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Chapitre VIII Les glissements des terrains et les méthodes de confortements

Chapitre VIII
Les glissements des terrains et les méthodes de confortements

1. Introduction
Les mouvements de terrain sont des signes perceptibles de processus l'évolution
de la partie supérieure de la croûte terrestre, sous l’effet conjugué de la pesanteur et des
agents naturels (érosion, tremblement de terre, etc.) ou anthropiques (terrassements de
déblais, mise en œuvre de remblais et les constructions, etc.). Ces phénomènes naturels
très variés et souvent complexes sont connus sur tous les continents. Les régions les
plus touchés sont les pays du Sud-est asiatique, l’Amérique centrale et le sud de
l’Europe (Hervas, 2003). L’histoire nous révèle qu’en plus des pertes économiques
d’importants sinistres humains ont été enregistré partout dans le monde, (Dai et al,
2002). Les statistiques comptent chaque année environs un millier de morts repartis
principalement en Asie du sud, en Amérique latine et quelque peu en Afrique, et plus de
dix milliards de Dollars $ de coûts des dommages (Aleotti et Chowdhury, 1999).

Figure 70 : Répartition des glissements de terrain à travers le monde (période entre


1964-1998), (base de données mondiales sur les catastrophes EM DAT).

2. Définition d’un glissement de terrain


Faisant partie d'un large groupe d’instabilités de la partie superficielle de la terre ;
les glissements de terrain ont été définis par le Bureau Français des Recherches
Géologiques et minières (BRGM) comme "le déplacement d'une masse de terrain
meuble ou rocheux, par cisaillement le long d'une surface de rupture ".

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En 1984, Varnes et l’Association internationale pour la géologie de l'ingénieur et de


l'environnement les ont défini comme «toutes les variétés de mouvements de masses,
sur les versant, dont certaines, incluant des phénomènes comme les chutes de blocs, les
coulées boueuses, etc.», (Varnes et IAEG, 1984).

3. Classifications des mouvements de terrain


Les classifications des mouvements de terrain qu'ils soient d'origine naturelle ou
anthropique sont nombreuses. On peut citer la classification internationale (Hutchinson,
1988); la classification européenne (Soldati 1996); la classification automatique, (Dikau
et al 1996), etc. Divers caractéristiques ont été prises en compte dans ces classifications,
elles peuvent se baser sur: les mécanismes et la composante principale du déplacement,
(Varnes, 1984; Martin 2006) (Fig. 71); La géométrie et l’état d’activité (Dikau et al.,
1996); les caractéristiques géotechniques et les vitesses de déplacement (Hungr et al.,
2001); le type de matériaux (Corominas 1998); le contexte géologique et
géomorphologique (Hutchinson 1988) et voire même la combinaison tous les critères
précédents, (Antoine et Giraud, 1993).

Figure 71 : Classification des mouvements de terrains, (Martin, 2006).

Selon Colas-Pilot(1976) les différents aspects des mouvements de terrains


peuvent être classé en quatre classes distinctes : des mouvements de type écroulement,
coulée de boue, glissement de déblai ou remblai et fluage.

3.1. Les écroulements


Ce sont des chutes soudaines de masses rocheuses importantes. Ils sont
généralement dus à des causes internes au massif. Ils peuvent se produire suite à la
dislocation d'une masse rocheuse diaclasée par altération interne ou accroissement de
pressions interstitielles. Par Glissements banc sur banc d'une masse rocheuse stratifiée.

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Par écroulements de masses mises en surplomb par érosion ou dislocation de couches


tendres sous-jacentes. Ou par fluage ou glissement d'une couche sous-jacente (Fig. 72).

Figure 72 : Écroulement par fluage d'une couche sous-jacente.

3.2. Les glissements


Ils affectent généralement les matériaux meubles, et sont beaucoup plus lents
que les écroulements. Les glissements simples sont assimilables à des mouvements de
type rotationnel ou plan.

3.2.1. Glissements rotationnels (circulaires)


Ils sont caractérisés par un basculement de la masse glissée (Fig. 73), le long d'une
"surface de rupture" dont la forme est parfois assimilable à un cylindre à directrice
circulaire, c'est le cas des ruptures de remblais sur sols mous et de déblais en sols
homogènes. Le raisonnement repose sur des hypothèses simplistes.

Figure 73 : Glissements rotationnels : A) Glissement circulaire de tête. B) Glissement


circulaire de pied.

3.2.2. Glissements plans


Les matériaux glissent en s'appuyant sur une surface de rupture assimilable à un
plan : couche de caractéristiques médiocres, contact manteau d'altération - substratum
(Fig. 74).

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Figure 74 : Glissements plans : A) Glissement sur ne couche plastique ; B) Glissement


sur un substratum rocheux.

Dans les cas de sols hétérogènes, ou anisotropes, il peut y avoir formation de


glissements "complexes", dont certaines parties correspondent à des mouvements
rotationnels et d'autres à des mouvements plans. (Fig. 75).

Figure 75 : Glissement complexe d'un remblai sur versant.

3.3. Les coulées


Elles sont dues à la mise en mouvement, généralement brutale, de masses de sol à
l'état "liquide" qui, dans leur écoulement, peuvent transporter un débit solide important
(rochers, troncs d'arbres, débris de constructions, etc.) dont l'impact sur les structures
peut être désastreux.

3.4. Mouvements de fluage


Par opposition aux mouvements précédents, localisés dans le temps et caractérisés
par une zone de rupture nettement définie, les mouvements de fluage constituent la
manifestation externe des déformations du sol dans sa masse. Ce sont des mouvements
lents, de faible amplitude, qui se développent dans une zone dont les contours sont
généralement difficiles à définir, tant en extension qu'en profondeur.

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4. Analyse de stabilité
L'analyse de "stabilité des pentes" se fait par des "calculs à la rupture", dans un
espace à deux dimensions. L’étude de stabilité est généralement menée en considérant
une section plane et en se donnant une surface de rupture circulaire. Le terrain entre la
surface et le cercle est découpé en tranches verticales d'épaisseur unité pour lesquelles
on calcule les forces en présence en se plaçant à l’instant de la rupture (poids de la
tranche, frottement contre le massif de sol qui reste en place, etc.).
Le coefficient de sécurité au glissement F est le rapport entre le moment cumulé des
forces résistantes et celui des forces motrices. La surface de rupture potentielle (S), qui
conduit au coefficient minimal est le cercle critique. Il conduit au coefficient de sécurité
du talus.
Le calcul consiste aussi à comparer les contraintes de cisaillement τ s'exerçant le long
du cercle à la résistance au cisaillement τmax du sol dont on admet un comportement
rigide-plastique. On admet également que la rupture se produit simultanément en tout
point de la surface de cisaillement.
𝜏𝑚𝑎𝑥
Le coefficient de sécurité du talus F est égale à F= 𝜏

Si F>1 alors le talus est stable le long de S ;


Si F=1 alors le talus est en équilibre mécanique limite ;
Mais ! Si F<1 alors il y a possibilité de mise en mouvement le long de S.
On cherche la surface (S) correspondant au coefficient de sécurité minimum.
Il existe plusieurs dizaines de méthodes à la rupture. Elles présentent toutes des
avantages et des inconvénients, tant théoriques que pratiques. Aucune n'est parfaite,
dans la mesure où aucune ne tient compte de la déformabilité du sol.

La circulation d'eau dans un talus crée une force déstabilisatrice entraînant une
diminution de moitié de la pente critique.
Pour les sols grenus le calcul se fait à long terme uniquement avec les caractéristiques
du squelette solide (c', φ' = φ).
Pour les sols fins au cours des travaux le calcul se fait à court terme en contraintes
totales avec c =Cu et φ=φu=0.
Après l’achèvement des travaux (après dissipation des pressions interstitielles), calcul se
fait à long terme en contraintes effectives.

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5. Calculs à la rupture
5.1.Glissement plan
Soit une pente de longueur infinie avec une inclinaison β. Un massif de sol est
soumis :
⃗⃗⃗ , de composantes WN et WT ;
-au poids𝑊
-aux réactions latérales supposées égales ;
-à la réaction𝑅⃗ sous la base, de composantes σ et τ.
Les contrainte dans le sol sont
σ = T cosβ = γz cosβ = γh cos²β
τ = T sinβ = γz sinβ = γh cosβ sinβ
u = γw.mh cos²β.

Figure 76 : Paramètres de calcul de stabilité d’un glissement plan.

Le coefficient de sécurité «F» exprime le rapport des forces déstabilisatrices (contrainte


maximum ou de rupture) sur les forces stabilisatrices (contrainte réelle).
𝜏𝑟𝑢𝑝
F= avec : τrupt = τmax = c' + σ' tanφ'
𝜏
𝑐′ + 𝜎′ 𝑡𝑎𝑛𝜑′ 𝑐′ 𝛾 ℎ 𝑐𝑜𝑠2 𝛽𝑡𝑎𝑛𝜑′ 𝟐.𝒄′ 𝒄𝒐𝒔𝜷𝒕𝒂𝒏𝝋′
F= =𝛾ℎ 𝑐𝑜𝑠𝛽 𝑠𝑖𝑛𝛽 + F=𝜸𝒉 𝒔𝒊𝒏²𝜷 +
𝜏 𝛾ℎ 𝑐𝑜𝑠𝛽 𝑠𝑖𝑛𝛽 𝒔𝒊𝒏𝜷
2 𝑡𝑎𝑛𝜑′
D’où pour un sol non saturé (σ = σ'): F=𝑠𝑖𝑛²𝛽 𝑁 + 𝑡𝑎𝑛𝛽
2 𝛾𝑤 𝑡𝑎𝑛𝜑′
Pour un sol saturé (σ' = σ - u): F=𝑠𝑖𝑛²𝛽 𝑁 + (1 − 𝑚 )
𝛾 𝑡𝑎𝑛𝛽
𝑐′
Le terme «N» est un facteur de stabilité : N=𝛾ℎ

5.2.Glissement circulaire
5.2.1. Méthode de Bishop simplifiée
Soit un talus d'inclinaison β. La rupture aura lieu en cisaillement suivant un cercle
de rayon r centré en O. La méthode de Bishop permet de déterminer le cercle de rupture
le plus défavorable.

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Cette méthode de discrédite le volume de sol en tranches verticales en supposant


l'égalité des résultantes verticales Vi et Vi'. Le calcul se fait par tâtonnement sur
plusieurs cercles possibles en faisant varier le centre O et le rayon r du cercle de rupture.
En admettant que les efforts inter-tranches sont horizontaux « T = 0 ».
𝐹𝑜𝑟𝑐𝑒𝑠𝑟é𝑠𝑖𝑠𝑡𝑎𝑛𝑡𝑒𝑠
Dans sa forme originale, l'expression du coefficient de sécurité est :F= 𝐹𝑜𝑟𝑐𝑒𝑠𝑚𝑜𝑡𝑟𝑖𝑐𝑒𝑠
1
∑(𝑐 ′ 𝑏 + (𝑊 − 𝑢. 𝑏). 𝑡𝑎𝑛𝜑′) 𝑡𝑎𝑛𝜑′
𝑐𝑜𝑠𝛼.(1+𝑡𝑎𝑛𝛼. )
𝐹
F=
∑ 𝑊. 𝑠𝑖𝑛𝛼
On retiendra la géométrie (centre O et le rayon r) qui fournit la plus petite valeur de F.
Plusieurs programmes de calcul numérique de stabilité des talus existent sur le marché
on peu citer Talren de Terrasol, Géoslope de Geostudio, Slide de Rocscience ou Nexes-
Trolls, etc. ils permettent le calcul en rupture circulaire et non circulaire.

5.2.2. Méthode de Fellenius (Suédoise)


Pour un remblai à construire, le calcul de stabilité avec la méthode de Fellenius
doit être mené d’une part à court terme (caractéristiques cu et φu obtenues à partir de
l’essai triaxial UU interprété en contraintes totales) et d’autre part à long terme
(caractéristiques c’ et φ’ obtenues à partir de l’essai CD ou de l’essai CU interprété en
contraintes effectives). Le bon choix des paramètres géotechniques de calcul est
fondamental. Cette approche admet que les actions inter-tranches se compensent. Le
coefficient de sécurité au glissement à long terme vaut :
∑𝑖[𝑐 ′ 𝑙𝑖 + (𝑊𝑖 𝑐𝑜𝑠𝛼𝑖 − 𝑢𝑖 . 𝑙𝑖 ). 𝑡𝑎𝑛𝜑′]
F=
∑𝑖 𝑊𝑖 . 𝑠𝑖𝑛𝛼𝑖
Wi= le poids humide ou saturé de la tranche verticale i ;
li= la longueur du contact de cette tranche avec la surface de rupture considérée ;
ui= la pression interstitielle qui règne dans la zone.

Figure 77 : Principe de calcul de stabilité au glissement avec la méthode de Fellenuis.

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6. Les méthodes de confortements

Plusieurs méthodes existent pour améliorer la stabilité d’un talus susceptible de


glisser. Ces solutions peuvent etre regroupées en quatre familles : celles qui agissent sur
la géométrie du terrain, celles qui agissent sur les conditions hydrauliques, celles qui
agissent sur les caractéristiques mécaniques et celles qui améliorent les caractéristiques
du sol.

6.1. Action sur la géométrie

La finalité de cette action consiste à modifier le profil du terrain naturel pour


augmenter le coeficient de sécurité par divers procédés :

6.1.1. Le reprofilage :

Les conditins de stabilité d’un talus sont directement liées à sa géometrie. On peut
naturellement augmenter la sécurité d’un talus par retalutage du terrain naturel en
réduisant sa pente. Dans se sens, la procédé s’apparente à l’allègement en tête : il
consiste en un adoucissement de la pente moyenne.

Figure 78 : Reprofilage d’un talus naturel.

6.1.2. Le déchargement du talus à l’amont

Cette action consiste à terrasser le matériau dans la partie superieure du versant


(allègement en tête). Il en résulte une diminution du poids moteur et, par conséquent,
une augmentationdu coeficient de sécurité. La méthode de dimensionnement consiste à
un calcul de stabilité le long de la surface de ruptutre déclarée en prenant en compte la
modification de la géométrie en tête. Le déchargement par terrassement du sommet de
la masse glissé, peut créer des risques de régression des désordres vers l’amont à court
ou à long terme.

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Figure 79 : Allègement en tête d’un talus naturel.

6.1.3. Chagement du talus à l’aval pour créer une butée positive


Le chargement en pied (mur de soutènement, banquette) agit de deux façons :
d’une part il équilibre les forces motrices et, d’autres parts contenir les déplacements de
la masse instable.
Ces opérations ne sont toutefois possibles que s’il y a suffisamment d’emprise. Elles
sont peu adaptées dans le cas d’un milieu urbain.

Figure 80 : Soutènements d’un talus paar chargement en pied.

6.2. Action sur les conditions hydrauliques drainage des talus

L’eau joue un rôle négatif sur la stabilité des talus. Le drainage de cette eau est
une solution efficace pour reduire le risque de glissement. Il peut etre réalisé par
plusieurs façons :
-Par drainage superficielle pour réduire les infiltrations et l’érosion et ce en réalisant des
descentes d’eau, des fossées, des caniveaux, etc.
-Par drainage profond pour rabattre la nappe en mettant en place des galeries, des
tranchées, des éperons drainants, des drains subhorizontaux ou verticaux, etc.

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Figure 81 : Action de drainage sur un talus soumis à une nappe.

6.3. Action mécanique


Le but de ces méthodes est de s’opposer mécaniquement au mouvement du massif
de terrain. L’action consiste à réaliser :
-Un ancrage par tirants actifs qui produisent une résistance au niveau de la surface de
rupture potentielle. Leur mise en place nécessite des bonnes caractéristiques du massif.
-Un soutènement en pied de talus (murs, gabions, palplanches). Cette solution,
nécessitant un terrassement à l’amont du mur, peut causer des problèmes de stabilité
pendant les travaux ;
-Un clouage par micro-pieux métalliques ou par inclusion métallique, mis en place par
battage, par vibro-fonçage ou par scellement de forage.

Figure 82 : Action mécanique par tirants sur un talus soumis à une rupture potentielle

6.4. Action sur les caractéristiques du sol


L’amélioration des caractéristiques intrinsèques du massif et la substitution d’une
partie ou de l’ensemble de sol par un matériau de meilleures caractéristiques
géotechniques (matériaux frottant) est une très bonne solution pour stabiliser un
glissement de terrain. Mais ! À cause de ses côuts exessifs elle n’est envisageable que
sur des faibles volumes.

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