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Réfraction oculaire
P. Wary, F. Maÿ

Le pouvoir réfractif de l’œil résulte des relations entre la longueur axiale et les propriétés optiques des
différents composants du système optique oculaire. Il est essentiel de bien comprendre les principes et les
influences des différentes variations physiologiques ou pathologiques oculaires sur la réfraction avant
toute correction ou aide optique. La réfraction repose sur deux composantes : objective et subjective. La
détermination objective est réalisée par la réfractométrie, qui ne requiert aucune participation du patient,
alors que la détermination subjective sollicite des réponses du patient. La prescription de la correction
optique qui en découle est habituellement adaptée sur les données de ces deux temps de la réfraction.
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Mots clés : Amétropie ; Dioptre oculaire ; Réfraction subjective ; Réfraction objective ; Verres correcteurs

Plan système dioptrique oculaire, constitué par la succession de


milieux transparents d’indices différents, avant de parvenir sur
la rétine.
¶ Introduction 1
L’examen de la réfraction oculaire mesure les paramètres
¶ Rappels d’optique géométrique 1 optiques oculaires nécessaires à la recherche de troubles de la
¶ Optique physiologique 2 réfraction qui sont identifiés et évalués, de manière à établir une
Modèles optiques 2 correction optique de toute nature, en vue de procurer au
Axes et angles de l’œil 2 patient la meilleure acuité visuelle. En pratique, l’examen
Pupilles 3 ophtalmologique débute par l’étude de la réfraction afin de
Aberrations optiques de l’œil 4 déterminer l’acuité visuelle corrigée.
Emmétropie 4 Après un rappel d’optique physiologique et des différentes
Accommodation et désaccommodation 4 anomalies de la réfraction, sont développées les différentes
¶ Anomalies de la réfraction 4 étapes de l’examen de la réfraction, objective et subjective, ses
Amétropies sphériques 5 particularités chez l’enfant et les personnes âgées, ainsi que les
Astigmatismes 6 principes de bases de la prescription de verres correcteurs.
Anomalies de l’accommodation 8 Les explorations spécifiques de la réfraction en vue d’une
correction par lentille, d’un équipement en basse vision ou
¶ Mesure du pouvoir réfractif oculaire 8
d’une intervention de chirurgie réfractive, ne sont pas traitées
Examen 9 ici car elles font l’objet d’autres articles.
Cycloplégie 11
Réfraction objective 11
¶ Réfraction subjective
Matériel
15
16 ■ Rappels d’optique
Méthodes 16 géométrique [1-3]

Tests de contrôle 17
Réfraction bioculaire 19 Dans un milieu transparent et homogène, un rayon lumineux
¶ Points particuliers 19 se propage en ligne droite, sous la forme d’une onde électroma-
Après chirurgie du cristallin 19 gnétique caractérisée par son amplitude ou intensité lumineuse,
Après greffe de cornée 20 et par sa longueur d’onde. Un faisceau lumineux est un ensem-
Chirurgie réfractive 20 ble de rayons. Dans un faisceau convergent, les rayons se
Après chirurgie du segment postérieur 20 dirigent vers un point, le point de focalisation ou foyer optique.
Après chirurgie du strabisme 20 Dans un faisceau divergent, les rayons émanent de ce point.
Adaptation de la correction optique en basse vision 20 Dans sa propagation, le rayon lumineux peut traverser
plusieurs milieux transparents homogènes. La surface séparant
¶ Conclusion 20
deux milieux transparents homogènes différents m1 et m2, est
appelée dioptre. Le rayon lumineux, en traversant la surface
dioptrique, se réfracte, c’est-à-dire dévie sa trajectoire en passant
d’un milieu à l’autre.
■ Introduction Le phénomène de réfraction s’explique par les lois de Descar-
tes :
La réfraction oculaire se définit par l’ensemble des déviations • le rayon incident traverse le dioptre en un point I, et forme,
que subit un rayon lumineux incident lors de sa traversée du avec la perpendiculaire en I, un angle d’incidence i1 ;

Ophtalmologie 1
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• il se poursuit par le rayon réfracté formant, avec la normale P P'


en I, un angle de réfraction i2 ;
• il existe une relation entre l’angle d’incidence i1 et l’angle de
réfraction i2 : n1 × sin i1 = n2 × sin i2 où n1 et n2 sont des
indices relatifs de réfraction des milieux m1 et m2.
L’indice relatif de réfraction n d’un milieu réfringent est le
rapport de la vitesse de propagation de la lumière dans l’air, sur
la vitesse de propagation de la lumière dans ce milieu. L’indice
relatif de l’eau est de 1,33, celui de l’humeur aqueuse de F H H' a NN' F'
1,336 et celui du verre minéral courant est de 1,52. La vitesse a
de la lumière varie également suivant la longueur d’onde, plus
faible en lumière bleue et plus élevée en lumière rouge.
Le dioptre sphérique est une surface sphérique séparant deux
HF=17
milieux transparents d’indices de réfraction différents, n1 et n2.
Le point image d’un point objet n’est ponctuel que si ces deux H'F'=22
points sont sur l’axe optique qui passe par le centre de rotation
de la surface sphérique, c’est le stigmatisme rigoureux. Lorsque
les rayons se trouvent au voisinage de l’axe optique, l’image est Figure 1. Éléments cardinaux de l’œil : foyers principaux F et F’, points
quasi ponctuelle, c’est le stigmatisme approché, selon les nodaux N et N’, points principaux P et P’. EMC : La réfraction oculaire
conditions de Gauss. (A. Catros, A. Carrica, B. Saint-Macary, E. Botaka).
Tout faisceau lumineux parallèle à l’axe optique, traverse le
dioptre et converge au foyer image F’. La puissance dioptrique
12
s’exprime par : D (en d dioptries) = n2/SF’ où S est le sommet
du dioptre sphérique sur l’axe optique et SF’ la distance focale n=1 7,08 P = 58,6 D
image. 5,73
Un dioptre a une puissance dioptrique de 1 dioptrie si sa
distance focale image est de 1 mètre.

■ Optique physiologique n' = 1,33

L’œil est un système optique centré, c’est-à-dire composé F Ca Cr F'


d’une série de quatre dioptres successifs traversés par le même NA C
axe optique. Les rayons lumineux traversent la cornée, l’humeur
15,7
aqueuse de la chambre antérieure, le cristallin et le vitré avant
de parvenir sur la rétine. Plusieurs modèles rassemblant les
paramètres optiques ont été proposés [4]. 1,35
17,05 22,7
Modèles optiques
L’œil théorique, proposé par Yves Legrand, s’obtient à partir
de valeurs statistiques moyennes pour un œil européen adulte Figure 2. Œil simplifié de Donders. EMC : La réfraction oculaire
à l’état non accommodé. Les constantes optiques moyennes (A. Catros, A. Carrica, B. Saint-Macary, E. Botaka).
sont les suivantes :
• Rka : rayon de courbure antérieur de la cornée : 7,80 mm ;
• ek : épaisseur de la cornée : 550 µm ;
• Rkp : rayon de courbure postérieur de la cornée : 6,5 mm ;
• ek + da : longueur du segment antérieur : 3,60 mm ;
• Rca : rayon de courbure antérieur du cristallin : 10,20 mm ;
r=
5,

• ec : épaisseur du cristallin : 4 mm ;
6m

• Rcp : rayon de courbure postérieur du cristallin : 6 mm ; l = 22,4mm


m

S F'
• dp : longueur du segment postérieur ;
• L : longueur axiale du globe : 24,00 mm ;
n = 22,336
• nk : indice relatif de la cornée : 1,3371 ;
• nha : indice relatif de l’humeur aqueuse : 1,3374 ;
• n : indice relatif du cristallin : 1,42 ;
• nv : indice relatif du corps vitré : 1,336.
Un tel œil théorique présente une puissance dioptrique de Figure 3. Œil réduit.
60 d. La cornée a une puissance de 42 d, soit les deux tiers de
la puissance de l’œil, le cristallin a une puissance de 22 d.
Les points nodaux sont deux points conjugués : N point L’axe géométrique, passe par les pôles antérieur et postérieur du
nodal objet et N’ point nodal image, tels qu’à tout rayon système oculaire, c’est l’axe de révolution de la sphère oculaire
incident passant par N correspond un rayon émergent parallèle (Fig. 4).
semblant provenir de N’ (Fig. 1). L’axe optique joint les centres de courbure des quatre dioptres
Dans l’œil simplifié, la cornée est représentée par un simple oculaires et traverse la rétine entre papille et fovea (Fig. 5).
dioptre sphérique et le cristallin par une lentille mince. Le L’axe visuel joint le point de fixation au point nodal objet N,
milieu intraoculaire a un indice moyen de 1,336 (Fig. 2). puis le point nodal image N’ à la fovea (Fig. 1).
L’œil réduit de Listing et celui de Donders consistent simple- L’axe pupillaire traverse le centre de la pupille et le centre de
ment en un dioptre sphérique unique séparant l’air du vitré. courbure antérieure de la cornée (Fig. 6).
Mais ces modèles n’offrent aucune utilité, car ils sont trop L’axe de fixation relie le point de fixation au centre de
éloignés de l’œil théorique (Fig. 3). rotation de l’œil (Fig. 7).
L’axe ophtalmométrique relie le point de fixation au centre de
Axes et angles de l’œil courbure antérieure de la cornée.
Le système optique oculaire est traversé par plusieurs La ligne principale du regard relie le point de fixation au centre
axes formant entre eux les angles de l’œil. de la pupille.

2 Ophtalmologie
Réfraction oculaire ¶ 21-070-A-10

Axe optique N N'


Axe géométrique C p'
Axe visuel

12
m
m
Figure 8. Angle alpha.
Figure 4. Axes géométriques.

Axe pupillaire
N N'
S H H' N N' C Axe optique Axe visuel

Figure 9. Angle kappa.


Figure 5. Axe optique.

Ligne de
fixation
C'
Axe pupillaire N Axe optique N N'

Figure 10. Angle lambda.


Figure 6. Axe pupillaire.

Le rôle de diaphragme est en fait assuré par les conjugués


optiques, à travers la cornée et le cristallin, de la pupille
anatomique.

Pupille d’entrée
C'
C’est celle que l’on voit, elle est le diaphragme qui aura pour
image, à travers la cornée, la pupille réelle, anatomique.
n
ixatio
de f Pupille de sortie
Po Axe
C’est le diaphragme qui est l’image de la pupille réelle,
anatomique, à travers le cristallin. C’est également l’image de la
pupille d’entrée à travers tout le système optique de l’œil.
Figure 7. Axe de fixation. Les diamètres de ces pupilles sont très voisins, celui de la
pupille de sortie est 0,92 fois celui de la pupille d’entrée. Ces
L’angle alpha (a) est formé par l’axe optique et l’axe visuel. Il trois diaphragmes réduisent la largeur du faisceau lumineux qui
est de 5° (4 à 8°) chez l’œil adulte emmétrope, supérieur à 5° pénètre dans l’œil.
chez l’enfant et chez l’hypermétrope. Chez le myope, il est
inférieur à 5° et parfois négatif, donnant une impression de Trou sténopéique
convergence, c’est le regard du myope (Fig. 8). D’une façon générale, à un objet AB correspond à travers le
L’angle gamma (c) est formé par l’axe optique et l’axe de système optique oculaire, une image A’B’. Chez un œil emmé-
fixation. trope, l’image A’B’ est située sur le plan rétinien, la vision est
L’angle kappa (j) est formé par l’axe optique et la ligne nette.
principale du regard (Fig. 9). Chez un œil amétrope, l’image A’B’ est en dehors de la rétine.
L’angle lambda (k) est formé par l’axe pupillaire et la ligne Sur la rétine est projetée une pseudo-image A’’B’’, composée
principale du regard, souvent confondu avec l’angle kappa d’autant de cercles de diffusion que les points composant l’objet
(Fig. 10). AB. La vision est floue.
Or le diamètre d’un cercle ou tache de diffusion est propor-
Pupilles tionnel au diamètre du diaphragme pupillaire qui réduit la
Le diaphragme pupillaire est situé dans le plan frontal irien largeur du faisceau lumineux. C’est le principe du trou sténo-
tangentiellement au sommet du dioptre antérieur du cristallin. péique, disque noir percé en son centre d’un orifice de 1 mm

Ophtalmologie 3
21-070-A-10 ¶ Réfraction oculaire

de diamètre. Placé devant un œil amétrope, il réduit considéra- par la réfraction variable du cristallin. Henderson et Gullstrand
blement le diamètre de la tache de diffusion, augmente la ont démontré le rôle de la contraction du muscle ciliaire.
profondeur de champ et élève l’acuité visuelle. D’autres théories ont vu le jour, comme celle de Schachar [8, 9]
reprenant les théories de Tscherning, et proposant des actions
Aberrations optiques de l’œil différenciées des fibres zonulaires antérieures, équatoriales et
postérieures.
Aberrations de sphéricité L’accommodation résulte de la contraction du muscle de
Rouget-Muller innervé par les fibres parasympathiques et
Quand les rayons incidents traversent la périphérie d’une
composé de fibres circulaires. En se contractant, ce muscle
lentille sphérique, les conditions d’approximation de Gauss ne
annulaire réduit son diamètre et induit des modifications
sont plus respectées, il n’y a pas de stigmatisme. La réfringence
anatomiques dans le segment antérieur, augmentant le pouvoir
augmentant vers la périphérie, les rayons sont d’autant plus
réfractif de l’œil.
réfractés et plus rapidement focalisés qu’ils sont périphériques.
Les fibres zonulaires radiaires relâchent leur traction sur
La focalisation d’un large faisceau ne se fait plus en un point
l’équateur cristallinien. Grâce à l’élasticité de sa capsule [10], le
mais en une région de l’espace appelée casuistique. Dans l’œil
cristallin reprend spontanément une forme plus sphérique,
normal, les rayons périphériques sont arrêtés par la pupille, et
augmentant principalement sa courbure antérieure. Inséré sur
les aberrations sont partiellement compensées par l’aplatisse-
l’éperon scléral, le muscle ciliaire, en se contractant, se déplace
ment périphérique de la cornée et du cristallin, et par l’indice
légèrement en avant, entraînant avec lui le cristallin dont le
cristallinien plus faible en périphérie.
centre optique se retrouve placé plus en avant. De plus, la
Aberrations chromatiques traction exercée sur l’éperon scléral, creuse le limbe et augmente
légèrement le diamètre antéropostérieur du globe. Ces modifi-
Les longueurs d’onde courtes (violet et bleu) sont plus cations de forme et de position définissent l’accommodation
réfractées et plus rapidement focalisées que les longueurs d’onde externe, représentant deux tiers de l’accommodation.
longues comme le rouge. Chez l’emmétrope, le jaune se focalise L’accommodation interne est essentiellement liée à l’augmenta-
sur la rétine, le rouge en arrière et le bleu en avant. La rétine tion de l’indice de réfraction du cristallin, par glissement vers le
est plus sensible au jaune et ne perçoit pas les cercles de centre des fibres cristalliniennes du cortex, surtout en avant du
diffusion produits par les autres longueurs d’onde. noyau.
Le phénomène inverse se produit lors de la fixation d’un
Emmétropie objet éloigné [11, 12]. La désaccommodation résulte du relâche-
ment du muscle de Rouget-Muller et aussi de la contraction
L’emmétropie est le statut réfractif de l’œil capable, sans
active des fibres longitudinales du muscle de Brücke-Wallace,
accommodation, d’une vision nette d’un objet situé à l’infini,
d’innervation sympathique, entraînant des modifications
la rétine étant la conjuguée image de l’infini. L’œil emmétrope
inverses au niveau du cristallin : aplatissement, déplacement en
de l’adulte présente un état d’équilibre entre la longueur axiale,
arrière et réduction de son indice.
les courbures des dioptres, et les indices des milieux. Il est
Le punctum remotum est le conjugué objet de la rétine, c’est
l’aboutissement d’un processus d’emmétropisation passive et
le point le plus éloigné que l’œil voit nettement, sans accom-
active, depuis la naissance. L’œil est en effet capable, dans une
moder. Situé à l’infini chez l’emmétrope, il est situé à une
certaine mesure, de réguler sa croissance.
distance finie chez le myope. Chez l’hypermétrope, il est virtuel,
L’emmétropisation passive est liée à la croissance du globe
situé en arrière de la rétine [13].
oculaire, qui est très rapide pendant les 3 premières années puis
Le punctum proximum est le conjugué objet de la rétine
très progressive par la suite. Elle associe plusieurs phénomè-
lorsque l’œil accommode au maximum, c’est le point le plus
nes qui se compensent en partie : agrandissement de la lon-
proche que l’œil voit nettement.
gueur axiale, aplatissement de la cornée, approfondissement de
Le parcours d’accommodation est défini par la distance entre
la chambre antérieure, augmentation du diamètre équatorial du
punctum remotum et punctum proximum.
cristallin qui s’aplatit progressivement. Tout déséquilibre dans la
L’accommodation est très rapide : après un très court temps
croissance aboutit à une amétropie.
de latence de 0,4 s, sa vitesse atteint 4,6 d/s.
L’emmétropisation active est liée à l’expérience visuelle. Elle
Lors de la fixation d’un objet proche, l’accommodation
repose sur un mécanisme de feed-back : la qualité du contraste
s’accompagne d’un myosis et d’une convergence. C’est la triade
de l’image focalisée sur la rétine induit un ajustement de la
ou syncinésie accommodative. La contraction pupillaire exerce un
croissance oculaire axiale qui est sous le contrôle des cellules
effet sténopéique réduisant les cercles de diffusion. De la
amacrines dopaminergiques de la rétine. Affinant le processus
proximité de l’objet dépendent à la fois l’effort d’accommoda-
passif, l’emmétropisation active se déroule pendant la petite
tion et l’amplitude du mouvement de convergence des axes
enfance, mais l’œil reste susceptible de s’adapter aux conditions
visuels, exprimé en angle métrique.
environnementales jusqu’à l’âge de jeune adulte.
Il existe une interaction entre les trois éléments de cette
triade soit par simple interaction (théorie de Maddox-Alpern et
Accommodation et désaccommodation [5] théorie de Fincham) soit par double interaction (théorie de
L’accommodation et la désaccommodation définissent la Semmlow).
faculté de l’œil à modifier activement son pouvoir réfractif afin Dans la théorie de Maddox-Alpern, le système de vergence
de conserver une vision nette des objets situés à des distances dépend essentiellement du système accommodatif. Dans la
variables. Elles représentent sa capacité de mise au point et de théorie de Fincham [14], le rôle prépondérant est joué par la
réfraction dynamique. Elles relèvent d’un mécanisme réflexe disparité rétinienne ; la diplopie en vision de près entraîne une
admettant deux centres corticaux : volontaire au niveau du lobe vergence et une accommodation appropriée pour focaliser
frontal et automaticoréflexe au niveau du lobe occipital. Le l’image. Dans la théorie de Semmlow, les deux systèmes sont en
réflexe est à point de départ maculaire et le stimulus est compétition permanente, avec une dominance du système de
représenté par la tache de diffusion sur la rétine. D’autres vergence sur le système accommodatif.
stimuli existent : sensation de proximité et disparité des images
rétiniennes lors de la vergence fusionnelle, c’est l’accommoda-
tion convergentielle [6]. Les voies afférentes empruntent les voies
■ Anomalies de la réfraction
optiques. Les voies efférentes empruntent les voies parasympa- Les amétropies sont caractérisées par l’incapacité de l’œil,
thiques et sympathiques, innervant les deux muscles antagonis- sans accommodation, à voir nettement les objets situés à
tes du muscle ciliaire. l’infini. L’image projetée sur la rétine n’est qu’une pseudo-
De nombreuses théories ont été proposées pour décrire le image, floue car composée de cercles de diffusion [15].
mécanisme d’accommodation. Schreiner (1619), Thomas Young Cliniquement, on oppose les amétropies acquises, rencontrées
(1801), Purkinje (1823) et Helmholtz [7] (1856) l’ont expliqué le plus souvent chez l’adulte et secondaires à une pathologie

4 Ophtalmologie
Réfraction oculaire ¶ 21-070-A-10

importante chez les Asiatiques, jusqu’à 45,7 % chez l’homme et


38,3 % chez la femme au Japon selon Shimizu [21]. Chez des
F' enfants d’âge scolaire, la prévalence augmente avec l’âge : 20 %
à 7 ans, 61 % à 12 ans, et 81 % à 15 ans, selon Lin [22], qui
E remarque même une augmentation de la prévalence de 1983 à
2000 : de 74 à 84 % pour les enfants de 16 à 18 ans et un taux
de myopie forte passé de 10,9 à 21 % chez des étudiants de
18 ans.
Caractéristiques réfractives [15]
L’œil myope peut être considéré comme trop réfractif ou trop
F'
long : le foyer image d’un objet situé à l’infini se situe, sans
accommodation, en avant de la rétine, d’autant plus en avant
M que la myopie est forte. L’image projetée sur la rétine est une
pseudo-image, floue, formée de cercles de diffusion, dont le
diamètre est d’autant plus large, que le foyer image se situe en
avant de la rétine. En plissant les paupières, le myope tente de
réduire, par cette fente sténopéique, le diamètre des cercles de
diffusion, et de rendre plus nette la pseudo-image.
F' Le punctum remotum se situe à une distance finie, ce qui se
traduit par une mauvaise acuité visuelle de loin. Le punctum
H proximum est plus proche que celui de l’œil emmétrope, le
myope est donc avantagé dans la vision de près, et utilise moins
l’accommodation que l’emmétrope.
Figure 11. Foyer image F’ de l’emmétrope (E), du myope (M) et de Le déplacement du foyer image sur la rétine de l’œil myope
l’hypermétrope (H). EMC : La réfraction oculaire (A. Catros, A. Carrica, nécessite la correction par une lentille divergente concave de
B. Saint-Macary, E. Botaka). puissance dioptrique négative.
Myopies
oculaire ou générale, et les amétropies constitutionnelles, les
plus nombreuses, apparaissant généralement très tôt dans la vie Les myopies axiles sont les plus fréquentes ; elles sont
de l’individu. réparties en deux formes cliniques.
Les amétropies résultent d’un déséquilibre entre les différents Myopie axile. La myopie simple dépasse rarement six diop-
composants du pouvoir réfractif de l’œil : tries. Elle est d’autant plus importante que le début a été
• les amétropies axiles, liées à une longueur axiale trop longue précoce. Souvent dépistée au moment de la scolarité, elle
ou trop courte ; augmente progressivement et se stabilise à la fin de la deuxième
• les amétropies de puissance, liées à une anomalie de position, décade. Par la suite, elle peut s’accentuer par paliers lors de la
de courbure ou d’indice des dioptres oculaires. grossesse ou d’épisodes pathologiques. La myopie forte axile est
familiale et moins fréquente, autour de 1 % dans les pays
Dans une logique de correction emmétropisante par verres occidentaux, 4 % chez les Asiatiques. Elle associe un degré élevé
sphériques et/ou cylindriques, les amétropies peuvent également de myopie, supérieure à -6 dioptries, une forte longueur axiale
se répartir en deux catégories : supérieure à 26 mm, des altérations oculaires liées à la disten-
• les amétropies sphériques, assimilables à des amétropies axiles. sion du globe, et une forte évolutivité. Parfois importante dès la
La focalisation d’un point à l’infini se fait en un point sur l’axe naissance, elle apparaît souvent à l’âge scolaire et évolue
optique, en avant de la rétine pour le myope, et en arrière pour rapidement.
l’hypermétrope ;
L’accroissement de la taille du globe, surtout aux dépens du
• les astigmatismes, liés à des anomalies de courbure des dioptres
diamètre antéropostérieur, crée la formation du staphylome
oculaires. À un point objet situé sur l’axe optique ne
myopique, véritable ectasie sclérale du pôle postérieur, et
correspond plus une image ponctuelle. La focalisation des
s’accompagne d’un amincissement global, par étirement, de
rayons lumineux provenant de l’infini ne coïncide plus en un
tous les tissus : sclère, uvée et rétine.
point.
Chez l’adulte, la répartition des amétropies [16, 17] se fait selon La papille optique est large, étirée, caractérisée par un conus
une courbe gaussienne, dont le sommet se situe entre 0 et +1 d, myopique en temporal et un repli en nasal. Rétine et choroïde
avec une déviation standard de 1 d, d’après l’étude de Sorsby [18]. se distendent, occasionnant des ruptures de la membrane de
Une répartition d’allure semblable a été décrite par Dordain [19] Bruch, des plages d’atrophie choroïdienne et de l’épithélium
sur une population d’hommes âgés de 18 à 24 ans. pigmentaire, ainsi que des lésions dégénératives de la périphérie
rétinienne. Le décollement postérieur du vitré est précoce, avec
ses risques de déchirures rétiniennes. Les troubles tonométriques
Amétropies sphériques (Fig. 11) sont fréquents et liés aux modifications de l’angle iridocornéen.
L’œil présentant une amétropie sphérique reste stigmatique, Une des complications majeures reste l’apparition de la tache
c’est-à-dire que les surfaces dioptriques sont considérées comme de Foerster-Fuchs, liée au développement d’une membrane
des surfaces de révolution autour de l’axe optique : à un point néovasculaire maculaire.
objet correspond une image ponctuelle. Mais le foyer image se Autres types réfractifs de myopie. Ce sont les myopies de
situe en avant ou en arrière de la rétine, suivant qu’il s’agit d’un courbure, par diminution du rayon de courbure soit cornéenne,
œil myope ou hypermétrope. dans les ectasies et le kératocône, soit cristallinienne : lenticône
antérieur, sphérophakie et microsphérophakie. Par extension,
Œil myope peuvent y être ajoutés les spasmes accommodatifs et les myopi-
La prévalence de la myopie est variable géographiquement. sations transitoires par hyperglycémie chez le diabétique [23]. Ce
Selon Dordain [19], elle représente 21,8 % chez une population sont aussi les myopies d’indice, représentées essentiellement par
d’hommes de 18 à 24 ans en France en 1991. Selon Kem- l’augmentation de l’indice cristallinien lors de la cataracte
pem [20], la prévalence de la myopie, en 2000, est de 25,4 % aux nucléaire. Le tamponnement interne par huile de silicone induit
États-Unis, 26,6 % en Europe occidentale et 16,4 % en Austra- également une myopisation par élévation de l’indice de réfrac-
lie ; la prévalence de la myopie forte est respectivement de tion du milieu vitréen. Ce sont encore les myopies de position,
4,5 %, 4,6 % et 2,8 %. La prévalence de la myopie est plus lors des déplacements antérieurs post-traumatiques du cristallin.

Ophtalmologie 5
21-070-A-10 ¶ Réfraction oculaire

Œil hypermétrope Cercle de moindre diffusion


L’hypermétropie concerne 75 à 80 % des nouveau-nés. Elle
est progressivement compensée par les phénomènes d’emmé-
tropisation passive et active. Chez l’adulte, l’hypermétropie
sphérique pure concerne 14,85 % des hommes jeunes selon
Dordain [19]. Selon Kempen [20], la prévalence de l’hypermétro-
pie de plus de +3 d en 2000 est de 9,9 % aux États-Unis, 11,6 %
en Europe occidentale et 5,8 % en Australie. Wickremasin-
ghe [24] note 32,9 % d’hypermétropes de plus de +0,5 d en Cornée astigmate
Mongolie. Elle est moins fréquente en Asie du Sud-Est [25] : au Droite focale antérieure
Japon, elle est de 13,5 % chez l’homme et de 18,6 % chez la
femme selon Shimizu [21]. Droite focale postérieure
Figure 12. Conoïde de Sturm.
Caractéristiques réfractives
L’œil hypermétrope a un pouvoir réfractif trop faible, il est
trop court : le foyer image d’un objet situé à l’infini se situe, plaqué contre l’iris qu’il fait bomber en avant. La diminution de
sans accommodation, en arrière de la rétine, et d’autant plus en la profondeur de la chambre antérieure est plus prononcée en
arrière que l’hypermétropie est forte. périphérie qu’au centre, réduisant l’ouverture de l’angle irido-
Le punctum remotum est virtuel, situé en arrière de la rétine. cornéen. Lorsqu’elles sont prononcées, ces prédispositions
Le punctum proximum est plus éloigné que celui de l’œil biométriques sont susceptibles d’exposer à une crise de glau-
emmétrope. L’hypermétrope accommode en permanence pour come aigu par fermeture de l’angle.
ramener le foyer image sur la rétine. Il est obligé d’accommoder Le canal scléral des yeux hypermétropes est souvent étroit,
pour voir net de loin. La vision de près nécessite un effort expliquant l’aspect de papilles petites mais charnues, aspect
d’accommodation plus important que chez l’emmétrope. La d’autant plus net que l’hypermétropie est forte, sans excavation,
correction de l’œil hypermétrope passe par une lentille conver- et pouvant prendre l’aspect de faux œdèmes papillaires.
gente convexe de puissance dioptrique positive. Sont considérées également comme axiles les hypermétropies
Comme l’hypermétrope accommode en permanence, la acquises liées à un œdème maculaire ou à un processus expansif
mesure de l’hypermétropie totale nécessite une cycloplégie efficace sous-rétinien ou rétro-oculaire.
pour annuler l’accommodation. Sans cycloplégie, l’hypermétro- Les hypermétropies de courbure sont essentiellement de cause
pie mesurée sera toujours sous-estimée [23]. cornéenne comme la surcorrection de la chirurgie réfractive, et
L’hypermétropie absolue correspond à la valeur du verre la cornea plana.
convexe le plus faible compatible avec la meilleure acuité Les hypermétropies d’indice sont cristalliniennes : subluxations
visuelle de loin, elle ne peut être compensée par et luxations postérieures, aphakie.
l’accommodation.
L’hypermétropie manifeste correspond à la valeur du verre Astigmatismes
convexe le plus fort, obtenue avec la méthode du brouillard,
De nombreux auteurs ont étudié la prévalence chez l’enfant.
compatible avec la meilleure acuité visuelle de loin.
Selon Mutti [26], 41,6 % des nouveau-nés de 3 mois ont un
À partir de ces valeurs, sont définies :
astigmatisme supérieur ou égal à 1 d, et la prévalence diminue
• l’hypermétropie facultative, qui correspond à la différence entre
à 4,1 % à 3 ans.
hypermétropie manifeste et hypermétropie absolue ;
Chez l’adulte, Kleinstein [27] a relevé, sur une population
• l’hypermétropie latente, qui est la différence entre hypermétro-
américaine [28], 28,4 % d’astigmatisme supérieur à 1 d, avec une
pie totale et hypermétropie manifeste.
prévalence pour les Asiatiques (33,6 %) et les Hispaniques
L’hypermétropie est considérée faible si elle est inférieure à
(36,9 %) plus élevée que pour les Afro-Américains (20 %) et les
+3 d, moyenne entre +3 et +6 d et forte au-delà de +6 d. Au-dessus
Blancs (26,4 %).
de +3 d d’hypermétropie, les incidences du strabisme et de
En France, en 1991, sur une population de jeunes hommes,
l’amblyopie sont nettement plus importantes.
Dordain [19] trouve 49,95 % d’astigmatisme supérieur à 0,25 d,
Hypermétropies dont 17,9 % d’astigmatismes simples, 27,6 % d’astigmatismes
Les hypermétropies axiles sont de loin les plus fréquentes, et composés et 4,45 % d’astigmatismes mixtes.
liées à un diamètre antéropostérieur trop court, chaque milli- En Asie, les troubles réfractifs sont largement dominés par la
mètre comptant pour 3 d. Chez l’emmétrope, la longueur axiale myopie. À Taïwan, Shih [29] relève en 2000 13 % d’astigmatisme
varie de 22,3 à 26 mm avec une moyenne à 24,2 mm. La de 1 à 2 d chez des enfants d’âge scolaire, et moins de 2 % chez
longueur axiale des hypermétropies faibles et moyennes reste les étudiants (1,8 %) ; l’astigmatisme conforme à la règle est
encore voisine des valeurs basses de celles de l’emmétrope. Dans prédominant.
les hypermétropies fortes, elle est franchement plus courte,
inférieure à 22,3 mm. Au maximum, ce sont les microphtalmies Caractéristiques réfractives [3, 15]
qui s’accompagnent d’une amétropie de +15 à +20 d. Un système optique est non stigmatique lorsque la surface
Les hypermétropies acquises sont généralement dioptrique n’est plus de révolution autour d’un axe, c’est-à-dire
constitutionnelles. si son rayon de courbure n’est plus constant mais variable d’un
Le nouveau-né présente une hypermétropie physiologique de endroit à l’autre de la surface. À un point-objet ne correspond
+1 à +2 dioptries qui disparaît progressivement avec l’emmétro- plus un point-image, mais une image déformée non semblable
pisation. Au-delà de +3 d, elle n’est plus physiologique et ne à l’objet (Fig. 12).
doit pas être négligée chez l’enfant car pourvoyeuse d’ésotropies L’astigmatisme irrégulier est très difficile à corriger car la
accommodatives et d’amblyopie. focalisation est très irrégulière et non modélisable.
Chez l’adulte, les signes fonctionnels apparaissent quand L’astigmatisme régulier caractérise toute surface dioptrique
l’accommodation, diminuant avec l’âge, n’arrive plus à com- dont le pouvoir réfractif varie progressivement et régulièrement
penser l’hypermétropie. Ils se traduisent par des céphalées entre deux méridiens principaux perpendiculaires l’un à l’autre.
frontales, des fluctuations de l’acuité visuelle, des spasmes L’un correspond au méridien de plus faible puissance et de plus
accommodatifs. fort rayon de courbure, c’est-à-dire le plus aplati. L’autre
L’œil hypermétrope est de petite taille, ce qui induit une méridien est le plus réfractif, le plus bombé, avec un rayon de
configuration anatomique particulière du segment antérieur : le courbure plus petit. La différence de pouvoir réfractif entre les
diamètre de la cornée est plus petit, la flèche de courbure deux méridiens principaux caractérise l’importance de l’astig-
également, réduisant la profondeur de la chambre antérieure, le matisme. Les rayons, provenant de l’infini et parallèles à chacun
cristallin est souvent plus bombé, en position plus antérieure, des deux méridiens principaux, se focalisent sur des lignes

6 Ophtalmologie
Réfraction oculaire ¶ 21-070-A-10

ASTIGMATISME VISION SKIASCOPIE CORRECTION ASTIGMATISME VISION SKIASCOPIE CORRECTION

-1 -1

1a 1b

E (0° + 1)
(90° + 1)

E
-1 E
2a 1c

+1
(90° + 1)
(4 5 ° - 1)
-2 +1

3a 2b

-1 E
( 0° + 1 )
( 0° - 1 ) - 1
+1
+1

4a 3b

-2
+2 ( 90° - 1 ) - 1

(90° +1) + 1 +2

4b
-1
+1 (0° + 1) + 1
5a

+1 +1
(0° - 2 ) + 1
5b
( 0° + 2 ) - 1
-1

( 90° + 2 ) + 1

( 90° - 2 ) + 1

Figure 13. Variétés d’astigmatisme. EMC : La réfraction oculaire (A. Catros, A. Carrica, B. Saint-Macary, E. Botaka). 1. Myopique simple ; 2. hypermétropique
simple ; 3. myopique composé ; 4. hypermétropique composé ; 5. mixte. a. Directe ; b. inverse ; c. oblique.

focales perpendiculaires, séparées l’une de l’autre. Elles sont Dans l’astigmatisme mixte, les deux focales sont de part et
d’autant plus séparées que l’astigmatisme est important. d’autre de la rétine, l’une en avant, l’autre en arrière.
L’astigmatisme direct ou conforme à la règle CLR, le plus L’œil astigmate ne voit jamais un objet net dans sa totalité.
fréquent (70 %), est caractérisé par un méridien vertical plus Dans le cas d’un astigmatisme simple myopique l’œil perçoit
puissant, plus réfractif, plus bombé, avec une ligne focale plus nettement les lignes verticales. S’il fixe au loin une croix,
horizontale située en avant de la ligne focale verticale, plus il perçoit nettement la barre verticale mais la barre horizon-
postérieure et correspondant au méridien horizontal, le moins tale est floue. S’il fixe un cercle, il ne verra nettement que les
réfractif. Les rayons provenant de l’infini et traversant la cornée parties latérales, parallèles à la verticale. Les confusions des
astigmate sont transformés en un faisceau de forme particulière : lettres sont fréquentes : entre les N et les H, les F et les P, les
la conoïde de Sturm. La tranche de section de la conoïde est 6 et les 8.
d’abord elliptique horizontale au sortir de la cornée, puis En cas d’astigmatisme composé ou mixte, le sujet est
s’aplatit jusqu’à devenir linéaire horizontale au niveau de la
contraint d’utiliser son accommodation pour ramener une des
ligne focale antérieure. Puis la tranche de section s’élargit,
deux focales sur la rétine, afin de pouvoir percevoir plus
s’arrondit et devient circulaire, c’est le cercle de moindre
nettement une partie de l’objet.
diffusion, avant de s’aplatir de nouveau mais verticalement
jusqu’à former la ligne focale postérieure, verticale. Plus en Un astigmatisme simple direct peu important est souvent
arrière, la conoïde s’élargit de nouveau, en ellipse de grand axe bien toléré et compensé par l’accommodation. En revanche, les
vertical. astigmatismes inverses sont mal supportés et la perte d’acuité
Dans le cas de l’astigmatisme inverse ou contraire à la règle, le visuelle, pour un même degré d’astigmatisme, est plus impor-
méridien le plus puissant est horizontal, et la focale antérieure tante que dans le cas d’un astigmatisme direct.
est verticale.
Lorsque les méridiens principaux sont obliques, on parle Origine des astigmatismes
d’astigmatisme oblique. Astigmatismes irréguliers
Les astigmatismes se distinguent également par la position
des lignes focales par rapport à la rétine (Fig. 13). Ils sont, pour la plupart, des astigmatismes acquis, souvent
Dans les astigmatismes simples, une des lignes focales coïncide d’origine cornéenne : soit séquellaires post-traumatiques après
avec la rétine. L’autre ligne focale est soit antérieure, dans plaie cornéenne, iatrogènes après chirurgie réfractive, ou
l’astigmatisme myopique simple, soit postérieure dans l’astig- pathologiques après ulcère ou abcès de cornée, soit évolutifs liés
matisme hypermétropique simple. à un ptérygion ou un kératocône. Seule la correction par lentille
Dans les astigmatismes composés, les deux lignes focales ne est satisfaisante, car l’interposition des larmes égalise la surface
coïncident pas avec la rétine et sont situées soit en avant, c’est cornéenne. L’étude précise de la topographie cornéenne passe
l’astigmatisme composé myopique, soit en arrière, c’est l’astig- par les vidéokératoscopes et par les analyseurs biométriques de
matisme composé hypermétropique. segment antérieur comme l’Orbscan®.

Ophtalmologie 7
21-070-A-10 ¶ Réfraction oculaire

L’astigmatisme irrégulier peut également être d’origine de 33 cm. Dès que le punctum proximum s’éloigne de la
cristallinienne (lenticône ou subluxation), ou secondaire à une distance ordinaire de lecture, 33 cm, l’œil devient presbyte. La
cause rétinienne : myopie, processus expansif sous-rétinien. correction devient nécessaire habituellement vers 45-47 ans
chez l’emmétrope ou l’amétrope emmétropisé par une
Astigmatisme régulier correction.
C’est le plus répandu. Généralement, il s’agit d’un astigma- Au début, la gêne est intermittente, survenant surtout en fin
tisme conformationnel, congénital, d’hérédité récessive. Souvent de journée [32], lorsque l’éclairement est plus faible, ou en cas de
bilatéraux et symétriques, ils sont stables et non évolutifs toute fatigue. Elle affecte surtout la vision de près pour le travail de
la vie durant. L’astigmatisme total d’un œil, mesuré par précision. L’asthénopie accommodative peut être une forme de
réfractométrie, est en fait la résultante de l’astigmatisme début : impression de vision brouillée, difficulté de mettre au
cornéen, antérieur et postérieur, et de l’astigmatisme point, céphalées, photophobie.
cristallinien. Lorsqu’elle se décompense, la presbytie se traduit par une
Un astigmatisme cornéen conforme à la règle de 0,5 à 0,75 d gêne permanente en vision de près. L’éloignement et l’éclaire-
est très fréquent et il est considéré comme physiologique. Il ne ment ne suffisent plus.
doit pas être corrigé car il est compensé par un astigmatisme La presbytie se surajoute à l’amétropie préexistante.
cristallinien inverse de même puissance. Il semblerait lié à la L’hypermétrope sera gêné d’autant plus précocement que son
pression des tarses palpébraux. hypermétropie est forte, de même pour l’astigmate. Inverse-
ment, le myope, non corrigé, reste avantagé de près, suivant le
Anomalies de l’accommodation degré de sa myopie.

Caractéristiques [11] Autres anomalies de l’accommodation [11, 15]


L’effort d’accommodation s’exprime en dioptries : 1 d Ces anomalies de l’accommodation peuvent être évaluées par
d’accommodation, chez l’emmétrope, permet de focaliser sur la la mesure du rapport CA/A, du fait de l’interaction entre
rétine l’image d’un objet situé à 1 m, 3 d sont nécessaires pour accommodation et vergences d’ajustement (accommodative,
un objet situé à 33 cm. fusionnelle, de proximité). La mesure de ce rapport CA/A peut
Le pouvoir réfractif que l’œil exerce pour voir net le punctum s’effectuer par :
proximum est supérieur à celui exercé pour la vision du • la méthode de l’hétérophorie qui mesure la différence
punctum remotum, la différence de réfraction définit l’amplitude d’hétérophorie selon la distance de fixation ;
d’accommodation. Chez l’emmétrope, elle correspond à l’inverse • la méthode du gradient qui mesure la différence d’hétéro-
de la distance, en mètres, entre l’œil et le punctum proximum, phorie selon la puissance de lentille placée devant les yeux.
puisque le punctum remotum est situé à l’infini. Elle varie avec Le rapport CA/A normal se situe entre 3 et 5 : inférieur à 3 il
l’âge : très forte chez l’enfant, 18,5 d à 6 mois, elle diminue à est trop faible, supérieur à 5 il est trop élevé.
14 d à 15 ans, 9 d à 20 ans, 3 d à 45 ans, 1 d à 65 ans. Elle ne
Excès d’accommodation
s’annule pas complètement du fait de la persistance des méca-
nismes associés : binocularité, myosis, avancement du La myopie nocturne se produit lors de la fixation d’un fond
cristallin [12]. uniforme ou dans le noir, qui met les yeux en repos accommo-
Le parcours d’accommodation est défini comme la distance datif, différent de l’état de désaccommodation, et caractérisé par
entre le punctum remotum et le punctum proximum. une accommodation intermédiaire de 1 à 1,5 d.
L’accommodation peut être induite de quatre manières [30] : L’accommodation tonique résiduelle traduit un retard à la
• l’accommodation réflexe, induite par une image peu contras- désaccommodation après un effort d’accommodation prolongé.
tée sur la rétine ; Le spasme accommodatif concerne surtout le sujet jeune et
• l’accommodation convergentielle, provoquée par l’effort de l’hypermétrope. Il s’agit d’une accommodation excessive plus
convergence ; ou moins permanente, pouvant même être prise pour une
• l’accommodation proximale, induite par la sensation de myopie. Des corrections erronées pour fausses myopies sont
proximité d’un objet ; fréquentes et aggravent le phénomène. Il s’accompagne des
• l’accommodation tonique ou tonus accommodatif de base, lié signes de l’asthénopie accommodative. Certains spasmes
au tonus parasympathique, et correspondant à l’hypermétro- accommodatifs nécessitent un traitement atropinique pour
pie latente. rompre le tonus parasympathique.

Presbytie Insuffisances d’accommodation


La presbytie est un phénomène naturel, physiologique et Elles se traduisent par une asthénopie accommodative :
irréversible, caractérisé par la difficulté de voir net de près, par • la fatigue accommodative qui se traduit par la difficulté de
perte progressive de l’accommodation, et survenant autour de maintenir longtemps l’effort d’accommodation, avec, au bout
l’âge de 40 ans [31]. d’un certain temps, une diminution de l’amplitude d’accom-
En fait, le pouvoir accommodatif diminue avec l’âge depuis modation ;
l’enfance, et va de pair avec l’augmentation de taille du • l’insuffisance d’accommodation liée à une accommodation
cristallin qui croît toute la vie durant, par production continue inégale entre les deux yeux, d’origine traumatique, ou patho-
de fibres cristalliniennes. La diminution progressive du pouvoir logique ;
d’accommodation est liée à plusieurs facteurs : • les déficiences partielles de l’accommodation, après rupture ou
• la perte d’élasticité de la capsule qui s’épaissit avec l’âge ; étirement des fibres zonulaires de manière localisée, induisant
• la diminution de l’élasticité et de la déformabilité du cristal- une accommodation asymétrique ;
lin, car les fibres cristalliniennes produites en permanence • les paralysies de l’accommodation, par paralysie du corps ciliaire
deviennent plus compactées et glissent moins facilement ou de l’innervation parasympathique, d’origine traumatique,
entre elles ; pathologique ou toxique (toxine botulique).
• le déplacement antérieur du centre optique du cristallin, car
le cristallin s’épaissit principalement dans son cortex anté-
rieur et devient plus bombé en avant ; ■ Mesure du pouvoir réfractif
• la perte d’efficacité du système tenseur ciliozonulaire, liée à
l’élargissement du diamètre équatorial du cristallin, et aussi à
oculaire
l’orientation devenue plus tangentielle des fibres zonulaires ; La consultation d’ophtalmologie commence généralement par
• la fibrose et l’élastose progressive du muscle ciliaire, réduisant la mesure du pouvoir réfractif oculaire qui s’effectue par des
l’amplitude de contraction des fibres musculaires ciliaires. méthodes objectives et subjectives, en vue de déterminer
Vers l’âge de 40 ans, le pouvoir d’accommodation avoisine les l’acuité visuelle avec correction. Il convient de préciser les
trois dioptries, correspondant à un punctum proximum distant grandes lignes de la pratique de la réfraction oculaire.

8 Ophtalmologie
Réfraction oculaire ¶ 21-070-A-10

Examen
Celui-ci comprend l’interrogatoire, la mesure de l’acuité
visuelle, la réfraction objective, la réfraction subjective et les
tests de contrôle. 5 1 5 1

Interrogatoire
Il permet de prendre contact avec le patient et apporte
quelques indications importantes :
• le motif de la consultation : systématique ou motivé par
l’existence d’une symptomatologie fonctionnelle (l’existence Figure 14. Construction des optotypes.
de céphalées diverses, leur horaire et leur siège : périorbitaires,
frontales, temporales, pariétales ou occipitales accompagnées Si le local est trop petit, la distance peut être dédoublée par
ou non d’hyperesthésie de la région frontale et du cuir un miroir, mais la distance optique entre le sujet examiné et
chevelu) ; l’échelle d’acuité visuelle ou l’écran doit toujours demeurer
• l’âge, en distinguant pour les enfants l’âge préverbal (avant égale à 5 m.
2 ans et demi), l’enfant de 3 à 5 ans, et l’enfant de plus de Progression de l’échelle. Les échelles d’acuité visuelle
5 ans qui coopère comme un adulte ; présentent deux types de progression : soit une progression
• les antécédents généraux, oculaires ; arithmétique du dénominateur (échelle en dixièmes, ou déci-
• la notion d’une baisse de l’acuité visuelle unilatérale, bilaté- males), soit une progression géométrique du dénominateur
rale, brutale, progressive, de loin, de près ; (échelle logarithmique).
• la sensation d’un trouble visuel : à la lumière, après efforts de L’échelle la plus utilisée est une échelle décimale (échelle de
fixation. Monoyer) où l’acuité visuelle en dixièmes est égale à l’inverse
de l’angle de présentation du test (en minutes). Ainsi, un test
Mesure de l’acuité visuelle de 10/10e est présenté sous un angle de 1 minute, un test de
La mesure de l’acuité visuelle est le premier geste de l’ophtal- 5/10e sous un angle de 2 minutes, un test de 1/10e sous un
mologiste après l’interrogatoire du malade, d’abord sans angle de 10 minutes (Fig. 14).
correction, puis avec correction. Pour Chevalereaud [33], l’acuité Les autres échelles décimales sont : le test de Cadet lettres
visuelle correspond au pouvoir d’apprécier les formes, c’est-à- (utilisable dès 4 ans), l’échelle de Sheridan-Gardner ou « Stycar-
dire d’interpréter les détails spatiaux qui sont mesurés par test ». Pour les enfants, il existe les échelles décimales de
l’angle sous lequel ils sont vus. L’acuité ne peut donc se Rossano, avec leur version initiale à dix dessins, l’échelle de
résoudre à un simple phénomène optique et rétinien. Il s’agit Pigassou qui comporte sept dessins, et le test de Cadet de loin,
alors du plus fin pouvoir de discrimination de l’œil à contraste avec six images. Ces échelles, très discriminatives pour les fortes
maximal entre un test et son fond. acuités visuelles, sont trop peu sélectives et trop discontinues
Snellen a défini l’acuité visuelle par la relation AV = 1/A où pour les faibles acuités visuelles.
A est la distance angulaire, exprimée en minutes d’arc, séparant Aussi serait-il préférable d’utiliser une progression géométri-
les deux parties constitutives du test utilisé, dont la valeur que avec des tests supérieurs à 10/10e et inférieurs à 1/10e
moyenne est de 1 minute d’arc. Plus l’angle est petit, meilleure (mieux adaptés aux amblyopes). Les échelles logarithmiques se
est l’acuité visuelle. rapprochent plus de la progression physiologique du signal
On distingue plusieurs acuités visuelles. Elles correspondent : visuel dans le système neuronal. Pour les adultes, il existe
• à la plus petite surface perceptible (minimum visible). Un l’échelle de Péchereau [35], l’échelle de Galinet (basse vision et
trait noir sur fond blanc, quelle que soit sa longueur, est haute vision) ; une seule étant spécialement conçue pour les
perçu à partir d’une dimension angulaire d’une demi-seconde enfants : l’échelle de Sander-Zanlonghi.
d’arc. Les valeurs ne sont pas les mêmes si l’on utilise des Les Anglo-Saxons utilisent une distance de présentation de
points ou un contraste inverse ; 6 m ou 20 pieds et leurs échelles sont basées sur un autre
• au plus petit décalage entre deux lignes (acuité Vernier). Il système de division : la fraction de Snellen (il existe des tables
correspond au plus petit écart perceptible entre deux lignes de correspondance avec les autres types d’échelles) (Tableau 1).
verticales ou horizontales. L’acuité est supérieure pour des Une nouvelle notation d’acuité visuelle a été préconisée par
lignes verticales ; l’« early treatment diabetic retinopathy study » : le score « ETDRS »,
• au plus petit écart permettant de voir deux points séparés utilisable uniquement sur des planches d’acuité visuelle loga-
(minimum séparable). Ce type d’acuité est couramment rithmiques respectant les normes internationales (norme ISO
mesuré en clinique, soit sur le plan angulaire, soit sur le plan 8596), avec une variation entre chaque ligne de 0,1 unité
morphoscopique. Les valeurs ne sont pas identiques dans les LogMAR. La notation LogMAR (angle de résolution minimum)
deux cas, car elles font intervenir des mécanismes de recon- est une notation utilisée exclusivement pour les études statisti-
naissance de formes globales dans le cas de l’acuité morpho- ques, car elle est indépendante de la distance d’examen. Ces
scopique. Il s’agit d’un traitement d’information par les échelles sont de plus en plus utilisées pour les malvoyants car
centres supérieurs et non d’une simple détermination de la elles permettent de mesurer des acuités comprises entre 5/10° et
résolution optique ou anatomohistologique de la rétine. 1/40°.
En pratique clinique courante dans l’étude de la réfraction, à Morphologie du test. Certains tests mesurent l’acuité visuelle
luminance, contraste, et temps d’exposition constants, on fait angulaire comme les échelles de Tasquin ou de Snellen, ou les
varier l’ouverture angulaire de l’objet. On utilise des tests anneaux de Landolt. Il s’agit de tests qui ne varient que par leur
présentés sous un angle de 5 minutes au total, ayant des traits orientation (tests directionnels). D’autres tests comportent une
de 1 minute d’épaisseur, séparés par un intervalle de 1 minute valeur symbolique : ils mesurent l’acuité visuelle morphoscopique,
(Fig. 14). par exemple les lettres ou les chiffres dont tous ne présentent
pas la même difficulté.
Test d’acuité visuelle de loin Chez l’enfant, on utilise, outre les tests directionnels, le test
Il s’agit des optotypes pour lesquels il faut préciser la distance de lettres simplifiées de Sheridan, le test avec ronds et carrés de
de présentation, le système de progression utilisé, leur morpho- Dor, les tests images de Rossano-Weiss, Pigassou, Asbu.
logie, les moyens de présentation [34]. À l’âge préverbal, l’évaluation de l’acuité visuelle se fait
Distance de présentation. Pour la mesure de l’acuité visuelle essentiellement par des méthodes dites de regard préférentiel.
de loin, il faudrait théoriquement être à l’infini. En pratique en Les deux plus couramment utilisées sont : les cartons de Teller
France les optotypes sont présentés à une distance de 5 m. et le bébé-vision tropique. Les normes d’acuité au test de Teller
L’accommodation à cette distance est égale à 1/5 sont exprimées en cycles par degré, c’est-à-dire en degré d’angle
= 0,20 dioptrie. visuel, qui sous-tend une image rétinienne et un objet regardé,

Ophtalmologie 9
21-070-A-10 ¶ Réfraction oculaire

Tableau 1.
Correspondance acuité visuelle.
Angle visuel Valeur Notation Fraction Notation de Snellen, distance de mesure Score Notation en cycles
(minutes LogMAR Monoyer a décimale b ETDRS par degré
d’arc)
Notation indépendante de la distance Notation dépendante de la distance Notation indépendante
de la distance
4 mètres 5 mètres 6 mètres 20 pieds
120 1/120 0,008 20/2400 0,25
100 +2 1/100 0,010 20/2000
(CLD c à 30 cm)
80 1/80 0,0125 4/320 6/480 20/1600 0,375
60 1/60 0,016 20/1200 0,5
50 1/50 (CLD à 1 m) 0,020 20/1000
40 1/40 0,025 4/160 6/240 20/800 5 0,75
30 1/30 0,033 4/120 20/600 10 1
25 1/25 0,04 4/100 20/500 15
20 + 1,3 1/20 0,05 4/80 5/100 6/120 20/400 20 1,5
16 + 1,2 1/16 0,063 4/63 5/80 6/95 20/320 25
12,50 + 1,1 1/12 0,08 4/50 5/63 6/75 20/250 30
10 +1 1/10 0,10 4/40 5/50 6/60 20/200 35 3
8 + 0,9 1,25/10 0,125 4/32 5/40 6/48 20/160 40 3,75
6,30 + 0,8 1,6/10 0,16 4/25 5/32 6/38 20/125 45 4,8
5 + 0,7 2/10 0,20 4/20 5/25 6/30 20/100 50 6
4 + 0,6 2,5/10 0,25 4/16 5/20 6/24 20/80 55 7,5
3,20 + 0,5 3,2/10 0,32 4/12,5 5/16 6/19 20/63 60 9,6
2,50 + 0,4 4/10 0,40 4/10 5/12,5 6/15 20/50 65 12
2 + 0,3 5/10 0,50 4/8 5/10 6/12 20/40 70 15
1,60 + 0,2 6,3/10 0,63 4/6,3 5/8 6/9,5 20/32 75 18,9
1,25 + 0,1 8/10 0,80 4/5 5/6,3 6/7,5 20/25 80 24
1 0 10/10 1 4/4 5/5 6/6 20/20 85 30
0,80 - 0,1 12,5/10 1,25 4/3,2 5/4 6/4,8 20/16 90 37,5
0,63 - 0,2 16/10 1,6 4/2,5 5/3,2 6/3,8 20/12,5 95 48
0,50 - 0,3 20/10 2 4/2 5/2,5 6/3 20/10 100 60
a
Notation courante (d’après G. Coscas).
b
N’utiliser les valeurs entre parenthèses que pour identifier le degré d’acuité visuelle (norme ISO 8596).
c
« Compte les doigts ».

en tenant compte de la distance de présentation des tests, en (200 cd/m2). Elles ne peuvent éviter la mémorisation (impossi-
règle générale 55 cm. La durée de ce test varie selon l’âge et le bilité d’isoler ou de varier les tests de même niveau).
nombre de mesures, environ 10 minutes. Mash [36] a considéré Les projecteurs de tests. Leur utilisation se développe grâce à
comme très bonne la reproductibilité de la mesure leur facilité d’installation et leur possibilité d’éviter la mémori-
interobservateurs. sation. Il faut veiller à ce que la lampe utilisée garde un niveau
Le test bébé-vision tropique développé par Vital-Durand [37, lumineux et une température de couleur suffisante pour le
38] est basé sur le même principe que les cartons de Teller, mais
maintien d’un bon contraste sur l’écran. Plus récemment, des
avec un profil de contraste atténué, concentrique et sans effet afficheurs d’optotype de grande versatilité ont été développés.
de bord. La différence de fréquence spatiale entre chaque test Application pour la détermination de l’acuité visuelle. L’acuité
est plus petite, ce qui permettrait une mesure plus précise. visuelle subjective est le plus couramment mesurée en clinique,
Néanmoins, la sensibilité de ce type de test est trop insuffisante selon un protocole bien particulier, en vision monoculaire, de
pour en faire un test de mesure et de dépistage, il reste un loin et de près, avec des tests stationnaires morphoscopiques ou
examen intéressant pour le suivi d’une amblyopie chez l’enfant angulaires. De nombreux appareillages existent pour déterminer
d’âge préverbal en cas de réponse asymétrique. ce type d’acuité visuelle. La standardisation à la fois de l’examen
Les méthodes de mesure objective basées sur l’induction d’un et de l’environnement est à la base du développement d’appa-
nystagmus optocinétique ou l’électrophysiologie ne sont pas reillages spécialisés comme le Visiotest® et l’Ergovision®. L’acuité
utilisables pour la réfraction courante. visuelle objective est réservée à des cas spécifiques (enfants,
maladies mentales) ou ophtalmologiques particuliers (simula-
Moyens de présentation. Ils doivent répondre à deux buts : teurs). Elles utilisent toutes l’électrophysiologie, que celle-ci soit
• facilité d’emploi ; des mouvements oculaires, des réponses cutanées ou des
• fiabilité avec niveau lumineux et contrastes suffisants et réponses évoquées du cortex visuel.
invariables (le patient doit demeurer dans un éclairage
Mesure de l’acuité visuelle de près
ambiant suffisant pour que le diamètre pupillaire ne dépasse
pas 4 mm). Les méthodes basées sur la variation de l’angle de présenta-
Les planches imprimées. Elles sont peu pratiques et doivent être tion du détail caractéristique du test, bien que très rigoureuses,
maintenues propres pour en conserver le contraste. sont abandonnées au profit de tests pratiques comme l’échelle
Les échelles murales. Télécommandées ou non, elles peuvent de Parinaud, ou les tests images de Rossano-Weiss.
être utilisées en salle semi-obscure (avec une préadaptation de Elle comprend plusieurs paliers, aux lettres de taille crois-
1 minute). Elles doivent présenter un certain niveau de lumino- sante, en relation avec une unité de mesure typographique : le
sité au-dessus duquel la valeur du pouvoir séparateur varie peu point. Le paragraphe 2 est lu sous un angle de 4 minutes, à une

10 Ophtalmologie
Réfraction oculaire ¶ 21-070-A-10

distance de 33 cm. Cette échelle doit être présentée sous un convulsions. Il reste un produit contre-indiqué chez les épilep-
éclairage d’intensité suffisante (lampe de 250 lux à 0,75 m). tiques et sur les terrains neurologiques sensibles comme les
encéphalopathes.
Cycloplégie [35, 39] Avantages
La cycloplégie reste un acte médical incontournable, réalisé L’action du cyclopentolate est très rapide, et ses effets
des premiers mois de la vie jusqu’à l’âge de la presbytie. Elle disparaissent en quelques heures, autorisant la reprise d’une
permet l’étude objective et subjective de la réfraction et la mise activité normale dès le lendemain. Cette réversibilité rapide
en place de la correction optique totale. autorise donc les mesures répétées de la réfraction sous
Chez le patient jeune, l’accommodation, dont la puissance cyclopentolate.
est considérable, empêche d’évaluer correctement la valeur de
l’élément sphérique de la réfraction, la cycloplégie n’apportant Inconvénients
pas d’information supplémentaire sur la puissance et l’axe de Il existe des effets locaux à type de rougeurs cutanées des
l’astigmatisme mesuré à l’autoréfractomètre. joues, qui ne contre-indiquent pas l’utilisation du produit, et
Bien qu’il n’existe pas de cycloplégique idéal, deux produits généraux à type d’excitation ou d’assoupissement de l’enfant.
répondent de façon optimale s’ils sont bien utilisés : l’atropine Mais ces effets disparaissent rapidement, en moins de
et le cyclopentolate. 30 minutes.

Atropine Quand pratiquer la cycloplégie ?


Sous forme de collyre parasympatholytique, l’atropine Finalement plus que le choix du produit à instiller pour
s’oppose de façon compétitive aux effets muscariniques de réaliser une cycloplégie, la véritable question qui se pose est
l’acétylcholine, entraînant des effets oculaires : mydriase passive, quand la réaliser.
paralysie flasque de l’accommodation, perte des réflexes de La cycloplégie est indispensable :
constriction pupillaire à la lumière et du réflexe • pour connaître la réfraction objective et subjective d’un
d’accommodation-convergence. patient en minimisant les effets accommodatifs ;
• devant tout trouble oculomoteur ;
Protocole • pour prescrire une correction optique totale ;
La durée d’instillations est d’au moins 5 jours, et peut aller • devant toute plainte fonctionnelle de fatigue visuelle.
jusqu’à 10 jours si l’on suspecte une résistance. Elle est répétée trois fois la première année, puis deux fois les
années suivantes, et à chaque changement de verres. Elle
Dosage permet également de lever un spasme accommodatif et d’en
Le dosage varie en fonction de l’âge et de la pigmentation faire un traitement adjuvant de l’acceptation d’une correction
(plus dosé en cas d’iris très pigmenté) : optique totale.
• avant 2 ans : collyre à 0,3 % ;
• entre 2 et 5 ans : collyre à 0,5 % ; Réfraction objective [40]
• après 5 ans : collyre à 1 %.
Elle a pour but de mesurer le pouvoir réfractif indépendam-
Risques ment de la perception du patient. Actuellement, elle est réalisée
Il existe des risques pour tous les patients, entraînant des par les réfractomètres automatiques. Cependant, dans certains
manifestations locales cutanées (rash, rougeur, œdème) qui cas, notamment chez le jeune enfant, la coopération est parfois
doivent faire interrompre le traitement. Des signes généraux difficile à obtenir et le recours à la skiascopie peut se révéler
d’intoxication sont possibles par surdosage (tachycardie, délire, utile.
troubles intestinaux). L’intoxication peut alors être mortelle, un
flacon ingéré per os peut tuer un enfant. À un degré moindre, Skiascopie
on peut constater des effets indésirables à type de sécheresse La skiascopie (du grec σjia, ombre et σjopEim, voir) a été
buccale et de soif. conçue par le médecin-commandant Cuignet en 1874, à Lille.
Elle consiste à évaluer le degré d’amétropie en étudiant le sens
Inconvénients de déplacement de l’ombre pupillaire obtenue en éclairant la
À l’arrêt des instillations, il existe une rémanence de l’effet, rétine à l’aide d’une source lumineuse animée de mouvements
avec mydriase et gêne de la vision de près pendant une période de balayage (Fig. 15).
de 10 à 15 jours. Cette altération prolongée des capacités de
vision de près freine l’utilisation répétitive de ces cycloplégies Principe
pour les enfants en âge scolaire et pour les adultes en pleine Dans l’obscurité, la pupille du patient est éclairée par une
activité professionnelle. source lumineuse placée à son côté et réfléchie par un miroir
plan percé d’un trou, placé à 1 mètre de l’œil examiné. En
Cyclopentolate (Skiacol®) faisant pivoter le miroir autour de son axe (vertical ou horizon-
tal), l’examinateur observe au travers du trou le déplacement du
Protocole
disque lumineux, suivi par l’ombre pupillaire sur la surface de
L’efficacité de ce produit est directement liée au bon respect la rétine. Il doit déterminer le sens de déplacement de la lueur,
du protocole, dicté par la cinétique du produit. Il faut instiller induit par le mouvement de rotation du miroir. En pivotant le
une goutte au temps t zéro, t plus 5 minutes et t plus 10 minu- miroir de bas en haut ou de gauche à droite, le disque lumineux
tes, pour ensuite réaliser la mesure de réfraction entre la 45e et se déplace et la pupille est envahie par une ombre : l’ombre
la 60e minute. L’instillation de ce produit ne peut donc être pupillaire (Fig. 16).
réalisée qu’en consultation.
Explication du phénomène [41, 42]
Dosage
L’examinateur observe le faisceau lumineux émergeant de la
Il n’existe pas d’adaptation possible du dosage en fonction de pupille du patient (Fig. 17).
la couleur de l’iris. Le protocole est commun à tous les patients. Si l’œil examiné est emmétrope : l’image de cet objet se forme
En cas de résistance sur les iris très pigmentés, le tropicamide au niveau du punctum remotum, à l’infini. Tout déplacement
peut être instillé en même temps. du faisceau incident, donc de l’image rétinienne, entraîne un
déplacement dans le même sens.
Risques Si l’œil examiné est hypermétrope, l’image rétinienne semble
Il existe cependant une restriction pour les enfants de moins provenir du punctum remotum virtuel, situé en arrière du plan
de 1 an, et pour les patients ayant présenté des antécédents de rétinien. Le déplacement du faisceau émergeant se fait donc

Ophtalmologie 11
21-070-A-10 ¶ Réfraction oculaire

“ Conduite à tenir
Réfraction de l’enfant [35]
Cycloplégie
La réfraction est une variable, et il faut donc savoir répéter
les cycloplégies. Le port continu de la correction optique
totale crée un effet cycloplégique, relâchant
l’accommodation résiduelle, expliquant la nécessité de
contrôles réguliers de la réfraction même chez les enfants
corrigés.
Pour la mesure de la réfraction il n’existe pas de
cycloplégique absolu. Le choix se porte sur :
• l’atropine : dosage fonction de l’âge, avant 2 ans :
0,3% ; entre 2 et 5 ans : 0,5% ; au-delà de 5 ans : 1%. La
posologie est de 2 à 3 fois par jour, pour une durée de 7 à
10 jours. C’est le cycloplégique de référence, mais la durée
de son effet en limite l’indication à des usages particuliers ;
• le cyclopentolate : il existe un protocole particulier
consistant en l’instillation d’une goutte aux temps t 0,
t 5 et t 10 minutes, puis la mesure de la réfraction entre
t 45 et t 60. C’est le cycloplégique de base du fait de sa
grande souplesse, réalisée en consultation, mais qui reste
contre-indiquée en cas de risques neurologiques avant
1 an ;
• le tropicamide : n’est pas indiqué.
Réfraction
Mesurée par réfractomètre automatique, à défaut par
skiascope électrique.
Facteur de correction en fonction de la distance de
l’observateur : 1 m : -1 d (0,75 m : -1,3 d ; 0,66 m : -1,5 d ;
et 0,5 m : -2 d).
Examen difficile chez le tout-petit, à réaliser lors d’un
examen sous anesthésie générale programmée par
autoréfractomètre portable. Figure 15. Skiascope et règle de skiascopie (palettes de lentilles de
Pas de réfraction subjective pour l’enfant, mais réfraction puissances croissantes).
subjective sous cycloplégique.
Correction optique
Il faut prescrire une correction optique totale, pierre
angulaire, pour créer un système emmétrope (œil
+ correction optique totale), seule garantie d’un effet
antiaccommodatif, antispasmodique, pour lutter contre
l’élément variable et avoir une stabilité dans le temps, en
ayant une influence sur la déviation strabique.
Répétition impérative des réfractions : trois fois la
première année, deux fois tous les ans, à chaque
changement de verres, et 2 à 3 mois après une
intervention chirurgicale.

dans le même sens que le déplacement du faisceau lumineux,


c’est-à-dire dans le même sens que le mouvement de rotation
du miroir.
Si l’œil examiné est myope, le faisceau incident converge au
niveau du punctum remotum situé en avant de l’œil. Pour
l’observateur placé au-delà de ce point, le déplacement du
faisceau émergent se fait en sens inverse du faisceau incident.
Si l’œil de l’observateur coïncide dans l’espace avec le
punctum remotum de l’œil examiné, la pupille est entièrement
éclairée et le déplacement de la lumière entraîne l’apparition
d’une ombre en masse.
Ce phénomène correspond au point de neutralisation sur
lequel repose la méthode de la skiascopie. Il se manifeste quand
le punctum remotum se trouve lui aussi à 1 mètre de l’œil
examiné, coïncidant avec la pupille de l’observateur.
Figure 16. Technique de skiascopie.
Matériel
Dans la skiascopie électrique, la source lumineuse est incor- spot rectiligne et orientable. En cas d’astigmatisme oblique,
porée dans l’instrument qui projette sur la rétine du patient un l’observateur note que la lueur pupillaire est désaxée par rapport

12 Ophtalmologie
Réfraction oculaire ¶ 21-070-A-10

+ 2,00 à 90° + 3,00


1 2

À 90° : réfraction de + 2,00δ


11 À 0° : réfraction de - 1,00δ
Ce qui correspond à la formule :

- 1,00 à 00° correction par - 1,00 (+ 3,00 à 90°)

Figure 18. Réalisation de la skiascopie.

12

“ Conduite à tenir
Figure 17. Principe de la skiascopie. Réalisation de la skiascopie (d’après Catros [41]) (Fig. 18)
Le sujet examiné est placé dans la pénombre à 1 m de
l’ophtalmologiste ou à 66 cm (on doit alors additionner de
à la fente rectiligne du faisceau incident. Il faut alors modifier -1,50 dioptrie). En théorie, il faudrait pratiquer la
par rotation l’inclinaison du spot de façon à la rendre parallèle skiascopie de la région maculaire mais ceci provoque
à la fente réfléchie. Ensuite, une rotation à 90° du spot lumi- éblouissement et myosis. On détourne le problème en
neux permet d’effectuer la mesure skiascopique du deuxième faisant tourner le regard en haut et en dedans. Un moyen
méridien. pratique est de faire regarder au loin, juste au-dessus de
Tout ceci est valable si l’on considère l’œil observateur O situé l’oreille droite de l’observateur pour l’œil droit et
à l’infini. Mais pour des raisons pratiques, la skiascopie s’effec- inversement pour l’œil gauche. On effectue ainsi la
tue à 1 m du sujet examiné. Il est donc possible d’obtenir le skiascopie de la région interpapillomaculaire, ce qui ne
point neutre en interposant devant l’œil examiné une lentille modifie pas le résultat.
d’une certaine puissance. Ceci permet la mesure de la réfraction
S’il ne s’agit pas d’une forte amétropie connue, on
objective à condition d’additionner algébriquement -1 à la
puissance évaluée. commence l’examen en interposant une lentille de
+1 devant l’œil examiné. Si on obtient le point neutre,
Résultats l’œil est emmétrope. Si le déplacement de l’ombre
La réfraction est donnée par la formule : R = -1/Lo + D1, où pupillaire est inverse, le méridien observé présente une
R = réfraction, Lo = distance observateur et œil examiné, D1 myopie : il faut diminuer la puissance de +0,50, 0, puis
= puissance de la lentille interposée. -0,50, -1 etc., jusqu’à l’obtention du point neutre.
La mesure de l’astigmatisme total (astigmatisme cornéen Si le déplacement de l’ombre pupillaire est direct avec +1,
+ astigmatisme cristallinien) d’un œil est égale à la différence on augmente la puissance de la lentille à +1,50, +2,
entre les résultats de la skiascopie effectuée sur deux méridiens jusqu’à l’obtention du point neutre. Il suffit alors de
perpendiculaires. La précision du skiascope manuel est de diminuer ou d’augmenter légèrement la distance entre
l’ordre de 0,50 dioptrie pour la réfraction et de l’ordre de l’observateur et l’œil examiné. On peut aussi se baser sur
10 degrés pour la détermination des axes d’astigmatisme. l’inversion du déplacement sans vraiment obtenir ce point
Précautions [42] neutre. Il faut alors considérer la puissance de part et
d’autre de laquelle se produit l’inversion. On utilise le
Quelle que soit la technique employée, la skiascopie doit
obéir à plusieurs exigences : même procédé pour le méridien horizontal et le méridien
• le respect d’une distance stricte entre l’observateur et le vertical, la différence de puissance mesurée entre ces deux
patient ; méridiens donne l’astigmatisme total de l’œil examiné. Si
• le relâchement de l’accommodation ; l’astigmatisme est oblique, les déplacements de l’ombre
• la projection du faisceau incident sur la rétine maculaire ; ne sont plus parallèles aux déplacements du miroir. Il suffit
• une mydriase suffisante mais pas excessive. alors d’incliner le mouvement du miroir pour rétablir le
parallélisme et de mesurer encore les deux méridiens
Avantages de la méthode
perpendiculaires.
C’est une méthode simple et fiable (précision de
0,50 dioptrie).
Elle est indépendante des réponses du sujet. Kératométrie
C’est la seule praticable chez l’enfant. Elle donne non Les ophtalmomètres (ou mieux, kératomètres) mesurent les
seulement le degré d’amétropie sphérique, mais révèle aussi les rayons de courbure de la cornée centrale dans deux méridiens
axes et la puissance de l’astigmatisme éventuellement surajouté. perpendiculaires. Leur principe est basé sur l’observation de
Ceci est particulièrement intéressant s’il s’agit d’un enfant trop deux mires réfléchies par le miroir convexe de la surface
jeune pour étudier la courbure cornéenne au kératomètre de antérieure de la cornée.
Javal. La cycloplégie est absolument obligatoire chez l’enfant. La kératométrie permet de mesurer le pouvoir réfractif du
Inconvénients premier dioptre rencontré par les rayons lumineux qui traver-
sent l’œil : la surface antérieure de la cornée. Pour observer et
Même effectuée dans les meilleures conditions, la skiascopie mesurer ces deux mires, il faut préalablement les dédoubler.
ne mesure pas l’hypermétropie totale qui ne sera révélée, en
particulier chez l’enfant strabique, que par cycloplégie prolongée Kératomètres
et répétée. Deux systèmes sont employés.
Elle est gênée par le myosis et le trouble des milieux Ophtalmomètre de Helmholtz. Le dédoublement est assuré
transparents. par un système de deux lames à faces parallèles ou de prismes
Elle est parfois difficile chez le nourrisson. mobiles. Les mires sont fixes. En revanche, le système de

Ophtalmologie 13
21-070-A-10 ¶ Réfraction oculaire

Astigmatisme oblique

Mires du Javal Affronter les mires Aligner les lignes FOI

Rotation de 90° : les mires se superposent


1er cas
120°
Résultats

1°) Chevauchement = 3 marches


2°) Axe = 120°
Astigmatisme = 3 à 120°
Figure 21. Illustration de la mesure de l’astigmatisme au Javal, avec
Figure 19. Ophtalmomètre de Javal.
l’ajustement des mires rouge-vert.

• les mires de couleurs complémentaires divisées par la ligne de


foi, dont l’une est construite en escalier ; chaque marche
correspond à une dioptrie, ce qui permet une mesure directe
dans l’oculaire.
Mode d’utilisation. Il s’utilise de la manière suivante :
• mise au point du réticule du viseur ;
• le patient s’installe sur la mentonnière, le front bien appuyé
sur la barre d’appui. L’œil non examiné est masqué ;
• l’objectif est dirigé sur l’œil du malade grâce au viseur latéral
éventuellement ;
• le sujet regarde au centre de l’objectif ;
• les images des mires sont mises au point par déplacement
antéropostérieur de l’objectif ;
• ces images sont affrontées de façon très précise au moyen de
la vis micrométrique, puis les lignes de foi sont alignées par
rotation de l’axe.
Enfin, l’arc est basculé de 90° dans le sens inverse des
aiguilles d’une montre jusqu’à ce que les lignes de foi soient à
nouveau parfaitement alignées.
Figure 20. Ophtalmomètre de Javal (détail).
Résultats (Fig. 21). S’il n’y a aucun décalage des mires, la
cornée est sphérique.
Si les mires se recouvrent : il existe un astigmatisme direct,
dédoublement de l’image est variable. La mesure de la variation conforme à la règle, dont le degré correspond au nombre de
permet de calculer les rayons de courbure cornéens. marches se chevauchant (une dioptrie = une marche).
Avantage : la grandeur de l’image est constante et ne dépend Si les mires s’écartent : il existe un astigmatisme inverse. Pour
pas de l’accommodation de l’observateur. L’immobilité totale de le mesurer, il suffit d’affronter les mires et de revenir à la
l’œil examiné n’est pas indispensable. position initiale où il est facile de lire le décalage.
Ophtalmomètre de Javal et Schiötz (Fig. 19, 20). Avec cet En cas d’astigmatisme oblique, on étudie de la même façon
appareil, le dédoublement est provoqué par un prisme de les deux méridiens où les lignes de foi sont alignées. Ce sont les
Wollaston. Il est constant. En revanche, les mires sont mobiles méridiens principaux dont on détermine l’axe sur le rapporteur
et se déplacent sur un arc circulaire dont le centre est l’œil d’angle.
examiné. La mesure du déplacement des mires permet de Lorsque l’astigmatisme est irrégulier, les mires apparaissent
calculer les rayons de courbure cornéens. Cet appareil, accessible déformées.
à faible coût, présente un intérêt certain dans le dépistage des Limites de la mesure. La mesure n’est valable que pour la
astigmatismes irréguliers en l’absence de topographe. zone centrale de la cornée, mais c’est elle qui est concernée par
la réfraction.
Cette technique ne mesure que l’astigmatisme cornéen
Principe de la kératométrie
antérieur, mais il est égal à 0,50 d près à l’astigmatisme total de
La surface antérieure de l’œil se comporte comme un miroir l’œil dans 80 % des cas.
sphérique convexe : les kératomètres utilisent un système de
mires reflétées par ce miroir. Une mire considérée, située à Réfractomètres automatisés [43]
l’infini par rapport à la cornée, forme son image au foyer du De nombreux modèles sont disponibles sur le marché.
miroir, soit à une distance r/2 par rapport au sommet. Il existe deux catégories d’appareils.
Méthode. L’ophtalmomètre de Javal est le plus répandu.
Il comprend : Réfractomètres automatisés pour réfractométrie objective
• l’oculaire et l’objectif à déplacement horizontal assurant la Certains appareils sont construits sur le principe des réfracto-
mise au point ; mètres optiques, d’autres réalisent une skiascopie automatique :
• une vis micrométrique déplaçant les mires sur l’arc gradué, ils sont couplés à un micro-ordinateur qui calcule la réfraction.
lui-même tournant sur 360°, l’angle de rotation étant mesuré Ils utilisent en général un faisceau infrarouge pour exclure tout
sur rapporteur d’angle ; phénomène accommodatif.

14 Ophtalmologie
Réfraction oculaire ¶ 21-070-A-10

œil HM L2 S L1 Figure 22. Réfractomètre automatique.

'
A
B

L3 LS : mesure des sources lumineuses A B


A B
S : fente
HM : miroir
PD PD : photodétecteur
L1, L2 et L3 : lentilles
A B Spot A Spot B R : rétine

uniquement un appui sur le front permettant de stabiliser


Ne tient pas compte l’unité de mesure, et un repère d’alignement vertical pour
Simple et objectif de l'aspect subjectif déterminer la bonne position verticale. L’opérateur doit donc
veiller au bon alignement horizontal, vertical et torsionnel de la
tête lors de la prise de mesure de l’enfant. Le principal avantage
de ce réfractomètre automatique est qu’il présente un mode
Réfraction Base du choix de la Quick, très utile en cas de mouvements rapides de l’œil de
Rapide et pratique
automatique 1re correction d'essai l’enfant ou de patient nystagmique (mesure toutes les
0,033 seconde). Il peut être utilisé chez les infirmes moteurs et
les patients alités, et surtout sous anesthésie générale. Las-
sale [46], dans son étude comparative, exprime les limites de ces
Fiable et précis Ne tient pas compte appareils portables liées aux problèmes de mauvais alignement
de la vision binoculaire horizontal, vertical ou torsionnel possible, qui peuvent fausser
les mesures.
Figure 23. Réfraction automatisée.
Autres méthodes
Réfractomètres automatisés pour réfractométrie subjective Biométrie par échographie [47]
Certains sont conçus selon le principe des anciens optomè- L’échographie prend tout son intérêt dans les mesures
tres, d’autres utilisent des lentilles à puissance variable projetées réfractives chez les patients présentant un trouble des milieux
virtuellement devant les yeux du sujet examiné. Ici aussi, un transparents, dans les fortes amétropies et les anisométropies.
micro-ordinateur calcule et fournit le résultat par affichage Par la mesure de la longueur axiale, couplée à la mesure de la
numérique et sur une imprimante. kératométrie, il est possible de calculer la puissance réfractive du
Principe de fonctionnement [40, 43] globe oculaire par des formules de régression, particulièrement
utiles pour la chirurgie cristallinienne, la longueur axiale de
Il repose sur le même système que la skiascopie rétinienne. La l’œil étant une donnée importante lors du calcul de la puissance
rétine maculaire est alignée sur une cible que le patient doit d’un cristallin artificiel.
fixer (montgolfière, étoile au bout d’un chemin). Elle est éclairée
par un faisceau infrarouge au travers de fentes lumineuses, Topographie cornéenne
animées de mouvements de rotation (Fig. 22). Un système L’intégration de l’ordinateur à la kératoscopie a rendu
automatique de brouillage, anti-accommodation, permet de possible l’analyse de plusieurs milliers de points cornéens,
réaliser une mesure sur un œil au repos. L’analyse est effectuée réalisant une véritable topographie de la cornée. L’irrégularité de
par deux photorécepteurs A et B. La distance entre les deux la cornée peut être appréciée par la topographie conventionnelle
étant fixe, l’appareil mesure l’intervalle de temps qui sépare la (Placido) ou la topographie d’élévation (Orbscan®).
stimulation successive de ces deux photorécepteurs et en déduit
l’amétropie dans tous les méridiens sur 360°. Aberrométrie
Dufier [44] a montré que la précision des mesures est de 0,25 d L’aberrométrie est une nouvelle méthode de mesure qui
pour les faibles amétropies (inférieures à 5 d) et de 0,50 d pour évalue les aberrations de l’œil. Alors que la réfractométrie
les plus fortes amétropies. n’analyse que la défocalisation sphérocylindrique (amétropie
Avantages sphérique et astigmatisme régulier), l’aberrométrie permet
l’étude d’aberrations optiques d’ordre plus élevé, qui ne sont pas
Rapidité (0,3 s par mesure), précision, fiabilité des calculs, décelées par un examen courant. Ces aberrations comprennent
large gamme de mesure (de -18 à +2 d) pour la sphère et de les défauts de la surface de l’œil et aussi les défauts des structu-
± 8 d pour le cylindre. Cet appareil permet également que la res plus profondes comme la surface postérieure de la cornée ou
mesure soit réalisée par une personne autre que le cristallin.
l’ophtalmologiste. L’aberromètre utilise les propriétés ondulatoires de la lumière
Limites (Fig. 23) pour analyser les caractéristiques de l’ensemble de l’œil. La
lumière est réfléchie par la rétine et, en ressortant, traverse
Tous ces appareils ne suppriment pas mieux l’accommodation toutes les couches de l’œil. Le système de mesure analyse le
que la réfraction manuelle bien faite. front d’ondes (wavefront) sortant et calcule les aberrations
Ils sont parfois difficiles à utiliser lorsqu’une bonne attention analysées à l’aide de fonctions mathématiques complexes
du sujet examiné ne peut être obtenue ou lorsqu’il existe des comme la transformée de Fourier ou les polynômes décrits par
troubles des milieux transparents. Zernicke.
Cas de l’enfant
Il existe des réfractomètres automatiques portables permettant ■ Réfraction subjective [48]
la mesure des réfractions chez des enfants en bas âge qui ne
peuvent se positionner derrière le réfractomètre automati- Les méthodes subjectives sont utilisées à la suite de l’examen
que [45] . L’appareil ne comporte pas de mentonnière, mais objectif de la réfraction. Faisant appel aux réponses du patient,

Ophtalmologie 15
21-070-A-10 ¶ Réfraction oculaire

90 90
135 45 135 45
Examen visuel

Estimation 180 OD 0 180 OG 0


de l'amétropie
Vision de loin
- règle de Swaine
- kératométrie Figure 25. Schéma TABO.

Mesure de l'amétropie
Règle de Swaine
Elle relie l’acuité visuelle (AV) à une amétropie sphérique négative
(entre - 0,50 et - 3 ,00 δ)
Objectif Subjectif AV = 1/n avec A = - n × 0,25 δ
- Skiascopie - Méthode Exemples :
- Réfraction du brouillard AV = 1/10° A = - 10 × 0,25 = - 2,50 δ
automatisée
AV = 2/10° (1/5) A = - 5 × 0,25 = - 1,25 δ

AV = 5/10° (1/2) A = - 2 × 0,25 = - 0,50 δ


(basée sur un diamètre pupillaire de ≈ 3 mm)
Mise au point de la sphère
Elle permet surtout de savoir si un changement de sphère
est cohérent.
Ne convient pas pour l’hypermétropie, mais à ces valeurs
Cylindre il est rare de trouver une chute d’AV si importante.
Axe/puissance
Figure 26. Règle de Swaine.
Cylindre croisé

Vérification finale de la sphère Réfraction


M
on
oc

1re vérification de la sphère


ul

S
ai

Figure 24. Arbre décisionnel. Réfraction objective et subjective.


re
ob
je
ct

elles permettent de préciser les données objectives et d’assurer


if

un meilleur confort visuel (Fig. 24). A Vérification de l'axe du cylindre


M
on

C Valeur du cylindre
oc

Matériel
ul
ai
re

S Équilibre monoculaire de la sphère


Boîte de verres d’essai
su

au palier
bj
ec

Elle comporte une série de verres sphériques et cylindriques.


tif

Les verres diaphragmés plus petits et moins épais que les verres
à grande ouverture diminuent le risque d’erreur lors des
superpositions de verres de forte puissance. Figure 27. Règle de correction SACS.
En revanche, en strabologie, ils sont moins pratiques que les
verres non diaphragmés.
Les verres sphériques concaves et convexes sont gradués de Réfracteurs
0,25 à 20 dioptries avec des progressions de quart de dioptrie Ils rassemblent tous les verres de la boîte d’essai sur un ou
jusqu’à 4 dioptries et de demi-dioptrie jusqu’à 8 dioptries. plusieurs disques de Risley. Ces appareils évitent les manipula-
Les verres cylindriques sont gradués de 0,25 dioptrie à tions des verres mais ne correspondent pas aux conditions
6 dioptries. habituelles du port de lunettes.
Elle comprend également :
• une série de verres prismatiques ; Méthodes
• un obturateur ou cache-œil afin que les essais soient menés
œil par œil ; L’acuité visuelle prise œil par œil donne déjà une bonne
• un trou sténopéique éliminant les rayons marginaux et indication de l’amétropie car il existe une relation entre
supprimant l’effet de l’amétropie. l’amétropie et l’acuité visuelle, notamment dans les amétropies
faibles, telle que l’illustre la règle de Swaine. Elle relie l’acuité
Monture d’essai visuelle à une amétropie sphérique négative (entre -0,50 et
Elle doit être légère, réglable et doit comporter trois à cinq -3,00 d) selon la formule AV = 1/n avec A = -n × 0,25 d (Fig. 26).
drageoirs pour recevoir les verres qui sont déposés au fur et à Elle permet surtout de savoir si un changement de sphère est
mesure de l’examen. Les drageoirs postérieurs sont réservés aux cohérent.
verres de forte amétropie. La réfraction subjective permet de déterminer le premier
La monture d’essai universelle possède un système de réglage choix de correction d’après les valeurs du réfractomètre, puis
de la longueur des branches, et des boutons moletés permettant d’affiner ensuite la compensation :
de modifier : • en monoculaire, selon le principe SACS (vérification de la
• la distance interpupillaire ; Sphère, vérification de l’Axe du cylindre, valeur du Cylindre,
• la hauteur et l’inclinaison du pont ; équilibre monoculaire de la Sphère au palier) (Fig. 27) ;
• l’axe des verres cylindriques selon la convention TABO • puis en binoculaire.
(Fig. 25). L’équilibre subjectif binoculaire est réalisé avec la correction
Il existe des modèles simplifiés : lunettes d’essai pratiques, affinée de chaque œil, à laquelle on rajoute un brouillard de
lunettes de Gracis pour l’essai de primes, lunettes d’essai pour +0,50 d. Et on demande au patient de lire pour chercher la
enfants. meilleure acuité visuelle.

16 Ophtalmologie
Réfraction oculaire ¶ 21-070-A-10

Sujet myope Dioptries


15
Si le patient est myope, on choisit un verre divergent d’une
puissance inférieure à celle trouvée à la skiascopie et on
augmente progressivement la puissance du verre d’essai
concave. P
Le verre recherché est le verre le plus faible qui procure la 10
meilleure acuité visuelle.
Chez l’enfant, la correction initiale de la myopie doit se faire
après skiascopie sous cycloplégique afin d’éliminer une fausse
myopie par spasme accommodatif. En cas de myopie faible ou 5
P
moyenne, on prescrit la correction la plus faible donnant la
meilleure acuité visuelle, car il faut corriger la myopie totale
afin d’assurer un rapport harmonieux de l’accommodation-
convergence. Jusqu’à la fin de la croissance, la myopie peut P
s’aggraver, et il faut contrôler périodiquement la correction. 0
R R R
La correction doit être particulièrement exacte sans cepen-
dant surcorriger le patient, ce qui provoquerait, outre des
céphalées, une gêne en vision de près au-delà de 40 ans. En cas
de myopie forte, la sous-correction est souvent nécessaire. Dans -5
certains cas de maculopathie myopique, l’intéressé regarde très 10 20 30 40 50 60 70 80 Âge
près sans correction, profitant ainsi du grandissement de l’image Figure 28. Variation de l’amplitude de l’accommodation en fonction
rétinienne. de l’âge d’après Donders. EMC : La réfraction oculaire (A. Catros,
A. Carrica, B. Saint-Macary, E. Botaka).
Sujet hypermétrope [42]
Dans le cas de l’enfant, la skiascopie se faisant obligatoire-
ment sous cycloplégie prolongée, la correction optique totale Examen de la vision de près
s’impose s’il existe des signes d’appel fonctionnels ou moteurs :
strabisme accommodatif pur ou partiel. Le contrôle de l’acuité
visuelle, à l’aide des différentes échelles mentionnées ci-dessus, 45°
est plus ou moins précis selon l’âge de l’enfant.
Chez l’adolescent et le jeune adulte, il faut utiliser la méthode Respect de l'ergonomie visuelle
du brouillard : le verre de départ est un verre convexe dont la - avec posture naturelle
puissance est nettement supérieure à celle trouvée lors de la - distance de lecture moyenne de 40 cm 40 cm
skiascopie, pour éviter l’accommodation. Cette correction est - éclairage
ensuite diminuée jusqu’à ce que la vision soit nette. Le verre - en binoculaire
recherché est le verre le plus fort qui donne la meilleure acuité
visuelle. Donc évaluation de la VP :
- en binoculaire
Sujet astigmate - avec lunette d'essai
- éclairage renforcé blanc
L’astigmatisme est corrigé avec des verres cylindriques. Le
- et puissance suffisante pour rendre
verre cylindrique exerce un effet correcteur dans la direction
net le plus petit caractère à 40 cm
perpendiculaire à son axe (Fig. 13).
Dans le cas d’un astigmatisme conforme à la règle, la correction
se fait (après avoir retranché l’astigmatisme physiologique de
0,50 à 0,75 dioptrie) : Figure 29. Principe de correction de près.
• par un verre cylindrique négatif d’axe horizontal si l’astigma-
tisme est myopique ;
• par un verre cylindrique positif d’axe vertical s’il s’agit d’un totale (jusqu’à 3 dioptries) doit être portée en permanence. En
astigmatisme hypermétropique. effet, l’acuité visuelle ainsi obtenue chez l’enfant ne peut être
Dans le cas d’un astigmatisme inverse, la correction se fait retrouvée plus tard car l’accommodation compensatrice sur le
(après avoir ajouté la valeur de l’astigmatisme physiologique) : cercle de moindre diffusion ne peut plus être supprimée par la
• par un verre cylindrique négatif d’axe vertical s’il s’agit d’un correction.
astigmatisme myopique ;
• par un verre cylindrique positif d’axe horizontal dans le cas
d’un astigmatisme hypermétropique.
Correction de la presbytie
Dans les cas d’astigmatismes obliques les mêmes règles de Pour corriger la presbytie [42] il suffit de compenser l’accom-
prescriptions sont appliquées, non plus au niveau des axes modation défaillante par deux verres sphériques convexes
verticaux et horizontaux mais au niveau des axes obliques égaux. Leur puissance est augmentée à mesure que l’accommo-
déterminés. dation diminue. L’âge de survenue est variable (environ 45 ans).
La correction totale n’est pas d’emblée installée, car, chez Il dépend de facteurs individuels : exigences professionnelles,
l’adulte, la correction de l’astigmatisme n’est pas toujours bien sexe, race. La valeur à additionner est variable selon les auteurs
supportée s’il n’a jamais été corrigé. Dans ce cas, la correction (Fig. 28).
doit procéder par paliers (maximum 1 dioptrie). On recherche Une bonne correction est réalisée en pratique par l’addition
progressivement le verre cylindrique le plus faible apportant la la plus faible qui assure la lecture confortable du paragraphe
meilleure acuité visuelle accompagnée du meilleur confort 2 de l’échelle de Parinaud à la distance à laquelle l’intéressé a
visuel. De la même façon, le meilleur axe est recherché de part l’habitude de lire ou de travailler (Fig. 29).
et d’autre de l’axe théorique fourni par la kératométrie.
Il faut savoir que la plupart du temps, les axes obliques de Tests de contrôle [40, 49]
l’œil droit et de l’œil gauche sont symétriques.
Chez l’enfant, l’astigmatisme décelé par skiascopie sous À l’issue de la réfraction, pour s’assurer de la qualité du
cycloplégique et, si possible par kératométrie, est toujours résultat, éliminer une surcorrection provoquant l’accommoda-
corrigé, surtout s’il est unilatéral et prépondérant sur un œil car tion du malade et vérifier le confort visuel et l’équilibre visuel,
il peut être à l’origine d’une amblyopie. La correction d’emblée il existe des tests de contrôle.

Ophtalmologie 17
21-070-A-10 ¶ Réfraction oculaire

AV
Amplitude d'accomodation

AV maximal

Dioptries

+0,25 -0,25 -0,50

Sphère au palier : sphère la plus convexe qui donne la


meilleure AV (+0,25 chute AV et -0,25 AV constante)
Figure 30. Sphère au palier.

Axe du cylindre négatif

+0,25

5
+0,2
Axe du cylindre positif

Figure 31. Cylindre croisé de Jackson.

Principe d’évaluation par la technique


du brouillard
La technique du brouillard est une méthode subjective
permettant de maîtriser l’accommodation ; son intérêt est
d’éviter les surcorrections en levant les spasmes accommodatifs. Vérification de la puissance du cylindre
On rajoute une sphère de +3,50 à +5,0 d au-dessus de la valeur
d’amétropie supposée, d’où un flou visuel, « le brouillard », puis Figure 32. Cylindre croisé de Jackson. Détermination de la puissance
on descend par paliers de +0,50 d sans lever la correction pour du cylindre.
ne pas laisser le patient accommoder de nouveau, jusqu’à
obtenir la meilleure acuité visuelle qui plafonne, dite « sphère
au palier ». Méthode
La correction de l’amétropie sphérique résiduelle, est réalisée
après l’ajustement d’un cylindre (Fig. 30). Le patient fixe à 5 mètres les optotypes correspondant à
Il faut toujours appliquer la même règle : « retenir la valeur 10/10. Le cylindre croisé placé devant l’œil corrigé ou non, on
la plus convexe donnant la meilleure acuité ». présente alternativement, par rotation du manche sur lui-
même, le cylindre concave et convexe sur les méridiens, vertical
Cylindre croisé (Fig. 31) et oblique à 45° et 135°.

Inventé par Jackson en 1886, il s’agit de verres bicylindriques Contrôle de la puissance du cylindre (Fig. 32)
montés dans un cercle et munis d’un manche. Les deux cylin- On présente alternativement les deux cylindres de signe
dres sont perpendiculaires, de signe contraire et de valeur égale ; contraire parallèlement à l’axe du cylindre de la correction
le manche est à 45° par rapport aux deux axes précédents, sa essayée. S’il existe une position où l’acuité visuelle est amélio-
rotation entre le pouce et l’index permet ainsi de présenter l’un
rée, on ajoute dans la monture la formule sphérocylindrique
des deux cylindres alternativement. Les cylindres de 0,25 d et
correspondant à la meilleure position du cylindre croisé et on
0,50 d sont les plus employés.
recommence jusqu’à l’obtention d’une vision également floue
Le cylindre croisé permet de :
dans les deux positions des cylindres croisés (emmétropie).
• vérifier si l’œil est emmétropisé ;
• contrôler et même de déterminer la puissance du cylindre Contrôle de l’axe (Fig. 33)
correcteur et l’axe du cylindre correcteur.
L’axe du manche du cylindre est placé parallèlement à l’axe
Principe du cylindre essayé.
Un cylindre croisé de 0,25 d placé devant un œil emmétrope On tourne le manche de façon à inverser le verre face par
provoque un astigmatisme mixte de 0,50 dioptrie. Cet astigma- face :
tisme est direct si le cylindre négatif est vertical, inverse si le • si l’acuité visuelle diminue de façon égale dans les deux
cylindre négatif est horizontal. Ainsi, si dans les deux positions positions, l’axe est bon ;
la vision est diminuée de façon symétrique, l’œil est emmé- • si l’acuité visuelle est moins diminuée dans une position, on
trope ; si la vision est meilleure dans une position que dans incline de 5 degrés le cylindre correcteur vers l’axe du
l’autre, l’œil présente un astigmatisme résiduel dont il faut cylindre croisé de même signe et on recommence le test
déterminer la puissance de l’axe. jusqu’à l’obtention de deux visions également floues.

18 Ophtalmologie
Réfraction oculaire ¶ 21-070-A-10

Réfraction bioculaire
Le premier temps consiste à vérifier l’équilibre bioculaire, par
vérification de l'axe
dissociation œil droit et œil gauche et vérification sur le test
d’acuité visuelle.
5
+0,2 Procédés de dissociation bioculaire
Méthode de Graefe ou de Humphriss
Un prisme de 3 ou 5 dioptries est placé devant l’un des deux
yeux, base supérieure, l’autre œil non prismé est alors brouillé
par un verre de +1 d afin de rechercher le meilleur confort de
vision, en ajustant la valeur du cylindre donnant le meilleur
confort. Puis le prisme est placé sur le deuxième œil afin de
répéter la procédure.
Cette méthode permet de limiter l’accommodation, de
détecter davantage l’hypermétropie latente, les pseudomyopies,
Figure 33. Cylindre croisé de Jackson. Détermination de l’axe du et de mettre en évidence les défauts de la vision binoculaire
cylindre. masqués par l’accommodation. Cette technique est plus précise
chez les patients porteurs de nystagmus.

vert rouge Verres polarisés


On projette deux tests rouge-vert à travers deux verres
polarisés d’axe perpendiculaire. Le patient est muni de verres
polarisés parallèles à ceux du projecteur. Ainsi, un test rouge-
vert n’est vu que par l’œil droit, l’autre par l’œil gauche.

Port de la correction
Dans les cas de forte amétropie, ou lorsque l’on augmente
beaucoup une correction, on pratique un essai de la correction,
le patient faisant quelques pas avec sa nouvelle correction à la
Écart entre les foyers vert et rouge
lumière naturelle.
Figure 34. Aberration chromatique.
Équilibre fusionnel
La recherche du meilleur équilibre fusionnel est basée sur la
Test duochrome vérification de la fusion, puis sur la mesure des hétérophories,
et la vérification des amplitudes de fusion.
Ce test permet de révéler une surcorrection. La vérification de la fusion est réalisée avec un filtre rouge
placé devant un œil, et la fixation d’un point blanc lumineux.
Principe (Fig. 34) Si une diplopie apparaît, cela signe une fusion faible et amène
Il est basé sur le chromatisme de l’œil. L’indice d’un milieu à procéder à la mesure des hétérophories :
transparent est fonction de la longueur d’onde qui le traverse. • mesure de la phorie dissociée par test avec des prismes ;
Plus celle-ci est courte, plus la puissance du système optique • mesure de la phorie associée par test polarisé.
Si la phorie est importante, il faut procéder à la vérification
augmente. Ainsi, l’œil accommodant pour le jaune-vert, les
des amplitudes de fusion, à la recherche du meilleur confort :
foyers images pour le violet, le bleu et le vert se forment en
l’amplitude de fusion doit être opposée à la phorie et être au
avant de la rétine. Le foyer image pour l’orange et le rouge, en
moins du double de la valeur prismatique de la phorie.
arrière. Donc le myope voit mieux dans le rouge et l’hypermé-
trope voit mieux dans le vert.

Méthode
■ Points particuliers
Les filtres sont conçus de façon à obtenir des foyers images Il convient d’insister sur quelques points particuliers de la
symétriques par rapport au jaune-vert (rouge 610 nm, vert réfraction.
530 nm). Ils sont incorporés dans un projecteur de test ou
interposés entre l’œil et l’échelle d’acuité visuelle. Pour éviter Après chirurgie du cristallin
l’accommodation, les optotypes affichés sont soit des cercles
concentriques, soit des lettres correspondant à 3 ou 4/10e. On Aphakie unilatérale
brouille avec un verre de +0,50 dioptrie. Le patient observe les L’anisométropie est telle que la correction par verres de
deux plages et apprécie celle où il existe un meilleur contraste. lunettes est impossible. L’aniséiconie entraîne une différence de
Si le contraste est meilleur dans le rouge, on enlève successi- taille entre les deux images rétinocorticales d’un même objet.
vement +0,25 dioptrie à la correction jusqu’à ce que les deux Bien qu’il existe une aniséiconie physiologique lors de la
plages paraissent identiques. convergence asymétrique chez le sujet normal, qui n’entraîne
aucun trouble fonctionnel, on estime généralement qu’une
Si l’on enlève au total +0,50 dioptrie, la correction était
aniséiconie supérieure à 5 % entrave la vision binoculaire, ce
exacte.
qui est le cas chez l’aphaque unilatéral présentant une anisomé-
S’il faut ajouter des verres concaves, la correction était tropie importante dans un rapport de 46 %. En moyenne, on
insuffisante pour une correction de myopie, trop forte pour une peut dire que l’image rétinienne de l’œil aphaque [50] est
correction hypermétropique. supérieure d’un tiers à l’image correspondante de l’œil
Le test duochrome peut être pratiqué en vision binoculaire. emmétrope.
Les deux yeux ayant été dissociés, on pratique le test duo-
chrome de façon simultanée au niveau de l’œil droit et de l’œil Aphakie bilatérale
gauche, on évite ainsi une surcorrection ou sous-correction d’un Le grandissement des images est bilatéral. Il nécessite une
œil par rapport à l’autre. adaptation de l’aphaque à ces nouvelles conditions visuelles,

Ophtalmologie 19
21-070-A-10 ¶ Réfraction oculaire

adaptation parfois difficile mais obtenue le plus souvent dans la Après chirurgie du segment postérieur
pratique.
La correction optique de l’aphaque fait appel à l’implantation La chirurgie du décollement de la rétine, notamment par voie
intraoculaire chez l’adulte en dehors de complications peropé- ab externo avec indentation localisée ou cerclage, entraîne une
ratoires. Le problème réfractif reste double : modification réfractive postopératoire par augmentation de la
• la puissance de l’implant est calculée par formule de régres- longueur axiale ou par astigmatisme. Il convient de réévaluer la
sion d’après les données de la kératométrie et de la longueur réfraction de ces patients opérés, en gardant à l’esprit son
axiale ; une correction optique du pseudoaphaque est parfois potentiel évolutif.
nécessaire, réalisée souvent selon les mêmes principes ;
• en cas d’implant multifocal, la réfraction postopératoire est Après chirurgie du strabisme
principalement subjective, car les réfractomètres se heurtent Il faut également réévaluer la réfraction sous cyclopégie après
au problème de la multifocalité, et sont souvent mis en un délai de trois mois en postopératoire pour adapter la
défaut. correction optique portée aux modifications réfractives
sphérocylindriques.
Chez l’enfant [51]
La prise en charge de l’aphakie passe d’abord par l’utilisation Adaptation de la correction optique
de moyens optiques permettant de restaurer une image nette en basse vision [52]
sur la rétine, puis par le traitement de l’amblyopie.
Les lunettes d’aphaque sont recommandées chez l’enfant Le principe est d’accroître artificiellement les possibilités
dans le traitement de l’aphakie bilatérale. Dans les premiers visuelles de loin avec un système grossissant afocal, référencé,
mois de la vie, la correction en vision de près est la plus placé sur une monture d’essai en avant de la correction optique.
fréquemment adoptée, elle correspond à une majoration de Le grossissement en vision de près est différent pour chaque
3 dioptries par rapport à la réfraction donnée par la skiascopie. sujet, car dépend des besoins visuels répertoriés au cours de
Chez l’enfant plus âgé, des verres bifocaux sont proposés. l’entretien préalable. La relation AV VP = AV VL/2 est admise.
Les avantages de la correction par lentilles de contact résident Ainsi, 4 à 5/10e sont nécessaires pour la lecture courante, 5 à
dans la compensation rapide après la chirurgie de l’amétropie, 6/10e pour les journaux et 3/10e pour les travaux d’écriture.
la réduction de l’aniséiconie après correction d’une aphakie L’adaptateur choisit et fait essayer tous les appareillages
unilatérale, et la possibilité d’adapter la correction en fonction optiques (loupes, systèmes microscopiques et télescopiques)
de l’évolution biométrique liée à la croissance oculaire. permettant de mettre en jeu le grossissement total évalué
L’implantation chez l’enfant reste discutée, en partie à cause précédemment. Dans la plupart des cas, l’équipement est
des variations très importantes de la longueur axiale de l’œil du monoculaire. Tous ces essais se déroulent impérativement sous
jeune enfant au cours de sa première année de vie. Actuelle- éclairage halogène ou à la lumière du jour. La recherche
ment, l’implantation est recommandée, sous réserve d’une comparative de l’aide visuelle la mieux adaptée nécessite aussi
un travail sur téléagrandisseur en utilisant les mêmes tests que
implantation intracapsulaire stricte et en l’absence de tout
pour les systèmes optiques.
incident peropératoire, après l’âge de 18 mois à 2 ans, en
choisissant, pour certains, l’emmétropie d’emblée pour faciliter
la rééducation de l’amblyopie. Pour d’autres, il faut anticiper sur
la croissance oculaire et choisir une valeur estimée emmétropi-
■ Conclusion
sante pour l’adulte. Cette sous-correction implique la correction L’étude de la réfraction oculaire est le préambule à tout
additionnelle par lentilles de contact de l’hypermétropie examen ophtalmologique. Une bonne compréhension des
résiduelle, ce qui peut compliquer le traitement de l’amblyopie. principes d’optique physiologique aide le clinicien dans la
Dans la cataracte bilatérale, l’implantation n’a pas permis de recherche et l’analyse des troubles réfractifs. L’application
meilleurs résultats fonctionnels que la correction par lunettes ou pratique qui vise à optimiser les performances visuelles d’un
lentilles de contact. patient repose néanmoins sur une approche méthodique
En revanche, dans la cataracte unilatérale, l’implantation articulée sur la mesure objective de l’amétropie d’une part, et
permet des résultats bien meilleurs que les lentilles de contact. sur l’adaptation subjective de la correction optique choisie
d’autre part.
Cet article rappelle les différents moyens d’investigation en
Après greffe de cornée réfractométrie et présente les différents tests subjectifs d’adapta-
Le suivi postopératoire au long cours des sutures permet de tion de la correction optique, en précisant les particularités chez
réévaluer fréquemment la valeur de la réfraction qui est l’enfant.
évolutive, parfois difficile à corriger par des verres correcteurs, .

et qui doit être appréciée en s’aidant de la vidéotopographie


cornéenne. La correction optique peut nécessiter le port de ■ Références
lentilles de contact, voire le recours à une chirurgie réfractive [1] Le Grand Y.. Optique physiologique. Tome I. Paris: Revue d’optique;
secondaire. 1965.
[2] Gil Del Rio E. Optica fisiológica clínica. Barcelona: Toray; 1976.
[3] Mur J. Œil : système optique. In: Corbe C, Menu JP, Chaine G, editors.
Chirurgie réfractive Traité d’optique physiologique et clinique. Paris: Doin; 1993. p. 32-41.
La mesure de la réfraction en vue d’une chirurgie réfractive [4] Parinaud H, Donders. In: L’échelle optométrique. Éditions Roulot
doit respecter quelques précautions élémentaires, comme Giroux successeur; 1888. p. 7.
l’ablation des lentilles plusieurs jours avant l’examen préopéra- [5] Hache JC. Presbytie. Convergence 1992;54:7-11.
toire, une cycloplégie systématique, et la pratique d’une [6] Sole P, Dalens H, Gentou C. Biophtalmologie. Paris: Masson; 1992.
[7] Von Helmholtz H. Physiological optics. New York: Dover; 1962.
topographie cornéenne en cas d’astigmatisme supérieur à 1 d,
[8] Schachar RA. Cause and treatment of presbyopia with method for
afin d’éliminer les contre-indications chirurgicales. Mais le plus
increasing the amplitude of accommodation. Ann Ophthalmol 1992;24:
important est de toujours la mesurer de façon identique, avec 445-52.
le même matériel et le même examinateur, afin d’adapter son [9] Schachar RA, Anderson DA. The mecanism of ciliary muscle function.
propre programme à ses premiers résultats. Seule une telle Ann Ophthalmol 1995;27:126-32.
démarche permet d’obtenir une bonne reproductibilité des [10] Graves B. The response of the lense capsule in the act of
résultats d’un patient à l’autre. Aujourd’hui, l’avènement des accommodation. Trans Am Ophthalmol Soc 1925;23:184-96.
techniques d’exploration par Orbscan® et aberromètre permet [11] Koretz JF, Handelman GH. Model of accommodative mecanism in the
de réaliser des techniques chirurgicales sur mesure. human eye. Vis Res 1982;22:917-27.

20 Ophtalmologie
Réfraction oculaire ¶ 21-070-A-10

[12] Koretz JF, Handelman GH, Brown NP. Analysis of human cristalline [35] Pechereau A. Strabismus in children. Rev Prat 2003;53:1827-33.
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P. Wary, Praticien certifié des Hôpitaux des Armées.


F. Maÿ, Professeur agrégé, chef de service (ophtimum@aol.com).
Service de santé des Armées, service d’ophtalmologie, Hôpital d’instruction des Armées Legouest, 27 avenue de Plantières, 57998 Metz Armées, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Wary P., Maÿ F. Réfraction oculaire. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Ophtalmologie, 21-070-A-10,
2007.

Disponibles sur www.emc-consulte.com


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