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Mondialisation & Régionalisation

Thème 1 : Approche de la mondialisation et de la démondialisation

• Les anglo-sax ons considèrent que le grand brassage des biens, des personnes, des
capitaux et des technologies est une réalité incontournable qui n’est pas
nécessairement négative.
• Les Européens et surtout les Français hésitent entre une vision angélique ou
diabolique de ce phénomène.

I. La complexité de la notion de mondialisation


A. Une mondialisation : processus historique

• Les historiens : font remonter la mondialisation au 16ème siècle, au moment du


décollage économique de l’Europe et de l’intensification des échanges de cette
dernière avec deux grandes civilisations de l’époque : le monde Arabe et la Chine.
• Les économistes : le premier grand épisode de mondialisation se situe au 19ème
siècle où l’on constate une intensification des échanges internationaux de marchandises
et de capitaux entre l’Europe et le nouveau monde des Amériques.

▪ Au 20ème siècle, le processus de mondialisation est interrompu par les 2 conflits


mondiaux mais aussi par les difficultés économiques et financières d’entre-deux guerres.
Ces évènements suscitent la montée du nationalisme, une fragmentation des marchés
et le grand retour du protectionnisme. Le fractionnement de l’économie se poursuit dans
l’après-guerre avec la guerre froide et les trente glorieuses.

Malgré tous ces évènements, la mondialisation telle qu’on la connait aujourd’hui était déjà en
train de se mettre en place.

B. Les caractéristiques de la mondialisation


1. Les notions à ne pas confondre

Les notions d’intégration, d’interdépendance, d’universalisme et de convergence sont des


notions qui sont proches de la mondialisation mais qui s’en distinguent :

• Notion d’intégration : suppose une volonté politique d’unification, un sentiment


d’appartenance communautaire et des institutions communes. La mondialisation
méconnait cette notion.
• Notion d’interdépendance : insinue une certaine égalité entre les partenaires
économiques, la mondialisation peut être dissymétrique.

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• L’univ ersalisme : l’idée que tout le monde ressent les effets d’un phénomène de la
même manière. Or on observe qu’il y a de nombreux exclus de la mondialisation : des
exclus volontaires (le courant altermondialiste) et involontaires (les PMA).
• La notion de conv ergence : implique un but commun qui n’est pas ressenti dans la
mondialisation malgré le principe de libre échange prôné par l’OMC.

2. Les trois dimensions de la mondialisation

• La dimension internationale : l’ouverture des économies nationales aux transactions


internationales et correspond également au développement des échanges de biens et
de services
• Dimension transnationale (multinationale) : la mobilité internationale des facteurs
de productions et plus particulièrement celles des capitaux.
• La dimension globale : processus d’interpénétration croissante des économies
nationales, ce qui provoque un effacement progressif des frontières, un affaiblissement
des régulations nationales et déterritorialisation des activités économiques (activité
économique allié à un territoire).

Selon l’organisation de coopération et de développement économique, la mondialisation


regroupe 3 étapes :

• L’internationalisation : développement des flux d’exportation


• La transnationalisation : l’essor des flux d’investissement et des implantations à
l’étranger
• La globalisation : mise en place de réseaux mondiaux de production et d’information

3. Les courants de pensées relatifs à la mondialisation

• Les hypers mondialistes : considèrent que la mondialisation est une nouvelle ère du
commerce international où les peuples se fondent peu à peu dans un marché mondial
avec une perte de souveraineté des États face aux firmes transnationales.
• Les sceptiques : considèrent que la mondialisation n’est qu’un mythe qui ne servirait
qu’à masquer la régionalisation de l’économie mondiale et où les États resteraient
maitres du jeu.
• Les réformistes : considèrent que la mondialisation est une évolution sans précédent
du commerce mondial à laquelle les États s’adaptent pour subsister.

La mondialisation est l’extension d’un réseau d’interrelation, d’une interconnexion concernant


tous les aspects de la vie contemporaine.

C. Les répercussions de la mondialisation

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D’une part, la mondialisation est un processus dont les conséquences s’étendent sur différente
valeur :

• Dans le domaine politique : la constitution d’organisation internationale (OMC, FMI)


• Dans le domaine social : l’exacerbation des interconnexions mondiales font que lorsqu’un
évènement survient, n’importe où dans le monde, chaque individu peut en être affecté. Aucun
territoire aussi vaste qu’il soit, aussi riche qu’il soit et aussi souverain qu’il soit ne peut protéger
à lui seul les conditions de vie, la sécurité, la prospérité de sa population.
• Dans le domaine territorial : la hiérarchisation des territoires est mise en place pour des
raisons économiques.
• Dans le domaine culturel : prise de conscience du fait que chaque savoir-faire, chaque
culture est différente.

Les États ont pris conscience qu’aucun d’entre eux ne pouvaient défaire, ni se défaire, du
développement de l’interdépendance lié à la mondialisation. Chaque continent a besoins des
autres : l’Europe, constituées en majorité de pays industrialisés, a besoins de main d’œuvres
qualifiées, les pays émergents et leurs avancées technologiques ne peuvent se passer du
marché mondial.

En outre, les économistes sont forcés de constater que la mondialisation entraine des
conséquences négatives, elle met en concurrence les peuples, les systèmes sociaux (le droit du
travail) et les systèmes productifs.

II. La remise en cause de la mondialisation vers une démondialisation ?

La mondialisation s’est construite autour de modèles de développement, de lien social et de


décision.

A. La théorie de la démondialisation
1. De l’altermondialisme au protectionnisme vert

L’idée de la démondialisation n’est pas nouvelle, le mot en lui-même est apparu en France en
1996.

C’est en 2011 que le terme fait son apparition dans le débat public français, son utilisation
permettant la convergence de 3 facteurs : crise des dettes souveraines en Europe, prise de
parole publique d’intellectuels et la candidature de Montebourg.

Depuis, ce terme est toujours au cœur des débats politiques, au point qu’un parti politique
militant en faveur de ce mouvement de démondialisation s’est créé, il s’intitule le PARDEM.

2. La notion de démondialisation

Cette notion repose sur la critique de la mondialisation et sur trois grands volets :

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• Économiquement : la mondialisation implique la concurrence des pays à bas cout
salariaux (dumping social), la course à la productivité et les délocalisations et
désindustrialisations.
• Écologiquement : la production au plus loin des lieux de consommation implique le
développement des transports de marchandise, des émissions de CO2, du gaspillage
énergétique.
• P olitiquement : la mondialisation se traduit par la dépossession croissante des États
nationaux et par un recul démocratique.

La grande confusion procède de la superposition automatique mais approximative d’opposition


économique, philosophique et politique.

La notion de démondialisation se compose de 3 objectifs principaux :


• Limiter le libre échange à travers la relocalisation de la production et des emplois et
également par le retour d’un protectionnisme ciblé, via des droits de douane.
• Protéger l’environnement par des réglementations.
• Définanciariser l’économie mondiale, c’est-à-dire de réguler la sphère financière et à
réintroduire le contrôle des capitaux.

B. Les approches divergentes de la démondialisation

• Les altermondialistes : voient la mondialisation comme un processus visant à


marchandiser la vie sociale. Souhaitent une mondialisation davantage sociale (droits
sociaux, des savoir, de la lutte contre le réchauffement climatique, la gestion des
ressources naturelles épuisables.
• Les antis mondialistes : sont, quant à eux, sont plus pernicieux. En effet, ces derniers
préconisent des mesures protectionnistes à l’entrée de l’UE ainsi qu’une protection plus
accrue de l’espace national.

C. Une théorie applicable ? Exemple des propositions Montebourg

Selon Arnaud Montebourg, la mondialisation : « l’erreur fatale provient du fait qu’à la place des États
souverains ont installé des entreprises capables d’être plus forte que ceux-ci, capable d’obtenir ce qu’elles
souhaitent, cela au détriment parfois des populations. » Lors des élections présidentielles, ce dernier
a proposé 5 modalités pour changer la mondialisation :

• Doter l’UE d’une éco-sociale diplomatie commerciale afin de faire intégrer dans les
traités de libre échange mais aussi pour négocier à l’OMC de nouvelles conditions non
marchande afin de garantir que la compétition ne se fasse pas au détriment du travail
et de l’environnement.

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• Créer une agence française, sanitaire, sociale et environnementale qui serait chargé de
calculer le cout écologique et social des produits étranger importés selon des critères
transparents.
• L’UE instaure par des traités bilatéraux, un système de préférence commercial au
bénéfice des pays qui s’adapteront le mieux et le plus rapidement aux normes sociales
et écologiques internationales.
• Adopter une loi nationale en France pour que les entreprises transnationales qui
disposent d’unité de production dans les pays à bas salaire soit tenu responsable des
dommages environnementaux et sociaux qui seraient imputable à leur filiale et à leur
sous-traitant.
• Permettre aux consommateurs d’accéder à l’info du contenu sociale et environnemental
des produits qui lui sont proposés et cela par l’institutionnalisation de label et d’une
certification sociale et environnementale.

D. Démondialisation et environnement

Le développement durable est l’un des fers de lance de la démondialisation. En économie, on


considère que pour prendre des décisions favorables à l’environnement, il faut adopter des
règles du jeu qui lui soit favorable. C’est-à-dire qu’il faut changer les règles de fixation des prix
:

• D’une part, il faut que les prix prennent compte de la dégradation de certaine ressource
naturelle épuisable mais il faut également avoir conscience de la dégradation de
l’environnement causé par l’utilisation de certaine ressource naturelle.
• De plus, il n’y a pas que l’épuisement des ressources naturelles qui pose un problème
mais aussi l’abondance de ressource polluante dont nous avons le plus grand mal à
nous passer.

Aujourd’hui, les préoccupations sur les politiques publiques environnementales et les


interactions entre États sont renforcées. Toute réglementation fiscale ou environnementale est
susceptible de mettre en concurrence les États. Les entreprises, quant à elles, préfèrent s’installer
sur les territoires de ceux dont les législations sont les plus souples. Or les conséquences
écologiques notamment en termes d’émission de gaz à effet de serre du transport ou de
l’extraction de minerais ne sont plus à prouver. C’est pour cette raison que le débat se porte
aujourd’hui sur des clauses dites non commerciales.

En termes de traités internationaux et d’environnement, la problématique est que l’accent est


porté uniquement sur la comptabilisation de gaz à effet de serre et non sur des mesures
répondant à l’objectif de réduction. Cette problématique est renforcée par l’intensification du
commerce international et par l’allongement des chaines de valeur qui conduisent à une
augmentation exponentielle des gaz à effet de serre. Si on prend l’exemple de l’accord de Paris

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dans le cadre de la COP21, les États ont pris des engagements de réductions de gaz à effet de
serre mais ces engagements sont exclusivement nationaux.

Il convient de constater le phénomène positif qui se dégage de ces grands rendez-vous. En effet,
l’opinion public mondialisée, en accord sur les questions environnementales et renforcer par le
pouvoir d’internet, fait pression sur les acteurs économiques.

Thème 2 : l’OMC et les échanges commerciaux internationaux

Le commerce international s’articule autour de plusieurs concepts :


• Bilatéralisme : accords entre deux Etats
• Unilatéralisme : règles commerciales adoptées par un pays et non négociées avec les
partenaires commerciaux.
• R égionalisme : accord entre quelques pays. Les préférences commerciales réciproques ne
valent qu’à l’intérieur d’une zone économique établie.
• Multilatéralisme : règles adoptées par plusieurs pays et ayant vocation à couvrir largement
les échanges commerciaux dans le monde. Ce mode de relation privilégie les négociations
et la coopération entre États.

Section 1 : l’OMC
I. Renforcement du cadre multilatéral du commerce international : du
GATT à l’OMC
A. Perspective historique
1. Antécédents du GATT

Cet organisme est fondé par la volonté de plusieurs Etats, à encadrer les échanges commerciaux
mondiaux. Ce dernier est créé dans le contexte de la seconde guerre mondiale, conflit ayant
interrompu le commerce mondial.

Dès 1944, les chartes constitutives des organisations internationales du FMI et de la BIRD
(banque internationale pour la reconstruction et le développement) sont signées lors de la
conférence de Bretton-Woods.

2. Pérennisation du GATT et développements

Le GATT présente un certain nombre de caractéristiques juridiques qui le distingue des accords
créant l’OMC. Etant un traité en forme simplifiée, il ne créé pas d’organisation international.
Le GATT devait servir, initialement, de cadre de négociation en vue d’abaisser les droits de
douane. Cependant, les États ont commencé à poser des obstacles non tarifaires au commerce
tels que les quotas, les embargos ainsi que des boycotts

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Avec ces mesures en place, le commerce mondial est marqué par plusieurs cycles de
négociations, intitulés, les « Rounds » :

• Le Kennedy Round de 1964 à 1967


• Le Tokyo Round de 1973 à 1979
• L’Uruguay Round de qui lui s’est déroulé de 1986 à 1994

C’est à l’issu de l’Uruguay Round qu’ont été conclu les accords de Marrakech qui ont
créé l’OMC qui entrera en vigueur le 1er janvier 1995.

B. Organisation de l’OMC
1. La structure des accords de l’OMC

2. Le fonctionnement de l’institution
A. La conférence ministérielle

La conférence ministérielle est l’organe suprême de l’OMC, y siège tous les ministres du
commerce des États membres, il se réunit tous les 2 ans pour lancer des nouveaux cycles
de négociations. Cette conférence possède des pouvoirs spécifiques, comme le fait de
nommer le DG (directeur général).

B. Conseils, organe de règlements de différends et organe d’examen des


politiques commerciales

• Le conseil général : l’organe permanent de décision à l’OMC qui va exercer les


compétences ministérielles qui reviennent normalement à la conférence lorsque celle-ci
n’est pas réunie. Composé des représentants des gouvernements (ambassadeurs ou
fonctionnaire de haut rang), le CG a également la charge d’examiner le bon
fonctionnement des accords commerciaux et a un pouvoir financier car il gère le budget.

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• Les trois conseils sectoriels : le conseil en charge du commerce de marchandises, en
charge du commerce des services et en charge de l’encadrement juridique de la
propriété intellectuelle.
• Les comités spécialisés : des organes subsidiaires et relèvent du conseil général. Ils
sont chargés de « surveiller » (en réalité, ils ont pour but d’innover et de trouver de
nouvelles idées et solutions) et de négocier des accords dans des secteurs spécifiques,
comme par exemple, le comité des restrictions appliquées à des fins de balance des
paiements, qui est chargé de contrôler la mise en œuvre des mesures de sauvegarde.

• Organe de règlement des différends (OR D) : ce sont les membres du CG qui se


réunissent en tant qu’organe de règlement des différent (ORD) c’est-à-dire qu’il va
établir les groupes spéciaux (GS) et nommer les membres de l’organe d’appel.
• Organe d’ex amen des politiques commerciales (OEP C) : est chargé du contrôle
du fonctionnement des accords commerciaux.

C. Les principes fondateurs du système commercial international


1. Prévisibilité et réciprocité multilatéral
a. Réciprocité

Les négociations sont régies par le principe de réciprocité, c’est à dire que chaque décision est
prise par un consensus de chaque Etats membres. De plus, les Etats membres sont soumis
à des concessions multilatérales tels que : l’engagement de chaque membre à respecter
les conditions cadres des négociations commerciales et le fait de ne pas révoquer une
décision de façon unilatérale.

b. Prévisibilité

La plupart des décisions prises reposent sur des engagements déjà prit préalablement. En effet,
les concessions tarifaires sont inscrites sur une liste d’engagement et les Etats fixent un plafond
pour les taux de droits de douanes de façon consensuelle. De plus, la transparence des
membres est aussi quelque chose de prévisible. En effet, les membres doivent toujours publier,
auprès de l’OMC, les mesures et pratiques commerciales adoptées durant les négociations.

2. Libéralisation du commerce sans discrimination


a. Libéralisation progressive du commerce par voie de négociation

L’OMC fait une distinction entre les obstacles tarifaires (droits de douanes) et les obstacles non
tarifaires (quotas, embargo, licence d’imports/exports, etc..). En revanche, les obstacles
tarifaires sont autorisés seulement si :
• Les seuils prév us ne sont pas dépassés.

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• Les deux clauses découlant de l’interdiction de la discrimination sont
respectées (cf. sous partie suivante).

b. Un commerce sans discrimination

En vertu du droit de l’OMC, la discrimination aux obstacles tarifaires est interdite.


Cela repose sur deux clauses :
• La clause de la nation la plus fav orisé (CNP F) est la disposition par laquelle les
États membres, lorsqu’ils accordent un avantage à un État, sont obligés de l’étendre
automatiquement aux autres États. Cette clause vise la discrimination appliquée à des
produits importés ou exportés similaire.
• La clause du traitement national (CTN) est la disposition par laquelle les États
membres de l’OMC s’interdisent de favoriser les produits nationaux par rapport au
produit importé similaire. Cette clause vise la discrimination entre produit importé et
produits nationaux similaires.

Cependant, il existe des exceptions tels que :


• Les mesures de sauv egardes : mesure qu’un État va appliquer dans le cadre d’une
urgence, c’est à dire lorsqu’un produit étranger est importé dans des quantités très
importante et que cela concerne un important pan de son économie. L’État va donc
arrêter l’importation de ce produit sur son territoire.
• L’accord sur les mesures anti-dumping (lorsqu’une entreprise va vendre...) cela
prend la forme de taxe douanière.
• L’accord sur les subv entions et les mesures compensatoires.
• Le cas particulier des pays en v oie de dév eloppement av ec le système
généralisé de préférence : mécanisme qui vise spécifiquement l’agriculture et qui
fait partie d’un mécanisme beaucoup plus large qui est le TSD (Traitement spécial et
différencié).

D) Les différentes conférences ministérielles de l’OMC

La conférence ministérielle, organe d’impulsion de l’OMC, est habilitée à prendre des décisions
sur toutes les questions qui relèvent d’un accord commercial multilatéral. L’OMC repose sur un
principe fondateur qui est le commerce avant toute chose. Cela signifie que les États sont tenus
de placer la maximisation des échanges commerciaux internationaux au- dessus des autres
objectifs politiques. Cela signifie qu’un État peut tout à fait entreprendre des politique publique
(santé, ordre moral etc.) qui auront un impact sur les échanges commerciaux et seront validées
uniquement si elles n’imposent pas de restrictions au commerce international.

II. Les rapports de force entre pays développés et pays en voie de


développement à l’OMC

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Les deux premières conférences ministérielles ont eu un impact limité sur le fonctionnement de
l’OMC mais ont fait émerger de nouveaux thèmes dans leurs négociations :
• La 1ère conférence est celle de Singapour en 1996, celle-ci a mis en exergue,
ainsi que préconisés, plusieurs modalités tel que le respect des normes de l’organisation
internationale du travail (OIT), la mise en avant de la marginalisation des PMA (pays
moins avancés), la mise en œuvre d’accords OMC dans des secteurs tel que le textile
ainsi que le lien entre le commerce international et environnement.
• La 2nd est celle de Genèv e en 1998, qui se déroule dans le contexte de la crise
financière en Asie du Sud Est. Cette conférence permet de maintenir l’idée que
l’ouverture des marchés est la solution pour faire face aux crises.

A. De Seattle à Doha
1. La prise de pouvoir des pays en voie de développement (PED)

Durant ces 2 conférences ministérielles, une prise de pouvoir par la société civile internationale
a permis aux citoyens de prendre conscience des problèmes liés à la mondialisation et de leur
gestion par l’OMC. Cette prise de conscience s’est traduite au niveau des pays en voie de
développement par une plus forte implication, et au niveau des pays développés, par une
réflexion sur les règles mises en place par l’OMC.

a. L’agriculture

C’est dans ce secteur qu’il y a eu une opposition importante entre les EU, l’UE et le groupe de
CAIRNS. En effet, l’UE préconisait une prise en compte des aspects non commerciaux de
l’activité agricole ainsi que la volonté de défendre le principe de précaution sur les OMG.

b. L’insertion d’une clause sociale à l’OMC

Les pays développés souhaitent instaurer une clause sociale, cependant celle-ci n’est pas
respectée par les pays en voie de développement. En effet, ces derniers sont accusés de ne pas
respecter les normes de travail imposées par l’OIT et que cela entrainerait une forme de
concurrence déloyale.

c. La place des pays moins avancés (PMA) dans le commerce international


et les négociations multilatérales

Les PED ont mis en avant le fait que les PMA n’avaient pas les moyens d’entretenir une
délégation permanente à l’OMC et que cela avait pour conséquence, pour les PMA, d’être exclu
des groupes de travail. De plus, les PED considéraient également que l’établissement de normes
visant des préoccupations sociales et environnementales visait à réduire la part des PMA dans
le domaine du commerce international. Les PED, composé des pays du MERCOSUR, des

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Caraibes ainsi que des pays d’Afrique, sont frustrés d’être marginalisés et protestent contre les
conditions de travail à l’OMC, ce qui mènent à la non-adhésion de ces derniers aux accords
qui ne prennent pas en compte leurs revendications.

2. La prise de conscience occidentale

Elle a été déclenchée pour donner suite aux évènements du 11 septembre 2001, les pays
développés se sont aperçus qu’il fallait combattre le terrorisme, certes par la répression, mais
qu’il fallait surtout s’attaquer à ces racines en l’occurrence à la pauvreté et toute ses
conséquences. Le constat a été simple, la priorité ne pouvait pas être l’ouverture des marchés
tel que le demandait l’OMC. La priorité devait être le développement et c’est ce qui a été
reconnu lors du sommet de Doha qui s’est déroulé avant la conférence ministérielle de Doha,
tournant majeur sur la réflexion des échanges internationaux.

B. L’apport de Cancun

A Cancun en 2003, des avancées importantes ont été remportées par les pays du Sud
notamment l’application de règles au profit des PED, la suspension de règles de l’OMC en
faveur des PED et une réorientation des négociations. Cette conférence n’a débouché sur aucun
accord global.

1. L’application des règles de l’OMC au profit des PED


a. Les soutiens à l’exportation

C’est à Cancun que les choses vont changer car les pays membres souhaitent supprimer les
pics tarifaires avec lesquels les pays développés protègent leurs industries sensibles des
exportations des PED. Cependant aucun accord n’est trouvé sur cette question qui va être laissée
en suspens. Dans le domaine agricole, les pays développés subventionnaient massivement leur
produit ; et à Cancun, les pays membres ont instaurer le fait de plafonner ces soutiens internes
à 5%. Le souci est que les PED sont principalement des importateurs et ils n’ont pas trouver de
réelle solution dans les propositions des EU ou de l’UE.

Initiée par quatre Etats africains, à savoir le Burkina-Faso, le Mali, le Tchad et le Benin, «
l’initiative coton » a été présentée et est due au fait que la filière coton représentait 40% de leurs
exportations et faisait vivre plus de 10 millions de personne. Mais que cette filière était
sérieusement menacée par les subventions importantes que le gouvernement des États-Unis
accordait à ses propres planteurs de coton. Le résultat de ce phénomène a été un effondrement
des prix mondiaux et un revenu divisé par 4 pour les planteurs africains. Pour cette raison, «
l’initiative coton » demande le démantèlement de ces subventions et c’est grâce à la société
civile internationale ainsi qu'au mouvement altermondialiste, que les problèmes des PED ont été
mis en évidence et qu’une réflexion générale sur les subventions agricoles a pu être menée.

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2. La suspension des règles de l’OMC nuisant au développement des PED
a. Le traitement spécial et différencié (TSD)

Les accords de l’OMC contiennent des dispositions relatives au traitement spécial et différencié,
conférant des droits spéciaux aux PED tel que le maintien des protections à l’importation, tel
que des droits de douane, tout en bénéficiant pour leurs exportations, de l’ouverture
commerciale procurée par les règles de l’OMC. De plus, cela leur accorde davantage de temps
à la mise en œuvre des accords OMC.

b) L’accès aux médicaments en cas d’urgence sanitaire

Cette initiative est voulue par des pays en voie de développement tel que le Brésil, l’Inde et
l’Afrique. Cette action a pour but d’importer des médicaments en cas d’urgence sanitaire et que
les PED aient le pouvoir de fabriquer des médicaments sans l’autorisation des détenteurs de
brevet. Cependant, dans le cadre de l’ADPIC (aspects des droits de propriété intellectuelle qui
touchent aux commerces), les médicaments brevetés sont fabriqués et distribués uniquement
pas les détenteurs de ce brevet.

3. La réorientation des négociations

Auparavant, seuls les sujets offensifs des pays occidentaux étaient traités à l’OMC à savoir
libéralisation de marchandises, des services et des capitaux. A Cancun, un sujet essentiel aux
pays du Sud va être abordé, c’est celui du flux de main d’œuvre temporaire à l’échelle de main
d’œuvre international. L’idée soulevée par les pays du Sud était de mettre en place de nombreux
visa temporaire de travail dans les pays du Nord car cela contribuerait à donner un apport
massif de revenu vers leurs pays d’origine. Dès lors, les négociateurs ne se demandent plus
simplement comment maximiser l’ouverture des marchés mais aussi comment faire sortir les
pays les plus pauvre de la pauvreté.

C. Le cycle de Bali

L’accord de Bali intervient après une longue période de blocage du système commercial
multilatéral. Cela faisait plus de 20 ans qu’aucun accord global n’avait été trouvé à l’OMC. La
conférence portait sur trois sujets à savoir ; la facilitation des échanges, l’agriculture et le
développement.

1. La facilitation des échanges

L’objectif était la réduction de la bureaucratie aux frontières afin d’accélérer le mouvement et le


dédouanement des marchandises, c’est-à-dire que les pays se sont accordés pour numériser
les documents douaniers, pour recourir à internet, et pour simplifier les procédures douanières.

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Cependant, tous les pays n’ont pas à appliquer ces mesures selon le même agenda. En effet,
les pays développés doivent appliquer ces mesures rapidement tandis que les PED ont 2 ans
pour le faire et les PMA 4 ans, tout cela en vertu du TSD.

2. L’agriculture

Un groupe de 33 pays nommé le G33 et, mené par l’Inde, a obtenu le droit de constituer des
stocks de denrées alimentaires de base (surtout les céréales). L’objectif est de pouvoir faire face
à une volatilité des prix et ainsi subvenir aux besoins de sécurité alimentaire de population
sensible aux évolutions brutales de prix. Cela a permis l’instauration d’une « clause de paix »
permettant à un Etat de protéger sa population contre une crise alimentaire sans risque de
poursuite de la part d’autres Etats membres de l’OMC. Les gouvernements des pays concernés
pourront acheter des produits agricoles auprès de leurs agriculteurs nationaux et ceux à des
prix supérieurs au prix du marché pour pouvoir ensuite les revendre à prix bas aux populations.
Étant donné que cette mesure s’apparent à une subvention de la production nationale et que
cela dépasse le plafond toléré par l’OMC, ce mécanisme est limité à une durée de 4 ans
renouvelable.

3. Le développement

Parmi les 49 PMA désignés comme tel par l’ONU, 34 sont devenu membre de l’OMC et se sont
vu accorder une franchise de droit de douane de certain de leur produit, ceux dont 25% de la
valeur ajoutée aura été générée au sein de leurs pays. Cela permet aux PMA d’augmenté le
nombre de leur produit exporté qui sont exonérés de droit de douane à destination des pays
industrialisés.

III. Vers une réforme de l’OMC ?

Les nombreux évènements tel que la crise de 2008, la guerre commerciale sino-américaine, le
protectionnisme américain, la menace sur le multilatéralisme, le Brexit ainsi que la crise du
covid-19 ont fortement impactés le commerce international, déjà déstabilisé depuis une dizaine
d’années. L’OMC, déjà affaiblit par des crises antérieures, l’est davantage par la politique
commerciale étasunienne, établit par Donald Trump. De plus, l’OMC est régie par des règles
archaïques, qui n’ont plus de sens de nos jours.

A. La paralysie de Buenos Aires

L’impuissance de l’OMC durant cette conférence est du à trois facteurs, d’une part, le fait que
les membres n’ont toujours pas trouvé d’accord global, d’autre part, l’arrivée de
l’administration Trump à l’OMC et le délitement du multilatéralisme commercial.

1. L’absence d’accord global


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A l’issu de cette conférence de décembre 2017, le pessimisme quant à l’avenir de l’OMC a
atteint des sommets et aucun plan précis n’a encore vu le jour quant à ses orientations futures.
Plusieurs mesures souhaitées et discutées ne verront pas le jours. Les géants technologiques de
la Silicon Valley, souhaitant une extension des règles de déréglementations, ont exercés une
pression sur les membres de l’OMC, afin de faire passer cette mesure. Cependant, elle n’est
pas soutenue par les membres et n’aboutit pas. Aucun accord n’est aussi trouvé sur les questions
de sécurité alimentaire ainsi que les subventions liées au secteur agricole. L’Inde fait échouer
un accord sur les subventions à la pêche.

2. L’arrivée de l’administration Trump à l’OMC

Ce qui a changé à Buenos Aires est la méthode adoptée par certain pays pour faire avancer
leurs intérêts comme l’illustre la position des États-Unis sur le commerce. Les préoccupations
des États-Unis restent les mêmes. Elles sont au nombre de 4 :
• Confronter à un déficit commercial grandissant, les USA continuent d’accuser les
économies émergentes de pratiques déloyales et notamment les
• Subventions industrielles et les transferts de technologies forcés.
• Ils accusent l’OMC de les avoir condamnés injustement à plusieurs reprises pour ces
mesures anti-dumping
• Ils insistent sur la nécessité d’une plus grande différenciation entre les pays en voie de
développement.
• Ils souhaitent abandonner l’approche du cycle de Doha : ces derniers souhaitent des
approches plurilatérales et non multilatérales.

En vertu de ces préoccupations, les États-Unis ont désormais recours à des méthodes plus
radicales pour faire valoir leur point de vue :
• Bloquer la nomination de nouveaux membres de l’organe d’appel en mettant leur véto
à toute nouvelle nomination. Cela paralyse le processus des règlements des différends
et depuis 2019, il n’y a plus qu’un seul membre à l’Organe d’appel.
• Leur recours à de nouvelles mesures de sauvegardes qui risquent d’ouvrir la porte au
protectionnisme débridé. En parallèle, les États-Unis se retirent du traité transpacifique
et renégocie l’ALENA.

3. Le délitement du multilatéralisme commercial

L’impossibilité de parvenir à un accord global illustre la panne dont est victime l’OMC et la
méthode de son directeur général, de signer des accords à minima, ne fait que souligner
l’urgence pour cette institution de retrouver son ambition. En effet, les États membres perdent
patience et se tourne vers des accords dit préférentiel, comme les traités de libre-échange de
l’Union Européenne. Autant d’initiatives qui sapent un peu plus la pertinence de l’OMC.
L’impuissance actuelle de l’OMC tient principalement à l’obsolescence d’un cadre fixé au début

14
des années 90 mais depuis le monde a changé. A l’époque de l’Uruguay Round, des pays
comme le Brésil, l’Inde et la Chine étaient encore des puissances à en devenir. Aujourd’hui ces
pays rivalisent avec d’anciennes puissances comme les États-Unis et l’Union Européenne qui
peuvent, elles, difficilement accordé des avantages commerciaux qui avaient été conçu
initialement pour les PED. L’Union Européenne partage les critiques des États-Unis notamment
envers la Chine mais désapprouve la méthode employée par ces derniers. Les États-Unis
menacent de quitter l’OMC et de déstabiliser les règles du commerce international.

En 2019, le conflit américano-européen dans le secteur aéronautique revient sur le devant de


la scène. Ce conflit concernant deux grandes entreprises du secteur, à savoir, Boeing et Airbus,
portrait sur le fait que chacune des deux entreprises étaient subventionnées par leurs pays
d’origine respectif (Airbus subventionné par l’UE et Boeing subventionné par les USA). Cela se
termine par une sanction commerciale attribuée à l’Union Européenne, ces derniers devant
payer 7 milliards de $ sur importations européennes.

B. Les critiques envers l’OMC

Ces critiques émanent des pays développés tel que les USA, l’UE et le Canada ; des
pays en voie de développements ainsi que de spécialistes de l’OMC.

1. Les critiques communes


a. L’impact des accords bilatéraux/ régionaux commerciaux sur le système
de l’OMC

Ces accords sont sources de concurrence aux accords OMC et cela engendre des réponses
désordonnées. En effet, on observe de plus en plus d’accords établit entre des régions ou entre
deux pays différents.

b. La « désuétude » du fonctionnent de l’organisation

Le grand nombre de membres de l’OMC fait qu’il existe des difficultés à obtenir un consensus
global :
• Un accord est adopté uniquement si aucun Etats ne s’y oppose, ce qui est
rarement le cas. Dans le cas d’une position de veto de la part d’un Etat, un vote est
organisé.
• Ce droit de v eto peut être utilisé pour menacer et obtenir des concessions
disproportionnées ou bien des avantages en dehors de l’OMC (ex : le règlement de
conflit diplomatique).

2. Les critiques des PED et PMA

15
L’une des critiques les plus reprochées par les PED et les PMA est le fait que les décisions soient
prises entre pays développés. En effet, les négociations ont lieu dans les « salons verts », salons
réservés aux pays développés.

Les PED et PMA ne participent pas à ces négociations faute de moyens techniques et financiers
; et parfois n’ont même pas les moyens d’avoir une délégation permanente à l’OMC.
Cela engendre le fait que les négociations sont prises dans un cadre informel et réduit. Une
autre critique dénonce le poids des mesures de compensation attribués aux PED et PMA. En
effet ces mesures sont souvent, un renforcement de droit de douane ainsi qu’une absence de
concession tarifaire, ce qui restreint fortement leurs échanges internationaux.

3. Les critiques des pays développés

Les pays développés, quant à eux, dénoncent l’absence d’accord multilatéral sur la question du
numérique et aux questions relatives aux stockages, aux accès ainsi qu’à la localisation des
données. De plus, ces derniers considèrent que les traitements spéciaux et différencies doivent
être redéfinis afin de tenir compte de l’hétérogénéité des PED et PMA ; en effet les accords OMC
ne les définissent pas comme tel, ce sont ces derniers qui « s’auto qualifie ».

Section 2 : La diversité de la régionalisation

Depuis quelques années le régionalisme se fait ressentir à l’échelle mondiale comme une
réponse à « un échec » du multilatéralisme de l’OMC. La mondialisation a induit de nouvelles
règles du jeu à l’échelle des relations commerciales internationales
• Ce qui a conduit les États à mettre en place des accords régionaux plus ou moins
éloignés géographiquement de leur centre d’origine.
• Le régionalisme se traduit par le développement de solidarités commerciale, financière,
politique et également culturelle entre deux ou plusieurs pays.
La régionalisation reflète l’intensification des échanges entre des pays géographiquement
proches et s’oppose à la mondialisation.

Quelques espaces économiques :


• ALADI : association latino-américaine d’intégration
• ALENA : accord de libre-échange nord-américain qui devient l’accord Canada - États-
Unis Mexique (USCMA)
• AP EC : Forum de coopération économique pour l’Asie pacifique
• COMESA : le marché commun des États de l’Afrique de l’Est et du Sud
• CEDAO : la communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest
• CEEAC : la communauté économique des États de l’Afrique Centrale
• MER COSUR : le marché commun d’Amérique du Sud
• ASEAN : association des nations de l’Asie du Sud-Est

16
I. Le processus de régionalisation

Il existe deux perceptions du régionalisme :


• Envisager comme une alternative au multilatéralisme auquel il viendrait se substituer.
• Considérer le régionalisme comme un complément du multilatéralisme qui viendrait
l’enrichir.
A l’origine, le régionalisme a une fonction très précise, il fut conçu en Europe au lendemain de
la 2nd Guerre Mondiale comme un antidote au climat d’affrontement qui existait sur la scène
européenne. Puis le régionalisme s’est complexifié car il a acquis des fonctions politiques,
économiques et sociales dès les années 1970.

On distingue six niveaux d’intégration régionale :


• Création d’une zone de libre-échange : libre circulation des marchandises via la
suppression des barrières commerciales (tarifaire, non tarifaire)
• L’union douanière : elle se compose d’une zone de libre-échange à laquelle il y a
une fixation d’un tarif douanier extérieur commun
• Le marché commun : une union douanière à laquelle on ajoute la libre circulation des
facteurs de production (main d’œuvre, service, capitaux)
• L’union économique : c’est le marché commun ainsi que l’harmonisation de certaines
politiques (agricole et fiscale)
• L’union économique et monétaire : l’union économique ainsi que l’harmonisation
des politiques.
• L’union politique et sociale : mise en œuvre de politique sociale commune.
L’union européenne se situe entre les niveaux 5 et 6, c’est l’organisation la plus aboutie en
termes d’intégration régionale.

II. Intégration régionale et traités de nouvelles générations

Sont regroupés ici les régionalistes de l’UE et des USA, qui, bien que différent puisque
l’UE a toujours cherché à pousser au maximum sont processus d’intégration régional
tandis que les USA ont plutôt une vision contractuelle du régionalisme, ont en commun
aujourd’hui de repenser leur régionalisme au travers de traités dit de nouvelle
génération

A. L’intégration régionale « aboutie » de l’Europe


1. Le processus de création européenne

6 ans après la création de la Communauté Européenne du Charbon et l’Acier et trois ans après
le rejet d’une communauté européenne de défense ; l’Allemagne de l’Ouest, la Belgique, la
France, l’Italie, le Luxembourg et les Pays-Bas signent, le 25 mars 1957, le traité de Rome
fondant ce qui deviendra plus tard l’Union Européenne (à l’époque la CEE).

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La CEE et la communauté européenne de l’énergie atomique (CEEA) sont instaurées. A cette
époque, la CEE comporte 4 institutions :
• Une commission
• Un conseil des ministres
• Une assemblée parlementaire
• Une cour de justice

2. Les traités dits de « nouvelles générations » de l’UE

Ces nouveaux traités reposent davantage sur une intégration positive (basé sur une coopération
internationale) que sur une intégration négative (basé sur des tarifs douaniers) qui constituaient
largement les anciens traités commerciaux.

a. Le CETA (Comprehensive Economic and Trade Agreement)

Le CETA est l’accord de libre-échange négocié avec le Canada, signé en 2016 et adopté par
le parlement européen le 15 janvier 2017. Il est entré en vigueur provisoirement depuis le 21
septembre 2017. En effet, il est provisoire car il doit être ratifié par tous les parlements nationaux
de l’UE pour produire tous ses effets. Il s’agit du premier accord bilatéral de l’UE négocié avec
une grande puissance économique et c’est un accord dit de « nouvelle génération » c’est-à-dire
permettant la réduction drastique des barrières tarifaires mais également non tarifaires. Cet
accord vise plusieurs objectifs dont :
• La suppression des droits de douanes sur 98% des produits échangés entre l’UE et le
Canada. Cette suppression s’applique sur les produits agricoles, maritimes…
• La réduction de 36 à 30% de la part des exportations européennes soumise à des
obstacles non tarifaires
• L’augmentation des quotas d’importation de produits canadiens en Europe
• La réduction des obstacles non tarifaires au marché des services et à celui des contrats
publics
• L’installation d’un cadre pour multiplier les reconnaissances d’équivalence des normes
(certifications de produits)

Malgré le fait que cet accord soit consensuel pour l’UE ainsi que le Canada, il existe, cependant,
des réticences sur certaines questions :
• Sur les produits agricoles importés par le Canada : le CETA permet l’exportation
sans droits de douane de produits Canadien, comme le boeuf, ce qui, inquiètent les
producteurs français car ils craignent que cette nouvelle concurrence les mette en
difficulté. L’autre inquiétude est du côté des ON car elles alertent sur le risque que le
boeuf soit nourri aux OGM qu’il ait reçu des antibiotiques, ce qui est interdit par les
règlementations européennes.

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• Sur les tribunaux d’arbitrage : ce qui est prévu est l’établissement d’un mécanisme
de régalement des différends entre les investisseurs et les États. La critique faite est que
ces tribunaux instaurés, des tribunaux d’arbitrage, puissent remettre en cause des
décisions publiques en faveur de la santé ou de l’environnement. Crainte également
d’une protection excessive des attentes légitime de l’investisseur.
• Sur les serv ices publics : ce qui est prévu par l’accord est l’ouverture de tous les
services à la concurrence. Se pose alors la question de ce qu’il va arriver au service
public puisqu’au sein de l’UE il n’existe pas de définition de ce qu’est un service public.

b. Le TAFTA (Transatlantic Free Trade Area)

Le traité de libre-échange transatlantique (ou Partenariat transatlantique de commerce et


d’investissement) est un accord de commerce et d’investissement négocié entre l’UE et les USA,
de même nature que le CETA.

Certains considère que cette initiative était une façon pour l’UE de créer un contrepoids au
partenariat transpacifique signé en 2015 quand d’autres estiment que cet accord initialement
recherché par les USA depuis 1990 était une façon d’accéder au marché européen avec plus
de facilité en suppriment les obstacles techniques.

Tout comme le CETA, cet accord soulève un certain nombre de critiques :


• L’opacité des négociations.
• Le risque de remise en cause de certaine norme europ éenne c’est-à-dire que
les États-Unis sont beaucoup plus souples sur des normes touchant à l’alimentation et à
la santé (OGM, antibiotiques) et les États-Unis refusent de respecter les appellations
d’origines contrôlées françaises (AOC).
• La potentielle création d’un tribunal arbitral : se pose la question de la pertinence
du règlement des différends de l’OMC.
• Les États membres de l’UE en sont pas harmonisés entre eux puisqu’ils ne
reconnaissent pas l’UE comme étant l’initiatrice de ce traité.
• Le problème écologique de cet accord.

19
Les négociations étaient bloquées depuis 2016 mais elles ont repris en 2019. Les négociations
se limitent à certain sujet à savoir la réduction des droits de douane sur les biens industriel ainsi
que sur l’élimination des obstacles non tarifaires. Le 24 aout 2020, un accord sur la suppression
des droits de douanes a été signé entre les USA et l’UE et concerne l’importation des homards,
des briquets, de verrerie en cristal…

c. L’accord entre l’UE et le MERCOSUR

L’accord union européenne Mercosur (Brésil Argentine Uruguay Paraguay) qui a été signé en
juin 2019, cet accord fait suite à 20 ans de négociations. Il prévoit l’élimination, d’ici 10 ans,
de presque tous les droits de douane appliqué sur les exportations.

En 2020, un rapport établit par des experts, à la demande du premier ministre français, indique
l’impact de cet accord sur le développement durable :
• Risque pour le principe de précaution.
• Risque pour les engagements écologiques.
• Risque pour les préférences européennes vis à vis des normes environnementales,
sanitaires, bien-être animal.

B. Le régionalisme des Etats-Unis


1. l’ALENA et l’USMCA

Le développement de l’intégration régional dans le monde incitait les États-Unis à


s’intéresser au régionalisme. L’un des accords les plus important mis en place dans le
cadre de libre-échange États-Unien a été l’ALENA en 1994, Accord de libre-échange
Nord-Américain. Aujourd’hui cet accord est remplacé depuis 2020, par l’Accord
Canada-USA-Mexique (USMCA)

III. Des régionalismes disparates


A. L’Afrique, un régionalisme qui se cherche encore

L’Afrique est un espace façonné par l’extérieur et qui a été largement structuré par l’héritage de
son histoire :
• La période de la décolonisation a permis l’indépendance des pays africains
et a donné aux PED une force de contestation touchant les principes même du droit
international public remettant en cause l’ordre établi par les pays du Nord.
Si l’idée d’une union Africaine s’est forgée dans la lutte pour l’indépendance, et que les acteurs
dans leur ensemble partageaient le besoin d’instaurer une organisation collective en vue de
donner une voie à l’Afrique sur la scène internationale, de soutenir le processus de libération
en cour ; c’est l’approche d’une Afrique des États qui s’est finalement imposée.

20
1) L’échec du model européen en Afrique

L’Afrique a cherché à s’inspirer de l’UE qui elle n’a pas hésité à fournir son savoirfaire en
matière d’intégration et de gouvernance régionale. A ce titre, l’organisation de l’union Africaine
(OUA) créé en 1999 s’est dotée d’une armature institutionnelle complexe animée tant par des
organes et des institutions politiques, judiciaires, économiques et financières que par des
comités de tout genre dans les domaines économiques, sociales, culturelles, de la paix, de la
sécurité ou encore de l’énergie.

2) Le bilan mitigé du régionalisme en Afrique

Le régionalisme en Afrique a du mal à percer pour plusieurs raisons :


• Le manque d’intégration des économies africaines : les relations commerciales et
financières intra-africaine comptent pour environ 12% du total des échanges du continent. -
• Les mauvaises infrastructures au niveau du transport transfrontalier
• La nature de certain régime politique : cela porte atteinte à l’intégrité territoriale dans
certains États (en raison du terrorisme, du fanatisme religieux, de la piraterie), les guerres
civiles et enfin la préoccupation de garantir l’intangibilité des tracés frontaliers
• La distribution inégale des bénéfices
• L’aide publique au développement qui reste largement financé par des bailleurs de
fonds européens et internationaux lesquels attribut des aides sur une base essentiellement
nationale.
De plus, la prolifération de projets collectifs ne doit pas être considéré comme un symptôme de
bonne santé des organisations régionales.

3. Le développement du régionalisme « silencieux »

Face à cet échec relatif concernant les régionalisations institutionnelles, d’autres formes de
régionalisation se sont développé, par exemple, autour de la région Africaine des grands Lacs.
C’est alors déployé un régionalisme qualifié de « silencieux ou de trans-locale » qui résulte
d’une intensification des flux transnationaux de marchandise, de technologie, de personne
et/ou de capitaux sans régulation institutionnelle régionale.

B. Le puzzle latino-américain

Le continent latino-américain a toujours et est encore un laboratoire institutionnel pour des


projets de coopération et d’intégration. Depuis 1948, la commission économique des nations
unies pour l’Amérique latine (CEPAL), évoquent une idée d’intégration régionale afin de rompre
les commerciaux « Nord-Sud » au profit d’un commerce « Sud-Sud ». L’Amérique latine se
démarque depuis 50 ans par son dynamisme en matière de régionalisme.

21
1) L’Amérique latine, un laboratoire du régionalisme

Dès 1960, l’idée d’un rassemblement des peuples du continent latino-américain s’est formalisée
avec l’institution de l’association latino-américaine de libre commerce qui deviendra en 1980
l’association latino-américaine d’intégration (ALADI). Mais c’est pourtant avec l’initiative du
Brésil que cette idée c’est concrétisé en 2000 et c’est à cette occasion que les présidents Sud-
Américain ont annoncé leur volonté de constituer un espace sud-américain de démocratie, de
paix, de coopération solidaire, d’intégration et de développement économique et sociale
partagé. C’est alors que deux blocs économiques s’opposent :
• La Communauté andine des nations (CAN) composée de la Bolivie, de l’Equateur,
de la Colombie et du Pérou. Cette communauté a institué une zone de libre-échange en
1993, une union douanière en 1995 et la libre circulation des personnes en 2005.
• Marché commun du Sud (MER COSUR ) composé du Brésil, de l’Argentine, du
Paraguay et de l’Uruguay. Ce marché a instauré une zone de libre-échange ainsi qu’une
harmonisation des législations.
Cependant c’est par les rapprochements entre les 2 principaux blocs économiques de la région
que cette idée a pu devenir réalité.

2. L’Amérique latine, un régionalisme sans régionalisation

Cependant ces processus ont fait face et font toujours face à des différentiels de croissance entre
les pays et une hétérogénéité politique qui font subsister le doute quant à la capacité de la
région à tenir ces engagements et à se mobiliser en dehors des périodes de crise. De plus, on
peut établir un bilan relativement mitigé en raison de trois écueils :
• Des barrières géographiques importantes tel que l’Amazonie, la cordillère des
Andes qui paralysent la circulation de biens et de personnes.
• Des projets régionaux confrontés aux riv alités et à l’absence de leaders régionaux
reconnus
• La faiblesse du commerce régional latino-américain dû à un faible volume des
exportations et importations et également par le fait que les économies latinoaméricaines ne
soit pas complémentaires.

C) Le néo-régionalisme en Asie

Pendant longtemps aucun mouvement en faveur du régionalisme ne se dessinait en Asie si ce


n’est dans le cadre de la CEANE pour 2 raisons :
• Les pays privilégiaient la voie multilatérale de l’OMC et le décollage économique des
nouveaux pays industrialisés (combinant nationalisme économique et développement par la
promotion des exportations) semblait suivre un modèle qui se prêtait mal au régionalisme.

22
• La crise Asiatique des années 1970, l’enlisement des négociations multilatérales, la
montée en puissance de la Chine et la recomposition des réseaux économique ont transformé
le paysage en Asie et amené à l’émergence d’un nouveau régionalisme.

1. Les origines du néo-régionalisme

Le néo-régionalisme est une configuration aux frontières régionales imprécises pensées à


l’origine par des opérateurs privé et dessiné par leur besoin et intérêt. En effet, l’intégration
régionale a surtout été tirée par les entreprises demandant plus de transparence et de
convergence dans les règles plus d’ouverture et de meilleure infrastructure. Le néo-régionalisme
asiatique s’est donc construit sur les impératifs d’une division régionale du travail fort
compétitive :
• Sur le plan externe, le régionalisme asiatique repose sur l’insertion de l’Asie dans
l’économie mondiale avec des politiques de croissance axé sur les exportations, l’ouverture
aux IDE et l’établissement de point d’ancrage dans les autres régions du monde.
• Sur le plan interne, le régionalisme se fonde sur la volonté d’harmonisation des lois
nationales sans pour autant créer un échelon législatif supranational. Cette volonté
d’harmonisation est inégale d’un pays à l’autre.

2) Les caractéristiques du néo-régionalisme asiatique

Le néo-régionalisme asiatique est beaucoup plus avancée sur le plan économique que politique
et institutionnel. On peut donc dégager quelques caractéristiques au régionalisme asiatique :
• Flex ible et polymorphe c’est-à-dire s’adaptant continuellement aux évolutions de la
mondialisation
• Très peu institutionnalisé, il est sans structure bureaucratique et sans organisation
régionale à l’européenne mais plutôt fondé sur la coopération et les rencontres
annuelles
• Organisé selon une logique intergouv ernementale c’est-à-dire sans transfert de
souveraineté vers une autorité supra étatique
• Pour conclure, si le régionalisme fondé sur le modèle européen suppose des formes
d’homogénéisation des territoires.

De son côté, le néo-régionalisme tel qu’il s’est développé en Asie se fonde au contraire sur la
division régionale du travail c’est-à-dire sur les différentiels de développement du territoire.
Largement économique et informelle le néo régionalisme se caractérise par sa faible
institutionnalisation car les initiatives proviennent d’acteur économique au détriment des
gouvernement.

La problématique de la convergence des pays vers un projet régional plus avancé ne résulte
pas seulement de cette absence d’institution mais aussi de la coexistence de plusieurs visions

23
du régionalisme et des formes institutionnelles qu’il devrait prendre. Les différents projets menés
pas la région témoignent de cette situation.

Si les accords régionaux ne sont pas un phénomène nouveau, ils sont actuellement en
augmentation. Ils sont surtout de plus en plus complexes et on compte davantage d’accord
conclu entre des pays de région différente plus qu’entre des pays voisins comme c’était le cas
à l’époque du GATT. Ces complexités entrainent une grande interaction entre Bloc au niveau
international ce qui a semé le doute sur la nécessité de l’OMC comme régulateur, gendarme
du commerce international.

THEME N°3 : L’Union Européenne et les pays tiers méditerranéens

Les rapports entre l’UE et les pays tiers méditerranéens qui reposent sur une politique de
proximité et qui ont vu le jour en même temps que naissent la Communauté économique
Européenne. L’UE a toujours affirmé une volonté de mener une politique de proximité
volontariste dans la région méditerranéenne. En effet, dans cette région, cette dernière a des
intérêts économique, stratégique et politique d’une grande importance.

I. La construction du partenariat entre l’UE et les PTM


A. Le processus de Barcelone
1. L’établissement d’un partenariat Euro-méditerranéen

La dimension régionale "UE PTM" se manifeste par de nombreux échanges commerciaux, par
des flux financiers et humain qui sont beaucoup plus dense qu’avec le reste du monde.
Les pays tiers méditerranéens se sont vu proposer, par l’UE, un type d’intégration non seulement
économique mais également institutionnel, politique, et sociale. Malgré des différences socio-
culturelles et certaine méfiance politique séparant l’UE et les PTM, les États membres de l’UE et
les PTM ont convenu du travailler ensemble dès 1995. La conférence de Barcelone de 1995 a
marqué un tournant important de la politique méditerranéenne de l’UE : L’élément central du
processus de Barcelone est l’instauration progressive d’une zone de libre-échange. Dans le
contexte de la mondialisation cela apparait comme une alternative offerte aux pays
méditerranéens, tandis que l’UE tente de devenir leader de la régionalisation en Méditerranée.

2. Les ambitions des PTM

La conférence de Barcelone a permis avant tout d’établir un partenariat solide entre l’UE et les
PTM. En effet l’UE s’est toujours engagée à mener une politique juste, efficace et cohérente face
aux enjeux de la mondialisation. Le problème récurrent entre les États membres de l’UE et les
PPM reste la définition d’une politique commune sur l’immigration.

Dès lors, le partenariat initié à Barcelone s’est fondé sur 3 volets :

24
• Le v olet politique et sécurité : ensemble des dispositions relatives aux structures
internes des États à la démocratie, à l’État de droit, pluralisme politique, au respect des
droits de l’Hommes etc.
• Le v olet économique et financier : il vise à la création d’une zone de libreéchange
basé sur l’économie de marché et sur le développement du secteur privé c’est-à-dire
que les investissements européens seraient de réelles opportunités pour le
développement des PTM
• Le v olet social, culturel et humain : il s’agit ici de mettre l’accent sur les échanges
culturels et éducatifs, de mettre en place et de développer une coopération centralisée
c’est-à-dire que ce ne sera plus un État qui va aider une région mais une collectivité. Il
s’agit également de permettre une gestion maitriser de l’immigration

B. De la conférence de Barcelone aux accords d’associations

Le projet de Barcelone visait la mise en place d’un dispositif au contenu politique, économique,
social et culturel. L’objectif partagé étant celui de trouver un cadre à la relation UE PTM afin de
parvenir de façon globale au libéralisme prôné. Cependant, l’impossibilité d’associer certain
PTM entre eux a réduit l’ambition première de Barcelone a une juxtaposition d’accord bilatéraux
entre l’UE et les PTM (accord d’association). Dès 2003, cette évolution bilatérale a été renforcé
par l’institution d’une « politique européenne de voisinage », qui partant des accords
d’associations proposaient aux PTM un renforcement des relations en développant des plans
d’actions fondé sur des aides et soutiens soumis à conditionnalité. Les accords d’association UE
PTM signés depuis Barcelone ont concerné principalement les États les plus engagés dans des
processus de réforme et de nouvelles orientations économiques. Ces États ont dès lors bénéficié
des effets de la libéralisation du commerce et l’attraction de capitaux étrangers européens.

C. L’union pour la Méditerranée (UPM)


1. La création de l’UPM

En 2008, à l’initiative du président de la République française, Nicolas Sarkozy, l’UE a voulu


accroitre les possibilités de la conférence de Barcelone et formaliser la mise en place de la zone
de libre-échange (ZLEEM). L’UE a ainsi crée l’union pour la Méditerranée (UPM) qui remplace
le partenariat euro- méditerranéen et dont les statuts ont été adopté en 2012. C’est en 2015
que les nations unies ont octroyés à cette OIG, le statut d’observateur à l’assemblé générale
des nations unies.

2. Les ambitions de l’UPM

Le projet de l’UPM va au-delà de l’aide au développement puisqu’il vise à la mise en place d’un
dispositif complet et comporte un aspect sécuritaire à la fois pour les PTM et pour les
investisseurs étrangers. L’U.P.M. couvre des sujets allant des questions politiques et

25
économiques à celles du domaine socioculturel. Les participants des accords de l’UPM, se sont
fixé cinq objectifs à long terme :
• La promotion de la modernisation et le dév eloppement du secteur priv é
notamment de son environnement juridique et règlementaire. Et cela par une
coopération accentuée entre les différentes administrations et par un encouragement
aux investissements privés, locaux, régionaux ou européens.
• L’atténuation des conséquences sociales et env ironnementales dues au
développement économique.
• L’amélioration des systèmes de protection sociale et publique.
• L’amélioration des conditions de v ie des populations, augmentation du niveau
d’emplois et réduction des écarts de développement dans les régions méditerranéennes.
• La promotion de la coopération et de l’intégration régionale « nord sud » et
"sud sud" afin de favoriser l’attractivité de la zone.

De plus, l’organisation a six projets prioritaires tel que :


• La dépollution de la mer Méditerranée.
• La mise en place d’autoroutes maritimes et terrestres pour faciliter la circulation
de personnes et des biens.
• Le programme de la protection civ ile commun sur la prévention, la préparation et
la réponse aux catastrophes naturelles ou causées par l’Homme.
• Le plan solaire méditerranéen pour développer des sources d’énergies alternatives
dans la région.
• La création d’une univ ersité euro-méditerranéenne.
• L’initiativ e méditerranéenne de dév eloppement des entreprises comme le
soutien aux PME par l’évaluation des besoins et assistance technique et financière).

II. Vers un partenariat réel et efficace ?

L’UPM a pour but de promouvoir l’intégration économique et les réformes démocratiques dans
les pays voisins au Sud de l’UE, en Afrique du nord et au Moyen Orient. Cependant cette UPM
mal ficelé a été confronté à des série de complications tel que les relations conflictuelles entre
certains pays du proche orient, l’éclosion et la suite des printemps Arabe (beaucoup
d’institutions déstructurées), la crise économique et financière mondiale mais surtout l’UPM
souffre des asymétries dans les rapports entre l’UE et les pays Tiers méditerranéens et également
des asymétries entre eux. L’UE tente malgré tout de mettre en place une zone de libre-échange
pour impulser le développement économique au sud et réduire les flux migratoires se dirigeant
vers son territoire.

1. L’asymétrie des échanges entre l’UE et les PTM (Nord/Sud)

En 2014, la Méditerranée ne représentait que 3% des échanges commerciaux de l’UE. En 2018


sa part est passé à 9,4%. Certes ce chiffre est en hausse mais il demeure faible et éloigné

26
d’autre partenaire de l’UE comme par exemple les EU. On constate que les échanges Nord/Sud
concerne surtout les armements, les produits énergétiques (pétrole et gaz), les matières
premières et les produits manufacturés. Tandis que les échanges de services ne sont toujours
pas libéralisés et des secteurs comme l’agriculture sont toujours exclus. Le problème est que
cette structuration des échanges n’a pas eu d’effet industrialisant majeur excepté pour la Turquie
et Israël, qui ont réussis à développer leurs propres industries.

Le problème est que cette structuration des échanges n’a pas eu d’effet industrialisant majeur
excepté pour la Turquie et Israël, qui ont réussis à développer leurs propres industries. En
parallèle en Europe c’est le poids de la dette qui a freiné les capacités de développement et
empêcher la mise en œuvre de politique dynamique. Les pays méditerranéens qui ont un faible
déficit commercial sont ceux qui ont diversifiés leurs partenaires commerciaux.

2. L’asymétrie des échanges entre PTM et l’impact des relations


conflictuelles

Les échanges entre PTM sont encore plus faibles que les échanges UE PTM. En moyenne ils ne
représentent que 5,9% des exportations et 5,1% des importations du bilan commercial de
chaque PTM. On constate également depuis 2011 que les importations de service par l’UE sont
en déclin. L’instabilité politique a porté atteinte aux échanges commerciaux et malheureusement
la situation institutionnelle des pays tiers méditerranéens ne serait pas si lourde de conséquence
si elle ne s’inscrivait pas dans un ensemble conflictuel qui contribue à miner les échanges entre
pays tiers méditerranéens. De nombreux conflits existent tel que :
• Des rév olutions Arabes ont débouché des fragmentations étatiques et des
guerre civ iles ouverte par exemple en Libye, en Syrie, au Yémen et en Somalie
• Au Yémen le souci a été l’affrontement entre le gouv ernement et la rébellion
houthiste.
• En Syrie, il y a eu un conflit armé entre le pouv oir en p lace et des mouv ements
insurrectionnel sunnite.
• Les divergences entre les pays tiers méditerranéens et l’UE sur la question de la guerre
civile en Syrie ou sur la guerre au Yemen. Entre PTM et l’UE, le Liban s’était opposé aux
sanctions économiques de l’UE.
• Le processus de paix Israélo-palestinien qui est au point mort.
• Au Maghreb, l’Algérie et le Maroc maintiennent un équilibre qui reste fragile .
Les gouvernements ont maintenu les relations entre les syndicats et l’armée ce qui a permis
de maintenir le cap. La Tunisie a su trouver un équilibre institutionnel mais elle subit les couts
des islamistes armés dans une situation économique difficile. A l’est, l’Égypte tente de se
reconstruire à partir du nouveau régime en place mais là aussi la crise économique dure
tandis que les groupes armés et terroristes frappent dans la région du Sinaï (Israël, l’armée
égyptienne, la police égyptienne, les tribus de bédouin).
• La situation qui s’est dégradés en Libye et au Nigéria av ec le groupe Boko
Aram.

27
• La bataille ouv erte pour la puissance régionale qui a commencé entre des
pays comme l’Arabie Saoudite, l’Iran et la Turquie.

C. Un cadre institutionnel complexe

L’UE a signé de nombreux accords d’association pour la libéralisation du commerce de biens


manufacturés avec 8 pays. L’UE s’est également engagée dans une union douanière avec la
Turquie, cependant la limitation du champ matériel de ces accords réduit fortement leur impact
économique. En 2011, le conseil de l’UE a autorisé le lancement de négociations avec certain
pays comme le Maroc et la Tunisie pour établir des accords de libre-échange plus approfondis
incluant les services et une libéralisation partielle du secteur agricole.

Dès 2010, des solutions ont été recherchées pour faire face à la crise que traversait
l’organisation :
• Essayer de reprendre l’idée de création de l’Europe c’est-à-dire dépasser les conflits
humains par des coopérations au départ techniques. C’est pourquoi l’UPM
concentre son action dans des projets concrets dans des secteurs également concret.
• Traiter sous forme de forum l’ensemble des points de div ergence dans la zone
méditerranéenne c’est-à-dire créer un espace de dialogue entre les différents acteurs
régionaux pour discuter de la situation des palestiniens, du statut de Jérusalem, du
terrorisme, des relations avec l’Iran etc. L’obstacle est que l’UE n’a pas l’autorité
politique permettant de mettre en place ce dialogue et surtout de le faire aboutir.
•P roposer un nouv el accord où ce serait la société civile qui tenterait de répondre aux
problèmes existant dans cette zone et qui n’engagerait pas les gouvernements. Il
s’agirait donc d’une diplomatie alternative.
En parallèle de l’UPM, « l’initiative 5+5 » peut être envisagée comme un complément comme
une aide aux travaux de l’UPM.

Pour conclure, en devant le leader de la construction régionale euroméditerranéenne l’UE


espèrerait impulser un développement économique au Sud par l’intermédiaire de la zone de
libre-échange. Et ainsi réduire les flux migratoires Nord-Sud exacerber par les difficultés
économiques et géopolitiques de la région. Mais l’UPM donne l’impression d’une « coquille
vide », le partenariat entre l’UE et les PTM n’a pas changé la caractéristique fondamentale des
relations euroméditerranéennes de type centre périphérie. Le PTM restent dépendant
commercialement du marché européen et finalement de l’aide extérieure de l’UE. Cependant
l’UPM reste à ce jour l’unique espace de dialogue et de coopération entre tous les États du
pourtour méditerranéens celui où les pays du nord et du Sud parlent à égalité où la Palestine et
Israël ont le même siège, le même poids, le même pouvoir.

THEME N°4 : L’UE et les pays du groupe ACP (Afrique - Caraibes-


Pacifique)

28
Le groupe ACP est une organisation intergouvernementale depuis 1975 dont le siège est à
Bruxelles et qu’il dispose du statut d’observateur auprès de l’ONU depuis 1981. Il regroupe 79
pays à savoir 48 pays d’Afrique, 16 des Caraïbes et 15 du Pacifique. Dès sa création, l’UE s’est
préoccupée de mettre en place un régime d’association avec les pays et territoires d’outre-mer,
les pays liés à l’Europe par la colonisation de 1957 à 1963. Dès la naissance du marché
commun les anciennes colonies de la France, de la Belgique, de l’Italie et des Pays-Bas ont été
au cœur de la politique d’aide au développement mené par l’Europe.

I. Des relations historiques fondées sur la logique d’aide au


développement
A. Les conventions de Yaoundé et de Lomé

La politique européenne de coopération entre l’UE et les pays ACP mis en place par les
conventions de Yaoundé et de Lomé a permis de créer un cadre institutionnel permanent et
paritaire accompagné par des mécanismes d’échange spécifique.

1. La conférence de Yaoundé

Dès les années 60, La CEE s’est associée avec les pays ACP pour former les conférences de
Yaoundé. Tout d’abord celle de Yaoundé 1 de 1963 à 1969 puis Yaoundé 2 de 1969 à 1975.
A l’issu des conférences, les accords de Yaoundé ont été mis en place afin de faciliter le
commerce et la coopération financière et technique.

2. Les conventions de Lomé (1975-2000)

Voulant accentuer cette coopération, la communauté européenne et les ACP ont mis en place
dès 1975 les conventions de Lomé. Ces conventions qui se sont déclinés jusqu’en 2000 passant
de Lomé 1 à 4. La crise pétrolière des années 70 ainsi que la hausse du cours des matières
premières ou encore le dialogue Nord-Sud ont influencé les négociations des conventions de
Lomé.

• Lomé I (1975) et Lomé II (1979) ont donné la priorité au développement industriel et


rural c’est-à-dire qu’a été mis en place un régime de préférence non réciproque. La
création du fond de stabilisation des recettes d’exportations sur les produits agricoles
(STABEX) et celui sur les matières minières (SYSMIN).
• Lomé III (1984) a mis l’accent sur la sécurité alimentaire et l’environnement.
• Lomé IV (1990) a introduit pour la première fois un lien explicite entre la promotion
des droits de l’homme et du développement puisque le respect des principes
démocratique et de l’État de droit devient un élément essentiel dont la violation peut être
sanctionné par une suspension partielle ou totale de la coopération financière de l’UE.

29
b. le bilan mitigé des conventions de Lomé

Les accords de Lomé ont eu un bilan mitigé, on a constaté une amélioration des conditions de
vie, du niveau d’éducation et de la situation sanitaire mais dans le même temps la diminution
du poids des ACP dans le commerce international. Cette faiblesse économique s’est
accompagnée de conflits internationaux et de guerres civiles entrainant une amélioration des
droits de l’Homme, ce qui a également engendré une diminution de la part des pays ACP dans
l’aide financière accordée par l’UE. De plus, au moment des conventions de Lomé le contexte
international de mondialisation connaissait un renouveau dans lequel l’aide au développement
perdait sa crédibilité. Enfin l’UE utilisait ces accords en orientant les aides et en écoulant ses
surplus agricoles à des prix subventionnés.

B. L’accord de Cotonou

C’est en faisant le bilan des conventions de Lomé que l’UE et les pays ACP ont cherché
à créer un nouveau cadre de partenariat économique avec l’accord de Cotonou en
2000 qui a constitué un tournant dans les relations de coopération entre l’UE et les pays
ACP. Cet accord, conclu pour une durée de 20 ans et comprenant une clause de révision
tous les 5 ans, a servi de base à la mise en place de nouveaux accords de partenariats
économiques (APE). Cet accord s’est conclu durant la crise de la Banane. Des pays
latino-américains mais aussi les USA ont dénoncé la concurrence, pour eux, déloyale et
la discrimination des conventions de Lomé. Ils ont attaqué l’UE à l’OMC.

1. Un accord entre continuité et changement

Dans un premier temps les accords de Cotonou ont annoncé un nouveau type de coopération
basée sur les principes d’un développement durable, sur l’intégration effective des pays ACP
dans l’économie mondiale ainsi que la réduction de la pauvreté. Pour se faire, plusieurs sujets
ont été traité, ils sont au nombre de sept :
• L’association étroite entre le dialogue politique et l’aide au développement introduction
d’une profonde réforme du système financier : suppression progressive des fonds de
stabilisation (STADEX et SYSMIN) et l’instauration d’un fond européen de développement
(FED). Les allocations financières sont dorénavant attribuées en fonction des besoins
mais aussi des performances du pays concernés
• La prévision d’une coopération quant à la lutte contre le terrorisme et lutte contre la
prolifération des armes de destruction massive
• La suspension des aides en cas de violation des droits de l’Homme, des principes
démocratiques et de l’État de droit et également le cas de la corruption
• Introduction pour la première fois du sujet de la crise migratoire. C’est la réadmission
des ressortissants illégalement présent sur le territoire d’un État membre.

30
2. La fin progressive des relations préférentielles non-réciproques dans le
domaine commercial

Dans un second temps sous l’impulsion de l’OMC, l’UE et les pays ACP ont souhaité mettre en
phase leur différents accords afin qu’il réponde davantage aux objectifs fixés par l’OMC. Des
APE devaient donc être institués au terme du délais des accords de Cotonou. L’objectif principal
des APE est la mise en conformité des arrangements et des accords commerciaux avec les
dispositions des accords OMC et donc notamment avec l’introduction de la réciprocité dans les
décisions commerciales puisque l’OMC interdit la discrimination entre PED.

Cette évolution des rapports commerciaux et même politique entre l’UE et les ACP a suscité de
nombreuses interrogations et critiques en raison du potentiel écart entre les objectifs visés et
l’impact économique réel des APE.

II. LES APE : Le passage à une logique de libéralisation commerciale

Les APE furent conclu pour résoudre les lacunes des accords précédents. Autrefois ces accords
avaient été perçu comme de véritable rendez-vous permettant le décollage économique des
pays ACP. Cependant ils n’ont pas atteint leurs objectifs à long terme (réduction pauvreté et
amélioration du développement des ACP).

A. Un nouveau cadre de coopération en faveur du commerce et du


développement

Les APE ont été négociés entre l’UE et 6 régions du groupe ACP à savoir les Caraïbes, l’Afrique
de l’Ouest, l’Afrique de l’Est, l’Afrique Australe, l’Afrique centrale et le Pacifique. Les accords
ont pour buts de créer un partenariat commun en matière de commerce et de développement
soutenu par une aide au développement parallèlement à l’ouverture commerciale les accords
ont pour objectif de promouvoir l’intégration des pays ACP dans l’économie mondiale en
renforçant leur capacité de production et en ayant les investissements directs étrangers (IDE).
Cette potentielle intensification du développement économique des pays ACP devait aboutir à
une réduction de la pauvreté. Ces APE représente un changement de système profond et radical
introduit par l’accord de Cotonou. Ils constituent un nouveau cadre cherchant à mettre en place
une relation équitable entre les différents acteurs du partenariat.

B. La mise en œuvre
de la libéralisation commerciale

Afin de répondre à leurs objectifs les APE doivent reposer sur la suppression des droits tarifaires,
mettre fin aux accords commerciaux non réciproques et remédier à leur incompatibilité avec les
règles de l’OMC. Les APE visent à permettre un accès au marché de l’UE e, franchise de droit

31
de douane et sans contingent. Ils aspirent également à s’appliquer aux obstacles non tarifaires
et à dépasser le seul cadre de la libéralisation des mouvements de marchandises.

1. Les barrières tarifaires

Concernant les barrières tarifaires il est prévu par les APE la suppression mutuelle et progressive
des droits de douanes entre l’UE et les pays ACP. Dès lors les marchés sont entièrement ouverts
et par exemple un petit producteur agricole en Afrique est mis directement en concurrence avec
des multinationales européennes qui exporteraient les mêmes produits que ce qu’il produit.
L’UE ouvre ainsi son marché à tous les produits ACP immédiatement tandis que ces partenaires
ACP eux bénéficient d’une période de transition.

2. Les subventions agricoles de l’UE

Concernant les produits agricoles subventionnés de l’UE, dans les APE négocié avec certains
pays ACP, l’UE s’est engagée à cesser toute subventions à l’exportation sur tous les produits
exportés vers les pays engagés par l’accord. De plus elle s’est engagée à être transparente sur
ces subventions et à renforcer la coopération et le dialogue politique sur la question de la
sécurité alimentaire et l’agriculture.

3. L’aide au développement

Concernant l’aide au développement celle-ci n’est plus automatique, l’UE soutient et a établi
des programmes et des initiatives destinées à renforcer la croissance et le développement
économique de certaine région spécifique. C’est par exemple le cas pour l’aide apportée en
soutien de l’agriculture et surtout de la capacité des agriculteurs à se conformer aux normes
sanitaires et phytosanitaire de l’UE. Cette dernière finance ses programmes via les FED et pour
la période 2014-2020, le montant s’élève à 31,5 milliards d’euros.

III. Les APE, des instruments contestés du partenariat UE-Pays ACP ?

Les négociations de ces APE ont rencontrés et rencontre toujours certaines hostilités notamment
de la part des pays Africains mais aussi de multiples ONG. Elles sont liées principalement au
réel impact économique que représente ces accords pour eux mais encore à la gestion du
processus par l’UE ou à certaine disposition des accords que les États ont jugés défavorables.

A. L’impact économique limité des APE pour les Etats ACP ?

La suppression des droits de douane : du côté de l’UE, la suppression réciproque des droits de
douane est un avantage certain puisqu’elle lui permet de s’assurer d’un approvisionnement en
produit agricole et en matière première dont elle est une grande importatrice. Cependant cette

32
suppression comporte aussi des effets pervers cela revient à confiner les pays ACP dans leur
rôle de fournisseur de denrées agricoles, de minerais, et cela sans les inciter à aller vers une
diversification.

B) Des accords critiqués : « le baiser de la mort » de l’Europe à l’Afrique

Concernant la fin du système de préférence, les pays ACP considèrent qu’on aurait pu
demander une dérogation à l’OMC puisque c’est quelque chose qui est possible d’autant plus
que les EU en 2000 avaient demandé une dérogation à l’OMC et ils l’avaient obtenu avec le
consensus unanime. De plus, si le SGP vide l’abaissement des droits de douanes à l’égard d’un
PED, avec l’APE, l’UE peut, cependant, augmenter ses exportations.

En ce qui concerne les produits agricoles subventionnés de l’UE, il n’y a pas de disposition
contraignante, de force obligatoire pour l’UE c’est-à-dire que dans les accords on retrouve
seulement des dispositions du type que les États « encouragent », en invoquant le fait que c’était
une question qui pouvait être uniquement résolu à l’OMC. De plus, les subventions agricoles et
la suppression des droits de douanes représente une perte pour les pays ACP mais un gain pour
l’UE.

Concernant le processus de négociation des APE : à l’échéance de la période de transition


instaurée en 2008, quasiment aucun pays Africain n’avait signé les APE. On a vu se constituer
une fronde de la part de ces États qui a culminé en 2015 avec l’arrivé du groupe Auchan au
Sénégal. Cela a entrainé un énorme mouvement de contestation de la société civile mais aussi
d’ONG. La réaction de l’UE a été de baissé l’aide au développement et de réintroduire des
droits de douane pour les exportations africaines.

IV. Vers de nouveaux horizons pour les relations entre l’UE et les pays
ACP ?

On constate depuis plusieurs années que l’accord de Cotonou est en perte de vitesse pour deux
principales raisons :
• Plusieurs thématiques tel que la sécurité, la paix, l’immigration et autres sont maintenant
traités par d’autres organisations
• Les sujets accordés dans les accords ont évolué et portant désormais davantage sur des
problématiques tel que la gestion conjointe des défis mondiaux, la cohérence politique en
faveur du développement durable, la réforme du système de gouvernance mondiale…
De plus, on remarque que les nouvelles négociations visant à modifier l’accord de Cotonou,
entamée depuis 2018, font l’objet de nombreuses divergences entre l’UE et les pays ACP.

A. Une approche générale différente de l’avenir du partenariat

33
Pour l’UE et ses Etats-membres, l’objectif est de parvenir à un nouvel accord consistant un socle
commun et trois pactes régionaux :
• Le socle commun vise tous les membres du partenariat et il est destiné à fixer les objectifs,
les priorités et les principes généraux
• Les trois pactes régionaux constituent le centre de gravité du partenariat en fixant les
priorités pour chaque région

B. Les thèmes sensibles des discussions


1. Le commerce et les investissements
a. Position de l’UE

L’UE met l’accent sur le fait que les échanges doivent se faire dans un cadre multilatéral, suivant
les approches libérales tel que le respect de l’OMC, le respect des droits de l’Homme, respect
des principes démocratiques, de l’Etat de droit, etc. De plus, l’UE préconise la mise en place
d’un cadre économique favorable aux investissements et au développement du secteur privé
respectueux des normes sociales imposés par l’OIT et des principes de responsabilité sociale
des entreprises.

b) Position des pays ACP

La priorité des ACP est donnée aux relations entre Etats ACP, les APE ne sont qu’un élément
parmi un ensemble d’accord commerciaux, selon eux. On observe donc une divergence entre
les attentes de l’UE et celles des ACP. De plus, ces derniers accordent une grande importance
au domaine du service. Cependant, les pays ACP rejoignent les positions de l’UE sur le sujet
des investissements, mais à des conditions :
• Les conditions d’entrée et de réalisation relèvent de la souveraineté de l’Etat
• Les investissements doivent respecter les principes de responsabilités sociale et de
bonnes gouvernances des entreprises.

2. Les migrations et la mobilité


a. Position de l’UE

L’UE fait la distinction entre la migration légale et irrégulière, mis en place par des
mécanismes efficaces pour le retour et la réadmission des migrants irréguliers, cela
rappel la clause de l’article 13 de Cotonou.

b. Position des pays ACP

Les pays ACP, quant à eux, privilégient la migration intra-ACP, la promotion légales , le droit
des personnes à circuler et les aspects positifs de la migration. Dr plus, selon eux, le nouvel
accord doit prévoir un dialogue politique sue la migration s’inscrivant dans un cadre solide sur

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les droits des migrants. En outre, le retour et la réadmission des migrants irréguliers doit reposer
sur le volontariat.
De façon générale, les pays ACP souhaitent un dialogue politique amélioré, équilibré, renforcé
et sans conditionnalités, exigent un rééquilibrage des relations avec l’UE afin que l’accord
global et le groupe ACP ne disparaissent au profit des partenariats régionaux.

C. L’accord politique de 2020

Ce nouvel accord résulte d’un consensus trouvé le 3 décembre 2020 entre le négociateur en
chef de l’UE et celui des ACP. Cet accord a pour objectif de remplacer celui de Cotonou. Celui-
ci repose sur sur des valeurs et des principes communs à l’UE et aux pays ACP tel que :
• Droits de l’Homme, démocratie et gouvernance,
• Paix et sécurité,
• Développement humain et social,
• Viabilité environnementale et changement climatique,
• Croissance et développement économiques durables et inclusifs,
• Migration et mobilité.
Des protocoles régionaux seront mis en place afin de gérer et de piloter les relations entre l’UE
et les régions concernées.

Lorsque l’accord sera conclu, il devra être ratifié par un nombre minimum de parties pour
pouvoir entrer en vigueur. Il devra recevoir l’approbation du Parlement européen puis du
Conseil de l’UE. ainsi que l’approbation de l’OEACP. Toutefois, si besoin l’accord de Cotonou
peur être maintenu jusqu’au 30 novembre 2021, s’il n’y a toujours pas d’accord pour l’accord
de 2020.

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