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Année universitaire 2022 - 2023

Master 1ère année


Semestre 1

Cours de Madame le Professeur A. TISSERAND-MARTIN et Monsieur le Professeur F.


JACOB

Chargée de travaux dirigés : Mme Delphine OTT

DROIT CIVIL – RÉGIMES MATRIMONIAUX

Séance 3 – Le régime matrimonial primaire (III) : Les mesures de crise

Documents :

Document n°1 : Cass. 1ère civ., 18 février 1981, n° 80-10403


Document n°2 : Cass. 1ère civ., 22 novembre 2005, n°03-13621
Document n°3 : Cass. 1ère civ., 31 janvier 1974, n°71-14700
Document n°4 : Cass. 1ère civ., 1 octobre 1985, n°84-12476
Document n°5 : Cass. 1ère civ., 13 novembre 2003 n°01-16977
Document n°6 : Cass. 1ère civ., 30 septembre 2009, n°08-13220
Document n°7 : A. Tani, « Faire seul, ce qui aurait dû être fait à deux », JCP N n°22, 2 juin 2017, 1194

Exercices :

1°) Réaliser un commentaire comparé des articles 217 et 219 du Code civil.

2°) Résoudre le cas pratique (p.2).

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Cas pratique

Robin et Marie, tous les deux passionnés de reconstitution historique, et particulièrement de la société
médiévale du 14e siècle, se sont rencontrés lors une manifestation en 2011. Fous amoureux l’un de l’autre, ils n’ont
pas attendu longtemps pour se marier : la cérémonie a été célébrée en avril 2012. Ils n’ont conclu aucun contrat de
mariage préalable. Deux enfants sont nés de leur union : Éris en 2013 et Isis en 2014 (ils ont également développé
une passion pour la mythologie grecque et l’Égypte antique).

Ils vivent tous les quatre en location dans une magnifique maison alsacienne dans la proche campagne
strasbourgeoise et ont investi ensemble dans l’achat des meubles de la maison et d’un très gros SUV permettant
de véhiculer toute la famille.

Cependant, si Marie a toujours su rester raisonnable, Robin a laissé sa passion déborder sur sa raison : il s’est mis
en tête d’acquérir une armure médiévale très onéreuse ainsi qu’un tas d’autres accessoires pour leur association de
reconstitution historique. Il a même quitté son emploi pour s’adonner à sa passion et a utilisé toutes les économies
du couple pour continuer à accroître sa collection.

Marie, inquiète par ce comportement, a également trouvé des annonces émises par Robin sur un célèbre site de
vente en ligne. Il envisage de vendre l’intégralité de leurs meubles ainsi que leur véhicule. Dans la précipitation,
Marie vient vous voir afin que vous lui fassiez part de vos conseils avisés.

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Document n°1

Cour de cassation
Chambre civile 1
Audience publique du mercredi 18 février 1981 N° de pourvoi : 80-10403
Publié au bulletin
Rejet

RÉPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS

SUR LES PREMIER, DEUXIEME ET QUATRIEME MOYENS REUNIS, PRIS EN LEURS DIVERSES
BRANCHES :

ATTENDU, SELON LES ENONCIATIONS DES JUGES DU FOND, QU'ALFRED X... ET ANTOINETTE Z...
SE SONT MARIES SOUS LE REGIME DE LA SEPARATION DE BIENS ET QU'ILS ONT FIXE LEUR
DOMICILE DANS UN APPARTEMENT OU ILS VIVAIENT ENSEMBLE DEPUIS 1976; QU'EN JUILLET
1978, LE JUGE DES TUTELLES A PLACE ALFRED CARRUZO SOUS LE REGIME DE LA CURATELLE
ET DESIGNE SON EPOUSE EN QUALITE DE CURATRICE; QUE, SE FONDANT SUR L'ARTICLE 219 DU
CODE CIVIL, ANTOINETTE Z..., EPOUSE Y..., A DEMANDE AU TRIBUNAL DE GRANDE INSTANCE
DE L'AUTORISER A REPRESENTER SON CONJOINT POUR VENDRE UN PAVILLON APPARTENANT
A CELUI-CI ET QUE, PAR JUGEMENT DU 18 MAI 1979, LA JURIDICTION DE PREMIERE INSTANCE A
ACCUEILLI CETTE DEMANDE, CONFIRMEE ENSUITE PAR LA COUR D'APPEL;

ATTENDU QUE GEORGES Y..., FILS D'ALFRED Y..., FAIT GRIEF A L'ARRET D'AVOIR, SELON LE
PREMIER MOYEN, VIOLE L'ARTICLE 498 DU CODE CIVIL EN NE RECHERCHANT PAS SI LA
REPRESENTATION PREVUE PAR L'ARTICLE 219 DU MEME CODE PERMETTAIT DE POURVOIR
SUFFISAMMENT AUX INTERETS D'ALFRED Y... ET OMIS DE REPONDRE AUX CONCLUSIONS
FAISANT VALOIR QUE, CE DERNIER DEVANT ETRE REPRESENTE D'UNE MANIERE CONSTANTE,
LA VENTE DU PAVILLON LUI APPARTENANT NE POUVAIT ETRE AUTORISEE EN DEHORS DES
FORMES LEGALES DE LA TUTELLE; D'AVOIR AUSSI, SELON LE SECOND MOYEN, VIOLE
L'ARTICLE 219 DU CODE CIVIL QUI SERAIT INAPPLICABLE LORSQUE LES EPOUX B... MARIES
SOUS LE REGIME DE LA SEPARATION DE BIENS; D'AVOIR, ENFIN, SELON LE QUATRIEME MOYEN,
D'UNE PART, ADMIS L'APPLICATION DE L'ARTICLE 219 SUSVISE, ALORS QUE LE REGIME DE
CURATELLE SOUS LEQUEL ETAIT PLACE ALFRED Y... L'EXCLUAIT NECESSAIREMENT, D'AUTRE
PART, VIOLE L'ARTICLE 493-1 DU CODE CIVIL EN CE QUE L'ALTERATION DES FACULTES
MENTALES D'ALFRED Y... N'AURAIT PAS ETE CONSTATEE PAR UN MEDECIN SPECIALISTE CHOISI
SUR UNE LISTE ETABLIE PAR LE PROCUREUR DE LA REPUBLIQUE, ET, DE TROISIEME PART, OMIS
DE CONSTATER QU'ALFRED Y... SE TROUVAIT HORS D'ETAT DE MANIFESTER SA VOLONTE;

MAIS ATTENDU QUE L'ARTICLE 219 DU CODE CIVIL EST APPLICABLE QUEL QUE SOIT LE REGIME
MATRIMONIAL DES EPOUX ET MEME SI LE CONJOINT DONT LA REPRESENTATION EST
DEMANDEE EST DEJA PLACE SOUS L'UN DES REGIMES DE PROTECTION INSTITUE PAR LA LOI N°
68-5 DU 3 JANVIER 1968 PORTANT REFORME DU DROIT DES INCAPABLES MAJEURS; QUE LA
COUR D'APPEL, TANT PAR ADOPTION DES MOTIFS DES PREMIERS JUGES QUE PAR SES PROPRES
MOTIFS, A SOUVERAINEMENT ENONCE, AU VU NOTAMMENT D'UN CERTIFICAT MEDICAL,
QU'ALFRED Y... ETAIT HORS D'ETAT DE MANIFESTER SA VOLONTE ET DE GERER
CONVENABLEMENT SON PATRIMOINE; QU'ELLE A AUSSI CONSTATE QUE L'ENTRETIEN DU
PAVILLON LUI APPARTENANT IMPLIQUAIT DES DEPLACEMENTS QU'IL NE POUVAIT PLUS
EFFECTUER ET ETAIT TROP COUTEUX ET QUE, DES LORS, LA VENTE DUDIT PAVILLON ETAIT <<
LA MESURE LA PLUS SAGE >>; QUE LA COUR D'APPEL A AINSI LEGALEMENT JUSTIFIE SA
DECISION D'HABILITER ANTOINETTE Z..., EPOUSE Y..., A REPRESENTER SON
EPOUX A... VENDRE CE PAVILLON A UN PRIX DETERMINE, DONT LE MONTANT DEVRA ETRE
BLOQUE A UN COMPTE PRODUCTIF D'INTERETS, ET QUE, SAISIE D'UNE ACTION FONDEE SUR
L'ARTICLE 219 DU CODE CIVIL, ELLE N'AVAIT PAS A FAIRE APPLICATION DES ARTICLES 498 ET
493-1 DU CODE CIVIL, NI A REPONDRE A DES CONCLUSIONS ALLEGUANT QUE LA VENTE DU
PAVILLON NE POUVAIT ETRE AUTORISEE EN DEHORS DES FORMES LEGALES DE LA TUTELLE;
QU'AUCUN DES MOYENS NE PEUT DONC ETRE ACCUEILLI;

SUR LE TROISIEME MOYEN :

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ATTENDU QU'IL EST AUSSI FAIT GRIEF A L'ARRET ATTAQUE D'AVOIR VIOLE L'ARTICLE 490-2 DU
CODE CIVIL EN DECIDANT QUE LE PAVILLON APPARTENANT A ALFRED Y... NE CONSTITUAIT
PAS UN LOGEMENT PROTEGE PAR LES DISPOSITIONS DU DIT ARTICLE, ALORS QU'IL S'AGISSAIT
DE LA SEULE HABITATION SUR LAQUELLE IL AVAIT UN DROIT REEL ET DURABLE;
MAIS ATTENDU QUE LA COUR D'APPEL A, DANS L'EXERCICE DE SON POUVOIR SOUVERAIN
D'APPRECIATION, ESTIME QUE LE DIT PAVILLON CONSTITUAIT UNE RESIDENCE SECONDAIRE
POUR ALFRED Y... ET QU'ELLE A JUSTEMENT DEDUIT DE CETTE CONSTATION QUE L'ARTICLE
490-2 DU CODE CIVIL N'ETAIT PAS APPLICABLE; QU'IL S'ENSUIT QUE LE MOYEN NE PEUT ETRE
ACCUEILLI;

PAR CES MOTIFS :

REJETTE LE POURVOI FORME CONTRE L'ARRET RENDU LE 19 DECEMBRE 1979 PAR LA COUR
D'APPEL DE PARIS.

Document n°2

Cour de cassation
Chambre civile 1
Audience publique du mardi 22 novembre 2005 N° de pourvoi : 03-13621
Publié au bulletin
Rejet.

RÉPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

LA COUR DE CASSATION, PREMIERE CHAMBRE CIVILE, a rendu l'arrêt suivant :


Sur le moyen unique :
Attendu que Mme X... s'étant opposée à la vente de l'officine de pharmacie de son époux, celui-ci a saisi le tribunal
de grande instance afin d'être autorisé à passer seul les actes nécessaires à cette cession ;
Attendu que Mme X... fait grief à l'arrêt attaqué (Paris, 29 janvier 2002), d'avoir autorisé la vente de ce fonds de
commerce, alors, selon le moyen, qu'un époux peut être autorisé par justice à passer seul un acte pour lequel le
concours ou le consentement de son conjoint serait nécessaire , si celui-ci est hors d'état de manifester sa volonté
ou si son refus n'est pas justifié par l'intérêt de la famille ; que, dès lors , la cour d'appel, qui, loin de constater que
l'une ou l'autre de ces conditions serait remplie, a retenu que la vente du fonds de commerce de pharmacie devait
être ordonnée afin de prévenir toute opposition de Mme Y..., a violé par fausse application les dispositions de
l'article 217 du Code civil ;

Mais attendu que, sous couvert d'un défaut de base légale, le moyen ne tend qu'à remettre en discussion, devant la
Cour de cassation, les constatations et appréciations de fait dont la cour d'appel a souverainement déduit que la
vente projetée apparaissait conforme aux intérêts de la famille en vue d'apurer au mieux le passif important du
fonds, qu'elle a ainsi légalement justifié sa décision ;

PAR CES MOTIFS :

REJETTE le pourvoi ;

Condamne Mme X... épouse Y... aux dépens ;

Vu l'article 700 du nouveau Code de procédure civile et 37 de la loi du 10 juillet 1991, rejette les demandes ;

Ainsi fait et jugé par la Cour de Cassation, Première chambre civile, et prononcé par le président en son audience
publique du vingt-deux novembre deux mille cinq.

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Document n° 3

Cour de cassation
Chambre civile 1
Audience publique du jeudi 31 janvier 1974 N° de pourvoi : 71-14700
Publié au bulletin
Rejet

RÉPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS

SUR LE MOYEN UNIQUE, PRIS EN SES DEUX BRANCHES : ATTENDU QU'IL RESULTE DES
ENONCIATIONS DE L'ARRET ATTAQUE QUE DE LA COMMUNAUTE EXISTANT ENTRE LES EPOUX
X... DEPEND UNE MAISON DE CAMPAGNE;

QUE X... A MANIFESTE L'INTENTION DE VENDRE CETTE MAISON POUR ACQUITTER LE PASSIF
GREVANT LA COMMUNAUTE MAIS QUE SON EPOUSE S'EST OPPOSEE A CE PROJET;

QUE X... A ALORS ASSIGNE SA FEMME POUR ETRE AUTORISE A PROCEDER SEUL A
L'ALIENATION DE L'IMMEUBLE PAR APPLICATION DE L'ARTICLE 217 DU CODE CIVIL QUI
PREVOIT CETTE AUTORISATION DANS LE CAS OU LE REFUS DU CONJOINT N'EST PAS JUSTIFIE
PAR L'INTERET DE LA FAMILLE ;

ATTENDU QU'IL EST FAIT GRIEF A LA COUR D'APPEL D'AVOIR FAIT DROIT A CETTE DEMANDE
AU MOTIF QUE LE MARI NE SEMBLAIT PAS EN MESURE D'ASSURER LE PAIEMENT DES SOMMES
QUI LUI ETAIENT RECLAMEES SANS RECOURIR A LA MESURE QU'IL SOLLICITAIT ALORS QUE,
SELON LE MOYEN, CE MOTIF DUBITATIF VISANT LA SITUATION FINANCIERE DU MARI NE
CORRESPONDAIT PAS A LA RECHERCHE, QUI S'IMPOSAIT AU JUGE, DE L'INTERET DE LA
FAMILLE ET ALORS QUE DANS SES CONCLUSIONS, DEMEUREES SANS REPONSE, L'EPOUSE
AVAIT FAIT APPARAITRE QUE L'INTERET VERITABLE DE LA FAMILLE, TANT SUR LE PLAN
MORAL QUE FINANCIER, COMMANDAIT LA CONSERVATION DE LA MAISON DE MONTCHAUVET
DANS LE PATRIMOINE FAMILIAL;

MAIS ATTENDU, D'UNE PART, QUE LA COUR D'APPEL RELEVE QUE LES INDICATIONS D'UN
EXPERT PRECEDEMMENT COMMIS POUR DETERMINER LES ELEMENTS ACTIFS ET PASSIFS DE
LA COMMUNAUTE " APPARAISSENT VALABLES EN CE QUI CONCERNE LES RESSOURCES QUI
RESTENT A LA DISPOSITION DE CHACUNE DES PARTIES ", QU'ELLE RELEVE ENSUITE " QU'ON NE
CONCOIT PAS COMMENT X... POURRAIT REALISER DES ECONOMIES SUBSTANTIELLES SUR SON
BUDGET LUI PERMETTANT DE PAYER LES SOMMES QUI LUI SONT RECLAMEES ";
QUE SI ELLE AJOUTE QUE LE MARI NE " SEMBLE " PAS EN MESURE D'ASSURER LE PAIEMENT DE
CES SOMMES, LES ENONCIATIONS SUS-RAPPELEES SUFFISENT A OTER TOUT SENS DUBITATIF
AU TERME CRITIQUE;

ATTENDU, D'AUTRE PART, QU'EN ENONCANT QUE " L'OPPOSITION DE L'EPOUSE NE POUVAIT
TROUVER JUSTIFICATION SUFFISANTE DANS L'INTERET DE LA FAMILLE ", LA COUR D'APPEL A
REPONDU AUX CONCLUSIONS DANS LESQUELLES DAME X... SOUTENAIT LA PRETENTION
CONTRAIRE;

D'OU IL SUIT QUE LE MOYEN N'EST FONDE EN AUCUNE DE SES BRANCHES;

PAR CES MOTIFS : REJETTE LE POURVOI FORME CONTRE L'ARRET RENDU LE 5 OCTOBRE 1971
PAR LA COUR D'APPEL DE PARIS.

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Document n°4

Cour de cassation
Chambre civile 1
Audience publique du mardi 1 octobre 1985 N° de pourvoi : 84-12476
Publié au bulletin
Rejet

RÉPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS

SUR LE MOYEN UNIQUE, PRIS EN SES TROIS BRANCHES : ATTENDU, SELON LES ENONCIATIONS
DES JUGES DU FOND, QUE MAURICE A..., MARIE EN SECONDES NOCES A MME LUCIE Z... SOUS
LE REGIME DE LA SEPARATION DE BIENS, AVAIT PAR LETTRE DU 12 AVRIL 1975 DONNE AU
NOTAIRE D'APPOIGNY MANDAT ECRIT DE VENDRE LA MAISON DONT IL ETAIT PROPRIETAIRE
DANS CETTE COMMUNE ;

QUE, PAR REQUETE DU 4 SEPTEMBRE 1975, SON EPOUSE A SOLLICITE DU TRIBUNAL DE GRANDE
INSTANCE, SUR LE FONDEMENT DE L'ARTICLE 219, ALINEA 1ER, DU CODE CIVIL,
L'HABILITATION A LE REPRESENTER POUR VENDRE CE BIEN AUX EPOUX X..., A UN PRIX FIXE ;
QUE, PAR JUGEMENT DU 18 SEPTEMBRE 1975, LE TRIBUNAL A ACCUEILLI CETTE REQUETE ;
QUE, PAR ACTE EN DATE DU 14 OCTOBRE DE LA MEME ANNEE, RECU PAR LE NOTAIRE DU LIEU,
MME A... REPRESENTANT SON CONJOINT, LA MAISON A ETE VENDU AUX EPOUX X... ;
QUE MAURICE A... ETANT DECEDE LE 20 FEVRIER 1977, SON FILS, M. YVES-MARIE A... A FAIT
TIERCE OPPOSITION AU JUGEMENT DU 18 SEPTEMBRE 1975 ;
QUE CE RECOURS A ETE REJETE PAR JUGEMENT DU 7 MAI 1979 ;
QUE L'ARRET ATTAQUE, RENDU SUR RENVOI APRES CASSATION, A CONFIRME CE JUGEMENT ;
ATTENDU QUE M. YVES-MARIE A... REPROCHE A LA COUR D'APPEL DE S'ETRE CONTREDITE EN
ESTIMANT QUE MAURICE A..., AGE DE 85 ANS, ETAIT HORS D'ETAT DE MANIFESTER SA VOLONTE
AU JOUR DE LA VENTE, ALORS QU'ELLE A ENONCE QU'A LA MEME EPOQUE MAURICE A... AVAIT
DONNE "EN TOUTE LUCIDITE" MANDAT AU NOTAIRE DE VENDRE SA MAISON ;
QU'IL EST AUSSI SOUTENU QUE L'ARTICLE 219 DU CODE CIVIL N'AUTORISE LA
REPRESENTATION D'UN EPOUX PAR SON CONJOINT QUE POUR UN ACTE PAR LEQUEL IL EXERCE
LES POUVOIRS RESULTANT DU REGIME MATRIMONIAL ET QU'EN NE RECHERCHANT PAS SI,
COMME L'AVAIENT FAIT VALOIR LES CONCLUSIONS, LE JUGEMENT FRAPPE DE TIERCE
OPPOSITION AVAIT LEGALEMENT PU HABILITER MME MAURICE A... A REPRESENTER SON MARI,
SEPARE DE BIENS, POUR LA VENTE D'UN BIEN PERSONNEL DE CELUI-CI, LA JURIDICTION DU
SECOND DEGRE N'A PAS DONNE DE BASE LEGALE A SA DECISION ;
QU'IL EST ENCORE INVOQUE QUE L'HABILITATION A REPRESENTER LE CONJOINT POUR UN
ACTE PARTICULIER NE PEUT ETRE DONNEE QUE SI CET ACTE REPOND A L'INTERET DE L'EPOUX
EMPECHE ET A CELUI DE LA FAMILLE ET QU'EN NE RECHERCHANT PAS SI, COMME L'Y AVAIENT
INVITE LES CONCLUSIONS DE L'HERITIER DE MAURICE A... LA VENTE DE LA MAISON N'ETAIT
PAS CONTRAIRE A L'INTERET DE LA FAMILLE, LA COUR D'APPEL A PRIVE SA DECISION DE BASE
LEGALE ;

MAIS ATTENDU, EN PREMIER LIEU, QU'EN RELEVANT QU'EN AVRIL 1975, MAURICE A... AVAIT
DONNE A SON NOTAIRE, QUI AVAIT ATTESTE DE LA LUCIDITE DE SON CLIENT MANDAT DE
VENDRE SA MAISON D'APPOIGNY, ET QUE, PAR AILLEURS, AUCUNE DES PARTIES NE
CONTESTAIT DEVANT ELLE QU'AU MOMENT DE LA VENTE, AU MOIS DE SEPTEMBRE SUIVANT,
MAURICE A..., AGE DE 85 ANS, ETAIT HORS D'ETAT DE MANIFESTER SA VOLONTE, LA COUR
D'APPEL NE S'EST NULLEMENT CONTREDITE ;

ATTENDU, EN DEUXIEME LIEU, QUE, QUEL QUE SOIT LE REGIME MATRIMONIAL, LE MARIAGE
CREE ENTRE LES EPOUX UNE ASSOCIATION D'INTERETS A RAISON DE LAQUELLE CHACUN
D'EUX A VOCATION A REPRESENTER L'AUTRE SOUS LE
CONTROLE DU JUGE ;

QUE L'ARTICLE 219 DU CODE CIVIL, EN PERMETTANT A UN EPOUX DE REPRESENTER SON


CONJOINT DANS L'EXERCICE DES POUVOIRS DU REGIME MATRIMONIAL, VISE DONC TOUS LES

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POUVOIRS D'ORDRE PATRIMONIAL SANS EXCLURE CEUX DE L'EPOUX SEPARE DE BIENS SUR
SES BIENS PERSONNELS ;

ET ATTENDU, EN TROISIEME LIEU, QUE LA FINALITE DE LA DISPOSITION DE L'ARTICLE 219 DU


CODE CIVIL CONDUIT A PRENDRE EN CONSIDERATION L'INTERET BIEN COMPRIS DE L'EPOUX
QUI DOIT ETRE REPRESENTE ET DONC PERSONNELLEMENT ENGAGE ;

QU'EN L'ESPECE, S'AGISSANT D'UN ACTE DE DISPOSITION, LES JUGES DU FOND AVAIENT A
RECHERCHER SI DES CIRCONSTANCES PARTICULIERES JUSITIFIAIENT LA VENTE DE LA MAISON
DANS L'INTERET DU CONJOINT QUI EN ETAIT PROPRIETAIRE ;

QU'EN RELEVANT QU'IL S'AGISSAIT D'UNE RESIDENCE SECONDAIRE QUI N'ETAIT PLUS HABITEE
DEPUIS PLUSIEURS ANNEES, QUE SON ETAT NECESSITAIT DES TRAVAUX CONSIDERABLES,
AUXQUELS LE PROPRIETAIRE, QUI AVAIT DES RESSOURCES MODESTES, NE POUVAIT FAIRE
FACE, CE QUI EXPLIQUAIT QUE QUELQUES MOIS AUPARAVANT IL AIT, EN TOUTE LUCIDITE,
CHARGE SON NOTAIRE DE RECHERCHER UN ACQUEREUR, LA COUR D'APPEL QUI, POUR
AUTORISER LA REPRESENTATION PAR LE CONJOINT EN VUE DE LA VENTE DE CE BIEN, A PRIS
AINSI EN CONSIDERATION L'INTERET BIEN COMPRIS DE L'EPOUX REPRESENTE, A LEGALEMENT
JUSTIFIE SA DECISION ;

QU'EN AUCUNE DE SES BRANCHES LE MOYEN N'EST DONC FONDE ; PAR CES MOTIFS : REJETTE
LE POURVOI ;

Document n°5

Cour de cassation
Chambre civile 1
Audience publique du jeudi 13 novembre 2003 N° de pourvoi : 01-16977
Publié au bulletin
Rejet.

RÉPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

LA COUR DE CASSATION, PREMIERE CHAMBRE CIVILE, a rendu l'arrêt suivant :

Attendu que M. X... et Mme Y... se sont mariés le 9 juillet 1966 sous le régime légal ; qu'un jugement du 5
novembre 1996 a débouté Mme X... de sa demande en divorce ; qu'une ordonnance de référé du 28 mai 1998 a
désigné un administrateur provisoire avec mission de gérer le patrimoine commun ; qu'un jugement du 23
septembre 1999 a prononcé la séparation de biens des époux ; qu'un arrêt du 7 novembre 2000 a rejeté deux
exceptions de procédure et qu'un arrêt du 4 septembre 2001 a confirmé le jugement ;

Sur le premier moyen, pris en ses deux branches, tel qu'il figure au mémoire en demande et est reproduit en annexe
au présent arrêt :

Attendu que M. X... fait grief à l'arrêt du 7 novembre 2000 d'avoir rejeté les moyens tirés de la nullité de
l'assignation et de l'irrecevabilité de la demande en séparation de biens formée par Mme X... ;
Attendu qu'une mesure urgente et provisoire prescrite en application de l'article 220-1 du Code civil ne fait pas
obstacle au prononcé d'une séparation de biens en application de l'article 1443 du même Code, sans qu'il soit fait
obligation d'attraire à l'instance l'administrateur désigné au titre de cette mesure ; que le moyen n'est pas fondé ;

Sur le second moyen, pris en ses cinq branches, tel qu'il figure au mémoire en demande et est reproduit en annexe
au présent arrêt :

Attendu que M. X... fait grief à l'arrêt du 4 septembre 2001 d'avoir confirmé le jugement ;
Attendu que c'est dans l'exercice de son pouvoir souverain que la cour d'appel, qui n'a pas inversé la charge de la
preuve et qui n'était pas tenue de répondre aux énonciations des conclusions de M. X... relatives aux biens propres
de Mme X..., a, par une décision motivée, estimé que celui-ci était dans l'incapacité de produire un compte rendu
complet et cohérent de la gestion de la communauté, qu'il laissait son épouse dans l'ignorance de la situation exacte
de leur patrimoine et que les seuls éléments objectifs révélaient que sa gestion était déficitaire et que le patrimoine

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immobilier acquis ne cessait de se dégrader et donc de se dévaluer, faute des travaux d'entretien et de rénovation
nécessaires ; qu'elle n'a pu qu'en déduire que le désordre dans les affaires et la mauvaise gestion de M. X... mettaient
en péril les intérêts de Mme X... en raison de l'accumulation des déficits ; qu'elle a ainsi légalement justifé sa
décision ;

PAR CES MOTIFS :

REJETTE le pourvoi ;

Condamne M. X... aux dépens ;

Vu l'article 700 du nouveau Code de procédure civile, condamne M. X... à payer à Mme X... la somme de 2 000
euros ;

Ainsi fait et jugé par la Cour de Cassation, Première chambre civile, et prononcé par le président en son audience
publique du treize novembre deux mille trois.

Document n°6

Cour de cassation
Chambre civile 1
Audience publique du mercredi 30 septembre 2009 N° de pourvoi : 08-13220
Publié au bulletin
Rejet

RÉPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS

LA COUR DE CASSATION, PREMIÈRE CHAMBRE CIVILE, a rendu l'arrêt suivant :

Attendu que M. X... et Mme Y... se sont mariés le 8 décembre 1978 sous le régime de la séparation de biens ; que,
par un arrêt du 23 novembre 2004, statuant sur les mesures provisoires ordonnées par une ordonnance de non
conciliation, la jouissance du domicile conjugal, bien propre du mari, a été attribuée à l'épouse à titre gratuit en
complément d'une pension alimentaire versée au titre du devoir de secours ; que M. X... a assigné sa femme sur le
fondement de l'article 217 du code civil aux fins d'être autorisé
à procéder à la vente du domicile conjugal sans son consentement ; Sur le moyen unique, pris en ses deux
premières branches :

Attendu que Mme Y... fait grief à l'arrêt attaqué (Metz, 9 janvier 2008) d'avoir autorisé son mari à procéder à la
vente de la maison d'habitation constituant le domicile conjugal sans son consentement, alors, selon le moyen :
1°/ qu'en ne répondant pas aux conclusions récapitulatives d'appel de Mme X... du 13 juin 2007 faisant valoir que
M. X... tentait par la présente instance de remettre en cause les mesures provisoires prononcées par le juge aux
affaires familiales qui avaient vocation à s'appliquer jusqu'au jour où le divorce deviendrait définitif, et, ce, en
reprenant les mêmes arguments que ceux développés lors de la procédure d'appel de l'ordonnance de non
conciliation, la cour d'appel a violé l'article 455 du code de procédure civile ;

2°/ qu'en tout état de cause, une décision du juge aux affaires familiales passée en force de chose jugée, statuant
sur l'attribution du domicile conjugal à l'un des époux jusqu'au prononcé définitif du divorce, a autorité de la chose
jugée en ce qui concerne cette attribution tant que la procédure de divorce est en cours ; qu'un arrêt du 23 novembre
2004, passé en force de chose jugée, statuant sur appel d'une ordonnance de non conciliation du juge aux affaires
familiales, avait attribué à Mme X... la jouissance à titre gratuit de ce domicile conjugal ; qu'en écartant la fin de
non recevoir tirée de l'autorité de la chose jugée de l'arrêt du 23 novembre 2004 soulevée par l'exposante et en
faisant droit à la nouvelle demande de M. X... de pouvoir disposer du domicile conjugal, à une date où la procédure
de divorce était toujours en cours et où la décision du juge conciliateur continuait de produire ses effets, la cour
d'appel a violé l'article 1351 du code civil, ensemble l'article 482 du code de procédure civile ;

Mais attendu que l'attribution, à titre provisoire, de la jouissance du domicile conjugal à l'un des époux par le juge
du divorce ne fait pas obstacle à une autorisation judiciaire de vente du logement familial à la demande de l'autre

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époux en application de l'article 217 du code civil ; que par ce motif de pur droit, substitué, dans les conditions de
l'article 1015 du code de procédure civile, à celui critiqué, l'arrêt se trouve légalement justifié ;
Sur le moyen unique, pris en ses deux dernières branches :

Attendu que Mme Y... fait le même grief à l'arrêt attaqué, alors, selon le moyen :

3°/ qu'en cas de survenance d'un fait nouveau au cours de la procédure de divorce, il est du pouvoir du juge aux
affaires familiales et de lui seul de supprimer, modifier ou compléter les mesures provisoires qu'il a prescrites ;
que le tribunal de grande instance et la cour d'appel de Metz ne pouvaient en conséquence statuer sur la demande
de M. X... tendant, en définitive, à obtenir modification de la mesure prononcée par le juge aux affaires familiales
relative à l'attribution à son épouse de la jouissance à titre gratuit du domicile conjugal ; qu'en statuant néanmoins
sur cette demande, la cour d'appel a excédé ses pouvoirs, violant ainsi l'article 1118 du code de procédure civile ;

4°/ subsidiairement, que ce n'est qu'en cas de survenance d'un fait nouveau que les mesures provisoires prescrites
par le juge aux affaires familiales peuvent être modifiées ou complétées ; qu'en s'abstenant de rechercher, ainsi
qu'elle le devait et qu'il lui était au demeurant demandé, si la demande de M. X..., présentée au cours de la procédure
de divorce et visant en définitive à obtenir modification de la mesure prononcée par le juge aux affaires familiales
relative à l'attribution à son épouse de la jouissance à titre gratuit du domicile conjugal, était fondée sur la
survenance de faits nouveaux depuis l'arrêt du 23 novembre 2004, la cour d'appel a privé sa décision de base légale
au regard de l'article 1118 du code de procédure civile ;

Mais attendu qu'après avoir procédé à une appréciation d'ensemble de l'intérêt familial et constaté d'abord que le
budget mensuel de M. X..., seul à exercer une activité professionnelle rémunérée, présentait un déficit mensuel
d'un certain montant, de nature à altérer sérieusement le budget familial, puis que ce dernier avait d'ores et déjà
engagé des opérations de cession de ses avoirs propres pour assurer le paiement de dettes, la cour d'appel, statuant
sur sa demande d'être autorisé à effectuer seul un acte de disposition sur le domicile conjugal, a souverainement
déduit des éléments produits, que la vente projetée en vue de ne pas aggraver un déficit et de parvenir à une gestion
de trésorerie plus saine, apparaissait conforme à l'intérêt de la famille ; que par ces motifs non critiqués, la cour
d'appel a légalement justifié sa décision ;

PAR CES MOTIFS :

REJETTE le pourvoi ;

Condamne Mme Y... aux dépens ;

Vu l'article 700 du code de procédure civile, rejette la demande de Mme Y... ;

Ainsi fait et jugé par la Cour de cassation, première chambre civile, et prononcé par le président en son audience
publique du trente septembre deux mille neuf.

MOYEN ANNEXE au présent arrêt

Moyen produit par la SCP Didier et Pinet, avocat aux Conseils pour Mme Y...
Il est fait grief à l'arrêt infirmatif attaqué d'AVOIR autorisé Monsieur Bertrand X... à procéder à la vente de la
maison d'habitation faisant office de domicile conjugal, sis ... (Moselle) sans le consentement de Madame Aline
Y... épouse X... ;
AUX MOTIFS PROPRES QU'aux termes de l'article 217 du code civil "un époux peut être autorisé par justice à
passer seul un acte pour lequel le concours ou le consentement de son conjoint serait nécessaire, si celui-ci est hors
d'état de manifester sa volonté ou si son refus n'est pas justifié par l'intérêt de la famille" ; qu'en l'espèce, la demande
de Monsieur X... sur ce fondement est justifiée par les termes de l'article 215 alinéa 3 du même code qui précisent
que "les époux ne peuvent l'un sans l'autre disposer des droits par lesquels est assuré le logement de la famille, ni
les meubles meublants dont il est garni (...)" ; qu'en effet selon arrêt infirmatif du 23 novembre 2004, la cour
d'appel de Metz a attribué à Madame X... le domicile conjugal à titre gratuit, en complément du devoir de secours
pécuniaire de 1500 euros par mois ; que le premier juge avait attribué à Monsieur Bertrand X... le domicile
conjugal, s'agissant d'un bien propre, son épouse étant autorisée à s'y maintenir jusqu'à sa vente ; que les
dispositions de l'article 215 sus cité, ne reçoivent application que précédemment à la dissolution du lien
matrimonial ; que la notion "d'intérêt de la famille" au sens de l'article susvisé, s'entend à la fois de ses intérêts
patrimoniaux et non patrimoniaux ; qu'il est constant

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qu'en période de crise, s'agissant d'une instance en divorce en l'espèce, le choix s'impose entre divers intérêts
individuels, l'intérêt légitime d'un membre de la famille pouvant ainsi constituer l'intérêt de la famille ;qu'en outre,
l'intérêt de la famille doit s'apprécier au regard de l'endettement important des époux et peut recouvrir l'intérêt des
créanciers lorsqu'il s'agit de travailler à la diminution du passif conjugal ; que Monsieur Bertrand X... prétend que
la seule solution pour résoudre son endettement important, dont le montant n'est pas détaillé, « et mettre un terme
rapidement aux besoins urgents de trésorerie, (c')est la vente de la résidence principale qui peut être estimée à
610000.00 euros" et produit une attestation de la société d'expertise comptable A.C.M.F. du 6 janvier 2004 en ce
sens ; qu'il échet de constater, que Monsieur Bertrand X... a tenté depuis l'instauration de la procédure de divorce,
d'assumer les dettes du couple et les dettes fiscales et professionnelles, soit en créant de la trésorerie par la vente
de biens professionnels ou la création d'une SELARL, soit par la souscription de nouveaux crédits qui obèrent la
viabilité de son budget; que la seule exception a été faite pour l'acquisition de son domicile ; que sa situation est
de nature à sérieusement altérer le budget familial, dès lors que Monsieur X... est le seul à percevoir des revenus
et à exercer une activité professionnelle rémunérée ; que l'immeuble occupé par Madame X... est un bien propre
de son époux d'une valeur estimée de l'ordre de 600.000 euros ; qu'ainsi, il y a lieu de considérer au vu des éléments
sus énoncés, que la demande de Monsieur X... formée au visa de l'article 217 du code civil, est conforme à l'intérêt
de la famille ; que la volonté de Monsieur X... de ne pas aggraver son déficit et de retrouver une gestion de trésorerie
plus saine est conforme à cette notion ; qu'enfin, il y a lieu de rappeler que Madame X... n'est aucunement fondée
à s'opposer à cet acte de disposition d'un bien qui ne lui appartient pas, mais qu'elle occupe en vertu d'une décision
de justice ; qu'enfin, Madame X... n'a plus d'enfant mineur à charge et si elle fait état de l'hébergement de deux de
ses enfants majeurs, aucune circonstance de fait ne vient s'opposer à ce que, pour cette raison, la demande de
Monsieur X... soit écartée ; qu'en conséquence il y sera fait droit, le jugement déféré étant infirmé à cet égard ;

ET AUX MOTIFS EVENTUELLEMENT ADOPTES QUE selon l'article 482 du code de procédure civile, les
décisions qui se bornent à ordonner une mesure provisoire n'ont pas au principal l'autorité de la chose jugée ; que
tel est le cas des mesures provisoires
ordonnées par le juge aux affaires familiales dans le cadre de l'ordonnance de non-conciliation ou par la cour
d'appel en cas de recours (article 254 du code civil) ; que dès lors, l'exception d'irrecevabilité soulevée sera rejetée
;

1°) ALORS QU' en ne répondant pas aux conclusions récapitulatives d'appel de Madame X... du 13 juin 2007
faisant valoir que Monsieur X... tentait par la présente instance de remettre en cause les mesures provisoires
prononcées par le juge aux affaires familiales qui avaient vocation à s'appliquer jusqu'au jour où le divorce
deviendrait définitif, et, ce, en reprenant les mêmes arguments que ceux développés lors de la procédure d'appel
de l'ordonnance de non conciliation, la cour d'appel a violé l'article 455 du code de procédure civile ;

2°) ALORS QU' en tout état de cause, une décision du juge aux affaires familiales passée en force de chose jugée,
statuant sur l'attribution du domicile conjugal à l'un des époux jusqu'au prononcé définitif du divorce, a autorité de
la chose jugée en ce qui concerne cette attribution tant que la procédure de divorce est en cours ; qu'un arrêt du 23
novembre 2004, passé en force de chose jugée, statuant sur appel d'une ordonnance de non conciliation du juge
aux affaires familiales, avait attribué à Madame X... la jouissance à titre gratuit de ce domicile conjugal ; qu'en
écartant la fin de non recevoir tirée de l'autorité de la chose jugée de l'arrêt du 23 novembre 2004 soulevée par
l'exposante et en faisant droit à la nouvelle demande de Monsieur X... de pouvoir disposer du domicile conjugal,
à une date où la procédure de divorce était toujours en cours et où la décision du juge conciliateur continuait de
produire ses effets, la cour d'appel a violé l'article 1351 du code civil, ensemble l'article 482 du code de procédure
civile ;

3°) ALORS QU' en cas de survenance d'un fait nouveau au cours de la procédure de divorce, il est du pouvoir du
juge aux affaires familiales et de lui seul de supprimer, modifier ou compléter les mesures provisoires qu'il a
prescrites ; que le tribunal de grande instance et la cour d'appel de Metz ne pouvaient en conséquence statuer sur
la demande de Monsieur X... tendant, en définitive, à obtenir modification de la mesure prononcée par le juge aux
affaires familiales relative à l'attribution à son épouse de la jouissance à titre gratuit du domicile conjugal ; qu'en
statuant néanmoins sur cette demande, la cour d'appel a excédé ses pouvoirs, violant ainsi l'article 1118 du code
de procédure civile ;

4°) ALORS QUE , subsidiairement, ce n'est qu'en cas de survenance d'un fait nouveau que les mesures provisoires
prescrites par le juge aux affaires familiales peuvent être modifiées ou complétées ; qu'en s'abstenant de rechercher,
ainsi qu'elle le devait et qu'il il lui était au demeurant demandé, si la demande de Monsieur X..., présentée au cours
de la procédure de divorce et visant

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en définitive à obtenir modification de la mesure prononcée par le juge aux affaires familiales relative à l'attribution
à son épouse de la jouissance à titre gratuit du domicile conjugal, était fondée sur la survenance de faits nouveaux
depuis l'arrêt du 23 novembre 2004, la cour d'appel a privé sa décision de base légale au regard de l'article 1118
du code de procédure civile.

Document n°7

La Semaine Juridique Notariale et Immobilière n° 22, 2 Juin 2017, 1194

« Faire seul, ce qui aurait dû être fait à deux »

Commentaire par Alex TANI diplômé supérieur du notariat, doctorant en droit privé, chargé d'enseignements
université Toulouse 1 Capitole, IDP (EA 1920)

L'article 217 du Code civil permet de venir à bout de l'entêtement d'un époux, dès lors que son refus n'est pas
justifié par l'intérêt de la famille. Si la mise en œuvre de ce texte est bien connue lorsqu'il s'agit de disposer du
logement de la famille ou lorsqu'il s'agit de mettre en vente un immeuble commun, les décisions sont beaucoup
plus rares lorsqu'il s'agit pour l'un des époux de se faire autoriser en justice à céder seul un bien détenu en indivision
avec son conjoint.

CA Lyon, 4 avr. 2017, n° 15/04816 : JurisData n° 2017-006540

MOTIFS ET DECISION

(...)

Sur le fond,

Attendu que l'article 217 du code civil dispose qu'un époux peut être autorisé par justice à passer seul un acte
pour lequel le concours ou le consentement de son conjoint est nécessaire, si celui-ci est hors d'état de manifester
sa volonté ou si son refus n'est pas justifié par l'intérêt de la famille ;

Attendu que l'article 1109 du code de procédure civile n'est pas applicable à la présente procédure ;

Attendu que monsieur Denis B. ne produit aucune pièce nouvelle en appel, que comme l'a relevé à juste titre le
premier juge il est particulièrement taisant sur sa situation actuelle en termes de ressources ;

Attendu qu'en l'absence d'élément nouveau soumis à son appréciation, la cour estime que le premier juge, par des
motifs pertinents qu'elle approuve, a fait une exacte appréciation des faits de la cause et du droit des parties ;

Attendu que le pré-rapport d'expertise en date du 25 avril 2014 de maître L., notaire, a évalué à 262 769,68 euros
la soulte que monsieur Denis B. devrait payer à madame Sophie B. si la maison de Saint-Genis Laval lui était
attribuée, pour une valeur de 522 500 euros ;

Attendu que monsieur Denis B. n'a pas, dans le cadre de la procédure de divorce, sollicité le bénéfice de
l'attribution préférentielle de ladite maison, qu'il indique être salarié de la société Construction Rhône Alpes tout
en mentionnant en première page de ses écritures être en recherche d'emploi, qu'il ne produit aucun justificatif
sur d'éventuelles ressources qu'il percevrait, que depuis 2013 il n'a pas réglé de pension alimentaire, madame
Sophie B. indiquant que l'arriéré est de 13.250 euros, qu'il n'a pas réglé la moitié des frais de scolarité des enfants
;

Attendu que madame Sophie B. justifie par les pièces versées aux débats, que ses ressources ne lui permettent pas
d'assumer les charges afférentes à la maison et notamment le remboursement du prêt immobilier dont les
échéances mensuelles sont de 1 402,76 euros;

Attendu qu'il résulte des éléments susvisé que le refus de monsieur Denis B. est contraire à l'intérêt de la famille
alors qu'il ne produit aucun élément sur ses capacités financières à payer la soulte susvisée, qu'il convient en
conséquence de confirmer la décision déférée qui a autorisé madame Sophie B. à régulariser seule des mandats
portant sur la vente du bien immobilier propriété de madame Sophie B. et de monsieur Denis B., situé [...], pour
un prix net vendeur minimum de 500.000 euros ;

11
Attendu que s'agissant des demandes de madame Sophie B., il convient d'adopter les motifs du premier juge et de
confirmer le jugement qui l'a déboutée de ses demandes tendant à ce qu'elle soit autorisée à procéder ou faire
procéder à toute visite des lieux à charge pour elle de prévenir son époux au moins 48 heures à l'avance, à solder
le crédit immobilier et à prélever à son profit la moitié du solde du prix de vente, alors qu'il appartiendra au
notaire chargé de la vente de procéder au paiement des dettes afférentes au dit bien et notamment du solde du prêt
immobilier ;

Attendu que le surplus des fonds seront séquestrés entre les mains du dit notaire, dans l'attente des opérations de
liquidation partage ;

(...)

PAR CES MOTIFS

La Cour, après débats en chambre du conseil, après en avoir délibéré, statuant contradictoirement et en dernier
ressort :

Confirme le jugement entrepris en toutes ses dispositions,

Y ajoutant,

Dit que le solde du prix de vente de la maison sise [...], après paiement par le notaire chargé de la vente, des
dettes afférentes au dit bien et notamment du solde du prêt immobilier, sera séquestré entre les mains de ce dernier
dans l'attente des opérations de liquidation partage des intérêts patrimoniaux des époux ;

(...)

Note :

L'arrêt rapporté vient utilement étoffer une jurisprudence malheureusement trop pauvre sur l'article 217 du Code
civil. Pourtant, en pratique, les difficultés sont récurrentes, et ce texte est susceptible, s'il est bien employé, de
rendre de grands services.

Chacun le sait, le divorce - même à l'heure du « divorce sans juge » - peut conduire à bien des situations de blocage.
Tel est assurément le cas lorsqu'il s'agit de procéder à la vente d'un bien pendant le divorce, où les points de
discorde ne manquent pas : soit que l'un des époux ne veuille pas vendre le bien, soit qu'il y ait un désaccord sur
le prix, soit qu'il y ait mésentente sur sa répartition selon les éventuelles créances ou récompenses, etc.

Que faire dans ces situations délicates, mais fréquentes ?

Fort heureusement, il existe dans le régime primaire un texte qui permet de venir à bout de l'entêtement de l'un des
époux : « un époux peut être autorisé par justice à passer seul un acte pour lequel le concours ou le consentement
de son conjoint serait nécessaire, si celui-ci est hors d'état de manifester sa volonté ou si son refus n'est pas justifié
par l'intérêt de la famille » (C. civ., art. 217, al. 1er).

En l'espèce, l'épouse - mariée sous le régime de la séparation de biens - souhaitait se faire autoriser, sur le
fondement de l'article 217 du Code civil, à vendre un bien qu'elle détenait en indivision avec son mari, et qu'elle
occupait désormais seule pour s'en être fait attribuer la jouissance exclusive par le juge aux affaires familiales.
L'époux refusait, sans réellement se justifier, en tentant d'invoquer l'absence d'urgence à procéder à une telle vente.

Les juges lyonnais, confirmant les premiers juges, ont finalement estimé qu'il y avait lieu, en l'espèce, à faire
application de l'article 217 du Code civil, et à autoriser l'épouse à procéder seule à la vente de la maison.

Plusieurs enseignements peuvent être tirés de cette décision, tant pour le notaire (1) l'avocat (2) que le juge (3).

1. Le notaire
À peine est-il nécessaire de le rappeler, le notaire ne peut évidemment pas recevoir un acte sans recueillir le
consentement ou le concours du conjoint lorsque la loi l'exige.

12
Les cas où le concours ou le consentement du conjoint sont nécessaires pour vendre un bien sont nombreux, et
parfaitement connus : ainsi va-t-il du bien constituant le logement de la famille (C. civ., art. 215, al. 3), du bien
commun aux époux (C. civ., art. 1424), du bien détenu en indivision entre les époux (C. civ, art. 815-3, al. 3)...

Pas plus, le notaire ne peut considérer que le fait que la jouissance du domicile conjugal ait été attribuée à un époux
permet à celui-ci de se dispenser du consentement ou du concours de son conjoint. La Cour de cassation a une
position constante : « l'attribution, à titre provisoire, de la jouissance du domicile conjugal à l'un des époux par le
juge du divorce ne fait pas obstacle à une autorisation judiciaire de vente du logement familial à la demande de
l'autre époux » (Cass. 1re civ., 30 sept. 2009, n° 08-13.220 : JurisData n° 2009-049663 : RTD civ. 2009, p. 703,
obs. J. Hauser ; AJ fam. 2009, p. 451, obs. S. David ; Defrénois 2010, p. 865, obs. J. Massip ; RJPF 2010-2/24,
obs. F. Vauvillié ; RLDC 2009/65, n° 3613, obs. E. Pouliquen ; JCP 2010, n° 487, obs. G. Wiederkehr ; Dr fam.
2009, obs. V. Larribau-Terneyre).

Lorsqu'il est face à un refus de l'époux dont la loi exige le consentement ou le concours, le notaire n'a pas d'autre
choix que de conseiller à son client de se tourner vers son avocat.

2. L'avocat
L'avocat pourra adresser une demande pour obtenir du juge l'autorisation que son client procède seul à la vente du
bien pour laquelle il aurait dû en principe solliciter le consentement ou le concours de son conjoint.

Si la mise en œuvre de l'article 217 du Code civil est bien connue lorsqu'il s'agit de disposer du logement de la
famille (TGI Paris, 29 sept. 1972 : D. 1975, p. 540, note Cl.-I. Foulon-Piganiol ; JCP G 1974, II, 17620, note
Théry), ou lorsqu'il s'agit de mettre en vente un immeuble commun (TGI Nevers, 29 nov. 1972 : D. 1973, p. 415,
note G. A. ; Defrénois 1973, p. 937, note J. Massip), les décisions sont beaucoup plus rares lorsqu'il s'agit pour
l'un des époux de se faire autoriser en justice à céder seul un bien détenu en indivision avec son conjoint. Pourtant,
la situation est fréquente et elle peut se rencontrer dans bien des cas : sous le régime de la séparation de biens
(grande majorité des contrats de mariage en France), ou sous un régime de communauté lorsque les époux ont
acheté un bien en indivision avant de se marier (car, aujourd'hui, c'est bien souvent dans cet ordre que les choses
s'opèrent : un jeune couple étant plus enclin à acquérir, qu'à se marier). Lorsqu'il s'agit comme en l'espèce d'un
bien indivis, l'époux et son conseil ont une option :

- agir sur le fondement des règles propres à l'indivision, en invoquant l'application de l'article 815-5, alinéa
1. Selon ce texte « un indivisaire peut être autorisé par justice à passer seul un acte pour lequel le
consentement d'un coïndivisaire serait nécessaire, si le refus de celui-ci met en péril l'intérêt commun » ;
- agir sur le fondement des règles propres aux régimes matrimoniaux, et recourir à l'article 217 du Code
civil en prouvant la contrariété à « l'intérêt de la famille ».
Tant que le divorce n'est pas prononcé, le lien matrimonial - quoique distendu - demeure, et les époux peuvent, à
leur guise, faire application de l'article 217 ou 815-5 du Code civil (V. M. Lamarche et J.-J. Lemouland : Rép. civ.
Dalloz 2014, act. 2016)., V° Mariage, 4° Effets, n° 311 ; J.-Cl. Divorce, V° Indivision - Vente de biens indivis,
fasc. 534, n° 23 ; J.-Cl. Notarial Formulaire, V° Séparation de biens, fasc. 20). Estimant probablement que la
contrariété à l'intérêt de la famille était plus aisée à démontrer que la mise en péril de l'intérêt commun des
coindivisaires, c'est sur le fondement de l'article 217 du Code civil que l'épouse a choisi d'agir en l'espèce.

Conseil pratique

Une fois le fondement de la demande déterminé, il peut être fait le conseil suivant : la demande fondée sur l'article
217 du Code civil doit être suffisamment précise, et envisager tous les actes qui seront nécessaires à l'aboutissement
de l'opération projetée.

Au moment de former sa demande, l'avocat doit ici faire montre d'une grande précision. Outre solliciter
l'autorisation de vendre le bien, il peut être utile de demander au juge d'autoriser l'époux à signer un avant-contrat
(promesse synallagmatique ou unilatérale de vente), confier un mandat à un agent immobilier, demander à
organiser des visites, ordonner au conjoint récalcitrant de laisser visiter le bien sous astreinte, demander le
remboursement du solde de l'emprunt, se faire autoriser à résilier l'assurance du bien, demander la remise des clefs
sous astreinte, demander le séquestre du prix jusqu'à la fin des opérations de liquidation et de partage...

Enfin, il pourra être souhaitable (comme ce fût le cas ici) d'agir rapidement en assignant à jour fixe le demandeur.
Rappelons qu'en cas d'urgence le président du tribunal peut autoriser le demandeur, sur sa requête, à assigner le
défendeur à jour fixe (CPC, art. 788, al. 1). Cette procédure à jour fixe peut s'avérer bienvenue, spécialement
lorsque l'époux désireux de vendre aurait reçu directement, ou par l'intermédiaire d'une agence immobilière, une

13
offre de la part de potentiels acheteurs. Une fois la demande formée, c'est au juge qu'il revient d'apprécier
souverainement la situation.

3. Le juge

L'application de l'article 217 du Code civil est soumise au respect d'une condition fondamentale : l'époux qui agit
doit démontrer que le refus que lui oppose son conjoint est contraire à « l'intérêt de la famille ». L'intérêt de la
famille est une notion à contenu variable malaisée à appréhender (J. Carbonnier, Les notions à contenu variable
dans le droit français de la famille, in Les notions à contenu variable en droit (dir. C. Perelman et R. Vander Elst)
: Bruylant 1984, p. 99. - V. Fraissinier-Amiot, L'intérêt de la famille : une notion “standard” à contenu variable :
LPA 28 déc. 2007, n° 260, p. 4), qui laisse au juge un large pouvoir d'appréciation (sur l'appréciation souveraine
:Cass. 1re civ., 22 nov. 2005, n° 03-13.621 : JurisData n° 2005-030840 : D. 2006 p. 1421, obs. J.-J. Lemouland et
D. Vigneau ; JCP G 2006, I., 141, obs. G. Wiederkehr ; Dr fam. 2006, n° 21, obs. V. Larribau-Terneyre). Les
décisions en la matière, quoique rares, révèlent tout de même que les juges fondent leurs décisions sur des faisceaux
d'indices. L'arrêt commenté est de ce point de vue tout à fait révélateur, puisque les juges ont fondé leur conviction
sur deux éléments fréquemment repris en jurisprudence :

- les charges financières qui pèsent sur la famille. Parmi les éléments pris en compte par les juges du fond, on
trouve fréquemment les charges qui pèsent sur la famille, et plus particulièrement celles relatives à un éventuel
emprunt immobilier. En l'espèce, les juges n'ont vraisemblablement pas été insensibles au fait que les ressources
de l'épouse ne lui permettaient plus d'assurer les charges afférentes à la maison, et notamment au remboursement
du prêt immobilier dont les échéances mensuelles s'élevaient à 1 402,76 euros. La prise en compte de l'importance
des charges d'emprunt semble être un élément déterminant dans la mise en jeu de l'article 217 du Code civil (CA
Versailles, 9 juin 2016, n° 15/06045. - CA Toulouse, 3 mars 2016, n° 16/165, n° 2016-010937. - Cass. 1re civ., 9
sept. 2015, n° 14-11.901 : JurisData n° 2015-020096. - CA Versailles, 25 juin 2015, n° 14/07570. - CA Rouen, 19
févr. 2015, n° 13/04642);

- le caractère injustifié du refus. Si la preuve de la contrariété à l'intérêt de la famille incombe irrémédiablement


au demandeur (CA Lyon, 30 oct. 2012, n° 11/05934 : JurisData n° 2012-024674), l'époux récalcitrant gagne
rarement à rester taisant ou confus sur les circonstances de son refus (CA Paris, 25 févr. 2016, n° 15-03684 :
JurisData n° 2016-003536. - CA Versailles, 6 nov. 2014, n° 13/06031). En l'espèce, le notaire avait évalué à 262
769,68 euros la soulte que l'époux aurait à verser pour se voir attribuer le bien litigieux, mais il restait
particulièrement taisant sur sa situation actuelle en termes de ressources. Pour caractériser que le refus de l'époux
était contraire à l'intérêt de la famille, les juges lyonnais ont relevé qu'il ne produisait aucun justificatif attestant de
sa situation professionnelle ou de l'avancement de ses recherches d'emploi, et que depuis 2013 il n'avait pas réglé
les pensions alimentaires qu'il devait à son épouse.

En revanche, et c'est très clairement ce qui le distingue de son proche cousin article 220-1, l'article 217 du Code
civil ne commande pas, pour sa mise en œuvre, la preuve d'une quelconque urgence. Telle était d'ailleurs
l'argumentation développée par l'époux récalcitrant, qui fonda son appel sur l'absence d'urgence, sans néanmoins
trouver d'écho auprès des juges lyonnais.

Remarque

L'entêtement d'un époux n'est donc pas un problème insoluble, et il n'est pas toujours nécessaire d'attendre que le
divorce soit définitivement prononcé pour régulariser une vente.

Un époux peut demander au juge de l'autoriser à faire seul, ce qui aurait dû être fait à deux.

Une mise en garde tout de même : l'application de l'article 217 du Code civil ne peut être demandée que tant que
le lien matrimonial demeure. Une fois celui-ci définitivement rompu, il n'est évidemment plus possible de
demander l'application d'un texte du régime primaire (CA Toulouse, 3 mars 2016, n° 2016-010937, n° 16/165. -
CA Aix-en-Provence, 19 févr. 2009, n° 08/14116. - CA Nancy, 6 févr. 2009, n° 2009/113). Il convient donc d'être
particulièrement attentif à la date d'effet du divorce...

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