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UNIVERSITE DE YAOUNDE II THE UNIVERSITY OF YAOUNDE II

P.O Box 1365 YAOUNDE, P.O BOX 18


BP 1365 YAOUNDE, BP 18 SOA SOA
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-------------- FACULTY OF LAWS AND
FACULTE DES SCIENCES POLITICAL SCIENCE
JURIDIQUES ET POLITIQUES P.O Box 1365 YAOUNDE, P.O BOX 18
BP 1365 YAOUNDE, BP 18 SOA SOA
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Cours

Voies d’exécution

Niveau : Master 1

Filière : Carrière Judiciaire

Campus : principal et annexes

Enseignantes :

1. Dr Joséphine ESSAMA, Chargée de cours, titulaire cours campus principal de Soa


2. Dr Marie Duvale KODJO GNINTEDEM, titulaire cours campus annexes Ebolowa
et Bertoua

Bibliographie indicative

1. ANOUKAHA (F.) et TJOUEN (A.-D.) :


- Les procédures simplifiées de recouvrement et les voies d’exécution en OHADA, Yaoundé, coll.
- « Le juge du contentieux de l‟exécution des titres exécutoires : Le législateur camerounais
persiste et signe … l‟erreur », Juridis Périodique n°70, 2007, pp. 33-38.
Droit uniforme, PUA, 1999.
2. ASSI-ESSO A-M. H. et DIOUF (N.) :
- OHADA, Recouvrement des créances, Bruxelles Bruylant, 2002.
3. ASSONTSA R. :
- Le juge et les voies d’exécution depuis la réforme de l’OHADA, thèse de doctorat en droit,
Université de Strasbourg, 2009

1
4. AYISSI MANGA E. B. :
« L’exécution forcée d’une obligation de faire », Revue juridique de l’Ouest, 1999-3, pp. 331-
359.
5. FOMETEU (J.) :
- « Le clair-obscur de la répartition des compétences entre la cour commune de justice et
d‟arbitrage de l‟OHADA et les juridictions nationales de cassation », Juridis Périodique n°73,
2008, pp. 89-103.
- « Le juge de l’exécution au pluriel ou la parturition au Cameroun de l’article 49 de l’acte uniforme
OHADA portant voies d’exécution », Juridis Périodique n°70, 2007, pp. 97-109.
5. ÉKANI S. C. :
- Liberté de saisir et exécution forcée dans l’espace OHADA, Paris, l’Hamattan, Études africaines,
2015.
7. FOTSO KOUAM A.B. :
- Les voies d’exécution OHADA et le droit à un procès équitable, Mémoire de DEA, 2009,
Université de Dschang.
7. GATSI (J.) :
- « L’avis à tiers détenteur et le nouveau droit des affaires OHADA », L’effectivité du droit OHADA
(sous dir), Yaoundé, Coll. Droit Uniforme, PUA, 2006, pp.79-128.
- « Le recouvrement des créances bancaires en droit OHADA », L’effectivité du droit OHADA
(sous dir), Yaoundé, Coll. Droit Uniforme, PUA, 2006, pp. 129-162.
8. FAVAREL-VEIDIG B.,
- « La saisie conservatoire des navires en droit français », Gazette du palais, en ligne le 29
septembre 2005: www.touzanihuissier.webobo.biz
9. JEULAND E. :
-Droit processuel, Paris, LGDJ, 2007
10. ISSA-SAYEGH (J.), POUGOUE (P.-G.) et SAWADOGGO (M.F.) (dir.):
- OHADA Traité et Actes uniformes commentés et annotés, Juriscope, 3è éd. 2008.
11. KODJO GNINTEDEM M. D. :
- « Libres propos sur les procédures d’exécution portant sur le navire », Bulletin de Droit
Economique, Université de Laval, (2017) 2.
12. KOJOUO V.:

2
- La saisie des navires en droit positif camerounais, mémoire Master, Université de Dschang, 2013
13. KUATE TAMEGHE (S.S.) :
- « La responsabilité de l’Etat du fait de l’exécution des décisions de justice », La revue des
Huissiers de justice, n° 17, 1998, pp. 1046-1048.
- « Les mystères des articles 50 al. 1 et 51 de l’AUPSRVE », Afrilex n°5, pp.177-212,
http://www.afrilex.u-bordeaux4.fr
- La protection du débiteur dans les procédures individuelles d'exécution, Thèse Bordeaux IV
2003, L’Harmattan 2004.
14. POUGOUE (P.-G.), TEPPI KOLOKO (F.) :
- La saisie-attribution des créances OHADA, Yaoundé, Collection UNIDA, PUF, 2005.
- (Sous la direction) Encyclopédie du droit OHADA, Paris, Éditions Lamy, 2011
15. ONANA ETOUNDI (F.) :
- L'incidence du nouveau droit communautaire OHADA sur le droit interne de l'exécution des
décisions de justice en matière non répressive (cas du Cameroun), Thèse d'Etat, Yaoundé II, 2003.
16. TCHAKOUA (J.-M.) :
- « L’exécution des sentences arbitrales dans l’espace OHADA : Regard sur une construction
inachevée à partir du cadre camerounais », Revue Africaine de Sciences Juridiques, vol.6, n°1
2009, pp. 1-13.
17. TJOUEN (A.D) :
- « L'exécution de décisions de justice en droit camerounais », RIDC, n°1 février 2000, pp.429-
442.
18. TSETSA G. S. :
« Le formalisme de la saisie immobilière en droit OHADA »,
19. WANDJI KAMGA A.-D., Le droit à l’exécution forcée, réflexion à partir des systèmes
juridiques camerounais et français, thèse de droit, universités de Yaoundé II et de Limoges, 2009.

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Plan de cours
Introduction
A. Définition des voies d’exécution
B. Évolution des voies d’exécution au Cameroun
C. Intérêt des voies d’exécution
D. Sources des voies d’exécution au Cameroun
Exercice d’application

Première partie : Le cadre général des voies d’exécution


Chapitre 1 : La théorie générale des voies d’exécution
Section 1 : Le rééquilibrage des intérêts en présence
Paragraphe 1 : Le droit à l’exécution forcée du créancier
Paragraphe 2 : La protection du débiteur et du tiers
Section 2 : L’intervention de l’autorité dans les voies d’exécution
Paragraphe 1 : L’intervention de l’organe judiciaire
A. L’intervention de l’huissier
B. L’intervention du juge
Paragraphe 2. Le secours de la force publique
Exercice d’application

Chapitre 2 : Les conditions des voies d’exécution


Section 1 : Le préalable : la mise en demeure restée infructueuse
Para 1 : Principe
Para 2 : Exception
Section 2 : La possibilité de saisir
Para 1 : L’existence de biens saisissables
Para 2 : Le titre exécutoire
Exercice d’application

Deuxième partie : Les règles spécifiques à chaque saisie


Chapitre 1 : Les saisies mobilières

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Section 1 : Les saisies conservatoires
Para 1 : Conditions générales des saisies conservatoires
Para 2 : Les différentes saisies conservatoires
Section 2 : Les saisies aux fins d’exécution
Paragraphe 1 : Les saisies aux fins d’exécution des biens meubles corporels
Para 2 : Les saisies aux fins d’exécution des biens meubles incorporels
Exercice d’application

Chapitre 2 : La saisie immobilière


Section 1 : Le déroulement de la saisie immobilière
Paragraphe 1 : Les conditions
Paragraphe 2 : La saisie proprement dite et la vente
Paragraphe 3 : La distribution du prix
Section 2 : Les incidents de la saisie immobilière
Para 1 : Les incidents liés aux personnes en cause
Para 2 : Les incidents liés au vice de forme et aux opérations de vente
Exercice d’application

Conclusion

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Introduction

Lorsqu’une obligation nait, peu importe sa source (acte juridique, fait juridique), elle doit être
exécutée. L’exécution entraine l’extinction de l’obligation. Il est certes vrai que l’obligation peut
aussi s’éteindre sans exécution, par exemple du fait de la prescription, d’une remise de dette, d’une
déchéance ou de la perte de la chose.

L’exécution de l’obligation peut être volontaire ou non. Si le débiteur s’y prête volontairement et
spontanément, il n’y a pas de problème. Par contre, s’il fait preuve de récalcitrante ou d’inertie, le
créancier aura recours à des moyens d’exécution forcée mis à sa disposition par la loi. Ces moyens
se définissent comme des mesures légitimes de contrainte permettant au créancier d’obtenir du
débiteur ce que celui-ci lui doit et qu’il n’a pas pu obtenir par la seule vertu de l’effet obligatoire
de l’obligation. La contrainte peut être directe ou indirecte. Les voies d’exécution sont des moyens
de contrainte directe. Mais il importe de les définir pour ne pas les confondre avec d’autres moyens
de contrainte.

A. Définition des voies d’exécution

Les voies d’exécution se définissent de manière générale comme des procédures par lesquelles un
créancier impayé saisit les biens de son débiteur afin de les faire vendre et de se faire payer sur le
prix de la vente ou de se faire attribuer lesdits biens. Cette définition pourrait laisser penser que
les voies d’exécution tendent seulement à la vente forcée des biens du débiteur ou à leur attribution
au créancier. Si la vente forcée constitue la part importante de ces procédures, elle n’en est pas la
seule. On y compte les saisies ayant une fonction conservatoire ainsi que les saisies permettant de
faire rentrer un bien appartenant au créancier dans son patrimoine. Dans un sens restreint, ces
dernières sont juste qualifiées de mesures conservatoires.

Les voies d’exécutions doivent être comprises dans un sens large mais adéquat comme toute
procédure légale ou judiciaire visant à obtenir la réalisation forcée d’un droit obtenu d’un
acte juridique ou d’une décision de justice. Elles permettent à un créancier impayé, soit de saisir
les biens de son débiteur pour les vendre et se faire payer, soit de se faire délivrer ou restituer un

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bien mobilier corporel1. Elles permettent d’assurer au créancier l’exécution forcée de la créance
qu’il détient sur le débiteur. Pour ne pas y mettre tous les moyens de contraintes, il convient de
ressortir leurs caractères

Les voies d’exécution sont des moyens de contrainte directe. Elles se distinguent des moyens de
contrainte indirecte telle que l’astreinte.

L’astreinte permet au créancier d’exercer une pression sur le débiteur en lui faisant craindre un
préjudice patrimonial considérable. C’est la condamnation du débiteur à payer au créancier telle
somme d’argent fixée de manière globale par le juge soit par jour de retard s’il s’agit d’une
obligation de faire, ou par infraction constatée, s’il s’agit d’une obligation de ne pas faire. C’est
une mesure d’intimidation tendant à l’obtention d’une exécution volontaire. Son efficacité est donc
fonction du choix de son montant librement fixée par le juge. Ce montant doit être manifestement
supérieur à l’avantage que procure au débiteur l’inexécution de son obligation, sans être
disproportionné par rapport à ses facultés contributives. L’astreinte ne vise pas la vente forcée du
bien ou l’entrée du bien dans le patrimoine du débiteur. Elle ne permet pas non plus de mettre le
bien sous main de justice afin de les conserver.

Les procédures d’expulsion ne sont non plus des voies d’exécution. Tout bien immobilier peut
justifier une mesure d’expulsion dès lors que l’occupant n’a pas le droit de se maintenir dans le
local. L’expulsion suppose que le créancier soit titulaire d’un titre qui lui permette d’obtenir un
commandement fait à l’occupant illégitime de quitter les lieux. Les cas les plus fréquents
d’expulsion sont le non-paiement des loyers, le non-respect d’un congé donné, l’occupation sans
droit ni titre d’un local, l’expropriation à la suite d’une voie d’exécution qui est la saisie
immobilière.

Les voies d’exécution sont des procédures de droit privé. On les appelle aussi et de plus en plus
les procédures civiles d’exécution. Mais comme on l’a souligné ce ne sont qu’une variété bien que
plus importantes de ces procédures. Le champ de l’exécution lui-même est plural quant aux
domaines et aux actes concernés. Dans le cadre du droit processuel privé leur passage par la

1CCJA, arrêt n° 025/2013 du 18 avril 2013, SCI de GANDILLAC c/ Clinique Gynécologique Obstétricale GOCI, Recueil
de jurisprudence n°20, vol. 2, janv-déc 2013.

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procédure civile n’est pas obligatoire. Les voies d’exécution ne sont pas les procédures simplifiées
de recouvrement de créance, même si en droit OHADA, toutes sont traitées par le même acte. Ces
procédures sont des modalités de la procédure civile aménagées pour répondre aux exigences de
célérité qui caractérisent la matière commerciale. Dans le champ des procédures d’exécutions,
elles sont distinctes des procédures administratives d’exécution. Ces dernières sont nombreuses
(avis à tiers détenteur, procédure de recouvrement direct des créances, etc.) elles rentrent dans le
cadre du contentieux administratif. Cela ne veut pas dire que les voies d’exécution ne peuvent être
utilisées par ou contre l’administration.

Les voies d’exécution sont d’ordre public. Cela veut dire qu’en principe, les personnes impliquées
n’ont pas le droit de procéder à des ententes ou des conventions pour l’exécution d’un titre
exécutoire. Elles n’ont par exemple pas le droit de payer à un seul créancier en faisant fi des autres
pour nuire aux créanciers bénéficiaires de garanties particulières. Elles doivent respecter le
formalisme qui encadre ces procédures. Les conséquences du caractère d’ordre public ont
longtemps été la nullité de la clause de voie parée et du pacte commissoire.

Selon l’article 742 du Code de procédure civile et commerciale camerounais, « toute convention
portant qu’à défaut d’exécution forcée des engagements pris envers lui, le créancier aura le droit
de faire vendre les immeubles de son débiteur sans remplir les formalités prescrites pour la saisie
immobilière est nulle et non avenue ». Cette exigence est mieux traduite à l’article 246 de
l’AUPSRVE qui dispose que « le créancier ne peut faire vendre les immeubles appartenant à son
débiteur qu’en respectant les formalités prescrites par les dispositions qui suivent. Toute
convention contraire est nulle ». La clause à laquelle se réfère ce texte s’appelle clause de voie
parée. On peut la définir comme un accord par lequel le débiteur consent à son créancier le droit
de vendre le bien dudit débiteur sans avoir à se conformer aux formalités légales prescrites.

En RDC, une ordonnance de 1976 organise les ventes par clause de voie parée. Il s’agit de
l’Ordonnance n° 76-200 du 16 juillet 1976 relative à la vente par voie parée. Cette ordonnance
intervient en droite ligne de l’article 261 du Code civil congolais qui dispose : « est valable (…) la
clause portant que, à défaut d’exécution des engagements pris envers lui, le créancier hypothécaire
aura le droit, s’il est premier inscrit, de faire vendre l’immeuble, dans la forme de ventes

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volontaires ». La question que l’on pourrait se poser est celle de savoir si cette législation survit à
l’entrée en vigueur du droit OHADA.

De manière unanime, la doctrine estime que la clause de voie parée est interdite par le droit
OHADA car, contraire au formalisme qu’il impose en matière d’hypothèque et de saisie
immobilière. Elle se fonde sur l’article 246 suscité. On peut donc conclure que l’ordonnance de
1976 est abrogée. Mais dans la pratique, il est possible de conclure une convention de vente
amiable postérieure à la constitution de l’hypothèque. Elle ne s’appellera pas, à proprement parlé
clause de voie parée. De plus, il faudra s’assurer de respecter les droits des autres créanciers
inscrits. Bien plus, le législateur OHADA a d’ailleurs atténué la limitation de la volonté des parties
en admettant finalement le pacte commissoire.

Le pacte commissoire est une convention par laquelle le créancier se ménage le droit de se faire
attribuer le bien mis en garantie à titre de propriété à l’échéance. Il est aujourd’hui valable depuis
la réforme du droit des sûretés OHADA du 15 décembre 2010 en matière de réalisation de gage et
d’hypothèque. Mais l’AUS a fortement encadré ses conditions, même s’il subsiste quelques zones
d’ombre dans son régime. Par-là, l’on comprend que le droit des voies exécutions est malgré tout
évolutif

B. L’évolution du droit des voies d’exécution au Cameroun

L’histoire du droit des voies d’exécution au Cameroun est, comme pour la plupart des branches de
notre droit, liée à la colonisation. Les premiers textes applicables en la matière sont un héritage
colonial. La conception originaire des voies d’exécution ne peut être que celle des colons.

Les voies d’exécution telles que nous les connaissons aujourd’hui puisent dans le très ancien droit
romain. Il y existait une procédure spéciale appelée manus injectio judicati (main projetée sur le
débiteur). Le créancier se faisait autoriser par le juge à emprisonner le débiteur sur trois marchés
successifs et si personne ne se présentait pour payer la dette, le débiteur était vendu comme esclave.
Quelque temps après, s’ajoute le venditio bonorum, procédure collective d’exécution qui permet
au créancier de s’exécuter sur les biens du débiteur condamné. Les saisies ont pour ancêtre le
distractio bonorum par lequel un bien dans le patrimoine du débiteur pouvait être saisi et vendu.

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Après le droit romain, on retombe dans l’emprisonnement seigneurial sous l’ancien droit. La foi
chrétienne occupe une place importante et le débiteur qui ne s’exécute pas est condamné et
excommunié. Les saisies ne concernent que les meubles, car la propriété immobilière est protégée.

Le Code civil de 1804 instaure définitivement le principe de l’exécution sur les biens. D’abord, il
commence par affirmer à l’article 1142 que toute obligation de faire ou de ne pas faire se résout
en dommages et intérêts en cas d'inexécution de la part du débiteur. Ensuite, il précise que
« quiconque s’est obligé personnellement, est tenu de remplir son engagement sur tous ses biens
mobiliers ou immobiliers, présents et à venir » article 2092. Les biens du débiteur sont le gage
commun de ses créanciers (article 2093). Certaines de ses dispositions (2059-2070) prévoient
néanmoins des cas dans lesquels il est possible de requérir contre le débiteur la contrainte par
corps, c’est-à-dire l’emprisonnement pour dettes. En raison de l’efficacité douteuse de cette
mesure, puisque ne pouvant que réduire les chances du débiteur à revenir à meilleure fortune, ces
dispositions furent abrogées par la loi du 22 juillet 1867.

Le principe reste donc dans le Code civil que les dettes civiles ne peuvent faire l’objet de contrainte
par corps.

La contrainte par corps a été abolie en matière civile et commerciale pour ne subsister qu’en
matière pénale. Elle subsiste au bénéfice du trésor public, pour les amendes et autres sanctions
pécuniaires encourues en matière d’infractions de droit commun. Encore faudrait – il que le
délinquant ne puisse pas justifier de son insolvabilité et qu’il ne soit pas mineur. Si la décision qui
le condamne acquiert autorité de la chose jugée, il doit payer une amende qui est prévue dans ladite
décision. Autrement, le Procureur de la République demandera à l’officier de police judiciaire
compétent de le convoquer en vue du paiement de l’amende, sinon il sera incarcéré jusqu’audit
paiement.

En matière pénale, la contrainte par corps est une mesure qui vise à obliger le condamné à exécuter
les condamnations pécuniaires ou à effectuer les restitutions ordonnées par une juridiction
répressive (article 557 CPP camerounais). Elle est réglementée par le Code de procédure pénale
en matière correctionnelle et criminelle et jusqu’à sa réforme en 2016 uniquement en matière de
contravention par le Code pénal.

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En droit camerounais toutefois, l’on a assisté à la pénalisation des créances civiles qui font croire
au retour de la contrainte par corps. Il s’agit tout d’abord du Code pénal révisé en 2016 qui a
consacré la filouterie de loyer. En son article 322 – 1, il dispose : « Est puni d’un
emprisonnement de six (06) mois à trois (03) ans et d’une amende de cent mille (100 000) à
trois cent mille (300 000) francs ou de l’une de ces deux peines seulement, le preneur par bail,
dûment enregistré, d’un immeuble bâti ou non qui, débiteur de deux (02) mois de loyers, n’a
ni payé lesdits loyers, ni libéré l’immeuble concerné un mois après sommation de payer ou
de libérer les lieux ». Il s’avère néanmoins que cette disposition est jugée contraire au Pacte
international relatif aux droits civils et politiques (un texte en vigueur au Cameroun depuis le
27 Juin 19842), qui précise en son article 11 : « Nul ne peut être emprisonné pour la seule raison
qu’il n’est pas en mesure d’exécuter une obligation contractuelle ». Etant entendu que la
hiérarchie des normes juridiques place les conventions et traités internationaux au-dessus des lois
internes, il est donc clair que dans le cas de la filouterie de loyer, il est impossible que le locataire
puisse aller en prison. La raison est toute simple, le contrat de bail qui lie le bailleur et le locataire
est un contrat, et un contrat de type civil.

Le deuxième cas de pénalisation relève de la loi fixant certaines règles relatives à l’activité de
crédit dans les secteurs bancaire et de la microfinance au Cameroun promulguée le 24 décembre
2019 qui prévoit désormais que le non remboursement des crédits bancaires c’est-à-dire ceux
octroyés par les établissements de crédit et les établissements de microfinance exerçant au
Cameroun, peut, en cas de non remboursement, faire l’objet de sévères sanctions. Il s’agit des
sanctions pénales qui peuvent être prononcées tant à l’encontre des personnes physiques que des
personnes morales. Les sanctions pénales fixées pour non remboursement de crédit bancaire sont
des peines d’emprisonnement de 6 mois à 5 ans et/ou d’une amende 100 000 à 100 000 000 F Cfa
en fonction du montant du crédit. La mise en œuvre de la sanction suppose le non remboursement
de mauvaise foi et donc intentionnel. Il faudra prouver la mauvaise foi de l’emprunteur car le
principe est que la bonne foi se présume.

2 Ce pacte a été ratifié par la RDC le 1er novembre 1976.

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C. Intérêts des voies d’exécution

Les voies d’exécution permettent le recouvrement des créances. Elles complètent le droit privé
substantiel. Elles incitent le débiteur à s’exécuter volontairement pour ne pas avoir à faire à un
huissier. Elles contribuent à l’effectivité des droits de créances et des décisions de justice.

Les voies d’exécution ont un intérêt social qui n’est pas moindre. Le créancier attend souvent avec
impatience son paiement. Ce qui peut créer des frustrations et aggraver la nature conflictuelle des
relations humaines. Pour limiter le conflit, le droit lui offre des moyens simples, efficaces et peu
onéreux pour obtenir le paiement. Toutefois, la mise en œuvre d’une saisie est toujours vécue
comme un drame par le débiteur qui la subit ; sa vie pouvant être bouleversée de manière
irréversible. C’est pour cette raison que le législateur lui a aménagé de nombreuses règles de
protection.

Sur le plan politique, les voies d’exécution permettent d’évaluer l’efficacité du système judiciaire
et de l’Etat en matière d’exécution des décisions de justice et de secours des justiciables dans la
défense de leurs droits.

L’intérêt économique est encore plus grand. La vie des affaires repose sur le crédit et celui-ci n’est
possible que si le créancier a la certitude d’être payé. Cette utilité économique explique que le droit
des affaires se soit accaparé les voies d’exécutions et c’est en son sein qu’est logé sa principale
source.

D. Les sources des voies d’exécution au Cameroun

Le principal texte applicable en la matière est l’Acte uniforme Ohada portant organisation des
procédures simplifiées de recouvrement et voies d’exécution du 10 avril 1998. Avant ledit Acte
uniforme, les législations applicables dans les États membres de caractérisaient par leur diversité
et leur caractère obsolète. Il vient abroger toutes les dispositions antérieures contraires. Des lors,
les textes antérieurs non contraires demeurent applicables. L’on pense ainsi au Code de procédure
civile.

12
La jurisprudence, notamment de la Cour commune de justice et d’arbitrage et la doctrine sont
d’autres sources importantes des voies d’exécution. Elles permettent de définir le cadre général
des voies d’exécution afin de mieux comprendre les règles applicables aux différentes saisies.

Exercices d’application

Sujets de dissertation :

- Le créancier impayé
- Le caractère d’ordre public des voies d’exécution
- La pénalisation de l’inexécution des obligations civiles
- L’exécution forcée d’une obligation

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Première partie : Le cadre général des voies d’exécution

« La justice sans la force est impuissante ; la force sans la justice est tyrannique » Blaise Pascal,
Pensées, Hachette, 1904, t.II, p. 224.

Le droit à l’exécution a déplacé son centre d’intérêt, de la personne du débiteur vers ses biens.
Dans cette logique, il a organisé des saisies destinées à permettre que ces biens soient placés sous
main de justice pour être vendus. Ce ne sont pas, contrairement à ce qu’on pourrait penser, des
mesures isolées censées permettre au créancier de recouvrer sa créance. Elles reposent sur un
ensemble cohérent, sous-tendu par une unique philosophie. Il en découle la théorie générale des
voies d’exécution et des conditions communes à toute exécution.

Chapitre 1 : La théorie générale des voies d’exécution

Depuis son entrée en vigueur, l’AUPSRVE est celui qui fournit le grand volume du contentieux
Ohada aussi bien devant les juridictions nationales que devant la CCJA. La qualité de l’exécution
constitue un indice essentiel de classement des pays dans le rapport Doing Business de la Banque
mondiale. Pour ce rapport, sont pris en compte, entre autres, la durée et le coût de l’exécution. Plus
celle-ci est longue et coûteuse, moins le pays étudié est considéré comme offrant un climat propice
aux affaires. Le droit des voies d’exécution est alors orienté par des considérations d’ordre
économique. Ces considérations ne peuvent toutefois pas faire oublier les conquêtes actuelles des
droits fondamentaux. Il devient aujourd’hui impossible de faire prévaloir à tout moment l’intérêt
de l’investisseur sur tous les autres intérêts qui peuvent entrer en conflit avec lui. Les règles
relatives aux voies d’exécution se doivent alors d’assurer un équilibre entre les différents intérêts
en présence. Il en résulte à la fois une protection aussi bien du créancier que du débiteur, garantie
par l’intervention de l’autorité publique.

Section 1 : Le rééquilibrage des intérêts en présence

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Avant l’Acte uniforme, toute saisie faisait intervenir uniquement deux personnes. Ce n’est que
dans certaines saisies qu’apparaissait un troisième acteur, le tiers saisi ou tiers détenteur. L’Acte
uniforme innove en généralisant la présence du tiers détenteur dans les saisies, mais en assurant
également la protection du tiers dont le bien a fait l’objet de saisie. Pour le créancier, il consacre
son droit à l’exécution forcée. Pour le débiteur, il reconnaît le principe général de protection du
débiteur partie faible.

Paragraphe 1 : Le droit à l’exécution forcée du créancier

Le créancier saisissant est celui qui est titulaire du droit de saisir. Il appartient à tout créancier peu
importe la nature de sa créance. Il a été défini, par un célèbre arrêt de la Cour européenne des droits
de l’Homme, comme un élément du procès équitable 3. L’exécution d’une décision de quelque
juridiction que ce soit doit être considérée comme faisant partie intégrante du procès. Le droit à un
procès équitable serait illusoire si l’ordre juridique interne d’un état contractant permettait qu’une
décision judiciaire définitive et obligatoire reste inopérante au détriment d’une partie. Cette
solution étrangère est valable chez nous dans la mesure où plusieurs instruments internationaux
qui nous sont applicables reprennent les éléments du procès équitable tels que prévus par l’article
6 de la Convention européenne des Droits de l’Homme. Tel est le cas de l’article 7 de la Charte
africaine des droits de l’Homme et des Peuples ; de l’article 14 du Pacte international relatif aux
droits civils et politiques du 19 décembre 1966.

L’article 28 AUPSRVE a reconnu le droit à l’exécution forcée du créancier en ces termes : « à


défaut d’exécution volontaire, tout créancier peut, quelle que soit la nature de sa créance, dans les
conditions prévues par le présent Acte uniforme, contraindre son débiteur défaillant à exécuter ses
obligations à son égard ou pratiquer une mesure conservatoire pour assurer la sauvegarde de ses
droits ».

Il découle de ces textes que le droit à l’exécution forcée recouvre le droit de saisir et son exercice.

A. Le droit de saisir

3 CEDH, 19 mars 1997, Hornsby c/ Grèce, D. 1998, p. 78, note N. Fricero.

15
Selon les dispositions de l’article 28 suscité, le droit de saisir les biens du débiteur appartient à tout
créancier, peu importe qu’il soit chirographaire ou privilégié. Il a donc pour objet une créance.
L’assiette de ce droit réside dans les dispositions du Code civil qui confère au créancier un droit
de gage général sur les biens du débiteur.

Le créancier doit justifier d’une créance certaine, c’est-à-dire pure et simple. Pour cette raison, ne
peuvent justifier une saisie les créances conditionnelles et les créances éventuelles 4. Mais dans le
cas de la saisie conservatoire, la créance peut paraître certaine.

La créance doit être liquide et exigible. Une créance est liquide lorsque son montant en argent est
connu et bien déterminé. Cette exigence est facile à justifier parce qu’il faut éviter que le créancier,
nanti de son droit, n’étende la saisie au-delà de ce qu’il est nécessaire pour régler sa créance. Aux
termes de l’article 622 CPC camerounais, il ne sera procédé qu’à la vente des objets suffisants à
fournir la somme nécessaire pour le paiement des créances et frais. D’où la nécessité de connaître
exactement le montant de la créance. L’exigibilité veut dire que la créance doit arriver à son terme.
Mais encore une fois, cette règle ne vaut pas pour la saisie conservatoire qui peut être pratiquée
alors même que la créance n’est pas encore arrivée à terme.

Des nuances dans le droit du créancier peuvent exister selon la nature de l’obligation quant à la
satisfaction du créancier. L’exécution forcée est plus ou moins concevable selon la nature de
l’obligation. Lorsque l’obligation est une obligation de payer une somme d’argent, l’exécution en
nature est possible. Il ne peut y avoir d’autres équivalents en nature. La saisie et la vente des biens
du débiteur cadre bien avec l’exécution de cette obligation. Pour les obligations autres que les
sommes d’argent, les obligations de faire ou de ne pas faire soulève des difficultés. En effet,
l’article 1142 du CC camerounais dispose que ces obligations se résolvent en dommage et intérêt
en cas d’inexécution. Dès lors, en principe, l’exécution forcée directe est impossible, car nul ne
peut être contraint à l’accomplissement d’un fait. Mais il faut se garder d’exagérer la portée de
cette règle. Seules doivent être exclues les atteintes directes à la liberté de la personne du débiteur.
Tout autre moyen légitime de vaincre sa résistance peut être employé. Bien plus, les articles 1143

4 Une légère nuance existe à ce niveau en matière de saisie conservatoire des navires.

16
et 1144 du CC permettent au créancier d’obtenir une exécution en nature soit par lui-même aux
dépends du débiteur. En dehors de ces cas, c’est une exécution par équivalent qui sera possible.

Aussi important qu’il soit, le droit de saisir comporte néanmoins des dérogations. En dehors des
limites de nature à protéger le débiteur, rappelons que les créanciers chirographaires sont tenus de
saisir en premier lieu les biens mobiliers de leur débiteur défaillant. C’est seulement en cas
d’insuffisance de ceux-ci que l’exécution pourra être poursuivie sur les immeubles 5. Quelques
fois, il renonce de lui-même à exercer son droit de saisie, par exemple en présence de créanciers
bénéficiaires de sûretés, car il n’a aucun intérêt à pratiquer une saisie. Pour ce qui est des créanciers
hypothécaires, ils ne peuvent poursuivre la vente des immeubles qui ne leur sont pas affectés qu’en
cas d’insuffisance de ceux qui sont hypothéqués 6.

Le droit à l’exécution forcée est affecté par l’indisponibilité des informations sur les biens du
débiteur. Il n’est pas rare que ce dernier dissimule ses biens ou néglige son patrimoine sans que
les actions oblique et paulienne n’arrivent à sécuriser l’assiette du droit de saisie. Les nouvelles
formes de criminalité organisée à l’ère des TIC mettent aussi à mal le droit á l’exécution forcée.

B. L’exercice du droit de saisir

L’exercice du droit de saisir pose le problème de la capacité de saisir et celui des pouvoirs.

S’agissant de la capacité de saisir, l’Acte uniforme accorde le droit de saisie à tout créancier. La
saisie étant une procédure de recouvrement de créance, elle doit être considérée comme un acte
d’administration, c’est-à-dire un acte de gestion courante du patrimoine et de ce fait, peut être
pratiquée par le mineur non émancipé. Exceptionnellement en matière de saisie immobilière, il
convient de relever que s’il ne survient pas d’enchère au jour de l’adjudication de l’immeuble saisi,
le créancier saisissant sera déclaré adjudicataire pour la mise à prix 7. Par conséquent, il doit avoir
la capacité de disposer. Aussi, le mineur non émancipé ne peut pratiquer seul une saisie
conservatoire. Quant à la capacité d’ester en justice, la saisie ne faisant intervenir que de manière
exceptionnelle le juge, cette capacité n’est pas requise et le mineur peut pratiquer seul une saisie

5 Art. 28 Al. 2 AUPSRVE.


6 Art. 251 AUPSRVE.
7 Art. 283 AUPSRVE.

17
mobilière. Pour les majeurs incapables, s’ils ne bénéficient d’aucun régime de protection, leur
capacité de saisir est identique à celle des majeurs capables.

S’agissant du pouvoir de saisir, il faut dire que la saisie peut être pratiquée par les ayants droits du
créancier ou par un représentant. Le droit de saisir du créancier originaire, en cas de décès, est
transmis par voie successorale à ses héritiers appelés ayant cause à titre universel et ayant cause
particulier. Ils doivent notifier au débiteur le titre en vertu duquel ils commencent ou poursuivent
la saisie en lieu et place du créancier défunt. Aussi, l’héritier légal devra notifier au débiteur l’acte
de décès de son auteur et un acte attestant qu’il est héritier ou légataire. Si la créance a été cédée,
le cessionnaire devra établir la cession faite en bonne et due forme.

La saisie peut également être pratiquée par le représentant légal ou conventionnel du créancier.
Par exemple, le créancier peut laisser l’agent des sûretés réaliser les sûretés pour son compte. Pour
les représentants légaux, l’étendue de leur pouvoir dépend, comme pour le mineur, de la nature
mobilière ou immobilière de la saisie et du cadre de la représentation.

Paragraphe 2 : La protection du débiteur et du tiers

Les intérêts du créancier sont suffisamment pris en compte dans le cadre de l’affirmation et la mise
en œuvre de son droit à l’exécution forcée. Ils ne doivent pas nuire au débiteur et à certains tiers.

A. La protection du débiteur

Le débiteur est le sujet passif de la saisie. Dans la majorité des cas, la saisie est dirigée contre le
débiteur lui-même. Il peut arriver que la saisie soit dirigée contre les personnes que la loi assimile
au débiteur. Ainsi, lorsque le débiteur est lui-même créancier de sommes d’argent, celles-ci font
d’emblée partie du droit de gage général du créancier, qui peut mettre en œuvre contre les débiteurs
de son débiteur des mesures semblables à celles qu’il peut prendre directement à l’encontre de ce
dernier. Exemple, si les conditions sont réunies, le créancier peut saisir entre les mains d’un tiers
les créances de son débiteur portant sur les sommes d’argent.

Plus généralement, le créancier peut se substituer à son débiteur qui serait lui-même débiteur pour
renforcer le droit de gage général sur lequel il entendait exercer sa saisie. Ainsi, par le moyen de

18
l’action oblique, le créancier peut exercer une mesure d’exécution à la place de son débiteur
négligent. De même, par le moyen de l’action directe, le créancier va, en son nom et pour son
propre compte, poursuivre le débiteur de don débiteur.

Ce sont toutes ces personnes contre lesquelles la saisie est dirigée en tant que débiteur qui bénéficie
du régime de protection mis en place par la loi. Il est aujourd’hui unanimement admis que le droit
à l’exécution forcée ne peut plus être un instrument placé entre les mains du créancier dont le seul
tort a été de prêter. Il ne doit pas être un droit trop sévère, susceptible d’écraser le débiteur.
Concrètement, on admet plus qu’un être humain soit privé du droit au logement, à l’alimentation,
à l’honneur, à la vie privée au motif qu’il doit l’exécution d’une obligation à une autre personne.
La protection du débiteur porte non seulement sur sa personne, mais aussi sur ses intérêts
pécuniaires.

Relativement à sa personne, ce n’est pas le créancier personnellement qui procède à la saisie. Il se


fait représenter par l’huissier. Sa présence peut en effet paraître narquoise pour le débiteur. De
même, l’insaisissabilité de certains biens est justifiée par l’idée que le débiteur ne doit pas être
dépouillé comme un brigand. Le respect de la dignité humaine commande que certains biens soient
gardés hors de portée des créanciers. Il est ainsi interdit de saisir le coucher nécessaire, les
vêtements dont le débiteur est vêtu, la fraction alimentaire du salaire… malgré le principe de la
saisissabilité de tous les biens du débiteur, certains biens échappent à la saisie soit du fait de la loi,
soit du fait d’une convention des parties.

Le respect des jours et heures de la saisie participe de la protection de la vie privée.

Les immunités d’exécution participent aussi de la protection du débiteur. Ce sont des faveurs dont
jouissent certaines personnes en vertu desquelles leurs biens ne peuvent faire l’objet de saisies du
fait de cette immunité, les biens de ces personnes deviennent en quelque sorte insaisissable. Cette
insaisissabilité tient à la personne même du débiteur et non à la nature des biens. L’article 30 alinéa
1 AUPSRVE prévoit que l’exécution forcée ne peut pas être appliqué aux personnes qui
bénéficient d’une immunité d’exécution. Il fait simplement référence dans son alinéa 2 aux
personnes morales de droit public aux entreprises publiques. La jurisprudence CCJA à ce sujet est
particulièrement intéressante. Aussi, il ne faut pas comprendre cette règle de manière stricte,

19
surtout lorsque ces personnes morales se sont comportés comme des commerçantes. Eu égard à
l’immunité d’exécution, les créanciers de ces personnes peuvent recourir à la compensation.

Relativement aux intérêts pécuniaires du débiteur, on peut évoquer le droit à l’information du


débiteur, le principe de subsidiarité de la saisie immobilière. Par ailleurs, l’article 39 permet au
débiteur d’obtenir du juge un délai de grâce. L’article 265 quant à lui, lui permet d’obtenir la
suspension de la saisie si le revenu net et libre de ses immeubles pendant deux années suffit pour
le paiement de la dette. Lorsque le débiteur est un débiteur en difficulté, des procédures collectives
peuvent être ouvertes à son encontre. Tout en visant la satisfaction collective du créancier, elles
suspendent l’exercice de leur droit et soutiennent le débiteur dans l’accomplissement de ses
obligations.

B. Le tiers

Le tiers dans la saisie s’entend de deux manières. Il peut s’agir du tiers détenteur du bien du
débiteur. Il renvoie également à la personne dont le bien a été saisi.

Les personnes autres que le débiteur doivent s’abstenir d’accomplir tout acte de nature à gêner la
saisie au risque d’être condamnée aux causes de la saisie. Elles sont en retour tenues de prêter leur
concours lorsqu’elles sont publiquement requises. Pour contrebalancer ces obligations, les tiers
sont protégés contre tout acte d’exécution qui porterait atteinte à un de leurs droits. Cette protection
se traduit par la possibilité pour eux d’invoquer un droit propre lorsque le bien appartenant au
débiteur qu’ils détiennent légitimement est poursuivi. Cf articles 114 et 234 AUPSRVE. Les tiers
peuvent également soustraire de l’assiette de la saisie leur bien propre par l’action en distraction.
Cf articles 141 et 142 AUPSRVE.

La protection des tiers ne concerne pas les personnes et autorités habituellement visées dans les
formules exécutoires et chargées de conduire les opérations de saisie.

Section 2 : L’intervention de l’autorité publique dans les voies d’exécution

Dans ses dispositions générales et communes, l’Acte uniforme consacre plusieurs articles au
personnel de la saisie. L’article 29 AUPSRVE contient une règle d’une importance cardinale.

20
Selon son alinéa 1, l’État est tenu de prêter son concours à l’exécution des décisions et autres titres
exécutoires. Dans cette œuvre, le bras séculier de l’État est l’huissier. Mais il arrive aussi qu’on
puisse solliciter l’intervention des forces de l’ordre.

Paragraphe 1 : L’intervention de l’organe judiciaire

La saisie relève généralement de la compétence de l’huissier et des agents d’exécution. L’autorité


judiciaire peut quelques fois être saisie.

A. L’intervention de l’huissier

A l’exception des saisies des rémunérations effectuées par le greffier, les saisies sont, en principe,
pratiquées par les huissiers et les agents d’exécution. Les fonctions de l’huissier sont définies par
la loi nationale. Les actes qu’ils posent dans le cadre de la saisie sont décrits de part et d’autres des
différentes saisies. Les articles 42 et 43 AUPSRV évoquent l’hypothèse dans laquelle l’occupant
du local où doit être pratiquée la saisie est absent ou alors, étant présent, cherche à empêcher
l’exécution.

B. L’intervention du juge

Le juge n’est pas en principe concerné par la saisie. Lorsque l’acte qui donne lieu à saisie est une
décision de justice, il a déjà fait sa part en rendant la décision. Toutefois, celui-ci est pour partie
omniprésent dans la phase de l’exécution. Il intervient dans plusieurs situations, notamment pour
donner l’autorisation de saisie ou la suspendre dans certains cas, selon la nature du bien et en cas
de difficultés d’exécution.

En certaines hypothèses, le créancier est tenu d’obtenir une autorisation judiciaire avant d’effectuer
une saisie. Cette autorisation intervient dans deux principales situations. La première est relative
aux saisies conservatoires. Il résulte de l’article 54 AUPSRVE que, lorsque le créancier ne détient
pas un titre exécutoire, il peut obtenir une autorisation de saisie s’il démontre qu’il existe des
circonstances de nature à menacer le recouvrement de sa créance. Il n’en est autrement que si la
créance résulte du défaut de paiement dûment établi d’une lettre de change accepté, d’un billet à
ordre, d’un chèque, ou d’un loyer impayé après commandement dès lors que celui-ci est dû en

21
vertu d’un contrat de bail d’immeuble écrit. La seconde situation est celle dans laquelle le
créancier, même titulaire d’un titre exécutoire, voudrait saisir les meubles du débiteur dans le local
servant d’agitation à un tiers. Les articles 105 et 230 AUPSRVE exigent que le créancier obtienne
une nouvelle autorisation du juge pour pénétrer le local.

La nature du bien sur lequel l’exécution est poursuivie justifie parfois l’intervention du juge. Il
s’agit des rémunérations de travail et du bien immobilier. La saisie immobilière est entièrement
judiciaire dès le dépôt du cahier de charge au greffe de la juridiction devant laquelle la vente est
poursuivie.

Le juge peut intervenir pour un sursis à exécution ou pour une défense à exécution. Le sursis à
exécution est une technique permettent à la partie qui succombé en appel ou devant une juridiction
statuant en premier et dernier ressort et qui a formé pourvoi devant la juridiction de cassation,
d’obtenir la suspension de l’exécution de la décision attaquée. La défense à exécution quant à elle
est un aspect particulier des suspensions d’exécution qui concerne l’exécution provisoire. Elle a
pour cible, non pas les actes d’exécution, mais le titre exécutoire. Elle tend à inviter le juge qui en
est saisi à vérifier le caractère exécutoire. Lorsque l’exécution provisoire n’est pas encore engagée,
elle peut être interrompue au moyen des défenses. Si elle a déjà été engagée, elle ne peut plus par
ces défenses 8.

Les difficultés d’exécution constituent des cas qui justifient le plus de demandes portées devant le
juge. Elles recouvrent tout type d’incident susceptible d’être soulevé à l’occasion de l’exercice
d’une mesure d’exécution, qu’elle soit conservatoire ou forcée. Concrètement, l’huissier de justice
dressera un procès-verbal de la difficulté à laquelle il se trouve. Puis, il délaisser, aux frais du
débiteur, assignation à comparaitre aux parties en les informant des jour, heure et lieu d’audience
au cours de laquelle la difficulté sera examinée. Il doit donner connaissance aux parties du fait
qu’une décision pourra être rendue en leur absence. La décision du juge est susceptible d’appel
dans un délai de quinze jours à compter de son prononcé. Le délai d’appel comme l’exercice de
l’appel n’ont pas un caractère suspensif sauf décision, spécialement motivée, de ce juge de
l’exécution.

8 Article 32 AUPSRVE

22
L’article 49 AUPSRVE institue comme juge de l’exécution le président de la juridiction statuant
en matière d’urgence ou le magistrat délégué par lui. La détermination de ce juge fait couler
beaucoup d’encre et de jurisprudence en droit camerounais avec la loi de 2007 qui a partitionné le
juge de l’urgence.

Dans tous les cas, tout litige ou toute demande relative à une mesure d'exécution forcée ou à une
saisie conservatoire relève de la compétence du juge de l'exécution qui est le président de la
juridiction compétente statuant comme en matière d'urgence. La loi de 2007 au Cameroun a fait
de chaque président de juridiction le juge le juge de l'exécution de ses décisions. Ce qui est
contestable et contestée. Voilà pourquoi la plupart des décisions camerounaises sont cassées par
la CCJA. Pour plusieurs auteurs, l'Acte uniforme n'a institué qu'un seul juge de l'exécution qui
devrait être le Président du TPI parce qu'il est le juge statuant en matière d'urgence.

En matière de saisie immobilière, l'article 248 ne donne néanmoins pas compétence à ce juge. Cet
article dispose que « la juridiction devant laquelle la vente est poursuivie est celle ayant plénitude
de juridiction dans le ressort territorial où de trouvent les immeubles ». Il s'agit avec la pratique
qui attribue tout le contentieux en matière immobilière au TGI, du TGI compétent.

La compétence territoriale est bien plus simple (l'exception subsiste juste en matière de saisie
foraine). La juridiction compétence est celui du domicile du demandeur comme le veut le droit
commun des procédures civiles. Dans plusieurs situations, la loi désigne une autre juridiction qui
peut être tantôt celui du lieu de situation du bien, tantôt celui du lieu où s'effectue la saisie ou celui
du domicile du tiers entre les mains duquel la saisie est pratiquée.

Paragraphe 2. Le secours de la force publique

L’État est tenu de prêter son concours en cas de difficultés à travers l’emploi de la force publique.
Le titre exécutoire vaut répulsion directe de la force publique. Cette précision a pour finalité de
mettre fin à la pratique selon laquelle une réquisition du procureur de la République était
nécessaire, en plus du titre exécutoire pour obtenir le concours de l’État.

Généralement, les débiteurs sont violents et tolèrent difficilement la visite des huissiers. C’est
pourquoi, il a été jugé nécessaire d’accorder une assistance nécessaire à l’huissier pour le protéger.

23
L’Acte uniforme prévoit que, si l’huissier le désire, avant même toute difficulté, il peut se faire
assister des forces de l’ordre. Ces dernières n’ont pas le droit d’agir. Elles doivent seulement rester
à côté pour impressionner le débiteur, prêtes à intervenir en cas de difficulté. Si l’huissier menace
d’être attaqué, elles doivent le retirer et lui demander de saisir le juge compétent qui est le juge de
l’exécution.

Aujourd’hui, l’État est tenu d’apporter son concours à l’huissier notamment lorsque celui-ci ne
peut accéder au lieu de la saisie en raison du refus du débiteur saisi ou en l’absence de celui-ci.
L’Etat dont l’assistance est requise sera représenté, soit par l’autorité administrative compétente,
soit par une autorité de police ou de gendarmerie9. Sa carence ou son refus engage sa
responsabilité10. L’article 29 consacre ainsi une responsabilité sans faute à la charge de l’État qui
doit apporter son concours quand bien même il y aurait nécessité d’ordre public, dès lors que toutes
les conditions de la saisie sont réunies.

Exercice d’application

Commentaire de décision

Commenter l’arrêt de la CCJA n° 168-2020 du 14 mai 2020, affaire Société American Eagle Guard
security c/ Hôtel Sarakawa ( disponible en ligne)

9 Article 42 AUPSRVE
10 Article 29 AUPSRVE

24
Chapitre 2 : Les conditions des voies d’exécution

Dans ses disposions générales communes aux saisies, l’Acte uniforme prend le soin de préciser les
règles qui président aux o

pérations de saisie et leurs conséquences. Mais il existe un préalable à la saisie dont les contours
doivent être rappelés. Il s’agit de la mise en demeure.

Section 1 : Le préalable : la mise en demeure restée infructueuse

Nul ne pouvant se faire justice à soi-même, il ne saurait être question de laisser au créancier toute
liberté pour contraindre le débiteur à l’exécution, au moment et par des moyens qui seraient laissés
à sa discrétion. L’exécution forcée est instaurée pour permettre au créancier de rentrer dans ses
droits. Pour qu’elle soit mise en œuvre, il faut que l’inexécution doit clairement constatée par une
mise en demeure non suivie d’effet.

Dans le langage courant, la mise en demeure exprime l’idée d’une sommation solennelle
d’accomplir un acte ou d’exécuter une prestation. Dans un sens strict, ce n’est qu’une constatation
formelle du retard, c’est-à-dire du défaut de paiement. Celui-ci pouvait certes déjà de trouver en
retard par oubli, négligence ou volonté délibérée. Il ne l’est juridiquement, même si son obligation
était assortie d’un terme déterminé, que si le défaut a été formellement constaté. L’interpellation
du débiteur à cette fin exprimera la volonté du créancier d’obtenir l’exécution. C’est pourquoi la
mise en demeure est perçue comme une sommation tendant à cette exécution.

Paragraphe 1 : principe

Aucun texte ne formule de manière générale l'existence d'une mise en demeure. On la retrouve de
part et d'autres dans différents textes en matière de droit des affaires ( bail à usage professionnel,
sûreté, compte bancaire …) Elle est néanmoins requise en toute matière, pour toutes sortes
d'obligations comme préalables à toute sanction.

25
La mise en demeure est une règle de bon sens. L'exécution doit être demandée par le créancier et
le débiteur doit avoir la possibilité de s'y prêter volontairement. Ce dernier doit donc être averti,
avec un minimum de forme, d'autant plus que c'est le préalable à une sanction. La nécessité d'un
tel avertissement est particulièrement évidente lorsque l'exécution n'est pas inscrite dans un délai
déterminé. Le débiteur peut même parfois avoir des raisons de penser que le créancier a renoncé à
son droit.

Le mode normal de mise en demeure lorsqu'elle est faite est la sommation. Mais de simples lettres
recommandées ou lettres missives sont aussi consacrées comme formalisant une mise en demeure.

C'est dire que la mise en demeure est écrite.

Ont toujours été considérés comme actes équivalents à la mise en demeure le commandement de
payer et la citation directe. Mais ces derniers interviennent à un stade plus avancé du litige.
Contrairement à la simple mise en demeure, le commandement de payer, préliminaire d'une saisie,
requiert la possession d'un titre exécutoire. Quant à la citation en justice, elle vaut sommation
même si elle est faite devant une juridiction incompétente ou si elle n'a pas directement pour
objectif l'exécution d'une obligation.

Paragraphe 2 : L'exception

Les parties à un contrat peuvent convenir qu'il n'y aura pas de mise en demeure. Ainsi, par une
clause, elles peuvent préciser que, sans qu'il soit besoin d'acte, et par la seule échéance du terme,
le débiteur sera en demeure.

La nature même de certaines obligations peuvent être exclusives de toute mise en demeure, telles
les obligations de ne pas faire. La loi peut aussi dispenser tels créanciers de l'obligation de mise en
demeure, les débiteurs étant alors de plein droit en demeure (exemple dans le cas des intérêts
moratoires).

Section 2 : La possibilité de saisir

Pour que le créancier puisse saisir, il faudrait qu'il y ait d'abord des biens saisissables. Il peut arriver
qu'il ait besoin d'une autorisation judiciaire, car, comme on l'a relevée plus haut, l'autorisation

26
judiciaire n'est pas toujours nécessaire, surtout lorsque le créancier dispose d'un titre exécutoire
que nous allons étudier.

A. L'existence de biens saisissables

En général tous les biens du débiteur sont saisissables. C'est la conséquence de la règle selon
laquelle le patrimoine du débiteur est le gage commun de ses créanciers. C'est dire donc que les
biens saisis doivent appartenir au créancier, sinon, les tiers propriétaires peuvent exercer une action
en distraction pour la sortie de leurs biens de l'assiette de la saisie. Un créancier peut également
s'opposer à ce que sur un bien soit exercée une saisie. Tel est le cas du créancier rétenteur.
Autrement il perdrait son droit de rétention.

La saisie des biens indivis peut également devenir difficile avec le principe selon lequel les biens
doivent appartenir au propriétaire. Aux termes de l'article 2205 du Code civil camerounais, la part
indivise d'un cohéritier dans les immeubles d'une succession ne peut être mise en vente par ses
créanciers personnels avant le partage ou la licitation qu'ils peuvent provoquer s'ils le jugent
convenable ou dans lesquels ils ont le droit d'intervenir conformément à l'article 882 du Code civil.

Par exemple, si un bien de la communauté entre conjoints est vendu à l'insu de l'autre et que le
vendeur établit un titre de propriété sur ledit bien, l'autre conjoint peut attaquer en nullité cette
vente et par conséquent ledit titre de propriété.

Le bien du débiteur doit être disponible. C'est la raison d'être de la règle saisie sur saisie ne vaut,
ainsi que des mesures exceptionnelles dans le cadre des procédures collectives.

Le bien ne doit pas être insaisissable. On dit qu'un bien est insaisissable lorsque par dérogation à
l'article 2092 du Code civil, ce bien échappe au gage commun des créanciers. C'est une situation
exceptionnelle. Aussi les textes qui l'édictent sont d'interprétation stricte. L'insaisissabilité peut
être dictée par la protection du débiteur (objets indispensables pour sa vie article 592 CPC;
créances alimentaires article 581 CPC; la quotité insaisissable du salaire); pour la sauvegarde de
l'intérêt général ( les biens de l'Etat; les servitudes foncières); ou par la volonté de l'homme ( clause
d'inaliénabilité; bien de famille déclaré devant notaire et homologuée au TPI compétent).

27
B. Le titre exécutoire

Pour permettre l'exécution forcée, la créance qui la justifie doit être constatée dans un titre
exécutoire.

Le titre exécutoire est un acte ou un jugement permettant à un créancier de poursuivre l'exécution


forcée de sa créance à l'encontre de son débiteur, c'est à dire un titre revêtu de la formule exécutoire.
En procédure civile, la formule exécutoire est matérialisée par la mention à l'aide d'un cachet,
« grosse ». Cette mention n'est néanmoins pas exigée pour les ordonnances de référé ou toute autre
ordonnance sur requête exécutoire sur minute et avant enregistrement. En pratique, ces
ordonnances sont délivrées au justiciable avec la mention « expédition » c'est à dire copie sur
minute.

L'article 33 AUPSRVE donne une liste de titre exécutoire. Aux termes de cet article, « Constituent
des titres exécutoires :

1°) les décisions juridictionnelles revêtues de la formule exécutoire et celles qui sont exécutoires
sur minute ;

2°) les actes et décisions juridictionnelles étrangers ainsi que les sentences arbitrales déclarés
exécutoires par une décision juridictionnelle, non susceptibles de recours suspensif d'exécution, de
l'État dans lequel ce titre est invoqué ;

3°) les procès-verbaux de conciliation signés par le juge et les parties ;

4°) les actes notariés revêtus de la formule exécutoire ;

5°) les décisions auxquelles la loi nationale de chaque État partie attache les effets d'une décision
judiciaire ».

Il s'avère que l'Acte uniforme a admis la possibilité de saisir au moyen d'un Titre exécutoire par
provision (article 32 AUPSRVE). L'exemple type est l'ordonnance de référé. Ainsi, le créancier
muni d'une ordonnance de référé peut procéder à une saisie mobilière à fin d'exécution. Cependant,
comme le titre ne résulte pas d'une décision au fond, il est prévu que l'exécution sera poursuivie

28
aux risques du créancier. Aussi, si le titre exécutoire par provision est ultérieurement modifié, le
créancier saisissant devra réparer intégralement le préjudice causé par cette exécution sans qu'il y
ait lieu de relever de faute de sa part.

L'exécution par provision n'est pas admise en matière immobilière, du moins en ce qui concerne
l'adjudication. En réalité, le titre exécutoire par provision peut être utilisé pour commencer une
saisie immobilière laquelle ne peut se poursuivre qu'avec un titre définitivement exécutoire (article
247 al. 2 AUPSRVE). L'on constate qu'au-delà des règles générales, chaque saisie obéit à des
nuances particulières.

Exercices d’application

1. Dissertation
- La protection du débiteur saisi
- La sanction du tiers saisi

2. Cas pratiques

Cas pratique 1

Le 04 janvier 2021, votre papa vous présente une reconnaissance de dette d’un montant d’un
million régulièrement établie le 8 août 2020 par Monsieur KO et payable le 8 décembre 2020.
Celui-ci vous dit avoir été suffisamment patient et craint que ce Monsieur soit dans une situation
délicate et voudrait même s’enfuir. Il possède également un chèque Afriland First Bank établi par
Monsieur KO qui est par ailleurs employé de la société Renauld. Sachant que le chèque est valable
et qu’aucune mise en demeure n'a pour l'instant été effectuée, quelles procédures éventuelles
s’offrent à votre papa ?

Cas pratique 2 :

M. Dany, domicilié à Yaoundé, est porteur d'un jugement réputé contradictoire en premier ressort
par le Tribunal d'Instance de Yaoundé centre administratif rendu le 8 septembre 2021, à l'encontre

29
de M. Yves domicilié également à Yaoundé. Il demande à Maître Hervé, huissier de Justice près
la Cour d’appel du centre de ramener au plus vite à exécution ce titre qui a condamné son débiteur
à lui payer 40 millions de FCFA. Une exécution immédiate est-elle possible ?

Particulièrement impatient, il indique à l’huissier les immeubles bâtis et mis en location


appartenant à son débiteur. Lors de la signification de l'acte de saisie entre les mains d’un locataire,
ce dernier déclare à l'huissier de justice instrumentaire : « Je me moque complètement de cette
affaire. Je n'ai aucune information à vous donner ».

Quelle procédure décidez-vous d'engager ?

30
Deuxième partie : Les règles propres aux différentes voies d'exécution

Les saisies sont classées selon leur objet. Ainsi, on a les saisies dites mobilières qui portent sur les
meubles corporels et la saisie immobilière qui porte sur un immeuble.

Chapitre 1: Les saisies mobilières

Les saisies mobilières sont des mesures d'exécution forcée portant sur les meubles corporels et
incorporels du débiteur. Si le créancier a uniquement pour but de placer les biens de son débiteur
sous main de justice, afin d'empêcher que celui-ci n'en dispose, la saisie pratiquée est une saisie
conservatoire. Mais si malgré les efforts du créancier le débiteur ne s'exécute pas, la saisie vente
est réalisée afin de le payer sur le prix de réalisation du bien. Il peut aussi se voir attribuer la
créance saisie.

Section 1 : Les saisies conservatoires

Les saisies conservatoires sont des saisies qui ont simplement pour but de soustraire les biens
mobiliers du débiteur à la libre disposition de ce dernier. Ce sont des mesures de précaution contre
l'insolvabilité du débiteur. L'Acte uniforme définit les règles applicables à toutes les saisies
conservatoires avant de s'appesantir sur chaque type de saisie conservatoire.

Paragraphe 1. Les conditions générales des saisies conservatoires

Les conditions relatives à la saisie conservatoire peuvent être regroupées en deux groupes, celles
relatives à l'objet de la saisie et la créance périlleuse et celles relatives à l'autorisation judiciaire
préalable.

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A. L'objet de la saisie et la créance périlleuse

Relativement à l'objet, la saisie ne peut porter que sur les biens meubles corporels ou incorporels
du débiteur. Ce qui exclut les immeubles (par nature, par destination ou par l'objet).

Relativement à la créance, l'article 54 AUVE exige qu'elle soit fondée en son principe. La
jurisprudence estime que « le juge saisi d'une demande tendant à obtenir l'autorisation de pratiquer
une saisie conservatoire doit rechercher l'existence d'une créance paraissant fondée en son principe
et non un principe certain de créance » (Cour d'Appel d'Abidjan, Arrêt n° 338 du 20 mars 2001-
Affaire SCI de DANKO C/ dame Jacquet Simone, Société MAKAN Textile, librairie Chrétienne
FOI et Vie - OHADA J-02-82).

La créance paraissant fondée doit être menacée dans son recouvrement, par exemple un risque
sérieux d'insolvabilité imminente du débiteur saisi ou un débiteur qui a de grosses difficultés
financières présentant un caractère permanent (s'il n'est pas sous procédures collectives).

Ces critères sont cumulatifs et leur caractérisation relève de l’appréciation souveraine du juge du
fond. C'est ainsi à titre d'exemple qu'il a été décidé en jurisprudence que le versement des loyers
par le preneur à un séquestre désigné pour les recevoir jusqu'au règlement définitif du litige sur la
propriété de l'immeuble loué, ne constitue pas une menace pour la créance du bailleur. (CCJA,
Arrêt n° 6/2002 du 21 mars 2002).

B. L'autorisation judiciaire préalable

L'autorisation judiciaire préalable est requise par l'article 54 AUVE. Cependant l'article 55 précise
que cette autorisation n'est pas nécessaire si le créancier possède un titre exécutoire, si la créance
procède d'un bail écrit lorsque le débiteur ne s'est pas exécuté après un commandement, ou si la
créance résulte du défaut de paiement d'une lettre de change, d'un billet à ordre ou d'un chèque.

L'autorisation du juge est une ordonnance. Lorsqu'elle est nécessaire, elle précise, à peine de
nullité, le montant de la créance et la nature des biens sur lesquels portent la mesure conservatoire.
La saisie conservatoire doit être pratiquée dans un délai de 3 mois à compter de la décision
d'autorisation du juge compétent. Puisque le créancier n'a pas de titre exécutoire, il doit, à peine

32
de caducité, introduire une procédure aux fins d'obtention de ce titre dans un délai d'un mois à
compter de la date de la saisie. Cela veut dire qu'après l'autorisation de saisir conservatoire, avant
de procéder à la vente du bien aux enchères, ou de se faire payer par le détenteur des sommes, le
créancier doit avoir obtenu un titre exécutoire. Si tel n'est pas le cas, le débiteur peut saisir la
juridiction compétente déjà saisie, c'est-à-dire celle qui a autorisé la saisie conservatoire, pour
obtenir la mainlevée de la mesure conservatoire.

Le créancier requérant une ordonnance de saisie conservatoire qui se voit être refusée peut former
un appel contre cette décision et obtenir l'autorisation de saisie conservatoire.

En cas d'échec des saisies autorisées, le créancier ne peut reprendre de nouvelles saisies
conservatoires qu'après avoir présenté avec succès une nouvelle requête à la juridiction
compétente. Dans une de ses affaires, la cour d'appel d'Abidjan a jugé que « lorsqu'une main levée
d'une saisie conservatoire est ordonnée et que le saisissant fait appel de cette décision, il ne peut,
sans violer le principe de l'autorité de la chose jugée, pratiquer une nouvelle saisie conservatoire
... »

Paragraphe 2: Les différentes saisies conservatoires

Une distinction pour être faite entre saisies conservatoires et scellés. Les scellés peuvent être
définis, comme un lien apposé au moyen d'un cachet de cire revêtu d'un sceau, sur toute ouverture
(porte, fenêtre, couvercle) pour interdire l'accès d’un lieu clos, à la suite d’une décision de l'autorité
compétente. C’est aussi une mesure conservatoire, elle prend alors l’appellation « gel des lieux »,
prise dans le cadre d’une enquête en vue de protéger une scène de crime, d’où sera prélevé des
traces et indices utiles à la manifestation de la vérité. Le scellé est aussi un dispositif, installé sur
un objet préalablement saisi au cours d’une enquête, en vue de garantir son intégrité et d’en
constituer une pièce à conviction pour la suite de la procédure. Les scellés judiciaires ont donc un
lien étroit avec la procédure judiciaire, mieux avec la construction de la vérité judiciaire, et se
distingue ainsi des scellés administratifs qui sont un élément de contrainte en police administrative.
La saisie en ce qui la concerne, est opération d'appréhension du bien. Elle se manifeste par une
mainmise, matérialisée par des scellés apposés sur des objets ou documents, en vue de les rendre
indisponibles et sous-main de justice ; l'opération de scellés garantissant l’intégrité de l’objet saisi.

33
A ce titre, l'objet saisi doit préalablement être formellement identifié et inventorié avant d’être
placé sous scellés. (Les numéraires par exemple sont identifiés par les numéros et les coupures, les
autres objets sont décrits et même filmés…)

La distinction entre saisie et scellée importe surtout en ce qui concerne les biens meubles
corporels. Les biens meubles incorporels obéissent à un régime différent.

A. La saisie des biens meubles corporels

Le but de la saisie conservatoire des meubles corporels est de rendre indisponible le ou les biens
du débiteur afin de pouvoir procéder, éventuellement, à leur vente si le débiteur ne paie pas la
créance ou ne délivre/restitue pas le bien. Certaines saisies sont classiques, d'autres particulières.

1. La saisie de droit commun

L’Acte uniforme règlemente les opérations de saisie portant sur les biens meubles corporels. Il
revient à l’huissier de justice ou à l’agent d’exécution d’effectuer les opérations de saisies.

Tout d’abord, l’huissier de justice ou l’agent d’exécution est tenu d’informer le débiteur qu’il doit
faire connaître si des biens ont fait l’objet d’une saisie antérieure

Ensuite, l’huissier de justice ou l’agent d’exécution doit dresser un procès-verbal de saisie


contenant, à peine de nullité :

1°) la mention de l'autorisation de la juridiction compétente ou du titre en vertu duquel la saisie est
pratiquée ; ces documents sont annexés à l'acte en original ou en copie certifiée conforme ;

2°) les noms, prénoms et domiciles du saisi et du saisissant ou, s'il s'agit de personnes morales,
leurs forme, dénomination et siège social ;

3°) l'élection de domicile dans le ressort territorial juridictionnel où s'effectue la saisie si le


créancier n'y demeure pas ; il peut être fait, à ce domicile élu, toute signification ou offre ;

4°) la désignation détaillée des biens saisis ;

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5°) si le débiteur est présent, sa déclaration au sujet d'une éventuelle saisie antérieure sur les mêmes
biens ;

6°) la mention, en caractères très apparents, que les biens saisis sont indisponibles, qu'ils sont
placés sous la garde du débiteur ou d'un tiers désigné d'accord parties ou, à défaut par la juridiction
statuant en matière d'urgence, qu'ils ne peuvent être ni aliénés ni déplacés, si ce n'est dans le cas
prévu par l'Acte, sous peine de sanctions pénales, et que le débiteur est tenu de faire connaître la
présente saisie à tout créancier qui procéderait à une nouvelle saisie sur les mêmes biens ;

7°) la mention, en caractères très apparents, du droit qui appartient au débiteur, si les conditions
de validité de la saisie ne sont pas réunies, d'en demander la mainlevée à la juridiction compétente
du lieu de son domicile ;

8°) la désignation de la juridiction devant laquelle seront portées les autres contestations,
notamment celles relatives à l'exécution de la saisie ;

9°) l'indication, le cas échéant, des noms, prénoms et qualités des personnes qui ont assisté aux
opérations de saisie, lesquelles doivent apposer leur signature sur l'original et les copies ; en cas
de refus, il en est fait mention dans le procès-verbal ;

10) la reproduction des dispositions pénales sanctionnant le détournement d'objets saisis ainsi que
de celles des articles 62 et 63 de l’Acte uniforme (relatifs à la mainlevée).

Si le débiteur est présent aux opérations de saisie, l'huissier de justice ou l'agent d'exécution lui
rappelle verbalement le contenu des mentions reprises aux n° 6 et 7 ci-dessus. Ensuite de quoi, une
copie du procès-verbal portant les mêmes signatures que l'original lui est immédiatement remise.
Cette remise vaut signification.

Si le débiteur n'a pas assisté aux opérations de saisie, une copie du procès-verbal lui est signifiée,
en lui impartissant un délai de huit jours pour qu'il porte à la connaissance de l'huissier ou de l'agent
d'exécution, toute information relative à l'existence d'une éventuelle saisie antérieure et qu'il lui en
communique le procès-verbal. Ainsi, lorsque le débiteur n’a pas assisté aux opérations de saisie,
le procès-verbal de saisie doit contenir, à peine de nullité :

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1°) une copie de l'autorisation de la juridiction compétente ou du titre, selon le cas, en vertu duquel
la saisie a été pratiquée ;

2°) la mention, en caractères très apparents, du droit qui appartient au débiteur, si les conditions
de validité de la saisie ne sont pas réunies, d'en demander la mainlevée à la juridiction du lieu de
son propre domicile ;

3°) la reproduction des articles 62 et 63 de l’Acte uniforme.

A partir du moment où l’exploit de saisie conservatoire a été signifié au débiteur, ce dernier ne


pourra plus aliéner les biens saisis et ne pourra pas en disposer à titre gratuit sous peine d’avoir
une sanction pénale prévue à l’article 36 alinéa 2 AUPSRVE.

La saisie conservatoire va mener, soit à ce que le débiteur exécute sa créance de sorte que la saisie
conservatoire devienne sans objet, soit le débiteur ne s’exécute pas et le créancier peut convertir
la saisie en mesure d’exécution forcée, c’est-à-dire, pratiquer une saisie-vente.

La conversion de la saisie conservatoire en saisie-vente doit respecter certaines règles de


procédure. Ainsi, le créancier doit, tout d’abord, signifier au débiteur, l’acte de conversion en
respectant le prescrit de l’article 69 AUPSRVE. A l’expiration du délai de 8 jours à compter de la
signification de l’acte de conversion, l’huissier de justice va procéder à la vérification des biens
qui sont saisis et va dresser un procès-verbal. Dans ce dernier, il est repris que le débiteur dispose
d’un délai d’un mois pour vendre à l’amiable les biens qui ont été saisis, et ce, dans le respect des
articles 115 à 119 AUPSRVE.

A défaut d’avoir procédé à une vente amiable dans le délai d’un mois, les biens saisis feront l’objet
d’une vente forcée au regard des dispositions prévues pour la saisie-vente.

Le déroulement de la saisie conservatoire peut être parsemée d'embûches. Même lorsqu'une


autorisation préalable n'est pas requise, la juridiction compétente peut, à tout moment, sur la
demande du débiteur, ou du créancier entendu ou appelé, donner mainlevée de la mesure
conservatoire si le saisissant ne rapporte pas la preuve que les conditions prescrites par les articles

36
54, 55, 59, 60 et 61 de l’Acte uniforme sont réunies. La mainlevée de la saisie consiste à mettre à
néant la saisie pour violation des conditions de fond ou de forme qui la régissent.

La demande de mainlevée est portée devant la juridiction compétente qui a autorisé la mesure. Si
celle-ci a été prise sans autorisation préalable, la demande est portée devant la juridiction du
domicile ou du lieu où demeure le débiteur. Les autres contestations, notamment celles relatives à
l'exécution de la mesure, sont portées devant la juridiction compétente du lieu où sont situés les
biens saisis.

2. Les saisies conservatoires spéciales de biens meubles corporels

Deux saisies conservatoires spéciales ont été organisées, à savoir la saisie foraine et la saisie
revendication.

S'agissant de la saisie foraine, elle est prévue à l'article 73 de l'AUVE et s'applique au débiteur
n'ayant pas de domicile fixe ou dont le domicile ou l'établissement se trouve dans un pays étranger.
A titre d'exemple : les nomades (généralement les peuhls) qui se déplacent d'un Etat à un autre en
compagnie de leur bétail. A l'occasion de ces déplacements, de nombreux conflits sont nés du fait
des dommages occasionnés aux cultures par le bétail. La saisie foraine permet ainsi aux créanciers
victimes de ces dégâts de recouvrer leurs créances en saisissant le bétail. Autre exemple : un
touriste ou un homme d'affaires de nationalité étrangère de passage dans un pays.

L'article 73 alinéa 2 permet de désigner le créancier saisissant gardien des biens saisis s'ils sont
entre ses mains.

La saisie revendication quant à elle est une procédure qui permet à la personne titulaire d’un droit
de suite sur un bien meuble corporel de le faire placer sous main de justice pour en assurer la
conservation et en obtenir ultérieurement la délivrance. Exemple : le propriétaire d’un bien meuble
perdu ou volé ; le vendeur réservataire impayé; le vendeur d’un bien meuble à la suite de la
résolution d’un contrat de vente (remise intégrale des prestations ou à la fin d’un contrat de prêt,

de dépôt, de réparation etc…

37
Nous n'étudierons pas les saisies particulières relevant de législations spéciales à savoir la saisie
des navires et des aéronefs, même s'il faut reconnaître que ces saisies posent des problématiques
intéressantes dans leur rapport avec le droit commun.

B. La saisie conservatoire des biens meubles incorporels

Dans l’Acte uniforme, la saisie conservatoire des meubles corporels concerne la saisie
conservatoire des créances et la saisie conservatoire des droits d’associés et des valeurs mobilières.

1. La saisie conservatoire des créances

Elle concerne en principe toute créance de somme d’argent à l’exclusion des créances des
rémunérations du travail pour lesquelles une saisie spécifique a été établie aux Articles 173 et
suivants AUPSRVE. Parce qu’elle se dévoile auprès d’une personne autre que le débiteur, le
créancier saisissant a l’obligation de la dénoncer à celui-ci (Article 79) dans le délai de 08 jours à
peine de caducité.

2. La saisie conservatoire des droits d’associés et des valeurs mobilières

Les droits d’associés sont les titres sociaux émis par la société en contrepartie des apports faits par
les associés. Ces titres sont dénommés actions dans les sociétés par actions (Sociétés Anonymes)
et parts sociales (dans les autres sociétés (SARL et Sociétés Civiles). Quant aux valeurs mobilières,
elles sont les actions et obligations émises par les seules SA. Elles revêtent la forme, soit de titres
aux porteurs, soit celle de titres nominatifs.

Lorsque les droits d’associés et les valeurs mobilières font l’objet d’une saisie conservatoire, le
débiteur qui en est titulaire ne peut procéder à leur aliénation ou en disposer à titre gratuit.

Section 2 : Les saisies aux fins d’exécution

L’AUPSRVE prévoient cinq formes de saisies aux fins d’exécution. Certaines concernent les biens
meubles corporels et les autres les biens meubles incorporels.

38
Paragraphe 1 : La saisie aux fins d’exécution des biens meubles corporels

Deux saisies sont concernées, notamment la saisie vente et la saisie appréhension.

A. La saisie vente

La saisie vente peut se faire de manière sereine. Quelques incidents peuvent également émailler
son déroulement.

1. La saisie vente sans incident

L'Acte uniforme fait une distinction entre la saisie-vente de droit commun et la saisie des récoltes
sur pied ainsi que des droits d’associées et valeurs mobilières qui a un caractère particulier.

La saisie-vente de meubles corporels ordinaires vise tous les biens meubles corporels des
débiteurs. Elle doit commencer obligatoirement par un commandement de payer (Article 92) qui
doit être signifié à une personne ou à domicile. Il ne peut être signifié à domicile élu (Article 94).
Après avoir réitéré verbalement au débiteur la demande de paiement, (c’est-à-dire itératif
commandement), l’huissier l’informe qu’il a obligation de révéler l’auteur d’une saisie antérieure,
puis qu’il dispose du délai d’un mois pour procéder à la vente amiable de ses biens. L’Huissier
dresse un Procès-verbal de saisie. Si les biens saisis sont entre les mains d’un tiers débiteur,
l’huissier doit au préalable demander l’autorisation de la juridiction au lieu où sont situés ces biens
(Article 100). Car le tiers n’étant pas personnellement tenu des dettes du débiteur, l’huissier ne
peut pénétrer dans son domicile sans autorisation sous peine de se rendre coupable de violation de
domicile. Muni de cette autorisation, l’huissier présente au tiers détenteur un commandement de
payer qui est supposé avoir été signifié au débiteur 08 jours avant la saisie. L’huissier invite le tiers
à déclarer les biens qu’il détient pour le compte du débiteur et éventuellement ceux qui auraient
déjà fait l’objet d’une saisie antérieure. Il dresse un inventaire des biens saisis sur Procès-verbal
qui doit être signifié au débiteur dans le délai de 08 jours à compter de la saisie.

L’acte de dénonciation indique au débiteur qu’il dispose d’un délai d’un mois pour procéder à la
vente amiable. Dans ce délai, si le débiteur trouve des éventuels acquéreurs, il doit en informer
l’huissier, lui indiquer leurs adresses et identités et le délai dans lequel ils offrent de payer le prix

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propre. L’huissier doit à son tour informer les créanciers qui disposent également du délai de 15
jours pour accepter ou refuser le prix proposé. En cas d’acceptation, le prix est consigné entre les
mains de l’huissier. En cas de refus, la vente amiable devient impossible, mais le débiteur pourra
mettre en œuvre la responsabilité du créancier saisissant s’il démontre que ce refus est inspiré par
l’intention de nuire (Article 119).

La vente forcée des biens est précédée par la Publicité qui se fait par apposition des placards (à la
mairie, au marché voisin du lieu du domicile du débiteur et éventuellement annonce par voie de
presse écrite ou orale.

L’adjudication est faite au plus offrant et dernier enchérisseur après trois criées. Le prix de vente
doit être payé au comptant, faute de quoi l’objet est revendu à la folle enchère de l’adjudicataire.

La saisie des récoltes sur pied porte sur les fruits non encore recueillis et les récoltes non encore
détachées du sol mais qui sont proches de la maturité. Ces fruits et récoltes doivent alors être
pendants par racines et par branches. En principe, ils sont alors immeubles et devraient faire l’objet
d’une saisie immobilière. Mais pour éviter des lourdes formalités de la saisie immobilière et pour
tenir compte de leur nature périssable, le législateur leur a aménagé un type de saisie particulier.

La procédure est calquée sur celle de la saisie-vente de droit commun : Commandement – Procès-
verbal de saisie (comportant la description du terrain) – Pas de vente amiable – Publicité.

La saisie vente des droits d'associés et valeurs mobilières est également précédée d’un
commandement signifié au débiteur 08 jours avant la saisie. Elle est pratiquée entre les mains du
tiers détenteur des valeurs mobilières et des droits d’associés. Elle est dénoncée au débiteur 08
jours après avoir été pratiquée.

La vente des droits d’associés et valeurs mobilières doit être précédée de deux formalités : la
publicité par voie de presse et d’affichage au moins 15 jours avant la vente et la rédaction du cahier
de charges dont une copie est notifiée à la société sur laquelle pèse l’obligation d’informer les
associés. Comme en matière de saisie-vente, le débiteur peut opter soit pour la vente amiable, soit
pour la vente forcée des droits d’associés et valeurs mobilières.

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2. Les incidents de la saisie vente

Il est possible que des contestations soient soulevées par rapport à la saisie-vente. Dans ce cas, les
contestations seront portées devant la juridiction du lieu de la saisie. Les incidents peuvent être
soulevés soit par le débiteur, soit par un tiers, soit par des autres créanciers.

Tout d’abord, les créanciers qui réunissent les conditions peuvent se joindre à la saisie-vente déjà
pratiquée sur les biens du débiteur. Pour ce faire, le créancier doit faire opposition et procéder, si
nécessaire, à une saisie complémentaire. Cela étant, les oppositions ne seront plus recevables après
la vérification des biens saisis. Le créancier opposant devra donc recourir à un acte d’opposition,
à savoir, un exploit d’huissier par lequel l’huissier ou l’agent d’exécution doit procéder
verbalement à une seconde saisie. A peine de nullité, l'acte d'opposition doit contenir l'indication
du titre exécutoire en vertu duquel elle est formée, le décompte distinct des sommes réclamées en
capital, frais et intérêts échus ainsi que l'indication du taux d'intérêts.

L'acte d'opposition est signifié au créancier premier saisissant si ce n'est dans le cas où l'opposition
est formée par lui pour ajouter une nouvelle créance ou étendre l'assiette de la saisie antérieure.
Cet acte sera également signifié au débiteur. Il revient au créancier premier saisissant de
poursuivre seul la vente des biens saisis.

Ainsi, l’opposition faite par le créancier peut revêtir la forme soit d’une saisie-adjonction, soit
d’une saisie-complémentaire. Alors qu’une saisie-adjonction consiste dans le fait que le second
créancier va se joindre à la première saisie, la saisie-complémentaire consiste à étendre la saisie
initiale à d’autres biens.

Il existe également des incidents qui peuvent être soulevés par le débiteur, il s’agit de la mainlevée,
de la réduction et du cantonnement.

L’Acte uniforme prévoit la mainlevée amiable et la mainlevée judiciaire. En effet, la mainlevée de


la saisie-vente ne peut résulter que d'une décision de la juridiction compétente ou de l'accord du
créancier saisissant et des créanciers opposants.

41
La mainlevée amiable suppose l’accord du créancier saisissant et du débiteur saisi. Il peut, par
exemple, y avoir eu une compensation ou la prescription d’une créance, ou autre. Pour la mainlevée
judiciaire, il s’agit de la nullité de la saisie qui est prononcée par le tribunal en raison, notamment,
de la violation des règles de fond ou de forme. Il peut également s’agir de contestations relatives
à la saisissabilité des biens compris dans la saisie.

Outre la mainlevée, le débiteur peut demander au tribunal le cantonnement ou la réduction de la


saisie. Le cantonnement peut être défini comme étant le fait de soustraire certains biens de l’assiette
de la saisie. La réduction, quant à elle, est le fait de diminuer le montant de la créance.

Enfin, les tiers peuvent également soulever une contestation. Le tiers qui considère que le bien
saisi est sa propriété peut demander à la juridiction compétente d’en ordonner la distraction.

Dans cette hypothèse, la demande du tiers doit, à peine d'irrecevabilité, préciser les éléments sur
lesquels se fonde le droit de propriété invoqué. Elle est signifiée au créancier saisissant, au saisi et
éventuellement au gardien. Le créancier saisissant met en cause les créanciers opposants par lettre
recommandée avec avis de réception ou tout moyen laissant trace écrite.

Le débiteur saisi est entendu ou appelé.

L'action en distraction cesse d'être recevable après la vente des biens saisis; seule peut, alors, être
exercée l'action en revendication.

Toutefois, le tiers reconnu propriétaire d'un bien déjà vendu peut, jusqu'à la distribution des
sommes produites par la vente, en distraire le prix non diminué des frais.

Paragraphe 2 : La saisie aux fins de réalisation des biens meubles incorporels

En dehors de la saisie vente des droits d’associées et valeurs mobilières, la saisie aux fins de
réalisation des biens meubles incorporels répond à une toute autre logique qui permet d’attribuer
lesdits biens à la personne saisissante. Deux saisies sont identifiées : la saisie des rémunérations et
la saisie des créances

42
A. La saisie des rémunérations

Contrairement aux autres saisies, la saisie des rémunérations n’est pas faite par l’huissier mais par
le greffier.

Ce n’est qu’après une tentative de conciliation, qu’un créancier muni d’un titre exécutoire, peut
faire pratiquer une saisie des rémunérations entre les mains de l’employeur de son débiteur (article
174). Il est rappelé dans une ordonnance de référé que la saisie des rémunérations est soumise à
une tentative de conciliation préalable alors que la saisie attribution ne l’est pas. C’est la loi
nationale de chaque Etat membre qui détermine les proportions saisissables ou susceptibles d’être
cédées (article 177).

B. La saisie attributions des créances

La saisie attribution des créances, plus pragmatique pour toutes les parties, remplace la saisie-arrêt.
Contrairement à la saisie-arrêt qui rend indisponible la totalité des avoirs du débiteur, la saisie-
attribution porte limitativement sur le montant de la créance dont le recouvrement est recherché
(articles 153 à 172). Elle met le créancier à l’abri de tout concours éventuel avec d’autres créanciers
postérieurs. Le tiers saisi remplit parfaitement les obligations découlant pour lui de l’article 154
de l’AURVE en déclarant l’état du compte bancaire du débiteur et en tirant au profit du créancier
saisissant un chèque en paiement des causes de la saisie

Exercice d’application

Commentaire de décision

C.C.J.A, ARRET N° 031/2012 du 22 mars 2012, Affaire : Banque Nationale d’investissement dite
BNI Contre Monsieur TAPE BAROAN

43
Chapitre 2: La saisie immobilière

Le régime de la saisie immobilière est particulièrement complexe, malgré l'effort du législateur de


l'alléger et de la rendre moins coûteuse pour le créancier. Elle est si inquiétante pour les créanciers
que, ceux bénéficiaires de garanties avaient développées des techniques particulières de
contournement qui fort heureusement ont reçues l'assentiment du législateur alors qu'elles étaient
jusque-là interdites. Il s'agit pour le créancier hypothécaire de réaliser sa sûreté autrement que par
la saisie immobilière en se faisant attribuer le bien judiciairement ou conventionnellement en
propriété. Lorsque les conditions de ces mesures spéciales ne sont pas réunies, le créancier n'a
d'autres choix que de recourir à la saisie immobilière qui peut être émaillée d'incidents rendant son
dénouement lointain.

Section 1 : Le déroulement de la saisie immobilière

La saisie immobilière est une matière couverte par un formalisme strict s’imposant au créancier
saisissant et qui fait d'elle une procédure longue et complexe, même en l’absence des incidents.
Les raisons de ce formaliste tiennent au soucis de protection des intérêts en jeu : l'intérêt du
débiteur pour qui l’immeuble constitue le plus souvent un élément important de sa fortune ; l'intérêt
des tiers qui peuvent avoir des droits sur cet immeuble ; l'intérêt des acquéreurs qui ont besoin
d’un droit inattaquable.

Le long parcours procédural imposé a un caractère d’ordre public. Aussi, toute convention
contraire est nulle (art 246 AUPSRVE) sous réserve du pacte commissoire admis avec l'Acte
uniforme portant organisation des sûretés. Aux termes de l'article 198 de cet Acte, à moins qu'il ne
poursuive la vente du bien hypothéqué selon les modalités prévues par les règles de la saisie
immobilière, auxquelles la convention d'hypothèque ne peut déroger, le créancier hypothécaire
impayé peut demander en justice que l'immeuble lui demeure en paiement.

Cette faculté ne lui est toutefois pas offerte si l'immeuble constitue la résidence principale du
constituant". L'article 199 pour sa part dispose qu’« à condition que le constituant soit une personne
morale ou une personne physique dûment immatriculée au Registre du Commerce et du Crédit
Mobilier et que l'immeuble hypothéqué ne soit pas à usage d'habitation, il peut être convenu dans
la convention d'hypothèque que le créancier deviendra propriétaire de l'immeuble hypothéqué.

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A l'issue d'un délai de trente jours suivant une mise en demeure de payer par acte extra-judiciaire
demeurée sans effet, le créancier pourra faire constater le transfert de propriété dans un acte établi
selon les formes requises par chaque État Partie en matière de transfert d'immeuble ». Quant à
l'article 200 du même acte, il précise que « dans les cas prévus aux deux articles précédents,
l'immeuble doit être estimé par expert désigné amiablement ou judiciairement. Si sa valeur excède
le montant de la créance garantie, le créancier doit au constituant une somme égale à la différence.
S'il existe d'autres créanciers hypothécaires, il la consigne. Toute clause contraire est réputée non
écrite. »

En dehors de ces hypothèses exceptionnelles, le créancier hypothécaire devra saisir l'immeuble en


respectant les conditions fixées par l'AUPSRVE.

Paragraphe 1 : Les conditions de la saisie immobilière

Certaines conditions de la saisie immobilière tiennent à la qualité des personnes impliquées tandis
que d'autres sont relatives aux biens.

A. Les conditions tenant à la qualité des personnes impliquées

Les personnes impliquées au premier chez sont le saisissant le débiteur saisi.

Le créancier saisissant est tout créancier hypothécaire, chirographaire ou privilégié. Le droit du


créancier chirographaire est cependant limité par l’art 28, al 2 qui indique qu’il ne peut procéder à
l’expropriation forcée des immeubles qu’après avoir commencé l’exécution sur les biens meubles
et en cas d’insuffisance de ceux-ci pour couvrir sa créance.

Le créancier doit être muni d'un muni d’un titre exécutoire constatant une créance certaine et
liquide et exigible. La poursuite ou la saisie peut avoir lieu en vertu d’un jugement provisoire ou
définitif, exécutoire par provision, nonobstant appel mais l’adjudication ne peut se faire qu’après
jugement définitif ou passé en force de chose jugée.

Le débiteur saisi quant à lui doit être propriétaire de l’immeuble. Cependant, lorsque le débiteur
est dans une indivision, ses créanciers ne peuvent mettre en vente sa part avant le partage ou la

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liquidation de cette indivision. Article 249 AUPSRVE. Si l'on est en présence de biens communs,
la saisie est poursuivie contre les deux époux. Article 250 AUPSRVE.

La saisie peut être pratiquée entre les mains du tiers détenteur ou du nouvel acquéreur. C’est le cas
d’un débiteur qui transmet au tiers la propriété d’un immeuble alors que cet immeuble avait été
hypothéqué. Le créancier hypothécaire en vertu du droit de suite peut saisir entre les mains de ce
tiers.

B. Les biens concernés

L’Acte Uniforme ne dresse pas la liste des immeubles pouvant faire l’objet d’une saisie. On
considère généralement tous les biens susceptibles d’être hypothéqués peuvent être saisis :
immeubles par nature, par destination, droits réels immobiliers).

L’immeuble doit être immatriculé (enregistré), à défaut d’immatriculation, si la législation


nationale la prévoit, le créancier est tenu de la requérir après y avoir été autorisé par décision du
Président de la juridiction compétente.

Lorsque la valeur de(s) immeuble(s) saisi(s) dépasse notablement le montant de la créance, le


débiteur a la possibilité d’obtenir de la juridiction compétente qu’il soit sursis aux poursuites sur
un ou plusieurs immeubles désignés dans le commandement. (art 264).

Lorsque le débiteur justifie, par baux authentiques, que le revenu net et libre de ses immeubles
pendant une année suffit pour le payement de la dette en capital, intérêts et frais, et s’il en offre
délégation au créancier, la poursuite peut être suspendue par le juge, sauf à être reprise s’il survient
quelque opposition ou obstacle au payement.

Paragraphe 2 : La saisie proprement dite et la vente de l'immeuble

A. La saisie proprement dite

Elle est déclenchée par la signification du commandement aux fins de saisie. Outre les indications
communes à tous les actes d’huissier, le commandement contient, à peine de nullité, 6 mentions
autres art 254 AUPSRVE :

46
1° /: la reproduction ou la copie du titre exécutoire et le montant de la dette ainsi que les noms,
prénoms et adresses des personnes impliquées.

2°/ : la copie du pouvoir spécial de saisie donnée à l’huissier ;

3°/ : l’avertissement que, faute de payer dans les 20 jours, le commandement pourra être transcrit
et vaudra saisie à partir de sa publication.

4°/ : L’indication de la juridiction où l’expropriation sera poursuivie;

5°/ : le numéro du titre foncier et l’indication de la situation des immeubles

6°/ : la constitution de l’avocat chez lequel le créancier poursuivant élit domicile et où devront être
notifiés les actes d’opposition au commandement, offres réelles et toutes significations relatives à
la saisie.

Les énonciations figurant dans l’article 254 sont exigées à peine de nullité du commandement.

Après la signification au débiteur, le commandement doit être déposé à la Conservation foncière


dans les 3 mois à compter de la signification, pour obtenir son inscription dans le livre foncier. En
cas de payement, le commandement vaut saisie à compter de son inscription. Cette inscription vaut
publication et se prouve par un certificat d’inscription du commandement délivré par le
Conservateur. Cette Saisie immobilière doit être publiée par le Conservateur.

Les effets de la publicité sont les suivants : l'indisponibilité l’immeuble saisi ; ma restriction du
droit de jouissance et d’administration du débiteur saisi (si le débiteur occupe personnellement
l’immeuble, il est constitué séquestre judiciaire. Les fruits de l’immeuble il les perçoit pour le
compte de(s) créancier(s)), il répond civilement et pénalement des actes de dégradation et de
diminution de la valeur du fonds saisi); immobilisations des fruits de l’immeuble saisi pour être
distribué avec le prix entre créancier.

Lorsque l'immeuble est détenu par un tiers, le commandement lui est signifié avec sommation, soit
de payer l’intégralité de la dette en principal et intérêt ; soit de délaisser l’immeuble hypothéqué ;
soit de subir la procédure d’expropriation.

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B. La vente de l'immeuble

Après accomplissement de certaines formalités (ou phase préparatoire (1), la vente de l’immeuble
saisi a lieu par voie d’adjudication (2). Elle peut être remise en cause par la procédure de
surenchère (3)

1. Les formalités préparatoires

Vu l’importance des intérêts qui sont en jeu, le Législateur régional a prévu :

- La rédaction et le dépôt d’un cahier des charges

Pour permettre au débiteur, aux créanciers inscrits et aux éventuels enchérisseurs d’avoir des
informations sur les conditions de la vente, le cahier des charges est redigé et signé par l’avocat du
créancier poursuivant. Il est déposé au greffe de la juridiction dans laquelle se trouve l’immeuble
dans un délai de 50 jours à peine de déchéance à compter de la publication du commandement.

Le cahier des charges précises les conditions et modalités de la vente.

L’art 267 précise les mentions sous peines de nullité qui doivent figurer dans le cahier des charges.

Ainsi dans les 8 jours au plus tard après le dépôt, le créancier saisissant fait sommation au saisi et
aux créanciers inscrits de prendre communication, au greffe, du cahier des charges et d’y faire
insérer leurs dires. Cette sommation est signifiée, au débiteur à personne ou à domicile et aux
créanciers inscrits à domicile élu. L’Acte uniforme indique également les mentions qui doivent
figurer sur la sommation.

- L’Audience éventuelle

L’Acte uniforme a réellement innové en introduisant dans la procédure de saisie immobilière une
nouvelle étape constituée par l’audience éventuelle. Destinée à examiner les dires et observations,
l’audience éventuelle ne peut avoir lieu moins de 30 jours après la dernière sommation (art. 270 –
1°). Lors de l’audience éventuelle, la juridiction compétente peut prendre d’office certaines
mesures. Elle peut ainsi ordonner la distraction de certains biens saisis s’il apparaît que la valeur

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globale des biens se révèle disproportionnée par rapport au montant des créances à recouvrer. Elle
peut aussi modifier le montant de la mise à prix si celle-ci est fixée en violation des dispositions
de l’article 267-10. Dans ce cas, elle informe les parties de son intention et les invite à fournir leurs
observations dans un délai maximum de 5 jours.

- La publicité

Lorsque le cahier des charges est définitif, il est procédé à la publicité de la vente par voie de presse
et d’affichage 30 jours au plus tôt et 15 jours au plus tard avant l’adjudication.

2. L’adjudication

C’est l’opération de la vente aux enchères proprement dite. Elle a lieu aux enchères publiques à la
barre de la juridiction compétente ou en l’étude du notaire convenu. (art. 282).

Celui qui fait l’offre la plus importante est déclaré adjudicataire.

Pendant que l’opération des offres commence, on allume 3 bougie (d’environ une minute) l’une
après l’autre.

L’enchère ne devient définitive et n’entraîne l’adjudication que s’il n’en survient pas une nouvelle
avant l’extinction de 2 bougies.

Toute personne peut se porter enchérisseur. Seulement, sous peine de nullité de l’adjudication, les
personnes ci-après sont interdites :

- Le saisi et les personnes notoirement insolvables sont exclues ;

- Le tuteur devenir adjudicataire d’un bien de son pupille ;

- Les membres de tribunal devant lequel se poursuit la vente ;

- L’avocat du poursuivant ( 284 à lire)

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3. La possibilité de surenchère

Après que l’adjudicataire soit connu, dans les 10 jours qui suivent, la surenchère peut avoir lieu.

Toute personne peut, dans les dix jours qui suivent l’adjudication, faire une surenchère pourvu
qu’elle soit du dixième au moins du prix principal de la vente. Art 287

Les biens sont adjugés à celui qui a porté l’enchère la plus élevée par décision judiciaire ou PV du
Notaire porté en minute à la suite du cahier des charges.

Paragraphe 3 : La distribution du prix de la vente de l’immeuble

La vente de l’immeuble débouche sur la distribution du prix aux créanciers. Deux situations
peuvent se présenter soit il existe un seul créancier soit il y en a plusieurs.

A. L’existence d’un seul créancier

Si l’on est en présence d’un seul créancier (art. 324 AUPSRVE), le produite de la vente lui est
remis à concurrence du montant de sa créance, évalué en principal, intérêts et frais, dans les quinze
(15) jours du versement du prix.

A l’expiration de ce délai, les sommes qui sont dues produisent intérêt au taux légal. Si le prix de
la vente, après déduction de la créance, il se dégage un solde, celui-ci revient au débiteur.

A l’inverse, si le prix est insuffisant pour désintéresser le créancier, il sera payé partiellement après
déduction des frais de justice.

Le créancier a la possibilité d’engager une nouvelle action sur d’autres biens du même débiteur en
recouvrement forcée de la partie de la créance restante. Toutefois, l’exécution est poursuivie en
premier lieu sur les biens meubles, et en cas d’insuffisance sur les immeubles. (art. 28, al.2
AUPSRVE)

B. La pluralité de créancier

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En cas de pluralité de créanciers qu’ils soient hypothécaire, chirographaire ou privilégié, la loi
donne la possibilité à ces derniers de trouver une attente dans la répartition consensuelle du prix
de la vente (art. 325 AUPSRVE).

En cas d’accord unanime, ils doivent en consigner les termes dans une convention sous seing privé
ou sous forme authentique au greffe ou à l’auxiliaire de justice qui détient les fonds. Ainsi le
partage se fera dans les quinze (15) jours à compter de la réception de l’accord et dans le même
délai, le solde est remis au débiteur.

A l’expiration de ce délai, les sommes qui sont dues produisent intérêt au taux légal.

Si, dans le délai d’un (1) mois qui suit le versement du prix de la vente par l’adjudicataire, les
créanciers n’ont pu parvenir à un accord unanime, le plus diligent d’entre eux saisit le président de
la juridiction du lieu de la vente ou le magistrat délégué par lui afin de l’entendre statuer sur la
répartition du prix. (art. 326 AUPSRVE).

L’acte de saisine indique la date de l’audience et fait sommation aux créanciers de produire c’est-
à dire d’indiquer ce qui leur est dû, le rang auquel ils entendent être colloqué et de communiquer
toute pièces justificatives.

La décision de répartition de prix est susceptible d’appel dans un délai de quinze (15) jours à
compter de la signification. Cependant, cet appel n’est recevable que si le montant de la somme
contestée est supérieure au taux des décisions judiciaires rendues en dernier ressort.

Lorsque le débiteur est in bonis (l’immeuble est vendu en garantie d’une sûreté).

L’ordre de distribution du prix est réglé par l’article 225 de l’acte uniforme organisation des
sûretés(AUS) comme suit :

- Les créanciers des frais de justice engagés pour la réalisation du bien vendu et à la
distribution du prix ;

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- Les créanciers de salaires super privilégiés ;

- Les créanciers hypothécaires selon le rang d’inscription ;

- Les créanciers munis d’un privilège général soumis à publicité chacun selon son rang
d’inscription au registre de commerce et de crédit mobilier ;

- Les créanciers munis d’un privilège général non soumis à publicité dans l’orde établi par
l’article 107 :

¤ les frais d’inhumation,

¤ les fournitures de substance ;

¤ les sommes dues aux travailleurs et apprentis ;

¤ les droits d’auteur ;

¤ les créanciers fiscales, douanières et sécurité sociale non soumises à la publicité.

- Les créanciers chirographaires munis d’un titre exécutoire saisissants ou opposants.

Lorsque le créancier est en cessation de payement (art. 116 AUS),

La répartition se fera suivant l’ordre suivant :

- les frais engagés pour la réalisation du bien vendu et la distribution du prix ;

- les créances de salaires super privilégiés ;

- les créanciers hypothécaires selon le rang d’inscription ;

- les créanciers contre la masse, il s’agit ici des créances nées, après la décision d’ouverture
de la procédure collective d’apurement du passif, de la continuation de l’activité et de toute activité
régulière du débiteur ou du syndic.

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- les créanciers munis d’un privilège général soumis à publicité chacun selon son rang
d’inscription au registre de commerce et de crédit mobilier ;

- les créanciers munis d’un privilège général non soumis à publicité dans l’ordre établi par
l’article 107 :

¤ les frais d’inhumation ;

¤ les fournitures de subsistance ;

¤ les sommes dues aux travailleurs et apprentis ;

¤ les droits d’auteur ;

¤ les créances fiscales, douanière et sécurité sociale nos soumises à publicité.

- Les créanciers chirographaires munis d’un titre exécutoire saisissants ou opposants.

En cas d’insuffisance pour désintéresser les créanciers, l’exécution est poursuivie en premier lieu
sur les biens meubles, et en cas d’insuffisance sur les immeubles. (art. 28, al.2 AUPSRVE).

Section 2 : Les incidents de la saisie immobilière

L’Acte uniforme portant organisation des procédures simplifiées de recouvrement et des voies
d’exécution comporte un chapitre (art. 289 à 323) exclusivement consacré aux incidents. Il
convient de cerner avec précision la notion d’incidents, car il existe une réglementation spécifique
applicable aux seules contestations qualifiées incidents de la saisie immobilière.

Paragraphe 1 : La notion d’incident

La principale difficulté est liée à la définition même de la notion d'incidents. Les articles 298 et
suivants de l'AU sont la copie presque des articles 718 et suivant de l'ancien Code de Procédure

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Civile français. L'AU, comme l'ancien Code de Procédure Civile français, utilise l'expression mais
ne la définit pas. Il sera donc nécessaire de choisir entre les deux conceptions envisageables.

Dans une conception extensive, on qualifie d'incident de la saisie immobilière toute demande née
au cours de la procédure de saisie et de nature à exercer sur elle une quelconque influence. Une
telle conception englobe, dans la catégorie des incidents, non seulement les contestations de pure
procédure, mais aussi les contestations liées au fond du droit.

Face à cette conception extensive, la conception dite restrictive ne considère comme incidents de
la saisie que les seules contestations nées de la procédure de saisie ou qui s'y réfèrent directement
et qui sont de nature à exercer une influence immédiate et directe sur la procédure. C'est à cette
seconde conception que s'est raillée la cour de cassation(France) depuis un arrêt du 21 mai 1954.
Une abondante jurisprudence se rattachant à cette conception s'est développée ultérieurement. Pour
la cour de cassation, n'ont pas le caractère d'incidents de saisie immobilière les contestations
extérieures ou antérieures à la procédure de saisie. Tel est le cas des incidents se produisant avant
la saisie et les incidents qui, n'ayant pas pour cause la saisie, peuvent se retrouver dans toutes les
instances. Le rejet, par la cour de cassation, de la conception extensive est justifié, car cette
conception présente des inconvénients qui se manifestent notamment en matière de voies de
recours.

L'adoption de la conception extensive aurait conduit, en considérant certaines contestations


relatives au fond du droit comme des incidents et à soumettre les décisions qui les concernent au
régime restrictif de l'article 731 du Code de Procédure Civile français, qui interdit l'opposition et
limite de l'appel.

Paragraphe 2 : Les différents incidents

L’Acte uniforme envisage 4 types d’incidents : les incidents nés de la pluralité de saisie, les
demandes en distraction, les demandes en annulation et la folle enchère.

A. La pluralité de saisies

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Lorsque plusieurs créanciers poursuivent le même débiteur, il y a le plus souvent jonction, les
poursuites étant menées pour le compte de tous par le premier saisissant. Mais il y a des hypothèses
où un autre créancier demande à être subrogé dans les poursuites.

Il faut observer tout d’abord que lorsqu’un créancier entend saisir un immeuble ayant déjà fait
l’objet d’une saisie, il ne peut mener une seconde poursuite indépendante de la première. C’est une
application de la règle « saisie sur saisie ne vaut ». Il résulte de la combinaison des alinéas 2 et 3
de l’article 260 que le conservateur dans une telle hypothèse, ne peut publier le second
commandement ; il se borne à le mentionner en marge de la première transcription ; il doit
également constater en marge et à la suite de ce second commandement son refus de transcription.

Ce système de mentions réciproques permet à tous les créanciers de se connaître. La procédure est
poursuivie par le premier saisissant, mais la radiation ne peut être opérée sans le consentement des
créanciers postérieurs révélés (article 260).

Il faut dire que cette situation ne constitue pas véritablement un incident ; en effet, non seulement
elle ne n’implique pas l’intervention du tribunal, mais elle n’est pas envisagée par les dispositions
consacrées aux incidents.

En matière de pluralité de saisies, l’Acte uniforme n’envisage que deux situations constitutives
d’incidents.

La première situation correspond à celle où deux ou plusieurs créanciers ont fait publier des
commandements relatifs à des immeubles différents appartenant au même débiteur et dont la saisie
est poursuivie devant la même juridiction (article 302). Dans une telle situation, les poursuites sont
réunies à la requête de la partie la plus diligente et continuées par le premier saisissant.

La seconde situation correspond à celle où le second commandement englobe, outre l’immeuble


de la première saisie, d’autres immeubles. Dans ce cas le 2e saisissant est tenu de dénoncer son
commandement au premier saisissant lequel poursuit les deux saisies si elles sont au même état ;
dans le cas contraire, il sursoit à la sienne, poursuit la deuxième afin de la mettre au même niveau
; les deux saisies seront alors réunies devant la juridiction de la première saisie.

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Il est possible d’envisager la subrogation de poursuite.

Le premier cas de subrogation est prévu par l’article 304 qui envisage l’hypothèse où le premier
saisissant à qui une seconde saisie est dénoncée s’abstient de diriger les poursuites. Dans ce cas le
second saisissant peut, par un acte écrit adressé au conservateur, demander la subrogation.

Le second cas de subrogation est prévu par l’article 305. Ce texte autorise la demande de
subrogation s’il y a collusion, fraude, négligence ou autre cause de retard imputable au saisissant.
Une telle demande ne peut intervenir que 8 jours après une sommation infructueuse de continuer
les poursuites faites par acte d’avocat à avocat aux créanciers dont les commandements ont été
antérieurement mentionnés à la conservation de la propriété foncière.

La mise en cause du saisi n’est pas nécessaire.

En cas de subrogation, la procédure est reprise par le subrogé ; celui-ci la continue à partir du
dernier acte utile ; il ne la recommence pas. Pour lui permettre d’accomplir sa tâche, l’article 306
al 2 impose au poursuivant initial de lui remettre les pièces de la procédure.

A partir de ce moment la poursuite se fait « aux risques et périls du subrogé ». Cette formule
signifie que le subrogé pourra notamment être déclaré adjudicataire pour le montant de la mise à
prix. C’est pourquoi l’article 307 lui permet de modifier la mise à prix fixée par le poursuivant, à
condition de recommencer la publicité de la vente avec la nouvelle mise à prix, si la publicité avait
déjà été effectuée.

B. Les demandes en distraction

La distraction est l’incident de la saisie immobilière par lequel un tiers qui se prétend propriétaire
de l’immeuble cherche à le soustraire à la saisie.

L’incident ne peut être provoqué que par un tiers. En effet l’article 308 al 1er réserve le droit
d’introduire cette demande en distraction au tiers qui n’est tenu ni personnellement de la dette, ni
réellement sur l’immeuble.

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La demande en distraction fait partie des incidents qui peuvent être présentés après l’audience
éventuelle, mais seulement jusqu’au 8e jour avant l’adjudication.

La demande en distraction suspend les poursuites si elle porte sur la totalité des biens.

En revanche si elle porte sur une partie des biens saisis il pourra être procédé à l’adjudication du
surplus, mais le tribunal peut à la demande des parties intéressées, ordonner le sursis pour le tout.

En cas de distraction partielle, le poursuivant est admis à changer la mise à prix portée au cahier
des charges

C. Les demandes en annulation (articles 311 et suivants)

Les demandes en nullité constituent les incidents les plus fréquents de la saisie immobilière, car
les conditions de fond et de forme sont très nombreuses.

Il existe deux cas de nullité : d’une part les nullités pour vice de fond ; d’autre part les nullités pour
vices de forme qui sanctionnent les actes irrégulièrement accomplis. Il faut combiner les articles
299 al 2 et 311 al.1er pour avoir une idée du délai dans lequel les moyens de nullité doivent être
soulevés.

Lorsqu’il s’agit de demande dirigée contre la procédure qui précède l’audience éventuelle, il faut
un dire annexé au cahier des charges cinq jours au plus tard avant la date fixée pour cette audience
; il n’en serait autrement que si la cause de nullité était découverte postérieurement à cette
audience.

Lorsqu’il s’agit de demande dirigée contre la procédure suivie à l’audience éventuelle, elle peut
être présentée après l’audience éventuelle, mais seulement jusqu’au 8e jour avant l’adjudication.

Il y a un cas particulier visé par l’article 313, mais on peut se demander s’il s’agit réellement d’un
incident car il concerne une demande introduite après l’adjudication. C’est la demande en nullité
de la décision judiciaire ou du procès-verbal notarié d’adjudication. Une telle demande peut être
faite par voie d’action principale en nullité portée devant la juridiction compétente dans le ressort

57
de laquelle l’adjudication a été faite. Cette demande doit être faite dans le délai de 15 jours à
compter de l’adjudication.

Les effets de la nullité de la procédure suivie sont déterminés par l’article 311 al.1er. Selon ce texte
si les moyens de nullité sont admis, la procédure peut être reprise à partir du dernier acte valable
et les délais pour accomplir les actes suivants courent à la date de la signification de la décision
judiciaire qui a prononcé la nullité.

S’il s’agit de la nullité de la décision d’adjudication, le jugement d’annulation a pour effet


d’invalider la procédure à partir de l’audience éventuelle ou postérieurement à celle-ci selon les
causes de l’annulation.

D. La folle enchère

La folle enchère est une procédure qui sanctionne l'inexécution, par l'adjudicataire, de ses
obligations par l'anéantissement de son titre et la réalisation consécutive d'une nouvelle
adjudication.

Elle est à la fois une résolution judiciaire et un incident de saisie.

a) Conditions d’ouverture de la folle enchère

La folle enchère est ouverte lorsque l'adjudicataire:

1) Ne justifie pas, dans les vingt jours suivant l'adjudication, qu’il a payé le prix, les frais et satisfait
aux conditions du cahier des charges (art.314 al2 AUPSRVE) ;

2) Ne fait pas publier la décision judiciaire ou le procès-verbal notarié d'adjudication à la


conservation foncière dans les deux mois à compter de la date du prononcé de la décision
prononçant l’adjudication définitive (art. 314 al.2, 294 AUPSRVE) .

b) Personnes habilitées :

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La folle enchère peut être intentée dit l’article 315 de l’Acte uniforme, par le débiteur saisi, le
créancier poursuivant et les créanciers inscrits et chirographaires.

Elle est formée contre l’adjudicataire et éventuellement, ses ayant causes.

Elle n’est soumise à aucun délai.

Toutefois, elle ne peut plus être intentée ni poursuivie lorsque les causes d’ouverture de cette action
ont disparu sous réserve des dispositions de l’article 320.

Aux termes de ce dernier, jusqu’au jour de la revente, si le fol enchérisseur justifie qu’il a exécuté
les conditions de l’adjudication et consigne une somme suffisante, fixée par le président de la
juridiction compétente, pour faire face aux frais de la procédure de folle enchère, il n’y a pas de
nouvelle adjudication.

Cette disposition s’interprète dans le sens où le fol enchérisseur (adjudicateur) exécute les
conditions de l’adjudication en cours de la procédure engagée de folle enchère. Cette dernière ne
sera pas arrêtée à moins que le fol enchérisseur consigne une somme suffisante fixée par le
président de la juridiction chargée de la vente pour faire face aux frais générés par la procédure de
la folle enchère, c’est à cette condition que la nouvelle adjudication n’aura pas lieu.

Dans l’hypothèse où, le fol enchérisseur a failli et qu’il y a lieu de poursuivre la procédure, il sera
organisé une nouvelle publication aux fins d’adjudication, dans les formes prévues par la loi
(art.316 à 323 AUPSRVE). Le fol enchérisseur ne peut enchérir sur la nouvelle adjudication.

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