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Cours 01 Notions D'ecologie P 01
Cours 01 Notions D'ecologie P 01
NOTIONS
D'ECOLOGIE 1
USTO MB
Faculté de Chimie
Département
de
Chimie Physique
L3 HSI
NOTIONS D'ECOLOGIE 01
I. INTRODUCTION
L'origine du concept "Ecologie" diffère selon que l'on
considère le contenu du terme, sa signification ou son
utilisation.
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première introduction du mot "Ecologie" dans le langage
scientifique.
Etymologiquement, il dérive des racines grecques "OIKOS"
qui signifie "habitat"
et "LOGOS" qui signifie "le discours, la science", donc il se
traduit littéralement par "Science de l'habitat".
L'Ecologie est la science des relations des êtres vivants avec
leur milieu; c'est-à-dire qu'elle vise à établir des lois qui
règlent leurs rapports, à la fois avec leur environnement
abiotique et avec les organismes vivants. Elle est en quelque
sorte à la fois une économie et une sociologie de la Nature."
La notion de protection de la nature est sensiblement
différente. Elle s'est surtout développée après la seconde
guerre mondiale. Il s'agissait à ce moment de sauver des
sites d'intérêt scientifique particulier et de préserver des
espaces plus vastes de toute intervention humaine. Cette
notion a débouché sur la création de Réserves et de Parcs
Naturels.
Peu à peu, le concept de "protection" a été remplacé par
celui de "conservation". Ce dernier ne se limite plus à
l'aspect purement sentimental et statique de la protection.
Conserver la nature ce n'est pas seulement protéger
passivement certaines espèces animales ou végétales, ou
certains milieux qui seraient en quelque sorte mis "sous
cloche", entourés de barbelés ou de panneaux d'interdiction,
mais c'est aussi intervenir dans l'évolution dynamique des
écosystèmes. Certains milieux (dits semi-naturels- par
exemple les landes et les pelouses parcourues jadis par les
troupeaux de moutons ou de chèvres, ou les prairies humides
de fauche), qui dérivent de formations naturelles par
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exploitation humaine et qui sont des milieux remarquables du
point de vue biologique, nécessitent en effet, pour être
sauvegardés, une gestion appropriée.
Dans le même ordre d'idées, dans le cadre d'une Réserve
Naturelle - par exemple un marais - le conservateur est
parfois amené à intervenir énergiquement sur l'évolution du
paysage. Un marais peut évoluer, en quelques années, du
milieu palustre formé d'une végétation d'hélophytes
diversifiée (roseaux, laîches, massettes, rubaniers,
salicaires, etc.), qui entretient des groupes faunistiques
variés (insectes, batraciens, fauvettes, limicoles, canards,
etc.) vers la saussaie, qui ne comprend plus qu'un nombre
réduit d'espèces végétales et qui n'abrite plus que quelques
rares espèces animales.
Une notion reste encore à préciser :
L'environnement, c'est un terme à la mode que tout un
chacun utilise sans avoir pris la précaution d'en vérifier le
sens exact. L'environnement représente, à un moment donné,
l'ensemble des agents physiques, chimiques et biologiques et
des facteurs sociaux susceptibles d'avoir un effet direct ou
indirect, immédiat ou à terme, sur les êtres vivants et les
activités humaines". Il débouche inévitablement sur la notion
de qualité de la vie qui est un état évalué de l’environnement
en fonction de ses effets sur les êtres vivants.
L'écologie est subdivisée en autoécologie, synécologie et
dynamique des populations.
2. L'AUTOECOLOGIE
Elle étudie l'influence des facteurs extérieurs sur un
individu. Ces facteurs sont de deux sortes : abiotiques,
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indépendants des êtres vivants, et biotiques, liés aux êtres
vivants.
2.1. Les facteurs abiotiques
- Les facteurs édaphiques sont les facteurs liés au substrat,
sol ou eau. Ils peuvent être chimiques (acidité, salinité, etc.)
ou physiques (structure et porosité du sol, vitesse du
courant d'une rivière, etc.)
- Les facteurs climatiques sont la température,
l'éclairement, les précipitations, le vent ...
Le climat peut être considéré à plusieurs niveaux :
Le macroclimat est le climat à l'échelle d'une région. Il
résulte de situation géographique, c'est-à-dire de la
latitude, de la proximité la mer, de l'altitude, ... On parlera à
ce niveau du climat méditerranéen, du climat tropical, ...
Le microclimat est envisagé à l'échelle de l'individu. C'est,
par exemple, le climat d'une fente de rocher, d'un terrier,
d'un bosquet, d'une falaise calcaire, ... Il explique
notamment la répartition des mousses et lichens sur les
troncs en fonction de la direction des vents chargés de pluie
et des écoulements d'eau.
Entre le macroclimat et le microclimat, se situe le
mésoclimat qui désigne, par exemple, le climat d'une vallée
ou d'une forêt et qui dépend entre autre de la topographie
et de l'orientation.
2.2. Les facteurs biotiques
Les organismes vivants (animaux et végétaux) exercent les
uns sur les autres différents types d'actions.
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Celles-ci peuvent être indirectes et modifier les facteurs
initiaux du milieu (exemple : l'arbre en été provoque une
zone d'ombre au niveau du sol, il en modifie le microclimat
stationnel et la microbiologie). Les êtres vivants peuvent
donc transformer les conditions dans lesquelles vivent
d'autres organismes.
Elles peuvent aussi être directes et former un ensemble de
véritables facteurs liés aux êtres vivants.
Au niveau des facteurs biotiques, les actions réciproques,
interactions ou coactions peuvent avoir des intensités
différentes selon les cas. On peut mesurer leurs
conséquences en considérant la survie, la croissance, ou la
prospérité des organismes concernés.
La nature des interactions n'est pas toujours nettement
déterminée et il peut être assez difficile de juger de leurs
effets réels. Certains types d'interactions désignent des
relations entre individus d'espèces différentes (Relations
interspécifiques). C'est le cas de la prédation, du
parasitisme, de la symbiose et du commensalisme.
D'autres désignent des interactions possibles entre
individus de la même espèce (Relations intraspécifiques). .
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2.2.1. Les relations intraspécifiques
1. L'effet de groupe existe chez de nombreuses espèces
animales (insectes, mammifères).
Il comprend l'ensemble des modifications qui interviennent
dans le comportement des animaux de la même espèce
lorsqu'ils sont groupés par deux ou plus de deux. Une
conséquence principale en est l'accélération souvent
importante de la vitesse de croissance des individus dans la
population. L'effet de groupe se manifeste chez de
nombreuses espèces qui ne peuvent se reproduire
normalement et survivre que lorsqu'elles sont représentées
par un nombre suffisant d'individus au sein d'un même
groupe. Il correspond à des phénomènes considérés comme
favorables à l'ensemble de la population.
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3. SYNECOLOGIE
3.1. La notion d'écosystème
La synécologie étudie les communautés d'êtres vivants et le
milieu qui les entoure, c'est-à-dire les rapports qui
s'établissent entre les diverses espèces végétales et
animales et le milieu extérieur.
En synécologie, une unité importante est la biocénose; elle
correspond à une communauté d'êtres vivants qui habitent
une portion du paysage et sont adaptés aux conditions de ce
milieu.
L'ensemble formé par le biotope et la biocénose constitue
l'écosystème.
Le terme écosystème peut être appliqué à des unités
d'étendue très variables (tronc d'arbre mort ou forêt,
étang ou océan,...)
Le passage d'une biocénose a une autre peut se faire plus ou
moins brutalement. Dans beaucoup de cas, il existe une zone
de transition plus ou moins large appelée écotone où la faune
et la flore sont souvent plus riches que dans les biocénoses
adjacentes dont les espèces se mélangent plus ou moins. Cet
effet est connu sous le nom d'effet de lisière. La lisière
compte en outre des espèces qui lui sont propres. Ex. Le
Pouillot véloce est un passereau typique de la lisière. Il
construit son nid au sol, en paysage ouvert, mais il trouve les
insectes dont il se nourrit sur les feuilles des arbres de la
lisière.
Chez les Gallinacés, le Faisan de colchide est un oiseau
typique de la lisière; on le rencontre au bord des bois ou en
paysage bocager.
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Toute biocénose est fonction de son biotope, et
réciproquement le biotope est influencé par la biocénose :
- l'action est l'influence exercée par le biotope sur la
biocénose. Il s'agit de la température, de la nature du sol,
etc., responsables de l'adaptation, du maintien, de la
sélection ou de la régulation des espèces.
- la réaction est l'influence exercée par la biocénose sur son
biotope. Elle se manifeste par la destruction, l'édification ou
la modification de celui-ci (ex. tassement du sol sous l'effet
du pâturage, aération du sol par les lombrics, fixation des
dunes par les oyats).
- la coaction est l'influence que les organismes exercent les
uns sur les autres.
3.2. L'équilibre biologique
Dans un écosystème, les êtres vivants dépendent les uns des
autres et sont intimement liés à leur milieu inorganique
(biotope). Sous l'influence des facteurs externes et
internes, la phytocénose se transforme et évolue par paliers
successifs. Parallèlement, les groupements faunistiques se
succèdent, s'adaptent et évoluent en "harmonie" avec la
végétation.
On assiste, selon le niveau trophique, à une production ou à
une consommation de matière organique; autrement dit à des
transferts d'énergie. Donc, au sein de cet écosystème
naturel, chaque espèce voit ses "ambitions" limitées par ceux
qui la dévorent, par le manque de nourriture ou par toute
forme de facteur limitant.
Ce développement harmonieux introduit la notion d'équilibre
biologique on ne peut, sous peine d'un dangereux simplisme,
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le comparer à celui d'une balance immobile chargée de poids
égaux sur les deux plateaux. C'est plutôt celui d'un balancier
pendule, aux oscillations régulières ... Dans le cas des
écosystèmes où chaque espèce contribue au maintien de
l'équilibre biologique, on parlera plutôt d'équilibre
dynamique.
3.3. L'évolution progressive des écosystèmes
Les notions de série et de climax
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Remarque : Il y a évolution parallèle entre la phytocénose, la
zoocénose et le substrat (sol, eau). Le stade climacique est
d'autant plus stable que les relations entre les divers
organismes sont nombreuses et variées.
La séquence végétale
Contrairement à la série, la séquence végétale est une
évolution de la végétation dans l'espace. Elle se caractérise,
dans un biotope où les paramètres abiotiques diffèrent d'un
endroit à un autre (selon la nature du sol, l'épaisseur de la
couche d'humus, l'humidité, etc.), par des formations
végétales différentes.
Il y a une corrélation évidente entre la maturation du sol et
l'enchaînement des communautés végétales plus ou moins
équilibrées. L'observation de cette évolution dans l'espace
est relativement intéressante car la séquence, par la
diversité de ses stations, peut récapituler les stades
successifs de l'évolution temporelle de la série végétale.
3.4. L'évolution régressive des écosystèmes
Par opposition aux séries évolutives progressives,
aboutissant à un climax, il existe également des séries
évolutives régressives. Ce type d'évolution résulte souvent
de phénomènes naturels à caractère "catastrophique" :
modification climatique brusque, intempéries, incendies, ou
d'actions anthropiques (pâturage excessif d'ovins,
exploitation forestière abusive).
Pour illustrer cette nouvelle définition, nous reprendrons le
cas de la hêtraie installée sur un substrat calcaire : à la
suite d'une exploitation forestière abusive, la forêt est
clairiérée. Cette formation détruite est remplacée par des
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taillis de chênes, charmes et noisetiers. Ceux ci, pâturés, se
dégradent et les espèces ligneuses disparaissent
progressivement. Suite à cette dernière intervention
humaine, le fourré fait alors place à la pelouse. Ce type de
couvert végétal amenuisé ne peut empêcher le ruissellement
des eaux de pluies; l'érosion emporte des particules fines du
sol et détruit en partie sa structure. A la longue, la roche
mère apparaît par places, des plages de cailloutis s'étendent
sur de grandes surfaces. Celles-ci sont finalement colonisées
par une végétation très ouverte formée de quelques espèces
spécialisées ...
L'évolution de cette série passe donc du stade de forêt à
une végétation très simple dont la structure est celle d'une
végétation pionnière...
3.5. Les transferts de matière et d'énergie dans les
écosystèmes
Les êtres vivants peuvent être classés en différentes
catégories selon le niveau où ils interviennent dans la
transformation de la matière. Grâce à l'énergie solaire
captée par la chlorophylle, les végétaux autotrophes
élaborent des substances organiques (glucides, lipides,
protides) à partir du dioxyde de carbone (CO2), de l'eau et
des sels minéraux puisés dans le sol. Ce phénomène porte le
nom de production primaire. C'est le point de départ du
réseau alimentaire. Les êtres vivants qui se nourrissent de la
matière végétale" élaborée par les producteurs primaires
sont appelés consommateurs de premier ordre. Les
prédateurs et les parasites portent le nom de
consommateurs de deuxième ordre. Les superprédateurs ou
les parasites des prédateurs représentent le niveau
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supérieur du réseau alimentaire. Ils se nourrissent de
prédateurs, ce sont des consommateurs de troisième ordre.
Les consommateurs de matière morte ou décomposeurs se
nourrissent de cadavres ou d'excréments. C'est le stade
final de transfert de la matière. (Ces transformateurs
portent également le nom de bioréducteurs). Les
décomposeurs assurent la minéralisation de la matière
organique. Le système écologique réclame un apport
permanent d'énergie solaire. Les végétaux verts, grâce à
cette source d'énergie, fournissent l'oxygène et la matière
organique nécessaires à la vie de la zoocénose. Les animaux
nécessitent également de l'énergie solaire mais ils ne
peuvent l'utiliser à l'état brut. Ce sont les plantes
chlorophylliennes qui la leur fournissent en "l'emmagasinant".
Ce phénomène de transfert se reproduit à chaque niveau de
la pyramide alimentaire. Ainsi a lieu un transfert d'énergie,
par paliers successifs de la plante à l'animal, puis d'un animal
à un autre. Mais à chaque "passage", à court ou à long terme,
il y a une déperdition d'énergie.
En effet, les producteurs primaires n'utilisent qu'une petite
partie de la quantité d'énergie solaire qu'ils reçoivent.
L'énergie maximale utilisée par la photosynthèse n'est guère
que de 1-2 % de l'énergie incidente totale brute.
Dans le même ordre d'idée, un renard qui mange 16
campagnols par jour, a gagné, aussitôt après son repas, un
poids égal à celui des 16 rongeurs. Mais à la fin de la
journée, il a reperdu, par métabolisme (respiration,
excrétats), l'équivalent de 15 rongeurs.
La productivité d'un niveau trophique est l'accroissement de
la biomasse par unité de temps pour le niveau trophique
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considéré.
Ex. : la productivité primaire est celle des producteurs
(végétaux chlorophylliens) .
La notion de chaîne alimentaire, tant utilisée, n'est pas très
heureuse. Elle évoque l'image théorique d'une chaîne linéaire
où chaque prédateur n'a qu'une proie et chaque "mangé" n'a
qu'un seul "mangeur".
En fait, il est extrêmement rare qu'un consommateur de
premier ordre se nourrisse exclusivement d'une espèce
végétale et soit à son tour la seille proie d'un carnivore.
D'autre part, une espèce se cantonne rarement dans un seul
niveau de la pyramide trophique.
Ex. : Le renard en tant que carnivore est habituellement
considéré comme consommateur de deuxième ordre mais
durant l'été, lorsqu'il se nourrit de myrtilles ou de merises,
il devient consommateur de premier ordre ... Les relations
alimentaires entre les êtres étant d'ordinaire hautement
complexes, une expression comme RESEAU ALIMENTAIRE
rend mieux compte des interactions réelles qui existent
entre les organismes vivants.
Cette classification écologique qui divise les composants
biotiques en trois catégories : Producteurs - Consommateurs
- Décomposeurs se fonde sur les modes de nutrition, c'est-
à-dire sur la nature de la principale source d'énergie
utilisée.
Dans une filière trophique, des producteurs vers les
consommateurs, si on superpose des "rectangles"
horizontaux de même hauteur et dont la largeur est
proportionnelle au nombre d'individus présents dans chaque
niveau trophique, on obtient une figure appelée pyramide des
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nombres d'autant plus haute que la "chaîne" a un plus grand
nombre de niveaux trophiques. Comme la nombre d'individus
décroît généralement du premier au dernier niveau
trophique, cette pyramide a la forme d'un triangle placé la
pointe en haut.
Dans un écosystème, les animaux de petite taille sont plus
nombreux que les animaux de grande taille et ils se
reproduisent plus vite. De plus, les phytophages sont les plus
nombreux et présentent une biomasse plus importante que
celle de leurs prédateurs (leur potentiel biotique est plus
grand, le taux de reproduction plus élevé).
Réferences
Extrait de : Notions d'écologie par R. FABRI*,
R.ROSOUX**, Ph. DESTINAY*
* Université de Liège
**Université de Rennes
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