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Archives de pédiatrie 14 (2007) 1137–1151

Conduite à tenir en cas de « convulsions »


néonatales
Management of neonatal seizures

A. Kaminska a,b,c,d,*, J. Mourdie f, C. Barnerias e, N. Bahi-Buisson e,c,d,


P. Plouin b,c,d, C. Huon f
a
Service d’explorations fonctionnelles neurologiques, APHP, groupe hospitalier Cochin–Saint-Vincent-de-Paul, 74, avenue Denfert-Rochereau,
75014 Paris, France
b
Unité d’explorations neurologiques fonctionnelles, APHP, hôpital Necker–Enfants-Malades, 149, rue de Sèvres, 75015 Paris, France
c
Inserm, U663, Paris, 75015 France
d
Université René-Descartes, Paris-V, Paris, 75005 France
e
Service de neuropédiatrie et maladies métaboliques, APHP, hôpital Necker–Enfants-Malades, France
f
Service de néonatologie, hôpital Louis-Mourier, 178, rue des Renouillers. 92701 Colombes, France

Disponible sur internet le 13 juin 2007

Résumé

Cette revue a pour but d’exposer la classification nosologique des « convulsions » néonatales, de préciser leurs
causes, leur pronostic et de proposer une conduite diagnostique et thérapeutique. Les crises peuvent être de nature
épileptique ou non, être occasionnelles ou entrer dans le cadre d’une maladie épileptique ou métabolique.
L’électroencéphalogramme (EEG) a un rôle essentiel. En effet, il permet de confirmer le caractère épileptique des
crises, d’en évaluer le pronostic, de guider le traitement et parfois de contribuer au diagnostic. Le bilan doit être
complété par l’imagerie (IRM) et par d’autres examens en fonction de l’orientation diagnostique. Il est essentiel d’aller
le plus loin possible dans la recherche étiologique et de ne pas attribuer à une cause occasionnelle (en particulier à
une encéphalopathie anoxo-ischémique dont les critères diagnostiques sont stricts) des convulsions d’autre origine,
génétique ou en rapport avec une pathologie maternelle. Le traitement comprend plusieurs volets : le traitement de
la cause des crises, le cas échéant celui des pathologies associées, le soutien des grandes fonctions vitales, et enfin le
traitement antiépileptique. Il repose, pour les crises occasionnelles, en premier lieu, sur le phénobarbital, puis sur
l’utilisation d’autres produits dont l’effet est immédiat, et sur le pronostic à long terme demande à être évalué de
façon très rigoureuse. À côté des crises occasionnelles, les syndromes épileptiques à début néonatal et des maladies
métaboliques sont une cause rare des crises néonatales. Les reconnaître permet d’établir le pronostic, de débuter
rapidement un traitement approprié et spécifique en fonction du syndrome épileptique et, quelques fois, de proposer
un diagnostic anténatal. Les erreurs innées du métabolisme sont importantes à reconnaître et nécessitent une prise
en charge urgente et spécialisée. Un pronostic globalement mauvais, des convulsions néonatales dépendent
essentiellement de la cause des crises et, probablement aussi à un moindre degré, de leur persistance.
© 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Abstract

The aim of this review is to focus on the nosological classification of neonatal « convulsions », to precise the
underlying aetiologies and the prognosis, and to propose diagnostic and therapeutical approach. Seizures may be
epileptic or not, they may be occasional, part of an epilepsy syndrome or associated to a metabolic disease.

* Auteur correspondant. Service d’explorations fonctionnelles pédiatriques, hôpital Saint-Vincent-de-Paul, 74–82, avenue Denfert-Rochereau,
75674 Paris cedex 14, France.
Adresse e-mail : anna.kaminska@svp.aphp.fr (A. Kaminska).

0929-693X/$ - see front matter © 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/S0929-693X(07)00308-9
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Electroencephalography plays a central role; it enables to confirm the epileptic nature of the ictal events, it allows to
evaluate the prognosis and to guide the treatment decision, and sometimes may help in the etiological diagnosis.
Work up should include cerebral imaging (MRI) completed by other exams according to the diagnostic hypothesis. It
is essential to go as far as possible in the etiological work-up not to attribute convulsions to an occasional event as HIE
in which criteria remain very strict, when convulsions could be due to genetic origin or to maternal pathology.
Treatment decision should comprise different ways: treatment of the underlying cause, of the eventual associated
pathologies, maintenance of vital functions and antiepileptic treatment. Phenobarbitone remains the first line drug in
occasional seizures, and second line drugs for which further studies are needed both for immediate and long-term
secondary effects. Besides occasional seizures epilepsy syndromes and metabolic diseases remain exceptional.
Nevertheless recognition of these conditions allows to establish the prognosis and to start immediately with an
appropriate and specific medication depending on the epilepsy syndrome and can contribute to a prenatal diagnosis.
It is important to recognize the inborn errors of metabolism because emergency appropriate treatment is required.
Prognosis which is generally bad is essentially related to the underlying aetiology and probably to the duration of the
active period of seizures.
© 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Convulsions néonatales

1. INTRODUCTION 2. DIAGNOSTIC POSITIF


2.1. Terminologie
Chez le nouveau-né, les crises sont plus fréquentes qu’à Les crises sont suspectées devant des manifestations
n’importe quel autre moment de la vie. Leur incidence varie cliniques anormales répétées, stéréotypées ou non, de du-
selon la population et les critères diagnostiques (avec ou rée plus ou moins longue. Elles peuvent être isolées ou
sans confirmation EEG), de 1,5/1000 chez le nouveau-né à survenir dans un contexte clinique d’encéphalopathie
terme à 57/1000 chez le prématuré et le nouveau-né de (anamnèse évocatrice, hyperexcitabilité, hypotonie ou
faible poids de naissance (< 1500 g), avec une moyenne de coma, autres anomalies de l’examen neurologique). Le
3,5/1000 naissances vivantes [1,2]. Elles surviennent au terme classique de « convulsions », qui signifie contraction
cours de la première semaine dans 80 % des cas, le plus spasmodique intéressant toute la musculature du corps (La-
souvent dans les deux premiers jours. Leur expression rousse), souvent utilisé pour parler des crises néonatales,
électroclinique diffère de celle du nourrisson ou des enfants semble inapproprié car il se limite aux crises qui ont des
plus grands ; elle est liée au caractère immature du cerveau manifestations motrices.
du nouveau-né et à l’étiologie. Elles peuvent être classées en Plusieurs classifications ont été proposées dans la littéra-
différents groupes, en fonction de leur type, de leurs méca- ture anglo-saxonne, comportant ou non une confirmation
nismes physiopathologiques et de leur étiologie. EEG-vidéo [3,6]. Elles distinguent des crises néonatales
d’origine « épileptique », des « crises non épileptiques » et
Les crises néonatales sont associées à un risque élevé des « manifestations paroxystiques non épileptiques » du
d’infirmité motrice cérébrale, d’épilepsie et même de décès, nouveau-né, telles les trémulations, les myoclonies du som-
surtout chez le prématuré, mais le pronostic semble plus lié meil calme, l’hyperekplexia. Des arguments cliniques peu-
à l’étiologie et à l’étendue des lésions cérébrales qu’aux vent orienter vers une origine épileptique ou non des crises,
crises elles-mêmes [3–5]. mais la confirmation de leur origine épileptique requiert
l’enregistrement d’une décharge EEG concomitante (aplatis-
En pratique, les cliniciens doivent mener plusieurs actions sement du tracé ou des pointes ou d’ondes rythmiques).
en même temps : L’enregistrement vidéo permet une analyse sémiologique
• reconnaître les crises, leur origine épileptique ou non, ce détaillée et le couplage EEG-vidéo, une meilleure corrélation
qui peut être difficile en raison de leur expression souvent électroclinique.
frustre ou atypique. L’électroencéphalogramme et mieux On parle de dissociation électroclinique lorsqu’il existe
l’EEG-vidéo sont indispensables au diagnostic ; des décharges sans manifestation clinique (décharges criti-
• rechercher leur cause réelle, sans les attribuer de façon ques infracliniques) ou, à l’inverse, de crises cliniques sans
abusive à une pathologie anoxo-ischémique, périnatale traduction EEG.
par exemple ; Les crises sont considérées « non épileptiques »
• traiter les crises en gardant comme objectif l’amélioration lorsqu’elles ne s’accompagnent pas de décharge à l’EEG ;
du pronostic à long terme ; elles traduisent alors le plus souvent une encéphalopathie
• évaluer le pronostic sur des arguments apportés par la sévère et/ou des lésions diffuses du cortex cérébral.
clinique mais surtout par l’EEG et l’imagerie ; Il n’y a pas de définition précise de l’état de mal néonatal.
• informer la famille. En pratique, on parle d’état de mal si les manifestations
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cliniques, EEG ou électrocliniques durent ou sont récurren- pourraient être interprétées comme une perte de contrôle
tes pendant plus de 15 minutes [3]. de ces centres par le cortex cérébral lésé.
Des mouvements anormaux pouvant s’apparenter aux
2.2. Sémiologie des crises néonatales crises non épileptiques telles les trémulations très amples
avec hypertonie des membres, maintien des attitudes, péda-
Différents types de manifestations motrices peuvent être lage, boxe, élévation lente des membres et des accès toni-
observés : crises toniques généralisées, asymétriques ou ques peuvent aussi évoquer une maladie métabolique : défi-
focales (posture tonique asymétrique), cloniques (focales, cit du cycle de l’urée, leucinose ou aciduries organiques
multifocales ou bilatérales et asynchrones), myocloniques (acidurie méthylmalonique, propionique ou isovalérique).
(massives, segmentaires, erratiques), spasmes. Le caractère Dans ces étiologies, d’authentiques crises épileptiques peu-
multifocal et asynchrone des crises cloniques, ainsi que vent être associées.
l’absence de crises généralisées tonicocloniques sont carac-
2.3. Apport de l’EEG
téristiques du nouveau-né par rapport à l’enfant plus grand.
L’autre caractéristique de la période néonatale est la fré-
quence des crises frustes, dites subtle seizures dans la termi-
L’EEG est recommandé si possible dès les premiers
nologie anglo-saxonne. Elles comportent des manifestations
symptômes, avant tout traitement antiépileptique ou sé-
motrices automatiques telles que les mouvements orobuco-
datif, de préférence enregistré en continu et avec vidéo
linguaux (mâchonnements, succion...), ou des manifestations
pendant l’instauration du traitement. Il devrait être répété
oculomotrices (nystagmus, mouvements d’errance ocu-
au moins tous les quatre à six jours jusqu’à normalisation
laire...).
ou stabilisation (recommandations du Groupe de neuro-
D’autres crises ne comportent que des manifestations
physiologie clinique pédiatrique) [8].
vasomotrices ou végétatives (pâleur, cyanose, désaturation,
érythrose, modifications de la fréquence cardiaque et/ou
respiratoire, apnées, élévation de la pression artérielle, sali- Il permet d’affirmer (ou d’infirmer) le caractère épilepti-
vation). Ces subtle seizures, les crises végétatives et les crises que des manifestations cliniques paroxystiques. Il rend possi-
cloniques multifocales sont les types de crises les plus fré- ble l’analyse des phénomènes électrocliniques concomitants ;
quents aussi bien chez le nouveau-né à terme que chez le il détecte les « décharges critiques infracliniques » et aide à
prématuré [5]. Ces différents types de crises peuvent être reconnaître les crises non épileptiques. Lors de la mise en
isolés ou associés et réaliser des états de mal. route d’un traitement anticonvulsivant, c’est l’EEG qui témoi-
Comme chez l’enfant plus grand et l’adulte, la survenue gnera de son efficacité ou au contraire de la persistance de
de crises stéréotypées du point de vue clinique et de l’EEG, crises électrocliniques et/ou de décharges critiques infraclini-
dont la localisation est toujours la même, permet d’orienter ques. L’EEG intercritique permet l’évaluation de la matura-
l’imagerie à la recherche d’une lésion focalisée. C’est le cas tion cérébrale et est de bon pronostic s’il est normal, et de
par exemple des crises symptomatiques d’un accident vas- pronostic péjoratif s’il est très altéré. L’EEG permet l’orien-
culaire cérébral ou d’une malformation corticale focale. tation diagnostique, syndromique et parfois étiologique.
Les décharges critiques infracliniques sont méconnues en S’il est important d’essayer d’obtenir un EEG au plus vite
absence d’enregistrement EEG. Elles peuvent s’observer chez un nouveau-né suspect de crises, en pratique, cela est
dans des situations diverses : parfois impossible. Dans ce cas, il est licite (voir plus bas) de
• en présence d’un traitement antiépileptique ou sédatif prescrire du phénobarbital qui ne modifie que de façon très
ayant un effet dépresseur du système nerveux central ; transitoire le tracé de fond [9].
• en raison de lésions cérébrales sévères et étendues res-
ponsables d’une « déconnexion » entre le cortex et ses 3. DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
voies efférentes. La dissociation électroclinique semble
plus fréquente lors des états de mal [7]. Les crises peuvent être confondues avec d’autres manifes-
Les crises non épileptiques se rencontrent dans un tations paroxystiques, le diagnostic reposant sur des argu-
contexte d’encéphalopathie sévère et/ou en cas des lésions ments cliniques et, si besoin, sur l’enregistrement EEG-vidéo.
diffuses du cortex cérébral et d’anomalies importantes à Les trémulations peuvent être arrêtées par le maintien des
examen neurologique. Leur sémiologie est similaire aux membres et ne s’accompagnent d’aucune décharge critique à
comportements moteurs réflexes automatiques : accès ou l’EEG. Le myoclonus bénin du sommeil calme peut s’observer
postures toniques généralisées, myoclonies, pédalage, boxe, dès la naissance et jusqu’à six semaines de vie ; il n’est présent
nage. Elles peuvent avoir un caractère réflexe, provoqué par que dans le sommeil et comporte des myoclonies segmen-
les stimulations tactiles et proportionnelles à l’intensité de la taires, parfois très fréquentes, intéressant les quatre mem-
stimulation ; elles peuvent éventuellement être stoppées par bres, changeant de côté. Il n’y a aucune manifestation motrice
le maintien ou le repositionnement de l’enfant. Ces crises dans la veille ; l’examen neurologique et l’anamnèse sont
sont probablement générées par les structures sous- normaux ; les myoclonies peuvent être très abondantes et
corticales (centres moteurs réflexes du tronc cérébral) et confondues avec des crises cloniques.
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L’hyperekplexia comporte des sursauts inépuisables pro- sance intra-utérin, postmaturité, anomalies placentaires...).
voqués par les stimulations tactiles ou auditives, en particu- Chez 24 %, il y avait des facteurs de risque à la fois pré- et
lier lors de la percussion de la pyramide nasale et/ou des périnataux. Enfin, dans 2 % des cas, aucun facteur de risque
accès toniques en opisthotonos s’accompagnant de cyanose n’a été retrouvé.
et pouvant durer plusieurs minutes, voire être létales. La En 2004, l’ACOG a proposé de ne plus employer le terme
manœuvre de Vigevano, qui consiste à fléchir le tronc, de « souffrance fœtale » et de n’attribuer une encéphalo-
permet d’arrêter ces accès toniques. Ces crises non épilep- pathie néonatale à une anoxie en cours de travail que si tous
tiques sont à distinguer des manifestations chroniques de la les critères suivants sont réunis : pH artériel au cordon
spasticité ou des manifestations dystoniques. inférieur à 7 avec un déficit de base inférieur ou égal à
12 mM/l, score d’Apgar entre 0 et 3 après cinq minutes de
vie, signes neurologiques et au moins une défaillance d’or-
4. DIAGNOSTIC ÉTIOLOGIQUE gane [15].
En 2005, d’autres critères ont été ajoutés pour affirmer
Le diagnostic étiologique repose sur l’analyse des antécé-
l’origine obstétricale d’une infirmité motrice cérébrale dont
dents familiaux, l’histoire de la grossesse, de l’accouchement
en particulier l’exclusion d’autres étiologies (traumatisme,
et de la période néonatale, l’examen neurologique intercri-
anomalie de la coagulation, infection, pathologies généti-
tique, l’atteinte éventuelle d’autres organes, les examens
ques) [16]. Cela nous impose donc, avant d’affirmer une
biologiques (glycémie, calcémie, ionogramme sanguin, gaz du
origine anoxo-ischémique à des crises survenant dans le
sang [acidose métabolique], lactates, NFS et hémostase
cadre d’une encéphalopathie néonatale, de disposer du
[coagulation intravasculaire disséminée, anémie]), bilan hé-
maximum d’éléments du dossier obstétrical et d’en discuter
patique (cytolyse), l’aspect EEG et l’imagerie dominée par
avec un obstétricien référent.
l’IRM. Les résultats de l’échographie transfontanellaire, nor-
Si l’histoire obstétricale ne suffit pas à expliquer le tableau
maux ou non, devront de toute façon être confirmés par
d’autres examens ; le scanner cérébral a l’avantage de pou- clinique, il faut rechercher des éléments ayant pu fragiliser le
voir être réalisé en urgence chez un enfant instable, mais son fœtus (examen du placenta, recherche d’une hypothyroïdie,
résultat peut être faussement rassurant. Dans certains cas, le d’une thrombophilie chez la mère) ou une autre cause
bilan devra être complété par une recherche de maladie éventuellement génétique chez l’enfant. Il est important de
métabolique ou génétique. ne pas méconnaître une affection familiale et, par consé-
quent, le risque de récurrence, comme un déficit en sulfite
4.1. Crises occasionnelles oxydase qui peut simuler une EAI, voire une pathologie
accessible à un traitement spécifique telle que la pyridoxino-
4.1.1. Encéphalopathie anoxo-ischémique (EAI) dépendance. C’est dire à quel point le diagnostic
d’encéphalopathie anoxo-ischémique exige des critères
stricts de diagnostic.
4.1.1.1. Diagnostic et circonstances de survenue. L’encéphalo- L’examen clinique permet d’évaluer le degré de sévérité
pathie néonatale se définit par l’association chez un de l’encéphalopathie (score de Sarnat, d’Amiel-Tison) [stade
nouveau-né de moins de sept jours d’un niveau de vigilance I : vigilance normale, hyperexcitabilité, tonus normal ; stade
insuffisant, de difficultés à maintenir une ventilation sponta- II : conscience altérée, réflexes primaires et tonus diminués,
née, d’une hypotonie, d’une diminution des réflexes et, ROT vifs, crises ; stade III : coma, hypotonie, aréflexie, état
fréquemment, de crises. Sa fréquence est de 1,8 à 7,7 nais- de mal convulsif, troubles végétatifs] [17,18].
sances pour mille [10].
On a longtemps considéré que la majorité des convul-
sions néonatales (40 à 65 %) étaient en rapport avec une 4.1.1.2. Crises. Les crises et surtout les états de mal sont un
anoxo-ischémie périnatale diagnostiquée sur des critères signe de gravité (stades 2 et 3 d’Amiel-Tison). Elles survien-
actuellement remis en question (décélérations du rythme nent avec un délai de quelques heures, mais avant H24 dans
cardiaque fœtal, liquide amniotique méconial, mauvais état à la plupart des cas. Il n’y a pas de type de crises spécifique ; il
la naissance avec Apgar bas) [6,11,12]. La part de l’anoxo- peut s’agir de crises toniques ou cloniques. Elles sont sou-
ischémie périnatale comme cause d’encéphalopathie néona- vent multifocales, asymétriques, peuvent concerner succes-
tale est sans doute beaucoup moins importante. Dans une sivement plusieurs membres ou ne présenter aucune mani-
grande étude épidémiologique, Badawi, et al. [13,14] ne festation motrice avec une sémiologie fruste.
retrouvent un événement aigu « sentinelle » (rupture uté-
rine, hémorragie, convulsions ou fièvre chez la mère,
rupture du cordon, présentation occipitopubienne...) que 4.1.1.3. EEG. De nombreuses études ont montré la valeur
chez 5 % des nouveau-nés ayant présenté une encéphalo- pronostique de l’EEG intercritique dans l’EAI, surtout
pathie néonatale. Chez 69 %, il n’existait que des facteurs de lorsqu’il est réalisé précocement et avant tout traitement
risque anténataux (hypothyroïdie maternelle, prééclampsie, sédatif (H10-H48). Il existe des aspects EEG dits « grave-
métrorragies, infection virale, alcoolisme, retard de crois- ment altérés » (inactif, pauvre + thêta, paroxystique), per-
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mettant d’établir un pronostic très péjoratif. À l’inverse, un Les médicaments sédatifs et antiépileptiques peuvent mo-
tracé proche de la normale (présence des graphoéléments difier l’aspect EEG intercritique rendant l’appréciation pro-
physiologiques et des différents états de vigilance individua- nostique impossible, d’où l’intérêt de réaliser si possible le
lisables) permet d’établir un pronostic favorable [19]. Il premier EEG avant tout traitement sédatif ou antiépileptique
existe des aspects EEG « intermédiaires » dont l’évolution (AE) susceptible de modifier le tracé. Les traitements AE
sur la première semaine de vie est capitale et de bonne administrés aux posologies usuelles entraînent des modifica-
valeur pronostique s’il y a une récupération d’un tracé tions discrètes et transitoires, surtout au moment de l’injec-
subnormal entre j3 et j7 [20,21]. Un EEG inactif avant H10 tion intraveineuse ; les benzodiazépines et la lidocaïne majo-
de vie n’est pas toujours péjoratif et doit être contrôlé. rent la discontinuité. Les opiacés majorent également la
Il n’existe pas de pattern EEG critique typique de l’EAI ; discontinuité, entraînent une dépression du tracé et altèrent
l’aspect des décharges critiques dépend du type clinique des l’organisation cyclique du sommeil.
crises (aplatissement dans les crises toniques, pointes répé-
titives dans les crises cloniques...). Les crises alpha-like, com-
portant une activité rapide de rythme alpha peu ample, sont 4.1.1.4. Imagerie. L’autre examen clé pour l’établissement du
souvent associées à un pronostic péjoratif. On retrouve des pronostic est l’IRM cérébrale [24]. Il est souvent difficile de la
décharges EEG atypiques infracliniques dans les cas les plus réaliser dans les premiers jours de vie en raison de l’instabi-
sévères s’accompagnant de lésions étendues (Fig. 1). lité de l’enfant et de l’absence de surveillance des constantes
La valeur pronostique de l’EEG critique paraît moins vitales dans la majorité des centres actuellement. L’IRM faite
évidente. Les états de mal prolongés (supérieurs à 48 heu- habituellement entre 10 et 15 jours de vie précisera le degré
res) seraient de plus mauvais pronostic que les crises isolées, d’atteinte corticale, de la substance blanche et des noyaux
de même que la présence d’une dissociation électroclinique gris centraux.
et/ou de crises dégradées [22,23].

4.1.1.5. Pronostic. Le pronostic des EAI chez le nouveau-né à


terme reste toujours mauvais puisque dans les deux études
récentes portant sur le traitement par hypothermie ayant
inclus des nouveau-nés répondant à des critères précis d’EAI
modérée ou sévère, seulement 38 à 55 % des enfants ont
survécu sans séquelles [25,26].

4.1.2. Accidents vasculaires cérébraux (AVC)


Les AVC représentent 1 à 12 % des causes de crises
néonatales [11,12,27]. Cette fréquence relativement élevée
des AVC chez le nouveau-né (dix fois supérieure à celle de
l’enfant plus grand) s’explique par plusieurs facteurs : l’hyper-
coagulabilité physiologique du nouveau-né, le délai à la fer-
meture des shunts fœtaux, une thrombophilie de la mère ou
du nouveau-né, une pathologie placentaire. La prise de co-
caïne par la mère est également un facteur favorisant. Le
diagnostic est suspecté sur la clinique : crises motrices ou
non, habituellement monofocales, strictement unilatérales,
de topographie souvent centrale, mais aussi frontale ou
occipitale, de durée brève, avec une sémiologie clinique
correspondant au territoire lésé. Elles débutent entre
12 heures et trois jours de vie chez un enfant dont l’état
neurologique intercritique est normal ou subnormal. L’EEG
montre des décharges brèves, constituées de pointes ryth-
miques de fréquence variable, focales, diffusant parfois à une
Fig. 1. Enregistrement EEG continu chez un nouveau-né à terme présentant région homolatérale, mais très rarement vers l’autre hémis-
un déficit en sulfite–oxydase avec des lésions cérébrales ischémiques, phère. Le tracé est normal sur l’hémisphère controlatéral et
multifocales. En bas des images l’analyse spectrale des fréquences permet peu altéré sur l’hémisphère atteint en dehors des anomalies
d’identifier les décharges critiques. intercritiques : celles-ci intéressent le même territoire que
A. Tracé intercritique dépourvu de figures physiologiques, très hypoactif.
B. Décharges critiques infracliniques, comportant une activité rapide de
les crises et sont constituées d’anomalies focales, toujours
rythme alpha peu ample puis des ondes rythmiques de fréquence variable, dans le même territoire que les décharges critiques
peu amples et multifocales. (Figs. 2a,2b).
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observées dans 20 à 55 % des cas des méningites néonata-


les ; elles en aggravent considérablement le pronostic avec
une mortalité passant de 4,9 à 12,3 % et un taux de séquelles
de 4,3 à 41,8 % [29,30]. Le diagnostic repose sur la ponction
lombaire faite après stabilisation chez tout enfant présentant
des crises en contexte infectieux. L’EEG ne présente pas
d’aspects spécifiques mais l’existence d’anomalies focales
peut orienter vers le diagnostic d’un abcès cérébral, et
l’importance des anomalies EEG est liée à l’extension des
lésions [31].
L’herpès néonatal dans sa forme disséminée précoce avec
défaillance multiviscérale ou encéphalitique plus tardive est
une cause moins fréquente de crises néonatales. Pour le
diagnostic, l’histoire maternelle est souvent peu contributive
et les lésions cutanées sont inconstantes ; la fièvre peut
manquer, y compris en cas de nécrose étendue du cerveau.
Fig. 2a. Enregistrement EEG de longue durée à j2 chez un nouveau-né à
Le diagnostic repose sur l’analyse du LCR (prédominance de
terme présentant un accident vasculaire cérébral sylvien droit. Séquence de
pointes rythmiques correspondant à une crise dans la région centrale droite lymphocytes, parfois hémorragique), l’imagerie (TDM céré-
(contemporaines de clonies du MSG). La flèche indique le début de la crise bral), la recherche de virus (PCR et culture) dans le LCR et
sur l’analyse de fréquences sur sept heures d’enregistrement EEG continu éventuellement d’autres sites et le dosage d’interférons dans
(crises subintrantes). le sang et le LCR. Dans l’attente des résultats, un traitement
par acyclovir doit être débuté. Au début de la maladie, les
anomalies EEG critiques et intercritiques peuvent être non
spécifiques et évoquer, par exemple, une EAI. L’utilisation
précoce de l’acyclovir a modifié les aspects EEG des ménin-
goencéphalites herpétiques et les classiques complexes pé-
riodiques multifocaux que l’on pouvait observer en général
après plusieurs jours d’évolution ne doivent pas être atten-
dus pour suspecter le diagnostic et débuter le traitement. Le
pronostic est mauvais avec, dans les formes précoces, une
mortalité de 60 %, avec 50 % de séquelles chez les survivants
et, dans les formes purement encéphalitiques tardives, une
mortalité de 14 % et des séquelles chez 60 % des survivants.
D’autres méningoencéphalites virales, en particulier à enté-
rovirus, peuvent être à l’origine de crises néonatales s’ac-
compagnant de lésions cérébrales [32].

Fig. 2b. Tracé intercritique chez le même enfant : pointes lentes centrales 4.1.4. Traumatismes obstétricaux
droites qui intéressent le même territoire que les crises, le tracé est normal Ils peuvent être responsables de contusion cérébrale,
sur l’hémisphère controlatéral. d’hématome sous-dural, d’hémorragie intraparenchyma-
Le scanner, à condition d’attendre au moins 12 heures, est teuse, intraventriculaire, sous-durale ou sous-arachnoï-
facilement réalisable mais il peut passer à côté de petits dienne. Les crises peuvent être en rapport avec l’atteinte
AVC. L’IRM est indispensable ; elle permet de visualiser les traumatique parenchymateuse ou probablement plus sou-
AVC de petite taille et de quantifier l’importance de l’acci- vent avec l’anoxo-ischémie observée au cours des accouche-
dent. ments dystociques [33].
Le pronostic est moins mauvais que pour d’autres patho-
logies puisque la mortalité est de 10 % et la survie sans 4.1.5. Troubles métaboliques
séquelles de 50 %. Des troubles métaboliques tels qu’une hypoglycémie, une
hypocalcémie ou une hyponatrémie sévères, peuvent être
4.1.3. Infections cérébroméningées responsables de crises et doivent être recherchés. Toutefois,
Les infections cérébroméningées sont responsables de 5 ils sont, dans la majorité des cas, associés à d’autres patho-
à 20 % des convulsions néonatales [6,11,12]. Elles se mani- logies. Si le pronostic des hypocalcémies isolées est excel-
festent habituellement vers le dixième jour de vie. Les lent, il n’en est pas de même pour une hypoglycémie suffi-
mécanismes de l’atteinte cérébrale sont multiples : œdème samment sévère pour être à l’origine de crises (50 % de
cérébral, thromboses vasculaires, vasospasme, libération de survie sans séquelles) [6]. Les crises associées à une hypo-
médiateurs de l’inflammation, de radicaux libres et d’acides glycémie liée à un hyperinsulinisme, à une anomalie congéni-
aminés excitateurs, comme le glutamate [28]. Les crises sont tale du métabolisme glucidique ou de la bêta-oxydation ont
A. Kaminska et al. / Archives de pédiatrie 14 (2007) 1137–1151 1143

un pronostic particulièrement péjoratif en raison des lésions


cérébrales qu’elles provoquent.

4.1.6. Cas particulier du prématuré


Chez le prématuré, les crises identifiées sont rares, mais
probablement sous-estimées. Leur incidence est plus élevée
avant 30 semaines d’âge gestationnel et après 36 semaines
qu’entre 30 et 36 semaines. Elles sont avant tout dues à une
hémorragie intraventriculaire massive de pronostic catastro-
phique et parfois à une infection méningée [34].

4.2. Syndromes épileptiques néonataux

Les syndromes épileptiques ne représentent qu’une mi-


norité des crises néonatales. Reconnaître ces syndromes Fig. 4. Tracé intercritique d’un nouveau-né à terme présentant des myoclo-
permet de formuler un pronostic précoce quant à l’épilepsie nies des MS prédominant à gauche. Ondes thêta-amples et aiguës et pointes
et au développement psychomoteur, d’orienter les recher- hémisphériques droites caractéristiques d’une malformation corticale éten-
due (hémimégalencéphalie).
ches étiologiques et de prescrire un traitement AE adapté.
À ce jour, quatre syndromes épileptiques à début néona-
tal ont été décrits : deux syndromes d’évolution favorable, 4.2.1. Syndromes épileptiques néonataux
« bénins » (crises néonatales familiales bénignes, crises néo- d’évolution bénigne
natales bénignes idiopathiques) et deux syndromes d’évolu-
tion le plus souvent péjorative regroupés sous le terme Ils figurent dans la classification internationale des épilep-
d’encéphalopathie épileptique avec tracé de type sies et syndromes épileptiques de 1989. Leur reconnais-
suppression-burst (encéphalopathie myoclonique précoce et sance permet d’emblée de porter un pronostic neurologi-
encéphalopathie infantile précoce avec épilepsie ou syn- que favorable [35].
drome d’Ohtahara). Ces deux syndromes ont en commun
un EEG intercritique de type suppression-burst ou bouffées–
aplatissements (Fig. 3). 4.2.1.1. Crises néonatales familiales bénignes. Elles sont liées à
À ces quatre syndromes, il faut ajouter les épilepsies l’âge car elles débutent à j2 et j3 chez les nouveau-nés à
focales symptomatiques d’une malformation corticale plus terme et autour de 40 semaines d’âge corrigé chez les
ou moins étendue, débutant dès la période néonatale. Les prématurés. Elles surviennent en « ciel serein » chez les
enregistrements EEG-Vidéo prolongés et les progrès de la enfants ayant un examen neurologique et biologique normal.
neuro-imagerie ont permis de reconnaître et de décrire les Les crises sont très stéréotypées, comportent une phase
aspects EEG intercritiques et critiques et d’identifier l’étio- tonique souvent asymétrique, parfois clonique, tantôt droite
logie malformative de cette épilepsie (Fig. 4). tantôt gauche. Les crises sont brèves (une à deux minutes)
et surviennent volontiers en orage.
L’EEG intercritique est décrit comme normal, subnormal,
avec des anomalies modérées, rarement de type « théta
pointu alternant », mais ne comportant jamais des aspects
de pronostic péjoratif. C’est le premier syndrome épilepti-
que pour lequel un gène a pu être identifié : il s’agit de gènes
codant pour deux sous-unités d’un canal potassique qui a un
rôle fonctionnel au niveau cérébral en période néonatale :
KCNQ2 (sur le chromosome 20q) et KCNQ3 (sur le chro-
mosome 8q) [36].

4.2.1.2. Crises néonatales bénignes idiopathiques. Elles débu-


tent autour de j5 (80 % des cas) après un intervalle libre de
tout événement pathologique. Il s’agit de crises cloniques
et/ou apnéiques pouvant se répéter en état de mal, durant
Fig. 3. Tracé de suppression-burst ou « bouffées–applatissements » chez un en moyenne 20 heures (trois heures à trois jours). L’examen
enfant présentant un syndrome d’Ohtahara. Absence de graphoéléments
physiologiques et d’organisation veille/sommeil, présence des bouffées
neurologique est normal ou subnormal ainsi que le bilan
d’ondes lentes mêlées à des pointes durant de 1 à 3 secondes et des biologique ; il n’y a pas d’antécédents familiaux. Dans tous les
intervalles interbouffées de 3 à 4 secondes mais pouvant atteindre 1 minute. cas, l’évolution est favorable.
1144 A. Kaminska et al. / Archives de pédiatrie 14 (2007) 1137–1151

4.2.2. Syndromes épileptiques néonataux avec retrouvée dans les séries « historiques », il s’agissait de
tracés de type suppression-burst malformations cérébrales souvent étendues (syndrome
d’Aicardi, hémimégaloencéphalie, dysplasie olivaire) [37].
Des dysplasies corticales focales, indétectables sur l’IRM
4.2.2.1. Encéphalopathie myoclonique précoce. Les crises débu- cérébrale dans les premières années de vie en raison de
tent avant j28 ; il s’agit de myoclonies massives, myoclonies l’immaturité de la myéline, peuvent être responsables de ce
erratiques et crises focales associées ou non à des spasmes tableau. L’existence d’anomalies focales à l’EEG (asymétrie
épileptiques [37]. On retrouve parfois une consanguinité ou du tracé de suppression-burst) et de crises focales, toujours
des antécédents familiaux de maladie neurologique ou de de même topographie, doit orienter vers cette étiologie
décès dans la période néonatale. L’examen neurologique est malformative. L’évolution dépend de l’étiologie et de l’effica-
constamment très pathologique. L’EEG intercritique montre cité du traitement médical. Dans certains cas, un traitement
un tracé de suppression-burst ; le bilan biologique et radiolo- chirurgical peut être proposé.
gique est le plus souvent négatif sauf en cas d’hyperglyciné-
mie sans cétose dont le diagnostic repose sur la réalisation
d’une chromatographie des acides aminés dans le sang et le
LCR. La pyridoxino-dépendance et la dépendance en phos- 4.2.3. Épilepsie focale symptomatique
phate de pyridoxal peuvent également produire un tableau Elle révèle souvent une dysplasie corticale focale corres-
d’encéphalopathie myoclonique précoce qui disparaît après
pondant à un désordre de la migration neuronale souvent
l’administration de la pyridoxine (Tableau 1). Dans les autres
très épileptogène, qui peut s’exprimer à un âge très variable,
cas, l’évolution est péjorative et marquée par la persistance
dans l’enfance le plus souvent. Il en est de même de la
de crises et un décès avant l’âge de deux ans. Quelques
sclérose tubéreuse de Bourneville où, dans certains cas,
observations de déficit constitutionnel en transporteur du
l’épilepsie peut être à début néonatal. La survenue de crises
glutamate mitochondrial produisant le tableau d’encéphalo-
stéréotypées chez un nouveau-né sans antécédent périnatal
pathie myoclonique précoce ont été rapportées.
et sans signe de souffrance neurologique, s’accompagnant ou
non de spasmes épileptiques peut correspondre à une épi-
4.2.2.2. Encéphalopathie infantile précoce avec épilepsie lepsie focale symptomatique. Le tracé intercritique est en
ou « syndrome d’Ohtahara ». Elle débute dès le premier jour règle générale, correctement organisé du côté opposé à la
de vie par des spasmes épileptiques et des crises focales. malformation ; en revanche, il comporte des anomalies
L’examen neurologique est anormal. L’EEG intercritique focales en regard de celle-ci : soit un foyer d’ondes lentes ou
montre un tracé de suppression-burst. L’étiologie de ce syn- de pointes amples soit des anomalies unilatérales plus diffu-
drome reste partiellement inconnue. Lorsqu’elle a pu être ses allant jusqu’à un tracé de type suppression-burst [21].

Tableau 1
Principales maladies métaboliques pouvant s’accompagner de crises épileptiques néonatales
Pathologie/ Crises/EEG Signes associés Diagnostic/traitement
physiopathologie
Épilepsie pyridoxine État de mal néonatal, crises Épisodes d’irritabilité, agitation Arrêt de crises dans les 7 j de
dépendante polymorphes : partielles, généralisées, pyridoxine orale 30 mg/kg par jour
Dépendance en phosphate myoclonies, spasmes. Tracé Arrêt de crises après 7 j de
de Pyridoxal suppression-bursts. Formes tardives pyridoxal-phosphate 30 mg/kg par jour
Hyperglycinémie sans Tableau d’épilepsie myoclonique Malformations cérébrales. Agénésie du Augmentation de la glycine CAA LCR,
cétose précoce : myoclonies Formes tardives corps calleux sang, urine
possibles
Convulsions sensibles à Crises néonatales, épilepsie sévère, Rares formes familiales Pic inconnu sur la chromatographie
l’acide folinique états de mal HPCL. Ac. Folinique 10 mg/j
Déficit en biotinidase, Crises toniques, myoclonies Eczéma périorificiel, stridor, alopécie, Augmentation modérée de lactates,
holocarboxylase acidose, surdité ammoniémie, acidurie organique
Dosage sanguin de la biotinidase.
Traitement : biotine : 10 mg/j
Déficit en sulfite–oxydase, Épilepsie sévère avec myoclonies Luxation du cristallin, kystes de la Sulfitest, pic de sulfocystéine sur la
en molybdène substance blanche sur l’IRM, décès précoce CAA, de l’acide urique sang et urines
Déficit en pyruvate Crises dans 30 % des cas Hypotonie, léthargie, hypotrophie, Augmentation du lactate sang et LCR,
déshydrogénase détresse respiratoire, coma, agénésie du lactate/pyruvate : normal. Dosage PDH
corps calleux, malformation corticale sur lymphocytes et fibroblastes. Régime
cétogène, thiamine
Maladie du peroxysome/ Crises focales, états de mal Dysmorphie (front, fontanelle), Augmentation des acides gras à très
maladie de Zellweger hypotonie, atteinte oculaire (rétine), longue chaine sang/urines
atteinte hépatorénale, polymicrogyrie
A. Kaminska et al. / Archives de pédiatrie 14 (2007) 1137–1151 1145

Schéma 1. Résumé de la conduite à tenir en cas de crises néonatales. PB : phénobarbital ; PHT : phénytoïne ; CLZ : clonazépam ; AE : antiépileptiques.

4.3. Maladies métaboliques à début néonatal crises épileptiques peuvent tout de même y être associées. Le
bilan métabolique comporte la recherche d’une acidose
L’absence d’arguments pour une EAI ou les autres étiolo- métabolique, d’une cétose urinaire, d’une hyperlactacidémie,
gies les plus fréquentes et/ou la présence de signes cliniques d’une hyperammoniémie et des chromatographies des acides
évocateurs peuvent orienter le diagnostic vers une maladie aminés et organiques.
métabolique pouvant être révélée dès la naissance par des La démarche diagnostique en cas de crises néonatales est
crises épileptiques. Elles sont citées, ainsi que les examens résumée sur le Schéma 1.
permettant de confirmer le diagnostic, dans le Tableau 1. Il
est d’autant plus important de les reconnaître que certaines
sont traitables, « vitaminosensibles » et nécessitent une 5. IMPACT SUR LE CERVEAU ET PRONOSTIC
prise en charge spécifique et rapide afin d’éviter les séquelles À LONG TERME
neurologiques [38].
Dans les erreurs innées du métabolisme à début néonatal, Il n’est toujours pas établi si les crises néonatales peuvent
telles que le déficit du cycle de l’urée, leucinose ou aciduries induire par elles-mêmes des séquelles neurologiques. Les
organiques (acidurie méthylmalonique, propionique ou isova- études cliniques rétrospectives indiquent que les facteurs
lérique), le contexte clinique est évocateur et les crises ne pronostiques les plus importants sont l’étiologie et l’étendue
sont pas au premier plan. Il existe un intervalle libre après un des lésions cérébrales au moment des crises ; les crises
accouchement à terme sans difficulté, puis apparaissent un seraient avant tout une conséquence de ces lésions et non
refus de boire, des difficultés à la succion, un coma progressif pas la cause [3].
et ensuite des mouvements anormaux (pédalage, boxing dans Les données expérimentales chez l’animal suggèrent
la leucinose ou trémulations amples sur un fond d’hypertonie qu’en réponse à une atteinte aiguë, le cerveau immature
pour les aciduries organiques). Ces mouvements anormaux aurait plus tendance à générer les crises que le cerveau
s’apparentent aux crises non épileptiques ; d’authentiques mature, mais qu’il serait moins sensible aux lésions induites
1146 A. Kaminska et al. / Archives de pédiatrie 14 (2007) 1137–1151

par ces dernières. Au stade très immature de la période 6. TRAITEMENT


néonatale, la synaptogenèse corticale est à peine ébauchée
de sorte que les conséquences des crises sont moindres que 6.1. Crises occasionnelles
chez le nourrisson, à un âge où la synaptogenèse est très
active. D’un autre coté, il a été démontré chez l’animal 6.1.1. Maintien des grandes fonctions vitales
immature que les crises récurrentes perturbaient la stabili- • Respiratoires : intubation, ventilation des nouveau-nés
sation synaptique, entraînaient une perte neuronale, aug- ayant une ventilation spontanée insuffisante, faisant des
mentaient le risque de crises à l’âge adulte et avaient un apnées ou recevant un traitement qui risque de déprimer
retentissement sur les apprentissages et la mémoire [39,40]. la ventilation (état de mal convulsif rebelle) ;
Les crises pourraient contribuer à aggraver les lésions céré- • hémodynamiques : remplissage et/ou administration d’un
brales en raison de modifications du débit sanguin cérébral, traitement inotrope en cas d’hypotension ou de dysfonc-
de l’effondrement des réserves énergétiques et de la libéra- tionnement myocardique, surveillance rapprochée des
tion d’acides aminés excitateurs. enfants traités par des AE autres que le phénobarbital qui,
Chez les nouveau-nés à terme présentant une EAI, les pour beaucoup, ont un effet vasoplégique ou dépresseur
crises entraînent une augmentation de lactate (perturbation myocardique. Il est en effet important de maintenir la
du métabolisme énergétique) et une diminution du circulation cérébrale dont l’autorégulation est perdue
N-acétylaspartate (reflet d’atteinte neuronale) visibles en dans la majorité des cas ;
spectro-IRM ; ces modifications sont liées à la sévérité des • maintien de l’homéostasie métabolique : adaptation des
crises et, de façon indépendante, des lésions anatomiques apports hydrosodés au bilan entrée/sortie, correction
associées [41]. des perturbations métaboliques responsables ou poten-
tiellement facteur d’aggravation des crises (hypoglycémie,
Chez des nouveau-nés ayant présenté des crises néona-
hypocalcémie, hyponatrémie profonde...).
tales, Tekgul, et al. [42] rapportent un taux de survivants
sans séquelles modérées à graves à un an de 72 % ; la 6.1.2. Traitement de la cause des crises
mortalité était de 6,2 %. Le taux le plus élevé de séquelles C’est le traitement adapté d’une méningite bactérienne,
était observé après les EAI (50 %) et les malformations d’une méningoencéphalite herpétique, la correction des per-
cérébrales (4/4). À distance, il existe un risque accru d’épi- turbations métaboliques et, exceptionnellement, le traite-
lepsie par rapport à la population générale, qui concerne 10 ment neurochirurgical d’un hématome intracrânien com-
à 20 % d’enfants [42–44]. Les principaux facteurs de risque pressif mal toléré.
sont l’existence d’un état de mal convulsif prolongé plus de
48 heures, d’un infarctus étendu ou de lésions focales, d’un 6.1.3. Traitements neuroprotecteurs et antiœdème
tracé EEG de fond très altéré et d’un examen clinique cérébral
anormal à la sortie. Ces mesures ne s’appliquent qu’aux nouveau-nés présen-
Dans l’étude prospective de Scher, et al. [5] qui ont tant une encéphalopathie anoxo-ischémique ou un état de
comparé l’évolution du prématuré à celle du nouveau-né à mal convulsif :
terme avec six ans de suivi après les crises néonatales, c’est • éviter les stimulations nociceptives, auditives, lumineuses,
la mortalité qui était plus élevée chez le prématuré (58 %) douloureuses. Les soins infirmiers et les examens médi-
par rapport à l’enfant à terme (30 %). En revanche, il n’y avait caux doivent être organisés et regroupés afin de pertur-
pas de différence quant aux séquelles neurologiques. ber au minimum l’enfant, limitant ainsi les poussées d’hy-
L’analyse multivariée des facteurs pronostiques montre pertension intracrânienne. Les indications des
que c’est un faisceau d’arguments qui permet de prédire traitements antalgiques, y compris par morphiniques doi-
l’évolution (imagerie cérébrale, clinique, l’EEG) [3,45]. L’as- vent être larges ;
sociation de lésions cérébrales diffuses avec un examen • la ventilation mécanique. Elle a essentiellement pour but
neurologique très anormal, de crises toniques, non épilepti- de maintenir les échanges gazeux. La capnie doit être
ques ou dégradées du point de vue EEG, d’anomalies impor- maintenue entre 35 et 40 mmHg et l’hypocapnie pro-
tantes du tracé EEG intercritique est liée à un pronostic très fonde évitée en raison du risque d’aggravation de l’isché-
sévère. À l’inverse, les crises monofocales avec un examen mie cérébrale par vasoconstriction ;
clinique et EEG intercritiques subnormaux sont associées à • la restriction hydrique. Les apports sont habituellement
un bon pronostic car elles révèlent souvent des lésions restreints à 50 ml/kg par jour initialement. Ils seront
focalisées. ensuite adaptés aux bilans entrées–sorties ;
En pratique, prédire le pronostic nécessite de confronter • les indications du mannitol sont exceptionnelles. En effet,
l’examen neurologique au cours des premiers jours, l’EEG l’œdème cérébral au cours des EAI est d’origine cytotoxi-
critique et intercritique, l’évaluation par l’imagerie de l’éten- que. Le mannitol peut être utilisé en cas de poussée
due de l’atteinte cérébrale et les explorations à visée étio- d’hypertension intracrânienne avec signes d’engagement
logique. En cas d’épilepsie ou de maladie métabolique, c’est à la dose de 1 g/kg en perfusion rapide ;
le diagnostic syndromique et étiologique qui détermine le • l’hypothermie. Elle a pour but de prévenir l’apparition des
pronostic. lésions secondaires lors de la phase de reperfusion céré-
A. Kaminska et al. / Archives de pédiatrie 14 (2007) 1137–1151 1147

brale initiale après un épisode anoxo-ischémique. Elle Le pentobarbital ne doit pas être utilisé pour le traite-
doit être précoce (avant H6) et prolongée (au moins ment des crises néonatales en raison de l’importance des
72 heures). L’effet protecteur de l’hypothermie repose effets hémodynamiques observés après son administration.
sur la préservation du métabolisme cérébral énergétique
et la réduction de l’œdème cytotoxique. Deux méthodes
sont utilisées : le refroidissement du corps entier (matelas 6.1.5.2. Phénytoïne. La phénytoïne (Dilantin®) agit essentiel-
réfrigérant) et le refroidissement cérébral sélectif (cas- lement au niveau membranaire en stabilisant les canaux
que). L’hypothermie sélective permettrait de limiter les sodiques sous forme inactive, bloquant ainsi la propagation
effets néfastes de l’hypothermie systémique et de respec- des potentiels d’action.
ter l’existence physiologique d’un gradient de tempéra- Le métabolisme de la phénytoïne est complexe. Elle est
ture entre les structures cérébrales superficielles et pro- oxydée au niveau hépatique par le système du cytochrome
fondes. Deux grandes études ont été publiées p450. Sa demi-vie varie en fonction du terme, de l’âge
récemment : la première est un essai randomisé portant postnatal, de la concentration plasmatique. Ainsi, chez le
sur 208 enfants présentant une EAI modérée ou sévère nouveau-né à terme, au cours de la première semaine de vie,
définie selon des critères stricts, comparant la prise en on peut observer des demi-vies allant de 6 à 194 heures. La
charge classique à l’utilisation d’une hypothermie globale fraction libre, capable de franchir la barrière hématoménin-
pendant 72 heures [26]. Il existe une baisse significative gée, varie de 9 à 39 %.
de la mortalité et/ou des séquelles sévères évaluées entre La concentration plasmatique considérée comme théra-
18 et 22 mois (44 contre 62 % dans le groupe témoin). La peutique est de 15 à 20 mg/l (fraction libre de 3 mg/ml). Elle
« Coolcap Study » [25] montre une nette tendance à la est obtenue après une dose de charge de 20 mg/kg par voie
diminution des séquelles sévères à 18 mois chez les intraveineuse.
116 nouveau-nés traités par hypothermie sélective. L’ana- Utilisée en première intention, la phénytoïne permet de
lyse des sous-groupes ne montre pas d’effet de l’hypo- contrôler environ 45 % des convulsions électrocliniques. En
thermie chez les enfants ayant les anomalies EEG les plus raison des difficultés d’administration, elle est plus souvent
sévères, mais un bénéfice significatif pour ceux ayant des utilisée en seconde intention, permettant le contrôle d’envi-
anomalies EEG modérées. L’hypothermie est donc une ron 30 % des crises persistant après échec du phénobarbital.
thérapeutique dont les résultats sont encourageants, mais La toxicité de la phénytoïne est essentiellement cardio-
dont la population cible reste à définir. vasculaire (troubles du rythme et de la conduction) surve-
nant en cas de surdosage ou d’injection trop rapide. Une
6.1.4. Transfert en réanimation exacerbation des crises a également été signalée.
Il n’est pas systématique ; il doit s’envisager en cas d’ins- L’expérience de l’utilisation de la fosphénytoïne en pé-
tabilité hémodynamique ou respiratoire, d’hypertension riode néonatale est très limitée. Il semble donc difficile de
intracrânienne, d’état de mal convulsif ou d’échec de deux recommander son utilisation en dehors d’un protocole
traitements AE. d’étude.

6.1.5. Médicaments antiépileptiques (AE) [46,47]


Quatre familles de médicaments sont utilisées : les barbi- 6.1.5.3. Benzodiazépines. Les benzodiazépines en se fixant sur
turiques, la phénytoïne, les benzodiazépines et la lidocaïne. un récepteur proche des complexes GABA-A post-
synaptiques potentialisent l’action du GABA.
Actuellement, le diazépam (Valium®) ne devrait plus être
6.1.5.1. Barbituriques. Les barbituriques réduisent l’activité utilisé sauf peut-être par voie intrarectale pour le traitement
épileptique en agissant au niveau des récepteurs GABA-A en urgence des crises prolongées (supérieures à cinq minu-
postsynaptiques. tes), récurrentes ou mal tolérées chez un nouveau-né non
Le phénobarbital (Gardénal®) est catabolisé par le sys- perfusé. En effet, si son délai d’action est bref, son efficacité
tème du cytochrome p450 au niveau hépatique. Sa demi-vie est transitoire en raison d’une redistribution rapide, ce qui
est longue (148 ± 155 heures), quel que soit le terme, et peut conduire à la répétition des doses. De plus, sa demi-vie
décroît avec l’âge postnatal. Il existe une relation linéaire est très longue, pouvant atteindre 144 heures. Le risque
entre dose administrée et concentration obtenue : une dose d’accumulation est donc majeur. Des effets indésirables à
de charge de 15 à 20 mg/kg permet d’obtenir une barbitémie type d’hypoventilation, voire d’arrêt respiratoire sont dé-
de 20,7 ± 4,4 mg/l. La tolérance hémodynamique et respira- crits même aux doses usuelles. Enfin, son efficacité (jugée sur
toire du phénobarbital est excellente ; seul un effet sédatif a des critères non précisés) n’est reportée que sur 12 enfants
été constaté pour des barbitémies supérieures à 50 mg/l. dans des études anciennes.
L’augmentation des doses de façon à obtenir une barbi- Le lorazépam, dans sa forme injectable, n’est pas com-
témie à 40 mg/l permet de contrôler 71 % des crises mercialisé en France. Les doses reportées comme efficaces
cliniques, mais le contrôle des crises confirmées par l’EEG sont de 0,05 à 0,15 mg/kg. Une récidive clinique des crises a
n’est obtenu que dans 42 à 50 % des cas. été observée 3 à 19 heures après l’administration. L’effica-
1148 A. Kaminska et al. / Archives de pédiatrie 14 (2007) 1137–1151

cité jugée sur des critères cliniques est maximale avec une En ce qui concerne l’efficacité de la lidocaïne, les résultats
dose de 0,5 mg/kg par 24 heures par voie intraveineuse lente sont bons alors qu’il s’agit souvent d’un traitement utilisé en
de cinq minutes. L’administration de doses plus importantes troisième intention après échec du phénobarbital et d’une
ou à intervalles plus rapprochés a été responsable d’un benzodiazépine ; le contrôle des crises électrocliniques est
échec du traitement, d’une exacerbation des crises et de obtenu dans 73 à 92 % des cas [56–58].
surdosages. Une dépression cardiorespiratoire a été décrite
chez l’enfant et chez l’adulte.
Le midazolam (Hypnovel®) a été utilisé essentiellement 6.1.5.5. Autres traitements antiépileptiques. Dans les crises
pour la sédation en période néonatale. C’est dans ce occasionnelles, leur utilisation n’a été rapportée que de
cadre-là que sa pharmacocinétique a été décrite. Sa clairance façon anecdotique. Leur utilisation n’est pas recommandée
dépend de l’âge gestationnel et de l’hémodynamique. La chez le nouveau-né soit en raison de leur voie d’administra-
demi-vie d’élimination est de 12 ± 4 heures. Des effets indé- tion (primidone, carmabazépine), des effets indésirables (val-
sirables à type d’hypotension et une aggravation du pronos- proate de sodium) ou des difficultés d’administration (paral-
tic neurologique chez le prématuré ont été décrits [48,49]. déhyde).
L’EEG peut montrer un aspect suppression-burst [50]. Les
doses utilisées pour le contrôle des convulsions sont beau-
coup plus élevées que celles utilisées pour la sédation : une 6.1.5.6. En pratique. Le traitement AE n’est indiqué qu’en cas
dose de charge de 50 à 100 µg/kg suivie d’une perfusion de de crises d’origine épileptique ; il peut cependant stopper les
100 à 200 µg/kg par heure est recommandée [51–54]. crises non épileptiques par un effet non spécifique, sédatif ou
L’efficacité à court terme semble favorable puisque les crises dépresseur du système nerveux central. En cas de crises non
de 21 des 27 nouveau-nés traités ont disparu dans un délai épileptiques authentifiées, un éventuel traitement sédatif ou
de deux heures (contrôle EEG). Castro Conde, et al. [53] antalgique visant à assurer le confort de l’enfant doit être
rapportent une amélioration du pronostic à moyen terme discuté au cas par cas en fonction de la tolérance, du
des nouveau-nés recevant du midazolam après échec des contexte clinique et de l’étiologie. En cas de crises épilepti-
autres traitements par rapport à un groupe témoin histori- ques, le traitement AE n’est pas toujours une urgence
que. immédiate.
Les voies intrarectale et intranasale ont été utilisées avec Il est important d’analyser le contexte :
succès chez l’enfant plus grand. Ce pourrait être une alter- • si les crises sont mal tolérées sur le plan hémodynamique
native au diazépam chez l’enfant non perfusé. ou respiratoire ;
• si elles sont prolongées ;
• si l’état neurologique intercritique est anormal, il faut
6.1.5.4. Lidocaïne. L’effet de la lidocaïne (Xylocaïne®) pour- traiter sans attendre l’EEG.
rait s’expliquer par la limitation de la dépolarisation induite Dans les autres cas (crises brèves et rares, bien tolérées,
par le blocage des canaux Na+ voltage-dépendant. état intercritique normal), le traitement peut attendre quel-
Il existe une accumulation de lidocaïne et de ses métabo- ques heures que l’EEG soit réalisé, permettant ainsi de
lites dès la quatrième heure chez le nouveau-né ayant reçu confirmer la nature épileptique des crises et d’analyser le
une dose de charge de 1,6 à 2,2 mg/kg, suivie d’une perfusion tracé de fond.
continue de 4 à 6 mg/kg par heure. L’effet de l’âge gestation- En première intention. Le phénobarbital doit être
nel sur la clairance et la concentration plasmatique obtenue utilisé à la dose de 30 mg/kg en perfusion de 20 minutes. Il
est discuté. La demi-vie est en moyenne de 3,16 heures. est remarquablement bien toléré sur le plan hémodynami-
Aux doses habituellement utilisées chez le nouveau-né, que et respiratoire et permet de contrôler environ la moitié
une modification modérée de la pression artérielle et de la des crises. Il est possible, en cas de récidive des crises, d’en
fréquence cardiaque a été observée, sans incidence sur la administrer une seconde dose de 5 à 10 mg pour obtenir
conduite thérapeutique. Parmi les effets indésirables, il une barbitémie à 40 mg/l. Les dosages en urgence sont
existe fréquemment une modification de l’activité de fond à possibles dans la majorité des centres hospitaliers. En raison
l’EEG qui devient très discontinue. En cas de surdosage, la de sa demi-vie longue, il n’y a habituellement pas de traite-
récidive des crises épileptiques est possible [55]. ment d’entretien à envisager.
Les doses recommandées sont les suivantes : dose de En cas d’échec. Après échec du phénobarbital, il
charge de 2 mg/kg suivie d’une perfusion continue de
n’existe actuellement aucune étude randomisée, en double
4 mg/kg par heure pour le nouveau-né à terme et de 2 mg/kg
insu, ayant évalué sur des critères cliniques et EEG l’efficacité
par heure pour le prématuré. Ces doses sont à adapter en
des différentes molécules sur les crises et sur le pronostic à
fonction des lidocaïnémies prélevées à la sixième et à la
long terme. Il n’existe pas non plus de critère d’échec ;
douzième heure de perfusion. L’intervalle thérapeutique est
Painter, et al. [59] proposent l’existence de plus de 2,5 minu-
de 3 à 6 mg/l. Des doses plus importantes ont été propo-
tes de crise sur une période de cinq minutes d’enregistre-
sées, mais il est fréquent d’observer des taux sanguins
ment EEG.
suprathérapeutiques [56].
A. Kaminska et al. / Archives de pédiatrie 14 (2007) 1137–1151 1149

Pour chaque enfant, à chaque nouvelle prescription, il faut non des traitements antiépileptiques et de la réanimation
se poser les questions suivantes : doit être posée.
• existe-t-il un sous-dosage médicamenteux ? Dans ce cas, Plus à distance, dans les cas où le risque d’épilepsie
il est possible d’ajuster la dose ; séquellaire est notable (voir plus haut), un traitement anti-
• existe-t-il un surdosage avec un médicament susceptible épileptique de fond peut être prescrit. Dans ce cas, le
d’exacerber les crises (clonazépam, lidocaïne, phény- valproate de sodium (Dépakine®) doit être préféré au phé-
toïne) ? nobarbital.
• les crises sont-elles suffisamment fréquentes pour néces-
siter un traitement ? Il est sans doute inutile de traiter des 6.2. Syndromes épileptiques
crises infracliniques, rares (< 2–3/heure) et brèves
La prise en charge des nouveau-nés avec épilepsie à début
(< 30 secondes) ;
néonatal ne diffère pas de celle des nourrissons ou des
• quel est le traitement qui perturbera le moins l’autono-
enfants. Les nouveaux AE n’ont cependant pas d’autorisation
mie respiratoire, l’hémodynamique, la circulation céré-
de mise sur le marché (AMM) pour la période néonatale,
brale ?
sauf pour le vigabatrin (Sabril®). Ces enfants nécessitent une
• les dosages du médicament choisi sont-ils indispensables
prise en charge et un suivi dans un centre spécialisé.
(phénytoïne, lidocaïne) ? Dans ce cas, sont-ils possibles en
Le choix du traitement dépend du syndrome épileptique.
urgence ? Dans les syndromes épileptiques bénins, le valproate de
La phénytoïne peut être utilisée en deuxième ligne à la sodium (Dépakine®) peut être proposé d’emblée ou en
dose de 20 mg/kg, mais son administration est difficile et son relais d’un traitement AE intraveineux administré en raison
métabolisme imprévisible. Un traitement d’entretien est de crises subintrantes, sous réserve que soient écartées les
nécessaire dont la fréquence est déterminée par les dosages erreurs innées du métabolisme : chromatographies des aci-
sanguins réalisés en urgence. des aminés et organiques, lactate et ammoniémie. Les
Le clonazépam à la dose de 0,1 mg/kg par 24 heures en encéphalopathies épileptiques avec le tracé de suppression-
une prise par voie intraveineuse de dix minutes est proba- burst sont en règle générale pharmacorésistantes (en parti-
blement plus efficace mais au prix d’une éventuelle moins culier l’épilepsie myoclonique précoce). Le vigabatrin associé
bonne tolérance hémodynamique et respiratoire. Son utili- ou non à une corticothérapie peut être efficace dans les
sation est peut-être préférable en deuxième ligne en réani- encéphalopathies infantiles précoces symptomatiques d’une
mation. malformation cérébrale. Dans les épilepsies focales sympto-
Il est difficile de recommander comme traitement de matiques à début néonatal, le vigabatrin est particulièrement
seconde intention le midazolam dont l’efficacité est intéres- efficace en cas de dysplasie corticale focale. Un traitement
sante mais dont les effets indésirables hémodynamiques chirurgical peut être envisagé rapidement dans certains cas
importants ont fait limiter les indications et la posologie dans d’épilepsie pharmacorésistante.
le cadre de la sédation.
Il en est de même pour la lidocaïne dont l’efficacité est 6.3. Maladies métaboliques
remarquable mais dont l’étroitesse de la marge thérapeuti-
que et l’absence d’expérience de son utilisation chez des Le traitement des maladies métaboliques vitaminosensi-
enfants autonomes sur le plan respiratoire justifient que sa bles est détaillé dans le Tableau 1 ainsi que dans une revue
prescription soit limitée aux nouveau-nés hospitalisés en récente [38]. En cas de doute et en attendant les résultats
réanimation dans des services pouvant disposer de dosages des explorations étiologiques, un « cocktail » vitaminique
en urgence. peut être proposé en traitement d’épreuve (biotine :
Ainsi : 10 mg/j, acide folinique : 10 mg/j, pyridoxine : 100 mg/j) [60].
• en réanimation, on peut proposer la séquence : phéno- Dans les erreurs innées du métabolisme (déficit du cycle de
l’urée ou aciduries organiques), le traitement repose sur
barbital, clonazépam, lidocaïne ;
l’arrêt immédiat de l’apport protéique et un traitement
• en néonatologie : phénobarbital, phénytoïne et transfert
épurateur dans un centre spécialisé.
en réanimation en cas d’échec.
Dans le cas où un médicament est inefficace, bien que
donné à bonne dose, il ne doit pas être poursuivi. 7. CONCLUSION
Pendant combien de temps ? Dans notre expérience,
il est exceptionnel que les crises persistent au-delà de Les crises néonatales restent un problème fréquent et
48 heures. Il est donc logique d’envisager de ne pas renou- grave, touchant chaque année probablement entre 1200 à
veler les prescriptions de médicaments AE après 12 heures 2500 nouveau-nés en France. Le pronostic demeure sévère
sans crise. avec une survie sans séquelles graves de seulement deux
En réanimation, dans un contexte d’EAI avec EMC rebelle tiers des nouveau-nés.
au-delà de 48 heures avec dissociation électroclinique et Les crises posent un problème de terminologie et de
lésions majeures à l’imagerie, la question de la poursuite ou diagnostic, en particulier pour les crises frustes, sans mani-
1150 A. Kaminska et al. / Archives de pédiatrie 14 (2007) 1137–1151

festations motrices et en raison de la fréquente « dissocia- En conclusion, pour cette pathologie fréquente, de mau-
tion électroclinique » ; leur classification est difficile sans vais pronostic, de nombreux progrès restent à faire concer-
l’aide d’un EEG-vidéo. nant la détermination des mécanismes physiopathologiques
Dans un certain nombre de cas, la cause des crises est de la pathologie causale et le choix des traitements les mieux
évidente : accident vasculaire cérébral, infection, accouche- adaptés.
ment traumatique. Cependant, dans la majorité des cas, elles
s’inscrivent dans le cadre d’une encéphalopathie néonatale.
Celle-ci peut être due à une anoxie périnatale dont le RÉFÉRENCES
diagnostic repose sur des critères stricts, mais souvent,
[1] Lanska M, Lanska D, Baumann R, et al. A population-based study of
l’asphyxie n’est pas isolée ou n’est pas documentée et il
neonatal seizures in Fayette County, Kentucky. Neurology
convient de rechercher des pathologies maternelles ou fœ- 1995;45:724–32.
tales qui ont pu fragiliser le fœtus ou qui sont parfois [2] Saliba R, Annegers J, Waller D, et al. Incidence of neonatal seizure in
directement responsables de l’encéphalopathie. Harris County, Texas, 1992-1994. Am J Epidemiol 1999;150:763–9.
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a été proposée : identification électroclinique du type des A comprehensive textbook. Philadelphia: Lippincott-Raven; 1997.
crises, type et topographie d’éventuelles lésions cérébrales, p. 647–63.
datation de la survenue des lésions (trimestre de grossesse), [4] Pisani F, Leali L, Parmigiani S, et al. Neonatal seizures in preterm
leur impact sur la maturation cérébrale et enfin l’étiologie infants : clinical outcome and relationship with subsequent epilepsy. J
Matern Fetal Neonatal Med 2004;16(Suppl 2):51–3.
[61]. La reconnaissance de ces différents groupes et étiolo- [5] Scher M, Aso K, Beggarly M, et al. Electrographic seizures in preterm
gies est essentielle pour le choix des stratégies thérapeuti- and full-term neonates : clinical correlates, associated brain lesions,
ques et l’évaluation du pronostic ; ce dernier semble lié avant and risk for neurologic sequelae. Pediatrics 1993;91:128–34.
tout à l’étiologie et à l’étendue des lésions cérébrales qu’aux [6] Volpe J. Neonatal seizures. In: Volpe J, editor. Neurology of the
crises elles-mêmes. newborn. 3rd ed. Philadelphia: WB Saunders Company; 1995.
p. 172–207.
En ce qui concerne le traitement des crises occasionnel- [7] Biagoni E, Ferrari F, Boldrini A, et al. Electroclinical correlation in
les, il n’existe actuellement qu’une seule étude randomisée neonatal seizures. Eur J Paediatr Neurol 1998;2:117–25.
comparant deux médicaments sur les crises EEG. De très [8] Lamblin M, André M, Auzoux M, Bednarek N, Bour F, Charollais A-H,
et al. Indications de l’électroencéphalogramme en période néonatale.
nombreux autres travaux ont été publiés, rapportant l’effi-
Recommandations du groupe de neurophysiologie clinique de
cacité de divers médicaments, mais sur des critères souvent l’enfant. Arch Pediatr 2004;11:829–33.
purement cliniques, sans groupe témoin et surtout sans [9] Boylan G, Rennie J, Pressler R, et al. Phenobarbitone, neonatal
évaluation à long terme. Dans notre choix de traitement, seizures, and video-EEG. Arch Dis Child 2002;86:F165–F170.
pour chaque médicament AE, il est impératif de considérer [10] Shevell M. The ″Bermuda Triangle″ of neonatal neurology: cerebral
le rapport bénéfice (parfois négligeable : crises rares et palsy, neonatal encephalopathy and intrapartum asphyxia. Semin
Pediatr Neurol 2004;11:24–30.
brèves) et risque (parfois important : hémodynamique et [11] Mizrahi E, Kellaway P. Characterisation and classification of neonatal
respiratoire). En 2006, Clancy [62] a proposé, au nom du seizures. Neurology 1987;37:1837–44.
Neurology group on neonatal seizures, un protocole comparant [12] Ronen G, Penney S. The epidemiology of clinical neonatal seizures in
le phénobarbital à un placebo pour le traitement des crises Newfoundland, Canada: a five years cohort. Ann Neurol
détectées très précocement sur un enregistrement EEG- 1995;38:518–9.
[13] Badawi N, Kurinczuk J, Keogh J, et al. Intrapartum risk factors for
vidéo continu chez des nouveau-nés à risque, l’échec étant
newborn encephalopathy : the Western Australian case-control
défini par des crises avec manifestations cliniques ou un état study. BMJ 1998;317:1554–8.
de mal convulsif. Cette approche semble raisonnable puis- [14] Badawi N, Kurinczuk J, Keogh J, et al. Antepartum risk factors for
que les enfants recevant le placebo n’auraient sans doute pas newborn encephalopathy : the Western Australian case-control
été traités avec notre prise en charge habituelle. De toutes study. BMJ 1998;317:1549–53.
[15] ACOG Committee Opinion. Inappropriate use of the terms fetal
les thérapeutiques associées, seule l’hypothermie a été bien
distress and birth asphyxia. Obstet Gynecol 2004;104:903–4.
évaluée avec des résultats prometteurs à condition de bien [16] ACOG Committee Opinion. Inappropriate use of the terms fetal
cibler la population bénéficiaire (encéphalopathie anoxo- distress and birth asphyxia. Obstet Gynecol 2005;106:1469–70.
ischémique de gravité modérée). [17] Sarnat HB, Sarnat MS. Neonatal encephalopathy following fetal
distress. A clinical and electroencephalographic study. Arch Neurol
En cas d’épilepsie à début néonatal, un traitement AE 1976;33:696–705.
approprié doit être proposé en fonction du diagnostic syn- [18] Amiel-Tison C. Le nouveau-né à terme. In: Amiel-Tison C, editor.
dromique. Là encore se pose le problème d’absence d’étu- Neurologie périnatale. Paris: Masson; 1999. p. 107–26.
des prospectives randomisées et d’AMM pour les nouveaux [19] Monod N, Pajot N, Guidasci S. The neonatal EEG : statistical studies
AE dans cette tranche d’âge, ce qui rend l’évaluation du and prognostic value in full-term and pre-term babies.
Electroencephalogr Clin Neurophysiol 1972;32:529–44.
bénéfice de ces médicaments impossible chez le nouveau-né.
[20] D’Allest AM, Andre M. Maturation et souffrance neurologique
Les erreurs innées du métabolisme sont importantes à néonatale. Neurophysiol Clin 1992;22:159–77.
reconnaître et nécessitent une prise en charge urgente et [21] Plouin P, Kaminska A, Moutard M, et al. L’EEG en pédiatrie.
spécialisée. Montrouge: John Libbey Eurotext; 2005.
A. Kaminska et al. / Archives de pédiatrie 14 (2007) 1137–1151 1151

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