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BHO) polallg yoo Coll) a3oo f FoOAollZ+ | 48+MoFEI A +BSQEUTI A +LoOGolEl +FEIHKolE! | FACULTE DES LANGUES, ARTS ET SCIENCES HUMAINES Pre Asie BELKAZ seseesseesnecsseeene Be 2 a pe 14 p. 22 24 - Le XXe sidcle en tout ct pour tout... - Histoire /Valeurs / Pensée révolutionnaire / L’ Absurd - L’Existentialisme. ~ Destin de Pespéce humaine/ Emancipation/ Libération ... ~ Etat garant / Etat de droit 00.00.0000 sereeersecesesesesDe 42 weep. 54 peeeeeeeeenereee De OO p. 61 - Documents - Notes de synthése .... - La Sécularisation - Est/Ouest — L’Union Européenne............ - Courants littéraires et artistiques. - La notion d’Jntellectuel ..............- ~ La séeularisation et laicité . -Le totalitarisme. Histoire et apories d'un Concept ... - La notion d’intetlectuel engagé chez Sartre +L’Homme révelté de Camu: - Monde clos, univers infin ~ Pour une histoire politique de l’environnement........ Le We vk entoilerpouw boul Lthistoire des idées du XXéme siécle est une gageure car ce siécle ést profus, hybride, incontoumable, marqué par une forte discontinuité exigeant des approches multiples. Le XXéme sitcle frappe par !a pluralité des systémes, des progrés essenticls, des iitations profondes, des courants et des corps d’idées faits de positions et d’ oppositions. Parler du XXéme siécle, c'est parler de la fin de fa bonne conscience et de la culpebilité, et du développement progressif de la communication et de la sécularisation (laicité, éducation généralisée, soxualité libérée, croyances religieuses limitées @ la sphére intime de le personne) ; o’est parler des changements sociaux, des modes de vie, du choc des événements, des turbulences de M'histoire, des découvertes scientifiques, de l’epport de la psychanalyse, des droits de individu, ete, Pindividu devient conscient de cette nature sociale divisée (croyances, classes...). Sans oublier le principe esthétique de la différence et de la liberté joueuse, avant-gardiste qui a touché la peinture (absence de la tyrarnie du figuratif..), Vécritare (conscience des codes, importance du langage, ‘crise dé la représentetion), extension du pouvoir de image. Le choc des événements et le renforcement du sujet comme catégorie centrale ont tsansformé Ja conscience pour en faire une conscience historique, réceptive, une conscience de Ia crise et des tensions. Le conilit est presque Ja condition de homme contemporain. Dine certaine fagon, le XXéme sigcle « laissera probablemeni Vimage d'un temps maléfigue et provoque un séisme dans les esprits » (les guerres, ies totalitarismes, le fascisme, les conflits @indépendance, les conflits régionaux, les radicalismes religieux...). Siéele de contradiction, d°évolution précipitée, de dissensions fortes, le XXéme siécle représente (pour Ja France qui nous conceme) la dynamique sociale, le principe de mouvance, le principe de la régutation ct de lalternance dans I’Etat de droit, Et lorsqu’on récapitule les grands moments du XX&me siecle, il n'est pas étonnant de le décrire comme le temps des ruptures : l’Affaire Dreyfus, la colonisation et la décolonisation, les deux grandes guerres, I'émancipation de Ia femme, le contrSle des naissances, les contestations de ta société, les mutations des structures socio-économiques, les fluctuations sociales, le développement des loisirs. Penser le XXéme sidcle, c°est le reconsidérer & travers Je prisme des individualités, des structures de pensée, de l'esprit des générations, des partis-pris idéologiques. Cela veut dire que le eréateur, artiste, ’écrivain, Pidéologue~ puisque la création et la pensée sont la clé de ‘Yoite de toute histoire des idées ne peuvent s*abstraire de I’écologie politique et sociale, La chose Jittéraire se manifeste dans le dévoilement de la chose réelle qui agit avee pression sur Ja solitude de Pécritere, Lresprit se raccorde au temps parce qu’il n'y a plus de continuité longue, de stabilité dans Pordre politique. Cheque temps impose ses signes, ses possibles Jusqu’a lépuisement des possibles 2u point que, selon Valéry, les civilisations sont devenues vraiment mortelies : exploration intense de Ja modemité, des expétiences historiques, crise et quéte des valeurs, Si on cherche a savoir les racines de cette crise, on peut trouver explication dans Vaifaiblissement du catholicisme qui ne peut plus guéte pritendre au rOle de consensus idéologique qu’il jouait cuparavant : « la séparation de I'Eglise et de !'Etat, l'irruption de la morale laigue diffusée et ramifiée par t’école publique et obligatoire vont décomposer Punité idéologique antérieure en instaurant de nouvea.x antagonismes» : par le mouvement de Pidéologie laique, rationaliste, progressiste ... Ceei a donné jour a une diversité doctrinaire et des débats sur Videntité, le devenir de la société, les libertés individuelles... Et c’est justement ce qui caractérise le XXéme sigcte : la libre « coexistence des esprits cultivés, des idées les plus dissemblables, des principes de vie et de connaissance les plus opposées ». Dans cette hétérogénéité, beaucoup de progrés dans les savoirs s’accomplissent isrésistiblement mais dans des sooiétés marquécs par lindividualisme, la sécularisation, te désenchantement eltené selon les périodes, la dimension politique (partage entre libéralisme et réformisme, réaction et progrés), les nouvelles formes de Pintelligence scientifique, Lhomme moderne découvre que le réel est voilé (Bernard d’Espagnat), que le monde est complexe, non réductible au déterminisme. « Nous ne sawrons jamais ce qu’est la réalité ullime du monde. Seul nous est accessible le rapport entre le sujet connaissant et la chose & reconnatire, la carte n'est pas le territoire » (Bruno Jarrosson, Histoire des idées, (Collectif), Ellipses/poche, 2013, p.53). La connaissance se fait 4 travers des systémes, des modiles, des pettinences, des conjectures stables ou instables, des possibles, des réfutations a Pintérieur de communautés scientifiques fondées sur le rationalisme critique et 'humilité de la recherche et ‘non sur Je tyrannie de la vérité. Ce qui est propre 4 la science va l’étre méme pour les arts et les sciences sociales dans Ie sens of tout est dans le possible, la quéte, la concrétisation de nouveaux paradigmes. Cela veut dire que les sciences sociales, Ia littérature, les arts vont étre de plus en plus autonomes par rapport & autres instances. Lautonomie de Fartiste, du chercheur consiste .A se donner son propre paradigme, ses propres régles, l'inverse de F « hétéronomic » (la loi zegue par un tiers, par l'autre), Cela a déja bien commencé au XIXéme siécle avec le déclenchement de Tautonomisation du champ des arts (voir P. Bourdieu, Les Régles de Uart), L’autonomie n'est pas la négation du cadre social de l’exércice, mais c’est le cadre de vie et de pensée qui Sabstiennent de critéres normatifs pour les actions a entreprendre. Cela explique péle-méle Pinnovation psychanalytique, art abstrait, le surréalisme, 'anthropologie, cte, Car il ne faut Pas oublier que face & ces innovations, il y a la résistance ou la force de domination des morales conservatrices dans les institutions de transmission (Wécole, Puniversité, |"éducation familiale, les appareils d°Etat...). Cette évolution de la société frangaise trouve sa source et ses origines dans justement les grandes aventures de l’esprit, dans les débats esthétiques, idéologiques, dans la profusion des styles, des doctrines (politiqies, philosophiques, esthétiques). Tout cela se fait sur un, fond de conflits, de guerres, de tensions sociales (les guerres mondiales, le colonialisme, les *"polifighes du ‘progiés ‘soéial, avec la révolution russe et ses effets sur Europe, le front populaire, I'affaire Dreyfus...) Le XXéme siécle est celui des paradoxes, des possibles intellectuels et en méme temps dc Pépuisement, de te crise de ces possibles par les revers des doctrines : totalitarismic, faseisme, nazisme ; avec aussi la fin des visions impéricles du monde : (décolonisation, guerre froide,...). D’un e6ié on a les grands moments de violenes, de Pautre les pensées de déverrouillage, de ta libération (mouvement f¥minin, le recentrement sur le sujet, Jes Philosophies de T'étre, de Ja liberté, les avant-gardes, l’ére du soupgon...). C’est un véritable siéele dialectique, caractérisé par la violence et utopie, le progr’ et la désillusion, Cela vient du fait que le principal moteur de I’Histoire resie Pidée de progrés, Pidée de ta transformation du destin, du sort des hommes en société. De tout temps, il a existé un idéal de transformation des sociétés par les institutions ou par la violence. On a toujours pensé que la société devait étre transfigurée et cette transfiguration a toujours tourné autour du biea-€tre matériel et du droit. Cette idée s*est développée au XXeme sigcle jusqu'a constituer une alternative a la religion par la leicisation de ta science, de !"Etat, des mecurs sociales, de ’éduction. Cela dans Je cadre @une vie collective. D'une étape Pautre depuis le XVIHme siécle, on constate le renforcement des structures sociales fondées sur ia coopération sociale, sur la régulation peécise du comportement des individus, selon des régles, des contraintes générales comme Vaffirme Norbert Elias dans son ouvrage. La Dynamique de POccitent (pp. 312, 313, éd, Pocket) La coopération sociale «Aucune société ne peut exister sans une canalisation des pulsions et émotions individuelles, sans une régulation précise du comportement de chacun. Cette régulation est inconcevable sans contraintes, et toute contrainte se traduit cut niveau de ta personne qui fa subit par une crainte. It ne faut pas se faire d'illusions. Lét oi des hommes vivent ensemble, sous quelque statut que ce sett, [8 oi ily a confrontation d'ambitions et d'actions, que ce soit cu travail, dans les relations sociales ou amoureuses, la production et fa reproduction de craintes est une nécessité inéluctable. Mais on aurait tort de croire ou de tenter de se persuader que les préceptes et les peurs qui marguent de leur empreinte le comportement des hommes de notre temps soient nés du seul besoin de rendre possible la cohabitation humaine, qu’ils constituent, tels que nous les voyons sous nos yeus, le minimum de contraintes et de craintes nécessaires pour assurer la balance entre tant de désirs divergents et garantir la ‘permanence de Ja coopération sociale. Nos codes de comportement sont aussi contradictoires, aussi disparates que les formes de notre vie sociale, que les structures de notre 5 société. Les contraintes auxquelles chaque individu est soumis, ies craintes et Jes angoisses qui en sont le corollaire, sont déterminées, quant & leur nature, & leur intensité, a leur structure, par les contraintes d’interdépendance propres & notre édifice social, par les différences de niveau et ies fortes tensions qui le caractérisent ». Cela est fondé aussi sur Pidée d'un Etat moderne qu’on appelle 1Ftat intégrateur qui s’est bien développé au XXéme sidele comme le souligne Norbert Elias dans gon autre ouvrage La Société des individus (6d. Pocket, pp 270-271) : L’Etat intégrateur «L'intégration pratiquement compléte de tous les citoyens dans Vorganisation de l'Btat ne s'est effectuée au sein des Etats parlementaires européens qu'ax cours du XXéme siecle. C'est seulement avec la représentation parlementaire de toutes les couches de la société que l'ensemble de leurs membres ont commencé & considérer I'Etat comme une unité du nous et moins comme un groune.dont on parlait & la troisiéme personne du pluriel. C'est seulerhehi Cours des dewx guerres mondiales de ce siecle que les populations ce des Eigts iaqustiels Jes plus développés ont pris le caractéreé de nations et les Etats “correspondants’ d'Etats nationaus. On pourrait dire que les Etats rationaux sont nés dans les guerres et pour les guerres. Cela nous explique peut-éire pourquoi le niveau d’intégration de t'Biat revéi aujourd'hui, entre les differents niveaus de Videntité du nous, un poids particulier et surtout une valeur affective particuliére, Dans la conscience de ta plupart des individus qui en font partie, le niveau d'intégration de 1'Etat reves, plus que tout auire niveau de l'identité du nous, la fonction d'unité de survie, d’unité de protection envers et contre tout, dont dépendent la sécurité physique at l'existence sociale au travers des pires affrontements entre groupes humains et mame dans le cas des plus terribles catastrophes physiques. Le double sens due credo national repose entre autres choses sur le fait que la fonction de I'Btat en tant qu'unité de survie, protecteur et garant de la séeurité de chacun de ses ressortissants est coupiée avec lexigence imposée & chacun des citoyens d'éire prét a sacrifier sa vie, de s’engager & mourir si les gouvernants Je jugent nécessaire pour la sécurité de l'ensemble sie la nation », La primauté de Vindivida Mais Pidée ds progrés, du renforcement des structures sociales, de ’Etat intégrateur sont inséparables de l’idée de la valeur de Findividu. 1 est devenu courant @affirmer que lindividualisme représente dés le XXéme siéle le propre de la civilisation occidentale ct ’épicentre de la modernité. L’individualisme repose sur la couviction que la société est composée d’ensembles (classes, groupes...) et d’étes inréductibles seuls 4 ressentir, agir et penser réeliement dans leur singularité ; avec pour. vocation I"autonomie dans le cadre de normes collectives. L’individu est ma par es intéréts particuliers qui aménent & vouloir vivre selon ces intéréts, ces désirs, ces passions. C’est une question de liberté, de souveraineté, de conscience de soi, Toujours Geas le cadre d’une synergic relationnelle et interactive, de modes de socialité contractuels, juridiques, politiques, protecteurs justement de la liberté individuelle et Bénérateurs d'une société ouverte. Ici Pindividu est un sujet et s'oppose au communautarisme ol ie nous organique Vemporte sur les subjectivités. Il est fe vecteur d'une éthique des droits de homme. I est lié au progrés et aux transformations modernes de la société. Il s'est déployé progressivement’ et conflictuellement depuis le XVIlléme siécle en tant que processus d’émancipation, par les bréches ouvertes dans Porganisetion économique, stciele, juridique deta. vie courante, Cette évolution én s‘opérant institue individu en sujet séparé, indépendant, mant ses aspirations par la reconnaissance de son droit naturel de propriété, de lore disposition de soi dans une société démocratique libérale. Cette émancipation de I'individu est croissante et conerdte a partir du XiXéme siecle ob les penseurs dépassent la catégorie trop générale de Pindivide en soi pour S‘intéresser & Pindividu singulier qui prend corps comme étre agissant au sein de la 7 société par Pexigence de la privatisation de I’existence. Cela cesse d’étre l’apanage de quelques uns pour s’étendre au fur et & mesure a de grands pans de la société. Cela est soutenu par les réflexions de Tocqueville, B. Constant, la tradition romantique, Stier, Nietzsche, Stuart Mill X. Alain Laurent synthétise ces questions de la maniére suivante dans son livte Histoire de Iindividualisme (Que sais-je, pp. 47 - 54-55) : CC grand bouleversement sociologique et psychologique des meurs a éié analysé par Théodore Zeidin dans les Passions frangaises, sous la forme d'un combat de libération : « La forme la plus évidente de ta résistance a été (au XiXéme siécie) la montée de Windividualisme avec sa premiére manifestation, le désir d’étre différent de sa famille (...), la moniée des idéologies, le désir de s'affirmer par des idées, est une autre forme de Vindépendance. Comme une nouvelle conception de l'amour qui refuse d'obéir aux considérations de ‘la raison ou aux intéréts famitiaux. Rébellion dans Vart aussi. Les artistes de cette période ont commencé & exprimer leur individuaitié, en pleine liberté, se dégageant vigoureusement des contraintes et des canons de Vopinion ». «John Stuart Mill est ainsi l'un des tout premiers auteurs & s'insurger contre Uoppression « sociologique » du groupe et & voir dans le non- conformisme existentiel la vraie marque de la liberté de l'individu : les droits de vote et de propriété ne sont pas tout et ne sont méme rien sans le respect d'une liberté de vivre sa vie selon sa propre faniaisie et sans se cacher ni éire montré du doigt... S'il insiste tant sur le conflit possible entre individu et société, c’est que le droit & la différence individuelle et de rompre avec la tradition est loin d’Btre alors méme en Angleterre totalement respecté. Au sein idualisation global surtout centré sur la sphére politique, d'un proces d’indi économique et religieuse, Vindépendance individuelle dans la vie sociale demeure & mi-siécle beaucoup plus wn idéal qu'une réalité pour ceux gui y aspirent » Malgré les résistances bien particuliéres de Panti-individvalisme réactionnaire (le retour & l'idée de 1a famille, au conformisme du groupe, de la nation matricielle, etc.) ou de l’anti-individuatisme progressiste (la primauté du collectif, la négation de la propriété), fe XXéme sitcle fera évoluer Pindividualité comme valeur humaniste cardinale, tout en se déclinant en plusieurs formes ; Vhédonisme, fe libéralisme, le consumérisme, la liberté d’expression, 1a consommation culturelle de masse, la connexion avec I"éthique des droits de homme, la permissivité' et ses limites, lévolution des formes familiales... Cotte multiplicité des aspects de Tindividualisme est inséparable avec le systeme démocratique comme dynamique historique comme laffitme A. Laurent (op. cite pp 5 ~116~117 — 118-119-120) «Au travers de cette « égologie » généralisée transparatt la tendance des individus a s'assurer de droits noweoux et a conguériy des libortés conarétes pour vivre selon leurs désirs sans dépendre de modéles uniformes et siéréonpés Imposant des réles sociaws, Le mouvement d'émancipation Feministe (c'esti-dire fa revendication des femmes d’étre enfin aussi considérées comme de libres individus pouvant choisir leur vie et disposer de leurs corps), la libération des murs sexuelles et familiales, la montée du _ divorce et ca céibat sont autant d'expressions de la révoltion individualiste (na substi Fndipendance privée aus appartenances obliges: Quant cere qui n'ont détibérément recherché ou accueil avec faveur cette émancipation er la subissent, is ne pewvent pas faire auurement qu’apprendre 4 choisir par ews- mémes parmi une multiude de modéles possibles et gérer Vincertitude d'un monde sans repéres oit l'individualisme s ‘impose méme a ceux qui n'en veulent as. I est d'aillews parvenn a le faire en Allemagne, pays pourtant caractérisé ar wn légentaire tropisme communautaire et hostile. Or, selon la sociologue Helge Pross (Was ist heute Deutsch ?, 1982), la priorité pour les Allemands va désormais aussi dU’ « individu et son épanouissement »: e'est-é-dire te bonhew dans la vie privée, la réduction des contraintes sociales, la possibilité de realisation de soi et la disparition de ta propension @ se soumetire & l'autorité et accepter que les aspirations individualistes puissent étre subordonnés & ceux d'une collectivité, classe, parti, nation ou Etat »-. «Diune maniére: générale, partout dans fa société européenne une nouvelle socialité, dont l'individu indépendant est Vépicentre actif, cherche & Sinventer au-dela de la simple émancipation, Voiture individueile, accession & ta propriété privée du logement souvent objet d'un fort réinvestissement affectif (cocooning), consommation de biens et de services de plus en plus individualisés (prévus pour un seul individu) et personnalisés (adapiés aux désirs d'un individu singulier), recours & des objets technologiquement autonomisant (magnétoscopes, micro-ordinateurs personnels...) ou a des services définis par le « self » ow I'¢eauta » : bien des innovations concourent a confirmer l'individualisme en mode de vie moderne et obligé. En fait, c'est a Vensemble dit monde ouest-européen que peut étre élarg! le diagnostic que le sociologue Henri Mendras formule & propos de la conversion récente de la sovisié francaise 4 I'inaividialisme de masse. Aprés avoir noté que « I'individualisme fait de tels progrés qu'il n’est plus une idéologie mais une maniére d’étre commune a tous », H. Mendras remarque dans La seconde révotution frangaise, 1965-1984 (1988) que « Vindividualisme prociamé a la Renaissance a enfin pénétré dans les arcanes les, plus intimes de la société jusqu'é donner @ chacun la liberté de dire non et de disposer d'un pouvoir, si minime soit-il » Ld oit les adepies d'une lecture holiste du social perséverent & voir des phénomenes de « déchirures du tissu social », de risque de rupture du lien social, d'« anomie » et d’caiomisation » annonciateurs de la décomposition continue des sociéiés oceidentales, on peut préférer parler d’un redéploiement det primat des valeurs de l'individualité autonome et & partir de l'extréme diversité dividuel générateur d'un processus de recomposition sociétale. Sous le 10 des trajectoires singulidres, s'inventent et s'auto-organisent les nouvelles régles dl jeu dle la convivialité dans les sociétés hautement complexes et ouvertes. » « Rétrospectivement, il est clair que la figure de Vindividu et la Uberté comme valew humaine supréme émergent et prennent historiquement consistance en intime interrelation. L'individualisme est bien avant iout Vaffirmation et le développement de la liberté individuetle, de la liberté ‘pour Vindividu de se choisir (autonomie) et d'agir en conséquence dans la société et par rapport aux autres (indépendance). » «Lhistoire de Vindividualisme aurait done un sens révélam celui de Uhistoire de l'Occident, sinon de Uhumanité en général: Lavénement de la fiberté par W'individualisation progressive des conduites unaines — et le renversement des rapports entre le « soi » et le Tout ». «Le développement de la liberté individuelle ne comportant pas nécessairement en Iui-méme le principe de son bon usage, lindividuatisme « postmoderne » est porteur de dérives subjectivistes qui risquent d'entrainer une chaotique juxtaposition de conduites irresponsables (non-respect du droit des autres, Won-conscience des contraintes minimates impliquées par la vie en ivistes (effets pervers de l'égalité : « Tout se vaut », « A chacun sa vérité et ses-gottts »). Autant de dégradations possibles qui, en se vérifiant, peuvent le disqualifier et alimenter de nouveaux procés idéologiques contre lui». Crest Evident que Ja figure de individu est une figure ‘moderne comme je résume bien le sociologue F. Dubet dans son livre de synthése Dans quelle société vivons-nous (Seuil, pp. 44-45.) : «La figure de V'individy est wr produit de la modernité culturelle et de la complexité « fonetionnelle »attachées & Vidée de société Elle s ‘oppose a celle de homme de la communauté qui serait entidrement subordonné aux uu croyances collectives, aux codes culturels ritualisés , au contréle du groupe, Liindividu moderne surgit quand les valeurs universelles s'imposent sous le double scéau de la Raison critique et de la foi personnetle détachée de Vobligation rituelle. 1 émerge des lentes mutations et des ruptures de la Renaissance, de la Réforme et des Lumitres. En méme temps, t'individe moderne est engagé dans une société fortement différenciée, il est confronté & des réles multiples et autonomes, souiis & des stimulations nombreuses at complexes. Le, controle. social est de plus en plus subjectif{ chacun se sentant maitre de ses choix et de sa vie. Les codes sociaw: sont remplacés par des régies morales intériorisées, par des obligations subjectives, par un principe d'@ introdétermination», Dans la société moderne, Vindividu développe une autonomie sentimentale croissante, il affirme la légitimité de ses passions et celle de ses intéréis « égatstes », il dait faire l'expérience de sa liberté et de sa valeur puisque le programme de sa vie n'est plus totalement écrit, Cene représentation de l'individu balance ente deux péles contrastés. Le premier est une version « enchanté » affirmant que la socialisation est aussi un processus. de subjectivation: plus Uindivide est socialisé dans des valeurs i elles, plus il fait l'apprentissage de ta liberté et de Vesprit eritignly Pasi. dre du poids de ta tradition, plus il est pleinement un individu et cesse' d’étre le royage « formaté » de ta société dans laquelle il vit, La liberté n'est pas seulement t’oubli de la socialisation et des déterminismes ritualisés ou inconscients, elle est la reconnaissance conjointe de la nécessité et de l'autonomie morale. Cette double exigence de socialisation et d’autonomie est au centre des conceptions de l'éducation, notamment du modéie républicain tel que esquisserent Durkheim et les penseurs de ta laieité. L"éducation est sans doute une adaptation au monde tel qu'il est, mais c’est aussi l’ace’s dune rationalité autonome, & une capacité critique, elle forme dans te ménié mouvement les membres d'une société et les citoyens arrachés aux « pensées particuliéreg de leur famille, de leur classe social, de teur religion. Il faut se sowenir dee que fut la confiance dans l'éducation, de Condoreet au plan 12 Langevin-Wallon, pour comprendre & quel point la continuité entre la socialisation et l’émergence de individu powwait étre percue comme un effet et comme un idéal ». Conclusion : Le XXéme siécle est donc le sidcle de la rationalité commune et de la force de Vindividu,-de l'Etat intégrateur et de la sacralisation de I'autonomie, It représente le temps d’application de toute une philosophie politique de Vorganisetion collective fondée sur le droit, sur I'évolution du droit et’ acquisition progressive des fibertés Individuelles. Ces dew aspects sont la toile de fond d’un sigole qui na pas été épargné pourtant par les déchirements, les guerres, les contradictions. 3 LES NOUVELLES DIMENSIONS DE L HEISTOURE 1. E'Histoire gfobale LOecident s consarvé pendant de longs siécles Flluston de se trouver au centre du monde, Coch s'est particulidrement traduit gr différents processus &assurvissement des peuples appattenant& davires sosidtés amuuellas fe servage, pus la colonisation ont 4 imposés sous prétexte de civilisation. tine tos entreprise 'accuttvation exigeait que des thécries dinspration pies on meins racise vinssent ta justifier. Certain auteute a‘hésiteront pas & attacker leur nom & ces théories. sais la phipart 4x tems les poitiques demanderont& fa religien ov & fn phitosophie (vor Te can de Nintzcha) => de four foun de saidos atgumonts ‘i XO sic, épopée coloniale tauche & sa fin, Les nations esiatiques et eficaines ont presque tostes abcédé A leur indépondance, et importance du Tiers Monde ne cesse de orote, s'imposent on particulier av aivean dos o:gansations internationales. Cotte desalination collective s'est aussi traduite ‘surle plan idgologique gar apparition de syntheses originales, dues a des hommes d actin comme Gandti su Wao Tsé-Toung (vor . 347), ot & es thEericiens comme Frantz Fanon ou Albert Memmi (rir p. 332). ‘Ain notion eccidentale d'une hirarchie des cultures, s'est substtuée calle dune dgalté de tous fice & MHistoie, 2. Yars une mutation um ce mma sidcte qui annonce la libration politique ot culturelio des opp ‘monacé pat ee qui fut cans ngs est potadoralement jnsqaeta comme (instrument de sa vetoir sur fe mili naturel, c'et-2- i parle science et la technique. i aurait pu prévot cent an plus t6L que I'équiliire éotopique risque a tote Farzieot ‘ait £39 ome, gue les masses de matires premieres recéhécs dant ls tn jour défaut, que Vexalesion dmographique exposeraithumanté & des dangers ict Ceres, fa selenenehorche & ésoudra jes arobfémes aa causés son propre wiomphe, “tervention dans Fniniment gcand et éane Vinfiniert pat danaant 8 aspéror qu'etle parvenda & surmorter Ia ctice actuelle, Gn pout copondant sa domandir la pansée humaine sara toujours capable de fe projater av-devant Ge ses découveres, Le pillage tla gasnlage dos fores natoreliesinuidtet de nombreux intllectuels qi ne dissimalent pas leur pessnisme, comme £. Ger (p. 234). ans les pays hypaindusrilsés, comme 1s Etats-Unis ov Europe osidantale, une vsriteble nostalge des époquas antérsures 5st flt jour pari de pels groupes rGnant Jo retour at valeurs eaturelles. Des mouvements hostiles & ta science effiment leur volon faire sécossion avec one socith que les démons de fa tackologia of de la technocrate vot enaner a8 suicide (vor end Ein, p. 339). Bion entend, is sont objet des plus vives eritiques da ceux gui erotent au caractireinépuisable du génie humain et qu sestiment&U'arore dune Bre futures se on so arses 3, Situation de ta cutters ‘Toutes cus données nouvelles ratentissent su ie champ cultral, que ta massive mise on place d'un outillage audie-visuel a d’autre part agrandirivsin ot artists ne peuvent plus se contenter ds adcesser 2 dos dlitas issues de aristocratic ou de to bourgeoisie. Is doivent faire ta conguéte, par la rio, cxdatio ‘que seiant remis en question ses fondementsidéelogiques? = w°* AY Ss VALEURN SOCIALES yep POLITIONES 1 189 Wasions ultretios du SX" sidole fe bah ge8s ui dbrnlrent Emope au xxe ont provogsé an chor eultrol dist, Lg Gite ts oleate admins, te retour i honey f palcneeatt 6 régimes sictataroux. autant a ais en EUeaE be nets conception sete ese si dision da monde en din camps hates eg 2 List. Rl eo rislamént idgoogies avers, Fares dats 125 consinncesindvidulos des ots J} namie intaleranssaistatditichones, Hatiait du messin malgré fur formation fumoriste ot iaivdualise. Le eas wtanie Gea est eying ‘omatiquee « ae Ueppartc our te wiugare Un tstour ion du Tiers Mende sur la scéne mar ar las anal is ‘theta. il oote pour Vesci i se tansterme {2letirs on homme d'action, comme Any Malraux, fat par. ei tana rszentent in ten iustifer ta validite ‘onan sr une zany aie des sustons te ine 2 es yramies tondantes critiques wor TL chetche & sassurr, dune part, dy frafatin de son existence inc siete, sate part venice ellartns 42 intiton quo salut ds ehecan eee detous tanarytdbnendants. Ovals est fw solion? Losey Sauilicnne? Lingividuatisme Shima? Cmancipat merle préanisde pr Beawoi? La ibration Caprtsttareaseh fa S Scltion.sofon sa sitting histoxiqen - Ag fi. LE MANIFESTE DE LA PENSEE REVGLUTIONNAIRE 1, Le macérialisme diniectique Le marsieme est fondé sur une camaissance soiemtitique de Io réalité sociale, De cotte sconce dig une politique. ~ Bien avant Marx des éléments importants aveiont até réunis. Les dconomistes anglais de Ig tha iu XVU side avaient découvert que ls travail était fo rapport fondamental de home avec fa nate, Ala ame époque, les matérslstes frangais dégageaient wn certin nombre de lois de a natura; loe bist. viens pricédant Marx disceradrent les rapports do forces ente les grands groupes sociaux. |» piilasopby allemand Hegel a rompu détinitivement avec Yillsion d'un oftre universet harmoniewx; es sacialites ‘comnee Prouon ou Fourier ont gréparé une révision de fa condition faite eu travileur, Le pénia de Marx ~ sidd par Engels — fut de synthétser toutes ces iées qui stant atant dex. pressions del civilisation industrielle moderne, et de ronstituet, 8 paride ces aspirations, ene conception iu onde cohéreste. On peut distigwer wis étopes dans ce procossus : + 1848-1807 : Mere eomprond quo économie celéve d'une étude scien + 1848-1850 2 if découvr lo (Blo historique du prolétait. + 1857 si rvéle la structive contratistoire du capitalism. Pris dans toute san aupleur, je maraisme est appelé « matéialismé diaestiques, de fait de ses exe comyossntas essontillas : te matéialisme philosophique, Ia théorie des conteatictions empruntée & Hegal (ia wlafecigae), Catt expression definit bien lo marxisme sur fe plow historique : une reunion des dancees préaxistates & Vintérleur d'une théovie qui tes transtorme on les dépassant. ique et méthodicue, 2, La sotintogie meniste Sie travail extle rapport premier gui lie homme 3 ta nature, c'est parce que, pour subsistes, celu-ci doit produire. Toute socité est dane hatis sur des sapports de production dont la connaissance suppose une analyse des fovces productive, «'est-d-dve des conditions naturalles, des tachniquas et de la division fi ‘naval sociel Plus jes forces productives se dévelcppent, pus homme est libre por rapport & fe nature, Capendant, au state de la division du uaval, s"nstalle adzaseairament la propriété privée, gu, evans hérédivare, introdvit une distinction historique entve infdriewrset supéricurs, Ces derniers suze: parent les richesses et le pouvoir ql assurantlaur domination sur autre classe, Alsi la division des clasies. , rsulzestalla de la division du traval, Les rapports enire cos deux classes opposées ont évolué au court ‘modes de production yi se sont succéas ; te mode patrinrcal, Fest ‘copitalste os A chacun de ons stages a coresponda ua confit entre les classes en présence, une fit des classes ie développement de ce canilit constitue davantage Fhistira que las prétondus hats fats des grants hommes Est-ce qu'il ost nécessaire pour autant ddlader le factewr humain? 5 tomps selon tes iférents age. "économie Keele, I Beanemie AE ds ges do Fours, ya L, Fab dite, ans Yavanie. les qbe ses combats do cleiote, né des tornnes sesaisinaent en spectacle, ens’ Stomare ue das ues haan ye takien pnslr etre ie aise 2 im feos foes ails appsiien ones, toot eit rom Cane eliian (wi rénte comme on procust Vous Bt ows res, vous es tos res.» ‘A Soleo. Bovread raed Won, Les inées, les institutions, les idéolagies cul caractérisent chaque structures sociales doit ells dérivon, et forment elles-mémes la supecsractir, ‘éactionnate (quand elle vout eonserar le mode de provuction wctusl dans IElet), (quand elle aide & progresse ériade, oxpriment fos ti peut soit Are re révalutionnaire 4. be politique mares Mar rjette la ardsentation classique de Etat comme arbitreentee fos classes en présence Il n'est pas juste, état. aocaparé par 6 classe dominate, fustifiant par eon existence mime la etrucure sociale 4 gitine exploitation de "homme por homme Cerces, Etat a évolué comme les madas de production. I aol en particulier anragister i poussde bistosiqee des classes dominges, ot se transformer, par exemple, on Etat démocretique, Clas) appareit 4 Mary comme une formule de compronis : en effet, cans que la clase dominante y perds se sopra ‘conotrique, le prolétariat et ses esgenisations de travailleurs y voient cependant recom leur dit la ‘rotestation, & 1a contestation. Ge compromis ne poot tre towtaois que tensitaite, las forces de ysucha ‘tent veuses 2 renvosserI'équlibre & leur avantage (co oui nexcut pas que des retouts a la reaction ‘toitiére v2 viennent parfois nterrompre leur rarchok a démocratie houryeoise renversée, le prolétarat étant ux eommandes, In ystétne cepitaliste et Vavcionne strcturs de Etat soront saci. L'Etat saialite dow ratiomnefement cronisr les forces Woduotves et instawrer Ia dimocratie du proléarat dparauiscoment de la démacrtie teala Péziode cific, siweuso : est tape socialist, av terme ds laquelle yourra vaitonts'élifier le conmonisme. \'Eiat ne. dépévira qu’ co moment 18, c'est-dire quand les masses pourcont prendre ciracterent on mains Jour destin. Ce gai suppose une économie d abondance oti suppression dete Jision de a socitd on classes antaganistes, 6 VABSURDITE D’EXISTER 1 cugoloca daxisiat ‘Avec Rousseau réepnaraissait dans fa itdrature francaise le primat du moi ot de la sensibilit raison. Les Confsssioas ou es Réveries de promeneu softere conmuniquaient as lectewt Voistice ues, {ansisiits trustee, jusqu’au moment oi (anteur découvrit dans « He pur sentiment » de existence uni) ‘sourea de donhesr fait de plénitude #t &éternité. Le genre autebiographiqus, ol le aortralt et le rési; xenemrtie fonaient encore une grande place, s’enrihit done dane analyse pus fondomental pugs pose le probléme des rapports ante la constlance et existence, et quale «fal exist devient sou fie joie ov de soutience paws cette conscience, . . ‘e la fin du XVI" sigcle au début cu XIX® scl, fe sentiment dle Vexisionce deviant malaise ei: insatisfaction chao la plupart des dsivains : Saint Preax, dane La dlowvelle Héloise da Rousseau, Warther, {ans Te toman de Goethe, Cleveland, dans le roman de I abbé Prévost,sout des hires malheureux car leu. passions sont en désaceord avec le monde. Allant plus loi encore, Benjamin Constant at surtout Senenceu, “crescentent existence comme ure donnée sans satistactian : coupée, iolde du rasta du mona, pile est un vide total, ue nulie passion, nc plaisir ne peuvent sombler, Le malaise de vivre devient donc tc ennui existentol»: a génération romantiqus nelle « mal dy sitcle » et Ckateoubriond « vequs des passions ». Ge denier lo décrit dons Rend et dans les Afémolres d'ouere-tembe, C est une affection propre Fie jounasse, dont lor aspirations at bas dis sont si vits u'ls ne paavont so rGaliser dans un mondo Iimivé. « Dépotté 2, désabasé ¢ avant d'avorjouiv, le jeane homme cherchs & sejoindre son ida! rar Ia ‘mort — fits de se8 souttrances, passage &Vinconno at 3 Vlimités!” = f+ > Les ovigines de ce « mal du sizcle » se touvant sans doute ders les bouleversements solitiqers st smoraux subis por in Fronee depuis fa Révolction : changements socio, abandon d'anciennes certituics et fa eroyances ui ne sont pas encore remplacécs par un ital augue fesptit puisse s'nceracher. La x milo ‘itd historique attache & Ja Restauration, apes le tourillon de Iépopée napoldenicnne, eonts-ue & ‘onforcer chez es rocantiques le sentiment d'une imauissance & passer dota réveti ‘action, Au contaie, taand les conditions s'y prétent, les dorvains remantiqoes chantent Vivresse ce action libératvice + tins, lors des révoutions de 1848 Cependant, le malaise de existence devenst aussi on sujét de métittion pour dete: phisscohes ‘tcargors, dont fas idées inspirromt{'existentalizme 6 XX" sidcle: ent philosophss sont Schoper‘iauer (1788-1860) ot Siren Kierkegeené. Pour Schopanhavur, le «vouloirvive » est @origine Ge tout comportement hms. Uherime lett de toutes ses forces enntre tout ce qi pourrait provoquer sa destruction, mais par 18 méme il vt dons Ie ratheur st ia souffrance. doit dene renoncer& vivre nos parle suicide, mis per fa chasteté et asréciome, pour atteindee un état € dindiféronce » ou « nirvana y, selon le terme des philososhes de Ince, Pout Kierkecaaré, le malheur de Mhomme vient de cz qu'il est ne synchése da fini et de V'nfin ut est dons Uifficile 6c « scisrdme » cr il verse sot dans un « infni» qui ast «ives vide >, soit dans an « fini» sui Ini assure une vie en apparence heureuse. mais ou il sere sans mot devant Dieu », La conscience de Trristence est danc une conscience désuspéréeersss 2, Vabsurding Wexister, \Vinfluanoe de Kierkegaard, pou conni de son temps, ve fit surtout santir au XX° site sole est une dos sources de 'existentialisme cren,ilustté par 8, Marea! at Mounier. Sartre @rapris certains de ses ‘analyses, on particuier callos de \"angoisse, do ta solitude Pourtant, le thime modeme de I'absurde bst li, dans nos espits, & le période de I'aprés-guorre< comme si, justement, la Dauxiéme Gusrre montisle avatt oréé on traumatisme dont Is conséquence serct la ‘Aéoauverte du nan-sons de Yexstence, Or, les inos philosophiques de existentialism sont antiriures, que ce seit I'oume de Kierkegaerd, ou cslie do Heidegger pilosophe allemand dont owrape capital 1 'Eee ot te temps, tut publié er 1327. De plus, La Nausée parvt on 193E, La Condition Humaine, de Malay, ‘an 1983, Voyage au bout de a nut, de Céline. en 1832 : euvres qu traduisent tout le désespar dn vie ‘ui rand conscience de so multe, €= son init. Enfin, Ce Chiteau et Le Procés ds Katka ctaient ats en fangais et connus an 1238 : qui de nlus absarde que ces situations imposées au heros, sane susti- cation et sans issue? ‘absurd, entr'apergu par Malraux, Céline et Katka, comé avec plus de préision par Saree dans ‘Le Monsée (voip. 108 ot p. 118), devient donc ix fordamon* do Fexistentialisme cauverte d'une cxisienoe inéductible & umn princine rationnel, vertige devont cette donnée brute tee e'flleurs parla mort. On peut en prendre brusquement conscience, et il se révéie toujours de maniare inattondne bouieversante. La rupture ov’ intodtit, on roman tout avtent qu'une piéce do théétre ak un essai plo sophique, peuvent le décrre. Aussi lus existentialistes sont ds romanciers, dramaturges et essavites 3 Sartre geri Co Wausée, mais aussi Les Movckes: Las Maine sales, Huis clas wt {Bie ef fe inne: Carus, CEtranger, Coligea, Le Mytho do Sisyphees'=s.* Cependant,« absorde » ne deviant pas un « monopole» existentialist. De méme ou’ a'y et pas on existentialisme, mais diverses pensées contréos autour de fa découvarte de Vetsarde, nutes écivans, fui ne se récloment pes de ce movement, comme Samuel Beckett, eréent un monde de desesnoir ci Phorame, fantooke porlant attend ce qsi ne viandra pa, AE Albert Camus est né on 1913 & dloniovi, on Alivie. Aprés une enfance Daneore, fant des exudes de philosophic & Alger, matt euberculeus, if ue pour enteigner, En 10375 1! publi deve volumes desta, LiBavere et Enders oe Noces, cumiacrés Mionaas « miéditerrancen > dans son rapport atc la nevne 40 conception ds coniwar. En 194%, it entre dans le résistance 1 fords la Janene! Combats om du réseau cuguel i? appartiens, fn toda, pivot woe prosicr rontan L’Bitranyer cr un axiai, Le mythe de Sisyphe, oa if difoer abner eter réponse d Pabnerie; dns pléoe, Le Malentendu ef Caligula (194g ¢¢ rogs). Es 1947, il publie La Beste, roman oyihigue de fa riposte humaine a Pabsurde; en 1949 es: jouie ene neil pec, Les Justes 4 on 1951, 108 coat L’Homme révelté, 53 #2 désonce impitcizement le commune he om wee Browile ovee Sarire ‘voir p. 356). Les éoéncments.de la guerre WAlpcrie rox, orcens ie malatse ou'd ressens face & ta vie poliique. I se convacte 4 Gn ahage 1 publ en 1984, Lh, jae essais qui ont pour thime Paige et tn Mode ‘erranée; mn 19$0, un roman, La Chute; en 1957, L’Eexil ef le Royaumen, 8 vepait Te pris: Noid. Hi meurt an 1960, leisene des carnets, sorte de journal de sa vie ot de som eowore depuis 1935, Le mythe de Steyphe comprend quatre grandes partes: un vaitonnemens abourde (ou ta méiitetion a amene de ia réastation de abearde, dla reponse nor ssid, eut ie rivets} ; Phone absirde (analyse de ot (oes de comportenint face a Vabsurde: Don Saas te cométon ot le congucran ta grésvion absurde (Vabnirde dans les aivoresBtévaiter et philosophigues)¢ opin, ke myche de Sisyphe: six pees ok Carus tuerprite le mythe greed le hasan de ta propre médicazion de Pabsurde, {2 este grisea iol ext extrait eI promidve partie: Camus se propase de décrve ws cisat w de Pebninds, dabord dans (a vie qutiienne, if oes done an certain: nocslvé de situations qui permettent 3 Phomme da neo Prabsurde de sa eondivior, L’ABSURDE Toutes les grandes actions et routes les grandes peasées ont~-~ un commencement dérisoire, Les grandes ceuvres naisseat souvent feinte chez un homme. Les étres aimés le savent bicn. Mais «cette réponse est sinckre, sf elle igure ce singulier état ime od le vice devient éoquent, od.In chaine des gestes quotidicus est rompue, 10 ot le corur cherche en vain le maillon qui la renone, eile est slow, comme Ie premicr signe de Tabsurdiré Il active que les décors s'écroulent. Lever, wamway, quatre ewes de bureau ou dusine, tepas, wamay, quatre heures de travail, repas, sommeil et lundi mardi mercred jeudi vendzedi et 15 samedi sur le méme rythme, cere coute se suit aisément la plupart du temps. Un jour seulement, ie « pourquoi » s'éléve et tout com- mence dans cette lassitude teintée d’étonnement. « Commence », ceci_est important, La Tassitude ect a la fin des actes due vie machinale, mais elle inaugure en méme temps le mouvement de is 20 conscience. Elie Péveille et elle provaque ia suite, Ia suite, est le retour inconscient dans Ja chaine, ou Cest Péveil définit. Au bout de Péveit vient, avec le temps, la conséquence : suicide ou rétablise seatent, Ha soi, ta lassitude a quelque chose @écrrurant, ei je dois! conclure qu’elle est bonue. Car tout commence par la conseianee 25 ot rien ne vaut que par elle. Ces remarques wont tien @or'ginat ‘Mais elles sont évidentes : cela sufit pour un temps, & Poccesion: Pune reconnaissance sommaire dans les origines de Pabsurde, Le simple « souci » est 8 Forigine de tour, Q De méme e: pour tous les jours Pune vie sans éclet, le tempe 30 nous porte. Mais un momeat vient toujours ot il faut Je porter - ‘Nous vivons sur Pavenir : « demain s, «plus tard », « quand wu auray, june situation », « avec Page mi comptendras », Ces inconséquences! 2 Ad & Mais pon pag Sons propre, Jad ate ek ahuke ddinktony foe Sine “Gumerdion ° es seats "gal pean rnporter_ de Pace Wérameracion aches on eependast pal Soule sec sont admitables, car enfin il s'agit de mourir. Un jour vient pour- fant et Phomme consiate ow dit qu'il a weate ans. II affirme ainsi 99 9 jeunesse. Mais du méme coup, il se stue per rapport au temps, Ly prend sa place. 1] reconseait qu'il est un certain moment dane goure qu'il confésse devolz parcourir. Il appartient au tempo ef, Aostte horzeur quite saisit il y reconmat son pire enmemi. Demein, ;, 4 souhsitaie demain, quand iout Tui-méme aurait dit s'y refuser, 40 Cente révolte de ta chais, c'est Pabsurde?, i Un degré plas bas ct voici Ftrangent : stapercevoir que le monde est © épais 2, entrevoir 4 quel point une pierre est Serangeze, ous est irvéductible, avec quelle intensieé Ia nature, un paysage. eut nous nier, Au foud de route beauté git quelque chose d'inhus’ 45 ‘main ot ces collines, iz douceur du cie!, ces dessins arbres, voi qe Ja minute méme, ils perdent le sens illusoive dont nous lee revétions, désormais plus Jointains gu’un pazadis perdu. Lhostilité. = primitive di monde, a travers les millénaires, remonte vers nous, Pour unc seconde, nous ne Je comprenons plus puisque pendant“: 90 des sidcles nous n’avans compris en hui que les figures et ley dessing © que préalablement nous y mettions, puisque désormais les forces ous mmnquent pour user de eet aatiice, Le monde nous échappe puisquil redevient tui-méme, Ces décors masqués par Phabitade redeviennent ce qu'ls sonc. Tis s"éloigaent de nous, De méme qu'il 35 est des jours ov, sous Ye visage familier d'une femme, on retrouve comme une étrangére celle qu’on avait aimée il y a des mois ou det sanées, peur-érre allons-nous désirer méaxe ce qui nous rend sos dain si seuls, Mais le temps nest pas encore venu, Une seule chose : ceree épaissenc er cette étrangeté du monde, c'est Pabsurde. $0 Les hommes aussi sécréreat de inkumain. Dans certains heares de luciditg, Faspect mécanique de leurs gestes, leur panto- mime privés de sens rend scupide tout ce qui lee eatoure, Un fhomme parle ati véléphone dersitre une cloisom vitrée j on ne Pen” fend pes, mais on voit sa mimique sams portée : on se demande pourquoi il vit, Ce malaise devant inhumanité de homme meme, sete incalculable chute devant Pimage de ce que nous sommes cette « mansée » comme Fappeile un auteur de nos jours, c'est auss, Vabsurde, De méme Vétranger qui, 4 certaines secondes, vient notre rencontre dans une glace, le frére farniliee et pourtant inguié 70 want que nous retrouvons dans nos propres photographiss, west encore Pabsurde. Fen viens enfin & la mort et au sentiment que nous en avons. Sur ce point tout a &té dit ecilest décent de se garder du pathétique On ne s*éronnere cependant jainais assez de ce que tout le monde 135 vive comme si personne ene sevait Cast qu'en téalite i n¥ « pas despésience de la mort. Au sens propre, n’est expéimenté que ce quia été véeu et rendu cousclent. ici, c'est tout juste sil est possible de parler de Pexpérience de Ja mort des autres. Cest un suceédané, tine vue de esprit ct nous n’en sommes jemais ues 80 convaincus. Cette convention mélancolique ne peur tre persuasive, Vhorzear vient en réalité dui cOté mathérnatique de Pévénement, Sie temps nous effraie, cest qu'il fait ln demonstration, ia solution vient derritre. Tous les beaux discours sur ame vont receveir ike ga moits pour un temps, une preuve par neuf de leur contrsive, 85 De ce corps inerts ott une gifle ne marque plus, Mime a dispar, Ce coté élémentaire et définitif de Paventace fit le content du sentiment absurde. Sous l'éclairage mortel de cette destinée, Ima. {ilité apparaft. Aucune morale, ni aucun effore ne sont a prior justic flables devant Jes sanglantes mathématiques qui ordenttent notre 90 condition, AuweRr Cams, Le syuthe de Sisy ‘© L, a Gallimard. Daas L’Hlomme vévoleé (1957), Albert Camus (1973-1960) axgus! aa rewomonée confire wne respansabilisé de maitre & penser pour toute te géné- atin, cherche d défendre es oaleurs fumaines menacées pat le régne de absurd, Cran vortes un paradoxe de demander & ia révolee de justifier sa démarche. 1 on explipuos « Ye erie que je ne erois Brien et que tout est absurde, mats jt ne jus dontor de aion eri et? me ft au moins eroire & ma protestation, La pranitre Cela seule Suidence qui me soit aati donnée, & Pintérivar de Vexpérience abserdey ‘st le revolt... La réwite...crie,exige, elle veut que le scandate cerse et qua se Je cis c8 ii jusgu'ed Sberioait sans rréve sur la wer. Sox souct est de trans~ Former. » La revolte camusienne ast refus du mal et adkéion @ a vie, Elle ne se nfond pas avec Pepolagie ile fa violenes, Elle @écarte des tes snétaphysiques (Sade, ‘Nictesche, Breton) dovindes par une « intemperance d'absolu » les phan hors de Plaumanté, Elle se méfie des révoltes fistoriques ani donnene pransance eux Révaleaéonsérigeant bisatbt ta Terreur or syste. Cent ne pas tombor dans ces culsde-sac ? Camus précanise fa sotuion nounos a Caction révoieée authentique ne consentira d s'armer gue pour dex insenations gua fimitent a violence, non pour celles qui ta codifiont.» A Peficience de Pabsotutsme historique, Canis oppose Peffuacité de ta réoote eréatrice, Un Jnmaninne exigeant ot fragite. 1, Frédéric HU, roi de Phase (713-2786) 3 sa Téputation de + despote Eclairé ¢ n'est gutze, con- forme 2 la rézité histo- que. Edward Monch {1889-1908 {a elanbe morta Langs, argoise ost men I ne lesa & a goon, lade menewcrsuronde.> (Par Lapriist) LA REVOLTE © ‘La révolution absolue supposait en effet Pabsolue plasticiré* de a nature humaine, sa réduction possible a Tétat de force historique, Mais la révolte est, dans "homme, le refiws dPétre waité en chose ‘erd’@are réduie la simpie histoire, Eile est affirmation dune nature 5 commune & tous les hommes, qui échappe au monde de Tn puis- sance. Lhistoire, certainement, est une des limites de Phomae 5 en ce sens le révolutionnaire a raison. Mais Phomme, dans sa révolte, pose 4 son tour une limite 4 histoire, A cette limite nait Ja promesse d'une valeur. Crest la naissance de cette valeur que la 1) révolution césarienne* combat aujourd'hui implacablement, parce " Sgufelle figure sa vraie défeite et Pobligation pour eile de renoncer |. ses prineipes, Ea 1950, et provisoitement, le sort du monde ne se {5 soue pas, coname il parait, dans Ta Iutte entre 12 production bour~ {14 peoise et la production révolutionnaire ; leurs fins seront les mémes. | V8E itl se joue entre les forces de la révolte et celles de le révatution Césarienne, La révelution tiomphante doit faire la prenve par ses polices, ses procés et ses excommunications, qu'il w’y a pas de zarure humaine, La révoite humilige, par ses contradictions, se souffrances, seo. défaites renowvelées ct sa fierté inlassable ‘doit i donner san content de douleur et @espoir a cette nature. [..] La revendication de a révolte est 'unité, la revendication de la révolution historique fa toralié. La premiére part duu non appayé sur un out, Iz seconde part de ka négation absolue et se condamne fa toutes les servitudes pour fubsiquer un oui rejeté & Vexurémité 25 des temps. Lune est créairice, Pautre nihiliste*. La premitre est ‘vouée 4 créer pour étre de plus en plus, la seconde foreée de produire pour aicr de micux en mieux. La révolution historique s‘oblige TTaire towlours dans Pespoir, esas cesse dé, d'étre un jour, Méme Je consentement unanime ne suffica pas 2 créer Petre, « Obéisse2 » Gisait Frédéric Je Grand! & ses sujets. Mais, en mourant : « Je suis fas de régner sur des csclaves. » Pour échapper a cet absurde destin, Ja révolution est et sera condarsnée & renoncer i Ses propres prin cipes, au nihilisme* et A Ia valeur purement historique, pour Tetrouver la source cxéatrice de fa révolie, La révolution pour étte 35 exéatrice ne peut ve passer d'une régle, morale ou métaphysigue™, qui équilibre le délie historique. lle n'a sans doute qu'un mépris aa

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