perte de la compliance. L’HTA peut être définie
comme des chiffres anormaux, élevés, associés à une détérioration accélérée
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214 Pathologies
Ischémie chronique
On considère qu’une obstruction des gros vaisseaux de 50 % à 75 % de leurs
diamètres n’a aucune conséquence clinique au repos, et commence à donner
des signes à l’effort (cas du muscle périphérique et du muscle cardiaque). Si les
plaques deviennent sténosantes (> à 75 % de réduction de diamètre artériel),
sans qu’il y ait de rupture de plaques, ces sténoses peuvent évoluer vers une
obstruction à bas bruit de (petits) vaisseaux : absence de compensation par
de nouveaux vaisseaux collatéraux, des zones ischémiques apparaissent dans
tous les organes, à des degrés variables d’un individu à l’autre (troubles de la
mémoire, démence sénile, incapacité d’effort, insuffisance rénale progressifs).
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Maladies cardiovasculaires et activité physique et sportive 215
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218 Pathologies
Modalités pratiques
La réadaptation post-infarctus est habituellement réalisée en centre de réadap-
tation ; d’abord exclusivement en « internat », elle est maintenant fréquem-
ment débutée en « ambulatoire », avec les mêmes résultats. Elle débute un
mois après l’infarctus de manière complète, de façon à s’éloigner d’une période
d’instabilité dangereuse particulièrement les 15 premiers jours post-infarctus.
Elle est basée sur les données d’un test d’effort et, pour être efficace, atteint au
moins 60 % de la VO2max pendant l’effort pendant 30 à 60 minutes, précé-
dée d’un échauffement et suivie d’une période de récupération où les efforts
sont moins importants (chacune de ces deux phases sont d’une dizaine de
minutes). La fréquence maximale d’effort ne doit pas atteindre la fréquence
ischémique vue à l’ECG d’effort (lorsqu’il y en a : épreuve d’effort positive).
Ces deux phases permettent des transitions vasomotrices et rythmiques en
sécurité et permettent également de dépister des instabilités dangereuses et
passées inaperçues. Dans ces conditions, le risque des efforts est parfaitement
connu depuis des dizaines d’années et le rapport bénéfice/risque est établi,
démontré avec une diminution de la morbi-mortalité de 20 à 30 %.
Le pronostic d’un coronarien (infarctus) qui ne répond pas à la réadap-
tation par l’entraînement est incomparablement plus sombre que celui
qui voit sa capacité physique s’améliorer à la suite d’une réadaptation par
l’entraînement (cas habituel) [25, 32, 33].
Ensuite, l’APS doit être proposée sur le long terme, réévaluée annuelle-
ment et le patient éduqué au respect des règles de sécurité et à la détection
des petits signes d’alarme.
Ces règles de sécurité sont un échauffement suffisant (au moins 10
à 20 minutes), une récupération suffisante (5 à 10 minutes), pas d’effort
devant la moindre anomalie aussi bénigne puisse-t-elle paraître. Cinquante
pour cent des infarctus au cours de sport ont été précédés, dans les 48 heures
précédentes ou lors de la « sortie » précédente, de signes discrets (étude chez
les marathoniens ayant eu un infarctus pendant l’épreuve).
Voici quelques consignes supplémentaires :
• aucun intérêt, voire nocivité, d’une activité intense, prolongée, trop fré-
quente ou de trop longue durée ;
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Maladies cardiovasculaires et activité physique et sportive 221
diminuer. Le niveau est tel qu’il est recommandé avant d’inscrire un patient
sur une liste de transplantation cardiaque (greffe cardiaque) d’attendre
d’avoir eu le bénéfice d’une réadaptation par l’activité et le réentraînement
physique. Ce traitement est évidemment palliatif et non curatif, puisqu’il
ne s’adresse pas à la cause de l’insuffisance cardiaque ; mais 75 % des insuf-
fisances cardiaques sont secondaires à des maladies pour lesquelles l’AP a
un rôle à jouer et que nous avons déjà vues : HTA, infarctus du myocarde,
insuffisance coronarienne chronique.
L’AP étant très mal tolérée au début, elle obéit à des règles particulières.
Les seules contre-indications sont temporaires : une insuffisance cardiaque
non stabilisée, c’est-à-dire dont le traitement a du être modifié dans les
15 jours précédents du fait de symptômes ou d’anomalies d’examens.
La mauvaise tolérance de la « myopathie cardiaque » peut obliger à être
très progressif. La réadaptation segmentaire groupe musculaire par groupe
musculaire permet, sans montée tensionnelle (avec ses risques), sans
tachycardie importante (avec ses risques), un réentraînement musculaire
autorisant plus tard une réadaptation classique sur vélo ou tapis roulant
et augmentant significativement la marche (et objectivement le test de
marche des 6 minutes2). Le bénéfice est obtenu un peu plus lentement dans
les formes les plus sévères, mais avec des niveaux d’effort plus bas et on
considère qu’avec une activité limitée (40 % de la VO2max) un bénéfice
significatif est obtenu sans risque surajouté. L’AP ne doit s’accompagner
que d’une augmentation limitée du rythme cardiaque (le rythme est pro-
portionnel à la VO2).
2. Le test de marche des 6 minutes (le plus long parcours possible en 6 minutes de
marche) : dans l’étude SOLVD, la distance est inversement corrélée à la morta-
lité ; on classe les IC en fonction de la distance parcourue : < à 300 mètres, de
300 à 374 mètres, de 375 à 449 mètres, plus de 450 mètres. Lorsque la distance
augmente, le pronostic s’améliore, que ce soit par l’AP ou/et les médicaments.
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Maladies cardiovasculaires et activité physique et sportive 223
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Maladies cardiovasculaires et activité physique et sportive 225
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226 Pathologies
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Maladies cardiovasculaires et activité physique et sportive 227
Chez l’enfant
La population cible concerne les enfants dès l’âge de 3 ans, en cas de sur-
poids, dans une famille à risque génétique (père, mère, oncle, tante, grands
parents ayant eu un accident cardiovasculaire jeunes).
La prescription est la suivante :
• pas plus de 2 heures assis sans rien faire par jour (TV, jeux vidéos) ;
• des jeux réguliers hors du domicile ;
• pas de contre-indication permanente à l’activité physique scolaire (sauf
cas exceptionnels).
Chez l’adulte
En prévention primaire
En prévention primaire, la prescription ne comporte pas d’interdit ; elle
doit tenir compte de l’état du sujet et de ses goûts. Elle ne nécessite pas de
bilan particulier.
Par exemple, elle pourra consister en une marche active (vélo, nage)
30 minutes par jour en une fois tous les jours, ou une prescription d’une
heure tous les deux jours, ou encore un fractionnement (cas des sédentaires
ou des personnes âgées) des périodes actives dédiées. La prescription tiendra
compte des possibilités saisonnières, familiales, professionnelles.
Il n’y a pas de limite d’âge.
L’AP ne doit pas être inférieure à deux fois par semaine (sinon efficacité
insuffisante, protection insuffisante en cas d’effort inhabituel).
L’AP doit être « expliquée ».
Les « marqueurs du bénéfice » seront recherchés : facilitation des actes
quotidiens, élargissement des capacités, des envies, des réalisations, dimi-
nution du périmètre ombilical, voire du poids, etc.
S’il ne peut y avoir de coach (p. ex., association type efFORMip-groupe),
le prescripteur doit préciser cela. Le « coaching » étant un garant d’une
poursuite d’abord grâce au coach et au groupe, puis seul et au long cours.
Chez la personne âgée, la marche quotidienne est le meilleur conseil.
Cela est documenté, efficace ; cette pratique d’AP doit être encadrée au
début et ainsi l’observance est bonne dans la durée [20, 40, 42]. Petry [20]
a montré que plus de 85 % des personnes âgées atteignaient en quelques
mois les 10 000 pas par jour (4 000 en début d’étude) et gardaient au long
cours ce niveau d’activité.
En prévention secondaire
La prescription doit être faite par ordonnance, c’est alors un acte fort, écrit,
contrôlé et renouvelé. Il doit être expliqué. Il existe en France quelques
consultations orientées sur la prescription de l’AP comme au centre hos-
pitalier et universitaire de Toulouse ainsi qu’aux centres hospitaliers de
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228 Pathologies
Conclusion
Dans le domaine vasculaire et donc cardiaque, cérébral et rénal, l’AP est
un moyen puissant démontré de prévention primaire utile dès le plus
jeune âge et quasiment sans interdit aux âges extrêmes. L’AP est le seul
moyen connu diminuant le vieillissement vasculaire naturel, utile en pré-
ventions secondaire et tertiaire. L’AP est un traitement à part entière qui
doit être prescrit, expliqué, contrôlé, évalué régulièrement par des tests
adaptés à la pathologie, à l’âge, au sexe, dont l’efficacité est très impor-
tante et démontrée avec un niveau de preuves très élevé. Cela a toute
sa place dans l’arsenal thérapeutique médicochirurgical des cardiologues,
des neurologues, des spécialistes de l’hypertension, des endocrinologues
et des généralistes. Finalement, l’APS est indiquée chez tous, en préven-
tion primaire par son effet sur l’état des artères, de toutes les artères et
par la prévention des localisations cardiaques et cérébrales, ainsi que chez
tous les coronariens et insuffisants cardiaques suivis régulièrement et chez
la plupart des hypertendus suivis régulièrement. Il y a peu de contre-indi-
cations (sauf temporaires), dans la plupart des domaines où le système
vasculaire joue un rôle.
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Maladies cardiovasculaires et activité physique et sportive 229
Points clés
� Il n’existe pas d’interdit à l’AP ; il y a des modalités différentes selon la
prévention primaire ou secondaire et tertiaire. Dans tous les cas, l’AP apporte
un bénéfice pour la santé du pratiquant par rapport au sédentaire équivalent.
� L’activité physique est le principal facteur d’amélioration de la morbi-
mortalité cardiovasculaire (amélioration jusqu’à 30 %). L’activité physique ne
reste qu’un critère intermédiaire car le but final est d’augmenter la VO2max
de l’individu mieux corrélée à la morbi-mortalité.
� Les effets sont directs (effets antiagrégants, baisse de la fréquence car-
diaque, amélioration de la fonction endothéliale) ou indirects (baisse de la
tension artérielle, modification du profil lipidique, équilibre du diabète).
� Le médecin doit faire un bilan simple de bon sens axé sur la connaissance
et la prise en compte des FR ou des pathologies.
� En préventions secondaire et tertiaire, les risques pris doivent être bien
mesurés grâce à une prise en charge et une évaluation globales. Ces tests sont
autant dirigés vers la fonction cardiovasculaire que musculaire.
� La prescription doit répondre à « Mon DéFI » (Mode, Durée, Fréquence,
Intensité).
� L’adjonction d’exercices en résistance a montré depuis de nombreuses
années son action sur le pronostic cardiovasculaire.
� La prescription en MET permet de résoudre les problèmes liés à l’impos-
sibilité de prescrire sur une fréquence cardiaque cible (p. ex., usage de bêta-
bloquants).
� Les facteurs d’adhésion au programme dépendent de nombreux facteurs
dont la progressivité des contraintes centrées sur des objectifs réalisables,
l’accompagnement, l’adaptabilité à la personne et à ses souhaits.
� Faire rentrer l’exercice dans un programme d’éducation thérapeutique
basée sur le contrat paraît une piste sérieuse.
� Il existe bien évidemment des contre-indications mais aussi des indica-
tions, car tous les niveaux de pathologies ne profitent pas de la mise à l’exer-
cice médicalisée.
� Pour l’AP chez « les cardiaques et les vasculaires », il faut privilégier la
durée (même fractionnée pour les plus déconditionnés) à l’intensité ; ne
jamais oublier les phases d’échauffement et de récupération.
� Attention, une fréquence inférieure à deux fois par semaine peut donner
l’impression d’être protégé par erreur.
� Pratiquer à faible intensité, l’activité doit être quotidienne (30 minutes à
1 heure par jour de marche rapide).
� En cas d’intensité plus importante (jogging, vélo, natation), elle ne doit
pas être inférieure à deux fois par semaine (idéalement trois fois 30 minutes).
� Évolution dans le temps : la prescription doit s’attacher à privilégier la
durée au fur et à mesure que l’âge augmente (même fractionnée) plutôt que
l’intensité.
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230 Pathologies
� Prescrire, c’est partager, c’est donc s’assurer que le patient a compris le bien-
fondé de la prescription, son but et sa participation à ce projet thérapeutique.
On va donc expliquer pourquoi cette prescription d’AP, comment ça marche.
� Il est important de privilégier une transmission familiale précoce de l’AP
dans les familles à risque.
Ordonnance type
Dr Z Montpellier, le…
M. X
Pratiquer en endurance : marche, vélo, vélo d’appartement, jogging, natation,
etc., à la carte, mais adapté à vos capacités. Possibilité de faire du renforcement
musculaire avec votre éducateur sportif. Privilégier les AP de groupe.
Posologie : au mieux trente minutes tous les jours, intéressant de pratiquer
trois fois par semaine toujours avec régularité toute l’année, et au moins deux
fois par semaine (jamais moins).
Surveillance : à renouveler, revenir voir votre médecin : donner la date du pro-
chain contrôle de cette prescription et définition des objectifs à atteindre (un
coaching sera plus efficace dans la durée, il peut être téléphonique).
Conseils d’accompagnement (éducation) :
• en cas d’oubli prolongé : délai de remise à niveau ;
• en cas d’intolérance : les risques de surdosage (dans certains cas pour les
plus actifs et en prévention secondaire [cas du coronarien, de l’insuffisance
cardiaque]) ou d’une décompensation de l’état pathologique sous-jacent ;
• critères d’efficacité : bien-être, rythme cardiaque, périmètre ombilical.
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Maladies cardiovasculaires et activité physique et sportive 231
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Maladies cardiovasculaires et activité physique et sportive 233
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10 Asthme, asthme d’effort
et activité physique
Olivier Coste
Définition de la pathologie
Asthme
La définition de l’asthme s’appuie sur trois critères essentiels, la présence
d’une inflammation chronique des voies aériennes, d’une hyperréactivité
bronchique à divers stimuli et de symptômes respiratoires habituelle-
ment liés à une obstruction bronchique [1]. Il existe quatre stades de
gravité :
• asthme intermittent ;
• asthme léger persistant ;
• asthme modéré persistant ;
• asthme grave persistant.
Il est décrit différents phénotypes d’asthme (allergique ou non aller-
gique, sensibilité à l’aspirine, induit par l’exercice, infectieux…). D’autres
phénotypes cliniques ont émergé comme l’asthme liées aux expositions
environnementales (agents professionnels, la fumée de cigarette, la pol-
lution de l’air, de l’air froid et sec) ; associés à des symptômes spécifiques
ou des caractéristiques cliniques (toux, de l’obésité, de la maladie chez
l’adulte) et basés sur des biomarqueurs [2] (Hekking et Bel, 2014). Cette
dernière approche est la plus prometteuse car elle tente d’identifier les
différents mécanismes sous-jacents de sorte que les thérapies pourront
être mieux ciblées. En France, l’asthme concerne entre 2,5 et 3 millions
de personnes dont un tiers d’enfants. La prévalence annuelle est de 5 à
7 % chez l’adulte, de 10 à 15 % chez les jeunes adultes (20 à 24 ans) et les
adolescents de 13-14 ans. La prévalence est en constante augmentation en
raison probablement de nombreux facteurs environnementaux. Il existe
de fortes disparités géographiques, dues probablement aux différences
climatiques. Ainsi, la prévalence est plus élevée dans le Nord (7,5 %) et le
Sud-Ouest (7,3 %). En revanche, c’est dans les régions au climat sec qu’elle
est la plus faible (4,4 % dans l’Est ; 4,8 % dans le Centre-Est). Contraire-
ment à des croyances répandues, l’asthme ne semble pas plus fréquent en
milieu urbain qu’en milieu rural. Le taux de mortalité est d’environ 3 pour
100 000 asthmatiques [3].
Asthme d’effort
L’asthme d’effort peut être défini comme un syndrome regroupant toux/
sifflements, dyspnée ou associé à des symptômes respiratoires apparaissant
après un exercice continu de 5 à 8 minutes de course à pied réalisé dans une
ambiance froide et/ou sèche [4]. L’obstruction des voies aériennes survient
en général 5 à 10 minutes après l’arrêt, cède spontanément au bout de 20 à
30 minutes, et est accompagnée d’une période réfractaire d’au moins une
heure [5] (figure 10.1). Cependant, une forme retard a été décrite jusqu’à
8 heures, sa survenue ne pouvant être prédite par des facteurs cliniques ou
physiologiques [6]. Le degré de bronchoconstriction lors de la phase tardive
est proportionnel à celle de la réponse immédiate [6] à l’inverse d’autres
études [7]. Différents termes sont utilisés pour relater ce phénomène :
• asthme d’effort ;
• asthme post-effort ;
• asthme induit par l’exercice ;
• bronchospasme induit par l’exercice ;
• bronchoconstriction induite par l’exercice (ou l’effort).
Les Anglo-Saxons utilisent la terminologie suivante : exercise-induced
asthma, exercise-induced bronchoconstriction, exercise-induced bronchospasm.
Alors que dans le cadre de l’asthme d’effort classique une obstruction bron-
chique survient au décours de l’exercice, de nombreux sportifs, plus particu-
lièrement de haut niveau, se plaignent de symptômes à l’effort. Dans ce cas,
l’exercice a pour caractéristiques d’être prolongé et de présenter des chan-
gements de rythme avec de hautes intensités [8] ou, comme dans le cas du
triathlon, lors du changement d’activité (notamment lors de l’enchaînement
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236 Pathologies
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Asthme, asthme d’effort et activité physique 237
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Asthme, asthme d’effort et activité physique 239
fréquence cardiaque maximale a été décrit par Konig [31]. L’épreuve d’effort
en laboratoire est spécifique mais pas assez sollicitante pour déclencher une
bronchoconstriction induite par l’effort, générant de nombreux cas de faux
négatifs [27]. Ce manque de sensibilité est important puisque 80 % ne réa-
girait qu’à des exercices réalisés sur le terrain et non en laboratoire [32]. Une
baisse du VEMS de 10 à 20 % est habituellement acceptée comme preuve de
bronchoconstriction induite par l’exercice [33], l’American Thoracic Society
retient une baisse de 12 %, l’Expert Panel Report 3 (2007), une chute de 15 %.
La variation de prévalence retrouvée entre les études est induite parfois par
un critère de positivité différent (tableau 10.2). Une baisse de 6 % peut être
considérée comme suspecte. Il semble nécessaire de réaliser une spiromé-
trie jusqu’à 30 minutes après l’exercice afin de ne pas ignorer un nombre
important de bronchospasme et réduire ainsi les faux négatifs [34].
Il existe une classification de la sévérité de l’asthme induit par l’effort
(tableau 10.3) en prenant en compte les données du VEMS [35].
Le débit de pointe (peak flow) peut être utilisé facilement sur le terrain
pour détecter un trouble ventilatoire obstructif modéré bien qu’il soit moins
sensible que le VEMS [36]. Le test de provocation bronchique par agents
pharmacologiques, métacholine ou moins fréquemment l’histamine, a pour
but de rechercher une hyperréactivité bronchique non spécifique, définie
comme une réponse obstructive exagérée à des stimuli. L’hyperréactivité
bronchique est une des caractéristiques de la maladie asthmatique et son
intensité varie avec le degré d’inflammation des voies aériennes. La sensibi-
lité et la valeur prédictive négative du test d’hyperréactivité bronchique à la
métacholine pour le diagnostic d’asthme sont élevées mais sa valeur prédic-
tive positive et sa spécificité sont relativement faibles puisqu’elle est égale-
ment présente chez les patients atteints de rhinite allergique, d’obstruction
bronchique chronique, d’infections virales ou bactériennes des voies res-
piratoires. Ce test permet d’exclure le diagnostic d’asthme et non d’établir
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240 Pathologies
avec certitude un diagnostic positif. À noter que chez les sportifs élites, on
peut avoir un test positif à la métacholine consécutif aux altérations épithé-
liales et un résutlat négatif à celui du mannitol, de l’épreuve d’effort ou de
l’hyperventilation isocapnique volontaire du fait de l’absence d’inflamma-
tion. Pour cette raison, il ne convient pas de faire un diagnostic d’asthme ou
d’identifier une bronchoconstriction à l’effort dans cette population dès le
résultat positif à la méthacholine. Ce test vise à reproduire les perturbations
fonctionnelles comparables à celles observées au cours de l’asthme [37]. Les
résultats sont exprimés à l’aide d’une courbe « stimulus-effet », le test est dit
positif si le VEMS a chuté de plus de 20 % pour une dose cumulée de méta-
choline inférieure ou égale à 1 600 mg (PC20 ou PD20). Les tests pharmaco-
logiques à l’histamine et à la métacholine sont non spécifiques et génèrent
des faux positifs. Les données actuelles montrent que le test au mannitol,
sur les bases de la théorie osmotique, est le plus performant [38]. Une baisse
de 15 % du VEMS est retenue pour le test au mannitol [39].
Dans le cas de résultats négatifs ou peu probants, il est nécessaire d’envisa-
ger un autre diagnostic. De nombreuses pathologies peuvent interférer avec
un bronchospasme d’effort (encadré 10.1) [33], parfois elles sont associées.
La présence d’une symptomatologie à composante inspiratoire (respiration
bruyante, blockpnée) doit orienter vers un dysfonctionnement des cordes
Encadré 10.1
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Asthme, asthme d’effort et activité physique 241
Asthme
L’asthme est un syndrome multifactoriel incluant des facteurs congénitaux
et environnementaux. L’augmentation de la prévalence de 2-3 à 5-7 % en
15 ans [44] semble être en faveur de facteurs environnementaux plutôt que
génétiques. L’atopie est un des principaux facteurs de risque de l’asthme, il
est présent chez 95 % des enfants asthmatiques et 70 à 80 % chez l’adulte,
ce pourcentage diminuant avec l’âge. L’hypothèse que la régression des
maladies infantiles fait le lit des maladies auto-immunes comme l’asthme
pourrait expliquer l’accroissement de la prévalence constatée ces dernières
années. Des facteurs spécifiques (tels que l’allergie) s’associent à d’autres
non spécifiques (comme la pollution ou le tabac), et modulent l’hyperréac-
tivité bronchique non spécifique. Si le rôle de la pollution est controversé,
elle interviendrait par l’augmentation de la sensibilité aux allergènes. Par
ailleurs, la relation ente le niveau de pollution et l’exacerbation de l’asthme
est bien documentée. La pratique d’exercices intensifs dans un environne-
ment à haute concentration en ozone est associée à une forte prévalence
d’asthme dans une population d’enfants en âge scolaire. La présence d’une
pathologie sinusale (sinusite chronique) est fréquemment associée à un
asthme du fait d’une similitude de la muqueuse. Senior et Kennedy [45] ont
retrouvé que 80 % des patients asthmatiques présentent une rhinite et 55 à
75 % d’enfants asthmatiques ont des radiographies sinusales anormales. La
rhinite allergique et l’asthme sont associés sous l’appellation de « maladie
des voies respiratoires unifiées », c’est-à-dire une affection composée des
voies respiratoires inférieures et supérieures et influencée par un proces-
sus inflammatoire et atopique. La rhinite allergique associée peut altérer
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242 Pathologies
la qualité de vie des patients et parfois aggraver l’asthme si elle n’est pas
traitée. Ainsi, les patients avec les deux affections ont connu une diminu-
tion des symptômes asthmatiques à la suite d’un traitement efficace de la
rhinite allergique.
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Asthme, asthme d’effort et activité physique 243
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244 Pathologies
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Asthme, asthme d’effort et activité physique 245
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246 Pathologies
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Asthme, asthme d’effort et activité physique 247
Précautions
Afin d’éviter le bronchospasme d’effort chez un sujet asthmatique, il est
important de connaître les facteurs de risque (encadré 10.2) [70].
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248 Pathologies
Encadré 10.2
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Asthme, asthme d’effort et activité physique 249
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250 Pathologies
Encadré 10.3
Encadré 10.4
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Asthme, asthme d’effort et activité physique 251
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252 Pathologies
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Asthme, asthme d’effort et activité physique 253
Encadré 10.5
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254 Pathologies
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Asthme, asthme d’effort et activité physique 255
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256 Pathologies
Les corticoïdes inhalés ne sont pas efficaces juste avant l’exercice, mais ils
sont sont utiles parfois en utilisation chronique [112]. Il y a une nécessité de
contrôler sur le long terme l’asthme avec des anti-inflammatoires afin
de réduire la fréquence et la sévérité de la bronchoconstriction induite par
l’effort [113]. Par contre, ils ne sont pas recommandés actuellement en
traitement prophylactique. Ainsi, les médicaments les plus efficaces sont
représentés par les b2-mimétiques, les antileucotriènes et les cromones ;
les anticholinergiques, la théophylline et les antihistaminiques sont peu
ou pas efficaces (tableau 10.8). Si aucune différence n’est retrouvée sur les
paramètres physiologiques (ventilation, consommation d’oxygène…), le
peak flow est significativement supérieur pendant et après l’effort dans la
population asthmatique sous salbutamol contre placebo [114]. Une utilisa-
tion régulière et prolongée de b2-agonistes en monothérapie en prévention
du bronchospasme lors de l’exerice est à recommander [115]. Les facteurs à
prendre en considération lors du choix du médicament sont l’efficacité, la
durée d’action, la fréquence d’administration, les effets secondaires poten-
tiels, et le niveau de tolérance [116].
La supplémentation en antioxydants (vitamines C et E) a été proposée
comme traitement complémentaire chez les sportifs exposés aux polluants
atmosphériques pour réduire le stress oxydatif et les altérations épithé-
liales des voies aériennes. Une supplémentation en acide ascorbique à
raison de 1 500 mg/jour a un effet protecteur sur la bronchoconstriction
d’effort chez les sujets asthmatiques [117]. La production de prostanoïdes
dans divers tissus pulmonaires est influencée par la vitamine C dont la
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Asthme, asthme d’effort et activité physique 257
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258 Pathologies
Conclusion
Deux phénotypes cliniques se différentient, ce qui peut refléter différents
mécanismes sous-jacents. Le modèle de « l’asthme classique » qui se carac-
térise par l’apparition précoce de l’asthme au cours de l’enfance, un test à la
méthacholine positif, une atopie et des signes d’inflammation des voies res-
piratoires. Un autre phénotype distinct comprend des symptômes d’appa-
rition tardive (pendant la carrière sportive), une réactivité bronchique à
l’épreuve d’hyperventilation eucapnique, mais pas nécessairement à l’inha-
lation de méthacholine, et une association variable avec des marqueurs
atopiques.
Le sujet sportif, sans antécédent d’asthme ou d’allergie, peut présenter une
symptomatologie d’origine respiratoire à l’effort frustre ou atypique, dans
ce cas le terme de bronchoconstriction induite par l’exercice est plus appro-
prié. Il est retrouvé essentiellement dans des sports d’endurance et semble
être lié à la quantité d’entraînement. La pratique sportive (entraînement,
compétition) doit tenir compte de la symptomatologie et des conditions
de survenue, l’échauffement type décrit précédemment et étudié pour cette
population est intéressant. Par contre, la thérapeutique habituellement
utilisée (b2-mimétiques, antileucotriènes) n’est pas toujours efficace et
la prévention du bronchospasme parfois difficile. Comme dans le cas de
l’asthme d’effort, le traitement de fond par corticostéroïdes est nécessaire.
Enfin, dans les deux situations, il est recommandé de respecter certaines
précautions comme éviter les activités asthmogènes, les efforts en air froid
et sec ou lors de fortes températures, les zones polluées, l’exposition aux
aéroallergènes.
La pratique de l’activité physique est fortement recommandée chez les
personnes asthmatiques. Elle participe au même titre que les médicaments
à la prise en charge thérapeutique. La pratique sportive améliore la capacité
physique, permet une meilleure tolérance à l’effort et favorise une dimi-
nution de la sévérité des crises. Le réentraînement à l’effort individualisé
en structure hospitalière ne concerne que les enfants et adultes ayant
un asthme difficile soit moins de 10 % de la population. Il consiste par
exemple à un entraînement en créneaux de 45 minutes, 3 fois/semaine
comportant la succession de créneaux de 4 minutes à une intensité du seuil
d’adaptation et de 1 minute à celle de la désadaptation ventilatoire. Pour
les autres, l’objectif est de leur faire pratiquer régulièrement une activité
physique d’intensité modérée. Les modalités de pratique sont dans l’ordre
d’efficacité l’utilisation de médicaments et plus particulièrement la prise
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Asthme, asthme d’effort et activité physique 259
Points clés
� Il convient de distinguer l’asthme d’effort de la bronchoconstriction
induite par l’exercice.
� Le bronchospasme chez le sportif s’explique par les hauts débits venti-
latoires développés au cours de l’effort. Les signes cliniques sont souvent
frustres ou atypiques induisant de nombreuses errances dans la démarche
diagnostique.
� L’activité physique doit être recommandée chez tout enfant asthmatique.
En effet, il peut pratiquer n’importe quelle activité sportive sous réserve de
respecter certaines précautions.
� Les bénéfices sont multiples : diminution des crises, des hospitalisations,
des consultations médicales, de la prise de médicaments, de l’absentéisme. La
tolérance à l’effort et la qualité de vie sont améliorées.
� Le réentraînement à l’effort ne concerne que les adultes et enfants ayant
un asthme difficile soit moins de 10 % de la population. Il participe au contrôle
de l’asthme en évitant l’escalade thérapeutique et permet chez l’enfant la
reprise d’une activité sportive.
� Les b2-mimétiques représentent la modalité pratique de choix afin de
réduire ou d’éviter le bronchospasme à l’effort.
� La symptomatologie à l’effort indique un contrôle insuffisant de la mala-
die asthmatique.
� Précautions à respecter pour une personne asthmatique : préconiser un
sport peu asthmogène (sport d’endurance), privilégier un lieu peu asthmo-
gène (extérieur si allergie aux acariens et intérieur si allergie aux pollens), évi-
ter les conditions climatiques d’air froid et sec et les zones polluées, prévoir
un traitement de fond à visée anti-inflammatoire et un traitement préventif
avant effort (b2-mimétique de courte durée).
� Il est recommandé de pratiquer régulièrement une activité physique
d’intensité modérée correspondant à environ 60 % de la capacité aérobie
maximale.
Ordonnance
Dr Z Montpellier, le…
M. X
Pratiquer 3 fois/semaine une activité sportive, seul ou en association sportive
avec un éducateur.
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260 Pathologies
Éviter la natation en piscine avant l’âge de 7 ans, et si présence d’une rhinite
allergique.
Faire attention aux sports présentant un risque allergique (équitation, certains
sports en salle).
Réaliser 2 à 4 inhalations d’un b2-mimétique de courte durée, 10 à 15 minutes
avant un exercice.
Faire un échauffement préventif.
Pratiquer l’activité qui vous plaît à une intensité modérée entre … bpm et
… bpm.
Tenir un carnet d’entraînement à jour que vous rapporterez à la prochaine
consultation.
Au moindre problème, m’appeler.
Références
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Asthme, asthme d’effort et activité physique 263
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264 Pathologies
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266 Pathologies
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11 Bronchopneumopathie
chronique obstructive
et activité physique
Olivier Coste
Définition de la pathologie
La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) est une maladie
chronique inflammatoire lentement progressive à point de départ pulmo-
naire et caractérisée par une réduction non complètement réversible des
débits aériens [1] Cette pathologie touche les adultes de plus de 40 ans et sa
fréquence augmente avec l’âge. Le dépistage est souvent tardif, les premiers
signes de la maladie se développant en général après 20 ans de tabagisme.
Les facteurs de risque sont nombreux :
• le tabac est mis en cause dans plus de 80 % des cas, 20 à 30 % des per-
sonnes consommant plus de 20 cigarettes par jour souffriront tôt ou tard
d’une BPCO ;
• les polluants professionnels dans environ 20 % des cas (gaz toxiques,
ciments, solvants, produits de la mine, poussières de silice et irritants utili-
sés en milieu agricole) ;
• la pollution domestique ou urbaine, le cannabis qui a été récemment
reconnu comme responsable de lésions bronchiques pouvant entraîner une
BPCO.
Elle se caractérise par une dyspnée, une fatigue, une réduction de la tolé-
rance à l’exercice et une diminution de l’activité physique contribuant à une
faible qualité de vie. Elle est fréquemment associée à une comorbidité (patho-
logies cardiovasculaires, diabète, ostéoporose, ostéoarthrite, dénutrition) et
son évolution conduit à des altérations systémiques (musculaires, cardiovas-
culaires, endocriniennes, psychologiques…) [2, 3]. D’autres complications
sont associées comme des problèmes d’équilibre et de contrôle postural [4].
La BPCO correspond ainsi à une maladie bronchopulmonaire initiale (mala-
die primaire) entraînant progressivement des atteintes systémiques (maladie
secondaire) qui conditionnent le pronostic [5]. Elle se traduit tout d’abord
par une simple toux avec expectoration, puis par une dyspnée intervenant
à l’occasion d’efforts de moins en moins importants puis finalement au
repos. Elle s’accompagne de nombreux épisodes d’exacerbation aigüe avec
aggravation de la dyspnée, fatigue, altération de la fonction pulmonaire et
réduction de l’activité physique [6].
Au niveau musculaire
Les malades présentent une atrophie musculaire [14] et une réduction
de la force musculaire périphérique qui explique en partie l’intolérance
à l’exercice et les symptômes ressentis pendant une épreuve d’effort [15].
Une amyotrophie sévère du quadriceps entraîne une espérance de vie de
30 % à 5 ans, alors qu’elle est de 75 % pour une amyotrophie modérée [16].
Ainsi, il est admis que « masse et force musculaires sont au pronostic de la
BPCO ce que le VEMS est à son diagnostic » [17]. La dysfonction musculaire
intrinsèque est due au déconditionnement musculaire consécutif au mode
de vie sédentaire [18]. De nombreuses modifications histochimiques ont
été retrouvées :
• diminution des fibres musculaires oxydatives de type I au profit des fibres
lactiques de type IIx [19] ;
• diminution des enzymes de la voie oxydative au profit de celles de la voie
lactique [20, 21] ;
• réduction importante des vaisseaux capillaires musculaires [19].
Le déconditionnement musculaire favorise la survenue de la dys-
pnée, initialement d’origine respiratoire (obstruction bronchique), expli-
quant le concept de cercle vicieux de la dyspnée. D’autres facteurs sont
associés à l’altération de la fonction musculaire, comme les traitements
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Bronchopneumopathie chronique obstructive et activité physique 271
Au niveau nutritionnel
Le patient BPCO présente dans 20 à 70 % des cas, suivant le contexte
clinique, un déséquilibre de la composition corporelle [17]. Si l’indice de
masse corporelle, et donc le poids, est directement lié à la morbidité et à la
mortalité, ce paramètre est insuffisant pour évaluer correctement l’apport
nutritionnel. En effet, certains patients peuvent présenter un poids normal
avec une perte significative de masse musculaire [25]. La perte de masse
maigre constitue un marqueur de gravité de la maladie et engage le pronos-
tic vital. Il est donc nécessaire d’intégrer la mesure de la masse maigre, par
exemple par absorptiomètrie biphotonique (DEXA), lors de l’évaluation
clinique du patient.
Au niveau psychosocial
L’aggravation de l’état respiratoire et la difficulté à respirer aboutissent à
une perte d’autonomie progressive. Cette dyspnée est fréquemment asso-
ciée à une anxiété [26], les deux s’aggravant mutuellement. La perception
d’une respiration difficile est anxiogène et le patient réduit toute activité
nécessitant un effort physique.
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272 Pathologies
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Bronchopneumopathie chronique obstructive et activité physique 273
Réhabilitation respiratoire
Définition
La réhabilitation ou la réadaptation respiratoire est définie comme une
« intervention globale et individualisée, reposant sur une évaluation appro-
fondie du patient, incluant, sans y être limitée, le réentraînement à l’effort,
l’éducation, les changements de comportement visant à améliorer la santé
globale, physique et psychologique des personnes atteintes de maladie
respiratoire chronique et à promouvoir leur adhésion à long terme à des
comportements adaptés à leur état de santé » [41]. Ce programme pluri-
disciplinaire de prise en charge individualisée doit permettre également
d’assurer l’autonomie du malade [22], de réduire les symptômes et les
coûts de santé induits par la pathologie [39]. Il associe deux composantes
principales, le réentraînement à l’exercice (activités physiques adaptées) et
l’éducation thérapeutique, auxquels sont associés le sevrage tabagique, la
prise en charge psychosociale ainsi que le bilan et suivi nutritionnels [42].
Il a pour objectifs d’augmenter la capacité fonctionnelle d’effort du patient,
de développer les changements de comportement nécessaires à une amélio-
ration de sa santé et de le faire adhérer à long terme à ces comportements.
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274 Pathologies
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Bronchopneumopathie chronique obstructive et activité physique 275
Réentraînement à l’exercice
Le réentraînement à l’exercice est un travail personnalisé en endurance,
c’est-à-dire réalisé à un niveau d’intensité en fonction de l’âge du sujet,
de sa pathologie, de sa tolérance à l’effort [17]. Il se réalise sur un appareil
ergométrique (vélo ou tapis de marche) et permet le reconditionnement
musculaire. Le travail aérobie est accompagné d’exercices d’équilibre, de
coordination, de proprioception et de relaxation [37]. Il est la seule thé-
rapeutique de niveau A en termes d’evidence-based medicine dans la prise
en charge de la BPCO, avec l’oxygénothérapie pour les formes les plus
graves [53]. Les recommandations préconisent un réentraînement soit sur
une durée comprise entre 6 et 12 semaines (grade A), soit la participation à
un minimum de 12 séances encadrées, bien que certains patients peuvent
obtenir des bénéfices avec moins de séances [44]. Comme il n’existe pas de
consensus sur la durée optimale [41], il est plutôt préconisé un nombre
de 12 à 30 séances de réentraînement [54].
Il doit concerner en priorité les membres inférieurs [39]. Les indications
du réentraînement par ordre de fréquence décroissant pour les pathologies
respiratoires avec handicap sont les suivantes :
• bronchopneumopathie chronique obstructive (huit études, n = 4 467) ;
• asthme (une étude, n = 456) ;
• mucoviscidose (deux études, n = 243) ;
• bronchectasies (deux études, n = 83) [7].
Entraînement en endurance
Les principes clés de la prescription des exercices d’endurance intègrent
la fréquence, l’intensité, la durée, le type et le mode d’activité [55]. Pour
optimiser la prescription d’un entraînement en endurance, il est préférable
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276 Pathologies
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Bronchopneumopathie chronique obstructive et activité physique 277
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278 Pathologies
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Bronchopneumopathie chronique obstructive et activité physique 279
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280 Pathologies
Entraînement de l’équilibre
Les déficits d’équilibre et les modifications du contrôle postural sont liés à
un risque accru de chutes et de peur de tomber chez les patients BPCO [81].
De fait, l’entraînement de l’équilibre est en train d’émerger dans la stratégie
de prise en charge. Bien que ce soit une étude préliminaire menée auprès de
patients hospitalisés, les résultats positifs corroborent le rôle possible de ce
type d’entraînement pour les patients à risque de chutes [82].
Tableau 11.3. Résumé des types d’exercices pour les différentes étapes
cliniques et les niveaux de preuve [6].
Période de réhabilitation Type d’exercice Niveau
respiratoire de preuve
Post-exacerbation aiguë Entraînement en endurance (vélo et/ou Niveau A
marche)
Mode intermittent ou continu Niveau A
Entraînement en résistance (MS et MI) Niveau B
État clinique stable Entraînement en endurance Niveau A
(vélo et/ou marche)
Mode intermittent ou continu Niveau A
Entraînement en résistance (MS et MI) Niveau B
Entraînement des muscles respiratoires Niveau B
Exercices aquatiques Niveau B
Répartition (p. ex., jambe puis l’autre) Niveau B
Entraînement de l’équilibre Niveau B
Maintien post-réhabilitation Entraînement en endurance Niveau A
(vélo et/ou marche)
Mode intermittent ou continu Niveau A
Entraînement en résistance (MS et MI) Niveau B
Note : Niveau d’évidence basé sur NHLBI/WHO Workshop Report [43]. Abréviations : MS, mem-
bres supérieurs ; MI, membres inférieurs.
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Bronchopneumopathie chronique obstructive et activité physique 281
Post-réhabilitation
La phase de la post-réhabilitation démarre dès le retour au domicile. Elle
a pour objectif la poursuite de la réhabilitation et l’accompagnement du
malade. Le médecin (pneumologie, médecine physique…) rédige le cer-
tificat médical qui permettra au patient de faire des activités physiques
adaptées. Les séances, qui peuvent également être proposées en phase de
réhabilitation, devront être assurées par un enseignant en activité physique
adaptée (APA) possédant une licence obtenue en faculté des sciences du
sport ou un éducateur sportif formé au sein d’une fédération sportive agréée
comme les « coach athlé-santé » de la fédération française d’athlétisme (FFA)
avec qui la fédération française de pneumologie a passé une convention de
formation. La SPLF a un annuaire des associations de patients concernées
par la réhabilitation respiratoire.
Les séances initiées dès la phase de réhabilitation vont permettre aux
patients d’appréhender leurs capacités mais aussi leurs limites [86]. Elles
vont développer les qualités aérobies, de puissance musculaire et d’équili-
bration qui sont directement transférables à des situations de la vie quo-
tidienne. Une séance type se compose, pour les malades respiratoires,
d’exercices de « posture-équilibration-motricité » pour optimiser l’équilibre
statique et dynamique, d’une séance aérobie pour améliorer l’aptitude phy-
sique, la tolérance à l’effort, l’autonomie et diminuer le risque de chutes.
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282 Pathologies
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Bronchopneumopathie chronique obstructive et activité physique 285
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286 Pathologies
Points clés
Le nombre de personnes atteintes équivaut entre 6 et 8 % de la population
mais les cas sont largement sous-diagnostiqués.
La BPCO débute par une simple toux, évolue silencieusement vers une dys-
pnée puis vers un déconditionnement à l’effort qui altère progressivement la
qualité de vie du patient.
Elle se présente comme une maladie bronchopulmonaire initiale (maladie
primaire) entraînant progressivement des atteintes systémiques (maladie
secondaire) qui conditionnent le pronostic.
Les patients présentent une diminution de l’activité physique et une aug-
mentation de la sédentarité.
La réhabilitation respiratoire est une intervention globale et individualisée
visant à améliorer la santé globale, physique et psychologique et à promou-
voir leur adhésion à long terme à des comportements adaptés à leur état de
santé.
La réhabilitation respiratoire, en s’appuyant sur l’éducation thérapeu-
tique, est un élément majeur pour conduire à l’appropriation de la maladie et
permettre ainsi un changement de comportement pour améliorer la qualité
de vie.
Le réentraînement à l’exercice est une pierre angulaire de la réhabilitation
respiratoire.
Il doit être proposé à tous les patients dyspnéiques et intolérants à l’effort
et qui présentent une restriction des activités consécutive à la maladie.
Il est composé d’exercices d’endurance et de force ciblant les membres
inférieurs, supérieurs et les muscles inspiratoires.
Il est recommandé de réaliser, avant la mise en œuvre d’un programme de
réhabilitation, une évaluation clinique complète de repos et d’effort.
La réhabilitation est efficace quel que soit son lieu de réalisation, en ins-
titution, en ambulatoire ou au domicile du malade.
La réhabilitation devrait être proposée aux patients présentant un état
clinique stable et immédiatement après un épisode aigu, son rôle au cours de
l’exacerbation aigüe est discuté.
La poursuite de l’entraînement, après retour à domicile, encadré par des
éducateurs sportifs formés ou des enseignants en activité physique adaptée
doit être privilégiée.
Ordonnance
Elle doit être réalisée par le médecin à la sortie du stage de réhabilitation res-
piratoire afin envisager la continuité du réentraînement. Le médecin prévoit
de donner un cahier de réhabilitation au patient, comportant des prescriptions
x
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Bronchopneumopathie chronique obstructive et activité physique 287
x
d’activités physiques à poursuivre lors du retour à domicile seul ou sur le terrain
dans une association sportive, une structure d’activité physique adaptée ou un
club de patients (dans un réseau de santé ou non).
Dr Z Montpellier, le…
M. X
Travail en endurance (marche, marche nordique, course à pied, vélo, éven-
tuellement natation) à une fréquence cardiaque-cible correspondant à celle
du seuil d’apparition de la dyspnée déterminé par l’épreuve d’effort initiale.
Bouger au minimum 30 minutes, 5 fois par semaine à une fréquence cardiaque
comprise entre … bpm et … bpm.
Exemple de contenu de séance en post-réhabilitation initiale :
• échauffement de 10 à 15 minutes : alterner les temps de marche « récupéra-
tion » et des temps de marche associée à des mouvements (montée de genoux,
talons fesses, pas chassés, pas croisés, marche arrière, mobilisation des épaules,
des poignets, des doigts) ;
• travail en endurance sur 15 minutes au seuil d’apparition de la dyspnée
(FC : … bpm) : 3 fois (3 minutes de marche au seuil et 2 minutes de marche
récupération) ;
• phase de récupération de 10 à 15 minutes : travail de mobilité articulaire,
étirements.
Recommandation : hydratation pendant la séance.
Consignes :
• arrêter la séance si votre FC dépasse de 20 % la FC-cible pour un effort
donné, si votre essoufflement est coté plus de 5 sur l’échelle de dyspnée, si des
douleurs thoraciques apparaissent ;
• ne pas faire la séance si votre FC de repos est supérieure à 25 % de votre FC
habituelle, si vous avez une infection avec de la fièvre, si vous êtes plus essouf-
flé ou fatigué que d’habitude ;
• tenir un carnet d’entraînement à jour que vous rapporterez à la prochaine
consultation ;
• au moindre problème, m’appeler.
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Bronchopneumopathie chronique obstructive et activité physique 289
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290 Pathologies
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12 Patient fibromyalgique
et activité physique
Introduction
D’après plusieurs études épidémiologiques menées dans différents pays
et recensées dans deux revues récentes de la littérature, jusqu’à 10 % de
patients (issus d’une population générale) déclarent souffrir de douleurs
musculo-squelettiques diffuses et chroniques sans qu’aucune étiologie
inflammatoire ou anatomique ne puisse être retenue [1, 2]. Une grande
partie des patients souffrant de ce syndrome polyalgique idiopathique dif-
fus présente les critères susceptibles de proposer le diagnostic de syndrome
fibromyalgique d’après la classification de l’American College of Rheumato-
logy [3]. La prévalence de la fibromyalgie dans les pays industrialisés est
estimée entre 3 et 5 % de la population, voire 15 % pour certaines études
spécifiquement menées dans des structures hospitalières de rhumatologie.
Toutes les études indiquent une nette prédominance des femmes parmi
ces malades. Si la majorité des patients est âgée de 25 à 50 ans et bien
que la prévalence de cette pathologie augmente avec l’âge, le syndrome
fibromyalgique est cependant susceptible de concerner des enfants et des
adolescents [4-6].
La comorbidité associée au syndrome fibromyalgique (ou s’intégrant
dans le cadre du syndrome) se décline sur les versants somatique et psy-
chologique. Les répercussions socioprofessionnelles de ce syndrome ne sont
pas négligeables [7-8]. Jusqu’à 30 % des patients atteints de fibromyalgie
déclarent être incapables de poursuivre leur activité professionnelle [9]. En
1992, la déclaration du 2e congrès international MYOPAIN (Copenhague)
soulignait déjà qu’il était urgent que la fibromyalgie soit reconnue comme
une cause d’invalidité, ce qu’ont fait plusieurs pays comme les États-Unis,
le Canada et la Scandinavie [10].
Les relations familiales des patients fibromyalgiques peuvent également
être perturbées [11]. La qualité de vie des patients fibromyalgiques est sys-
tématiquement altérée [12]. L’ensemble de ces répercussions a un effet
majeur sur les coûts directs de santé [13] et les coûts indirects comme les
indemnisations pour incapacité de travail [9].
Les étiologies du syndrome fibromyalgique et la connaissance des pro-
cessus pathogéniques demeurent imprécises. Malgré les multiples articles
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Patient fibromyalgique et activité physique 297
être justifiée par l’existence, bien que restant à préciser par d’autres études,
d’anomalies musculaires histologiques caractérisées par une diminution
du système capillaire musculaire et une modification du profil d’activité
de certains enzymes [28, 29]. Bien qu’admise pour d’autres états morbides
chroniques tels l’insuffisance respiratoire chronique, l’amélioration de
telles anomalies histologiques par un programme de reconditionnement
reste à vérifier chez les patients présentant un syndrome fibromyalgique.
L’évolution chronique des symptômes douloureux (aggravée selon la
théorie du déconditionnement développée ci-dessus) favorise le dévelop-
pement d’un état d’angoisse, d’impuissance face à la maladie et de perte
de contrôle des processus psychologiques de lutte contre le handicap [30].
Tout comme pour le large groupe des « pathologies médicalement inexpli-
quées » [31], l’efficacité d’une prise en charge psychologique de type cogni-
tivo-comportementale a pu être démontrée chez le patient fibromyalgique
afin de favoriser le développement actif de stratégies de « coping » positif
face au handicap [32]. L’efficacité de la stratégie cognitivo-comportementale
est améliorée par l’association de cette stratégie à un programme d’AP [33].
La réalisation dirigée, personnalisée et accompagnée d’exercices physiques
permet de démontrer au patient fibromyalgique qu’il est possible de contrô-
ler les modalités de ces exercices afin de contrôler la répercussion doulou-
reuse de ces manœuvres [34, 35].
La prise en charge psychologique du patient présentant un syndrome
fibromyalgique pourrait également favoriser la reprogrammation du proces-
sus d’intéroception de l’individu. L’intéroception est un concept exprimant
la sensibilité d’un individu à percevoir son état d’homéostasie physiolo-
gique [36]. La reprise d’une activité physique étant susceptible d’améliorer
l’état d’homéostasie d’un individu pourrait donc modifier son intérocep-
tion par diminution de la sensibilité aux changements de son homéostasie.
Le rôle de l’activité physique dans l’amélioration des symptômes décrits
par les patients présentant un syndrome fibromyalgique pourrait également
être expliqué par des modifications biochimiques induites par l’exercice
physique.
Avec l’augmentation de l’intensité de l’exercice musculaire, la production
et la libération sanguine d’hormone corticotrope, de b-endorphines et de
sérotonine sont accrues. Ces hormones seraient alors susceptibles d’exercer
un effet antalgique chez les patients fibromyalgiques [18, 37, 38].
Enfin, chez certains individus génétiquement prédisposés à la sur-
venue de maladies chroniques par déficit fonctionnel primitif du système
hypothalamo-hypophyso-surrénalien qui assure la réponse biologique
au stress, la pratique régulière d’une activité physique pourrait retarder
l’expression morbide de leur phénotype et la suppression de ce mode de vie,
favoriser l’expression de symptômes à type de fatigue, douleurs et troubles
de l’humeur [39]. Le retour à un mode vie plus actif pourrait alors favoriser
le maintien de cette homéostasie de la réponse au stress.
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298 Pathologies
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Patient fibromyalgique et activité physique 301
Conclusion
Le reconditionnement à l’exercice musculaire des patients présentant un
syndrome fibromyalgique peut participer à la diminution du handicap de
ces patients. Cependant tous les patients n’adhèrent pas de façon optimale
au programme de reconditionnement proposé : rarement par refus de pra-
tiquer une activité physique, le plus souvent par manque de goût pour les
activités proposées, parfois par manque de moyens financiers pour bénéfi-
cier d’une aide à l’entraînement auprès d’une tierce personne. L’éducation
des patients pour la pratique d’une activité physique est à développer afin
d’autonomiser les patients et d’optimiser le déroulement du programme
d’entraînement. Une optimisation de la compétence de tiers pour la pres-
cription des activités physiques et sportives chez le patient présentant
un syndrome fibromyalgique peut permettre d’optimiser l’adhésion des
patients à un programme de reconditionnement.
Si l’amélioration ainsi définie des conditions d’application d’une activité
physique chez les patients présentant un syndrome fibromyalgique est
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302 Pathologies
Points clés
� L’activité physique fait partie de la prise en charge des patients fibromyal-
giques, au même titre que la mise en place d’un traitement antalgique et que
la mise en place d’une thérapie cognitivo-comportementale. Cette recomman-
dation est validée par de nombreuses sociétés savantes internationales.
� L’activité physique en endurance est le mode d’activité pour lequel il
existe le plus grand nombre d’études réalisées avec des résultats probants. La
réalisation d’étirements semble souhaitable. La justification de la mise en place
d’un programme de renforcement musculaire nécessite de nouvelles études.
� La mise en place d’un programme d’activité physique doit respecter le
niveau de douleur déclaré par le patient.
� Le rationnel de la mise en place d’un programme d’activité physique dans
le cadre de la prise en charge des patients fibromyalgiques est basé sur l’hypo-
thèse d’une relation physiopathologique entre la pratique régulière d’une acti-
vité physique et la modulation du signal douloureux, d’une influence favorable
d’une activité physique régulière sur des perturbations végétatives identifiées
chez certains patients fibromyalgiques, de l’influence favorable d’un programme
d’activité physique sur les conséquences du syndrome fibromyalgique en tant
que pathologie chronique.
� Selon le concept général de la mise en place d’un programme d’activité
physique chez des patients porteurs de pathologies chroniques, une évalua-
tion préalable est recommandée avec pour objectif de sécuriser la pratique et
de proposer une individualisation de cette pratique.
� L’encadrement des séances d’activité physique, notamment par des édu-
cateurs sportifs formés à cet effet, doit être encouragé, notamment au début
de la mise en place, avec toutefois un objectif d’autonomisation de l’activité
physique (qui est alors plus volontiers régulière) chez le patient.
Ordonnance
Prescription d’activité physique chez un patient porteur d’un syndrome fibro-
myalgique.
Dr Z Toulouse, le…
M. X
L’activité physique doit être pratiquée sur un temps spécifique au sein de
l’emploi du temps.
x
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Patient fibromyalgique et activité physique 303
x
1. L’activité physique en endurance doit être régulière : au moins 2 fois/
semaine au début (rajouter une séance en fonction de l’évolution). Les
activités physiques en endurance à envisager sont en fonction des possibi-
lités fonctionnelles, techniques et géographiques ; si possibles, les activi-
tés en milieu hydrique sont à encourager. La durée des séances d’activité
physique en endurance varie de 10 à 30 minutes en fonction du niveau de
tolérance ; le temps de travail des séances peut être fractionné (soit au
niveau d’une séance, soit sur la journée, mais il est nécessaire de s’efforcer
à ce que chaque séance dure au moins 10 minutes). L’intensité des séances
d’activité physique en endurance doit permettre de soutenir une fréquence
cardiaque comprise entre … bpm et … bpm.
2. Réaliser 5 à 7 séances hebdomadaires, de 10 à 15 minutes d’étirements et de
travail des amplitudes articulaires (membres et rachis).
3. En fonction de la possibilité d’accompagnement par un éducateur sportif,
réaliser des exercices de renforcement musculaire avec le poids du corps 1 à
2 fois/semaine, en alternant les groupes musculaires sollicités au fil des séances,
deux séries par groupe musculaire (le nombre de répétitions est à déterminer
en fonction du niveau de tolérance au moment de la séance).
4. Dans tous les cas, respecter la possibilité de réaliser les exercices en contrô-
lant l’évolution de l’intensité douloureuse.
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304 Pathologies
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Patient fibromyalgique et activité physique 305
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306 Pathologies
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13 Cancer et activité
physique
Physiopathologie et effet
des activités physiques
Il existe plusieurs explications concernent les effets bénéfiques de l’AP sur les
phénomènes tumoraux, et certaines pourraient interagir entre elles. On dis-
tingue en particulier les hypothèses à impact systémique (immunitaire, a nti-
inflammatoire, hormonale, angiogenèse…) et celles à effet local (mécanique).
Au niveau systémique
Plusieurs hypothèses coexistent, d’abord l’hypothèse immunitaire qui
s’appuie sur une modification de l’activation carcinogène, spécifiquement par
l’augmentation du système du cytochrome P450 et d’enzymes sélectives dans
la détoxification carcinogénique, par exemple via la glutathion-S-transférase.
Par ailleurs, l’AP joue très clairement un rôle sur les fonctions immunitaires,
avec l’augmentation du nombre et de l’activité des macrophages, l’augmenta-
tion des lymphocytes natural killer et la prolifération des lymphocytes activés
1. Les auteurs de ce chapitre remercient Betty Mercier pour ses conseils, maître de
conférences à l'université de Montpellier et président de l'association Étincelle
Languedoc-Roussillon.
par les mitogènes. L’AP favorise aussi une diminution du stress oxydatif par
augmentation des enzymes anti-oxydantes et amélioration de l’efficacité des
systèmes de réparation de l’ADN et des protéines intracellulaires [3].
On parle aussi de la diminution de l’inflammation, car l’AP réduit le taux
des médiateurs pro-inflammatoires. Certains évoquent aussi la suppression
de l’angiogenèse, mais trop peu d’études ont analysé l’effet de l’AP sur cette
angiogenèse, toutefois il s’agit d’une voie intéressante lorsque l’on sait que
l’AP stimule des facteurs de croissance angiogéniques [3].
À ce jour, c’est l’hypothèse hormonale qui semble la plus plausible, ce
que confirme le rapport de l’INSERM [4]. L’AP agit sur la réduction de la
graisse intra-abdominale et donc favorise une diminution de production
des œstrogènes, une réduction de la production de facteurs de croissance
(IGF1) et de l’insuline, elle diminue aussi l’insulino-résistance et le risque
d’obésité. Or l’insulino-résistance, le surpoids et l’obésité participent à
l’augmentation de la fraction libre biologiquement active des hormones
sexuelles par une diminution de la SHBG (sex hormone binding globulin)
et des protéines liant les IGF, ce qui augmente l’impact négatif sur les can-
cers hormonodépendants (sein, endomètre, prostate). Donc l’AP jouerait
bien un rôle bénéfique sur ces cancers [4]. L’AP agit aussi directement sur
la diminution de la fraction libre biologiquement active des hormones
sexuelles (œstradiol et testostérone) et sur l’augmentation de la SHBG qui
se lie à ces fractions libres et donc participe aussi à la diminution de leur
fraction circulante. Ainsi, l’AP a une action protectrice par ce phénomène
et par la baisse de la sécrétion d’œstrogènes.
Cette approche hormonale permettrait d’expliquer l’effet sur la survie de
la pratique d’AP en post-traitement sur les cancers du sein avec récepteurs
hormonaux positifs (RH + ), ainsi que la faiblesse de l’effet préventif des AP
sur les cancers du sein chez les femmes à IMC élevé en post-ménopause [5, 6].
Dans les cancers du sein, d’autres facteurs liés indirectement à l’AP comme
les facteurs métaboliques et hormonaux joueraient un rôle. On peut citer
des premières règles plus tardives, des cycles anovulatoires plus fréquents,
une augmentation de la production de SHBG induisant une diminution de
la disponibilité des œstrogènes. En outre, l’effet de l’AP sur la diminution
du risque de surpoids et d’obésité, qui ont eux-mêmes un effet sur le risque
de cancer du sein, agit très probablement sur la survenue de ce cancer.
Lors du diagnostic de cancer du sein, la présence d’un surpoids ou
d’une obésité entraîne une surmortalité globale et spécifique, que ce soit
en période pré ou post-ménopausique [7]. La surcharge pondérale a pour
conséquence une augmentation du risque de toxicité de grade 3/4 lors des
chimiothérapies et une diminution du taux de réponse histologique [8].
On note une prise de poids pendant et après la maladie d’environ 2 à
3 kg lors des deux premières années puis une stabilisation. Le retour au
poids initial n’est constaté que dans 10 % des cas. Cette variation de poids
favorise une surmortalité par l’intermédiaire d’un syndrome métabolique.
Elle augmente le risque d’un deuxième cancer du sein [9].
La graisse et le muscle constitue un véritable couple antagoniste dans
le cancer. Il existe une dualité entre prise de graisse et fonte musculaire
(sarcopénie). La masse graisseuse abdominale augmente le risque de sur-
motalité globale et spécifique. Cela nécessite de suivre l’obésité androïde
par la prise du tour de taille ou du rapport hanche sur taille. Le fait d’être
dans le dernier quartile expose à une surmortalité spécifique avec un risque
relatif de 2 à 4 [10]. La masse musculaire correspond à 40 à 50 % du poids
total et peut être mesurée par handgrip ou DEXA. La sarcopénie est précoce
et progressive avec une perte de poids de 1,3 kg sous chimiothérapie [11].
Elle est prédictive des risques de complications iatrogènes comme un risque
de toxicité de grade 3/4 sous chimiothérapies [12] et de survie [13].
La trilogie retrouvée chez les femmes avec un poids normal au diagnostic
est la suivante : prise de poids (2 à 4 kg), sarcopénie (1,3 kg), prise de graisse
(3 à 5 kg). Cela a pour conséquences une sécrétion de cytokines par diffé-
rentes sources : cellules cancéreuses, cellules inflammatoires péritumorales
et tissus graisseux (p. ex., graisse abdominale) [14]. Les cytokines (inter-
leukine 1, interleukine 6 et TNF-a) sécrétées par les cellules tumorales et
inflammatoires provoquent de la fatigue, des troubles du comportement et
du sommeil de manière précoce, voire même avant le diagnostic en agis-
sant sur le système nerveux central ainsi qu’une sarcopénie en agissant sur
le système musculaire [15].
Les cytokines sécrétées par les cellules graisseuses augmentent le taux de lep-
tine, lequel favorise l’insulino-résistance et diminue l’effet anti-apoptotique
des cellules tumorales [16]. Elles diminuent le taux d’adinopectine, qui
améliore le captage du glucose, l’oxydation des acides gras par les muscles,
ce qui a un effet anti-inflammatoire, ce qui diminue le taux d’œstrogènes
sériques et le poids et a un effet pro-apoptotique sur les cellules des cancers
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310 Pathologies
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Cancer et activité physique 311
une tumeur colique diminue, en revanche rien n’est prouvé pour le cancer
du rectum [24]. En 2006, Friedenreich confirme ces données dans la popu-
lation générale mais aussi chez les sujets en surpoids [25]. L’effet de l’AP
est indépendant, car il persiste même lorsque les résultats sont ajustés par
rapport à des facteurs alimentaires comme la quantité de fibres.
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312 Pathologies
Cancer du sein
Bénéfices de l’activité physique
L’AP adaptée après cancer du sein permet d’accroître les capacités phy-
siques, d’améliorer la qualité de vie, de diminuer la fatigue sous réserve de
respecter un programme prolongé avec un suivi régulier, une régularité de
la pratique, et une progressivité des efforts [30, 31]. Environ 80 à 100 % des
personnes atteintes de cancer rapportent qu’elles éprouvent de la fatigue
liée au cancer.
Un essai multicentrique randomisé a été conduit auprès de 108 femmes
en rémission, traitées 12 à 36 mois auparavant, en rémission et inac-
tives [32]. Trois groupes ont été randomisés : un groupe pratiquant des
exercices aérobies (n = 34), un autre nommé exercice placebo (n = 36) et
un groupe standard (n = 38). Les modalités d’exercice sont pour le groupe
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Cancer et activité physique 313
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Cancer et activité physique 315
2. www.INCA.fr
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316 Pathologies
Adaptations possibles
Après un traitement chirurgical, dans le cadre d’un cancer du côlon par exem-
ple et a fortiori en cas de colostomie, les parois de l’abdomen sont fragilisées
et les sports mobilisant de façon intense les muscles abdominaux sont à éviter.
Un certain nombre de tumeurs ou de traitements réduisent momentané-
ment les fonctions respiratoires et conduisent pendant quelques mois à évi-
ter la pratique de sports en altitude ou la plongée sous-marine. La pratique
de la natation reste cependant très souvent possible.
Une colostomie peut être masquée par le port de maillots larges et il existe
des maillots de bain comportant une prothèse dans les cas d’ablation du
sein. Enfin, en cas d’amputation d’un membre, les technologies actuelles
développent de plus en plus de moyens de compensation permettant à cha-
cun de pratiquer le sport qui lui convient [58].
Concernant le lymphœdème, voir ci-dessus. Pour le port à cathéter : à
surveiller, éviter les sports de contact durant la durée du port à cath.
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Cancer et activité physique 319
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• Dans les 24 heures suivant le traitement de chimiothérapie par intraveineuse.
• Anémie ou plaquettes trop basses (< 50 000/mm3 ; Hb < 8 g/dL).
• Cachexie sévère (↓ 35 % prétraitement).
• Radiodermite sévère (lésion cutanée/substances radioactives).
• Troubles de la fonction cardiaque non contrôlés.
• Pouls de repos > 100/min ou < 50/min chez un sujet non entraîné ou pouls
irrégulier.
• Décompensation respiratoire.
• État psychique trop altéré.
• Déclin marqué des fonctions cognitives.
• Douleurs aiguës.
• Métastases osseuses ou ostéoporose avec risque de fracture.
Tableau selon l’auteur : les précautions à prendre pour la pratique des AP chez
un sujet atteint de cancer sont à moduler selon les déficiences.
Points clés
� Convaincre des patients cancéreux à faire de l’AP reste un challenge pour
l’entourage du patient et ce malgré toutes les preuves existantes de son intérêt.
� Les données positives sur l’effet des AP sont de plus en plus importantes
et montrent chez les sujets physiquement actifs une baisse de l’incidence et
de la mortalité par cancer.
� La diminution de la sécrétion endogène d’œstrogènes par l’AP explique en
partie l’impact sur le cancer du sein de l’AP. La baisse de la masse grasse (et donc
du poids) y participe aussi en diminuant l’augmentation de l’insulino-résistance
et de l’IGF1 et en limitant la diminution de la SHBG et des IGFBP.
� Il y a une forte évidence sur l’effet préventif primaire de l’AP pour les
cancers du sein chez les femmes (surtout ménopausées ; en préménopause,
l’effet est moins évident), de l’endomètre et du côlon pour tous.
� Une activité modérée à intense avec un effet dose-réponse permet de
diminuer le risque d’avoir un cancer du côlon et seule une activité intense
serait nécessaire pour le cancer du sein. Certaines études évoquent aussi un
effet préventif pour les cancers de la prostate, du pancréas et du poumon,
mais les preuves restent limitées.
� Chez le sujet malade, l’AP joue un rôle important sur la qualité de vie et
en particulier sur la réduction de la fatigue habituelle et de celle qui apparaît
après les traitements.
� L’AP aurait un effet intéressant vis-à-vis des chimiothérapies, pouvant
aider à améliorer leur efficacité et diminuer certains effets secondaires.
� Les données sur l’amélioration du pronostic par l’AP des cancers sont
encore faibles même si dans le cancer du sein, on note un bénéfice en termes
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320 Pathologies
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de survie. La qualité des apports nutritionnels (légumes et fruits) est très
importante à associer dans tous les cas à l’AP.
� On recommande une pratique mixte d’activité aérobie modérée à raison
de 3 fois minimum/semaine et de deux séances de renforcement musculaire
tant en prévention primaire que tertiaire. La pratique en groupe en présence
d’un éducateur sportif sensibilisé est source d’observance.
� Dans les cancers du sein, il est recommandé de pratiquer des activités
physiques sans restriction médicale spécifique liée au lymphœdème.
� L’AP, en particulier en milieu sportif, est un formidable outil de réassurance
et de progrès physique et psychique après un cancer et est un traitement
adjuvant reconnu.
Ordonnance
Dr Z Toulouse, le…
Mme X
Vous avez raison de vous mettre à bouger. Vous en retirerez de nombreux
bénéfices, surtout si vous tenez au moins six mois. Votre état de fatigue va
s’améliorer progressivement et vous aurez plus confiance en vous. Soyez
toutefois prudent en cas de fragilité osseuse connue ou tout autre problème
de santé important connu et dans tous les cas voyez votre oncologue et votre
médecin traitant pour avis avant le début de l’AP.
Il faut pour cela pratiquer au moins 3 séances de 45 minutes d’activités phy-
siques, en cours collectif dans votre club sportif, par semaine en plus de l’acti-
vité quotidienne de marche active avec ou sans bâtons.
Échauffement de 10 minutes, puis 20 minutes d’exercice aérobie entre 50 et
75 % de la FC de réserve, ou entre 50 et 70 % de la VO2max, soit entre … bpm
et … bpm, puis 10 minutes de renforcement musculaire au moins 2 fois/semaine
et toujours finir par une étape de 5 minutes de détente/relaxation.
Ne pas hésiter à mobiliser les quatre membres : travail de renforcement musculaire
doux et d’étirement des quatre membres.
Tenir un carnet d’entraînement à jour que vous rapporterez à la prochaine
consultation.
Au moindre problème, m’appeler.
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Cancer et activité physique 323
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14 VIH, sida et activité
physique
Frédéric Depiesse
Définition
Le syndrome d’immunodéficience acquise (sida) est une maladie infectieuse
due au rétrovirus de l’immunodéficience humaine (VIH). La transmission
interhumaine se fait par voie sanguine, sexuelle et maternofœtale. Le sida
est le dernier stade de l’infection à VIH. Il peut se déclarer au bout de 10 à
15 ans. Le sida est aujourd’hui considéré comme une maladie chronique
en particulier dans les pays développés où l’accès aux traitements antiré-
troviraux permet un allongement de l’espérance de vie [1]. Avant, on était
démuni face au sida, aujourd’hui, on parle de handicap et de prise en
compte des limitations, comme la fatigue, la douleur, la faiblesse muscu-
laire pour les patients. Des déficiences apparaissent comme la difficulté de
marcher, mais aussi des restrictions de participation à la vie sociale comme
l’inégalité d’accès au marché du travail [1]. On estime à environ 30 millions
de personnes vivant dans le monde avec le VIH en 2014 [2].
Pathogénie
Le VIH s’attaque aux cellules du système immunitaire et les détruit ou
les rend inefficaces et rend la personne infectée sensible à de nombreuses
pathologies. Aux premiers stades de l’infection, le sujet ne présente pas
de symptômes. Cependant, l’évolution de l’infection entraîne un affai-
blissement du système immunitaire et une vulnérabilité accrue aux infec-
tions opportunistes. Des classifications existent permettant de donner des
conseils d’activités physiques adaptés au stade d’atteinte du patient [2].
Constats cliniques
Cliniquement, le sida et ses traitements antirétroviraux induisent des
modifications de la composition corporelle comme le surpoids et l’obé-
sité, mais aussi en particulier de la répartition des graisses (amaigris-
sement du visage et des membres, embonpoint abdominal et du cou),
favorise l’apparition de lipodystrophies, de la graisse viscérale et de leur
impact cardiovasculaire. On distingue les lipoatrophies de la graisse
sous-cutanée et les lipohypertrophies des seins et de la graisse dorsocervi-
cale [6]. La durée cumulée des traitements antirétroviraux est un facteur
aggravant de présence de lipodystrophies. Mais les médicaments ne sont
pas les seuls responsables de cette survenue. D’autres facteurs comme
l’âge, l’ancienneté et la sévérité de l’infection VIH et l’indice de masse
corporelle entrent eux aussi en ligne de compte.
La prévalence de la lipodystrophie se situe entre 38 et 62 % des personnes
traitées plus de 32 mois par antirétroviraux et plus de 15 mois par inhibiteurs
de protéase [7]. On distingue les lipoatrophies de la graisse sous-cutanée et
les lipohypertrophies des seins et de la graisse dorsocervicale [6]. Les lipo
atrophies correspondent à une fonte des tissus graisseux, localisées princi-
palement au niveau du visage, des joues, des tempes, des paupières, provo-
quant un amaigrissement du visage, des fesses, des bras et des jambes. Les
lipohypertrophies sont liées à une accumulation de tissus graisseux sur cer-
taines zones du corps comme le tronc avec une zone graisseuse à l’intérieur
du ventre, les seins avec une augmentation importante chez les femmes de
leur volume, le cou avec l’apparition d’un double menton, et la nuque. On
peut également voir apparaître de petites boules de graisses sous la peau sur
d’autres régions du corps (lipomes). Les médicaments ne sont pas les seuls
responsables de la survenue des lipodystrophies, d’autres facteurs comme
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VIH, sida et activité physique 327
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328 Pathologies
Les effets de l’AP sur le risque cardiovasculaire et, en particulier, sur les
lipodystrophies et sur le profil lipidique perturbé surtout chez les sujets uti-
lisant une thérapie antirétrovirale semblent positifs. Les bienfaits de l’acti-
vité aérobie sur les facteurs de risque cardiovasculaire sont détaillés au cours
du paragraphe sur la prévention tertiaire (voir p. 330).
Les bienfaits de l’activité aérobie sur le diabète induit par les traitements
antirétroviraux sont bien connus et sans particularité.
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330 Pathologies
CD4, charge virale) et analyse des traitements pris [2]. Sur le plan cardio-
vasculaire : on dose le bilan biologique lipidique (cholestérol total, LDL-C,
HDL-C et triglycerides), le glucose sanguin, et on mesure la pression sanguine
artérielle et on le réalisera annuellement en suivi [2]. Faire un électrocardio-
gramme 12 dérivations de repos au minimum. Un test d’effort sous maximal
peut être proposé [2, 3]. Doser la densité minérale osseuse est recommandé
pour toutes les femmes infectées post-ménopausées et les hommes de plus de
50 ans infectés et si nécessaire le refaire tous les 2 à 5 ans.
Les tests de condition physique à employer ne diffèrent pas de ceux de
la population générale même si globalement cette population est en moins
bonne condition physique [2].
Sur le plan clinique : composition corporelle (poids, IMC), mesure du
tour ombilical, du tour de taille, de hanche, des bras, du thorax, du pour-
centage de masse grasse par les plis cutanés [2]. Mesure de la force par des
tests de force musculaire de 10 répétitions [2].
Pour la fonction neuromusculaire, on propose l’analyse de la marche et
un test d’équilibre, un des symptômes les plus fréquents étant une neuropa-
thie périphérique [2].
Activités d’endurance
Sur des protocoles utilisant les activités aérobies, il a été montré une augmen-
tation du HDL-cholestérol associée à une diminution de la masse grasse et de
la quantité de graisse viscérale [14-16]. L’activité de type aérobie joue un rôle
bénéfique sur la diminution des facteurs de risque cardiovasculaire en popu-
lation générale et plusieurs études l’ont montré aussi dans le cas de porteur
du VIH [16]. Sur dix études rapportées comparant l’entraînement en aérobie
(au moins 3 fois/semaine sur au moins 4 semaines consécutives) à l’absence
d’entraînement ou à une autre modalité d’exercice, il a été noté chez des sujets
séropositifs ou atteints du sida une nette diminution de symptômes dépressifs
et une nette amélioration de la condition physique cardiopulmonaire [16].
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VIH, sida et activité physique 331
Points clés
� L’atteinte par le VIH soit au stade de porteur séropositif soit de sida est
une véritable pandémie mondiale depuis les années 1980.
� On sait aujourd’hui que les AP sont essentielles pour les sujets vivants
avec le VIH à tous les stades. Elles favorisent une meilleure qualité de vie, une
moindre fatigabilité, une diminution des effets secondaires des traitements
antirétroviraux, en particulier sur les dyslipidémies et les lipodystrophies,
mais aussi sur le diabète induit, la baisse de la densité minérale osseuse, donc
une meilleure acceptation de ces traitements efficaces et de long cours.
� Être vigilant en cas de neuropathie avérée, d’ostéopénie, de cardiopathie,
mais maintenir une AP est utile devant ces complications.
� Dans la pratique des AP, il faut prendre les précautions minimales contre
les infections transmises par le sang pour les partenaires de pratique
physique et sportive.
� L’AP peut être aérobie ou à visée de renforcement musculaire ou les deux
à la fois sans problème, parfois même la compétition est possible (mais ce
n’est pas le sujet de ce livre). On adaptera l’intensité et la durée d’exercice à
la gravité de la maladie.
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332 Pathologies
Ordonnance
Dr Z Toulouse, le…
M. X
Après un bilan médical complet insistant sur la sphère cardiovasculaire, en
particulier pour les sujets consommant des antirétroviraux.
Pratiquer au moins 3 séances de 45 minutes d’activités physiques/semaine,
en cours collectif dans votre club sportif, en plus de l’activité quotidienne de
marche active.
Échauffement de 10 minutes, puis 20 minutes d’exercice aérobie entre 50 et
75 % de la FC de réserve, ou entre 50 et 70 % de la VO2max, soit entre … bpm
et … bpm, puis 10 minutes de renforcement musculaire au moins 2 fois/
semaine et toujours finir par une étape de 5 minutes de détente/relaxation
(autres modalités possibles, voir chapitre 4).
Être vigilant en ce qui concerne le risque de saignement. Porter des protections
adaptées, arrêter la pratique en cas de saignement et bien faire un nettoyage-
parage de la plaie afin d’arrêter l’hémorragie.
Informer son entourage de la nécessité de porter des gants. Le nettoyage des
vêtements sportifs souillés est systématique à l’eau savonneuse et celui des sols
de pratique à l’eau javellisée (titrée à 1/5e). Le sujet qui traite les saignements
ou qui touche des liquides organiques doit porter des gants et jeter les déchets
dans un sac fermé.
Le changement de gant entre chaque sportif, le lavage à l’eau savonneuse des
mains sont des pratiques normales sur un terrain de sport.
Tenir un carnet d’entraînement à jour que vous rapporterez à la prochaine
consultation.
Au moindre problème, m’appeler.
Références
[1] OMS. Rapport sur le sida de l’OMS. Éditions OMS; 2001.
[2] Grace JM, Semple SJ, Combrink S. Exercise therapy for human immunodefi-
ciency virus/AIDS patients: Guidelines for clinical exercise therapists. J Exercise
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du 16/01/2009 plus accessible sur le réseau en 2015.
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contexte sportif. Académie canadienne de médecine du sport ; 1999. Publication
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VIH, sida et activité physique 333
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15 Greffe et activité physique
Frédéric Depiesse
Déconditionnement ou désadaptation
Tous les patients arrivant à la transplantation ont vécu une période de
maladie chronique avec au bout de la période prégreffe une désadaptation
à l’effort souvent majeure. Ce déconditionnement a été qualifié de cercle
vicieux ou de spirale infernale (les particularités par type de greffe sont
détaillées ci-après). Après la greffe, une démotivation pour l’AP s’ajoute au
regard des difficultés à se bouger vécues avant la greffe (fatigue, dyspnée,
faiblesse physique, obésité fréquente…). Chez les enfants greffés rénaux,
Krasnoff retrouve une baisse de 25 % de la VO2 et de la force musculaire
(67 % des valeurs en extension de genou) par rapport à des enfants séden-
taires non greffés. La baisse de la VO2 est de 17 % chez les greffés du foie. Par
rapport à la prévalence de pratique, 50 % des enfants greffés déclarent avoir
la même quantité de pratique que leurs amis non greffés et 36 % disent en
faire moins [2, 3].
Cœur
Un cœur transplanté est souvent dénervé et il a moins de réponse vagale à
l’effort. La VO2max et la réserve de fréquence cardiaque sont significative-
ment diminuées. Le sujet greffé cardiaque présente une incompétence chro-
notrope aux côtés de facteurs centraux [4]. Il bat donc de façon automatique
vers 100 à 120 bpm au repos. Ainsi, le cœur non innervé ne répond plus aux
stimulations neurosympathiques mais seulement aux stimulations par les
catécholamines (adréaline, noradrénaline…), donc souvent avec un temps
de latence au démarrage de l’effort par rapport à un non-greffé. Le retour à
la FC de repos se fait lentement en 10 à 20 minutes. Quelques greffés ont
des FC de repos basses (80-85 bpm) sans que cela soit péjoratif. D’autres
n’augmentent pas leur FC à l’effort et un avis spécialisé pour discussion de
pose de stimulateur cardiaque doit alors avoir lieu [5]. Parfois, une réinner-
vation peut se produire [6]. La question n’est pas encore résolue de savoir
si l’AP permet l’amélioration des performances d’un sujet greffé avec une
réinnervation du système nerveux autonome. Pour certains, la réinnerva-
tion partielle de type sympathique est possible, en particulier après deux
années de greffe [7]. En effet, ils constatent une meilleure réponse du cœur
en fréquence cardiaque à l’effort et le retour de la fréquence à la normale
post-exercice plus rapide [7].
Il existe aussi des facteurs périphériques qui expliquent la réaction du
cœur greffé et le déficit énergétique musculaire observé résulterait d’anoma-
lies microvasculaires et d’un déficit en capacités oxydatives [6]. Il s’y associe
au sein de la myopathie périphérique, entre autres, le déclin du volume
mitochondrial, de la masse totale myofibrillaire et du nombre de capillaires.
Les drogues immunosuppressives, en particulier les corticoïdes, agis-
sent aussi sur le profil tensionnel d’effort en provoquant une hypertension
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336 Pathologies
Traitement anti-rejet
L’usage des corticoïdes provoque, comme cité ci-dessus, une myopathie
périphérique, des désordres tensionnels, un risque de surcharge pondérale
et d’intolérance au glucose.
Prévention primaire
Nous ne revenons pas ici sur l’intérêt de l’AP dans la prévention des mala-
dies cardiovasculaires. Mais pour plusieurs organes, l’AP peut jouer un effet
protecteur. Ainsi, dans le cas de l’insuffisance rénale chronique (IRC), on
sait qu’en situation d’inactivité physique, le risque d’IRC augmente de deux
à trois fois par rapport à des sujets actifs. De même, le diabète de type II
est un grand pourvoyeur d’IRC, or l’AP est un vrai médicament du diabète
diminuant ainsi le risque d’IRC. Cela vaut aussi pour l’obésité et l’HTA qui
augmentent le risque d’IRC, mais bénéficient de l’impact bénéfique des AP.
Par ailleurs, un sujet entraîné avant la greffe a plus de chance de redevenir
actif après, qu’un sujet qui est toujours resté inactif.
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Greffe et activité physique 337
Le greffé rénal a souvent été dialysé pendant une période plus ou moins
longue provoquant une ostéoporose secondaire, un risque fracturaire (lié
à l’ostéodystrophie et le traitement cortisonique au long cours), un débit
cardiaque diminué à cause de la fistule artérioveineuse, des neuropathies,
des myopathies, un vieillissement précoce de l’organisme accompagné
de processus dégénératifs douloureux qui limitent les mouvements. Il
peut aussi y avoir une calcification et des dépôts anormaux sur les ten-
dons et les muscles. En cas de diabète associé, des problèmes visuels et
vasculaires sont fréquents. Une insuffisance cardiaque d’origine isché-
mique et une artériopathie des membres inférieurs sont aussi souvent
associées [9,10].
Dans la mesure du possible, il est important de proposer de l’AP aux côtés
des séances de rééducation réalisées par les masseurs kinésithérapeutes aux
sujets en dialyse. On sait que l’entraînement en résistance peut être utilisé
pour augmenter la force et les capacités fonctionnelles des patients hémo-
dialysés stables [11].
Chirurgicalement, la localisation du greffon en position intra-abdomi-
nale permet au sujet greffé de pratiquer la plupart des sports individuels et
collectifs, seuls les sports de combat sont déconseillés.
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338 Pathologies
bien menée peut agir sur les deux aspects précédents pour maintenir, voire
augmenter, la masse musculaire grâce à son action anabolisante [13].
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Greffe et activité physique 339
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340 Pathologies
Conclusion
Après la greffe et la réhabilitation en établissement de santé, le sujet est
donc fortement incité à faire de l’AP, voire du sport pouvant aller jusqu’à
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Greffe et activité physique 341
Points clés
Les raisons de recommander les AP chez les greffés sont :
la récupération d’une bonne condition physique suite au déconditionne-
ment due à la période prétransplantation ;
beaucoup de patients sont sédentaires ;
le haut risque de maladies cardiovasculaires est modifié par les APS ;
les APS améliorent les capacités physiques après la transplantation ;
les APS réduisent ou atténuent les effets négatifs des immunosuppres-
seurs ;
les APS jouent un rôle bénéfique sur l’hypertension artérielle, les dyslipi-
démies, le diabète et les autres facteurs de risques cardiaques [25].
Chez tous les greffés, il est essentiel de recommander une AP régulière, si pos-
sible avant la greffe pour limiter le déconditionnement à l’effort, voire pour
repousser l’indication de la greffe comme dans l’insuffisance cardiaque, puis
après la chirurgie, en rééducation post-opératoire dans les deux premières
semaines. Ensuite, elle est proposée en réhabilitation durant les deux pre-
miers mois et enfin, à long terme, dans le milieu civil sportif avec un pro-
gramme d’AP individuel à réaliser seul ou en groupe. La participation à des
compétitions en France sous l’égide de l’association Trans-forme, voire lors
des jeux mondiaux des transplantés, mais surtout au mieux dans les mêmes
compétitions que les valides, est un objectif envisageable pour beaucoup de
transplantés.
En réhabilitation initiale, on recommande de respecter le protocole (PEP’C )
décrit par l’équipe du Pr Lonsdorfer du service d’explorations fonctionnelles
respiratoires, cardiocirculatoires et de l’exercice des hôpitaux universitaires
de Strasbourg.
2. www.trans-forme.org
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342 Pathologies
Ordonnance
Dr Z Toulouse, le…
M. X
Dans les six premières semaines suivant la sortie du service de chirurgie et après
un bilan de tolérance cardiovasculaire à l’effort, réaliser 2 à 3 fois/semaine une
séance d’AP de 30 minutes.
Dans la séance : s’échauffer en mode aérobie, puis débuter une alternance de
6 créneaux de 5 minutes d’effort. Respecter x minutes de repos entre chaque
créneau.
Dans un créneau, il y a 4 minutes d’effort à une intensité modérée (appelée
base) et 1 minute à forte intensité (appelée pic). Les bases et les pics ont été
déterminés lors d’une épreuve d’effort initiale.
La base correspond au seuil d’hyperventilation (SV1 ou seuil de dyspnée) et le
pic à la puissance maximale moins 10 %. Dès qu’une diminution de 10 % de la
FC est observée, on augmente la difficulté afin de maintenir un niveau d’effort
suffisant.
À la fin de la séance, penser à s’étirer doucement pendant 5 minutes sur les
membres inférieurs et supérieurs pendant 30 secondes de mise en tension de
chaque groupe musculaire ciblé.
Après le réentraînement initial, profiter des acquis pour pratiquer au moins
3 fois/semaine régulièrement des AP et/ou du sport sur un mode aérobie avec
un éducateur sportif. Associer au moins 1 fois/semaine du renforcement mus-
culaire sur les membres inférieurs, 15 flexions/extensions de genoux en demi-
squat, 15 montées en pointe de pied sur les deux pieds puis sur chaque pied en
unipodal. Aux membres supérieurs, réaliser 15 flexions/extensions de l’avant-
bras sur le bras sans puis avec poids.
Tenir un carnet d’entraînement à jour que vous rapporterez à la prochaine
consultation.
Au moindre problème, m’appeler.
Références
[1] Agence de la biomédecine : www.agence-biomedecine.fr.
[2] Krasnoff JB, Vintro AQ, Ascher NL, Bass NM, Paul SM, Dodd MJ, Painter PL. A
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[5] Verdier JC. In: Monod H, editor. Médecine du sport pour le praticien. 3e éd.
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16 Handicap mental
ou psychique et activités
physiques
Alain Déjean
Définition de la population
L’Organisation mondiale de la santé nous indique [1] : « L’état de fonc-
tionnement et de handicap d’une personne est le résultat de l’interaction
dynamique entre son problème de santé (maladies, troubles, lésions, trau-
matismes, etc.) et les facteurs contextuels… Il s’agit d’un processus évolu-
tif… » Ces notions sont fondamentales si l’on souhaite prendre en compte
la personne dans sa globalité, et viser l’évolution de ses potentialités.
La Loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la
citoyenneté des personnes handicapées [2], fournit une définition du han-
dicap (art. L. 114) : « Constitue un handicap, au sens de la présente loi,
toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société
subie dans son environnement par une personne en raison d’une altération
substantielle, durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques,
sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap ou
d’un trouble de santé invalidant. »
L’UNAPEI1 constate que le handicap mental se traduit par des difficultés
plus ou moins importantes de réflexion, de conceptualisation, de commu-
nication et de décisions. Ces difficultés doivent être compensées par un
accompagnement humain, permanent et évolutif, adapté à l’état de la per-
sonne… « Le sport et les activités physiques adaptées constituent pour les
Quel sport ?
Nous allons nous référer à la définition élaborée par le conseil de l’Europe
qui figure dans l’article 2 de sa charte du sport [9] : « On entend par sport
toutes formes d’activités physiques qui, à travers une pratique organisée
ou non, ont pour objectif l’expression ou l’amélioration de la condition
physique et psychique, le développement des relations sociales, ou l’obten-
tion de résultats en compétition de tous niveaux. » Nous parlerons le plus
souvent d’activités physiques et sportives adaptées (APSA).
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Handicap mental ou psychique et activités physiques 347
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348 Pathologies
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Handicap mental ou psychique et activités physiques 349
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350 Pathologies
Points clés
Les personnes en situation de handicap mental sont plus exposées à la
sédentarité, que la population ordinaire, et donc plus souvent victimes de
déconditionnement physique, obésité, isolement social…
Il est donc indispensable de lutter contre ces comportements sédentaires
en favorisant des pratiques régulières d’activités physiques et sportives adap-
tées, en visant ainsi une « vie active » et une meilleure qualité de vie de ces
personnes :
j Un choix d’activités sera proposé à la personne, en privilégiant la notion
de plaisir de la pratique.
j L’encadrement qualifié prendra en compte les singularités de la per-
sonne afin de proposer des activités physiques et/ou sportives adaptées.
j Pour atteindre les objectifs visés, la régularité des séances de pra-
tique est essentielle. Si les activités ont un caractère statique (tir à l’arc,
pétanque…), elles peuvent être complétées par des séances de marche.
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352 Pathologies
Références
[1] OMS. CIF – Classification internationale du fonctionnement du handicap et de
la santé. 2000.
[2] Loi n°2005-102 du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la
participation et la citoyenneté des personnes handicapées.
[3] Les Cahiers de l’UNAPEI. Livre blanc pour une pratique du sport et des activités
physiques adaptées. Mars 2001.
[4] Assemblée Générale FFSA. Cassis : mars 2006.
[5] Heath GW, Fentem PH. Physical activity among persons with disabilities, a
public health perspective. Exerc Sports Sci Rev 1997;25:195-234.
[6] Brunet F, Caouette M. Impact du sédentarisme et de l’activité physique sur les
fonctions mentales. EBT Corps et psychiatrie : psychopédagogie des activités
physiques et sportives. Rennes: éditions ENSP; 1995.
[7] Brunet F, Mautuit D. Activités physiques adaptées aux personnes déficientes
intellectuelles : du programme institutionnel au projet personnalisé. Dossiers
EPS n°60.
[8] Instruction n° DS/DSB2/SG/DGS/DGCS/2012/434 du 24 décembre 2012 relative
à la mise en œuvre opérationnelle des mesures visant à promouvoir et déve-
lopper la pratique des activités physiques et sportives comme facteur de santé
publique, annoncées en conseil des ministres du 10 octobre 2012.
[9] Conseil de l’Europe. Charte européenne du Sport. 1992.
[10] Déjean A, Lecomte V. Incidences d’un programme d’activités physiques et
sportives adaptées sur la santé et la qualité de vie de personnes en situation
de handicap mental sévère, vivant en institution en Midi-Pyrénées. Publication
Internet du pôle ressource national « Sport et handicaps » : www.creps-centre.
jeunesse-sports.gouv.fr.(Documentation – Bibliographie).
[11] Ministère du Travail, de l’Emploi et de la Santé. Plan obésité 2010-2013. Action
26 – Recommandations nutritionnelles et d’activité physique et sportive pour
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[12] Brunet F, Bui-Xuan G. Handicap mental, troubles psychiques et sport. 2e éd.
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[13] Recommandations : épilepsie, activités aquatiques et natation en piscine. Publi-
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[14] Déjean A. Analyse des méthodes d’EP et des APS en rééducation psychomotrice.
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[15] Dossier Empan n°51 ; septembre 2003 – Éditions Érès.
[16] Incidences d’un programme APSA sur santé et qualité de vie… Publication Inter-
net de la DRJSCS Midi-Pyrénées : www.midi-pyrenees.drjscs.gouv.fr (rubrique
Sport et handicap).
[17] Zribi G, Sarfaty J. Le vieillissement des personnes handicapées mentales. Édi-
tions ENSP ; 2003.
[18] Rapport de M. Paul Blanc, sénateur. Une longévité accrue pour les personnes
handicapées vieillissantes : un nouveau défi pour leur prise en charge. Juillet ;
2006.
[19] Lecomte V. Bases d’une prise en charge adaptée aux personnes autistes. Inter-
vention en formation au BEES APSA Toulouse.(non publiée).
[20] INSERM. Activité physique. Contextes et effets sur la santé. Éd. INSERM, collec-
tion « Expertise collective » ; 2008, 415-6.
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17 Tabac et activité physique
Frédéric Depiesse
Nous souhaitions traiter le sujet sur les addictions et les AP, mais comme il
n’y a pas encore assez de données validées sur ce domaine, nous ne le déve-
loppons pas dans cet ouvrage, bien que nous soyons persuadés de l’intérêt
d’une pratique régulière et modérée comme adjuvant à la prise en charge
des sujets dépendants de substances psychoactives. En revanche, nous
avons assez de données concernant le tabac et en particulier la dépendance
à la nicotine et leurs liens avec les APS, tant en prévention primaire, qu’en
prévention secondaire et tertiaire.
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Tabac et activité physique 355
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356 Pathologies
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Tabac et activité physique 357
Conseils de pratique
Avant toute pratique d’AP, il faut prévoir un bilan en insistant sur la tolé-
rance et l’aptitude cardiovasculaire, en particulier on pense aux risques
coronarien et artériopathique.
Aucune étude ne recommande un type d’exercice plus qu’un autre, on
peut tout de même dire que les activités à prédominance aérobie en endu-
rance sont plus difficiles à réaliser, vue la gêne à respirer ressentie par le
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358 Pathologies
Conclusion
En prévention primaire, le sport, surtout d’endurance, semble un facteur
de protection du tabagisme ; les pratiques collectives montrent des taux de
consommation à peine inférieurs à la population sédentaire appariée. En
prévention tertiaire, comme les études épidémiologiques l’ont montré, l’AP
ne semble pas être un facteur totalement concluant d’aide au sevrage, en
particulier lorsque la dépendance tabagique est importante. Celle-ci est un
phénomène complexe avec une double dépendance comportementale et
pharmacologique dont la nature et l’intensité respectives sont très variables
d’un fumeur à l’autre et vont commander les indications thérapeutiques et
en particulier l’utilisation de l’exercice physique comme adjuvant. Le rôle
de l’AP sur le maintien du poids à l’arrêt du tabac et sur la motivation est
à utiliser. Des études sont à prévoir pour mesurer l’intérêt des APS comme
adjuvant thérapeutique aux moyens médicamenteux et ou aux techniques
cognitivo-comportementales et/ou à l’acupuncture.
Points clés
La cigarette et toutes les autres formes de consommation de tabac indui-
sent une dépendance.
La nicotine est la principale substance responsable de cette dépendance.
La plupart des complications du tabagisme sont peu compatibles avec une
bonne aptitude à l’effort physique.
En prévention primaire, le sport individuel surtout d’endurance, semble un
facteur de protection du tabagisme ; les pratiques collectives montrent des
taux de consommation supérieurs mais toujours inférieurs à la population
sédentaire appariée.
En prévention tertiaire, le sevrage tabagique semble facilité par l’entraî-
nement physique et l’AP semble améliorer l’effet des programmes d’inter-
ventions comportementales. Mais aucune étude ne fournit une preuve irréfu-
table de l’intérêt de l’AP dans le sevrage tabagique.
L’effet bénéfique sur la prise de poids liée à l’arrêt du tabac semble une
source de motivation à accepter la mise en activité. Après le bilan cardiaque,
on conseille de commencer progressivement à faire du sport dans le mois qui
précède la mise en œuvre de l’arrêt programmé de la consommation de tabac.
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Tabac et activité physique 359
Ordonnance de pratique
Dr Z Toulouse, le…
M. X
Débuter, à raison de 3 fois/semaine minimum, par la marche à plusieurs à votre
rythme en pouvant toujours parler avec vos accompagnants (ne pas dépasser le
seuil d’essoufflement). Puis progressivement, alterner marche et petite vitesse
de course à raison de 30 secondes de course et 2 minutes de marche pendant
20 minutes puis à chaque séance.
On enlève 30 secondes à la durée de marche et on rajoute 30 secondes au
temps de course jusqu’à faire disparaître la marche (en 5 à 6 séances selon les
sensations). Ensuite, on augmente le temps de course jusqu’à courir en continu
30 puis 40 minutes sans essoufflement. Une autre AP peut alors être envisagée
selon vos goûts (tennis, sports collectifs, sports de combat…).
La marche peut aussi être continuée, si on ne veut pas courir, sous forme de
marche active intense ou de marche nordique à la place de la course à pied.
Toute autre activité de renforcement musculaire et d’équilibre peut être as-
sociée au programme précédent.
Éviter de fumer dans les deux heures après l’effort, du fait du risque de spasme
coronarien et de mort subite.
Tenir un carnet d’entraînement à jour que vous rapporterez à la prochaine
consultation.
Au moindre problème ou découragement, m’appeler.
Références
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dopage. In : Entretiens de Bichat. Communication orale avec résumé. Paris ;
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360 Pathologies
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18 Maladies neurologiques
et activité physique
Frédéric Depiesse
Définition
La maladie de Parkinson (MP) est une affection dégénérative du système
nerveux central d’origine inconnue, caractérisée par la dégénérescence
des cellules nerveuses (neurones) situées dans le locus niger ou substance
noire, petite structure mesurant quelques millimètres et située à la base du
cerveau.
Physiopathologie
La disparition prématurée, lente et progressive de ces cellules entraîne une
diminution de la sécrétion de dopamine. La dopamine est un neurotrans-
metteur chimique qui rend possible la circulation de l’influx nerveux d’un
neurone à l’autre au niveau des synapses nerveuses. Cette raréfaction de
la dopamine est responsable de l’apparition des signes cliniques typiques
de la maladie de Parkinson : tremblement au repos, rigidité musculaire,
mouvements ralentis (bradykinésie).
Traitements
Les traitements antiparkinsoniens peuvent corriger les symptômes, en
particulier au début de la maladie et atténuer leurs conséquences sur la vie
personnelle et sociale du patient. Mais ces traitements ne guérissent pas la
maladie, ils peuvent, dans certains cas, en retarder l’évolution.
On reconnaît les traitements médicamenteux comme la L-Dopa (lévo-
dopa ou traitement dopaminergique) et les agonistes dopaminergiques. Il
existe aussi des prises en charge non médicamenteuses comme la chirurgie
qui peut aussi utiliser la stimulation cérébrale profonde et la stimulation
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Maladies neurologiques et activité physique 363
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364 Pathologies
Concernant l’effet des APS sur les symptômes dépressifs, une amélioration
de ces symptômes est souvent retrouvée quel que soit le type de modalité
d’exercice [5].
L’entraînement aérobie joue aussi positivement sur la fonction cardiovas-
culaire chez les porteurs de MP comme chez les sujets sains.
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Maladies neurologiques et activité physique 365
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366 Pathologies
Un point que l’on retrouve dans la plupart des publications, c’est la nette
amélioration de la qualité de vie (QV) ressentie, analysée grâce aux résultats
des questionnaires généraux ou spécifiques [13].
Concernant les chutes, lorsque l’on utilise l’AP chez les porteurs de MP,
les résultats sont mitigés. Ainsi, sur une étude avec des exercices de coor-
dination, d’équilibre en groupe avec un « physical therapist », 3 fois par
semaine, puis des exercices seul au domicile, on trouve des résultats intéres-
sants sur la qualité de vie et sur la baisse du risque de chute, données qui
sont valables si le niveau de sévérité de la maladie n’est pas supérieur à 26 à
l’UPDRS ; au-dessus le risque de chute reste élevé malgré les séances d’exer-
cice [16]. Une étude américaine récente sur le tai-chi versus des groupes de
travail d’AP en résistance ou de travail à base d’étirement montre des meil-
leurs scores sur la capacité à tenir l’équilibre et une diminution des risques
de chute pour les pratiquants de cet art ancestral asiatique [17]. Les résultats
y sont meilleurs pour le groupe renforcement musculaire et le groupe tai-
chi que pour le groupe étirement ; de plus, le groupe tai-chi est un peu
meilleur sur le risque de chute que le groupe renforcement musculaire [17].
D’autres études vont dans le même sens [18, 19].
L’AP réduit aussi les tremblements et diminue l’akinésie durant l’effort,
mais ces effets durent peu ; il s’agit d’un des sujets d’études en cours utili-
sant l’imagerie fonctionnelle qui tentent d’en comprendre les mécanismes.
Les éducateurs sportifs doivent savoir qu’un patient atteint de la MP peut
brutalement s’arrêter lors d’un exercice ; c’est toujours impressionnant la
première fois que l’on y assiste.
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Maladies neurologiques et activité physique 367
Conseils
• Prenez vos médicaments contre la maladie de Parkinson à temps pour maxi-
miser la mobilité.
• Prenez de 3 à 5 minutes pour vous réchauffer au début et pour récupérer
à la fin.
• Faites vos exercices de façon sécuritaire (p. ex., utilisez au besoin un support
stable pour vos exercices d’équilibre).
• Concentrez-vous sur la bonne façon de faire vos exercices.
• Commencez par des périodes d’exercices plus courtes et augmentez-les
graduellement. Plus grande est l’intensité, plus grands seront les bienfaits.
• Surveillez le niveau de fatigue durant et après les activités. À la fin d’une
activité, vous devriez vous sentir fatigué, mais pas épuisé.
• Buvez de l’eau pour vous hydrater.
• Joignez-vous à un groupe ou trouvez un partenaire d’exercice.
Tableau issu du site de la Société Parkinson Canada (www.parkinson.ca).
Conclusion
À la lecture de la littérature, on peut dire que la pratique des activités
physiques peut être considérée comme un traitement adjuvant utile, voire
indispensable chez les patients parkinsoniens et ce dès le début des symp-
tômes (probablement aussi quelque soit le type de syndromes parkinso-
niens). En association avec les médicaments, les exercices réguliers, intégrés
dans le mode de vie du sujet, permettent de limiter les troubles moteurs et
non moteurs. La qualité de vie est améliorée. Des études complémentaires
seront intéressantes pour évaluer la combinaison de différentes approches
ou de différents types d’exercices. L’association à chaque séance ou répartie
dans la semaine d’AP en aérobie, de renforcement musculaire, d’exercices
d’équilibre et d’étirement est la base. Les effets sont surtout visibles dans les
premiers niveaux de sévérité de la maladie.
Points clés
Amélioration des symptômes moteurs en phase « on » et « off » après
pratique régulière d’AP, diminution du risque de chute, vitesse de marche
augmentée, moins de dyskinésies…
Les activités aérobiques améliorent la forme physique, notamment la force
et l’endurance.
Les exercices de souplesse et d’étirement améliorent la mobilité, augmen-
tent l’amplitude des mouvements et réduisent la rigidité.
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368 Pathologies
Les exercices de force diminuent le risque de chute (si la maladie n’est pas
trop sévère), améliorent la vitesse de marche, favorisent les transferts, parti-
cipent à un meilleur équilibre postural (tronc et gainage abdomino-lombaire,
quadriceps…).
Les AP favorisent la diminution des troubles non moteurs : meilleur som-
meil, moins de troubles de l’humeur, moins de troubles de la mémoire et de
l’attention.
Il faut débuter les exercices le plus précocement possible dès les premiers
symptômes de la maladie.
Les AP offrent un moyen supplémentaire de stimulation, d’ouverture aux
autres et de découverte de soi et de son environnement. C’est un moyen
complémentaire à la rééducation.
Ordonnance
Dr Z Auch, le…
M. X
Bien prendre son traitement prescrit par son neurologue.
Faire pratiquer le plus tôt possible, dès les premiers symptômes des exercices
au quotidien ou au moins trois fois par semaine. Seul, en famille ou en groupe
avec un club sportif : marcher avec des bâtons pour la stabilité type marche
nordique ou randonnée pédestre trente minutes par jour. Débuter doucement
et augmenter l’intensité progressivement. Ne jamais finir trop épuisé. Vous ver-
rez la sensation de fatigue diminuera au fur et à mesure de l’année de pratique
et vous marcherez plus vite et plus longtemps.
Faire deux fois par semaine du renforcement musculaire sans poids autre que
celui du corps puis progressivement rajouter de la résistance avec des élas-
tiques ou des haltères, faire 8 à 10 répétitions pour chaque groupe musculaire.
Travailler équilibre et souplesse à chaque fin de sortie de marche, faire dix
minutes d’équilibre bipodal puis unipodal (tenir sur un pied le plus longtemps
possible les yeux ouverts, vous aider des bâtons ou du tronc d’un arbre pour
vous retenir en cas de risque de chute).
Avoir son téléphone portable en cas de blocage (phase « off ») ou de chute.
Éviter de partir loin seul, privilégier les activités de groupe.
Bien manger léger avec des glucides complexes (p. ex., féculents) 2 heures
avant l’effort et bien s’hydrater avant, pendant et après l’effort avec de l’eau
pure ou légèrement sucrée et salée selon la température extérieure (plus il fait
chaud, plus on sale). Demandez conseils, à votre éducateur sportif ou à votre
diététicienne. Appelez-moi en cas de questions.
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Maladies neurologiques et activité physique 369
Définition
La sclérose en plaques (SEP) est une maladie neurologique chronique décrite
en 1868 par Charcot, souvent invalidante, elle touche uniquement le sys-
tème nerveux central (cerveau et moelle épinière). Il s’agit d’une maladie
auto-immune, c’est-à-dire que le système immunitaire cible les propres cel-
lules de l’individu. Les raisons en sont mal connues ; la cible est l’atteinte de
la myéline du système nerveux central. La myéline forme une gaine autour
de l’axone des neurones qui isole et protège les fibres nerveuses et participe
à la vitesse de propagation de l’influx nerveux. Deux types de cellules fabri-
quent la myéline : dans le système nerveux périphérique, les cellules de
Schwann, dans le système nerveux central, les oligodendrocytes.
En temps normal, la myéline, qui entoure l’axone, assure une conduction
rapide de l’influx nerveux. Le cerveau peut ainsi véhiculer le plus vite pos-
sible l’information vers d’autres neurones. Et le corps répond normalement
aux injonctions du cerveau.
En cas de SEP, on parle de « démyélinisation », aussi bien au niveau du
cerveau que de la moelle épinière. Cela a pour conséquence de ralentir
partiellement ou totalement l’influx nerveux, et l’information n’est plus
transportée normalement. Souvent cette pathologie évolue par poussées
inflammatoires. Apparaissent alors des symptômes variés, selon la zone
touchée : faiblesse musculaire, troubles de la marche, troubles de la coor-
dination, troubles visuels…
Symptômes
Les premiers temps, les symptômes apparaissent de manière soudaine lors
des « poussées » (attaques inflammatoires contre la gaine de myéline), puis
disparaissent complètement quelques jours plus tard. On parle alors de
« remyélinisation ». Mais au fil du temps, les mécanismes de réparation ne
sont plus aussi efficaces, et les séquelles persistent.
On reconnaît deux formes : la SEP rémittente (évoluant par poussées) et la
SEP primitivement progressive. Les troubles moteurs sont souvent au premier
plan au début de la maladie. Ils se manifestent par :
• une faiblesse musculaire. La faiblesse musculaire peut aussi toucher un
hémicorps entier (moitié droite ou gauche du corps) qui sera plus faible ;
• une raideur musculaire (surtout des jambes). On parle alors de spasticité.
Ces symptômes sont à l’origine de troubles de la marche. Ils sont très fré-
quents et ont un véritable impact sur la vie professionnelle et personnelle.
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370 Pathologies
Il est vrai que lorsque l’on peine à se déplacer, tout semble vite insurmontable.
Ces troubles, de même que leur intensité et leur évolution, varient d’un patient
à l’autre. Ces troubles de la marche peuvent également s’accompagner :
• de troubles de la coordination des mouvements ;
• de troubles de l’équilibre, avec une impression de démarche ébrieuse.
Les troubles sensitifs comprennent : des fourmillements, des engourdis-
sements, des sensations de décharges électriques dans les mains ou dans
les extrémités, des impressions de ruissellement sur tout un hémicorps, ou
encore des difficultés à reconnaître le chaud et le froid. Ces troubles sensitifs
peuvent aussi se traduire par des douleurs.
En plus des troubles de la vision (névrite optique : vue floue fréquemment
élément découvreur de la maladie), on trouve également des troubles émo-
tionnels, des troubles dépressifs, des troubles urinaires, sexuels, intestinaux,
ou encore les troubles de la concentration et de la mémoire. On a aussi des
troubles neurovasculaires comme des troubles de la thermorégulation tou-
chant la sudation, et aussi la pression sanguine artérielle.
Épidémiologie
La sclérose en plaques (SEP) est une maladie du système nerveux central
(SNC) qui touche préférentiellement les femmes (sex-ratio de 3 pour 1),
débutant le plus souvent chez de jeunes adultes (près de 80 % des patients
ont un début de la maladie entre 20 et 40 ans) [20]. En France, on dénombre
environ 80 000 cas, 85 % des cas sont des SEP rémittentes (qui évoluent par
poussées). La répartition géographique est inégale, ainsi on retrouve plus de
cas dans les pays moins exposés au soleil.
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Maladies neurologiques et activité physique 371
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372 Pathologies
2,0 % dans les groupes exercice. Le risque relatif de rechute lors de l’exer-
cice était de 0,73, et celui des effets négatifs était de 1,67. Ce qui n’est pas
plus augmenté que pour les populations non atteinte de SEP. Les auteurs
rappellent les limites de leur travail, concluant sur un besoin encore
important de rapporter les effets négatifs apparus lors de la pratique d’AP
dans les études avant de conclure définitivement, même si leurs données
sont plutôt positives et encourageantes pour recommander la pratique
des AP [26].
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Maladies neurologiques et activité physique 373
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374 Pathologies
Conseils d’adaptation
Selon le niveau à l’EDSS certains auteurs préconisent des protocoles aux
modalités un peu différentes mais qui utilisent toujours les trois piliers : le
travail aérobie, le travail de musculation et les étirements [32]. Ainsi, au SSR
de la Chataigneraie, ils associent le réentraînement à l’effort (REE) qui se fait
principalement en mode aérobie. Il est effectué sur diverses machines (tapis
roulant, ergomètres, wave, vélo elliptique, stepper, Motomed®…) selon trois
modalités correspondant à trois populations de patients :
• Pour les patients autonomes, peu déconditionnés ayant un EDSS faible
(< 3,5), le REE se fait en mode aérobie en continu.
• Pour les patients qui se déplacent avec une aide technique, qui sont plus
déconditionnés avec un EDSS moyen (entre 3,5 à 6,5), le REE se fait en
mode aérobie en interval training.
• Pour les patients en fauteuil roulant, ayant des anomalies de l’adaptation
cardiaque avec un EDSS fort (> 7), le REE se fait sur le mode aérobie à
base de renforcement musculaire périphérique utilisant 60 % de la RM.
Ce dernier type de patient relève plus d’un centre de SSR ou d’un cabinet
de kinésithérapie en ville que d’un club sportif classique « sport-santé ».
Cependant, on trouve de plus en plus des clubs « sport-santé » qui propose-
ront des activités adaptées praticables en fauteuil roulant comme le tir à la
sarbacane, le tir à l’arc, l’escrime fauteuil, mais c’est surtout des clubs de
la fédération handisport qui seront adaptés pour ce niveau de handicap.
En pratique et pour être efficace, le REE doit atteindre l’intensité cible
(FcT entre 65 % et 75 %) durant un minimum de 30 minutes et ce, répété
au moins 3 fois dans une semaine durant 6 à 8 semaines. Le renforcement
musculaire (RM) se fait en analytique et en global, manuellement et sur
machines, en utilisant les modes statique, concentrique et excentrique. Ce
RM tient compte du testing musculaire sur une échelle de 0 à 5 :
• Pour les muscles < 3 au testing, le RM se fait de 60 à 65 % de la résistance
maximale, 15 à 20 répétitions sur 3 à 5 séries. Le temps de repos est double
par rapport au temps de travail.
• Pour les muscles > 3 au testing, le RM se fait avec une résistance progres-
sive allant de 50 % pour atteindre 80 à 90 % de la RM, 5 à 10 répétitions sur
3 à 5 séries. Le temps de repos entre les séries est de 3 minutes minimum
avec 2 jours de repos entre les entraînements soit 2 séances par semaine. Le
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Maladies neurologiques et activité physique 375
Conclusion
Dans la plupart des études, l’AP semble améliorer la qualité de vie ; la force
musculaire est améliorée par l’exercice chez les patients ayant un EDSS < 6 ;
la capacité cardiorespiratoire est aussi améliorée, l’équilibre également et au
regard de notre expérience professionnelle, il est intéressant de favoriser la
poursuite ou la mise en place d’une AP régulière chez les patients atteints de
sclérose en plaques. Malheureusement, scientifiquement parlant, la diver-
sité des études ne permet pas toujours de répondre avec un haut niveau de
preuve, les résultats étant souvent peu comparables et il y a une vraie néces-
sité de standardiser les études pour évaluer les effets à court et long termes
de l’AP sur les paramètres cliniques et paracliniques selon les différentes
formes de la maladie et niveaux de handicap.
Points clés
Avoir une SEP ne contre-indique nullement la pratique des AP, bien au
contraire, les AP diminuent certains symptômes gênants (vitesse de marche
ralentie, trouble de l’équilibre, stress…) en développant la musculature et
la force, en améliorant le fonctionnement cardiorespiratoire, en améliorant la
coordination et la proprioception neuromusculaire, en stimulant la neuroplas-
ticité, etc.
La qualité de vie est améliorée dans la plupart des études qui l’étudient
chez le pratiquant d’AP porteur de SEP.
Aucun sport n’est interdit. Avoir pris avis du médecin est nécessaire au
préalable.
L’AP et le sport offrent un moyen supplémentaire de stimulation, d’ouver-
ture aux autres et de découverte de soi et de son environnement. C’est donc
un moyen complémentaire à la rééducation.
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376 Pathologies
Ordonnance
Dr Z Auch, le…
M. X
Bien prendre son traitement prescrit par son neurologue. Pensez à aller aux
toilettes avant le début des efforts.
Respectez votre niveau de capacité, bien vous échauffez et pratiquez réguliè-
rement des AP d’endurance en mode aérobie au moins trois fois par semaine
pendant au moins trente minutes. Au mieux allez dans un club (handisport ou
référencé par le réseau « sport-santé » de votre région) pour travailler encadré
et en groupe, sinon faites les exercices seul à domicile, exercices que vous aurez
appris lors d’un séjour en centre SSR avec un éducateur sportif au préalable.
Bien sûr il est toujours possible de faire du vélo, de la natation ou de la marche
avec ou sans bâtons, seul, avec des amis, ou en famille.
Faire deux fois par semaine du renforcement musculaire sans poids autre
que celui du corps puis progressivement rajouter de la résistance avec des
élastiques ou des haltères, faire 8 à 10 répétitions pour chaque groupe mus-
culaire.
Travailler équilibre et souplesse à chaque fin de sortie de marche, faire dix
minutes d’équilibre bipodal puis unipodal (tenir sur un pied le plus longtemps
possible les yeux ouverts, vous aider des bâtons ou du tronc d’un arbre pour
vous retenir en cas de risque de chute).
N’hésitez pas à vous rendre sur le site Internet www.sepetsport.fr : vous y trou-
verez des conseils utiles pour la pratique des AP et du sport.
Pendant une poussée de votre maladie, le repos est important. À la reprise,
après un arrêt d’AP, reprendre toujours en douceur et progressivement.
Bien manger léger avec des glucides complexes (p. ex., féculents) 2 heures
avant l’effort et bien s’hydrater avant, pendant et après l’effort avec de l’eau
pure ou légèrement sucrée et salée selon la température extérieure (plus il fait
chaud plus on sale). Demandez conseils, à votre éducateur sportif ou à votre
diététicienne. Appelez-moi en cas de questions.
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Maladies neurologiques et activité physique 377
Définition
C’est une maladie dégénérative du système nerveux central qui entraîne
une détérioration progressive et définitive des cellules nerveuses, en parti-
culier au niveau de l’hippocampe et de l’amygdale avec des dépôts de pro-
téines bêta-amyloïdes (bA) provoquant une démence sénile induisant un
retentissement sur la vie quotidienne des malades [33].
Les symptômes les plus fréquents sont un ralentissement global de la
motricité et des activités quotidiennes et des troubles cognitifs touchant
la mémoire et la relation aux autres. La maladie provoque également des
changements de personnalité, une désorientation temporo-spatiale et une
perte des capacités de langage.
C’est une maladie compliquée pour les aidants, le découragement est fré-
quent pour l’entourage. Toute une politique de soutien aux aidants doit se
faire, les AP peuvent aussi aider les aidants eux-mêmes à mieux vivre cette
situation. Une pratique sportive commune aidant et malade peut être un
moyen intéressant à promouvoir [34].
Épidémiologie
L’institut national de la veille sanitaire (InVS) a publié dans son bulletin épi-
démiologique du 10 septembre 2013, une étude sur le taux de mortalité et
d’hospitalisations de patients affectés par la maladie d’Alzheimer ou appa-
rentée entre 2007 et 2010. En trois ans, de 2007 à 2010, le nombre de per-
sonnes en France atteintes de la maladie d’Alzheimer et d’autres démences
(MAAD) a progressé de plus de 14 % et touchent en 2010, entre 750 000
et 1 million de personnes. On dénombre environ 165 000 nouveaux cas
par an. Le nombre de personnes hospitalisées avec une MAAD a augmenté
de 23,6 % et le nombre de décès a augmenté de 13,9 %. Les projections
font état d’un nombre de malades entre 1,29 et 1,40 million en 2030. Cette
augmentation est en partie liée au vieillissement de la population [35].
Femmes majoritaires
L’étude confirme la prédominance féminine de ces maladies, en particuliers
aux âges avancés. Les femmes étaient majoritaires, représentant presque
75 % du nombre total des ALD15 en 2007 et 2010. Six pour cent des
femmes sont atteintes par les MAAD entre 80 et 84 ans, et plus de 12 %
après 90 ans [35].
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378 Pathologies
de +71,8 % depuis 2000. Les décès avec une MAAD touchaient environ
2 fois plus souvent les femmes que les hommes, en 2007 comme en 2010.
Elle touche 5 % de la population âgée de plus de 65 ans et 15 % des plus
de 85 ans. Selon l’INSEE, 1,3 million de français de plus de 65 ans (soit
1 personne sur 4) pourraient être atteints en 2020, si aucun traitement n’est
découvert d’ici-là.
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Maladies neurologiques et activité physique 379
Traitements
Médicamenteux
Il n’existe pas à ce jour de traitement connu avec une réelle efficacité [44].
Non médicamenteux
Seul l’AP a fait l’objet de recherches publiées ; même si nous n’en sommes
qu’au début, son intérêt semble prometteur. C’est ce que nous allons voir
ci-dessous.
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380 Pathologies
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Maladies neurologiques et activité physique 383
Conclusion
L’AP a démontré sa place d’adjuvant thérapeutique non médicamenteux
dans la prise en charges des MAAD. Encore faut-il que les structures de vie
le mettent en place. L’existence de structures adaptées équipées pour les AP
sera la meilleure des réponses mais le maintien à domicile fait partie de la
thérapie ; les aidants doivent donc être fortement sensibilisés à l’intérêt des
AP. Il est ainsi grand temps de former des éducateurs spécialisés et de propo-
ser une prise en charge globale utilisant les AP dans toutes leurs composantes
utiles : en motricité, sur le plan de l’humeur, sur le plan social et cognitif.
Points clés
En prévention primaire, les AP sont utiles et semblent diminuer le risque
de faire une MAAD.
Il s’agit d’une maladie compliquée pour les aidants. Une pratique sportive
commune aidant et malade peut être un moyen intéressant à promouvoir
pour tous.
L’obésité et le manque d’activité physique sont deux des facteurs modi-
fiables les plus souvent reliés à l’apparition de la MA.
Il faudra plus que chez toute autre personne respecter les règles de pru-
dence et de sécurité lors de la réalisation de ces exercices physiques.
Ne jamais céder au découragement de l’entourage ou du patient car tout
arrêter, c’est aggraver le repli sur soi du patient. Savoir être patient, assurer la
sécurité et montrer de la persévérance.
Les bienfaits sur le comportement, sur la mémoire, sur l’humeur, sur les
fonctions cardiorespiratoires, sur le plan métabolique, sur la motricité sont
bien montrés.
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384 Pathologies
Ordonnance
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M. X
Bien prendre son traitement prescrit par son gériatre.
Faire pratiquer le plus tôt possible, dès les premiers symptômes, des exercices
au quotidien ou au moins trois fois par semaine en endurance aérobie. Il faut
marcher avec des bâtons pour la stabilité, type marche nordique ou randonnée
pédestre trente minutes par jour, surtout jamais seul, toujours en famille (avec
les aidants) ou en groupe avec un club sportif. Débuter doucement et augmen-
ter l’intensité progressivement. Surveiller si possible la fréquence cardiaque du
patient et l’interroger sur ses sensations.
Faire deux fois par semaine du renforcement musculaire sans poids autre que
celui du corps puis progressivement rajouter de la résistance avec des élas-
tiques ou des haltères, faire 8 à 10 répétitions pour chaque groupe musculaire.
Travailler équilibre et souplesse à chaque fin de sortie de marche, faire dix
minutes d’équilibre bipodal puis unipodal (tenir sur un pied le plus longtemps
possible les yeux ouverts, vous aider des bâtons ou du tronc d’un arbre pour
vous retenir en cas de risque de chute).
Pour l’éducateur sportif ou l’aidant qui fait bouger le porteur d’une MAAD, il
faut sécuriser la pratique, attention aux chutes, aux gestes inattendus, inap-
propriés, ne pas aller sur la voie publique.
Profiter des sorties d’AP pour stimuler les capacités cognitives du patient : le
faire compter, chanter, répondre à des questions sur l’environnement…
Vérifier que le patient a bien manger léger avec des glucides complexes (p. ex.,
féculents) 2 heures avant l’effort et surveiller qu’il s’hydrate bien avant, pen-
dant et après l’effort avec de l’eau pure ou légèrement sucrée et salée selon
la température extérieure (plus il fait chaud, plus on sale). Appelez-moi en cas
de questions.
Références
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Maladies neurologiques et activité physique 385
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19 Rhumatismes
inflammatoires
et activité physique
Polyarthrite rhumatoïde
Définition
La polyarthrite rhumatoïde (PR) est le plus fréquent des rhumatismes
inflammatoires chroniques (prévalence estimée entre 0,3 et 0,8 % de la
population adulte). L’âge moyen du début est 50 ans. La polyarthrite rhu-
matoïde est trois fois plus fréquente chez la femme à cet âge mais cette
différence de sex-ratio s’atténue progressivement au-delà de 70 ans.
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Rhumatismes inflammatoires et activité physique 391
Spondylo-arthrite
Définition
La spondylo-arthrite regroupe différentes pathologies ayant le même t errain
génétique (HLA-B27 positif). Elle touche principalement les hommes, même
si le ratio hommes/femmes s’équilibre progressivement, entre 20 et 30 ans.
Différentes formes sont possibles : atteinte axiale avec une ankylose du rachis
et une sacro-iliite, atteinte périphérique avec des arthrites n
otamment inter-
phalangiennes distales ou des dactylites, atteinte inflammatoire des enthèses,
atteinte extra-articulaire avec l’existence d’une uvéite antérieure aiguë, un
psoriasis ou une maladie inflammatoire chronique intestinale (MICI). On
parle de spondylarthrite ankylosante, de rhumatisme psoriasique ou de
rhumatismes associés au MICI.
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392 Pathologies
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Rhumatismes inflammatoires et activité physique 393
Conseils spécifiques
Polyarthrite rhumatoïde
On agira dans le respect des recommandations et des objectifs, en termes
de rééducation, de la HAS (ALD 22 avril 2008). L’AP devra donc comporter,
si cela est possible, une activité aérobie de type cyclisme ou natation. La
marche peut être pratiquée mais il faudra être très vigilant au chaussage
des patients. En effet, il existe généralement des déformations des pieds,
nécessitant un appareillage adapté (orthèses plantaires ou chaussures ortho-
pédiques). Il faudra limiter au maximum les activités aggravant ces déforma-
tions. La hanche devra être économisée en raison de la gêne fonctionnelle
importante en cas de destruction de celle-ci. Les AP devront être adaptées à
la présence de prothèse (hanche et genou), d’arthrodèse (poignets).
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394 Pathologies
Sports recommandés
Les sports pratiqués doivent impliquer au maximum une économie arti-
culaire et ne pas entraîner une aggravation de l’atteinte structurale et du
handicap fonctionnel.
Dans la polyarthrite rhumatoïde, on limitera les sports d’impact, comme
la course à pied, qui sollicitent beaucoup l’avant-pied, alors que celui-ci
est déformé. La marche peut être pratiquée avec un chaussage adapté,
l’utilisation de bâtons de marche (p. ex., marche nordique) pourra être
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Rhumatismes inflammatoires et activité physique 395
Conclusions et perspectives
La pratique d’AP n’a pas toujours été conseillée chez les patients souffrant
de rhumatismes, pourtant ces effets positifs ont été démontrés. Elle reste
une crainte pour les patients et interroge les professionnels de santé. Des
études en cours s’intéressent à mieux définir les moyens et les objectifs de
programme d’activité physique, notamment au niveau de l’évolution du
rhumatisme et de la consommation médicamenteuse.
Points clés
� La pratique des AP est bénéfique chez les patients souffrant de rhumatisme
inflammatoire. Elle permet de réduire le risque cardiovasculaire, l’ostéoporose
et la diminution de la capacité respiratoire. Elle entraîne une diminution de la
douleur, de la raideur articulaire et de l’amyotrophie. Elle améliore la qualité
de vie et diminue l’asthénie. Enfin, elle offre une meilleure gestion du poids.
� Il convient de privilégier des AP en respectant la règle de non douleur et le
principe d’épargne articulaire. Les activités aérobies et de renforcement mus-
culaire seront réalisées à distance des poussées douloureuses. Les exercices
d’étirement pourront être poursuivis en tenant compte des douleurs du patient.
� Il faudra essayer de respecter la volonté du patient selon ses goûts, en
adaptant les AP, ce qui sera le gage d’une bonne motivation et d’une bonne
compliance (adhésion), source de bénéfices.
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Rhumatismes inflammatoires et activité physique 397
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Rhumatismes inflammatoires et activité physique 399
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20 Grossesse et activité
physique
Jacques Pruvost
Modifications morphostatiques
et ostéoligamentaires – Risques de blessures
traumatiques
La prise de poids vient au premier plan des modifications morphologiques
et s’accompagne, du fait de la protrusion de l’utérus gravide, de modifica-
tions morphostatiques :
• hyperlordose lombaire ;
• cyphose dorsale ;
• antéversion du bassin.
Ces différentes modifications impliquent un déplacement du centre de
gravité pouvant expliquer les troubles de l’équilibre et être responsables
de la grande fréquence des lombalgies chez les femmes enceintes [1-6].
Du fait des modifications hormonales liées à l’augmentation de la sécrétion
des hormones stéroïdes (progestérone, œstrogène) pendant la grossesse, une
hyperlaxité ligamentaire et une augmentation des amplitudes articulaires sur-
viennent régulièrement dès le premier trimestre de la grossesse [1, 2, 6, 7]. Cette
souplesse peut favoriser la réalisation de mouvements de grande amplitude et
être bénéfique pour la pratique d’activités comme la gymnastique artistique.
L’amélioration de la souplesse maternelle pendant le premier trimestre de la
grossesse pourrait avoir été utilisée dans le sport de haut niveau pour améliorer
les performances des gymnastes à l’occasion de compétitions internationales [7].
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Grossesse et activité physique 405
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406 Populations
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Grossesse et activité physique 409
Nous pouvons conclure que pour les femmes qui désirent reprendre rapi-
dement leur poids d’avant la grossesse comme pour les sportives intensives,
professionnelles ou de haut niveau, il est essentiel de poursuivre une acti-
vité physique adaptée lors des trois derniers mois de grossesse.
Enfin, en permettant la reprise rapide de toutes les activités, les activités
physiques facilitent le retour au poids antérieur à la grossesse [1, 6, 14].
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410 Populations
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Grossesse et activité physique 411
Encadré 20.1
Contre-indications absolues
j Cardiopathie avec retentissement hémodynamique
j Insuffisance respiratoire
j Béance cervico-isthmique
j Grossesses multiples
j Antécédents d’accouchement prématuré
j Hémorragies génitales
j Placenta prævia après 26 semaines d’aménorrhée
j Cerclage du col utérin
j Menace d’accouchement prématuré
j Rupture prématurée des membranes
j Pré-éclampsie
Contre-indications relatives
j Anémie sévère
j Arythmie maternelle
j Bronchite chronique
j Diabète de type I mal contrôlé
j Obésité
j Sédentarité ancienne et majeure
j Pathologies articulaires avec limitation importante de la mobilité
j Anorexie et maigreur avec IMC inférieur à 12
j Retard de croissance intra-utérin
j HTA mal contrôlée
j Tabagisme important
j Maladie thyroïdienne mal contrôlée
j Épilepsie mal contrôlée
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412 Populations
Sports déconseillés
Du fait des risques de contusion abdominale, les sports avec un risque
de traumatisme abdominal direct ou indirect ne sont pas recommandés :
sports de combat, sports collectifs (basket-ball, handball, rugby, football),
sports mécaniques, ski alpin après le troisième mois de grossesse, canyoning.
Du fait des risques de chute, les sports suivants ne sont pas recomman-
dés : gymnastique artistique, équitation, ski alpin, cyclisme en ville et sur
route, VTT, patinage et roller.
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Grossesse et activité physique 413
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414 Populations
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Grossesse et activité physique 415
Durée de l’exercice
Les recommandations internationales concernant la durée de l’AP à prati-
quer sont les suivantes : au moins 30 minutes et si possible 1 heure d’affi-
lée. En cas de grossesse, les recommandations ACOG de 2003 étaient de
moindre durée puisque le temps total recommandé était de 30 minutes/
jour en divisant cette demi-heure en deux périodes de 15 minutes d’affilée.
Là encore, les recommandations ont évolué depuis 2009 et, pour les spor-
tives, les APS peuvent être parfaitement organisées autour de séances d’une
durée d’une heure [27, 28]. Pour toutes les femmes enceintes qui pratiquent
l’exercice physique, une pause toutes les quinze minutes sera recommandée
pour ne pas altérer la thermorégulation, permettre l’hydratation et éven-
tuellement la nutrition.
Fréquence de l’exercice
Les notions anciennes de fréquence hebdomadaire (30 minutes au
minimum 5 jours/semaine, si possible tous les jours) ont disparues pour
mieux laisser la place aux intensités de pratique. Les recommandations
internationales diffusées pour la population générale par l’Organisation
mondiale de la santé ont évolué en 2010 et sont à présent les suivantes :
« Pratiquer au moins 150 minutes d’activité physique d’intensité modérée
par semaine, ou bien au moins 75 minutes d’activité physique d’intensité
élevée par semaine, ou bien, si possible, combiner ces deux types d’acti-
vité physique. » Pour les femmes enceintes sportives, en l’absence de
contre-indications médicales ou obstétricales, les recommandations sont
les suivantes : 6 heures par semaine à intensité modérée ou 3 heures par
semaine à intensité élevée [27,28].
Conseils nutritionnels
En cas d’exercice pendant la grossesse, les conseils nutritionnels ne sem-
blent pas très différents des conseils habituels prodigués pour la pratique
du sport dans la population générale. Du fait du risque d’hypoglycémie
pour la mère et des risques de l’hypoglycémie maternelle pour le fœtus, les
repas doivent être fractionnés et adaptés à la durée et à l’intensité de l’AP.
Les séances d’AP doivent être régulièrement interrompues pour permettre
à la mère de s’hydrater et d’ingérer une collation mixte associant différents
types de glucides [1, 2, 5, 6, 29].
En cas de diabète gestationnel, les recommandations nutritionnelles sont
les suivantes :
• fractionnement de l’alimentation en quatre repas minimum ;
• augmentation de la ration alimentaire en fibres ;
• élimination des sucres rapides ;
• ingestion de portion d’hydrates de carbones à chaque repas.
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416 Populations
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Grossesse et activité physique 417
Obligation d’information
La grande majorité des grossesses ne sont pas des grossesses pathologiques
ou à risques mais la grossesse reste en France une période surmédicalisée et
la femme enceinte considérée comme fragile et vulnérable. Or, les bénéfices
de l’activité physique sont nombreux et importants en prévention et en
thérapeutique. Il semble donc opportun de rappeler tous ces bénéfices lors
des différentes consultations de déclaration et de suivi de la grossesse. Pour
les primipares comme pour les multipares, l’accouchement est une épreuve
physique de longue durée pratiquée à une intensité parfois maximale. Une
bonne condition physique permet de réduire la durée des accouchements
et le nombre de césariennes. Les médecins et les sages-femmes qui suivent
les grossesses doivent avoir un comportement très positif dans le conseil
chez les femmes sportives et dans l’orientation des femmes sédentaires vers
les activités physiques adaptées encadrées par des professionnels du sport
formés.
Dans le cadre de l’obligation pour le praticien d’informer sa patiente des
dangers qu’elle encourt à pratiquer une activité physique, les différentes
recommandations internationales insistent sur l’importance de faire
connaître à la femme enceinte les différents signes qui imposent un arrêt
immédiat de l’exercice [1,2,6,8] (encadré 20.2).
Le praticien se doit de faire connaître à la patiente ces différents signes, de
lui distribuer éventuellement un imprimé les détaillant et de lui demander
de consulter immédiatement un professionnel de santé en cas de survenue
d’un ou de plusieurs signes.
Les signes imposant un arrêt de l’exercice doivent être connus des édu-
cateurs sportifs ou médico-sportifs qui prennent en charge les patientes
actives.
Encadré 20.2
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418 Populations
Dépression du post-partum
Les femmes qui ont eu une AP régulière pendant la grossesse, et l’ont
poursuivie lors du troisième trimestre, sont moins fatiguées et manifes-
tement plus énergiques dès le quatrième ou cinquième jour après l’accou-
chement [16]. Le retour à une AP d’intensité adaptée et bien conduite a été
associée à une baisse de l’incidence de la dépression du post-partum [1].
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Grossesse et activité physique 419
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420 Populations
Points clés
� En cas de grossesse normale, la pratique d’activités physiques ou sportives
(APS) ne peut être que bénéfique pour la femme enceinte et devrait être
systématiquement recommandée notamment aux sédentaires.
� Les risques de complications médicales, obstétricales ou périnatales sont
très faibles si la durée et l’intensité des exercices sont pondérées au cours du
premier trimestre et individualisées au cours du dernier trimestre.
� Seule la plongée sous-marine avec scaphandre autonome est interdite dès
le début de la grossesse. Si les sports déconseillés sont nombreux, sports de
combat et sports collectifs en priorité, les interdictions doivent toujours être
discutées en fonction du niveau d’expertise de la sportive dans sa discipline.
� Les APS pratiquées avant la grossesse ont un large impact préventif sur la
prise de poids pendant la grossesse et les pathologies gravidiques que sont le
diabète gestationnel et la pré-éclampsie.
� En cas de survenue d’un diabète gestationnel, les APS devraient être
conseillées car elles ont un réel intérêt thérapeutique, notamment au cours
du troisième trimestre.
� Pour les femmes actives et sportives, les recommandations concernant la
durée et l’intensité des exercices ont évolué : en l’absence de contre-indications
médicales ou obstétricales, il est possible de pratiquer six heures par semaine
à intensité modérée, ou bien trois heures à intensité élevée ou bien de
combiner les deux types d’activité.
� L’exercice à intensité élevée est plus efficace que l’exercice à intensité
modérée sur la prise de poids pendant la grossesse, la prévention et le
traitement du diabète gestationnel.
� En améliorant la condition physique des femmes enceintes, les activités
physiques et sportives permettent une importante diminution de la durée de
l’accouchement et du nombre de césariennes.
� Grossesse = zéro alcool mais aussi zéro compétition, zéro sport en atmo-
sphère chaude.
� Après l’accouchement : reprise possible dès que la femme le désire en
l’absence de complications et de contre-indications médicales (césarienne,
épisiotomie, incontinence urinaire), habituellement vers la quatrième à la
sixième semaine. En cas d’allaitement bien s’hydrater.
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Grossesse et activité physique 421
Ordonnance 1
Une femme sédentaire souhaite débuter les activités physiques et sportives à
l’occasion de sa première grossesse. Au cours du premier entretien prénatal, elle
pose des questions sur les activités sportives possibles et recommandées car
elle a lu de nombreux articles mettant en valeur les bénéfices des APS pen-
dant la grossesse. Il est important de débuter les échanges en proposant à la
patiente de formuler son projet, de mieux connaître les sports qu’elle a pra-
tiqués ou bien qu’elle souhaite pratiquer, définir le temps qu’elle peut consa-
crer aux activités physiques et programmer les activités physiques pendant les
périodes de la semaine qui lui semblent les mieux adaptées à son temps libre.
Dr Z. Marseille, le…
Mme X
Commencer par la marche et faire trois sorties par semaine d’une durée de
20 à 30 minutes. Ne pas dépasser le seuil d’essoufflement et pouvoir toujours
converser avec les accompagnants. À partir de la fin du troisième mois, diversi-
fier les activités : gymnastique douce, natation, aquagym, yoga, vélo d’appar-
tement, elliptique. Éviter les exercices en décubitus dorsal. Pendant toutes les
activités physiques, rester dans les fréquences cardiaques d’intensité modérée
situées entre 125 et 140 bpm et envisager d’acheter un cardiofréquencemètre
pour bien se situer dans cette zone cible. Consulter tous les mois pour faire un
point sur sa pratique sportive ainsi que sur les différents paramètres médicaux
et obstétricaux.
Remplir régulièrement la fiche de liaison qui permettra les échanges entre la
patiente, le professionnel de santé et le professionnel du sport.
Rester motivée pour poursuivre ces activités tout au long de la grossesse et le
plus tard possible, dans la semaine qui précédera l’accouchement par exemple.
Ordonnance 2
Une joggeuse de 30 ans vient consulter à six semaines d’aménorrhée pour
avis médical, car elle souhaite poursuivre son sport préféré tout au long
de la grossesse. Sa motivation est double : ne pas prendre trop de poids et
continuer à se préparer pour un semi-marathon programmé trois mois après
l’accouchement. Il s’agit d’une seconde grossesse, la première s’étant dérou-
lée normalement.
Remarque : prévoir un temps d’éducation. Décrire à la patiente sportive tous
les signes cliniques qui doivent faire immédiatement arrêter toute activité
sportive et consulter (voir encadré 20.1). Recommander à cette patiente très
motivée de consulter régulièrement pour faire un point sur sa pratique spor-
tive ainsi que sur les différents paramètres médicaux et obstétricaux.
Les conseils de prudence en durée et en intensité sont à donner jusqu’à la fin
du quatrième mois.
x
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422 Populations
x
Dr Z Marseille, le…
Mme X
Éviter toute compétition, tout entraînement intensif ou de longue durée ainsi
que de courir en période chaude (température extérieure supérieure à 25°C
par exemple).
Poursuivre le jogging 3 fois/semaine mais sans faire des sorties d’une durée
supérieure à 30-40 minutes. Éviter le bitume et alterner les entraînements
sur tapis roulant avec les sorties sur pelouse ou chemins.
Alterner les séances de course à pied avec des séances de préparation physique
du type renforcement musculaire, gymnastique douce, aquagym.
À partir de la fin du quatrième mois, le nombre des séances d’activité physique
peut être soit stabilisé à 3 séances/semaine, soit augmenté jusqu’à 5 séances/
semaine. Il est logique d’alterner le travail d’endurance (jogging, tapis roulant,
marche rapide, bicyclette ergométrique, natation, elliptique) avec les séances
de renforcement musculaire (gymnastique ou musculation douce, aquagym,
danse, tai-chi-chuan par exemple).
Utiliser un cardiofréquencemètre, la fréquence maximale à ne pas dé-
passer se situe aux alentours de 145-150 bpm. Éviter de dépasser le seuil
d’essoufflement.
Tenir un carnet d’entraînement à jour que vous rapporterez à la prochaine
consultation.
Au moindre problème, m’appeler.
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Grossesse et activité physique 423
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424 Populations
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21 Vieillissement
et activité physique
Frédéric Depiesse
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Vieillissement et activité physique 429
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430 Populations
Entraînement en endurance
Il a été bien démontré que l’entraînement en endurance est associé, comme
chez le sujet jeune, à une diminution de nombreux facteurs de risque cardio-
vasculaire. Il aide à prévenir la perte de la masse et de la fonction musculaires
habituellement observée avec l’avancée en âge. La préservation de la masse
maigre participe à la prévention de la diminution de la dépense énergétique
et limite le gain de masse grasse avec le temps. Elle favorise le maintien
d’une AP spontanée. Les autres bénéfices sont l’amélioration de l’équilibre et
donc la diminution du risque de chutes, la réduction de la perte osseuse, le
maintien des fonctions cognitives et de l’humeur du sujet âgé (encadré 21.1).
Il faut souligner que plusieurs des effets de ce type d’entraînement sur la
santé peuvent être observés même en l’absence d’évolution significative de
la condition physique (VO2max) des sujets [22].
Sur le plan cardiaque et vasculaire
L’entraînement en endurance peut aider à maintenir et à améliorer divers
aspects du fonctionnement cardiovasculaire tels que mesurés par les
valeurs maximales de la VO2max, du débit cardiaque et de la différence
artérioveineuse en O2, ainsi qu’à favoriser la performance sous maximale.
Ainsi, comme nous l’avons déjà écrit ci-dessus, les pressions artérielles et la
résistance vasculaire systémique sont plus élevées lors de l’exercice maximal
chez les adultes plus âgés que chez les plus jeunes, tandis que la FC max est
1. Sulfate de déhydroépiandrostérone
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Vieillissement et activité physique 431
Encadré 21.1
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432 Populations
Encadré 21.2
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Vieillissement et activité physique 433
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434 Populations
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Vieillissement et activité physique 437
prévention des chutes, en plus du travail sur l’équilibre, il faut enseigner les
« bonnes manières » de chuter et les techniques pour se relever seul.
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438 Populations
ratique à l’entrée dans la vie active à l’âge adulte et qui se remettent à l’AP
p
lors de la retraite. Cette seconde catégorie est souvent à risques traumatique
et cardiaque du fait d’une pratique non modérée cherchant à retrouver
les sensations passées, sans prendre en compte les modifications physio-
logiques dues à l’avancée en âge. Les médecins et les éducateurs sportifs
seront d’autant plus vigilants.
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Vieillissement et activité physique 439
Par ailleurs, des formations pour les éducateurs sportifs existent tant à
l’université dans le secteur des STAPS (sciences et techniques des activités
physiques et sportives) qu’au sein des formations du ministère de la Santé
et des Sports, ainsi que dans les fédérations comme l’EPGV ou la Fédération
française sports pour tous (ex FFEPMM) qui forment leurs éducateurs à des
programmes spécifiques de la prise en compte de l’équilibre et qui associent
travail de coordination, de proprioception, d’équilibre, de force et d’endu-
rance pour limiter les risques de chute chez nos aînés.
Par exemple, la Fédération française Sport pour tous développe en France
le programme intégré d’équilibre dynamique (PIED) qui a été conçu par la
direction de la santé publique de Montréal et qui a pour but de prévenir les
chutes et les fractures chez les seniors qui vivent à domicile et qui se perçoi-
vent à risque de chute. Les participants recrutés répondent à une offre de
service (brochures, affiches, journaux, professionnels, etc.) qui s’adresse aux
personnes ayant fait une chute dans la dernière année, qui ont peur de chuter
ou qui veulent améliorer leur équilibre. L’intervention est effectuée par un
professionnel de l’activité physique ou de la santé.
De plus en plus de professionnels du sport interviennent au sein des
EHPAD pour apporter la pratique d’exercices physiques à nos aînés. Ils
ont soit des formations fédérales, soit de l’université (diplôme d’université
STAPS APA), soit des filières du ministère des Sports. Ce domaine des for-
mations est encore en construction, il devrait se clarifier dans les années à
venir à partir de 2016.
Conseils de pratique
Précautions
La pratique et sa prescription se font à partir des résultats de l’épreuve
d’effort cardiologique pour laquelle il faut respecter les contre-indications
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440 Populations
Modalités de pratique
Les AP de loisirs et les APS doivent toujours être pratiquées de façon pro-
gressive, prudente et dans un milieu sécurisé. Elles doivent être adaptées
et expliquées à chaque participant. Il est recommandé de pratiquer avec
un groupe de personnes du même âge ou de motricité équivalente, sans
esprit de compétition. Il est nécessaire de privilégier une pratique pluridis-
ciplinaire et variée. La pratique en alternance d’activités en salle, en terrain
extérieur, en pleine nature ou en piscine permet d’enrichir le répertoire
moteur des personnes et vise une sollicitation différente des fonctions
ostéomusculaires, articulaires et cardiorespiratoires. La variété des formes
de pratique (individuelle, collective…) implique différemment le public,
en privilégiant le développement des capacités d’adaptation face au milieu
et à l’environnement. Il faut favoriser le lien social et pratiquer dans une
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Vieillissement et activité physique 441
Encadré 21.3
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442 Populations
les exercices qui entraînent les sens impliqués dans l’équilibre (propriocep-
tion, visuel, labyrinthique…) (voir chapitre 8).
La pratique d’APS contribue à limiter les effets de l’avancée en âge
sur la force et la puissance musculaires. Les exercices dynamiques
sont préférables aux exercices statiques qui risquent de provoquer des
troubles hémodynamiques par excès de pression. On privilégie les exer-
cices recommandés par l’ACSM en 2007 et en 2013, soit au minimum
2 jours non consécutifs par semaine à raison de 10 à 15 répétitions sur 8
à 10 groupes musculaires (avant-bras, bras, épaule, cuisse…) à une inten-
sité modérée, soit à la moitié de l’effort maximal (50 % de 1 RM) du
sujet sédentaire de plus de 65 ans [23, 48]. Il faut arriver progressivement
au poids correspondant à cet effort modéré. Pour augmenter la quantité
d’AP, on peut progressivement jouer sur le nombre de répétitions puis sur
la charge en poids (jamais plus de 10 % d’augmentation en une fois). Un
sujet actif et âgé ou âgé et plus sportif pourra augmenter l’intensité res-
pectivement : 8-12 répétitions vers 60-70 % de 1 RM (intensité moyenne)
jusqu’à 80 % (intensité élevée). Pour l’endurance musculaire, il faut faire
15-20 répétitions [48].
Pour une meilleure souplesse musculotendineuse et une meilleure
amplitude articulaire, il faut pratiquer une variété d’activités et d’exer-
cices physiques, insister régulièrement sur les étirements musculaires au
cours de chaque séance, en particulier en récupération à la fin, en res-
pectant de la douceur, sans à-coups et en utilisant la respiration. Sans
entraînement, la capacité d’étirement des muscles diminue de façon
notable, ainsi que leur vitesse de contraction. Quant aux tendons, ils peu-
vent être le siège d’inflammations, voire dans un cas extrême de rupture
partielle ou totale. Il est donc très important de bien s’échauffer avant
toute pratique physique, c’est-à-dire commencer de façon progressive, et
de bien s’hydrater. Plus le vieillissement augmente, plus on est attentif
à l’importance des bonnes pratiques d’étirement et d’échauffement. Par
ailleurs, du vieillissement articulaire découle de nombreuses pathologies
limitant l’amplitude des mouvements et entraînant en conséquence une
diminution de la souplesse globale. L’arthrose est la plus fréquente ; elle
se manifeste dans un premier temps par la dégénérescence du cartilage,
puis par sa destruction progressive et par l’amincissement de l’espace
articulaire. Il apparaît ensuite des modifications de l’os sous-chondral.
L’exercice modéré est indiqué, l’absence d’activité physique produisant
un raidissement des articulations, donc en conséquence une diminution
de la souplesse articulaire. Les gestes et mouvements sont donc moins
amples, moins sûrs et moins efficaces, les exercices et sports indiqués sont
décrits dans le chapitre 7.
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Vieillissement et activité physique 443
Conclusion
En termes de prévention, on sait que le tryptique du « bien vieillir » passe
par une bonne alimentation, de l’exercice physique régulier et une vie
sociale riche. Faire passer ce message est bien une démarche d’éducation
pour la santé par les APS ; elle peut être réalisée, en particulier au sein des
associations sportives, par les éducateurs sportifs et médico-sportifs. Une
même démarche peut avoir lieu dans les maisons de retraite ou dans les
établissements de soins avec une action d’éducation thérapeutique menée
par le personnel médical et paramédical, ainsi que par l’éducateur médico-
sportif titulaire d’un diplôme STAPS ou d’un brevet d’État ou professionnel
du ministère chargé des Sports.
On sait que l’AP, chez les sujets avançant en âge, ne peut pas toujours
améliorer les marqueurs traditionnels de la performance physiologique et de
la condition physique (p. ex., VO2max, capacité oxydative mitochondriale,
composition corporelle), mais que souvent elle améliore la santé (réduction
des facteurs de risque de maladie, bien-être psychologique, intégration
sociale) et la capacité fonctionnelle. On sait par exemple qu’il faut associer
les bonnes pratiques d’activités physiques et de nutrition, ainsi la préven-
tion et la maîtrise de la sarcopénie passent par la promotion de l’activité
physique (en musculation et endurance), associée à un apport énergétique
adapté et à un apport en protéines riches en acides aminés essentiels) [49].
L’AP contribue à un vieillissement plus sain, elle permet de maintenir une
certaine autonomie, et d’améliorer beaucoup la capacité fonctionnelle et la
qualité de vie de cette population [50]. On peut donc commencer les AP et
en tirer bénéfice, à tout âge et ce, quel que soit son état de santé initial. Il
n’est jamais trop tard pour commencer les AP !
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444 Populations
Points clés
� Le vieillissement est un processus complexe impliquant plusieurs variables
(p. ex., hérédité, habitudes de vie – sommeil, alimentation, inactivité – maladies
chroniques) qui interagissent les unes avec les autres, influençant grandement
la manière de vieillir. La participation à un programme régulier d’exercices
physiques est une intervention efficace pour réduire ou prévenir de nom-
breuses diminutions fonctionnelles associées au vieillissement. Elle contribue
à réduire ou prévenir certains processus délétères liés à l’avancée en âge, à
améliorer la qualité de vie et la capacité fonctionnelle des sujets âgés, donc
à retarder l’entrée dans la dépendance en maintenant leur autonomie.
� Il faut promouvoir un programme régulier 3 à 5 fois/semaine d’activités
diversifiées avec de l’endurance, de la force, de l’équilibre, de la coordination
et de la souplesse. Le tout doit se réaliser au mieux en groupe pour le main-
tien du lien social et l’amélioration de l’observance donc de la régularité.
� L’entraînement en endurance est associé à une diminution de nombreux
facteurs de risque cardiovasculaire avec en particulier une amélioration de
la tolérance au glucose et une diminution de la pression artérielle. Il aide
à prévenir la perte de la masse maigre (sarcopénie) et celle de la fonction
musculaire habituellement observées avec l’avancée en âge. La préservation
de la masse maigre participe à la prévention de la diminution de la dépense
énergétique et limite le gain de masse grasse avec le temps. Une bonne force
musculaire favorise le maintien d’une activité physique spontanée. Les autres
bénéfices incluent l’amélioration de l’équilibre et donc la diminution du risque
de chutes, la réduction du risque d’ostéoporose et le maintien des fonctions
cognitives et de l’humeur du sujet âgé. Les effets d’un entraînement sur la
santé peuvent être observés même en l’absence d’évolution significative de
la condition physique (VO2max) des sujets.
� La pratique régulière tout au cours de la vie est importante, mais il n’est
jamais trop tard pour débuter une AP et il y aura toujours des bénéfices même
chez les sujets les plus fragiles voire chez les sujets dépendants dans les EHPAD.
Ordonnance
Dr D Toulouse, le…
M. X
Je vous propose de diversifier vos types d’activités physiques, en associant sous
le contrôle d’un éducateur sportif :
1. Des activités de type aérobie (endurance) : augmenter progressivement
votre activité physique habituelle en visant la pratique au moins 5 jours/semaine
d’une activité physique de type aérobie d’intensité modérée pendant une durée
minimale de 30 minutes (marche, vélo, gymnastique d’entretien, natation…). Vous
travaillerez en aisance respiratoire en pouvant toujours parler, soit en dessous de la
x
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Vieillissement et activité physique 445
x
fréquence cardiaque du seuil d’essoufflement de … bpm. Ou pratiquer une activité
physique de type aérobie d’intensité élevée (telle que le jogging à vitesse lente, le
vélo, l’aquagym, les jeux de terrain tels que le football ou le tennis, etc.) pendant
une durée minimale de 20 minutes 3 jours/semaine, soit au-dessus de la fréquence
cardiaque du seuil d’essoufflement entre … et … bpm. Ces activités de type aérobie
sont à ajouter aux activités de la vie quotidienne qui sont de faible intensité ou
qui sont de durée inférieure à 10 minutes. Ces deux types d’activités peuvent être
combinés.
2. Des activités de renforcement musculaire (résistance) : pratiquer 8 à 10
exercices utilisant les principaux groupes musculaires avec 8 à 12 répétitions à
chaque exercice. L’intensité est au départ modérée (score de 5 sur une échelle
0-10 puis autour de 7-8) pour entretenir ou augmenter la force au minimum
2 jours non consécutifs/semaine.
3. Des exercices de souplesse : 2 fois 10 minutes/semaine, à l’entrée ou à la
sortie des journées au cours desquelles des exercices de résistance ne sont pas
réalisés.
4. Des exercices d’équilibre : quotidiennement, en introduction aux séances
aérobies par exemple.
Tenir un carnet d’entraînement à jour que vous rapporterez à la prochaine
consultation.
À la moindre gêne, au moindre problème, m’appeler.
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22 Activité physique
et santé chez les enfants
Frédéric Depiesse
Les AP, en particulier, le sport non compétitif ou APS sont structurants chez
les jeunes en croissance et participent au développement harmonieux du
corps et de l’esprit. Surtout avec des notions comme le respect des règles
ludiques des APS, avec un vrai projet éducatif d’apprentissage des
règles de vie en collectivité, des valeurs du sport comme la solidarité,
l’équité, l’apprentissage des règles du jeu. Les APS s’attachent à développer la
psychomotricité de l’enfant et les qualités de base que sont l’endurance,
la force, l’explosivité, la coordination et l’équilibre. La pratique des APS res-
pecte l’enfant tout en lui apprenant les limites du jeu et la frustration de
l’échec ainsi que la joie du geste bien fait. Mais il existe aussi le « Sport »
comme nous l’avons défini au début de ce livre et c’est bien le seul chapitre
de ce livre sur la santé où l’on parle un peu de compétition. En effet, chez
l’enfant, la compétition aux côtés des APS pour la santé peut être proposée
dans son aspect de confrontation à l’autre et à soi-même sans esprit de
victoire à tout prix. Elle peut être un objectif négocié et décidé avec les
enfants, qui peut leur apprendre le sens de l’engagement, la nécessité de
s’entraîner pour réussir, le bonheur de gagner, l’apprentissage de la défaite,
mais aussi clairement leur apprendre que la compétition n’est pas une fin
en soi. À ce titre, il faut expliquer aux enfants les risques inhérents à la
pratique compétitive pour qu’ils apprennent la frustration de la blessure et
qu’ils décident de leur choix en « enfants » éclairés et pas en enfants qui
subissent un choix qui n’est pas le leur.
La plupart des auteurs s’accordent pour dire qu’un enfant doit bouger
naturellement et que tout son environnement doit lui permettre d’expri-
mer ce besoin quels que soient son état de santé et ses handicaps. Selon
Parlebas [1] : « L’enfant n’est pas qu’un corps-machine qui exécute des mou-
vements et qui dépense de l’énergie ; c’est une personnalité qui s’engage en
totalité aussi bien dans ses actes moteurs que dans son activité verbale. Au
cours des APS, cet engagement a pour originalité de prendre corps dans des
conduites motrices investies de significations affectives et relationnelles très
implicantes : fortes motivations, anticipations réfléchies, émotions débor-
dantes, représentations chargées de sens symbolique. » Il s’ensuit que ces
phénomènes sont fortement impliqués dans la santé globale de l’enfant
et que son investissement dans les AP favorise son épanouissement. On
pourrait discuter cette phrase dans le cadre du sport compétitif où parfois
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Activité physique et santé chez les enfants 451
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452 Populations
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Activité physique et santé chez les enfants 453
Conseils de pratique
Précautions
Il est nécessaire que les adultes prenant en charge l’encadrement des enfants
et des adolescents (enseignant d’EPS et/ou en APA, éducateurs sportif ou
médico-sportif, entraîneur) connaissent les mesures simples de secourisme
et d’appel des secours. Le passage d’un brevet de secourisme de base et sur-
tout l’entretien des connaissances tout le long de la vie sont donc essentiels.
Ainsi, par exemple, il est nécessaire lors d’une perte de connaissance par
crise d’épilepsie de faire de la place autour de l’enfant et de protéger la tête
pour éviter les traumatismes sur objets. En cas de malaise vagal, il faut savoir
surélever les membres inférieurs. En cas de premiers signes d’hypoglycémie,
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454 Populations
Modalités
Lieux et acteurs de la pratique de l’enfant
À l’école en EPS, il est bon de savoir que le médecin a la possibilité de faire
une dispense partielle pour certains gestes ou certaines activités. Dans tous
les cas, il faut que l’enfant participe au cours d’EPS, il y a toujours une action
de jugement, d’aide à l’organisation accessible à l’enfant et permettant de
noter sa compréhension de l’activité. De plus, sa présence est importante
(et obligatoire) pour le maintien de la relation sociale dans la classe et pour
sa compréhension de l’intérêt des AP.
Dans le cadre des enfants scolarisés et atteints d’une pathologie chro-
nique, le ministère de l’Éducation nationale en France a défini le plan
d’accueil individualisé (PAI) afin d’intégrer l’enfant malade à l’école et
notamment pendant les activités sportives. Ses modalités sont précisées
par la circulaire du 9 septembre 2003. Il est demandé par les parents au
directeur de l’école ou au chef d’établissement. Il nécessite un certificat du
médecin traitant précisant les traitements, soit la prise d’un traitement de
fond pendant la présence à l’école, soit les médicaments à administrer en
cas de « crise ». Il est supervisé et établi par le médecin scolaire, en particu-
lier les aménagements à mettre en place en accord avec les enseignants et le
médecin traitant (encadré 22.1).
Encadré 22.1
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Activité physique et santé chez les enfants 455
Modes de pratique
Durée, intensité et fréquence sont adaptées individuellement chez
l’enfant, tant pour les efforts aérobies (endurance) que pour les efforts
anaérobies (courses, sauts, musculation). On utilise, comme chez l’adulte,
un test d’effort réalisé soit sur le terrain, soit en milieu spécialisé (test sous
maximal sur cyclo-ergomètre ou test maximal avec ou sans mesure des
gaz expirés et inspirés) permettant de repérer son seuil d’essoufflement.
Plusieurs types de programme sont alors possibles, soit de l’endurance fon-
damentale (à un % fixé de la VO2max), soit on alterne des intensités au-
dessus de ce seuil sur des durées de 30 secondes environ avec des intensités
plus faibles sur des durées plus proches d’une minute à plusieurs minutes
d’effort (travail intermittent). Tout le métier de l’éducateur sportif (ou APA
ou EMS) est alors de rendre ludique ces programmes qui peuvent être peu
agréables, c’est alors la compétence de l’enseignant (ES, EMS APA, EPS) qui
fera la différence pour le jeune. De façon ludique par des jeux et des sports
différents, l’enseignant réalisera ces enchaînements d’efforts soit dans une
même séance, soit dans des séances séparées. En cas de surcharge pondé-
rale, le rationnel d’utilisation de ces techniques d’entraînement est décrit
ci-après (voir pp. 458 à 467). Pour plus de précisions sur l’individualisation
des intensités dans le cadre du réentraînement à l’effort, on peut faire le
test sur ergocycle et noter les fréquences cardiaques puis proposer au jeune
d’utiliser un cardiofréquencemètre.
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456 Populations
Définition
Il existe plusieurs formes d’épilepsies, classées selon leurs caractéristiques
cliniques et encéphalographiques. Il faut distinguer un enfant épileptique
sans trouble neurologique associé et un enfant neurologiquement handi-
capé. Les épileptiques dont la maladie est bien contrôlée par le traitement
(ne présentant pas plus que quelques crises par an) peuvent faire de l’acti-
vité physique et/ou du sport même en compétition, plus de 50 % feraient
du sport normalement.
Il faut savoir que les traitements n’ont que peu d’incidence sur la per-
formance (hormis ceux qui induisent une baisse de vigilance) et qu’il
n’est donc pas nécessaire de modifier le traitement lorsqu’on fait du
sport. On peut considérer que pour les enfants épileptiques sans trouble
neurologique associé, les accidents provoqués par une crise sont rares
(< 1 ‰). On s’appuie sur les recommandations de l’International League
Against Epilepsy (ILAE) pour tout ce qui concerne la prescription des APS
chez le jeune épileptique [14, 15].
Précautions
Le risque de noyade au cours d’une baignade est réel, si une crise se déclenche
dans l’eau et que personne ne peut lui venir en aide. Le risque de noyade dans
une baignoire à domicile est beaucoup plus élevé que le risque de noyade en
piscine. Des recommandations déjà anciennes mentionnaient qu’un adulte
ne doit pas se baigner dans plus de 7 cm d’eau (Livingstone, 1983). Lorsque
les enfants épileptiques sont correctement surveillés pendant la baignade, il
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Activité physique et santé chez les enfants 457
Encadré 22.2
n’a pas été prouvé qu’ils courent un risque plus important de noyade ou de
souffrance anoxique. Dans une étude réalisée à Brisbane en 1983, les auteurs
ont suivi quelques 400 enfants épileptiques qui pratiquaient la natation
et donc étaient exposés au risque de noyade, mais aucun décès en mer ou
en piscine induit par l’épilepsie n’a été constaté. Qu’il s’agisse du bain à la
maison, de jeux d’eau ou de natation, un enfant épileptique ne doit pas être
laissé sans surveillance. La nage sous-marine et la plongée en eaux profondes
sont déconseillées, de même que la nage dans de grandes étendues d’eau
(mer) pour des enfants présentant des crises fréquentes. Des précautions
particulières doivent donc être prises par rapport au risque de noyade dans
toutes les activités aquatiques (natation, voile, pêche…), surveillance de la
part de l’encadrement (qui doit savoir bien nager et dans un lieu publique
être titulaire de diplômes permettant la surveillance de la baignade), gilet
de sauvetage… En revanche, les activités sportives en piscine constamment
surveillées sont autorisées [12]. La conduite à tenir en cas de crise convulsive
est détaillée dans l’encadré 22.2.
La participation des enfants et adolescents épileptiques, aux activités
sportives ou aux AP où le risque de chute est important, n’est pas inter-
dite mais adaptée afin de limiter le risque d’être en situation dangereuse.
C’est pourquoi les sports mécaniques, les sports aéronautiques, la plongée
et l’alpinisme en haute montagne sont contre-indiqués. Enfin, des protec-
tions doivent être employées par rapport au risque de chute, notamment
en vélo, en roller ou en équitation (p. ex., casque). Les risques entraînés par
les traumatismes crâniens répétés font contre-indiquer des sports comme la
boxe, certains arts martiaux où les coups sont portés…
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458 Populations
Conclusion
Les enfants ayant une épilepsie bien contrôlée peuvent et doivent mener
une vie normale, sans contrainte, c’est-à-dire faire du sport, y compris en
compétition. Une attention particulière est souhaitable lors de modifica-
tions des schémas thérapeutiques. Seules les formes sévères d’épilepsie avec
des crises fréquentes, réfractaires au traitement et les crises secondaires à
la survenue d’un facteur déclenchant spécifique lié à des circonstances
potentiellement dangereuses, nécessitent une surveillance constante. À
l’école, il n’est pas nécessaire de prévenir l’encadrement ni de réaliser un
PAI dès lors que la maladie est bien contrôlée avec des crises rares et qu’il
n’y a pas de traitement à prendre pendant les heures de classe. Les recom-
mandations pour la pratique sportive de l’enfant épileptique ne souffrant
d’aucun handicap surajouté sont reprises dans l’ordonnance placée en fin
de chapitre [14].
Épidémiologie
En France, un enfant sur cinq est en surcharge pondérale : 3,5 % sont obèses,
soit près de 450 000 enfants de moins de 15 ans, et 14,3 % sont en sur-
poids, soit environ 1,7 million d’enfants1. La prévalence de l’obésité chez les
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Activité physique et santé chez les enfants 459
Figure 22.1. Courbes de corpulence chez les filles et les garçons de 0 à 18 ans.
www.inpes.sante.fr/50000/pdf/courbes_enfants.pdf
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460 Populations
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Activité physique et santé chez les enfants 461
enfants et les adolescents a connu une forte augmentation [16]. Les dernières
données reprises dans les documents de la HAS de 2011 tendent a montré
une stabilisation de la prévalence depuis les années 2000 [20]. Les garçons
sont plus fréquemment en excès de poids que les filles [17]. Cependant, les
projections de l’OCDE montrent bien un risque d’augmentation du nombre
d’enfants en surpoids, les taux d’obésité infantile eux resteraient en-dessous
de 10 % durant les 10 prochaines années. Les données les plus récentes mon-
trent un léger déclin des taux de surpoids chez les filles et des taux d’obésité
stables [21].
Les chiffres français actuels sont identiques à ceux des États-Unis en 1980.
Il existe bien sûr des disparités géographiques régionales que nous ne pré-
cisons pas ici.
À l’instar de ce que l’on observe chez l’adulte, on considère donc que
l’obésité est une véritable « épidémie », voire une « bombe à retardement »
puisque l’obésité chez l’enfant tend à se poursuivre à l’âge adulte [16, 19, 22].
Ainsi, on considère que la probabilité qu’un enfant obèse le reste à l’âge
adulte varie de 20 à 50 % si l’obésité est survenue avant la puberté, et de
50 à 70 % si elle est apparue après la puberté [16, 22].
Effets négatifs de la surcharge pondérale chez les enfants
Le problème principal réside donc dans la pérennisation de la situation à
l’âge adulte. En effet, à long terme, l’obésité augmente le risque de maladies
cardiovasculaires, de diabète de type II, d’arthrose, de certains cancers et de
décès prématurés. Par aileurs, on constate une plus grande mortalité chez les
adultes de poids normal mais ayant été obèses pendant leur enfance ou leur
adolescence, en particulier chez les jeunes hommes [16]. À titre illustratif,
une étude rapporte un risque de mortalité multiplié par deux pour la maladie
coronarienne et multiplié par 13 pour les accidents vasculaires cérébraux chez
les adultes ayant été obèses à l’adolescence, cela indépendamment de leur
poids à l’âge adulte [22]. Cette étude est confirmée par Baker qui a montré
une relation entre l’augmentation de l’IMC dans l’enfance et l’augmentation
de l’insuffisance coronaire à l’âge adulte [23].
Une autre complication de plus en plus précoce est le diabète de type II
que l’on ne rencontrait que vers la cinquantaine et qui aujourd’hui apparaît
de plus en plus à l’adolescence [24]. Le risque de complications est d’autant
plus grand du fait de cette précocité d’apparition.
Sur le plan économique, des auteurs comme Wang ont montré l’aug-
mentation importante depuis 20 ans chez les enfants des coûts directs et
indirects induits par l’obésité et ses pathologies associées [25].
Physiopathologie
L’obésité de l’enfant est associée à des facteurs génétiques, mais surtout à
un style de vie sédentaire et à une alimentation déséquilibrée. L’hypothèse
la plus fréquemment retenue est que la prise de poids au-delà des valeurs
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462 Populations
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Activité physique et santé chez les enfants 463
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464 Populations
2. Voir l’introduction et les propos sur les « fit and fat » de Steven Blair.
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Activité physique et santé chez les enfants 465
3. www.repop-toulouse.com
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466 Populations
Conseils
Les choix de l’enfant sont à respecter. Le jeune obèse est plus exposé à
des pathologies orthopédiques de surcharge en particulier au niveau des
genoux : syndromes rotuliens, ostéochondroses… Sur le plan scolaire, l’EPS
ne doit pas être contre-indiquée mais parfois aménagée. Un PAI n’est en
principe pas nécessaire, mais le médecin peut faire une inaptitude partielle,
par exemple pour certaines activités traumatisantes pour les genoux, ce qui
permet à l’enseignant d’adapter certaines pratiques. Des barèmes spéciaux
peuvent être utilisés pour la notation afin que l’enfant ne soit pas péna-
lisé. Reinberg et collaborateurs proposent au moins une heure d’activité
physique cumulée par jour, dont au moins 2 séances/semaine d’entraîne-
ment de la capacité cardiorespiratoire à intensité modérée (marche rapide,
natation, jeux) et renforcement musculaire. Il faut favoriser les activités qui
donnent du plaisir et qui sont adaptées au niveau de capacité de l’enfant,
augmenter très progressivement le niveau de difficulté et promouvoir les
activités physiques en famille ou en groupe. Parallèlement, toutes les occa-
sions de dépenses physiques doivent être encouragées (p. ex., le fait d’aller
à l’école à pied lorsque cela est possible, de prendre les escaliers plutôt que
les ascenseurs). Trente minutes de marche quotidienne sont un bon objectif
initial avec l’objectif d’atteindre au minimum 60 à 90 minutes d’AP/jour.
Enfin, il faut chercher à réduire les périodes d’inactivité, en particulier les
heures passées devant un écran [1].
Le choix des modalités de pratique se portent sur deux types d’effort
qui théoriquement chez le sujet en surcharge pondérale utilise au mieux
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Activité physique et santé chez les enfants 467
Conclusions
L’AP chez l’enfant comme chez l’adulte ne fait pas maigrir seule, elle permet
en revanche le maintien d’une perte de poids et/ou le gain de poids dans
le temps et favorise une bonne masse musculaire. Associée à un régime
hypocalorique, elle permet une perte de masse grasse tout en maintenant
la masse maigre stable ou en augmentation. Elle agit sur la composition
corporelle en modifiant la morphologie (répartition des graisses). Chez
l’enfant et l’adolescent, l’AP doit durer au moins 60 minutes d’intensité
modérée à élevée. L’AP joue un rôle favorable sur la plupart des facteurs
de risque cardiovasculaire et autres comorbidités associées à la surcharge
pondérale. On fait tout pour éviter l’exclusion des jeunes obèses des AP
scolaires, péri- ou extrascolaires ; on n’hésite pas à faire des certificats de
dispense partielle si c’est nécessaire (voir sur le site de l’HAS), ni à utiliser
une vraie période de réentraînement à l’effort hors ou en établissement de
soins pour aider le jeune à bouger.
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468 Populations
Diabètes de type I et II
Nous ne faisons que citer ici le diabète de type II, bien qu’il soit en forte
augmentation d’incidence chez l’adolescent et l’enfant depuis 20 ans en
France [24], car il ne présente pratiquement pas de différence sur le plan de
la prise en charge par les APS que pour le jeune obèse décrit ci-dessus. Nous
traitons rapidement du diabète de type I qui en fait autorise la pratique des
APS quasiment normalement (beaucoup de champions sportifs sont insuli-
nodépendants) à partir du moment où l’éducation thérapeutique a permis
à l’enfant de maîtriser la gestion de l’insuline et de l’alimentation avant et
après l’effort.
Définition
Le diabète de type I est une maladie auto-immune relativement rare (2 à
10/100 000) qui touche des enfants et des adolescents sains et qui n’est pas
associée à l’excès de poids. Son traitement est basé sur l’équilibre entre les
apports glucidiques, l’activité physique et l’insuline injectée [12].
Épidémiologie
Depuis le milieu du xxe siècle, l’incidence du diabète de type I augmente
régulièrement dans le monde d’environ 2,5 à 3 % par an. L’Europe est le
continent le plus à risque mais avec d’importantes différences d’un pays à
l’autre [37, 38].
Cette augmentation chez les jeunes ne s’explique pas simplement par une
manifestation plus précoce de la maladie. De nombreux facteurs de risque
sont évoqués, mais la complexité pathogénique du diabète de type I a été
sous-estimée et la recherche des facteurs environnementaux, dont l’impli-
cation est incontestable, est difficile.
qui peut induire une hypoglycémie. Si un effort prolongé est prévu, il faut
diminuer d’environ 10 % les doses d’insuline (cette dose est adaptée au fur
et à mesure de la propre expérience du sujet). Si l’effort n’était pas prévu,
les seules adaptations possibles sont alimentaires : prise de sucres à index
glycémique élevé (soda, saccharose, etc.) juste avant l’effort et, si celui-ci
doit dépasser une heure, collation de 40 g de sucres à index glycémique bas
(barre de céréales, pain beurré, jus d’orange, etc.).
Pendant l’effort, il faut dans tous les cas une prise de sucres à absorption
rapide (index glycémique élevé), 10 à 15 g toutes les 30 minutes, avec une
hydratation suffisante. Après l’effort, les hypoglycémies peuvent survenir.
Elles peuvent même être tardives (plus de 4 h après) avec un risque noc-
turne en cas de sport pratiqué l’après-midi, d’où la nécessité de vérifier la
glycémie au coucher, et si elle est < 0,8 g/L à 1 g/L de prendre une collation
de 40 g de sucres à absorption lente (index glycémique bas).
D’autres recommandations pratiques sont résumées dans l’encadré 22.3.
La pratique sportive fait courir deux types de risques :
• des risques immédiats, liés aux conséquences de la survenue d’un malaise
hypoglycémique pendant l’activité sportive (encadré 22.4). Aussi des pré-
cautions particulières doivent-elles être prises lors des sports mécaniques,
des sports aéronautiques, de la plongée et des autres activités aquatiques
(natation, voile…), des activités où il y a risque de chute (alpinisme, vélo,
équitation…) et d’une façon plus générale, lors de toute pratique sportive
en solo. La prévention de ces risques repose sur des mesures de bon sens
comme l’institution d’une surveillance constante et l’utilisation d’équipe-
ments particuliers (gilet de sauvetage, casque…). Les sports de combat, en
raison du risque de lésions rétiniennes, sont déconseillés ;
Encadré 22.3
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Activité physique et santé chez les enfants 471
Encadré 22.4
4. http://spiral.univ-lyon1.fr/files_m/M4571/Files/218583_801.pdf
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472 Populations
Figure 22.2. Pratique de la marche avec des raquettes chez l’enfant diabétique
de type I.
5. www.afld.fr
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Activité physique et santé chez les enfants 473
Conclusion
Au-delà de l’intérêt des APS chez l’enfant sédentaire, on aurait pu traiter
encore de nombreuses autres pathologies chroniques, comme l’asthme
(voir chapitre 10), la mucoviscidose, l’arthropathie chronique juvénile…
Nous avons fait un choix par rapport aux études en notre possession,
mais très rapidement des études chez ces enfants comme celles sur les
sujets atteints de mucoviscidose seront assez nombreuses pour permettre
des recommandations. En tout état de cause, il est déjà indiqué de proposer
des AP adaptées pour ces enfants dans le respect des règles générales de pres-
cription des AP déjà édictées pour les adultes, en respectant le côté ludique,
les spécificités de l’enfant sur la croissance ostéo-articulaire et sur le plan
cardiorespiratoire.
Aujourd’hui, les enfants avec des pathologies chroniques doivent abso-
lument participer aux APS seuls ou en équipe. Les dispenses d’éducation
physique sont une aberration, car l’on sait que l’exercice assure au contraire
une augmentation de la tolérance à l’effort, un bien-être physique et psy-
chologique, et améliore la confiance et l’estime de soi. En outre, il est béné-
fique pour de nombreuses pathologies, pour autant que le sport soit adapté
aux besoins et aux envies de l’enfant.
Points clés
� L’enfant n’est pas un adulte en miniature, donc même si le respect des
règles générales de prescription des AP déjà édictées pour les adultes est de
mise, il faut surtout qu’il y ait le respect des spécificités sur la croissance ostéo-
articulaire et sur le plan cardiorespiratoire. L’AP doit être régulière et indi-
vidualisée. Cette pratique apporte de nombreux bénéfices chez les enfants
et les adolescents, comme le développement musculaire, de la c oordination
x
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474 Populations
x
motrice, de l’agilité, des capacités aérobie et anaérobie et du capital osseux.
Elle aide à réduire le risque de développer surpoids et obésité et des maladies
chroniques comme le diabète et les maladies cardiovasculaires. Elle réduit la
sensation de dépression et d’anxiété et favorise la sensation de bien-être.
� La compétition n’est pas à négliger, dans le respect des précautions
et contre-indications propres à chaque pathologie, elle peut favoriser
l’intégration de l’enfant sédentaire ou malade dans un processus positif. Dans
tous les cas, l’aspect ludique et le respect des goûts de l’enfant sont une prio-
rité. On évite de faire trop de séances à dominance aérobie dans l’enfance et
la musculation ne débute que chez l’adolescent en fin de croissance (15-16 ans
environ avec progressivité).
� La participation à l’AP diminue au cours de la croissance encore plus chez
les filles que les garçons. Les conseils et incitations à la pratique seront donc
optimisés pour la jeune adolescente.
Ordonnance
Activité physique chez le jeune épileptique
Dr Z Toulouse, le…
Enfant :
Âge, taille et poids :
Aucune restriction à la plupart des activités normales pour un enfant sain
du même âge.
La pratique des sports est encouragée, y compris les sports de compétition.
La natation n’est pas interdite, à condition qu’un parent ou tuteur légal averti
et bon nageur soit présent ou dans un lieu public de baignade, un maître
nageur sauveteur (MNS) et/ou un titulaire d’un diplôme permettant de surveiller
un lieu de pratique aquatique.
Les dangers du vélo sont discutés en fonction du contexte (ville ou campagne,
etc.) et du type d’épilepsie (effet stroboscopique).
Pas de sport en solitaire.
La fatigue lors d’une activité prolongée n’augmente pas le risque, il n’y a donc
aucune raison de l’obliger à se reposer plus que les autres.
Attention aux situations où peuvent intervenir les facteurs de risques liés à
l’alcool, la lumière clignotante, le manque de sommeil.
Tenir un carnet d’entraînement à jour que vous rapporterez à la prochaine
consultation.
Au moindre problème, m’appeler.
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Activité physique et santé chez les enfants 475
Ordonnance
Activité physique chez le jeune obèse
Dr Z Toulouse, le…
Enfant :
Âge, taille et poids :
Pratiquer 60 à 90 minutes d’APS/jour, incluant des activités d’intensité modérée
d’une à plusieurs minutes (activité en endurance en dessous du seuil d’essouf-
flement) en alternance avec des activités d’intensité élevée de 30 secondes
maximum.
Toujours rechercher le côté ludique de l’activité.
Ne pas stigmatiser le jeune, positiver tous les progrès et avec la théorie des
micro-objectifs se fixer des buts facilement atteignables à chaque séance.
Faire du renforcement musculaire impliquant les membres inférieurs,
supérieurs, le tronc et le rachis. Privilégier les étirements dans chaque séance
et les activités portées plutôt que les activités à impacts répétés. La course à
pied n’est introduite et ce progressivement qu’après avoir obtenu une bonne
condition physique.
Tenir un carnet d’entraînement à jour que vous rapporterez à la prochaine
consultation.
Au moindre problème, m’appeler.
Références
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Activité physique et santé chez les enfants 477
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Conclusion
Les auteurs souhaitent que ce livre permette aux médecins et aux profession-
nels de santé de mieux appréhender l’intérêt des APS pour la santé tant en
préventions primaire, secondaire et tertiaire qu’en termes de thérapeutique.
Il devrait aussi être utile aux éducateurs sportifs et enseignants en APA afin
de mieux connaître les pathologies dont peut être porteur le public fréquen-
tant les associations sportives ou susceptible de s’y rendre. À ce titre, il a été
mis en exergue les effets des APS sur les pathologies chroniques ainsi que les
précautions à prendre. Par ailleurs, cet ouvrage souhaite donner envie aux
sédentaires de pratiquer en toute sécurité une APS de manière à en retirer
des bénéfices pour leur santé, et cela en toute sécurité. C’est pourquoi, il
est important que le sujet puisse pratiquer surtout et avant tout avec plai-
sir. Le rôle et l’implication des médecins et des éducateurs sportifs dans la
démarche de motivation des publics, porteurs ou non de pathologies chro-
niques, sont essentiels. Dans ce but, il a été mis en avant la notion de conseil
minimal d’activité physique (CMAP®) tel que le Dr Frédéric Depiesse l’a
défini et que l’association efFORMip l’enseigne. Il s’agit là pour le médecin
de pouvoir en moins de trois minutes, lors d’une consultation, comme dans
le conseil minimal lors du sevrage tabagique, inciter les patients à réfléchir
à l’intérêt de se mettre à bouger et aux bénéfices qu’ils peuvent en retirer.
Le médecin sera un interlocuteur au même titre que l’éducateur sportif du
club où il débutera. Le counseling tel qu’il est développé au sein des for-
mations efFORMip est une vraie démarche d’accompagnement, de soutien
psychosocial et d’éducation thérapeutique, sur laquelle le médecin pourra
s’appuyer dans les consultations suivantes pour amener son patient à modi-
fier ses habitudes et à inclure dans son quotidien la pratique des activités
physiques et/ou sportives encadrées. L’objectif ultime est d’accompagner
les sédentaires, et en particulier ceux porteurs de pathologies chroniques,
qui fréquentent nos cabinets de consultation vers un mode de vie actif,
et en pleine autonomie, dans une pratique d’activité physique régulière et
modérée tout au long de leur vie – faire deux séances en club et une séance
libre par semaine, seul ou entre amis, est par exemple un des objectifs de la
charte efFORMip. Cela est cohérent avec les recommandations décrites tout
au long de ce livre.
De manière récente est apparue un nouveau métier, celui d’éducateur
sportif, encadrant les activités physiques comme vecteur de santé. Pour
l’éducateur, il s’agit d’un acte de promotion de la santé que de permettre
aux sujets sédentaires (avec ou sans pathologie) de mieux appréhender les
risques et les bénéfices de l’activité. Ainsi, le rôle de transmission et d’édu-
cation, jusqu’alors plus particulièrement centré sur la pratique compétitive,
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480 Prescription des activités physiques
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Conclusion 481
précautions liées à l’état de santé propre des patients qui présentent sou-
vent plusieurs pathologies.
L’individualisation de cette prescription est bien le résultat de l’art du
médecin et de sa compréhension des interactions et des déficiences induites
par les pathologies de son patient avec les effets des APS. Cette démarche a
trouvé un succès collectif à travers l’action de type « sport sur ordonnance »
dans plusieurs villes de France et d’Europe (Blagnac, Biarritz, Le Crès, Stras-
bourg…).
Au-delà de la santé publique et de la médecine de soin, la médecine envi-
ronnementale est interrogée par la sédentarité. Il est important de rappeler
que notre génome et notre organisme se sont organisés pour assurer la péren-
nité de l’espèce dans le cadre d’un humain actif. L’évolution de la sédentarité
dans nos sociétés occidentales a favorisé le développement de pathologies
jusqu’alors mineures, voire inconnues, c’est donc tout naturellement qu’il
faut proposer aux Occidentaux de modifier leur mode de vie, en y rajoutant
du mouvement et de la dépense énergétique. Le corollaire de cette situation
est que la mécanisation et le développement des cyclomoteurs puis de la voi-
ture ont largement participé à cette inactivité dangereuse tout en favorisant
la pollution de notre environnement. La promotion des AP comme mode de
transport « doux » comme le vélo et la marche à pied mais aussi le covoiturage
pour se rendre à plusieurs à un cours d’APS participe à l’élan actuel du dévelop-
pement durable (voir l’implication des fédérations sportives et du CNOSF). La
promotion d’un urbanisme intégrant la possibilité de se déplacer en sécurité
par sa propre énergie doit participer à l’obtention d’un meilleur état de santé.
Cela étant obtenu par l’augmentation de la dépense énergétique mise en
jeu et par la moindre pollution de l’air. On comprend ainsi, l’importance
du développement des lieux de pratique, de leur accessibilité et de leur inté-
gration dans un vrai réseau urbain et rural du xxie siècle favorisant le déve-
loppement durable. On peut ici rappeler que la loi de modernisation du
système de santé de 2015 dans son article L. 3232-4-1 incite à la promotion
de l’usage des modes de déplacement doux.
Pour mener à bien la mise en activité des populations sédentaires, il est
nécessaire d’évaluer leurs capacités et de fait, il semble nécessaire d’inciter
à la création de centres de référence régionaux d’évaluation de la condition
physique qui seraient accessibles aux sujets non compétiteurs. Ils pour-
raient s’appuyer sur les centres médico-sportifs déjà existants et intégrer
les réseaux de prise en charge des porteurs de pathologies chroniques par les
APS. Les patients évalués dans ces centres pourraient alors bénéficier d’une
prise en charge par l’assurance maladie des activités physiques prescrites. Il
est donc indispensable de former des éducateurs sportifs et médico-sportifs
et de les insérer dans le milieu associatif local afin de constituer un maillage
territorial de proximité et de favoriser ainsi l’observance et la régularité de
la pratique. Les auteurs insistent sur les facteurs psychosociaux qui sont des
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482 Prescription des activités physiques
freins ou des facteurs favorisant la pratique, ils doivent être connus de tous,
médecins, éducateurs, dirigeants sportifs, élus, responsables de collectivités
territoriales, agents territoriaux…
Au terme de cette conclusion, il faut maintenant passer à l’étape supé-
rieure, à savoir créer au niveau national un institut public-privé de dévelop-
pement des AP pour la santé qui regrouperait des financeurs comme : l’État
(ministères chargés de la Santé, des Sports, du Développement durable, de
l’Enseignement supérieur, INPES, IRMES…), les caisses d’assurance mala-
die (CNAMTS, MSA, RSI…) ; le monde du sport (CNOSF, fédérations…),
les assurances santé complémentaires, les collectivités locales, et toute
entreprise privée intéressée afin de travailler en commun à la mise en place
d’actions concrètes de terrain coordonnées définies sur le plan national, et
d’éviter ce qui ressemble fort à une cacophonie et un vrai gâchis financier. En
effet, malgré l’intérêt certain des projets et la qualité de leurs porteurs, nous
sommes face à un financement disparate, morcelé et non coordonné sans cri-
tères d’attribution mesurés et validés d’actions de préventions primaire (par
exemple, Santé Active et l’assurance maladie, actions diverses des fédérations
et de leurs clubs), secondaire et de soins (par exemple, SOPHIA et l’assurance
maladie, les réseaux « sport-santé », le projet MAIF et MDS de sport sur ordon-
nance) utilisant les AP comme déterminants de santé. Cet institut pourrait
piloter une entité juridique par région (exemple d’une plate-forme publique-
privée comme pour le développement du domaine spatial) qui aurait pour rôle
d’appliquer les règles définies nationalement, d’impulser et de suivre les projets
de mise à l’AP existants. Il s’agirait à la fois d’une vraie démarche économique
de création d’emploi, d’investissement utile (un euro investi sur la mise à l’AP
permettrait selon l’état de santé d’économiser plusieurs centaines d’euros en
dépense de santé – ces chiffres restant à être mieux définis par l’étude médico-
économique que nous appelons de nos vœux dans cet ouvrage). Tous les
participants y trouveraient leur compte avec un investissement raisonnable.
En effet les professionnels existent déjà dans beaucoup des entités impliquées
(DRJSCS, ARS, mutuelles, sociétés de conseil en AP…). Il faut créer une vraie
cogestion de la promotion de la santé par les AP, faire travailler ensemble
toutes les bonnes volontés enfin persuadées de l’intérêt des AP. Notre pays
est-il prêt à ce type de coordination ? Devant l’ampleur des effets négatifs de la
sédentarité et des maladies de civilisation le défi est important, saurons-nous
faire comme pour le domaine du spatial, agir en agrégeant les moyens de nos
industries de pointe et de nos chercheurs, travailler au niveau européen ? Il est
temps d’agir. Et les considérations financières ne doivent pas nous freiner :
bien au contraire, ce sera source d’économie et de dynamisme pour le pays.
La candidature de la France aux Jeux olympiques de 2024 est une chance,
elle pourrait servir de déclencheur pour développer le « sport-santé » aux
côtés du sport compétitif, comme les ingénieurs des voitures de ville s’ins-
pirent des recherches impulsées par les voitures de compétition. Sachons
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Conclusion 483
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484 Prescription des activités physiques
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Conclusion 485
• Impulser une vraie politique d’usage des modes de déplacement doux et non
polluants : marche, roller, trottinette et vélo, en lien avec la sécurité routière et
l’aménagement du territoire.
• Utiliser les événements sportifs nationaux et internationaux se déroulant en
France pour faire des actions de promotion des AP pour la santé et passer des
messages de santé (p. ex., les Championnats du monde de handball 2017 et la
Caravane du hand qui organise des ateliers « sport-santé »).
• Utiliser les réseaux sociaux et les sites Internet pour transmettre des mes-
sages de prévention et inciter à la pratique d’AP auprès des jeunes générations
et des autres publics.
• Développer les actions de mise à l’AP pour les publics âgés fragiles (transport
pour les amener au club sportif, aides financières à l’inscription en club sportif
adapté, former les éducateurs à les prendre en charge et les médecins à pres-
crire : voir le module ad hoc d’efFORMip…) et au sein des EPHAD pour les plus
dépendants.
• Créer au niveau national avec déclinaison régionale un institut public-privé
de développement des AP pour la santé qui regrouperait les financeurs : l’État
(ministères chargés de la Santé, des Sports, du Développement durable, de
l’Enseignement supérieur, INPES, IRMES…), les caisses d’assurance maladie
(CNAMTS, MSA, RSI…) ; le monde du sport (CNOSF, fédérations…), les assu-
rances santé complémentaires, les collectivités locales, et toutes les entreprises
privées intéressées. L’exemple à suivre est sûrement celui de l’organisation du
monde spatial français et l’existence d’un partenariat public-privé dans un
grand centre de recherche aérien et spatial à Toulouse cofinancé par l’État et
les industriels du secteur.
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Annexes
au moins 6 mois.
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tionnaire: 12 country reliability and validity. Medicine and Science in Sports and
Exercice 2003 ; 35(8) : 1381-95.
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488 Prescription des activités physiques
maison ou vous occuper de votre famille. Je vous interrogerai sur ces acti-
vités plus tard.
1. Avez-vous actuellement un emploi ou faites-vous un travail payé ou
non payé en dehors de votre domicile ? [travail : oui = 1, non = 0 ; 8, 9]
• __ Oui
• __ Non [passez à la 2e partie]
• 8 Ne sait pas/pas sûr [passez à la 2e partie]
• 9 N’a pas répondu
[Clarification de l’enquêteur : Cela comprend aussi les cours, les études
et les stages. Cela comprend aussi le travail bénévole et le temps passé à
chercher un emploi. Cela ne comprend pas le travail non payé fait à la
maison ou dans votre jardin, ni le temps passé à s’occuper d’une personne
à charge. Cela fera l’objet de questions plus tard.]
LIRE : Les questions suivantes portent sur toutes les activités physiques
que vous avez faites au travail qu’il soit payé ou non. Cela ne comprend pas
les trajets entre votre domicile et votre travail.
LIRE : Tout d’abord, pensez aux activités intenses qui vous ont demandé
un gros effort physique au travail. Les activités intenses font respirer beau-
coup plus fort que d’habitude. Il peut s’agir d’activités comme porter des
charges lourdes, creuser, faire de la maçonnerie ou monter des escaliers.
Pensez seulement aux activités physiques intenses qui ont duré au moins
10 minutes d’affilée.
2. Ces 7 derniers jours, pendant combien de jours avez-vous fait des
activités physiques intenses au travail ? [de 0 à 7, 8, 9]
• __ Jours par semaine [si la personne répond 0, passez à la question 4]
• 8 Ne sait pas/pas sûr [passez à la question 4]
• 9 N’a pas répondu [passez à la question 4]
[Clarification de l’enquêteur : Pensez seulement aux activités physiques
de ce type qui ont duré au moins 10 minutes d’affilée.]
[Clarification de l’enquêteur : Le travail comprend le travail payé et non
payé ainsi que les études et les stages. Tenez compte de tous les emplois et
du travail bénévole.]
3. Quand vous avez fait des activités physiques intenses au travail au cours
d’un de ces jours, combien de temps y avez-vous consacré en moyenne ?
• __ Heures par jour [de 0 à 16]
• __ Minutes par jour [de 0 à 960, 998, 999]
• 998 Ne sait pas/pas sûr
• 999 N’a pas répondu
[Clarification de l’enquêteur : Pensez seulement aux activités physiques
de ce type qui ont duré au moins 10 minutes d’affilée.]
Précision pour l’enquêteur : On recherche une durée moyenne par jour.
Si la personne interrogée ne peut pas répondre parce que le temps consacré
aux activités varie beaucoup d’un jour à l’autre ou bien parce qu’il y a une
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494 Prescription des activités physiques
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Annexes 495
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496 Prescription des activités physiques
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Annexes 497
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498 Prescription des activités physiques
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Annexes 499
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500 Prescription des activités physiques
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Annexes 501
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502 Prescription des activités physiques
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Annexes 503
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Glossaire
Accident (AC)
La définition des accidents découle de celle des traumatismes. Ceux-ci sont répartis
en deux groupes :
• les traumatismes intentionnels qui comprennent les suicides et tentatives de sui-
cide, les agressions et violences, les faits de guerre ;
• les traumatismes non intentionnels qui constituent les accidents à proprement
parler et que l’on répartit habituellement en :
– accidents de la circulation,
– accidents du travail,
– accidents de la vie courante.
Accident de la vie courante (Acc. VC)
C’est généralement un traumatisme non intentionnel qui n’est ni un accident de
la circulation ni un accident du travail. Il y a quelques exceptions : par exemple, les
effets secondaires des médicaments ne sont pas considérés comme des Acc. VC. Les
Acc. VC sont usuellement répartis selon le lieu ou l’activité :
• les accidents domestiques, se produisant à la maison ou dans ses abords immé-
diats : jardin, cour, garage, et autres dépendances ;
• les accidents survenant à l’extérieur : dans un magasin, sur un trottoir, à proximité
du domicile, etc. ;
• les accidents scolaires, incluant les accidents survenant lors du trajet, durant les
heures d’éducation physique et dans les locaux scolaires ;
• les accidents de sport ;
• les accidents de vacances et de loisirs.
Il peut y avoir recoupement entre les catégories d’Acc. VC : par exemple, un accident
de sport peut aussi être un accident scolaire, ou un accident de loisir. Par ailleurs, de
même qu’il y a recouvrement entre les accidents du travail et les accidents de la cir-
culation (plus de la moitié des AT sont aussi des AC), certains accidents peuvent être
considérés à la fois comme des AC et des Acc. VC, selon la définition effectivement
retenue : par exemple un accident de bicyclette peut à la fois être un accident de la
circulation et un accident de loisir.
Activités physiques (AP)
(voir figure 1.1) Les activités physiques incluent le Sport de compétition et le sport
non compétitif (on les classe dans les AP de loisirs), on parle alors dans le second cas
d’activités physiques et sportives (APS), à leurs côtés existent les AP informelles et
non codifiées, non compétitives, non institutionnalisées. On parle d’AP dès qu’il y a
activité motrice volontaire en l’absence de compétition (sans distinguer le type d’AP,
du jogging à l’escalade, de la natation au football…) et à un niveau de dépense éner-
gétique supérieur au seuil de la sédentarité. Ce seuil est estimé à un niveau de VO2max
de 14 mL/min/kg chez le sujet âgé ou malade (seuil de la dépendance physique ou
de la perte d’autonomie). Le seuil de VO2max habituel est autour de 35-40 mL/min/
kg pour un sujet masculin adulte jeune non sportif. Ce niveau d’aptitude physique
correspond à la possibilité de pratiquer des APS, mais aussi des activités physiques
de loisirs (jardinage, laver sa voiture…), ou de nécessité professionnelle, ou de vie
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506 Prescription des activités physiques
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Glossaire 507
Microarchitecture osseuse
Organisation microscopique du réseau interne de l’os.
MET (metabolic equivalent task)
C’est le rapport du coût énergétique d’une activité donnée sur la dépense énergétique
de repos. 1 MET équivaut à la dépense énergétique d’un individu au repos soit 3,5 mL
d’oxygène/min/kg ou 1 kcal/min/kg. On quantifie la dépense énergétique liée à des
activités physiques en MET, par exemple un jogging à 8 km/h représente 8 MET. Pour
les correspondances en MET de la dépense énergétique vous pouvez vous référer au
compendium d’Ainsworth publié en 20001 et accessible à l’adresse Internet : preven-
tion.sph.sc.edu/tools/docs/documents_compendium.pdf
Période « off »
Période au cours de laquelle les médicaments ne maîtrisent plus les symptômes. Elle
survient généralement avant qu’une dose de médicaments ait commencé à agir ou
quand la dernière dose perd de son efficacité.
Période « on »
Période au cours de laquelle les médicaments soulagent les symptômes.
Prévalence
La prévalence est une mesure de l’état de santé d’une population à un instant donné.
Pour une affection donnée, elle est calculée en rapportant à la population totale
le nombre de cas de maladies présents à un moment donné dans une population
(que le diagnostic ait été porté anciennement ou récemment). La prévalence est une
proportion qui s’exprime généralement en pourcentage.
Prévention primaire
Elle a pour but d’éviter la survenue des maladies. Elle concerne aussi bien les indi-
vidus (recherche, information, éducation) que les structures (p. ex., politique de la
jeunesse, EPS à l’école, interdiction de certaines publicités, etc.). Elle s’inscrit dans
le long terme et doit, si possible, intervenir dans la vie des individus dès leur plus
jeune âge.
Prévention secondaire
Elle tente de recenser le plus tôt possible les changements qui sont à l’origine d’une
maladie. Elle s’attaque aux situations à risques et tente de les contrer (notamment par
des examens de dépistage).
Prévention tertiaire
Elle vise à éviter les complications de maladies et les rechutes. Elle consiste en
mesures destinées à réduire les incapacités, les invalidités et les inconvénients ainsi
qu’à améliorer la qualité de vie (voir banque de données en santé publique : glossaire
européen en santé publique : www.bdsp.tm.fr/Glossaire/Default.asp).
Qualité de vie (QV)
Concept multidimensionnel qui représente la satisfaction générale d’une personne à
l’égard de la vie et la perception qu’a un individu de sa place dans l’existence, dans le
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508 Prescription des activités physiques
contexte de la culture et du système de valeurs dans lesquels il vit, en relation avec ses
objectifs, ses attentes, ses normes et ses inquiétudes. Elle correspond à la perception
que le sujet a de l’impact sur sa santé, de sa capacité à réaliser et à apprécier les
activités de la vie quotidienne d’un point de vue physique, mental et social. La QV
explore la situation dans les domaines de la santé physique, cognitive, émotionnelle
et sociale. Les principales dimensions explorées par les instruments de mesure sont :
• état physique : autonomie, capacités physiques ;
• sensations somatiques : symptômes, conséquences des traumatismes ou des procé-
dures thérapeutiques, douleurs ;
• état psychologique : émotivité, anxiété, dépression ;
• relations sociales et rapport à l’environnement familial, amical ou professionnel.
Réentraînement à l’effort
Thérapeutique physique encadrée souvent en milieu spécialisé ayant pour but de
lutter par les AP contre le déconditionnement à visée de stimulation des appareils
cardiovasculaires, ostéo-articulaires, respiratoires, des métabolismes énergétiques,
des performances cognitives… Dans l’esprit de l’auteur, cette phase prépare à et
débute la réhabilitation à l’effort. Un synonyme pourrait être reconditionnement
physique à l’effort.
Réhabilitation à l’effort
À ne pas confondre avec le mot anglais rehabilitation qui se traduit plutôt par recon-
ditionnement physique. Nous l’employons ici dans un sens plus large. Pour nous, la
réhabilitation se joue sur du long terme et inclue le reconditionnement sur le plan
psychique et physique, l’éducation thérapeutique, l’apprentissage de l’hygiène de
vie, l’éducation nutritionnelle, l’insertion sociale et l’autonomisation de la pratique
régulière d’AP par le sujet chez lui, seul ou en groupe ou en association sportive. Un
synonyme serait réadaptation.
Résistance
Aptitude à réaliser des exercices supra-maximaux, c’est-à-dire au-dessus de la puis-
sance maximale aérobie (PMA). C’est le cas de la plupart des exercices de renforce-
ment musculaire (en musculation avec ou sans charge). Parfois, les auteurs assimilent
les exercices en résistance aux exercices de renforcement musculaire avec pour but la
prise de masse musculaire et/ou de force.
Sarcopénie
Diminution de la masse musculaire liée à l’avancée en âge.
Sédentarité
Mode de vie comportant un niveau faible d’activité physique. Une faible dépense
énergétique et une faible sollicitation des grandes fonctions physiologiques et méta-
boliques y sont associées. Elle s’exprime « par une condition physique médiocre avec
une faible capacité d’adaptation à l’effort ».
sport
Toutes formes d’activités physiques qui, à travers une pratique organisée ou non,
ont pour objectif : l’expression ou l’amélioration de la condition physique ou
psychique, le développement des relations sociales ou l’obtention de résultats
en compétition de tous niveaux (Charte européenne du sport révisée en 2001 du
conseil de l’Europe, comité des ministres). Dans ce cadre, on parle d’activités phy-
siques et sportives (APS).
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Glossaire 509
« Sport »
Au sens strict, le Sport est une activité physique réglementée et codifiée par une
instance légiférante (une fédération agréée par le ministère chargé des Sports) qui
se déroule dans un temps et un espace en vue d’une compétition visant l’accomplis-
sement d’une performance. On parle de Sport de compétition.
VO2max
Le débit maximal d’oxygène se calcule par calorimétrie indirecte appelée méthode
directe grâce au recueil des gaz expirés (CO2) et inspirés (O2). Il mesure la capacité
maximum de distribution et de transport de l’oxygène par le sang et d’extraction de
l’oxygène par le muscle. Il s’exprime en mL d’O2/min/kg de poids corporel. C’est une
mesure de l’aptitude aérobie. À VO2max correspond la puissance maximale aérobie
calculée sur ergocycle (PMA) et en course à pied la vitesse maximale aérobie (VMA).
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