Le seigneur Caddwal de Sognes ayant failli à son devoir

L A SOMBRE DESTINÉE DE CISÈRE…

CISÈRE… en refusant la mise à disposition de forces militaires, les
héros ont reçu l’ordre de leur souverain de se rendre à
Cisère le sommer de respecter son engagement. Une fois
sur place, les habitants terrorisés les implorent rapidement
de les aider à élucider les phénomènes étranges qui
semblent se multiplier depuis des mois. Mais les rumeurs
et superstitions de campagne dissimulent en réalité une
terrible vérité d’autant plus insidieuse que les dirigeants du
fief n’y sont pas aussi étrangers qu’ils tentent de le paraître.
L’Enfant-nuit est une campagne pour Rôle’n Play, le jeu
de rôle prévue idéalement pour des joueurs de niveau 5.
Placée dans un cadre de jeu médiéval fantastique
générique, son intrigue s’intégrera facilement à vos parties
et à l’univers que vous avez choisi, Pangée, Alarian, ou tout
autre cadre commercialisé ou de votre création.

Vous trouverez dans cet ouvrage :

• Une introduction présentant le contexte de la campagne ;
• Une présentation du fief de Cisère et de nouvelles
créatures planaires mystérieuses, les avaleurs ;
• Quatre scénarios prévus pour des personnages de
niveau 5 ou 6 ;
• Une quête annexe en « fil rouge », ajoutant des heures de
jeu et des défis supplémentaires pour les plus aventureux.

Pour jouer la campagne de L’Enfant-nuit, vous aurez

besoin du Livre du joueur, du Livre de la meneuse et du
Compendium de PNJ de Rôle’n Play, le jeu de rôle.

Comme l’indique ce pictogramme, cet ouvrage est constitué de scénarios d’aventure pour
jouer à Rôle’n Play, le jeu de rôle.
rôle.

black-book-editions.fr
© Black Book Éditions, 2024. Black Book Éditions et Rôle'n Play
BBERNPJDR11
sont des marques déposées par Black Book Éditions. Tous droits réservés.

Marie Billaud - mbillaud14@laposte.net - 202403/1393861/2533351

 TABLE DES MATIÈRES

TABLE DES MATIÈRES

INTRODUCTION 3 L’ultime conseil 25 ACTE IV — LES MYSTÈRES
Contexte 4 Le banquet 25 DES BASSES-BRUMES 47
Les avaleurs 4 Coup de théâtre 25 Introduction 47
L’histoire 4 Le prisonnier 25 Histoire du prieuré 47
Cisère 5 Sebert le traître 25 Les stries du jour 47
La Grande vase 5 Dovar, le gardien 27 Caddwal de Sognes 48
Le bourg 5 Le confident 27 Réaction de la population 48
La vallée du Mont 5 Apprendre autrement Les PJ face aux événements 48
Escola 5 l’existence du prisonnier 27 Les décisions du conseil 49
Les Basses-Brumes 5 Alvin 28 Réfugiés 49
Mission des PJ 7 La réaction de Caddwal de Sognes 28 Ce que disent les réfugiés 49
Missions secondaires 7 Si son existence La moniale Aelys 49
Déroulé des aventures 7 est découverte plus tard 28 L’expansion 51
Choses étranges 28 Dans la nuit 51
ACTE I — UN AIR DE MINOTAURE 9 Les prémisses du mal 28 Événements 52
Introduction 9 L’enquête 29 Itinéraire 52
D’étranges événements 10 Retrouver la trace de Fara 29 Escola 52
Le village 10 Le réservoir de Cisère 29 L’étendard 52
Témoignages 10 Épilogue 31 Le prieuré 54
L’arrivée du seigneur 12 Dame Béthune 54
Le destin d’Alvin 12 ACTE III — LE DRAGON Panorama 55
Le vieil Abel 12 DES MARAIS 32 Le champ de bataille
Partie de chasse 13 Introduction 32 des Basses-brumes 55
Le Vieux Bois 13 L’histoire 32 Tactique de combat 56
L’esprit de la forêt 13 Le trajet 33 En toute discrétion 57
Le Tertre 13 Le Toret 36 La rescousse 57
La forêt de brume 16 Le capitaine 36 L’étang d’Héméraphos 58
La grotte blanche 16 Disparition 36 Héméraphos 58
Épilogue 16 Événements et rumeurs 37 Épilogue 58
Expédition punitive 40
ACTE II — MUET L’attaque 40 PLANS, CARTES ET AIDES DE JEU 59
COMME LA PIERRE 17 Bilan 40 Plan de Cisère 60
Introduction 17 Retour au Toret 40 Lettres du Prince Velrick 61
Accueil 17 La Grande vase 41 Plan du château de Cisère 63
La réception 18 Explorer le marais 41 Le Cénotaphe 65
Le prolongement de l’Acte I 18 Le village hobgobelin 42 Les Terres Sacrées 66
Le château 20 Un choix stratégique 43 Le Prieuré 67
L’examen du litige 20 De la diplomatie 43
La réaction de Caddwal de Sognes 22 Les terres sacrées 45
Impliquer les joueurs dans le litige 22 Voyage dans le gris-plan 45
Frère Foulques 23 Le dragon des marais 46
Maître Hubert 25 Épilogue 46

Ce recueil fait référence à d’autres ouvrages de la gamme Rôle’n Play :

LdJ : Livre du joueur
LdM : Livre de la meneuse
CdP : Compendium de PNJ (fourni avec l'écran de la MJ )

Marie Billaud - mbillaud14@laposte.net - 202403/1393861/2533351

INTRODUCTION
Bienvenue à Cisère !
Le livre que vous tenez entre vos mains est la compila-
tion enrichie et amendée des gazettes 13 à 16 de Rôle’n Play.
Il contient les quatre actes d’une campagne originale pour
Rôle’n Play — le jeu de rôle se déroulant dans le fief de Cisère,
région que vous pouvez intégrer à tout cadre de jeu médiéval
fantastique comme Pangée ou Alarian, mais aussi tout autre
cadre de campagne commercialisé ou monde de votre création.
Ces aventures s’adressent à des personnages qui ont déjà
de l’expérience et dont les qualités sont reconnues puisqu’ils
agissent au nom d’un puissant souverain. Il faut idéalement
que le groupe d’aventuriers se compose de quatre héros de
niveau 5. Si les PJ sont d’un niveau inférieur, il faut alors
adapter la progression et envisager une montée de niveau
plus régulière (à la fin de chaque acte par exemple).
Nous avons en effet, pour cette nouvelle campagne, fait
le choix d’une progression plus lente. Les PJ progressent
vers le niveau 6 à la fin de l’Acte 3, et aucune progression
de niveau n’est envisagée après l’Acte 4 (la fin de la cam-
pagne). D’autres récompenses sont évidemment propo-
sées. Cette évolution correspond à une volonté de garder une
cohérence dans l’ambiance de la campagne qui se déroule
sur un temps en jeu resserré. Cela évite qu’en quelques jours
les PJ deviennent de véritables super-héros !
L’intrigue se déroule en quatre actes et est centrée sur
un nouveau type de créature : les avaleurs. Liés aux plans
élémentaires, ils surgissent à Cisère et provoquent des
troubles de plus en plus importants. Ajoutez à cela une
famille seigneuriale sur qui pèse un lourd secret (en lien
avec les avaleurs, évidemment) et une mission diploma-
tique, et vous obtenez les grandes lignes du programme
des réjouissances qui vous attendent.
En plus de ces quatre actes, une quête secondaire vous
est proposée : la quête d’Opale. Elle s’étale tout au long de
la campagne au rythme d’une scène par acte. Libre à vous de
l’intégrer à votre table. Cette quête secondaire est totalement
liée à l’intrigue, mais aussi parfaitement optionnelle.
Vous l’aurez compris, L’Enfant-nuit croise plusieurs
niveaux d’intrigue et des arcs narratifs secondaires. Aussi
avons-nous préparé un certain nombre d’aides pour vous
faciliter la prise en main de ces différents éléments de
la campagne.
• Des encadrés d’ambiance pour visualiser rapidement
les mots clefs que vous pourrez utiliser lors de vos
descriptions.
• Des résumés des PNJ agissant directement sur l’intrigue
principale.
• Des cartes mentales pour chaque acte.
• Des exemples précis de tests que vous pouvez employer.

Crédits
Directeur de publication : David Burckle L’Équipe de Black Book Éditions : Pôle édition • Marianne Bergeonneau,
Responsable d’édition : Marc Sautriot Pôle administratif • David Burckle, Marie Frédéric Lipari, Sélène Meynier, Aurélie
Assistante d’édition : Sélène Meynier Ferreira, Laura Hoffmann Pesséas, Marc Sautriot et Julija Valkuniene
Auteur : Thomas Le Goargeguer et Thierry Przybyla Pôle technique • Alexandre Nizoux
Relecture : Sélène Meynier et Marc Sautriot Pôle boutique • Éric Bernard, Camille et Emmanuel Personne
Direction artistique : Marianne Bergeonneau Bourgoin, Julien Collas, Franck Drevon, Édité par Black Book Éditions,
Création graphique : Romano Garnier Jonathan Duvic, Julien Gaillet 12 rue Jean Carmet,
Maquette : Alame Bennacer et Olivier Morgon 69800 St PRIEST, FRANCE,
Cartes et plans : Josselin Grange Pôle communication • Anthony Bruno www.black-book-editions.fr
Illustration de couverture : Ralph Horsley et Steve Luga Dépôt légal : février 2024
Illustrations intérieures : Laurent Miny ISBN 978–2–38227–579–5
ISBN PDF : 978–2–38227–580–1

Identité du produit (Product Identity) : Les éléments suivants sont identifiés comme l’Identité du Produit (Product Identity) et sont donc considérés comme du closed
content tel que défini dans la version 1.0a section 1(e) de l’Open Game License (OGL) : les noms et gammes de produits, les logos et marques d’identification y compris la
présentation commerciale ; les noms propres, les règles (exemple : folie etc.), les objets magiques, les scénarios, personnages et histoires, les symboles, illustrations et
dessins, les représentations graphiques ; et plus généralement toutes les descriptions, les marques commerciales ou déposées clairement identifiées comme Identité du
Produit (Product Identity) par le propriétaire et qui exclut spécifiquement l’Open Game Content.
Le contenu libre de ce livre (Open Content) comprend uniquement le matériel extrait du Document Relatif au Système (SRD). Toute utilisation du contenu libre doit être réalisée
dans les conditions de l’Open Game Licence version 1.0a.
Toute reproduction partielle ou totale de ce livre ainsi que son traitement informatique et sa transcription sous n'importe quelle forme et par n'importe quel moyen
électronique, photocopie, enregistrement ou autre sont rigoureusement interdits sans l’autorisation préalable de Black Book Editions.

3
 INTRODUCTION
• Les blocs de statistiques de créatures et PNJ importants.
• Des cartes, plans aides de jeu pour les joueurs et pour vous.
Sans plus attendre, nous vous invitons à découvrir les
avaleurs et le fief de Cisère.
Contexte
Les avaleurs
Très rarement, des créatures liées aux plans intérieurs (les
plans élémentaires) naissent et leur nature se révèle rapide-
ment dangereuse. On les appelle des avaleurs.
Nul ne sait quand les premiers avaleurs apparurent.
D’aucuns disent qu’ils sont issus du chaos primordial, qu’ils
sont des vestiges de la création de l’univers par les dieux.
D’autres affirment que la réalité est fragile, et que son équi-
libre vacille parfois. Alors, les fils qui sous-tendent chaque
existence se tendent. Pour quelques êtres, ils se rompent.
Ils deviennent alors le centre d’un déséquilibre profond qui
altère la réalité.
Quoi qu’il en soit, en ville comme au milieu des étendues
sauvages, naissent parfois des étrangetés. On les appelle
les avaleurs, car ces créatures, intelligentes ou animales,
semblent aspirer la force d’un élément originel. Ainsi, les
avaleurs du jour, comme celui qui est au centre de cette
histoire, sont perpétuellement entourés d’un crépuscule au
cœur duquel on distingue à peine leur silhouette.
Il existe des avaleurs de tous niveaux de puissance. Mais le
déséquilibre qui constitue leur nature a des conséquences
sur leur développement. Ce sont des créatures solitaires et
sauvages. Lorsqu’un avaleur est issu d’une espèce intelli-
gente, on imagine difficilement qu’il puisse entretenir des
relations normales et donc suivre une éducation ou un quel-
conque enseignement. Le plus souvent, seule la peur les
anime. Ils sont les premières victimes de leurs « capacités ».
Ces capacités aussi peuvent varier en intensité : la force
d’un avaleur augmente avec le temps, car le phénomène
s’amplifie et la créature en perd le contrôle. Pour un avaleur
de jour, la pénombre s’épaissit jusqu’à devenir une sphère
d’obscurité complète de plus en plus large autour de lui. La
créature développe évidemment une capacité de vision noc-
turne, plus ou moins efficace, qui lui permet de survivre. Un
avaleur d’air étouffe les flammes, peut provoquer la suffoca-
tion et soulève un vent de plus en plus fort. Un avaleur d’eau
provoque la déshydratation des chairs, assèche les sources et
les cours d’eau, fait dépérir la végétation. Plus rares sont les
avaleurs de nuit qui baignent dans une clarté perpétuelle. Ils
peuvent éblouir leurs opposants et ont eux-mêmes les yeux
brûlés par la lumière qu’ils émettent : on les nomme aussi les
Aveugles. L’Enfant-nuit met en scène ces différents avaleurs.
Le canal qui donne aux avaleurs leur capacité traverse
le plan éthéré et déchire la frontière avec le plan matériel.
Aussi, la manifestation d’un avaleur est souvent accompa-
gnée de l’apparition de créatures issues de ce plan, ce qui
accroît encore la dangerosité de ce type de rencontre.
Enfin, on dit qu’il existe des avaleurs différents. Ceux-ci
auraient développé leur capacité plus tard, à la suite d’un
choc émotionnel important (un deuil, une humiliation, ou au
contraire une grande joie). Ces avaleurs, par leur éducation
antérieure, pourraient même parfois réussir à contrôler leur
appétit, devenant alors de redoutables adversaires…
L’histoire
Caddwal de Sognes est le seigneur de Cisère, un fief
particulièrement étendu. L’année de ses trente ans, il épouse
Dame Béthune, une jeune magicienne, de dix ans sa cadette.
Rapidement, ils ont un premier enfant, Follain. Cinq ans
plus tard naît Alvin. C’est alors que Follain présente les
premiers symptômes de son déséquilibre : Follain est un
avaleur de jour.
L’enfant est d’abord victime de troubles de la vision et
semble perdre la vue. Ses parents mandent les meilleurs
spécialistes mais aucun remède ne fonctionne. Alors qu’il
atteint huit ans, les phénomènes autour de lui s’accentuent.
Sa mère constate que la lumière semble disparaître lors-
qu’elle s’approche de l’enfant. Malgré l’isolement et son
handicap, Follain se révèle un enfant très intelligent doté
d’une mémoire remarquable. Mais à onze ans, à l’occasion
d’une grave crise, une bulle de ténèbres l’entoure.
Craignant qu’on leur enlève leur fils, Caddwal de Sognes
et Dame Béthune décident de le faire passer pour mort après
à un accident. Ils l’éloignent du château, le plaçant dans un
couvent non loin. Dame Béthune se plonge alors dans les
arcanes pour tenter de trouver un moyen de le sauver. La
magicienne réussit à retarder l’évolution de Follain, mais
dévie alors la force de son lien avec les éléments sur d’autres
créatures. C’est à cette époque que les premiers avaleurs
apparaissent dans la région. Follain a treize ans.
Malgré les efforts de la magicienne, la maladie de Follain
progresse et Dame Béthune est contrainte de prendre de
plus en plus de risques. Accompagnant sa mère dans sa
quête, l’enfant enjoint cependant régulièrement à cette der-
nière d’abandonner. La voyant sombrer de plus en plus dans
la folie, il se refuse pourtant à la laisser sans espoir.
Les habitants de Cisère pensent que Dame Béthune a
perdu l’esprit au décès de son fils. « La folle » sort de moins
en moins du couvent où elle s’est réfugiée tandis que le sei-
gneur s’occupe seul d’Alvin. Mais les habitants s’inquiètent
surtout de la malédiction qui a accompagné le deuil de la
famille du seigneur. D’étranges phénomènes sont en effet
Marie Billaud - mbillaud14@laposte.net - 202403/1393861/2533351

apparus, alimentant la rumeur : une pénombre en pleine
journée, une rivière qui s’assèche subitement, une neige fine
recouvrant une clairière en été, des oiseaux de feu détrui-
sant plusieurs parcelles de blé, un renard luisant errant
dans la forêt…
C’est le frère Foulques qui répond à ces inquiétudes
au cours des cérémonies religieuses et des audiences qu’il
préside. Le seigneur, lui, délaisse de plus en plus les affaires
courantes. À chacune de ses rares apparitions, le peuple
constate son affliction : Caddwal se déplace avec difficulté
et le plus souvent avec l’aide d’une canne malgré ses cin-
quante-cinq ans. Cela confirme aux yeux de tous le funeste
destin de la famille seigneuriale.
Aujourd’hui, Alvin a vingt ans. Il souffre de voir sa mère
et son père ainsi dépérir et ignore que son frère est encore
en vie. Il ne rêve que d’une chose : devenir un héros à même
de sauver ce qui reste de sa famille.
Cisère
Le fief de Cisère est remarquable par ses dimensions :
près de quarante kilomètres du nord au sud et une trentaine
d’est en ouest. Une grande route commerciale le traverse,
reliant les régions nord aux régions sud et est. Le fief est
donc situé à un endroit stratégique qui a toujours attisé les
convoitises. La plus grande offensive eut lieu il y a quatre
cents ans, lorsqu’une armée barbare venue des grandes
plaines septentrionales déferla sur la région. Les barbares
furent repoussés par une coalition autour de l’ordre chevale-
resque du Bois sacré, et l’autorité royale n’est plus désormais
contestée. Le seigneur chargé d’y maintenir la sécurité est
toujours désigné directement par le prince parmi ses fidèles.
La Grande vase
Le danger le plus prégnant vient de ce marais situé au
nord-ouest. Il s’étale sur plusieurs dizaines de kilomètres
et reste en grande partie inexploré. En plus de nombreuses
créatures monstrueuses, des peuples gobelinoïdes y
résident, organisés en tribus de petite taille, qui s’attaquent
parfois aux caravanes qui empruntent la route commer-
ciale. C’est pourquoi le seigneur entretient le Toret, un
petit fortin ayant pour vocation la surveillance des abords
du marais. Ces dernières années, les attaques sont un peu
plus nombreuses.
Le bourg
Cisère regroupe trois mille âmes. Son château, bâti il y
a deux siècles, domine fièrement la vallée. Tout le monde
bénéficie des retombées économiques de la position de car-
refour commercial de Cisère. Les revenus engendrés ont
permis une constante amélioration de la forteresse.
CONTEXTE
La ville elle-même est protégée par une enceinte solide et
bénéficie d’infrastructures peu courantes pour un bourg de
cette taille : une citerne antique et un système d’adduction
d’eau potable, un établissement de bain, un beffroi, un office
commercial spécialisé dans la rédaction de lettres de change
et même un hospice.
La vallée du Mont
L’Oreva prend sa source dans cette vallée avant de courir
vers le nord-ouest. Coincé entre deux pics rocheux se trouve
un village prospère le long de la route qui conduit vers le
sud. Son nom est trompeur : Le Mont désigne en effet un
tertre présent dans le Vieux Bois, juste à côté du village et
n’a rien à voir avec les deux montagnes qui l’encadrent.
Le village profite cependant de cet environnement : les
terres sont fertiles, le bois giboyeux et les flancs des mon-
tagnes riches en pierre de taille de qualité.
Escola
Ce village est construit autour d’un imposant temple for-
tifié construit peu avant l’attaque barbare. Depuis, Escola,
qui abritait une école renommée, a perdu de son influence
au profit du bourg de Cisère, placé au carrefour des deux
routes commerciales.
Escola conserve néanmoins une aura religieuse. Les mar-
chands sacrifient encore souvent au temple pour se défendre
des dangers de la route. Les habitants du fief s’y réunissent
tous les ans au moment de l’équinoxe de printemps pour
s’assurer de bonnes moissons.
Les Basses-Brumes
Les collines des Basses-brumes sont balayées par un vent
du nord froid et vigoureux. La végétation y est rase, peu
propice aux semailles. Des bergers y mènent leur troupeau
mais l’histoire sanglante de la bataille qui s’y déroula reste
dans les mémoires. Rares sont les habitants à s’y promener.
Un prieuré de saintes femmes s’est installé non loin du
champ de l’antique bataille. Il ne réunit qu’une dizaine de
moniales qui vivent dans le silence et la piété. Elles sub-
sistent grâce aux bonnes œuvres et à la charité du seigneur,
surtout depuis que Dame Béthune, sa femme, a rejoint la
communauté. Une fois par mois, les moniales se rendent
à Escola pour y vendre les herbes médicinales qu’elles col-
lectent dans les collines.
Au cours de la campagne, les PJ découvriront que le
prieuré est au cœur d’un rituel magique qui tient en sommeil
l’âme-en-peine du chef barbare défait il y a quatre cents ans.
5
 INTRODUCTION

Marie Billaud - mbillaud14@laposte.net - 202403/1393861/2533351


Mission des PJ
Les personnages sont des aventuriers respectés. Le scéna-
rio est prévu pour des PJ niveau 5. Le souverain de Cisère, le
prince Velrick (vous pouvez modifier et lui donner le nom et
le titre qui correspond à votre univers), les a envoyés en tant
qu’émissaires : les PJ doivent remettre au seigneur une lettre
(voir p. 8) dans laquelle le prince réclame la mise à sa dis-
position des forces militaires prévues par son engagement.
Caddwal de Sognes n’a en effet pas participé à l’ost régulier
que sa charge exige prétextant des problèmes de sécurité.
Charge aux PJ de vérifier leur exactitude.
L’abbé Maurille accompagne les PJ. Si aucun d’entre eux
ne possède de compétences de diplomatie, ils pourront s’ap-
puyer sur lui. Sinon, il sera un secrétaire dévoué. Les PJ ont
autorité sur lui.
L’abbé Maurille
Description. Taille moyenne, souvent le dos courbé.
Toujours habillé d’une simple robe de laine sombre.
Allure humble, voire timide. Il se révèle capable d’une
grande éloquence quand il s’agit d’un de ses domaines
de compétence (droit ; histoire).
Expression. « Je crois qu’il faut envisager la chose
sous un autre angle… »
Manie. Aime travailler dans le silence complet.
Objectif. Servir les intérêts du prince Velrick et obtenir
du seigneur de Cisère une juste compensation pour l’ost.
Missions secondaires
Les PJ peuvent être individuellement employés pour des
missions plus spécifiques :
Une maison marchande dont les caravanes ont subi
plusieurs attaques veut s’assurer de la sécurité des
futurs convois.
Une académie de magie confie une enquête sur les phé-
nomènes étranges de la région. Le PJ doit établir un rapport
circonstancié et rapporter des témoignages.
Un ordre religieux mandate un PJ pour s’informer du
devenir du prieuré dont ils n’ont plus de nouvelles.
Ces PJ disposent dès le départ de quelques informations
qu’ils peuvent révéler au cours de l’aventure à leurs compa-
gnons. La mission principale reste la défection du seigneur
envers l’ost de son suzerain.
MISSION DES PJ
Déroulé des aventures
Acte 1 — Un air de minotaure
Les PJ arrivent sur le domaine de Cisère et doivent affron-
ter un avaleur d’air qui terrorise les paysans. Ils rencontrent
à cette occasion le jeune Alvin.
Acte 2 — Muet comme la pierre
Les PJ arrivent au château. Une phase diplomatique
commence à propos de l’ost. Dans le même temps, les PJ
découvrent une série de phénomènes étranges. Ils ont pour
origine une jeune domestique du château atteinte d’un mal
incontrôlable : elle est devenue une avaleuse d’eau.
En parallèle, les PJ peuvent découvrir l’existence d’un pri-
sonnier tenu au secret dans un cachot du château. Il s’agit
d’un ancien fidèle du seigneur qui sait que Follain est encore
en vie. Il se doute que le mal qui ronge l’aîné gangrène peu
à peu le fief.
Acte 3 — Le dragon des marais
Dame Béthune a dû détourner une grande quantité
d’énergie à la suite d’une crise de Follain. Il faut vaincre un
avaleur de feu puissant qui rôde dans le marais et pousse
les hobgobelins à fuir vers Cisère. Il faut négocier avec eux
et éliminer la menace.
Acte 4 — Les mystères des Basses-brumes
Dame Béthune a perdu le contrôle sur le pouvoir de
son fils. Un crépuscule surnaturel envahit les environs du
prieuré. Le couvent désolé, plongé dans une nuit surnatu-
relle, doit être visité. Une âme-en-peine maléfique erre sur
l’ancien champ de bataille maintenant que les gardiennes du
prieuré n’assurent plus le rituel de protection.
Dame Béthune est recluse dans le prieuré et préfère
mourir plutôt que voir son fils assassiné. Les PJ doivent
faire un choix : tuer un innocent ou trouver un moyen de
le sauver tout en préservant Cisère de la nuit surnaturelle.
7
 INTRODUCTION

Annonce au Seigneur de Cisère

Nous vous remercions chaleureusement pour votre fidélité et bonne volonté, que vous avez toujours démontrées
envers nous dans chaque aide et service, et parce que, comme nous le désirions, vous avez observé la paix, dans le
domaine de votre responsabilité, ce que nous avons confirmé et proclamé dans cet endroit il y a trente ans.

Nous, prince Velrick, souhaitons faire connaître à votre raison le jugement pris en notre capitale avec le consen-
sus et les conseils de nos fidèles sujets, et nous ordonnons à tous qu’ils soient observés sans aucune opposition.

Que, comme indiqué dans le capitulaire royal, notre roi et père a décrété la seizième année de son règne en le
septième capitule, nos émissaires enquêtent avec diligence sur le nombre d’hommes libres vivant en votre domaine qui
sont capables de composer les armées expéditionnaires, et la somme d’entre eux est à inscrire sur notre liste.

De même, les hommes qui n’ont pu rejoindre l’armée, comme l’exige l’ancienne coutume, doivent travailler sur de
nouveaux forts, les ponts et les traversées de marécages, et doivent assurer la garde dans le domaine de Cisère et sur
les marches.

C’est pourquoi nous envoyons à vous nos émissaires munis de leur lettre de confiance.

Allez avec nos remerciements. Et que les Dieux nous accordent de pouvoir mutuellement et pendant de nom-
breuses années paraître en bonne santé et prospères.

Du prince Velrick à tous les agents et à nos fidèles

Pour la raison de la mission dans le fief de Cisère, nous avons donc ordonné que l’abbé Maurille et ses com-
pagnons puissent remplir les lieux opportuns à leur souhait.

Charge à nos fidèles de fournir pain, viande, œufs, huile, miel et bière pour le bon soin de nos émissaires.

Requerrons le bois et les torches nécessaires à leur confort, ainsi que le fourrage pour leurs chevaux.

Cela pour que tous les jours, à la fois de marcher et de nous revenir au nom de Nous, afin que chacun de vous
soit en place opportune de servir les mêmes hommes et de remplir leurs devoirs, afin qu’ils n’aient aucun retard
dans l’exécution de nos souhaits.

Marie Billaud - mbillaud14@laposte.net - 202403/1393861/2533351

 1

ACTE I — UN AIR DE MINOTAURE

Ce scénario ouvre la campagne de L’Enfant-nuit et intro-
En quelques mots… duit pour la première fois un avaleur. En traversant le village
Les PJ se retrouvent au cœur d’une battue du Mont, les personnages découvrent le caractère fantas-
contre une mystérieuse bête. « Un démon » rôde tique de la créature qui ne manquera pas de les intriguer. Ils
en effet dans la région depuis quelques mois. La explorent aussi le Vieux Bois (qui recèle un ancien tombeau)
créature ayant été aperçue dans le Vieux Bois et croisent son gardien, une créature féerique puissante dont
du mont Tanath, dans le fief de Cisère, le fils du il faudra se faire une alliée.
seigneur des environs s’invite bientôt à la chasse.
Le jeune noble ne prend alors pas la mesure du Introduction
danger qui guette son fief. C’est pourtant une
exception de la nature qu’il faudra affronter. Les personnages chevauchent sur une route fréquentée
par les marchands de toute la région. Elle traverse en effet
Fiche technique le fief de Cisère dans toute sa largeur. Alors qu’ils longent
Type • Action/Mystère un bois, ils entendent une voix appeler au secours. Un
PJ • Niveau 5 enfant est tombé dans une fosse, qui paraît anormalement
MJ • Tous niveaux grande pour qui y prête un peu d’attention. Si les PJ le
Joueurs • Tous niveaux sortent de ce mauvais pas, l’enfant les remerciera et ne les
Action  lâchera pas d’une semelle, trop heureux d’avoir rencontré
Ambiance  de vrais aventuriers.
Interaction  Quelques minutes plus tard, en route vers le village et
Investigation  probablement guidés par l’enfant, les personnages sentiront
le vent se lever. D’abord une brise forte puis des rafales pour

9
 ACTE I — UN AIR DE MINOTAURE
1

finir en véritable tornade. Dans la tourmente, les person- Carte mentale - Acte I
nages aperçoivent une tête de taureau dont le meuglement
est amplifié par les bourrasques. Il est impossible de voir son
corps. Dès les premiers instants de la bourrasque, l’enfant
est blessé par la chute d’un arbre. Les PJ doivent le secourir, Arrivée au village du Mont
sans quoi il meurt. S’il survit, l’enfant sera persuadé d’avoir Rencontre avec l'avaleur
vu un minotaure et s’empressera d’annoncer la nouvelle Arrivée de Sire Alvin
au village.
S’il est mortellement blessé, on peut imaginer que les
aventuriers le ramèneront agonisant auprès de sa famille
pour un dernier adieu. L’enfant aura alors l’énergie de parler
du monstre si les personnages ne le font pas.
Le vieux bois
Si les personnages n’évoquent pas l’incident une fois Début de la traque
au village et qu’ils ont laissé mourir l’enfant, un autre Rencontre avec le Vieil Abel
témoin opportun viendra annoncer la nouvelle aux villa-
geois. Il prendra les PJ à partie : « Dites-leur que je dis vrai !
Vous aussi vous l’avez vu ! Je vous ai aperçu juste après
son passage, vous étiez encore tout ébouriffés ! » À vous
de voir, en fonction de l’attitude des personnages lors de
Le tertre
l’introduction, comment les PJ seront perçus par le témoin
Rencontre avec le fantôme
en question. de Lorn Vesquial
La quête d'Opale (scène 1)
D’étranges événements
Ambiance : suspicion ; des volets qui se ferment ;
messe basse ; vent maléfique

Confrontation avec l'avaleur

dans la grotte blanche
Le village
Abritant une centaine d’âmes, Le Mont se compose d’un
temple de petite taille situé au centre du village, à côté de la
maison longue occupée par le chef, Tabrel Vieb, et d’une
dizaine de masures où vivent les paysans libres qui entre-
Épilogue :
tiennent les terres alentour. Un peu à l’écart, sur les bords
En route pour Cisère
de l’Oreva, un moulin appartenant au seigneur de Cisère
permet de moudre les céréales.
Le temple est entretenu par Damil Ferio (cf. clerc novice,
Compendium de PNJ, p. 8), un jeune prêtre sans grand talent
n’ayant pas su gagner la confiance de ses paroissiens. Les
villageois restent distants envers lui, même s’ils fréquentent Témoignages
avec régularité le temple pour leurs rituels. Damil sera ravi de En discutant avec les PJ, Tabrel Vieb, le chef du village,
rendre service au cours de l’aventure. Il y voit l’occasion de évoquera les apparitions du « démon ». Ils apprendront ainsi
trouver sa place au sein de la communauté qu’il affectionne. qu’une tornade a ravagé un champ en pleine journée, il y a
Le meunier, Arlebert Jaspe, est aussi le représentant du trois semaines. Des chasseurs ont vu des hordes animales
seigneur. Chargé de percevoir la taxe pour l’utilisation de sa quitter le Vieux Bois, visiblement apeurées. L’aîné du meu-
meule, il se rend régulièrement à Cisère. L’inaction du sei- nier a été envoyé comme messager auprès du seigneur de
gneur rend sa position délicate et les griefs de la population Cisère il y a trois jours, mais aucune réponse n’est encore
se retournent contre lui. Il n’a en réalité aucun pouvoir et se arrivée. Tous les récits confirment que la créature hante
désole tout autant que les autres de la situation. le Vieux Bois. Le chef du village encouragera toutes les

10

Marie Billaud - mbillaud14@laposte.net - 202403/1393861/2533351

D’ÉTRANGES ÉVÉNEMENTS
1

11
 ACTE I — UN AIR DE MINOTAURE
1
initiatives des PJ. Il y a fort à parier qu’il leur proposera,
contre rémunération, d’organiser voire de diriger la chasse.
Pour qu’ils appréhendent mieux leur proie, le chef leur
conseille de rencontrer un paysan qui a « vu » de près le
démon. Il s’agit d’Amarel, un homme d’une quarantaine
d’années, encore tremblant lorsqu’il évoque son aven-
ture. Il habite une masure un peu à l’extérieur du village.
« C’était après la veillée, j’étais le seul encore réveillé.
Je suis sorti chercher des bûches pour la nuit. J’ai senti le
vent se lever. À cette époque de l’année, c’est pas courant !
Craignant un mauvais grain, je me suis dépêché. Soudain,
une rafale plus forte que les autres s’est abattue. Lorsque j’ai
ouvert la porte, le vent s’est jeté sur moi, littéralement. Mais ce
qui m’a le plus surpris, c’est que le souffle venait de l’inté-
rieur de ma maison. Il a aspiré le foyer qui s’est brusquement
éteint. J’ai senti que l’air me manquait. J’ai cru que j’allais
mourir asphyxié. Puis j’ai entendu un galop de sabots derrière
moi, sans rien pouvoir distinguer. Et tout s’est arrêté aussi
rapidement que ça s’était levé. Je ne sais pas ce que j’ai croisé ce
soir-là, mais la mort est pas passée loin ! »
Pour terminer son histoire, Amarel évoquera le vieil Abel
qui, selon lui, est le seul à savoir ce qui se trame dans « son »
bois. Tabrel réagira par un simple : « Laisse donc ce vieux
fou tranquille ». Amarel sera cependant prêt à conduire les
PJ jusqu’à lui.
Alvin de Sognes
Voir l’écuyer, Compendium de PNJ p. 26
Description. Vingt ans. Athlétique et adroit. Vêtu de
vêtements de qualité mais confortables. Un air hautain
qui cache un manque d’assurance. Franc et honnête : la
sincérité est pour lui une vertu.
Expression. « Mon père ne tolère pas ce genre
d’attitude ! »
Manie. A une jambe tremblante dès qu’il tente d’as-
seoir son autorité ou qu’il ressent une vive émotion.
Objectif. Rendre fier son père et regagner l’amour de
sa mère.
L’arrivée du seigneur
À la fin de la première journée arrive la réponse du sei-
gneur de Cisère en la personne de son fils, Alvin. Il est
venu ici contre l’avis de son père et c’est sa première véri-
table confrontation. Le jeune homme demande où a été vu
pour la dernière fois l’animal. Tabrel présente avec respect la
12
situation au jeune seigneur. Alvin ne semble pas convaincu :
selon lui, les paysans sont affolés par un prédateur un peu
plus gros qu’à l’accoutumée, un loup peut-être, ou quelque
créature monstrueuse hors du commun. Raisonner Alvin
n’est pas impossible cependant. Mais le témoignage doit être
apporté par quelqu’un que le jeune seigneur puisse considé-
rer comme fiable. Seuls les PJ ont cette stature au village. Ils
peuvent donc essayer de le persuader (test de Charisme
[Persuasion] DD 10). Il s’empresse, sinon, de partir à la
chasse dès le lendemain matin sans aucune préparation (voir
Partie de chasse, p. 13).
Alvin est une personne digne de confiance mais il a du
mal à se mettre dans la peau du seigneur qu’il est appelé à
devenir. Il tient néanmoins à incarner avec force sa fonction
et en aucun cas il ne laisse son honneur ou celui de son
père entaché.
Le destin d’Alvin
Le jeune seigneur impose sa présence lors de la chasse à la
bête. Une fois seul avec les PJ dans le bois, il tombe un peu
le masque. Il n’est plus en représentation et pourrait dévoiler
un peu plus ses failles. De quoi le rendre plus sympathique.
Il ne manque pas de courage et n’hésite pas à se mettre en
danger pour le groupe avec l’espoir de prouver son rang et
de marquer les esprits.
Les personnages pourraient ainsi devenir les témoins de
la naissance d’un seigneur et créer des liens pour l’avenir.
Si vous le décidez, le destin d’Alvin peut être plus tragique
et les héros devraient alors expliquer les événements qui
ont conduit à la mort ou à la blessure du jeune héritier.
L’épilogue aurait lieu à Cisère, lors d’une réunion qui pren-
drait des allures de procès. Cette option ne facilite pas la
tâche à venir des PJ (voir Acte 2).
Le vieil Abel
Ambiance : vieux ; parfum de fleurs séchées ; lent ;
voix envoûtante
Cet ermite gnome sort rarement du Vieux Bois au point
que certains villageois s’en méfient : presque tous ont
oublié qu’il fut en son temps un druide respecté, et seuls
les anciens le consultent encore parfois pour quelques soins
dans la cabane qu’il occupe depuis des lustres à proximité de
la source de l’Oreva. Le vieil Abel (cf. ovate, Compendium
de PNJ, p. 9) vit donc au milieu de la forêt, préservant comme
il le peut cet environnement à l’aide de ses compagnons
animaux. La vieillesse l’empêchant en effet de parcourir son
territoire, il reste à regret dans sa cabane, ces derniers étant
Marie Billaud - mbillaud14@laposte.net - 202403/1393861/2533351

son contact avec l’extérieur. Il voit et sent ce qui se passe
dans le Vieux Bois mais n’a plus la force d’intervenir.
Abel pourra révéler ce qu’il sait aux personnages s’ils sont
sincèrement préoccupés par ce qui trouble la région. Son
lien avec la faune lui a en effet permis d’identifier l’avaleur.
Il le décrira de la manière suivante :
« Parfois, la nature est blessée en son cœur. Une pauvre créa-
ture doit alors en supporter la charge pour éviter que l’équi-
libre se rompe. Et c’est sa propre nature qui se modifie, liant le
malheureux être à un élément de manière inextricable. On ne
peut qu’apaiser la victime d’une telle malédiction. Mais il faut
agir avec prudence car c’est la peur qui guide ses actes. Tout lui
semble hostile, sans qu’elle comprenne qu’elle est à l’origine de
ces perturbations qui l’affolent. C’est cette peur qui rend la
créature dangereuse. Je crois néanmoins que ce mal peut se
guérir. Avec du temps et de la patience ».
Il leur fera ensuite promettre de protéger la créature :
« Elle est aussi innocente que vous et moi. Calmez sa peur
et amenez-la-moi ».
Il terminera enfin sur un ultime conseil :
« La forêt sait que je vieillis… Heureusement, elle ne compte
pas sur moi pour la protéger. Suivez l’esprit de la forêt.
Respectez-le. Et il vous aidera ».
Partie de chasse
Le Vieux Bois
Ambiance : silence inquiétant ; bruissement du
vent ; oiseau solitaire ; craquements
Cette forêt qui borde le village du mont Tanath a mauvaise
réputation. Si elle est encore exploitée dans sa partie la plus
proche de la lisière, les gens de la région évitent de pénétrer
au cœur du bois par crainte de l’antique tertre qui s’y trouve.
Nul ne se souvient qui repose ici, mais on raconte depuis
longtemps des histoires d’enfants disparus, d’accidents mys-
térieux qui ont éloigné les habitants du mont qui donne son
nom au village.
Cependant, les PJ peuvent aussi, s’ils le désirent, trouver
un guide en la personne de Tébor, l’un des chasseurs du vil-
lage qui ose encore s’aventurer parfois dans le bois. Il ne fait
rien gratuitement et seul l’appât du gain le pousse à guider
les PJ. D’humeur taciturne, il juge les personnages et Alvin
PARTIE DE CHASSE
1
(s’il les accompagne) sur pièce, ne se révélant un peu qu’à
ceux qui s’en montrent dignes, notamment par leur courage.
Tébor connaît bien le bois et peut mener les aventuriers
vers le tertre ou la grotte blanche (voir plus loin) sans détour.
En revanche, il ne pourra pas les éclairer sur l’avaleur ni sur
Abel ou l’esprit de la forêt, qui ne s’est jamais montré à lui.
La traque dans le Vieux Bois est l’occasion d’inquiéter vos
joueurs au moindre frémissement du vent. La forêt portera
de nombreux signes de l’agitation de ces dernières semaines.
Des arbres ont été arrachés par le vent. Le sol est piétiné par
le passage d’animaux paniqués. Des terriers sont abandon-
nés. Des charognes parsèment le chemin (les blessures qui
ont causé la mort sont accidentelles : chute sur un rocher,
poitrine empalée sur une branche…). Les animaux se font
de plus en plus rares alors que les personnages s’enfoncent
dans le bois.
L’esprit de la forêt
Ambiance : apaisante ; lumineuse ; douce
Le Vieux Bois est protégé par une licorne (cf. Livre de
la meneuse, p. 191). Personne ne connaît son existence en
dehors d’Abel. Les personnages pourraient d’abord se sentir
épiés. La créature les observe en effet assez longuement pour
pouvoir les juger avant de leur apparaître au tertre (voir plus
loin). Les actes des PJ sont donc primordiaux pour déter-
miner la réaction à leur encontre de la gardienne de la forêt.
La licorne possède de puissants pouvoirs qui pourraient
s’avérer cruciaux pour la survie des aventuriers. Elle agit
cependant toujours dans l’intérêt de la forêt. Sa nature
céleste l’obligera néanmoins à intervenir pour leur sauver
la vie, même si leur comportement n’est pas irrépro-
chable. Elle se comporte de la même manière envers l’ava-
leur, qu’elle considère comme un élément de la nature au
même titre que n’importe quel animal. Dans la mesure du
possible, elle tâche d’aider les PJ à la contrôler en utilisant le
sort apaisement des émotions. Sa capacité de téléportation peut
aussi permettre d’approcher le taureau ou de le fuir. Elle soi-
gnera aussi bien les animaux que les êtres humains, sans
distinction.
Le Tertre
Le nom du village tire son origine de ce petit mont au
cœur du bois. Depuis quatre siècles, Lorn Vesquial (cf.
fantôme, Livre de la meneuse, p. 171) gît ici. Héros de la
bataille des Basses-brumes, ses exploits sont aujourd’hui
en grande partie oubliés mais son âme est restée prisonnière
du plan matériel. Il attend en effet d’avoir retrouvé sa fidèle
Opale pour quitter ce plan et rejoindre les dieux. Le tertre
13
 ACTE I — UN AIR DE MINOTAURE
1
est donc hanté par son fantôme qui demeure dans les envi-
rons immédiats de son tombeau.
Étrangement, les perturbations causées par l’avaleur sont
ici sans effet. Cela est peut-être lié au fait que la licorne vient
régulièrement paître dans la clairière. Le fantôme et la créa-
ture céleste ont commencé il y a fort longtemps une conver-
sation silencieuse. La gardienne reconnaît en effet en Lorn,
l’ancien chevalier de l’ordre du Bois sacré, un défenseur de
la forêt. La petite clairière peut donc aussi devenir un refuge.
Il est important de noter que le fantôme ne sait rien à propos
de l’avaleur et qu’il ignore sa présence dans le bois.
L’arrivée des PJ
De nuit comme de jour, la clairière paraît accueillante. Des
lucioles virevoltent ou une biche y est assoupie. Vous pouvez
même octroyer un véritable bienfait si vos PJ se retrouvent
dans le besoin : des baies magiques qui redonnent 1d4 PV
ou suppriment un niveau de fatigue, par exemple.
Lorn se manifeste d’abord discrètement : il s’ennuie et
compte bien profiter de la distraction que représentent les
14
PJ ! Aussi, ne les laisse-t-il pas s’enfuir si facilement. Si les
PJ décident de partir trop tôt, Lorn adoptera des attitudes
contradictoires. Il tentera d’abord d’effrayer les intrus et fera
une démonstration de sa puissance. Puis soudainement, il se
montrera curieux et inoffensif, invitant les PJ à résoudre une
énigme, par exemple (« une boîte sans charnière, sans clé,
sans couvercle. Pourtant un trésor doré est caché à l’inté-
rieur ». ; un œuf, n’est-ce pas Bilbon ?). Pour finir, il simulera
une charge de cavalerie en hurlant « Sus aux barbares ! »
et en interrogeant le ciel « Opale, ma fidèle compagne !
Qu’es-tu devenue ? »
Le récit du fantôme
Une fois le premier contact installé, Lorn raconte de
manière plus apaisée sa vie. Il s’étend évidemment sur son
heure de gloire, la bataille des Basses-brumes, illustrant son
récit d’images invoquées magiquement. Les éléments qu’il
raconte auront toute leur importance au cours de l’Acte IV.
« C’était il y a si longtemps… Qui règne aujourd’hui déjà ?
Le prince Velrick ? Dieux ! je le croyais né hier ! Cela fait
donc quatre cents ans !
À l’époque, les routes n’étaient pas si sûres. Avec mes
compagnons de l’ordre du Bois sacré, nous nous étions juré
d’œuvrer pour la concorde entre le monde des hommes et ce-
lui des fées. L’expansion du royaume réclamait cette har-
monie. Mais Kemlik Harn et ses barbares mirent en péril
ce projet.
La rumeur de leurs razzias était venue jusqu’à nous bien
avant leur arrivée. Ils pillaient et massacraient sans pitié
toutes les communautés sur leur chemin. Nous savions qu’ils
finiraient par se diriger vers Escola. Alors nous avons réu-
ni ici une grande partie de nos forces. Nous avons choisi le
terrain de l’affrontement : une combe des Basses-brumes d’où
les barbares ne pourraient pas s’échapper. Et nous leur avons
tendu un piège.
Au matin de la bataille, dissimulé dans le brouillard, j’ai
observé la horde. J’ai vu de mes yeux un millier d’hommes en
arme, une noire cavalerie et une dizaine de géants ! Ils étaient
réunis autour de leur chef : un grand homme au regard
sombre et à la chevelure de nuit. Sa peau était si pâle
que j’ai cru voir un mort ! Perché sur un promon-
toire, à l’extrémité de la combe, il tenait une lame
de ténèbres. D’une main ferme, il sacrifia trois
pauvres créatures en psalmodiant. À la fin du
rituel, la horde exulta dans un cri malsain avant
de s’abreuver du sang frais des victimes.
Opale et moi avons pris la tête des chevaliers de
l’ordre. Le roi Mulrec a conduit les fantassins au
centre. Centaures et archers elfes tenaient le flanc
Marie Billaud - mbillaud14@laposte.net - 202403/1393861/2533351
 PARTIE DE CHASSE
1

La Quête d’Opale
Cette quête facultative s’insère parfaitement dans le récit de L’Enfant-nuit. Elle permet aux PJ de retrouver la compagne de
sire Vesquial : sa fidèle épée Opale. Cette lame magique sera un atout pour les combats qui s’annoncent dans l’Acte IV et la
déposer aux côtés du fantôme permet de libérer une âme prisonnière depuis quatre siècles du plan matériel.
Cette scène avec le fantôme de Lorn Vesquial forme le premier épisode d’une quête secondaire. Les trois autres épisodes
s’étaleront au cours des actes suivants (à raison d’une scène par acte) et seront signalés par leur titre, exactement comme
celui-ci.

Scène 1 : Le fantôme de Lorn Vesquial. Cette scène forme le premier épisode de la quête secondaire. Les trois autres s’éta-
leront au cours des actes suivants, à raison d’une scène par acte, et seront présentés dans des encadrés similaires à celui-ci.

Scène 2 : Le chant du barde. Les PJ entendent la légende de Vesquial et comprennent qu’Opale est une épée. Ils apprennent
aussi l’existence d’un cénotaphe près d’une source merveilleuse.

Scène 3 : La source aux trois chênes. Sur le chemin du Toret, les PJ visitent le cénotaphe. Ils décryptent des bas-reliefs et
comprennent qu’Opale a servi au rituel de protection contre l’âme-en-peine de Kemlik Harn. Elle est donc enfouie dans le
prieuré des Basses-brumes.

Scène 4 : Les sceaux brisés. Lors de l’exploration du prieuré, les PJ découvrent les sceaux brisés du rituel de protection
et en leur centre l’épée Opale protégée par un piège mortel.

L’histoire
Lorn Vesquial fut mortellement touché en transperçant le chef barbare de son épée. Après la bataille, il fut transporté vers
une source magique pour être soigné : la source aux trois chênes. Il est malheureusement trop tard et le chevalier meurt en
réclamant son épée. Célébré comme le héros de la bataille, un monument est élevé près de la source. En tant que membre
de l’ordre du Bois sacré, son corps est conduit dans un tertre au cœur du bois féerique tout proche (le Vieux Bois). Son épée
quant à elle est conservée au prieuré.
La lame est en effet indispensable au rituel qui empêche la terrible âme de Kemlik Harn de revenir hanter le monde. Opale
continuera à neutraliser le chef barbare au-delà de la mort. Elle est pour cela l’artefact central du rituel opéré par les moniales
dans les Basses-brumes.
Le fantôme de Lorn Vesquial ignore cela et recherche toujours son épée dans le but de quitter serein le monde matériel.

Parler d’Opale
Lorsque le fantôme évoque son épée, il en parle comme d’une femme dont il serait amoureux. Pour ménager la surprise à vos
joueurs, prenez garde aux termes que vous utilisez. La nature réelle d’Opale n’est, dans l’idéal, révélée que lors de la scène 2.
Voici quelques exemples d’images que vous pouvez utiliser pour décrire la situation à vos joueurs :

« Ô combien de fois j’ai dansé avec elle dans sa robe d’argent ! »

« Elle savait si bien chanter nos exploits… »
« Vive, elle fendait l’air comme un aigle ! »
« Je me souviens la dernière fois que je l’ai embrassée, juste avant la bataille. Les archers elfes se faisaient déci-
mer. Nous avons juré de les venger ! »

La gardienne du Vieux Bois

La rencontre avec le fantôme prend fin avec l’arrivée de la licorne. Lorsque Lorn Vesquial a fourni les indices nécessaires ou
si vos joueurs posent trop de questions sur Opale et commencent à se douter de quelque chose, coupez court à la scène avec
cette arrivée impromptue. Le fantôme cesse alors de parler et les PJ assistent à un échange silencieux entre les deux créatures.
Lorsque Lorn Vesquial se retourne vers eux, il leur transmet un avertissement : des créatures vicieuses rôdent dans la forêt (il
s’agit d’araignées de phase ; voir « La forêt de brume » p. 16). Si les PJ se sont bien comportés vis-à-vis de la forêt et de ses habi-
tants, Lorn peut aussi signaler qu’il perçoit des troubles sur le plan éthéré, et que ces derniers proviennent de la grotte blanche.

15
 ACTE I — UN AIR DE MINOTAURE
1
droit sous la direction de Dame Ahlin. Tandis que le roi atti-
rait la horde vers lui, nous nous apprêtions à la prendre en te-
naille avec les centaures. Mais les barbares n’étaient pas sans
esprit : Kemlik Harn avait envoyé ses géants sur les archers, et
les elfes payèrent un lourd tribut pour la victoire.
Ce faisant, le flanc droit de la horde se retrouva fragilisé :
Opale et moi comprîmes vite que le sacrifice du peuple des
bois ne devait pas être vain. Nous lançâmes alors toutes nos
forces pour surprendre la horde et percer ses défenses jusqu’à
son cœur. Là, au milieu de la masse, nous avons défié le chef
barbare. Alors que sa hache me fit choir, Opale le toucha en
plein cœur.
Le roi Mulrec avait contenu avec habileté les assauts de la
horde et préservé ses soldats. La mort de Kemlik Harn jeta le
désarroi parmi les barbares. Mulrec poussa alors son avantage
et enserra la horde dans la combe. À la fin, il ne resta pas un
barbare capable de raconter la bataille ».
La forêt de brume
Ambiance : brume épaisse ; souffle animal ; la
pierre qui respire ; son rauque ; raclements fauves ;
flamme attirée par les ténèbres
À mesure que les personnages s’approchent de la grotte
blanche où s’est réfugié l’avaleur, une brume étrange s’insinue
à travers la végétation. Ce brouillard est fin et ne diminue pas la
vision à proximité immédiate des personnages. Il rend cepen-
dant impossible de voir naturellement au-delà de vingt mètres.
La fêlure de la créature provoque effectivement une
altération de la frontière entre le plan matériel et le plan
éthéré. Aucun passage de l’un à l’autre n’est a priori pos-
sible, mais cela a attiré trois araignées de phase (cf. Livre
de la meneuse, p. 145) qui harcèlent les PJ jusqu’à ce qu’elles
soient éliminées.
La grotte blanche
Cette ancienne carrière de pierre est à l’abandon depuis
plusieurs dizaines d’années. Elle n’est pas très grande mais
un peu labyrinthique. Pendant son exploitation, les mineurs
suivaient la veine de granit qui formait une sorte de spirale
s’enfonçant sous terre. Le taureau s’est réfugié dans ses pro-
fondeurs qui ont tendance à l’apaiser.
Taureau avaleur
Utilisez le profil du Rhinocéros (Livre de la meneuse p. 243)
avec les modifications suivantes :
16
Immunité aux dégâts résultants d’attaques effectuées avec
des armes de jet ou de lancer.
capacité spéciale
Incantation innée. Caractéristique d’incantation : Force (DD de
jet de sauvegarde contre les sorts 15)
3/jour : bourrasque ; mur de vent ; vague tonnante
1/jour : tempête de grêle ; vol
L’exploration du complexe est rendue difficile à cause
de l’obscurité. Les sources lumineuses utilisées par les
personnages sont susceptibles de s’éteindre si le taureau
entre dans une rage incontrôlée, ce qui déclenche une bour-
rasque. Cela risque de se produire s’il prend peur. L’approche
de la créature doit donc se faire avec prudence. Si les person-
nages usent de discrétion, une erreur de leur part effraiera
automatiquement l’avaleur, déclenchant ses pouvoirs.
Une approche non agressive, franche et mesurée peut éviter
que le taureau ne s’attaque à eux. Un jet de Sagesse (Dressage)
DD 15 devra ponctuer chaque étape de cette approche. Un
sort comme apaisement des émotions octroie l’avantage.
Si la panique s’empare de la créature, son seul et unique
objectif sera la fuite. Il s’élancera alors dans une cavalcade
endiablée pour trouver le chemin de la sortie, chargeant tous
ceux qui s’interposeront.
Si le taureau réussit à sortir, sa peur engendre un véritable
cyclone. Un orage ne tardera pas à se lever et une pluie dilu-
vienne s’abattra sur la forêt, rendant n’importe quel terrain
non couvert difficile.
Épilogue
À l’issue de l’affrontement, quel qu’en soit le résultat, les
PJ découvrent un taureau à la taille exceptionnelle mais dont
le statut de simple animal ne fait aucun doute. Son corps est
marqué par les épreuves qu’il a traversées et, s’il est encore
en vie, les PJ peuvent constater son attitude craintive.
Les personnages risquent donc d’être surpris par la nature
de l’avaleur, et il est possible que, sans témoin, on ait du
mal à les croire au château (à l’exception du seigneur évi-
demment, mais il s’en cachera bien). Si Alvin survit, il sera
profondément bouleversé : il comprend que ce qu’il croyait
être des superstitions paysannes est en fait bien réel.
Si l’avaleur n’est pas tué, il peut être confié au vieil Abel
et à la gardienne du Vieux Bois, qui feront tout pour le pré-
server. À l’avenir, le Vieux Bois peut devenir un sanctuaire
pour les avaleurs qui seront sauvés.
Les PJ poursuivent maintenant leur route vers Cisère pour
accomplir leur mission principale. Les résultats de ce scéna-
rio ont toute leur importance pour sa résolution. Sans doute
se doutent-ils déjà qu’autre chose est en jeu…
Marie Billaud - mbillaud14@laposte.net - 202403/1393861/2533351
 2

ACTE II — MUET COMME LA PIERRE

En quelques mots…
Introduction
Les PJ arrivent au château. Ils sont accueillis par le sei-
Le second épisode de L’Enfant-nuit débute lorsque les PJ
gneur et la discussion s’engage à propos de l’ost. Dans le
arrivent au château de Cisère, où ils rencontrent Caddwal
même temps, les PJ découvrent un secret bien gardé
de Sognes, le seigneur à qui ils doivent remettre une missive
autour d’un prisonnier. Puis arrivent une série de phé-
du prince Velrick. Le suzerain souhaite soumettre un litige
nomènes étranges. D’abord anodins, ils prennent une
concernant l’ost dû par Cisère. Les PJ découvrent la cour
tournure finalement tragique. Ils ont pour origine Fara,
seigneuriale et perçoivent immédiatement l’humeur sombre
une jeune domestique du château atteinte d’un mal
du seigneur.
incontrôlable : elle est devenue un avaleur d’eau.
Accueil
Fiche technique Lorsque les PJ arrivent au château, ils sont accueillis par
Type • Diplomatie/Mystère
Frère Foulques, qui présente les hommages du seigneur
PJ • Niveau 5
aux visiteurs. Il s’enquiert des raisons de leur venue et leur
MJ • Tous niveaux
assure l’hospitalité. Ils sont conduits au logis et ont droit
Joueurs • Tous niveaux
à un accueil digne de leur rang. Fara, une jeune servante
Action  s’occupe d’eux (voir plus loin). Le seigneur reste invisible
Ambiance  jusqu’au soir. Une fois les formalités passées, les PJ peuvent
Interaction  vaquer librement dans l’enceinte du château (voir « Le châ-
Investigation  teau », plus loin). Seuls les étages supérieurs du donjon
leur sont interdits : ce sont les appartements du seigneur

17
 ACTE II — MUET COMME LA PIERRE
2

Caddwal, de son fils, du chevalier Liphard (ainsi que de
sa femme, Dame Aude Liphard, et de leurs deux filles,
Fleur et Alba), des capitaines Anastase Sol (et de sa
famille : sa femme, Hilde, et son fils, Alboin) et Réccarède
Spatha (actuellement en poste au Toret), ainsi que des clercs
de la cour.
La réception
La première rencontre avec le seigneur a lieu le soir alors
qu’un banquet est donné en l’honneur des émissaires du
prince. Toute la cour est présente. Comme à son habitude,
Caddwal est sombre, il quitte le banquet dès que possible,
après quelques courtoisies (sans excès) envers les PJ. Les PJ
remarquent une femme à l’œil sévère qui dirige la domes-
ticité : dame Auribonde. Elle se révèle particulièrement
obséquieuse avec les nobles du château.
Une fois le seigneur parti, l’ambiance devient plus légère.
Le PJ le plus charismatique est invité à danser tandis que
Liphard aborde le guerrier le plus expérimenté. Trouvez
un interlocuteur pour chaque joueur (voir « Quelques
exemples d’approche » p. 20). C’est une bonne occasion
pour eux d’en apprendre un peu plus sur la seigneurie.
Le prolongement de l’Acte I
Les PJ ont certainement des questions à poser à propos
des événements de l’Acte I. Soldats, domestiques, artisans
ou nobles : tous peuvent communiquer quelques renseigne-
ments parcellaires sur des événements anciens. Aidez-vous
de la chronologie (voir encadré) pour divulguer des infor-
mations. Aux PJ ensuite de reconstituer le puzzle. Soyez
avare : il ne faut pas que l’intrigue se dévoile trop rapide-
ment. Au château, seul Caddwal est capable de relier tous
les éléments entre eux pour leur donner une explication.
C’est d’ailleurs ce qui lui pèse. Mais il restera mutique. Il est
même un opposant pour les PJ qui pourraient alors imaginer
les pires complots.
Son attitude envers son fils, s’il est vivant, est identique.
Il juge son comportement irresponsable : jamais il n’aurait

Chronologie
-400 ans Bataille de Basses-brumes : défaite de Kemlik Harn. Création du prieuré.
-27 ans Mariage de Caddwal de Sognes avec Dame Béthune.
-25 ans Naissance de Follain.
-20 ans Naissance d’Alvin ; apparition des premiers symptômes de Follain.
-14 ans Accident « mortel » de Follain.
-12 ans Première apparition des Avaleurs : des oiseaux de feu détruisent plusieurs parcelles de blé au nord de
Cisère.
-9 ans Le cours d’eau qui relie la Grande vase à l’Oreva s’assèche à la fin de l’hiver. L’eau réapparaît aussi
mystérieusement qu’elle a disparu deux semaines plus tard.
Au printemps de la même année, lors d’une chasse seigneuriale, des témoins affirment avoir vu un renard
luisant courant dans la forêt.
-7 ans Au milieu de l’été, le village d’Escola observe une étrange pénombre en pleine journée. Un troupeau de
bovins paniqués s’échappe de son enclos et se jette dans une crevasse.
-3 ans Des bûcherons travaillant à l’orée du Vieux Bois observent une pluie de neige fine qui recouvre une clairière
en été.
-1 an Première attaque hobgobeline ; Sebert Malfortin prisonnier.
-5 mois Apparition de l’Avaleur d’air (Acte I) ; recrudescence des attaques hobgobelines.
-3 semaines Une tornade ravage un champ en pleine journée près du Mont (Acte I).
-2 semaines Des hordes animales quittent le Vieux Bois, visiblement apeurées (Acte I).
-6 jours Amarel « voit » la bête au souffle mauvais dans sa masure du Mont (Acte I).
-2 jours Fara tombe malade.
Jour 1 Arrivée des PJ à Cisère ; le soir, audience avec Caddwal de Sognes ; rencontre avec Fara.
Jour 2 Une cruche de vin sèche ; découverte du chat pétrifié.
Jour 3 Fin du litige ; incident avec dame Auribonde.
Jour 4 La fontaine du bourg se tarit.

18

Marie Billaud - mbillaud14@laposte.net - 202403/1393861/2533351

INTRODUCTION
2

19
 ACTE II — MUET COMME LA PIERRE
2
Quelques exemples d’approche
Si vous manquez d’inspiration concernant l’identité des
interlocuteurs à présenter à vos PJ, voici quelques pistes :
Fleur, l’une des filles de Liphard, trouve l’épée du
guerrier très belle. Elle sait peu de choses sur l’histoire
de Cisère mais aime fureter dans les recoins du château.
Césarie s’approche d’un PJ non humain ou du PJ le
plus discret. Elle fait régulièrement la navette entre le
château et le Toret et évoque la situation là-bas.
Hoarvian est très heureux de pouvoir parler à des
étrangers. Il s’épanche sur les malheurs de Cisère sans
parler de Follain.
Après le départ du seigneur, Frère Foulques l’ex-
cuse auprès des PJ en racontant le deuil qui a frappé la
famille.
dû se rendre sans son autorisation au village Le Mont en
son nom. Un PJ perspicace peut déceler dans l’attitude de
Caddwal l’inquiétude d’un père qui ne veut pas perdre son
fils bien plus qu’une autorité déplacée.
S’il est arrivé malheur à son fils, Caddwal est dévasté et sa
colère se reporte sur les PJ. Heureusement, Frère Foulques
est un interlocuteur plus apaisé.
Dans l’idéal, les PJ ne doivent comprendre ce qui se
trame à Cisère qu’au cours de l’Acte III : d’ici là, lais-
sez-les dans le brouillard.
Le château
Le château de Cisère domine la ville au sommet d’un
éperon rocheux. C’est une forteresse assez impression-
nante avec ses nombreuses tours, ses hautes murailles, son
pont-levis et sa porte gardée par un assommoir et une lourde
herse en fer. Seules les douves sont visiblement moins
entretenues. Derrière l’enceinte, un donjon imposant abrite
les appartements du seigneur.
1. La défense du château est très complète. Sa position
stratégique oblige les seigneurs à régulièrement moder-
niser et rénover les remparts. Une trentaine d’hommes
reste toujours en garnison au château. Le capitaine actuel,
Anastase Sol, originaire des régions à l’est du royaume, a
participé à de nombreuses campagnes avant de s’installer
ici et aime à conter ses exploits passés.
2. Les écuries. C’est ici que travaille Évode Le Febvre,
le forgeron du château. Sa spécialité n’est pas les armes
mais c’est un excellent maréchal-ferrant qui connaît bien
les chevaux.
20
3. Le logis accueille les marchands de passage et les invi-
tés de marque comme les PJ. La domesticité y a aussi ses
quartiers.
4. Baraquements. La garnison cantonne dans ce bâti-
ment. Elle y côtoie les garçons d’écurie et les manœuvres
chargés de l’entretien du château.
5. L’intendance du château contient une boulangerie,
un fumoir, des celliers et les cuisines. Les enfants du
capitaine aiment y jouer avec d’autres enfants de domes-
tiques. Ils rendent de petits services et Judual, le jovial
boulanger, les remercie toujours avec une miche de pain
toute chaude.
6. Le temple dédié aux dieux du commerce et de la guerre.
Frère Foulques encadre trois autres clercs : Aemiliana,
l’exigeante comptable et compagne de Frère Foulques,
Césarie, une scribe émissaire demi-elfe toujours secrète
et Hoarvian à qui n’échappe aucune confidence et qui
sait consoler les cœurs.
7. Le donjon est le cœur du pouvoir local. Frère Foulques
y écoute en audience les plaintes des habitants et officie
comme juge pour les affaires les plus banales.
C’est à l’étage que loge le seigneur, son fils et la cour.
Alvin sort quotidiennement et s’entraîne avec le cheva-
lier Liphard dont il a été l’écuyer. Ce dernier est tou-
jours précédé de son chien, un épagneul répondant au
nom d’Orobos.
Caddwal quitte peu le donjon. Il accepte de prési-
der les procès lorsque cela est nécessaire et s’accorde
avec Foulques sur les questions importantes lors d’une
réunion hebdomadaire. Une fois par mois, il se rend
au temple pour une cérémonie religieuse au cours de
laquelle les gens constatent son dépérissement. Caddwal
ne cesse de maigrir et de s’affaiblir. Il ne se déplace jamais
sans une canne.
Dans les sous-sols du donjon se trouvent les geôles ainsi
qu’un puits.
L’examen du litige
Le lendemain de leur arrivée, un conseil se tient dans
la grande salle du donjon en présence du seigneur, de
Frère Foulques et d’Aemiliana. Plusieurs séances ponc-
tuent les deux jours qui viennent jusqu’à la résolution du
litige. Si cette affaire doit paraître la plus importante aux
yeux des PJ, il faut commencer à planter les graines des deux
autres arcs narratifs : le prisonnier et les choses étranges
autour de Fara.
L’abbé Maurille expose tout d’abord les réclamations du
prince. Cisère n’a pas répondu au devoir d’ost ces deux der-
nières années : cela correspond à l’envoi de dix hommes
Marie Billaud - mbillaud14@laposte.net - 202403/1393861/2533351
LE CHÂTEAU
2

21
 ACTE II — MUET COMME LA PIERRE
2
d’armes équipés et encadrés par un capitaine ainsi que les
services d’intendance afférents, auxquels s’ajoutent les
services d’un chevalier et de ses suivants (page et écuyer).
Le montant du préjudice est estimé à 39 450 po. Ce à quoi
s’ajoute une pénalité d’environ dix pour cent, soit un total
de 43 395 po.
Caddwal de Sognes
Description. Homme de 57 ans. Fier, tête haute. Cheveux
mi-longs et fins avec un début de calvitie. Visage maigre
et froid. Corps fragile. Se déplace avec une canne. Il arrive
qu’il ait des absences : son regard se perd alors dans le
vide plein de tristesse. Revêt un grand manteau chaud,
trop ample pour lui maintenant, couleur vert sombre.
Expression. « Je suis le seigneur de ces terres ! »
Manie. Ponctue ses phrases par des bruits de bouche
secs indiquant sa nervosité.
Objectif. Protéger sa famille et garder le secret
autour de Follain.
La réaction de Caddwal de Sognes
Le seigneur est un homme de cinquante-cinq ans, jadis
robuste mais vieillissant. La visite des PJ ne l’inquiète
pas. Il est sûr de son bon droit. S’il n’a pas répondu aux
exigences de l’ost, c’est qu’il a selon lui de bonnes rai-
sons. Il doit assurer la protection de la route commerciale ;
or, en ce moment, cette mission exige la présence de tous
ses hommes d’armes. Pendant l’exposé de l’abbé Maurille,
Caddwal ne cache pas son exaspération. « Autant livrer
tout de suite la région aux pillards ! »
Dès que l’abbé a terminé, il prend un ton très autoritaire. Il
s’emporte et accuse les émissaires d’incompétence. N’hésitez
pas à le rendre antipathique : il peut critiquer l’attitude des
« ces gens de basse classe » (les PJ !) à qui le prince a confié
cette mission ou, si les PJ ont commis quelques maladresses,
se moquer ouvertement de leur manque d’éducation ou d’ex-
périence. Il n’hésite pas à remettre en cause leur capacité à
bien évaluer la situation. Personne n’ose contredire la colère
du seigneur. Si les PJ s’y risquent, ils doivent réussir un test
de Charisme (Persuasion) ou d’Intelligence (Histoire)
DD 20. En cas d’échec, leur argumentation ne convainc
pas, voire provoque de petits rires moqueurs (sur un résultat
inférieur à 5). La négociation commence mal !
22
Impliquer les joueurs dans le litige
L’évaluation du préjudice dû par le seigneur de Cisère
est une tâche ingrate. Cependant, les PJ ont tout intérêt
à se montrer sous un jour favorable et à mettre en avant
leurs compétences. En tant qu’émissaire du prince, ils
le représentent (l’abbé Maurille leur rappelle si néces-
saire). Leur attitude détermine donc leur crédibilité et
facilite aussi le travail de l’abbé.
Laissez les PJ mener leur enquête, interroger les témoins,
consulter les livres de comptes… Tous les tests s’effectuent
avec un DD de 15. Vous trouverez dans l’encadré p. 24
plus d’exemples de tests ainsi que des éléments narratifs
pour mettre en scène les actions des PJ et les réactions de
PNJ. Plus les PJ obtiendront de réussites, plus simple sera
l’accès aux informations.
Vous pouvez bien sûr tenir compte du roleplay éventuel
de vos joueurs. Rappelez-vous que tout le monde n’est pas
à l’aise à l’oral : si l’un de vos joueurs explique que son
personnage fait tout pour respecter l’étiquette et demande
un test d’Intelligence (Histoire) pour voir comment il se
débrouille, il s’agit d’un bon roleplay, une bonne interpréta-
tion de son personnage.
Pour suivre l’évolution de la réaction des différents per-
sonnages, aidez-vous du tableau suivant. Vous y trouverez
la correspondance entre les réussites aux différents tests des
PJ, et la liste des personnages dont ils ont gagné la confiance
et qui se montrent serviables et agréables avec eux. Tenez
compte des actions connues des PJ avant leur arrivée au
château. S’ils ont laissé périr Alvin par exemple, leur seuil
de départ sera négatif.
Vous pouvez poursuivre le décompte lors de l’Acte III.
Résoudre avec succès leur mission au Toret doit normale-
ment amadouer le seigneur.
NOMBRE DE RÉUSSITES PNJ CONFIANT
–2 Fleur
–1 les autres enfants ; Judual
0 Évode Le Febvre
1 Frères Foulques ; les
domestiques (sauf Fara et
Basine)
3 Aemiliana ; Maître Hubert
4 capitaine Anastase Sol ;
Basine ; Turold
5 Césarie ; Hoarvian, Fara
6 Liphard ; Béthaire
7 dame Auribonde ; Dovar
10 Caddwal de Sognes
Marie Billaud - mbillaud14@laposte.net - 202403/1393861/2533351
 L’EXAMEN DU LITIGE
2

Une bonne gestion

Frère Foulques
Description. Âge mûr. Courte barbe. Grand avec de
l’embonpoint. Se montre courtois et calme. S’exprime
avec politesse. Très ordonné dans ses propos et dans son
travail. Cherche toujours le compromis.
Expression. « Pour être plus précis… »
Manie. A toujours un livre dans la main. Écoute avec
attention ses interlocuteurs sans les interrompre.
Objectif. Servir les intérêts du seigneur Caddwal de
Sognes et agir pour la justice. Il sait que son seigneur est
accablé depuis la disparition de son fils aîné et cherche
à le protéger. Il évoque ce deuil pour expliquer les crises
autoritaires et la colère de Caddwal de Sognes.
Frère Foulques a anticipé la réclamation du prince en pro-
visionnant une somme conséquente pour le dédommager
(5 000 po).
Chiffres à l’appui, il montre que les échanges commer-
ciaux n’ont pas faibli malgré les attaques. C’est d’ailleurs
ainsi qu’il a pu constituer la réserve financière. L’abbé
Maurille peut le confirmer. Il a fait envoyer en ce sens une
missive au prince il y a quelques semaines, et c’est d’ailleurs
cette lettre qui a poussé le prince à envoyer les PJ vérifier
sur place les dires du seigneur.

Frère Foulques
Frère Foulques régit la vie du château. Le seigneur lui fait
toute confiance. Il tient les comptes de la seigneurie et res-
pecte à la lettre sa charge. Il peut démontrer les besoins en
armes du fief et l’impossibilité de dégarnir la seigneurie en
exposant les différents troubles qu’a connus le fief (les mani-
festations des avaleurs comme les attaques hobgobelines).
C’est l’occasion de donner quelques informations aux PJ sur
ces événements et d’évoquer le nom de Sebert Malfortin.

Exemples de dialogues
Judual : « Notre seigneur prend bien soin de ses sujets.
L’année des feux de moissons (les oiseaux de feu), il a
pris sur la trésorerie du château pour compenser les
pertes et fournir du blé à tout le monde ! »
Évode Le Febvre : « j’ai connu la défaite quand j’étais une
jeune recrue. Oh, je n’étais pas en première ligne, je m’oc-
cupais déjà des chevaux. Mais le seigneur, il sait mener ses
hommes. Et il ne va pas les sacrifier pour rien ! »
Césarie : « C’est bien triste ce qui est arrivé à
Dame Béthune. Sire Caddwal la soutient comme il
peut. Tous les mois, il m’envoie au prieuré pour porter
une lettre à son épouse ».
Liphard : « Un jour, alors que nous étions à la chasse,
nous avons vu la plus étrange des créatures : un renard
au pelage luisant. On aurait dit que la lumière naissait en
lui. J’ai bien essayé de le tirer, mais Mon seigneur me l’a
interdit ! Il était blême. Juste après, il a mis fin à la chasse ».

23
 ACTE II — MUET COMME LA PIERRE
2
La Quête d’Opale (scène 2)
Le barde se nomme Turold et il accompagne son chant
d’un luth. Remisé dans un coin de la grande pièce, peu de
gens prêtent attention à son exercice (sauf peut-être les PJ
s’ils vous le précisent). Vers le milieu du repas cependant, il
entame une série de chants sur les malheurs de Cisère qui
met le seigneur de méchante humeur (si les PJ n’ont pas eu
l’occasion d’apprendre les différentes manifestations des
avaleurs, c’est l’occasion d’évoquer les oiseaux de feu ou les
neiges d’été, par exemple) :
« Tu es là pour nous divertir et non pour assombrir cette
soirée !
Cesse donc tes lamentations et illumine-nous de belles
légendes ».
Le ton du seigneur est sans équivoque et les convives se
taisent alors que le barde hésite avant d’entonner une nou-
velle chanson. Caddwal, mécontent, profite de son statut pour
placer le musicien dans une position difficile : « Viens donc
au centre que tous puissent t’entendre et juger de la qualité
de ton art ». Personne dans l’assemblée n’ose contredire le
Ce qu’apprennent les PJ
Même en cas d’échec, le barde a le temps d’entamer son
chant. Il raconte l’histoire d’Opale, une jeune fille que les dieux
avaient bénie au regard envoûtant. Accablée par le malheur,
elle perdit successivement son père et ses deux frères dans
de mythiques combats. Incapable de pleurer, elle maudit ses
ennemis et jura de faire couler leur sang comme autant de
larmes qu’elle ne pouvait produire. Elle s’incarna alors dans
une magnifique épée d’argent aux reflets bleus et verts.
Il faut dans les jours qui suivent enquêter auprès d’autres
gens du château pour apprendre les autres informations que
le barde aurait pu fournir. Choisissez alors quelques éléments
décrits en cas de réussite pour les révéler à vos joueurs.
En cas de réussite, le barde termine son chant. Il raconte
comment Opale devint la fidèle compagne de nombreux che-
valiers qui tous connurent jeunes un destin tragique. Enfin,
un jour, elle s’unit à un membre de l’ordre du Bois sacré, Lorn
Évaluer la maintenance de la forteresse ou la qualité de
l’équipement des soldats
Vérifier les comptes du fief
Vérifier la crédibilité du récit de maître Hubert ou d’un
autre témoignage
Compulser les chroniques pour examiner les événements
étranges liés aux avaleurs
Évaluer la menace hobgobeline grâce aux témoignages
24
seigneur, et l’abbé Maurille dissuade les PJ d’intervenir. Libre
à eux de tenter de diminuer la pression sur Turold. La qualité
de l’interprétation du barde est déterminée par un jet de d20
que vos joueurs effectuent pour lui : sur un résultat de 12 ou
plus, son interprétation est un succès.
Si les PJ décident de soutenir le barde, déterminez avec eux la
compétence qu’ils utilisent (Charisme [Persuasion] le plus pro-
bablement). Le test a un DD 15, En cas de réussite, Turold entame
avec plus d’assurance sa représentation : effectuer le test avec
l’avantage. Si les PJ ont gagné la confiance du barde (voir le
tableau p. 22), leur soutien est automatiquement une réussite.
En cas de réussite, l’exécution de son chant sera suffisam-
ment saluée pour qu’il aille au bout sans être interrompu. Les
PJ peuvent ensuite librement l’interroger.
Si le barde échoue, son interprétation provoque des rires
puis le seigneur interrompt le chant et lui demande de quitter
la salle. Aussitôt disgracié, il quitte Cisère dans la nuit. Si les PJ
veulent l’interroger, il faudra rapidement suivre la route vers
le sud. Si les PJ n’agissent pas dès le lendemain, ils perdent
sa trace définitivement.
Vesquial ! Opale crut avoir trouvé un compagnon éternel car
il ne faiblissait pas au combat. Ensemble, ils délivrèrent trois
châteaux et six bois. Au cours de leur dernier combat, dans la
bataille des Basses-brumes, le destin déposa une fois encore
son ombre sur le porteur d’Opale. Lorn Vesquial, agonisant,
appelait son épée, mais elle ne répondait pas. Plus que ses
blessures, ce fut cette perte qui le conduisit à la mort.
Après sa prestation, les PJ peuvent interroger Turold. La
légende raconte que Lorn Vesquial est mort au pied d’une
source merveilleuse, la source des trois chênes. Elle se situe au
nord de Cisère et donne naissance à un affluent de l’Oreva. Un
monument célèbre le champion, un cénotaphe de grès dur aux
veines colorées gravé de bas-reliefs. Un chant décrit l’endroit
comme « un tombeau au corps absent mais où le secret de
l’âme se love dans ses racines ».
Exemple de tests
Intelligence ou Force (pour les classes martiales)
(Histoire ou Investigation)
Intelligence (Histoire)
Intelligence (Investigation) ou Sagesse (Perspicacité)
Intelligence (Investigation)
Intelligence (Nature) ou Sagesse (Survie)
Marie Billaud - mbillaud14@laposte.net - 202403/1393861/2533351

Maître Hubert
Ambiance : dévasté ; exubérant ; pansement qui
saigne ; meneur d’hommes
Ce marchand est alité au château depuis une semaine.
Une vilaine blessure l’empêche de reprendre la route. Son
convoi a été mis à l’abri dans l’enceinte du château. Ses
hommes préparent actuellement leur départ. Ils doivent
reprendre la route d’ici deux jours, avec ou sans Hubert.
Le convoi a été attaqué par une bande de hobgobelins
au nord du Toret. L’intervention de la garnison a permis
d’éviter le pillage mais Hubert déplore la perte d’un chariot
et de trois hommes.
En cinq ans, c’est la première fois qu’il subit une telle attaque.
Son récit corrobore la description de la situation par le sei-
gneur. Hubert loue même sa sagesse : s’il n’avait pas maintenu
ses forces, nul doute que le convoi entier aurait été emporté.
L’ultime conseil
Fort de ses témoignages et des gestes de bonne foi de Frère
Foulques, la résolution du litige à propos de l’ost ne doit
pas poser de problème. Après trois jours dans le château,
les partis se réunissent dans la grande salle. Il faut se mettre
d’accord sur le montant du dédommagement. Frère Foulques
défendra les intérêts de la seigneurie avec loyauté et jus-
tesse. À la somme initialement réclamée par le prince, il veut
soustraire l’entretien de la garnison que la situation a exigé :
il arrive à un montant de 5 000 po (somme qu’il a provision-
née). Il explique que c’est le manque de moyens humains qui
a empêché l’envoi d’une troupe correspondant à cette somme.
Sur cette question, les débats sont tendus. Afin d’appuyer
leur demande, le seigneur proposera aux PJ de visiter le Toret
car d’importantes dépenses y ont été consacrées. Ce sera
l’objet de l’Acte III.
Le banquet
Un banquet est donné dans la grande salle du donjon.
L’ambiance qui y règne dépend de la façon dont les PJ ont
mené leur enquête et des éventuelles inimitiés qui ont pu
naître. Quoi qu’il en soit, un barde animera la soirée et
contera les légendes locales.
Coup de théâtre
Un soldat pénètre brusquement dans la salle au milieu du
banquet. Il annonce une grave nouvelle : dame Auribonde a
été agressée. Elle a été retrouvée inconsciente dans la cour
du château. Les festivités cessent immédiatement. Le sei-
gneur ordonne à tous ceux qui ne sont pas nécessaires à
l’enquête de retourner dans leur quartier. Les PJ peuvent se
LE PRISONNIER
2
rendre sur le lieu de l’agression mais il leur faut peut-être
chercher un appui auprès d’Alvin ou de Frère Foulques
pour convaincre Caddwal (à vous de juger l’aura des PJ à
ce moment de l’aventure et l’attitude du seigneur envers
eux). Le départ au Toret est reporté le temps de faire la
lumière sur cet événement : c’est l’objet du dernier arc nar-
ratif (voir plus loin : Choses étranges).
Mais avant cela, au cours de leur enquête, les PJ
vont découvrir que la seigneurie dissimule certains
secrets. Cela peut faire naître la suspicion chez les PJ et
compliquer la résolution du litige même si en réalité, ces
éléments ne sont pas liés à celui-ci.
Le prisonnier
Cet arc narratif s’étale sur deux actes. Il est préférable
que les PJ ne découvrent pas toute la vérité dès maintenant
mais il est nécessaire que vous la connaissiez pour mieux
la dissimuler…
Sebert le traître
Depuis un an maintenant, Sebert Malfortin est enfermé
dans un cachot du château. Ancien homme de confiance de
Caddwal, il a conduit Follain au prieuré et il est le seul à
connaître la vérité à son propos en dehors de ses parents.
Le capitaine est tombé en disgrâce après avoir contesté l’au-
torité du seigneur. La version officielle le rend coupable de
trahison car il aurait échangé avec la tribu hobgobeline de
la Grande vase. Alors qu’il dirigeait la garnison, il a rencon-
tré plusieurs fois leur cheffe, Birger Brynjar. La sergente
du Toret, Guilhema (cf. éclaireur vétéran, Compendium
de PNJ, p. 24), a pu en témoigner même si elle n’a cessé
de défendre son capitaine. La teneur de leurs échanges n’a
en effet jamais été révélée, mais la confirmation de ses ren-
contres a suffi pour faire enfermer Malfortin.
Sebert Malfortin
Description. Homme de quarante ans à la carrure
imposante malgré un amaigrissement suite à sa déten-
tion. Sale, les cheveux en bataille. A perdu l’habitude de
parler et cherche ses mots. Loyal et respectueux envers
son seigneur. Le regard franc.
Expression. « Si mon seigneur le permet… »
Manie. Ce militaire économise ses gestes. Capable de
rester immobile sans ciller.
Objectif. Veut faire entendre raison à Caddwal de
Sognes et trouver une solution à la malédiction de
Follain pour le bien de la seigneurie.
25
 ACTE II — MUET COMME LA PIERRE
2

Carte mentale - Acte II

Arrivée à Cisère
Frère Foulques installe
les PJ au château

Premiers indices L'examen du litige Premiers indices de l'existence

de la nature de Fara Les PJ enquêtent pendant deux jours du prisonnier

Ultime conseil Les PJ apprennent que la sergente

Guilherma n'a pas tout dit
L'inspection du Toret est décidée
lors du procès

Le banquet
La quête d'Opale (scène 2)
Rencontre avec le barde

Coup de théâtre
Le départ au Toret est retardé
Enquête en ville à la recherche de Fara

Épilogue :
Départ pour le Toret

26

Marie Billaud - mbillaud14@laposte.net - 202403/1393861/2533351

 LE PRISONNIER
2

De fait, aucune trahison dans ces agissements : de la luci-
dité sans doute. Sebert Malfortin a rencontré Birger pour
évoquer avec lui l’apparition d’une créature monstrueuse.
Les hobgobelins devaient fuir une partie de la Grande vase
et il fallait trouver un accord pour cohabiter (ces événements
seront au cœur de l’intrigue de l’Acte III).
De retour au château, le capitaine ne s’est pas contenté
d’évoquer la question de la cohabitation. Il a émis aussi une
hypothèse : la créature décrite a développé des liens élé-
mentaires. Tout comme de nombreux phénomènes qui sur-
viennent dans la région depuis le « décès » de Follain. Sebert
a suggéré qu’il faudrait « faire quelque chose ». Caddwal de
Sognes l’a fait emprisonner immédiatement. Au cours de
son procès, toujours loyal, il n’a rien révélé. Affaibli et déso-
rienté par sa captivité, il n’attend rien.
Apprendre autrement l’existence
du prisonnier
Lorsque Frère Foulques relate les attaques hobgobelines,
il mentionne les capitaines du Toret. Actuellement, il s’agit
de Réccarède Spatha, un demi-orc vétéran. Inévitablement,
le nom de Sebert est prononcé. Peut-être Frère Foulques
aura-t-il une hésitation à la vue de son nom sur un rapport ?
Si les PJ l’interrogent, il explique alors la
trahison et le procès. Le lien évident avec
les problèmes de sécurité devrait inté-
resser les PJ. Ils peuvent alors réclamer
à l’interroger en personne.

Dovar, le gardien
Ambiance : taciturne ; discret ; comme une ombre ;
fort comme un bœuf

Dovar est un vieux guerrier devenu le gardien des geôles.

Il ignore ce qui s’est passé réellement et reste aussi fidèle à
Sebert Malfortin, son ancien chef de guerre, qu’à Caddwal
de Sognes, son seigneur. Il ne dira rien à propos du pri-
sonnier sauf s’il est évident que ceux qui l’interrogent sont
déjà informés.

Le confident
Depuis le début de sa captivité, Sebert reçoit régulière-
ment la visite de Caddwal de Sognes. Lorsque le seigneur
est perdu, affligé par les maux qui accablent son fief et son
âme, il va voir la seule personne à qui il peut tout dire. Sebert
l’écoute, essayant de deviner le temps qui s’est écoulé ou
d’obtenir des informations sur la vie du château.
L’arrivée des PJ va troubler le seigneur qui descend
alors dans les cachots. Sebert comprend qu’une délé-
gation du prince est présente. Il va demander à Dovar
de se renseigner sur ces hommes (et donc les PJ). S’il les
juge dignes de confiance (voir le tableau p. 22), il leur
fera parvenir un message. Mais il ne veut pas trahir son
seigneur. Ce n’est pas la vengeance qui le motive, mais
le désir au contraire de sauver Caddwal et son fief. Si
les PJ ont un comportement agressif, sans compassion
pour Caddwal, Sebert renoncera.
Si les PJ surveillent de près le seigneur, ils peuvent
le voir descendre au cachot après avoir discuté rapide-
ment avec Dovar.

27
 ACTE II — MUET COMME LA PIERRE
2
Parmi les domestiques, Basine est chargée de confection-
ner les plateaux de nourriture pour « le sous-sol ». Une fois
par semaine, elle doit ajouter du vin pour Sebert. Il est le
seul à recevoir cette attention (mais il est aussi celui qui
réside dans les cachots depuis le plus longtemps ; les autres
sont des braconniers ou des voleurs sans importance).
Alvin
Ambiance : exalté ; curieux ; portant fièrement
l’épée ; réfléchi
Si le jeune seigneur a survécu, il peut se révéler un allié
important. La première aventure a été un déclic pour lui. Il
prend de l’assurance et s’intéresse aux affaires de son père.
La question du litige est passionnante à ces yeux.
Il regarde différemment les événements du passé. Si les PJ
l’interrogent sur Sebert, il admet que cette histoire n’est pas
claire et soutient leur demande de visite. Il se rappelle que,
lors du procès, la sergente Guilhema a tout fait pour inno-
center le capitaine. Loyale, elle n’a pu que confirmer les ren-
contres entre Sebert et la cheffe hobgobeline. Elle a demandé
à s’exprimer plus longuement mais cela lui a été refusé.
La réaction de Caddwal de Sognes
Elle est sans appel. Sebert est un traître à qui l’on ne peut
pas faire confiance. Le seigneur craint surtout qu’il parle
trop et révèle que Follain est encore en vie.
Néanmoins, si les PJ se montrent habiles et obtiennent
de nombreux soutiens, Caddwal ne peut pas éternellement
s’opposer. Il fait traîner les choses et c’est seulement acculé
qu’il consent à l’interrogatoire. Avant celui-ci, il fait jurer
à Sebert de ne pas dévoiler son secret à Alvin. Un men-
songe si long et si cruel ruinerait leur relation et Caddwal
de Sognes ne peut s’y résoudre.
Sebert s’exécute. Il concentre son discours sur le danger
venu de la Grande vase. Devant les PJ, il dit accepter le juge-
ment de son seigneur car il avoue avoir entamé des négocia-
tions sans son accord. Il protège donc Caddwal en espérant
que ses informations suffisent à faire éclater la vérité.
Si son existence est découverte
plus tard
Rien ne dit que les PJ découvrent son existence au cours
de l’Acte II. L’épisode de la trahison peut être appris auprès
de Réccarède Spatha pendant l’Acte III. Sebert confirme
alors que Follain est en vie et, tout en s’excusant sincère-
ment auprès de son seigneur, fait part de ses soupçons sur
l’origine de la malédiction et le rôle de l’aîné dans la dégra-
dation de la situation.
28
Choses étranges
Le troisième arc narratif de cet acte est une nouvelle
manifestation d’avaleur. Fara, une domestique du château,
se rend tous les jours au lavoir et par tous temps. Ensuite,
elle reprise les vêtements et confectionne quelques bro-
deries. Elle se charge aussi des étuves du donjon : savon,
serviette et eau du bain. Elle ne rechigne pas à la besogne
pourtant, elle ne se sent pas très bien depuis quelques
jours. Elle a une soif inextinguible et sa peau se déshydrate
rapidement, provoquant des démangeaisons. Ce sont les
premiers symptômes d’un avaleur d’eau.
Les prémisses du mal
Ambiance : une larme sèche sur le visage ; humeur
sombre ; frisson ; gerçures sur les lèvres
• Les PJ la rencontrent au premier jour : Fara s’oc-
cupe du linge de leur chambre. Un PJ attentif ou
sensible remarque son teint pâle et ses mains qui
tremblent. Fara refuse toute aide et ne veut pas que
dame Auribonde, une femme autoritaire qui dirige la
domesticité, soit informée. Elle s’éclipse au plus vite
et fait tout pour se faire oublier. Il faut essayer de faire
de Fara un personnage attachant. L’idéal serait qu’elle
rende involontairement un service à l’un des person-
nages : elle peut donner un renseignement sur les évé-
nements passés ou aider dans l’enquête sur le prisonnier
en parlant de Basine. Elle peut aussi évoquer le sort de
son fiancé, Attale, qui est soldat au Toret et qu’elle n’a
pas vu depuis longtemps. Elle pense sincèrement que
c’est cette séparation qui la rend fébrile. Son inquiétude
la ronge, surtout depuis la dernière missive d’Attale
dans laquelle il évoque les escarmouches de plus en
plus fréquentes avec la tribu hobgobeline.
• Le jour suivant, un PJ découvre dans sa chambre une
cruche à vin vide : il sait pourtant qu’elle était pleine peu
avant. Au fond de la cruche, il y a un résidu fruité sec
comme de la poussière. Fara a involontairement absorbé
toute l’eau du vin.
• Le soir de ce deuxième jour, c’est la découverte d’un
chat pétrifié dans les écuries qui crée l’émoi dans la for-
teresse. Un rapide examen (Intelligence [Médecine]
DD 15) montre que la cause n’a rien de magique mais
qu’il est bien mort desséché.
• Au soir du troisième jour, juste après le règlement du
litige, dame Auribonde est retrouvée inconsciente, son
bras meurtri, comme brûlé mais sans la morsure d’une
flamme. Après quelques soins, elle explique qu’elle a
Marie Billaud - mbillaud14@laposte.net - 202403/1393861/2533351

croisé Fara qui semblait encore plus faible que les jours
précédents. Ses yeux étaient creusés. Elle lui a demandé
de retourner se reposer chez elle, qu’elle ne pouvait pas
continuer à travailler dans cet état. Fara a été prise d’une
quinte de toux sèche et rauque et dame Auribonde a
voulu la soutenir. Lorsque la main de Fara s’est appuyée
sur son bras, la douleur a été si forte qu’elle a perdu
connaissance.
L’enquête
Au terme du litige, il est convenu que les PJ doivent
inspecter dans les jours qui suivent le Toret pour évaluer
la menace et les besoins militaires. L’incident avec dame
Auribonde va retarder leur départ. Si les PJ n’ont pas tissé
de lien avec Fara et qu’ils hésitent à s’impliquer dans l’en-
quête, Alvin insistera auprès d’eux, décidé à ne laisser
aucun mystère sans éclaircissement. Si ce dernier n’est
pas présent, Frère Foulques en fera la demande. Caddwal
de Sognes voudra s’y opposer, craignant que les investi-
gations des PJ les poussent à poser des questions indis-
crètes. Mais en même temps, si nos héros s’intéressent
un peu trop au prisonnier, cette mission constitue une
parfaite diversion.
Où est Fara ?
En interrogeant les autres domestiques, les PJ appren-
dront à connaître un peu plus Fara. Jamais elle n’a été
souffrante comme ces derniers jours. Même son humeur a
changé. Beaucoup mettent ce comportement sur le compte
de sa récente séparation.
Une dispute a cependant frappé les esprits : Fara s’en
est violemment prise à un garçon d’écurie, Béthaire, qui
tente très maladroitement de se rapprocher d’elle depuis
qu’Attale est au Toret. Rustre et impulsif, il peut paraître
coupable de la disparition de Fara. Il n’a pourtant rien à
voir dans l’affaire. Si ce n’est que son béguin pour Fara l’a
conduit à l’épier plus que de raison. Le jour de l’incident,
il a vu Fara quitter le château. Il l’a suivie jusqu’à la maison
de ses parents avant de s’en retourner.
Ce qu’il s’est passé
Au cours des trois premiers jours, les symptômes du
mal s’accentuent. Est-ce parce que Fara est déstabilisée
par la séparation avec Attale qu’elle a été foudroyée par
la malédiction ? Ou bien est-ce une disposition natu-
relle ? La mauvaise fortune ? Impossible de répondre de
façon certaine à ces questions. Après l’incident avec dame
Auribonde, Fara se réfugie chez ses parents où elle pense
trouver secours. Mais lorsqu’elle rentre, pleine d’une furie
CHOSES ÉTRANGES
2
incontrôlable, son apparence effraie son père et sa mère.
Cette dernière tente de la raisonner. Rien n’y fait.
Alors Fara explose de colère. Littéralement. Ses parents
se flétrissent en une seconde. Fara comprend que plus rien
ne sera comme avant. Qu’elle a tout perdu et elle ignore
pourquoi. Il ne lui reste plus que cette soif, immense, infi-
nie. Elle se dirige d’instinct vers la citerne antique qui ali-
mente le bourg, située sous le château. Elle se plonge dans
un bain réconfortant, avalant l’eau sans limites. Repue,
elle s’assoupit. Si personne ne venait la trouver, elle s’as-
sécherait à son tour, captant l’eau de plus en plus loin.
Son corps pétrifié vivrait encore sous sa peau de pierre.
La sécheresse du pays serait alors terrible et incompré-
hensible. La mortalité parmi la population augmenterait.
Cisère deviendrait un rocher nu et mort que bientôt tout
le monde fuirait.
Mais si quelques aventuriers viennent troubler sa quié-
tude, sa rage reprend de plus belle. Apaiser sa soif est sa seule
raison de vivre. Et elle se défend jusqu’à la mort. Pour que
cesse sa douleur.
Retrouver la trace de Fara
Les PJ peuvent facilement trouver la demeure des parents.
S’ils agissent vite, ils constatent la mort récente et fou-
droyante du père et de la mère. De nombreuses traces de
lutte complètent le décor, indices de la furie de Fara.
S’ils sillonnent le bourg avec attention (Intelligence
[Investigation] ou Sagesse [Perception] DD 15), ils
retrouvent des phénomènes similaires à ceux observés dans
le château :
• Un lierre gris attire le regard : il est desséché au point de
devenir poussière au moindre contact
• Un oiseau reste immobile sur un rebord de fenêtre.
Pétrifié, il est figé en plein mouvement.
• Un arbuste attire votre attention : son branchage est mort
et, au sol, des éclats de bois ressemblent à de la pierre brisée
• Sur un grand arbre vif, une marque vous intrigue :
l’écorce est devenue pierre à hauteur d’homme. En
observant de plus près, vous distinguez l’empreinte
d’une main…
• Au matin du cinquième jour, l’eau ne coule plus à la fon-
taine du bourg. La population s’en plaint au château. Il faut
inspecter la citerne.
29
 ACTE II — MUET COMME LA PIERRE
2

Le réservoir de Cisère et s’en prévenir, il faut réussir un test de Sagesse (Survie)

DD 15, ou bien un test d’Intelligence (Investigation ou
Ambiance : roche friable, air sec, poussière, sensa- Histoire) DD 20. Si aucune précaution n’est prise pour
tion de soif, bouche déshydratée consolider la structure, il existe un risque qu’elle cède (jet
de sauvegarde de Constitution DD 15 ; 4d10 dégâts
L’entrée vers la citerne se trouve sur le flanc de l’éperon contondants en cas d’échec ; la moitié en cas de réussite).
rocheux. Un chemin sinueux partant du bourg conduit à • Un gouffre de deux mètres barre le couloir. Il faut le
un antique corridor qui passe sous les murailles du château franchir par un saut avec un léger dénivelé en hauteur :
avant de rejoindre le réservoir. Force (Athlétisme) DD 10 (voir Livre du joueur p. 219).
En cas d’échec ; 2d10 dégâts contondants et perte d’un
Le réseau objet porté.
Fara assèche l’ensemble du système en vingt-quatre • Les activités d’Avaleur de Fara ont attiré un errant venu
heures. Des petits filaments d’eau s’écoulent anormale- du plan éthéré et pris au piège ici. Cette créature trapue
ment vers elle, n’obéissant plus aux lois de la physique. à l’allure simiesque et aux grands yeux globuleux a une
L’assèchement du réseau a créé des failles et des éboule- intelligence limitée. Elle se nourrit de la magie et s’atta-
ments. Ponctuez l’exploration de quelques épreuves dont quera en priorité aux lanceurs de sorts arcaniques.
voici des exemples :
• Le plafond s’est en partie effondré : il faut dégager un pas- Le sol se met à trembler. Soudain, un geyser d’eau surgit
sage (Force [Athlétisme] DD 10). Pour mesurer le risque d’une paroi et est aspiré vers la citerne : Fara, en pleine
crise, a étendu son attraction élémentaire. Les PJ sont
projetés à terre et contre les murs : jet de sauvegarde de
Errant du plan éthéré id 4 Dextérité DD 10 ; 2d10 dégâts contondants ; la moitié en
Humanoïde Taille : M cas de réussite.
Bonus de Maîtrise +2
FOR DEX CON INT SAG CHA La citerne
+3 (16) +1 (13) +1 (12) –2 (7) +2 (14) –1 (9) Le réservoir est un cube de dix mètres de côté. Son pla-
Svg +3 +1 +1 –2 +2 –1 fond est soutenu par de hauts piliers. Les activités d’Avaleur
Langues primordial de Fara fragilisent la structure. Chaque fois que sa capacité
Sens Perception passive 12 de Flétrissement se déclenche, le plafond s’effrite un peu
Combat plus : des pierres se détachent et il faut réussir un jet de
CA 14 sauvegarde de Dextérité DD 10 ou subir 2d10 dégâts
PV 84 (13d10+13) contondants ; la moitié en cas de réussite. De plus, il existe
Vitesse 9 m alors dix pour cent de chance que la structure s’effondre
Scores d’attaque sur elle-même. À chaque Flétrissement, le risque s’accroît
Attaque antimagique. Attaque à distance : +5, por- d’autant (dix, puis vingt, puis trente pour cent…). En cas
tée 36 m. Dégâts 5d8+3 (25) psychiques. Si la cible est d’effondrement, il faut fuir pour éviter de se trouver ense-
un lanceur de sorts arcaniques, il doit réussir un jet de veli. Pour s’échapper, il faut réussir deux tests de Force
sauvegarde Intelligence DD 13. En cas d’échec, l’errant (Athlétisme) DD 10 ou subir 2d10 dégâts contondants.
absorbe son énergie magique : la cible perd un em- Fara se tient au milieu du large et profond bassin central.
placement de sort (le plus élevé) et l’errant gagne un Les yeux clos, immobile, elle goûte chaque parcelle d’eau qui
nombre de points de vie égal au niveau de l’emplace- lui parvient. Son visage est déchiré par une lente douleur.
ment de sort absorbé. Au premier bruit, elle lance un premier flétrissement.
Griffe. Attaque d’arme au corps à corps : +6, allonge 1,5 m.
Dégâts 2d6+4 (10) tranchants Calmer Fara
Actions Combattre Fara déclenchera une colère qui ne pourra être
Attaquer. Deux attaques au corps à corps (griffe) ou une arrêtée. Il ne restera qu’à la tuer pour que cessent les pertur-
attaque à distance bations, en espérant que la structure tienne.

30

Marie Billaud - mbillaud14@laposte.net - 202403/1393861/2533351

 ÉPILOGUE
2

Fara id 1 de trois tests de Charisme (Persuasion ou Tromperie)

Humanoïde (Humaine) Taille : M DD 15. Fara est immunisée contre les charmes, mais un
Bonus de Maîtrise +2 sort comme apaisement des émotions peut octroyer l’avan-
FOR DEX CON INT SAG CHA tage. Pour favoriser le roleplay, vous pouvez accorder l’avan-
+0 (10) +1 (12) +1 (13) +0 (10) +2 (15) +0 (11) tage voire un succès automatique si les PJ ont gagné la
Svg +0 +1 +1 +0 +2 +0 confiance de Fara par leur attitude (voir le tableau p. 22) ou
Langues commun s’ils utilisent les arguments suivants :
Sens Perception passive 14 • Insister sur le fait que Fara n’est pas responsable de son
Capacités spéciales état, qu’elle n’a pas assassiné ses parents mais qu’elle est
Incantation innée. Caractéristique d’incantation : Sagesse (DD atteinte d’un mal qui la dépasse.
du jet de sauvegarde contre les sorts 12). Fara ne contrôle • Lui faire entrevoir qu’un remède existe ou qu’il est pos-
pas ses incantations qui se déclenchent plus qu’elle sible d’en trouver un.
ne les lance. • Expliquer qu’à travers elle, ce sont des forces supérieures
À volonté : dessiccation qui s’expriment mais qu’elle peut les dominer avec sa
3/jour parmi : flétrissement, nappe de brouillard propre volonté.
1/jour : contrôle de l’eau • Démontrer qu’elle n’est pas la seule ni la première victime
Combat en évoquant un exemple connu dans la région d’une acti-
CA 11 vité précédente des Avaleurs.
PV 16 (3d8+3) • Évoquer Attale et lui rappeler leur amour mutuel.
Vitesse 9m • Si au contraire les PJ réalisent trois échecs, Fara perd le
Scores d’attaque contrôle et l’affrontement devient inévitable.
Bâton. Attaque d’arme au corps à corps : +2, allonge 1,5 m.
Dégâts : 1d6 (3) contondants, 1d8 (4) dégâts contondants si
manié à deux mains.
Épilogue
Actions Il est temps pour les PJ de se rendre au Toret. Ils pourront
Attaquer. Une attaque au corps à corps. y constater les efforts de la seigneurie pour protéger la route
commerciale, retrouver Attale pour essayer de comprendre
Il est heureusement possible de calmer les activités d’Ava- ce qui est arrivé à Fara et dénouer les mystères autour de
leur de la jeune femme. Pour cela, il faut réussir une série Sebert Malfortin.

31
 ACTE III — LE DRAGON DES MARAIS
3

ACTE III — LE DRAGON DES MARAIS

En quelques mots… Introduction
Les PJ se rendent au Toret pour inspecter les mesures Dans le troisième épisode de L’enfant-nuit, les PJ vont être
de protection mises en place le long de la route com amenés à poursuivre leur enquête sur les événements de
merciale. Ils découvrent un fortin bien organisé, mais Cisère. S’ils connaissent l’existence du prisonnier Sebert
la tension règne dans la garnison : des éclaireurs partis Malfortin (voir Acte II), ils sont peut-être un peu plus au fait
dans le marais ne sont toujours pas revenus. Aussi, lors- des antécédents avec les hobgobelins et leur cheffe, Birger
qu’une bande hobgobeline est repérée, une expédition Brynjar. De plus, ils pourraient avoir envie d’interroger plus
punitive s’organise. longuement la sergente Guilhema qui n’a pas pu s’exprimer
complètement lors du procès. Sinon, cette visite est l’occa-
Fiche technique sion de leur en faire découvrir un peu plus.
Type • Action/Exploration
PJ • Niveau 5 L’histoire
MJ • Tous niveaux Il y a un peu plus d’un an, dame Béthune a de nouveau
Joueurs • Tous niveaux tenté d’extirper le mal de son fils à l’aide d’un rituel puissant.
Action  Malheureusement, alors que le sortilège semblait efficace et
Ambiance  que la nuit autour de Follain diminuait, la magicienne fut
Interaction  submergée par une vague d’énergie primordiale. Le rituel
Investigation  échoua et dame Béthune dut détourner une grande quantité
d’énergie sur le plan matériel. C’est ainsi qu’un crocodile
géant avaleur de feu naquit au cœur de la Grande vase.

32

Marie Billaud - mbillaud14@laposte.net - 202403/1393861/2533351

 INTRODUCTION
3

La bête établit son repaire dans les terres sacrées hobgobe-

Aemiliana
lines. Sa simple présence dans ce lieu déjà chargé de magie
primordiale ouvrit une brèche sur le plan éthéré. Par endroit, Description. Femme de petite taille au caractère bien
il est possible de passer imperceptiblement du plan matériel trempé. Dynamique et indépendante, elle déteste qu’on
vers le plan brumeux… l’aide. Elle aime observer les gens avant de s’affirmer
Lorsque l’avaleur attaqua les hobgobelins, le trouble fut sans aucune concession. Habillée de manière élégante
grand chez eux. Certains considérèrent, en accord avec mais simple.
Vagrimd, leur chaman, que, venant des terres sacrées, la Expression. « Laissez-moi faire ! »
créature, le « dragon des marais », était un messager des Manie. N’aime pas perdre son temps et marche vite.
esprits. Les hobgobelins avaient fâché leurs ancêtres. Le Objectif. Tenir des comptes justes et ne jamais être
temps de la conquête était venu et il fallait attaquer Cisère. prise en défaut.
Birger Brynjar défendait au contraire l’idée que l’avaleur
était un démon qu’il fallait affronter. Mais le désir de ven-
geance envers les hommes de Cisère était si fort qu’elle dut
s’incliner et commander la tribu dans la guerre.
Birger tenta une négociation au début des affronte-
ments avec le capitaine du Toret, Sebert Malfortin, mais
il fut remplacé et les représailles contre sa tribu s’accen-
tuèrent. Cela affaiblit un peu plus la cheffe hobgobeline
qui essaie depuis de conduire avec prudence les actions de
ses guerriers tout en essayant de retrouver son autorité et
d’évincer le chaman Vagrimd.
La récente capture d’une patrouille du Toret lui offre une
occasion. Ces trois soldats sont en effet sortis vivants des
terres sacrées, contredisant les dires du chaman. Le doute
s’installe dans la tribu au point que les soldats n’ont pas été
massacrés. Ils sont gardés captifs et interrogés. Leur descrip-
tion des terres sacrées est apocalyptique : le feu surgit du
sol et assèche la vase. Deux d’entre eux ont perdu l’esprit.
Le troisième est Attale (le fiancé de Fara ; voir Acte II), et le
quatrième a été dévoré par l’avaleur.
Les guerriers hobgobelins commencent à murmurer que
Birger Brynjar avait raison et qu’il faut libérer les terres
sacrées. D’autant qu’à leur tour, des hobgobelins sont frap-
pés de débilité…

Le trajet
Les PJ sont accompagnés d’Alvin (s’il est encore en vie),
du chevalier Liphard, représentant militaire du seigneur, et
d’Aemiliana, la clerc comptable. L’abbé Maurille est resté
au château. Une quinzaine de kilomètres sépare Cisère du
Toret, soit une petite journée de voyage. La route est bien
entretenue et la campagne environnante est agréable. Il est
possible de s’arrêter dans un hameau de trois ou quatre
fermes et d’échanger avec les habitants. Voici quelques élé-
ments pour agrémenter le trajet si vous le souhaitez :
• Une halte est l’occasion de rencontrer un témoin des
oiseaux de feu, il y a douze ans. Il insiste sur la
soudaineté et la puissance de l’incendie de
la parcelle où tout a commencé. Il peut y

33
 ACTE III — LE DRAGON DES MARAIS
3

34

Marie Billaud - mbillaud14@laposte.net - 202403/1393861/2533351

 LE TORET
3

Gardien du cénotaphe
Utilisez le profil du saule étrangleur (Livre de la meneuse
p. 210) avec les modifications suivantes :
INT +1 (12)
Langues sylvestre
Action bonus
Liane-racine. Le Gardien peut générer une liane-racine
par tour. Les lianes-racines peuvent être coupées :
CA 15 ; 10 PV ; immunité contre les dégâts de poison et
psychiques. Couper une liane n’occasionne aucun dégât
au Gardien.
conduire les PJ et leur montrer l’arbre sur lequel il a vu le
premier oiseau prendre feu : le chêne est encore noir de
cendre. Rien ne repousse. Nu, il semble figé dans le temps,
son tronc dur comme de la pierre…
• Alors que les chevaux s’abreuvent dans l’Oreva, le ciel
prend soudain une teinte étrange, moins lumineuse, légè-
rement violacée. Cela ne dure qu’une seconde et seul le PJ
avec la plus haute Perception passive le perçoit.
• Une vieille dame s’approche des seigneurs. À genou, elle
les supplie de mettre fin à la malédiction qui s’est abat-
tue sur le pays. Liphard la rassure et l’éloigne doucement
d’Aemiliana qui déteste ces croyances superstitieuses.
• Un adolescent surgit d’un bosquet, dix mètres devant les
PJ. En apercevant le groupe, il déguerpit à toute vitesse. Il
vient de braconner un lapin. Liphard ne semble pas décidé
à le laisser s’enfuir si facilement…
Le Toret
Ambiance : ouvriers creusant un fossé ; boue ; sur
le qui-vive ; visages fatigués
Le fortin est construit autour d’une tour en pierre qui
s’élève au sommet d’un petit monticule artificiel. Une haute
palissade en bois l’entoure. Une dizaine de manœuvres
creuse un fossé et installe une seconde rangée de rondins.
Un petit hameau se développe depuis quelque temps
autour du fortin. Une taverne et quelques commerces y pros-
pèrent même grâce aux caravanes de passage. Un terrain a été
aplani et quatre poteaux de bois augurent la construction d’un
bâtiment en dur (un casernement pour les soldats). Bien sûr,
tout au long de leur visite, les PJ peuvent estimer les défenses
mises en place ou poursuivre leurs interrogatoires afin d’es-
timer le préjudice du litige qui oppose Cisère au prince.
Inspirez-vous des tests décrits dans l’Acte II.
Le capitaine
Ambiance : balafres ; autoritaire ; respecté ; tou-
jours en armure
Réccarède Spatha, un grand demi-orc, dirige la garni-
son. Elle se compose de trente hommes, autant qu’au châ-
teau, preuve que le seigneur prend au sérieux la menace
hobgobeline. La moitié des soldats (cf. recrue, Compendium
de PNJ, p. 24) sont de jeunes recrues sélectionnées autant
pour leur capacité physique que pour leur talent d’artisan :

Si les PJ se rendent au Prieuré avant l’Acte IV

Avec ou sans ces informations, il n’est pas improbable que vos joueurs insistent pour se rendre au prieuré avant
l’Acte 4. Évidemment, il faut les laisser faire. Le prieuré n’est pas encore déserté et l’âme-en-peine est toujours en som-
meil. La communauté des moniales poursuit sa routine et Follain reste caché. Le secret est encore bien gardé (il serait
étonnant que les PJ aient deviné quoi que ce soit à son propos avant la fin de l’Acte 3).
Dame Béthune accueille les PJ et les autres moniales se murent dans le silence : elles ont prononcé un vœu en ce sens.
La folie de la prieure (voir Acte 4) n’est pas visible. Elle basculera véritablement avec les événements à venir. Avant cela,
Dame Béthune est sereine en apparence, même si en réalité son esprit est déjà troublé par ses recherches et l’obsession
de sauver Follain. Elle reste aimable et polie : la vie recluse du prieuré suffit à la protéger.
Si elle est interrogée sur des questions précises concernant le rituel et Opale par exemple, elle répondra avec fran-
chise. Le rituel a toute son utilité et son maintien est parfaitement légitime. Elle insiste pour que ce rôle ne soit pas
divulgué. Cela mettrait en danger la communauté mais aussi tout le pays. Si un lien est fait avec les événements liés aux
avaleurs (oiseaux de feu ; le taureau ; Fara…), elle admet que c’est une possibilité.
En revanche, si on lui parle de son aîné, Follain, elle refuse de réveiller « la douleur de ce deuil encore si lourd à mon
cœur ». Sa peine est sincère car elle connaît le destin tragique que risque de connaître son fils. Seul un test de Sagesse
(Perspicacité) DD25 réussi permet de sentir que « quelque chose cloche » dans sa réponse même si elle n’a pas menti.

35
 ACTE III — LE DRAGON DES MARAIS
3
La Quête d’Opale (scène 3)
Sur la route qui mène au Toret, les PJ ont l’occasion de
faire un petit détour pour se rendre à la source aux trois
chênes afin d’étudier le cénotaphe (voir illustration p. 38)
érigé en hommage à Lorn Vesquial. À mi-chemin entre
Cisère et le fortin, un sentier quitte la route principale et
se dirige vers l’ouest. Il faut gravir une pente abrupte qui
croise un ruisseau et franchir des petites cascades sur cinq
cents mètres. Le sentier atteint alors un plateau et le chemin
se prolonge sur deux kilomètres paisibles au côté du petit
cours d’eau.
Ambiance : oiseaux qui chantent, murmure de l’eau,
fraîcheur, repos, odeur de terre.
La chambre secrète
Lorsque le cénotaphe a été conçu, il s’agissait autant
d’honorer la mémoire du héros que de déposer le secret
du rituel élaboré dans les Basses-brumes pour contenir
l’âme-en-peine. Une salle souterraine est dissimulée dans
les fondations du monument comme la description du barde
le laissait entendre : « un tombeau au corps absent mais où
le secret de l’âme se love dans ses racines ».
La base du cénotaphe est ornée d’un long bas-relief repré-
sentant un bois magique. Un test de Sagesse (Perception)
ou d’Intelligence (investigation) DD 15 permet de remar-
quer deux sculptures de serpents lovés aux pieds des arbres.
Si l’on appuie simultanément dessus, un mécanisme s’en-
clenche et le cénotaphe pivote pour faire apparaître un esca-
lier étroit qui s’enfonce dans le sol.
L’escalier aboutit effectivement sur un large espace (9 m
sur 9 m) entièrement occupé par les racines souples descen-
dant du plafond au centre duquel s’élève une large colonne
dont le chapiteau se divise en trois parties distinctes. Les
lianes sont les extrémités du Gardien du cénotaphe : un arbre
merveilleux et ancien à l’origine des bienfaits de la source. La
colonne est son corps et donne naissance aux trois chênes.
Dans le talus formé par les racines des trois chênes, le
temps et l’écoulement des eaux ont creusé un passage.
S’y faufiler est difficile (Force [Athlétisme] DD 20 ; 2d6
dégâts contondants en cas d’échec, la moitié en cas de
La fresque
Les concepteurs de cette fresque ont voulu laisser une trace
de leur œuvre pour les générations à venir. On y voit des
femmes réunies lors d’une cérémonie rituelle autour d’une
épée d’argent, Opale. Quatre rayons de lumière la relient
à des symboles magiques. Un test d’Intelligence (Arcane)
DD 15 permet d’identifier des runes de protection contre la
non-vie. Le rituel semble créer une sorte de dôme dont l’épée
constitue le pilier central. Ce dôme recouvre une créature
sombre et maléfique. Juste à côté, on devine un bâtiment
religieux de forme carré avec un cloître en son centre.
36
La source est un endroit particulièrement idyllique. Trois gros
chênes encadrent une légère dépression. La source elle-même
semble sourdre du talus formé par les immenses racines des
vieux arbres. Elles s’entremêlent dans des formations impres-
sionnantes, créant des arches naturelles et des fondations
aussi dures que la pierre. Des visiteurs ont déposé sur les
excroissances des arbres leurs linges comme une offrande. La
tradition veut en effet qu’on abandonne ici le tissu qui a servi à
laver les plaies que l’eau de la source nettoie et soigne.
Derrière la dépression se trouve le cénotaphe. C’est un
monument de pierre large de deux mètres, de la hauteur d’un
homme, massif et entièrement recouvert de gravures. Les PJ
reconnaissent l’évocation des exploits de Lorn Vesquial : les
batailles qu’il a menées et les bois qu’il a libérés. Il est tou-
jours représenté avec une grande épée en main.
réussite). Il conduit au milieu de la salle souterraine, direc-
tement sous les lianes-racines étrangleuses !
Le Gardien laisse d’abord pénétrer les intrus avant de tenter
de les arrêter en formant une épaisse barrière avec ses lianes.
Il est possible de s’attaquer à elles, mais cela ne fait qu’attiser
la colère du Gardien qui interdit alors fermement l’entrée
du passage. Il lance un avertissement en langue sylvestre.
Si un PJ maîtrise cette langue, il est possible de dialoguer et
d’éviter le combat. Mais le Gardien est suspicieux : ils doivent
donc faire attention à ce qu’ils disent ! Si les PJ réussissent
à le convaincre qu’ils mènent une quête pour Lorn Vesquial
lui-même, il les laisse passer. Sinon, le combat est inévitable.
Les PJ peuvent se frayer un chemin à travers les lianes
pour atteindre la chambre secrète (voir profil du Gardien du
cénotaphe p. 36). Il faut pour cela échapper à six attaques du
Gardien pour traverser les 9 m qu’il contrôle. Couper toutes
les lianes-racines est impossible : elles sont trop nombreuses
et le Gardien peut en régénérer une par tour. Au-delà de sa
zone de contrôle, les PJ ne risquent plus rien (jusqu’à ce qu’il
retraverse la zone !). Pour éliminer définitivement le Gardien,
il faut s’attaquer à son corps, la colonne centrale. Si les PJ le
terrassent, ils peuvent accéder sans encombre à la chambre,
mais lorsqu’ils en ressortent, ils constatent que les trois
chênes dépérissent. L’eau de la source a perdu tout pouvoir.
Les habitants risquent d’être très mécontents !
Ailleurs, la fresque montre le combat de Lorn Vesquial et
d’Opale contre un guerrier puissant. Alors que Lorn Vesquial
est emporté vers les trois chênes, la créature gît au sol au
milieu du champ de bataille, Opale le traversant de part
en part. De son corps s’échappe une fumée noire. Plus loin
encore, la fumée prend la forme de la créature maléfique.
En plus d’expliquer l’importance du prieuré et du rituel
accompli, cette fresque donne à voir les sceaux de protection
que les PJ découvrent dans l’Acte IV, au prieuré et donc l’em-
placement où Opale est cachée.
Marie Billaud - mbillaud14@laposte.net - 202403/1393861/2533351
LE TORET
3

37
 ACTE III — LE DRAGON DES MARAIS
3
Carte mentale - Acte III
En route vers le Toret
La quête d'Opale (scène 3)
le tombeau sans corps de la source aux
trois chênes
Les PJ inspectent le Toret
Une patrouille a disparu
Expédition punitive
Exploration de la grande vase
Mission de sauvetage de la patrouille
Le village hobgobelin
Prendre parti pour Birger Brynjar
ou le chaman Vagrimd ?
Sauver la patrouille
Affronter le dragon des marais
dans les terres sacrées
Épilogue :
Retour à Cisère
38
Guilhema
Description. Femme de grande taille portant des cheveux
longs et des bijoux aux symboles martiaux. Forte et adroite.
Portant toujours une armure ajustée et propre.
Expression. « À vos ordres capitaine ! »
Manie. Passe beaucoup de temps à entretenir et vérifier
son équipement.
Objectif. Innocenter le capitaine Sebert : elle n’a pas
entendu les paroles échangées avec la cheffe Hobgobeline
mais elle est intimement convaincue de la loyauté de Sebert.
Le capitaine était très inquiet des troubles dans le marais.
Un soir, il a évoqué, sans que la sergente comprenne le lien,
d’autres événements du passé comme le décès de Follain et
« la nuit qui tombe sans prévenir » avant d’espérer que les
négociations avec Birger Brynjar aboutissent. Puis il a ter-
miné par cette phrase mystérieuse : « il aurait mieux valu
qu’il meure vraiment ».
bûcheron et charpentier en premier lieu. Leur mission
consiste d’abord à améliorer les défenses.
Le capitaine se fait une joie de présenter les travaux en
cours. Réccarède s’efforce de faire les choses au mieux mais
ne cache pas les difficultés. Les conditions de vie ne sont
pas très confortables et l’ambiance est morose.
Disparition
L’inquiétude actuelle se porte sur le sort d’une patrouille
dont on est sans nouvelles depuis cinq jours. Agimor, un
marchand arrivé il y a trois jours, les a croisés un peu plus
au nord. Les soldats lui ont fait part de leur intention de
s’enfoncer dans le marais. Ils y avaient repéré un nuage de
fumée et voulaient voir de quoi il en retournait.
Depuis, la garnison est partagée entre désir de secourir
la patrouille et crainte de devoir affronter le marais et ses
habitants. Le souvenir de la dernière escarmouche lors de
l’attaque du convoi de maître Hubert (voir Acte II) et de la
mort de trois hommes est dans tous les esprits.
Réccarède assure qu’une autre patrouille sera envoyée à
leur recherche si aucune nouvelle ne lui parvient d’ici deux
jours. Il espère entre temps que le fossé sera terminé. La
sergente Guilhema s’est déjà portée volontaire pour cette
mission, mais personne ne souhaite l’accompagner et les
relations entre la sergente demi-elfe et les soldats s’enveni-
ment rapidement à la suite de ces défections.
Marie Billaud - mbillaud14@laposte.net - 202403/1393861/2533351

Événements et rumeurs
• Galacie, la tenancière de l’auberge, se plaint de l’attitude
de deux soldats qui ont bousculé son aide, Acodème. Ce
dernier est surnommé « le débile » par beaucoup. Galicie
explique que c’était « un bon gars » avant, qui connaissait
bien le marais et ses plantes. Mais depuis plus de six mois,
il reste hébété et muet. Il a été victime d’un mange-pensée
lors de sa dernière expédition (voir plus loin).
• Un convoi de trois chariots arrive sur la route du
nord. Cinq mercenaires accompagnent les marchands.
Arrogants et vantards, ils ne tardent pas à s’attirer des
problèmes. Les tensions arrivent à leur comble quand le
soir, ils dépouillent de sa solde un jeune membre de la
garnison à un jeu d’argent. La dispute tourne en bagarre
générale quand on les accuse de tricherie.
LE TORET
3
• Des cris retentissent à proximité du chantier. Un serpent
géant (cf. serpent constricteur géant, Livre de la meneuse,
p. 244) a surgi des hautes herbes et s’attaque aux ouvriers !
• Des paysans préviennent le capitaine que des créatures
rôdent par chez eux. Après vérification, il ne s’agit que de
ménestrels venus d’orient qui se sont installés à l’écart des
hameaux. Atteints de difformités ou de traits extraordi-
naires (gnome bossu ; humain de très grande taille ; nain
cul-de-jatte ; femme à barbe…), ils préfèrent s’isoler par
moment pour se reposer loin des regards extérieurs.
• Le soldat Lavrent (cf. recrue, Compendium de PNJ, p. 24)
murmure que le capitaine Réccarède Spatha est comme
l’ancien : un peu trop conciliant avec les hobgobelins ! Il
ne prend pas la mesure du danger. Ou il comprend trop
bien « les gens de son espèce ». « Orc, gobelin, hobgobe-
lin : c’est la même engeance ça ! »
39
 ACTE III — LE DRAGON DES MARAIS
3
• Orvinhnda, la forgeronne naine du Toret, se plaint de
manquer de matière première auprès d’Aemiliana. La
comptable est surprise : elle consulte le registre des livrai-
sons et constate effectivement que du minerai disparaît à
chaque fois. Audebert, le tenancier du magasin du Toret,
trafique en fait avec Lavrent, le soldat chargé de vérifier les
livraisons. Une partie du minerai est discrètement prélevé
et Audebert se charge de la revente…
• L’un des mercenaires des compagnies marchandes se
vante d’être un fin archer. La sergente Guilhema le prend
au mot et un petit tournoi bon enfant s’improvise, faisant
tomber pour quelque temps les tensions. Les paris vont
bon train et la quasi-totalité de la garnison mise sur la
sergente : tout le monde sait qu’elle n’a pas son pareil un
arc en main ! Les PJ se joindront-ils à la fête ?
Expédition punitive
Deux jours après l’arrivée des PJ, alors que le capitaine
hésite encore à envoyer des hommes à la recherche des
patrouilleurs disparus, des éclaireurs repèrent une bande
de hobgobelins à trois kilomètres en bordure du marais.
Une dizaine d’individus bivouaque visiblement depuis
quelques jours et surveille la route, probablement dans l’at-
tente d’un convoi à attaquer. La nouvelle se répand vite dans le
campement. La colère l’emporte rapidement. Un attroupement
se forme autour de la tente du capitaine et réclame du sang !
Réccarède tente de calmer les esprits. Guilhema propose un
compromis : qu’un fort contingent soit envoyé là-bas avec pour
missions de faire des prisonniers pour en apprendre plus sur les
soldats disparus. Réccarède accède à sa demande et la charge de
mener l’opération. Les PJ sont invités à se joindre à elle.
Falo Krin
Utilisez le profil du sergent hobgobelin (Livre de la me-
neuse, p. 187) avec les modifications suivantes :
FOR +4 (19) CON +3 (16)
Combat
PV 43 (5d8+21)
Scores d’attaques
Épée longue. Attaque d’arme au corps à corps : +6, al-
longe 1,5 m. Dégâts 1d8+4 (8) tranchants ou 1d10+4 (9)
tranchants si maniée à deux mains.
Actions
Attaquer. Trois attaques d’épée longue ou une attaque à
l’arc long.
40
L’attaque
Quinze hommes de la garnison sont mobilisés. Finalement,
ayant envie d’en découdre, ils se portent tous volontaires
(tant qu’ils ne s’aventurent pas trop loin dans le marais), per-
suadés d’avoir l’avantage de la surprise. Si des mercenaires
se trouvent au Toret, les marchands paient leur participation.
Guilhema hésite à les accepter mais cède finalement, sauf
si les PJ émettent un avis défavorable. Leur présence va en
effet attiser la colère de la troupe et elle risque alors de ne
pas suivre les ordres de la sergente.
Laissez les PJ organiser l’embuscade. Les hobgobelins
sont pour la plupart jeunes et peu expérimentés. Galvanisés
par Vagrimd, le chaman, ils sont partis prouver leur valeur
et marquer leur désaccord avec leur cheffe, Birger Brynjar.
Un vétéran, Falo Krin, les a encouragés et les accompagne :
c’est le plus dangereux de tous et il n’aura aucune pitié. Tant qu’il
sera en état de combattre, les plus jeunes le suivront. Falo Krin
s’avère aussi le plus vigilant. Utilisez sa Perception passive pour
contrer la Discrétion de la garnison et des PJ.
Vous n’êtes pas obligé de jeter les dés pour les actions des
PNJ. En cas de corps à corps, un soldat et un hobgobelin
sont mis hors de combat à chaque tour. Une fois le combat
engagé, si les mercenaires sont présents, ils massacrent les
plus jeunes hobgobelins sans vergogne, encourageant les
soldats à faire de même. Le bilan est alors d’un soldat et deux
hobgobelins à chaque tour, et leurs blessures sont mortelles
pour tous. Les PJ disposent de trois tours pour tenter de les
stabiliser. Le soigneur du groupe risque d’être vite débordé.
Une autre stratégie consiste à éliminer le plus d’ennemis
possible à distance, profitant notamment des talents d’ar-
chère de Guilhema. Une observation attentive et discrète du
camp hobgobelin permet d’identifier le chef Falo (Sagesse
[Perspicacité] DD 20) et d’en déduire qu’il faut l’éliminer
en priorité. Si cela se produit, les jeunes hobgobelins se
rendent vite. Mais si les mercenaires sont présents, ils n’ont
toujours aucune pitié et il faut leur intimer l’ordre d’arrêter.
Pour stopper la violence, il faut réussir un test de
Charisme ou de Force (Intimidation) DD 15 ; la diffé-
rence entre le résultat du test et la difficulté indique le nombre
de soldats qui cesse le massacre. Les mercenaires sont les
derniers à stopper le combat et tuent un hobgobelin par tour.
Bilan
Faire des prisonniers facilite les négociations à venir. Au
moment de la rencontre avec les hobgobelins, il faut ramener
un survivant qui témoignera de l’attitude des PJ et de la gar-
nison. S’il est en mesure de dire que plus de cinq hobgobelins
sont prisonniers et bien traités, les tests lors de la négociation
bénéficieront de l’avantage. S’ils sont tous vivants, considérez
en plus que le premier test réussit automatiquement.
Marie Billaud - mbillaud14@laposte.net - 202403/1393861/2533351
 LA GRANDE VASE
3

Retour au Toret actions ont été décisives lors de l’escarmouche contre la

L’accueil au fortin dépend du bilan. Si la garnison a subi
des pertes importantes (plus de deux morts), une partie des
soldats réclame vengeance, et il faut protéger les prisonniers
pour éviter un lynchage.
L’interrogatoire des hobgobelins (Charisme [Persuasion
ou Intimidation] DD 15) permet d’obtenir des informa-
tions sur le camp : localisation, nombre, présence de prison-
niers, division au sein de la tribu et existence d’un « dragon
des marais » dans les terres sacrées. Tout comme plus tard,
lors des négociations avec la cheffe, les PJ obtiennent l’avan-
tage s’ils ont évité un massacre en règle.
La Grande vase
Quel que soit le résultat de cette rencontre, Réccarède
Spatha ordonne à la sergente Guilhema de prendre trois
hommes avec elle et de partir à la recherche de la patrouille
disparue. D’autant que le nuage de fumée venant de la Grande
vase est bien visible maintenant depuis le Toret. Bien sûr, les
PJ sont incités à se joindre à l’expédition, surtout si leurs
bande de Falo Krin.
Si l’interrogatoire des hobgobelins rescapés a été
concluant, le capitaine sait que des soldats sont retenus
prisonniers et qu’un échange peut être envisagé. Si des
informations plus complètes ont été révélées, le capitaine
entrevoit la possibilité d’une trêve. Ce peut être aussi l’oc-
casion de révéler des éléments supplémentaires sur la « tra-
hison » de Sebert Malfortin et de sa tentative avortée de
négociation. Veillez en tout cas à attiser la curiosité des PJ
ou à titiller leur amour propre. Cela les encouragera à parti-
ciper à l’expédition. Espérons qu’ils ne laisseront pas la cou-
rageuse sergente affronter sans eux les dangers du marais !
Si les informations obtenues sont plus parcellaires,
Réccarède ordonne quand même l’envoi d’une mission
dans les marais pour retrouver la patrouille. Il s’agit alors de
retrouver le village pour s’assurer qu’aucun soldat n’est retenu
prisonnier et, dans le cas contraire, de les libérer le plus dis-
crètement possible : infiltration et extraction au programme.

Rencontres aléatoires
Jetez 1d6 toutes les trois heures. Pendant les périodes nocturnes, ne faites qu’un jet mais ajoutez deux au résultat.
D6 (+2 LA NUIT) ÉVÉNEMENT
1 Une nuée de piranhas (cf. Livre de la meneuse, p. 248) s’attaque à un membre de l’expédition.
2 Un membre de la compagnie tombe dans l’eau stagnante, entraînant un personnage dans sa chute :
jet de sauvegarde de Dextérité DD 15. En cas d’échec, le PJ est trempé. S’il porte des rations, elles
sont immangeables sauf à risquer d’attraper la pourriture oculaire (voir Livre de la meneuse,
p. 259).
3–4 Aucun événement notable
5 Un guldam (cf. serpent venimeux, Livre de la meneuse, p. 245. En cas d’échec au jet de Sauvegarde
Constitution, la cible est empoisonnée), un serpent très venimeux, attend tapi dans la végétation.
Un personnage avec plus de 13 en Perception passive le repère alors qu’un autre membre de
l’expédition passe à côté.
6 Deux patrouilleurs hobgobelins (cf. hobgobelin, Livre de la meneuse, p. 187)
s’approchent. Pour déjouer leur attention, il faut réussir un test de Dextérité (Discrétion) DD 10.
Il est alors possible de les suivre jusqu’au village, qu’ils atteignent en trois heures (effectuez un
nouveau jet sur cette table pendant la filature) : il faut encore réussir deux tests de Dextérité
(Discrétion) DD 10 pour ne pas se faire repérer.
7 Des sangsues se sont accrochées aux parties nues du corps des explorateurs. S’en débarrasser
ne pose aucune difficulté. Un test d’Intelligence (Médecine) ou Sagesse (Survie) DD 20 réussi
permet d’identifier leur espèce : ce sont des sangsues officinales. Placées pendant une heure
sur une créature empoisonnée, elles nettoient son sang. La créature peut poursuivre une
activité normale. Elle perd 1d4 points de vie et supprime son état empoisonné à la fin du soin.
Malheureusement, elles ne survivent pas longtemps en dehors de leur milieu naturel.
8 Les PJ croisent un tigre à dents de sabre (cf. Livre de la meneuse, p. 247) en pleine chasse nocturne.
Réussiront-ils à se cacher ou à le faire fuir ?

41
 ACTE III — LE DRAGON DES MARAIS
3

Le refuge des crapauds géants (scène optionnelle)

Lors de l’expédition, les PJ peuvent traverser le refuge des crapauds géants (cf. Livre de la meneuse, p. 230). C’est l’animal
totem des hobgobelins. Il est sacré à leurs yeux. Vous pouvez les employer de différentes manières lors de cette aventure.
Un groupe de crapauds offre une rencontre possible de plus lors du voyage. Attention cependant si les hobgobelins
découvrent que les PJ ont tué un animal sacré ! Un prisonnier hobgobelin qui les accompagne les dissuade d’une telle action.
Les PJ peuvent découvrir un cadavre de crapaud visiblement tué par l’avaleur de feu. Un argument de plus pour le parti
de la cheffe qui cherche à convaincre les hobgobelins de détruire l’avaleur (voir plus loin).
Toujours dans l’optique de soutenir le parti de cheffe Birger Brynjar, les PJ peuvent se voir mettre au défi de dompter
un crapaud ! Alors que le crapaud l’attaque, le PJ doit réussir un test de Force (Athlétisme) opposé à un test de Force du
crapaud. Si le PJ (ou un de ses compagnons) étudie auparavant la créature en réussissant un test de Sagesse (dressage)
ou Intelligence (Nature) DD13, il bénéfice de l’avantage au test de Force.
En cas de réussite, le PJ réussit à grimper sur le dos du crapaud. La bête tente alors de se débarrasser de lui : le PJ
doit réussir un jet de sauvegarde Force DD12 pour ne pas chuter. Une seule réussite suffit à prouver la bravoure du PJ.
Considérez cette action comme une réussite lors de la phase diplomatique entre les deux partis hobgobelins.

Explorer le marais d’encadrer un prisonnier (s’il y en a un, ce sera le plus

Ambiance : chaleur moite ; mous-
tiques ; de l’eau jusqu’au genou ; bru-
me épaisse ; oiseaux qui criaillent
La Grande vase est une vaste zone
marécageuse de plusieurs dizaines de
kilomètres. Le village hobgobelin se
trouve à dix kilomètres à l’intérieur du
marais. À un rythme normal, sans
hésitation sur la direction, le trajet
dure une journée. Sans un guide,
il faut réussir un test de Sagesse
(Survie) DD 20 pour en trouver
le chemin. En cas d’échec, il faut
réitérer le test le lendemain. Un
nouvel échec conduit les PJ direc-
tement dans les terres sacrées, sans
passer par le village.
Guilhema s’est entourée d’un
éclaireur halfelin, Sedestian
(cf. éclaireur, Compendium
de PNJ, p. 23), et de
deux solides gail-
lards, Balh et Rothal,
chargés
coopératif : le jeune hobgobelin Pakrol). Aucun des sol-
dats n’a d’expérience dans le marais que les habitants de
Cisère évitent.
Le village hobgobelin
Ambiance : totem ; chant mélodieux ; cris des oies ;
enfants qui courent
Le village est installé sur un îlot de terre ferme. Une
maison longue en bois sert de lieu de réunion et de réserve.
Les habitations sont réparties tout autour. Les plus proches
des zones marécageuses s’appuient sur des pilotis. Des
pirogues attachées à un quai côté ouest offrent la possibilité
de s’enfuir. Si les autres pirogues sont sabotées, alors les
PJ ne peuvent être poursuivis. Sinon, il faudra réussir trois
tests de Force (maîtrise de véhicules marins) DD 13
pour distancer les hobgobelins qui utilisent les autres
embarcations.
Une pirogue est amarrée à l’est. Elle est en bon état,
mais le marécage est ici très peu profond (test de Sagesse
[Survie] DD 15 pour s’en rendre compte). Les tests de
Force subissent le désavantage.
À côté de la maison longue, une fosse protégée par de
larges bambous sert de prison (Sagesse [Perception]
DD 10 pour la repérer ; CA 15 ; PV 15 ; vulnérabilité aux
dégâts tranchants pour briser le bambou ou couper les
cordes qui les maintiennent ; Dextérité DD 20 pour défaire
les nœuds qui bloquent l’ouverture) : c’est ici que sont rete-
nus Attale et ses deux compagnons qui ont perdu la raison.
La population s’élève à une centaine d’âmes, dont une
trentaine d’enfants. Les adultes sont tous de potentiels

42

Marie Billaud - mbillaud14@laposte.net - 202403/1393861/2533351


combattants. Le soir, la tribu se réunit autour du grand totem
représentant un crapaud pour un hommage aux esprits. Un
test de Sagesse (Perception) DD 15 permet de repérer
dans la foule deux individus particuliers : hébétés, ils sont
conduits par un guide. Leur regard est vide. Ce sont deux
patrouilleurs hobgobelins victimes, comme Acodème (l’aide
de l’aubergiste du Toret), d’un mange-pensée.
Si les PJ observent de l’extérieur la tribu, un test d’In-
telligence (Histoire ou Religion) DD 15 permet de
reconnaître l’objet de la cérémonie (la maîtrise de la langue
gobeline ou une connaissance de leur culture offre l’avan-
tage). Un échec pourrait signifier que le rituel est confondu
avec une préparation martiale…
Une garde constante est tenue autour du village, mais
elle veille essentiellement aux dangers naturels. Les intru-
sions venues de Cisère sont à peine envisagées par les
hobgobelins.
Un choix stratégique
Les actions des PJ seront guidées par ce qu’ils savent et la
manière dont les précédents événements se sont déroulés.
L’attaque frontale semble de manière évidente à exclure : la
population de la tribu est bien trop nombreuse. Des buis-
sons au sein du village peuvent faciliter la discrétion, parti-
culièrement à l’est du village où ils sont groupés.
L’extraction discrète du prisonnier constitue donc une
option que les PJ peuvent raisonnablement envisager : lais-
sez-les échafauder leur plan. L’organisation des hobgobelins
LA GRANDE VASE
3
n’est pas préparée pour ça. Une réussite complète indique
que les PJ s’éloignent du village avec Attale et sans être
poursuivis. Le récit du soldat incite les PJ à se diriger ensuite
vers les terres sacrées, mais ce n’est pas obligatoire.
Si les PJ se font repérer, ils peuvent néanmoins réussir
à fuir (avec ou sans Attale). Une poursuite s’engage : elle
les conduit vers les terres sacrées. Alors les hobgobelins
cessent de leur courir après.
Ils peuvent aussi se faire attraper. La négociation devient
dans ce cas inévitable : encore une fois, l’attitude des PJ, l’as-
pect meurtrier ou non de leur intervention (comme au moment
de l’expédition punitive), vont peser dans la balance. Dans le
pire des cas, les hobgobelins offrent en sacrifice les PJ et leurs
compagnons. Ils sont ligotés au cœur des terres sacrées, au
niveau du cercle de pierre (voir plus loin).
De la diplomatie
Volontairement ou contraints, les PJ entament un dia-
logue avec les hobgobelins. Tenez compte des suggestions
faites précédemment pour modifier les tests requis pour la
réussite des négociations. Incitez au roleplay et à l’ingéniosité
en octroyant l’avantage aux tests ou des points d’inspiration.
Les PJ vont rapidement comprendre que deux camps
s’opposent. Il est même possible qu’un observateur atten-
tif qui prend le temps d’assister à une cérémonie du soir
s’en aperçoive avant la phase de négociation (Sagesse
[Perspicacité] DD 15). La farouche opposition du chaman
est alors évidente. Lors de la phase de négociation, les
43
 ACTE III — LE DRAGON DES MARAIS
3
PJ doivent faire pencher la balance vers la cheffe Birger
Brynjar. Pour cela, trois réussites sont nécessaires. Les
joueurs peuvent utiliser différentes compétences (en fonc-
tion de leurs arguments, voir l’encadré p. 45) contre une dif-
ficulté de 20. Si au contraire ils accumulent trois échecs, la
foule des hobgobelins suit Vagrimd le chaman et s’empare
des PJ pour les ligoter et les livrer à la merci du dragon !
44
Le parti de Birger Brynjar
La cheffe de la tribu voit dans le « dragon des marais » un
mal à combattre. Cette interprétation l’a conduite à enta-
mer le dialogue peu après l’apparition de la créature avec le
capitaine Sebert Malfortin, qui commandait alors le Toret.
Elle n’a pas changé d’avis depuis, malgré l’opposition
du chaman Vagrimd. Birger a, un temps, perdu de son
influence. Elle a néanmoins réussi à se maintenir à son poste.
L’apparition du soldat Attale, venu des terres sacrées, et les
victimes des mange-pensées ont changé la donne : elle est
en train de regagner la confiance de son peuple.
Elle appuiera donc les PJ s’ils peuvent servir à asseoir de
nouveau son autorité. Pour cela, il faut que leurs paroles ou
leurs actes montrent la bonne volonté du seigneur de Cisère.
Les PJ peuvent aussi la soutenir dans son désir de tuer la
bête, voire proposer leur aide. Enfin, le retour d’éventuels
hobgobelins prisonniers au Toret constituerait un atout fort.
Vagrimd
Le chaman est un belliciste convaincu. Il déteste les autres
civilisations et veut imposer son autorité sur un territoire
plus vaste. Il a entrepris de prendre contact avec une tribu
gobeline de l’ouest de la Grande vase. Il utilisera tous les
moyens pour discréditer la parole de Birger et des PJ, même
par le mensonge. Il flattera ses partisans, louant leur courage,
lui opposant la lâcheté de leur cheffe. La cruauté des soldats
de Cisère sera exagérée (sauf si elle est réelle…) et la perfidie
du seigneur mise en avant avec en premier lieu la trahison
de l’ancien capitaine Sebert.
Enfin, Vagrimd appuie sur sa spécialité : la religion. Il
insiste sur le caractère spirituel de leur mission, commandée
par le Grand dragon des ancêtres.
L’examen des fous
Si les PJ en ont l’idée, ils peuvent essayer de comprendre
pourquoi deux soldats et deux hobgobelins ont récemment
perdu la raison. Les symptômes sont identiques à ceux
d’Acodème : le regard vide, incapables de parler, les pauvres
ne comprennent plus que des phrases basiques. Tous possé-
daient auparavant une vivacité d’esprit normale. Ils ont un
point en commun : tous ont passé du temps peu avant leur
folie dans les terres sacrées…
Attale ou des témoins hobgobelins rapportent leurs der-
nières paroles : un paysage de brumes infini, un sol et un
ciel gris, des bruits étouffés et une créature ressemblant
à un hérisson géant à la tête anormalement grosse et aux
yeux globuleux qui se déplace dans les airs à l’aide de pattes
palmées. Tous ont en effet pénétré le plan éthéré avant de
Marie Billaud - mbillaud14@laposte.net - 202403/1393861/2533351
 LES TERRES SACRÉES
3

subir l’assaut d’un mange-pensée. Un test d’intelligence

(Arcanes) DD 15 permet de reconnaître le plan éthéré, Mange-pensée ID 1
aussi nommé gris-plan. Créature monstrueuse Taille : P
Bonus de Maîtrise +2
Résultats FOR DEX CON INT SAG CHA
Si Vagrimd l’emporte, les PJ sont conduits aux terres –2 (7) +2 (15) +0 (11) –4 (2) +0 (10) –3 (4)
sacrées pour y être sacrifiés. Mais la cheffe Birger vient les Svg –2 +2 +0 –4 +0 –3
délivrer pour qu’ils affrontent ensemble le « dragon ». Elle est Sens Perception passive 12
accompagnée par quatre fidèles guerriers et peut leur appor- Capacités spéciales
ter une partie de leur équipement. Caché dans l’éther. Le mange-pensée chasse sur le plan
Si le parti de Birger Brynjar l’emporte, c’est une véritable éthéré ou à sa frontière. Lorsqu’il se trouve sur les bords
petite armée qui se prépare à affronter le « dragons ». La du plan éthéré, à proximité du plan matériel, il devient
cheffe espère que les PJ se joignent à eux. Il est probable flou. Les attaques contre lui subissent un désavantage.
qu’elle ait même inclus cette condition lors des négociations. Combat
Guilhema y participe « pour l’honneur de Cisère ». CA 14 (armure naturelle)
PV 8 (2d8)

Les terres sacrées Vitesse 12 m (dans l’éther) ; 3 m (plan matériel)

Elles sont le repaire du « dragon des marais ». Le sanctuaire
des hobgobelins est un cercle de pierres ancestral élevé sur
un petit monticule de terre. Un second cercle, à environ un
kilomètre de distance du premier, délimite les terres sacrées.
Toute cette zone est soumise à une instabilité planaire. Des
brèches s’ouvrent aléatoirement vers le plan éthéré.
L’activité du crocodile géant avaleur de feu a attiré un
mange-pensée qui rôde à la frontière des plans et se nourrit
de l’intellect des gens de passage. Ils sont peu nombreux et
sa faim est grande.
Voyage dans le gris-plan
Ambiance : bruits lointains ; ciel grisâtre ; sol invi-
sible ; souffle glacial
Pour combattre le mange-pensée, il faut accepter de se
rendre sur le plan éthéré, la créature étant hors de portée
depuis le plan matériel. Le passage se fait toujours par un
Scores d’attaque
Pique d’énergie magique. Attaque magique à dis-
tance : +4, portée 36 m. Dégâts : 1d8+4 (8) force
Actions
Attaquer. Deux attaques de Pique d’énergie magique.
Absorption de pensée. Le mange-pensée attaque sa proie
depuis le plan éthéré. Un humanoïde situé à moins
de 3 m du mange-pensée sur le plan éthéré ou à la
frontière du plan matériel doit réussir un jet de sauve-
garde Intelligence DD11. Quel que soit le résultat, la proie
subit 1 dommage psychique et ressent une forte douleur
(qui le réveille s’il était endormi). En cas d’échec du jet de
sauvegarde, il perd en plus 1d4 points d’Intelligence.
La perte d’Intelligence est définitive. Il est possible de
retrouver son ancien score d’Intelligence grâce à l’un
des sorts suivants : restauration supérieure, guérison
ou souhait.

Exemple de tests
ACTION TEST
Démontrer la bonne volonté de Cisère Charisme (Persuasion)
Mettre en avant le danger du dragon Charisme (Intimidation)
Contrer les arguments religieux du chaman Intelligence (Religion)
Conforter les traditions de la tribu Intelligence (Histoire)
Dénoncer un mensonge du chaman Charisme (Perspicacité)
Prouver sa bravoure Force (Intimidation)
Mettre en évidence le lien entre la folie et le plan éthéré Intelligence (Investigation)
Dompter un crapaud géant voir scène optionnelle : le refuge des crapauds géants

45
 ACTE III — LE DRAGON DES MARAIS
3

endroit où la brume est très épaisse. La visibilité devient

alors nulle. Après quelques pas, elle se dissipe un peu et
Épilogue
l’aventurier se retrouve au milieu du plan éthéré. Repérer À l’issue de cette aventure, les PJ atteignent le
un passage nécessite de réussir un test d’Intelligence niveau 6. Leur statut peut avoir encore évolué. Ils seront
(Arcanes ou Religion). On en trouve entre deux arbres, en considérés comme de vrais héros s’ils ramènent Attale ou si
contournant une pierre levée ou dans une cavité naturelle. l’avaleur est vaincu et une trêve avec les hobgobelins signée.
Le mange-pensée ne quitte pas le plan éthéré. Il observe La réalité les rattrape cependant de retour au château :
ses proies, presque invisible. Repérer la créature dans le une nuit soudaine obscurcit le jour à l’est. Follain a perdu
gris-plan nécessite un nouveau test (équivalent à celui pour le contrôle de son pouvoir. Le seigneur Caddwal de Sognes
repérer un passage). Fragile, elle tente de garder à distance ne peut plus cacher la vérité (d’autant plus si les PJ ont
ses ennemis avec des piques d’énergie magique. résolu le mystère du capitaine emprisonné). Il avoue tout
et supplie les PJ de sauver sa femme et son fils si c’est
Le dragon des marais encore possible.
Le repaire du « dragon » est facile à trouver : il suffit de
suivre les empreintes de lave qu’il laisse derrière lui. Autour
de sa tanière, c’est un petit volcan qui a surgi. Le caractère
bestial de l’avaleur l’empêche en effet de contrôler son lien.
Du sol affleure le magma et un sol de roche solidifiée déga-
geant des fumerolles remplace le marécage.
Le « dragon » lui-même est un crocodile géant à la cara-
pace cramoisie. Il mesure plus de cinq mètres et de sa gueule
effrayante s’échappent des vapeurs toxiques. Sa fureur est
telle qu’il est impossible à calmer. Il maîtrise particulière-
ment bien son environnement ce qui en fait un adversaire
redoutable.

CroCodile géant avaleur de feu

Utilisez le profil du crocodile géant (Livre de la meneuse
p. 231) avec les modifications suivantes :
Capacités spéciales
Incantation innée. Caractéristique d’incantation : Force (DD de
jet de sauvegarde contre les sorts 15)
3/jour : sphère de feu, boule de feu
1/jour : mur de feu
Combat
Immunité aux dégâts de feu.
Vapeurs toxiques. Toutes les créatures qui terminent leur
tour à moins de 1,5 m de l’avaleur doivent réussir un jet
de sauvegarde Constitution DD 15 ou subir 1d12 dégâts
de poison.

46

Marie Billaud - mbillaud14@laposte.net - 202403/1393861/2533351


ACTE IV — LES MYSTÈRES
DES BASSES-BRUMES
En quelques mots…
Un inquiétant crépuscule est tombé en milieu
de journée sur les collines des Basses-brumes.
Les premiers réfugiés arrivent à Cisère peu
après. Les PJ partent pour le prieuré afin de stop-
per l’avancée de la nuit fantastique. Ils doivent
affronter l’âme-en-peine de Kemlik Harn, le chef
barbare défait il y a quatre siècles, et ses sbires.
Le prieuré est abandonné : seule dame
Béthune est restée auprès de son fils. Follain est
plongé dans une stase magique et attire à lui
la lumière, plongeant une zone de plus en plus
vaste dans la nuit.
Lors de l’aventure, les PJ ont l’occasion de ren-
contrer le vieux pêcheur Héméraphos. Il habite
une bulle de jour et a perdu la vue. Il est devenu
un avaleur de nuit. Les PJ comprennent qu’il peut
rétablir l’équilibre des éléments.
Fiche technique
Type • Mystère/Action
PJ • Niveau 6
MJ • Tous niveaux
Joueurs • Tous niveaux
Action 
Ambiance 
Interaction 
Investigation 
Introduction
Cette aventure constitue le dernier épisode de
L’Enfant-nuit. Les mystères développés depuis l’Acte I vont
trouver leur résolution. La nature des avaleurs sera expli-
quée par dame Béthune et les PJ vont devoir faire face à un
choix terrible : tenter de sauver Follain et risquer de voir le
pays de Cisère dépérir ou bien affronter l’amour d’une mère
et anéantir l’avaleur Follain. Heureusement, il est possible de
sauver à la fois l’enfant-nuit et le pays à l’aide d’Héméraphos.
INTRODUCTION
4
Histoire du prieuré
Les Basses-brumes sont une terre vallonnée qui servit de
champ de bataille il y a quatre cents ans. Le barbare Kemlik
Harn avait conduit jusqu’aux frontières une grande armée
pour envahir le royaume. Les seigneurs locaux se sont unis
autour de la bannière de l’ordre du Bois sacré, un ordre
de chevalerie disparu qui défendait les fées et leur pays.
La bataille fut sanglante et l’ordre l’emporta. Mais dans sa
fureur, Kemlik Harn se transforma en une âme-en-peine
redoutable. Un rituel bannit le mort-vivant dans l’une des
combes des Basses-brumes et un prieuré fut installé à son
surplomb. Les moniales qui y résident ont pour mission de
maintenir le rituel en bénissant les sceaux de protection
gravés sur le sol du cloître.
Dame Béthune découvrit cette mission à son arrivée et,
après une longue initiation, en devint la prieure. La dernière
crise de Follain a cependant déstabilisé le monde matériel
et les sceaux ont été rompus. Kemlik Harn est alors revenu,
plein de haine. Cisère va devoir combattre de nouveau. La
prieure a donc ordonné aux moniales de fuir et de préve-
nir son mari. À Héloïse, elle a demandé d’aller chercher
l’étendard de l’ordre du Bois sacré, conservé dans le temple
d’Escola, afin de le confier à Caddwal de Sognes pour qu’il
conduise la bataille. Dame Béthune, elle, se refuse à aban-
donner son fils.
Les stries du jour
Ambiance : étrange lumière faiblissante ; nuée
d’oiseaux fuyant la nuit ; visage tendu ; panique
Des hauteurs du château de Cisère, les PJ observent l’ho-
rizon oriental : il est comme obstrué par une sphère noire
parcourue de fines rayures de lumière. Le diamètre de cette
sphère est estimé à trente kilomètres.
Elle recouvre intégralement les Basses-brumes et se pro-
longe jusqu’au village d’Escola. En direction de Cisère, elle
s’allonge presque jusqu’au pied du château. Elle n’est qu’à
quelques kilomètres des murailles. Cette présence modifie la
lumière et la ville de Cisère est plongée dans un crépuscule
surnaturel.
47
 ACTE IV — LES MYSTÈRES DES BASSES-BRUMES
4
Caddwal de Sognes
Dans la cour du château, après quelques minutes d’hé-
bétement, l’effervescence règne. La tension est palpable et
les regards se tournent vers le seigneur. Il est possible que
Caddwal soit le seul à véritablement comprendre ce qui se
passe. À vous de modifier le déroulé qui suit en fonction de
ce qui a été révélé lors de votre partie.
Le visage du seigneur est fermé. Il convoque d’abord son
fils, Alvin, renvoyant toute autre personne avec autorité. Il
tient à expliquer à son fils la situation. Il sait qu’il ne peut
plus reculer.
C’est ensuite au tour des proches administrateurs : frère
Foulques, Liphard, Aemiliana, le capitaine Anastase Sol et
même Sebert Malfortin que l’on sort des cachots. Les entre-
vues durent tout l’après-midi, période pendant laquelle les
PJ peuvent agir (voir les suggestions plus loin) en attendant
les décisions du conseil.
Réaction de la population
Le phénomène surprend tout le monde en plein midi. Le
temps semble se figer. Quelques minutes après, la ville est
survolée par des nuées d’oiseaux qui fuient la nuit. Un peu
48
plus tard, les champs sont traversés par des hardes animales.
Bientôt, la population se regroupe sur la place de la ville.
Avant de se rendre au conseil convoqué par le seigneur,
frère Foulques s’adresse aux habitants. Usant de son cha-
risme, il les rassure et promet que tout est mis en œuvre
pour lever la malédiction qui vient de s’abattre.
Les PJ face aux événements
Qu’ils soient au château ou en ville, au côté de frère
Foulques, les PJ vont être confrontés à la panique qui s’em-
pare des habitants. Leur nouveau statut de héros locaux doit
leur permettre de calmer les esprits. Voici quelques sugges-
tions d’événements.
• Une prédicatrice annonce la fin du monde. Selon elle, des
hordes de démons vont s’abattre bientôt et une éternité
d’asservissement va commencer. Lors du discours de frère
Foulques, elle crie sa prophétie, incitant la population à
« faire taire le menteur Foulques ». Il faut la contenir et
calmer la foule.
• Les chevaux s’agitent dans les écuries du château. Un
jeune page est coincé dans une stalle derrière deux étalons
en furie. Attention aux coups de sabot !
Marie Billaud - mbillaud14@laposte.net - 202403/1393861/2533351

• Un chien de la garnison tire sur sa chaîne : paniqué, il veut
fuir loin de la nuit. Son agressivité ne fait qu’augmenter
et il mord tous ceux qui s’approchent.
• Dans une rue de la ville, peu après le discours de frère
Foulques, un mouvement de foule entraîne les PJ contre
un mur. Il faut aider les plus fragiles à s’extirper de la masse
et guider les gens pour éviter de nombreuses victimes.
• Un soldat ou un membre de la cour perd son sang-froid.
Il s’enferme avec sa fiancée dans une pièce du château
et refuse d’ouvrir la porte, persuadé que tout le monde
est possédé. Il faut le neutraliser ou lui faire retrouver
la raison.
Les décisions du conseil
En fin d’après-midi, le seigneur fait quérir les
PJ. Mais Caddwal de Sognes reste silencieux. S’il est
encore en vie, c’est Alvin qui prend la parole. Le jeune
seigneur prend les choses en main et le temps de ses hési-
tations (voir Acte I) semble à présent bien loin. Cette atti-
tude redonne espoir aux autres membres du conseil ainsi
qu’à son père.
Si Alvin n’est plus, l’ambiance est toute autre. Frère
Foulques se charge du compte rendu. Les mines sont tristes
et résignées. Le seigneur est affligé, les yeux hagards.
Les PJ sont mis au fait de la situation : la fausse mort
de Follain, le mal qui le ronge depuis son enfance, les
recherches de dame Béthune ou l’apparition des avaleurs
(mais pas d’explication à ce stade sur leur nature). Laissez les
PJ réagir à ces révélations et faire un peu de roleplay.
Quoi qu’il en soit, le conseil a décidé de mettre à l’abri
les habitants et de préparer l’arrivée probable de réfugiés.
Le conseil a estimé sage d’attendre au moins un jour pour
récolter des informations avant d’envoyer des hommes et
des femmes dans la nuit. Évidemment, le conseil fait appel
aux plus courageux aventuriers présents en ce moment à
Cisère, c’est-à-dire les PJ.
Voici quelques pistes pour motiver vos PJ :
• De l’or et de l’équipement : Cisère est assez riche et sa
position stratégique permet d’obtenir de nombreux avan-
tages. À vous de fixer la limite de ce que vous pouvez
offrir à vos joueurs comme récompense en fonction de ce
que vous envisagez par la suite. Ils sont de niveau 6 : il
peut être raisonnable d’offrir un beau destrier, une pièce
d’armure rare ou une belle épée. Sans être magiques, ces
objets finement réalisés représentent une marque de pres-
tige indéniable.
• Le mystère : dans l’Acte I, des objectifs personnels avaient
été proposés. C’est le moment de les exploiter. L’envoyé
d’une église ou d’une académie de magie sera intéressé de
visiter le prieuré, par exemple.
RÉFUGIÉS
4
• La loyauté : les PJ ont noué des relations avec des PNJ.
Le seigneur, Alvin, Guilhema ou les capitaines peuvent
servir à faire pencher la balance.
• La compassion : si Fara ou un autre avaleur est encore
en vie, la résolution du mystère des Basses-brumes peut
permettre de les sauver.
• La destinée : la licorne du Vieux Bois peut faire une
apparition magique en public ou dans la salle du
conseil. De sa corne, elle désigne un PJ et lui octroie
un don (cela peut justifier la montée de niveau qui vient
d’avoir lieu). En pensée, la licorne envoie l’image de
Follain, plongé dans sa stase, et de sa mère pleurant à
ses côtés.
• Un objet merveilleux : si vos PJ ne possèdent pas d’objet
magique jusque-là, il est possible de leur en octroyer un.
• Noter que si vous jouez la quête d’Opale, les PJ ont accès
à une telle arme.
• À défaut d’être magique, il peut s’agir d’une arme en
argent (bien utile dans les combats à venir).
Réfugiés
Ambiance : cohue ; regards effrayés ; pleurs d’en-
fants ; lourd silence ; fatigue de la marche
L’arrivée des réfugiés se fait en plusieurs vagues. Dès le
milieu de l’après-midi, des habitants de la zone frontalière avec
la sphère de nuit apparaissent. Ce sont des familles entières
qui ont pris le temps de charger des affaires dans un chariot.
Elles amènent avec elles du bétail et des réserves de nourriture.
Dans la nuit, les premiers habitants arrivant du cœur
de la sphère échouent à Cisère. Ils sont plus nombreux et
moins organisés. Pour eux, le départ a été hâtif. Le lende-
main, parmi les derniers fuyards, se trouve Aelys, moniale
au prieuré des Basses-brumes.
Ce que disent les réfugiés
Les témoignages se ressemblent beaucoup. La nuit a
recouvert brutalement le ciel vers midi. La température a
chuté. Les animaux effrayés se sont éparpillés dans la nature,
brisant leur enclos. La peur s’est alors emparée de tous les
habitants et ils ont tout abandonné derrière eux.
Maintenant, le ciel sombre est parcouru de traits fuyants
de lumière qui se dirigent tous dans la même direction : le
prieuré. Un silence surnaturel règne après le départ de tous les
animaux sauvages. Seul un vent froid fait craquer les arbres.
La moniale Aelys
Son récit est plus complet car elle était présente au point
d’origine du phénomène. Elle explique avoir entendu dame
49
 ACTE IV — LES MYSTÈRES DES BASSES-BRUMES
4

50

Marie Billaud - mbillaud14@laposte.net - 202403/1393861/2533351


Carte mentale - Acte IV
Le crépuscule tombe sur Cisère
Arrivée des réfugiés
À la recherche d'Héloïse la moniale
et de l'étendard à Escola
Le prieuré
Rencontre avec dame Béthune
et l'Enfant-Nuit
La quête d'Opale (scène 4)
retrouver Opale
Affronter l'âme de Kemlik Harn
Convaincre Héméraphos de les suivre
Épilogue :
Mettre fin à la nuit
Trouver un refuge pour les avaleurs
DANS LA NUIT
4
Béthune crier. Puis le petit monastère a été plongé dans le
noir. La lanterne d’Aelys projetait une lumière qui s’étirait
étrangement dans la nuit. En suivant cette direction, elle
a retrouvé les autres moniales, dans le cloître. L’obscurité
était si forte qu’elle distinguait à peine l’éclat de sa propre
lanterne. Un angle du cloître était le centre d’attraction des
filaments de lumière qui s’éteignaient en un noir infini.
Dame Béthune surgit de la sombre opacité et leur demanda
de quitter le prieuré. Elle allait chercher un moyen de sauver
Follain mais l’équilibre des mondes était compromis. La bar-
rière que les moniales entretenaient depuis quatre cents ans
avait cédé : l’âme maudite de Kemlik Harn a été libérée et il
s’apprête à lever une armée contre Cisère.
La traversée a été un enfer. Rapidement, les moniales ont
été la cible de spectres épouvantables. Aelys a vu ses sœurs
mourir une à une. Dominées et empêchées de quitter le
monde matériel, leurs âmes ont été soumises et elles sont
à leur tour devenues spectrales. C’est grâce à leur sacrifice
qu’Aelys a pu parvenir jusqu’à Cisère.
Informée par dame Béthune, Aelys connaît la mission spé-
cifique d’Héloïse. Mais elle ne sait pas si elle a pu atteindre
le temple et protéger l’étendard de l’ordre du Bois sacré.
Alvin et Liphard sont chargés de rapporter l’étendard à
Cisère par Caddwal de Sognes. Ils accompagnent alors les
PJ jusqu’à Escola.
L’expansion
Si les PJ tardent un peu à agir, ils observent bientôt que
la bulle de nuit croit chaque jour. Au début, cet agrandisse-
ment est à peine perceptible, mais dès le deuxième jour, cela
est de plus en plus évident. Le seigneur de Cisère décide
alors d’évacuer la population vers l’ouest pendant qu’il
réunit ses troupes au château.
Dans la nuit
Ambiance : lumières éphémères ; brise froide ;
des ombres mouvantes parmi les ombres ; échos
lointains
Il est probable que les PJ aillent inspecter la bulle de nuit
de plus près avant de s’enfoncer à l’intérieur. L’orée du phé-
nomène se situe à environ quatre kilomètres du château.
La transition est douce. Lorsque les PJ s’approchent, ils
ont simplement la sensation que le soleil se couche un peu
plus vite que d’habitude. Mais peu à peu, le paysage devient
étrange. Le ciel se pare d’étoiles filantes et un étrange silence
s’installe : il n’y a bientôt plus que le bruissement des arbres
et les murmures des hautes herbes. Aucun animal naturel
n’accepte de s’enfoncer dans la nuit. Vous pouvez faire une
51
 ACTE IV — LES MYSTÈRES DES BASSES-BRUMES
4
exception pour les compagnons des PJ. De même, les des-
triers de Liphard ou d’Alvin sont assez aguerris pour entrer
dans la sphère de nuit.
Lorsque les PJ pénètrent plus en avant, le phénomène
s’intensifie. Les lumières s’étirent. Les sons semblent se dis-
tordre. Et l’obscurité est plus profonde que jamais.
Événements
• Une chute : le PJ avec la plus faible Perception passive chute
dans une fosse invisible avec l’obscurité. Jet de sauve-
garde Dextérité DD 10 ; 2d10 dégâts contondants, la
moitié en cas de réussite.
• Un animal blessé : un ours brun (cf. Livre de la meneuse,
p. 239) a une patte coincée dans un piège. Effrayé, il se
montre très agressif. Les PJ peuvent passer leur chemin,
tenter de le libérer ou abréger ses souffrances.
• Un hibours en chasse : cette nuit permanente a fait fuir ses
proies. Le prédateur est affamé. A-t-il repéré l’ours enchaîné ?
(Utilisez le profil du hibours, Livre de la meneuse, p. 186)
• Une ferme en ruine : qui sait quel drame s’est noué ici il
y a longtemps ? À la faveur du phénomène, deux ombres
(cf. Livre de la meneuse, p. 206) sont apparues et murmurent
des phrases vengeresses.
• Un enfant : dans la fuite, il a perdu ses parents. En pleurs,
il est blotti dans un buisson. Il faut gagner sa confiance
et le mettre à l’abri.
• Des pillards : deux jeunes manants profitent de la situa-
tion pour ramasser quelques richesses. Ce ne sont pas de
mauvais bougres et ils ont assez de courage pour être ici.
Peut-être seraient-ils prêts à s’occuper d’un enfant s’ils
obtiennent un peu d’or en récompense ?
Itinéraire
Si les PJ suivent la route principale pour se rendre au
prieuré, ils atteindront d’abord le village d’Escola. De là, ils
rejoignent le prieuré par un sentier correctement entretenu.
Il est aussi possible de rejoindre le prieuré directement
à travers champ, sans passer par Escola. Si les PJ font ce
L’étendard de l’ordre du Bois sacré
En termes de jeu, l’étendard apaise les animaux. Il est
alors possible d’entrer dans la sphère de nuit avec des che-
vaux. De plus, il offre à son porteur les avantages suivants :
Il peut détruire les morts-vivants comme un clerc
niveau 5 sur un rayon de 9 m (voir Livre du joueur p. 96).
Il peut lancer le sort protection contre le mal (voir
Livre du joueur p. 297).
52
choix, l’expédition envoyée pour récupérer l’étendard
échoue. Cela signifie que les PJ ne reçoivent aucune aide
lorsqu’ils affrontent l’âme-en-peine et son armée des morts.
Au nord-est du prieuré s’étend le champ de la bataille
des Basses-brumes. Au-delà, les PJ aperçoivent un halo de
lumière. Il s’agit de l’étang d’Héméraphos, le vieux pêcheur.
Escola
Ambiance : temps figé ; maison ouverte ; une table
mise ; feu mourant ; un volet qui claque
Le village abandonné est lugubre. Il se compose de trente
maisons regroupées autour d’un temple aux dimensions
imposantes. Si les PJ observent le village à bonne distance,
un test de Sagesse (Perception) donne les informations
suivantes selon le résultat (ainsi que toutes les informations
des résultats inférieurs à celui obtenu) :
• 10–11 Des squelettes rôdent parmi les habitations.
• 12 à 14 Les squelettes sont au nombre de huit.
• 15–16 Trois spectres tournoient autour du temple.
• 17 à 19 Une faible lumière émane de l’intérieur du temple.
• 20+ Les squelettes sont sous les ordres d’un mort-vivant
plus agile et mieux armé (il s’agit d’un nécrophage).
Les spectres (cf. Livre de la meneuse, p. 211) restent autour
du temple pour empêcher Héloïse de sortir. La moniale a
en effet réussi à atteindre le temple mais elle est blessée.
Protégée par l’étendard, elle bénéficie d’un répit.
Le nécrophage (cf. Livre de la meneuse, p. 204) inspecte
les alentours et se prépare à prendre d’assaut le temple.
Celui-ci est fortifié et n’offre que deux entrées : la grande
porte de la façade et une petite porte arrière. Le nécrophage
positionne quatre squelettes (cf. Livre de la meneuse, p. 212)
devant chaque ouverture et lui seul entre pour affronter la
moniale (faible et sans pouvoir particulier).
Si les PJ échouent à libérer la moniale et à envoyer l’étendard à
Cisère, personne n’arrivera à leur secours face à l’âme-en-peine.
L’étendard
Cette grande bannière est imprégnée d’une force bienveil-
lante. Le tissu a gardé toute sa splendeur : il est brodé de vert
et d’or sur un fond blanc et montre un paysage boisé idyl-
lique. Déployé, l’étendard mesure plus d’un mètre de long
sur quatre-vingts centimètres de hauteur et il est attaché à
une belle lance à la pointe d’argent.
Marie Billaud - mbillaud14@laposte.net - 202403/1393861/2533351
ESCOLA
4

53
 ACTE IV — LES MYSTÈRES DES BASSES-BRUMES
4
Le prieuré
Ambiance : craquements lointains ; traits de
lumière, éclair silencieux ; un livre ouvert et une
plume comme si elle venait d’être abandonnée ;
porte qui grince
C’est un bâtiment carré construit en haut d’une colline.
Il s’organise autour d’un cloître central d’une vingtaine de
mètres de côté. Une tour occupe son angle nord-ouest : elle
domine la combe du champ de bataille situé un kilomètre
plus bas. Son aile nord abrite un grand réfectoire. Les cel-
lules des moniales se trouvent dans l’aile ouest. L’aile ouest
regroupe le sanctuaire et la bibliothèque. L’aile sud abrite
des réserves et le grand portail d’entrée.
Dame Béthune
Description. Âgée de 47 ans, mesure un mètre
soixante-cinq. Alerte, malgré le poids des ans, mais
cependant plus habituée à l’étude des manuscrits qu’aux
efforts physiques. Sa noble éducation est encore per-
ceptible dans sa posture droite. Mais les années pas-
sées à se perdre en recherches sur le mal de Follain ont
dérangé son esprit.
Expressions. « Si la nuit est au jour, peut-on respirer
la terre ? Il faudra que j’essaie à la prochaine éclipse ».
Manie. Parle toute seule et pense à voix haute.
Objectif. Sauver Follain.
Dame Béthune
Dame Béthune a déplacé Follain dans le sanctuaire qui
est plongé dans une obscurité totale (l’équivalent du sort
ténèbres ; Livre du joueur p. 304). Elle-même s’est installée
dans la bibliothèque qui jouxte la tour. Elle passe son temps
entre ses livres de magie, à la recherche d’un remède pour
Follain, et les salles hautes de la tour à observer le champ
de bataille au loin qui grouille d’activité depuis le réveil de
Kemlik Harn. Ce qui l’intrigue le plus, c’est ce petit halo de
lumière qui est apparu au-delà du champ de bataille et qui
semble résister à la nuit.
À moins qu’ils redoublent de discrétion (Dextérité
[Discrétion] DD 15), la magicienne attendra les PJ.
S’ils fouillent le prieuré, usant de sa magie, elle restera
d’abord cachée pour deviner leurs intentions.
Écoutez bien vos joueurs et mettez-vous à la place de
dame Béthune. Faites preuve d’un peu de mauvaise foi :
dame Béthune n’est pas rationnelle. Elle sent qu’elle est en
54
train de perdre son fils et refuse cette réalité. Le moindre
geste, la moindre phrase ambiguë lui porte à croire que
les PJ veulent du mal à Follain. Elle craint même qu’ils ne
soient envoyés par Caddwal de Sognes pour effectuer la
basse besogne.
Ses sentiments envers son mari sont en effet chan-
geants. Elle se souvient de l’homme qu’il était et de sa
valeur. Mais elle sait aussi combien il est affaibli. Combien
le ronge la malédiction de son fils.
Dame Béthune occulte complètement l’existence de
son second fils, Alvin. Penser à lui, c’est admettre qu’elle
l’a abandonné. Certes, les circonstances l’ont obligée à ce
choix, mais sa culpabilité est puissante.
Confrontation
La manière dont va se dérouler la rencontre avec dame
Béthune dépend entièrement des PJ. Malgré sa folie, la mère
de Follain n’utilise pas de pouvoir offensif contre eux. Ce
n’est pas une magicienne comme peuvent l’être les aventu-
riers. C’est une chercheuse et l’objet de ses recherches est
unique : les avaleurs.
L’attitude de dame Béthune oscille de la supplication à la
rage. Elle peut pleurer toutes les larmes de son corps sur le
malheur qui s’est abattu sur elle et sa famille, et la seconde
d’après maudire l’humanité entière et affirmer que personne
plus que Follain ne mérite de vivre ! Elle conspue la bas-
sesse des hommes et des femmes, insulte leur vie misérable
juste avant de s’émouvoir au souvenir d’une promenade
avec Caddwal. Si vous estimez nécessaire de faire jeter les
dés à vos joueurs, considérez que le DD est toujours de 15.
Infligez-leur le désavantage s’ils agissent de façon brutale
dans le dialogue.
Au milieu de sa logorrhée, dame Béthune peut faire état
très précisément de ses recherches sur les avaleurs et sur
leur origine planaire. Elle est aussi capable d’expliquer l’his-
toire du prieuré et de la bataille à l’origine de sa création si
nécessaire.
Il n’existe que deux issues à cette rencontre : si les PJ
acceptent de ne pas tuer Follain, dame Béthune fait son
possible pour les aider dans la suite de l’aventure. Si, au
contraire, ils s’attaquent à Follain, alors elle se jette sur la
première lame venue et s’empale mortellement.
Une question de morale
Il ne s’agit donc pas d’un défi martial. Dame Béthune et
Follain sont des victimes, pas des ennemis. Si les PJ ne le
comprennent pas, ils devraient être surpris du sacrifice sou-
dain de la mère de Follain. Il se pourrait même que cela les
fasse hésiter à tuer l’avaleur.
Marie Billaud - mbillaud14@laposte.net - 202403/1393861/2533351
 LE PRIEURÉ
4

Ce dernier, inconscient dans sa sphère de ténèbres, est

sans défense : tuer Follain revient à assassiner de sang-froid
un jeune homme qui n’a connu depuis son enfance que la
maladie. C’est ce dilemme que vos joueurs doivent ressentir.

Une lueur d’espoir

Arrangez-vous pour placer à plusieurs reprises dans la
bouche de dame Béthune des expressions comme « Il reste
encore de la lumière », « J’ai vu qu’il brillait », « Pourtant, la
nuit n’est pas complète », « Il suffit de monter pour le voir »…
Les paroles de dame Béthune restent incohérentes : elle
change de sujet sans prévenir. La confusion doit régner dans
l’esprit des PJ. De quoi ou de qui parle-t-elle ? Ils doivent
sentir que quelque chose ne va pas dans son discours.
Dame Béthune évoque en effet à demi-mot la
lueur visible en haut de la tour. Mais elle n’en
parlera que si les PJ l’interrogent directement
sur cette « lueur ».
Pour encourager le roleplay ou l’implication
des PJ dans le dialogue (sans que les joueurs se
sentent obligés de « jouer » leur personnage, tout le monde
n’aime pas incarner complètement son PJ), n’hésitez pas à
récompenser les bonnes idées ou les analyses pertinentes
par l’inspiration.

Panorama
Au niveau du prieuré, lorsqu’on se tient à l’extérieur, des
craquements peu ordinaires sont audibles (test de Sagesse
[Perception] DD 15 ou Perception passive de 15). Ils pro-
viennent du pied de la colline, au nord-est, mais leur origine
est invisible au niveau du sol. Si les PJ observent l’endroit
depuis les hauteurs de la tour, profitant du passage d’un rai
de lumière, ils voient du mouvement dans la combe : des
silhouettes à la démarche saccadée se lèvent, arme en main.
Que ce soit avec les indices de dame Béthune ou par leurs
propres moyens, les PJ découvrent la lueur d’Héméraphos
au nord-ouest, au-delà de la combe, dès qu’ils observent les
alentours du haut de la tour. Pour l’atteindre, deux choix
s’offrent aux PJ : traverser le champ de bataille ou le contour-
ner. S’ils décident de le contourner, c’est une journée
de marche supplémentaire dans la nuit. Pendant ce
laps de temps, la cavalerie de Cisère arrive sur
le champ de bataille si elle est en posses-
sion de l’étendard. Elle emporte la
victoire et les PJ passent à côté
de la gloire. À vous de décider de
l’ampleur des pertes de Cisère.

55
 ACTE IV — LES MYSTÈRES DES BASSES-BRUMES
4

La Quête d’Opale (scène 4)

Lors de leur fouille du prieuré, les PJ trouvent les sceaux magiques évoqués par la fresque de la source des trois chênes.
Cette découverte est automatique si les joueurs précisent qu’ils recherchent ces symboles. Un PJ qui a vu ses sceaux sur
la fresque les remarque si sa Perception passive est supérieure ou égale à 12. Si un PJ procède à une fouille globale, sans
spécifier qu’il recherche les sceaux, il les découvre sur un résultat de 12 ou plus.
Les sceaux sont sculptés sur des dalles de pierre et incorporés au chemin du cloître. Chaque aile en possède un situé au
milieu de l’allée. La dalle de pierre est cassée, comme si un coup lui avait été porté depuis le sol : des éclats se sont envolés
et de profondes fêlures marquent le symbole.
Le cloître est aussi doté d’autres aménagements remarquables : quatre statues (une à chaque angle) et un petit obélisque
à trois faces en leur centre. Comme sur la fresque, les sceaux sont alignés sur l’obélisque. Si les PJ ont eu accès à tous les
indices, ils doivent comprendre qu’Opale se trouve dans l’obélisque. Reste à savoir comment y accéder.
Si les PJ usent de la manière forte, les quatre statues s’animent aussitôt : ce sont des gargouilles (cf. Livre de la meneuse,
p. 173) qui protègent la lame.
S’ils observent l’obélisque, ils lisent la phrase suivante : « croise mon regard pour croiser le fer ».
L’obélisque est décoré de gravures : la première face montre une épée pointée vers le sol avec une fine ouverture au niveau
de la lame, la seconde, une jeune fille dans un paysage de printemps, la troisième, un guerrier tenant une épée levée vers le ciel.
Une lame peut se glisser dans l’ouverture pour « croiser le fer » avec l’épée représentée. Mais c’est une fausse piste. Les
gargouilles s’animent.
Il est possible de croiser le regard du guerrier. Mauvais choix encore : les gargouilles s’animent !
Il faut en effet croiser le regard d’Opale alors qu’elle était encore jeune fille comme décrit dans la chanson du barde
(scène 2), pour que l’obélisque s’ouvre et qu’apparaisse la fameuse lame. La lumière qu’elle produit s’étire, comme pour
toutes les autres sources lumineuses, en direction de Follain.

Garder Opale ?
L’épée de Lorn Vesquial s’avérera très utile pour les épreuves à venir. Au moment de l’harmonisation, le PJ sent le désir
ardent de vengeance de la lame, mais il est aussi pris d’une nostalgie soudaine pour un élément de son passé. En réalité,
Opale transmet ses propres sentiments : une fois la mission accomplie, elle désire que son précédent porteur, Lorn Vesquial,
trouve le repos. Il faut donc la déposer dans le tertre du Vieux Bois.

Opale
Voir épée radieuse, Livre de la meneuse, p. 294.

Si le PJ la garde, elle perd peu à peu ses pouvoirs jusqu’à devenir une belle épée sans âme. Opale s’est endormie en
attendant de rejoindre le fantôme.
Si le PJ la dépose dans le tertre (même bien plus tard), Lorn le remercie. Opale reprend brièvement forme humaine. Ensemble,
ils s’offrent une dernière danse. Puis, après un long silence, Lorn dépose un dernier baiser sur la joue d’Opale et s’en va.
L’attitude de la jeune fille dépend alors de la manière dont elle a été utilisée par le PJ :
S’il s’en est servie pour de nobles causes, elle retourne dans l’épée et s’offre à lui.
S’il a mal agi, Opale s’empare de l’épée et l’enfonce dans une lourde pierre à proximité du tertre. Elle dit au revoir au
PJ et annonce sa décision d’attendre ici son futur porteur. Puis elle disparaît à nouveau dans l’épée. Seule une noble âme
pourra retirer l’épée de la roche (si cela vous rappelle quelque chose, c’est normal !).

• Jour 1 7 spectres (les moniales), 1 nécrophage (son fidèle

Le champ de bataille
des Basses-brumes
Ambiance : Cliquetis métalliques ; voix spectrales ;
silence de mort ; des os qui s’entrechoquent ; froid
C’est dans cette combe où Kemlik Harn a péri que son
âme-en-peine prépare sa vengeance. Chaque jour, l’effectif
de son armée grandit :
lieutenant) et 8 squelettes : cela comprend les forces pré-
sentes à Escola.
• Jour 2 7 spectres, 3 nécrophages et 24 squelettes
• Jour 3 7 spectres, 3 nécrophages et 70 squelettes
Multipliez ensuite par deux le nombre de squelettes pour
chaque jour qui passe. Tenez le compte des victoires des PJ
pour adapter l’effectif. L’âme-en-peine peut, en plus de rele-
ver des squelettes, créer des spectres si elle fait des victimes
avec un maximum de sept sous ses ordres.

56

Marie Billaud - mbillaud14@laposte.net - 202403/1393861/2533351

 LE CHAMP DE BATAILLE DES BASSES-BRUMES
4

Tactique de combat
Kemlik Harn (utilisez le profil de
l’âme-en-peine, Livre de la meneuse, p. 144) était
un guerrier et il n’a pas perdu toute son intelli-
gence. Il n’enverra pas les squelettes combattre
le porte-étendard car les pouvoirs de l’artefact
sont fatals pour eux. Il ira lui-même, accompa-
gné de ses lieutenants nécrophages. Leur objec-
tif consistera à faire tomber l’étendard puis
à l’éloigner pour que la masse des squelettes
puisse submerger l’ennemi.
Si les PJ n’ont pas l’étendard et qu’aucun
secours n’est possible (car l’étendard n’a pas
été rapporté à Cisère), ils vont rapidement se
retrouver en difficulté. Leur plus grand espoir
vient alors d’Héméraphos. Sa bulle de lumière
offre un avantage certain contre les morts-vi-
vants (qui sont sensibles à la lumière du jour).

En toute discrétion
Les PJ peuvent opter pour la ruse afin d’at-
teindre l’étang d’Héméraphos en sécurité.
Un passage à la périphérie de l’armée est uti-
lisable : il faut cependant être discret, éviter
les embûches des chemins escarpés et bien se
repérer dans la nuit. Demandez à vos joueurs de
réaliser des tests de Dextérité (Discrétion),
Sagesse (Survie) ou de Force (Athlétisme),
par exemple. Avec trois réussites (sur des tests
de groupes si nécessaire), les PJ réussissent
l’épreuve. Si trois échecs surviennent, ils sont
repérés et le combat s’engage.
La fuite reste possible, mais c’est une
course-poursuite endiablée dans la nuit jusqu’à
l’étang d’Héméraphos.

La rescousse
Si l’étendard a été rapporté à Cisère, une
troupe de cavaliers arrive à point nommé pour
soulager les PJ. Laissez aux PJ l’occasion d’un
combat épique avant l’intervention de la cava-
lerie : ce sont eux les héros. Si vous ne crai-
gnez pas une fin tragique, attendez qu’au moins
un des PJ soit hors de combat. L’intervention
de la cavalerie réduit alors le nombre de leurs
adversaires. Mais la lutte ne se termine pas pour
autant. Kemlik Harn continue à affronter les
PJ pendant que les nécrophages se chargent de
l’étendard.

57
 ACTE IV — LES MYSTÈRES DES BASSES-BRUMES
4
L’étang d’Héméraphos
Ambiance : Lumière apaisante ; calme ; chants
d’oiseaux ; chaleur réconfortante
Autour de la cabane d’Héméraphos, une sphère de lumière
étend sa clarté sur environ deux cents mètres. Héméraphos
en est le centre et la sphère se déplace avec lui. La lumière
paraît irréelle et tenace à la fois. C’est un havre de paix où
des animaux ont trouvé refuge et cohabitent sans violence.
Héméraphos
Ce vieux pêcheur est devenu un avaleur de nuit à l’appa-
rition de la sphère de Follain. Lui-même ne comprend pas
ce qu’il lui arrive. Il a perdu presque instantanément la vue
et ne peut plus se déplacer seul. Il survit tant bien que mal
mais accepte son sort avec la résignation d’un vieux sage. Il
reçoit de l’aide de la part des animaux qui semblent avoir
conscience qu’il est à l’origine du refuge.
À ses côtés se trouve la licorne du Vieux Bois. L’être
céleste sait qu’Héméraphos détient une part de la solution.
Le vieil homme pense que c’est une jument qui s’est réfugiée
ici avec les autres animaux.
Une fois que les PJ ont gagné la confiance d’Héméraphos,
elle le prendra sur sa croupe pour le conduire où il veut. Si
les PJ font appel à son empathie, Héméraphos accepte d’aller
sur le champ de bataille où sa lumière est un atout.
Quand deux avaleurs se rencontrent
Le rôle d’Héméraphos est surtout primordial car il peut
sortir Follain de sa stase et lui permettre par un effet de
balancier de reprendre le contrôle sur son pouvoir. La nuit
s’estompe alors et tant que les deux avaleurs se trouvent
à proximité l’un de l’autre, ils se neutralisent. Cependant,
aucun des deux n’est véritablement guéri.
58
Épilogue
L’issue de cette aventure dépend des choix effectués
par les PJ. Il est impossible de prévoir l’ensemble de leurs
actions, aussi vous devrez nuancer la fin à partir de ces
grandes lignes.
Si Follain est tué : la nuit disparaît en un instant. Il vous
faut estimer le temps écoulé dans le cas où Kemlik Harn
n’est pas encore défait. Si le jour naturel refait son appari-
tion, les morts-vivants se trouvent en difficulté. Si la nuit
règne, l’armée de Kemlik Harn continue à se battre, voire
attaque le prieuré. À l’aube, l’âme-en-peine cherche à se pro-
téger en s’enfonçant dans les profondeurs d’une caverne
naturelle.
De plus, le problème des avaleurs n’est pas réglé
puisqu’Héméraphos est probablement en vie. Le phénomène
étant plus récent chez lui, la licorne peut l’aider à le contrô-
ler. Mais à long terme, son existence pose question. Et la
création d’une bulle de jour à la brillance éclatante n’est pas
plus rassurante que la nuit que Cisère vient de connaître.
Si Follain est en vie : le duo Héméraphos/Follain trouve
refuge dans le Vieux Bois avec la licorne. Dame Béthune
suit son fils si elle est encore là. Mais une nouvelle fois, le
problème des avaleurs reste entier. Peut-être l’objet d’une
future quête ?
Enfin, l’examen du litige trouve sa conclusion. Les
troubles découverts par les PJ sont si importants que le
préjudice semble bien mince. L’abbé Maurille accepte de
défendre auprès du prince une annulation pure et simple
de la réclamation. Les PJ sont-ils du même avis ?
Les occasions pour les PJ de se montrer héroïques ne
manquent pas au cours de cette campagne. Récompensez-les
à la hauteur de leurs engagements. En plus des trophées
matériels, les PJ ont acquis une notoriété : distinctions
honorifiques, terres octroyées par le prince, rang supérieur
dans une faction sont à envisager. Cela nourrira vos pro-
chaines parties.
Bien sûr, il y a de grandes chances pour qu’Alvin voire
Caddwal se sente eux aussi redevables. Cisère peut servir
de bases arrière pour les PJ. Ils y seront toujours accueil-
lis à bras ouverts et peuvent y disposer d’un certain
confort. Leur renommée leur procure des avantages certains
et, sur la route commerciale, les nouvelles vont vite : les
employeurs ne vont pas tarder à frapper à la porte des PJ !
Marie Billaud - mbillaud14@laposte.net - 202403/1393861/2533351
 5

PLANS, CARTES ET AIDES DE JEU

59
 PLANS, CARTES ET AIDES DE JEU
5

Plan de Cisère

60

Marie Billaud - mbillaud14@laposte.net - 202403/1393861/2533351

 LETTRES DU PRINCE VELRICK
5

Lettres du Prince Velrick

Annonce au Seigneur de Cisère

Nous vous remercions chaleureusement pour votre fidélité et bonne volonté, que vous avez toujours démontrées envers
nous dans chaque aide et service, et parce que, comme nous le désirions, vous avez observé la paix, dans le domaine de
votre responsabilité, ce que nous avons confirmé et proclamé dans cet endroit il y a trente ans.

Nous, prince Velrick, souhaitons faire connaître à votre raison le jugement pris en notre capitale avec le consensus et les
conseils de nos fidèles sujets, et nous ordonnons à tous qu’ils soient observés sans aucune opposition.

Que, comme indiqué dans le capitulaire royal, notre roi et père a décrété la seizième année de son règne en le septième
capitule, nos émissaires enquêtent avec diligence sur le nombre d’hommes libres vivant en votre domaine qui sont capables de
composer les armées expéditionnaires, et la somme d’entre eux est à inscrire sur notre liste.

De même, les hommes qui n’ont pu rejoindre l’armée, comme l’exige l’ancienne coutume, doivent travailler sur de nouveaux
forts, les ponts et les traversées de marécages, et doivent assurer la garde dans le domaine de Cisère et sur les marches.

C’est pourquoi nous envoyons à vous nos émissaires munis de leur lettre de confiance.

Allez avec nos remerciements. Et que les Dieux nous accordent de pouvoir mutuellement et pendant de nombreuses
années paraître en bonne santé et prospères.

Du prince Velrick à tous les agents et à nos fidèles

Pour la raison de la mission dans le fief de Cisère, nous avons donc ordonné que l’abbé Maurille et ses compagnons
puissent remplir les lieux opportuns à leur souhait.

Charge à nos fidèles de fournir pain, viande, œufs, huile, miel et bière pour le bon soin de nos émissaires.

Requerrons le bois et les torches nécessaires à leur confort, ainsi que le fourrage pour leurs chevaux.

Cela pour que tous les jours, à la fois de marcher et de nous revenir au nom de Nous, afin que chacun de vous soit en
place opportune de servir les mêmes hommes et de remplir leurs devoirs, afin qu’ils n’aient aucun retard dans l’exécution
de nos souhaits.

61
 PLANS, CARTES ET AIDES DE JEU
5

62

Marie Billaud - mbillaud14@laposte.net - 202403/1393861/2533351

 PLAN DU CHÂTEAU DE CISÈRE
5

Plan du château de Cisère

63
 PLANS, CARTES ET AIDES DE JEU
5

64

Marie Billaud - mbillaud14@laposte.net - 202403/1393861/2533351

 LE CÉNOTAPHE
5

Le Cénotaphe

65
 PLANS, CARTES ET AIDES DE JEU
5

Les Terres Sacrées

66

Marie Billaud - mbillaud14@laposte.net - 202403/1393861/2533351

 LE PRIEURÉ
5

Le Prieuré

67
 PLANS, CARTES ET AIDES DE JEU
5
OPEN GAME LICENSE Version 1.0a
The following text is the property of Wizards of the
Coast, Inc. and is Copyright 2000 Wizards of the Coast, Inc
("Wizards"). All Rights Reserved.
1. Definitions: (a)"Contributors" means the copyright
and/or trademark owners who have contributed Open
Game Content; (b)"Derivative Material" means copyrighted
material including derivative works and translations (inclu-
ding into other computer languages), potation, modification,
correction, addition, extension, upgrade, improvement, com-
pilation, abridgment or other form in which an existing work
may be recast, transformed or adapted; (c) "Distribute"
means to reproduce, license, rent, lease, sell, broadcast,
publicly display, transmit or otherwise distribute;(d)"Open
Game Content" means the game mechanic and includes
the methods, procedures, processes and routines to the
extent such content does not embody the Product Identity
and is an enhancement over the prior art and any additio-
nal content clearly identified as Open Game Content by the
Contributor, and means any work covered by this License,
including translations and derivative works under copyright
law, but specifically excludes Product Identity. (e) "Product
Identity" means product and product line names, logos and
identifying marks including trade dress; artifacts; creatures
characters; stories, storylines, plots, thematic elements,
dialogue, incidents, language, artwork, symbols, designs,
depictions, likenesses, formats, poses, concepts, themes
and graphic, photographic and other visual or audio repre-
sentations; names and descriptions of characters, spells,
enchantments, personalities, teams, personas, likenesses
and special abilities; places, locations, environments, crea-
tures, equipment, magical or supernatural abilities or
effects, logos, symbols, or graphic designs; and any other
trademark or registered trademark clearly identified as
Product identity by the owner of the Product Identity, and
which specifically excludes the Open Game Content; (f)
"Trademark" means the logos, names, mark, sign, motto,
designs that are used by a Contributor to identify itself or
its products or the associated products contributed to the
Open Game License by the Contributor (g) "Use", "Used" or
"Using" means to use, Distribute, copy, edit, format, modify,
translate and otherwise create Derivative Material of Open
Game Content. (h) "You" or "Your" means the licensee in
terms of this agreement.
2. The License: This License applies to any Open Game
Content that contains a notice indicating that the Open
Game Content may only be Used under and in terms of
this License. You must affix such a notice to any Open Game
Content that you Use. No terms may be added to or sub-
tracted from this License except as described by the License
itself. No other terms or conditions may be applied to any
Open Game Content distributed using this License.
3. Offer and Acceptance: By Using the Open Game
Content You indicate Your acceptance of the terms of this
License.
4. Grant and Consideration: In consideration for agreeing
to use this License, the Contributors grant You a perpetual,
worldwide, royalty-free, nonexclusive license with the exact
terms of this License to Use, the Open Game Content.
5. Representation of Authority to Contribute: If You are
contributing original material as Open Game Content,
You represent that Your Contributions are Your original
68
creation and/or You have sufficient rights to grant the rights
conveyed by this License.
6. Notice of License Copyright: You must update the
COPYRIGHT NOTICE portion of this License to include the
exact text of the COPYRIGHT NOTICE of any Open Game
Content You are copying, modifying or distributing, and You
must add the title, the copyright date, and the copyright
holder's name to the COPYRIGHT NOTICE of any original
Open Game Content you Distribute.
7. Use of Product Identity: You agree not to Use any Product
Identity, including as an indication as to compatibility, except
as expressly licensed in another, independent Agreement
with the owner of each element of that Product Identity. You
agree not to indicate compatibility or co-adaptability with
any Trademark or Registered Trademark in conjunction with
a work containing Open Game Content except as expressly
licensed in another, independent Agreement with the owner
of such Trademark or Registered Trademark. The use of any
Product Identity in Open Game Content does not constitute
a challenge to the ownership of that Product Identity. The
owner of any Product Identity used in Open Game Content
shall retain all rights, title and interest in and to that Product
Identity.
8. Identification: If you distribute Open Game Content You
must clearly indicate which portions of the work that you are
distributing are Open Game Content.
9. Updating the License: Wizards or its designated Agents
may publish updated versions of this License. You may use
any authorized version of this License to copy, modify and
distribute any Open Game Content originally distributed
under any version of this License.
10. Copy of this License: You MUST include a copy of this
License with every copy of the Open Game Content You
Distribute.
11. Use of Contributor Credits: You may not market or
advertise the Open Game Content using the name of any
Contributor unless You have written permission from the
Contributor to do so.
12. Inability to Comply: If it is impossible for You to
comply with any of the terms of this License with respect
to some or all of the Open Game Content due to statute,
judicial order, or governmental regulation then You may not
Use any Open Game Material so affected.
13. Termination: This License will terminate automati-
cally if You fail to comply with all terms herein and fail to
cure such breach within 30 days of becoming aware of the
breach. All sublicenses shall survive the termination of this
License.
14. Reformation: If any provision of this License is held to
be unenforceable, such provision shall be reformed only to
the extent necessary to make it enforceable.
15. COPYRIGHT NOTICE
Open Game License v 1.0a Copyright 2000, Wizards of
the Coast, LLC.
System Reference Document 5.1 Copyright 2016, Wizards
of the Coast, Inc.; Authors Mike Mearls, Jeremy Crawford,
Chris Perkins, Rodney Thompson, Peter Lee, James Wyatt,
Robert J. Schwalb, Bruce R. Cordell, Chris Sims, and Steve
Townshend, based on original material by E. Gary Gygax
and Dave Arneson.
Rôle'n Play, le jeu de rôle - L'Enfant-nuit. © 2024, Black
Book Éditions, Thomas Le Goareguer.
Marie Billaud - mbillaud14@laposte.net - 202403/1393861/2533351