LE CAESAR, OU LA GENESE ATYPIQUE
D’UN MATERIEL D’ARMEMENT
Par Philippe Girard, io
ment francais acquiérent une no-
torété oublave, ‘rut une lege
xwerlure médiatique,
tamment
dans fe contexte d'un confit éran-
{ge CommelExocet lors de la quer
des Malouines, lag
cconsacre la réussit
sre en Usraine
‘du CAESAR,
Tou
permis au canon CAESAR de voir le
jour sont comalétament ary
dans le paysage de Tamement
frengais. Trop partcuiéres pour
constituer un modéle du genre,
‘elles monirent néanmoins comment
cheminement trés ditfgrent des
méthodes clas
A une réussite qui constitus av
jourd'hui une ferté pour a France,
Jes a pu about
Giat Industries dans la tour-
mente: 'export, condition de
survie de lentreprise et du sa-
voirtairo
En 1990 le GIAT est passé du sta
tut étatique au sein de la DGA au
statut d'entreprise, devenant Giat
Industries, Je venais de prendre
la direction des programmes dar
tilera, avec un profl plutét inhabi-
tue, puisque, IA d'origine « Aéro »,
Favais rejcint la DAT et le GIAT
aprés un MBA & Wharton.
Giat Industies était en
‘otande cificulté du fat des ei
tances de sa créatio:
par des baisses de cible de 'Amée
Frangaise. La gamme d'artilerie de
185 était constitue de eutomo-
‘eur AUF1 en fin de production pou
la France, et du canon tracté TRF
but de Ivralson en quantité
duite, Lavonir de nos activites dar
tilera, et par conséquent le main-
tien des compétences, reposai
lone essentialemant sur Vexpor.
LAUF1, bien que toujows en
vance, était monté sur un chassis,
‘AMX20 sous-dimensionné, et ses
doulas combustibles r’étaiont pas
au standard OTAN, Le TRFI avait
un potentisl plus encourageant
mais la concurance état tés ou
verte, sot avec des matériels plus
rustiques et moins chers comme
lo M98 américain, sot avec des
matérels europgens assez compa
rabies.
Une mutation du TRF1
Paraélement, le nouveau standerd
OTAN de 52 calores augmentant
sensiblonent la portée de larilore
lait on tran re finals, Aucun dé
voloppement de ce type rétait envi-
sageable du céts francais, les TRF1
ayant & peine déouté kur car
la modernisation éventuole des AUF1
Slant embryonairet bintane. Des es-
sais interes d'un tube de 52 calores
sur un TRF1 furont eatastrophiques.
adaptation nécessiat le dveloppe-
rment d'un nouveau systéme de recul
diffcle & justfer sur fonds propres
dans i stuation de Ventreprise
Du fat de séries réduites, le cott
de la. seule fonction assistance
et mobilté du TRFT était du meme
ordre de grandeur que celui du ca-
mmion tractour Renault TRM 10 000.
LéArmée payait done le méme pri
pour déplacer le TRF1 de 600 kilo
rmatves (racté) ov pour le déplacer
de 100 mates (mise en batterie.
C'est catte prise de conscience qui
onduist a envisager de réaliser une
Sconomie substantiale de motor-
sation et de structure en installant
Taft diectement sur le camion.
Le cahier des charges tenait su
ile A4, mais dépassait
le simple démonstrateur technique
de faisabllté. Sl ne répondlt & au
cune demande arfcilla de TArmée
de Terre, salis‘aite des matériels
existants, il contenait ds fe début
los caractérstiques opérationnelies
d'un matériel performant et prévu
pour se démarquer de la concur
renee, notamment
une dem
= un canon longue portée de $2
la conception d'un systéma de
recul adapté a la puissance de
TarmeVaérotransportabiité dans un
6120en un seul lot », question
qui ne s'état jamais posée pour
des matérols diartlerie, Cola
incluat équipe de piace entire
et to's salves de sx couns pour
tune capacité d'intervention im-
‘méclate. En passant, cola faisalt
Scho & Taéromobilité du futur
M777, ultra-iéger, transportable
sous hélicoptére. Cette capaci
de projection s'est avérée tres
Utle dans un contexte d'opéra-
tions extérieures
= une protection NBC de la ca
bine, qui n’a ensuite pas ét
= la classe & vis n’étant pas in-
dispensable, elle n’état pas
dans le cahier des charges ink
tial, mais oe fut une améloration
Uérioure notable
= une stgonomie au minimum
Squivalente & cole du TRFt
Le nom de CAESAR fut le ult d'un
pelit concours d'idées interne &
Vréquipe de projet. Au CESAR (Ca-
mon Equipé d'un Systeme oA
lerie}, a été ajouté le A ce GAmion
pour le rendre plus international
Rapidement la réponse de Iéquine
technique est abrupie: ce n'était
pas possible. Aucun camion de ci-
mensions raisonnables ne pourrait
supporter les efforts d'une arme
10 52 callbies & charge maximale.
‘Selon ke vill adage, puisque c'était
impossible, i devait forcement
exister une soktion
Cost Vidée ot architecture astu-
clause d'un faux chassis fant les
efforts et de la platefore
crage Al'ariére permettant ala fois,
0 tranemette les efforts au sol et
de rehausser les servants pour
charger le canon qui a permis de
‘trouver une solution sur un eamion
UNIMOG, un des rares camions mi-
Itares ce ta tale voulue apparem-
ment capable d'assumor la fone-
tion & fépoque, La Sooé'é Lohr
Industrie, imporiatrice d' UNIMOG,
fut alors impliquée dans le projet
pour fa fourniture des camions et
la conception de lnterface entre le
ccamion et Ie faux-chassis.
Le comté statégique de Giat
Industries fut immeéciatement
cconvaineu par lopportunité de dis-
poser d'un nouveau matériel, in-
rnovant, pour un cod relativement
modeste, qui par allours rejignait
les conchisions d'une démarche
stratégique interme ayant mis en
6vidence un hypothétique sogment
clautomoteurs légers. La possiil-
{6 de redéployer une partie de ce
développement sur une évolution
52 calbres du TRF1 dans Véven-
twallé oi le concept ne prospére-
rat pas atténuait de plus le risque
de Vopération
Le prototype fut réalisé on moins
‘'un an, puis exposé au salon Eu
rosatory de 1994
C'est ainsi quiestné le CAESAR,
(On connait mioux la suite. Malgré
Fintérét qui suscitat, la. décon-
nexion du CAESAR des forces
‘rangaises constiuait un froin & son
exportation, Le Minist&re de la Dé-
fense consantit alors & donner un
«coup de pouce» & Giat Indus
tries en commandant cing canons
r,
—
Laplaaute cea verson onal ay CAESAAL
fet en pronongant une adoption du:
CAESAR dans les forces, co qui li
valut dalleurs au sein des forces le
surnom de Ganon Acheté par Etfet
do Surprise par Alain Richard. Cola
‘avorisa effectivement les premiers
contrals & export, mais c'est lors
de 'expérimentation tactique som.
maire en vue de cette adoption
symbolique que les artileurs réal:
sérent toute la valeur du concapt
et décidBrent d'en faire le matériel
principal de 'Armée Frangaise,
aboutissant au CAESAR actusl qu!
reste tr8s proche de sa version in-
tiale, La diférence la plus évicente
fest le remplacement ct camion
Unimog par un eamion Renault; la
plateforme arriéte a &té amétorée,
ainsi que la conduite de tir
Les clés : connaissance du mar-
ché, liberté de concevoir, rapidi-
16, expérience technique
I est toujours facile et un pau sub-
Jectif de tir des enssignaments a
posteriori pour expliquer un su
cbs, Voici néanmoins quelques 6h
ments, voire quelques paradoxes
intéressants
premier lieu, il-ne fait aucun
doute que le CAESAR est un ma-
térielInnovant en ce sens que rien
d/équivalent nexistalt auparavant.
Pourtant, il_ne contiont aucune
Innovation technologique. 1! n'estEn ie us, fe CAESAR av srs, enei sk 6bus 8 itd Ohm ame une prion le
pas Ie fut de Tévolution continue about A un véritable automotou
d'un type de matériel vers une (ts) lager beaucoup plus adapts
t moins cher qu
formances aux colts de plus en entrapris ex riilo le développe
plus élevés, Il s'agit d'une bran
lele «de evolution, Le CAE- 16
une mutation spon
née du TRF! et ine ki ressemble Un autre point primordial est la l=
pas. Ie lus ruslique, et bert de manoeuvre relativement,
néanmoins plus effcace et plus grande et Tambiance extraordi-
adapt. innovation n'est pas nalrement collégiale qui régnait a
toujours Hi-tech, elle n'est pas Bourges entre les dire
forcémant synonyme d'un saut de vices. On paut dire aujourd'hui que
performance ; ele peut étre parfois si le CAESAR n’avalt pas été lanot
simple et évidente & condition de dans ces conditions-l, il nfauralt
changer de point de vue jamais pu voir le jour dans le mode
do management qui a été mis on
Mais avant tout, plus quelerésultat place deux ens plus tard,
d'une pure aémarche opération-
nelle, la CAESAR est le fruit d'une Cet environnement a permis dalle
clémarche marketing dictée par le trés rapidement vers du coneret,
positionnement concurentiel de Un point essentiel état de isp
la gamme de produits, st faciitée ser d'un démonstrateur proche du
par une tr produit défi, car un lent po
thé international et une in tential se pr
teraction r ces. gfe a un ot
Ilr'est pas soni du cheminement —alité, qu'a
de Minstuction « 1516 », pour la soit, ou un prototype de lat
bonne raison quilln’y serait jamais tore. Cette rapidité a parmis dan-
6, Et quand bien méme VeGt-l crer le CAESAR comme nouveau
ne serait certainement pas matériel.
fl. De meme, ily
forme fans le Pour fini, ulime paradoxe, bien
fait que cette mutation clu TRF1 ait quil at été acheté « sur étagere »
ment classique o’un automoteu
bonne
Un projet aussi
que rapidement oubliés parla GA
lors du changement de statut de
GIAT, ont continué a faire le meme
‘ravall: colui pour lequal ils étaient
entiés dans le corps, au service de
excellence et du rayonnement de
armement trangals.
Le CAESAR na pas été Ie fruit
d'une génération spontanéo, mais
d'une conjonction deci
tances et de lenvie de tr
lutions originales dos pro-
préccoupants, Ces toutes
'es années de gestation ont
bem
premi
vw Timplication d'un pet nombre
de personnes, parmi lesquelles
faut citer Jean-Marie Romé (CE-
TA) ot Robert Vomet, du bureau
d'études sous la direction de
Jean-Loup Guertin (OA), André
Bourgougnon, Bertrand Tr
rin (GAj, Jo8l Marcon (ICA), puis
Christophe Sellez qui m’a suc-
cécé ake dl dos matériols
diarillere, el enfin. Plere-André
Moreau (IGA) qui repat fe tlambeau
quelques années plus tard. ls so
aujourd'hui retraltés et certains ont
matheureusement disparu, ll m’a
16 par utile ter cate
histoire avant qu'elle ne soit défini-
tivement oubleée,
>
Born tee