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LES DIFFERENTES APPROCHES EN PSYCHOTHERAPIE


Présentation à grande vitesse

On caricature souvent le ‘psy’ comme quelqu’un (barbu de préférence !)


qui ne dit pas grand-chose (mhmm, oui, je vous entends !) assis dans un
fauteuil. Tandis que son patient est allongé sur un divan, regardant le
plafond.

La réalité est tout autre et plus diversifiée. Si vous consultez un ‘psy’, celui-
ci ne vous couchera pas nécessairement sur un divan ! Certains psys
parleront beaucoup, d’autres peu. Il y a des psys qui proposent des
conseils ou des exercices à faire chez vous, d’autres vous proposeront un dialogue. Certains psys
proposent des réponses, d’autres des questions. Certains psys suivent un protocole de traitement
précis, alors que d’autres suivent une méthodologie moins standardisée.

Ces différences reflètent les différentes méthodes psychothérapeutiques. Car il n’existe pas ‘une’
méthode psychothérapeutique. Il y en a plusieurs. Chaque ‘psy’ s’est formé à une (ou plusieurs) de ces
méthodes (qu’on appelle aussi ‘approches’). Classiquement, on distingue :

1. L’approche comportementale (ou behaviorisme)


2. L’approche psychanalytique (ou psychodynamique)
3. L’Approche Centrée sur la Personne (ACP), appelée aussi ‘approche humaniste’
4. L’approche cognitive (appelée aussi ‘Approche Cognitive et Comportementale’ – TCC)
5. L’approche systémique
6. L’approche narrative
7. L’approche existentielle

Pour faire très bref, on pourrait résumer ces approches ainsi :

1. L’approche comportementale (ou behaviorisme) considère que nos comportements inadaptés,


nos mauvaises habitudes sont le résultat de processus d’apprentissage (conditionnements)
passés. Pour changer, il faut réapprendre. En essayant d’obtenir des avantages immédiats à
ce changement. Par un jeu de récompenses ou de désagréments, on finit par apprendre de
nouvelles conduites et abandonner nos mauvaises habitudes.

2. En psychanalyse, on considère que ce qui nous fait problème aujourd’hui (nos ‘symptômes’)
est lié à des événements passés (souvent douloureux), à des désirs, à des envies que nous
avons enfuis en nous ou que nous n’avons pas pu assumer dans notre conscience. En ‘oubliant’
ces éléments (souvenirs, désirs, etc.), en les ‘refoulant’ dans notre inconscient, ceux-ci refont
parfois surface sous forme de symptômes, d’actes manqués, de lapsus, de rêves, etc. D’une
certaine manière, notre inconscient ‘se venge’. Aussi, dans la mesure où la personne prend
conscience de ce qu’elle a enfui en elle, avec la charge émotive associée, elle se voit libérée
de ses ‘symptômes’.

3. En ce qui concerne l’Approche Centrée sur la Personne (ou approche humaniste), on pense
que notre mal-être est lié à une mauvaise communication avec nous-même. Par exemple, on
s’oblige à des choses (pensées, choix, décisions, attitudes) qui ne sont pas vraiment nôtres.
On s’accroche à une ‘image de soi’ qui ne reflète pas vraiment ce que nous sommes. En
somme, nous n’acceptons pas qui nous sommes vraiment et nous nous inventons un autre
personnage. Cette ‘distorsion de notre être’ crée des souffrances et des angoisses. L’ACP a
pour but d’aider la personne à s’accepter comme elle est, à accéder plus librement à son vécu
et à ses aspirations. Cette acceptation de soi est facilitée par l’acceptation de l’autre. Voilà
pourquoi l’ACP mise essentiellement sur la qualité de la relation (acceptation, empathie,
authenticité) entre l’aidant et l’aidé. C’est en nouant une relation de qualité avec son ‘client’ que
le thérapeute améliore la qualité de la relation que le ‘client’ entretient avec lui-même.

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4. L’Approche Cognitive et Comportementale (TCC), s’est développée en plusieurs ‘vagues’.

a. La première est inspirée du comportementalisme (voir plus haut, le pt 1).

b. La deuxième vague (Approche Cognitive) est inspirée par la psychologie cognitive


apparue dans les années 1960, en même temps que les premiers ordinateurs. Dans
cette approche, on considère que nos comportements inadaptés sont liés à des
pensées inadaptées, à des manières douloureuses de ‘traiter l’information’. On se sent
mal parce qu’on pense mal. Plutôt que de s’entrainer à changer nos comportements,
on va s’entrainer à modifier notre manière de penser, de réfléchir, de voir les choses.
Cette approche propose un ‘entrainement’ au moyen d’exercices concrets de
restructuration cognitive.

c. La troisième vague (Approche basée sur la ‘Pleine Conscience’ ou ‘Mindfullness’) est


plus récente (années 1990) : devant la difficulté (voire l’impossibilité) de modifier nos
pensées, la stratégie est plutôt de les observer, de les accueillir, de les accepter plutôt
que de les suivre ou d’essayer de les chasser. Il est question de se ‘désidentifier’ de
nos pensées, de nous distinguer d’elles. Cette approche recourt généralement à des
techniques corporelles. La ‘Thérapie d’Acceptation et d’Engagement’ et la Thérapie
basée sur la ‘Pleine Conscience’ sont des approches dites de la ‘3ième vague’.

5. En Systémique, et c’est un peu paradoxal, on envisage le problème sous le bon côté des
choses. En effet, si une personne a un comportement mal adapté à première vue, c’est que ce
comportement a sans doute une utilité quand on le resitue dans son contexte. L’objectif n’est
pas nécessairement de changer le comportement de la personne mais de faire en sorte que le
contexte ne le nécessite plus. La systémique s’attache donc à faire évoluer le système
d’appartenance de la personne (la famille, par exemple) plutôt de se centrer sur la personne
elle-même. Le changement de l’individu passe donc par un changement, plus général, du
collectif.

6. Dans l’Approche Narrative, on considère que nos souffrances passées sont en réalité des
souffrances actuelles. Notre passé nous fait souffrir dans la mesure où nous nous le racontons
(actuellement) douloureusement. Inviter la personne à faire (à plusieurs reprises) le récit de son
histoire comporte plusieurs avantages. Tout d’abord ce récit est entendu et accueilli par celui
qui l’écoute, brisant ainsi une certaine solitude. D’autre part, ce récit se transforme au fur et à
mesure de ses reprises. D’une configuration dramatique et générale, il devient davantage
bienveillant et compréhensible par la personne. Enfin, la récit (et sa reprise) permet à son auteur
d’entrevoir sa propre initiative (ascriptibilité) dans ce qui lui apparaissait au départ comme fatal
et contingent.

7. Enfin l’approche existentielle considère que notre souffrance tient du fait que nous résistons à
accepter les ‘données irréductibles de l’existence’. La vie comporte des ‘données’ : nous ne
sommes pas parfaits, la vie est faite d’incertitudes, nous sommes existentiellement seuls,
aucune relation ne peut nous combler, nous vieillissons, la mort nous attend, etc. Nier ces
‘données existentielles’, angoisser devant elles, nous conduit immanquablement à des
souffrances. L’acceptation sereine de ces données de l’existence nous invite par contre à plus
d’initiatives dans nos actions, plus d’authenticité dans nos relations, plus de modestie et de
bienveillance envers nous-même, plus de sagesse face à l’adversité.

Les approches cliniques offrent chacune une clé de compréhension de la souffrance humaine et une
méthodologie thérapeutique particulière. Plus généralement, chacune de ces approches propose une
certaine ‘vision de l’être humain’. Essayons d’en faire une synthèse :

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Sens de la souffrance Objectif thérapeutique Vision de l’être humain

Les comportements Réapprendre de Soumis aux lois de


Béhaviorisme inadaptés sont le résultat nouvelles conduites par l’apprentissage, au
(1ière vague) de conditionnements des stratégies de même titre que l’animal.
reconditionnements.

Les symptômes sont Mettre à jour les Vision déterministe et


Psychanalyse l’expression de désirs éléments inconscients assez pessimiste.
inconscients qui concourent à notre ‘Cavalier qui ne maitrise
souffrance pas sa monture’.

La souffrance est liée à La qualité de la relation Vision positive :


ACP une non-acceptation de thérapeutique améliore la autoactualisation,
(Approche Centrée sur la soi-même (incongruence) qualité de la relation du ressources internes,
Personne) patient avec lui-même. possibilité de libre arbitre.

La souffrance est liée à Repérer nos distorsions L’être humain ‘pense’. Il


Approche cognitive notre manière de penser, cognitives et s’entrainer peut reprogrammer ses
(2ième vague) de traiter l’information. volontairement à les pensées (métaphore de
modifier. l’ordinateur).

La souffrance est liée à Accepter la présence des Existence d’un ‘soi’,


ACT et ‘Pleine la relation que nous pensées et se autonome et
Conscience’ entretenons avec nos désidentifier d’elles observateur, capable de
3ième vague) pensées. recul sur ses pensées.

Les symptômes ou la La réorganisation des Interdépendance des


Approche souffrance ont une relations au sein du êtres humains.
Systémique fonction homéostasique système rend le Déterminisme relationnel
pour le système. symptôme superflu.

La souffrance est liée au Construire un récit Deux pôles identitaires :


Approche Narrative récit confus et contingent significatif, ‘ascriptible’ et l’idem et l’ipsé.
que nous nous faisons bienveillant de notre
de notre histoire. histoire.

La souffrance est à la Lâcher prise sur nos Capable de ‘sagesse’, de


Approche non-acceptation des désirs illusoires. prendre un recul sur la
Existentielle ‘données de l’existence’. Tirer parti des ‘données vie.
de l’existence’.

Le monde des ‘psys’

Et les ‘psys’ dans tout ça ? Qui sont-ils ? Que font-ils ? Quels sont leur formation respective ? Quand
on dit ‘psys’, on met dans le même sac des professions (psychologue, psychothérapeute, psychiatre,
psychanalyse, etc.) qui sont pourtant distinctes et qui ont chacune leur spécificité.

ü Est-ce qu’un psychothérapeute est un psychiatre ?


ü Est-ce qu’un psychiatre est un psychothérapeute ?
ü Est-ce que les psychanalystes sont des psychologues ?
ü Est-ce que tout psychiatre est psychanalyse ?
ü Est-ce qu’un psychologue est un psychothérapeute ?
ü Est-ce qu’un psychothérapeute est un psychanalyste ?

Si vous avez des difficultés à répondre à ces questions, un petit éclaircissement s’avère nécessaire.

Ø Le psychiatre est un médecin spécialiste. Il a fait ses années de médecine générale et s’est
ensuite spécialisé en psychiatrie (alors que d’autres se sont spécialisés en pédiatrie, en
oncologie, en chirurgie, en ophtalmologie, etc.). Le psychiatre s’occupe des maladies mentales

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(dépression, schizophrénie, anorexie, troubles anxieux, etc.) et prodigue des soins


essentiellement médicamenteux.

Ø La souffrance humaine et les maladies mentales relèvent également de champ d’expertise du


psychologue clinicien. Celui-ci mène des entretiens cliniques, dresse un portrait
psychologique du patient, fait éventuellement des tests, propose des stratégies de traitement
(non médicamenteux).

Psychiatre et psychologue clinicien sont en réalité deux professions complémentaires dans le


champ de la santé mentale. L’un proposant une approche biologique - médicale, l’autre un
angle de vue psychologique. Ces deux professions nécessitent des études universitaires
(Médecine / Master en psychologie).

Ø Quant aux psychothérapeutes, il s’agit généralement de psychologues et de psychiatres qui


se sont formés (en plus de leurs études respectives) à une technique psychothérapeutique
particulière (psychanalyse, systémique, TCC, etc.) afin d’élargir leur offre de soins (trop
biologique pour le psychiatre, trop théorique pour le psychologue). Mais d’autres professionnels
(Assistants Sociaux, Éducateurs, Conseillers Conjugaux et Familiaux, Infirmiers, etc.) se
forment aussi parfois à psychothérapie.

La formation de psychothérapeute est davantage pratique et orientée sur la relation d’aide. La


formation dure en général 3 à 4 années (cours théoriques et pratiques, supervisions, thérapie
‘personnelle’, etc.). La plupart des écoles sont privées (non subsidiées par les pouvoirs publics).
Le titre n’est pas toujours reconnu (par l’État). L’accès à la profession n'est pas toujours
réglementée selon les pays. Aussi, il convient de s’assurer de la bonne formation du
professionnel qui se prétend ‘psychothérapeute’ (beaucoup de charlatans dans ce domaine !)

Ø Les psychanalyses sont tout simplement des psychothérapeutes formés à l’approche


psychanalytique (alors que d’autres psychothérapeutes pratiquent d’autres approches :
systémique, cognitive, humaniste, etc.).

Revenons sur les questions :

ü Est-ce qu’un psychothérapeute est un psychiatre ?


Pas toujours. Certains psychothérapeutes ont comme formation de base un Master en
psychologie ou un Bac en éducation spécialisée, ou un Bac d’assistant social, etc.

ü Est-ce qu’un psychiatre est un psychothérapeute ?


Pas toujours. La plupart des psychiatres n‘ont pas complété leurs études par une formation en
psychothérapie et se contentent de leur métier de médecin.

ü Est-ce que les psychanalystes sont des psychologues ?


Pas toujours. Certains le sont. Mais il existe des psychanalystes qui à la base sont psychiatres,
assistants sociaux, éducateurs, infirmiers, etc. La psychanalyse est une formation
complémentaire pour bon nombre de métiers sociaux, médicaux, éducatifs, psychologiques.

ü Est-ce que tout psychiatre est psychanalyse ?


Non. Tous les psychiatres ne sont pas formés à une approche psychothérapeutique. Et quand
ils s’y forment, ils ne choisissent pas nécessairement l’approche psychanalytique.

ü Est-ce qu’un psychologue est un psychothérapeute ?


Pas toujours. Il s’agit de deux métiers différents. L’un plutôt théorique. L’autre plutôt pratique.
Les psychologues qui choisissent de compléter leurs études par une formation complémentaire
en psychothérapie sont en général des psychologues cliniciens.

ü Est-ce qu’un psychothérapeute est un psychanalyste ?


Pas toujours. La psychanalyse est une approche psychothérapeutique parmi d’autres. Chaque
psychothérapeute a sa propre approche (systémique, approche centrée sur la personne,
approche cognitive, psychanalyse, etc.)

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CONSEILS DE LECTURE

PSYCHANALYSE

- Freud, S. (1966). Cinq leçons sur la psychanalyse. Payot.


- Jadin J-M. (2003). Côté divan, côté fauteuil. Le psychanalyste à l'œuvre. Albin Michel.
- Onfray M. (2010). Le crépuscule d’une idole. Grasset.

APPROCHE CENTREE SUR LA PERSONNE

- Rogers C. (2005). Le développement de la personne (On Becoming a Person - 1961). Dunod.


- Rogers C. (1972). Liberté pour apprendre. Dunod.
- Rogers C. (1987) Un manifeste personnaliste : fondements d'une politique de la
personne. Dunod.

THERAPIE COMPORTEMENTALE ET COGNITIVE

‘Deuxième vague’

- Lelord F. (1993). Les contes d’un psychiatre ordinaire. Odile Jacob.


- Cottreaux J. (2012). Les psychothérapies cognitives et comportementales. 5ième Edition.
Elsevier Masson.
- Beck A. (2017). La thérapie cognitive et les troubles émotionnels. Deboeck Supérieur.

‘Troisième vague’

- Harris R. (2017). Passez à l’ACT. Pratique de la thérapie d’acceptation et d’engagement.


Deboeck Supérieur.
- Schoendorff B. (2018). Faire face à la souffrance avec la thérapie d’acceptation et
d’engagement. Retz.
- Segal Z., Williams M., Teasdale J. (2019). La thérapie cognitive basée sur la pleine
conscience pour la dépression. Deboeck Supérieur.
- André C. (2014). Méditer jour après jour. Edition de Noyelles.

APPROCHE SYSTEMIQUE

- Meynckens-Fourez M., Henriquet-Duhamel M-C. (2014). Dans le dédale des thérapies


familiales. Eres.
- Ausloos G. (1985). La compétence des familles. Erès.
- Meynckens-Fourez M., Vander Borght C., Kinoo P. (sous la direction de). (2011). Éduquer et
soigner en équipe. De Boeck.
- Napier A., Whitaker C. (2018). Le creuset familial. Laffont.

APPROCHE NARRATIVE

- Le Bon D. (2004). L'agir libre. L'Eleuthéropédie. Ed La Compagnie Littéraire.


- de Ryckel (2018). S'entraider par le récit pour agir dans un monde en transition. Editions
Couleur livres asbl
- Ricoeur P. (1983-1985). Temps et Récit. Seuil.

APPROCHE EXISTENTIELLE

- Yalom I. (2005). Le bourreau de l’amour. Galaade.


- Longneaux J-M. (2020). Finitude, solitude, incertitude. Philosophie du deuil. PUF.
- Van Deurzen-Smith E. (1997). Everyday mysteries. Existential dimensions of psychotherapy.
Routledge.

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Pour citer le texte :

Delvigne, F. (2020). Les différentes approches en psychothérapie.


Présentation à grande vitesse. Consulté à l’adresse https://www.synapsi.be/lectures/

Pour écrire à l’auteur :

frederic.delvigne@synapsi.be

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