Professional Documents
Culture Documents
Bonne Maniere Discussion
Bonne Maniere Discussion
ARRAHMAN ARRAHIM
Ce
séjour
en
Tunisie
m’a
permis
d’observer
une
société
foisonnante
de
débats.
Après
une
époque
d’éducation
à
la
dure
au
respect
de
la
voie
unique,
la
liberté
durement
acquise
a
donné
à
chacun
le
droit
de
s’exprimer.
La
politique
est
la
partie
la
plus
visible
de
ces
vifs
échanges
mais
les
débats
sont
partout
:
dans
les
entreprises,
les
mosquées,
les
foyers,
etc.
Pour
que
ces
échanges
soient
constructifs
essayons
de
connaître
et
de
nous
approprier
les
manières
que
l’Islam
nous
enseigne.
Il
est
possible
que
vous
n’ayez
jamais
entendu
un
sermon
du
vendredi
sur
la
façon
de
discuter
;
pourtant
le
dialogue
a
un
grand
rôle
dans
la
société
et
l’Islam
a
beaucoup
à
nous
apporter.
Le
premier
point
est
dire
la
vérité.
Ca
a
l’air
si
simple,
mais
par
exemple
si
vous
arrivez
en
retard
à
un
rendez-‐vous,
dites-‐vous
la
vérité
?
Combien
disent
:
«
Il
y
avait
de
la
circulation
»,
alors
qu’il
y
a
toujours
la
circulation,
et
ils
auraient
dû
prendre
leurs
dispositions
en
cas
d’imprévus,
mais
ils
ont
négligé
et
laissé
passer
le
temps
jusqu’à
vouloir
filer
et
s’exaspérer
de
la
circulation.
Alors
mon
frère,
dis
la
vérité
:
ce
n’est
pas
la
circulation
mais
ta
négligence
et
tu
n’as
aucune
excuse.
Quand
je
demande
à
un
frère
:
tu
as
dit
ça
?!
Il
répond
:
mais
tu
n’as
pas
vu
ce
que
lui
a
dit
?!
Mon
Dieu
que
c’est
difficile
de
lui
faire
dire
:
oui,
j’ai
dit
ça
!
De
même
quand
je
lui
demande
:
est-‐ce
que
tu
as
fait
ce
que
je
t’ai
demandé
?
Il
répond
:
Il
s’est
passé
ceci
et
cela.
Mon
frère,
quand
on
te
pose
une
question
dis
la
vérité
:
je
ne
l’ai
pas
fait
;
réponds
à
ce
qu’on
t’a
demandé,
ensuite
si
tu
as
quelque
chose
à
ajouter
ajoute.
Dans
un
débat
où
nous
avons
un
désaccord,
il
est
de
la
plus
haute
importance
de
dire
strictement
la
vérité
sinon
le
débat
devient
une
embrouille
inextricable.
Si
ton
adversaire
dit
une
chose
juste
dis
que
tu
es
d’accord
car
cette
chose
est
juste.
Tout
ce
qui
se
dit
de
mal
sur
ton
adversaire
n’en
crois
pas
un
mot
à
moins
que
tu
ais
des
preuves
irréfutables.
Ne
donne
pas
un
argument
si
tu
doutes
de
sa
véracité.
Dis
que
tu
ne
sais
pas
si
tu
ne
sais
pas.
Si
une
question
te
prend
au
dépourvu
dis
que
tu
n’as
pas
encore
réfléchi
à
cela
et
que
tu
dois
prendre
un
temps
de
réflexion
;
ne
te
précipite
pas
de
balancer
une
réponse
infondée
car
cela
montre
ta
mauvaise
foi
:
tu
cherches
à
avoir
raison
alors
que
toi-‐même
ne
sais
plus
où
tu
en
es.
Si
une
question
déstabilise
ta
position
et
remet
en
cause
ta
conviction
repose-‐toi
la
question
:
pourquoi
y
crois-‐tu
?
Si
tu
te
trouves
partagé
entre
ce
que
tu
croyais
et
ce
qu’on
te
présente
avoue
qu’il
y
a
des
points
pertinents
chez
ton
adversaire
mais
que
tu
as
encore
des
raisons
de
garder
ta
position
et
qu’il
faut
élucider
les
apparentes
contradictions.
Ton
fil
conducteur
dans
le
débat
c’est
pourquoi
toi-‐même
tu
es
convaincu
de
ta
position
?
Ton
argument
fondamental
:
s’il
passe,
tu
gagnes,
si
on
te
démontre
qu’il
est
faux,
toi-‐même
tu
abandonne
cette
position
;
et
laisse
tomber
tous
les
arguments
annexes
:
en
plus
ceci,
et
même
cela,
qui
sont
discutables
et
dépendent
de
l’appréciation
de
chacun.
Sache
mon
frère
que
quelle
que
soit
la
cause
que
tu
défends,
si
tu
trouves
l’occasion
d’apprendre
une
chose
que
tu
ne
connaissais
pas,
cela
vaut
mieux
qu’acquérir
beaucoup
de
gens
à
ta
cause,
car
plus
tu
apprends,
plus
tu
t’élèves
en
sagesse
et
expérience,
et
mieux
tu
pourras
défendre
ta
cause.
Donc
quelle
que
soit
la
cause
que
tu
défends,
par
exemple
si
tu
discutes
avec
un
athée
pour
le
convaincre
de
l’existence
d’Allah,
sois
à
son
écoute
et
cherche
tout
point
positif
dans
son
raisonnement
pour
te
l’approprier.
Et
si
tu
discutes
avec
une
personne
qui
ne
cache
pas
sa
haine
et
son
mépris
envers
toi
et
qui
déverse
sur
toi
un
flot
de
critiques
voire
d’insultes,
sache
que
c’est
un
grand
bienfait
qu’Allah
t’a
fait,
surtout
si
elle
te
connaît
bien
et
a
cherché
tes
failles,
car
tu
ne
trouveras
pas
quelqu’un
qui
t’indiquera
aussi
clairement
tes
défauts.
Sois
donc
totalement
à
l’écoute
et
cherche
la
vérité
dans
ce
qu’elle
dit.
Même
si
tu
n’as
pas
commis
l’erreur
en
question,
peut-‐être
as-‐tu
fait
des
choses
qui
ont
laissé
les
gens
croire
ou
imaginer
que
tu
as
commis
cette
erreur,
ou
que
tu
t’es
mal
exprimé
et
voilà
comment
ce
fut
interprété,
ou
que
tu
as
naïvement
fait
confiance
et
maintenant
les
choses
se
retournent
contre
toi,
ou
que
tu
as
confié
des
secrets
et
maintenant
tout
le
monde
le
sait.
Donc
prend
toutes
ces
critiques
comme
un
médicament
et
sache
qu’améliorer
ta
réalité
est
largement
plus
important
que
défendre
ton
image.
Quand
on
recherche
la
vérité,
on
ne
se
vexe
pas,
on
ne
se
sent
pas
humilié,
on
ne
s’emporte
pas,
on
n’a
pas
de
haine
pour
l’adversaire,
on
ne
cherche
pas
à
tout
prix
à
le
descendre,
on
ne
cherche
pas
des
arguments
«
pour
avoir
raison
»,
on
ne
tombe
pas
dans
un
débat
sur
les
personnes,
mais
on
reste
sur
l’idée.
Une
des
entorses
les
plus
flagrantes
à
la
vérité
est
le
raisonnement
par
allégeance
:
celui
qui
a
dit
cette
parole
est
de
mon
camp,
donc
c’est
une
parole
vraie,
je
dois
la
défendre
à
tout
prix
;
et
celui
qui
a
dit
telle
autre
parole
n’est
pas
de
mon
camp,
donc
il
est
du
camp
adverse
et
donc
il
a
tort.
Mon
frère,
si
tu
raisonnes
ainsi,
tu
as
tourné
le
dos
à
la
vérité
depuis
longtemps
et
tu
n’iras
pas
loin
dans
ton
cul-‐de-‐sac.
Appliquons
la
parole
de
Omar,
qu’Allah
l’agrée
:
ne
regarde
pas
qui
a
dit
mais
ce
qu’il
a
dit,
et
ne
jugeons
pas
les
paroles
selon
leurs
auteurs,
mais
les
auteurs
selon
leurs
paroles.
Si
c’est
un
prédicateur
il
doit
être
relégué
au
stade
d’étudiant.
Comment
quelqu’un
qui
ne
cherche
pas
la
vérité
mais
la
domination
peut-‐il
entraîner
des
foules
derrière
lui
?
Mais
ne
croyez
pas
que
ça
peut
se
régler
avec
:
«
non
mon
frère,
là
tu
ne
cherches
plus
la
vérité,
tu
es
en
train
de
sortir
n’importe
quel
argument
pour
avoir
raison
».
«
Ah
oui,
c’est
vrai,
j’ai
compris
la
leçon
».
Non,
cette
situation
nécessite
une
remise
en
cause
très
profonde,
un
changement
d’attitude
et
d’approche,
quitter
son
piédestal
de
prédicateur
pour
redevenir
un
chercheur
assoiffé
d’apprentissage,
et
cesser
définitivement
d’attaquer
et
de
condamner
qui
que
ce
soit
sans
avoir
rencontré
la
personne
et
étudié
tous
ses
arguments.
Un
des
problèmes
les
plus
dramatiques
à
mon
sens
que
vit
la
communauté
musulmane
est
d’avoir
des
dirigeants
religieux
qui
pratiquent
l’expérimentation
à
l’échelle
de
la
société.
Du
simple
prédicateur
de
quartier
au
dirigeant
d’un
groupe
islamique
à
dimension
internationale,
ta
responsabilité
est
immense
car
tous
ces
gens
te
suivent
et
te
font
confiance
au
nom
de
l’Islam,
ces
jeunes
croient
en
toi
plus
qu’en
leurs
parents.
Tu
dois
connaître
sur
les
bouts
des
doigts
la
stratégie
du
prophète
(s)
et
de
ses
compagnons
dans
la
gestion
de
la
religion
pour
t’y
référer
à
chaque
décision,
et
notamment
éviter
les
soubresauts
et
les
confrontations
pour
travailler
dans
la
profondeur
et
la
durée,
bien
qu’il
y
eut
des
moments
où
il
fallait
avancer
et
s’en
remettre
à
Allah.
Ce
sujet
a
sa
place
ailleurs,
mais
ce
qui
aurait
pu
éviter
aux
groupes
islamiques
des
erreurs
et
des
générations
sacrifiées
est
la
discussion
interne
et
l’écoute
de
l’autre.
Hélas
le
statut
des
émirs
quasi
dictateurs
et
des
fondateurs
chefs
à
vie
a
empêché
d’écouter
d’autres
ayant
d’autres
compétences,
notamment
la
qualité
d’être
sur
le
terrain
au
contact
de
la
réalité
et
de
ce
qui
se
passe
à
l’extérieur
du
groupe.
Le
mépris
des
avis
des
«
petits
»
frères
a
permis
d’occulter
des
problèmes
réels
qui
ont
fini
par
balayer
l’activité,
et
une
génération
est
sacrifiée.
Conclusion
:
garde
toujours
l’oreille
attentive
car
la
grandeur
d’une
opinion
salvatrice
peut
se
cacher
derrière
la
petitesse
apparente
de
son
auteur.
Si
c’est
un
journaliste
qui
a
menti,
il
doit
être
sanctionné.
Un
mensonge
dans
un
média
peut
avoir
un
effet
dévastateur
sur
un
politicien,
une
entreprise
ou
une
famille.
Nous
ne
sommes
plus
dans
la
liberté
d’opinion
et
d’expression
mais
face
à
des
destructeurs
:
incapables
de
dire
la
vérité
les
voici
inventant
n’importe
quoi
pour
se
rendre
intéressants
et
pour
défendre
leur
cause,
ou
du
moins
casser
celle
des
autres.
Frères
et
sœurs,
n’achetez
plus
et
ne
lisez
plus
les
écrits
des
menteurs,
le
boycott
peut
aider,
mais
il
doit
y
avoir
une
législation
qui
traite
sérieusement
les
débordements.
Si
c’est
un
politicien,
il
doit
être
poursuivi.
Mentir
pour
détruire
son
adversaire,
détruire
pour
dominer,
ces
gens
sont
un
danger
à
l’état
pur.
Une
fois
démasqués,
ils
doivent
être
neutralisés,
exclus
de
la
vie
politique.
Le
problème
vient
de
leurs
suiveurs,
leurs
alliés
déclarés
ou
secrets.
Donc
on
clarifiera
leur
mauvaise
foi
autant
que
possible
pour
ouvrir
les
yeux
de
leurs
suiveurs
et
on
démontrera
le
cas
échéant
la
mauvaise
foi
de
leurs
alliés.
Vous
voyez
qu’il
s’agit
de
nettoyer
la
société
par
la
promotion
de
la
vérité
et
l’affaiblissement
de
ceux
qui
la
refusent
et
la
base
de
ce
travail
est
:
combien
la
société
est
attachée
à
la
vérité
?
Car
plus
les
opportunistes
incompétents
sont
nombreux
et
moins
les
vraies
personnes
luttent
pour
assainir
la
société
plus
le
faux
dominera.
D’où
la
nécessité
d’une
éducation
à
la
vérité
car
ma
conviction
est
que
notre
situation
globale
est
le
reflet
de
nos
états
individuels
;
autrement
dit
ne
te
plains
pas
de
la
société
pourrie
mais
cherche
ta
propre
pourriture,
et
si
tu
te
changes
toi-‐même
tu
ne
peux
pas
t’imaginer
combien
cela
pourra
changer
le
monde.
Vous
l’avez
compris,
dire
la
vérité
est
le
cœur
du
débat
qui
permet
aux
informations
de
circuler
correctement,
aux
idées
de
se
construire,
aux
différences
de
se
confronter,
aux
adversaires
de
se
respecter,
à
chacun
de
s’enrichir
et
de
progresser
dans
sa
recherche
de
vérité.
Mon
Dieu,
quel
apaisement,
quelle
bénédiction.
Je
me
rappelle
une
discussion
que
j’ai
eue
avec
ma
patronne
à
mon
premier
travail
en
tant
qu’ingénieur.
Nous
sommes
partis
de
deux
points
de
vue
différents
et
a
priori
opposés
et
nous
avons
discuté
et
discuté
de
nos
arguments,
une
discussion
tellement
saine
ou
aucun
de
nous
ne
cherchait
à
se
défendre
mais
seulement
l’intérêt
de
l’entreprise
jusqu’à
nous
mettre
complètement
d’accord
;
il
persistait
une
zone
d’incertitude
et
je
devais
pousser
la
recherche
pour
la
clarifier.
Je
suis
sorti
de
cette
entrevue
en
me
disant
:
si
seulement
les
musulmans
pouvaient
discuter
ainsi
!
Je
n’ai
jamais
eu
ou
vu
un
tel
débat
entre
musulmans,
à
ce
niveau
de
respect,
de
désintéressement
et
de
constructivité.
Nous
avancerions
10
fois
plus
vite
dans
la
construction
de
l’islam.
Pour
discuter
de
la
moindre
petite
chose
(où
il
y
a
un
désaccord),
tu
vois
l’argumentation
se
gonfler
d’un
tas
d’éléments
qui
n’ont
rien
à
voir.
Et
attention
!
Mr
Untel
ne
supporte
pas
la
contradiction.
Si
tu
lui
tiens
tête,
tu
risques
d’être
déclaré
comme
dissident
ou
opposant,
brebis
galeuse
ou
porteur
d’idées
dangereuses,
à
écarter
des
responsabilités
et
son
influence
doit
être
limitée,
à
surveiller
par
des
informateurs
postés
pour
écouter
tes
conversations
ou
feignant
de
te
soutenir.
Dire
la
vérité
et
rechercher
la
vérité
au
point
de
se
désintéresser
de
tous
les
arguments
de
pacotille
et
de
ne
pas
prêter
attention
à
la
forme
des
paroles
mais
au
contenu,
c’est
bien
la
règle
fondamentale
du
débat.
Nous
allons
maintenant
in
cha
Allah
passer
en
revue
quelques
autres
règles
islamiques
souvent
oubliées
ou
inconnues
des
musulmans.
Ecouter
les
deux
parties
avant
de
se
forger
une
opinion,
voici
une
règle
qui
s’impose
au
juge
musulman.
Hélas,
combien
de
prédicateurs
se
lancent
dans
des
critiques
publiques
sans
avoir
jamais
échangé
avec
la
personne
qu’ils
critiquent.
Donc
quelle
que
soit
la
personne
qui
vient
te
dire
du
mal
d’une
autre,
ne
prends
pas
partie
et
ne
te
forge
pas
une
opinion
jusqu’à
ce
que
tu
écoutes
l’autre.
Chez
les
sahaba,
qu’Allah
les
agrée,
on
ne
coupait
pas
la
parole
et
on
n’élevait
pas
la
voix.
Ils
ne
demandaient
pas
non
plus
la
parole
:
le
premier
qui
parle,
tout
le
monde
l’écoute,
et
quand
il
se
tait
la
parole
est
au
premier
qui
la
prend.
Allah
leur
a
interdit
d’élever
la
voix
au-‐
dessus
de
celle
du
prophète
(s),
donc
les
voix
ne
s’élevaient
pas.
Quelle
belle
assemblée
et
quelles
nobles
manières
!
Ceux
qui
aiment
la
sunna
et
se
réclament
de
la
sunna
ont
ici
un
admirable
travail
à
faire
pour
s’élever
au-‐dessus
des
ambiances
des
cafés
et
des
cités,
au-‐
dessus
même
de
l’ambiance
du
parlement
et
montrer
au
monde
un
niveau
d’éducation
unique.
Ainsi
les
gens
verraient
les
manières
admirables
de
l’islam
au
lieu
de
voir
des
gens
crier
et
n’écouter
personne,
et
de
plus
gesticuler,
plus
semblables
à
une
meute
de
loups
agressifs
qu’à
des
hommes
de
Dieu
porteurs
de
miséricorde.
Répéter
les
mêmes
phrases
sur
un
ton
plus
fort
n’est
pas
pédagogique
sauf
peut-‐être
pour
les
ânes
et
relève
du
dialogue
des
sourds
et
de
la
polémique
que
l’islam
déconseille.
Au
lieu
de
répéter
la
même
chose,
demande-‐toi
pourquoi
il
n’a
pas
compris
ce
que
tu
as
dit
et
cherche
à
analyser
son
point
de
vue
;
quand
tu
auras
compris
l’autre
tu
ajusteras
tes
paroles
pour
te
faire
comprendre
et
le
débat
avancera
in
cha
Allah.
A voir sur le sujet : les chauves-‐souris, les dix sunna de pharaon et les 5 sunna de Belkys.