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EXAMEN PHYSIQUE URO-GENITAL CHEZ L’HOMME

Professeur Ousmane KA

OBJECTIFS

1. Définir la fistule urinaire, les points urétéraux supérieur, moyen et inférieur


2. Décrire la technique et les résultats de la manœuvre de GUYON
3. Décrire les caractères du globe vésical, les manœuvres de SEBILEAU et de CHEVASSU
4. Définir le phimosis, le paraphimosis, l’hypospadias, l’épispadias et l’extrophie vésicale
5. Comparer l’hydrocèle, l’hématocèle et la pachyvaginalite
6. Décrire les anomalies de la vessie et de la prostate retrouvées au toucher rectal
EXAMEN PHYSIQUE URO-GENITAL CHEZ L’HOMME
Professeur Ousmane KA

I. GENERALITES
I.1. Définition
I.2. Rappel anatomique du système uro-génital masculin

II. EXAMEN PHYSIQUE


II.1. Examen des fosses lombaires
II.2. Examen des flancs
II.3. Examen de la région hypogastrique
II.4. Examen des organes génitaux externes
II.5. Le toucher rectal (TR)
II.6. Examen neurologique du périnée

CONCLUSION
EXAMEN PHYSIQUE URO-GENITAL CHEZ L’HOMME
Professeur Ousmane KA

I. GENERALITES
I.1. Définition
L’examen physique uro-génital est le 3ème temps de l’étude clinique uro-génital après
l’interrogatoire et l’examen général. Il recueille les signes en rapport avec les affections du
système uro-génital qui résultent de l’inspection, de la palpation, de la percussion, de
l’auscultation, du toucher rectal et des manœuvres. Quels que soient les signes fonctionnels
d’alarme, l’examen clinique devra être méthodique, pudique et devra explorer tout le système
uro-génital.
I.2. rappel anatomique du système uro-génital masculin (cf cours anatomie)

II. EXAMEN PHYSIQUE


Il se fera dans une pièce à température ambiante confortable, bien éclairée, respectant
l’intimité et la pudeur du patient qui doit être rassuré. On aura besoin d’une table d’examen,
d’une lampe d’examen, d’une lampe de poche, de doigtiers ou de gants d’examen, de
lubrifiants, d’un ruban métrique, d’un stéthoscope. On examinera successivement les fosses
lombaires, les flancs, la région hypogastrique, les organes génitaux externes pour terminer par
le toucher rectal et par l’examen neurologique du périnée. Le patient dévêtu sera examiné
dans différentes position : debout (surtout pour les bourses), assis, en décubitus dorsal sur une
table d’examen.

II.1. Examen des fosses lombaires


Il permet de rechercher des anomalies du rein.
II.1.1. Inspection des fosses lombaires
L’inspection des fosses lombaires se fera chez le patient assis, de dos.
Normalement, la fosse lombaire est limitée en haut et en dehors par le relief costal, en
bas par la saillie convexe de crête iliaque et en dedans par le bord externe de la masse
musculaire sacro-lombaire.
On recherchera des anomalies telles que : des cicatrices, des ecchymoses, un
comblement ou une tuméfaction de la fosse lombaire, une scoliose antalgique, un aspect
inflammatoire des téguments, un œdème gardant les plis de la chemise, une circulation
veineuse collatérale ; la présence d’une fistule urinaire (= issue d’urines à travers un orifice
cutané anormal) ; d’une fistule purulente (=écoulement purulent par un orifice cutané
anormal) ou d’une fistule uro-purulente (=association des deux).
II.1.2. Palpation des fosses lombaires
Technique
- Palpation des points para-rénaux : costo-vertébral (entre la 12ème côte et
le rachis) et costo-musculaire (entre la 12ème côte et les masses musculaires sacro-
lombaires)
- La manœuvre de GUYON
Le patient est en décubitus dorsal, sans oreillers, les membres supérieurs à plats le long
du corps, les membres inférieurs semi-fléchies, respirant calmement par la bouche.
L’examinateur est placé du côté du rein à examiner, les mains préalablement réchauffées par
friction. Une main postérieure (gauche pour le rein droit) est placée au contact de la fosse
lombaire, index parallèle à la dernière côte avec son extrémité dans l’angle costo-musculaire
(formé par la dernière côte et le bord externe de la masse sacro-lombaire). La main antérieure,
placée sur l’hypochondre correspondant, déprime progressivement la paroi antérieure vers
l’arrière alors que la main postérieure déprime la fosse lombaire vers l’avant.
Parfois, le patient peut être installé en décubitus latéral du côté opposé au rein
examiné.
Résultats
- A l’état normal, la fosse lombaire est indolore, souple et dépressible ; le rein est haut
situé, protégé par l’auvent costal, et il n’est pas palpable.
- On recherchera des anomalies telles que:
o une défense pariétale postérieure ou un empâtement de la paroi lombaire
qui peuvent traduire une infection rénale.
o Une douleur provoquée aux points para-rénaux costo-vertébral et costo-
musculaire qui traduisent une douleur d’origine rénale.
o Un gros rein, qu’on reconnaît à 2 caractères :
 le contact lombaire : perception par la main placée dans la fosse
lombaire d’une masse repoussée par la main qui déprime la paroi
abdominale antérieure lors de la manœuvre de GUYON ;
 le ballottement rénal : la masse lombaire retrouvée par la
manœuvre de GUYON est renvoyée d’une main à l’autre.
Le gros rein peut être tumoral ou douloureux.
o Une ptôse rénale : le rein est normal dans son volume, sa consistance et sa
forme mais se situe en position anormalement basse : au flanc ou à la fosse
iliaque et il est très mobile, se réintégrant facilement dans son l’abri costal.
o Un rein ectopique : le rein est normal dans son volume, sa consistance et sa
forme mais se situe en position anormalement basse et est fixée (ne peut
pas se loger dans l’abris costal).
II.1.3. Percussion des fosses lombaires
En arrière, dans la fosse lombaire, la percussion du rein est gênée par les masses
musculaires lombaires. En avant, la matité d’un gros rein est barrée par la sonorité du côlon
(mais une tumeur du rein droit peut refouler en bas l’angle colique). Ainsi : « toute masse
présentant un contact lombaire et un ballottement rénal, barrée en avant par la sonorité
colique à la percussion est un gros rein ».
II.1.4. Auscultation des fosses lombaires
C’est un temps qu’il ne faut pas oublier. Normalement l’auscultation des fosses
lombaires est silencieuse. L’auscultation de l’hypochondre peut retrouver des bruits
intestinaux coliques.
On recherchera des anomalies tel qu’un souffle systolique traduisant une sténose de
l’artère rénale ou un anévrysme de l’artère rénale (dilatation segmentaire anormale de
l’artère rénale) ; ou un souffle continu (systolo-diastolique) traduisant une fistule artério-
veineuse rénale qui est une communication anormale entre l’artère rénale et la veine
rénale.

II.2. Examen des flancs


II.2.1. Inspection des flancs
Elle se fera chez un patient en décubitus dorsal. Normalement, les flancs sont plats.
Elle recherchera des anomalies telles qu’une voussure (pouvant témoigner d’un gros rein) ou
une fistule urinaire.
II.2.2. Palpation des flancs
A l’état normal, à la palpation, les flancs sont souples, dépressibles, indolores et ne
présentent pas de masse. On palpera les points urétéraux à la pression du trajet urétéral :
- le point urétéral supérieur correspond à l’intersection d’une ligne horizontale
passant par l’ombilic et du bord externe du muscle grand droit. Il correspond au bassinet et à
l’extrémité supérieure de l’uretère ;
- le point urétéral moyen correspond à l'union du 1/3 moyen et du 1/3 externe de
la ligne unissant les deux épines iliaques antéro-supérieures; il correspond à la jonction de la
portion lombaire et de la portion pelvienne de l'uretère.
On recherchera des anomalies telles qu’un gros rein, une ptôse rénale ou une ectopie
rénale ou des points urétéraux douloureux pouvant s’accompagner d’irradiations basses vers
la vessie et les organes génitaux externes traduisant une douleur d’origine uretérale.

II.2.3. La percussion des flancs


Elle retrouve à l’état normal la sonorité colique. En cas de gros rein ou de ptôse rénale
ou d’ectopie rénale, elle retrouve une matité.
II.2.4. L’auscultation des flancs
Elle retrouve les bruits intestinaux.
II.3. Examen de la région hypogastrique
Il se fera chez un patient en décubitus dorsal.
Normalement, la région hypogastrique est plate, souple, indolore et dépressible et
sonore à la percussion.
On recherchera des anomalies telles :
- un globe vésical (qui est une vessie remplie d’urines ne pouvant pas se vider
traduisant une rétention vésicale d’urines) sous forme d’une voussure
hypogastrique médiane, globuleuse, régulière, tendue, de consistance élastique,
immobile, douloureuse spontanément et à la palpation, mate à la percussion avec
une limite supérieure convexe et dont la partie inférieure plonge derrière le pubis,
associée à une miction difficile voire impossible ;
- des cicatrices sus pubiennes ;
- ou des fistules urinaires ou purulentes ;
- chez le nouveau-né ou le nourrisson : une malfor mation vésicale telle qu’une
exstrophie vésicale qui est un développement incomplet de la paroi antérieure de la
vessie et de la paroi abdominale antérieure sous ombilicale se présentant sous la
forme d’une plaque hypogastrique médiane rouge, congestive, qui fait
intégralement partie de la paroi abdominale et qui s’insère entre les muscles grands
droits écartés et qui laisse s’écouler des urines.
II.4. Examen des organes génitaux externes
On appréciera le type de la pilosité pubienne (losangique chez l’homme).
II.4.1. Examen de la miction
A l’inspection, la miction normale est volontaire, facile, indolore, continue, complète
avec un jet mictionnel franc ramenant environ 350 ml d’urines claires ou jaunes claires et dure
moins d’une minute.
On recherchera des anomalies de la miction telles une dysurie, une incontinence
urinaire, une fistule urinaire, une miction en 2 temps ou une impossibilité d’uriner ; on
recherchera des anomalies de la qualité des urines (hématurie, chylurie, pneumaturie,
fécalurie, pyurie).

II.4.2. Examen de la verge et du périnée


- Examen du prépuce
On vérifiera la présence d’un prépuce ou son absence en rapport avec une
circoncision.
En présence d’un prépuce, le décalottage du gland et son recalottage sont faciles et
indolore.
On recherchera des anomalies du prépuce telles que le phimosis qui est un
rétrécissement de l’orifice du prépuce s’opposant au décalottage du gland ; un paraphimosis
qui est un étranglement du sillon balano-prépucial par le prépuce serré suite à un décalottage
du gland sur un phimosis. Le paraphimosis présente un risque de nécrose du gland : c’est une
urgence urologique.
- Examen du méat urétral et du gland
A l’état normal, le méat urétral est une petite fente verticale au sommet du gland. En
dehors de la miction, il est sec et il ne présente pas d’écoulement anormal.
On recherchera des anomalies telles un écoulement anormal à travers le méat (des
fuites d’urines en rapport avec une incontinence urinaire, du pus en rapport avec une urétrite,
du sang en rapport avec une urétrorragie).
On recherchera des anomalies d’abouchement du méat : l’hypospadias est un
abouchement anormal congénital du méat urétral à la face ventrale de la verge ou au périnée ;
l’épispadias est un abouchement anormal congénital du méat urétral à la face dorsale de la
verge.
On recherchera un rétrécissement du méat urétral, une tumeur du méat urétral sous
forme de saillie rouge ou rosée émergeant de l’orifice méatique) ou une tumeur du gland.
A l’état normal, l’urètre est palpé à la face ventrale de la verge et au périnée ; il est
souple.
On recherchera des anomalies sur le corps de la verge :
- une fistule urétro-cutanée qui est une communication anormale entre l’urètre et une
portion de la verge ou du périnée laissant s’écouler des urines ou du pus ;
- des déformations de la verge (coudure, rotation…) ;
- des indurations des corps caverneux dues à leur fibrose ;
- des indurations de l’urètre au niveau de la face ventrale de la verge ou au niveau
du périnée retrouvées dans les rétrécissements de l’urètre ;

II.4.3. Examen des bourses


A l’état normal, les bourses ou scrotum sont souples, plissées, parcourues de plis
transversaux. La manœuvre de SEBILEAU est le pincement de la vaginale qui entoure le
testicule entre le pouce et l’index. Quand la vaginale se laisse facilement pincer entre le
pouce et l’index, on dit que la manœuvre de SEBILEAU est positive.
En cas de grosse bourse développée sur la vaginale, celle-ci ne pourra être pincée : on
dira que la manœuvre de SEBILEAU est négative. En cas de grosse bourse il faut réaliser une
trans illumination de la bourse à l’aide d’une lampe de poche dans une pièce obscure. La
grosse bourse peut être trans illuminable ou non en fonction de sa nature. Ainsi :
- une hydrocèle est une grosse bourse due à un épanchement liquidien citrin de la
vaginale : elle est rénitente, trans illuminable et la manœuvre de SEBILEAU est
négative ;
- une hématocèle des bourses est un épanchement sanguin de la vaginale : elle est
rénitente, elle n’est pas transilluminable et la manœuvre de SEBILEAU est
négative ;
- une pachyvaginalite est un épaississement de la vaginale qui est calcifiée : elle est
dure, elle n’est pas trans-illuminable et la manœuvre de SEBILEAU est négative.
On appréciera le bloc épididymo-testiculaire dans sa position, sa taille, sa consistance,
sa sensibilité. Pour examiner le bloc épididymo-testiculaire, une main doit immobiliser le
testicule pendant que l'autre suit les contours des différents éléments (testicule et épididyme).
On recherchera le sillon épididymo-testiculaire par la manœuvre de CHEVASSU. Cette
manœuvre sert à préciser si une masse intra-scrotale est développée sur le testicule ou sur
l’épididyme.
L’épididyme peut être le siège d’anomalies telles qu’un kyste de l’épididyme
(collection liquidienne régulière bien circonscrite), une inflammation de l’épididyme ou
épididymite (l’épididyme est augmentée de volume et douloureux). Le testicule peut être le
siège d’anomalies telles qu’une inflammation ou orchite (le testicule est augmenté de volume
et douloureux), l’orchite est souvent associée à une épididymite donnant l’orchi-épididymite.
Le testicule peut être le siège de tumeur testiculaire (il est augmenté de volume et dur).
Le cordon spermatique sera examiné entre la bourse et la racine de la verge. Sa
palpation entre l’index et le pouce permet d’identifier le canal déférent qui se présente sous la
forme d’un cordon induré et régulier roulant entre les doigts et les vaisseaux spermatiques qui
sont souples et dépressibles.
Le cordon spermatique peut être le siège d’anomalies telles que le kyste du cordon
spermatique (qui est une collection liquidienne régulière bien circonscrite développée sur le
trajet du cordon spermatique) ou de varicocèles qui sont des dilatations permanentes des
veines du cordon spermatique se traduisant sous formes de cordons visibles sur le cordon
spermatique et sur le scrotum.
Le cordon spermatique pénètre dans la région inguinale par l’orifice inguinale qui peut
être le siège d’anomalies telle qu’une hernie inguino-scrotale qui est une tuméfaction de la
région inguino-scrotale prenant naissance à l’orifice inguinale et se terminant dans les bourses
due à une issue anormale de viscères abdominaux à travers l’orifice inguinal).
II.5. Le toucher rectal (TR)
Technique : il sera réalisé chez un patient dévêtu, vessie et rectum vides, en décubitus
dorsal, les fesses surélevées sur un bassin, les cuisses fléchies au maximum sur l’abdomen et
en adduction. L’index de l’examinateur, coiffé d’un doigtier bien lubrifié, masse pendant
quelques secondes l’orifice anal puis est introduit en douceur dans le canal anal en visant
l’ombilic. Le doigt palpera les différentes faces du rectum. Le toucher rectal sera associé au
palper hypogastrique. Il permet ainsi d’explorer la terminaison des uretères, la vessie et la
prostate.
Le point urétéral inférieur est perçu à l’abouchement à la vessie de l’uretère terminal,
au-dessus de la base prostatique. Une douleur au point urétéral inférieur signe une atteinte de
l’uretère terminal.
Le toucher rectal peut percevoir des indurations dans la vessie telles une tumeur
vésicale ou un calcul vésical.
Normalement la prostate est perçue au toucher rectal à travers la paroi rectale
antérieure sous forme d’une masse régulière, de consistance ferme, homogène, indolore avec
un sillon médian qui sépare deux lobes latéraux.
La prostate peut présenter des anomalies :
- devenir douloureuse (inflammatoire comme dans la prostatite),
- augmenté de volume tout en restant ferme, régulière, homogène avec effacement
de son sillon médian comme dans l’adénome de la prostate (tumeur bénigne de la
prostate) ;
- augmenté de volume, irrégulière, dure, pierreuse comme dans le cancer de la
prostate.

II.6. Examen neurologique du périnée


On étudiera :
- la sensibilité du périnée ;
- le tonus sphinctérien au toucher rectal (en demandant au patient de contracter l’anus sur le
doigt qui effectue le toucher rectal ;
- le réflexe bulbo-caverneux : la pression du gland entraîne une contraction du sphincter anal
sur le doigt qui fait le toucher rectal ;
- le réflexe crémastérien : la stimulation de la face antéro-interne de la cuisse en regard de la
bourse entraîne une contraction réflexe du scrotum homolatéral et une ascension du testicule.

CONCLUSION
L’examen physique uro-génital est un temps capital de l’examen clinique. Il devra
toujours se faire avec tact et pudeur. L’analyse sémiologique des anomalies constatées lors de
cet examen et lors de l’interrogatoire, permet avec l’aide des examens complémentaires de
poser le diagnostic des affections urogénitales.

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