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Cours DEléments Essentiels de Droit de La Santé
Cours DEléments Essentiels de Droit de La Santé
Faculté de Droit
B.P. 8815
Kinshasa/Ngaliema
« Sur le torrent, sur ses bords de chaque côté, croîtront toutes sortes d’arbres fruitiers (…).
Leurs fruits serviront de nourriture
et leurs feuilles de remède ».
(Ezéchiel 47 :12)
Introduction
01. MISE AU POINT
Le cours d'introduction au droit de la santé constitue un carrefour des
sciences juridiques consacrées au domaine de la santé publique. Il se
distingue ainsi par plusieurs caractères :
La transversalité : Ce caractère transversal tient de sa position à la
confluence de deux grandes divisions du droit à savoir le droit privé et
le droit public.
Le droit privé se retrouve à travers la relation des patients avec leurs
médecins (Droit des obligations médicales : contrat médical,
responsabilité des médecins…).
Le droit public apparaît à travers la gestion juridique des relations
entre les patients et les structures hospitalières (Droit des obligations
hospitalières : relation patient et structure hospitalière, organisation
et fonctionnement des établissements de santé).
La pluridisciplinarité : il s’agit d’une science pluridisciplinaire où se
croisent plusieurs sciences à dimensions variées touchant
notamment aux relations du patient avec le corps soignant, l’hôpital,
la gestion, l’économie, l’éthique et la déontologie professionnelle, etc…
Le Droit International s’y invite aussi dans la mesure où le Congo a
adhéré à plusieurs conventions destinés à garantir davantage la santé
publique notamment en matière de lutte contre les grandes
pandémies ou les épidémies. Ces sujets de droit international public
agissent par voie des recommandations faites principalement par
l’OMS, par voie des décisions prises, de diverses mesures de
préventions ou par la mise de politique de coercition sanitaire
Le caractère hybride : Le droit de la santé est à la fois un droit collectif
et individuel (intuitu personae).
Chapitre 1.
Considérations générales
I.1. DEFINITION ET SOURCES DE DROIT DE LA SANTE
A. Définition
Le droit de la santé est le droit applicable aux questions sanitaires
tant dans leur aspect individuel que dans leur aspect collectif du droit
à la Santé.
Il peut également être défini comme étant l'ensemble des règles
juridiques applicables à la mise en œuvre du droit à la santé.
B. Sources
Deux blocs de sources : interne et externe
1) Le bloc interne
Sources constitutionnelles : les dispositions des articles 47, 123 point
5 et 202 litera 36h et m de la Constitution. L’Etat doit assurer à tous
ses citoyens la protection de la santé
Sources législatives : Loi n° 18/035 du 13 décembre 2018 fixant les
principes fondamentaux relatifs à l'organisation de la Santé publique.
Sources jurisprudentielles : les décisions de justice devenues
inattaquables et donc coulées en force de chose jugée et pouvant
constituer un précédent.
2) Le bloc externe
Le préambule de la loi du 13 décembre 2018 précité renseigne que La
République Démocratique du Congo a, sur le plan international, adhéré à
plusieurs instruments internationaux dont :
La Déclaration Universelle des Droits de l'Homme,
avec des doses additionnelles de vaccin ainsi que pour accroître l'accès aux
services de vaccination ;
47. vaccination de routine : administration systématique des vaccins
homologués par le comité scientifique de la vaccination aux cibles
spécifiques;
48. zone de santé : circonscription sanitaire incluse dans les limites
territoriales d'une province et créée en fonction des données
démographiques et géographiques fixes.
Chapitre 2.
Système national
de Santé publique
Le système national de santé est défini par la loi comme « l'ensemble
coordonné de structures, de personnes et d'activités qui assurent la
prévention des maladies, le maintien, la restauration et la promotion de la
santé au bénéfice de la population ».(art.4 al.1). Il s’agit de l'ensemble de
moyens et d'activités dont la fonction est la production de la santé. Son
objectif est de mettre à la disposition de la population des biens et services
de santé de qualité et au coût abordable.
Ses missions sont notamment :
1. de garantir le bien-être de la population ;
2. de prévenir des incapacités, des maladies et des mortalités précoces ;
3. de promouvoir un meilleur état de santé de la population ;
4. d'assurer la couverture, la qualité, l'efficience des services et la satisfaction
des besoins de santé. (Art.4 al.2)
Cela inclut les soins qu'exige son état de santé dans le respect de sa
dignité et, dans la mesure du possible, dans son cadre de vie habituel
(Article 18).
1
Article 44
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2
Article 50
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2) La réglementation pharmaceutique
La production et la distribution des médicaments font partie intégrante des
devoirs d’un Etat organisé. Au Congo, le Gouvernement a institué un
établissement public chargé de la réglementation pharmaceutique (Art 53).
Cet établissement a reçu pour mission :
1. d’autoriser et de contrôler les importations et les exportations des
médicaments, cosmétiques, aliments et produits de santé ;
2. d’évaluer les demandes et d’octroyer les autorisations de mise sur les
marchés des médicaments, cosmétiques, aliments et produits de santé ainsi
que les modifications y afférents ;
3. d’inspecter les établissements pharmaceutiques afin de vérifier leur
conformité aux bonnes pratiques ;
4. d’autoriser les établissements soumis à la réglementation
pharmaceutique;
5. de contrôler la qualité des médicaments ;
6. d’assurer la pharmacovigilance ;
7. de contrôler la promotion et la publicité sur les médicaments ;
8. d’autoriser les essais cliniques ;
9. de surveiller le marché des médicaments, cosmétiques, aliments et
produits de santé.
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Chapitre 3.
Particularité du Droit médical
III.1. Les acteurs de la relation médicale
A. Le médecin
1. Le monopole médical
2. Les principes clés de l’exercice de la médecine
B. Le patient
1. Le patient ordinaire
2. Le patient prioritaire
3. Le malade en fin de vie
A. LE MEDECIN
La Profession
d’abord et avant tout d’avoir un intérêt marqué pour les sciences et d’être
capable de bien écouter et bien communiquer avec les individus.
En effet, le rôle et les tâches du médecin dans une relation médicale sont
variés. A titre d’illustration, nous pouvons souligner l’essentiel :
Comme le magistrat, le médecin est saisi des faits et non des qualifications.
C’est à lui que revient la charge de requalifier les plaintes de son patient. Il
détermine la raison qui amène le patient à le consulter, procède à son
examen physique et aux examens de laboratoire jugés nécessaires, opère le
diagnostic du problème physique ou psychologique du patient pour établir
le plan de traitement qui inclut la réadaptation du patient, la prévention des
rechutes et des maladies et le maintien de la santé. Il explique au patient, et
s’il y a lieu à sa famille, le diagnostic, le pronostic et le traitement.
Le médecin constitue la pierre angulaire, l’acteur central du monde de la
santé le médecin examine, établit un diagnostic, ordonne des examens et
prescrit le traitement pharmaceutique ou hospitalier qui s'impose. Il suit
ses malades et gère leur santé dans sa globalité. Il y a des médecins
généralistes et des médecins spécialistes d'une pathologie.
La formation
La 2ème catégorie :
Le Médecin Résident
Le Médecin régent
Base légale :
Ordonnance N°70/158 du 30 avril 1970 déterminant les règles de la
déontologie médicale.
A RETENIR
Quelques principes déontologiques fondamentaux de la profession médicale :
1) Respect de la vie et de la personne humaine :
C'est la règle fondamentale que tout médecin doit respecter qui implique:
Le respect de la dignité et de la volonté du malade : attitude correcte et
attentive envers le malade, quel qu'il soit, et quelques soient les
sentiments que l'on éprouve vis à vis de lui. Assurer son information
clairement et simplement, en s'assurant que l'on est compris, afin
d'obtenir son consentement aux actes diagnostiques ou thérapeutiques,
notamment lorsqu'ils impliquent des risques potentiels. Le respect de la
dignité du patient implique de ne pas exercer une tutelle de fait sur lui.
La décision finale lui appartient, même si cette décision ne peut être que
guidée par les conseils qui doivent lui être donnés.
La défense de l'enfant malade : Le médecin doit toujours s'efforcer d'agir
dans l'intérêt de la santé de enfant malade, d'une personne privée de
discernement, ou plus généralement hors d'état de se protéger. Si, par
principe, le recueil du consentement des parents, ou du représentant
légal dans le cas de l'incapable majeur, est nécessaire préalablement à
tout acte, il est des situations qui commandent de s'en passer: urgence
en leur absence, opposition injustifiable à un acte indispensable. De
même, des constatations de mauvais traitements, sévices, privations,
imposent d'agir pour y soustraire la victime hors d'état de se protéger.
La protection des personnes privées de liberté : Le médecin ne peut
favoriser ou cautionner une atteinte à l'intégrité physique ou mentale
d'une personne privée de liberté (personne incarcérée, en rétention
administrative, gardée à vue, ...), ou à sa dignité. S'il constate des
mauvais traitements, il doit, sous réserve de l'accord de l'intéressé (dans
la mesure ou celui-ci n'est pas un mineur ou un incapable majeur), en
informer l'autorité judiciaire.
L'obligation d'assistance à personne en péril (règle à la fois déontologique
et pénale). La pratique de soins consciencieux et dévoués, conforme aux
données actuelles de la science, avec obligation d'entretenir et de
perfectionner ses connaissances; obligation d'avoir une installation et
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des moyens techniques compatibles avec la qualité des soins que l'on
peut exiger à une époque donnée, en un lieu donné.
L'interdiction de l'euthanasie : Le code énonce que le médecin doit
s'efforcer d'apaiser les souffrances de son malade, mais qu'il n'a pas le
droit de provoquer délibérément la mort. Le débat sur cette question est
complexe, et les controverses nombreuses. Il convient cependant de
souligner que ce refus de l'euthanasie n'est pas incompatible avec celui
de l'acharnement thérapeutique, lorsque ce dernier ne peut aboutir qu'a
prolonger inutilement des souffrances.
3) La liberté de prescription :
Le médecin est libre de ses prescriptions qui sont celles qu'il estime les plus
appropriées à la circonstance. Mais il doit les limiter à ce qui est nécessaire.
Les prescriptions abusives, non conformes aux règles de l'art, peuvent être
fautives à un double titre: dangerosité potentielle, coût indu pour les
organismes de protection sociale. Il doit se limiter de lui-même au champ
d'application de ses connaissances, pour ne pas faire courir au malade un
risque injustifié. De même, il ne doit pas mettre en œuvre une
thérapeutique, ou une investigation nouvelle, qui n'aurait pas subi les
études préliminaires appropriées.
4) Indépendance professionnelle :
Le médecin ne peut aliéner son indépendance professionnelle sous quelque
forme que ce soit.
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B. LE PATIENT
Le patient est la seconde partie au contrat médical. C’est grâce à lui et avec
lui que naît une relation médicale. Il va falloir opérer une distinction entre le
patient ordinaire de la situation d’un malade prioritaire puis de celui en fin
de vie.
1. Le patient ordinaire
Le patient ordinaire s’oppose aux patients dont le pronostic vital est engagé.
Tout patient dispose des droits et des devoirs, quel que soit le lieu ou il
reçoit son traitement, milieu hospitalier, à domicile ou dans les cabinets
privés.
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Sur son Territoire de Santé, l’établissement fait partie d’un certain nombre de
réseaux de soins dans le cadre desquels les médecins de l’hôpital sont
amenés à participer à des réunions de concertation pluridisciplinaires. Si
votre état de santé le nécessite et sauf opposition de votre part,
l’établissement pourra être amené à transmettre des informations vous
concernant pour permettre votre prise en charge par les praticiens du réseau.
- Confidentialité des données
Vos coordonnées (nom, prénom, adresse, date de naissance et téléphone)
seront, sauf opposition de votre part, communiquées à la Fondation Hôpital
Saint Joseph qui pourra vous envoyer ensuite des informations relatives à
son rôle et ses actions caritatives.
En application de la loi du 6 janvier 1978, vous disposez d’un droit d’accès,
de rectification et de suppression de ces informations vous concernant, en
vous adressant à l’Hôpital Saint Joseph.
Le droit aux soins appropriés renvoie, enfin, à la notion de sûreté. Les soins
doivent être aussi sûrs que possible. Ce qui va s’analyser sur le plan
juridique en termes de rapport risque/bénéfice. Le médecin ne doit pas
prendre des risques inconsidérés si le bénéfice escompté n’est pas à la
hauteur. Le risque à prendre, dans tous les cas, doit être inférieur ou égal
au bénéfice espéré du recours aux soins ou les thérapies proposées.
L’autre volet de ce droit fondamental, est celui de refuser les soins proposés.
L’argument tiré du respect de l’intégrité physique de soi est valable pour
refuser les soins proposés si on estime que cela risque d’être attentatoire.
Tout homme naît libre et c’est en vertu de ce principe de liberté que tout
patient adulte et capable de décider peut refuser les soins ou les
traitements proposés.
Le droit à la dignité
Le droit à l’information
• L 'euthanasie
Elle consiste à exécuter sciemment et délibérément une opération
clairement destinée à mettre un terme à la vie d’une autre personne.
Elle présente les caractéristiques suivantes: le sujet est une personne
capable, éclairée, atteinte d’une maladie incurable qui demande
volontairement que l’on mette un terme à sa vie. L’exécutant a connaissance
de l’état de la personne et de son désir de mourir et effectue l’opération dont
l’objectif premier est de mettre un terme à sa vie. L’opération est exécutée
avec compassion et ne donne lieu à aucun avantage personnel.
• L'assistance au suicide
Cette assistance consiste à fournir sciemment et délibérément à une
personne la connaissance et / ou les moyens nécessaires pour se suicider, y
compris des conseils sur la dose létale du produit, la prescription de ces
doses létales ou la fourniture des produits.
L’essentiel à retenir
Il faut noter que tous les droits du patient se trouvent intimement rattachés
au respect de la personne humaine. Le droit à la dignité s’applique même
au corps du patient après le décès.
Un nombre important de dispositions légales garantissent le respect des
droits essentiels du malade. En fonction de la nature de la maladie ou des
soins prodigués, le médecin est parfois dans la position de déterminer pour
son patient où se situe son intérêt.
Au nom de cet intérêt, il peut être conduit à prendre des décisions qui vont
limiter certains de ses droits ; ce qui ne pourra cependant se faire que dans
le strict respect des règles légales et déontologiques de cette noble
profession.
A. NATURE JURIDIQUE
Le contrat de bienfaisance est celui dans lequel l'une des parties procure à
l'autre un avantage purement gratuit. On parle également dans ce cas du
contrat à titre gracieux.
Le contrat à titre onéreux est celui qui assujettit chacune des parties à
donner ou à faire quelque chose.
Tout contrat est, in fine, un accord de volonté ayant pour but d’engendrer
une obligation.
Dans le domaine médical, le contrat médical peut être défini comme étant
l’accord par lequel le malade exprime la volonté d’accepter les soins que
nécessite son état assorti de la volonté du médecin de les lui donner.
B. CONDITIONS DE VALIDITE
1. Conditions de forme
Le contrat médical est soumis aux conditions de droit commun des contrats
à savoir : le consentement, la capacité, l'objet du contrat et la cause.
D'abord, les parties doivent consentir à la conclusion du contrat médical. Le
médecin est en principe libre d'accepter de donner des soins mais il existe,
en pratique, de nombreuses hypothèses où il y est obligé. Le patient doit
consentir au contrat médical et aux soins. Il existe des cas où, du fait de
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Enfin, le contrat doit avoir un objet et une cause et ceux-ci doivent être
licites. Après avoir consenti au contrat, les parties doivent l'exécuter en
respectant leurs obligations jusqu'à ce qu'il prenne fin, de manière
volontaire ou pas, à l'initiative du patient ou du médecin.
A. LA RESPONSABILITE PENALE
C’est d’abord le fait que pour qu’elle existe, il faut à la base une infraction et
une peine correspondante déjà prévues par un texte de loi pénale.
Pour votre information, l’infraction ne se constitue pas n’importe comment.
Il y a des conditions prévues pour qu’un fait soit considéré comme étant
une infraction.
Pour qu'il y ait infraction pénale, il faut la réunion de 3 éléments:
Elément moral: C’est ce qu’on qualifie d’élément intentionnel
matérialisé soit par une intention volontaire coupable, soit une faute morale
de comportement (acte involontaire mais relevant d'un comportement
négligent). Il s’agit de la volonté consciente de réaliser l’élément matériel de
l’infraction
Elément légal : C’est le contenu de la loi qui définit le fait
répréhensible et la sanction encourue. Le fait doit avoir été prévu par un
texte de loi. Il découle du principe de légalité des délits et des peines. «
Nullum crimen, nulla pœna sine lege » !
Elément matériel: c'est l'acte "perturbateur" dans sa matérialité
apprécié notamment en considération du préjudice corporel et/ou
psychologique de la victime.
A ces trois éléments s’ajoute l’élément philosophique qui n’est toujours pas
retenu sur la base du principe d’égalité devant la loi. Ce n’est pas parce que
telle conception philosophique de telle communauté ne considère pas un
fait comme infractionnel qu’il n’en est pas moins si la loi en a décidé le
contraire.
Article 66 quater :
Si les infractions prévues aux articles précédents sont commises par une
personne chargée par état ou par profession d'assister les autres en danger,
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la peine sera la servitude pénale d'un à trois ans et l'amende de cinq à cent
zaïres.
Sera puni des mêmes peines ou de l'une d'elles seulement celui qui aura
involontairement causé à autrui une maladie ou une incapacité de travail
personnel en lui administrant des substances qui sont de nature à donner
la mort ou à altérer gravement la santé.
Pour que cette infraction soit caractérisée, il faut qu'une faute ait été
commise par le médecin (faute d’imprudence dans l’élaboration du
diagnostic, dans la prescription ou la réalisation du traitement). Il faut
également que soit prouvé, de manière certaine, le lien de causalité entre
cette faute et les blessures, ou la mort de la victime.
En matière pénale les textes appliqués par les tribunaux sont
d'interprétation stricte. Ceci explique que le juge pénal ne peut ni faire
appel à la présomption de faute, ni à la notion de perte de chance, ce que
peut faire le juge civil.
Dans ce cas, l'instruction est ouverte, soit contre vous ou contre X, sans
que le Procureur de la République puisse l'empêcher. Si l'instruction ne se
clôt pas par un non lieu, la juridiction de jugement aura à se prononcer non
seulement sur la culpabilité du médecin mis en cause, mais aussi sur les
dommages intérêts dus par lui à la victime.
B. LA RESPONSABILITE DISCIPLINAIRE
1. Principes généraux
Toute violation des règles de déontologie médicale peut faire l’objet d’une
sanction disciplinaire. L’action disciplinaire est exercée à l’encontre de tout
médecin dès lors que ce dernier est inscrit au tableau de l’ordre des
médecins. En France, elle s’exerce également à l’encontre des étudiants en
médecine (effectuant un acte médical lors d’un remplacement) et des
médecins ressortissants d’un état membre de la communauté européenne
qui accomplissent en France une prestation de services .
La faute
Plus haut, il nous a été donné l’occasion de préciser que les obligations du
médecin englobaient entre autre un devoir d’information, la nécessité
d’obtenir le consentement du patient, le respect de la personne et celui du
secret professionnel. Tout non-respect de ces obligations traduit avant tout
un manque d’humanisme et constitue une faute pouvant engager la
responsabilité civile.
Attention, un médecin ne commet pas forcément une faute s’il n’a pas fait
un diagnostic mais seulement s’il n’a pas mis en œuvre les examens réalisés
habituellement pour faire le diagnostic.
Le dommage
Tous les dommages sont reconnus : physique, moral. La perte de chance est
un dommage particulier : parfois, le médecin a commis une faute mais les
experts ne savent pas si, même si le médecin avait agi conformément aux
règles de l’art, la complication aurait été évitée. Dans ce cas, les juges
estiment que le patient a perdu une chance d’être guéri ou de ne pas avoir
eu cette complication. Le dommage indemnisé est la perte de chance et non
pas le dommage physique (ou moral) lié à la complication.
Le lien de causalité
1. Principes généraux
L’autonomie du droit administratif par rapport aux règles du droit privé fait
que ses règles en matière de la responsabilité administrative sont
autonomes par rapport aux règles de la responsabilité civile. Ainsi un
conflit opposant l’administration à un particulier ne peut être jugé que par
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A RETENIR
L’hôpital est responsable sur le plan indemnitaire des fautes de ses agents,
quelle que soit leur
fonction (infirmier, aide soignants, externes, internes, médecins…), que la
faute ait été réalisée lors d’actes de soins ou d’actes médicaux.
La seule exception est la faute détachable du service. Lorsque la faute de
l’agent hospitalier est commise en dehors de son service ou que cette faute
est d’une extrême gravité, l’hôpital ne prend pas en charge l’indemnisation
et l’agent engage sa responsabilité civile personnelle. Il est alors jugé par le
juge civil, comme toute personne privée (le juge administratif ne jugeant que
l’administration).
La faute d’une extrême gravité est rarement reconnue et retenue dans des
cas extrêmes : refus d’un chirurgien de se déplacer en garde et décès du
patient ou le cas d’un chirurgien opérant en état d’ivresse.
Chapitre 4.
Régime des produits médicaux
Et de la médecine traditionnelle
IV.1. REGIME MEDICAUX
4.1. Système d'approvisionnement en médicaments et les
établissements pharmaceutiques (Article 54).
1) Le Système national d’approvisionnement en médicaments
La mise en place d'un Système efficace d'approvisionnement en
médicaments essentiels est un atout majeur pour la réalisation des objectifs
de la Politique Pharmaceutique Nationale (PPN) qui visent entre autres à :
relever à un niveau satisfaisant la couverture pharmaceutique en
médicaments essentiels génériques par l’approvisionnement, l’amélioration
de la production locale, la répartition équitable des structures de
distribution régionale et des autres établissements pharmaceutiques;
améliorer l’accessibilité financière aux médicaments essentiels génériques
par la définition du statut social du médicament, le subventionnement du
médicament et le respect strict de la centralisation dans l’acquisition des
stocks.
Le Système national d'approvisionnement en médicaments, institué par le
gouvernement, a pour mission de :
promouvoir la production locale et l'utilisation rationnelle des médicaments;
assurer la disponibilité des médicaments de qualité ;
rendre accessible les médicaments à l'ensemble de la population.
2. Structures pharmaceutiques
On distingue les structures pharmaceutiques publiques et privées,
lucratives et non-lucratives. L'organisation et le fonctionnement du Système
national d'approvisionnement en médicaments sont régis par un arrêté
ministériel.
En effet, pour mettre en œuvre, suivre et évaluer ce service national, le
Gouvernement a créé le Programme National d'Approvisionnement en
Médicaments essentiels en République démocratique du Congo (PNAM) par
arrêté ministériel n°1250/CAB/MIN/S/AJ/KIZ/18/2002 du 23 juillet 2002;
ce programme est sous tutelle de la Direction de la Pharmacie et du
Médicament du Ministère de la Santé publique. Les missions du PNAM sont
notamment la mise en place des structures nécessaires au fonctionnement
du SNAME (objectif à terme : 25 CDR), l'instauration d'une gestion
rationnelle et transparente des médicaments à tous les niveaux du système
de santé mais aussi d'assurer la qualité, l'accessibilité financière et l'usage
rationnel des médicaments distribués à travers le SNAME.
1. Le principe
Le principe est l’interdiction de toute publicité publique des produits
pharmaceutiques. En effet, suivant les prescrit de l’article 56, il est interdit
de placer sur la voie publique des affiches et panneaux publicitaires des
médicaments et tout autre produit médical. La publicité des médicaments et
des produits médicaux à travers les médias audiovisuels, officiels ou privés,
est interdite.
Chapitre 5.
.
La bioéthique
V.1. MISE AU POINT
En République démocratique du Congo, la bioéthique comprend :
Toutes les questions d'éthique liées à l'expérimentation et à
l'application des progrès des sciences biologiques à la médecine
humaine. Il s’agit notamment de la transfusion sanguine,
transplantation d’organes et tissus humains, de la procréation sous
toutes se formes, du clonage et de l’autopsie.
Le Gouvernement a institué un Comité national de bioéthique (Art.62).
3. Régime de l’autopsie
L'autopsie ne peut être pratiquée sur un cadavre que pour raison
scientifique ou d'enquête judiciaire (Art.67). Il s’en suit que tout trafic de
sang, tissu et autre organe humain est totalement interdit en dehors du
cadre défini par la loi qui fixe également les conditions d'autopsie et
d'autres manipulations de cadavres humains, celles de gestion des lieux de
leurs dépôts provisoires ou définitifs ainsi que celles de création,
d'ouverture, d'aménagement et de fonctionnement des chambres d'anatomie.
Bibliographie indicative
SELECTION BIBLIOGRAPHIQUE INDICATIVE