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MESURE DU pH

PRINCIPES ET INDICATIONS PRATIQUES

_____________________________________________

Yves AGNET

Révision 2 (Juillet 2000)


MESURE DU PH

1. DEFINITION DU PH ................................................................................................................ 2

2. INTERET DE LA MESURE DU PH.......................................................................................... 3

3. CALCUL DU pH ...................................................................................................................... 3

4. ESTIMATION DU pH PAR COLORIMETRIE .......................................................................... 4

5. MESURE DU pH PAR POTENTIOMETRIE............................................................................. 5

5.1 Rappel............................................................................................................... 5
5.2 Principe du pH-mètre....................................................................................... 5
5.3 Réalisation pratique de l'électrode de référence ........................................... 5
5.4 Réalisation pratique de l'électrode de mesure............................................... 7
5.5 L'électrode combinée ...................................................................................... 8
5.6 Electrode de mesure à semi-conducteur ....................................................... 8
6. INFLUENCE DE LA TEMPERATURE..................................................................................... 9

7. ERREUR ALCALINE............................................................................................................. 10

8. AUTRES APPLICATIONS DE LA POTENTIOMETRIE......................................................... 10

INDICATIONS PRATIQUES

1. ELECTRODE DE REFERENCE ............................................................................................ 11

2. HYDRATATION DU BULBE ................................................................................................. 11

3. MESURE ............................................................................................................................... 11

4. CALIBRAGE ......................................................................................................................... 11

5. CHOIX D'UNE ELECTRODE................................................................................................. 12

6. TEST D'UNE ELECTRODE COMBINEE............................................................................... 12

7. TEST DE L'ELECTRODE DE REFERENCE ......................................................................... 12

Yves AGNET pH-métrie Tél : + 33 (0) 466 205 540


1985, Chemin Saint Paul Révision 2 (Juillet 2000) Mail :
30129 MANDUEL (France) yves.agnet@dbmail .com
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MESURE DU PH

1. DEFINITION DU PH

La mise en solution d'un acide conduit à un équilibre de dissociation :

AH ↔ A- + H+
Cet équilibre de dissociation est un équilibre dynamique : le nombre de molécules qui
se dissocient en ions est égal au nombre d'ions qui se recombinent en molécules. On peut donc le
caractériser par une relation qui, d'après la loi d'action de masse, s'écrira :

[ A− ] ⋅ [ H + ]
=K
[ AH ]

Ce nombre K, caractéristique de l'acide, est en général très petit. Pour l'acide acétique
par exemple :

CH3COOH ↔ CH3COO- + H+

[ CH 3 COO − ] ⋅ [ H + ]
= 0 ,00002 = 10 − 4 ,75
[ CH 3 COOH ]

Par commodité, on utilisera le pK à la place de K, défini comme :


pK = - log K = 4,75 (pour l'acide acétique)
Plus le pK est grand, plus l'acide est faible : moins il libère d'ions H+ en solution.
Reprenons l'exemple de l'acide acétique en solution N :

pK = 4,75 solution N ⇒ [CH3COOH] = 1


La dissociation des molécules libère autant d'ions H+ que d'ions CH3COO- donc [H+] =
-
[CH3COO ]. En reportant dans l'équation de dissociation, on obtient :
[H+]2 = 10-4,75 = 0,00002 d'où [H+] = 0,004
ce qui signifie qu'à l'équilibre de dissociation on ne trouve que 4 molécules dissociées en ions pour
1000 molécules non dissociées.

L'expression du pH vise à caractériser la concentration en ions H+. Il se définit de


manière analogue au pK par :
pH = - log [H+]
L'échelle des pH, exprimée en logarithmes décimaux, est donc telle que diminuer le pH
d'une unité correspond à multiplier par 10 la concentration en ions H+. Reprenons l'exemple de
l'acide acétique N :

[H+]2 = 10-4,75 ⇒ 2pH = 4,75 ⇒ pH = 2,375


Le pH est représentatif de la concentration actuelle en ions H+. Il ne doit pas être
confondu avec l'acidité qui est la concentration moléculaire en acide. On ne peut donc évaluer le
pH par une mesure d'acidité. En effet, au cours du titrage, les ions H+ sont neutralisés par l'apport
d'ions OH-. L'équilibre se déplace donc pour libérer de nouveaux ions H+ jusqu'à épuisement du
stock d'acide moléculaire AH : on a mesuré la concentration moléculaire en AH.

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2. INTERET DE LA MESURE DU PH

Le pH conditionne la quasi totalité des réactions chimiques et biologiques.

 Il conditionne le domaine d'existence des ions : Mg++ existe jusqu'à pH 11; au-delà, on a
précipitation de Mg(OH)2 (hydroxyde de magnésium).
 Il conditionne les réactions d'oxydo-réduction, de complexage (colorimétrie) etc.
Exemple de l'oxydation par le permanganate :

Mn+7 + 5 e- → Mn++
Mn04- + 5 e- + 8 H+ → Mn++ + 4 H20

L’oxydation par le permanganate


n’est possible qu’en milieu acide

 Il conditionne les développements microbiens et donc, par exemple, la succession des


flores dans un fromage ou l'aptitude d'un milieu synthétique à supporter une croissance
microbienne (d'où le réglage du pH des milieux de culture).
 Enfin, de nombreuses réactions chimiques ou biologiques font intervenir des variations
de pH (titrimétrie acide-base, acidification d'un fromage) donc la mesure de pH permettra
d'en suivre le déroulement et d'en contrôler l'achèvement.

3. CALCUL DU PH

Dans le cas de solutions simples, (acides, tampons), on peut calculer le pH puisqu'on


connaît les concentrations et que l'équilibre de dissociation est stable. L'un des tampons utilisés
pour l'étalonnage des pH-mètres est une solution de phtalate acide de potassium. L'acide
phtalique est un diacide (H2P) ayant pour pK :
pK1 = 2,95 pK2 = 5,41
Le phtalate acide de potassium se dissocie en libérant des ions HP- :

KHP ↔ K+ + HP -
Vis à vis des ions H+, les ions HP- peuvent se conduire de deux façons :

 Comme un acide :
HP - ↔ H+ + P -- avec

[H + ] ⋅ [P − − ]
= K2
[ HP − ]
 Comme une base :
HP - + H + ↔ H2P avec

[ H + ] ⋅ [ HP − ]
= K1
[ H2 P ]

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Le terme [HP-] étant identique dans les deux équations, on obtient en les multipliant
l'une par l'autre :

[H + ] 2 ⋅ [P − − ]
= K 1 .K 2
[ H2 P ]

A l'équilibre après dissolution du phtalate, le nombre d'ions P-- formés par libération de
H est égal au nombre de molécules H2P formées par fixation de H+ donc :
+

[P --] = (H2P)
On obtient donc :
(H+)2 = K1. K2, donc
2 pH = pK1 + pK2 = 2,95 + 5,41 = 8,36, et pH = 4,18
C'est le type de calcul qui est utilisé pour déterminer le pH des tampons de référence
servant à l'étalonnage des pH-mètres. La valeur de ces tampons peut aussi être ajustée à l'aide
d'une électrode de mesure à hydrogène.

4. ESTIMATION DU PH PAR COLORIMETRIE

Elle repose sur l'utilisation des indicateurs colorés. Les indicateurs de pH sont des
acides ou des bases faibles dont la forme ionisée a une structure, et par suite une couleur,
différentes de celles de la forme non ionisée normale. Ainsi, le rouge de méthyle est un acide
faible (rouge à pH<4) qui, en libérant un ion H+ à pH>6, change de structure et devient jaune. 1

L'inconvénient des indicateurs colorés est qu'ils ont une zone de virage étendue qui ne
permet pas une mesure précise du pH. Par exemple :

 Rouge de méthyle : rouge < 4,4 - 6,2 < jaune


 Phénolphtaleine : incolore < 8,2 - 9,8 < rose
On peut mélanger plusieurs indicateurs, ce qui permet d'étendre la gamme de mesure
et d'améliorer la précision par l'obtention de couleurs intermédiaires. C'est ce qui se fait dans les
papiers indicateurs universels, mais il est illusoire d'attendre une appréciation meilleure que 0,5
unité pH.

En fait, depuis le développement de la mesure potentiométrique, l'utilisation des


indicateurs est réservée :
 à une évaluation rapide du pH (papier universel)
 à l'appréciation d'une fin de réaction acide-base en titrimétrie.

1
Une excellente revue des indicateurs de pH a été publiée dans la brochure MERCK : PANORAMA n° 1 –
(1989) – 21, 27.

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5. MESURE DU PH PAR POTENTIOMETRIE

5.1 Rappel

Il s'agit de mesurer une concentration en ions H+. On a donc à faire à des


charges électriques. Or, lorsqu'on déplace une charge, on obtient l'apparition d'un
potentiel (principe de la dynamo ou de l'alternateur) et réciproquement si l'on applique
une différence de potentiel, on provoque un déplacement de charges électriques
(circulation du courant par déplacement des électrons, électrolyse).

Les ions H+ portent une charge électrique. Si on leur applique une


différence de potentiel, on les déplace (électrolyse de l'eau). Inversement, si on les
déplace, il y aura apparition d'un potentiel.

5.2 Principe du pH-mètre


A la limite métal / solution s'établit un équilibre
dynamique :
M0 ↔ M+ + e-
qui dépend de la concentration de la solution en
ions M+. La circulation des ions M+ à travers la
surface de la lame métallique fait apparaître un
potentiel. Si la concentration en ions M+ est
constante, ce potentiel sera constant. Nous avons
donc un potentiel de référence. Mais on ne peut
mesurer un potentiel seul ; on ne peut mesurer
qu’une différence de potentiel car il faut que le
circuit électrique soit fermé.

On peut donc concevoir une électrode de mesure


qui sera sensible à la concentration des ions H+,
donc au pH, et qui, plongée dans la solution à
étudier, prendra un potentiel proportionnel au pH.
Par un circuit électrique, on pourra alors mesurer
la différence entre le potentiel de l'électrode de
mesure et le potentiel d'une électrode de
référence : c'est une mesure de différence de
potentiel par un voltmètre, le couplage des deux
électrodes constituant une pile.

5.3 Réalisation pratique de l'électrode de référence

Cette électrode doit se trouver à potentiel constant, ne pas être influencée


par la température ou le pH qu'on mesure et être stable dans le temps.

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Le potentiel pris par l'électrode (voir schéma de principe)
dépendant de la concentration en ions M+, le choix s'est
porté (stabilité dans le temps) sur des métaux peu
altérables couplés avec un de leurs sels peu soluble
permettant d'obtenir une solution à saturation, d'où
l'utilisation de :
 Hg/Hg+ (Hg2Cl2) : électrode au calomel
 Ag/Ag+ (AgCl) : électrode au chlorure d'argent

Choix de la solution de KCl :


 La concentration en Ag+, et donc le potentiel de
l'électrode, est liée, par l'équilibre de
dissociation, à celle en Cl- d'où le choix d'un
chlorure puisqu'on utilise Hg2Cl2 ou AgCl.
 KCl à quelle concentration ? Cette concentration
doit être précisée puisque la concentration en
Ag+ et donc le potentiel en dépendent.
 On a choisi KCl 4M, concentration facile à
maintenir proche de la saturation et limitant les
variations de potentiel qui sont d’autant plus
fortes que la solution est moins concentrée en
KCl.
Pour l’électrode à chlorure d’argent, cette solution de KCl est saturée
en AgCl pour éviter de re-dissoudre le dépôt d'AgCl de l'électrode.

Pourquoi KCl et pas un autre chlorure ? Au niveau du pont, puisqu'en


fonctionnement il y a courant électrique, il y a migration différentielle des ions
donc création d'un potentiel parasite. Or, K+ et Cl- ont des vitesses de migration
pratiquement égales donc le choix de KCl élimine pratiquement l'effet de ce
potentiel parasite de migration.

Pour les mesures pratiques de pH,


la mise en place du pont, de la
cellule de mesure à la cellule de
référence, n'est pas très commode
d'où l'idée d'une électrode de
référence, plongeant directement
dans la solution à mesurer, qui
assure elle-même la connexion
avec l'électrode de mesure.

Voir indication pratique n° 1

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5.4 Réalisation pratique de l'électrode de mesure
Puisqu'il s'agit de mesurer une concentration en
ions H+, la première électrode qui vient à l'esprit est
l'électrode à hydrogène visant à coupler H0/H+, tout
comme l'électrode de référence couple M0/M+. Le
potentiel pris par cette électrode dépendra de la
concentration en ions H+ comme celui de l'électrode
de référence dépend de la concentration en ions
M+.

Cette électrode à hydrogène est encore utilisée comme électrode étalon


pour la mesure du pH (standardisation des tampons par exemple) puisque son principe
repose sur la réaction de base, mais elle est abandonnée pour le travail courant à
cause de ses difficultés de mise en œuvre, de son délai de stabilisation (1/2 heure), du
fait qu'elle ne peut travailler en présence d'oxydants, de réducteurs ou de substances
fixant l'hydrogène, et enfin parce qu'elle est empoisonnée par des ions tels que CN-, S-
-, Hg++ et par les protéines. Elle s'est trouvée remplacée dans les laboratoires par
l'électrode de verre, dont l'apparition date de 1935 et la généralisation de 1945, qui a
bénéficié des progrès réalisés dans la chimie et la technologie des verres.

A l'interface membrane de verre / solution à mesurer, il y a échange entre


les ions Na+ du verre hydraté et les ions H+ de la solution :
Verre-Na+ + H+ ↔ Verre-H+ + Na+
cet équilibre dépendant de la concentration en ions H+.

La circulation des ions à travers la


membrane de verre lui confère un
potentiel E3 qu'il faut capter. C'est
pourquoi on remplit l'électrode d'une
solution conductrice de KCl, ce qui
engendre le potentiel E4 dû à l'échange
(faible) entre K+ et Na+. Il faut
maintenant conduire le potentiel E3+E4
ainsi obtenu. On plonge donc dans la
solution KCl une électrode interne
collectrice qui ne doit pas introduire de
potentiel variable dû à son interférence
avec la solution de KCl.

On utilise donc comme électrode collectrice une électrode de référence


Ag/AgCl qui prendra, dans ces conditions, un potentiel fixe E5. Au bout du fil d'argent,
on récupère donc un potentiel égal à E3+E4+E5, la somme E4+E5 étant constante, ne
dépendant que de l'électrode et de son état, le potentiel E3 ne dépendant lui que du
pH.

Voir indications pratiques n° 2 et 3

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Il ne reste plus qu'à mesurer la différence de potentiel entre E3+E4+E5
d'une part et E1+E2 d'autre part (potentiel de référence) par l'intermédiaire d'un
voltmètre et après amplification. Cette différence de potentiel est de l'ordre de 60mV
par unité pH.

5.5 L'électrode combinée

Il est possible de regrouper en une


seule unité l'électrode de mesure
et l'électrode de référence. La
compacité et la diversité de formes
de cette électrode combinée
ouvrent à la mesure du pH de très
vastes applications : mesures en
surface, sur très petits volumes
(quelques micro litres), à l'intérieur
d'organismes vivants et même à
l'intérieur de cellules.

5.6 Electrode de mesure à semi-conducteur

L'électrode de verre, abondamment utilisée pour la mesure du pH, présente


l'inconvénient d'être fragile, sa membrane de verre ne faisant que 0,03 à 0,1 mm
d'épaisseur. L'utilisation récente de semi-conducteurs appliquée à la mesure du pH
résout cet inconvénient en autorisant la construction d'électrodes de mesure
pratiquement incassables.

L'élément sensible est réalisé à partir


d'un transistor à effet de champ de type
MOSFET (Metal Oxyde Silicon Field
Effect Transistor). Ce transistor
comporte un substrat semi-conducteur
de type P sur lequel sont insérées deux
pastilles semi-conductrices de type N,
baptisées "Source" et "Drain" et
raccordées à un fil conducteur. A la
surface de cet ensemble, on dépose
une couche isolante (SiO2) par dessus
laquelle est rapporté une plaque
métallique conductrice, baptisée "Gate"
et raccordée à un fil conducteur.

En appliquant à "Gate" une tension positive par rapport à "Source",


l'attraction des électrons (par effet de champ) vers la surface du substrat crée entre
"Source" et "Drain" un couloir de conduction de type N : l'intensité du courant IDS entre
"Source" et "Drain" augmente. Contrairement aux transistors classiques à jonction,
dont l'intensité entre émetteur et collecteur dépend de l'intensité de base, l'intensité IDS
traversant un transistor à effet de champ dépend de la tension VGS entre "Gate" et
"Source".

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La version adaptée à la mesure du pH
consiste à remplacer "Gate" (métallique) par
une membrane sensible à l'échange d'ions
H+. Cette membrane est réalisée en
déposant, sur la couche isolante d'oxyde de
silicium, une fine couche d'oxyde métallique
(oxyde d'aluminium par exemple). Comme
pour la membrane de verre, l'échange
d'ions H+ à la surface de cette membrane va
lui conférer une tension proportionnelle à la
concentration en ions H+ et donc moduler
l'intensité IDS entre "Source" et "Drain" en
fonction de cette concentration. Comme
dans le montage classique (§ 5.3
Réalisation pratique de l'électrode de
référence), le circuit est bouclé par une
électrode de référence.

6. INFLUENCE DE LA TEMPERATURE

La température agit sur la mesure de pH de deux façons :

 En faisant varier la résistance des électrodes : quand t augmente, r diminue. Les


électrodes sont donc construites pour fonctionner dans une gamme de température
donnée. On peut obtenir une gamme assez large en concevant l'électrode de telle
manière que sa variation de résistance suive la courbe inverse de la variation de pH de la
solution. Ainsi, les deux erreurs se compensent et la même électrode peut être utilisée
sans inconvénients à diverses températures, la seule limite étant son temps d'équilibrage
thermique qui augmente avec la température.

VALEUR DE L'UNITE pH A DIFFERENTES TEMPERATURES

Température mV ∆ pH
0°C 54 + 0,1
25°C 60 0
50°C 64 -0,06
75°C 69 -0,15
100°C 74 -0,23

 Une augmentation de température augmente l'état de dissociation, donc le nombre d'ions


H+, et la vitesse d'échange des particules aux surfaces de séparation, donc le potentiel
pris par l'électrode. Il en résulte une diminution apparente du pH (acidification). Cette
variation étant linéaire, on peut envisager de la corriger par l'introduction dans le circuit
d'un potentiomètre linéaire permettant de rectifier la variation de tension occasionnée par
la variation de température. Ceci suppose que l'électrode et le potentiomètre soient
adaptés l'un à l'autre. Si tel n'est pas le cas, il faut étalonner le pH-mètre avec un tampon
se trouvant à la même température que la solution à mesurer. C'est d'ailleurs la meilleure

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façon d'éviter les erreurs, même quand le pH-mètre est muni d'une correction de
température qui peut être défectueuse sans que l'on puisse le constater aisément.
Voir indication pratique n° 4

7. ERREUR ALCALINE
Cette erreur se produit chaque fois que des cations autres
que H+ participent à l'échange au niveau de la membrane
de verre. Elle est en général maximum quand le même
cation monovalent est présent à la fois dans le verre de
l'électrode et dans la solution à mesurer. Prenons le cas
d'une électrode à membrane de verre au sodium. Lorsque
la concentration en ions H+ est très faible (pH élevé,
basique) les ions sodium de la solution vont participer à
l'échange, dans une proportion non négligeable, avec les
ions sodium de la membrane. On obtient donc un pH
apparent plus faible que le pH réel, l'électrode
comptabilisant l'échange d'ions sodium comme celui
d'ions hydrogène. Le lithium donne une erreur plus faible,
le potassium et l'ammonium n'interviennent pratiquement
pas.

Ces constatations entraînent deux conclusions pratiques :

 On peut choisir la composition du verre de l'électrode pour éliminer l'erreur de sodium. Si


l'on fabrique un verre au lithium, la mesure du pH se fera par l'échange H+/Li+. A haut pH,
le sodium s'échangeant mal avec le lithium, n'interférera pas. Inversement, cette
électrode donnera une importante erreur de lithium.
Voir indication pratique n° 5

 On peut concevoir la fabrication d'électrodes spécifiques pour mesurer par potentiométrie


la concentration de certains ions : les alcalins, Ag+, NH4+, Cu++, F-, Cl-, Br-, I-, S-- sont des
électrodes à membranes disponibles couramment. On a essayé de mettre au point
diverses membranes (plastiques, silicones, etc) permettant la mesure d'autres ions, en
particulier les polyvalents. L'intérêt de ce type de mesure est évident : facile, rapide,
précis, avec un appareillage restreint. Cependant, ces applications restent relativement
limitées à cause des phénomènes d'interférence qui sont difficiles à maîtriser. Il faut
souligner d'autre part, comme pour pH et acidité, qu'on mesure ainsi la concentration en
ions et non la concentration moléculaire.

8. AUTRES APPLICATIONS DE LA POTENTIOMETRIE

Nous venons de voir, en plus de la mesure de pH, la mesure de la concentration


d'autres ions par électrodes spécifiques. D'une manière générale, on peut dire que la
potentiométrie est susceptible de s'appliquer (moyennant les réalisations technologiques
nécessaires) à la mesure de concentration de toute particule chargée électriquement.
Parallèlement à la mesure de la concentration en ions H+ (pH) s'est développée une autre
application importante qui est la mesure, là aussi par électrodes spécifiques, de la concentration
en électrons e- : c'est la mesure potentiométrique du potentiel redox. L'électrode de mesure sera
une électrode en métal inaltérable (platine, or ou platine doré) qui prendra un potentiel variable en
fonction du nombre d'électrons qu'elle échangera avec la solution à mesurer. La mesure de ce
potentiel se fera par rapport à une électrode de référence, électrode Ag/AgCl par exemple.

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MESURE DU pH

INDICATIONS PRATIQUES

(d'après BECKMAN INSTRUCTIONS 015.081616.G)

1. ELECTRODE DE REFERENCE

 Remplir régulièrement l'électrode de référence qui se vide régulièrement par le micropore


pour assurer une bonne jonction électrique entre l'électrode et la solution et pour
empêcher la solution de contaminer l'électrode.
 Utiliser la solution de remplissage KCl 4M saturé en AgCl fournie par le fabricant.
 Si l'électrode est contaminée, la vider puis la remplir à nouveau après plusieurs rinçages
avec la solution de remplissage.
 Laisser le trou de remplissage ouvert pendant la mesure pour assurer un bon
écoulement. Le refermer lorsque l'électrode n'est pas utilisée pendant longtemps, et dans
ce cas, recouvrir le bulbe d'un capuchon rempli de tampon pH 4.
 Prévenir le bouchage du micropore par un nettoyage régulier. Si le micropore est
colmaté, on peut y remédier soit en tirant au vide sur l'extrémité de l'électrode soit en la
plongeant dans l'eau distillée bouillante pendant 4 à 5 minutes.

2. HYDRATATION DU BULBE

 Lorsque l'électrode n'a pas été utilisée depuis longtemps ou a été nettoyée avec un
solvant déshydratant (cas de l'alcool éther), il est nécessaire de la réhydrater par un
trempage de plusieurs heures dans un tampon (pH 4 ou 7) ou dans l'eau distillée.
 De même, hors service, l’extrémité de l’électrode doit être maintenue en permanence
dans l’eau distillée.
 Si la réponse est faible, anormalement sensible aux mouvements de l'électrode ou qu'il
est impossible de calibrer sur deux tampons, il faudra régénérer la membrane de verre
en la trempant pendant une minute dans HCl 0,1N.

3. MESURE

 C'est le potentiel pris par la membrane de verre qui constitue la mesure de pH : éviter de
lui transférer des charges parasites en y touchant avec les doigts ou en l'essuyant (il faut
tamponner l'électrode et non la frotter).

4. CALIBRAGE

 Calibrer l'appareil avec un tampon ayant la même température que l'échantillon. La


position du bouton de correction de température devient alors indifférente.
 Choisir un tampon de valeur proche de celle de l'échantillon.
 Pendant toute manipulation de l'électrode, le pH-mètre doit être en position "Stand-by".

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5. CHOIX D'UNE ELECTRODE

 Choisir son électrode en fonction de ce qu'on mesure : niveau du pH, concentration en


sodium etc.2

6. TEST D'UNE ELECTRODE COMBINEE

 Placer l'électrode dans un tampon pH 9,18 et calibrer le pH-mètre à cette valeur. Rincer
l'électrode et la placer dans un tampon pH 4,01 : on doit obtenir 98 % de la lecture finale
en 10 secondes.
 Calibrer le pH-mètre à 4,01 puis repasser en tampon pH 9,18. Après stabilisation, la
lecture doit être 9,18 + 0,3. Sinon, régénérer ou remplacer l'électrode.

7. TEST DE L'ELECTRODE DE REFERENCE

 Sélectionner la lecture en mV.


 Brancher l'électrode de référence sur le pH-mètre.
 A la place de l'électrode de verre, brancher une électrode de référence (Ag/AgCl par
exemple) en état.
 Noter les lectures obtenues dans un tampon et dans la solution de remplissage.
 Avec un couple d'électrodes Ag/AgCl, les deux lectures doivent être 0 ±5 mV, sinon
l'électrode de référence testée est défectueuse.
 La lecture sur la solution de remplissage doit se trouver à ±3 mV de celle sur le tampon,
sinon le micropore est colmaté (voir indication pratique n° 1).

2
Pour les électrodes Beckman :
- verre blanc (GP) : verre au sodium de faible résistance électrique permettant la réalisation de
bulbes plus épais physiquement et chimiquement résistants. L'erreur de sodium est négligeable jusqu'à pH
11.
- verre bleu : verre au lithium donnant une réponse linéaire de pH 0 à pH 14 même en présence, à
pH élevé, de fortes concentrations en sodium. Il est mécaniquement moins résistant que le verre blanc.

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