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UNIVERSITE PEDAGOGIQUE NATIONALE

Faculté de Droit

B.P. 8815
Kinshasa/Ngaliema

Eléments essentiels de Droit de la Santé


Support de cours destiné aux étudiants de L1 Droit - Système LMD

Professeur NDJATE OMANYONDO


Docteur en Droit (Université René Descartes-Paris V)
Diplômé en Criminalistique (Université René Descartes-Paris V)
Secrétaire Général Académique honoraire de l’USTL (Lodja)
Vice-Doyen chargé de la recherche de la Faculté de Droit/UPN

Année académique : 2022-2023


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« Sur le torrent, sur ses bords de chaque côté, croîtront toutes sortes d’arbres fruitiers (…).
Leurs fruits serviront de nourriture
et leurs feuilles de remède ».
(Ezéchiel 47 :12)

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Introduction
01. MISE AU POINT
Le cours d'introduction au droit de la santé constitue un carrefour des
sciences juridiques consacrées au domaine de la santé publique. Il se
distingue ainsi par plusieurs caractères :
 La transversalité : Ce caractère transversal tient de sa position à la
confluence de deux grandes divisions du droit à savoir le droit privé et
le droit public.
Le droit privé se retrouve à travers la relation des patients avec leurs
médecins (Droit des obligations médicales : contrat médical,
responsabilité des médecins…).
Le droit public apparaît à travers la gestion juridique des relations
entre les patients et les structures hospitalières (Droit des obligations
hospitalières : relation patient et structure hospitalière, organisation
et fonctionnement des établissements de santé).
 La pluridisciplinarité : il s’agit d’une science pluridisciplinaire où se
croisent plusieurs sciences à dimensions variées touchant
notamment aux relations du patient avec le corps soignant, l’hôpital,
la gestion, l’économie, l’éthique et la déontologie professionnelle, etc…
Le Droit International s’y invite aussi dans la mesure où le Congo a
adhéré à plusieurs conventions destinés à garantir davantage la santé
publique notamment en matière de lutte contre les grandes
pandémies ou les épidémies. Ces sujets de droit international public
agissent par voie des recommandations faites principalement par
l’OMS, par voie des décisions prises, de diverses mesures de
préventions ou par la mise de politique de coercition sanitaire
 Le caractère hybride : Le droit de la santé est à la fois un droit collectif
et individuel (intuitu personae).

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02. LES OBJECTIFS DE CET ENSEIGNEMENT

L’étude du droit de la santé à travers ses éléments essentiels poursuit


des objectifs pédagogiques clairs et bien déterminés, notamment :
 L’initiation théorique et pratique des étudiants en sciences juridiques
aux principes fondamentaux de d’éthique et de déontologie dans une
relation médicale ;
 L’initiation aux règles d’organisation et de fonctionnement du système
national de la santé publique.
 La présentation et la bonne maîtrise des droits essentiels des patients.
 L’exposition des différents acteurs qui interviennent dans la gestion
du service public de la santé.
 La découverte et la présentation de l’ensemble des règles régissant
l’exercice de la médecine, la pharmacie et les autres métiers de la
santé notamment ceux de soins infirmiers.
 L’analyse de la responsabilité médicale à travers une étude
approfondie des conditions particulières dans lesquelles les médecins
ainsi que les autres professionnels travaillent dans les hôpitaux
publics.

A la fin de cet enseignement, l’étudiant doit :


 Maîtriser les contours de la loi n°18/035 du 13 décembre 2018 qui
constitue la base légale, la loi fixant les principes fondamentaux
relatifs à l'organisation de la santé publique en République
Démocratique du Congo.
 Maîtriser l’univers juridique de la santé par la compréhension basique
des différentes disciplines juridiques qui gravitent autour de ce
concept de « droit de la santé ».
 Savoir opérer les lignes de démarcation et les points communs des
disciplines juridiques se rapportant au droit de la santé proprement
dit. Il en est ainsi de :

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 la Bioéthique, littéralement le mot bioéthique est composé du mot grec


« bio » qui désigne la vie et du mot « ethos » grec aussi qui désigne lui,
la coutume.
 Droit Médical : Il s’agit le droit qui s’applique à l’exercice de la
médecine non seulement en tant que profession mais aussi en tant
qu’il régit les relations du médecin et des soignants avec les malades
ou patients.
 Droit hospitalier : le droit qui régit et s’applique aux établissements
publics et privés participant et assurant le service public hospitalier.
 Le Droit Administratif : les règles sont nombreuses dans ce contexte
car il existe beaucoup d’institutions d’encadrement en matière de
santé, qu’il s’agisse des ordres professionnels ou du statut des agents
administratifs. Il existe aussi des actes administratifs tels que les
décrets qui réglementent l’activité sanitaire ou les autorisations. Ces
divers actes administratifs sont susceptibles d’un recours devant un
juge administratif, recours de même nature que celui prévu pour tout
acte entaché d’excès de pouvoir.
 Le Droit Constitutionnel et le Droit International : ces disciplines
posent les principes sur lesquels devra se fonder le droit de la santé.
 les lois et réglementations régissant la santé : spécifiques par leur
objet mais n’ont aucun caractère technique particulier.
 La déontologie : elle établit les droits et les devoirs de certains
professionnels de la santé. Les règles déontologiques ont un caractère
d’actes administratifs. De ce fait un professionnel de la santé peut
être sanctionné pour un manquement à ses obligations
professionnelles qui n’est pas mentionné dans le code de déontologie,
dans la mesure où ces textes ne peuvent pas prévoir à l’avance toutes
les fautes, certains faits non mentionnés peuvent être qualifiés de
fautes professionnelles.
 L’éthique est la science de la conduite morale. La matière ou le thème
de la bioéthique serait la question du rapport à la vie et à la morale.
Sommairement dit, ce sont les problèmes moraux juridiques soulevés
par la protection de la vie.
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 Connaître les principes d’organisation et les principaux acteurs


administratifs ainsi que les principaux décideurs et acteurs de la
santé.
 Saisir les droits essentiels des personnes physiques qui font l’objet de
décisions ou d’actes médicaux et biologiques,
 Connaître le droit qui régit :
l’exercice de la médecine et la pharmacie ainsi que les autres activités
de soins infirmiers, la responsabilité pénale des médecins, soignants
et des établissements de soins, la responsabilité des médecins et des
autres professionnels de ville.

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Chapitre 1.
Considérations générales
I.1. DEFINITION ET SOURCES DE DROIT DE LA SANTE

A. Définition
 Le droit de la santé est le droit applicable aux questions sanitaires
tant dans leur aspect individuel que dans leur aspect collectif du droit
à la Santé.
 Il peut également être défini comme étant l'ensemble des règles
juridiques applicables à la mise en œuvre du droit à la santé.

B. Sources
Deux blocs de sources : interne et externe
1) Le bloc interne
 Sources constitutionnelles : les dispositions des articles 47, 123 point
5 et 202 litera 36h et m de la Constitution. L’Etat doit assurer à tous
ses citoyens la protection de la santé
 Sources législatives : Loi n° 18/035 du 13 décembre 2018 fixant les
principes fondamentaux relatifs à l'organisation de la Santé publique.
 Sources jurisprudentielles : les décisions de justice devenues
inattaquables et donc coulées en force de chose jugée et pouvant
constituer un précédent.

2) Le bloc externe
Le préambule de la loi du 13 décembre 2018 précité renseigne que La
République Démocratique du Congo a, sur le plan international, adhéré à
plusieurs instruments internationaux dont :
 La Déclaration Universelle des Droits de l'Homme,

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 la Convention Cadre de l'OMS pour la lutte Anti-Tabac,


 l'Objectif Social de la Santé pour Tous,
 les Résolutions de la Conférence Internationale sur les Soins de Santé
Primaires,
 la Charte Africaine de Développement Sanitaire et la Déclaration des
Chefs d'Etat et de Gouvernement de l'Organisation de l'Unité Africaine
sur la Santé comme base de développement.
 En outre, la République Démocratique du Congo a adhéré à d'autres
initiatives mondiales visant la couverture sanitaire universelle.

I.2. VOCABULAIRES USUELS CONSACRES EN DROIT DE LA SANTE

Base légale : Article 3 de la loi n° 18/035 du 13 décembre 2018

Dans le but d’amener les juristes à s’imprégner des termes techniques


propres au domaine de la santé publique, le législateur a prévu un
condensé des termes les plus usuels dans ce domaine en les explicitant
pour éviter toute ambiguïté. Ainsi, aux termes de cette loi, on entend par :
1. adjuvants: médicament ou produit ajouté à un autre pour renforcer ou
compléter son action ;
2. agent pathogène : organisme naturel ou génétiquement modifié,
substance ou matériel génétique pouvant provoquer ou aggraver une
maladie;
3. anamnèse : une méthode qui consiste à un interrogatoire mené par un
professionnel de santé pour retracer à la fois les antécédents médicaux de
son patient et l'historique de la pathologie actuelle ;
4. assistance médicale à la procréation : pratiques cliniques et biologiques
permettant la conception in vitro, le transfert d'embryon et l'insémination
artificielle ainsi que toute technique d'effet équivalent permettant la
procréation en dehors du processus naturel;
5. avertissement graphique sanitaire ou mise en garde sanitaire : texte et
image imposés par les pouvoirs publics devant figurer sur les faces

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principales de l'emballage de produit pour faire connaître les risques


notamment
sanitaires et faire diminuer sa consommation;
6. bioéthique : étude des questions et des problèmes moraux pouvant
apparaître à l'occasion des pratiques médicales nouvelles impliquant la
manipulation d'êtres vivants pour des recherches en biologie;
7. chaîne du froid : système logistique qui comprend le personnel,
l'équipement et les procédures pour stocker, transporter et conserver les
produits à des températures adéquates, de la fabrication à l'utilisation ;
8. clonage humain reproductif : technique consistant à créer un embryon
hors du corps humain, ou une autre personne à partir d'un embryon
humain génétiquement identique ;
9. clonage thérapeutique : technique consistant à transplanter des cellules
d'embryon humain mises en culture pour régénérer des fonctions
organiques abîmées ou détruites ;
10. contraception irréversible : méthode de contraception réalisée par un
acte chirurgical chez l'homme comme chez la femme dans le but d'empêcher
la procréation ;
11. couverture sanitaire universelle : système de couverture sanitaire
universelle fondé sur les principes d'équité, d'assurance qualité des soins et
de protection financière pour tous ;
12. déchets biomédicaux : déchets contenant du sang ou de matériel imbibé
du sang et autres substances organiques provenant de laboratoire de
biologie médicale ou de l'exercice de la thanatopraxie ;
13. dépendance : état de subordination physique et psychique engendré par
la consommation régulière et importante de certains produits ;
14. espace non-fumeur : tout lieu où il est strictement interdit de fumer. Il
est constitué de lieux de travail intérieurs, les transports publics, les lieux
publics intérieurs et, le cas échéant, d'autres lieux publics.
15. financement innovant : tout mécanisme susceptible de générer des
ressources financières additionnelles à l'aide publique au développement.
Ces ressources proviennent, notamment, de taxes étatiques ou du

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partenariat public-privé, et peuvent concerner plusieurs secteurs en


l'occurrence, l'environnement et la santé;
16. fumer : détenir ou manipuler un produit du tabac allumé, que la fumée
soit ou non activement inhalée ou exhalée ;
17. fumée secondaire : fumée produite par la combustion d'une cigarette ou
d'autres produits du tabac à laquelle s'ajoute généralement la fumée
exhalée par le fumeur;
18. groupe technique consultatif national : instance permanente, autonome,
multidisciplinaire et intersectorielle de consultation chargée de définir, de
promouvoir et d'appuyer les actions, de contrôler, d'éliminer et d'éradiquer
des maladies évitables par la vaccination sur toute l'étendue du territoire
national;
19. industrie du tabac : entreprises de fabrication et de distribution en gros
de produits du tabac et importateurs de ces produits ;
20. interférence de l'industrie du tabac : action ou toute forme de pression
ou d'ingérence, directe ou indirecte, exercée par l'industrie du tabac sur les
autorités administratives et/ou décideurs politiques en vue d'entraver ou
d'influencer les politiques publiques de lutte anti-tabac ;
21. infections nosocomiales : toute maladie infectieuse contracté dans un
établissement de santé et affectant soit le malade du fait de son admission
ou des soins qu'il a reçus soit le personnel du fait de son activité;
22. lutte antitabac : ensemble de stratégies de réduction de l'offre, de la
demande et des effets nocifs visant à
améliorer la santé d'une population en éliminant ou en réduisant sa
consommation de produits du tabac et son
exposition à la fumée du tabac ;
23. manifestations adverses post-immunisation : manifestation clinique qui
apparaît dans les trente jours qui suivent l'administration d'un ou de
plusieurs vaccins et peut ou ne pas être provoquée par une entité
nosologique
spécifique ;
24. marquage unique : code qui est spécifique à chaque paquet de tabac et
qui sert à déterminer l'origine et le point où intervient le détournement des
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produits du tabac, le cas échéant, ainsi qu'à surveiller et à contrôler le


mouvement des produits du tabac et leur statut en droit. Il comporte la date
et le lieu de fabrication, l'unité de fabrication, la machine utilisée pour
fabriquer les produits du tabac, l'équipe de production ou l'heure de
fabrication, le nom du premier acheteur qui n'est pas affilié au fabricant, le
numéro de facture, le numéro de commande et l'état de paiement, le marché
sur lequel le produit est destiné à être vendu au détail, la description du
produit, l'entreposage et l'expédition du produit, le cas échéant, l'identité de
tout acheteur ultérieur connu et l'itinéraire prévu, la date d'expédition, la
destination, le point de départ et le destinataire ;
25. maternité à moindre risque : paquet minimum d'activités comprenant les
soins prénataux, l'accouchement assisté par un personnel de santé qualifié,
les soins essentiels en cas de complications obstétricales, les soins aux
nouveaux nés, les soins postnatals et l'allaitement maternel;
26. Médicament contrefait :
- médicament dont la composition est différente de la composition
spécifique dans le dossier d'autorisation de mise sur le marché approuvé
par le ministre de la santé ;
- médicament sans substance active ou avec une substance active différente
de celle déclarée sur l'emballage ;
- médicament dont l'utilisation est prohibée par le ministère de la santé
publique ;
- médicament produit ou importé sans autorisation préalable du ministère
de la santé publique;
- médicament commercialisé sans avoir été préalablement analysé ;
- médicament détérioré, contaminé, produit avec des substances non
autorisées et dont les indications déclarées
sont contraires à la réalité;
27. paquet de soins de santé : ensemble de soins de santé constituant la
prise en charge d'un malade ;
28. participation communautaire : processus par lequel des personnes,
individuellement ou en groupe, exercent leur droit de jouer un rôle actif et

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direct dans le développement des services appropriés, en garantissant les


conditions d'une amélioration durable de la vie ;
29. pharmacovigilance : surveillance du risque d'effet indésirable résultant
de l'utilisation des médicaments et produits à usage humain ;
30. planification familiale : ensemble d'informations, des moyens, des
méthodes et techniques mis à la disposition des individus et des couples
pour leur permettre de décider librement du nombre d'enfants voulus au
moment voulu et de l'intervalle entre les naissances ;
31. produit du tabac et ses dérivés: produit entièrement ou partiellement
composé de tabac en guise de matière première, fabriqué pour être fumé,
sucé, mâché ou prisé ;
32. santé : état complet de bien-être physique, mental et social ne
consistant pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité ;
33. santé de reproduction : état de bien-être général tant physique que
mental, moral et social de la personne humaine pour tout ce qui concerne
l'appareil génital, ses fonctions et son fonctionnement et ne consiste pas
seulement en l'absence de maladies ou d'infirmités ;
34. santé publique : ensemble de prestations qui permettent à chaque
citoyen de bénéficier du droit .à la santé et à la longévité que lui confère sa
naissance;
35. santé sexuelle : état de bien-être physique, émotionnel, moral et social
en relation avec la sexualité et qui vise à améliorer la qualité de la vie et des
relations interpersonnelles et non à se limiter à dispenser des conseils et
des
soins relatifs à la procréation et aux infections sexuellement transmissibles ;
36. soins de santé de qualité : soins rationnels qui répondent aux règles de
l'art de guérir pour ce qui est des pratiques et attitudes en tenant compte
des connaissances scientifiques et de la dimension humaine de la personne
concernée ainsi que de l'environnement des soins de santé ;
37. soins de santé intégrés : soins qui comprennent les soins promotionnels,
préventifs, curatifs et réadaptatifs, qui se font au même endroit et sont
dispensés par la même équipe;

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38. soins de santé globaux : soins qui s'adressent à la personne humaine


dans toutes ses dimensions, le physique, le mental et le social et pas
uniquement à l'occasion de la maladie ou de l'infirmité ;
39. soins de santé continus : soins qui prennent en charge un individu à
partir de son contact avec le service jusqu'à l'épuisement du problème qui a
occasionné cette consultation ;
40. soins de santé rationnels : soins qui découlent d'un choix judicieux,
pertinent, en rapport avec le problème de santé individuel et collectif à
prendre en charge;
41. soins de santé primaires : soins de santé essentiels fondés sur des
méthodes et une technologie pratiques, scientifiquement valables et
socialement acceptables, rendus universellement accessibles aux individus
et familles dans la communauté par leur pleine participation et à un coût
que la communauté et le pays puissent assumer à chaque stade de leur
développement dans un esprit d'auto-responsabilité et d'auto-
détermination ;
42. système d'informations sanitaires: ensemble organisé de structures,
d'institutions, de personnel, de méthodes, d'outils et d'équipements qui
permettent de fournir des données et informations issues de la gestion des
intrants, activités, performances et autres résultats d'accès et d'utilisation
des services et structures des soins de santé primaires ainsi que les
données et décisions à caractère épidémiologique couvrant la population
d'une aire géographique déterminée ;
43. systèmes électroniques de prestation de nicotine : produits fonctionnant
sur batterie qui offrent un aérosol pour les poumons des utilisateurs ;
44. toxicomanie: habitude de consommer de façon régulière et importante
des substances susceptibles d'engendrer un état de dépendance psychique
et/ou physique ;
45. vaccin : préparation contenant des micro-organismes qui sont soit des
germes inactivés, soit des .germes tués ; administrée dans le but
d'imm1uniserl'organisme contre des maladies infectieuses ;
46. vaccination de masse : activités des vaccinations supplémentaires
utilisées pour atteindre la population cible
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avec des doses additionnelles de vaccin ainsi que pour accroître l'accès aux
services de vaccination ;
47. vaccination de routine : administration systématique des vaccins
homologués par le comité scientifique de la vaccination aux cibles
spécifiques;
48. zone de santé : circonscription sanitaire incluse dans les limites
territoriales d'une province et créée en fonction des données
démographiques et géographiques fixes.

Tous ces termes vont se retrouver dans la mise en place de l’organisation et


le fonctionnement du système nationale de santé.

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Chapitre 2.
Système national
de Santé publique
Le système national de santé est défini par la loi comme « l'ensemble
coordonné de structures, de personnes et d'activités qui assurent la
prévention des maladies, le maintien, la restauration et la promotion de la
santé au bénéfice de la population ».(art.4 al.1). Il s’agit de l'ensemble de
moyens et d'activités dont la fonction est la production de la santé. Son
objectif est de mettre à la disposition de la population des biens et services
de santé de qualité et au coût abordable.
Ses missions sont notamment :
1. de garantir le bien-être de la population ;
2. de prévenir des incapacités, des maladies et des mortalités précoces ;
3. de promouvoir un meilleur état de santé de la population ;
4. d'assurer la couverture, la qualité, l'efficience des services et la satisfaction
des besoins de santé. (Art.4 al.2)

La population bénéficiaire des soins de santé participe, à titre


bénévole, à toutes les activités relatives à la santé publique et ce, à travers
les organes de participation communautaire intervenant à différents
niveaux de la pyramide sanitaire. Un arrêté du ministre, ayant la santé
publique dans ses attributions, détermine les modalités de collaboration
entre le professionnel de santé et les organes de participation
communautaire. (Art.5)

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II.1. L'ORGANISATION DU SYSTÈME NATIONAL DE SANTE

1.1. Découpage du système national de santé


Selon les stipulations de l’article 6 de la loi du 13 décembre 2018, le
système national de santé est organisé à trois niveau de postes de santé, à
savoir :
1. le niveau central ;
2. le niveau intermédiaire ou provincial;
3. le niveau périphérique ou opérationnel.
 Le niveau central définit les grandes orientations de la politique
sanitaire nationale. Il édicte les directives, les nonnes ainsi que les
stratégies d'intervention. Ce niveau est composé du ministre ayant la
santé publique dans ses attributions, du Secrétariat général et de
l'Inspection générale de la santé. (Art.7).
 Le niveau intermédiaire ou provincial est chargé de la coordination, de
l'appui, de l'encadrement, du contrôle, de la supervision, du suivi et
de l'évaluation de l'ensemble des activités de santé sous sa juridiction.
Il veille à l'application de la politique sanitaire, des directives, des
normes et des stratégies sanitaires nationales (Art.8).
 Le niveau périphérique ou opérationnel a pour mission la mise en
oeuvre de la stratégie des soins de santé primaires (Art.9). Il
comprend la zone de santé qui est subdivisée en aires de santé.
La zone de santé est constituée :
 du bureau central de la zone de santé,
 de l'hôpital général de référence,
 des centres de santé de référence,
 des centres de santé,
 des postes de santé, y compris d'autres établissements de santé
publics et privés sous sa juridiction.

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La création, l'organisation et le fonctionnement de la zone de santé


sont portées par un arrêté du ministre ayant la santé publique dans ses
attributions (Art.10).

1.2 : Le service public de santé


Le service public de santé est diversifié et se trouve doté d’une
coordination efficiente.
Le service public de santé comprend:
1. les établissements et institutions de santé financés par l'Etat et dont
l'activité concerne notamment (Art.12) :
 l'hygiène publique et l'assainissement;
 l'information et l'éducation sanitaires;
 la médecine préventive ;
 les soins curatifs, promotionnels et palliatifs ;
 la santé maternelle et infantile;
 la médecine des personnes âgées ou la gériatrie ;
 la santé sexuelle et reproductive ;
 la protection des personnes vivant avec handicap, des malades
mentaux et des groupes vulnérables ;
 les programmes nationaux de santé ;
 l'alimentation de qualité ;
 les analyses et l'imagerie médicales ;
 la formation et la recherche ;
 la médecine scolaire;
 la médecine sportive ;
 la médecine du travail ;
 la médecine militaire ;
 la pharmacie ;
 la médecine physique et réductionnelle.
2. les établissements parapublics de santé à gestion autonome, financés par
les tiers payants ou fonctionnant selon des règles communes de gestion;
3. les établissements et institutions de santé à but non lucratif reconnus
d'utilité publique ;
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4. les cabinets, officines et établissements de santé du secteur privé agréés


par l'Etat ;
5. les cabinets et officines de médecine traditionnelle agréés par l'Etat.

Un arrêté du ministre ayant la santé publique dans ses attributions


fixe l'organisation et le fonctionnement des établissements des soins de
santé ainsi que les normes relatives à l'implantation, à la construction et
aux types d'infrastructures, équipements et matériels médico-sanitaires. Ce
service public de santé a reçu pour mission :
 d'assurer la prévention,
 la promotion
 et les prestations médicales et sanitaires de qualité accessibles à
l'ensemble de la population, sans discrimination aucune (Art.11).

1.3. Etablissements de soins de santé (Art.13)


Les établissements de soins de santé s’entendent des :
 structures de prévention et de prestation des soins,
 établissements para-cliniques et autres assimilés dûment agréés.
Ils sont publics ou privés.
Ils sont organisés en services publics, en établissements publics ou privés,
en établissement d'utilité publique.
Un arrêté du ministre ayant la santé publique dans ses attributions fixe le
niveau de compétence, l'organisation et le fonctionnement des
établissements des soins de santé ainsi que les normes relatives à
l'implantation, à la construction et aux types d'infrastructures, équipements
et matériels médico-sanitaires.
 Nul ne peut ouvrir ou faire fonctionner un établissement privé de
soins de santé s'il n'a obtenu, dans un délai de trente jours, une
autorisation du gouverneur de province.
L'autorisation ne peut être délivrée que si l'établissement satisfait aux
conditions fixées par l'arrêté prévu à l'alinéa3 de l'article 13 ci-dessus.
(Art.14).

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II.2. FONCTIONNEMENT DU SERVICE NATIONAL DE SANTE PUBLIQUE


(SNSP)

2.1. Droits et devoirs des malades et des professionnels de santé


Toute personne a le droit de s'adresser au professionnel de santé de son
choix, sauf en cas d'urgence ou de nécessité (Article 15)
En matière d'accès aux soins de santé, nul ne peut faire l'objet de
discrimination, de brimade ou de toute autre forme d'humiliation ou de
privation en raison des considérations tribale, ethnique, religieuse, raciale,
professionnelle, sociale, philosophique, politique ou de sexe. (Article 16).

A. Les droits des malades


Toute personne dont l'état de santé l'exige, attesté par un rapport médical, a
le droit d'être soignée dans un établissement public ou privé de santé pour
autant que les soins requis entrent dans sa mission. Un arrêté du ministre
ayant la santé publique dans ses attributions fixe les modalités
d'application de cette disposition (Art. 23)
D’une manière générale, Le patient a le droit :
 d'être informé de manière claire et appropriée sur son état de santé,
les traitements et interventions possibles, leurs bénéfices et leurs
risques éventuels. Il peut demander un résumé écrit de ces
informations. Dans les limites de ses compétences, tout professionnel
de santé s'assure que le patient qui s'adresse à lui a reçu les
informations nécessaires afin de décider en toute connaissance de
cause (art.25).
 de bénéficier des soins diligents et de qualité. Il le fait valoir
personnellement ou par toute autre personne interposée (Article 17).
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Cela inclut les soins qu'exige son état de santé dans le respect de sa
dignité et, dans la mesure du possible, dans son cadre de vie habituel
(Article 18).

Le patient en fin de vie a droit :


 aux soins
 au soulagement
 et au réconfort appropriés. A cet effet, il bénéficie d'un
accompagnement de ses proches (Article 19).
Le patient qui séjourne dans un établissement ou une institution de santé :
 maintient le contact avec ses proches, son conseiller spirituel et
l'aumônier de l'institution de santé.
 Il a le droit de requérir la visite du professionnel de santé qui lui
inspire confiance.
 Toutefois, des restrictions peuvent être imposées dans l'intérêt des
autres patients et compte tenu des exigences des soins et du
fonctionnement de l'établissement ou l'institution de santé( Article 20).
Le cas de l’enfant hospitalisé :
 Maintien des contacts avec ses parents à n’importe quelle heure, sans
aucune restriction.
 En cas de nécessité et selon l'avis du personnel soignant, l'enfant
hospitalisé a le droit d'entretenir des contacts avec ses parents sans
contrainte d'horaires.
 Toutefois, des restrictions peuvent être imposées dans l'intérêt de
l'enfant (Art. 21). Le patient suivi par un établissement ou une
institution de santé a droit à une assistance, à un accompagnement
et à des conseils. Cette assistance, cet accompagnement et ces
conseils peuvent lui être fournis par un représentant d'un organisme
ou une personne reconnue à cette fin par l'établissement ou
l'institution de santé (Art. 22).

Le cas des malades en détention :

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 Toute personne malade en détention préventive ou emprisonnée a


droit aux soins, à charge de l'Etat, assurés soit par le service médical
pénitentiaire, soit par un établissement de santé public.
 Toutefois, en cas de refus par le malade de se conformer aux
dispositions de l'alinéa précédent, il a droit de se faire soigner dans
un établissement de santé de son choix. Il peut être transféré vers un
établissement de santé relevant d'un autre ressort juridictionnel si la
thérapie l'exige. A cet effet, le service pénitentiaire se rassure des
conditions sécuritaires et de l'ordre public (Art. 24).

Toute personne capable de discernement peut, dans le respect de la loi,


déterminer de façon anticipée les traitements médicaux auxquels elle
consent au cas où elle deviendrait incapable de discernement. Elle peut
désigner une personne physique appelée à s'entretenir avec le personnel
soignant. Les dispositions du code civil congolais sur le mandat
s'appliquent. (Art. 26 et 27).

B. Les devoirs des professionnels


 L’urgence médicale :
 Dans l’urgence, les professionnels de santé font face aux malades
prioritaires.
 Le malade prioritaire est un patient dont l’état de santé exige des oins
d’urgence devant au minimum stabiliser son état pour un traitement
protocolaire adapté. Il est souvent incapable de discernement.
 En cas d'urgence, le professionnel de santé administre les soins
médicaux conformément aux intérêts de la personne incapable de
discernement.
 D’une manière générale :
 Toute mesure de contrainte à l'égard du patient est interdite.
Toutefois, dans l'intérêt du patient, le professionnel de santé
responsable d'un établissement ou d'une institution de santé peut,
après consultation de l'équipe soignante, imposer pour une durée

NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023


P a g e | 21

limitée des mesures de contrainte nécessaires à la prise en charge du


patient (Article 28).
 Un protocole comprenant le but et le type de chaque mesure utilisée,
le nom de la personne responsable et le résultat des évaluations est
inséré dans le dossier du patient (Art. 29).
 Pendant toute la durée de la mesure de contrainte, la surveillance du
patient est renforcée et fait l'objet d'évaluations régulières.
 La mise en cellule d'isolement à caractère carcéral est interdite.
Le patient ou la personne habilitée à le représenter peut s'adresser à
l'équipe soignante pour demander l'interdiction ou la levée des mesures de
contrainte. En cas de refus, le patient ou la personne habilitée à le
représenter peut saisir la direction de l'institution de santé à cette fin.

C. Devoirs des établissements de santé (Art. 30)

Tout établissement ou toute institution de santé a le devoir de prendre


préventivement des mesures appropriées pour :
 éviter ou minimiser les accidents, les blessures ou les dommages au
personnel de santé directement ou indirectement engagé dans
l'administration des soins;
 éviter la transmission des infections nosocomiales ;
 veiller à la bonne gestion des déchets biomédicaux.

D. Exceptions à l’obligation de soigner


Sans préjudice des dispositions spécifiques de la loi, précisément des
articles 16, 17, 18,19, 20 et 21 de la loi 18/035 du 13 décembre 2018, le
professionnel de santé peut être délié de son devoir de soigner un patient.
 Cas de la personne qui tente de l'agresser ou de le harceler, sauf pour
les patients psychiatriques.
 Dans ce cas, le professionnel de santé rapporte immédiatement
l'incident à sa hiérarchie qui décide de confier ce patient à un autre
(Art. 31)

NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023


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2.2. Le dossier médical


Le dossier médical est un document qui contient les éléments du traitement
des données relatives à la santé du patient. Le dossier comprend toutes les
pièces concernant le patient, notamment l'anamnèse, le résultat de
l'examen
clinique, des analyses effectuées, l'évolution de la situation du patient, les
soins proposés et ceux effectivement administrés, avec l'indication de
l'auteur et de la date de chaque inscription (art.33).
 Tout professionnel de santé pratiquant à titre dépendant ou
indépendant tient un dossier médical pour chaque patient. Il s’agit
d’une obligation légale et déontologique (Art. 32).
 Le traitement des données du patient, en particulier la
communication des données à autrui, relève du secret professionnel
dont la violation expose le professionnel de santé aux poursuites
pénales (Art. 34).
 Les éléments du dossier du patient, aussi longtemps qu'ils présentent
un intérêt pour sa santé, sont conservés pendant au moins dix ans
dès son ouverture.
 Le dossier est détruit après vingt ans dès son ouverture, sauf s'il revêt
un intérêt particulier et cela, sans préjudice des dispositions de la loi
portant régime général des archives qui peut raccourcir ou ralonger
ce délai.
 Le patient peut consentir par écrit à une prolongation de la durée de
conservation de son dossier à des fins de recherche.
 Les institutions médicales conservent les dossiers médicaux de leurs
patients en leur sein ou auprès des Archives nationales (Article 35).
 Les dossiers des patients sont transmis au bureau central de la zone
de santé en cas de fermeture de l'établissement ou l'institution de
santé.
 En cas d'indisponibilité ou d'incapacité permanente avérée ou de
décès du professionnel de santé, les dossiers qu'il détient sont placés
sous la responsabilité de la direction de l'établissement ou
l'institution de santé qui l’emploie.
NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023
P a g e | 23

Le professionnel de santé qui cesse son activité en informe ses patients. Il


remet leurs dossiers à son successeur (Art. 36).

2.3. Des relations entre patients et professionnels de santé


A. Admission et maintien en soins (art. 37)
 Nul ne peut être admis ou maintenu contre son gré dans un
établissement ou une institution de santé, sauf en cas d'urgence
sanitaire, de décision de placement à des fins d'assistance, d'une
mesure thérapeutique ou d'internement conformément aux
dispositions légales.
 Le patient donne au professionnel de santé les renseignements les
plus complets sur sa santé et s'oblige de respecter les prescriptions
qu'il reçoit.
B. Conditions de sortie de l’établissement des soins
Selon les dispositions de l’art. 38 :
 Le patient peut quitter à tout moment un établissement ou une
institution de santé. Dans ce cas, l'établissement ou l'institution de
santé lui délivre un certificat médical.
 Le professionnel de santé a le droit de lui demander une confirmation
écrite de sa décision, après l'avoir clairement informé des risques
ainsi encourus.

2.4 : Des règles médicales spéciales


A. Les ayants droit du patient décédé
 Les ayants droit d'un patient décédé ont le droit d’être informés des
causes de son décès et du traitement qu'il a reçu.
 Le decujus peut cependant de son vivant s’y opposer d’une manière
explicite par écrit.
 Toutefois, en cas de décès dû à une maladie contagieuse susceptible
de mettre en péril la vie humaine, l'opposition du patient décédé ne

NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023


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vaut. A cet effet, l'établissement ou l'institution de santé élabore un


rapport des causes du décès (Article 39)

B. Autorisation d’incinérer, d’exhumer ou de transporter un mort


 L'autorisation d'incinérer ou d'exhumer un corps est délivrée par le
Gouverneur de province ou par le Procureur de la République, selon
le cas.
 L'autorisation de transporter un mort est délivrée par l'autorité locale
(Art.40).

2.5 : De la couverture sanitaire universelle (Art. 41)


Le système de couverture sanitaire universelle garantit à tout Congolais
résidant sur le territoire national le bénéfice de santé.
Un décret du Premier ministre délibéré en Conseil des ministres détermine
des soins et services concernés par la couverture sanitaire universelle et ses
modalités de mise en œuvre.
Il est ainsi institué en République Démocratique du Congo un système de
couverture sanitaire universelle fondé sur les principes d'équité,
d'assurance qualité des soins et de protection financière pour tous. Il s’en
suit que tout bénéficiaire du système de couverture sanitaire universelle a
droit à la consommation des soins et services de santé de qualité à un coût
accessible (Art. 43).

2.6. Système d'information sanitaire (SYS)1


Le système d'informations sanitaires contient des renseignements précis sur
les données et les décisions actualisées et vérifiables relatives notamment :
1. aux soins de santé primaires ;
2. à la surveillance épidémiologique ;
3. à la gestion des programmes ;
4. à la surveillance des déterminants de la santé ;
5. aux médicaments ;

1
Article 44
NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023
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6. aux flux financiers dans les comptes nationaux de la santé ;


7. à la gestion administrative ;
8. à l'enseignement des sciences de la santé et à la vaccination dans le pays.
Les institutions de santé enregistrent toutes les données dans les supports
appropriés et les transmettent au service spécialisé du ministère de la santé
publique. Le personnel de santé ayant une information sur les maladies à
potentiel épidémiologique et celles à déclaration obligatoire est tenu de la
notifier conformément aux directives établies à cet effet. Le personnel de
santé des établissements publics et privés ainsi que les membres de la
communauté participent aux activités de surveillance épidémiologique des
maladies.

2.7. Du personnel de santé, des ordres et des associations


professionnels
A. Personnel de santé (Art. 48)
Le personnel de santé comprend deux catégories à savoir : le personnel
directement et celui indirectement engagé dans l'administration des soins.
Un arrêté du ministre ayant la santé publique dans ses attributions fixe la
nomenclature du personnel de santé.

B. Ordres et associations professionnels (Art. 49)


Le personnel de santé est organisé en ordres ou en associations
professionnels.

2.8. Enseignement des sciences de santé et formation continue2


A. Création et agrément des établissements d'enseignement des
sciences et techniques de santé
 Les établissements d'enseignement des sciences et techniques de
santé sont créés par l'Etat ou par les privés conformément à la
législation en vigueur. L'Etat en assure l'inspection et l'évaluation.

2
Article 50
NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023
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 Les établissements privés d'enseignement de sciences et techniques


de santé de niveau autre que supérieur sont agréés par le ministre
ayant la santé publique dans ses attributions.
 Ils sont organisés et fonctionnent conformément aux normes et
directives du ministre ayant la santé publique dans ses attributions.

B. Formation continue et réglementation pharmaceutique (Art. 52)


1) La formation continue du personnel de santé
Le renforcement des capacités des ressources humaines dans le secteur de
la santé garantie la qualité des soins offerts à la population. Pour atteindre
cet objectif qualitatif, il est institué un système national de formation
continue chargé du renforcement des capacités des ressources humaines en
santé.
Les données actuelles montrent que les ressources humaines pour la santé
constituent un
problème sérieux pour le secteur dans son ensemble en RDC. Le tableau n° 2
présente les
effectifs du personnel de santé par catégorie professionnelle.

Effectifs du personnel de santé en RDC en fonction des catégories


professionnelles3
CATÉGORIES / EFFECTIFS
1. Médecins : 5 967
2. Pharmaciens : 1 300
3. Dentistes : 71
4. Administrateurs gestionnaires : 1 104
5. Infirmiers : 43 021
6. Kinésithérapeutes : 253
7. Techniciens de radio : 212
8. Techniciens de Laboratoires : 870

Sources : Direction des ressources humaines, Ministère de la santé, 2008.


3

NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023


P a g e | 27

9. Techniciens en Assainissement : 156


10. Assistants en pharmacie : 270
11. Techniciens anesthésistes : 73
12. Nutritionniste : 301
13. Ingénieurs sanitaires : 1
14. Techniciens odontologistes : 3
15. Techniciens Orthopédistes : 6
16. Epidémiologistes : 2
17. Biologistes : 5
18. Hygiénistes : 15
19. Administratifs : 36 645
Total : 90 27

2) La réglementation pharmaceutique
La production et la distribution des médicaments font partie intégrante des
devoirs d’un Etat organisé. Au Congo, le Gouvernement a institué un
établissement public chargé de la réglementation pharmaceutique (Art 53).
Cet établissement a reçu pour mission :
1. d’autoriser et de contrôler les importations et les exportations des
médicaments, cosmétiques, aliments et produits de santé ;
2. d’évaluer les demandes et d’octroyer les autorisations de mise sur les
marchés des médicaments, cosmétiques, aliments et produits de santé ainsi
que les modifications y afférents ;
3. d’inspecter les établissements pharmaceutiques afin de vérifier leur
conformité aux bonnes pratiques ;
4. d’autoriser les établissements soumis à la réglementation
pharmaceutique;
5. de contrôler la qualité des médicaments ;
6. d’assurer la pharmacovigilance ;
7. de contrôler la promotion et la publicité sur les médicaments ;
8. d’autoriser les essais cliniques ;
9. de surveiller le marché des médicaments, cosmétiques, aliments et
produits de santé.
NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023
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Chapitre 3.
Particularité du Droit médical
III.1. Les acteurs de la relation médicale

A. Le médecin
1. Le monopole médical
2. Les principes clés de l’exercice de la médecine
B. Le patient
1. Le patient ordinaire
2. Le patient prioritaire
3. Le malade en fin de vie

III.2. Le contrat médical


A. Nature juridique
1. Définition
2. Caractéristiques
B. Condition de validité
1. Conditions de forme
2. Conditions de fond

III.3. La responsabilité médicale


3.1. La responsabilité source de sanction
A. La responsabilité pénale
1. Caractéristiques
2. Les infractions médicales
B. La responsabilité disciplinaire
1. Champs d’application
2. Responsabilité disciplinaire des médecins

NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023


P a g e | 29

II.2. La responsabilité source d'indemnisation


A. La responsabilité civile
1. Responsabilité avec faute
2. Responsabilité sans faute
B. La responsabilité administrative
1. Responsabilité avec faute
2. Responsabilité sans faute

III.1. LA RELATION MEDICALE

A la fin de cette leçon, l’étudiant devra pouvoir:


 Expliquer pourquoi tous les patients sont en droit d'obtenir le respect et
une égalité de traitement.
 Identifier les modalités essentielles du consentement éclairé.
 Expliquer la manière dont les décisions médicales doivent être prises
pour les patients incapables de prendre leurs propres décisions.
 Expliquer la justification de la confidentialité pour le patient et
reconnaître ses exceptions légitimes.
 Reconnaître les principales questions éthiques concernant le
commencement et la fin de la vie.
 Résumer les arguments pour ou contre la pratique de l’euthanasie ou du
suicide assisté et expliquer la différence entre ces actes et les soins
palliatifs ou l’abstention des traitements de prolongation de la vie

Dans toute relation, on trouve toujours deux ou plusieurs parties


prenantes (acteurs), la nature de cette relation (contrat) et la manière dont
se repartissent les droits et devoirs de chacun (responsabilité). La relation
médicale contient les mêmes ingrédients.
La relation médicale matérialise la contractualisation des rapports médecin-
malade. Il s’agit essentiellement donc de la relation médecin-malade qui est
une relation humaine, dépendante de nombreux facteurs individuels et
socioculturels. Elle est faite d’attente et d’espérances mutuelles qui agissent
NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023
P a g e | 30

de façon consciente et inconsciente. Ce n’est ni une relation amicale, ni


familiale, ni commerciale.

La relation médicale se fonde sur la confiance qui s’inscrit dans le


cadre d’une pratique éthique soumise au code de déontologie médicale. La
relation médecin-malade est une relation asymétrique. Elle naît de la
demande d’un patient souffrant adressé à un médecin ayant le savoir sur la
maladie. Elle tend à poser le malade comme sujet passif. Le médecin doit
prendre la responsabilité de la démarche de soin. Le malade, en fonction de
sa personnalité, attend un soulagement et si possible la guérison. Mais il
n’attend pas du médecin une action purement technique, il demande
également un soutien, une réassurance voire l’établissement d’une relation
affective.

La relation médecin-malade est spécifique. En effet, elle a comme


préoccupation prioritaire la situation du malade, son corps et c’est dans ce
contexte qu’il convient d’insister sur le rôle de la parole du médecin comme
premier moyen thérapeutique mais il peut s’avérer comme source
d’incompréhension et d’erreurs. Cette relation est également dépendante de
processus d’idéalisations réciproques : le patient idéalise le médecin comme
connaisseur et expert ; le médecin idéalise le patient comme celui qui
répondra à la prise en charge qu’il préconise.
En définitive, cette relation met en jeu deux acteurs principaux.

I.1. LES ACTEURS DE LA RELATION MEDICALE

A l’origine d’une relation médicale, on trouve plusieurs facteurs dont


le principal demeure la recherche de la guérison de la part d’un patient qui
va contacter le médecin.
La relation médicale peut se définir comme un lien contractuel né entre le
médecin et son patient. Mais que renferme ces identifiants : « médecin et
patient » ?

NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023


P a g e | 31

A. LE MEDECIN

Base légale de l’exercice de l’art de guérir en RD Congo :


Décret du 19 mars 1952 portant exercice de l’art de guérir (BO 1952, P.882)
tel que modifié à ce jour.
Ce texte pose le principe du monopole de l’exercice de l’art de guérir au
Congo (1) tandis que l’ordonnance du 30 avril 1970 précise les principes clé
de la déontologie médicale (2).

Qu’entendre par le mot médecin ?

Il s’agit de la personne qui exerce l’art de guérir en posant le


diagnostic et en proposant une thérapie appropriée.
La pratique médicale s’étend à la recherche et la dispensation des soins
adéquats à un état de santé d’un individu donné. Il s’agit ici uniquement
des activités exercées par un médecin ou un docteur en médecine excluant
de ce fait les activités des professions dites paramédicales.

1. Le médecin, détenteur du monopole de l’art de guérir

 La Profession

La profession de médecin jouit légalement d’une protection absolue en


République démocratique du Congo. Le monopole de l’exercice de l’art de
guérir lui est garanti comme c’est le cas dans les pays de vieille tradition
démocratique.
En République démocratique du Congo, ce monopole est consacré par le
décret de 1952 précité qui énumère limitativement les diplômes requis pour
pouvoir exercer ce métier. La spécificité de cette profession, le rôle et les
tâches du médecin étant d’une importance majeure au sein de la société, le
monopole consacré tend à sécuriser également la relation médicale. Il est
important de noter que pour exercer ce métier les qualités requises sont

NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023


P a g e | 32

d’abord et avant tout d’avoir un intérêt marqué pour les sciences et d’être
capable de bien écouter et bien communiquer avec les individus.

En effet, le rôle et les tâches du médecin dans une relation médicale sont
variés. A titre d’illustration, nous pouvons souligner l’essentiel :

Identifier, de prévenir et de traiter les problèmes de santé des


individus.
Réaliser des consultations médicales, des prescriptions de
médicaments ou de traitements, radiothérapie, pratique des accouchements,
établissement d’un diagnostic, traitement des maladies.
A donner des conseils pour prévenir les maladies et pour être en
bonne santé.
A transmettre les savoirs par le biais de l’enseignement ou de la
recherche.

Comme le magistrat, le médecin est saisi des faits et non des qualifications.
C’est à lui que revient la charge de requalifier les plaintes de son patient. Il
détermine la raison qui amène le patient à le consulter, procède à son
examen physique et aux examens de laboratoire jugés nécessaires, opère le
diagnostic du problème physique ou psychologique du patient pour établir
le plan de traitement qui inclut la réadaptation du patient, la prévention des
rechutes et des maladies et le maintien de la santé. Il explique au patient, et
s’il y a lieu à sa famille, le diagnostic, le pronostic et le traitement.
Le médecin constitue la pierre angulaire, l’acteur central du monde de la
santé le médecin examine, établit un diagnostic, ordonne des examens et
prescrit le traitement pharmaceutique ou hospitalier qui s'impose. Il suit
ses malades et gère leur santé dans sa globalité. Il y a des médecins
généralistes et des médecins spécialistes d'une pathologie.

NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023


P a g e | 33

 La formation

La formation du médecin figure parmi les formations dont les critères


de rigueur, de probité et d’altruisme s’érigent en véritable tamis de triage.
En général, environ neuf ans sont nécessaires pour former un médecin et
onze ans pour un spécialiste.
En France, les candidats passent par une première année de sélection, la
Paces (première année commune aux études de santé). Cette première est
organisée en deux semestres. La sélection s’opère sur concours. Le nombre
de places est limité (numerus clausus) .
Les deuxième et troisième années débouchent sur le diplôme de formation
générale en sciences médicales (DFGSM).
La formation médicale complète se réalisent à partir de la 4ème année
jusqu’à la 6ème. Les étudiants en médecine acquièrent alors les
connaissances et aptitudes requises pour se préparer à l’ultime barrage
sélectif des études : les ECN (épreuves classantes nationales), clé d’entrée à
l’internat.
L’internat en hôpital dure 3 ans pour les généralistes, 4 ans pour la
plupart des spécialistes et 5 ans pour des spécialistes comme la chirurgie
ou la médecine interne. Les spécialistes préparent un DESC (diplôme
d’études spécialisées complémentaires).
En fin de parcours, les internes décrochent un DES (diplôme d’études
spécialisées) qui valide leur compétence. Ils obtiennent le doctorat d’Etat de
docteur en médecine après la soutenance d’une thèse.
N.B : L'armée forme également des médecins à l'Ecole du service de santé
des armées (ESSA). Un concours d'entrée à lieu chaque année .
Notons qu’en République démocratique du Congo, les médecins du
secteur public sont régis par un texte de loi spécifique. Il s’agit du Décret n°
06/130 du 11 octobre 2006 portant statut spécifique des médecins des
services publics de l’Etat.
Ce texte classe les médecins des services publics de l’Etat en 3 catégories
(art.12).

NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023


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Dans la 1ère catégorie :


Le Médecin Général
Le Médecin Chefs de Cliniques

La 2ème catégorie :
Le Médecin Résident
Le Médecin régent

La 3ème et dernière catégorie :


Le Médecin Junior
Le médecin Interne.
Ce texte, d’une grande richesse, fixe les conditions et le déroulement de ces
médecins, leur rémunération et la spécificité de leur mission.

2. Les principes clés de la déontologie médicale

Base légale :
Ordonnance N°70/158 du 30 avril 1970 déterminant les règles de la
déontologie médicale.

En République démocratique du Congo, il a fallu attendre l’ordonnance


n°70/158 du 30 avril 1970 pour doter le corps médical d’un code de
déontologie. Dans le monde, l’histoire de la déontologie médicale remonte
aux temps plus anciens.
Le mot même de « déontologie » apparaît pour la première fois dans
l’ouvrage du Philosophe et Juriste anglais Jules BENTHAM dans son
ouvrage désormais historique : « l'Essai sur la nomenclature et la
classification des principales branches d'Art et Science » en 1825.
En 1845, le premier congrès rassemblant plus de 1000 médecins français
se tint à Paris et marque la naissance d’une organisation du corps médical.
Le Dr Max Simon publie la même année un premier ouvrage consacré à la
déontologie médicale.

NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023


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Dans le cursus de formation de médecins au Congo, il est prévu un


enseignement complet consacré à la déontologie médicale. Il est tout a fait
normal donc que dans le cadre de cet cours, l’attention des étudiants soit
uniquement attirée sur les grandes lignes de cette déontologie à savoir la
nécessaire maîtrise des devoirs généraux du médecin, de ses devoirs envers
ses patients, ses devoirs en rapport avec les collectivités locales, ses devoirs
de confraternité, le respect du secret professionnel, ses devoirs envers les
membres des professions paramédicales.

La déontologie est la science des devoirs. Les règles de la déontologie


médicale sont rassemblées dans le code de déontologie médicale.
rassemble à la fois les principes moraux et les usages régissant l'exercice la
profession médicale. Les principes déontologiques fondamentaux qu'il
renferme s'imposent à tout médecin inscrit à un tableau (lors de son
inscription, le médecin doit affirmer devant le Conseil Départemental de
l'ordre qu'il a eu connaissance de ce code et s'engager par écrit, sous
serment à le respecter). Ils s'imposent aussi aux étudiants en médecine
effectuant un remplacement.
Ce code constitue un règlement interne à la profession médicale, qui
s'impose aux juridictions professionnelles mais n'a aucun effet dans les
rapports juridiques pouvant exister entre les médecins et leurs patients.
Cependant, certains de ces principes ont une valeur juridique supérieure,
puisqu'ils sont formulés également dans d’autre textes à portée générale,
notamment dans le code pénal (ex: la violation du secret professionnel est
une infraction pénale)

Le code de déontologie médicale pose généralement les règles de :


1) devoirs généraux des médecins.
2) devoirs des médecins envers les patients.
3) rapports des médecins entre eux et avec les membres des autres
professions de santé
4) l'exercice de la profession
5) dispositions diverses.
NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023
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A RETENIR
Quelques principes déontologiques fondamentaux de la profession médicale :
1) Respect de la vie et de la personne humaine :
C'est la règle fondamentale que tout médecin doit respecter qui implique:
 Le respect de la dignité et de la volonté du malade : attitude correcte et
attentive envers le malade, quel qu'il soit, et quelques soient les
sentiments que l'on éprouve vis à vis de lui. Assurer son information
clairement et simplement, en s'assurant que l'on est compris, afin
d'obtenir son consentement aux actes diagnostiques ou thérapeutiques,
notamment lorsqu'ils impliquent des risques potentiels. Le respect de la
dignité du patient implique de ne pas exercer une tutelle de fait sur lui.
La décision finale lui appartient, même si cette décision ne peut être que
guidée par les conseils qui doivent lui être donnés.
 La défense de l'enfant malade : Le médecin doit toujours s'efforcer d'agir
dans l'intérêt de la santé de enfant malade, d'une personne privée de
discernement, ou plus généralement hors d'état de se protéger. Si, par
principe, le recueil du consentement des parents, ou du représentant
légal dans le cas de l'incapable majeur, est nécessaire préalablement à
tout acte, il est des situations qui commandent de s'en passer: urgence
en leur absence, opposition injustifiable à un acte indispensable. De
même, des constatations de mauvais traitements, sévices, privations,
imposent d'agir pour y soustraire la victime hors d'état de se protéger.
 La protection des personnes privées de liberté : Le médecin ne peut
favoriser ou cautionner une atteinte à l'intégrité physique ou mentale
d'une personne privée de liberté (personne incarcérée, en rétention
administrative, gardée à vue, ...), ou à sa dignité. S'il constate des
mauvais traitements, il doit, sous réserve de l'accord de l'intéressé (dans
la mesure ou celui-ci n'est pas un mineur ou un incapable majeur), en
informer l'autorité judiciaire.
 L'obligation d'assistance à personne en péril (règle à la fois déontologique
et pénale). La pratique de soins consciencieux et dévoués, conforme aux
données actuelles de la science, avec obligation d'entretenir et de
perfectionner ses connaissances; obligation d'avoir une installation et
NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023
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des moyens techniques compatibles avec la qualité des soins que l'on
peut exiger à une époque donnée, en un lieu donné.
 L'interdiction de l'euthanasie : Le code énonce que le médecin doit
s'efforcer d'apaiser les souffrances de son malade, mais qu'il n'a pas le
droit de provoquer délibérément la mort. Le débat sur cette question est
complexe, et les controverses nombreuses. Il convient cependant de
souligner que ce refus de l'euthanasie n'est pas incompatible avec celui
de l'acharnement thérapeutique, lorsque ce dernier ne peut aboutir qu'a
prolonger inutilement des souffrances.

2) Libre choix du médecin par le malade :


C'est un principe déontologique que le médecin doit respecter et faciliter.
Il doit accepter que son patient change de médecin, et lorsqu'il oriente lui-
même ses patients vers un spécialiste, il le fait en tenant compte des
préférences du malade. Il doit également appliquer le principe de la
continuité des soins en transmettant, par l'intermédiaire du malade, au
médecin indiqué par le malade, des informations, sur l'état de santé de ce
malade.

3) La liberté de prescription :
Le médecin est libre de ses prescriptions qui sont celles qu'il estime les plus
appropriées à la circonstance. Mais il doit les limiter à ce qui est nécessaire.
Les prescriptions abusives, non conformes aux règles de l'art, peuvent être
fautives à un double titre: dangerosité potentielle, coût indu pour les
organismes de protection sociale. Il doit se limiter de lui-même au champ
d'application de ses connaissances, pour ne pas faire courir au malade un
risque injustifié. De même, il ne doit pas mettre en œuvre une
thérapeutique, ou une investigation nouvelle, qui n'aurait pas subi les
études préliminaires appropriées.

4) Indépendance professionnelle :
Le médecin ne peut aliéner son indépendance professionnelle sous quelque
forme que ce soit.
NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023
P a g e | 38

Sont donc prohibés :


- la dichotomie ( des combines ayant pour but de partager des gains, des
honoraires, des cadeaux entre médecins, pharmaciens, laboratoires…).
- le compérage.
- l'exercice sous un pseudonyme
- les pratiques commerciales et la publicité.
- les faux certificats.

5) Respect du secret professionnel :


Se référer aux développements ci-haut exposés.
6) Devoirs de confraternité :
Ce devoir interdit au médecin de se livrer à la calomnie, la diffamation, le
détournement de clientèle et oriente même les conditions d'installation du
médecin.

B. LE PATIENT

Le dictionnaire Larousse définit le patient comme « l'individu qui est


examiné médicalement ou qui se voit administrer un traitement.»
Provenant du verbe latin "pati", qui veut dire "celui qui souffre", le patient
est donc une personne soignée.

Le patient est la seconde partie au contrat médical. C’est grâce à lui et avec
lui que naît une relation médicale. Il va falloir opérer une distinction entre le
patient ordinaire de la situation d’un malade prioritaire puis de celui en fin
de vie.

1. Le patient ordinaire
Le patient ordinaire s’oppose aux patients dont le pronostic vital est engagé.
Tout patient dispose des droits et des devoirs, quel que soit le lieu ou il
reçoit son traitement, milieu hospitalier, à domicile ou dans les cabinets
privés.
NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023
P a g e | 39

a) Les devoirs du patient

Généralement en milieu hospitalier, dans les établissements organisés, et


en vertu du droit du patient à l’information, les principaux devoirs du
patients sont affichés tant à l’accueil que dans sa chambre d’hospitalisation.

Voici à titre d’illustration quelques affiches des droits et devoirs du


patient placardés à l’accueil et dans les chambres des patients dans les
Hôpitaux français :
- Hôpital privé Jacques Cartier de Massy (Région parisienne) :
Droits et devoirs du patient
Connaître vos droits
Nous veillons à respecter votre dignité et ne faisons aucune discrimination
dans l'accès à la prévention et aux soins. Nous vous assurons un droit au
respect de votre vie privée et au secret professionnel.
Les droits du malade à l'hôpital sont fixés, à titre principal, par la Charte du
Patient Hospitalisé et par la Loi du 4 mars 2002 relative aux droits des
malades et à la qualité du système de santé.
Confidentialité
L'Hôpital Privé Jacques Cartier est tenu de garantir le secret de l'ensemble
des informations à caractère médical et social vous concernant. Cette
obligation de secret professionnel s'applique à tous les professionnels,
salariés et bénévoles, intervenant dans l'établissement.

Information sur votre état de santé


Vous avez le droit d'être informé sur votre état de santé.
Cette information porte sur les différentes investigations, traitements ou
actions qui vous sont proposés, leur utilité, leur urgence éventuelle, leurs
conséquences, les risques fréquents ou graves normalement prévisibles qu'ils
comportent ainsi que sur les autres solutions possibles et sur les
conséquences prévisibles en cas de refus.

NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023


P a g e | 40

Seule l'urgence ou l'impossibilité d'informer peut dispenser le professionnel de


santé de cette obligation.
Consentement aux soins
Aucun acte médical ni aucun traitement ne peuvent être pratiqués sans votre
consentement libre et éclairé et ce consentement peut être retiré à tout
moment. En revanche, si vos décisions mettent votre vie en danger, il est du
devoir du médecin de tout faire pour vous convaincre d'accepter les soins qui
s'imposent.
Cas des enfants mineurs et des majeurs protégés
Les décisions concernant la santé des mineurs relèvent des titulaires de
l'autorité parentale. Pour les majeurs protégés, du tuteur légal. Néanmoins, la
loi prévoit qu'ils ont le droit, dans la mesure du possible, de recevoir eux-
mêmes une information et de participer à la prise de décision.
Le traitement informatisé des données
Il existe un traitement informatisé des données médicales vous concernant.
Ces informations sont utilisées par le médecin, garant du respect du secret
médical.
Sauf opposition de votre part, certains renseignements recueillis au cours de
votre consultation ou de votre hospitalisation, pourront faire l'objet d'un
enregistrement informatique réservé exclusivement aux professionnels de
l'établissement.»

- Hôpital Saint-Joseph de Marseille

• Les droits et devoirs du patient


• INFORMATIONS DIVERSES
• Vos droits et devoirs
Un hôpital est un lieu de soin, il est donc particulièrement important d’y
respecter le bien-être de ceux qui y séjournent. Nous vous demandons par
conséquent de respecter les consignes de sécurité et le règlement de
l’établissement affichés dans les chambres.
Par exemple, les animaux, alcools, toxiques, téléphones portables et apports
de nourriture extérieure sont interdits dans l’établissement.
NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023
P a g e | 41

Par ailleurs, les permissions de sortie sont soumises à l’accord du médecin


responsable de votre prise en charge médicale.
En cas de non respect des règles élémentaires de savoir-vivre, des sanctions
(allant jusqu’à la sortie disciplinaire) peuvent être prises à l’encontre des
patients qui s’y exposeraient.
- Les visites
Vos parents et amis sont les bienvenus.
Nous savons que leur présence est un grand réconfort. Afin de faciliter les
soins, les visites sont préconisées, tous les jours entre 12h et 20h, aux
visiteurs de plus de 16 ans. Elles restent cependant subordonnées aux
consignes des services, aux réglementations particulières (service d’urgence,
service de réanimation et soins intensifs, maternité,…) ainsi qu’à votre état de
santé.
Pour votre confort et celui des autres patients, il est cependant recommandé
d’éviter les visites en groupe et les conversations trop bruyantes.
- Respecter le patient
L’ensemble du personnel est soumis au devoir de discrétion, de réserve et de
secret professionnel sur les informations dont il a connaissance dans le cadre
de son travail. Par égard pour chaque individu, les droits des personnes
hospitalisées et les informations les concernant sont encadrés par un
dispositif légal (loi du 4 mars 2002) et par la Charte de la personne
hospitalisée.
- Confidentialité
Vous pouvez demander lors des formalités d’admission que votre présence au
sein de l’établissement ne soit pas communiquée.
- la gestion des réclamations
Toutes vos plaintes ou réclamations sont prises en compte par l’établissement.
Le cadre de santé du service ou le médecin responsable de votre prise en
charge doit être votre premier interlocuteur en cas d’insatisfaction.
Si vous n’avez pu vous exprimer au sein du service où vous êtes hospitalisé(e),
un professionnel chargé des relations avec les usagers pourra recevoir votre
réclamation, vous assister, vous orienter et vous informer sur les voies de
conciliation et de recours si vous estimez être victime d'un préjudice du fait de
NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023
P a g e | 42

l'activité de l'établissement. Vous pouvez le contacter par courrier ou en


appelant le 04 91 80 66 94.
- Comme dans chaque établissement de santé, une commission des relations
avec les usagers et de la qualité de la prise en charge se réunit régulièrement
pour veiller au respect des droits des usagers et pour contribuer à
l'amélioration de la qualité de l'accueil et de la prise en charge des personnes
malades et de leurs proches.
Elle est consultée sur la politique menée dans l'établissement en ce qui
concerne l'accueil et la prise en charge, elle fait des propositions en ce
domaine et elle est informée de l'ensemble des plaintes ou réclamations
formées par les usagers de l'établissement ainsi que des suites qui leur sont
données.
- Informatique et Libertés
L’établissement dispose d’un système d’information qui gère l’intégralité du
dossier du patient, pour les consultations et les séjours d’hospitalisation. La
collecte, le traitement, la diffusion et la conservation des informations
médicales nominatives sont assurées conformément à la législation en
vigueur et notamment à la loi du 4 mars 2002, relative aux droits des patients.
Les informations recueillies lors de votre consultation ou de votre
hospitalisation, feront ainsi l’objet, sauf opposition justifiée de votre part (cf.
conditions fixées à l'article 38 de la loi n°78-17 du 6 janvier 1978), d’un
enregistrement informatique dans les conditions fixées par la loi n° 78-17 du
6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés. Ces
informations sont exclusivement réservées à l’équipe médicale et soignante
qui vous suit, ainsi qu’au service facturation pour ce qui concerne les données
administratives.
Ces données sont transmises au médecin responsable de l'information
médicale de l'établissement et sont protégées par le secret médical. Vous
pouvez exercer votre droit d'accès et de rectification à ces données, auprès du
médecin responsable de l'information médicale (DIM), directement ou par
l'intermédiaire du praticien responsable de votre hospitalisation.
Tout médecin désigné par vous (médecin traitant ou spécialiste) peut
également prendre connaissance de l’ensemble de votre dossier médical.
NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023
P a g e | 43

Sur son Territoire de Santé, l’établissement fait partie d’un certain nombre de
réseaux de soins dans le cadre desquels les médecins de l’hôpital sont
amenés à participer à des réunions de concertation pluridisciplinaires. Si
votre état de santé le nécessite et sauf opposition de votre part,
l’établissement pourra être amené à transmettre des informations vous
concernant pour permettre votre prise en charge par les praticiens du réseau.
- Confidentialité des données
Vos coordonnées (nom, prénom, adresse, date de naissance et téléphone)
seront, sauf opposition de votre part, communiquées à la Fondation Hôpital
Saint Joseph qui pourra vous envoyer ensuite des informations relatives à
son rôle et ses actions caritatives.
En application de la loi du 6 janvier 1978, vous disposez d’un droit d’accès,
de rectification et de suppression de ces informations vous concernant, en
vous adressant à l’Hôpital Saint Joseph.

b) Les droits du patient

Le patient, dans la relation médecin-malade, est la partie généralement la


plus faible. Il cherche avant tout sa guérison et se trouve presque
désemparé face à la toute puissance du médecin. C’est pour ces motifs que
le législateur ainsi que la profession même du médecin ont mis en place une
charte du patient afin de garantir ses droits. La déontologie médicale
également ne transige pas avec le respect des droits du patient.
Quels sont ces droits ?

Le droit à des soins adaptés et le droit de les refuser


Le droit à la dignité
Le droit à l’information
Le droit d’accès au dossier médical

 Le droit à des soins adaptés et le droit de les refuser

NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023


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C’est le premier et le plus important de tous les droits du patient. Tout


individu a le droit aux soins que requiert son état de santé. Cela va de sa
prise en charge médicale à la qualité des soins proprement dite. Cela
suppose que le patient soit libre de choisir sur la base des informations qu’il
va recevoir du médecin afin de donner son consentement ou non. On se
rappellera toujours que dans une relation médicale, le médecin détient seul
le savoir et la compétence technique tandis que le patient en est dépourvu.
Dans la pratique, il conviendra de nuancer cette assertion, car avec
l’évolution technologique et la tendance de plus en plus à l’éducation de
masse, le patient n’est plus tout a fait un sujet désarmé intellectuellement.
On assiste progressivement à la reconnaissance de la capacité du patient à
devenir un partenaire actif voir bien informé de cette relation médicale. Il
peut également donner un avis pertinent sur son état avec la possibilité
d’avoir un effet positif sur l’amélioration de la qualité de ses soins.

Ce droit s’analyse aussi sous la lumière des principes d’égalité et de non


discrimination sur les bases desquels on peut affirmer, en paraphrasant
l’art. 1110-5 du code français de la santé publique, que « toute personne a,
compte tenu de son état de santé et de l’urgence des interventions que
celui-ci requiert, le droit de recevoir les soins les plus appropriés et de
bénéficier des thérapeutiques dont l’efficacité est reconnue et qui
garantissent la meilleure sécurité sanitaire au regard des connaissances
médicales avérées. Les actes de prévention, d’investigation ou de soins ne
doivent pas, en l’état des connaissances médicales, lui faire courir de
risques disproportionnés par rapport au bénéfice escompté. »

Le droit aux soins appropriés renvoie, enfin, à la notion de sûreté. Les soins
doivent être aussi sûrs que possible. Ce qui va s’analyser sur le plan
juridique en termes de rapport risque/bénéfice. Le médecin ne doit pas
prendre des risques inconsidérés si le bénéfice escompté n’est pas à la
hauteur. Le risque à prendre, dans tous les cas, doit être inférieur ou égal
au bénéfice espéré du recours aux soins ou les thérapies proposées.

NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023


P a g e | 45

L’autre volet de ce droit fondamental, est celui de refuser les soins proposés.
L’argument tiré du respect de l’intégrité physique de soi est valable pour
refuser les soins proposés si on estime que cela risque d’être attentatoire.
Tout homme naît libre et c’est en vertu de ce principe de liberté que tout
patient adulte et capable de décider peut refuser les soins ou les
traitements proposés.

Le droit à la dignité

Ce droit s’analyse en termes de l’estime que l’on a de soi-même, de sa valeur


intrinsèque. La dignité humaine commence dans les seins maternels. La
valeur de l’homme prime sur tout d’où l’obligation de respecter un être
humain dès sa conception. Il est exclu de reconnaître au corps humain un
quelconque caractère patrimonial. La Constitution pose le principe de la
sauvegarde de la personne humaine.
Sur le plan déontologique, le médecin est appelé à tout faire pour soulager
les souffrances du patient malade et de l’assister moralement. Le respect de
la vie privée découle également de ce droit à la dignité.
Post mortem, ce droit à la dignité interdit toute dissection et/ou des
prélèvements sur le patient décédé.

Le droit à l’information

En vertu de ce droit, tous les praticiens ont l’obligation de fournir des


informations complètes, loyales, appropriées et claires au patient sur son
état de santé, les investigations effectuées ou en cours ainsi que sur les
soins retenus.
Quelques cas d’exception peuvent dédouaner le médecin de cette obligation.
En effet, dans le cas où l’intérêt physique ou psychologique du patient le
commande, ou dans la situation d’urgence voir d’impossibilité d’informer, le
médecin peut être amené à ne pas informer le patient sur son état.
Le médecin peut en conscience taire une information ayant trait à un
pronostic ou un diagnostic grave, sauf s'il existe un risque de contamination
NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023
P a g e | 46

pour un tiers. Si le malade demande à être laissé dans l’ignorance de son


diagnostic, sa volonté devra être respectée sauf s'il existe un risque de
contamination pour un tiers.

Le droit d’accès au dossier médical

Ce droit permet de garantir au patient son « droit légitime de savoir » ainsi


que celui d’accéder directement, sans passer par un intermédiaire, à des
documents utiles de son dossier souvent demandés par des services tiers.
Compte tenu du caractère privé et personnel de ce droit, il fait partie des
prérogatives réservées. C’est un droit réservé uniquement au patient. Ce qui
revient à dire que même dans le cas où on a désigné la personne de
confiance, à qui le médecin pourra donner des informations voir demander
de prendre une décision si le patient ne peut plus s’exprimer, cette
personne de confiance n’aura pas accès au dossier du patient sauf si
expressément le malade, en état de décider, avait donné mandat ad hoc
portant sur l’accès de la personne désignée à son dossier médical.
Pour les mineurs, le principe est la reconnaissance du droit d’accès au
dossier médical aux parents de l’enfant sauf opposition expresse de ce
dernier.

Après la mort, la situation se présente autrement. Les ayants-droit peuvent


accéder au dossier médical dans trois cas :
- Pour connaître les causes du décès
- Pour défendre la mémoire du défunt
- Et pour faire valoir leurs droits.
Même dans ces trois cas, si le défunt avait fait une opposition expresse, les
ayants-droit se verront refuser l’accès au dossier médical.

2. Le malade en fin de vie


Les questions relatives à la fin de vie vont de la tentative de prolonger la vie
des personnes mourantes au moyen de hautes technologies expérimentales
comme l’implantation d’organes animaux, à celle de terminer la vie
NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023
P a g e | 47

prématurément par l’euthanasie et le suicide médicalement assisté. Entre


ces deux extrêmes, de nombreuses questions se posent, concernant
notamment la mise en place ou le retrait de traitements susceptibles de
prolonger la vie, les soins aux patients en phase terminale et la
recommandation et l’utilisation des directives anticipées.

Deux questions, l’euthanasie et l’assistance au suicide, méritent une


attention particulière.

• L 'euthanasie
Elle consiste à exécuter sciemment et délibérément une opération
clairement destinée à mettre un terme à la vie d’une autre personne.
Elle présente les caractéristiques suivantes: le sujet est une personne
capable, éclairée, atteinte d’une maladie incurable qui demande
volontairement que l’on mette un terme à sa vie. L’exécutant a connaissance
de l’état de la personne et de son désir de mourir et effectue l’opération dont
l’objectif premier est de mettre un terme à sa vie. L’opération est exécutée
avec compassion et ne donne lieu à aucun avantage personnel.

• L'assistance au suicide
Cette assistance consiste à fournir sciemment et délibérément à une
personne la connaissance et / ou les moyens nécessaires pour se suicider, y
compris des conseils sur la dose létale du produit, la prescription de ces
doses létales ou la fourniture des produits.

L’euthanasie et le suicide assisté sont considérés comme équivalents d’un


point de vue moral, bien qu’il existe entre les deux une différence pratique
bien marquée et dans certaines juridictions, une différence d’appréciation
pénale.
Selon ces définitions, l’euthanasie et le suicide assisté doivent être
distingués du refus ou de l’arrêt d’un traitement inapproprié, futile ou
indésirable ou de la prestation de soins palliatifs compatissants, même si
ces pratiques abrègent la vie.
NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023
P a g e | 48

Les demandes d’euthanasie ou d’assistance au suicide surgissent à la suite


d’une douleur ou d’une souffrance que le patient considère comme
intolérable. Il préfère mourir plutôt que de continuer à vivre dans de telles
circonstances. De plus, beaucoup de patients estiment avoir le droit de
mourir, si tel est leur choix, et même le droit d’être assisté. Le médecin est
considéré comme l’instrument de mort le plus approprié parce qu’il a la
connaissance médicale des produits permettant d’assurer une mort rapide
et sans douleur et aussi la possibilité d’avoir accès à ces produits. Il est
compréhensible que les médecins hésitent à répondre à des demandes
d’euthanasie ou d’assistance au suicide parce que ces actes sont illégaux
dans la plupart des pays et condamnés par la plupart des codes d’éthique
médicale. Cette prohibition faisait déjà partie du serment d’Hippocrate.
L’euthanasie, c’est-à-dire mettre fin à la vie d’un patient par un acte
délibéré, même à sa demande ou à celle de ses proches, est contraire à
l’éthique. Cela n’interdit pas au médecin de respecter la volonté du patient
de laisser le processus naturel de la mort suivre son cours dans la phase
terminale de la maladie. Le refus de l’euthanasie et du suicide assisté ne
signifie pas que les médecins ne peuvent rien faire pour le patient atteint
d’une maladie extrêmement grave à un stade de développement avancé et
pour laquelle les moyens curatifs ne sont pas appropriés.
Le contrôle de la douleur est l’un des aspects des soins palliatifs qui
nécessite pour tous les patients la plus grande attention. Les médecins qui
soignent des personnes en fin de vie doivent s’assurer qu’ils disposent des
moyens appropriés disponibles dans ce domaine et, si possible, d’un accès à
l’aide consultative experte de spécialistes en soins palliatifs.
Surtout, les médecins ne doivent pas abandonner les patients en fin de vie.
Ils doivent continuer à leur fournir des soins compatissants même lorsque
la guérison n’est plus possible.
L’approche de la mort soulève bien d’autres problèmes éthiques pour le
patient, le représentant légal et le médecin. La prolongation de la vie par le
recours à des médicaments, des interventions de réanimation, des procédés

NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023


P a g e | 49

radiologiques et des soins intensifs nécessite de décider du moment de


commencer ces traitements et de les arrêter lorsqu’ils ne marchent pas.
Rappelons que le patient, majeur et ayant la capacité d’agir, a le droit de
refuser un traitement médical, même lorsque ce refus entraîne la mort. Il
existe entre les individus de grandes différences quant à leur attitude envers
la mort. Certains feront tout leur possible pour prolonger la vie quelles que
soient les douleurs et les souffrances, tandis que d’autres seront tellement
impatients de mourir qu’ils refuseront même les moyens les plus simples
susceptibles de les maintenir en vie, comme les antibiotiques dans le cas
d’une pneumonie infectieuse, par exemple. Une fois que le médecin a fait
tout son possible pour informer le patient des traitements disponibles et de
leur chance de réussite, il doit respecter les décisions du patient concernant
le début ou la continuation du traitement.
En tout état de cause, les médecins ne doivent pas abandonner les patients
en fin de vie. Ils doivent continuer à leur fournir des soins compatissants
même lorsque la guérison n’est plus possible.

L’essentiel à retenir

Il faut noter que tous les droits du patient se trouvent intimement rattachés
au respect de la personne humaine. Le droit à la dignité s’applique même
au corps du patient après le décès.
Un nombre important de dispositions légales garantissent le respect des
droits essentiels du malade. En fonction de la nature de la maladie ou des
soins prodigués, le médecin est parfois dans la position de déterminer pour
son patient où se situe son intérêt.
Au nom de cet intérêt, il peut être conduit à prendre des décisions qui vont
limiter certains de ses droits ; ce qui ne pourra cependant se faire que dans
le strict respect des règles légales et déontologiques de cette noble
profession.

NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023


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III.2. LE CONTRAT MEDICAL

A. NATURE JURIDIQUE

1. Définition du contrat médical

Avant de définir le contrat médical proprement dit, il convient d'abord de


cerner la notion même du terme « contrat » pour mieux l’appliquer dans le
domaine médical, car avant d’être un contrat sui generis, le contrat médical
demeure au départ une relation liant deux parties.
D’une manière générale, le contrat s’entend « d’une convention par laquelle
une ou plusieurs personnes s’obligent envers une ou plusieurs autres, à
donner, à faire ou à ne pas faire quelque chose. »
Cette définition se retrouve dans presque tous les codes civils du monde,
dans la partie traitant des obligations. A travers un contrat, une partie
prend l’engagement de fournir une prestation au profit d’une autre partie,
laquelle en retour s’acquitte, par sa propre prestation, sous forme de prix à
payer ou de rémunération.

Le contrat peut être synallagmatique ou bilatéral, unilatéral, commutatif, à


titre onéreux ou à titre gracieux.
Le contrat est synallagmatique ou bilatéral lorsque les contractants
s'obligent réciproquement les uns envers les autres.
Il est unilatéral lorsqu'une ou plusieurs personnes sont obligées envers une
ou plusieurs autres, sans que de la part de ces dernières il y ait
d'engagement.
Il est commutatif lorsque chacune des parties s'engage à donner ou à faire
une chose qui est regardée comme l'équivalent de ce qu'on lui donne ou de
ce qu'on fait pour elle.
Lorsque l'équivalent consiste dans la chance de gain ou de perte pour
chacune des parties, d'après un événement incertain, le contrat est aléatoire.

NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023


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Le contrat de bienfaisance est celui dans lequel l'une des parties procure à
l'autre un avantage purement gratuit. On parle également dans ce cas du
contrat à titre gracieux.
Le contrat à titre onéreux est celui qui assujettit chacune des parties à
donner ou à faire quelque chose.
Tout contrat est, in fine, un accord de volonté ayant pour but d’engendrer
une obligation.

Qu’en est-il du contrat médical ?

Dans le domaine médical, le contrat médical peut être défini comme étant
l’accord par lequel le malade exprime la volonté d’accepter les soins que
nécessite son état assorti de la volonté du médecin de les lui donner.

2. Caractéristiques du contrat médical

Le contrat médical est un contrat civil, synallagmatique et intuitu personae.


Le caractère civil de ce contrat découle du fait qu'il ne peut être
assimilé à une opération commerciale. La santé humaine ne constitue pas
une valeur marchande. Le contrat médical est un contrat civil, relevant de
la compétence des juridictions judiciaires.
Le caractère synallagmatique de ce contrat apparaît évident quand on
sait qu'il s'agit d'un contrat qui fait naître les obligations réciproques et
interdépendantes entre le médecin et le patient.
Quant au caractère "intuitu personae", il est lié à la personnalisation
du contrat. Il ne concerne que le patient déterminé avec le médecin choisi. Il
s'agit d'un contrat né de la liberté de choix par le patient du praticien et
imposant l'exécution personnelle de la prestation par ce dernier.
Nonobstant ces spécificités, ce contrat se trouve soumis à des règles
relatives aux contrats en général, à la santé, à la déontologie et à
l'assurance maladie dont la formation suppose la réunion de plusieurs
conditions de validité, sous peine d'annulation.

NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023


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B. CONDITIONS DE VALIDITE

A l'instar de tout contrat, le contrat médical doit, pour sa validité, respecter


les conditions de forme et de fond.

1. Conditions de forme

Dans les pays où l'organisation de santé est solidement éprouvée et les


structures sanitaires nationales, régionales et de proximités informatisées,
l'option d'un médecin-traitant est obligatoire pour chaque assuré social.
Tout citoyen comme tout résident de ces pays dispose d'une carte de santé
et d'un médecin traitant. Le choix de ce médecin passe par une formalité
liant le patient (l'assuré) au médecin choisi. L'absence ou le non respect de
cette formalité entraîne l'annulation du contrat médical censé avoir été
conclu entre les deux parties. Notons cependant qu'à ce stade, il s'agit de ce
que nous qualifions de "contrat médical administratif."
Toutefois, le "contrat médical curatif" n'exige pas un formalisme rigoureux.
Il n'impose pas de conditions particulières de forme pour sa validité,
reconnaissant l'échange des consentements, c'est un contrat tacite. Il n'a
pas besoin d'écrit pour sa validité. Un simple coup de fil d'un malade au
médecin fait naître le contrat médical. Le médecin devra à partir de l'instant
où il reçoit la plainte du patient agir en conséquence de cause soit par une
information, une orientation ou une prise en charge médicale. Ce qui
importe le plus, dans ce type de contrat, ce sont les conditions de fond.

2. Les conditions de fond

Le contrat médical est soumis aux conditions de droit commun des contrats
à savoir : le consentement, la capacité, l'objet du contrat et la cause.
D'abord, les parties doivent consentir à la conclusion du contrat médical. Le
médecin est en principe libre d'accepter de donner des soins mais il existe,
en pratique, de nombreuses hypothèses où il y est obligé. Le patient doit
consentir au contrat médical et aux soins. Il existe des cas où, du fait de
NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023
P a g e | 53

son incapacité physique ou juridique, ou de l'importance de l'acte envisagé,


un formalisme particulier doit être observé pour recueillir son consentement.

Ensuite, les parties doivent avoir la capacité de conclure le contrat médical.


Le médecin doit être capable d'exercer et les patients mineurs ou majeurs
mais incapables doivent être assistés ou représentés.

Enfin, le contrat doit avoir un objet et une cause et ceux-ci doivent être
licites. Après avoir consenti au contrat, les parties doivent l'exécuter en
respectant leurs obligations jusqu'à ce qu'il prenne fin, de manière
volontaire ou pas, à l'initiative du patient ou du médecin.

Le contrat médical n’est pas un contrat de résultat mais de moyen. Le


médecin ne s’engage pas à GUERIR la maladie de son patient mais à tout
faire, à agir en bon père de famille afin d’apporter des soins adaptés à sa
pathologie.

Toutes ces conditions, de forme et de fond, réunies rendent le contrat


médical juridiquement opposable, c'est-à-dire générateur des
responsabilités particulièrement dans le chef du médecin.

NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023


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III.3. RESPONSABILITE MEDICALE

La question de la responsabilité renvoie à la problématique de la réponse à


apporter en cas d’un acte quelconque causant un dommage à autrui.
Le principe de base est posé par le décret du 30 juillet 1888 constituant le
livre III du Code civil congolais dans son article 258 qui stipule ce qui suit :
«Tout fait quelconque de l’homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui
par la faute duquel il est arrivé à le réparer.»

Historiquement, la Loi de Talion, que l’on peut rapprocher aisément de


l’Exode 21, verset 14, soulevait déjà cette problématique de la réparation
des dommages causés : Dent pour dent, oeil pour oeil.
La cruauté et, parfois le caractère automatique de cette justice réparatrice,
vint amener la communauté des humains à la remplacer progressivement
par d'autres formes de compensation notamment monétaire. La notion de
réparation monétaire s’est dessinée et des codes de pratique
d’indemnisation se sont mis en place. Mais, jusqu’à la fin du 19ème siècle,
l’auteur réparait le dommage qu’il avait causé en puisant sur son
patrimoine personnel. Il aurait été considéré comme immoral que ce soit
une autre personne ou structure qui paie à sa place. Les deux notions,
sanction et réparation étaient donc toujours très intriquées.

A la fin du 19ème siècle, l'ère de l’industrialisation, certaines personne ont


du réparer le dommage causé à d’autres même s’ils n’étaient pas
directement responsable du dommage. Ce fut notamment l’apparition des
indemnisations des accidents de travail pour lesquels les employeurs
étaient tenus responsables, même s'ils n’étaient pas directement fautifs.
Parallèlement, se sont mis en place des systèmes d’assurance. A partir de
cette époque, la responsabilité indemnitaire est devenue un droit à
réparation à part entière et s’est distingué du principe de sanction. Donc
aujourd’hui, la responsabilité « sanction » et la responsabilité «
indemnisation » sont deux notions bien distinctes.

NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023


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D’un point de vue purement médical, la responsabilité du médecin ne


constitue pas une notion nouvelle.

Le code d’Hammourabi en Babylone, qui comportait 282 dispositions,


instituait la base de ce qu’on peut qualifier de « responsabilité médicale.»
En effet, sa règle 218 mettait en garde les médecins contre les erreurs
médicales :
« Si un médecin incisant un abcès perd son malade ou l’œil de son malade, on
lui coupera la main ».
Dans les siècles qui suivirent, se succédèrent des périodes d’immunité
totale puis des retours à une recherche de responsabilité des médecins.
Mais c’est à partir du 19ème siècle que s’est instaurée la responsabilité
médicale telle qu’on la conçoit aujourd’hui.
Lorsque l’on parle de responsabilité, il est important de savoir quelle
responsabilité est concernée. Il peut s’agir d’une responsabilité source de
sanction (telle la responsabilité pénale ou la responsabilité disciplinaire) ou
d’une responsabilité source d’indemnisation (responsabilité civile ou
administrative).
La première consiste à sanctionner des comportements que la société
réprouve; la seconde consiste à faire indemniser la victime d'un dommage
causé par un tiers. La responsabilité pénale et la responsabilité
disciplinaire ont une fonction répressive.
La responsabilité civile et la responsabilité administrative ont pour seul but
l'indemnisation d'une victime. Ces deux aspects seront envisagés tour à
tour.

NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023


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1. LA RESPONSABILITE SOURCE DE SANCTION

Le mot « sanction » ici renvoie à la notion de « peine » à purger sans exclure


la possibilité de « payer » en même temps la réparation du dommage causé.
A la différence de la réparation par voie d’indemnisation, la sanction, pour
être applicable, doit avoir été prévue par un texte opposable (texte de loi ou
réglementaire). Il en découle que cela ne concerne en définitive que deux
sortes de responsabilité : la responsabilité pénale et la responsabilité
disciplinaire.

A. LA RESPONSABILITE PENALE

A la base, on trouve une infraction pénale c’est-à-dire un fait légalement


répréhensible et prévu par la loi pénale comme tel. Le code pénal congolais
prévoit limitativement et nommément les infractions punies sur l’ensemble
du territoire national. On ne peut pas inventer d’autres infractions en
dehors de ce qui est prévu.

1) Caractéristiques de la responsabilité pénale

Notons d’abord que cette responsabilité concerne un fait volontaire ou


involontaire qui trouble l'ordre public qui n'entraîne pas obligatoirement de
préjudice.
La responsabilité pénale est une responsabilité personnelle, individuelle,
non couverte par un tiers (l'assurance des professionnels de santé ne jouera
jamais pour les conséquences de délits intentionnels).
L’évolution des faits et de droit pénal de nos jours ) à prévoir à côté de la
responsabilité pénale des personnes physiques, la responsabilité pénale des
personnes morales (l'hôpital public par exemple).

Ce qui est important de retenir à propos de la responsabilité pénale :

NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023


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C’est d’abord le fait que pour qu’elle existe, il faut à la base une infraction et
une peine correspondante déjà prévues par un texte de loi pénale.
Pour votre information, l’infraction ne se constitue pas n’importe comment.
Il y a des conditions prévues pour qu’un fait soit considéré comme étant
une infraction.
Pour qu'il y ait infraction pénale, il faut la réunion de 3 éléments:
Elément moral: C’est ce qu’on qualifie d’élément intentionnel
matérialisé soit par une intention volontaire coupable, soit une faute morale
de comportement (acte involontaire mais relevant d'un comportement
négligent). Il s’agit de la volonté consciente de réaliser l’élément matériel de
l’infraction
Elément légal : C’est le contenu de la loi qui définit le fait
répréhensible et la sanction encourue. Le fait doit avoir été prévu par un
texte de loi. Il découle du principe de légalité des délits et des peines. «
Nullum crimen, nulla pœna sine lege » !
Elément matériel: c'est l'acte "perturbateur" dans sa matérialité
apprécié notamment en considération du préjudice corporel et/ou
psychologique de la victime.
A ces trois éléments s’ajoute l’élément philosophique qui n’est toujours pas
retenu sur la base du principe d’égalité devant la loi. Ce n’est pas parce que
telle conception philosophique de telle communauté ne considère pas un
fait comme infractionnel qu’il n’en est pas moins si la loi en a décidé le
contraire.

Tout futur médecin doit toujours se rappeler de ces quelques évidences :

Être responsable, c'est assumer les conséquences de ses actes.


Une personne qui commet un acte interdit par la loi, une infraction,
engage sa responsabilité pénale.
La responsabilité pénale : c'est l’obligation de répondre des infractions
commises et de subir la peine prévue par le texte qui les réprime ; elle
implique un recours par l’État contre un trouble à l’ordre public.

NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023


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La responsabilité pénale concerne un fait volontaire ou involontaire


qui trouble l’ordre public. Il s’agit d’une responsabilité personnelle et
individuelle (non couverte par une assurance).
Cette responsabilité pénale est incontestablement la plus redoutable pour
un médecin non seulement par la mauvaise publicité qu’il risque de subir
mais également par l’infâme statut de « médecin criminel » que l’on devrait à
tout prix éviter de revêtir toute sa vie.

2. Droit pénal spécial de l’art de guérir


Nous exposons ici quelques infractions relevant du secteur médical. Cette
liste n’est pas exhaustive et n’est donnée qu’à titre indicatif. Ce sont les
principales infractions auxquelles s’expose particulièrement tout médecin
au Congo.
 La violation du secret professionnel
Cette infraction vise toute personne dépositaire obligée d'un secret
professionnel, le médecin en particulier.
Article 73 du Code pénal congolais :
Les personnes dépositaires par état ou par profession des secrets qu'on leur
confie qui, hors le cas où elles sont appelées à rendre témoignage en justice et
celui où la loi les oblige à faire connaître ces secrets, les auront révélés, seront
punis d'une servitude pénale de un à six mois et d'une amende de mille à cinq
mille zaïres, ou d'une de ces peines seulement.

Le secret couvre tout ce qui est venu à la connaissance du médecin dans


l'exercice de sa profession, c'est à dire non seulement ce qui lui a été confié
mais aussi ce qu'il a vu, entendu et compris. Ce secret couvre l'ensemble
des informations médicales et individuelles au sens large. On attend donc
du médecin une discrétion totale (même sur les constatations négatives et
sur les éléments non médicaux).
Le secret doit être absolu vis-à-vis de toute personne étrangère au malade, y
compris la famille et les proches (sauf parents ou tuteurs d'enfants
mineurs). Il n'y a jamais de secret vis-à-vis du patient : cependant un
malade peut être laissé dans l'ignorance d'un diagnostic ou pronostic grave
NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023
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(Code de déontologie). Dans ce cas la famille doit généralement être


prévenue. Il y a possibilité de partage limité du secret avec un proche qui,
par utilité, devient le collaborateur occasionnel du médecin. Il peut s'agir de
la personne de confiance.

- Les dérogations au secret médical :


Dérogations légales :
1 - déclaration des naissances (art. 56 du c.p). Le médecin est tenu de
déclarer à l'officier d'état civil dans les 3 jours suivant la naissance, la
naissance d'un enfant à laquelle il a assisté, si cette déclaration n'est pas
faite par le père.
2 - déclaration des décès
3 – maladies à déclaration obligatoire
4 – surveillance des toxicomanes en injonction thérapeutiques.
5 - certificats d'hospitalisations psychiatriques : comportent obligatoirement
une description précise des symptômes et des anomalies du comportement
et l'identité du malade.
Remis à des tiers (l'entourage ou l'autorité publique).
6 - incapables majeurs : le médecin traitant certifie l'altération des facultés
mentales, le degré de cette altération et ses incidences sur le comportement
du sujet, pour les mesures de tutelle, curatelle et sauvegarde de justice;
7 – accident de Travail, maladie professionnelles, invalidité militaire
8 – mineurs de moins de 18 ans ou personnes hors d'état de se protéger,
victimes
de sévices ou de privations (Code pénal) : Le médecin et les personnes
astreintes au secret professionnel ont la faculté de révéler l'existence de ces
mauvais traitements, aux autorités judiciaires ou administratives.
9 – violences, viol et attentat à la pudeur : une simple présomption suffit
pour que le médecin puisse le révéler au procureur de la république avec
l'accord de la victime. (Code pénal).
10 - révélation de certains crimes et délits : faculté de dénoncer les crimes
(et non les criminels) tentés ou consommés dont les effets peuvent encore
être prévenus et/ou limités, ou quand on a la présomption un nouveau
NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023
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crime que l'on peut prévenir, quand on détient la preuve de l'innocence


d'une personne incarcérée ou jugée, faculté d'en porter témoignage, quand
on a connaissance de sévices infligés à un détenu….
11- personne dangereuse, un criminel armé
12 – preuve de l'innocence d'une personne incarcérée
13- Pour se défendre : Quand l’action en responsabilité est intentée contre
un médecin celui-ci est autorisé à faire les révélations nécessaires à sa
défense. Ainsi lorsque la responsabilité du médecin est mise en cause du
fait d'un certificat de complaisance extorqué par un patient à but
d'escroquerie (assurance, sécurité sociale) le médecin inculpé pour
délivrance de faux certificats est autorisé à décrire l'attitude du patient, les
symptômes allégués et les signes simulés.

 La non-assistance à personne en danger


A l’instar de l’infraction précédente, elle ne vise pas spécifiquement le
médecin mais son métier l’y expose particulièrement.

Article 66 bis, Code pénal congolais :


Sera puni d'une servitude pénale de trois mois à un an et d'une amende de
cinq à cinquante zaïres, ou de l'une de ces peines seulement, quiconque,
pouvant empêcher par son action immédiate, sans risque pour lui ni pour les
tiers, une infraction contre l'intégrité corporelle de la personne, s'abstient
volontairement de le faire.
Article 66 ter :
Sera puni d'une servitude pénale de trois mois à deux ans et d'une amende
de cinq à cinquante zaïres ou de l'une de ces peines seulement, quiconque
s'abstient volontairement de porter à une personne en péril l'assistance que,
sans risque pour lui ni pour les tiers, il pouvait lui prêter, soit par son action
personnelle, soit en provoquant un secours.

Article 66 quater :
Si les infractions prévues aux articles précédents sont commises par une
personne chargée par état ou par profession d'assister les autres en danger,
NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023
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la peine sera la servitude pénale d'un à trois ans et l'amende de cinq à cent
zaïres.

 Atteintes à l'intégrité corporelle

L'exercice médical implique à chaque instant des atteintes volontaires à


l'intégrité corporelle justifiées par le but thérapeutique d'une part et du
consentement du patient d'autre part. A l’absence de l’une de ces conditions,
la responsabilité pénale du médecin sera retenue. Mais si ces deux
conditions sont réunies, le médecin peut impunément commettre ces
atteintes volontaires au corps humain. Dès que l'une de ces conditions
manque, l'infraction est constituée.
Dans la pratique, les atteintes involontaires à l'intégrité corporelle
constituent la majeure partie des infractions reprochées aux médecins. Il
s'agit de l'homicide et des blessures causées par la maladresse,
l'imprudence, la négligence ou l'inobservation des règlements.

Code pénal congolais :


Article 52 :
Est coupable d'homicide ou de lésions involontaires celui qui a causé le mal
par défaut de prévoyance ou de précaution, mais sans intention d'attenter à
la personne d'autrui.
Article 53 :
Quiconque aura involontairement causé la mort d'une personne sera puni
d'une servitude pénale de trois mois à deux ans et d'une amende de
cinquante à mille zaïres.
Article 54 :
S'il n'est résulté du défaut de prévoyance ou de précaution que des coups
ou des blessures, le coupable sera puni d'une servitude pénale de huit jours
à un an et d'une amende de cinquante à cinq cents zaïres, ou d'une de ces
peines seulement.
Article 55 :

NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023


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Sera puni des mêmes peines ou de l'une d'elles seulement celui qui aura
involontairement causé à autrui une maladie ou une incapacité de travail
personnel en lui administrant des substances qui sont de nature à donner
la mort ou à altérer gravement la santé.

Pour que cette infraction soit caractérisée, il faut qu'une faute ait été
commise par le médecin (faute d’imprudence dans l’élaboration du
diagnostic, dans la prescription ou la réalisation du traitement). Il faut
également que soit prouvé, de manière certaine, le lien de causalité entre
cette faute et les blessures, ou la mort de la victime.
En matière pénale les textes appliqués par les tribunaux sont
d'interprétation stricte. Ceci explique que le juge pénal ne peut ni faire
appel à la présomption de faute, ni à la notion de perte de chance, ce que
peut faire le juge civil.

Bonus culture générale : La mise en œuvre de la responsabilité pénale.

La mise en œuvre de la responsabilité pénale suppose que soient engagées


des poursuites, et que ces poursuites débouchent sur un jugement par une
juridiction répressive.

En principe, l'initiative des poursuites appartient au Procureur de la


République. Il décide des suites à donner aux plaintes, dénonciations,
enquêtes, etc.... Il peut classer décider de classer sans suite, renvoyer
directement l'auteur de l'infraction devant la juridiction de jugement, ou
requérir l'ouverture d'une information confiée à un juge d'instruction. Si
l'affaire n'est pas classée sans suite, l'étape de l'instruction est la règle en
matière médicale compte tenu de la complexité habituelles des dossiers. A
l'issue de l'instruction, une Ordonnance est rendue, soit de non lieu, soit de
renvoi devant la juridiction compétente.
Les poursuites peuvent également résulter de la plainte de vos patients,
avec constitution de
partie civile de la victime ou de ses ayants droit (sa famille).
NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023
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Dans ce cas, l'instruction est ouverte, soit contre vous ou contre X, sans
que le Procureur de la République puisse l'empêcher. Si l'instruction ne se
clôt pas par un non lieu, la juridiction de jugement aura à se prononcer non
seulement sur la culpabilité du médecin mis en cause, mais aussi sur les
dommages intérêts dus par lui à la victime.

Enfin, la constitution de partie civile par la victime peut intervenir soit en


cours d'instruction, soit devant la juridiction de jugement, avec les mêmes
effets que précédemment, sur le plan des intérêts civils (de la demande de
dommages intérêts).

B. LA RESPONSABILITE DISCIPLINAIRE

Est une faute disciplinaire tout manquement aux règles de la déontologie


médicale. C'est la violation d'une règle morale, plus que d'une règle
proprement juridique, qu'elle soit inscrite dans un texte, Code de
déontologie médicale par exemple, ou non. Ces fautes ont en principe un
rapport avec l'activité professionnelle, mais pas exclusivement, un acte de la
vie privée pouvant porter atteinte à l'honneur ou à la moralité de la
profession.
Cette responsabilité disciplinaire se distingue de la responsabilité pénale au
niveau de ses principes généraux (1) et des conditions de mise en œuvre
dans le domaine médical (2).

1. Principes généraux

D’aune manière générale, la responsabilité disciplinaire est la conséquence


de la violation des règles disciplinaires propres à un groupe, une structure
ou une organisation déterminée. Il s’agit ici d’une atteinte à un ordre
intérieur régi par des dispositions particulières non opposables aux
personnes étrangères à la structure. Son champs d’application est limité
comparé à celui d’une loi pénale. Cette responsabilité découle du droit
disciplinaire dont il convient de rappeler les principes de base.
NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023
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Globalement, le droit disciplinaire permet d'apprécier le respect de la


réglementation interne d'une profession. Les procédures sont très variables :
la décision relève parfois d'une juridiction (ordre professionnel) ou à
l'inverse du supérieur hiérarchique (fonction publique et salariat). Les
infirmières sont très exposées sur le plan disciplinaire dès lors qu'une
plainte peut être déposée pour toute faute, même si celle-ci n'a pas
occasionné de préjudice : il s'agit en effet d'apprécier le comportement d'un
professionnel.

2. Conditions de mise en oeuvre

Il sied d’abord de préciser que la faute médicale ou hospitalière est par


nature susceptible d’entraîner la responsabilité civile, le cas échéant pénale,
des professionnels de santé.
De façon concomitante, les concernés peuvent voir leur responsabilité
engagée sur le terrain disciplinaire. Des procédures distinctes sont dès lors
possibles devant les instances ordinales (conseil national de l’ordre des
médecins et conseils régionaux) ou par l’établissement public hospitalier.
Aux termes de ces procédures, diverses sanctions sont susceptibles d’être
prononcées dès lors que la faute du professionnel de santé sera
formellement établie.

- Principes clés de cette responsabilité

Toute violation des règles de déontologie médicale peut faire l’objet d’une
sanction disciplinaire. L’action disciplinaire est exercée à l’encontre de tout
médecin dès lors que ce dernier est inscrit au tableau de l’ordre des
médecins. En France, elle s’exerce également à l’encontre des étudiants en
médecine (effectuant un acte médical lors d’un remplacement) et des
médecins ressortissants d’un état membre de la communauté européenne
qui accomplissent en France une prestation de services .

- Notion de la faute disciplinaire


NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023
P a g e | 65

La faute disciplinaire peut se définir comme “ toute violation et


manquement caractérisé aux obligations professionnelles. Pour justifier une
sanction, les fautes des praticiens hospitaliers doivent relever d’un
manquement sérieux à leurs obligations déontologiques et statutaires. Elles
doivent être précises, établies, personnelles et liées au service directement
ou indirectement. Tel est le cas d’un acte de nature à déconsidérer la
profession médicale .

- Caractéristiques des sanctions découlant de cette responsabilité

En vertu du principe “ nulla poena sine lege ”, une sanction disciplinaire


doit être prévue dans les textes pour être prononcée. Le pouvoir
d’appréciation de l’autorité disciplinaire est donc restreint puisqu’elle ne
peut que prononcer une peine prévue par les textes.
Aucune sanction disciplinaire rétroactive ne peut être prononcée à
l’encontre d’un médecin.
Pour les médecins, ces sanctions se présentent généralement dans l’ordre
suivant :
l'avertissement,
le blâme,
l'interdiction temporaire ou permanente d'exercer des fonctions
médicales dans le secteur public et social,
l'interdiction temporaire d'exercer la médecine (pendant 3 ans au
maximum),
la radiation du tableau de l'Ordre.
Ces peines peuvent être assorties d'un sursis (partiel ou total).

II. LA RESPONSABILITE SOURCE D’INDEMNITE

La responsabilité indemnitaire a uniquement une fonction réparatrice au


moyen d’une compensation souvent financière. Elle est mise en jeu lorsque,
NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023
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de part son fait, une personne a entraîné un dommage. La personne


responsable engage sa responsabilité dans le sens où elle doit indemniser la
victime du préjudicie qu’il lui a faite subir.
L’objectif, dans ce cas, n’est plus la punition du responsable d’un fait
dommageable mais sa réparation.
Cette responsabilité se décline en responsabilité civile et administrative. Par
voie de conséquence, la responsabilité civile médicale concernera le cas où
le médecin exerce dans le secteur privé (clique, exercice libéral) tandis que
elle deviendra administrative quand on aura affaire aux médecins du
secteur public (exercice dans les établissements publics, hopitaux…).

A. LA RESPONSABILITE CIVILE MEDICALE

Dans l’exercice de sa profession, le médecin peut voir sa responsabilité civile


mise en cause dans deux cas : en cas de d’infraction et en cas d de
manquement aux engagements contractuels (1) mais cette responsabilité
doit répondre à certaines conditions pour être retenue (2).

1. La responsabilité civile délictuelle d’un médecin

La responsabilité délictuelle est retenue quand le médecin, de part son fait


délictuel, a porté préjudice à une autre personne lui causant ainsi un
dommage. Il peut y avoir absence totale d’un lien particulier entre le
médecin et la personne lésée.
Par exemple, un médecin X renverse un individu Y et lui cause un dommage
(une jambe cassée). Le médecin engage sa responsabilité vis à vis de Y et
devra non seulement répondre de son crime mais également indemniser sa
victime.

La responsabilité contractuelle du médecin découle du contrat établi entre


son patient et lui. Les obligations réciproques sont déterminées. C’est le non

NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023


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respect de ses engagements en bon père de famille qui déclenche la mise en


jeu de cette responsabilité à l’encontre du médecin.
Nous rappelons ici le fait que les contrats peuvent être divers et variés. Ils
ne nécessitent pas forcément de formalisme (rédaction d’un écrit) et peuvent
être oraux.
Par exemple, lorsque vous vous rendez au marché, que vous demandez à la
maman vendeuse d’ignames de vous servir et qu’elle s’exécute, un contrat
est valablement établi entre vous deux. Vous êtes tenu d’honorer votre part
contractuelle en payant le prix de cette marchandise.
La responsabilité civile contractuelle à retenir sera appréciée sur la base de
l’existence des critères précis : existence d e la faute et d’un dommage, lien
de causalité entre le faute et le dommage causé. Classiquement, il
appartient au demandeur (celui qui estime être victime et avoir subi un
dommage) de prouver le fait fautif, l’existence du dommage et le lien de
causalité.
La responsabilité médicale est classiquement une responsabilité de type
contractuelle. En effet, entre le médecin et son client, se forme un véritable
contrat, comportant pour le praticien l’engagement, sinon bien évidemment
de guérir le malade, ce qui n’a jamais été allégué, du moins de lui donner
des soins non pas quelconques mais consciencieux, attentifs et, réserves
faites de circonstances exceptionnelles, conformes aux données actuelles de
la science ; que la violation, même involontaire de cette obligation
contractuelle est sanctionnée par une responsabilité de même nature,
également contractuelle. Ainsi, entre le médecin et son patient s’établi un
contrat de soin.

Le dommage peut être situé hors du champ contractuel. Par exemple, un


patient tombe en sortant de chez le médecin et en trébuchant sur une
marche mal réparée. Le médecin en repartant d'une visite abîme le portail
du patient. Les rapports sont alors de nature délictuelle, car on n’est plus
dans le cadre du contrat de soins.

2. Les conditions de mise en œuvre de la responsabilité civile médicale


NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023
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Pour que la responsabilité du médecin soit retenue, il faut qu’ait été


commise une faute, qu’un
dommage en résulte et que le lien de causalité entre les deux soit prouvé.

La faute

Elles sont de plusieurs sortes : faute d’humanisme, d’imprudence ou les


fautes techniques.
- Les fautes contre l’humanisme

Plus haut, il nous a été donné l’occasion de préciser que les obligations du
médecin englobaient entre autre un devoir d’information, la nécessité
d’obtenir le consentement du patient, le respect de la personne et celui du
secret professionnel. Tout non-respect de ces obligations traduit avant tout
un manque d’humanisme et constitue une faute pouvant engager la
responsabilité civile.

- Les fautes d’imprudence

Ces fautes découlent de la négligence qui aboutit aux erreurs médicales


causant des dommages aux patients.

- Les fautes techniques

Elles peuvent être retenues lors de l’élaboration du diagnostic, lors du choix


du traitement ou
lors de la réalisation d’un acte particulier. L’attitude du médecin sera
considérée comme fautive en comparaison avec la conduite du «médecin,
bon père de famille » qui aurait, dans les mêmes circonstances agit avec
prudence, en respectant les règles de l’art. Le juge demandera aux experts
si la conduite du médecin est celle qu’aurait eu un bon professionnel et si
on peut expliquer le choix du médecin (ex : divergence d’écoles).
NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023
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Attention, un médecin ne commet pas forcément une faute s’il n’a pas fait
un diagnostic mais seulement s’il n’a pas mis en œuvre les examens réalisés
habituellement pour faire le diagnostic.

Le dommage

Tous les dommages sont reconnus : physique, moral. La perte de chance est
un dommage particulier : parfois, le médecin a commis une faute mais les
experts ne savent pas si, même si le médecin avait agi conformément aux
règles de l’art, la complication aurait été évitée. Dans ce cas, les juges
estiment que le patient a perdu une chance d’être guéri ou de ne pas avoir
eu cette complication. Le dommage indemnisé est la perte de chance et non
pas le dommage physique (ou moral) lié à la complication.

Le lien de causalité

Le lien de causalité entre la faute et le dommage doit être certain et direct.


C’est pourquoi, lors d’une perte de chance, il n’est pas possible
d’indemniser le dommage physique lui-même.

B. LA RESPONSABILITE MEDICALE ADMINISTRATIVE

Deux particularités sont à prendre en compte en matière de responsabilité


administrative : les principes généraux et les conditions de la mise en œuvre
de cette responsabilité.

1. Principes généraux

L’autonomie du droit administratif par rapport aux règles du droit privé fait
que ses règles en matière de la responsabilité administrative sont
autonomes par rapport aux règles de la responsabilité civile. Ainsi un
conflit opposant l’administration à un particulier ne peut être jugé que par
NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023
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un juge administratif et le juge administratif ne juge pas selon les règles du


code civil.
En matière d’indemnisation, l’administration est responsable du fait de ses
agents. Ainsi, si les agents de l’administration ont, de par leur faute
entraîné un dommage, l’administration
Devra prendre en charge l’indemnisation du dommage qui en découle.
Contrairement, dans le secteur privé, dans le secteur public, l’exercice
médical n’est pas réglementé par le principe du contrat médical pour la
simple raison que le patient ne contracte pas avec le médecin qui n’est
qu’un agent du service public. Toutefois, l’exercice médical doit être
conforme aux règles de bonnes pratiques médicales et aux règles de
déontologie :
- le médecin a obligation de donner des soins attentifs, conformes aux
données actuelles de la science
- il a un devoir d’humanisme : respect du consentement, nécessité
d’apporter une information loyale et adaptée, respect du secret
professionnel.
- L’obligation du médecin même dans le secteur public demeure toujours
une obligation de moyen, c’est à dire que la faute médicale sera définie par
rapport à un idéal de conduite que devrait avoir un bon père de famille et la
faute ne sera retenue que lorsque le médecin n’aura pas agi en respect des
règles de l’art.
Les missions du service public sont en symbiose avec les missions de tout
médecin dans le privé. Les établissements de santé publique assurent les
examens de diagnostics, la surveillance et le traitement des malades,
blessés et femmes enceintes ». Ainsi, l’hôpital a lui-même une obligation de
moyen en matériel et personnel pour ce qui concerne l’organisation de soins.

Il faut toutefois signaler quelques particularités de la faute telle qu’elle est


reconnue par le
juge administratif.

NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023


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- la distinction de la faute lors d’un acte médical et de la faute dans les


actes de soins et
d’organisation du service.
Ces deux types de faute vont, de toute façon, engager la responsabilité de
l’administration.
Aujourd’hui la distinction n’est pas très importante mais il faut savoir qu’en
France, par exemple, avant 1992, elle l’était puisque, car pour engager la
responsabilité de l’administration, il fallait une faute lourde en matière
médicale (alors qu’une faute légère suffisait pour une faute de soins ou
d’organisation du service).
Les actes médicaux sont formés par tous les actes réalisés par un médecin
et les actes paramédicaux réalisés par un paramédical sous l’ordre d’un
médecin.
- Les actes de soins ou d’organisation du service sont tous les actes ne
relevant pas d’actes techniques de diagnostic ou traitement (patient qui
fugue, patient qui tombe d’un brancard, erreur d’administration d’un
produit…).

Donc on notera avec intérêt, qu’actuellement toute faute simple suffit


maintenant à engager la responsabilité de l’administration : qu’il s’agisse du
manquement aux obligations de service, blessures par imprudence, défaut
de surveillance, retard de diagnostic ou traitement, défaut d’organisation du
service …
Le fondement principal reste celui de la faute (comme en matière civile). Il
faut normalement une faute prouvée pour engager la responsabilité de
l’hôpital.
Cependant, dans des cas rares, la jurisprudence française a reconnu, dans
certains domaines, une présomption de faute. Ainsi, lorsqu’un dommage
grave survient dans les suites d’un acte de soins courant, le patient n’a pas
à prouver qu’il y a eu une faute, celle ci est présumée.

Exemple de domaine de présomption de fautes :


Complications après des vaccinations obligatoires,
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troubles neurologiques secondaires aux anomalies de posture après


intervention chirurgicale, infections nosocomiale. Ce système de
responsabilité est intéressant pour le patient car il n’a pas à apporter la
preuve d’une faute.

Dans certaines situations, la responsabilité de l’hôpital pouvait être


engagée même en l’absence de faute. Ceci a été initialement reconnu lors de
dommages graves survenant après l’utilisation de techniques nouvelles.
Ces conditions doivent être remplies :
- un dommage d’une extrême gravité
- la réalisation d’un risque exceptionnel mais connu
- un risque sans rapport avec les prédispositions du patient ou l’évolution
prévisible de sa maladie.
Dans l’affaire Bianchi, on a ainsi le cas de Monsieur Bianchi devenu
tétraplégique dans les suites d’une artériographie vertébrale. Aucune faute
n’avait été commise et il a été reconnu que la complication était liée à une
occlusive de l’artère vertébrale en rapport avec des troubles
hémodynamiques, risque rarissime mais connu.
Dans ce cas, le patient n’a pas à apporter la preuve d’une faute.

2. Les conditions de mise en œuvre de la responsabilité administrative

Comme en matière de responsabilité civile, la mise en œuvre de la


responsabilité nécessite une faute, un dommage et un lien de causalité
entre les deux. Le patient doit apporter la preuve de trois éléments (sauf de
la faute en cas de présomption de faute ou responsabilité sans faute). Tous
les dommages sont actuellement reconnus par le juge administratif.

NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023


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A RETENIR

L’hôpital est responsable sur le plan indemnitaire des fautes de ses agents,
quelle que soit leur
fonction (infirmier, aide soignants, externes, internes, médecins…), que la
faute ait été réalisée lors d’actes de soins ou d’actes médicaux.
La seule exception est la faute détachable du service. Lorsque la faute de
l’agent hospitalier est commise en dehors de son service ou que cette faute
est d’une extrême gravité, l’hôpital ne prend pas en charge l’indemnisation
et l’agent engage sa responsabilité civile personnelle. Il est alors jugé par le
juge civil, comme toute personne privée (le juge administratif ne jugeant que
l’administration).
La faute d’une extrême gravité est rarement reconnue et retenue dans des
cas extrêmes : refus d’un chirurgien de se déplacer en garde et décès du
patient ou le cas d’un chirurgien opérant en état d’ivresse.

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Chapitre 4.
Régime des produits médicaux
Et de la médecine traditionnelle
IV.1. REGIME MEDICAUX
4.1. Système d'approvisionnement en médicaments et les
établissements pharmaceutiques (Article 54).
1) Le Système national d’approvisionnement en médicaments
La mise en place d'un Système efficace d'approvisionnement en
médicaments essentiels est un atout majeur pour la réalisation des objectifs
de la Politique Pharmaceutique Nationale (PPN) qui visent entre autres à :
relever à un niveau satisfaisant la couverture pharmaceutique en
médicaments essentiels génériques par l’approvisionnement, l’amélioration
de la production locale, la répartition équitable des structures de
distribution régionale et des autres établissements pharmaceutiques;
améliorer l’accessibilité financière aux médicaments essentiels génériques
par la définition du statut social du médicament, le subventionnement du
médicament et le respect strict de la centralisation dans l’acquisition des
stocks.
Le Système national d'approvisionnement en médicaments, institué par le
gouvernement, a pour mission de :
promouvoir la production locale et l'utilisation rationnelle des médicaments;
assurer la disponibilité des médicaments de qualité ;
rendre accessible les médicaments à l'ensemble de la population.

NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023


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2. Structures pharmaceutiques
On distingue les structures pharmaceutiques publiques et privées,
lucratives et non-lucratives. L'organisation et le fonctionnement du Système
national d'approvisionnement en médicaments sont régis par un arrêté
ministériel.
En effet, pour mettre en œuvre, suivre et évaluer ce service national, le
Gouvernement a créé le Programme National d'Approvisionnement en
Médicaments essentiels en République démocratique du Congo (PNAM) par
arrêté ministériel n°1250/CAB/MIN/S/AJ/KIZ/18/2002 du 23 juillet 2002;
ce programme est sous tutelle de la Direction de la Pharmacie et du
Médicament du Ministère de la Santé publique. Les missions du PNAM sont
notamment la mise en place des structures nécessaires au fonctionnement
du SNAME (objectif à terme : 25 CDR), l'instauration d'une gestion
rationnelle et transparente des médicaments à tous les niveaux du système
de santé mais aussi d'assurer la qualité, l'accessibilité financière et l'usage
rationnel des médicaments distribués à travers le SNAME.

3.2. Règles concernant la publicité des produits médicaux (Art.55)

1. Le principe
Le principe est l’interdiction de toute publicité publique des produits
pharmaceutiques. En effet, suivant les prescrit de l’article 56, il est interdit
de placer sur la voie publique des affiches et panneaux publicitaires des
médicaments et tout autre produit médical. La publicité des médicaments et
des produits médicaux à travers les médias audiovisuels, officiels ou privés,
est interdite.

2. Exceptions à cette règle :


 La publicité des médicaments et de tout autre produit médical se fait
auprès du personnel médical par voie de contacts individuels, de
réunions, de conférences, de manifestations ou d'exposition.
 Elle peut aussi être faite à travers les journaux, revues et ouvrages à
caractère scientifique, les affiches et panneaux publicitaires exposés
NDJATE OMANYONDO, Eléments essentiels de Droit de la santé, UPN, Kinshasa 2023
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uniquement dans les établissements de soins ou dans les


établissements pharmaceutiques.
 Cette publicité doit exprimer la vérité, la crédibilité et la sincérité.

3. Régime des plantes médicinales (Art.57)


Toute plante terrestre ou aquatique possédant à l'état naturel des principes
actifs ayant des propriétés curatives ou préventives à l'égard des maladies
humaines ou animales est considérée comme une plante médicinale (Art.58).
Il existe un service national des plantes médicinales placé sous l'autorité du
ministre ayant la santé publique dans ses attributions.

IV.2. REGIME JURIDIQUE DE LA MEDECINE TRADITIONNELLE


CONGOLAISE

D’emblée, notre école doctrinale « Le droit à l’endroit » considère toute


médecine comme étant traditionnelle. On devra ainsi parler de « médecine
traditionnelle française, japonaise, chinoise ou congolaise, car la science
médicale, quelle que soit son origine se fonde sur les traditions de cet
espace culturel.
La classification que propose notre école se base sur la méthode du travail
et la nature du contrat liant le soignant et le patient dans les deux types de
médecine. Ainsi la terminologie proposée est de distinguer la médecine des
moyens de la médecine des résultats.
La médecine des moyens est celle importée par la colonisation et qui est dite
moderne par opposition à la médecine originelle qui est de résultat appelée
péjorativement « médecine traditionnelle ». La relation médicale dans le
premier cas est fondée sur le principe du contrat de moyens. Le soignant ne
s’engage pas à apporter la guérison (résultat) mais à mettre tous les moyens
à sa disposition pour apporter les soins requis.
Cette médecine doit s’exercer dans le respect de lois et l'ordre public (Art.59).
La médecine traditionnelle congolaise est placée sous la tutelle du ministre
ayant la santé publique dans ses attributions au même titre que la
médecine héritée de l’ère coloniale.
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Chapitre 5.
.

La bioéthique
V.1. MISE AU POINT
En République démocratique du Congo, la bioéthique comprend :
 Toutes les questions d'éthique liées à l'expérimentation et à
l'application des progrès des sciences biologiques à la médecine
humaine. Il s’agit notamment de la transfusion sanguine,
transplantation d’organes et tissus humains, de la procréation sous
toutes se formes, du clonage et de l’autopsie.
 Le Gouvernement a institué un Comité national de bioéthique (Art.62).

1. Comité national de bioéthique


Ce Comité national de bioéthique a pour mission de :
 Fixer et déterminer l'organisation et la procédure de la recherche
biomédicale sur les sujets humains ;
 Veiller à l'application des règles et procédures en matière de
transplantation des organes et des tissus humains, de transfusion
sanguine et d'autopsie ;
 Donner des avis pour l'agrément des protocoles d'études sur les
sujets humains et veiller à l'application des critères et conditions y
afférents ;
 Procéder à l'évaluation éthique des projets de recherche;
 Veiller à la préservation des droits, à la sécurité et au bien-être des
sujets de recherche (Art.63).

2. La problématique du prélèvement d’organes (Article 64)

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 Le prélèvement d'organes, de tissus ou de cellules sur une personne


décédée est autorisé avec le consentement écrit, libre et éclairé du
défunt ou de ses ayants droit.
 Les ayants droit du défunt ne peuvent s'opposer au prélèvement
lorsque celui-ci, de son vivant, y a expressément consenti par écrit.
 L'autorité compétente, pour autoriser à titre exceptionnelle
prélèvement de tissus ou de cellules régénérables sur une personne
mineure ou incapable de discernement est, selon le cas, le juge du
tribunal pour enfant ou celui du tribunal de grande instance, après
avis des père et mère ou de l'un d'eux si l'autre parent est déjà décédé
ou encore du tuteur si les deux parents ne sont plus en vie et du
ministère public (Art.65).
 Toute transplantation d'organes ou autres tissus humains est
soumise au consentement éclairé et écrit du donneur et du receveur.
 L'usage des tissus et organes d'une personne morte de suite d'un
accident ou de maladie est interdit si elle n'en a pas donné
préalablement son consentement par écrit. Toutefois, il peut être
autorisé par ses ayants droit, sauf si le défunt s'y était opposé (Art.66).

3. Régime de l’autopsie
L'autopsie ne peut être pratiquée sur un cadavre que pour raison
scientifique ou d'enquête judiciaire (Art.67). Il s’en suit que tout trafic de
sang, tissu et autre organe humain est totalement interdit en dehors du
cadre défini par la loi qui fixe également les conditions d'autopsie et
d'autres manipulations de cadavres humains, celles de gestion des lieux de
leurs dépôts provisoires ou définitifs ainsi que celles de création,
d'ouverture, d'aménagement et de fonctionnement des chambres d'anatomie.

V.2. ORGANISATION DE LA RECHERCHE BIOMEDICALE (Art.69)

Toute recherche biomédicale sur des personnes est menée conformément


aux règles de bonnes pratiques des essais cliniques et épidémiologiques
édictées par le niveau central du Système national de santé.
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 La recherche biomédicale sur un sujet humain concerne les activités


reposant sur les techniques, les observations et les protocoles utilisés
dans le but de contribuer au développement de nouvelles
connaissances ayant pour objet la personne humaine, les organes,
tissus, cellules et autres produits issus du corps humain ou les
fichiers d'information personnelle.
 La recherche biomédicale sur un sujet humain se conforme aux
principes scientifiques et éthiques internationaux reconnus et
approuvés. Elle s'appuie sur les méthodes scientifiques et s'effectue
par une équipe de personnes, dont au moins un clinicien, dotées de
compétences scientifiques requises.
 La recherche biomédicale sur un sujet humain ne se justifie que si
l'importance de l'objectif qu'elle poursuit est à la mesure du risque
encouru par le sujet.

V.3. DISPOSITIONS SPECIFIQUES (Art.72)


 Nul ne peut entreprendre un projet de recherche sur un sujet humain
s'il n'est pas en mesure d'en prévoir les risques potentiels.
 Le chercheur arrête l'expérience dès l'instant où il apparaît que les
risques l'emportent sur les bénéfices escomptés.
 Le promoteur, l'investigateur et, le cas échéant, l'organisme de
recherche informe le comité national de bioéthique des conflits
d'intérêt, de nature financière ou autre, qui peuvent influencer le
déroulement de la recherche, l'analyse et la publication des résultats
ainsi que les mesures adoptées.

Il faut également noter à titre informatif, que l’Etat, dans le cadre de sa


mission de garant constitutionnel de la santé pour tous, a également mis en
place un dispositif légal et un cadre approprié concernant :
 Les questions liées à la manipulation génétique
 La procréation assistée et le clonage (art. 76 et 79)
 La vaccination
 La planification familiale
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 La protection sanitaire du cadre de vie et de l’hygiène publique


 Les maladies
 La toxicomanie
 Le tabagisme
 Les stupéfiants et les produits psychotropes
 L’alcoolisme.

L’Etat a organisé également un cadre légal pour le financement national de


la santé publique par la création du Fonds de promotion de la santé pour
soutenir le système national de santé (art.128).
Nous renvoyons nos étudiants à la lecture de notre ouvrage « Droit pénal de
la santé » pour les détails approfondis sur ces derniers sujets.

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Bibliographie indicative
SELECTION BIBLIOGRAPHIQUE INDICATIVE

I. Données bibliographiques congolaises

A. OUVRAGES ET DOCUMENTS GENERAUX


1. Ministère de la Santé Publique, Politique Nationale de la Santé,
Kinshasa, 2001.
2. Ministère de la Santé Publique, Recueil des Normes de la Zone de la
Santé, Kinshasa, 2006
3. Ministère de la Santé Publique, Stratégie de Renforcement du système
de santé, Kinshasa, 2010
4. Ministère de la Santé Publique, Plan de Développement sanitaire 2011
-2015, Kinshasa, 2011
5. Ministère de la Santé Publique, Cadre Organique, Kinshasa, 2012

B. Ordonnance et Arrêté Ministériel


1. Journal officiel n°3, Constitution de la République Démocratique du
Congo
2. Journal Officiel n°7-I, Ordonnance n°014/078 du 7 Décembre 2014,
1er avril 2015.
3. Arrêté ministériel No 1250/cab/min/sp/008/CJ/OaB/2012 portant
réorganisation des DPS
4. Loi n°18/035 du 13 décembre 2018 portant fixation des principes
fondamentaux de l’organisation et le fonctionnement du système
national de santé publique.

II. Données bibliographiques d’ailleurs


1. C. Bergoignan-Esper et P. Sargos, Les grands arrêts du droit de la
santé, Dalloz, 2010.
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2. D. Berthiau, Droit de la santé, Gualino, 2007.


3. J.-R. Binet, Droit médical, Montchrestien, 2010.
4. J.-M. De Forges, Droit de la santé, Puf, « Que sais-je ? », 2010.
5. M. Harichaux et A. Ponroche, Dictionnaire de droit de la santé,
Masson, 2003.
6. Y. Lambert-Faivre et S. Porchy-Simon, Droit du dommage corporel et
systèmes d'indemnisation, Dalloz, « Précis », 7e éd., 2011.
7. G. Mémeteau, Cours de droit médical, LEH, 2011.
8. M.-L. Moquet-Anger, Droit hospitalier, LGDJ, 2e éd., 2012

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