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hépatite et consommation de drogues


Qu’est-ce que l’hépatite?
Quelles sont les formes connues de cette maladie
et quelles en sont les conséquences?
A quel point l’hépatite est-elle répandue
chez les usagers de drogues?
Comment les toxicomanes peuvent-ils se protéger contre une infection?
Quelles sont les possibilités de traitement?

Qu’est-ce que l’hépatite?


L’hépatite est une affection inflammatoire
du foie dont les causes peuvent être
diverses. Certaines maladies du méta-
bolisme ou les maladies dites «auto-
immunes» peuvent notamment provo-
quer une telle inflammation.
A côté des inflammations toxiques du
foie qui sont souvent dues à la consom-
mation abusive d’alcool ou à certains
médicaments, des virus peuvent provo-
quer une hépatite infectieuse; chez les
consommateurs de drogues, c’est même
la cause la plus fréquente. On connaît
actuellement cinq virus principaux qui
sont à l’origine d’une hépatite infectieuse
et qui sont désignés par les lettres A à E
(voir tableau «hépatite virale»).

De la contamination
aux premiers symptômes
Le temps d’incubation, c’est-à-dire la
période entre la contagion et l’apparition
des premiers symptômes de la maladie
varie beaucoup d’un virus à l’autre:
2 semaines pour l’hépatite A, 6 semaines
à 6 mois pour l’hépatite B et 2 semaines
Chaque jour dans le monde plus de personnes meurent des à 6 mois pour l’hépatite C. Durant cette
période d’incubation, une personne in-
suites d’une hépatite chronique qu’il n’y a de décès dus au sida fectée peut déjà en contaminer d’autres!
en une année. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime
à plusieurs centaines de millions le nombre des personnes Comment reconnaît-on
atteintes d’une infection chronique par l’hépatite B et l’hépatite C. une hépatite?
Les symptômes les plus fréquents sont les
Bien que l’Europe occidentale – et de ce fait la Suisse – ne fasse suivants: manque d’appétit, douleurs arti-
pas partie des régions les plus gravement touchées, le risque de culaires, nausées, vomissements, dou-
contagion est élevé. Les virus de l’hépatite B sont cent fois plus leurs abdominales, fatigue, urine de cou-
leur foncée, év. selles de couleur claire,
virulents que le virus du sida (VIH). L’OMS estime à plus d’un blanchâtres, coloration jaune de la scléro-
million par année le nombre de décès dus aux suites d’une tique (blanc de l’œil) ou de la peau.
hépatite B (cirrhose du foie, cancer du foie). Certains groupes Mais il arrive souvent que l’infection
passe inaperçue.
à risques, comme les personnes qui prennent de la drogue par Seul un test sanguin permet de détecter
voie intraveineuse (injections) sont particulièrement menacés. une hépatite avec certitude. Les résultats
Souvent les personnes infectées ignorent qu’elles ont contracté de ce test sont fiables au plus tôt deux à
trois semaines après la contamination!
une hépatite.
Les conséquences
Institut suisse de prévention de l’alcoolisme de l’hépatite chronique
et autres toxicomanies
Case postale 870, 1001 Lausanne, Tél. 021 321 29 35, Fax 021 321 29 40 Dans l’hépatite chronique, ce sont les lé-
sions durables du foie qui sont particuliè-
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hépatite et consommation de drogues

Hépatite virale
Type Propriétés Modes de contamination Mesures de protection
Comportements permettant Vaccination
de se protéger

A Ne devient jamais chronique Par des aliments souillés, un Hygiène correcte: Vaccination en
(HAV) manque d’hygiène – par se laver soigneusement deux fois
Une personne infectée peut
exemple: mains sales, vaisselle les mains par ex. après
contaminer d’autres personnes (Deuxième vaccin
mal lavée, toilettes malpropres, les selles, laver la vaissel-
aussi bien durant la phase aiguë six à douze mois
matériel souillé et eau sale utili- le à l’eau très chaude,
que durant la période d’incu- après le premier)
sés pour l’injection de drogue utiliser de l’eau propre
bation
et des ustensiles stériles
Guérison spontanée pour l’injection de
drogues
En voyage: éviter de
manger des aliments
non cuits

B Evolution chronique (10%) Par le sang: Utiliser toujours une Vaccination en


(HBV) ou guérison spontanée Dans tous les cas où le sang seringue, une aiguille et trois fois
d’une personne peut être en une cuillère stériles pour
Une personne atteinte (Deuxième vaccin
contact avec celui d’autres les injections, ou en
d’hépatite B chronique peut un mois, et
personnes (par exemple: tout cas ses instruments
toujours en contaminer troisième vaccin
tatouage ou piercing) strictement personnels
d’autres six mois après
L’hépatite B est plus
Par les sécrétions génitales: Safer sex: le premier)
a) au cours de contacts sexuels utiliser toujours des
contagieuse que l’hépatite C Faire vacciner
b) de la mère à l’enfant préservatifs masculins
son enfant
Dans 1% des cas, la maladie pendant l’accouchement ou féminins lors des
évolue de manière fulgurante, rapports sexuels
avec un taux de mortalité élevé

C Evolution le plus souvent Par le sang: Utiliser toujours une Il n’existe pas
(HCV) chronique (jusqu’à 80%) ou Dans tous les cas où le sang seringue, une aiguille et de vaccin contre
guérison spontanée d’une personne peut être en une cuillère stériles pour l’hépatite C!
contact avec celui d’autres les injections, ou en tout
Une personne atteinte
personnes (par exemple: cas ses instruments
d’hépatite C chronique peut
tatouage ou piercing) strictement personnels
toujours en contaminer
d’autres Par les sécrétions génitales: Bien que la transmission
a) au cours de contacts sexuels par voie sexuelle soit rare,
b) de la mère à l’enfant il est vivement recom-
pendant l’accouchement mandé de pratiquer le
safer sex (autres risques
d’infection)

D L’hépatite D n’apparaît qu’en Voir Voir Voir


(HDV) combinaison avec l’hépatite B hépatite B hépatite B hépatite B

E L’hépatite E n’existe guère Par des aliments souillés, un Une bonne hygiène: se Il n’existe pas
(HEV) en Europe manque d’hygiène – par laver soigneusement les de vaccin contre
Elle ne devient jamais chronique exemple: mains sales, vaisselle mains par ex. après les l’hépatite E!
mal lavée, toilettes malpropres, selles, laver la vaisselle à
Une personne malade peut en matériel souillé et eau sale utili- l’eau très chaude, utiliser
contaminer d’autres, mais sés pour l’injection de drogue de l’eau propre et des
l’hépatite E est moins virulente instruments stériles pour
que l’hépatite A l’injection de drogues
En voyage: éviter de
manger des aliments
non cuits
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hépatite et consommation de drogues
rement alarmantes. Or, dans le cas d’une sonnes qui s’injectent de la drogue par sionnellement un partage de seringues.
hépatite chronique B ou C, des années, voie intraveineuse, le taux d’infection En raison de la virulence du HBV et du
voire des dizaines d’années, peuvent atteint toujours un niveau alarmant pour HCV et du fait que la majorité des toxi-
s’écouler avant que n’apparaissent des l’hépatite B et C. Selon les chiffres re- comanes qui s’injectent de la drogue par
troubles conduisant à une hospitalisation. cueillis dans divers services d’accueil voie intraveineuse sont atteints d’hépatite
Selon des études américaines, il faut ou sur la scène de la drogue, on peut – dont un grand nombre d’hépatites
compter en moyenne 21 ans pour qu’une estimer que 50 à 60% des consomma- chroniques –, le fait de partager une
hépatite évolue en cirrhose du foie. En teurs de drogues sont infectés par les seringue ne serait-ce qu’une seule fois
moyenne, il faut encore 10 ans de plus virus HBV ou HCV. 20 à 40% des usagers présente déjà un risque élevé de conta-
jusqu’à la formation d’un carcinome de drogues sont porteurs d’un virus de mination.
hépatocellulaire (cancer du foie). l’hépatite après un an déjà. Lorsque la
consommation de drogue par voie intra- b) Manque d’hygiène
Propagation de l’hépatite veineuse dure depuis plusieurs années, lors de l’injection:
en Suisse le taux d’infection se situe entre 80% Le déroulement d’une injection est décrit
(HBV) et 90% (HCV). Les infections mul- ci-dessous, avec les possibilités de trans-
En Suisse, les cas d’hépatite doivent tiples sont particulièrement fréquentes mission des virus HBV et HCV:
être annoncés dans le cadre de la sur- chez les consommateurs de drogues.
veillance des maladies infectieuses. Presque tous les toxicomanes atteints I Manipulation de la drogue
Au milieu des années nonante, le nombre du sida sont également infectés par les Transmission par des doigts ou
de cas d’hépatite A annoncés était virus HBV et HCV. des instruments tachés de sang
d’environ 500 par an. (par exemple: couteau)
Les chiffres les plus récents (fin 1997) Evolution de la propagation
font état de quelque 20 000 cas d’hépa- • Hépatite A: elle a fortement diminué II Préparation de la solution à injecter
tite B chronique en Suisse. Sur la base parmi les consommateurs de drogues. Transmission par une cuillère sale;
des nouveaux cas récemment annoncés, Cela doit être attribué en grande partie causes possibles: souillée lors d’une
il faut s’attendre à 2000 à 3000 nouveaux à une application plus stricte des prin- utilisation antérieure par des traces de
cas par an; 80% des personnes touchées cipes d’hygiène. sang sur les doigts ou par le reflux du
ont entre 15 et 40 ans et plus des deux • Hépatite B: en recul depuis 1995. produit absorbé dans une seringue
tiers sont de sexe masculin. L’hépatite B • Hépatite C: on ne peut pas dégager déjà utilisée
occasionne chaque année 200 hospitali- de tendance, l’infection par le virus
sations et cause entre 40 et 80 décès. HCV passant souvent inaperçue. III Non-désinfection de la peau
Le nombre des cas reconnus et annoncés avant l’injection
d’hépatite C aiguë est faible (1995: 67 Transmission par la présence éven-
cas, 1996: 55 cas), car dans 90% des cas, Hépatite B et C: modes de
transmission chez les personnes tuelle à cet endroit de la peau de
la maladie évolue sans symptômes. traces de sang provenant d’une
On estime qu’il y a en Suisse de l’ordre qui s’injectent de la drogue personne infectée; causes possibles:
de 70 000 cas d’hépatite C chronique. par voie intraveineuse peau souillée par des vêtements
Les cas d’hépatite aiguë D et E sont rares. a) Partage de seringues: sales provenant d’une autre personne
Dans la population globale, le taux d’in- L’utilisation de la même seringue par plu- ou aide à l’injection pratiquée par
fection par le HBV et le HCV se situe sieurs personnes a certes diminué en une personne infectée – de simples
entre 0,4 et 1%. Suisse, du fait que les seringues stériles petites griffures ou frottements ef-
sont devenues plus accessibles. Cepen- fectués par une personne contami-
Groupes particulièrement dant, diverses enquêtes montrent qu’il née suffisent en effet à transmettre
exposés aux risques arrive aujourd’hui encore qu’il y ait occa- l’infection.
Les groupes suivants sont particulièrement
exposés à un risque de contamination:
le personnel médical, les intervenants en Comment peut-on contracter une hépatite virale?
toxicomanie (contact avec le sang ou les
sécrétions corporelles), les personnes
changeant fréquemment de partenaire  prouvée  prouvée, mais rare  supposée
sexuel, les homosexuels ainsi que les per- Formes d’hépatite
sonnes vivant en ménage commun avec Causes d’infection A B C
des porteurs du virus HBV. Les voyageurs
qui se rendent dans des régions où l’hé- Alimentation/eau 
patite est très répandue, les patients Membre de la famille infecté   
subissant des dialyses et les hémophiles
sont également menacés. Enfin, parmi les Blessure par une aiguille infectée  
groupes courant le plus grand risque Consommation de drogue par voie intraveineuse   
d’infection par le HBV et le HCV, il faut
compter les personnes qui s’injectent Transfusion de sang/de plasma   
de la drogue par voie intraveineuse. Epuration sanguine  

Les hépatites chez les usagers Contacts oraux   


de drogues Contacts sexuels   
Plus de 50% sont infectés Contacts sexuels oraux/anaux   
L’hépatite B et C est aujourd’hui largement
répandue parmi les consommateurs de Transmission de la mère à l’accouchement  
drogues. Alors que les nouvelles infec- Tatouages, piercing (aiguilles infectées)  
tions par le VIH ont diminué chez les per-
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hépatite et consommation de drogues
IV Partage éventuel du produit dilué vices d’accueil et les locaux d’injection.
Transmission par des seringues non Recommandations de la Des cours de «safer use» devraient être
stériles; causes possibles: les se- Confédération: vaccination proposés aux usagers de drogues.
ringues utilisées sont exclusivement contre l’hépatite B
réservées à l’usage personnel, mais • Recommandations à l’adresse
elles sont utilisées plusieurs fois; lors Pour endiguer les infections par le des responsables politiques
du partage du liquide, celui-ci est virus de l’hépatite B, la Commission Les responsables politiques doivent
aspiré dans une seringue usagée pour suisse pour les vaccinations et prendre conscience de l’importance
être transvasé ensuite dans les autres l’Office fédéral de la santé publique d’une injection hygiénique et «sûre» pour
seringues; le contenu d’une seringue (OFSP) recommandent de vacciner la réduction des infections par les virus
stérile est injecté à deux personnes au tous les adolescents de 11 à 15 ans. de l’hépatite chez les consommateurs de
moyen de deux aiguilles stériles; étant Cette mesure doit être complétée drogues. Ils doivent encourager l’applica-
donné que pour trouver la veine on par la vaccination des nouveau-nés tion de mesures qui favorisent un usage
aspire un peu de sang, la deuxième dont la mère est infectée par le virus de drogue permettant de réduire les
injection n’est plus stérile, en dépit HBV et celle des personnes apparte- risques (par exemple locaux d’injection,
du changement d’aiguille nant à des groupes à risques. Les usa- services d’aide proches de la scène de
gers de drogues sont également un la drogue).
V Filtres groupe ayant des comportements à De manière générale: aucune restriction
Transmission par un filtre souillé; risques et devraient eux aussi se faire s’agissant de la remise de matériel d’in-
causes possibles: le filtre est sali par vacciner, en raison du grave danger jection stérile et pas de confiscation de
des mains souillées de sang ou par de contagion qu’ils encourent. ce matériel par la police!
de la drogue infectée par des virus
de l’hépatite (par la cuillère ou par le En dépit des possibilités
procédé de partage) de traitement limitées,
comportement à adopter (précautions
VI Après le retrait de l’aiguille lors de l’injection de drogue et lors de il est important de signaler que:
Transmission par des doigts souillés relations sexuelles, etc.), il est important Dès l’apparition des symptômes (= phase
et des pansements non stériles; de prendre d’autres mesures préventives aiguë de la maladie), la personne atteinte
causes possibles: le point d’injection au niveau institutionnel: devrait suivre un traitement médical.
est comprimé avec les doigts, sans Autres recommandations utiles: pas de
utiliser de pansement stérile • Recommandations consommation d’alcool comme princi-
à l’adresse des services d’accueil pale mesure, beaucoup de repos, dimi-
L’information sur l’hépatite doit être ren- nution du stress, alimentation saine et
Important: On croit souvent à tort forcée auprès des usagers de drogue régulière, éventuellement pauvre en
que le fait de chauffer la drogue par voie intraveineuse. Il faut parvenir à graisses.
dans une cuillère placée au-dessus imposer la devise «1 shoot – 1 seringue». Le traitement de l’hépatite chronique
d’une flamme suffit à la stériliser. Il faut également abandonner l’utilisation n’a qu’une efficacité limitée. L’interféron,
Mais ce procédé ne permet pas de répétée d’une même seringue pour un médicament utilisé fréquemment
chauffer suffisamment la drogue pour l’usage personnel, même lorsqu’il n’y a dans le traitement, n’est pas un remède
désactiver les virus de l’hépatite. pas partage. Il faut insister sur le fait qu’il miracle, mais il ralentit l’évolution vers
est absolument EXCLU de partager une une cirrhose du foie lors d’infections par
seringue. le HCV.
Il faut faire clairement comprendre l’im- Le taux de réussite d’un traitement à l’in-
Mesures préventives portance des mesures d’hygiène en gé- terféron se situe entre 25 et 40% (infec-
au niveau institutionnel néral et de l’hygiène à respecter lors des tion par le HCV). Très souvent l’infection
En plus des moyens décrits ci-dessus injections en particulier. Des expériences réapparaît lorsque l’on cesse de prendre
pour prévenir l’infection par les virus de montrent qu’il est possible d’élever rapi- le médicament. Un traitement à l’inter-
l’hépatite grâce à certaines règles de dement le niveau d’hygiène dans les ser- féron est généralement accompagné
d’effets secondaires (symptômes ressem-
blant à la grippe, fièvre, mais aussi états
dépressifs).

Des Infodrogues sur d’autres thèmes


sont également disponibles:
«Cannabis», «Ecstasy», «Hallucino-
gènes», «Alcool et santé», entre autres.

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de l’alcoolisme et autres toxicomanies
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Pas de remède miracle: l’interféron ralentit, chez 25 à 40% des patient(e)s traité(e)s http://www.sfa-ispa.ch
pour une hépatite C, l’évolution vers une cirrhose du foie. (Photo: ak)

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