You are on page 1of 20

RÉPUBLIQUE DU CAMEROUN REPUBLIC OF CAMEROON

Paix – Travail – Patrie Peace – Work - Fatherland


----------------------------- -----------------------------
UNIVERSITÉ DE DSCHANG UNIVERSITY OF DSCHANG
Scholae Thesaurus Dschangensis Ibi Cordum Scholae Thesaurus Dschangensis Ibi Cordum
----------------------- -----------------------
FACULTÉ DE MÉDECINE ET DES SCIENCES PHARMACEUTIQUES FACULTY OF MEDICINE AND
---------------- PHARMACEUTICAL SCIENCES
DEPARTEMENT DES SCIENCES PHARMACEUTIQUES -----------------
DEPARTMENT OF PHARMACEUTICAL SCIENCES

BP/ P.O. Box 96, Dschang; Tél/Phone (237) 233 45 13 81; Website : http://www.univ-dschang.org; E-mail : fac.med-pharm@univ-dschang.org

PHM 116 : INITIATION A L’ETUDE DU MEDICAMENT D’ORIGINE VEGETALE


Licence 1 Pharmacie (FMSP/UDs)

Dr MAKEMTEU Junelle

Chargée de Cours

E-mail: jinelle3@yahoo.fr

Tél: 672 11 56 45/696 71 25 72


Sommaire
FICHE DE PRESENTATION DU COURS ...................................................................2
Contenu ...........................................................................................................................2
Objectifs du cours ........................................................................................................... 3
Introduction .....................................................................................................................3
I. Définitions ................................................................................................................... 3
1. Drogue ....................................................................................................................... 3
2. Principe actif végétal ................................................................................................. 4
3. Médicament traditionnel amélioré .............................................................................. 5
II. Méthodes d’étude botanique ...................................................................................... 5
1. Nomenclature ..............................................................................................................5
2. Récolte ........................................................................................................................ 8
3. Séchage ....................................................................................................................... 9
III. Méthodes d’étude chimique ...................................................................................10
1. Quelques techniques d’extraction .............................................................................10
2. Étude galénique .........................................................................................................10
3. Étude de la stabilité ...................................................................................................11
4. Méthodes d’identification chimique ......................................................................... 11
5. Identification du principe actif ..................................................................................14
IV. Quelques essais sur les matières premières ............................................................ 15
1. Taux de cendres ........................................................................................................ 15
2. Teneur en eau et perte à la dessiccation ....................................................................15
3. Nature et taux des éléments étrangers .......................................................................15
4. Matières extractibles ................................................................................................. 17
5. Chromatographie sur couche mince (CCM) .............................................................17
6. Chromatographie en phase gazeuse et chromatographie liquide ..............................17
V. Le contrôle de stabilité .............................................................................................18
VI. La conservation et le stockage ................................................................................18
Conclusion .................................................................................................................... 19
Références .....................................................................................................................19

Dr MAKEMTEU Junelle, Chargée de Cours, FMSP-UDs. PHM116:Initiation à l’étude des médicaments d’origine végétale 1
FICHE DE PRESENTATION DU COURS
Intitulé du cours: INITIATION A L'ETUDE DU MEDICAMENT D’ORIGINE VEGETALE
Code de l’unité d’enseignement: PHM 116
Nombre de Crédit: 2
Temps Allouer au Cours: CM : 15 h, TD/ TP : 10 h, TPE : 05 h.
Cours magistral (4h x 5 = 20 heures)

Contenu
I. Définitions
Drogue, principe actif végétal, médicament traditionnel amélioré.
II. Méthodes d’études botanique
Nomenclature – récolte – séchage
III. Méthodes d’études chimiques
Principes d’extraction
Chromatographie : CCM, CL, CLHP
Identification du principe actif
IV. Essais sur les matières premières
V. Le contrôle de stabilité
VI. La conservation et le stockage
Travaux dirigés (4h x 2 = 08 heures)
Séance N°1 (04 h)
­ Les méthodes d’étude botanique
Séance N°2 (04 h)
­ Correction fiche de TD
Travaux pratiques (4h x 2 = 08 heures)
­ Les techniques de collecte de plantes médicinales
­ La CCM
Travaux pratiques de l’étudiant (5h x 1 = 05 heures)
­ quelques éléments à compléter en PHM108..
Mode d’évaluation
­ Note travaux pratiques: note de l’examen pratique (40 %)
­ Note contrôle continu: examen écrit (40 %)
­ Note présence au cours (20 %)
­ Note finale contrôle continu = note de l’examen pratique + examen écrit + note présence
­ Enseignements théoriques (CM + TD): Session normale (70 %)
­ Note finale de l’UE: Session normale (70% ) + Note finale contrôle continu (30 %).

Dr MAKEMTEU Junelle, Chargée de Cours, FMSP-UDs. PHM116:Initiation à l’étude des médicaments d’origine végétale 2
Objectifs du cours
- Initier l’étudiant à la récolte et à l’identification de la drogue.
- Initier l’étudiant aux méthodes d’étude botanique et chimique de la drogue, ainsi qu’aux essais
sur la matière première

Introduction
Depuis toujours, l’Homme s’est appuyé sur son environnement, dont les végétaux, pour sa
nourriture et ses remèdes. Depuis toujours l’utilisation des plantes est liée à la santé. Les plantes ont
d’abord été utilisées en l’état, entières ou en parties. Puis, comme il peut exister pour une même plante
des variations biochimiques, qualitatives ou quantitatives, selon les pays d’origine, les pratiques
culturales ou de distillation, l’extraction des substances actives s’est développée avec le progrès de la
chimie organique depuis la deuxième partie du XXe siècle. Les plantes sont ainsi souvent devenues des
matières premières? Dans ce cours, il est question de traiter des médicaments d’origine végétale.
Après l’étape de la définition des concepts, nous aborderons tour à tour la nomenclature-récolte-
séchage et les méthodes d’études chimiques; la chromatographie (CCM, CL, CPG, CLHP); les
principes d’extraction; l’identification du principe actif et les essais sur les matières.

I. Définitions
1. Drogue
C’est la partie de la plante la plus riche en principe actif ; elle est issue de plantes fraîches ou
desséchées, et utilisée à des fins thérapeutiques. Nous pouvons citer comme exemple de parties
utilisées les racines, écorces, sommités fleuries, feuilles, fleurs, exsudats, fruits, ou encore les graines ;
et elles peuvent être gardées entières ou fragmentées. Dans certains cas rares la drogue est la plante
entière. Elle peut également être un produit d'excrétion retiré par incisions du végétal vivant n’ayant
subi aucune opération galénique. Citons comme exemples l’Aloès vera, les oléorésines chez les
Burseraceae, la gomme chez certaines Fabaceae, ou encore le latex, le mucilage chez les Malvaceae,
etc.
a) Les principaux travaux ayant conduit à l’isolement des principes actifs des drogues végétales

­ 1804: La morphine isolée de l’opium. Cette molécule fait partie de la famille chimique des
alcaloïdes;
­ 1810: découverte des alcaloïdes de l’opium par Robiquet;
­ 1818: la quinine extraite du quinquina (Cinchona sp.), poudre utilisée contre le paludisme. C’est un
alcaloïde isolé par Pelletier et Caventou;
­ 1868: La digitaline extraite de la digitale pourpre (Digitalis purpurea) isolée sous forme cristallisée
par Nativelle;
­ 1897: synthèse de l’aspirine par F. Hoffmann.

Dr MAKEMTEU Junelle, Chargée de Cours, FMSP-UDs. PHM116:Initiation à l’étude des médicaments d’origine végétale 3
b) Préparations à base de drogues végétales

Les préparations à base des drogues végétales sont constituées par des drogues végétales en
fragment ou en poudre, des extraits, des teintures, des huiles essentielles, des sucs exprimés par
pression, etc. obtenus à partir des drogues végétales et des préparations don’t la production met en
oeuvre des opérations de fractionnement, de purification ou de concentration.
2. Principe actif végétal
Le principe actif est une substance d’origine végétale, qui possède des propriétés thérapeutiques,
cette substance n’est pas obligatoirement chimiquement pure. Elle peut être composée de plusieurs
isomères. C’est une molécule présentant un intérêt thérapeutique curatif ou préventif pour l'Homme ou
l'animal. Le principe actif est contenu dans une drogue végétale ou une préparation à base de drogue
végétale. En fait, dans le langage courant, le terme se substitue à celui de constituant à effet
thérapeutique.
Les constituants à effet thérapeutique sont des substances ou groupes de substances, chimiquement
définis, don’t la contribution à l’effet thérapeutique d’une drogue végétale ou d’une préparation à base
de drogue(s) végétale(s) est connue.
Lorsqu’on parle de médicaments “classiques”, il est plus facile de distinguer le principe actif qui
est la molécule présente dans le médicament et qui permettra l’effet thérapeutique désiré. Cependant,
en phytothérapie, la notion de principe actif est plus complexe en raison du principe de “Totum” de la
plante médicinale.
Le totum désigne le profil chimique et pharmacologique de la plante qui se compose d’un mélange
complexe de substances présentes en quantités variables et qui produisent entre elles un effet de
synergie responsible de l’activité de la plante. Cette synergie signifie que si l’on prend les molécules
isolément, l’effet n’est pas le même que lorsqu’elles sont conjuguées: c’est le principe du “tout”
supérieur à la somme des parties.
Une drogue végétale en l’état ou sous forme de préparation est considérée comme un principe actif
dans sa totalité, que ses composants ayant un effet thérapeutique soient connus ou non.
Les principes actifs d'origine végétale composent ce qu'on appelle la phytothérapie. Ce sont des :
­ Plantes entières ou parties de plantes : utilisation en nature, en tisane, comme par exemple les fleurs
de tilleuls;une drogue, dans la phytothérapie, est la matière première active pour la préparation
des médicaments.
­ Préparations à bases de plantes: Poudre de plantes; Préparations extractives comme les teintures,
extraits, les hydrolats, les alcoolats...; Produits d’expression (suc obtenu par pression d’un végétal
frais); Essence liquide.
­ Substances chimiques définies et isolées des plantes, obtenues par extraction et purification.
Exemples :

Dr MAKEMTEU Junelle, Chargée de Cours, FMSP-UDs. PHM116:Initiation à l’étude des médicaments d’origine végétale 4
 La morphine : Isolée de l’opium, est une molécule de la famille chimique des alcaloïdes. Elle est
utilisée dans le traitement de la douleur sous forme de sels solubles de morphine (sulfate,
chlorhydrate). Son action se situe au niveau du système nerveux central (elle a des similitudes
avec les endorphines, appelées aussi "morphines endogènes"). Surtout utilisée en solution
injectable (médecine de guerre, soin palliatifs)
 La quinine : Extraite du quinquina (Cinchona sp.) : poudre utilisée contre le paludisme.
 La digitaline : Extraite de la digitale pourpre (Digitalis purpurea) sous forme de poudre et de
teinture jusqu’au XIXe siècle. Elle a une activité cardiotonique.
3. Médicament traditionnel amélioré
Le phytomédicament est un produit médicinal fini et étiqueté constitué d’un ou plusieurs
extraits et contenant le principe actif. L’obtention d’une autorisation de mise sur le marché (AMM)
délivrée par les autorités compétentes fait du phytomédicament un produit standardisé. Un
phytomédicament ayant obtenu une AMM est appelé Médicament Traditionnel Amélioré (MTA).
MTA: c’est un médicament à base de plantes dont les principes actifs sont exclusivement des
drogues végétales. Les MTA sont des médicaments issus de la pharmacopée traditionnelle locale, à
limites de toxicité déterminées, à activité pharmacologique confirmée par la recherche scientifique, à
dosage quantifié et à qualité contrôlée. Les MTA, d’un accès facile, d’un coût abordable et en parfaite
adéquation avec le contexte culturel local, constituent pour les pays du Sud une alternative de première
importance aux dépenses de santé consacrées aux spécialités pharmaceutiques importées des pays du
Nord.

II. Méthodes d’étude botanique


Les méthodes d’étude botanique se fait grâce à la confection d’un herbier. Cet herbier
permettra d’avoir à la disposition les échantillons dont l’examen aidera à l’identification de nouveaux
spécimens et à la connaissance des différents problèmes posés par les recherches botaniques. La
récolte, le séchage et le montage des plantes d’herbier sont les trois opérations essentielles qui
nécessitent des soins particuliers.

1. Nomenclature
Il est nécessaire de reconnaître les espèces végétales afin de préserver la biodiversité des
écosystèmes. L’identification d’une plante, habituellement effectuée par les experts, se base sur
l’observation de ses organes et en majeure partie sur des critères visuels. La feuille est l’organe le plus
utilisé grâce à sa facilité d’acquisition. Déterminer ou identifier une plante qu’on a sous les yeux, c’est
trouver le nom de l’espèce à laquelle elle appartient. Ce nom doit répondre au code de nomenclature
international, à savoir :

Dr MAKEMTEU Junelle, Chargée de Cours, FMSP-UDs. PHM116:Initiation à l’étude des médicaments d’origine végétale 5
­ être un binôme latin (nom du genre avec une initiale majuscule + épithète qualifiant l’espèce, avec
une initiale minuscule), le tout en italique si le reste du texte est en caractères romains (ou
l’inverse) ex. : Dacryodes edulis (le prunier ou safoutier)
­ être suivi de l’indication du nom de l’auteur (celui qui a identifié la plante pour la première fois),
ex. : Dacryodes edulis (G. Don) H. J. Lam.
­ être (de préférence) le nom retenu comme valide actuellement, ce qui peut être aisément vérifié en
consultant un catalogue de synonymes en ligne.
Exemple : Dacryodes edulis (G.Don) H.J.Lam appartient à la famille des Burseraceae et
est connu aussi sous plusieurs synonymes tels Pachylobus edulis G.Don (1832), Canarium edule
Hook.F (1849) et Pachylobus saphu Engl. (1896)
On peut avoir plusieurs variétés dans une espèce ; si la nécessité s’impose il faut ajouter le
nom de la variété : Dacryodes edulis var. edulis et Dacryodes edulis var. parvicarpa sont deux variétés
qui existent pour l’espèce Dacryodes edulis.
a. Importance d’identifier une plante avec exactitude
Il est important d’identifier une plante avec exactitude pour :
- transmettre des données à des organismes de recherche, des sociétés savantes, des opérations de
science collaborative… ;
- contribuer à des opérations de protection et gestion de la nature (cas des professionnels ou de
nombreuses associations) ;
- et, dans le cas des plantes à usage médicinal ou alimentaire, pour être sûr qu’on emploie des
plantes de la bonne espèce ; toute erreur pouvant être la cause, au mieux, d’une absence d’effet
mais, au pire, d’effets toxiques, voire mortels.
La précision de cette dénomination est fondamentale, et se complète par une
différentiation chimique pouvant intervenir à des niveaux botaniques très variés :
- Au niveau de la famille : certaines familles botaniques font preuve d'une grande homogénéité
chimique : ainsi, les Lamiaceae aromatiques renferment presque toutes une huile essentielle ;
les Gentianaceae ou les Asteraceae présentent généralement des lactones terpéniques amères...
- Au niveau du genre : la totalité des espèces du genre Digitalis renferme des hétérosides
cardiotoniques ; l'ensemble des espèces du genre Cassia contient des hétérosides
anthraquinoniques à propriétés laxatives...
- Au niveau de l'espèce : une composition chimique rigoureusement identique entre deux
espèces différentes est presque impossible ou très rare.
- Au niveau de la variété : c'est généralement le cas des plantes à huiles essentielles. La
chimiotaxonomie va donc être importante ici : c’est une discipline basée sur les relations
existant entre les caractères chimiques et les caractères botaniques.

Dr MAKEMTEU Junelle, Chargée de Cours, FMSP-UDs. PHM116:Initiation à l’étude des médicaments d’origine végétale 6
b. Description botanique
Lors de l’identification d’une drogue sa couleur peut être indiquée lorsqu’elle est
caractéristique. Son odeur peut être caractéristique surtout lorsqu’elle est utilisée comme arôme. On
parle de caractères organoleptiques de la drogue :
- Racines, rhizomes, écorces : l'examen s'oriente plus spécifiquement sur :
• l'aspect général (cannelle de Ceylan : Cynnamomum verum)
• l'aspect de la tranche pour les racines épaisses (colombo : Chasmanthera palmata)
• la cassure plus ou moins fibreuse (réglisse : Glycyrrhiza glabra )
• l'aspect extérieur de l'écorce (lenticelles de la bourdaine : Rhamnus frangula ou Frangula alnus)
- Tiges : il faut s'attarder sur :
• la forme : cannelée (Apiaceae) ou carrée (Lamiaceae)
• la couleur (rouge pour la menthe poivrée : Mentha piperita)
• la présence ou l'absence de poils
• l'implantation des feuilles de type alterne ou opposé
• la présence ou l'absence de moelle (Poaceae) ou de nœuds (Caryophyllaceae)
- Feuilles : l'examen porte sur :
• la couleur : brunâtre ou même noirâtre en cas de mauvais séchage
• la forme générale
• les nervures plus ou moins marquées
• le bord du limbe
• la présence ou l'absence de duvet
• la présence de pétioles
- Inflorescences et fleurs : examen des bractées, sépales, pétales
- Fruits et graines : la forme, la taille et la couleur constituent les éléments déterminants.
Il existe d’autres caractères descriptifs de la drogue : les caractères botaniques qui peuvent
être macroscopiques ou microscopiques.
- Caractères macroscopiques de la drogue
Les principaux caractères botaniques macroscopiques permettant une identification claire
de la drogue sont spécifiés. Lorsque deux espèces de plantes ou deux sous-espèces d'une même
plante sont couvertes par la définition (exemple : Thymus vulgaris et Thymus zygis deux espèces
du genre Thymus, Dacryodes edulis var. edulis et Dacryodes edulis var. parvicarpa deux variétés
de l’espèce D. edulis), les aspects qui les différencient sont précisés. D'autres informations utiles
pour une identification rapide de la drogue sont fournies si nécessaire.
- Caractères microscopiques de la drogue
L'identification par voie microscopique de la drogue réduite en poudre comprend la
description des caractères dominants ou très spécifiques, y compris au besoin le type des stomates
et l'indice stomatique. La couleur de la poudre, sa granulométrie et les réactifs utilisés pour

Dr MAKEMTEU Junelle, Chargée de Cours, FMSP-UDs. PHM116:Initiation à l’étude des médicaments d’origine végétale 7
l'examen microscopique sont spécifiés. Il peut être nécessaire, afin d'identifier les caractères
spécifiques, d'utiliser plusieurs liquides de montage pour l'examen microscopique. Une coloration
spécifique peut être prescrite pour certains caractères particuliers.
Pour toute étude de plante, l’espèce (+variété si nécessaire) et l’organe doivent être
identifiés. Pour un échantillon donné, l’espèce, le genre et la famille doivent être identifiés sans
équivoque par un spécialiste. Dans notre pays, l’endroit le plus indiqué pour l’identification d’une
plante c’est l’Herbier National du Cameroun (HNC). On y retrouve des botanistes chevronnés,
expérimentés qui vous donnent en quelques minutes ou quelques heures les informations
recherchées sur l’identification d’une plante.
2. Récolte
La récolte ou cueillette est une activité qui demande un minimum de préparation, une étique à ne
pas négliger pour préserver la biodiversité et à transmettre si vous êtes accompagnés par d'autres
cueilleurs, des outils adéquates que vous choisirez de couleur vive pour ne pas les perdre dans la
nature, beaucoup d'observation afin de ne pas se tromper dans la variété cueillie et une bonne dose de
patience car chaque plante a sa période de cueillette et il faut être à l'affût des signes de maturité pour
ne pas manquer la bonne période, celle-ci se jouant parfois à quelques jours ...
a. Les outils nécessaires
Un ou plusieurs livres d'identification, ciseaux, sécateur, couteau, gants, sacs de papiers ou de
tissus non chlorés, carnet et crayon, tablier de récolte ou panier, pelle, fourche (pour les racines), une
machette (pour créer le passage si l’on est dans une brousse, forêt, …),…
Certaines études scientifiques, en rapport avec des notions de chronobiologie, ont permis de définir le
moment optimal de la récolte, afin de garantir la qualité de la matière première. Il est aussi impératif
de savoir quelle partie de la plante doit être récoltée et quand.
Calendrier de récolte
Partie à récolter Temps de récolte
Feuilles Au début de l’été, avant la floraison
Fleurs En bouton floral ou au début de la floraison
Graines A la fin de la floraison, avant la pleine maturité des semences
Racines A l'automne de la 1ère année pour les bisannuelles ou à l'automne de la 3ème année pour les vivaces
Ecorces du tronc Toutes saisons pour les arbres et arbustes

Ce tableau illustre le cycle normal d'une plante en suivant les saisons, mais parfois, ce n'est pas le
cas ; Ce qui importe le plus, c'est de bien connaître le cycle de la plante que l'on veut récolter.
Certaines plantes ont des cycles de 2 ans : elles ne font que des feuilles la première année et envoient
toute leur énergie de l'année dans la racine à l'automne. Pendant la deuxième année, la plante va
produire fleurs et graines pour se reproduire mais la racine sera quasi inexistante à l'automne.
Pour les plantes vivaces dont on voudra récolter la racine, il faudra attendre au moins 3 ans pour
que cette dernière ait accumulé assez de principes actifs pour être intéressante en termes de propriétés.

Dr MAKEMTEU Junelle, Chargée de Cours, FMSP-UDs. PHM116:Initiation à l’étude des médicaments d’origine végétale 8
b. Éthique de récolte
­ Ne pas récolter près d'une route ou un champ utilisant des produits phytosanitaires
­ Demander une autorisation aux propriétaires ou communes selon l'endroit que vous avez repéré
pour vos cueillettes
­ Définissez avant la récolte votre intention claire de la récolte et le but
­ Ne pas récolter plus que de besoin
­ Vérifiez la santé et le nombre d'individus de la même famille avant de récolter.
­ Ne pas récolter de plante malade
­ Connaître les plantes protégées et ne pas les cueillir, se fournir plutôt chez un producteur dans ce
cas.
­ Remerciez la plante pour son don de vie et reconnaître son importance, entrez en relation avec elle
et offrez-lui une offrande sous forme d'un nettoyage au pied, disséminer ses graines ou tailler les
branches mortes par exemple.
c. Méthode de cueillette ou de récolte
La récolte des plantes médicinales se veut une activité zen et agréable tant pour la plante que pour
le sol. Notre attitude tout au long de la récolte, de la transformation, de l'embouteillage ou de
l'administration d'une plante médicinale influence le résultat qui en découlera. On cherche un travail
coopératif avec la plante : notamment pour la récolte des racines, ne pas se battre avec celles-ci mais
bien travailler la terre autour de la racine avec une fourche, de travailler de façon circulaire, en passant
plusieurs fois autour de la plante.
­ Les graines doivent être récoltées un peu avant la pleine maturité car elles sont souvent au sol ou
infestées par les insectes une fois matures.
­ Attention aux plantes dermo-caustiques ou photo-sensibilisantes durant la cueillette, pensez à
mettre des gants.
En ce qui concerne les écorces du tronc il faut utiliser le couteau pour les séparer du bois ; récolter
la quantité nécessaire sans faire le tour complet du tronc, car après un certain temps cette « peau »
(écorces) doit se reconstituer : enlever les écorces sur toute la circonférence provoquerait la mort de
l’arbre/arbuste qui va donc se sécher ; son « sang » (sève) ne va plus circuler des racines aux feuilles,
vice-versa.
3. Séchage
Afin de garantir une bonne conservation, en inhibant les activités enzymatiques après la récolte, en
empêchant la dégradation de certains constituants ainsi que la prolifération bactérienne, le séchage
apparaît comme une étape essentielle. Les techniques de dessiccation sont variables :

Dr MAKEMTEU Junelle, Chargée de Cours, FMSP-UDs. PHM116:Initiation à l’étude des médicaments d’origine végétale 9
Partie à récolter Temps de récolte Méthode de séchage
Feuilles Au début de l’été, avant la floraison A plat dans un endroit aéré, à l'abri de la lumière et avec une
Fleurs En bouton floral ou au début de la floraison chaleur modérée
Graines A la fin de la floraison, avant la pleine maturité des semences
Dans leur capsule de graines, dans un séchoir ou sac en papier
kraft
Racines A l'automne de la 1ère année pour les bisannuelles ou à Découper en petits morceaux ; sécher à plat dans un endroit aéré,
l'automne de la 3ème année pour les vivaces à l'abri de la lumière et avec une chaleur modérée
Ecorces du tronc Toutes saisons (en principe) pour les arbres et arbustes

III. Méthodes d’étude chimique


1. Quelques techniques d’extraction
Les techniques d’extraction sont nombreuses et leur mise en œuvre, plus ou moins facile.
Certaines sont utilisées de longue date par l’homme, d’autres sont le résultat d’avancées récentes et
toutes ont pour but de récupérer un corps pur (arôme, médicament...) ou un « petit mélange » à partir
d’un « grand mélange » de produits.
­ Le pressage (ou expression) : cette opération consiste à « faire sortir » un produit en exerçant une
pression. Les Égyptiens écrasaient des fleurs pour extraire des arômes ou des parfums ; c’est aussi
l’opération effectuée lorsqu’on se prépare un jus d’orange.
­ La décoction : on place des plantes finement divisées dans de l’eau froide ou un autre solvant et on
porte le tout à ébullition. Exemple : décoction de queues de cerise...
­ L’infusion : on laisse tremper des végétaux finement divisés dans de l’eau bouillante ou dans tout
autre solvant à chaud, de façon à y dissoudre les principes actifs. Exemple : préparation du thé.
­ La macération : on laisse séjourner, à froid, les végétaux finement divisés dans un liquide pour en
extraire les constituants solubles. Exemple : préparation de liqueurs par macération de fruits dans
l’alcool.
­ L’extraction par solvant : le produit de base (pétales de fleurs, plantes...), frais, est mis en
présence d’un solvant dans lequel l’espèce chimique à extraire se met en solution. C’est un
procédé récent (19e siècle) car il fait appel à des produits organiques qui n’étaient pas connus
auparavant (cyclohexane, pentane, acétone, éther de pétrole...). Ce produit organique est ensuite
évaporé, pour former un résidu solide très parfumé, le « concrète », qui est ensuite traité à l’alcool
pour obtenir l’« absolue ».
2. Étude galénique
Les formes galéniques constituent les formes mises à disposition des principes actifs pour
l’organisme. La bonne connaissance de ces formes est de première importance car en phytothérapie, il
ne suffit pas de choisir une ou des plantes adaptées à une maladie mais aussi la meilleure forme
d’utilisation en fonction de l’effet attendu. Chaque plante possédera une forma galénique préférentielle
pour une affection donnée et pour un niveau d’activité donnée (symptomatique, drainage,
rééquilibrage, énergétique et endocrinien, etc.).

Dr MAKEMTEU Junelle, Chargée de Cours, FMSP-UDs. PHM116:Initiation à l’étude des médicaments d’origine végétale 10
Une technique de fabrication appropriée et le procédé de standardisation successif garantissent un
produit final de haute qualité, contenant toujours la même quantité de principes actifs, reproduisant les
mêmes caractéristiques physiques et chimiques pour chaque lot de produit. La standardisation est le
seul moyen d’assurer que chaque dose individuelle d’une préparation pharmaceutique fournit
ponctuellement le même degré, connu et garanti d’activité et d’efficacité.
C’est en quelque sorte la façon don’t la plante est utilisée dans la tradition qui guide le chercheur
sur le choix des méthodes de fabrication ou de préparation.
3. Étude de la stabilité
Les études de stabilité permettent de maîtriser la variabilité de la qualité des médicaments à base des
plantes sous l’action du temps et d’agents extérieurs. L’appréciation se la stabilité d’un médicament
terminé est fondée sur la connaissance de la réactivité chimique et de l’altérabilité du principe actif.
Les études de stabilité seront réalisées dans des conditions de dégradation forcée et aussi en temps réel
dans des conditions normales de conservation. Les études de dégradation forcée constituent une
approche de détermination prévisionnelle de la stabilité du principe actif ou du produit fini et ces
résultats seront confirmés par mes études de la stabilité du médicament terminé en temps réel. Ces
essais portant sur trois lots au minimum doivent prendre en compte les aspects suivants:
­ stabilité des principes actifs;
­ stabilité des caractéristiques essentiels;
­ conditionnement, efficacité des conservateurs;
­ conditions de conservation (température, humidité, lumière).
4. Méthodes d’identification chimique
L'identification chimique d'une drogue végétale repose généralement sur la mise en évidence
de certains constituants issus du métabolisme secondaire.
A. Les réactions d'identité/Screening chimique
Le screening chimique est un moyen pour mettre en évidence la présence des groupes de
familles chimiques présentes dans une drogue donnée. Ces réactions faciles à réaliser, rapides,
permettent la mise en évidence de certaines classes de substances chimiques (phénols, flavonoïdes,
alcaloïdes, triterpénoïdes, saponosides...) en faisant apparaître soit une coloration, soit une
précipitation, dont l'intensité permet en outre d'avoir une idée sur la concentration en principes actifs.
Elles sont adaptées pour des constituants présents en quantité importante et servant de marqueur ou de
traceur. L'interprétation des résultats doit toutefois se faire avec une certaine prudence.
B. Les analyses chromatographiques
Chromatographie est un terme général, utilisé pour définir des méthodes de séparation basées
sur la distribution d’un soluté entre deux phases, l’une étant mobile (un gaz ou un liquide), l’autre
stationnaire (un solide ou un liquide). Les pharmacopées exigent le recours à diverses techniques
chromatographiques afin de garantir l'identité et la qualité pharmaceutique d'une drogue. Il existe de
nombreuses méthodes décrites dans d'excellents ouvrages analytiques. Par souci de concision, on

Dr MAKEMTEU Junelle, Chargée de Cours, FMSP-UDs. PHM116:Initiation à l’étude des médicaments d’origine végétale 11
détaillera uniquement la chromatographie sur couche mince, qui représente la méthode de choix des
laboratoires de contrôle.
a) La chromatographie sur couche mince (CCM)
La chromatographie sur couche mince est une technique de séparation dans laquelle une phase
stationnaire constituée d’un matériau approprié est répandue en une couche mince et uniforme sur un
support (plaque de verre, de métal ou plastique). La séparation repose principalement sur des
phénomènes d’adsorption, de partage ou d’échange d’ions ou sur une combinaison de ces phénomènes,
et elle s’effectue par migration de solutés à travers la couche mince (phase stationnaire), dans un
solvant ou un mélange de solvants approprié (phase mobile).
L’appareillage est constitué de plaques préfabriquées, d’une cuve à chromatographique, de
micropipettes, de microseringues ou de capillaires calibrés jetables, d’un dispositif de détection de
fluorescence et des réactifs de visualisation aptes à révéler les taches séparées correspondant aux
substances présentes, soit pa pulvérisation, soit par exposition aux vapeurs ou immersion. Des
protocoles verticaux ou horizontaux peuvent être utilisés. L’identification repose sur l’estimation
visuelles de la migration, après vérification du pouvoir de séparation et recherche des substances
apparentées.
Les principaux éléments d’une séparation CCM sont :
­ la cuve chromatographique : un récipient habituellement en verre, de forme variable, fermé par un
couvercle étanche.
­ la phase stationnaire : une couche d’environ 0,25 m de gel de silice ou d’un autre adsorbant est
fixée sur une plaque de verre à l’aide d’un liant comme le sulfate de calcium hydraté (plâtre de
Paris) l’amidon ou un polymère organique.
­ l’échantillon : environ un microlitre (l) de solution diluée ( 2 à 5 %) du mélange à analyser, déposer
en un point repère situé au-dessus de la surface de l’éluant.
l’éluant : un solvant pur ou un mélange : il migre lentement le long de la plaque en entraînant
les composants de l’échantillon. Choix de l’éluant dans le cas d’analyses :
­ hydrocarbures : hexane, éther de pétrole ou benzène.
­ de groupements fonctionnels courants : hexane ou éther de pétrole mélangés en proportions
variables avec du benzène ou de l’éther diéthylique forment un éluant de polarité moyenne.
­ de composés polaires : éthanoate d’éthyle, propanone ou méthanol.

Figure 1 : Étapes d'utilisation d'une CCM.

Dr MAKEMTEU Junelle, Chargée de Cours, FMSP-UDs. PHM116:Initiation à l’étude des médicaments d’origine végétale 12
Cette méthode simple peu onéreuse et nécessitant des prises d’essai peu importantes, est
adaptée pour un contrôle rapide des drogues végétales.
­ Les constituants sont séparés dans des conditions précises faisant intervenir la nature du support, la
distance de migration, la nature de l’éluant et la révélation est effectuée par des réactifs adéquats.
Généralement, en chromatographie sur couche mince, les substances de faible polarité migrent
plus rapidement que les composants polaires.
b) La chromatographie en phase gazeuse (CPG)
La chromatographie en phase gazeuse (CPG) est une technique de séparation
chromatographique reposant sur la distribution différentielle des espèces entre deux phases non
miscibles, une phase stationnaire contenue dans une colonne et un gaz vecteur, comme phase mobile,
qui traverse cette phase stationnaire.
Elle est applicable aux substances, ou dérivés de substances, qui se volatilisent dans les
conditions de température utilisées. La CPG est fondée sur les mécanismes d'adsorption, de
distribution de masse ou d'exclusion. (Définition d'après la Pharmacopée européenne).

Figure 2 : Représentation de l'élution d'un mélange au moyen d'une chromatographie sur colonne ouverte.

c) La chromatographie liquide (CL)


La chromatographie liquide (CL) est une technique de séparation chromatographique reposant
sur la distribution différentielle des espèces entre deux phases non miscibles, une phase stationnaire
contenue dans une colonne et une phase mobile qui traverse, par percolation, cette phase stationnaire.
La CL est principalement fondée sur les mécanismes d'adsorption, de distribution de masse,
d'échange d'ions, d'exclusion ou d'interaction stéréochimique. L'appareillage se compose d'un système
de pompage, d'un injecteur, d'une colonne chromatographique (éventuellement thermostatée), d'un
détecteur et d'un système d'acquisition des données (ou d'un intégrateur ou enregistreur).
La phase mobile, délivrée à partir d'un ou plusieurs réservoirs, circule à travers la colonne,
généralement à débit constant, puis passe à travers le détecteur.

Figure 3 : Représentation schématique d'un appareil de chromatographie liquide haute performance.

Dr MAKEMTEU Junelle, Chargée de Cours, FMSP-UDs. PHM116:Initiation à l’étude des médicaments d’origine végétale 13
5. Identification du principe actif
Une CCM est utilisée pour l'identification, même si d'autres méthodes chromatographiques,
telles qu'une chromatographie en phase gazeuse (CPG) ou une chromatographie liquide (CL), sont
utilisées à d'autres fins.
L'objectif de la CCM est l'évaluation du chromatogramme de la drogue par comparaison à des
composés de référence choisis à cet effet, qui sont décrits comme réactifs. Il convient, chaque fois que
c’est possible, d'utiliser comme composés de référence des réactifs connus (nom, formule brute, masse
moléculaire relative, numéro CAS, dénomination chimique). Les composés de référence sont des
produits qui doivent être commercialement disponibles.
Toutes les informations requises concernant la préparation de la solution à examiner (qui doit
contenir les composés de référence comme produits majoritaires, en plus d’autres) et de la solution
témoin (contient les deux produits de référence), ainsi que les conditions chromatographiques, sont
clairement fournies.
La méthodologie utilisée doit permettre, si possible, de déposer le même volume de solution à
examiner et de solution témoin.
Les chromatogrammes sont décrits sous forme de tableaux représentant les tiers supérieur,
médian et inférieur de la plaque chromatographique, qui peuvent être représentés par des dimensions
différentes.
Seules sont décrites dans le tableau les principales bandes du chromatogramme obtenu avec la
solution à examiner, présentées par comparaison à la position des bandes dues aux composés de
référence dans le chromatogramme obtenu avec la solution témoin.
Le nom des constituants détectés est toujours indiqué pour le chromatogramme obtenu avec la
solution témoin. Pour le chromatogramme obtenu avec la solution à examiner, il n'est indiqué que si
ces constituants sont également présents dans la solution témoin ou si leur nature est bien établie.
Il est généralement nécessaire de préciser que des bandes autres que celles décrites (et
généralement de plus faible intensité) peuvent être présentes dans le chromatogramme de la solution à
examiner.
On peut utiliser diverses substances à examiner en parallèle. Selon les cas, il peut s'agir :
­ d'une substance unique, spécifique de la drogue (anéthole pour la badiane...) ;
­ d'un mélange de substances, pour lesquelles la teneur ou la simple présence est bien définie
(alcaloïdes du quinquina rouge...) ;
­ d'une substance étrangère à la drogue, mais présentant un profil chromatographique équivalent à
celui d'une substance de référence à l'état pur, pour un coût moindre ;
­ d'un extrait de référence, comme pour le séné.
Les limites de la technique sont liées à l'impossibilité de quantifier la teneur des
constituants présents.

Dr MAKEMTEU Junelle, Chargée de Cours, FMSP-UDs. PHM116:Initiation à l’étude des médicaments d’origine végétale 14
Exemple : Mélilot (Melilotus officinalis) : plante possédant des propriétés anti-
œdémateuses et toniques, le mélilot contient des coumarines et des flavonoïdes.
Quelques exemples de principes actifs: alcaloïdes, flavonoïdes, tanins, saponines, quinones,
terpènes et stérols.

IV. Quelques essais sur les matières premières


La réalisation de certains essais permet de garantir la qualité intrinsèque de la drogue.

1. Taux de cendres
Cet essai est réalisé sur la drogue pulvérisée. La totalité des matières organiques de la drogue
est éliminée par carbonisation et la pesée du résidu, uniquement constitué de matières minérales,
permet d'évaluer le degré de propreté de la plante ainsi que de déterminer les agents de fertilisation
utilisés durant la culture. Il est à noter que certaines plantes, riches en minéraux (oxalate de calcium
pour certaines Solanaceae, silice pour la prêle) présentent un taux de cendres naturellement élevé.
2. Teneur en eau et perte à la dessiccation
Selon la Pharmacopée européenne, la perte à la dessiccation est la perte de masse exprimée en
pourcentage. Le mode opératoire est précisé dans chaque monographie de plante. La dessiccation peut
s'effectuer jusqu'à masse constante ou pendant une durée déterminée, soit dans un dessiccateur en
présence de pentoxyde de diphosphore, soit sous vide avec indication d'un intervalle de température, à
l'étuve ou sous vide poussé.
Dans le cas des drogues à huile essentielle, un essai de teneur en eau est réalisé. Il est à noter
qu'un pourcentage d'eau trop élevé permet à un certain nombre de réactions enzymatiques de se
développer, entraînant des conséquences néfastes sur l'aspect des drogues, leurs caractères
organoleptiques, leurs propriétés thérapeutiques. En outre, une humidité résiduelle favorise le
développement de micro-organismes (bactéries, levures, moisissures).
3. Nature et taux des éléments étrangers
Les éléments étrangers sont séparés en deux catégories par la Pharmacopée européenne :
­ les parties étrangères : éléments provenant de la plante-mère, mais ne constituant pas la drogue ;
­ les matières étrangères : éléments étrangers à la plante-mère, d'origine végétale ou minérale.
La recherche se fait par l'examen macroscopique de la drogue au cours duquel on recherche la
présence de matières étrangères (petits graviers, coquilles d'escargots...) mais aussi de parties
étrangères (fragments de tiges accompagnant des feuilles mondées...). La pharmacopée tolère en
général un taux maximal de 2 % d'éléments étrangers.
a. Résidus de produits phytosanitaires et pesticides
Est considérée comme pesticide toute substance ou association de substances destinée à
repousser, détruire ou combattre les ravageurs et les espèces indésirables de plantes et d'animaux,
causant des dommages ou se montrant autrement nuisibles durant la production, la transformation, le
stockage ou la mise sur le marché de substances médicinales d'origine végétale. Ce terme comprend

Dr MAKEMTEU Junelle, Chargée de Cours, FMSP-UDs. PHM116:Initiation à l’étude des médicaments d’origine végétale 15
les substances destinées à être utilisées comme régulateurs de croissance des plantes, comme
défoliants, comme agents de dessiccation, ainsi que les substances appliquées sur les cultures, soit
avant, soit après la récolte, pour protéger les produits contre la détérioration durant l'entreposage ou le
transport.
De nos jours, la culture des plantes médicinales se substitue à la récolte manuelle de plantes
sauvages, entraînant une généralisation de l'utilisation de produits phytosanitaires (pesticides,
insecticides, herbicides, fongicides...). Les traitements employés peuvent varier d'un pays producteur à
un autre et, si l'utilisation de produits phytosanitaires est réglementée dans la plupart des pays
européens et des territoires d'outre-mer, cette législation est inexistante dans de nombreux pays en voie
de développement où l'utilisation de pesticides désormais prohibés comme le DDT (Dichloro Diphényl
Trichloroéthane) n'est pas exceptionnelle. Enfin, l’apparition régulière sur le marché de nouveaux
produits phytosanitaires complique encore le travail de réglementation. Les analyses reposent sur des
méthodes spécifiques de dosage par chromatographie en phase gazeuse, la pharmacopée européenne
donnant des valeurs limites de tolérance (en mg/kg) pour 34 pesticides. Les tolérances applicables aux
pesticides ne figurant pas dans cette monographie sont calculées à partir de la dose journalière
admissible par la FAO/OMS et sont fonction de la masse corporelle et de la consommation journalière
de la drogue, et ce sur un schéma analogue à celui employé pour la législation des produits
alimentaires.
b. Contamination microbiologique
Les drogues végétales sont généralement sujettes à la contamination par les micro-organismes
présents dans le sol, le fumier, les poussières. Le degré de contamination est variable d'une drogue à
une autre et est généralement compris entre 102 et 108 germes par gramme de plante.
Cependant, la quantité de germes présents n'a en réalité que peu d'importance face à l'impératif
de ne présenter aucun germe pathogène, notamment en ce qui concerne les entérobactéries.
Les rayonnements ionisants sont utilisables à de très faibles doses (inférieurs à 10 KGy) pour
éviter la dénaturation des constituants, notamment les polysaccharides.
Les médicaments à base de plantes présentent des normes distinctes, selon que l'eau bouillante
est utilisée ou non, la quantité de germes présents décroissant au cours de la préparation d'une infusion.
Les principaux germes recherchés sont les germes aérobies, les moisissures, les levures, les
entérobactéries et certaines autres bactéries gram-négatives, Pseudomonas aeruginosa, Staphylococcus
aureus, Escherichia coli, les salmonelles.
c. Contamination par les métaux lourds
Les métaux lourds incriminés sont le cadmium, le cuivre, le fer, le nickel, le plomb, le zinc,
l'arsenic et le mercure.
Les teneurs limites maximales prévues sont, hors exceptions, de 5 mg/kg pour le plomb, de 0,2
mg/kg pour le Cadmium et de 0,1 mg/kg en ce qui concerne le mercure.

Dr MAKEMTEU Junelle, Chargée de Cours, FMSP-UDs. PHM116:Initiation à l’étude des médicaments d’origine végétale 16
d. Contamination par les aflatoxines
L’aflatoxine est une toxine provenant d’un champignon qui est nocive pour les hommes tout
comme pour les animaux. Elle prolifère dans les atmosphères chaudes et humides, notamment sur les
graines et les céréales telles que les arachides, le café, le maïs, le blé,…. Il est d'usage d'utiliser les
valeurs limites suivantes, issues de l'industrie alimentaire :
­ Aflatoxines B1 : max 2 mg/kg;
­ Somme totale des aflatoxines B1, B2, G1, G2 : max 4 mg/kg.
e. Contamination par les substances radioactives
La norme officielle adoptée par la communauté européenne pour les produits d'origine
alimentaire, se situe à un maximum de 600 Bq/kg. Il n'existe à l'heure actuelle aucune méthode
pharmaceutique officielle.
f. Contamination par les solvants
Les médicaments à base de plantes sont préparés à partir d'un nombre limité de solvants parmi
lesquels on trouve l'alcool, le méthanol, plus rarement l'acétone, l'acétate d'éthyle, le n-butanol,
l'hexane et l'heptane. Les teneurs en méthanol et en isopropanol doivent généralement rester
inférieures à 0,05 % (500 ppm). On distingue trois catégories de solvants selon leurs risques potentiels :
­ classe 1 : solvants ne devant pas être utilisés : benzène, tétrachlorure de carbone
­ classe 2 : solvants présentant des limites d'utilisation : chloroforme, cyclohexane, éthylène glycol,
hexane, méthanol, pyridine, toluène, xylène
­ classe 3 : solvants à faible potentialité toxique : acétone, acide acétique, butanol, éthanol, éther
éthylique, méthyléthylcétone, propan-1-ol et propan-2-ol.
4. Matières extractibles
Il n'est utile de déterminer la teneur en matières extractibles dans les drogues végétales que
lorsqu’aucun constituant susceptible de servir de base à un dosage n'est connu, ou lorsque la plante est
utilisée pour produire une préparation avec un résidu sec, par exemple.
5. Chromatographie sur couche mince (CCM)
Une CCM peut être utilisée sous Essai pour détecter des espèces végétales non couvertes par
la définition. La méthode CCM est entièrement décrite sous Essai et est aussi utilisée chaque fois que
possible pour identifier la drogue végétale. Le nom des espèces végétales à exclure ou leurs
constituants est utilisé comme titre de l'essai. Dans le chromatogramme obtenu avec la solution à
examiner, seules sont décrites, par comparaison au chromatogramme obtenu avec la solution témoin,
la position et la coloration des bandes correspondant au(x) constituant(s) à exclure. Les bandes
normalement présentes dans le chromatogramme obtenu avec la solution à examiner ne sont pas
décrites sous Essai, mais sous Identification.
6. Chromatographie en phase gazeuse et chromatographie liquide
L'emploi d'une CPG ou d'une CL sous Essai a pour objet:
­ de détecter des espèces végétales non couvertes par la définition (exemple : huiles essentielles);

Dr MAKEMTEU Junelle, Chargée de Cours, FMSP-UDs. PHM116:Initiation à l’étude des médicaments d’origine végétale 17
­ de limiter certains constituants (exemple : estragole dans le fenouil);
­ ou de contrôler l'éventuelle dégradation ou évaporation de constituants qui doivent être présents
dans la drogue à un certain taux.

V. Le contrôle de stabilité
La composition chimique des drogues peut se modifier au cours du temps, en dépit des
précautions prises pour le stockage. Pour juger de la stabilité d'une drogue à huile essentielle, la teneur
en essence est le critère de choix ; en effet, les plantes aromatiques perdent naturellement leur huile
essentielle au fil du temps, par évaporation, et ce d'autant plus rapidement qu'elles sont finement
divisées. Outre ces modifications d'ordre quantitatif, une altération de la qualité même de la drogue est
également à craindre. Il est à noter que la dégradation partielle de constituants "primaires" est parfois
souhaitable et recherchée afin d'accroître l'efficacité ou la sécurité d'emploi de drogues végétales. Il en
va ainsi pour les écorces de bourdaine et de cascara qui doivent être conservées pendant au moins un
an avant leur utilisation afin de permettre l'oxydation des anthrones purgatives en anthraquinones
laxatives, d'action moins drastique. Enfin, les préparations à base de drogue végétale ou les
médicaments qui en sont issus doivent garantir la stabilité de leurs constituants au fil du temps. Les
médicaments présentés sous forme de solution (teintures alcooliques, sirop...) ont des durées de
stabilité inférieures à celles des extraits secs ou des poudres.

VI. La conservation et le stockage


Les principaux facteurs à prendre en compte sont la lumière, la température, le degré
d'humidité, l'importance de la fragmentation et le type de récipient utilisé pour le stockage. La
protection par rapport à la lumière est indispensable pour la majorité des drogues puisque feuilles,
fleurs, se décolorent rapidement à la lumière, entraînant une dégradation de leur aspect, associée à une
éventuelle modification des constituants présents. Une hausse de la température de 10 °C double la
vitesse de dégradation. Le taux d'humidité relative doit être maintenu inférieur à 60 %. La
fragmentation augmente la surface de contact avec l'air et accélère donc la dégradation. Le stockage
doit privilégier un endroit sec bénéficiant d'une température et d'une humidité plus ou moins constante.
A l'officine, les drogues sont conservées dans des récipients fermés hermétiquement, éventuellement
munis d'un moyen de dessiccation adapté (gel de silice en général). Il faudra surveiller l'apparition de
charançons et autres insectes et se débarrasser rapidement des lots infestés. L'usage de boites en carton
est préférable à celui de récipients en matières plastiques qui absorbent les substances volatiles comme
les huiles essentielles. La durée de conservation ne saurait excéder 2 à 3 ans.

Dr MAKEMTEU Junelle, Chargée de Cours, FMSP-UDs. PHM116:Initiation à l’étude des médicaments d’origine végétale 18
Conclusion
Ce cours d’initiation à l’étude du médicament d’origine végétale nous permet de comprendre
qu’une spécialité pharmaceutique à base des plantes est un médicament don’t la substance active est
d’origine végétale c’est à dire fabriquée à partir d’une ou plusieurs plantes. Nous avons vu tout au long
de ce cours que la substance active peut être concentrée, sous la forme d’extrait par exemple, fabriquée
à partir d’une partie de plante (feuilles, racines, écorce, etc.) ou de la plante entière. Les méthodes
botaniques d’extraction desdits médicaments ont été passées en revue. Il s’agit pour l’étudiant en
pharmacie d’intégrer le volet valorisation de la pharmacopée camerounaise et africaine dans des
perspectives d’avenir. Dans un contexte international marqué par les luttes économiques entre les
firmes pharmaceutiques, n’est il pas temps de mettre désormais l’accent sur les phytomédicaments?

Références
 AGIER C. Les plantes médicinales. https://tecfa.unige.ch/perso/lombardf/calvin/TM/04/agier/
 BRUNETON, J. (2009). Pharmacognosie, phytochimie, plantes médicinales. Technique et
documentation. Lavoisier, Paris, 915 p.
 DOS SANTOS J., FLEURENTIN J., (1991). L’ethnopharmacologie, un nouvel espace
scientifique: sources, méthodes, objectifs. Editions Techniques-Encyclo. Méd. Nat. (Paris, France)
Phytothérapie, Aromathérapie, B-1, 9-, 28p.
 Organisation Mondiale de la Santé, Réglementation des médicaments à base de plantes: situation
dans le monde, WHO/TRM/98.1, 57p.

Dr MAKEMTEU Junelle, Chargée de Cours, FMSP-UDs. PHM116:Initiation à l’étude des médicaments d’origine végétale 19

You might also like