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Les ambitions contrariées de l’Arabie saoudite sur la scène mondiale du football

Football. Arabie saoudite. Publié le 12 mars 2024.

Reportage : Les autorités saoudiennes dépensent sans compter pour attirer des joueurs de
renom. Les femmes elles-mêmes bénéficient peu à peu de cette évolution. Mais les doutes
commencent à poindre (apparaître) sur la pérennité (continuité) du système mis en place, jugé
trop artificiel.

Un vent piquant enveloppe la nuit de Riyad en cette dernière soirée de février. Une fraîcheur
inhabituelle, mais pas de quoi dissuader les footballeuses d’Al-Bairaq (un club de football
d’Arabie Saoudite) de s’entraîner sur la pelouse synthétique d’une école privée, au nord-ouest
de la capitale saoudienne. Quatorze joueuses, des adolescentes comme des trentenaires, ont
loué l’équipement (compter plus de 100 euros les deux heures) pour cette ultime séance de
préparation avant un tournoi à Djedda, une ville d’Arabie saoudite, début mars. Chaudement
vêtues, en général avec un legging, collant moulant épais, sous le short, elles enchaînent des
parties de tennis-ballon et une opposition à sept contre sept, chasubles, des gilets, bleues
contre chasubles jaune fluo. A 22 heures, les moins pressées prennent le temps d’avaler un
café et une pâtisserie distribués par leurs deux entraîneurs. Tandis que le gardien du stade se
prépare à éteindre les projecteurs, Sarah Ben Saleem, 24 ans, finit de délacer ses chaussures à
crampons. La petite attaquante porte un short aux couleurs du Paris Saint-Germain. « Qui
n’aime pas cette équipe ? », lance l’étudiante en école de commerce dans un anglais parfait.

Elle a passé une partie de son enfance à New York, où elle s’intéressait au basket. Depuis un
an, le foot est sa passion. Jusqu’à une période récente, se souvient-elle, tous les parents
n’acceptaient pas que leurs filles pratiquent ce sport. Les siens, « pas trop stricts », ne l’ont pas
découragée, même si sa mère se demandait ce qu’allaient en penser le voisinage et les amis.
« Elle vient d’une génération où les femmes n’avaient même pas le droit d’enlever leur abaya
(long vêtement féminin qui couvre l’ensemble du corps à l’exception du visage et des mains). »
La jeune femme veut croire que « tout a changé » dans ce pays rigoriste(qui fait preuve de
rigueur, d’austérité), qui réprime homosexualité et relations hors mariage. « Nous pouvons
faire ce que nous voulons, comme les hommes, Dieu merci. L’Arabie saoudite a toujours été un
pays de football pour les hommes, mais maintenant, c’est aussi un pays de football pour les
femmes. » Avec quelques nuances.

En 2023, quand le Fonds public d’investissement souverain saoudien chargé de financer le


projet Vision 2030 du prince Mohammed Ben Salman (prince héritier et premier ministre
saoudien) pour préparer le royaume à l’après-pétrole, a décidé d’investir massivement dans le
sport, il s’est montré très généreux à l’endroit de quatre clubs de la Saudi Pro League (SPL),
l’élite footballistique locale. Ceux-ci ont dépensé des centaines de millions d’euros pour attirer
des stars internationales, beaucoup moins pour leurs sections féminines.

Question de timing, pense Sarah Ben Saleem, notre protagoniste. C’est une optimiste, elle
pronostique un football féminin « très fort d’ici à deux ans ». À voir. Pour l’heure, la majorité
des footballeuses de haut niveau, des professionnelles, ont le soutien de leur famille, mais
pour d’autres, l’affaire est plus compliquée : elles préfèrent taire à leurs parents cette passion
coupable et, par souci de discrétion, seul leur prénom apparaît alors au dos des maillots.
Jouons heureuses, jouons masquées.
A la sortie de l’entraînement, Lara El Jammal, 25 ans, ajuste le bandeau noir qui retenait sa
chevelure sur le terrain. Libanaise d’origine, cette dentiste tout juste diplômée a passé son
enfance aux Pays-Bas. Elle a aimé y jouer au foot. Arrivée à Riyad, la capitale d’Arabie saoudite,
voilà une dizaine d’années, elle a rejoint un circuit d’équipes féminines, des petits tournois
organisés sur des terrains loués pour l’occasion et fermés au regard du public. « Même les
parents ne pouvaient pas assister aux matchs. » Elle conserve le souvenir d’une époque de
« pionnières qui se battaient pour leurs rêves ».

« Révolution du football »

Depuis 2020, raconte la défenseuse centrale, les tournois féminins ont gagné en visibilité, les
réseaux sociaux s’en font l’écho. « Avec nos petites équipes, nous avons ouvert la voie à toutes
les filles qui se passionnaient pour le foot sans pouvoir y jouer. Je suis très fière d’avoir
participé à cette réussite, même si je ne suis pas Saoudienne ».

Al-Bairaq, le nom de son club, peut se traduire par « hisser le drapeau du pays ». « Le foot est
vu comme un moyen d’empowerment des femmes », décrypte KyraAngerer, une doctorante
allemande qui prépare, à Riyad, une thèse de sociologie sur la pratique du sport féminin en
Arabie saoudite. Une révolution en marche ? « Une évolution », corrige Lara El Jammal, avant
de s’éloigner au volant de son SUV noir(Sport Utility Vehicle, tout-terrain de loisir).

Une « révolution », c’est le vocable choisi par Sami Al-Jaber. Au Core Social Wellness, (centre
multisport) très chic centre de remise en forme du quartier des ambassades de Riyad, on lui
donne du « Captain Sami » : l’homme aux 7,3 millions d’abonnés sur X a été joueur, capitaine
puis entraîneur et brièvement président d’Al-Hilal, le club le plus populaire du pays. Ancien
capitaine de la sélection nationale, il a effectué un passage à Auxerre pour entraîner les
attaquants. « Le pays a une vision, j’appelle ça une révolution du football, insiste-t-il, à l’ombre
d’un cassier, un arbre tropical, dans le patio du centre de remise en forme. Ce qui s’est passé
l’été dernier [le recrutement des stars étrangères] était planifié depuis longtemps. Le message,
c’est de montrer que l’Arabie saoudite est heureuse d’accueillir des gens du monde entier. »

Sami Al-Jaber, 51 ans, s’enorgueillit d’avoir enrôlé à Al-Hilal un attaquant comme l’ex-
international français Bafétimbi Gomis. Si certains de ses compatriotes s’inquiètent des
conséquences de l’arrivée massive des étrangers (jusqu’à huit par équipe sur le terrain), lui n’a
aucun doute : le niveau des joueurs locaux ne pourra que s’améliorer au contact de
professionnels aguerris (robuste, résistant). À l’instar (à l’exemple, de la même façon) du
Portugais Cristiano Ronaldo, recruté à prix d’or par Al-Nassral, club de football de Riyad, il
considère que la SPL, Championnat d’Arabie saoudite de football, Saudi Pro Leage, propose un
spectacle « plus intéressant que la Ligue 1 française ». À Voire. Mais la constellation de stars
n’y change rien, la SPL peine à séduire loin de l’Arabie saoudite : les audiences de la télévision
restent confidentielles sur les chaînes qui ont acquis les droits de diffusion, comme Canal+ en
France.

Partout en Europe, en Afrique ou en Amérique du Sud, des footballeurs se renseignent. «


Regardez où est l’argent », glisse abruptement Jorge Jesus, l’entraîneur portugais d’Al-Hilal,
club de football de Riyad. Pour Yvan Le Mée, l’agent français d’un pensionnaire, d’un joueur,
de la SPL, « ces joueurs veulent se mettre à l’abri financièrement, rien de mal à ça ». Si aucun
chiffre fiable ne circule, il est généralement question de salaires trois à quatre fois plus élevés
qu’en Europe.

Business peu transparent


Le marché saoudien est réputé compliqué ? « Oui, comme tant d’autres », admet M. Le Mée,
un agent de grands joueur, quand d’autres acteurs de ce business peu transparent décrivent,
sous le couvert de l’anonymat, un univers truffé d’intermédiaires, « un concept complètement
corrompu », « des organigrammes de clubs pas très clairs » et « des joueurs imposés [par le
fonds souverain saoudien] à des clubs qui n’en voulaient pas forcément »…

« C’est stupide ! Comme le projet de développement du foot en Chine était stupide », fulmine
l’agent d’un grand joueur, qui met en garde les professionnels intéressés : « Ça va se terminer
comme en Chine : quand l’orchestre s’arrêtera de jouer, vous ne serez plus payés. »

En attendant, le football est devenu affaire nationale. Au début de chaque match de


championnat, une banderole déployée au milieu du terrain rappelle la candidature du pays à
l’organisation du Mondial 2034. L’hymne saoudien résonne avant le coup d’envoi et la sono
diffuse parfois des prières. Dans les grandes villes, les clubs vont d’un stade à l’autre et, en
attendant la fin des travaux de rénovation du stade international du Roi-Fahd, à Riyad, ils
évoluent dans des enceintes modernes, accueillant environ 20 000 personnes, pas des
cathédrales climatisées comme celles du voisin qatari.

Et pendant les matchs auxquels Le Monde a assisté, à Riyad ou à Dammam, l’ambiance est au
rendez-vous : tribunes pleines, tifo, chants incessants des ultras et rythme des congas. Dans les
petites villes, l’engouement est plus fragile. Même à Djedda, chez les champions en titre d’Al-
Ittihad, le stade sonne souvent creux.

Depuis quelques semaines, un léger doute plane sur l’eldorado saoudien. Le Français Karim
Benzema, 36 ans, recrue vedette d’Al-Ittihad, est rentré de ses vacances de Noël avec une
quinzaine de jours de retard, comme si l’enthousiasme affiché dans les premiers temps s’était
estompé, annulé. Le Britannique Jordan Henderson, 33 ans, a cassé son contrat avec Al-Ettifaq
(Dammam), pour revenir jouer en Europe. Dans un entretien au quotidien madrilène AS,
l’international espagnol Aymeric Laporte, 29 ans, a reconnu que « beaucoup de joueurs
[étaie]nt mécontents » et dénoncé des dirigeants qui « prennent tout à la légère ».

Depuis, silence radio. Les stars étrangères s’arrêtent rarement en zone mixte, ce passage à la
sortie des vestiaires où ils peuvent croiser des journalistes. Lors des conférences de presse
d’après-match, réservées aux entraîneurs, seules sont autorisées les questions sur la
rencontre. Toute intervention portant sur autre chose sera modérée par le traducteur,
prévient le service de communication de la SPL.

Signes d’énervement

Même Cristiano Ronaldo, la star des stars, montre des signes d’énervement. En 2022,
l’attaquant portugais avait ouvert la brèche en signant un contrat record avec le club d’Al-
Nassr, à Riyad. Pour le remercier, la ville a ouvert un musée à sa gloire au Boulevard, un parc
d’attractions doublé d’un grand centre commercial. On peut y admirer des répliques de ses
innombrables trophées et réfléchir devant ses maximes favorites : « Restez forts. Soyez
courageux. Allez plus loin. » Des supporteurs du monde entier font le voyage en Arabie
saoudite pour le voir jouer une dernière fois. Fin février, il s’est pourtant laissé aller à un geste
obscène quand des supporteurs adverses l’ont chambré, se sont moqués, en scandant le nom
de son meilleur ennemi : « Messi, Messi. » Suspendu pour un match, il a laissé un grand vide
dans son équipe. Il vient d’avoir 39 ans. Que se passera-t-il quand il partira ?
Pour les supporteurs saoudiens, là n’est pas la question. Le star-système, les paillettes,
lamelles de métal brillant, et le regard envieux des pays voisins, tout cela est parfait… à
condition que cela profite à la sélection nationale. Former des joueurs locaux de haut niveau,
c’est le dessein, l’idée que l’on se forme, des grands clubs, mais aussi de la Mahd Academy,
l’académie des sports d’Arabie saoudite.

Posée à proximité du ministère des sports, à Riyad, cette institution privée reçoit chaque mois
des cohortes, des légions, d’apprentis footballeurs de 8 à 16 ans. Les meilleurs, environ 25 %
des candidats, rejoignent les groupes de leur classe d’âge, tous encadrés par des entraîneurs
européens. « Nous avons besoin de directives, mais, dans un futur proche, des Saoudiens
prendront leur place », prédit Abdulrahman Al-Aziz, 34 ans, le coach assistant qui fait visiter
des installations sportives dignes d’un grand club européen.

Préparer l’avenir, c’est aussi la mission dévolue à Nasser Larguet, directeur technique national
de la Fédération saoudienne depuis mai 2022. « Nous avons un challenge, un défi, rivaliser
avec les grandes équipes d’Europe, d’Amérique du Sud ou d’Afrique », explique le technicien
franco-marocain au petit bouc, barbe entourant la bouche, grisonnant, installé dans un
compound, un quartier protégé par un imposant service de sécurité. Côté entraîneurs, tout
reste à faire, pas un Saoudien ne coache une équipe de l’élite. Côté joueurs, il dispose d’un
vivier, un réservoir, de jeunes talentueux, « doués d’un rapport au ballon au-dessus de la
moyenne ».

Et pour les joueuses ? Nasser Larguet assure bénéficier d’un « énorme soutien des plus hautes
instances du pays » pour favoriser l’essor du foot féminin. Un premier pas vient d’être franchi :
l’équipe nationale des Faucons verts vient d’être admise dans le classement de la Fédération
internationale, tout en bas, à la 175e place.

Football : comment l’Arabie saoudite s’est façonné un championnat attractif en quelques mois

Baptiste Leduc Sport Football

En l’espace d’un été, le royaume s’est imposé comme un incontournable sur la carte du
football mondial. Passé l’effet de surprise et la curiosité, les questions sur l’équilibre et la
pérennité, continuité du championnat demeurent.

Le milieu du football se souviendra sans doute de l’été 2023. Vendredi 1er septembre à 23
heures, la plupart des marchés des transferts des grands championnats européens vont fermer
leurs portes après deux mois de ventes, d’achats, de prêts et parfois de feuilletons aux
scénarios invraisemblables. Parmi eux, celui de l’Arabie saoudite, qui a donné à ce mercato des
airs de cambriolage. La Roshn Saudi League (RSL), nouvelle vitrine du soft power du royaume, a
montré un appétit sans limite et, à quelques exceptions près, les sirènes du désert ont paru
irrésistibles.

Comment les clubs saoudiens ont-ils financé une telle razzia(attaque de pillards) ?

La réponse à cette question tient en trois lettres : PIF, pour Public Investment Fund (Fonds
public d’investissement). Cette manne (Nourriture miraculeuse envoyée aux hébreux dans le
désert après d’être chassés d’Égypte) d’argent est estimée à plus de 700 milliards d’euros par
l’institut Global Sovereign Wealth Funds. Il est le réservoir qui permet au prince héritier,
Mohammed Ben Salman, de mener à bien le projet « Vision 2030 », grand plan de
diversification économique et d’amélioration de l’image du pays dans le monde alors que le
royaume est régulièrement pointé du doigt sur les questions des droits humains.
C’est à partir de ce même fonds souverain que l’Arabie saoudite a racheté le club anglais de
Newcastle, à l’automne 2021. Au début du mois de juin 2023, le PIF (Fond Public
d’investissement) a réalisé une autre acquisition d’ampleur qui fut le point de départ de ce
mercato historique : l’achat de 75 % des parts de quatre clubs de première division
saoudienne. Alors transformées en sociétés dotées de moyens quasiment illimités, ces quatre
locomotives se sont lancées dans la construction de leur effectif à vitesse grand V en signant
plus d’une vingtaine de joueurs évoluant jusqu’ici en Europe.

Quels sont les quatre clubs qui ont animé le mercato ?

Deux de ces heureux élus sont basés à Riyad : l’Al-Nassr, où évolue depuis le début de l’année
Cristiano Ronaldo, et Al-Hilal, nouveau foyer de Neymar. Les deux autres sont issus de Djedda,
ville côtière située près de La Mecque : Al-Ittihad, terre d’accueil du Ballon d’or 2022 Karim
Benzema, et Al-Ahli, qui s’est offert, entre autres, le Brésilien Roberto Firmino et l’Algérien
Riyad Mahrez.

Clubs historiques du pays, ces quatre écuries se sont attribué 39 des 48 titres de champion
distribués depuis la création du championnat national, en 1974. Difficile d’imaginer que
l’hégémonie prenne fin cette saison au vu du luxueux recrutement opéré : Sadio Mané,
deuxième du dernier Ballon d’or, a rejoint Cristiano Ronaldo à Al-Nassr. Le français N’Golo
Kanté (Al-Ittihad) et l’ex-capitaine ivoirien du RC Lens Seko Fofana (Al-Nassr) sont aussi venus
grossir les rangs de ces escouades(commandos).

Avec la fin du mercato européen, les départs vont-ils cesser ?

Si la fin du marché des transferts dans les grands championnats du Vieux Continent signifie que
les écuries européennes ne peuvent plus acheter, elles peuvent toujours vendre car tous les
championnats ne clôturent pas leur mercato en même temps. L’Arabie saoudite a choisi de
jouer les prolongations et autorise ses clubs à poursuivre leurs emplettes (achats) jusqu’au 20
septembre.

Inquiet à l’idée de voir un joueur partir sans pouvoir le remplacer, Jürgen Klopp, l’entraîneur
allemand de Liverpool, estimait début août que ce décalage était « la pire des choses » et
exhortait, encourageait, les instances européennes et internationales à « trouver des
solutions».

Pour autant, il n’est pas dit que les armadas saoudiennes enregistrent d’autres renforts d’ici au
20 septembre. Le règlement du championnat leur impose une limite de huit joueurs étrangers
par équipe et la plupart l’ont déjà atteinte, en particulier les quatre clubs acquis par le PIF, le
fond public d’investissement saoudien. Ryad Boudebouz, ancien pensionnaire de Ligue 1
(Montpellier, Saint-Etienne), est par exemple poussé vers la sortie pour faire place aux joueurs
fraîchement arrivés. A moins de vendre, les ardeurs saoudiennes devront être réfrénées.

Quelle valeur et quel avenir pour le championnat saoudien ?

Une avalanche de stars suffit-elle pour rendre un championnat compétitif ? Même si l’exode
vers l’Arabie saoudite semble revêtir une ampleur et une rapidité inédites, le football
international ne manque pas de recul sur la question. Thomas Tuchel, ancien entraîneur du
PSG, aujourd’hui sur le banc du Bayern Munich, y voit d’ailleurs la même « ruée vers l’or qu’en
Chine quand elle avait lancé sa Ligue ».
Dans les années 2010, la Chinese Super League, dans sa tentative de devenir le nouvel
eldorado, avait mis le grappin, s’empara, sur les Brésiliens Hulk et Oscar ou même la légende
ivoirienne Didier Drogba. Le tout pour un résultat peu brillant. Sans résultats sportifs probants
sur le plan continental et incapables de tenir de tels niveaux d’investissements sur le long
terme, plusieurs clubs, dont le plus célèbre d’entre eux, le Guangzhou Evergrande de Canton,
sont peu à peu tombés dans l’oubli.

La RSL, le championnat de football saoudien, va-t-elle au-devant du même destin ? Trois


éléments, au moins, laissent penser que l’histoire a des chances d’être différente. D’abord, la
volonté étatique de mettre le football saoudien au cœur du rayonnement du pays. A terme, le
Royaume souhaiterait imiter son voisin qatari et accueillir une Coupe du monde, peut-être en
2034.

Ensuite, le championnat saoudien – à l’inverse de celui du Qatar ou de la Chine en leurs temps


– ne bâtit pas à partir de rien et était déjà une référence du football sur son continent. Al-Hilal
de Riyad, est par exemple le club le plus titré en Ligue des champions asiatiques avec quatre
sacres, dont le dernier a été remporté en 2021.

Enfin, parce que l’Arabie saoudite ne semble pas construire un championnat pour
«préretraités ». Cet été, la moyenne d’âge des joueurs recrutés par les quatre clubs soutenus
par le PIF en provenance des championnats européens est de 29 ans, le pic d’une carrière pour
un footballeur. Un chiffre qui tord le cou aux idées reçues et donne de sérieux arguments aux
ambitions mondiales du football saoudien.

L’Arabie saoudite a en tout cas déjà réussi là où la Chine, les Etats-Unis et les autres
championnats extra-européens ont échoué : la diffusion. En France, Canal+ proposera trois
rencontres, par journée, pour les deux prochaines saisons. Le site de streaming DAZN s’en
chargera pour l’Angleterre, l’Allemagne et l’Autriche. De quoi imposer un peu plus la RSL
(Roshn (prénom d’origine persane signifian lumière, brillant) Saudi League)comme un
championnat qui compte en Europe.

Baptiste Leduc

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