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Cours 01

NOTIONS
D'ECOLOGIE 1

USTO MB
Faculté de Chimie
Département
de
Chimie Physique
L3 HSI
NOTIONS D'ECOLOGIE 01
I. INTRODUCTION
L'origine du concept "Ecologie" diffère selon que l'on
considère le contenu du terme, sa signification ou son
utilisation.

Les références aux relations entre les plantes, les animaux


et leur milieu naturel se retrouvent chez les auteurs de
l'antiquité : Théophraste, Aristote, etc. Buffon et Geoffroy
St-Hilaire, biologistes au 18è et 19è siècle, témoignent déjà
d'un esprit de synthèse écologique.

Darwin au 19è siècle, sans exprimer le concept d'Ecologie,


parlait d'une "Economie de la Nature".
Le mot aurait été employé pour la première fois en 1858 par
un écrivain naturaliste américain (dont l'histoire n'a pas
retenu le nom) , mais généralement, c'est au biologiste
allemand Ernest Haeckel (1834-1919) qu'on attribue la

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première introduction du mot "Ecologie" dans le langage
scientifique.
Etymologiquement, il dérive des racines grecques "OIKOS"
qui signifie "habitat"
et "LOGOS" qui signifie "le discours, la science", donc il se
traduit littéralement par "Science de l'habitat".
L'Ecologie est la science des relations des êtres vivants avec
leur milieu; c'est-à-dire qu'elle vise à établir des lois qui
règlent leurs rapports, à la fois avec leur environnement
abiotique et avec les organismes vivants. Elle est en quelque
sorte à la fois une économie et une sociologie de la Nature."
La notion de protection de la nature est sensiblement
différente. Elle s'est surtout développée après la seconde
guerre mondiale. Il s'agissait à ce moment de sauver des
sites d'intérêt scientifique particulier et de préserver des
espaces plus vastes de toute intervention humaine. Cette
notion a débouché sur la création de Réserves et de Parcs
Naturels.
Peu à peu, le concept de "protection" a été remplacé par
celui de "conservation". Ce dernier ne se limite plus à
l'aspect purement sentimental et statique de la protection.
Conserver la nature ce n'est pas seulement protéger
passivement certaines espèces animales ou végétales, ou
certains milieux qui seraient en quelque sorte mis "sous
cloche", entourés de barbelés ou de panneaux d'interdiction,
mais c'est aussi intervenir dans l'évolution dynamique des
écosystèmes. Certains milieux (dits semi-naturels- par
exemple les landes et les pelouses parcourues jadis par les
troupeaux de moutons ou de chèvres, ou les prairies humides
de fauche), qui dérivent de formations naturelles par
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exploitation humaine et qui sont des milieux remarquables du
point de vue biologique, nécessitent en effet, pour être
sauvegardés, une gestion appropriée.
Dans le même ordre d'idées, dans le cadre d'une Réserve
Naturelle - par exemple un marais - le conservateur est
parfois amené à intervenir énergiquement sur l'évolution du
paysage. Un marais peut évoluer, en quelques années, du
milieu palustre formé d'une végétation d'hélophytes
diversifiée (roseaux, laîches, massettes, rubaniers,
salicaires, etc.), qui entretient des groupes faunistiques
variés (insectes, batraciens, fauvettes, limicoles, canards,
etc.) vers la saussaie, qui ne comprend plus qu'un nombre
réduit d'espèces végétales et qui n'abrite plus que quelques
rares espèces animales.
Une notion reste encore à préciser :
L'environnement, c'est un terme à la mode que tout un
chacun utilise sans avoir pris la précaution d'en vérifier le
sens exact. L'environnement représente, à un moment donné,
l'ensemble des agents physiques, chimiques et biologiques et
des facteurs sociaux susceptibles d'avoir un effet direct ou
indirect, immédiat ou à terme, sur les êtres vivants et les
activités humaines". Il débouche inévitablement sur la notion
de qualité de la vie qui est un état évalué de l’environnement
en fonction de ses effets sur les êtres vivants.
L'écologie est subdivisée en autoécologie, synécologie et
dynamique des populations.
2. L'AUTOECOLOGIE
Elle étudie l'influence des facteurs extérieurs sur un
individu. Ces facteurs sont de deux sortes : abiotiques,

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indépendants des êtres vivants, et biotiques, liés aux êtres
vivants.
2.1. Les facteurs abiotiques
- Les facteurs édaphiques sont les facteurs liés au substrat,
sol ou eau. Ils peuvent être chimiques (acidité, salinité, etc.)
ou physiques (structure et porosité du sol, vitesse du
courant d'une rivière, etc.)
- Les facteurs climatiques sont la température,
l'éclairement, les précipitations, le vent ...
Le climat peut être considéré à plusieurs niveaux :
Le macroclimat est le climat à l'échelle d'une région. Il
résulte de situation géographique, c'est-à-dire de la
latitude, de la proximité la mer, de l'altitude, ... On parlera à
ce niveau du climat méditerranéen, du climat tropical, ...
Le microclimat est envisagé à l'échelle de l'individu. C'est,
par exemple, le climat d'une fente de rocher, d'un terrier,
d'un bosquet, d'une falaise calcaire, ... Il explique
notamment la répartition des mousses et lichens sur les
troncs en fonction de la direction des vents chargés de pluie
et des écoulements d'eau.
Entre le macroclimat et le microclimat, se situe le
mésoclimat qui désigne, par exemple, le climat d'une vallée
ou d'une forêt et qui dépend entre autre de la topographie
et de l'orientation.
2.2. Les facteurs biotiques
Les organismes vivants (animaux et végétaux) exercent les
uns sur les autres différents types d'actions.

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Celles-ci peuvent être indirectes et modifier les facteurs
initiaux du milieu (exemple : l'arbre en été provoque une
zone d'ombre au niveau du sol, il en modifie le microclimat
stationnel et la microbiologie). Les êtres vivants peuvent
donc transformer les conditions dans lesquelles vivent
d'autres organismes.
Elles peuvent aussi être directes et former un ensemble de
véritables facteurs liés aux êtres vivants.
Au niveau des facteurs biotiques, les actions réciproques,
interactions ou coactions peuvent avoir des intensités
différentes selon les cas. On peut mesurer leurs
conséquences en considérant la survie, la croissance, ou la
prospérité des organismes concernés.
La nature des interactions n'est pas toujours nettement
déterminée et il peut être assez difficile de juger de leurs
effets réels. Certains types d'interactions désignent des
relations entre individus d'espèces différentes (Relations
interspécifiques). C'est le cas de la prédation, du
parasitisme, de la symbiose et du commensalisme.
D'autres désignent des interactions possibles entre
individus de la même espèce (Relations intraspécifiques). .

Les relations intraspécifiques sont régies par deux grandes


tendances : la tendance répulsive qui aboutit à la sélection
naturelle par les phénomènes de compétition (survie des
mieux adaptés... ) et à la hiérarchie sociale ou
l'établissement de territoires; la tendance attractive qui
conduit à la vie sociale ou à la rencontre des partenaires en
vue de la reproduction.

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2.2.1. Les relations intraspécifiques
1. L'effet de groupe existe chez de nombreuses espèces
animales (insectes, mammifères).
Il comprend l'ensemble des modifications qui interviennent
dans le comportement des animaux de la même espèce
lorsqu'ils sont groupés par deux ou plus de deux. Une
conséquence principale en est l'accélération souvent
importante de la vitesse de croissance des individus dans la
population. L'effet de groupe se manifeste chez de
nombreuses espèces qui ne peuvent se reproduire
normalement et survivre que lorsqu'elles sont représentées
par un nombre suffisant d'individus au sein d'un même
groupe. Il correspond à des phénomènes considérés comme
favorables à l'ensemble de la population.

Exemple : certaines espèces d'ongulés sociaux requièrent


un nombre d'individus suffisamment élevé. Ainsi, dans une
population de rennes, pour un effectif inférieur à 350
individus, la survie du troupeau est sérieusement
compromise.
2. L'effet de masse désigne au contraire les effets liés au
surpeuplement. Il peut se traduire par une diminution de la
fécondité (par exemple chez certains rongeurs) , des
troubles physiologiques, des comportements aberrants
comme le cannibalisme à l'égard des oeufs ou des jeunes. Les
causes sont le plus souvent la limitation de la quantité de
nourriture disponible ou le manque d'espace.
Exemple : le cas des Goélands argentés. Dans certaines
colonies à forte densité d'individus (Pays-Bas), il se produit
des phénomènes de cannibalisme à l'égard des nichées.
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3. La compétition intraspécifique
La compétition est la concurrence s'exerçant entre
plusieurs organismes lorsque la somme de leurs demandes en
nourriture, en certains éléments minéraux, en eau, en
sources énergétiques, en espace libre, etc., est supérieure à
ce qui est réellement disponible.
Exemple : dans un semis naturel d'épicéas, sur un terrain
relativement homogène, une grande majorité des graines
germent et donnent naissance à des plantules, cependant
quelques unes d'entre elles seulement deviendront des
arbres; les autres moins compétitives seront supplantées ou
étouffées par les individus dominants.
La compétition n'est pas exclusivement du domaine des
relations intraspécifiques, elle peut également exister entre
des individus d'espèces différentes.
2.2.2. Les relations interspécifiques
1. La compétition interspécifique
Les principes de base sont identiques à ceux du phénomène
de compétition intraspécifique, mais ils s'adressent à des
individus d'espèces différentes.
Chez les animaux, elle se manifeste principalement par la
concurrence vis-à-vis des sources de nourriture. La
compétition est d'autant plus forte que les comportements
alimentaires sont proches.
Un cas typique de compétition interspécifique a été observé
lors de l'introduction du renard en Australie. Le renard
ayant un régime alimentaire très éclectique est entré
directement en compétition alimentaire avec un mammifère
marsupial prédateur. Bénéficiant d'une capacité de
reproduction élevée et d'une grande plasticité écologique, au
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bout de quelques années, le renard a fini par supplanter le
prédateur indigène.
2. La prédation
Le prédateur est un organisme libre qui recherche une
nourriture vivante; il tue sa proie pour s'en nourrir.
Cette relation de type antagoniste entraîne à court terme la
disparition de l'un des deux individus; seul le prédateur en
tire bénéfice.
Les prédateurs peuvent être classés en plusieurs ordres,
selon le niveau trophique des organismes qu'ils consomment.
Un prédateur peut subsister aux dépens d'une ou plusieurs
espèces.
On distingue :
- des espèces polyphages : se nourrissant de nombreuses
espèces animales ou végétales (ex. le renard).
- des espèces monophages : vivent aux dépens d'un seul
animal ou d'une seule plante.
La monophagie est rare chez les vertébrés. Même chez
certains prédateurs spécialisés comme la Bondrée apivore
qui se nourrit presque exclusivement d'Hyménoptères
(frelons, guêpes, abeilles), la règle n'est pas absolue (elle
consomme également des Batraciens, des Rongeurs, etc.).
Un exemple de monophage des plus stricts cité dans tous les
précis d'écologie est le milan des Everglades en Floride; il
vit exclusivement aux dépens d'une seule proie (un escargot
).
=Les prédateurs jouent un rôle important dans l'équilibre
biologique; ils ont une action limitante ou régulatrice sur les
populations des espèces proies.
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3. Le parasitisme
La distinction entre "parasitisme" et "prédation" n'est pas
toujours évidente. En fait, les parasites et les prédateurs
s'échelonnent le long d'un gradient plus ou moins continu,
depuis les bactéries et les virus microscopiques qui vivent
dans les tissus de l'hôte, en passant par les ectoparasites
(poux suceurs), jusqu'aux grands félins de la savane.
Généralement, le terme parasite est employé lorsque
l'organisme "exploiteur" est petit et qu'il vit (sur) ou (dans)
l'hôte qui sert alors de source d'énergie et d'habitat.
Certains parasites sont inféodés à des hôtes bien
particuliers. Cette spécificité de l'hôte existe dans un grand
nombre de cas. L'espèce parasite ne peut alors vivre qu'aux
dépens d'une espèce ou d'un petit nombre d'espèces
apparentées. (monophagie).
Les cas de parasitisme sont nombreux tant dans le monde
animal que végétal : poux parasitant l'homme; larves
d'insectes vivant dans les galles, "mousse" du poisson;
Mildiou de la vigne ou de la pomme de terre, etc.
4. Le commensalisme
C'est la relation entre deux individus d'espèces différentes
dont l'un profite de l'autre (source de nourriture, support)
sans toutefois lui nuire ou lui apporter un quelconque
avantage.
Chez les animaux, on peut citer les insectes qui peuplent les
terriers de mammifères. Ces insectes recherchent, dans les
gîtes, un microclimat particulier (température, humidité) et
une source de nourriture qui peut provenir des reliefs des
repas de l'hôte ou de ses excréments. Dans les terriers des
marmottes des Alpes, on a pu recenser rien que pour les
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coléoptères plus d'une centaine d'espèces.
Un autre cas typique de commensalisme est celui d'un crabe
minuscule (Pinnotheres pisum) vivant à l'intérieur des
moules. Installé sous le manteau du mollusque, près des
branchies, il se nourrit des matières nutritives qui filtrent
au travers des lamelles branchiales.
Pour les végétaux, on parlera rarement de commensalisme.
Dans ce type de rapports, on parlera plutôt d'épiphytisme.
Un épiphyte est un végétal autotrophe croissant sur un
autre végétal vivant, sans parasiter celui-ci. Citons les
mousses et les lichens vivant sur les branches et les troncs
d'arbres, de nombreuses-Broméliacées, orchidées et
fougères des forêts équatoriales très humides, etc. Dans
tous les cas, la plante-hôte sert simplement de support aux
épiphytes.
5. La symbiose ou mutualisme
Il y a mutualisme si l'association des deux êtres vivants
entraîne des bénéfices réciproques. Un des cas les plus
connus est celui des lichens où une algue (le plus souvent une
Chlorophycée) est associée avec un champignon (un
Ascomycète chez la quasi totalité des lichens européens).
Selon la théorie de la symbiose mutualiste, l'algue fournirait
au champignon les glucides élaborés par la photosynthèse; en
échange, le champignon assurerait l'hébergement de l'algue,
la protègerait contre la dessication et lui procurerait l'eau
et les sels minéraux qu'il puise dans le substrat.
Dans le monde animal, l'association entre une anémone de
mer et le bernard l'ermite offre également un exemple
typique de mutualisme. L'anémone, fixée sur la coquille du
mollusque habitée par le bernard l'ermite, est véhiculée
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dans des endroits divers, ce qui lui permet d'être plus
abondamment nourrie. Elle peut également se nourrir des
débris de proies de son hôte. Le crustacé, du fait de la
présence de l'anémone, bénéficie d'une immunité contre ses
prédateurs naturels. Grâce à ses tentacules munis de
cnidoblastes urticants (cellules particulières des tentacules
de l'anémone de mer lui permettant de paralyser ses proies.
Ces cellules sont munies d'un filament épineux enduit d'un
liquide urticant, il peut se dévaginer et s'implanter dans le
corps de la proie), l'anémone protège le bernard l'ermite en
chassant ses éventuels prédateurs.
Dans le même ordre d'idées, les bactéries cellulolytiques
(qui dégradent la cellulose) qui vivent dans le système
digestif des ruminants leur permettent d'assimiler la
cellulose des végétaux.

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3. SYNECOLOGIE
3.1. La notion d'écosystème
La synécologie étudie les communautés d'êtres vivants et le
milieu qui les entoure, c'est-à-dire les rapports qui
s'établissent entre les diverses espèces végétales et
animales et le milieu extérieur.
En synécologie, une unité importante est la biocénose; elle
correspond à une communauté d'êtres vivants qui habitent
une portion du paysage et sont adaptés aux conditions de ce
milieu.
L'ensemble formé par le biotope et la biocénose constitue
l'écosystème.
Le terme écosystème peut être appliqué à des unités
d'étendue très variables (tronc d'arbre mort ou forêt,
étang ou océan,...)
Le passage d'une biocénose a une autre peut se faire plus ou
moins brutalement. Dans beaucoup de cas, il existe une zone
de transition plus ou moins large appelée écotone où la faune
et la flore sont souvent plus riches que dans les biocénoses
adjacentes dont les espèces se mélangent plus ou moins. Cet
effet est connu sous le nom d'effet de lisière. La lisière
compte en outre des espèces qui lui sont propres. Ex. Le
Pouillot véloce est un passereau typique de la lisière. Il
construit son nid au sol, en paysage ouvert, mais il trouve les
insectes dont il se nourrit sur les feuilles des arbres de la
lisière.
Chez les Gallinacés, le Faisan de colchide est un oiseau
typique de la lisière; on le rencontre au bord des bois ou en
paysage bocager.

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Toute biocénose est fonction de son biotope, et
réciproquement le biotope est influencé par la biocénose :
- l'action est l'influence exercée par le biotope sur la
biocénose. Il s'agit de la température, de la nature du sol,
etc., responsables de l'adaptation, du maintien, de la
sélection ou de la régulation des espèces.
- la réaction est l'influence exercée par la biocénose sur son
biotope. Elle se manifeste par la destruction, l'édification ou
la modification de celui-ci (ex. tassement du sol sous l'effet
du pâturage, aération du sol par les lombrics, fixation des
dunes par les oyats).
- la coaction est l'influence que les organismes exercent les
uns sur les autres.
3.2. L'équilibre biologique
Dans un écosystème, les êtres vivants dépendent les uns des
autres et sont intimement liés à leur milieu inorganique
(biotope). Sous l'influence des facteurs externes et
internes, la phytocénose se transforme et évolue par paliers
successifs. Parallèlement, les groupements faunistiques se
succèdent, s'adaptent et évoluent en "harmonie" avec la
végétation.
On assiste, selon le niveau trophique, à une production ou à
une consommation de matière organique; autrement dit à des
transferts d'énergie. Donc, au sein de cet écosystème
naturel, chaque espèce voit ses "ambitions" limitées par ceux
qui la dévorent, par le manque de nourriture ou par toute
forme de facteur limitant.
Ce développement harmonieux introduit la notion d'équilibre
biologique on ne peut, sous peine d'un dangereux simplisme,
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le comparer à celui d'une balance immobile chargée de poids
égaux sur les deux plateaux. C'est plutôt celui d'un balancier
pendule, aux oscillations régulières ... Dans le cas des
écosystèmes où chaque espèce contribue au maintien de
l'équilibre biologique, on parlera plutôt d'équilibre
dynamique.
3.3. L'évolution progressive des écosystèmes
Les notions de série et de climax

Selon la terminologie écologique, chacun des stades de


développement d'un écosystème est appelé un stade séral.
Les êtres vivants qui colonisent un substrat dénudé (milieu à
l'origine non peuplé) sont qualifiés d'organismes pionniers.
Ils appartiennent aux premiers stades de l'évolution.
Au sein de l'écosystème considéré, la succession des
biocénoses (ou série) se termine par un stade relativement
stable (à l'échelle humaine), en équilibre avec le milieu
inorganique : LE CLIMAX.
Par exemple; l'observation des pelouses calcaires où le
pâturage a cessé, montre leur envahissement progressif par
des arbustes (Aubépine et Prunellier ), puis par des arbres
isolés, qui formeront par la suite une chênaie à charmes. Le
stade final de cette série se terminera par un stade
climacique : la hêtraie calcicole.
La série végétale progressive correspond à des groupements
végétaux qui se succèdent régulièrement dans une station
homogène donnée depuis le stade initial de colonisation
jusqu'au stade terminal stable appelé climax.

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Remarque : Il y a évolution parallèle entre la phytocénose, la
zoocénose et le substrat (sol, eau). Le stade climacique est
d'autant plus stable que les relations entre les divers
organismes sont nombreuses et variées.
La séquence végétale
Contrairement à la série, la séquence végétale est une
évolution de la végétation dans l'espace. Elle se caractérise,
dans un biotope où les paramètres abiotiques diffèrent d'un
endroit à un autre (selon la nature du sol, l'épaisseur de la
couche d'humus, l'humidité, etc.), par des formations
végétales différentes.
Il y a une corrélation évidente entre la maturation du sol et
l'enchaînement des communautés végétales plus ou moins
équilibrées. L'observation de cette évolution dans l'espace
est relativement intéressante car la séquence, par la
diversité de ses stations, peut récapituler les stades
successifs de l'évolution temporelle de la série végétale.
3.4. L'évolution régressive des écosystèmes
Par opposition aux séries évolutives progressives,
aboutissant à un climax, il existe également des séries
évolutives régressives. Ce type d'évolution résulte souvent
de phénomènes naturels à caractère "catastrophique" :
modification climatique brusque, intempéries, incendies, ou
d'actions anthropiques (pâturage excessif d'ovins,
exploitation forestière abusive).
Pour illustrer cette nouvelle définition, nous reprendrons le
cas de la hêtraie installée sur un substrat calcaire : à la
suite d'une exploitation forestière abusive, la forêt est
clairiérée. Cette formation détruite est remplacée par des

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taillis de chênes, charmes et noisetiers. Ceux ci, pâturés, se
dégradent et les espèces ligneuses disparaissent
progressivement. Suite à cette dernière intervention
humaine, le fourré fait alors place à la pelouse. Ce type de
couvert végétal amenuisé ne peut empêcher le ruissellement
des eaux de pluies; l'érosion emporte des particules fines du
sol et détruit en partie sa structure. A la longue, la roche
mère apparaît par places, des plages de cailloutis s'étendent
sur de grandes surfaces. Celles-ci sont finalement colonisées
par une végétation très ouverte formée de quelques espèces
spécialisées ...
L'évolution de cette série passe donc du stade de forêt à
une végétation très simple dont la structure est celle d'une
végétation pionnière...
3.5. Les transferts de matière et d'énergie dans les
écosystèmes
Les êtres vivants peuvent être classés en différentes
catégories selon le niveau où ils interviennent dans la
transformation de la matière. Grâce à l'énergie solaire
captée par la chlorophylle, les végétaux autotrophes
élaborent des substances organiques (glucides, lipides,
protides) à partir du dioxyde de carbone (CO2), de l'eau et
des sels minéraux puisés dans le sol. Ce phénomène porte le
nom de production primaire. C'est le point de départ du
réseau alimentaire. Les êtres vivants qui se nourrissent de la
matière végétale" élaborée par les producteurs primaires
sont appelés consommateurs de premier ordre. Les
prédateurs et les parasites portent le nom de
consommateurs de deuxième ordre. Les superprédateurs ou
les parasites des prédateurs représentent le niveau

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supérieur du réseau alimentaire. Ils se nourrissent de
prédateurs, ce sont des consommateurs de troisième ordre.
Les consommateurs de matière morte ou décomposeurs se
nourrissent de cadavres ou d'excréments. C'est le stade
final de transfert de la matière. (Ces transformateurs
portent également le nom de bioréducteurs). Les
décomposeurs assurent la minéralisation de la matière
organique. Le système écologique réclame un apport
permanent d'énergie solaire. Les végétaux verts, grâce à
cette source d'énergie, fournissent l'oxygène et la matière
organique nécessaires à la vie de la zoocénose. Les animaux
nécessitent également de l'énergie solaire mais ils ne
peuvent l'utiliser à l'état brut. Ce sont les plantes
chlorophylliennes qui la leur fournissent en "l'emmagasinant".
Ce phénomène de transfert se reproduit à chaque niveau de
la pyramide alimentaire. Ainsi a lieu un transfert d'énergie,
par paliers successifs de la plante à l'animal, puis d'un animal
à un autre. Mais à chaque "passage", à court ou à long terme,
il y a une déperdition d'énergie.
En effet, les producteurs primaires n'utilisent qu'une petite
partie de la quantité d'énergie solaire qu'ils reçoivent.
L'énergie maximale utilisée par la photosynthèse n'est guère
que de 1-2 % de l'énergie incidente totale brute.
Dans le même ordre d'idée, un renard qui mange 16
campagnols par jour, a gagné, aussitôt après son repas, un
poids égal à celui des 16 rongeurs. Mais à la fin de la
journée, il a reperdu, par métabolisme (respiration,
excrétats), l'équivalent de 15 rongeurs.
La productivité d'un niveau trophique est l'accroissement de
la biomasse par unité de temps pour le niveau trophique
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considéré.
Ex. : la productivité primaire est celle des producteurs
(végétaux chlorophylliens) .
La notion de chaîne alimentaire, tant utilisée, n'est pas très
heureuse. Elle évoque l'image théorique d'une chaîne linéaire
où chaque prédateur n'a qu'une proie et chaque "mangé" n'a
qu'un seul "mangeur".
En fait, il est extrêmement rare qu'un consommateur de
premier ordre se nourrisse exclusivement d'une espèce
végétale et soit à son tour la seille proie d'un carnivore.
D'autre part, une espèce se cantonne rarement dans un seul
niveau de la pyramide trophique.
Ex. : Le renard en tant que carnivore est habituellement
considéré comme consommateur de deuxième ordre mais
durant l'été, lorsqu'il se nourrit de myrtilles ou de merises,
il devient consommateur de premier ordre ... Les relations
alimentaires entre les êtres étant d'ordinaire hautement
complexes, une expression comme RESEAU ALIMENTAIRE
rend mieux compte des interactions réelles qui existent
entre les organismes vivants.
Cette classification écologique qui divise les composants
biotiques en trois catégories : Producteurs - Consommateurs
- Décomposeurs se fonde sur les modes de nutrition, c'est-
à-dire sur la nature de la principale source d'énergie
utilisée.
Dans une filière trophique, des producteurs vers les
consommateurs, si on superpose des "rectangles"
horizontaux de même hauteur et dont la largeur est
proportionnelle au nombre d'individus présents dans chaque
niveau trophique, on obtient une figure appelée pyramide des

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nombres d'autant plus haute que la "chaîne" a un plus grand
nombre de niveaux trophiques. Comme la nombre d'individus
décroît généralement du premier au dernier niveau
trophique, cette pyramide a la forme d'un triangle placé la
pointe en haut.
Dans un écosystème, les animaux de petite taille sont plus
nombreux que les animaux de grande taille et ils se
reproduisent plus vite. De plus, les phytophages sont les plus
nombreux et présentent une biomasse plus importante que
celle de leurs prédateurs (leur potentiel biotique est plus
grand, le taux de reproduction plus élevé).

Pour tout animal carnivore, il y a une limite inférieure et une


limite supérieure à la taille des proies qu'il peut manger. La
limite supérieure est imposée car un prédateur ne peut
attraper, tuer et dévorer une proie beaucoup plus grosse
que lui. La limite inférieure existe pour des raisons de
rendement : des proies trop petites devraient être
capturées en trop grand nombre, ce qui serait à peu près
impossible, soit par le manque de proies, soit par manque de
temps. Il existe donc en général, une taille optimale des
proies de chaque espèce.
3.6. Les grands cycles bio géochimiques.
Contrairement à l'énergie solaire qui est sans cesse
renouvelée - et dégradée d'un niveau trophique à l'autre - la
matière qui sert à la construction et au fonctionnement de la
biosphère est toute entière contenue dans celle-ci. Cette
matière circule de façon ininterrompue du milieu abiotique
vers les êtres vivants et inversement, en suivant des
cheminements bien définis qui n'excluent pas d'ailleurs, dans
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certains cas, des points d'immobilisation, au moins
temporaires.
Des cycles particuliers se déroulent au sein de chaque
écosystème, mais des rapports latéraux plus ou moins
importants (suivant que l'écosystème est plus ou moins
"ouvert") existent entre eux. Au niveau de la biosphère, ces
cycles dits bio géochimiques, qui assurent donc le recyclage
permanent des principaux éléments indispensables à la vie,
expliquent le pouvoir d'autorégulation des écosystèmes,
c'est-à-dire la grande constance des éléments présents dans
chacun d'eux.
Ces cycles intéressent des éléments à phase gazeuse
prédominante (carbone, oxygène, azote), à phase liquide
prédominante,(eau) ou à phase sédimentaire prédominante
(soufre, phosphore, etc.).
Etudions le cycle de l'élément biogène primordial: le
carbone.
La photosynthèse et le cycle du carbone
Dans le monde minéral, le carbone (C) n'existe pratiquement
pas à l'état pur, mais seulement en combinaison avec
d'autres éléments. L'océan est le réservoir principal où il
existe sous la forme de dioxyde de carbone ou gaz
carbonique (CO2) dissous. La masse de ce Co2 dissous est
cinquante fois supérieure à la masse totale du CO2 de l'air
où il est présent seulement dans une faible proportion
(0,03%)
Pendant la journée, le CO2 est assimilé par les végétaux qui
possèdent de la chlorophylle. Ce pigment vert des cellules
des feuilles et parfois des tiges capte l'énergie lumineuse
(le plus souvent celle du soleil) et la transforme en énergie
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chimique. Ensuite, grâce à cette énergie, en présence d'eau
et dans des conditions favorables de température, les
végétaux chlorophylliens réalisent la synthèse de glucides
par assimilation du CO L'oxygène libéré est restitué à
l'atmosphère. Rappelons que cet oxygène provient de la
photolyse de l'eau - c'est-à-dire de la décomposition des
molécules d'eau (H20) effectuée grâce à l'énergie lumineuse
captée par la chlorophylle - et non de la décomposition des
molécules de dioxyde de carbone (CO2).
Le carbone du CO2 incorporé à la matière végétale, n'y
restera pas fixé indéfiniment. En effet, les végétaux qui ont
besoin d'énergie oxydent des substances organiques qu'ils
contiennent et rejettent du CO2 dans l'atmosphère. D'autre
part, les végétaux verts peuvent servir d'aliment à des
animaux herbivores (consommateurs de premier ordre).
Ceux-ci consomment et assimilent les protides, les lipides et
les glucides de la plante. Le carbone est ainsi "incorporé" au
corps de l'animal. A son tour, l'animal respire et restitue
ainsi une partie de ce carbone à l'atmosphère sous forme
également de CO2.

Les déjections (excréta) de l'animal tombant sur le sol sont


décomposées par les insectes coprophages, les champignons
et les bactéries.

Lorsque l'animal meurt, son cadavre est décomposé de la


même manière et la matière organique qui le constituait est
minéralisée progressivement par les bioréducteurs.
A ce dernier stade, le carbone est souvent remis en
circulation sous la forme de CO2 ("respiration de l'humus").
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Si l'animal herbivore est mangé par un consommateur de
deuxième ordre, le carbone est incorporé de la même
manière que précédemment et suivra une évolution analogue.
De toute manière, tôt ou tard, la totalité du carbone qui, au
début du cycle avait été incorporé à la plante verte,
retournera à l'atmosphère sous forme de CO2 qui sera de
nouveau à la disposition des végétaux chlorophylliens ...
Ce cycle peut dans certains cas se ralentir ou même
s'interrompre, les bioréducteurs ne pouvant fonctionner par
manque d'air ou à cause d'une acidité trop forte.
Les débris organiques s'accumulent alors pour former de la
tourbe. Dans le cas du charbon et du pétrole, le cycle s'est
interrompu pendant des centaines, voire des millions
d'années.
Dans les eaux, le cycle stagne lorsque le CO est fixé sous
forme de carbonate de calcium dans les squelettes, les
coquilles, les récifs coralliens ou les dépôts sédimentaires
calcaires.
Le carbone stocké, notamment dans les combustibles
fossiles (tourbe, charbon, pétrole, gaz), peut être libéré
sous forme de CO2 par l'homme (chauffage, industries, etc.)
ou lors de la fabrication de chaux à partir de roches
carbonatées.

Réferences
Extrait de : Notions d'écologie par R. FABRI*,
R.ROSOUX**, Ph. DESTINAY*
* Université de Liège
**Université de Rennes
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