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LUZCLO SAMBI LESSAE.J {aureat de Faculte ORGANISATION ET COMPETENCE JUDICIAIRES Notes de cours destinées aux étudiants de Premier graduat en Droit des Universités congolaises INTRODUCTION 4. DEFINITION DU DROIT JUDICIAIRE Pour définir le Droit de Procédure, il ne suffit pas de s’arréter a I’étymologie « Procedere », c’est-a-dire s‘avancer. Certes, I’étude de la Proctédure consiste a observer la marche 8 suivre pour conduire le proces 4 bonne fin. Elle étudie les régles que les particuliers doivent observer devant les tribunauy. ainsi que les formalités auxquelles eux-mémes et les hommes de loi (dont les juges) doivent se soumettre en vue d’aboutir au jugement et & son exécution, Mais le probléme de Ia mise en ceuvre du droit est plus vaste. I co également I’établissement et l'organisation des juridictions qui ont la mission de juger a-dire de la competence de ainsi que la détermination des pouvoirs juridictionnels, c’es chacune d’elles. Aussi, l'expression la plus adéquate pour désigner la discipline qui étudie ce diverses régles est celle de « Droit Judiciaire et non Droit de Procedure ».' Ainsi, nous pouvons dire que, le droit judiciaire est l'ensemble des’ regles qui gouvernent l’organisation et le fonctionnement de la justice en vue d’assurer la mise en ceuvre et la sanction des droits subjectifs et objectifs. 2. UTILITE SOCIALE DU DROIT JUDICIAIRE Llordre social est-il troublé par une infraction qui est commise ? Il faut punir lc coupable; mais pour aboutir a la sanction, 4 la peine légale, il faut connaitre la procédure a suivre. De méme, le titulaire d'un droit subjectif qui se trouve list dans 90 droit et qui veut obtenir la réparation du préjudice subi doit savoir comment procéde: pour y aboutir, Nous pouvons donc dire, que le droit judiciaire est la voie nécessaire ot obligatoiry par laquelle doit passer, celui qui veut obtenir justice. Sans I'existence du droit judiciaire, la justice ne peut étre rendue & moins évidemment d’admetire le systeme archaique et anarchique du recours a la vengeance privée En clair, le droit judiciaire - met fin a insécurité, aux violences et aux désordres qu’engendre le droit des. faire justice a soi-mém\ 4 Vavance la résistance, Ja fraude ou la mauivaise ~ par son existence ; paraly: foi: cest parce qu'il sait; quill pourra étre poursuivi en justice, que le malfaiteur sera parfois contraint, soit de cesser son comportement intractionne! soit d’exécuter un engagement contractuel non rempli H. SOLUS, R, PERROT, Droit Judiciaire Privé, T.1, Patis, Sirey, 1961, pt 3. SUBDIVISION DU DROIT JUDICIAIRE Généralement, il est admis que le droit judiciaire se subdivise en deux branches La procédure pénale qui étudie l'ensemble des régles sur la recherche de infraction, la poursuite et la condamnation du délinquant ; La procédure civile qui étudie ensemble des regles permettant & un titulaire de droit 1ésé d’obtenir, soit le rétablissement de son droit, soit la réparation du préjudice que lui cause la dépossession de son droit. Nous pensons pour notre part, qu’en plus de ces deux grandes branches du droit judiciaire, il faut encore distinguer : « organisation et la compétence judiciaires », qui est l'objet du présent cours. Il s‘agit de l'étude des principes d’organisation et de fonctionnement des services judiciaires et des services de la justice. Nous dirons, que Cest étude des structures tant matérielles qu’humaines sur lesquelles est batie la justice, 4, LES SOURCES DU DROIT JUDICIAIRE” A. La Constitution du 18 février 2006 La Constitution contient un certain nombre des dispositions qui relevent du droit judiciaire. A titre illustration ; nous citerons les dispositions ci-apros La garantie de l'indépendance du pouvoir judiciaire. Cette indépendance est affirmée par rapport au pouvoir législatif et au pouvoir exécutif’ Nous révélons, que I’Acte Constitutionnel de la Transition de triste mémoire avait omis de garantir le droit au juge naturel, qui consiste 4 ne pas soustraire quelqu’un contre son gré du juge naturel que la Joi lui assigne, ce droit a toujours été garanti dans toutes les Constitutions que la R.D.C. a connue depuis son indépendance. Nous sommes davis, qu'il s’agit d’une omission et non d’un revirement doctrinal ; quoi qu'il en soit, le code d’organisation et competence judiciaires contient ce principe, qui peut étre dégage de certaines dispositions fixant la compétence des cours et tribur La Constitution du 18/02/2006 a pris soin de garantir la publicité des audiences judiciaires (art.20 de la Constitution du 18/02/2006), car cette disposition a toujours figuré jusqu’ici dans toutes les dispositions. Ici encore, il ne s‘agit pas a notre point ck vue d'un revirement doctrinal - La garantie du droit de la défense’ ; - L'obligation de motiver tout jugement' ; a competence justin’ ® A. RUBBENS, Le droit judiciaire congolais, Tome I, le pouvoir, Morganisation et Kinshasa-Universisté Lovanium-Bruxelles, Maison Ferdinand Larcier $.A., 1970 n°24 Art.149 al, 1. de la Constit vier 2006, Art.19, in fine de la Constitution du 18 février 2006. Art 21. al de la Constitution du 18 février 2000, n du 18 f - Le prononeé de tout jugement en audience publique’ ; - La présomption d’innocence dont bénéficie toute personne aceusée d'une infraction, jusqu’a ce que sa culpabilité ait été établie par un jugement définitif *; - L’éclatement et l’attribution des competences classiques de la Cours Supreme de Justice en voie de disparition a trois nouvelles hautes juridictions ; 4 savoir: 1. La Cour Constitutionnelle, qui en plus des compétences répressives a lui dévolues a l’égard du Président de a République et du Premier Ministre, connaitra entre autres des pourvois en appréciation de la constitutionnalité, des recourse annulation des actes et décisions des autorités centrales de la République, des contestations nées des élections et du Référendum ; 2. La Cour de Cassation qui connaitra des pourvois en cassation dirigés contre les décisions judiciaires rendus par les Cours et Tribunaux de l'ordre judiciaire, jugera en premier et dernier ressort les bénéficiaires traditionnels des privileges de juridiction de la section judiciaire de la Cour Supréme de Justice (députés, gouverneurs des provinces membres du Gouvernement, hauts magistrats des Cours d’Appel, etc.) mis a part, le Président de la République et le Premier Ministre ; 3. Le Conseil d’Etat qui connaitra des recours en annulation des décisions des autorités administratives centrales de la République. B. Les traités internationaux Selon Vart. 215 de la Constitution du 18/02/2006, les traités et accords internationaux réguligrement ratifiés ont une autorité supérieure a celle des lois, «La condition qu’ils soient également appliqués par autre partie. Ainsi par exemple, le> traités conclus en matiére d’extradition et d’exécution des commissions rogatoires d'arbitrage et d’exécution des jugements et actes, peuvent avoir une incidence sur Yadministration de la justice. C. La loi et le décret-loi L’Acte Constitutionnel de la Transition en son art. 96 donne a la loi le pouvoir d'instituer les cours et tribunaux, de fixer leur compétence et les régles de procédure. Crest ainsi que nous avons le code d’organisation et competence judiciaires du 31 mars 1982, le code de procédure pénale promulgué par le décret du 7 mars 1960, tel que modifié par différents textes Iégislatifs ultérieurs dont le dernier remonte au 6 juillet 1971 (Ordonnance-loi n°79/016) Citons aussi le code de procédure devant la Cours Supréme de justice, qui a ete promulgué par ’Ordonnance-Loi n°82/017 du 31 mars 1982. 1] y a bien sir beaucoup d’autres textes de lois qui contiennent des dispositions relevant du droit judiciaire C'est ici le liew de signaler que la formulation de l'art. 10 du code d’ organisation et PArt. 20. al de la Constitution du 18 fevrier 2006, ” Ant. 17, in fine de la Constitution du 18/02/2006. compétence judiciaires pose probleme au regard de la loi n°06/020 du 10 octobre 2006 portant statut des magistrats, qui manifestement, soustrait les magistrats du joug du Ministre de la Justice. I edit été plutdt souhaitable que la loi du 10 octobre 2006 susmentionnée abroge expressis verbis Vart. 10 du code d’organisation et compétence judiciaires en vue de lever toute équivoque a ce sujet. D. Le pouvoir réglementaire du Président de la République La Constitution de la Transition et le code de procédure devant la Cour Supréme de Justice attribuent au Président de la République certaines competences en matiore judiciaire. Le Président de la République exerce ces competences par voie d’ordonnance*. A titre d'illustration, nous pouvons citer les compétences suivantes - Vautorisation de poursuites judiciaires ou la mise en accusation de certains justiciables de la Cours Supréme de Justice"; le pouvoir de remettre, de commuer ou réduire les peines prononcées par les cours et tribunaux et ce sur proposition du gouvernement, le conseil supérieur de le magistrature entendu ; le pouvoir de suspendre et d’y substituer celles des juridictions militaires et ce sur tout ou partie du territoire national et pour la durée et les infractions qu'il détermine”, E. Le pouvoir réglementaire du Ministre de la Justice La loi reconnait au Ministre de la Justice le pouvoir réglementaire en maticre judiciaire. Donnons quelques illustrations : + Le pouvoir d’accorder, par arrété ministériel, la libération conditionnelle''; - Lanomination des juges assesseurs des tribunaux de paix'®; - Lanomination des magistrats inspecteurs prés les tribunaux de paix! Notons que jusqu’il y a peu, le Ministre de la Justice avait le pouvoir de désigner a titre provisoire les magistrats. A ce jour, la loi °06/020 du 10 octobre 2006 portant statut des magistrats en son article 4 all confére au Conseil Supérieur de la Magistrature initiative de. ja proposition de la nomination des magistrats. De méme qu’aux termes de Fart. 150 de la Constitution du 18/02/2006, le Ministre de la Justice perd sont pouvoir classique de muter tout magistrat pour des raisons de service ou 4 la demande de l'intéressé. lin effet art.150 précité bat en bréche Fart. 1 al 1 de ancien statut des magistrats qui reconnaissait au Ministre de ta Justice que ta “A079 a3 de la Constitution du 18 février 2006, * Art, 114 du code de procédure devant la Cours Supréme de Justice. » art 87in fine de la Constitution du 18 fevrier 2006, * ant 96 de VOrdonnance n°344 du 17 septembre 1965 portant régime pénitentiaire et libs ® Art. 25 du Code d’ Organisation ot Compétence jdiciaires * at 30 du méme code. 4 ion conditionnel, Constitution actuellement en vigueur confére au Conseil Supérivur de la Magistrature F. Le pouvoir réglementaire des présidents des juridictions Le Premier Président de la Cour Supréme de Justice réglemente par voie d’ordonnance le service intérieur de la Cour Supréme de Justice" ; Le Premier Président de la Cour d’Appel réglemente par voie d’ordonnance, le service intérieur des cours et tribunaux ainsi que le service d’ ordre intérieur des greffes ot la tenue des registres™, G. La coutume Les contestations peuvent étre tranchées suivant la coutume et ce, devant les juridictions coutumiéres que devant les juridictions de droit éerit ; en cv cas; les cours vt tribunaux l’appliquent pour autant que celle-ci soit conforme aux lois, & ordre public et aux bonnes moours'"* Les articles 17 et 77 du code de procédure pénale permettent respectivement o Vofficier du Ministére Public et au juge d’imposer au témoin unc forme de serment dont Vemploi, d’aprés les coutumes locales, parait le plus propre a garantir la sincérité de la H. Les usages T nous faut distinguer deux catégories d’usages + il y a d’abord les usages locaux qui sont légalement prévus par le cote organisation et competence judiciaires a Vart. 108: « les juges qui allouent des dommages-intéréts d’ office peuvent fonder leur jugement sur la loi, la coutume ow les usages locaux ». Hl s'agit, en ce cas, des régles nouvelles nées du commerce social dans un milieu déterming, ils ne se rattachent cependant pas ala coutume ; TLy a ensuite les usages qui sont des pratiques judiciaires ayant acquis force de loi complémentaire ou dérogatoire a la loi’”. Ces usages peuvent étre une explication de> textes trop rigides ; mais il y en a qui sont « fracter legent », c'est-a-dire qui va au-dela de la pensée du législateur ; ils peuvent aussi étre « contra legen», en ce cas, ils constituent une véritable rébellion contre la loi * Art 64, alinéa T du Code ’Organisation et Compstence judiciaires. ® Art 64, alingas 2 & 3 du Cade d/Organisation et Compétence Judiciaires * Art 153 al de la Constitution du 18 février 2006 et art, 116 du code d’Organisation et Competence fuubiciaizes ¥ A. RUBBENS, Le droit judiciaire congolais, Tome Lop. cit, p.41 I. Les principes généraux du droit Les principes généraux sont des principes directeurs qui servent de guide voire méme de source du droit en cas de silence de Ia loi. La base Iégale des principes généraux du droit est art. 1 de Vordonnance de V'Administrateur Général du Congo, du 14 Mai 1886 approuvée par le déeret du 12 Novembre 1886. Cet article dispose : « Quand la matire n’est pas prévue par un décret, un arrété ou une ordonnance déja promulguée, les contestations qui sont, de la compétence des tribunaux du Congo seront jugées d’apros les coutumes locales, les principes géneraus du droit et ’équité »", Cette disposition demeure d’application aujourd'hui. A I’époque coloniale, ¥'était établie une opinion selon laquelle, par principes généraux du droit, il fallait entendre « principes généraux du droit belge » ; cette interprétation ne peut étre de mise depuis Vindépendance de la R.D.C. Le code d’organisation et compétence judiciaires du 31 mars 1982 permet le recours aux principes généraux, lorsqu’il s/agit de trancher une contestation qui doit se baser sur la coutume ; En effet, 'art. 116 de ce code prévoit que si une contestation doit étre tranchée suivant la coutume, les cours et tribunaux appliquent celle-ci pour autant qu'elle soit conforme aux lois et & Vordre public, en cas dabsence de coutume ow lorsque la coutume n'est conforme aux Joly, et & lordre public, les cours et Lribunaus s'inspirent des principes généraux du droit Souvent, les principes généraux du droit sont contenus dans les adages. Fxemples de quelques principes généraux du droit - Le pénal tient le civil en état ; ~ In dubio pro reo (le doute doit profiter au prévenu) ; - Nut r’est censé ignorer la loi ; ~ Electa una via, non datur recursus ad alteram; - Actori incumbit probatio. J. Lequité L’ordonnance de l’Administrateur Général du Congo du 14 Mai 1886, permet aus également aux cours et tribunaux, en cas de silence de Ja loi, de recourir a quite, Cest-a-dire au sens personnel de la justice et de ordre social. Lon peut définir léquite comme le sens humain de la pondération et de la conscience sociale du juge™ K. La jurisprudence L’on peut définir la jurisprudence comme un ensemble de décisions suffisamment _ concordantes rendues par les juridictions sur une question.’ " Voir Pieste PIRON et Jacques DEVOS, code civil, pesliminaire in codes e! lois dv Conge-Belge. Lome |. matiere eile commerciales ot pénales, Brussels, Larcier, 1960, p49, © Emile Lamy, Le droit privé zarois, Kinshasa, 1975 p.118, * Raymond GUILLIEN et Jean Vincent, Lexigue de termes juridiques, Dalloz, 6%" éd, 1985. 6 La jurisprudence peut revétir plusieurs épithétes = elle est constante lorsqu’elle acquiert une certaine permanence par le tail conjuguer de la répétition et de la confirmation par les juridictions superieures (Cours d’Appel et Cours Supréme de Justice) ; - elle est constante et définitive lorsque la Cour Supréme agissant en cassation est intervenue pour départager des jurisprudences diverses ; - Yon parle aussi de jurisprudence « ancienne » en raison de sa vétusté ; - la jurisprudence est dite récente, lorsqu’elle est encore hésitante et mal établie ; - Yon parle également de jurisprudence isolée, lorsqu’elle va dans le sens contraire de la jurisprudence habituelle; ou encore [a signale alors par la référence « contra» ; - Yon dit aussi que la jurisprudence est partagée, incertaine ou flottante lorsque: les tribunaux trancheni différemment une question de droit ation peut fixer d’une maniére constante Ily alieu de noter qu'un seul arrét de « et définitive la jurisprudence surtout lorsqu'il s‘agit d’un arrét de principe. La jurisprudence peut étre source de droit judiciaire a la condition qu'elle suit constante car, en ce cas, elle fait partie du droit et l'on ne peut pas s’en éearter suns mettre en cause la sécurité juridique qui est un facteur du maintien de ordre et de la paix sociale, Notons que, la jurisprudence permet d’admettre en droit les pratiques judiciaires, les principes généraux du droit et I'équité. L. La doctrine Le rdle de la doctrine est primordial, La doctrine anime considérablement le progrés et I'évolution du droit par ses analyses, ses recherches vt ses critiques, stimule le Iégislateur a améliorer des textes incomplets ou obscurs et elle informe le juge sur l’évolution de la jurisprudence: bref, la doctrine peut créer une cele, ane orientation nouvel! 5, L'INTERPRETATION DES LOIS DE PROCEDURE Nous utilisons Vexpression lois de procédure dans un sens large qui y fait englober les régles d’organisation et compétence judiciaires. Le droit judiciaire est soumis a une stricte interprétation, les juges ne peuvent se permettre de se livrer & une interprétation analogique ou & une large interpretation des textes de lois organisant le droit judiciaire. Toutefois, les régles de procédure penaic peuvent faire l'objet d’interprétation extensive en faveur du justiciable E. LAMY, Op. cit,, p.124 Lire a ce sujet Emile LAMY, op.cit, p.131, 181 A. RUBBENS, Le droit judiciaire congolais, Tome IIL Kinshasa 1965, n°8 inate, Bruxelles p. 36. En aucun cas, le silence de Ia loi ne peut servir de prétexte pour ne pas dire le droit, ce serait s’exposer a commettre un déni de justice, car, nous avons déja vu qu’en cas de silence de la loi, les juges recourent & la coutume, aux principes générauy du droit ou a Péquité. 6. L’APPLICATION DES LOIS DE LA PROCEDURE A. L’application dans le temps Les régles de procédure sont d’application immédiate a ce sens. quelle s‘appliquent immédiatement au procés déja engagé. Prenons un exemple : un tribunal devant lequel une affaire est pendante devra se dessaisir si un texte nouveau Iti retire la compétence, sauf, si ce tribunal a déja rendu, & occasion d’un incident, une decision qui intéresse le fond de I'affaire™. B. L’application dans I’espace Le droit judiciaire régissant le fonctionnement d’un service public (cours tribunaux et parquets), ne peut concerner que les institutions judiciaires ctablivs sur le territoire national, Ainsi, le droit judiciaire congolais ne applique pas a Métranger, meme entre ressortissants nationaux. Mais des conventions internationales peuvent organiser la coopération des services judiciaires de deux pays souverains. Le droit congolais prévoit que, les décisions des juridictions étrangeres peuvent s‘exécuter en République Démocratique du Congo moyennant exequatur et en se conformant aux conditions suivantes (art. 117 du C.0.C J.) : ~ ces décisions ne peuvent contenir rien de contraire 4 l’ordre public congolais ; ~ ces décisions doivent étre d’aprés la foi du pays ott elles ont été rendues, passées en force de chose jugée ; = les expéditions de ces décisions doivent, selon la loi du pays oit elles ont ete rendues, réunir les conditions nécessaires & leur authenticité ~ les droits de la défense doivent avoir été respectés lors de la prise de ces décisions ; = Ie tribunal étranger qui a eu a rendre ces décisions, ne doit pas avoir ote compétent en raison de la nationalité du demandeur, Ce sont des tribunaux de grande instance qui sont competents pour Vexcquatur des décisions des juridictions étrangéres Ajoutons que, les actes authentiques en formes exécutoires qui ont été dresses par Vautorité étrangére sont aussi exéquaturés par les tribunaux de grande instance moyennant le respect des conditions suivantes (art, 118 du C.O.C}.) * A. RUBBENS, op cit, Tome I n° 298 ; Jean Vincont et Serge GUINCHARD, Procedure civil, 22% ex. Dallor, 1981 13, p26, 8 - les dispositions dont l'exécution est poursuivie ne doivent avoir rien de contraire a I'ordre public congolais ; - ces actes doivent d’aprés la loi du pays ott ils ont été passés, réunir les conditions nécessaires a leur authenticité 7. LA DIFFERENCE ENTRE L’ACTE JURIDIQUE, L’ACTE JUDICIAIRE ET L'ACTE JURIDICTIONNEL L’acte juridique est celui qui met le droit, qui est relatif au droit ou qui est fondé sur le droit, il englobe l’acte judiciaire et I’acte juridictionnel. L’acte judiciaire est donc un acte juridique mais qui a trait au domaine de la justice. L’acte juridictionnel est un acte juridique et méme judiciaire qui concerne un domaine spécifique de la justice : le domaine de la fonction qui consiste & dire le droit, (fonction réservée aux juges) du latin : jus = droit et dicere = dire. Donnons les exemples pour illustrer ces notions : = un contrat est un acte juridique. - le mandat d’amener signé par un officier de police judiciaire ou par un officier du Ministére Public est un acte judiciaire. Le mandat d’amener et le jugement constituent au sens global des actes juridiques ; mais pour les spécifier, pour les différencier l'un des autres actes judiciaires et autre d’acte juridictionnel. Mais retenons, que I’acte juridictionnel est un acte judiciaire spécialisé 8. LE PLAN DU COURS La premiére partie est consacrée a I’étude des structures matérielles et humaines des cours et tribunaux. Dans cette partie seront analysées les diverses juridictions existant au Congo (juridictions civiles, juridictions coutumiéres et juridictions militaires). Les grades des magistrats et les différents auxiliaires de la justice (greffiers, huissiers, avocats, défenseurs judiciaires) seront étudigs La deuxiéme partie aborde les différentes compétences qui sont dévolues aux cours et tribunaux de la République Démocratique du Congo. Dans la troisitme partie, aprés avoir maitrisé les structures matérielles et humaines des cours et tribunaux, il pourra alors étre étudié le pouvoir judiciaire : la saisine d’un tribunal, le jugement, les différentes actions que I’on peut porter devant un tribunal, le jugement, son exécution et les voies de recours pour I’attaquer. PREMIERE PARTIE: DE L’ORGANISATION JUDICIAIRE (LES STRUCTURES MATERIELLES ET HUMAINES DES JURIDICTIONS DE LA R.D.C.) CHAPITRE 1. LES PRINCIPES REGISSANT L’ORGANISATION JUDICIAIRE 1, PRINCIPE DE LA REPARTITION DES FONCTIONS JUDICIAIRES Les fonctions judiciaires se répartissent entre 4 organes : - les cours et tribunaux exercent le pouvoir judiciaire (en vérite expression judiciairement adéquate serait le pouvoir juridictionnel, consistant 4 dire le droit) ; - les parquets qui exercent I'action publique et sont les gardiens de fa loi et de ordre public ; - les greffes qui sont les conservateurs des archives des tribunaux ; - le barreau qui est l'organe chargé d’assurer les droits de la di 2. PRINCIPE DE L'INDEPENDANCE DES ORGANES JUDICIAIRES Le bon fonctionnement de a justice requiert que les 4 organes qui, chacun dans sa sphere, concourt a l’administration de la justice, soient indépendants. ® La Constitution du 18/02/2006 en son art.149 garantit I'indépendance des cours vt tribunaux vis-a-vis d’autres pouvoirs® En effet, article précité dispose que: « le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir Iégislatif et du pouvoir exécutif »; art 150 de la méme Constitution renchérit a son al. 2 que: « les juges ne sont soumis dans Yexercice de leurs fonctions qu’a l’autorité de la loi » ; de méme que lal. 4 de Vart. 1 précité affirme qu’ : « il ne peut étre créé des tribunaux extraordinaires ou d’exception itutionnel de triste mémoire sous quelque dénomination que ce soit » ; le décret-loi cons du 27 mai 1997 disposait: «la mission de dire le droit est dévolue aux cours vt tribunaux », Le magistrat, dans l'exercice de cette mission est indépendant » L’indépendance du pouvoir judiciaire ne signifie pas « séparation », car la justice doit compter sur la coopération avec les autres pouvoirs ; l'indépendance ne doit dons pas étre absolue, car ce qui importe est qu'il n'y ait ni entrave ni pression dans mission propre de organe judiciaire. La méme affirmation peut valoir pour les autres organes judiciaires. Les organes judiciaires doivent s‘abstenir d’empicter sur les prérogatives et pouvoirs de l’executif et du législatif A. Relations entre le pouvoir judiciaire et le pouvoir législatif Ces relations se caractérisent par les éléments suivants = Ie référé législatif n’existe pas : quand un juge, est saisi d’une contestation et quill y a lacune de Ia loi, il ne peut surseoir a statuer et demander au parlement de prendre une loi pour permettre la solution de cette contestation ; = Ie parlement peut adapter une loi interprétative ; cette loi donne a un texte de loi un sens déterminé et différent de celui que le juge ve ©; celle lol a un etlet vraisemblablement lui reconnaitre ou lui a deja rétroactif ; Si la loi interprétative intervient en cours d'instance, fausse totalement fe débat dont elle renverse la solution prévisible. Il s'agit 12 manifestement de Vingérence du Parlement dans le pouvoir judiciaire®. Le législateur ne pourrait adresser des ordres aux juridictions que ce soit pour leur ordonner ou pour leur interdire un certain comportement ; Le principe de l'interdiction des arréts de reglement, qui est formu Tart. 4 du code civil, signifie qu'il est interdit au juge de se prononcer par voie des dispositions générales ou réglementaires sur les causes qui leurs sont soumises" Au Congo, cette interdiction des arréts du reglement s‘applique en droit congulais en tant que principe général du droit”. - le juge a obligation d’appliquer la loi ; mais, il ne peut tirer prétexte des lacunes ou des imperfections de la loi pour refuser de statuer a peine de déni de justice. Cependant, le juge a le pouvoir d’interpréter les textes de lois obscurs par recherche de la volonté du législateur a travers V'analyse des débats parlementaires ; - le juge exerce un contrdle juridictionnel de la constitutionnalité des lois. Ce contrdle peut intervenir par voie d'action: on demande ati juge, a titre principal de constater I’inconstitutionnalité de la loi pour la remettre 4 néant.u Congo, c'est la Cour Supréme de Justice, toutes sections réunies, qui exerce Je controle (art.131 du code de procédure devant la Cour Supréme de Justice) ®Ce controle peut aussi s‘exercer par voie d’exception d’inconstitutionnalité soulevée par un plaideur devant tout tribunal (art.133 du code de proédure devant la Cour Supréme de Justice) en France par B. Relations entre le pouvoir judiciaire et le pouvoir exécutif Ces relations se caractérisent par les éléments suivants : a) Au Congo, la Cour Supréme de Justice, section administrative, ne controle pas les actes législatifs (art.87 du code de procédure devant la Cour Supréme de justice) b) Les actes du Gouvernement échappent au controle du pouvoir judiciaire - II s‘agit des actes chargés d’un trop fort potentiel politique. Exemple : actes relatifs aux relations internationales diplomate™, En droit congolais, la Cour Supréme de Justice, section administrative apprécie souverainement les actes du Gouvernement qui échappent au controle (art 87 du code de procédure devant la Cour Supréme de Justice) ¢) Ily a interdiction pour les juges de faire acte d’administration Sur le réle de administration en se substituant a elle, en accomplissant a sa place des actes d’administration ou en lui ordonnant de prendre une mesure juridique ow matérielle. exercice de Ia fonction 3" ait, ® Joan Vincent, Serge Guinchard, Gabriel Montagnier et Andié Varinand, Li justice eles institu Dalloz, Paris 1991, n°69 Vincent, §.Guinchard, G, Montagnior et A. Varinand, Op cit, 9°70 Lamy, op. cit p74 * | Vincent, S. Guinchard, G. Montagnier & A. Varinard, op cit.78 12 4) indépendance fonctionnelle du juge doit étre assurée par un aménagement de son statut particulier, c’est ainsi que sa promotion professionnelle ne peut pas dépendre du Gouvernement. ILest nommé et promu sur proposition du Conseil Supérieur de la Magistrature ot aprés avis conforme du Parlement de la République. L'indépendance fonctionnelle du juge est également assurée par linamovibilite qui veut que le juge ne peut sans son consentement recevoir une affectation nouvelle méme en avancement”. Au Congo, le principe d’inamovibilité du juge, qui avait été reconnu dans fa io: fondamentale du 19 juin 1960 relative aux structures de I’Ltat et par la Constitution du 1 aoat 1964, a été abrogé, pour des raisons pratiques de fonctionnement de la justice dans la Constitution du 24 juin 1967. L’Acte Constitutionnel de la Transition ne le garantissait pas; mais, le projet de Constitution de la 3** République élaboré par la CNS avait néanmoins garanti (art 132). 3. PRINCIPE DU MONOPOLE DES ORGANES JUDICIAIRES Le monopole du pouvoir judiciaire est garanti par la Constitution. En effet, celle-wi est hostile a la création de toute juridiction en dehors de la hiérarchie unique des cours et tribunaux. L’art, 149 al. 4 de la Constitution du 18/02/2006 dispose en effet qu’: «il ne pout @tre créé des tribunaux extraordinaires ou d’exception sous quelque dénomination que ce soit». Par contre Ja méme disposition confére expressément a la loi le pouvoir de créer des juridictions spécialisées" Dans certains textes de lois et de réglements, on trouve mentionnée expression «juridiction de droit commun », Tusage de cette expression laisse entendre gw i! existerait dans le droit congolais des juridictions d’exception ; certains juristes soutiennent ce point de vue, que nous ne pouvons pas partager pour des raisons suivante: 1° L’expression «juridictionsdexception» est inconstitutionnelle ct anachronique ; elle est inconstitutionnelle au regard de larticle 149, a3 dela Constitution du 18 février 2006. Elle est anachronique pour les motifs suivants: durant les cing premieres ai de son indépendance, le Congo a connu des graves troubles politiques, caract notamment par la sécession de certaines provinces du pays Le Gouvernement central, pour faire face 4 cette grave situation, avait eu recours 3 une mesure politique exceptionnelle: l'état d’exception; qui fut proclamé dans certaines provinces, qui de ce fait, étaient placées sous le commandement d’un commissaire général extraordinaire, nanti de pleins pouvoirs. Pendant l'état d’exception, les juridictions ordinaires étaient mises en veilleuse; elles turent nee, * J. Vincent, &, Guinchard, G. Montagnier & A, Varinard, op. elt, n°85. ® Article 149, tel modifié par la loi n°11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de a constitution clu IS.Fe. ies 20 B remplacées par les juridictions dites « d’exception », créées pour les bespins de la circonstance ; ces juridictions furent célebres pour le caractére partial et excessif de leurs décisions et pour leurs abus fort nombreux. C’est pourquoi, elles furent supprimées en 1964, par la Constitution dite de Luluabourg, enterrant ainsi définitivement le régime d'exception ; d’oit, Vinterdiction qui figure jusqu’aujourd’hui dans la Constitution de créer des tribunaux de circonstances, qu’ils soient appelés « juridictions d’exception » ou « tribunaux extraordinaires ». 2° L’expression « juridiction d’exception » entendue au sens du droit frangais, est aussi incorrecte si I’on veut introduire son usage en droit Congolais ; en effet, en droit francais, cette expression couvre trois notions ; elle vise ~ les juridictions politiques ; = les juridictions spéciales notamment les juridictions des enfants vt les juridictions militaires ; - les juridictions extraordinaires. Entendue au sens de juridiction politique, I'usage de cette expression est incorrecte, parce qu’au Congo, les hommes politiques ne sont pas comme en France, jugés par des juridictions politiques, c'est-a-dire des organes dont le plus souvent, le personnel est politique et dont les procédures suivies ne sont pas celles des codes ordinaires” Au Congo, les hommes politiques sont jugés, selon le cas, soit par la Cour Constitutionnelle, soit par la Cour de Cassation qui applique au jugement des prévenus, les régles de la procédure pénale, du droit pénal et du code d’organisation et compétence judiciaires - Entendue au sens de juridictior lordinaire, c’est-a-dire des juridictions les circonstances qui les ont motivées”. Le monopole dir parquet n'est pas garanti par la Constitution, mais il ne fait pas de doute : le Ministre Public a bien le monopole de lexercice de l'action publique. Fin procédure pénale, on étudiera cependant que dans certains cas, le Ministére Public est limité, parfois empéché d’exercer I'action publique, qui peut étre dévolue & d'autres organes. Le monopole du greffe est évident. Le monopole du barreau est affirmé par l'art. 6 de l'Ordonnance-L.oi n°79/08 du 28 septembre 1979; mais ce méme art, prévoit que la loi peut dans des cas et selon les modes prévus, déroger 4 ce monopole. Par ailleurs, les parties ont toujours le droit de se défendre elles-mémes (art. 21 al. 3 de la Constitution de la Transition). Il nous faut ajouter, que le monopole du barreau et du corps des défensewrs judiciaires en matiére d’assistance et de représentation se trouve remis en cause par Vart. 19 al. 4 de la Constitution du 18/02/2006 qui prévoit le droit pour toute personne poursuivie d’étre entendue en présence de son avocat, de son défenseur judiciaire ou de toute personne de son choix. #RMERLE & A. VITU, Traité de droit de criminel, Procédure penal, Edition Cujas, 4° dition, 1989 1539 © R. MERLE, A. VITU, opcit,n*540. 14 4. PRINCIPE DE L'EGALITE DE TOUS LES CONGOLAIS DEVANT LA LO! Cette égalité se trouve garantie par la Constitution du 18/02/2006 (art.12). Mais égalité nest pas synonyme d’identité, car tous en étant égaux, les congolais peuvent relever de deux ordres juridiques différents : droit écrit ou droit coutumier. Certes Vunité juridique se trouve aujourd’hui réalisée en matitre du droit de la famille qu régit depuis le 01 aoiit 1987, tous les congolais. Mais qu’en est-il pour les autres branches du droit privé, notamment les biens vt les obligations ? Avant I'indépendance, les belges avaient institué 'immatriculation institution par laquelle les congolais qui avaient assimilés I'esprit du droit cerit faisaient option en faveur de ce droit, renongant ainsi définitivement au droit coutumier, considéré a I’époque comme un droit inféricur. L’art. 2 de la loi fondamentale du 17 juin 1960 relative aux libertés’publiques, ayant proclamé I’égalité de tous les congolais en dignité et en droit ; nous soutenons que par ce fait a été abrogée institution de Yimmatriculation dont le caractere discriminatoire est incontestable. Mais il faut reconnaitre que cette abrogation a donné naissance a une situation favorisant la fraude légale et la confusion juridique ; en effet, dans le domaine des biens et des obligations, ou l'unicité du droit n’est pas encore réalisée, tout congolais peut invoquer indifféremment les regles du droit civil et les régles du droit coutumier ; i tentation est grande de voir le congolais invoquer les régles de l'ordre juridique quit lui paraissent favorables selon les données du conflit ; ceci crée de insécurite juridique qui n’est guére favorable au commerce juridique. Dans le domaine judiciaire, I’égalité devant la loi se traduit par la regle de légalité devant la justice, qui exige que tous les justiciables se trouvant dans la meme situation soient jugés par les mémes tribunaux, selon les mémes régles de procédure et de fond ; mais cette égalité connait des limites de droit et des limites de fait Au titre des limites de droit, nous citerons le privilége de juridiction, les immunités et le principe de 'inexécution forcée contre I’Ftat ot les autres personnes morales de droit public (sociétés paractatiques et établissements d’utilité publique) Le privilége de juridiction est une dérogation aux régles de compétence matérielle répressive, qui fait que certaines catégories de personnes doivent Gtre jugdes par des juridictions bien déterminées, a l’exclusion de toutes les autres et ce dans le noble souc d’empécher que ces personnes ne puissent influencer ces juridictions. Les immunités constituent bgalement des dérogations aux regles de competence matérielle prévues par la Convention de Vienne du 18 avril 1961 sur Je droit des traite. Elles ont pour effet d’empécher toute poursuite a I'égard des diplomates en fonetion quelle que soit I'infraction qu’ils adviendraient a commettre sur le territoire de I'itat hdte sauf levée de ces immunités par I'Etat d’affectation En matiére d’exécution de jugement, normalement la partic gagnanty du procés par exemple, si elle bénéficie d’un jugement qui a condamne son adversaire & de s, peut procéder & ce qu’on appelle « Vexécution torece » gui pet dommages-intér revétir plusieurs formes : saisie-exécution, saisie conservatoire, saisie-arrét ow saisie immobiliére. Lorsque c'est IEtat ou une personne morale de droit public qui est condamnée a payer ces dommages-intéréts un principe général du droit empéche l'exécution forede dudit jugement. La raison est qu'on ne peut pas concevoir que I’Ftat puisse retourner contre luieméme la force publique qu'il utilise pour assurer Je maintien de ordre public. Mais la raison pratique fondamentale réside, A notre sens, dans le souci de ne pas voir perturber, pour la satisfaction des intéréts individuels, le fonctionnement de VEtat ou d’une personne morale de droit public, qui poursuit la satisfaction de inte général Il nous faut cependant noter qu’un acte de la C.N.S avait en son temps decide qu’on peut exécuter par la force contre une personne morale de droit public sau! contre Etat et les établissements publics a caractére scientifique et social. Au titre des limites de fait, il y a lieu de noter les inégalités Geonomiques ou sociales. Bien souvent les ressources financiéres des parties en présence peuvent permettre a la partie qui a plus de moyens financiers, d’user des manovuvres dilatoires bien entendu, la loi a imaginé des mécanismes qui tendent a réduire ce genre d'inégalité. C'est ainsi qu’on a crée l'aide juridique et la procédure du « pro deo» d’un conseil., La Constitution du 18/02/2006 ne garantit pas I'égalité des étrangers de juridictions du Congo. Mais cette égalité ne fait pas de doute, car, elle relove des r de notre hospitalité®. 5. PRINCIPE DE LA GRATUITE DE LA JUSTICE ant les Jes La gratuité de Ja justice est une garantie démocratique qui permet aux plus humbles d’obtenir le respect de leurs droits; c’est le corollaire de légalité devant la justice. Le systéme de la gratuité s'oppose au systéme des épices qui existe [a ott les justiciables doivent payer leurs juges. C’était le régime qui était en vigueur en France jusqu’en 1790; c'était également le méme systéme que connaissent bon nombre des coutumes congolais. Aujourd’hui, les parties payent encore leurs arbitres (juges privés) : mais les magistrats et les greffiers sont payés par I'Etat ; il en est de méme de "huissivr La gratuité de la justice n’exclut pas le payement des honoraires des avocats ou des défenseurs judiciaires ni le payement des frais de justice. C’est cela qui fait dire que Ia justice est gratuite mais elle est onéreuse de sorte que la conduite d'un proces peut étre trés onéreuse, méme pour la partic qui a gagné le procés car tous les frais ne sont pas compris dans les dépens lesquels se récupérent sur la partie perdante, Une telle situation est de nature 4 empécher les indigents de faire valoir leurs droits en justice,-en dépit du principe de la gratuité de la justice. C’est pour éearter ce danger et assurer le respect absolu de ce principe que la loi a organisé assistance judiciaire gratuite zis. éd. Datlos Jean Vincent, Gabriel Montagnier et André Varinard, La justice et ses institutions, M 1992, n° 82884, 16 Lrassistance judiciaire gratuite peut se présenter sous quatre aspects a) L’assistance judiciaire gratuite peut consister au bénéfice gratuit d'un consvil {avocat ou défenseur judiciaire). En matiére de droit privé, le benéfice gratuit d'un conseil est prévu par l'art. 8 du code d’organisation et competence judiciaires qu: dispose en son al. 3 que: « les officiers du Ministére Public, peuvent par voie de requéte écrite, demander au président de la juridiction, Ia désignation d'un conseil chargé d’assister les personnes physiques Iésées qui seraient inaptes a ester en justice, a assurer leur défense ou a y pourvoir » Remarquons, qu’ici la loi a voulu: venir en aide non seulement aux personnes dépourvues des moyens ow a assurer leur défense, c'est-a-dire des personnes qui, culturcllement parlant, ne maitrisent pas les organes du fonctionnement de l'appareil judiciaire (c'est la grande majorité des congolais). fanciers, mais, aussi aux personnes inaptes a agir en justic. En matiére répressive, la désignation d’office d’un conseil en faveur des inculpes ou des prévenus indigents ne trouve a I’heure actuelle aucune base légale. Le statut du barreau de 1968 (Ordonnance-Loi n°68/247 du 10/07/1968 avait rendu competent le président du Tribunal de Grande Instance pour requérir les avocats et les stagiaires pour assister gratuitement les indigents ; la loi n° 76/026 du 23 décembre 1970 a ctend ce bénéfice du « pro deo» d’un conseil aux inculpés. Matheureusement, le statut du barreau du 29 septembre 1979 ne contient aucune disposition réglementant [assistance judiciaire gratuite d’un conseil. Mais les présidents des juridictions se sont atiribues au plan pratique, le pouvoir de désigner d'office un conseil en faveur des indigents b) L’assistance judiciaire gratuite peut aussi consister au benefice de la dispense de consignation des frais : lorsqu’une partie veut agir en justice, ulle sv présente devant greffier ; ce dernier, avant d’effectuer tout acte quelconque que la partie veut faire accomplir (recevoir une assignation, acter une déclaration d’appel, d’opposition ow du pourvoi en cassation, etc.) va exiger que la partie consigne des frais : il s’agit en quelque sorte de payer & Etat, une somme d’argent & titre d’acompte, sur les frais judiciaires Lorsque la partie est indigente, elle peut étre dispensée de la consignation par une ordonnance du président; l'indigence est constatée par le juge ou le prisident de la juridiction devant laquelle action est ou doit étre intentée ; ceci est valable en mation civile, et méme devant la Cour Supréme de Justice (lire art. 123 du code de procedure pénale, art.146 du code de procedure devant la Cour Supréme de Justice). ©) L’assistance judiciaire gratuite peut également consister en la délivrance en débat des pidces de procédure ; normalement le greffier ne peut délivrer, saut au ministére public, grosse, expédition, extrait ou copie d’un jugement, portant condamnation & des dommages-intéréts, avant que le droit proportionnel n’ait été paye (art. 134 du code de procédure pénale, art. 157 du code de procédure civile).. Mais, en cas d’indigence constatée par le juge ou par le président de la juridiction qui a rendu le jugement, la grosse, une expédition, un extrait ou une copie peut cle délivrée en débet, c’est-a-dire que les frais sont supportés par le trésor public, a partic indigente bénéficiaire ne débourse aucune somme d'argent (art. 135 du code de procédure pénale, art. 158 du code de procédure civile et art. 35 du code de procédure devant la Cour Supréme de Justice). d) L’assistance judiciaire gratuite peut enfin revétir la forme de consultation gratuite. A ’heure actuelle, l'art. 43 de S'ordonnance-loi n° 79/08 du 29 septembre 1979 portant organisation du barreau, du corps des mandataires de l'état a convié au conseil de ordre, le soin d’organiser un bureau de consultation gratuite en faveur des indigents en déterminant les conditions de son fonctionnement. Nous déplorons pour notre part, qu’une matire aussi importante soit laissée a la diserétion du conseil de Vordre; compte tenu de I'ignorance aggravée par le fait que bien souvent le droit congolais se trouve en porte-a-faux avec les réalités socioculturelles de notre pays, Ia solution idéale, selon nous, est de voir la loi elleeméme organiser entitrement lv fonctionnement du bureau de consultation gratuite en faveur des indigents. En France, la loi du 3 janvier 1972 avait institué l'aide judiciaire, expression qui a été remplacée par l'aide juridique depuis la loi du 10 juillet 1991: il s‘agit de permettre aux plaideurs dont les revenus ne dépassent pas une certaine somme, de bénéficier du concours gratuit des avocats et des officiers ministériels et de Vavance par 'Ftat des frais occasionnés par les mesures d’instruction. I faut cependant préciser que l'aide juridique porte également sur la consultation, l'assistance au cours de procédure non juridictionnelles (juridiction gracieuse) et les procédures d’exécution”. 6 PRINCIPE DE L'IMPARTIALITE DU JUGE L’impartialité du juge n’était jusqu’ici que garantie par le code d’organisation vt compétence judiciaires ; en effet, les articles 71 a 79 de ce code régissent la récusation et le déport du juge, tandis que les articles $2 et 83 réglementent le renvoi pour cause de sireté publique ou de suspicion légitime, Puisque L'impartialité du juge n’¢tait garantie que par une simple loi, une autre loi pouvait y déroger. C’est cela qu’a fait le code judiciaire militaire a Vart. 235 en permettant a toute juridiction militaire de condamner sur le champ toute personne qui, a Yaudience, se rend coupable envers le tribunal, ou envers I'un des membres, des voies de fait, d’outrages ou des menaces par propos ou par gestes. La Constitution du 18/02/2006 en son art. 149 al. 1 proclame impartialite du tribunal. 7. PRINCIPE DE LA COLLEGIALITE Ce principe exige que lceuvre juridictionnelle soit celle de plusieurs juges qui appel La collégialité est de régle en toute matiére pénale, sauf, devant le tribunal de paix qui sidge a juge unique (art. 24 du COC). a siéger dans une affaire, doivent étre au moins trois. * Jean Vincent, Serge Guinchard Gabriel Montagnier et André Varinaid, op. cit, n° 958, 18 En matiére civile, c'est le principe de juge unique qui s’applique au premier degre mais la collégialité s'impose au niveau d’appel (art. 33, 40, 48 et 54 du C.O.CJ. la collégialité s'impose devant le tribunal de paix lorsqu’il statue en application de la coutume (art. 24 C.0.C})). La collégialité présente I'avantage de fournir une meilleure justice en ce sens qu'elle permet de mieux peser les arguments, de mieux motiver les décisions et de garantir une plus haute impartialité sans compter qu’elle protege chaque membre contre les pressions et assure une plus forte indépendance a tous” 8. PRINCIPE DE L'ITINERANCE Les juridictions ne sont pas obligées de tenir les audiences judiciaires a leur siege ordinaire ; elles peuvent tenir des audiences judiciaires en dehors de ce sitge en se déplacant a V'intérieur de leur ressort, selon tes besoins de service ; cela permet de rapprocher la justice des justiciables ; mais, I'on doit veiller & ce que Iitinerance ne puisse pas empécher le fonctionnement de la justice au sige ordinaire (art. 67 et 69 du C.O.CJ,) d’oit expression audience foraine, pour parler d’une audience qui se tient e dehors du siége ordinaire du tribunal. 9. PRINCIPE DU DOUBLE DEGRE DE JURIDICTION Ce principe garantit le droit pour toute affaire soumise aux cours ct tribunaux de faire l'objet d’examen quant au fond, & deux niveaux - au premier degré et ; = enappel (2 degré). Le code d’organisation et compétence judiciaires (art. 89, 93 et 95) consacre le principe du double degré de juridiction. Ce principe se trouve garanti par la Constitution du 18/02/2006 en son art. 21 al sans préjudice de son application a lendroit des justiciables de la Cour Constitutionnelle, la Cour de Cassation et du Conseil d’Etat Deux raisons justifient le principe du double degré de juridiction : il s'agit tout d’abord de veiller A ce que les décisions des tribunaux, qui peuvent étre entachées d'insuffisances ou d’erreurs, voire d'injustice, fassent objet d’un second examen Ensuite, du seul fait de savoir que sa décision pourrait étre réformée en appel, le juge du premier degré sera incité a redoubler de zéle et de conscience professionnelle, car, en plus de son réle réformateur, la juridiction d’appel joue, indirectoment un rdle de surveillance et d’appréciation de la compétence technique et morale du juge juridiction inférieure En droit privé congolais, l'appel n’est pas excl en ce qui concerne’ les Hitige simples ou peu importants, car, une cause peu importante peut avoir une grandc répercussion sur le plan social et psychologique. Ainsi done la mutation dite «de ferctt sommae » n'existe pas ; toutefois, il existe des cas dinterdiction d’appel. Une cause ne peut étre examinée que deux fois par les tribunaux quant au fond >i n’y a pas de troisiéme degré de juridiction pour statuer sur le fond * R MERLE. & A. VITU, op cit, n° 569 10. PRINCIPE DE LA CASSATION Toute décision pénale ou civile, rendue en dernier ressort par un tribunal ou une cour et qui viole la loi ou la coutume, est susceptible d’étre attaquée au moyen d'un pourvoi en cassation formé devant la cour de cassation. Le terme «décision » est de large compréhension, il faut y inclure aussi les ordonnances qui statuent en dernier ressort en matiére de détention préventive’ A Vheure actuelle, les décisions des juridictions militaires sont soumises au méme sort. 11, PRINCIPE DU JUGE NATUREL En matiére pénale, l'expression « juge naturel » désigne le juge vivant devant un prévenu lequel doit comparaitre pour étre jugé et déterminé soit la gravité de la peine qui doit sanctionner I'infraction commise, (c‘est le principe de fixation de la competence matérielle), soit selon le rang social ou la qualité du prévenu (c'est le principe de la fixation de la compétence personnelle) En matiére de droit privé, le juge naturel est également désigné par les régles de Yorganisation judiciaire. Ainsi, le tribunal de paix est reconnu compétent pour connaitre des litiges portant sur le droit de la famille, les successions, les liberalites et les conilits fonciers collectifs ou individuels régis par la coutume ; il connait également de toutes les autres contestations susceptibles d’évaluation pour autant que leur valeur ne dépasse pas cing milles franes (art. 110 du C.O.C), le Tribunal de Grande Instance connait de toutes les contestations qui ne sont pas de la compétence du ‘Tribunal de paix art, 111 du C.O.C].). 20 CHAPITRE 2. LA HIERARCHIE ET LA COMPOSITION DES COURS ET TRIBUNAUX EN RDC Le Constituant du 18 février 2006, dans son exposé des motifs, au point 3 relatit Yorganisation et & Vexercice du pouvoir judiciaire a estimé nécessaire, pour plus d'efficacité, de spécialité et de célérité dans le traitement des dossiers, d’éclater en trois ordres juridictionnels les cours et tribunaux congolais, a savoir ~ les juridictions de Yordre judiciaire placées sous le controle de la Cour de Cassation ; - celles de l’ordre administratif, coiffées par le Conseil d’Etat et ; - Yordre Constitutionnel incarné par la Cour Constitutionnelle. Tirant conséquence de cot état des choses, étude des structures matérivlles (cours et tribunaux), reflétera la séparation de ces trois ordres de juridictions SECTION |. LES COURS ET TRIBUNAUX DE L'ORDRE JUDICIAIRE 11 importe au plus haut point de relever que, ordre judiciaire comprend les juridictions ordinaires organisées par l'Ordonnance-Loi n°82/020 du 31 mars 1982 et habilitées & juger principalement les civils, ainsi que les juridictions militaires qui sont organisées par la loi n°023/2002 du 18 novembre 2002 portant Code judiciaire militairs et dont les justiciables sont essentiellement les militaires, policiers et personne assimilées. SISECTION 1. LES JURIDICTIONS ORDINAIRES §1. Tribunal de police (pour mémoire) = Création : un tribunal par territoire rural ou par ville. - Sige ordinaire : dans la ville ou le territoire - Resort : territoire ou ville. - Tenue des audiences : - Juge unique et O.M.P dans les villes. - Dans les zones rurales, c’est le bourgmestre qui est juge de police. - Dans les villes, les juges de police sont juges de carriére - le juge de police, magistrat de carriére, siége avec I'assistance du greffier §2. Tribunal de paix Régi par les articles 22 a 30 de Ia loi n°82/020 du 31 mars 1982 portant coe @’O.CJ, son ressort couvre la circonscription administrative d'une ville ou dun territoire/commune. I] comprend un Président, magistrat de carriére el, dans certaines circonstances, deux juges assesseurs, - Création : un ou plusieurs dans chaque ville ou territoire ; - Siege ordinaire : fixé par le Président de la Republique ainsi que le ressort - Composition organique : - Un président ; - Unou plusieurs juges ; - Deux ou plusieurs assesseurs choisis parmi les notables du ressort du tribunal Ces juges assesseurs sont régis par un statut particulier, ils sont nommeés par le Ministre de la Justice ; - Tenue des audiences : - Un seul membre (Président ou juge) ; - Si application de la coutume : 3 membres dont le Président ou le juge et deux assesseurs ; Le tribunal siége éventuellement avec un O.M.P ou un O.PJ a compétence générale désigné par le Procureur de la République. Le tribunal si¢ge avec assistance du greffier. §3. Tribunal de Grande Instance Régi par les articles 30 4 35 du code d’O.CJ, son ressort couvre la circonseription administrative d'un district. Sa composition varie selon qu'il siege en matiére civile ou pénale, au premier degré ou en appel. En effet, au premier degré, le Tribunal de Grande Instance est une juridiction .ge unique lorsque qu’il connait des affaires relatives au droit privé, tandis que, dans toutes les autres hypotheses, il est une juridiction & si¢ge collégial de trois juges en premiére instance comme au degré d’appel - Création : un ou plusieurs tribunaux dans chaque ville et dans chaque district ; ~ Siege ordinaire et ressort : fixés par le Président de la République ; - Composition organique : un Président et des juges ; - Tenue des audiences 3 juges en principe ; ~ Juge unique si le tribunal doit statuer au premier degré en matidre de droit prive ~ Le tribunal siége avec le concours du Ministére Public et l'assistance du greffier §4. La Cour d’Appel Régi par les articles 36 4 43 du code d’O.CJ, son ressort couvre la circonseription administrative de toute une province a l'exception notamment de la ville ~ province de Kinshasa qui compte deux cours d’appels savoir: celle de Kinshasa/Gombe ct de Kinshasa/ Matete. La Cour d’Appel est une juridiction a siége collégial de trois juges (conseillers) quelle que soit la matiére pour laquelle elle est saisie. - Création : une Cour d’Appel par province et plusieurs Cours d’Appel a Kinshasa (2 pour le moment) Kinshasa /Gombe et Kinshasa/Limete - Sidge ordinaire : - Chef lieu de province - Composition organique . - Un premier président, - Unou plusieurs présidents, ~ Des conseillers. = Section: La Cour d’Appel comprend une section judiciaire et une section administrative. - Tenue des audiences ; -3 membres 2 - La Cour siége avec le concours du Ministére Public et 'assistance du greffier, §5. Cour de stireté de Etat (pour mémoire). Elle n’existe plus car la Constitution du 18 février 2006 I'a abrogée en son article 225 qui dispose : ‘La Cour de siireté de I'Etat est dissoute ds l’entrée en vigueur de la présente Constitution’ Elle était unique dans le pays ; et son ressort comprenait tout le territoire de la République Démocratique du Congo. Sa composition était faite d’un Premier Président, d’un ou de plusieurs presidents et conseillers. Elle siégeait en collége de 3 membres avec le concours du M.P et de greffier §6. La Cour de Cassation 1 fonctionnera 4 Kinshasa une Cour de Cassation dont le ressort s’étendra sur lout le territoire de la République Démocratique du Congo. Elle comprendra un président des présidents des chambres et des conseillers. Sa composition intégrera, autant que possible, des conseillers référendaires qui seront des assistants des membres de la Cour pour l'accomplissement aisé de leurs taches. Elle siégera avec le concours du Procurcur Général qui proviendra du Parquet général pres cette Cour. Ce parquet général comprendra également en son sein plusivurs avocats généraux, Une loi organique détaillera son organisation, sa composition et son fonctionnement. SISECTION 2. LES JURIDICTIONS SPECIALISEES §1. Les Tribunaux pour enfants Lorsqu’un enfant est en conflit avec la loi, il est prévu des mécanismes de poursuites différents de ceux des adultes. C’est ainsi que la loi n°09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de Venfant a prévu la création des tribunaux spéciaux pour les enfants®. 1. Compétences du Tribunal pour enfant La compétence personnelle du tribunal pour enfant s’étend tous les enfants dges de moins de 18 ans. Toutefois il faut signaler particuliérement que pour coux ages de moins de 14 ans, ils bénéficient, en matigre pénale d’une présomption inrefragable dirresponsabilité, Considérant que tels enfants agissent sans discernement, le juge dost donc les relaxer. En cas de préjudice, c'est le civilement responsable qui devra payer des © Article 149, a5 de la Constitution dus 18 février 2006, Lire aussi I'Expasé de motifs de fa Jor n°09)007 du 1D janvier 2009 portant protection de l'enfant en RDC 23 dommages et intéréts a la victime. L’age a prendre en compte est age au moment des faits. Est territorialement compétent, le tribunal de la résidence habituelle de l'enfant, de ses parents ou tuteur, du lieu des faits, du lieu oj l'enfant aura été trouvé, ou du lieu ou ila été placé, a titre provisoire ou définitis™ Signalons que le Décret n°11/01 du 05 janvier 2011 portant création des tribunaux pour enfant, fixe le ressort de ceux-ci en raison d’un tribunal par territoire rural et un par ville urbaine. Quant a la compétence matérielle, le tribunal pour enfants est seul compétent pour connaitre des matidres dans lesquelles se trouve impliqué l'enfant en conflit avec la loi I s‘agit de tout acte qualifié d’infraction par la loi pénale, mais au: rapportant a I'identité, la capacitg, la filiation, ’adoption et la parents telles que prévues par la loi. Dans ce cas, les régles communes en matiéve de procédure civile s'appliquent i des mativres se Composition Contrairement aux juridictions ordinaires, le principe du double degr’ de juridiction connait une application non pas dans deux différentes juridictions, mais dans un seul. En effet, le tribunal pour enfants est composé de la chambre de premiere instance (elle si¢ge a juge unique) et la chambre d’appel (elle siége a trois juges). Les deux chambres sont indépendantes l'une de autre quant a leur fonctionnement. Le tribunal pour enfants siége avec le concours du ministére public du ressort et Vassistance d'un greffier. Le tribunal pour enfants comprend un président et des juges, tous affectés par le Conseil Supérieur de la Magistrature parmi les magistrats de carriére spécialisés et manifestant de lintérét dans le domaine de l'enfance. Test doté d’au moins un assistant social affects par les services provinciauy ayant les affaires sociales dans leurs attributions, 3. Procédure Le tribunal pour enfants est saisi par: 1) la requéte de Vofficier du ministére public du ressort dés qu’il a connaissance des faits portés contre enfant ; 2) la requéte de l'officier de police judiciaire dés qu'il a connaissance des faits portés contre l'enfant ; 3) la requéte de la victime ; 4) la requéte des parents ou du tuteur ; 5) la requéte de assistant social ; 6) la déclaration spontanée de l'enfant ; 7) la saisine d'office du juge Lorsque le tribunal est saisi par 'officier de police judiciaire, celui-ci en informe ¥ Article 101 de la loi n*09/001 précité 24 immédiatement lofficier du ministére public du ressort. Tout au long de la procédure, Venfant suspecté ou accusé d'un fait qualitic d'infraction par la loi pénale bénéficie, sous peine de nullité de la procedure, notamment des garanties ci-apres *; 1. le droit a la présomption innocence et a un proces equitable ; 2. la présence au proces ; 3. le droit d’étre informé, dans le plus bref délai, dans une langue qu'il comprend et de maniére détaillée, de la nature et des motifs de accusation portée contre lui; 4. le droit & l'assistance par un conseil de son choix ou désigné d’office par le juge 5. le droit de voir son affaire étre jugée dans un délai raisonnable; 6. le droit & un interpréte ; 7. le droit au respect de sa vie privée & toutes les étapes de la procédure 8. le droit d’étre entendu en présence des parents, du tuteur, de la personne qui ert ala garde ou de l’assistant social ; 9. le droit de ne pas étre contraint de plaider coupable ; 10. le droit d’interroger ou de faire interroger des témoins a charge et a décharye vt & obtenir la comparution et I'interrogatoire des témoins. §2. Les Tribunaux de travail Il convient de parcourir I'évolution des tribunaux du travail avant d’aborder leur compétence ainsi que la proeédure applicable 1. L'évolution des tribunaux du travail en droit congolais La législation sur les tribunaux du travail a évolué en trois périodes impiortantes A. Avant 1967 Notons que le législateur colonial n’a pas institué des juridictions spécifiques des litiges individuels et des procédures propres a ces juridictions Aussi faute de dispositions spéciales devant régir les affaires du travail, celles-ci étaient soumises aux juridictions de droit commun, suivant les régles ordinaires de procédure civile et ce, conformément aux décrets du 30 juillet 1888 portant code civil congolais livre II, du 8 mai 1958 sur organisation et la compétence judiciaires, du 7 mars 1960 portant code de procédure civile ainsi qu’é celui du 1" fevrier 1961 sur le contrat de louage de services. Cet état de choses fut corrigé avec la promulgation de lordonnance-toi n° 67/31U du 9 aout 1967 portant code du travail et des textes subséquents. Article 104 deta lot sur la protection de l'enfant, précitée B, De 1967 a 2002 Le code du travail du 9 aodt 1967 constitue une étape importante en ce que, notamment, il a réuni en un tout cohérent des lois jadis éparses et a cré¢ des institutions jusque-Ia inconnues comme les tribunaux du travail Les régles de procédure utilisées dans le réglement des conflits individuels du travail sont demeurées celles de la procédure civile et une demande principale au premier degré est introduite par l’assignation ou la comparution volontaire (”) Environ cing mois aprés la promulgation du Code du travail, le législateur a,"en exécution des articles 205 et 212 de ce texte, créé des tribunaux spécifiques des litiges du travail par Ordonnance-loi n° 68/036 du 20 janvier 1968, Aprés la création de ces tribunaux, le méme législateur promulguait YOrdonnance-loi n° 68/100 du 29 mars 1968 portant organisation des tribunaux du travail et relative a la procédure et aux voies de recours devant ces tribunaux. Malheureusement, compte tenu de l'impossibilité pour 'Ftat de créer un plus grand nombre de tribunaux du travail en raison du manque de magistrats spécialises en Iégislation du travail, il fut jugé rationne! d’intégrer ces tribunaux au sein des cours ot tribunaux ordinaires, sous forme de chambres spéciales des affaires du travail Crest la loi n° 73/008 du 5 janvier 1973 qui insérait aprés Varticle 45 de VOrdonnance-loi_n° 68/248 du 10 juillet 1968 portant code d’organisation ct de compétence judiciaires une section III bis et aprés article 143 du décret du 7 mars 196t1 portant code de procédure civile un titre III bis sur la procédure particuliére aux affaires du travail Voulant ainsi dlaguer tous les obstacles dus aux contradictions de certains textes, le Iégislateur de 1973 a institué une procédure spéciale de saisine du tribunal du travail par requéte écrite ou verbale. Cependant, ne disposant pas & suffisance des moyens financiers pour faire fonctionner ces chambres spéciales des affaires du travail, celles-ci furent supprimces et V'Ordonnance-loi n® 78/005 du 29 mars 1978 a travers ses articles 147 ot 148 prévoyait que les litiges individuels du travail relevant de Ia compétence des anciennes chambres des affaires du travail seraient désormais portés devant les tribunaux ordinaires du lieu du travail. Avec les réformes de 1978 et de 1982 () sur Vorganisation ot la compétence judiciaires, les débats autour du mode de saisine ont ainsi refait surface. Pour les uns, en raison de la suppression des chambres spéciales des affaires du travail, tout litige du travail ne peut étre introduit et le tribunal saisi que par assignation et non par requéte, Pour d’autres en revanche, l'article 148 de YOrdonnance-loi n° 78/005 du 29 mars. 1978 et les articles 153 et 154 du code d’organisation et de competence judiciaires précités se rapportent non pas a la procédure, mais 4 organisation et & la competence ™ KABUMBU M'BINGA-BANTU, «La saisine du tibunal du travail au premier doged pendant by portale transitoire », it Les Analyses fridigues, 9° 7, Lubumbashi, 2005, pp. 419 Art, 153 et 154 de ! Ordonnance-loi n” 82-020 du 31 mars 1982 portant Cade HOC) 26 des cours et tribunaux en matitre des affaires du travail ct laissent intact le domaine de la procédure particuliére aux affaires du travail Enfin, les juges s'estimaient valablement saisis des litiges individuels du avail aussi bien par requéte que par assignation. Telle était la position prise par la Cour d’Appel de Kinshasa/Gombe en ces termes : « si les chambres du travail ont été supprince et la connaissance des conflits du travail confide aux juridictions ordinaires, Ia procédure en cette matidre n'a pas été modifiée, bien que le tribunal peut aussi bien étre saisi par requéte » (") Par ailleurs, considérant que seuls les professionnels sont directement au courant des problémes de leur profession et de ses régles, plusieurs résolutions relatives a la réglementation du travail recommandérent la réinstauration de ces chambres des affaires du travail au sein de différentes juridictions du pays. C’est & ce voeu qu’a réagi le législateur de 2002 en instituant de nouveau non pas les chambres speciales, mais le tribunaux autonomes du travail. C. Lére du nouveau code du travail Le 16 octobre 2002, le Iégislateur congolais qui tient @ ce que les litiges individuels du travail soient portés devant des juridictions propres a promulgué la [oi 1? 015/2007 portant Code du travail et la loi n° 016/202 portant création, organisation et fonctionnement des tribunaux du travail. Dans cette derniére, le [égislateur a repris la requéte comme mode de saisine du tribunal du travail. Ce texte a ainsi relancé sur la table de vieilles discussions autour de Ja saisine du tribunal ayant jadis conduit a des décisions discordantes. En effet, aux termes de l'article 26 al. 1* de la Joi n° 016/2002, la saisine du tribunal du travail se fait exchusivement par voie de requéte écrite ou verbale du demandeur ou de son conseil ou de I'Inspecteur du travail porteur d’un pouvoir spécial » Tandis que certains plaideurs recourent au traditionnel exploit d’assignation ; et dans les deus cas Je juge s’estime valablement saisi pour connaitre des faits de la cause. Les divergences surviennent autour de V’interprétation des articles 44 et 45 du méme texte. L’article 44 dispose : « les dispositions du code civil pour autant qu'elles se sont pas contraires @ la présente loi sont d'application en matiére du travail » Et l'article 45 renchérit : « jusqu’a |'installation des tribunaux du travail, les juridictions de droit commun demeurent compétentes pour connattre des litiges individuels de tracuil Des arguments en faveur de I'assignation figure la non installation des tribunaux du travail, les affaires du travail étant toujours examinées par les juridictions de droit commun qui, en vertu des articles 1 et 2 du Code de procédure civile, sont saisies par assignation. Pour les tenants de la requéte, article 47 de la loi n° 016/202 est clair quand it dispose que «la présente loi entre en vigueur a la date de sa promulgation promulgation faite par le Chef de I'Etat le 16 octobre 2002. A propos, Hector-André rappelle que [a loi st” 016/200? div 16 octobre 200? soit s‘appliquer immédiatement car elle n'a pas conditionné Uapplication de Varticle 20 0 * Cour d’ Appel de Kinshasa/Gombe, RTA 1067, 16 mai 1985 installation préalable des tribunaux du travail et elle s‘impose en méme temps au juge et aur parties ds sa publication au journal officiel (®), en tant que regle de procédure et ce, meme devant les juridictions de droit commun siégeant en matiére du travail Sur le plan de principes généraux de droit, il est admis que les lois de procedure comme en I'espéce, ne rétroagissent pas. Elles ont pour vocation de régir lavenir et (...) sont d’application immédiate. De ce point de vue, méme si les tribunaux de travail ne sont pas installés, il est Iégalement régulier que la procédure prévue pour ces tribunaux soit immédiatement appliquée (...) Pour toutes ces raisons, en tant que loi spéciale, bien qu’applicable momentanément par une juridiction de droit commun, la requéte verbale ou écrite est désormais le seul mode de saisine en matiére de travail (*) 2, Compétence du tribunal A, Compétence territoriale Le ressort du Tribunal du Travail couvre celui du ‘Tribunal de Grande Instance dans lequel il a son siege. En cas de litige, le tribunal du lieu d’exécution du travail demeure compétent saut accord international contraire. Cependant, lorsque le travailleur rejoint le si¢ge social de la société ou le lieu de son engagement et qu'il y est notifié de son licenciement, le tribunal de ce lieu devient compétent. B. Compétence matérielle Les Tribunaux du Travail connaissent des litiges individuels survenus entre le travailleur et son employeur dans ou a l'occasion du contrat de travail, des c collectives ou de la législation et de la réglementation du travail et de la prévoyance sociale, Les Tribunaux du Travail connaissent aussi des conflits collectifs de travail, a savoir, les conflits survenus entre un ou plusieurs employeurs d’une part ct un certain nombre de membres de leur personnel d’autre part, au sujet des conditions de travail lorsqu’ils sont de nature 4 compromettre la bonne marche de I'Entreprise owt la paix sociale. 3. Composition Le Tribunal du Travail est composé d’un Président, des juges et des juges- assesseurs. Le Président et les juges sont désignés par le Ministre ayant la Justice dans ses attributions parmi les juges du Tribunal de Grande Instance. © KABUMBU M'BINGA-BANTU, «La saisine du tribunal du travail au premier degré pendant ly portale transitoite », in Les Analyses fridges, 9° 7, Lubumbashs, 2008, py 119 © KANGULUMBA MBAMBI, V., «Encore 3 propos de la saisine diy tribunal dle travail ens trait woongsta assignation ou roqucte, Note digbservation sur Fart RIA ILal CN Kinshasa/Matete, in Rene di soit afieain, 1° 305, janvier 2005, pp. St) 97 4 Article 18 de la loi n® 016/2002 du 16 octobre 2002 portant eration, organisation et fonctimmemvent des Hibs dle travail 28 Les juges-assesseurs sont désignés pour un mandat de deux ans par le Minisirc ayant le Travail et la Prévoyance Sociale dans ses attributions sur base des listes proposées par les organisations professionnelles des employcurs et des travailleurs, Le Tribunal du Travail siege avec l'assistance d’un greffier et le concours d'un Officier du Ministére Public. C'est le Procureur de la République pris le ‘tribunal de Grande Instance dans le ressort duquel se trouve le Tribunal du ‘Travail qui exerce les fonctions du Ministére Public prés cette derniére juridiction. 4. Procédure Le Tribunal du Travail est saisi par une requéte écrite ow verbale du demandcur ou de son conseil. La requéte écrite est déposée entre les mains du greffier quien accuse réception ou adresse au greffier par lettre recommandée & la poste contre récépissé. Fle est datée et signée par son auteur. La requéte verbale est actée par le greffier et signée conjointement par ce derni le déclarant. La requéte écrite ou Vacte dressé sur requéte verbale par le gretlier doit contenir Videntité, la profession et le domicile des parties. Une ampliation du procts-verbal de non-conciliation ou de conciliation partielle dressé par Inspecteur du lravail du ressort doit obligatoirement y étre jointe®. La requéte est inscrite 4 sa réception dans le registre des affaires du travail. Les dispositions communes aux cours et tribunaux telles que prévues aux articles 58 433. du code de organisation et de la compétence judiciaire s’appliquent mutatis mutandis aux tribunaux de travail. §3. Les Tribunaux de commerce Le Tribunal de Commerce est une juridiction de droit commun siégeant au premier degré et composée de juges permanents qui sont des magistrats de carrier’ ct de juges consulaires. 4. Comp. nce a) Comppétence matérielle Le Tribunal de Commerce connait deux catégories de matiére : civile et pénale. bn matiére de droit privé il connait : 1. des contestations relatives aux engagements et transactions entre commergants ; 2. des contestations entre associés, pour raisons de société de commerce; 3. des contestations entre toutes personnes relatives aux actes de commerce, en ce compris les actes relatifs aux sociétés commerciales, aux fonds de commerce, a la concurrence commerciale et aux opérations de bourse “Lire les articles 25 ot 26 de la loi n° 016/2002 du 16 actobre 2002 portant creation, organisation et fdneoranenent des tribunaun de travail 4. des actes mixtes si le défendeur est commergant; 5. des litiges complexes comprenant plusieurs défendeurs dont l'un est soit caution, soit signataire d'un chéque bancaire, d'une lettre de change ou d'un billet & ordre; 6. des litiges relatifs au contrat de société; 7. dos faillites et concordats judiciaires. Hl connait, en matire de droit pénal, des infractions a la législation économique et commerciale, quel que soit le taux de la peine ou la hauteur de l'amende. b) Compétence territoriale Son sidge ordinaire et son ressort sont ceux du Tribunal de Grande Instance. F'n clair, le tribunal de commerce, le tribunal de travail et le tribunal de grande instance ont la méme compétence territoriale. ©) Compétence personnelle Tous les commergants ainsi que toute personne exergant une act sont les justiciables relevant du tribunal de commerce. Méme les soc leurs associés, les banques, etc. relevent de la compétence de cette juridiction. ité commerciale tes commerciales, 2. Composition Le Tribunal de Commerce comporte au moins deux chambres. II sige au nombre de trois juges dont un permanent et deux consulaires. Les juges consulaires sont élus, pour une durée de deux ans pour le premier mandat et quatre ans pour les mandats suivants, par un collége électoral composé de délégués consulaires désignés par les organisations professionnelles également reconnues et représentatives du commerce et de l'industrie. 3. Procédure Le Tribunal de Commerce est saisi par requéte verbale ou crite ou par ass! conformément a l'article 2 du code de procedure civile. Lorsque la requéte est verbale, cest-A-dire formée par une declaration recue vt actée par le greffier, elle est signée par ce dernier et par le déclarant La requéte écrite est déposée au greffe ou adressée au greffier par lettre recommandée avec demande davis de réception. Elle est datée et signée par son auteur et doit contenir les noms, professions et domiciles des parties ainsi que indication de Yobjet de la demande. En matiére pénale, le Tribunal de Commerce est saisi conformément aux régies de la procédure pénale en vigueur, soit par requéte du Ministére Public, soit par citation directe. La requéte, I'assignation ou la citation directe sont inscrites, 4 leur réception, dans un registre d'ordre tenu par le greffier Dans le cas ott la requéte est formée verbalement ou déposée au greffe, un récépissé est délivré par le greffier. Il est tenu dans chaque greffe un registre des attaires commerciales et un registre des affaires pénales. ghatior 30 SISECTION 3, LES JURIDICTIONS MILITAIRES La loi n°023/2002 du 18 novembre 2002 portant code judiciaire militaire a mouitic celle du 25 septembre 1972 ayant porté code de justice militaire et a apporté une seric d'innovations notamment liées a usage d'une certaine terminologie. Ainsi aver code judiciaire militaire du 18 novembre 2002, le Iégislateur parle de tribunal et cow militaire en remplacement des conseils de guerre, appellation jadis usitée dans le code de justice militaire devenu anachronique §1. Le Tribunal Militaire de Police Test régi par les articles 23 & 26 de la loi n°023/2002 du 18 novembre 2002 portant Code Judiciaire Militaire. Il est institué un ou plusieurs tribunaux militaires de police dans le ressort d’un tribunal militaire de garnison. Le tribunal militaire de police sige toujours avec trois juges, dont un magistrat de carriére qui en est le président. II siége avec le concours du Ministére Public et Yassistance d'un greffier. §2. Le Tribunal Militaire de Garnison Hest organisé par les articles 21 et 22 du code judiciaire militaire. Il est établi un ou plusieurs tribunaux militaires de garnison dans le ressort d’v district, d’une ville, d'une garnison ou d’une base militaire. Le siege ordinaire est fixé au chef-lieu du district, dans la ville ott est situé état major de la garnison ou dans un lieu fixé par le Président de la République. Le tribunal militaire de garnison siége au nombre de cing membres, tous officiers supéricurs ou subalternes, dont un magistrat de carriére qui en est président. II sicye avec le concours du Ministere Public et I'assistance d’un greffier §3. La Cour Militaire Opérationnelle Régie par les articles 18 4 20, la Cour militaire opérationnelle est une juridicti ponctuelle, car, elle n’existe pas de maniére permanente. En effet, la Cour militaire opérationnelle est instituée en cas de guerre ou dans toutes autres circonstances exceptionnelles de nature & mettre en péril la vie de la nation, notamment les menaces de guerre, de rébellion ou d’insurrection armées. Hl est établi dans les zones d’opération de guerre, des Cours militaires opérationnelles qui accompagnent les fractions de I'armée en opération. Leur implantation est décidée par le Président de la République. La Cour Militaire opérationnelle sigge au nombre de cing membres, dunt au moins un magistrat de carritre, qui sont revétus autant que possible des grades d’oflicier supérieurs. Elle siége avec le concours du Ministére Public et !'assistance d'un grettier §4. Les Cours Militaires Régies par les articles 12 a 17 de la loi n°023/2002 du 18 novembre 2002 portant code judiciaire militaire, les Cours militaires sont établies dans le ressort territorial de chaque province ainsi que dans la ville de Kinshasa. La loi précise qu'il peut étre institué une ou deux Cours militaires dans la ville de Kinshasa. Le siége ordinaire de la Cour militaire est établi au chef-lieu de la province, dans la localité ot se trouve le quartier général de la région militaire ou dans tout autre livu tine par le Président de la République. Le Ministre de la défense peut fixer par arrété en un autre lieu le ressort de la Cour militaire. Elle est composée d’un premier président d’un ou de plusieurs présidents et des conseillers nommés, et le cas échéant, relevés de leurs fonctions par le Président de Ja République. Elle siege au nombre de cinq membres, tous officiers supérieurs au moins, dont deux magistrats de carrigre qui président ses deux chambres. La Cour militaire est présidée par un officier général ou par un officier supérieur, magistrat de carriére. Elle sidge avec le concours du Ministére Public ot assistance d'un greffier. Le premier président de la Cour militaire peut, en cas de nécessite, requérir les services d’un magistrat civil, en vue de compléter le siege. §5. La Haute Cour Militaire Organisée par les articles 6 4 11 du code judiciaire militaire, elle occupe le sommet de la higrarchie des juridictions militaires et a son siége dans la capitale. Son ressort s‘étend sur tout le territoire de la République. Elle est présidée par un officier général, magistrat de carriére. Elle sige avec le concours dit Ministére Public et assistance d'un greffier. Dans le cas des circonstances exceptionnelles, le siége de la Haute Cour Militaire peut étre fixé en un autre liew par le Président de la République. En temps de guerre, la Haute Cour Militaire tient des chambres foraines en zones opérationnelles. La Haute Cour Militaire comprend deux ou plusieurs chambres. Hille siege au nombre de cing membres, tous officiers généraux ou supérieurs, dont deux magistrats de carriere. Lorsqu’elle siége en appel, la Haute Cour militaire est composée de cing membres dont trois magistrats de carriére. La Haute Cour militaire est composée d’un premier président, d’un ou de plusieurs présidents et des conseillers nommés et, le cas échéant, relevés de leurs fonctions par le Président de la République parmi les membres de la Haute Cour Militaire ou du Parquet militaire pres celle-ci. 32 CHAPITRE 3. LES REGLES DE FONCTIONNEMENT DES COURS ET TRIBUNAUX SECTION |. LES REGLES DE FONCTIONNEMENT DES JURIDICTIONS COUTUMIERES Le commissaire directeur de district et le président du tribunal de territoire ot leurs adjoints peuvent présider les tribunaux de chefferie et de secteur avec vor délibérative (art. 7 de 'arrété royal du 13 mai 1938 coordonnant les différents décrets relatifs aux juridictions coutumiéres). Un tribunal coutumier ne peut siéger valablement sans le concours, d’un gretfier nommé par le commissaire de zone rural; en cas d’absence ou d’empéchement cist greffier, sachant écrire, qui est désignée par le juge ou le président du tribunal (art. 9 Varrété royal précité) Le Ministére Public surveille la composition et action de tous les tribunaux coutumiers de son ressort, il leur donne des directives nécessaires pour la bonne administration de la justice (art. 10 de Varrété royal précité) Le Tribunal de Grande Instance a le pouvoir sur requéte, que seul le Ministere Public peut introduire, d’annuler les décisions des juridictions coutumiéres qui violent a coutume ou les régles de la procédure qui sont considérées comme fondamentales (art. 35 de Varrété royal précité) SECTION Il. LES REGLES DE FONCTIONNEMENT COMMUNES AUX COURS ET TRIBUNAUX DE DROIT ECRIT (JURIDICTIONS CIVILES) §1. Rappel des régles déja étudiées plus haut - Le respect du principe du juge naturel ; - Liitinérance ; + Le principe de la collégialité ; - La régle du double degré de juridiction ; - Le principe de I’égalité de tous devant la loi ; - Le principe de la gratuité de la justice ; - Le principe de la cassation ; - Le principe de I'impartialité du tribunal §2. Autres régles 1. La récusation et le déport (art 71.479 du C.0.C.J.) Une partie au proces peut estimer qu’un des juges appelés a statuer sur son affaire doit tre écarté ou remplacé. La loi prévoit plusieurs causes qui peuvent justifier la récusation ; ily en a au total huil (8) : ~ Le juge ou son conjoint a un intérét personnel quelconque dans Vaffaire

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