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Traduire 3221
Traduire 3221
Édition électronique
URL : https://journals.openedition.org/traduire/3221
DOI : 10.4000/traduire.3221
ISSN : 2272-9992
Éditeur
Société française des traducteurs
Édition imprimée
Date de publication : 15 décembre 2022
Pagination : 49-58
ISSN : 0395-773X
Référence électronique
Lamia Khelil, « Le tamazight, une langue, une culture. De l’oralité à l’écriture », Traduire [En ligne], 247 |
2022, mis en ligne le 15 décembre 2022, consulté le 24 décembre 2022. URL : http://
journals.openedition.org/traduire/3221 ; DOI : https://doi.org/10.4000/traduire.3221
Lamia Khelil
1. Par tamazight, nous entendons la langue parlée par tous les amazighophones, et non le dialecte
parlé au Maroc.
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Le tamazight au Maghreb
Le tamazight, langue maternelle de millions de personnes, a été
classé parmi les langues menacées de disparition par l’UNESCO.
L’Atlas des langues en danger dans le monde publié par cet orga-
nisme en 1996 rapporte que :
La majorité des langues d’Afrique du Nord qui sont en danger sont
celles parfois désignées collectivement comme étant le groupe amazigh
ou berbère. Elles constituent des poches de communautés linguistiques
qui survivent mais disparaissent rapidement, entourées de locuteurs de
l’arabe nord-africain qui sont eux-mêmes d’anciens locuteurs du tama-
zight arabisés.
Le tamazight et la traduction
Le tamazight a longtemps été défini en tant que langue orale à
usage quotidien seulement. Le tifinagh, l’écriture utilisée par les
Amazighs pour noter leur langue, a peu à peu disparu, notamment
au nord, et seuls les Touaregs du Sahara algérien, libyen, malien
et nigérien ont conservé ce système d’écriture, qu’ils apprennent
encore aujourd’hui. Néanmoins, cet alphabet n’a pas contribué à
la préservation de ce patrimoine historique et culturel oral si riche.
Malgré son caractère d’oralité, cette langue a survécu, à l’écart
2. Art. 3bis – Le tamazight est également langue nationale et officielle. L’État œuvre à sa pro-
motion et à son développement dans toutes ses variétés linguistiques en usage sur le territoire
national. Il est créé une Académie algérienne de la langue amazighe, placée auprès du Président
de la République. L’Académie, qui s’appuie sur les travaux des experts, est chargée de réunir les
conditions de la promotion du tamazight en vue de concrétiser, à terme, son statut de langue.
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3. Poète et dramaturge, Mohia a traduit des œuvres théâtrales et les a introduites dans la société
kabyle. Il a traduit en kabyle des œuvres de poètes, comme celles de l’opposant turc Nazim Hikmet,
ou encore Boris Vian. Après des études en Algérie, il entame des études universitaires en mathéma-
tiques à Paris dans les années 1970. C´est là qu’il côtoie l’académie berbère.
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Conclusion
La traduction n’est pas simplement un moyen de médiation entre
les peuples et les cultures, elle permet aussi de rendre visibles
les éléments de sa propre culture (Berman, 1984). La traduction
a un rôle à jouer dans la promotion de la langue amazighe en
rendant visible également tout ce qui compose sa culture. Aussi,
les inconditionnels de cette langue longtemps confinée à l’ora-
lité, cachée au monde, des universitaires, hommes et femmes de
lettres, redoublent d’efforts pour redonner ses lettres de noblesse
à cet art. Le passage à l’écriture a redonné un souffle nouveau à ces
initiatives, et tous les espoirs sont permis.
lamia.khelil@univ-alger2.dz
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Sources citées
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guistique de tamazight et les motivations du choix graphique », in Iles d Imesli,
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