FACULTE DE DROIT DE PARIS
ae
DE LA
CLAUSE PENALE
DANS LES OBLIGATIONS
EN DROIT ROMAIN ET DROIT FRANCAIS
THESE POUR LE DOCTORAT
le Joudi 18 Janvier 1883, A MIDT
aR
Edme THOUREAU
NAA Para Jo $4 mar, om 886,
Président M. BOISTEL,
‘MM. GARSONNET } Pan
Sema: }— CAUNES
LAINE i Agrégés
PERT
PARIS
UBRAIRIE NOUVELLE DE DNOIT ET DE JURISPRUDENCE
ARTHUR ROUSSEAU, EDITEUR
44, nue SOUFFLOT, ET RUE TOULLIER, 13.
1883JUN 27 1921DE LA CLAUSE PENALE
DANS LES OBLIGATIONS
NOTIONS GENERALES
41. Le mot pana désigne en droit romain une peine
conventionnelle qui sera payée au créancier par le
débiteur pour le cas od celui-ci_ n'exécuterait point
une prestation déterminée.
Par extension cette expression désigne I'acte juri-
dique qui contient la convention relative 4 la raza.
2. Cet actejuridique, devant engendrer une eréance
munie d'action, doit valoir par lui-méme ou emprun-
ter sa force au contrat auquel on lerattache. Ainsi une
peine peut étre utilement convenue dans un pacte
joint in continenti & un contrat de bonne foi, puisque
ces sortes de pactes sont réputés faire partie inté- ,
grante du contrat bone fidei et que l'action meme de
ce contrat sertit les faire exécuter. (Fr.7, § 4, De pac-
tis, 2, 14.) — Mais si la prestation que le créancier
veut se faire prometire sub pena résulte d'un con-
trat de droit strict, il est nécessaire de recourir & une
stipulation spéciale pour établir la peine, & cause du
principe: ex pactoactio non oritur (1).
(1) Dans Ie deraier état de droit elassque, la para aualt pu ze ajous
Google2 Duorr nowars
‘3. Habituellement, la paena seprésente sous la forme
'unestipulation, méme lorsqu’elle est jointe & un con
trat de bonne foi. De la expression de stpoLaTio,
panna: employée par le texte pour désigner 1a {cause
pénale. Le mot clausula ponalis n'est pas une expres—
sion romaine, quoique le § 7 (De verb. obligat.
Inst. 111, XV) paraisse autoriser : elle dénature en
cffet le caracttre ordinaire de la razxa, qui constitue
habituellement un contrat et non une clause d'un
contrat.
4. La pratique romaine faisail un usage quotidien
de la stiputario pay. Je vais indiquer rapidement,
dans un premier chapitre, ses diverses applications ;
puis, dans les chapitres suivants, jexaminerai :
Su nature juridique et ses diverses espéces ;
Ses effets ;
Les régles relatives & sa commise.
{We 8 use alipulation par un pacte joint in continent; In alipulation étant,
‘quant aux pictes de colte nature, asimilée aux contrats de bonne fol.
(Urge te. #0, Ue reous create 12,3.)
GoogleCHAPITRE PREMIER
APPLICATIONS DIVENSES DE LA STIPULATIO PENA
5, Lasmputatio paxxea deux fonctions habituelles :
en premierlieu, elle assure indirectement l’exécution
dune autre obligation; —en second lieu, elle dis-
pense le eréancier de prouver que l'inexécution lui a
causé un préjudice, et quelle en a élé I'étendue.
6. Les Institutes (loc. cit.) font remarquer avec
raison I'utilité de Ja clause pénale jointe aux obliga-
tions de faire. Certains faits ne sont susceptibles d’étre
exécutés que par le débiteur lui-méme. Or c'est pré.
cisément pour ces faits qu'il serait tres
eréancier d’établir Vintérét qu'il a & leur exécution.
La pana le dispense de faire cette preuve. Mais la
stipulation pénale peut ¢tre jointe dans le meme but &
toute autre obligation. Nous en rencontrerons de
nombreux exemples dans les textes du Digeste.
Laquestion de 'exécution foreée et des dommages-
intéréts a subi, dans les trois périodes de la procédure
romaine, des modifications si profondes, qu'il est bon
d'examiner, a ces trois époques, les eunplois divers de
Ja stipulation pénale.
Google4 nor ROMAIN
gl
Réle de la voexa sous les actions de la loi.
7. Co qui caractérise cette période, c'est le rapport
exact que I’on établit entre la demande et la condam-
nation. Etre propriétaire ou créancier d’apres le droit
des Quirites, ou ne l'etre pas du tout; et, sion lest,
obtenir précisément l'objet de son droit, tel est le but
de toute instance & cette épuque. Il n'est done pas
question d'attribuer des dommages au demandeur. $'il
veut se préinunir contre le préjudice qu'une inexseu-
tion ou méme un simple retard de Ia part du débiteur
Jui occasionneraient, il n'a qu'un moyen, c'est de sti-
puler &l'avance, sous forme de clause pénale, qu'une
somme déterminée lui sera comptée, si l'inexécution,
ow le retard viennent & se produire. Il est vrai que
Yaction per judicis postulationem, que nous ne con-
naissons gudre que de nom, fat introduite pour per-
mettre la poursuite des obligations nées des contrats
synallagmatiques, nécessitant, dds lors, 'appréciation
non plus d'une promesse isolée, mais d’engagements
réciproques. Il se pourra donc que, dans cette hypo-
‘thse, le juge tienne compte du dommage causé par
Yinexécution & l'une des parties, et que cette évalua-
tion modifie le montant de sa condamnation. Mais,
méme dans ce cas, il sera plus str pour les contrac-
tants de prévoir & l'avance le dommage, et d’en arbi-
trer Ie quantum sous forme de pea. La clause pé-
nale joue, dans les obligations qui sont du domaine
de cette action de la loi, un réle qui va acquérir une
GoogleME LA CLAUSE PENALE DANS LES OBLIGATIONS 8
importance considérable sous la procédure formu-
haire.
gi
Bile de ta veexa sous la procédure formulaire.
8. Ce systéme de procédure, qui correspond & la
période classique, remplaca pew a peu les anciennes
actions de la loi. Une oi zouria, rendue au VI" sidele
de Rome, ne laissa subsister la vieille procédure que
dans les causes centumvirales (1). On peut conjectuer
avec vraisemblance que le nouveau mode de procé-
der fut inventé par le préteur pérégrin pour régler les
différends od étaient intéressés les étrangers, dont la
conquéte de Ja Sicile et dela Sardaigne, en 526, et
celle des deux Espagnes, en $86, avaient peuplé Rome.
Urecourut, pour cela, ala rédaction d'une formule
indiquant aux arbitres ou recuperatores, quels points,
non de droit civil (il ne pouvait en étre question vis-
avis d’étrangers), mais de fait, il fallait
bordonnant la condamnation ou l'absolution & l'exi-
stence ou & V'inexistence du fait indiqué.
Sous le systéme formulaire, toutes les condamna-
tions sont pécuniaires, (Gaius IV, 48).
Les actions, sous cette période, présentent de
nombreuses divisions. La seule qui nous intéresse est.
celle qui se rapporte a la rédaction de la formule, sous
Tepoint de vue de I’étendue des pouvoirs qui y sont
conférés au juge. Les formules d’actions personnelles,
‘aminer, su-
(07 autu-oeue,Xv1, 10. Uuant a 1a date de fol A:dulia on ésite entre
Jes trois sulvanies, $90, 577, $83.
Google6 nor nowats
civiles, in jus, c'est-a-dire qui posent au juge une ques-
tion de droit civil, sont de deux sortes:: tantot la ques.
tion est posée sans qu'il soit conféré au judex aucun
pouvoir particulier : il devra alors examiner stricte-
ment le point de droit indiqué, sans pouvoir y méler
aucune considération étrangere. Si, au contraire, la
formule ajoute, & la question de droit civil, ces mots:
ex bona fide, ou autres équivalents, le juge se laissera
guider, dans la condamnation a intervenir, par la rai-
sou d'équilé ou de boune foi que Ia cause compor-
tera, La premitre formule est celle des actions de
droit strict ; la seconde, celle des actions de bonne
foi.
On eréa aussi des formules dactions arbitraires,
permettant au défendeur d’éviter la condamnation en
donnant au demandeur une satisfaction arbitrée par
le juge. Ces actions comprenaient toutes les actions
réelles,.civiles ou prétoriennes, quelques actions per-
sonnelles civiles in jus : rei uvorie, commodati, depo-
sili (fr. 7, § 1, De fundo dotuli, 23,5 ; Gaius, IV, 47),
quelques actions personnelles prétoriennes : Quod
metus causa, de dolo, de eo quod -certo loco, ad
exhibendum, paulienne, noxale, rédhibitoire, ete.
AVépoque oi1 nous sommes parvenus, les juriscon-
sulles reconnaissent la nécessité de faire réparer le
tort qui résulte de l'inexéeution par l'une des parties.
Mais c'est surtout ici qu'il importe de guer entre
les diverses actions, comme je viens de le faire ; car
la théorie sera différente, suivant qu'on se trouvera
en présence de elle ou telle catégorie d’actions.
9. Sill s'agit d'une action bone fidei, rien de plus
simple, etles choses se passaient 4 Rome comme elles
GoogleDE LA CLAUSE PENALE DANS LES opLIGATIONs =
se passent aujourd'hui chez nous: lejuge tient compte
de tous les éléments matériels ou moraux du procts,
et il rétablit par sa condamnation léquilibre que la
mauvaise foi ou la négligence avait rompu. La théo-
rie des dommages trouvera done son application la
plus large. Mais la clause pénale est un moyen de
soustraire au juge l'appréciation de cette double ques-
un dommage ? Quelle en est I’éten-
au contraire d'une action de droit
strict, action dont le trait caractéristique est que la
condemnatio dela formule répond cxactement a 1'in-
tentio? C'est toujours au moment dela litiscontestatio
que se fera estimation du litige, et le juge ne pourra
rien accorder au demandeur pour le préjudice qu'il a
soulfert par le retard dans l'exécution, quel qu’ait été
le temps écoulé depuis la mise en demeure jusqu’a la
litis contestatio. Ici donc la clause pénale sera surtout
importante, puisqu’elle pourra en quelque sorte créer
un droit nouveau parla sanction qu'elle fournit & la
premiére obligation ; elle atteindra ce but de ta bonne
justice : replacer les parties dans la situation qu’elles
auraient eue si l'obligationavait été exécutée au mo-
ment dela demande, Elle remplacera le juramentum
in litem qui n'est recu que dans les actions de bonne
foi et les actions arbitraires. Elle fixera par avance
une indemnité qui tiendra lieu au eréancier des fruits
antérieurs a la litis contestatio et des intéréts moratoi-
res qui n’aurait pu obtenir dans les actions de droit
strict.
44. Enfin, daus les actions arbilraires, la runa
préviendra la tazatio par le juge des dommages-
Google8 pnott Rowatx
intéréts que le demandeur pourrait réclamer par son
juramentum in litem, (fr. 4, § 2, Dein litem jurando
42,3.)
gu
Rile de la vasa sous la procédure extraordinaire.
42. Avec la procédure formulaire disparurent plu-
sieurs cas d’application de la pana, c*est ce qui expli-
{que pourquoi Justivieu, au § 7 De verdur. vbliy. Tus.
IH, XV, ne signale d’autre ulilité & cette théorie, que
@éviter Ia preuve devant le juge du guantum des
dommages.
Copendant, au titre De inutilibus stipulationibus
Inst. II, XIX, il nous montre la pa:xa ajoutée dans
un but que j'indiquerai, aux promesses et stipulations
pour auteui.
43. Elle ajoute une sanction nouvelle a certains
contrats: une des stipulations pénales les plus usuelles
a Rome fut celle qu’on nommait stipulatio duple. Isle
intervenait entre 'acheteur et Je vendeur pour ga-
rantir le premier contre le danger d'une éviction.
Sous-entendue par l'usage dans les ventes de meubles
de quelque valeur et dans les ventes d'immeubles
(fr. 37, §1, De evict..24, 2,) elle devint delanature du
contrat de vente (eod. frag. pr. et § 2; Paul Sent. II,
XVI, 2; Vat. frag. § 8). Toute liberté d’ailleurs était
laissée aux parties ; elles pouvaient stipuler une PaENA
6gale au simple ou méme inféricure ; elles pouvaient
aussi Glever son chiffre : ainsi les textes nous offrent
des exemples de stipulations pénales s’élevant au
triple et au quadruple, (fr. 56, pr. ; fr. 74, hoc.tit.)
GoogleDe LA CLAUSE PENALE DANS Les opLIGATIONs =)
Je tirerai argument de cette liberté absolue des
contractants quant & la fixation du montant de la
peine pour réfuter un des systémes proposés sur la
nature juridique de la clause pénale.
44. La stipulatio pen rend obligatoires certains
pactes. Le droit civil romain n'avait pas reconnu au
simple consentement Ie pouvoir de créer un lien de
droit complet, il fallait une causa civilis, c'est-a-dire
certains faits accessoires, limitativement prévus, qui
marquaient le moment od cessent les pourparlers et
ot le contrat se forme. Ce n'est que dans les quatre
contrats consensuels, empruntés au droit des gens, et
ayant reeu pour ainsi dire droit de cité (Jure civili
comprobatz, Inst. ill, XII, De obligat, §1), quele seul
consentement pouvait engendrer obligation civile.
Dans les autres cas, il y avail simple pacte. Plusieurs
dentro eux, il est vrai, furent munis d'action par le
préteur ou par des constitutions impériales ; mais ils
consituaient toujours le petit nombre, et la généralité
ne produisait qu'une exception. J’aurai & examiner si
laclause pénale jointe & une transaction déroge & la re-
gle générale qui ne permet pas au créancier, A moins
de convention spéeiale contraire, d'exiger & la fois
Yexécution de 'obligation principale et la peine.
15. La pozva sert enfin a faire obtenir indirectement
Yexercice de fait d'une servitude promise, mais non
constituée. (Inst. I, Ill, Deservit., § 4 ;1V, Deusufr.,
§4.) Le procédé est des plus simples. Les parties reglent
par un pacte la condition de laservitude a établir ; puis
le propriétaire de-fonds sorvant s'engage, par stipula~
tion, & ne pas mettre obstacle au libre exercice du droit
du propriétaire du fonds dominant, sous peine de
Google40 DnorT ROMAIN
payer une somme. Ce sera la crainte d'avoir fournir
Ja parxa qui retiendra le promettant et garantira le sti-
pulant contrele danger d'une éviction. Cette opération
juridique ne donne pas naissance & un droit réel ; il y
‘aura liew & Vaction ex stipulatu et non a Vaction con
fessoire. Il est en effet de principe certain que les con-
trats ne peuvent créer de droits réels, il faut un mode
@acquérir (fr.3, Deobligat.,44, 7;c.20, Depactis, 2,3).
En fait l'acquéreur jouira de la servitude et la stipula-
tion pénale sera la sanction de son droit. La jurispru-
dence de l’époque classique avail recouru & ce détour
dans certaines hypothdses ot I'établissement d'une
servitude était impossible. Gaius (II, 31) signale no-
tamment l'ulilité de cette expédition pour les fonds
provinciaux, sur lesquels les particuliers ne pouvaient
avoir théoriquement qu'un droit de possession ou de
jouissance (G. II, 7). Bien que sous Justinien il n'y ait
plus de différence entre le sol provincial et le sol itali-
que, je ne crois pas que ce prince, en reproduisant le
passage de Gains, ait vouln dire autre chose, si ce
n'est que la stipulation pénale jointe au pacte forcera
indirectement le promettant & subir sur son fonds
Yoxereice du fait d'une servitude, et procurera au
stipulant Véquivalent d'une servitude régulitrement
const
GoogleCHAPITRE SECOND
NATURE JURIDIQUE DE LA STIPULATIO PENA,
16, Les romanistes anciens et modernes sont loin
d'etre d'accord sur la nature juridique de la stipulatio
pene.
Azon, Dumoulin et Pothier (1) la considéraient
comme une évaluation anticipée des dommages-inté-
rats que le créancier est en droit de réclamer au dé-
biteur, lorsque celui-ci n’exéeute pas son obliga
tion.
Doneau, Wolf et Ducaurroy (2) ont vu dans la stipu-
latio pane un contrat conditionnel principal, mais
subsidiaire en ce sens que l'inexécution d'un autre
contrat est la condition & laquelle se trouve subor-
donnée son existence. A part ce lien qui rattache toute
obligation conditionnelle & sa condition suspensive,
|a stipulatio poenw serait un contrat indépendant du
contrat auquel elle est ajoutée, de ‘elle sorte que les
causes de nullité de obligation sanctionnée par la
(0) Potter, Obtigat, ne 242,918.
(2) Doneau, t. XI, col. 816, n¢ 74; — Wolf elf par Vangerow :—
Ducaurroy, I, n° 1084
GooglePana n’entratneraient pas, comme conséquence de la
rogle : accessorium sequitur principale, la nullité de
la stipulation pénale.
Un troisitme systémo enseigné par Vangerow (1)
présente la pana comme I'accessoire d'un contrat
principal dont l'inexécution lui sert de condition. La
stipulatio pane est alors un contrat conditionnel
accessoire qui souffre des causes de nullité affectant
Yobligation principale, tandis que celle-ci ne saurait
soulfrir des causes de nullité qui affectent la pana.
417. Le premier de ces systémes part d'un principe
qui n’est pas en harmonie avec les solutions du droit,
romain sur l'accomplissement de la condition, sur la
mise en demeure et sur la liberté, laissée aux parties,
de fixer, comme elles entendent, le montant de la
parva. C'est tout au plus si quelques textes favorisent
ce systeme. Il ne compte aujourd'hui aucun partisan,
mais il est utile & connaitre pour l'interprétation de
notre Code civil.
Les deux autres syst?mes trouvent dans les textes
un fondement solide. Ils divisent les interprétes les
plus récents (2). Chacun essaie de concilier avec les
textes qui lui sont favorables ceux qui ne le sont
point; mais ils n'y réussissent pas ; et, apres avoir
Aludié les raisons qu’ils font valoir, on reste con-
vaincu queles jurisconsultes romains, au lieu d’avoir
un fype unique de stipulatio poenze, envisageaient ce
contrat sous des aspects différents, suivant l'intention
des parties déduites des termes employés dans la for-
{#) Vangorow Lehrbuch, HI, p. 338,
(2) Voy. pour le * syst. M. Demangeat, I, p. 498 ela, (2 lt.) Vor.
le 2M, Accarias, 1, 0° 539 et 8
GoogleDE LA CLAUSE PENALE DANS LES opLicarions 43,
mule. 11 ne faut pas oublier en effet que, bien que la
clause pénale aurait pu se présenter sous la forme
d'un pacte joint in continenti dans les contrats de
bonne foi, il était d’usage de la formuler par une stipu-
lation, de sorte qu’on était toujours en présence d'une
smiputatio Pax. Or il est de principe que : « In stipu-
lationibus, verba, ex quibus obligatio oritur, inspi
cienda sunt. » (Fr. 145 § 2, in fine De verb.
oblig. 4, 1).
18. Jepense done qu'on ne doit pas séparerles deux
derniers systomes, car ils contribuent également &
Yexplication de textes que je considére comme incon-
ciliables. Je crois méme qu'il y a lieu de faire une
nouvelle distinction et de montrer Ia Pa:xa sous.un
troisiéme aspect, celui d'un contrat conditionnel
principal dépouillé de toute idée de sanction d’un
contrat primitif, et par conséquent n'ayant rien de
subsidiaire. Peut-on en effet refuser d'appeler ce con
trat: pa:xa, quand les jurisconsultes romains le qua-
lifient ainsi? Ceci laisse en dehorsla question de savoir
quel est de ces trois types de stipulations pénales
celui qui répond le mieux & Vidéo de la clause pénale?
Sur cette question le doute ne parait guere possible.
La clause pénale éveille l'idée d'une saxctioy. Or une
sanction est quelque chose de conditionnel et d'ac-
cessoire, lorsqu’on l’envisage dans ses rapports avec le
contrat auquel ello s'applique. Le syst®me de Van-
gerowest donc celui qui satisfat l'esprit, et je ne doute
pas quiil ail 616 celui des jurisconsulles romains,
lorsqu’ils ont envisagéle stipulatio pena a ce point de
‘we spécial. Ce qui jettc un peu de vague sur lour
théorie, c'est quel'expression stipuLatio paz n’avait
Googlevy ROM ROMAIN
pas la précision de notre expression CLAUSE PENALE.
Il faut done distinguer avec soin les diverses for-
mules de POENA conservées dans les crits des juris-
consultes romains, formules sur lesquelles ils avaient
66 appelés & donner leur avis ; et il fautnoter les diffé-
rents contrats qu'une fine analyse leur faisait dé-
couvrir dans les termes employés, contrats qu’ils
appelaient indifféremment stipulations pénales (1).
SECTION PREMIERE
‘La Poona se présente sous trois formes différentes
49. Le texte fondamental de la matitre est un
fragment de Papinien, le fr. 145, § 2, De Verb. ob.,
45, 1. Ony rencontre trois especes de contrats que
les romains appelaient pana; on y voit leurs effets,
ainsi que les regles relatives la commise de la peine;
en un mot toutela théorie que je vais exposer vient se
résumer dans ce texte. Son importance exige que j’en
donne d’abord Ja traduction, puis j'aborderai son
commentai
PAPINIANUS (Lib. 2, Quastionum).
(Be. 15, § 2 De verb, obs 45, #)
Item si quis ita stipulotur: De méme si quelqu'un sti~
Si Pomphilum non dederis, een- ule en cos termes: si vous ne
tm dari spondes? Pegasus ros- donnez pas Pamphite, promeltes-
pondit,nonantecommittstipur vnus de donner cent P Pegasus
Javionem, quam desliset posse répond que la stizulation ne
Pamphilusdari, Sabiaus autem — réalise, que lorsque Pamphile
existimabat, ex seatzntia con- a cossé de pouvoir ere doané.
(1) Bn ce sens : Magna, Cours de droit romain, I, §
46 Gait, Bruxelles, 4877
GoogleDe LA CLAUSE PENALE
trabentium, postquam homo
potait dari, confestim agen-
dom: et tamdiu ex stipulations
‘non posse agi, quamdiu per
promiatorem non statit, quo-
‘minus hominem daret : idque
efendebat exemplo penus le-
gate. (Mucius) etenim here
dem, si dare potuisset penum,
‘nee dedisset,confestim in pecu-
iam legatam teneri scrips :
idque utilitatis causa receptum
feat ob defuncti voluntatem et
ipsius rei natura. + Ttaque po-
test Sabini sententia recipi, si
stipulatio non a conditione
capit: veluti, si-Pamphitum non
ddederis, tantum dare spondes?
sed ita concepta sit (stipulatio),
ampnicum dart spontes? $4 non
dederis, tantum dari spondes ?
Quod sine dubio verum erit,
quum id actum probatur, ut
homo datus non fuert, et homo
ft pecunia deboatur. + Sod ot
si ita cautum sit, uf sola pecu-
ria non soluto homine debeatur,
idem defendendum erit: quo-
iam fuisse voluntas probatur,
‘ut homo solvatur, aut pecun!
petatur.
DANS Les opuigaTions 43
Quant & Sabinus, il pensait,
d'aprés l'intention probable des
contractants, que dés que I'es-
clave a pu éire donné, on peut
agit; et que l'on no peut agir,
cen vertu de Ia stipulation, tout
Je temps qu'il n'a pas dépendy
du promettant de donner l'es-
clave. Il appuyait eet avis eur
Yexomple du legs d’aliments.
Mucius a écrit, en effet, que
Vheritier, sil « pu liver es
aliments et ne Ua pas fait, est
immédiatement débiteur de la
somme liguée: et cola a 616
admis par raison d'utiité da
pres la volonté du défunt et
Ja nature méme des choses.
+ Cest pourquoi Ia solution de
Sabinus peut etre aamise, st 1a
stipulation a'a pas commencé
ous ne donnes pas Pamphile,
prometter-vous de donner tant ?
‘mais si la stipulation a été con-
‘gue en ces termes : Promettez-
vous de donner Pamphile ? si
vous ne le donnes pas promettez~
vous de donner tant? Cette s0-
Ttion de Sabinus n'est pas
douteuse, lorsqu’on prouvo que
Vintention des parties a été que
i Teaclave n'était pas donné,
Teselave et la somme fussont
0s. + Mais la méme solution
doit etre admise sit a ete préou
‘que (a somme seule serait due
defaut de paiement de Vesclave,
puiaque Vintention a 66 que
Yesclavo soit donné ou Yargent
demands.
Google46 DROIT noMAIN
20, On trouve en examinant attentivement cette
Joi que Papinion met en regard trois formules dilfé-
rentes de pana. La premitre est celle-ci :
Si vous ne donnes pas Pamphile promette:-vous de
donner cent ?
La seconde : Promettes-vous de donner Pamphile?
Sivous ne le donnes pas, promette:-vous de donne
cent ?
Et la troisibme: Promettes-vous de donner Pam-
hile ? Si vous ne le donnes pas, promettes-vous de don-
ner cent aA pLace ? (Siita eautum sit, ul sola pecunia
non solute homine debeatur.)
Ces trois formules contiennent ce que les juriscon-
sultes romains appelaient indifféremment POENA.
Mais si on examine les effets quils leur attribuent,
on voit que ces trois formules révélent trois contrats
conditionnels bien différents.
La seconde est celle du contrat qui est, & mon avis,
le vrai type de la clause pénale. La POBNA se pré-
sente ici comme une sanction, que le eréancier peut
exiger, mais a laquelle il est libre de préférer rexécu-
tion du contrat principal. L’intention de créer deux
obligations est netlement accusée par la formule qui
contient deux demandes distinctes. Cos deux obliga~
tions sont l'une pure et simple, Y'autre conditionnelle ;
la premitre, principale ; la seconde, accessoire.
Comme l'inexécution de la premitre sert de condition
suspensive ala seconde, le eréancier ne peut d’abord
réclamer qu'une chose, objet de l'obligation princi-
pale. Mais, lorsque linexécution de l'obligation prin-
cipale s'est produite, le débiteur se trouve tenu de
deux obligations pures et simples entre lesquelles le
GoogleDE LA CLAUSE PENALE DANS Les opuicaTio’s AT
eréancier peut choisir, et dont il peut méme, dans cer-
tains cas, exiger cumulativement l'exécution. La pres-
tation stipulée a titre de peine apparatt a ce moment-
1 comme le deuxiéme objet d’une obligation alterna-
tive au choix du eréancier.
La premidre formule : Si Pamphilum non dederis,
ceontum dare spondes? est celle d'un contrat condi-
tionnel principal, sans relation d’aucune espéce avec
un autre contrat. Dés origine, il n’existe qu’une obli-
+ eentum dare, et plus tard, lorsque le débiteur
n’aura pas donné Pamphile, il n’existera encore
qu'une obligation, centum dare. La dation de Pam-
phile est done uniquement la condition négative de
Yobligation de centum dare. Jamais le eréancier
niaura le droit d'exiger Pamphile, mais le débiteur
sera libre de le payer.
La formule traduit bien d'ailleurs V'intention des
parties : il n'y a qu'une demande, affectée d'une mo-
dalité ; la réponse n’engendre qu’une obligation. Cette
pena est done un contrat conditionnel prineipal, su-
bordonué a Vinexécution d'une prestation que le
eréancier ne peut exiger, mais qu'il est loisible au
débiteur de payer. C'est une variété de Vobligation
facultative.
Reste la troisitme formule : Promettes-vous de
donner Pamphile? Si vous ne le donnes pas, promettes-
vous de donner cent & sa place? — Cette formule, a la
difference de la précédente, et comme celle que j'ai
examinée en premier lieu, contient deux demandes
successives qui indiquent V'intention de eréer deux
obligations. Cos dour obligations sont: 'uno, pure of
simple (Pamphilum dare); Yautre, conditionnelle
Google16 DROTT ROMAIN
20, On trouve on examinant attentivement cetle
loi que Papinion met en regard trois formules diffé-
rentes de pasa. La premitre est celle-ci :
Si vous ne donnes pas Pamphile promettex-vous de
donner cent &
La seconde : Promettes-vous de donner Pamphile ?
Si vous ne le donnes pas, promette:-vous de donner
cent ?
Et la troisibme: Promettez-vous de donner Pam-
phite ? Si vous ne te donnes pas, promettes-vous de don-
rer cent A sa Lace ?(Siita cautum sit, ut sola pecunia
non soluto homine debeatur.)
Ces trois formules contiennent ce que les juriscon-
sultes romains appelaient indifféremment POENA.
Mais si on examine les effets qu'il leur attribuent,
on voit que ces trois formules révélent trois contrats
conditionnels bien différents.
La seconde est celle du contrat qui est, & mon avis,
le vrai type de Ia clause pénale. La POENA se pré-
sente ici comme une sanction, que le eréancier peut
exiger, mais & laquelle il est libre de préférer lexécu-
tion du contrat principal. L'intention de eréer deux
obligations est nettement accusée par la formule qui
contient deux demandes distinctes. Cos deux obliga-
tions sont l'une pure et simple, l'autre conditionnelle ;
la promitre, principale ; la seconde, accessoire.
Comme linexécution de la premidre sert de condition
suspensive Ala seconde, le eréancier ne peut d'abord
réclamer qu'une chose, l'objet de obligation prinei-
pale. Mais, lorsque l'inexécution de obligation prin-
cipale s'est produite, le débiteur se trouve tenu de
deux obligations pures et simples entre lesquelles le
GoogleOE LA CLAUSE VENALE DANS LES optiGaTIONs 47
erfacier peut choisir, et dont il peut méme, dans cer-
ins cas, exiger cumulativement l'exécution. La pres-
‘alin stipulée titre de peine apparalt 4 ce moment-
icomme le deuxitme objet d’une obligation alterna-
tiveauehoix du eréancier.
Lapremidre formule : Si Pamphilum non dederis,
‘entun dare spondes? est celle d'un contrat condi-
tone principal, sans relation d'aucune esptce avec
autre contrat. Des Voriging, il n’existe qu'une obli-
tion: centtem dare, et plus tard, lorsque le débiteur
aura pas donné Pamphile, il n’existera encore
qu'une obligation, cencum dare. La dation de Pam-
phile est done uniquement la condition négative de
obligation de centum dare. Jamais le créancier
vara le droit d’exiger Pamphile, mais le débiteur
seralibre de le payer.
a formule traduit bien ¢ailleurs Vintention des
tle: i n'y a qu'une demande, affectée d'une mo-
alte; la réponse n’engendre qu'une obligation. Cette
Fema est done un contrat conditionnel principal, su-
lordonné & I'inexécution d'une prestation que le
céaucier ue peut exiger, mais qu'll est visible au
diteur de payer. C'est une variété de l'obligation
facultative.
Reste la troisitme formule : Promettes-vous de
dinner Pamphile? Si vous ne le donne: pas, promette-
tou de donner cent & sa place? — Cette formule, ii la
Aiférence de la précédente, et comme celle que j'ai
xaminge en premier lieu, contient deux demandes
successives qui indiquent V'intention de créer deux
ligations. Ces deux obligations sont: 'une, pure et
simple (Pamphilum dare); Yautre, conditionnelle
Google48 pnorr nowaty
(centum dare) et Pinexécution de la premitre sert de
condition & la seconde. Avant que celle inexécution
se soil produite, le créancier peut, exactement comme
dans la POENA contrat accessoire, exiger sculement
Pamphile. Mais voici la différence : lorsque Vinexécu-
tion se sera produite, la dette centum dare remplacera
par ume grasi-novation (Paul, fe. 44,§ 6, De oblig., 44,
7) ladette Pamphilum dare, et le créancier ne pourra
exiger que centum. Le débiteur de son coté restera~
Lil libre de payer Pamphile ? C'est 14 un point que
jesaminerai. Si Yon résout affirmativement cette
question, la POENA sera un dédit, et l'on pourra com-
parer la situation du eréancier’, apres la commise de
la stipulation pénale, a la situation du eréancier d'une
obligation alternative au choix du débiteur. Si Yon
décide au contraire que le débiteur n'a plus le droit
de dare Pamphitum, la situation des deux parties
sera égale et on pourra la comparer & celle du eréan-
cier et du debiteur d'une obligation alternative, dont,
Tun des objets a péri par cas fortuit.
On ne saurait dire que cette troisitme esptce de
POENA est destinée & assurer l'exécution d'une obli-
gation principale, c‘est-iedire qu'elle présente le ca-
ractire essentiel de la sanction. Elle est en effet des-
tinée & remplacer fore¢ment, du moins pour le
cerGancier, obligation primitive, C’estdone un contrat,
conditionnel principal, subsidiaire a cause de celle
circonstance, que sa condition consiste dans l'inexé-
cution d'un autre contrat.
21. Papinien nous apprend, dans le fe. 113, § 2,
que les jurisconsultes faisaient les mémes distinctions
en matidre de legs. On trouve, en effet, dans le fr. 4,
GoogleDE LA CLAUSE PENALE DANS LES OBLIGATIONS 19
$8,dd leg. Faleid, 35, 2, deux formules delegs analo-
gues deux des formules de stipulations pénales, ci-
dessustranserites: « (Heres meus si penam) (Seio) non
dederit,decem dato. » — « Heres meus Seio penam
dao :sinon dederit, decem dato. » Que mon héritier
donne ¢ Seius des aliments, ou la somme de dix. —
Quemon héritier donne & Seius des aliments : s'il ne
dunne pas des aliments, qu'il donne dic.
2. Celte seconde formule parait, dans opinion
‘Paul, pouvoir donner naissance & la POENA, con
tratconditionnel principal et subsidiaire, plutot qu’ la
rexs contrat conditionnel accessoire. C'est du moins
cequirésulte de son rapprochementavec le fr. 44, § 6,
Decblig. 447 (1), du méme jurisconsulte. Ceci n'a pas
lieade urprendre, car Paul étendait ala stipulation les
‘gles dinterprétation large, admises dans les contrats
debonne foi : la fusion entre ce contrat de droit strict
ft les contrats done fidei commencait A se faire
(voyer Paul, fr. 40 De reb. cred. 12.4). Papinien, au
Conltaire, paratt exiger une déclaration expresse, que
Tojo de la Pena pourra seul étre réclamé, quand
Tineyécution de la premitre obligation se sera pro-
thite (Voyez fr. 118 § 3, dernitre phrase). Cependant,
sion ne détache pas cette dernitre phrase du reste
du tele et surtout de 1a phrase précédente, on voit
quiln'exclut pas une solution contraire. Seulement
iibésite et alors il se borne & dire qu'il n'y aura cer-
‘uinement pas de doute que les parties ont voulu faire
‘teontrat principal subsidiaire, au lieu d'un contrat
aeeessoire, lorsque écrit portera, qu’en cas de non-
(op. aut te.4 § 8, Ad degen faleid. 35.2 fe, 24, quand dies legat
Mitt 14 Pro soa, V2 au meme JurweonsUiLe.
Google20 DROIT ROMAIN
paiement de 'esclave la porna sera seule due: Quod
sine dubio verum erit, quum id actum probatur.....
Sedet si itu cantum sit. Apres avoir distingué ces deux
situations, ilindique une conséquence qui est la méme
pour toutes les de que le eréancier (s'il n'y
a pas de terme) peut poursuivre immédiatement le
paiement de la premitre obligation.
Je vais maintenant reprendre et examiner en détail
les trois hypothéses prévues par Papinien.
savoir
PREMIERE DISTINCTION
PGNA, contrat conditionnel accessoire
gl
Principes qui ta régissent
23. — Pamphilum dare spondes? Si Pamphilum
non dederis, centum dare spondes.
Voila la stiputatio pene qui repond & idee que
nous nous faisons aujourd'hui de la clause pénale. Ce
n'est pas dire que ses effets soient les mémes, mais
sa fonction essentielle est identique : elle assure indi-
rectement I'exécution du contrat principal.
Son caractere étant & la fois conditionnel et acces-
soire, on pourrait croire que la nullité de l'obligation
sanctionnée n’affecte la paexa que par application de
la théorie de la condition. C'est ce que soutiennent
les partisans de la raexa contrat conditionnel, prin-
cipal et subsidiaire. Il n’en est pas ainsi: le caractére
accessoire de la axa est prédominant. Si done
Yobligation sanctionnée est nulle, sa nullité entrat-
GoogleDE LA CLAUSE PENALE DANS LES OBLIGATIONS 24
tera celle de Ja paexa, non par application de la
thiorie de la condition, mais par celle de la rogle:
accewire suit le sort du principal. Je vais essayer de
le démontrer.
2%, — Quam principalis causa non consistit, ne ea
quiden que seguuntur locum habent. (fe.129,§ 4, De
9p. jur. 80, 41.)
Celeste contient deux propositions, l'une explicite,
True implicite : La perte du principal entraine celle
de Paccessoire. — La perte de Paccessoire n'entraine
pascalle du principal.
Ornous trouvons au titre De verb. ob. V'application
decesdoux regles a la clause pénale.
Paeuitne proposirion : La perte du principal entraine
celle de Yaccessoire. Done si 'obligation sanctionnée
‘sl par rapport & la ceva une obligation principale,
le nulité de obligation sanctionnée entratnera celle
delapaexa.
Or cest ce que démontrent Jes deux textes sui-
Tans:
Si homo mortuus, sist? non potest, nec poena rei impossibilis
‘onaittetur. (fe. 69, De verb, 0b. 45, 4.)
Une personne regoit sommation de comparaltre
devant le magistrat. Comme elle ne peut ou ne veut
obtir immédiatement & cette sommation, son adver-
saire exige d’elle la cautio in jure sistendi (1), c'est
{dire la promesse de se présenter a jour fixe. A cette
omesse on ajoule une paNA. Le promettant meurt
UW Ls compltion de Justinien Papplle enutio in judiciosstendi &
tae ds confesion gal était opérée entre le jur ete judicium dane
Jederie a du dot,
Googlea2 Ror RowarN
avant Je jour fixé pour la comparution. Son défaut de
comparution fera-t-il encourir la axa? Non, répond
Je jurisconsulte. Le mot xec qui relie les deux phrases
indique que la seconde est la conséquence de la pre-
mitre. Le raisonnement d’Ulpien est évidemment
celui-ci: « Lobligation principale (sistere in jure)
Gtant nulle faute d'objet, sa iullité entratne celle de
obligation accessoire (Pass). »
Le fr. 134, eod. sit, fournit un argument analogue :
Deux personnes ont fiancé leurs enfants et stipulé
réciproquement une peine, si guis eorumn nuptiis impe-
dimento fuisset. Plus tard la fille refuse de se marier.
Question : In peine est-elle encourue? Paul répond :
Ex stipulatione que proponeretur, quum non secun=
dum bonos mores interposita sit, agenti exceptionem
doli mali obstaturam. Or, quelle est la. stipulation qui
est contra bonos mores? est-ce la promesse dune
somme d'argent? la rasa? — Nullement, son objet
est licite. C'est le contrat qui entrave Ia Tiberté du
mariage. Ce contrat élaut uul, la nullité dela vusna
en est la conséquence.
Devxtewe rrorosition: La perte de I'accessoire
n’entratne pas celle du principal. Done si la pazxa est,
par rapport a V'obligation sanctionnée, une obligation
accessoire, la nullilé de la pana o'entratnera pas
celle de l obligation sanctionnée.
Orc'est ce qu’établit le fr. 126, §3, De verb. 0b.
Si ita stipnlatus fuero, ve sist, wr sist srerEMs ALOUD
pai, quad promittenti impossibile est : detracta secunda
stipulatione, prior manet utils.
Maintenant que j'ai justifié les quatre propositions
dont j‘avais besoin pour ma démonstration, je les
GoogleDE LA CLAUSE PENALE DANS LES OLLIGNTIONS’ — 3
la
+ a=
réunis el je raisonne ainsi: Mest de p
perte du principal entraine celle de Vaceessoi
dis que la perte de accessoire n’entraine pas celle du
principal, (fr. 129, $1, De reg. jur.) Or, fai démonteé
que la nullité de obligation sanctionnée entrainait
celle de la pena, (fr. 69 et 134, De verb. ob.) ; tandis
que la nullité de la pass n'entratnait pas celle de
(fr. 126, § 3, end. tit.) Done
‘ai prouvé que Vobligation sanctionnée était une
obligation principale, et la pass, une obligation
accessoire.
jera-ton de renverser mon argument en sipa~
rant les quatre propositions qui lui servent de hase,
pour donner sur chacune d'elles, prise isoliment,
une explication qui pourra parattre plausible? On
n'évitera pas néanmoins la conclusion qui s‘induit
foreément de leur réunion. Bien des choses dans le
domaine du droit peuvent s'expliquer de différentes
manidres, mais lorsque ces choses sont les parties
d'un méme tout, et que pour ce tout une seule expli-
cation est possible, cotto explication doit aussi dive
adpptée pour chacune des parties. Aulrement il y
aurait de Vincohérence dans la doctrine. Ainsi est
mon argument.
25. La pana, considérée comme sanction, peut
s‘appliquer a toute obligation existante; peu importe
que cette obligation soit civile ou naturelle. Gest
méme, avons-nous vu, une des fonctions importantes
de la stipulatio pene d'ajouter une sanction & certains
pactes, (fr. 2,16, De transact. 2,43; fr. 4, De dali
mali et met. exep. 44, 4; fr. 122, § 3 et 6, De verb.
ob.; Paul, Sent. I, 22, 2).
GooglepYy Ror ROMAIN
Quoique ordinairement employée & sanctionner les
obligations de facere (Inst. I, XV, De verb. 0b. §7),
on la voit aussi appliquée & des obligations de dare
dans les textes que j'ai analysés ; elle devait aussi
sanctionner les. obli 8 de preestare; en un mot
Yobjet de V'obligation principale était indifférent, du
moment qu'il était licite et possible. Rien ne permet
de douter non plus que la raexa dat s'appliquer &
toutes les obligations quelles que fussent leurs moda~
lités.
26, Liobjet de la rzxa consiste habituellement
dans une somme d'argent, pecunia certa, dont le
paiement peut étre poursuivi par la procédure rapide
de la condictio certi. Mais elle pourrait avoir aussi
pour ohjet une res quelconque (fr. 11, § 2, De recep-
tis 4,8).
27. Les parties peuvent fixer librement le montant
de la raea (fr. 32, De receptis ; fr. 86, De evictio 24,
4 fr. 38, § 17, in fine, De verb. ob.).Exceptési la dette
principale est une dette d'argent; car une paxa
exagérée servirail alors & déguiser l'usure (fr.13, §26,
De act. empt. 49, 4 ; fr. 9, 53 De usuris 22, 4; ¢. 15,
16 De usuris 4. 32).
Dumoulin et, apres lui, Pothier (Traité des ob.,
n° 345) ont soutenu que le montant de la clause
pénale ne pouvait dépasser le double de Ja valeur de
Fobjet deT'obligation principale, par application de
laconst. unic. de sentent. gue pro eo, 7, 41. Mais
cotte constitution de Justinien ne s'applique qu’aux
dommages-intéréts fixés par le juge; elle est étran-
gire & la parva stipulée par les parties.
28, Le caractére de sanction que revel la rana
GoogleDE LA CLAUSE PENALE DANS LES OBLIGATIONS 28
contrat conditionnel accessoire devait amenor & cette
conséquence, que la peine tant encourue, le créan-
ier est libre del'exiger ou de poursuivre l'exécution
foreée de obligation principale. Une sanction en effet
est quelque chose de facultatif pour celui au profit
de quille est établie. L'esprit se refuse & comprendre
une sanction qu'on ne serait pas libre d'invoquer ou
de négliger. Cette idée était trop rationnelle, pour
n'avoir pas été congue et appliquée par les juriscon—
sulles romains. Aussi des textes nombreux montrent
qu’au moment oii la Pana était encourue, il se pro-
duisait ce qu'on appelle un concours électif entre
Vactio ex stipulatu née de la stipulation pénale et
Yaction du contrat principal (1). J"établirai ce point
quand je traiterai des effets de la clause péuale, et
fespere démontrer que ceux qui le nient citent seule-
ment des textes relatifs & 1a pana contrat condition-
nel subsidiaire. Et, comme on reconnatt un principe
& ses conséquences, le choix donné au créancier
démontre, une fois de plus, qu'il existait en droit
romain, comme je le soutiens, une stipulatio pax
ayant le caractére d'un contrat conditionnel acces-
soire.
Pour mieux dégager encore la nature juridique de
celle paisa, je vais la mettre en paralléle avec deux
obligationo qui lui rcsscmblont.
(1) Par exceptionleexéancier pouvait cumuler Texécution do ln raexa ot
celle du contrat prinepal, quand Ia peine ait stpulée pour le simple
reurd,
Google26 pnorr Rowan
gil
Comparaison de ta Pana, contrat conditionnel
accessoire, avec Cautres obligations.
29. obligation sanetionnée par une clause pénale
peut d’abord étre comparée un contrat qui engendre
une obligation facultative.
Dans ces deux contrats on apergoit d'abord deux
choses qui peuvent étre payées ; et Ia perte de Tune
tantot produit la libération du débiteur, tantot, au con-
traire, le laisse obligé envers le eréancier.
Supposons en effet que la species qui est in obliya-
tione dans Vobligation facultative périsse par cas
fortuit, le débiteur est libéré. De méme, si la species
{objet de Pobligation principale périt par cas
fertuit avant que l'inexécution se soit produite, lobli-
gation principale s’éteint et la rasa ne prend pas
naissance. Le débiteur se trouve en conséquence
absolument dégagé.
Supposons & l'inverse la perte par cas fortuit du
corps cerlain qui est in facultate solutionis, ou qu'on
a promis de donner & titre de parva, cette perte laisse
dans les deux cas le débiteur obligé envers le eréan-
ier. Voila les resemblances ; mais voici maintenant
les differences :
Supposons une obligation facultative & terme : toute
obligation avec clause pénale comportant un terme
exprés ou tacite. L'arrivée du terme n’enléve pas
généralement au débiteur le droit de se libérer en li-
vrant la chose qui est in facultate solutionis. L'obli-
GoogleDE LA CLAUSE PENALE DANS LES 01
moss 7
gation ne change pas de caracttre, elle continue &
n'avoir qu’un objet. Au contraire V'inexécution de
obligation principale dans le délai fixé fait encourir
1a vya. A partir de co moment Vobligation prin-
cipale et Vobligation accessoire coexistent et sont
toutes deux exigibles, de telle sorte que le eréancier
a le droit de demander le paiement de l'une ou de
Tautre. Au point de vue du résultat pratique, c'est
comme s'il était créancier de deux choses sous Yal-
ternative et & son choix.
Souvent aussi il pourra cumuler I'exécution des
deux obligations : c'est lorsque la peine aura été sti-
pulée pour le simple retard.
30, La rexa contrat conditionnel accessoire pout
en second liu étre comparée au contrat qui donne
naissance & une obligation alternative au choix du
eréancier.
Dans les deux contrats, on apergoit deux objets
qui peuvent & un moment étre exigés indifféremment
par le eréancier. Mais, dans Vobligation alternative,
ces deux objets sont dus, egue et principatiter ; tan-
lis que dans V'obligation avec clause pénale, l'un est
principal et l'autre accessoire.
Conséquence : dans la dette alternative la perte par
cas fortuit de I'un des objets n’éteint pas obligation,
mais elle la fait porter dorénavant sur Vautre objet.
Au contraire dans Vobligation avec clause pénale, si
objet de obligation principale vient & périr fortui-
tement, tout disparatt.
Autre différence : le contrat qui donne naissance
4 Vobligation alternative n’engendre qu’une obliga-
tion. ly a unité de dette et pluralité d’objets. Tandis
Google28 DROTT ROMATN
que L'acte juridique, duquel résulte obligation avec
clause pénale, contenant deux stipulations distinctes,
engendre deux obligations.
Enfin dans obligation alternative le eréancier a
des le début un choix & exercer entre deux presta-
tions. Au contraire, dans obligation sanetionnée par
une clause pénale, il ne peut exiger d'abord que 'ob-
jot de obligation principale, et c'est seulement quand
Yinexéeution de cette obligation s'est produite, qu'il
peul choisir entre 'exécution forcée de cette obliga~
tion et la rena.
DEUXIEME DISTINCTION
PENA. Contrat oon:
snnol prinojpal ieols
BA. « Si Pamphitum non dederis contum dare spondes. »
La contexture de cette stipulation indique que les,
contractants n'ont voulu créer qu'une obligation, celle
de cent. Sans doute on a laissé au débiteur le droit de
se libérer en donnant Pamphile, mais il n'est pas
obligé de le faire. Supposons qu’il use de cette faculté,
Vobligation née de la stipulation sera éteinte par une
dation en paiement.
Nous sommesici en présence d’une obligation facul-
tative qui revét la forme d'une obligation condition-
nelle. Il faut observer, en effet, que la condition ne
suspend point existence de obligation, qu’elle n'em-
péche pas non plus de dire d priori quel estV’objet; elle
empéche seulement d’affirmer que le eréancier I'ob-
tiendra du débiteur, ou sil ne sera pas obligé d’en
‘accepter un autre a la place.
Googlebe LA CLAUSE PEXALE DANS LES opLicATIONS — 29
Tels sont bien les caractéres de obligation facul-
lative, et sion va au fond des choses, on voit que,
quelle que soit la formule employée, la prestation que
Jedébiteur a la faculté de payer est, relativement a la
prestation, que Ie créancier peut exiger, comme un
fait place in cunditione. Aussi, pour faire connattro La
nature juridique de cette pax, Paul n’hésite-t-il pas
a employer les expressions techniques usitées pour
désigner Tobligation facultative, fr. 44, § 8 De
oblig. 44,7:
Si ita stipulatus sim: si fundum non dederis centum
dare spondes? Sola centum in stipulatione sunt, in
exsolutione fundus.
‘TROISIEME DISTINCTION
PGENA, Contrat conditionnel principal et subsidiaire
32. Pamphilum dare spondes ? Si non dederis, centum dare
spindes, ita tamen ut sola pecunia, non soluto homine, de-
Aeatur ?
Cette formule indiquée par Papinien (fr. 115, §2, De
terb. ob.) contient les deux stipulations distinctes qui
se {rouvent dans la formule de la pana, contrat con-
ditionnel accessoire, mais avec une réserve expresse,
que le paiement de Pamphile ne pourra plus étre
cxigé, dds que linexécution de l'obligation de le dare
se sera produite.
Paul sous-entend cette réserve dans le texte sui-
vat: il indique son opinion et il qualifie d'un nom
technique Vopération juridique qui s'accomplit quand
lacondition de la pamxa se réalise.
Fr. 44, § 6 De oblig. et act. 44. 7.
Pamues, Sed si navem fieri stipulatus sum, et si non feceris,
Google30 noIT ROMAIN
‘centum : videndum, utrum duz stipulationes sint, pura, et con-
ditionalis, et existens sequentis conditio non tollat priorem, an
vero transferat in se, et QuAst Novario prioris fiat ? quod mages
verum est.
Cette appréciation de Paul paratt avoir été suivie de-
puis dans la pratique. Il est en effet probable que Jus-
linien reproduit des formules usitées, lorsqu’il veut
donner dvs exemples de parxa ajoutée comme sanc-
tion & une autre stipulation. Or ces formules ont soin
de préciser que la seconde stipulation est faite a titre
de peine : « St ta FscTUM NON Ent, TUNG POENE NO-
MINE peces Aureos Dare sponpes ? — Si aDVERSUS EA
FACTUM ERIT, SIVE QUID FACTUM NON ERIT, TUNC POEN-E,
NOMINE pecem aunzos pare sPoxpes? (Inst. III, XV,
De verb. oblig. §7.)
33. Jai dit ci-dessus que la rasa, contrat condi-
tionnel principal et subsidiaire, peut étre comparée
au contrat qui engendre une obligation alternative au
choix du débiteur.
Voici les resemblances
Dans les deux actes juridiques on apergoit deux ob-
jets in obligatione, mais qui ne pourront etre exigés
cumulativement:: le paiement d'un seul libérera com-
platement le débiteur; et c'est le débiteur qui choi-
sira.
Voici maintenant les différences:
Le débiteur d'une alternative est dans les liens d'une
obligation unique. Le débiteur de la raxa est tenu
de doux obligations.
Dans ‘obligation alternative, les deux objets sont
dus concurremment et ab initio. Liobjet de la vars
GoogleDE LA CLAUSE PEALE DAYS LES obticaTIONS — Sf
u'est da au contraire que lorsque l'objet de lobliga-
tion premivre cessera de I'ttre. Les deux dettes sont
successives. Cette différence combinée avec le choi
laissé au débiteur fait que, dans Vobligation alterna
tive, on ne sait pas ce qui peut etre exigé par le
eréancier; la dette est incenta (fr. 74, De verb. oblig.).
Tandis que dans l'autre opération juridique on sait
toujours ce que le eréaneier a le droit de demander :
cest d'abord objet de la premiere obligation ; puis,
quand Finexécution de cette obligation s'est produite,
Tohjet de la pana. Ces deux dettes peuvent @tre
corte.
34, Le texte de Paul, qui se rapporte au type de
celle troisitme espece de pana (fr. 44, § 6, De oblig.
dit qu'il se produit une guasi-novation quand Vobli-
gation premitre est inexécutée. .
Yexaminerai, dans le chapitre de ma these con-
sacré aux effets de la clause pénale, quel est le sens
de cette expression et notamment si Paul ne veut pas
indiquer par la, que la novation ne se produit qu'acti-
vement, c’est-a-dire au point de vue du eréancier seul.
Sionadmet cette interprétation, la razsa constitue un
dédit et 1a comparaison que j'ai faite entre cette ona
et obligation alternative au choix du débiteur est
exacte. Si, au contraire, on décidait que la novation a
lieu aussi passivement : le débiteur se trouyerait alors
dans une situation analogueau débiteur de toute obli-
gation alternative dont l'un des objets a péri par cas
fortuil. L’obligation s'est cantonnée sur l'objet qui
reste : elle est devenue pure et simple.
35. Crest aussi a Fospece de raxa, que ‘examine,
que se rapporte le cas visé par le fr. 1, § 6, De stiv.
Google32 DROIT ROMAIN
serv. 45, 3. Ce texte souléve une légere difficulté.
Voici sa traduction ; « Lorsqu'un esclave commun &
» Titius et & Mcevius stipule en ces termes: promet-
tez-vous de donner dix a Titius aux calendes? Si,
» aux calendes, vous m'avez pas douué dix & Titius,
promettez-vous de donner vingt & Meevius? Il sem-
ble qu'il y ait deux stipulations. Si les dix n’ont pas
66 payés aux calendes, chaque mattre pourra agir
» ex stipulatu, mais la seconde obligation en faveur
» de Movius ayant pris naissance, Titius sera écarté
par 'exception de dol. »
Cette loi paralt contredire la proposition que j'ai
émise, savoir : que le créancier ne peut exiger que la
PENA, quand|'inexécution s'est produite, Pourquoi les
deux mattres peuvent-ils poursuivre simultanément,
puisque la deuxitme obligation anéantit la premibre?
La raison en est, je crois, que dés que la premigre
stipulation a eu lieu, Titius, mattre de l'esclave, en a
acquis le bénéfice ; il est devenu créancicr des dix, et
comme lesclave n'est qu'un instrument d'acquisition,
Ja seconde stipulation qui devait éteindre un droit
acquis & son mattre n'a pu, en théorie pure, produire
cot effet, elle n’a pului enleverle bénéfice d'une stipu-
lation antéricure. Pour sauvegarder a la fois les p
cipes juridiques et limtention des parties, le juriscon-
sulte accorde contre Titius exception de dol.
APPENDICE,
POINA JOINTE A UNE STIPULATION OU A UNE PROMESSE
POUR AUTRUI
36. Loriginalité du réle dela peena jointe auxstipu-
GoogleDE LA CLAUSE PENALE DANS LES onLicaTions 33
lations ou aux promesses pout autrui m'engage & étu-
dior, sous forme d'appendice, l'application des prin-
cipes, que j'ai posés, ace cas particulier,
« Nul, dit Justinien (§ 19, De inutit. stipul. lust. HT,
XIX), ne peut stipuler pour autrui. En effet ce genre
obligation (la stipulation) a 616 imaginé pour que
chacunacquidre seulement ce qu'il a intérét & acqué-
rir. Or lestipulant n’a aucun intérét a ce qu'on donne a
autrui, Toutefois, sil’on veut arriver & ce résultat, il
conviendra de stipuler une peine, de sorte que, si le
stipulant ne fait pas ce qu'on entendait qu'il ft, la
pulation dela peine so réalise au profit de celui-lt
meme qui n’avail aucun intérét, En effet, lorsqu'une
personne stipule une peine, on ne considdre pas quel
est son intérét, on recherche seulement: Quelle
quantité a été stipulée? et sous quelle condition la s
pulation a ét6 faite? Sidone quelqu’un stipule qu'on
donnera a Titius, lacte est nul ; mais s'il ajoute cette
clause: si vous ne le donnes pas, promettez-vous de
payer tant de sous for Pla stipulation est efficace. »
Il faut rapprocher de ce paragraphe le paragra-
phe 24 au meme titre : « A l'inverse, celui quia pro-
mis le fait d'autrui n’est pas réputé obligé, & moins
quil n'ait promis lui-méme une peine. »
37. Personnene peut stipuler pour autrui. — Celle
rgleabesoin d'etre bien comprise. Si je stipule de
vous que vous donnerez Pamphile a Tilius, deux
questions se posent : Ai-je cré6 une obligation ? Qui
pourra en poursuivrel’exécution, c'est-a-dire, quiaura
action? Les textes répondent que la stipulation est
inutile, c'est-A-dire, nulle, inefficace. La raison en est
que Titius, étranger & notre stipulation, n'a pu cn ac~
a
Google3 DROIT ROMAIN
quérir le benéfice, et moi je ne puis poursuivre, parce
qu’on ne voit pas quel intéret pécu je puis av
ce que Pamphile soit donné aTitius : Ceterum, wt ali
detur, nikil interest stipulatoris (§ 19, précité)..
Quel sera le moyen de rendre efficace cette stipu-
lation ? Il suflira que le créancier fasse apparaltre sou
intérdt pécuniaire : Ea in obligatione consistere, que
pecunialui praestarique possunt (fr. 9, §2, De stat. lib.
40, 7). Les Institutes et les textes du Digeste citent
plusieurs exemples oi I'intérét pécuniaire du stipulant
pour autrui est évident. L'unité de patrimoine produit
abord ce résullat que toutes les personnes placées
sous lamémepuissance,ou entrelesquelles existe cette
puissance, sout pécuniairement intéressées a stipuler
Jes unes pour les autres (Inst. IIL. XVI, De stipulat.
sere.,§ 4 ; fr. 39, 43, De verb. ob). Le tuleur qui ckde
Tadministration & son cotuteur en stipulant rem pu-
pilli salam fore, lorsque pour une cause queleonque
colle cautio n’avait pas 66 fournie, fait une stipula-
tion valable, parce qu'il serait Iui-méme responsable
silesaffaires du pupille étaientinal gérées. Le mandant
qui stipale pour son mandataire, le débiteur qui sti
pule pour son créancier, stipulent aussi valablement
pour autrui, parce qu’ils ont un intérét pécuniaire évi-
dent. § 20, Inst. ibid. Enfin un moyen de rendre effi-
cace toute stipulation pour autrui, c'est de stipuler
pour soi-méme une paxa, car, dit le § 19, quand on
stipule une peine, on n’examine plus ces deux ques-
Quelle quantité a 646 stipulée ? et sous quelle
condition la stipulation a-L-lle été faite ? La raison est
veaie mais un peu obscure : lachons de léelaireir. Je
stipule de vous que vous donnerez Pamphile & Ti-
GoogleDE LA CLAUSE PENALE DANS Les oaticatioss 3B
tius ; aucun lien de droit n'est cré6 ; mais j'ajoute :
Nisi dederis tot aureos dare spondes et yous me répon-
dez : spondeo. En définitive, est-ce une clause pénale
que nous avons ajoutée a la premitre stipulation ? Pas
du tout. Et ceci est {rds important, car cette stipula-
tion étant nulle, la clause générale devrait I'ttre aussi
Nous avons fait en apparence deux stipulations dis-
tinctes, mais au fond il n'y en a qu'une.
La rasa, voila co qui m’intéresse ; ce que je suis
censé vouloir stipuler. Le contrat étant de droit strict,
Yintérét d’affection est mis de cAté ; on suppose que
je stipule co que je suis pécuniairement intéressé &
stipuler.
La prestation & faire & autrui devient simplement
Ja condition négative a laquelle est subordonnéeexis-
tence de ma créance. La raxa est alors le contrat
conditionnel principal isolé du fr. 44, § 8, De odlig.
38, Certains auteurs disent que Padjonction de la
versa valide Vobligation primitive, en créant Vintéret
qui manquait, Je ne crois pas qu'ils soient dans le
vrai, car le texte des Institutes, d'accord avec le
sonnement, prouve que la premidre obligation n'est
pas validée ; elle est nulle ab initio ct reste nulle.
Mais & cdté d’elle surgit une autre obligation, qui ar-
rivera ou résultat que le stipulant s'est proposé,
quoique jamais le stipulant ne puisse poursuivre que
a prestation de Ja passa.
39. Personne ne peut promettre le fait Cautr
Hest bien Gvident que si je promets par stipulation
que Titius donnera Pamphile, Titius, étrangeraPacte,
ne saurait ¢tre lié: ma promesse est pour lui res inter
alios acta. Mais moi qui ai parlé au contrat, ne faut-
Google36 DROIT ROMAIN
i pas me considérer comme engagé, en ce sens que
ye devrai déterminer Titius A donner Pamphile, et si
je n'y puis réussir, payer des dommages-intéréts ?
Dans les contrats de boune foi, on rechercherait,
d'aprés les circonstances, si j'ai voulu simplement
prometire mes bons offices ou si mon intention a
4&6 sérieusement de m'obliger. Or cette intention se
présume toujours, parce qu'il est naturel de suivre
Tinterprétation qui donne un sens & Vacte plutot que
ilo, (fre 24, De reb. dich.y Why B 5
Mais c'est ici qu'apparatt le carac-
fr. 80, Deverb. ob.
tre absolument strict du contrat: tout ce qui est
exprimé par les paroles, mais rien que ce qui est
exprimé, voili ce qui sera in obligatione entre les per-
sonnes qui les ont prononcées ; et on ne sortira sous
aucun prétexte de cette rigueur du droit. Or, comme
dans Vespece celui qui a promis n'a pas spécifié qu'il
entendait s‘obliger personnellement pour le fait d'au-
teui, on Je considérera comme non obligé, et la st
lation tombera. Mais si les paroles iudiquent que le
promettant s'est engagé Iui-méme ; s'il a 6t¢ interrogé
en ces termes : spondesne te effecturum ut Titius det ;
il sera réellement tenu selon les termes de sa pro-
messe. (Inst. § 3, ibid.). :
De plus, le moyen de valider une simple promesse
pour autrui, c’est d'y a jouter une ra@xa (§ 21, pré-
cil6). Liintention de m’obliger n'est pas douteuse
alors, puisque je m'engage & payer une peine, si je
ne décide pas Titius & accompli le fait que j'ai pro-
mis. La pana est encore ici un contrat condition-
nel prineipal isolé auquel la prestation & accomplir
envers autrui sert de condition négative.
GoogleDE LA CLAUSE PENALE DANS LES opticaTio’s 37
40. J'ai terminé ainsi exposé des distinctions &
faire entre les diverses stipulations pénales, et jus-
life, je erois, que les jurisconsultes romains avaient
congu le type de la raxa, contrat con
cessive destiné A acenror Porson
principal. Il mo reste, avant d’exposer les effets pro-
duits par ces trois esprces de rasa, & réfuter les
systémes qui nient existence en droit romain de la
Pana que je considére comme le type de la clause
pénale.
aan contrat
SECTION 1
Examen des autres systémes sur la clause pénsle
gl
Systeme d'Azon: La Pena est un forfait sur les
dommages-intéréts
4A. Azon considérait la paeNa comme un contrat
aecessoire et aléatoire, ayant pour but de fixer & for-
fait les dommages-intéréts résultant de V'inexécution
de Vobligation principale.
Ce systéme donne une prépondérance trop grande
ATidéo que Ja clause pénale sert & soustraire au juge
Vappréciation des dommages-intéréts. Considérée
uniquement comme la représentation des dommages,
Ja puna ne peut étre encourue que si les dommages
pouvaient I’étre. Or, pour que I'exéculion donne au
eréancier le droit de réclamer des dommages-intéréts,
il faut que le débiteur soit in mora. Le systéme d’Azon
suppose donc une mise en demeure du promettant
Pour quela clause pénale soit encourue.
Google38 pnort ROMAIN
En ce sens on peut citer un texte d'Africain, le
fr. 23, Deoblig., 44, 7. Mais cette opinion n’était pas
Topinion générale des jurisconsultes de I'époque
classique, ni celle qui a triomphé. On en trouve cepen-
dant une trace dans deux décisions relatives & la
caulio injudicio sistendi (fr. 9, § 1, Si gus caut.2, 44;
fr.2, $4, Si quis injus, 2, 8). L’une permet de modé-
rerla peine s'il y a eu exécution partielle de Vobli-
gation principale; Yautre de considérer la peine
comme non encourue s'il n'y a eu aucun préjudice
pour le demandeur.
42, Mais, en dehors de ces cas exceptionnels, le
défaut dexécution de Vobligation principale & V'é-
chéance du terme faisait encourir la ra:xa, méme
sans mise en demeure. C'est ce que décide le fr. 77,
De verb. oblig.
Unrawus. — Ad diem sub pana peewnia promissa et ante
diem mortuo promissore, committetur pana, licet non sit
hereditas jus adita,
Ulpien suppose que le débiteur sub, pend est mort.
Le délai quil avait pourexécuter son obligation expire
pendant que I'hérédité est encore jacente. La peine
est encourue ; et cependant iln'y a pas de mora. En
effet, la mora suppose, dela part du eréancier, une
interpellation régulitre ; et, de la part du débiteur,
une résistance frauduleuse: Mora fieri intelligitur,
non ex re, sed ex persona: idest si, interpellatus
opportuno loco, non solverit (fr. 32, De usuris, 22, 1).
Or T'interpellation ne pouvant avoir lieu qu'aprés
Péchéance du terme (fr. 49, 23, De verb. oblig.), il est
certain que dans I'espice le débiteur n'a pas été
jnlerpellé, puisqu'l était mort avant cette époque ;
GoogleDE LA CLAUSE PENALE DANS LES OnLIGaTIONS — 39
el son hériticr n’a pu Vétre, puisqu'll n'a pas encore
fait adition. D’un autre cété, 'héridité jacenten’oppose
pas une résistance frauduleuse. La demeure n'existe
done pas; cependant committitur pana.
Les anciens romanistes, embarrassés pour expli-
quer ce texte, disaient que dans Ja eréance & terme
la demeure était encourue par la seule échéance du
terme. Ils en avaient tiré le brocart : Dies interpellat
pro homine (1)-Mais il paratt certain que, quelle que fat
la nature de la dette, la demeure était une question
de fait. Lefr. 32, De usuris, ne fait aucune ction.
Or les obligations A terme élant certainement plus
{réquentes que les obligations sans terme, on ne con-
cevrait pas que ce texte présentat comme une regle
générale ce qui n’aurait &é qu'une exception. Si la
seule échéance du terme fait eucourir 1a vusna, c'est
quelle marque le moment & partir duquel on peut
dire qu'il y a inexécution, c'est-dire que la con
tion & laquelle est subordonnée toute stipulation
pénale se trouve accomplie. (C. 12, De contr. et com-
mitt. stipul., 8, 38).
43, Popposerai enfin au systéme d’Azon la liberté
dont jouissent en général les parties pour la fixation
du montant de la raexa. Or, et ceci est une particu-
larité bien remarquable, non seulement elles peuvent
dire: en cas d’6viction, il sera payé tant, somme fixe,
qu'on pourrait & la rigueur considérer comme l'équi-
valent des dommages-intéréts ; mais elles peuvent dire
aussi: il sera payéle double, le triple, le quadruple de
(0) Cet adage est aussi peu romain dans Je fond que dans Ia forme.
Homo veut dire ua erclave et non ua homme, sujet de droits, qui pent
fire une ilerpll
Google40 nore RoWAIN
Ja valeur de l'objet. Il est bien évident qu'elles stipu-
lent alors plus que les dommages. Et cependant c'est
bien 1a ce que supposent Jes jurisconsultes, si bien
que la stipulation qui accompagnait habituellement
la vente a conservé, dans la doctrine, le nom de
stipulatio dupte.
44. Aussi Dumoulin et Pothier se sont-ils crus
obligés de corriger opinion d’Azon, et d'admettre
que le juge pourra modérer la clause pénale si elle
est trop forte, et l'augmenter si elle est trop faible.
Mais outre que ces deux tempéraments sont contrai-
res aux textes (fr. 44, 42 Pro socio, 17,2; — fr. 28,
De act. empti, 19, 4); ils détruisent l'unique utilité
que présente la clause pénale dans lopinion d’Azon.
Aquoi sert de faire un forfait sur les dommages-inté-
als, si ce forfait ne permet pas d'obtenir toute la
somme stipulée, ou permet d'obtenir plus que cette
somme?
gu
Systéme de Doneau : la POENA est toujours un con-
trat conditionnel principal mais subsidiaire.
45, Dans ce syst?me, la théorie de Ja clause pénale
s'élablit sur le § 19, De inwtilib. stipul. Ivstir., que
j'ai deja otudis,
« Gelte peine, dit Ducaurroy (II, 1004), est en-
courue pour inexécution d'une stipulation inutile, i
dépendamment de Tintérét qu'elle peut offrir au sti-
lant, et lors méme quelle n’en offrirait aucun : etiam
ei cujus nihil interest. On ne peut done considérer la
GoogleDE LA CLAUSE PENALE DANS Les opLicaTioss 4
clause pénale, ni comme I’évaluation ou la représen-
tation d'un intérdt qui peut ne pas exister, ni comme
Yaccessoire de la convention qu'elle sanctionne. La
peine forme..... objet d'une stipulation particulitre
que les parties contractent conditionnellement pour
Jecas ot une promesse antérieure resterait sans exécu-
tion; etpeu importe alors la validité ou la nullité de
celle promesse. Il s‘agit d'un contrat subséquent et de
Ja condition dont il dépend. Or, cette condition est
accomplie par cela seul que la promesse antérieure
rest pas exécutée comme elle aurait pul'étre. »
M. Accarias (II, 540), de son edt6, résume ce sys-
feme sous cette formule tres nette: « L’obligation
dite principale n'a d'autre valeur, ici, que celle d'un
fait mis in conditione, et, par conséquent, la stipula-
tion pénale n'est gouvernée que par les régles ordi-
naires des obligations conditionnelles. »
46. Dans ce systtme on explique les fr. 69 et 134,
Deverbor. oblig. parla théorie de la condition : Et d’a-
bord sur la deuxitme phrase du fr. 69 ainsi congue :
quemadmodum si quis Stickam mortuum dare stipu-
latus, si datus non esset penam stipuletur, on raisonne
de la manitre suivante: De deux choses lune, ou les
parties savaient au moment du contrat que Stichus
lait mort, et alors la stipulatio penze vaut comme su-
bordonnée & la condition de ne pas faire une chose
impossible ; ou bien elles ignoraient que Stichus fat
mort, alors Ja pea n'est pas due, non point parce
que la stipulation dite principale manque d'objet,
mais parce que, dans la pensée des contractants, la
condition consiste A ne paint exéentor
quils croient valable.
ana obligation
Google2 Ror ROMALY
Puis sur le second texte I'on dit : la premiere stipu-
lation étant contraire aux lois ou aux meurs, son
inexGcution ne saurait former l'objet d'une condition
licite ; et, en conséquence, tout est nul.
47. Assurément Fexplication est ingénieuse ; elle
satisfait Vesprit ; mais elle ne donne pas raison du
texte. Qui n'est frappé dela conjonction sec, qui dans
le fr. 69 relie le second membre de phrase au pre-
mier ? Le jurisconsulte pose d'abord les prémisses, et
il en tire immédiatement la conclusion pour I'esptce
quill examine, celle de la catvtio in jure sistendi ; puisil
passe & une seconde esptce pour laquelle le raison-
nement est lemme, puisquel’adverbe guemadmodum,
qui commence la deuxitme phrase, indique bien qu'il
faut aller chereher la solution dans la premigre. Quant
a la distinction qu’on propose, elle est repoussée par
la généralité du texte: et s'il était vrai qu'il fallat
Yentendre en ce sens, que la peine n'est pas due parce
que la condition de la clause pénale n'est point ac-
complie, les parties ayant prévu une inexécution vo-
lontaire, peut-on croire qu'Ulpien se fat servi d'une
formule générale et ambigué, pour dire une chose si
facile & exprimer d’une fagon précise ?
48, Ce systéme invoque enfin un argument tiré du
fr. 22, ad legem Aguil. 9,2:
Pautus. — Si seroum occidisti, quem sub pena tradenduom
promisi, uiltas venit in hoe judicium.
Il résulle de ce texte que lorsqu’un individu a tué
un esclave, qu'une personne s’était engagée & livrer
sous peine de payer une somme d'argent, cette per-
sonne peut obtenir par action dela loi Aquilia, non
GoogleDE LA CLAUSE PENALE DANS LES OBLIGATIONS 43,
seulement la valeur réelle de lesclave, mais encore
Tutilitas, eest-i-dire V'intérét qu’elle avait A ce que
Tesclave ne pértt pas : et dans la pensée du juriscon-
sulte cet intérét n'est autre chose que le montant de la
pena. Elle doit done payer cette peine, alors que l’o-
bligation principale a été éteinte par un cas fortuit.
Comment concilier cette solution avec le principe, que
la clause pénale, étant l'accessoire, ne peut subsister
sans le principal? Et, ajoute-t-on, il n'y a pas & douter
que Paul envisage une vraie clause pénale et non un
simple contrat conditionnel, car le texte dit: seroum
tradendum sub pena ;Yesclave est done bien in obli-
gatione!
49. Je réponds d’abord que ce texte ne donne pas
Ja formule de la stipulation, et cela suffirait pour
dire que Paul envisage la stipulation : Si Pamphilum
non dederis, centum dare spondes? c’est-&-dire le con-
trat conditionnel principal od la dation de Phamphile
est un is simplement in conditione. Mais il faut
surtout, & mon avis, expliquer ce texte par l'opinion
personnelle de Paul sur’interprétation de la formule ;
Pamphilum dare spondes? Si non dederis, centum dare
spondes ? Paul, ai-je dit, considérait comme un con-
trat conditionnel principal, mais subsidiaire, la pena
engendrée par cette formule, qui, d'aprés Papimien,
aurait donné naissance & la pena, contrat conditionnel
accessoire. Ace point de vue, il est bon de rapprocher
le fr. 22 ad legem Aquiliam du fe. 44, § 6, De verb.
ablig. : « Sed sinavem eri stipulatus sum, et si non
feceris, centum: videndum utrum due stipulationes
sint, pura, et conditionalis, et ezistens sequentis con-
ditio, non tollat priorem ; an vero transferat in se, et
Google“ DROIT ROMAIN
quasi novatio prioris fat ? quod magis verum est. »
Paul dit que sila premitre obligation n'est pas exé-
cutée, elle est novée par la seconde ; c’est-A-dire que
celle-ci I'éteint et la remplace : rien d'étonnant des
lors qu'il admette dans Io fr. 22 ad legem Aguiliam,
que Ia raxxa subsiste quand l'obligation primitive
n'existe plus.
GoogleCHAPITRE TROISIEME
EFFETS DE LA CLAUSE PENALE
SECTION PREMIERE
Questions soulevées. — Divers systémes. — Dis-
tinctions & faire.
50. Je suppose que, l'inoxécution s'étant produite,
la peine est encourue ; quel va étre le droit du créan-
ier? Pourra-til exiger cumulativement objet de
la parva et celui de obligation incxécutée ? Devra-t-il
aucontraire se contenter de !’un ou de l'autre? Et
dans celte seconde hypothése aura-til le choix? ou
ne pourra-t-il plus exiger que la. pana?
Voili les deux questions principales que soulevent
les effets de la clause pénale.
5A. La premitre est expressément résolue par le
fr. 418, § 2, De verb. oblig.: on recherchera quelle
até Vintention des parties. La seule question qui
puisse @tre agitée, c'est de savoir si dans certains
cas Yintontion de cumuler lexécution des deux obli-
gations ne devra pas étre présumée? Cette hypothdse
est peu fréquente. Conformément, en effet, aux prin-
cipes généraux en matidre d'interprétation, on doit
Google46 Ror ROMAIN
décider généralement qu'il n'y a pas lieu a cumul,
cette solution étant plus favorable pour le débiteur..
Jo vais examiner successivement ces deux hypotheses
en commencant par la dernidre, qui constitue le droit
commun en matidre de clause pénale.
A. — PREMIERE HYPOTHESE
Lexécution des deux obligations ne peut étre cumulée
52. Quels serout, dans celle hypothese, les droits
du eréancier? A-il un choix a faire ou peut-il seule-
ment exiger la pana?
53. Les auteurs qui ont voulu ramener les divers
exerples de pa:xa i un type unique éprouvent de
graves difficullés en présence des solutions contra~
dicloires des textes relativement aux effets dela razxa.
Jo ne parlorai plus du systéme dominant au sitcle
dernier, mais seulement des opinions qui ont cours
parmi les interprétes modernes. Ceux qui voient dans
lavas un contrat accessoire admettent générale-
ment que le créancier a le choix entre cos deux
partis: poursuivre l'exécution de obligation princi-
palo, ou demander le paiement de la pazxa. Les fr. 44
et 42, Pro socio, 17, 2; 28, De act. empti, 19, 4,
favorisent lour opinion. Mais la difficulté natt du
fr. 44,§ 6, De obligat., od Paul dit qu'il s'opere, par
Vinexécution de Yobligation principale, une quasi-
novation entre cette obligation et la peine ; de sorte
que le créancier ne peut exiger que celle-
Onrépond que Paul a émis, dans cette hypothdse,
une opinion hasardée, qu'il contredit lui-méme dans
GoogleDE LA CLAUSE PENALE DANS LES onticarions 47
le fe. 71, Pro socio, en admettant qu’il n'y a novation
que si les parties ont voulu Ja faire. D'autres disent
qu'il faut distinguer suivant que obligation principale
résulte d’un contrat de bonne foi ou d'une stipulation.
Dans ce dernier cas, la stipulation pénale noverait
toujours la premitre.
Les partisans du contrat conditionnel principal et
subsidiaire devraient tre logiquement amenés a sou-
tenir que la poeNa se substitue forcément au contrat
primitif des que I'inexécution s'est produite ; qu’elle
seule, des lors, peut etre exigée. Qu'importe, en effet,
que V'intention des parties se soit manifestée dans une
stipulation jointe & un contrat de bonne foi, ou
daus une stipulation ajoutée & une aulre stipulation,
du moment que cette intention est certaine? La
seule différence qu'on puisse admettre entre ces
deux cas, c'est que, dans le premier, I'intention
de nover ne devra pas étre déduite exclusivement
de la formule employée (fr. 71 Pro socio), tandis que,
dans Je second, on devra uniquement la rechercher
dans a formule, Or, nous savons que Paul présume
celle intention toutes les fois que l'obligation avec
raxa est engendrée par deux stipulations distinctes
(fe. 44,§ 6, De obligat.), tanidis que Papinien exige
une déclaration expresse (fr. 113, § 2, in fine).
Cependant la nécessité de concilier avec ce systéme
les fr. 44 et 42, Pro socio, et le fr. 28, De activ. empti,
fait quion admiel généralement une ‘distinction. On
généralise d'un cdté ces derniers textes, de l'autre, le
fr. 44, §6, De oblig., et Yon dit : sila peine a été sti-
pulée a la suite d'un contrat stricti juris, elle peut
soule tre demandée ; si, au contrairo, elle a (té sti
Google48, Ror nowAre
pulée ala suite d'un contrat de bonne foi, le choix
est laissé au créancier.
54. Ces deux systémes ne donnent pas, &mon avis,
une explication satisfaisante des textes. S'il est vrai,
comme je crois lavoir démontré, qu'il existe, sons
le nom de axa, trois espdces de contrats de
nature différente, il est évident que leurs effets
doivent différer toutes les fois que ces effets seront
a conséquence d'un caractére qui ne leur est pas
commun. Or, sur la question spéciale dont je m’oc-
cupe, il semble impossible de ne pas faire une dis-
tinction fondamentale entre Ja razwa, contrat acces-
soire, etlapaa,contrat prineipal, isolé ou subsidiaire.
Cette distinction faite, le rigorisme des actions de
droit strict en amtnera une secondo, suivant que la
stipulation pénale sera jointe &.un contrat de bonne
foi, ou d un contrat stricti juris.
Je vais done reprendre successivement mes trois
disti ions et, en traitant d'une manitre générale les
effets produits par chacune des trois esptces de rasta,
je dirai dans quelle hypothdse le eréancier aura le
choix entre lexécution de la parxa et celle de Vautre
contrat, et quelles seront les conséquences de son
option.
SECTION 11
Effets de 1a peona contrat accessoire
55. Lorsque la parva est un contrat accessoire
tendant & assurer Fexécution d'un contrat principal,
elle revét le caractére d'une sanction. Or, j'ai dit
qu'une sanction pouvait étre invoquée ou négligée par
GoogleDe LA CLAUSE PENALE DAYS Les onLicaTioss 49
celui au profit de qui ello existo. Aussi poserai-je en
principe : que le eréancier conserve, malgréla stipula~
stion d'une parva, le droit qu'il aurait eu, en Tabsence
de cette stipulation, d'obtenir lexécution de Vobliga-
tion & laquelle elle est ajoutee.
56. Celte solution résulte implicitement du fr 418,
22 De verb, obligat. S'il 6st nécessaire de faire une
déclaration exprosse pour permettre an eréancier
@exiger Ala fois Vexceution de Vobligation pr
et la peine, il va de soi que lorsque cette déclaration
n'aura pas 6t6 fail
Yexécution de Vobligal
57. Losfr. 44, § 6, De obligat. et 74 Pro socio, ne
contredisent nullement cette solution, étant donné
que Paul admet que la stipulation: Pamphitum dare
spondes ? si non dederis centum dare spondes ?fait pré-
sumer que les parties ont voulu donner uniquement
au eréancier le droit d’exiger la peine quand linexé-
cution se sera produite.
Cette observation me paratt d’autant plus exacte, que
Paul examine danse fr. 71, Pro socio, deux formules
de stipulations pénales, dont l'une contient seulement
une question adress¢e au débiteur et commence par
Ja condition SI, et dont l'autre contient deux questions.
Il interpréte cette dernitre cxactement comme dansle
fr. 44, §6, De obligat., c'est-a-dire qu'il la considere
comme pouvant entrainer la novation de obligation
primitive. Sa doctrine n'est done point en contradic
tion avec elle-mémo ; et, s'il y a une nuance entre la
solution du fr. 74, Pro socio et celle du fr. 44, § 6, De
obligat., elle tient, comme jel'ai dit, & une différence
dans la nature du contrat auquel la pazxa est ajoutée.
‘
Google30 nor nomare
Laissant done de edté l'opinion particuliére de Paul
POUR QUI LA QUESTION NE SE POSE Point, il ne faut pas
hésiter & adinettre Yoption du eréancier entre Vaction
résullaz.t de la stipulatio pene et Yaction du contrat
principal.
58. Quand la clause pénale sera jointe & un contrat
de droit stvict, elle résultera toujours d'une stipula-
tion et, partant, produira action générale ex stipu-
Latu; action eivile, personnelle, in jus el stricté juris,
Celle action sera tout A fait distincte de Vaction du
contrat principal, quelle qu'elle soit; elle devra done
s‘exercer part, Ie eréancier aura le choix entre l'une
ou l'autre.
59. Si objet de obligation principale a péri de~
puis la demeure du débiteur, il ne lui restera évidem-
meut d’autre parti que d'exiger objet de la raena ; do
meme que si objet de cette obligation était um fait
personnel au débiteur que l'on ne pat oblenir manu
i. Si, au contraire, la chose qui fait Vobjet de
lion principale peut étre enlevée de force au
débiteur, ou s'il s'agit d'un fail susceptible d’etre ac
compli par un fiers, je n’hésite pas & admettre que le
erGancier peut poursuivre V'exécution foreée. Le dé-
iteur devra en payer les frais alors méme quills
exeéderaient le montant de la peine. Il est inadmis-
sible en effet que le débiteur trouve dans la raewa
ipulée a titre de sanction un moyen de s'alfranchir
des couséquences de Pobligation sanctionnée.
60, Supposons que le erGancier qui a le choix
culre Pactiou teudaut &Pexécution du contrat et celle
de la vena intente par mégarde la moins avantageuse,
pourra-t-il exercer l'autre action pour le surplus?
GoogleDE LA CLAUSE PEXALE DANS Les opticaTions BL
Cette question doit étre résolue négativement si le
contrat principal est stricti juris. De quoi peut se
plaindre en effet le eréancier qui avait le droit de
choisir entre Pamphile ou le paiement de cent a titre
depeine 2M a exercé son choixen intentant une action.
Tout son droit a 616 déduit in judicium. Supposons
quil ait demandé Pamphile ; il s'apergoit en cours
@instance que Pamphile ne vaut pas cent ; il voudrait
intenter alors l'action ex stipulute pene. Mais on lui
fera cette réponse baste sur les paroles mémes dela
stipulation : on vous avait promis cent si on ne vous
donnait pas Pamphile. Vousavez demandé Pamphile;
les effels du jugement & intervenir devant remonter
au jour de Ja itis contestatio, c'est comme si vous
avice déja rogu Pamphil
Jouc les cont ne vous cont
pas dus. Le résultat serait analogue si, ayant agi
@abord ex stipulatu pene le créancier voulait inten-
ter plus tard J'action du contrat principal, supposé
toujours stricti juris. 1 serait repoussé par lexcep-
tion de dol (Fr. 4, § 7, De doli mali, 44, 4).
Quand la pana a ét6 ajoutée a un contrat de bonne
foi par un pacte in continendi, il suffit d’appliquer les
principes généraux pour dire que le eréancier obtien-
dra id quod interest. Le pacte fait corps avec le
contrat ol 0 trouve par cone
quent sanctionné par
Taction quil engendre (Fr. 7,§3, De pactis 2, 14;
c. 13, De pactis 2, 3).
Mais sila paexa résulle d'une stipulation, les textes
autorisent un retour de Faction ex stipulatn it Taction
du contrat de bonne foi; mais non de celle-ci & l'ac-
tion ex stipulatu.
Google32. pnort nomare
Fr, At, Pro sovio, 47, 2: Uteraxes : Si quis a socio paenam
stipulatus sit, pro socio non aget, si tantumdem in peenam
sit, quantum ejus interfuit,
Fr. A2, ibid. : Uuetaxus: Quod si ex stipalata eam conse-
cutus sit, postea pro socio agenda, hoe minus acc
ci in eortem imputata
Fr. 28, De action. empti: Seuiasus : Predia mibii vendi-
dist et convenit, ut auiqut FAcENEM quoD St Nox Fectssea
vax rHoMtst. Respondit, venditor, antequam paenam ex sti-
pulata petat, ex vendito agere potest: si consecutus fucrit,
quantum porn nomine stipnlatns esset, agentom ex stipulat
dl tio submovebit. Si ex stipulatu puniam conse-
ceutus fueris, ipso jure ex vendito agere non poteris: nisi in
id, quod plots ejusinterfuert, id fri,
» pena
Celle distinction est conforme aux principes, car
Ja promidre poursuite a fait dcfaillir la condition de la
stipulation pénale et de plus le eréancier est présumé
avoir renoncé son hénéfice (Fr. 10, in fine, De eo
quod certo loco, 13, 4).
— Deuxréme HyPoTHisE
Lexécution des deux obligations peut étre cumulée
G1. Ce n'est que dans la ra:xs contrat conditionnel
accessoire qu’on peut concevoir le cumul de lexécu-
tion du contrat principal et dela razsa. En effet, dans
mn: si Pamphitum non dederis centum dare
spondes, ilu'y a qu'une obligation fucullative, et, dans
lare@exa, contrat conditionnel principal subsidiaire, le
cumul est proscrit par une déclaration expresse ou
implicite des parties. C'est done uniquement quand la
Googlepe LA ceiver Pavate base EEE opications BP
PENA apparall comme une sanction, qu’on peut se de-
mander si le montant de la peine pourra étre exi
par le eréancier cumulativement avec V'exéeution du
contrat principal.
B2. Le fr. 115 De verb. obligat., répondant &
celle question pose en principe, qu'il faut recher-
her Vintention des parties : guum id actum probatur
ut, si homo datus non fucrit, et homo et pecunia de-
beatur.
63. La pene stipulée a raison du simple retard est
éyidemment destinée & étre cumulée avec I'exécution
de Yobligation principale.
Les dommages-intéréts dans les detles qui ont pour
objet de Vargext sont toujours moratoires (Fr. 44 De
usuris, 22, 1).
6%, Souvent aussi dans les transactions la paExa,
uulée pour assurer V'exéeution du pacte de non
petendo, pourra se cumuler avec le maintien de la
transaction, parce que les parties auront vu dans la
peine une indemnité pour le trouble causé au défen-
seur par de nouvelles poursuites. Aussi la plupart des
formules de transaction portent-elles expressément
que la transaction sera maintenue, quoique la peine
soil encourue et puisse élre exigée : panam, quam
SI CONTRA PLACITUM FECEMIT, RATO MANENTE PACTO,...
promiserat (Br. 1G De transact. 2, 13); — si quidem
de his redidendis, MANENTE TRANSACTIONIS. PLALITO,
statim stipulatione, st coNTRA FECERIS, prospexisti
c.47, De transact. 2. 8).
Mais faut-il aller plus Join et décider que tout pacte
de non petendo, fail ¢ransactionis causa, emportera,
sans déclaration expresse des parties, cumul de 'ex-
Google5b nore nowaty
ception pacti et de Vaction ex stipulatu? Crest-a-dire
Yexécution de la convention principalo et de la peine?
On serait tenté de répondre affirmativement. Il sem-
ble en effet, comme le dit Pothier (Obligations, n*348)
que: «ce que j'ai entendu.... u’était pas précisément
que vous ne porteriez aucune atteinte A cet acte,
Jequel tant valable parlui-méme n’en était pas sus-
ceptible, quand méme je ne Paurais pas stipulé : ce
que j'ai entendu de vous était plutat que vous ne
fericz pas de proces ».
Ce raisonnement menerait trop loin. I faudrait aller
jusqu’a dire que la peine se cumulera avec l'exécu-
tion de Ia convention principale, toutes les fois que
cette convention produit Feffet que les pa
tendai
en ale
at. Ainsi un pactede non petendo engendre une
exception et cela suffit pour que le but des contrac-
tants qui yeulent maintenir le résultat de la transac~
alleint. Mais, de méme, lorsque j'ai stipulé
e, mon contrat est valable et addition d'une
PONA Wétait pas névessaire pour ine faire obteni
Yesclave promis aussi 'on ne voit pas pour quel motif.
la ra@xs, jointe & un pacte de non petendo, devrait,
en Vabsence d'une déclaration expresse, se cumuler
avec l'exception pacti conventi. C’est d'ailleurs ce
que dit clairemeut le fr. 10, § 1, De puctis, 2, 14.
‘Usnranvs, —Si pacto subjecta sit pen stipulatio, quaritur,
‘utrum pacti exceptio locum habeat, an ex stipulatu actio?
Sabinus putat, quod est verivs, utraque vin uti posse, pront
elogerit, qui stipulatus est: si tumen ex causa pacti excep-
tione utatur, mquum erit accepto eum stipulationem ferre
Pothier objecte le fr. 122, § 6, De verbor. oblig.
deSccvola: Deux fréres héritiers de leur pere, et
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