You are on page 1of 9

Procédure civile L3S5 - Equipe 2 Lucie MAYER

Introduction
Le cours de procédure civile est un cours qui décrit les règles qui gouvernent le déroulement d’un
procès civil du début à la n.

I - Dé nition de la procédure civile

A) Qu’est-ce que la procédure ?

Le mot «procédure» vient du latin procedere qui signi e littéralement aller en avant, avancer, progresser. Au
sens non juridique du terme, une procédure est l’accomplissement de plusieurs formalités successives
tendues vers un but. Au sens juridique du terme, une procédure est l’accomplissement des formalités
nécessaires au prononcé d’un jugement. Autrement dit, la procédure représente l’ensemble des règles
de droit qui régissent l’introduction, le déroulement et l’issue d’un procès.

Le cours de procédure civile n’est pas un cours d’institutions judiciaires qui traite de l’organisation des
institutions judiciaires elles-mêmes et des acteurs de la justice et pas un cours de procédures civiles
d’exécution qui traite des procédures qui interviennent une fois que le jugement a été rendu et qu’il est
exécutoire. Ce cours explique comment l’État aide la partie gagnante à obtenir l’exécution du jugement (Ex :
procédure de saisie diligentée par un commissaire de justice sous le contrôle du juge de l’exécution).

B) Qu’est-ce que la procédure civile ?

La procédure civile est l’ensemble des règles de droit qui régissent le procès civil.

Le procès civil est le procès soumis à une juridiction civile, étatique pour résoudre un litige de droit
privé.

1. Quelles sont les juridictions civiles ?

Les juridictions civiles appartiennent à l’ordre judiciaire et qui sont placées sous le contrôle de la Cour de
cassation.

Un ordre judiciaire est un ensemble cohérent de différentes catégories de juridictions placées sous le
contrôle d’un Cour suprême. En France, nous avons une dualité des ordres juridictionnels :
• L’ordre judiciaire dont le Cour suprême est la Cour de cassation
• L’ordre administratif dont la Cour suprême est le Conseil d’Etat.

1 sur 9
fi
fi
fi
Procédure civile L3S5 - Equipe 2 Lucie MAYER

Au sein l’ordre judiciaire, une distinction apparaît entre les juridictions civiles et les juridictions pénales. Mais,
cette distinction n’est pas de même nature que la distinction entre l’ordre judiciaire et l’ordre administratif. La
Cour de cassation exprime le principe de l’unité de la justice civile et de la justice pénale. En effet, les
juridictions civiles et pénales sont régies par la Cour de cassation et leurs magistrats sont recrutés de la
même façon.

Le cours de procédure civile n’est pas un cours de procédure pénale qui traite de l'ensemble des règles
de droit qui régissent le procès pénal devant les juridictions répressives. De plus, ce n’est pas un cours de
contentieux administratif qui traite de l'ensemble des règles de droit qui régissent le procès administratif
devant les juridictions de l’ordre administratif. En n, il n’est pas un cours de droit processuel qui vise
l’ensemble des principes de procédure communs à toutes les procédures (civile, administrative, pénale,
constitutionnelle, européenne).

2. Quelles sont les juridictions civiles qui ne sont pas étatiques ?

L’arbitrage est une justice privée qui n’est pas ouverte à tous ni dans toutes les matières. Elle est
considérée comme dangereuse et nécessite que les parties soient dans un rapport de force égale. Les
parties vont con er le soin de trancher leur litige non pas au juge étatique mais à un ou des autres tiers
impartiaux qui sont des personnes privées qu’elles vont choisir ensemble.

L’arbitrage est un mode alternatif de règlement des con its par lequel des parties conviennent de
soumettre leur différend à un tribunal arbitral généralement composé de 1 ou 3 arbitres. Le ou les
arbitres vont rendre un jugement que l’on appelle sentence arbitrale. Cette sentence, étant l’oeuvre d’une
personne privée, n’est pas exécutoire comme un jugement étatique. Pour être exécutoire, la sentence
doit recevoir une décision d'exequatur d’un tribunal judiciaire. Le procès arbitral est régit par des règles
particulières qui gurent dans le Livre 4 du Code de procédure civile.

La justice arbitrale présente un certain nombre d’avantages. Tout d’abord, l’arbitrage est une justice
discrète où règne le principe du con dentiel alors que la justice étatique est publique. De plus, les
parties maîtrisent le déroulement du procès. En effet, les parties choisissent leur(s) juge(s), les règles de
procédure (Ex : langue, calendrier, nombre de témoins), les règles applicables au litige (Ex : les usages
professionnels, l’amiable composition). Les arbitres sont extrêmement disponibles puisqu’ils sont
payés. Ainsi, les parties peuvent produire autant de pièces qu’elles le souhaitent et l’audience sera aussi
longue que nécessaire.

Néanmoins, la justice arbitrale présente un certain nombre d’inconvénients. On a longtemps considéré que
l’arbitrage était une justice dangereuse pour les parties surtout pour une partie en état de faiblesse par
rapport à l’autre partie. En réalité, ce n’est pas tellement vrai puisque l’arbitrage est soumis aux mêmes
garanties, aux mêmes principes de procédure que la justice étatique. En général, l’arbitre applique les règles
de droit positif. Néanmoins, il faut noter que se soumettre à l’arbitrage, c’est renoncer au double degré de
juridiction. Comme les arbitres sont choisis par les parties, il y a plus de risques que le ou les arbitres ne
soient pas impartiaux. En n, la justice arbitrale est une justice très onéreuse puisqu’il faut payer les
honoraires arbitres et des avocats spécialisés en arbitrage. L’arbitrage est considéré comme une
«justice de luxe» puisque seuls ceux qui en ont les moyens peuvent y faire appel.

3. Qu’est-ce qu’un litige de droit privé ?

Le litige est un con it qui peut-être réglé par l’application d’une règle de droit.

Les juridictions civiles sont compétentes pour résoudre les litiges qui concernent les rapports de droit
privé donc qui impliquent des personnes privées.

Pour résoudre ces litiges, la juridiction compétente va appliquer des règles de droit substantiel (Ex : droit
civil, droit commercial, droit du travail, droit de la famille) qui permettent de trancher le litige.

Ainsi, une distinction fondamentale apparaît entre la procédure et le droit substantiel. En effet, on oppose la
procédure qui contient les règles relatives au déroulement du procès et le droit substantiel qui
contient les règles que le juge va appliquer pour trancher le litige.

La procédure civile ne permet pas à elle seule de trancher un litige entre des personnes. Elle indique la

2 sur 9
fi
fi
fl
fi
fi
fi
fl
Procédure civile L3S5 - Equipe 2 Lucie MAYER

procédure à suivre pour arriver à ce qu’un juge applique les règles de droit substantiel.

En dé nitive, le droit procédural est un droit instrumental, il est au service du droit substantiel. On dit que
c’est un droit qui porte sur le droit, un droit détaché de ce en quoi doivent consister les rapports entre les
sujets de droit. Le droit substantiel s’oppose d’ailleurs à d’autres droits instrumentaux que la procédure qui
n’ont pas pour objet direct de résoudre le litige.

Ex : droit international privé : dans l’hypothèse, d’un accident de voiture en Espagne avec un voiture louée
au Portugal par un ressortissant français, il faut déterminer la loi applicable et le juge compétent. Ainsi, on
fera appel aux règles du droit international privé.

Ex : droit transitoire : si au cours de l’exécution d’un contrat, si la loi change, il faudra déterminer la loi
applicable. Ainsi, on fera appel aux règles du droit transitoire qui détermine l’application de la loi dans le
temps.

Ex : principe de loyauté de la preuve : dans l’hypothèse d’une affaire portée devant le conseil des
prud’hommes où une salariée veut prouver qu’elle est harcelée par son employeur, elle ne pourra produire
des enregistrement vocaux car cette preuve serait contraire au principe de la loyauté de la preuve. En
revanche, si elle produit des sms, cette preuve sera recevable. En effet, devant les juridictions civiles,
sociales et commerciales, l’enregistrement de quelqu’un à son insu sera considéré comme un mode de
preuve déloyal. Or, ce mode de épreuve sera recevable devant les juridictions pénales.

II - L’utilité de la procédure civile

Lorsqu’une partie estime qu’elle est titulaire d’un droit subjectif et que ce droit subjectif est contrarié, elle a
l’interdiction de se faire justice elle-même. Elle doit faire appel à un tiers impartial qui va trancher le
litige à savoir le juge.

Durant le procès, les parties vont chacune exposer leur thèse. Cet échange d’arguments des parties va
s’opérer selon une mise en scène précise dé nie par les règles de procédure civile. Le but de cette mise
en scène est de garantir les droits de chaque plaideur à un procès loyal.

Au terme du procès, le juge rend un jugement. Cette décision va reconnaître le droit subjectif invoqué par
le demandeur ou refuser de le reconnaitre.

En dé nitive, le procès et toutes les règles qui le régissent sont le moyen d’obtenir le respect des droits
subjectifs. Selon Henri Motulsky, «la procédure civil permet la réalisation des droits subjectifs des
individus». En d’autres termes, c’est grâce à la procédure civile que les règles de droit substantiel
privées sont sanctionnées. Le droit substantiel est un droit «déterminateur» et la procédure civile est un
droit «sanctionnateur».

III - Les caractères de la procédure civile

A) Le caractère formaliste de la procédure civile

Par essence, une procédure est formaliste. Elle se compose de délais (de recours, d’appel, de cassation,
pour déposer ses conclusions) mais également de formalités à accomplir (Ex : supports formels pour
énoncer ses moyens ; mentions obligatoires).

Ce caractère formaliste plait particulièrement aux avocats. Ce genre d’avantage de la procédure civile
n’arrange pas son image. Mais, ce formalisme garantit les droits des plaideurs. Selon Rudolf Von
Jhering, la forme est l’«ennemie jurée de l’arbitraire, la forme est la soeur jumelle de la liberté».

Ex : délivrance assignation par un huissier : ce dernier doit mentionner les diligences effectuées pour
rechercher l’adresse du destinataire de l’assignation. Ce formalisme permet d’obliger l’huissier à rechercher
le destinataire de l’assignation sinon le destinataire risque de ne pas savoir qu’un procès va avoir lieu et ne
va pas pouvoir se défendre.

En réalité, le législateur cherche à éviter qu’une forme qui n’a pas été respectée entraine directement la
nullité d’acte.

3 sur 9
fi
fi
fi
Procédure civile L3S5 - Equipe 2 Lucie MAYER

B) Le caractère impératif de la procédure civile

Les règles de procédures sont impératives. Ainsi, les parties à un procès ne peuvent pas se mettre
d’accord pour contourner les règles de procédure civile. Autrement dit, l’autonomie de la volonté (article 1101
du Code civil) n’a pas le droit ici de citer.

Les règles de procédure civile sont impératives car elles intéressent un service public et qu’elles servent
l’intérêt général.

Cela dit, ce principe connaît quelques exceptions justi ées parce la procédure civile règle des litiges de droit
privé c’est-à-dire que les intérêts en cause sont des intérêts de droit privé. Donc, dans un mesure limite,
les parties sont autorisées à déroger à certaines règles de procédure (Ex : en matière de compétence
territoriales : les commerçants peuvent choisir le tribunal à saisir).

IV - Les sources de la procédure civile

A) Les sources internes

Les sources internes une matière juridique sont ordinairement :


• La Constitution
• La loi au sens large et matériel du terme (loi émanant du pouvoir législatif et du pouvoir réglementaire)
• La jurisprudence
• La coutume
• La doctrine

En procédure civile, on ne trouve aucun disposition de procédure civile dans la Constitution ou dans
les textes à valeur constitutionnelle. On peut citer les coutumes ou les usages du palais mais ces
derniers n’ont aucune valeur contraignante. En n, la doctrine a une certaine in uence en procédure civile
car des professeurs de droit participent de façon traditionnelle aux réformes.

Ainsi, les deux principales sources de la procédure civile sont la loi et la jurisprudence.

1. La loi au sens matériel du terme

La loi désigne toute disposition émanant de l’autorité publique qui présente un caractère général,
impersonnel et obligatoire.

La Constitution du 4 octobre 1958 oppose deux types de loi :


• La loi prise par le pouvoir législative (article 34)
• Le règlement c’est-à-dire la législations adoptée par le pouvoir exécutif (article 37)

La procédure civile relève du règlement. En effet, les règles de procédure civile sont toujours édictées par
des décrets, sauf deux exceptions :

• Certaines règles qui relèvent de l’organisation des institutions judiciaires


• Les règles de procédure civile qui touchent particulièrement à des garanties fondamentales

Le Code de procédure civile a été instauré par plusieurs décrets successifs. Le Code de procédure civile est
la principal source de droit interne.

a. Le Code de procédure civile

1° L’ancienne codi cation

Avant l'édition du premier Code de procédure civile, les règles de procédure civile guraient dans des
ordonnances :
• L’ordonnance de Villers-Cotterêts de 1539 : impose le français à comme langue judiciaire la place du
latin
• L’ordonnance de Moulins de 1566 : impose la priorité à la preuve testimoniale («Lettres passent
témoins»)

4 sur 9
fi
fi
fi
fl
fi
Procédure civile L3S5 - Equipe 2 Lucie MAYER

• L’ordonnance de Colbert de 1667 : distingue clairement la procédure civile et la procédure criminelle


et tente d’uni er les règles de procédure civile du Royaume

Pendant le Révolution française, les révolutionnaire ont souhaité supprimer tout ce qui pouvait faire écran
entre les justiciables et les juges. La justice naturelle est mise en place donc le justiciable parle
directement au juge. Cette suppression s’est soldée par un échec donc Napoléon a édicté un Code de
procédure civile de 1806.

Le Code de procédure civile de 1806 reprend les règles de procédure civile de l’ordonnance de Colbert de
1667. Rapidement, le besoin de reformer ce code se fait sentir. Au 20ème siècle, des décrets-lois ont été
pris ponctuellement mais ils n’ont pas eu grand effet.

Il a fallu attendre la Constitution de 1958 et le fait que la procédure civile relève du pouvoir exécutif pour
pouvoir concevoir une refonte totale du code.

2° Le Code de procédure civile de 1976

Le Code de procédure civile de 1976 a été élaboré par la Commission de réforme de procédure civile en
1969. Cette commission était présidée par Jean Foyer et constituée de grands professeurs comme Henri
Motulsky, Gérard Cornu ou encore François Terré.

Avant la promulgation du nouveau Code de procédure civile et de par les travaux de la Commission de
réforme de procédure civile, quatre décrets voient le jour de 1971 à 1973.

Un cinquième décret du 5 décembre 1975 institue le nouveau Code de procédure civile en reprenant le
contenu les quatre décrets précédents. Le Code de procédure civile de 1976 est entré en vigueur le 1er
janvier 1976.

Au moment de son entrée en vigueur, le Code de procédure civile se composait seulement des deux
premiers livres :
• Livre 1 : Dispositions communes à toutes les juridctions civiles
• Livre 2 : Dispositions particulières à chaque juridiction

Par la suite, des décrets ont été pris pour compléter le Code de procédure :
• Livre 3 : Dispositions propres à certaines matières
• Livre 4 : L’arbitrage
• Livre 5 : La résolution amiable des différends
• Livre 6 : Dispositions relatives à l’Outre-Mer

Dès son entrée en vigueur, ce Code a été salué. Il est considéré comme remarquable en la forme car il est
écrit dans une langue claire et la structure est claire. De plus, il contient des dé nitions. Il est la
représentation du code oeuvre doctrinal. En outre, il est considéré comme remarquable en son fond
puisque ses rédacteurs ont rénové le procès civil en modi ant l’équilibre antérieur entre le juge et les
parties dans le sens d’un renforcement des pouvoirs du juge.

Avant le nouveau Code, la considération qui primait était l’idée que les intérêts sont privés dans un
procès civil. De ce fait, le procès appartenait tout entier aux parties («le procès est la chose des
parties»). C’était aux parties de prendre toutes les initiatives. Le juge n’intervenait pas du tout, sauf à la
n pour rendre son jugement. Il en résultait que les procès étaient très longs et que les déloyautés entre
parties n’étaient sanctionnées.

Dans le nouveau Code, le juge a un rôle donc il intervient pendant le procès. Les parties ont des
charges, des devoirs à respecter. Le juge les fait respecter. Il contrôle la loyauté des débats et accélère
la marche du procès dans l’idée que, certes les intérêts sont privés mais, l’intérêt général est aussi
concerné. La justice est un service public au service des justiciables en général.

3° L’évolution postérieure au Code de procédure civile de 1976

Le Code de procédure civile de 1976 a été modi é par plusieurs décrets postérieurs.

5 sur 9
fi
fi
fi
fi
fi
Procédure civile L3S5 - Equipe 2 Lucie MAYER

Mais, depuis une vingtaine d’années, ces décrets sont de plus en plus fréquents. Tout d’abord, le décret
du 28 décembre 1998 a réformé la procédure civile de manière assez importante tout comme le décret
du 28 décembre 2005. Depuis 2005, les réformes sont très fréquentes et souvent importantes. Le
dernier décret en date est le décret du 11 décembre 2019 qui inclus la loi du 23 mars 2019 de
programmation 2018-2022 et de réforme pour la justice qui institue la création du Tribunal judiciaire.

Ces réformes suscitent un certain nombre de critiques. Il n’y a pas de ré exion globale et cohérente sur
l’ensemble de la procédure civile. Depuis 2005, on dénonce que l’harmonie et l’équilibre du Code de
procédure civile est mis à mal.

Lorsque le Code de procédure civile de 1976 est entré en vigueur, il s’appelait le «nouveau code de
procédure civile» (le NCPC) car il y a avait des dispositions de l’ancien Code qui continuaient d’être
appliquées. Progressivement, les dispositions qu’on appliquait ont été extraites de l’ancien Code de
procédure civile. Depuis, la loi du 20 décembre 2007 relative à la simpli cation du droit, le nom du code est
«Code de procédure civile».

b. Les autres sources textuelles

Tout d’abord, les autres sources textuelles de la procédure civile sont d’autres Codes :

• Le Code de l’organisation judiciaire : il contient des règles relatives à la compétence et l’organisation de


certaines juridictions judiciaires.

• Le Code de commerce : il contient des règles relatives à la compétence du Tribunal de commerce.

• Le Code du travail : il contient des règles relatives à la compétence du Conseil de prud’homme et la


procédure devant le Conseil de prud’homme

Ensuite, les autres sources textuelles de la procédure civile sont quelques lois (Ex : la loi du 10 juillet 1991
relative à l'aide juridique).

2. La jurisprudence

a. La jurisprudence du Conseil constitutionnel

Il n’y a aucun texte à valeur constitutionnelle ne comporte de disposition de procédure civile. Mais, le
Conseil constitutionnel a découvert un certain nombre de principes fondamentaux de procédure que
le législateur doit respecter. Ces principes fondamentaux constituent un droit processuel
constitutionnel donc un ensemble de principes communs à toutes les procédures.

Ex : les droits de la défense : les droits de la défense sont des droits fondamentaux à caractère
constitutionnel (Cons. const. n°93-325 DC du 13 août 1993).

b. La jurisprudence du Conseil d’État

En procédure civile, le Conseil d’État joue deux rôles :

• Le Conseil d’État dégage des principes généraux du droit : (Ex : CE, Dame David, 4 octobre 1974 : le
Conseil d’État a érigé en principe général du droit la publicité des débats devant les juridictions de
l’ordre judiciaire).

• Le Conseil d’État contrôle la légalité des décrets : comme la procédure civile est prise par voie de
décret, si quelqu’un veut contester la légalité d’un décret, il doit saisir le Conseil d’État. Parfois, le Conseil
d’État annule une disposition de procédure civile.

c. La jurisprudence de la Cour de cassation

La Deuxième chambre civile de la Cour de cassation est spécialiste de la procédure civile. Mais, les
autres chambres aussi peuvent trancher une question de procédure. Il suf t que le pourvoi concerne
principalement une question de droit substantiel et qu’il y ait également un moyen de procédure.

6 sur 9
fi
fl
fi
Procédure civile L3S5 - Equipe 2 Lucie MAYER

B) Les sources internationales

Les sources internationales de procédure civile permettent de résoudre des litiges internationaux et des
litiges internes.

Parmi les sources internationales, on peut distinguer deux catégories de source :

• Les sources qui contiennent des procédures destinées aux litiges internationaux : ces sources sont les
conventions internationales ou les règlements européens qui énoncent des règles de procédure à
appliquer face à un litige international.

Ex : Règlement Bruxelles 1 Bis du 12 décembre 2012 concernant la comp tence judiciaire, la


reconnaissance et l’ex cution des d cisions en mati re civile et commerciale : ce règlement est entré en
vigueur en le 10 janvier 2015. Il contient les règles de compétence territoriale applicables à un litige au
sein de l’Union européenne. L’étude de ces sources relève du droit judiciaire international.

• Les sources qui contiennent des procédures destinées aux procédures internes : ces sources regroupent
le droit du Conseil de l’Europe. Sous l’égide du Conseil de l'Europe a été adoptée la ConvEDH le 4
novembre 1950. Cette convention a été rati ée par la France le 3 mai 1974. Depuis 1981, les particuliers
peuvent saisir la CEDH pour faire valoir qu’une disposition de la ConvEDH a été violée.

En ce qui concerne la procédure civile, deux articles de la ConvEDH sont importants :

• L’article 13 de la ConvEDH : cet article pose le droit à un recours effectif devant une instance nationale
pour toute personne dont les droits et libertés reconnues par la convention ont été violés.

• L’article 6§1 de la ConvEDH : cet article pose le droit à un procès équitable et public devant un
tribunal indépendant et impartial qui doit statuer dans un délai raisonnable. Par le biais de cet article,
la CEDH exerce une in uence déterminante. La ConvEDH fait partie intégrante du droit interne. Les
justiciables peuvent l’invoquer comme règle de droit applicable. Les juges nationaux doivent en faire
application. Après avoir épuisé les voies de recours internes, les justiciables peuvent saisir la CEDH. La
CEDH peut condamner la France. C’est ainsi qu’en matière de procédure civile, la jurisprudence de la
CEDH est devenue une source très importante. La CEDH a été amenée à interpréter l’article 6§1 pour
tirer d’autres garanties fondamentales du procès.

V - Les enjeux contemporains de la procédure civile

Aujourd’hui, la procédure civile est confrontée à un certain nombre d’enjeux.

A) La crise de la justice

Depuis 30 ans, on parle de crise de justice en général. La justice civile n’est pas assez ef cace car ses
moyens sont limités. Les tribunaux sont encombrés et souvent même engorgés en raison d‘un nombre
croissant de procès. Les procès sont trop longs.

Entre les années 70 et 90, la société s’est judiciarisée. Le volume d’affaire con é aux tribunaux a
doublé alors que les moyens n’ont pas suivi.

Aujourd’hui encore, le budget de la justice est très insuf sant par rapport à ses besoins. Il n’y a pas
assez de juges et dans les juridictions, il n’y a pas assez de moyens. Les pouvoirs publics
n’augmentent jamais le budget de façon suf sante. Quand on augmente le budget de la justice, la
justice civile n’est pas la priorité parce que la majeure partie de l’augmentation pro te à la justice
pénale et à l’administration pénitentiaire. Dans ces conditions, les pouvoirs publics cherchent le
moyen d’accélérer les procès à moyens constants c’est-à-dire sans dépenser plus d’argent. Ce
mouvement ne concerne pas que la justice. Il s’inscrit dans une perspective d’ensemble qui est celle de la loi
du 1er août 2001 relative aux lois de nances (LOLF). Appliquée à partir de la loi du 30 décembre 2005 de
nances pour 2006, elle impose des objectifs de performance. Avant la LOLF, chaque ministère recevait
une certaine somme et décidait tout seul la façon de l’utiliser. Dans la logique de la LOLF, des moyens sont
alloués à chaque ministère en vue d’une action précise (Ex : pour une politique de la Justice, l’Etat xe
des objectifs précis à atteindre avec des moyens alloués pour une action précise). On est donc entré dans la

7 sur 9
fi

fl

fi
fi
fi

fi

fi
fi
fi
fi
Procédure civile L3S5 - Equipe 2 Lucie MAYER

«culture de la performance». Une politique publique est jugée performante quand les objectifs dé nis
sont atteints ou au moins approchés avec les moyens alloués.

En procédure civile, cette culture de la performance se traduit par la réduction le nombre d’affaires en cours
via plusieurs procédés :

• Éviter qu’un juge soit saisi face à un litige : le justiciable va être orienté vers les modes amiables de
règlement des litiges, les mode amiable de règlement des différends (MARD).

• Accélérer la durée du procès en modi ant les règles de procédure civile : l’instance va être rationalisée.
Par exemple, le rôle de juge de l’état qui instruit l’affaire va être renforcé de façon à ce que quand le
tribunal va statuer sur l’affaire, il ait déjà tout préparé. De plus, les procédures et les délais vont être
raccourcis, ce qui va forcer les parties à être plus diligentes.
↳ Cette recherche d’ef cacité et de rapidité du procès se manifeste par plusieurs lois comme :
• La loi du 18 novembre 2016 de modernisation de la justice du XXIe siècle
• La loi du 23 mars 2019 de programmation 2018-2022 et de réforme pour la justice

B) La dématérialisation de la justice

Pour moderniser la justice, il faut procéder à une dématérialisation, à l’intégration des nouvelles
technologies dans le système judiciaire.

Mais, d’un autre côté, il ne faut pas que la justice et notamment les droits de la défense en souffrent.

1. La dématérialisation des actes de procédure

Devant certaines juridictions, les actes de procédure (Ex : les actes introductifs d’instance, les conclusions
d’avocat, les pièces du dossier) vont être communiquées à l’autre par par voie électronique. Cette
communication électronique a lieu couramment devant la Cour de cassation, devant la Cour d’appel lors
des procédures écrites et devant les Tribunaux judiciaires lorsque la procédure est écrite. La
modernisation a eu lieu en premier devant ces juridictions car la représentation par un avocat est
obligatoire.

Pour pouvoir organiser ces échanges d’actes, des réseaux sécurisés entre les avocats (Réseau privé
virtuel des avocats - RPVA), les magistrats et les greffes (Réseau privé virtuel justice - RPVJ) ont été
créés.

Devant les autres juridictions, la communication par voie l’électronique est bien avancée devant le
Tribunal de commerce puisque les parties sont très souvent représentées par un avocat. En revanche, le
Tribunal paritaire des baux ruraux ou le Conseil de prud’homme ont encore recours au papier
puisque les parties ne sont pas forcément assistées d’un avocat.

De plus, il faut prendre en compte la facture numérique c’est-à-dire le fait qu’une tranche importante de la
population française (27%) n’a pas internet ou à un accès dif cile à internet. Ainsi, si on généralisait
la communication par voie électronique, on porterait atteinte au droit d’accès au juge d’une tranche
relativement importante de la population.

2. La dématérialisation de l’instance toute entière

Aujourd’hui, il est possible que certaines instances soient entièrement dématérialisées. En effet, les
audiences peuvent être supprimées et les jugements noti és par voie électronique. Cette suppression
de l’audience a été introduite par la loi du 23 mars 2019 de programmation 2018-2022 et de réforme pour la
justice. Il est prévu que les parties peuvent se mettre expressément d'accord, à leur initiative, pour
qu’il n’y ait pas d’audience.

3. La dématérialisation du raisonnement juridique

Avec la justice prédictive, le raisonnement judiciaire ne serait plus construit par une intelligence humaine
mais par une intelligence arti cielle. Un logiciel qui exploite un algorithme va analyser des milliers de
décisions rendues par les tribunaux de façon à pouvoir livrer une probabilité de ce que dirait un juge

8 sur 9
fi
fi
fi
fi
fi
fi
Procédure civile L3S5 - Equipe 2 Lucie MAYER

dans une certaine affaire s’il était saisi. On appelle cela la jurimétrie. Les entreprises qui exploitent ce
type de logiciels sont les legaltechs c’est-à-dire des startups juridiques.

Les personnes qui ont vocation à utiliser ces logiciels sont les avocats, les parties et même
potentiellement les juges. Concernant les avocats, ces logiciels leur permettent de dé nir la stratégie la
plus ef cace dans une affaire. S’agissant des parties, elles pourraient avoir recours à ce type de logiciels
dans le cadre de modes amiables de règlement des différends proposés en ligne. Depuis quelques
années, se développent des services de médiations ou de conciliations en ligne. La loi du 23 mars 2019 de
programmation 2018-2022 et de réforme pour la justice a cherché à encadrer ces services. Cette loi impose
que lorsqu’un algorithme est proposé, il ne doit pas être le seul fondement de la médiation, il doit y
avoir un vrai médiateur. Concernant les juges, ils pourraient utiliser un jour ces logiciels pour rendre
leur jugement. Mais, le danger serait qu’ils statuent en fonction des probabilités et qu’on en arrive à une
déshumanisation de la justice.

C) La volonté de moderniser la Cour de cassation

En 2015, la Cour de cassation a entrepris une grande ré exion sur son rôle dans la société avec un
désir de se réformer. Plusieurs axes ont été envisagés.

1. La réforme de la motivation des arrêts de la Cour de cassation

Depuis le 1er octobre 2019, la motivation des arrêts de la Cour de cassation a été modi ée selon deux
lignes principales :

• Dans tous les arrêts : le style est direct et les réponses sont portées moyen par moyen.

• Pour les arrêts les plus importants : la motivation est plus riche, plus développée.

2. Le projet de ltrage des pourvois en cassation

De 2016 à 2019, le Premier président de la Cour de cassation était Bertrand Louvel. L’une de ses ambitions
était de modi er l’accès à la Cour de cassation dans le sens d’une restriction. La Cour de cassation est
saisie tous les ans de 30 000 pourvois (20 000 civiles et 10 000 pénales). Selon lui, cet accès large à la
Cour de cassation l’empêchait d’avoir une jurisprudence lisible parce que les arrêts importants qui prennent
partie sur une question de principe ou les arrêts de revirement étaient noyés dans la masse. Il souhaitait
donner à la Cour de cassation le moyen d’être une véritable Cour Supreme c’est-à-dire une Cour qui
statue uniquement quand il est nécessaire de prendre parti sur une question juridique importante.

Ainsi, le pourvoi n’aurait été recevable que dans trois cas :


• Si l’affaire soulève une question de principe présentant un intérêt pour le développement du droit
• Si l’affaire soulève une question présentant un intérêt pour l’uni cation de la jurisprudence
• Si dans l’affaire est en cause une atteinte grave à un droit fondamental

Mais, ce projet présente des inconvénients puisque cela signi e que si dans une affaire, on estime que la
Cour d’appel a effectué une erreur de droit qui ne correspond à aucun des trois critères énoncés, la
Cour de cassation ne statuera pas.

Ce projet a soulevé un intense débat et beaucoup de contestations. Chantale Arens, Première présidente de
la Cour de cassation de 2019 à 2022, n’était pas favorable à un ltrage. Le projet de ltrage des pourvois
en cassation n’est plus un projet soutenu mais rien ne dit qu’il est enterré. Cette question n’est pas
seulement une question de procédure civile. C’est une question qui intéresse les juristes et les citoyens en
général.

9 sur 9
fi
fi
fi
fl
fi
fi
fi
fi
fi
fi

You might also like