L a G azette A venturienne

Numéro 1

La Gazette aventurienne, Praïos 1038 CB

Le mur des morts est tombé !

evenmont. Dix-sept ans d’hor-

D reur et de présence démoniaque

viennent enfin de s’achever ! La
bataille pour le mur est terminée. Les forces
unies du pacte d’Al’Zul sont parvenues à
conquérir et à pacifier le mur des morts !

Les troupes
Au début de l’été, les troupes des diffé-
rents margraviats impériaux se sont ras-
semblées pour former le pacte d’Al’Zul.
Ainsi, on a pu voir réunis des légionnaires
du Soleil, des chevaliers des Anathèmes
de la lumière et des prêtres de Praïos ve-
nus de Beilunk sous la conduite d’Ucurian
Bernigandh, des troupes de la marche de
Rommilys sous le commandement du sei-
gneur banneret Gilborn de Bordebregel,
des chevaliers de Varunk (avec leurs lances)
dirigés par Aigilmar de Bordebregel et aussi
quelques troupes impériales de Gallys sous
les ordres du colonel Busenhold du Bœuf.
À cela se sont ajoutés plusieurs magiciens
sous la conduite de Halike Rattel et des gué-
risseurs de l’ordre des Trois Sœurs, menés
par le prêtre de Péraine Perdann Fierbois.
Tous se sont rassemblés dans un camp
militaire entre Devenmont et Sankta
Boronia. À maintes reprises, les com-
mandants respectifs ont dû gérer des ten- rempart ont ouvert le feu sur les atta- courageux combattants pour aspirer leur fallu attendre des jours avant que les
sions entre les groupes. Les troupes de quants et les salves de carreaux d’os, de vie. Cependant, certains témoins indiquent dernières cavernes et tours contenant
la marche du Corbeau, menées par leur pommes de Sordul et de grêlons ont que les vrilles auraient d’elles-mêmes libéré des morts-vivants soient ouvertes et
chef d’armée Guelfert de Mersinne, et les récolté une moisson sanglante dans les des personnes enserrées et laissé passer nettoyées et que les dernières présences
Golgarites les ont rejoints pour le combat. rangs des courageux, mais ceux-ci ont une unité de légionnaires du Soleil et de impies soient chassées. Les prêtres de
attaqué le mur sans relâche. Gernot de golgarites à la porte principale. Cette petite Praïos ont fortement contribué au suc-
La bataille pour le mur Mersinne donna l’ordre d’attaquer le troupe s’infiltra derrière le mur des morts cès de l’entreprise en désintégrant une
Pendant un long moment, le comman- rempart à plusieurs endroits en même et, à l’aide de liturgies, de lampes émettant grande partie des défenseurs grâce au
dant en chef du pacte d’Al’Zul, Gernot temps. L’assaut porta sur le châtelet d’en- de la pure lumière de Praïos et d’armes pouvoir du Prince des Dieux.
de Mersinne, margave de la marche du trée, les bastions protégeant les pièces consacrées, annihila, au nom des Douze, la Le soin des blessés et l’enterrement
Corbeau, a préparé quotidiennement ses d’artillerie et la brèche qui avait été ou- garnison impie postée sur le rempart. des (étonnamment) rares tués, conti-
armées au combat avant de les renvoyer verte par les trompettes de Perricum Il semble que le rempart se soit écroulé nuent alors que les Golgarites ont en-
au camp. L’attente interminable et la ten- pendant la troisième Bataille des démons. en de multiples endroits avant même que tamé la construction d’un camp fortifié
sion constante entraînèrent une agitation Des combats acharnés éclatèrent sur les combattants du pacte n’atteignent le à l’est du rempart. Ces derniers ne pour-
croissante, notamment chez les valets environ la moitié de la longueur du mur, mur. À certains points, les combattants ront désormais compter que sur eux-
d’armes et les mercenaires. soit deux lieues au bas mot. Partout, des semblent même avoir attendu cet événe- mêmes car, après la bataille, les alliés du
Enfin, l’assaut fur ordonné. Plus tard, squelettes émergeaient du sol et les pièces ment, avant de passer à l’attaque. La des- pacte d’Al’Zul ont quitté la marche du
certains ont rapporté avoir entendu un d’artillerie continuaient inexorablement truction de morts-­vivants et de créatures Corbeau. Il n’y aura donc pas de nou-
coup de gong, d’autres ont fait état d’une à tirer, jusqu’à ce que les artilleurs im- impies, ensevelis sous des tonnes de roche velles poussées rapides vers l’est pour
lumière éclatante tandis que d’aucuns ont pies soient neutralisés grâce aux sorts noire, a sans doute contribué en partie à la conquérir encore plus de terres pour
évoqué la maîtresse de l’ordre Borondria des magiciens ou aux pouvoirs divins des prise de cette structure maudite. les Golgarites. Cependant, cette victoire
donnant l’ordre d’attaquer après avoir prêtres de Praïos. Au niveau de la brèche ouvre la porte à la poursuite de la libé-
reçu un signe divin. et du châtelet d’entrée, un nouveau dan- Après la bataille ration des terres de l’Est. Selon toute
Au début, tout s’est déroulé comme ger surgit sous la forme de vrilles épi- Bien que la bataille réelle pour le mur vraisemblance, il faudra encore du temps
prévu : les pièces d’artillerie sur le neuses animées qui enlacèrent quelques n’ait duré qu’environ sept sabliers, il a avant que la partie orientale de la marche
du Corbeau ne soit libérée. Actuellement,
les seigneurs semblent se concentrer sur
La Gazette Aventurienne n° 1 – Mai 2019 la sécurisation des remparts, ainsi que sur
Rédaction le développement et la fortification de
Rédacteur en chef : Samuel Defaye leur base derrière le mur. Entre-temps,
Auteurs textes VO : Anni Dürr, Heiko Hügner, Alex Spohr diverses rumeurs ont commencé à cir-
Traducteurs : Samuel Defaye, Thomas Dejonghe culer comme quoi des éclaireurs explo-
Auteur textes VF : Samuel Defaye www.black-book-editions.fr www.scriptarium.fr reraient le pays jusqu’à Alzoll, mais aussi
Relecteurs : Julien Busson, Samuel Defaye, Thomas Dejonghe, Florent Haro,
Bruno Lalonde, Arne Vangheluwe
que ces terres ne pourraient être libérées
Illustrations : Mia Steingräber, Fabrice Weiß que grâce à la Sainte Campagne de l’Épée
Maquette : Laurent Royer de l’impératrice Rohaïa. Jusqu’à présent,
DAS SCHWARZE AUGE, AVENTURIA, DERE, MYRANOR, RIESLAND, THARUN, UTHURIA, www.ulisses-spiele.de
les Golgarites éludent les questions sur
L’OEIL NOIR and THE DARK EYE are trademarks of Ulisses Spiele GmbH, Waldems. Copyright © leurs futurs plans et s’enferment dans un
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Mythram Korroc
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(Anni Dürr avec remerciements
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Walter CARVALHO - hanapee9@gmail.com - 202205/389631/972979

Fanfare de Havéna, Praïos 1038 CB
L’Albernie retrouve un prince
L’impératrice Rohaïa a élevé le prince héritier Finnian ui Bennaìn
au rang de souverain de la province occidentale repentie
avéna. Peu après le solstice
H d’été, comme le Grand Fleuve
qui s’écoule dans la mer des Sept
Vents, un flot ininterrompu de personnes
s’est déversé dans la légendaire ville por-
tuaire située sur ses rives. En effet, l’impé-
ratrice Rohaïa en personne était attendue à
la fête de l’Albernie de ce début de nouvelle
course divine. Mais cette année, le jour de
Tsa de Son Altesse Toute-Princière n’était
pas le point culminant des cérémonies,
mais plutôt son sacre au rang de prince
d’Albernie, attendu avec grande impatience
par le peuple et la noblesse. Cet événement
et le grand tournoi du Couronnement ont
attiré de célèbres guerriers, des marchands
fortunés et des pétitionnaires venus de tout
le Nouvel Empire.
Aux embarcadères du port, on pouvait
voir amarrées des galères fluviales lourde-
ment chargées originaires d’Elenvina et
de Kyndoch près de schivones1 de haut
bord, de Kuslik et de Grangor. Des ottas
de Thorval et de Prem flottaient paisible-
ment aux côtés de cogues marchandes de
Nostria et de Riva. Comme il ne restait
plus un seul débarcadère libre, le prévôt
de la ville Ardach Herlogan n’a pas hésité
à faire débarquer les nouveaux arrivants
au barrage Bennaìn qui, depuis trois cents
ans, protège Havéna des dangers de la
Ville-Basse maudite. Au-delà de la vieille
ville, dans les quartiers riches de Hautes
Terres et de Basses Terres, les habitants
ont vu leurs rues décorées avec des cou-
ronnes de fleurs odorantes. Même les vi-
siteurs les plus riches ne trouvaient plus
de chambres où dormir. En ces jours
sacrés, les bardes ont célébré les héros
d’antan. Outre les chansons héroïques
sur Selma Bragold, Raïdri Conchobayr
et le roi Cuanu, on a principalement en-
tendu celles sur la princesse Sinjer. Même
de nos jours, les habitants de Havéna
établis depuis longtemps considèrent
que cette grande fête populaire prend
ses racines dans la récupération de la di-
gnité princière par Sinjer ni Bennaìn. Il y
a plus de deux cents cinquante ans que,
grâce à l’adresse et à l’amour, l’héroïne du
peuple a réussi à regagner le pouvoir sur
sa propre maison et mis ainsi fin à une
période de quarante ans de séquestre par
les empereurs almadiens.
L’arrivée de l’Impératrice
Quelques jours après le début de la fête
de l’Albernie, la cour impériale itinérante
atteignit enfin la capitale provinciale sur-
peuplée. Selon toute vraisemblance, le
retard était dû à l’inauguration solennelle
du temple de Praïos à Bourg-aux-Miels,
détruit dans un incendie il y a trois ans, et
dont la consécration a été renouvelée par
Luminifacta Praïadane de Haut-roc en
présence de l’Impératrice. La régente de
la couronne, le prince héritier et le prévôt
de la ville ont accueilli les impériaux de-
vant la porte de Gareth. Conformément
à son rang, la maison princière a appliqué
le servitium imperatoris — une ancienne loi
qui accorde un abri gratuit à la cour im-
périale dans chaque capitale provinciale.
Si Havéna a été le cœur de la résistance
albernienne au cours de la guerre fra-
tricide, de nombreux badauds fidèles à
l’Empire se sont massés malgré tout le
long des rues pour entrevoir et acclamer
la célèbre artisane de la paix et son im-
posante suite. Au grand soulagement de
la cour princière, la noblesse n’avait pas
oublié la faveur impériale qui lui avait été
accordée ainsi qu’à sa reine dissidente
après la pénitence à Abilacht. De même,
beaucoup d’habitants de Havéna se sont
aussi rappelés que du sang de dragon des
fleuves coule dans les veines de Rohaïa,
et que l’Impératrice et le prince héritier
1. Type de bateau aventurien semblable au galion.
2
Gazette Aventurienne, nº1
sont les petits-enfants du roi héros
Cuanu ui Bennaìn, et donc cousins.
À l’arrivée de l’Impératrice, qui a pris
ses quartiers dans le palais des Sept
Vents au sud de Havéna, un tournoi
passionnant s’est déroulé pendant
dix jours. Dans le même temps,
on a évoqué la puissance des
bans alberniens dans le combat
contre l’archi-traître Haffax.
Le sacre du prince
Le prétendant au trône a
passé la nuit précédant son jour
de Tsa, le jour du sacrement, dans
le vieux temple de Thylos. Suivant
la tradition, il est descendu dans
l’ancienne caverne, pour être
éprouvé par la sage tortue-dra-
gon Lata. À l’aube du 29 Praïos, le
haut-prêtre Grisepierre est sorti
du temple aux côtés du prince. Ils
étaient accompagnés d’une mys-
térieuse femme à la peau bleue
qui semblait veiller sur le prince
Finnian, comme les chevaliers de
la couronne qui les entouraient.
Ensemble, ils sont retournés au
palais. Vers midi, une grande
procession s’est mise en
route pour l’ancien temple
de Thylos. Une foule de cu-
rieux s’est rassemblée dans
les rues le long de l’avenue
des Princes, de la rue de la
Mer et de la chaussée des
Pêcheurs, délimitées par la
garde princière.
Cette fois, le prince,
vêtu de bleu marine, a
pénétré sur la place
Thylos accompagné
de chorales en l’hon- encore aujourd’hui le blason de sa mai- Hagrobald Guntwin du Grand Fleuve,
neur des Douze. son. Le baron Glennir ui Llud a remis au Bragon Fenwasian, Maelwyn Stepahan
D’une voix claire et prince un bouclier décoré de baleines et et le margrave Ardach Herlogan ainsi
franche, il a énoncé les motifs de sa visite de dauphins, tandis que le baron Wulfric que les barons Corvin de Lac-Nirian
sur les marches du temple et a demandé ui Riunad a livré à son futur prince une et Rateral Bedwyr Sanin. Mais il y avait
l’autorisation d’entrer avec humilité. magnifique hache. On a perdu la trace aussi beaucoup d’écuyers, de nobles et
Comme son grand-père et sa mère avant des deux autres régalia, la célèbre épée de chevaliers de la couronne équipés de
lui, Finnian s’est également voué au dieu Coupe-vagues, ainsi que le casque et le leur plus belle armure, originaires de la
protecteur de Havéna et a ainsi placé broigne du grand héros, depuis le Grand magnifique province. Tous ont ployé le
son règne au service du Seigneur des Raz-de-marée. genou, mais pas leur tête, comme le veut
Marées. Pendant ce temps, le distingué Avec la bénédiction solennelle de une ancienne coutume albernienne.
patriciat de la ville ainsi que des centaines Praïadane de Haut-roc, la gardienne de Après la fin des vœux de protection et
de membres de la noblesse albernienne l’ordre des Terres-Griffon, et de Rudraighe de fidélité, le prince Finnian a nommé,
se sont rassemblés devant le vénérable ni Direach, la maîtresse de la fédération en charge et en dignité, deux nouveaux
sanctuaire. Comme il était impossible de la senne occidentale, le prince Finnian conseillers à la couronne. Le baron Rateral
que la maison de Thylos accueille au- a enfin été couronné par la main du gar- Bedwyr Sanin, ami paternel du prince, et
tant de personnes, seuls les membres dien du cercle Thylosan ui Bennaìn avec le baron Rondred Stepahan, cousin de
de la famille proche, les hauts-prêtres la couronne des vagues — le plus beau de la princesse Taléna ni Bennaìn, doivent
des Églises, des dignitaires triés sur le ces symboles princiers. L’exultation fut si dorénavant assister la couronne par tous
volet, ainsi que des dirigeants et des am- grande qu’elle déferla telle une vague dans les moyens possibles. Seule la charge de
bassadeurs de haut rang des provinces toute la ville. Entre-temps, le prince Finnian représentant princier dans la baronnie
et royaumes étrangers ont pu suivre le a solennellement fait vœu de vassalité de- d’Eaux-des-Arbres était encore inoccu-
prince à l’intérieur du sanctuaire. La plus vant l’Impératrice et s’est engagé à toujours pée. Lorsque le chevalier Wulfgrimm ui
distinguée d’entre eux était sans nul doute la servir fidèlement et loyalement, pour la Niamrod, grand vainqueur du tournoi des
Rohaïa de Gareth, reine ­d’Albernie et plus grande gloire du seigneur Thylos. noces princières, a été nommé nouveau
impératrice de ­l’Empire. En symbole de Sur le chemin de retour du cortège prévôt, un murmure a parcouru l’assem-
la passation de son pouvoir, et avant le vers le palais, un événement mémorable blée. Car quelques nobles s’attendaient à
point culminant du sacrement du prince, et inattendu s’est produit lorsque certains leur propre élévation et pas à ce que ce
elle a remis à Idra, notre bonne régente habitants de Havéna ont commencé à en- grand honneur ne revienne à un simple
de la couronne, la couronne des vagues : tonner le triste chant de la liberté « Nuit combattant. Le héros, extrêmement ap-
une tiare décorée avec les symboles de brumeuse » que l’Impératrice avait déjà précié du peuple, fut rapidement iden-
Thylos qui avait autrefois orné la tête de entendu autrefois lors du couronnement tifié parmi la foule. Ainsi, le désormais
son mari et de son honorable lignée. de sa tante Ìnnvher. seigneur Wulfgrimm — le visage pétrifié,
Selon une coutume ancestrale, c’est tel un Sylvain — a prêté le serment tra-
seulement à ce moment que le prince Allégeance et élévation ditionnel de vassalité. Par cette élévation,
a pu recevoir les fabuleux régalia de Ensuite, tous les vassaux de la cou- le prince Finnian prouve un fois de plus
couronnement du pays des Sept Vents. ronne se sont rassemblés dans le palais que le petit-enfant du roi Cuanu a mûri au
Certains d’entre eux avaient été d’une princier devant le trône de bois flottant cours des six années qui ont suivi la paix
aide inestimable dans la guerre contre pour prononcer, à leur tour, le serment d’Abilacht. Il est désormais un homme au
le tyran magicien pour le hetman de fidélité. Datant de l’époque de Diaran fort caractère et prêt à suivre son cœur. Il
Niamad ui Bennaìn, le héros fondateur ui Bennaìn, le siège souverain constitué reste à espérer que l­’Albernie poursuivra le
de la maison princière. Depuis plus de de bois blanchi par l’écume rappelle à processus de réconciliation avec ­l’Empire
400 ans, les chefs des maisons Niamad, ses observateurs la dévastation de la et retrouvera son lustre d’antan.
Llud et Riunad avaient le privilège prin- ville par la grande colère de Thylos. Les
cier de conserver trois de ces artefacts. personnages les plus importants parmi Cianna Astérie
Le comte Cullyn ui Niamad a apporté les vassaux étaient les comtes Cullyn (Heiko Hügner avec remerciements à Marcus
la noble corne d’abondance qui orne ui Niamad, Franka Salva Galahan, Buss, Maik Lafrenz et Simone Lafrenz)

La Gazette Aventurienne, Praïos 1038 CB
Le Lion enchaîné
G
areth. Il y a de cela quelques
jours, alors que nous allions lan-
cer l’impression de ce numéro,
un messager, couvert de poussière et ar-
borant la pomme dorée de Varunk sur
une tunique d’armes vert-bleu, est arrivé
en ville et a pris la direction de l’Ancienne
Résidence. Une fois sur place, l’homme
épuisé a remis en main propre à son
Altesse impériale, le prince Storko, un
message scellé par le margrave Sumudan
de Bordebregel ainsi que par le maître
de senne1 Jaakon Zirkisnjak de Turjeleff.
Bien que, dans un premier temps, seul un
étonnant « Parbleu ! » a filtré du bureau du
prince de velours, la nouvelle rapportée
par l’homme originaire de Varunk s’est
rapidement répandue en ville : Léomar
de la Montagne, le héros de la Guerre
du Khôm, maréchal impérial déchu et
proscrit, a été capturé par les braves
combattants du margraviat de Varunque.
Couvert de chaînes, il était en route pour
Gareth où, en l’absence de l’Impératrice,
il devait être remis au prince Storko et tra-
duit devant la justice impériale.
Quelques jours plus tard, le célèbre
prisonnier a atteint Gareth étroitement
surveillé par une douzaine de combat-
tants de Varunk ainsi que par quelques
prêtres et acolytes de Rondra. La troupe
était dirigée par la baronne légitime de
Mailleroc, Vekordia de Mailleroc, une
chevaleresse de la noblesse tobrienne
ainsi que Walram Bylur de Mendena,
chevalier de la déesse et compagnon
d’armes de Jaakon de Turjeleff, avec sous
sa garde Ragefeu, la légendaire épée de
cavalerie de Léomar de la Montagne. Le
cortège du maréchal déchu n’a pas subi le
flot d’insultes que beaucoup lui promet-
taient lors de sa traversée de la ville. Au
contraire, la vaillante troupe, harassée par
un si long voyage, a suscité la curiosité.
Les citoyens ont plutôt gardé le silence
et cherché à apercevoir l’éminent prison-
nier plutôt que de le couvrir de honte et
d’insultes.
Le déroulement exact des événe-
ments n’est entouré d’aucun mystère. À
la demande de la Gazette, Vekordia de
Mailleroc a rapporté que Léomar de la
1. Une senne est une subdivision territoriale
de l’Église de Rondra. Jaakon Zirkisnjak de
Turjeleff est le maître de fédération de la senne
des Terres Centrales. Le titre donné au maître de
la fédération de senne est « métropolite ».
Gazette aventurienne, Thylos 1038 CB
L’ombre s’enfuit vers l’est !
lzoll. Les Golgarites et leurs al-
A liés ont fait un nouveau grand
pas dans la conquête des terres
orientales de la marche du Corbeau.
Après la chute du mur des morts, les
troupes menées par le margrave Gernot
de Mersinne ont réussi à conquérir Alzoll
à une vitesse déconcertante.
Les ombres à l’est
Après la bataille pour le mur, à la fin
de la dernière course divine, on s’at-
tendait à ce que les conquêtes des
Golgarites soient minimes en attendant
l’arrivée de l’armée de l’Impératrice. Si
la prise du mur des morts était déjà un
grand triomphe, tout semble indiquer
que BORon1 se tient toujours aux côtés
de ses combattants. Trois lunes n’étaient
pas encore passées qu’Alzoll, la ville la
plus importante à l’est de la marche du
Corbeau, était conquise.
Jusqu’à très récemment, celle-ci était en-
core le siège du pouvoir de l’archi-traître
Lucardus de Kémet, qui avait asservi les
terres environnantes à l’aide de sa garde
draconique. Il faut aussi noter que d’autres
nécromants et groupes de pouvoirs y
menaient aussi leurs activités impies,
comme les Haches de Sang, menées par
la tristement célèbre Chayka Ragedent, et
Gazette Aventurienne, nº1
Montagne est tombé entre les mains de
mercenaires et de quelques rondrians.
Ceux-ci étaient rattachés à une troupe
de combattants de Varunk, au service
du margrave à la frontière de la baron-
nie de Pré-de-Dogul. Apparemment, le
maréchal impérial déchu était à la tête
d’une bande de stipendiés, connue sous
le nom de Lions des Forêts, en chemin
pour l’inaccessible région des sources de
l’Aldrom. Lui et sa petite troupe furent
surpris par l’apparition du contingent
de Varunk, qui s’était aventuré loin de la
ville. Pour l’heure, le maréchal attend sa
condamnation dans un cachot.
Le succès des combattants de Varunk
est à mettre au crédit des compétences
militaires de la baronne légitime de
Mailleroc ainsi que du sacrifice de deux
jeunes rondrians. Ces derniers ont
donné leur vie pour séparer Léomar de
la Montagne de sa troupe. Pendant ce
temps, les mercenaires du margrave oc-
cupaient les Lions des Forêts, jusqu’à ce
que les combattants de Varunk mettent
la main sur le traître à l’Empire.
Il n’est donc pas surprenant que les
derniers mots du message aient été ceux
du maître de la fédération de la senne
des Terres Centrales. Walram a même
expressément suggéré de l’imprimer mot
pour mot dans la Gazette. Terminons
donc le récit de cette nouvelle inatten-
due par les paroles du métropolite, qui
fait l’objet de nombreuses controverses
depuis quelques temps : « C’est grâce à
un signe de la Lionne guidant leurs pas
que les combattants, unis sous la pomme
dorée, se sont dirigés vers Pré-de-Dogul.
C’est l’esprit éveillé de la chevaleresse qui
porta le premier coup, et le courage de
deux serviteurs de la Dame de l’Orage
qui porta le second. Les deux se sont
joints comme un poing de fer. Car en ces
jours, nous ne devons pas nous contenter
d’attendre ! Nous devons suivre les signes
de la déesse et être ses bras et ses yeux.
Le margraviat de Varunque l’a prouvé et
remet ce traître à l’empire. La déesse est
avec ceux qui osent et non avec ceux qui
tergiversent éternellement. Je souhaite
que l’Épée des Épées entende ces mots
et les comprenne ! »
Baltram de Marchemont,
dactylographe en chef (Katja Reinwald, avec
remerciements à Michael Masberg et DSR)
différents chasseurs d’humains. Ils
ont tous en commun de s’opposer
aux Douze et sont ainsi des ennemis
de l’Empire et de toutes les terres
des Douze.
Ainsi, peu de temps après
la bataille pour le mur, le
nouveau camp fortifié
derrière le rempart des
combattants de BORon
a essuyé assaut sur as-
saut. Beaucoup pen-
saient que l’avancée
des troupes de la marche
du Corbeau seraient lente,
une fois passées de l’autre
côté du mur. On imagi-
nait que la ville fortifiée
de Vieux-Ruissemont
et les quelques anciens
châteaux le long de l’an-
cienne route impériale
menant à Alzoll allaient
être des obstacles im-
portants. Pendant un
long moment, il ne se
passa rien.
1. Certains auteurs aventuriens, très
respectueux des dieux, mettent
les trois premières lettres des
noms divins en majuscules.
Gazette aventurienne, Rondra 1038 CB
Vers une guerre des princesses trahéliennes ?
l’Anfa/Khefu. Selon des ru-
A meurs non confirmées, des
échauffourées auraient éclaté
dans quelques villages trahéliens à la fron-
tière de l’empire d’Al’Anfa. Notre cor-
respondant à Al’Anfa, Dajan Erkhord,
a demandé une audience pour tenter de
clarifier les fondements de ces rumeurs.
Le protector Oderin du Metuant était
malheureusement indisponible, mais pas
sa confidente Alena Karinor.
« Nous aussi, nous avons entendu des
rumeurs. Oui, il y a eu quelques combats
dans des villages reculés de la jungle.
Toutefois, aucune troupe al’anfanienne
n’a participé aux hostilités. Nous savons
de sources sûres que la sœur de la reine au-
to-proclamée de la province trahélienne,
Rhônda Setepen, est responsable de ces
débordements. Fondamentalement, cela
ne nous concerne en rien, tant que les
L’attaque venue de nulle part
Mais d’un coup, les événements se
sont précipités, comme cela avait été
le cas lors de l’assaut contre le mur des
morts. Comme si les troupes avaient reçu
un signal secret, les combattants se sont
mis en mouvement au mois de Thylos et
ont atteint Alzoll après seulement quatre
jours de marche forcée, ne trouvant que
peu d’opposition sur leur chemin. Les
villes fortifiées et châteaux étaient vides
de gardes draconiques ou de morts-­
vivants et la principale difficulté fut l’état
de désolation du pays, qui obligeait les
troupes à transporter leur propre nour-
riture, sur une route délabrée.
Certains craignaient que l’armée ne
tombe dans un piège tendu par l’ennemi
juré Lucardus de Kémet, qui avait défié
les Golgarites sur ces terres pendant une
décennie. Mais rien de tel ne se produi-
sit. Les troupes unies atteignirent la ville
d’Alzoll au midi du quatrième jour et
se heurtèrent à une résistance attendue.
Des soldats de la garde draconique, des
mercenaires, des gardes de la ville, des
magiciens, de simples miliciens et même
quelques démons s’élancèrent vers les
combattants de BORon et une virulente
bataille éclata devant la porte des Trolls
de la ville.
La libération d’Alzoll
Les défenses d’Alzoll avaient été bien
entretenues : l’immense porte, les mu-
railles et le fossé risquaient de faire payer
un lourd tribut aux combattants dépour-
vus d’équipement lourd, et fatigués de
leur marche forcée. Après les premières
salves d’artillerie tirées depuis la ville et la
charge infructueuse de quelques dé-
mons, une lutte acharnée éclata au
pied de la muraille. Certains
des attaquants payèrent
de leur vie leur tenta-
tive d’atteindre le haut
des remparts à l’aide
d’échelles ou depuis le
dos de leur monture.
Les 400 combattants
n’auraient proba-
blement eu aucune
chance contre les
défenseurs numé-
riquement supé-
rieurs s’ils n’avaient
pas reçu une
aide inattendue.
Les événements
qui eurent lieu
dans la cohue de
bataille ne nous
ont été rappor-
tés que par frag-
ments, mais de
nombreuses
personnes ont
indiqué l’inter-
vention d’autres
combattants
aux côtés de ceux
de la marche du
bases et les terres de l’empire ne sont pas
menacées. Cependant, le procurator m’a
chargé d’envoyer la Légion étrangère. »
Nous n’avons pas pu en apprendre plus.
Toutefois, quelques marchands itinérants
et chasseurs d’esclaves, qui ont vu de très
près les événements des jungles trahé-
liennes, ont signalé que les troupes de
Rhônda disposent d’un excellent arme-
ment et d’un soutien magique sous forme
d’alchimica et d’une poignée de magiciens.
Ses forces militaires se seraient rendues
coupables de plusieurs attaques et mas-
sacres dans des villages trahéliens.
La situation serait si grave que la reine
du Káhet Ni Kemi, Éla aurait déjà en-
voyé les Gardes Noirs et l’ordre de Saint
Laguan pour calmer le jeu et chasser
les envahisseurs.
Muliro Larekos (Alex Spohr)
Corbeau. On évoque des mercenaires et
des chasseurs d’humains originaires de
Varunquie, tandis qu’on a aussi entendu
parler de déserteurs de l’armée impériale
et quelques-uns affirment avoir reconnu
le traître Léomar de la Montagne parmi
les combattants. Mais cette dernière in-
formation est peu crédible, car aucun
combattant honorable n’irait au combat
à ses côtés et, surtout, il est actuellement
emprisonné à Gareth !
Ce qui est certain, c’est que la porte de
la ville fut ouverte de l’intérieur avant l’as-
saut sur les remparts. Certains rapportent
que la sombre silhouette d’un gigan-
tesque corbeau fit sauter les portes, tan-
dis que d’autres évoquent des personnes
habillées comme des mendiants ravivant
par leurs actions héroïques l’espoir de
voir les dieux bons revenir. Quoi qu’il
en soit, les combattants entrèrent dans la
ville avant le crépuscule et y livrèrent un
combat urbain. Ce nouvel affrontement
s’est avéré aussi sanglant que celui de la
porte, car des morts-­vivants, démons et
autres créatures impies occupaient de
nombreuses maisons. Toutefois, sous le
commandement de Gernot de Mersinne,
les assaillants parvinrent à conquérir la
ville. Le margrave a depuis installé ses
nouveaux quartiers dans l’ancienne rési-
dence des landgraves.
En y regardant de plus près
Si l’on considère les tenants et les
aboutissants de la bataille, les Golgarites
ont remporté une nouvelle victoire im-
portante pour la libération du pays et
disposent désormais, avec Alzoll et leur
camp situé à l’ancien mur des morts, de
deux bases for­tifiées dont les environs
pourront être pacifiés. Pour l’armée im-
périale, cela signifie aussi une zone sé-
curisée plus large sans laquelle certains
combats auraient été plus compliqués.
Seule ombre au tableau, Lucardus de
Kémet, qui n’a pas été capturé à Alzoll,
et quelques autres ennemis importants
ont réussi à s’échapper pendant la bataille.
Ainsi, l’arrière-pays restera contesté et dan-
gereux jusqu’à ce que les derniers serviteurs
des démons en soient chassés. La question
reste de savoir pourquoi Lucardus, le traître
et ennemi juré des Golgarites reconnu
comme stratège expérimenté, n’a pas par-
ticipé au combat à Alzoll, où ses chances
de victoire auraient été nettement plus im-
portantes que lors d’une bataille rangée.
Certains murmurent qu’il s’est retiré vers
l’est avec sa garde draconique et ses troupes
de morts-vivants pour rejoindre les fidèles
de Helme Haffax (chassé du pouvoir l’an-
née dernière), tandis que d’autres pensent
qu’il prépare la relève de la Colonne sans
fin de morts-vivants pour reconquérir les
terres entre Alzoll et le mur des morts. Que
les Douze, justes et bons, l’en empêchent,
BORon en tête !
Mythram Korsfels
(Anni Dürr avec remerciements à
Nicole Euler et David Lukaßen)
3
Walter CARVALHO - hanapee9@gmail.com - 202205/389631/972979

Informations réservées au meneur
Le mur des morts est tombé ! et
L’ombre s’enfuit vers l’est !
Le mur des morts protège le seul passage
aisé entre l’Empire et les Terres Sombres. Il
est occupé depuis dix-sept années par les
héritiers de Borbarad qui en ont fait une
forteresse presque imprenable. Mais ces
dernières années, les dirigeants des Terres
Sombres l’ont progressivement délaissé.
Les morts-vivants qui composent la gar-
nison sont depuis lors sans maître mais
ont continué à défendre le passage, guidés
par une conscience qui semblait émaner
du mur lui-même. Les articles reprennent
les événements que des héros peuvent
vivre et influencer de manière significative
dans l’aventure Rêves de mort. Ainsi, le dé-
roulement et le résultat exact des batailles
sont volontairement vagues et contradic-
toires, pour laisser suffisamment de liberté
au meneur de jeu. Le seul fait avéré, c’est
que les effondrements, qui ont largement
contribué à la victoire, sont l’œuvre d’une
escouade de courageux héros ayant agi de-
puis l’intérieur du bâtiment. Partez aussi
du principe que la présence démoniaque
dans le mur des morts est anéantie, que les
remparts sont en partie effondrés et que les
alliés du pacte d’Al’Zul ont quitté la marche
du Corbeau, car on a besoin d’eux dans
leur patrie respective. Pour les prochains
combats, les Golgarites sont seuls. En
premier lieu, ils vont construire un camp
fortifié à l’est du mur des morts malgré les
assauts répétés, durant les premiers jours,
de chasseurs d’humains, de nécromanciens
et de morts-vivants. Pour la prise d’Alzoll,
l’attaque n’est effectivement pas venue de
nulle part, comme l’article le laisse suppo-
ser, mais a été préparée par un groupe de
courageux héros, qui ont éliminé tous les
obstacles sur le chemin vers Alzoll et ont
gagné de nouveaux alliés pour le combat.
L’ouverture de la porte de la ville est éga-
lement de leur fait, ce qui a permis à une
armée aussi petite de conquérir Alzoll. Les
événements qui suivront sont liés au ren-
forcement du sanctuaire d’Al’Zul qui se
trouve à proximité de la ville et dont le pou-
voir n’est plus contenu par les magiciens
de la ville. Alors que les habitants d’Alzoll
ont abusé de sa force pendant des années,
désormais, le sanctuaire agit comme une
entité qui s’oppose à toutes les personnes
présentes dans sa sphère d’influence, la ville
y comprise, et essaye de les en chasser.
L’Albernie retrouve un prince
Près de six ans ont passé depuis la
pénitence de la reine Ìnnvher qui s’était
prosternée dans le camp impérial, à
Abilacht, afin de mettre un terme à la
tentative de sécession de l’Albernie de
l’Empire. En élevant Finnian ui Bennain
au rang de prince, l’impératrice Rohaïa
normalise les relations entre l’Empire et
l’Albernie, et rétablit l’ancienne famille
dirigeante. Avec la perte de la couronne
du dauphin au profit de la Maison de
Gareth, les Bennaìn avaient perdu leur
dignité royale sur l’Albernie, acquise
deux décennies auparavant, ainsi que
leur influence, jadis considérable, dans
le royaume. Depuis lors, ils œuvrent sans
relâche pour rétablir l’importance de leur
province occidentale repentie dans le
Nouvel Empire. C’est surtout la répu-
tation de l’Albernie, patrie de héros im-
portants ayant sauvé le Nouvel Empire à
de multiples reprises, qui est aujourd’hui
ternie. Des héros tels que le roi de l’épée
Raïdri ou le roi Cuanu semblent apparte-
nir au passé. Après le scandale de la sé-
cession ratée, la maison princière, ses al-
liés et ses conseillers les plus proches ont
essayé de normaliser, étape par étape, les
relations avec le Nouvel Empire. L’idée
était de revenir à une gouvernance com-
plète grâce au couronnement rapide du
prince. Depuis Abilacht, le palais princier
était sous la surveillance indirecte de la
maison impériale, car Rohaïa avait placé
Gazette Aventurienne, nº1
le grand conseiller privé de ­ l’Empire
aux côtés de sa grand-mère. Alors que
la mise en œuvre complète du traité de
Sang-de-Bœuf a permis de récupérer
d’importants privilèges, la croisade dans
la Marche Sauvage a permis de rega-
gner un certain prestige dans l’empire.
L’accord impérial définitif fut précédé de
nombreuses manœuvres de la noblesse
albernienne visant à influencer l’assem-
blée délibérative à Gareth.
Le Lion enchaîné
Cela faisait un moment que Léomar
de la Montagne et ses Lions des Forêts
sillonnaient le nord-est de la Varunquie.
Cependant, le succès croissant du margra-
viat de Varunque commençait à le brider,
car la Penseuse1 revendiquait elle aussi et
avec succès ce territoire. En hiver, Léomar
a maintes et maintes fois conduit ses Lions
des Forêts sur le territoire du Prince-
Commandeur Haffax, ébranlé par de nom-
breuses rébellions, mais, après quelques
victoires, il a pourtant été repoussé dans la
région inaccessible et primitive des sources
de l’Aldrom. Faisant de nécessité vertu, il
entreprit de s’emparer de la baronnie de
Mailleroc alors aux mains de Jendesa de
Tuzak. Léomar avait en tête d’offrir ensuite
la baronnie au margrave de Varunque, car
son objectif restait toujours d’être réhabi-
lité par l’Empire — et par son représen-
tant Sumudan de Bordebregel. Après tout,
un affaiblissement de la Commandature
du Prince, même via celui de Jendesa de
Tuzak, considérée comme une partisane de
Haffax, aurait été le bienvenu.
Mais un signe de Rondra a incité
Jaakon de Turjeleff à envoyer Vekordia de
Mailleroc, baronne légitime, en direction
de son ancienne patrie. Là-bas, le maréchal
impérial déchu est tombé entre ses mains
de manière un peu inattendue. L’ordre de
Jaakon a été inspiré par les rêves récurrents
de son fils d’épée2 Stangrim de Rauleu
qu’il considérera et utilisera, à l’avenir,
comme « devin ». Le maître de la fédéra-
tion de la senne des Terres Centrales ne se
lasse pas de rappeler son rôle dans ce coup
surprenant et dénonce les ­hésitations de
l’Épée des Épées.
Vers une guerre des princesses
trahéliennes ?
Dans la jungle trahélienne, Rhônda a
débuté les préparatifs d’une guerre. À
l’aide des doublons d’Al’Anfa, elle s’est
procuré armes et armures et a engagé
mercenaires et magiciens pour attaquer
et conquérir quelques petits villages
trahéliens. Par ces actions, elle veut pro-
voquer sa sœur Éla à Khefu et la forcer à
agir. Son plan prévoit d’attaquer aussi des
positions al’anfaniennes et faire comme
si les troupes appartenaient à Éla. Pour
l’instant, celle-ci n’a pas encore réagi à la
provocation. Alena Karinor n’a pas été
informée par Oderin de l’accord avec
Rhônda et ne fait que suivre les ordres du
général. La Légion étrangère protégera
d’abord des villages al’anfaniens, mais,
si nécessaire, combattra tout trahélien
­s’approchant de trop près.
Une nouvelle maîtresse dans la
maison de Hésinde
(voir Gazette aventurienne n°0)
Le changement à la tête du Temple
de Hésinde de Saltes était nécessaire car
l’Église ne pouvait plus tolérer les agisse-
ments de sa maîtresse précédente, Arba
de Silas. Vos héros peuvent participer
1. La Penseuse est le nom d’une momie qui a
créé un empire au nord-est de la Varunquie,
neutre à l’égard des Impériaux et des serviteurs
des heptarques.
2. Dans l’Église de Rondra principalement, écuyer
qui possède un lien presque adoptif avec le che-
valier qu’il accompagne.
aux événements qui mènent à cette si-
tuation dans l’aventure intitulée La Mue
du serpent, disponible chez Black Book
Éditions. Celle qui succède à Arba est
Lucara de Saltes, auparavant connue
sous le nom de Lucara da’ Malagreía (née
en 994 CB, 44 ans, 172 phalanges, che-
veux noirs et bouclés, yeux brun foncé,
sensuelle). Issue de l’ancienne noblesse
chababienne, cette prêtresse a rejoint les
Draconites dès son plus jeune âge et a
pris la tête du havre draconite de Kuslik
en 1031 CB. Cette ambitieuse politi-
cienne ecclésiastique s’est retrouvée pié-
gée par sa propre conspiration, qui mena
à sa perte en 1032 CB. Vous pouvez en
lire plus sur ces événements dans les ro-
mans de Michael Masberg, Le Cercle des
Six et Le Centre des mondes. Pleine de re-
mords, Lucara s’est soumise à la justice de
l’Église. Elle a démissionné de toutes ses
fonctions et a été rétrogradée au rang de
prêtresse. Elle a alors pris le large en ba-
teau et s’est exilée sur l’île de Païlos, dans
l’archipel des Cyclopes, en 1032 CB. Elle
y a servi le temple en acceptant sa desti-
née avec humilité. Personne n’a été plus
Une idée de scénario
en Andergast/Nostrie1
ne vente aux enchères de ton-
U
neaux d’alcool, vieux de plu-
sieurs siècles mais encore très
bon, a battu tous les records. En effet,
ce que l’on pensait être des armoiries
apposées sur les tonneaux sont peut-
être des glyphes ancestraux. Tant les
agents de la reine Yolande que des
membres de « ­l’Alliance patriotique »
ont tenté d’acheter les tonneaux
(conclusion de l’enchère au choix du
MJ) pour pouvoir étudier les symboles
magiques. Ces derniers pourraient
permettre de préserver les aliments
bien plus longtemps que la normale.
L’enjeu économique est énorme
puisque le commerce de la salzarelle
pourrait ainsi être développé sur le
continent entier, ce qui générerait un
profit énorme et un avantage certain
pour le camp qui en bénéficierait.
Après une petite enquête (plus
compliquée si ce ne sont pas les com-
manditaires des héros qui ont em-
porté l’enchère), les héros, chargés
d’en apprendre plus sur les glyphes,
découvrent que les tonneaux pro-
viennent d’un château situé dans une
région abandonnée et aride, à la fron-
tière séparant Andergast et la Nostrie.
Munis d’une bonne réserve d’eau, les
héros explorent le château hanté par
les fantômes de malheureux aventu-
riers ou d’anciens prisonniers, d’une
sorcière et de l’ancien seigneur. Ce
dernier explique qu’il est tombé amou-
reux de la nymphe des 12 sources qui
jadis abreuvaient les terres environ-
nantes. Mais sa conseillère, la sorcière,
était amoureuse de lui et par jalousie
a tari toutes les sources, bloquant du
même coup le portail féerique de la
surpris qu’elle en apprenant sa convo-
cation par l’archigardienne des connais-
sances. Lucara est une conspiratrice qui
a échoué. Son arrogance et son ambition
avaient corrompu son esprit et ont failli
mener à un grand mal, alors qu’elle était
persuadée d’agir comme il le fallait. Ses
réflexions sur ses actes et ses six années
d’exil l’ont rendue plus calme et plus
humble. En outre, elle a réalisé que le
chemin qui la ramènerait au cœur de sa
foi impliquait de servir inlassablement sa
déesse. Depuis lors, elle s’acquitte de ses
nouvelles tâches avec la même ambition
que celle dont elle avait faire preuve en
conspirant, des années plus tôt. Mais ce
passé rend sa situation délicate à Saltes.
De nombreuses personnes au sein de
l’Église et de son nouveau temple ne lui
font pas confiance et certains rivaux la
tournent en dérision. Lucara n’a pas perdu
son talent pour la politique et l’intrigue,
mais elle l’utilise désormais au bénéfice de
sa déesse. L’ex-conspiratrice n’a aucune
idée du rôle qu’elle jouera dans le strata-
gème de Hésinde contre la cabale du Sans
Nom, qui tisse sa toile autour de Saltes.
nymphe et empêchant cette dernière
de revenir sur Dère. Le seigneur a fait
jeter la sorcière aux oubliettes puis est
mort seul à continuer en vain à tenter
de libérer sa bien-aimée. La raison du
tarissement identifiée, les héros vont
pouvoir demander à un druide de faire
rejaillir les sources, ramenant la vie sur
les terres. Les opposants aux com-
manditaires des héros ont eux aussi re-
cruté une troupe menée, par exemple,
par le mystérieux Taureau écarlate.
Les héros vont devoir gérer un
nouveau problème : à qui vont re-
venir les terres et le château ? Aux
héros (mais il faudra trouver un bon
gestionnaire pour les représenter) ?
À l’un des nombreux nobles qui se
revendiquent de la famille (par al-
liance ou cousin au 3e ou 4e degré de
l’ancien seigneur) ? Ou au fils du sei-
gneur et de la nymphe, qui a grandi
tous ces siècles dans le monde des
fées (ayant désormais l’équivalent
d’une vingtaine d’années), attendant
que le portail soit ouvert à nouveau
pour venir sur Dère ?
Les héros trouveront le secret des
glyphes (effets au choix du MJ), bien
caché dans les tréfonds du château,
ou l’apprendront de la bouche de
la nymphe suivant le déroulement
de l’aventure.
1. Pour plus de détails sur les informations
données dans ce paragraphe, voir le module
régional Les Royaumes ennemis (disponible en
anglais et en allemand). Si vous ne disposez
pas de cette ressource, la rédac sera ravie
de répondre à vos questions sur le forum
de BBE.