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La belgitude – Troisième phase de la littérature

La Belgitude
C'est un concept calqué sur la négritude : assumer les côtés négatifs, les clichés et les accidents de l'histoire,
les revendiquer. La Belgitude : assumer l'accent, l'absence d'histoire et de culture, les clichés Baraki,
l'infériorité intériorisée...

1. C'est arrivé près de chez vous (Benoît Poelvoorde, Rémuy Belvaux, 1992)

Le cinéma belge
Les réalisateurs belges sont connus, entre autres, pour leurs fortes propensions à l’expérimentation. Ils ont
souvent la tendance à travailler avec des sujets et des représentations qui, à première vue, semblent étranges
et inhabituels pour le spectateur. Entre toutes les tendances expérimentales, le film belge se caractérise
avant tout par ses compositions bizarres, étranges, mais aussi par son humour comique. En principe, la
culture cinématographique belge peut être divisée en deux genres différents, selon le style des réalisateurs
belges les plus connus. Par conséquent, il existe la catégorie du drame social classique avec les films des
frères Dardenne d’un côté, et la comédie noire de l’autre côté, et ses représentants cultes Jaco van
Dormael et Benoît Poelvoorde.
Par rapport à la situation socio-politique, on peut constater que la scène cinématographique belge peut aussi
être identifiée comme ‹ le cinéma des marginaux ›. En raison du conflit entre les Flamands et les Wallons,
non seulement la Belgique, mais aussi sa culture cinématographique sont empreintes d’un sentiment diffus
de non-appartenance, présenté au spectateur de manière humoristique. A la base de ces films se trouvent
souvent des protagonistes marginaux qui doivent faire face à exactement ce sentiment de non-appartenance
et aux crises d’identité qui y sont associées. En plus, les tensions entre les Flamands et les Wallons sont
considérées par quelques critiques comme l’origine d’une narration cinématographique plutôt agressive, qui
s’étend souvent sur la description fictive d’un monde brisé et malade.
Le cinéma belge pourrait donner un exemple à ceux qui veulent s’évader dans des mondes de rêve irréels
ou regarder une série de représentations cyniques au cinéma, car la surréalité et le nihilisme sont des autres
traits caractéristiques présents dans la scène cinématographique belge. Les films se déroulent souvent dans
un monde délibérément irréaliste, ou voire surréaliste, dans lequel le spectateur se retrouve face à des
scènes intérieures oniriques, à travers des stimuli visuels significatifs. En ce qui concerne le nihilisme et
l’humour noir, le film culte « C’est arrivé près de chez vous » peut être considéré comme un exemple
révélateur pour ce genre, qui assimile la mélancolie belge typique à travers le cynisme.
Le film « C’est arrivé près de chez vous », réalisé par Benoît Poelvoorde, Rémy Belvaux et André Bonzel
sous la forme d’une comédie satirique, a atteint un statut culte international après sa sortie au début des
années 1990. L’idée générale d’un protagoniste dont la profession est celle d’un meurtrier en série, ainsi
que l’équipe de tournage étudiante qui enregistrent les actes meurtriers, est tellement absurde et irréaliste,
que cet arrangement est déjà une comédie en soi. D’une part, le meurtrier en série, Ben, tue des enfants et
viole une femme avec le soutien de son équipe de tournage, d’autre part, il utilise son charme, parle de tout
et de rien et cite des poèmes. Les meurtres sont présentés comme des exécutions complètement ordinaires
et acceptées, qui ne sont explicitement remises en question par personne à aucun moment, même si sa
profession suscite une aversion subliminale chez sa famille. Ce film controversé et provocant offre au
spectateur un spectacle d’une brutalité implacable dès le début, qui s’inscrit presque parfaitement dans la
catégorie du film typiquement belge, grâce à son idée générale grotesque et aliénante d’un meurtrier en
série sans pitié, remplie de nombreuses remarques cyniques et d’humour noir.

C’est arrivé près de chez vous : une satire provocante sous forme de documentaire
« C’est arrivé près de chez vous » suit un mode de narration, de contenu ainsi que de style qui est insolite.
La dissonance entre les actions, la représentation et le style est liée à ce que l’auditoire attend ce film : à
cause de ses scènes de thriller violentes, le spectateur catégorise ce film probablement comme un drame,
partagé entre le ton neutre de documentaire, et un ton humoristique. C'est d'ailleurs aussi ce qui choque : ce
contraste entre le côté documentaire et réaliste et le côté irréellement violent et comique : comme un
documentaire parodique.
L’absurde de ce genre se montre déjà par le sujet du film : une équipe d’apprentis réalisateurs accompagne
un tueur en série semi-professionnel. Les conséquences stylistiques sont liées à un manque de
professionnalisme et donc le film est en noir et blanc, des interférences dans la qualité d’image et d’audio
ou des séquences peu importantes pour l’intrigue soutiennent en outre la mise en scène de l’histoire
absurde. À travers ce moyen de l’absence d’une stylistique moralement conforme et ainsi cette
reproduction « brute », la représentation explicite des scènes violentes crée un effet chez le spectateur.
Cet effet et aussi dérangeant : en effet, le spectateur a d'abord une attitude empathique voire sympathique
envers Benoît, amicalement appelé Ben par l’équipe de tournage, personnage qui nous fait rire par son
naturel, sa verve et son humour. Ce lien, cette intimité avec le personnage devient dérangeant quand la
brutalité du personnage devient intolérable : un point de revirement qui remplace la tolérance de brutalité
par la terreur après avoir pris du plaisir à observer de la violence jusqu’à ce moment-là. Et le spectateur se
pose alors une question culpabilisante : comment ai-je pu rire avant cela ?
Pour pousser le spectateur à s'attacher au personnage et à culpabiliser de cet attachement, le film utilise
l'équipe de tournage. Les membres de l'équipe de tournage partage le même regard que nous, nous voyons
ce qu'ils voient, ce qu'ils filment : au début du film, nous « sommes » avec eux, on s'assimile, on s'identifie
à eux. Or, s'ils sont passifs au début, petit à petit ils deviennent actifs, tueurs, violeurs. Notre identification
devient alors culpabilisante et responsable.

Une identité belge ?


Le motif d’identité dans les films est principalement créé par des personnages qui sont émotionnellement
attrayants pour les spectateurs, ainsi que par des actions morales. Afin d’éveiller des sentiments identitaires,
on crée certaines caractéristiques de groupe, qui sont montrées dans les films. Il peut s’agir par exemple de
l’identité nationale, culturelle, sexuelle ou religieuse. Lorsque le thème d’identité est abordé, des schémas
récurrents apparaissent généralement. Il s’agit, d’une part, de quitter un ancien groupe et de s’intégrer dans
un nouveau. Les films sur le passage à l’âge adulte, par exemple, montrent classiquement l’émancipation
du personnage principale de la famille conservatrice et l’entrée dans un cercle d’amis progressiste, ainsi que
le processus de « maturation » qui l’accompagne.
Le sociologue Carsten Heinze souligne les possibilités offertes par le film documentaire pour présenter le
sujet de l’identité plus efficacement que, par exemple, les longs métrages. Le contenu véridique des
documentaires crée un lien plus fort avec la réalité. Il note ici que les films documentaires traitent souvent
de l’identité culturelle.
Dans C’est arrivé près de chez vous, des allusions culturelles à l’identité belge sont également faites, par
exemple lorsque Ben invite l’équipe de tournage à manger des moules. De plus, le film se déroule à
Bruxelles, et le style de tournage documentaire peut permettre à l’auditoire de se faire une idée de la ville
de Bruxelles au début des années 90. D’autres caractéristiques qui pourraient conférer une identité
nationale ou belge au film sont moins apparentes. Néanmoins, la caractérisation du personnage principal
peut soulever des questions générales sur l’identité et la conscience de soi dans le style du film American
Psycho de Mary Harron de l’année 2000 et dans quelle mesure la société peut produire des identités tant
perverties et déchirées.
Marie F. Kersting, Lukas Richter et Valeria Schwandt
C'est arrivé près de chez vous - BelgienNet - Das
Informationsportal über Belgien
◦ Quels sont les deux grands genres du cinéma belge ?
◦ Donne quatre grandes caractéristiques du cinéma belge ?
◦ Six mots résumant la description faite ici du film « C'est arrivé près de vhez vous ».
◦ Comment expliquer le malaise que ce film provoque chez les spectateurs ?
◦ Rédige un court texte, organisé, avec les réponses aux questions
• Accent belge prononcé :les personnages ont tous un accent liégeois, namurois ou bruxellois.
• Autodérision : les personnages sont des clichés ambulants. Le film se moque de tout (des Bourgeois,
des piliers de comptoirs, des prostituées, des artistes) avec une « morale » subversive : qui que tu
sois, tu es tué à la fin.
• Humour noir : les artistes belges vont aussi loin qu'ils se permettent en acceptant de subir les propos
du même ton. Ici, le film va très loin : meurtre d'un enfant, viol en groupe et en chantant, etc.
Comme si l'humour permettait d'aborder tous les thèmes.
• baraki et clichés : bières, moules, cas sociaux, pathétique. Le Belge est raillé, mais il apparaît aussi
comme amusant, fêtard, incontrôlable.
• Originalité formelle : noir et blanc, faux reportage (les films belges à peu de budget doivent être
originaux formellement pour sortir du lot)

2. Mon ket (François Damiens, 2016)


• La langue et l'accent des personnages en font des personnages belges, populaires.
• On retrouve le côté baraki et les clichés belges habituels
• L'originalité de la forme (la caméra cachée comme unique forme d'actoring).

3. Angèle, Bruxelles je t'aime, 2021


On n'a pas les tours de New York
On n'a pas de lumière du jour, 6 mois dans l'année
On n'a pas Beaubourg ni la Seine
On n'est pas la ville de l'amour, mais bon vous voyez
Et sûrement que dès ce soir le ciel couvrira une tempête
Mais après l'orage avec des bières, les gens feront la fête
Bruxelles je t'aime, Bruxelles je t'aime, Tu m'avais manqué
Bruxelles je t'aime, Bruxelles je t'aime, T'es ma préférée
Bruxelles je t'aime, Bruxelles je t'aime ,Tu m'avais manqué
T'es la plus belle, oui t'es la plus belle
Paris m'appelle quand je veux rentrer chez moi
Quand le ciel gris et la pluie me manquent, je vais mieux quand je te
vois
Les villes sont belles mais moi je ne pense qu'à toi
Quand mon pays et ma ville me manquent, moi je ne t'oublie pas
On n'a pas la plus longue de toutes les histoires
On le sait on n'a pas toujours gagné
Et d'habitude, j'ai l'attitude, même si c'est dur, de garder espoir
Quand on n'est pas les premiers
Les Marolles, Flagey, Saint-Gilles, Laeken à qui je dois mon nom
Bruxelles je t'aime, Bruxelles je t'aime [...]
Paris m'appelle quand je veux rentrer chez moi [...]
Et si un jour elle se sépare et qu'on ait à choisir un camp
Ce serait le pire des cauchemars, tout ça pour une histoire de langue
J'ai vécu mes plus belles histoires en français et en flamand
Laat mij het zeggen in het Vlaams, dank u Brussel voor mijn naam
Bruxelles je t'aime, Bruxelles je t'aime

4. Jacques Brel, Le Plat Pays


Avec la mer du Nord Décrochent les nuages Avec le vent du nord
Pour dernier terrain vague Avec le fil des jours Écoutez-le craquer
Et des vagues de dunes Pour unique voyage Le plat pays
Pour arrêter les vagues Et des chemins de pluie Qui est le mien
Et de vagues rochers Pour unique bonsoir
Que les marées dépassent Avec le vent d'ouest Avec de l'Italie
Et qui ont à jamais le cœur Écoutez-le vouloir Qui descendrait l'Escaut
À marée basse Le plat pays Avec Frida la Blonde
Avec infiniment de brumes à venir Qui est le mienAvec un ciel si bas Quand elle devient Margot
Avec le vent de l'est Qu'un canal s'est perdu Quand les fils de novembre
Écoutez-le tenir Avec un ciel si bas Nous reviennent en mai
Le plat pays Qu'il fait l'humilité Quand la plaine est fumante
Qui est le mien Avec un ciel si gris Et tremble sous juillet
Avec des cathédrales Qu'un canal s'est pendu Quand le vent est au rire
Pour uniques montagnes Avec un ciel si gris Quand le vent est au blé
Et de noirs clochers Qu'il faut lui pardonner Quand le vent est au sud
Comme mâts de cocagne Avec le vent du nord Écoutez-le chanter
Où des diables en pierre Qui vient s'écarteler Le plat pays
Qui est le mien

5. Liège, Liège, Le Dé Markson

Appelle-moi Le Dé, le liégeois [...]


Dans cette ville ou les toxs et les putes ne se couchent pas [...]
J’ai peur, sur les ponts y a trop de vent, Sur les places, y a trop de gens, Sur les trottoirs, y a trop de sang,
Dans ma tête y a trop de plans [...]
Année après année, je me débrouille tout seul, Un peu jeune mais attiré par les sous-sols, Et quand la ville est
calme, il paraît que les caves sont folles, Il paraît que les boissons volent, Il paraît que les gens sont barrés,
tarés, starés, dans le Carré [...]
Je redécouvre ma ville avec de l’alcool fort [...]

Ça vient de ma rue, d'mon quartier, d'ma putain de ville, Liège 4000, putain de vie, Ça vient de ma rue,
d'mon quartier, d'ma putain de ville, On rêve tous de se barrer, mais on reste ici [...]

Mon corps est Boulevard de la Sauvenière, Mais mon esprit au Tadjikistan


Et c’est crispant, Je veux me casser fissa mais cette ville exerce sur moi un effet puissant
M’enlisant, fasciné par ses lumières luisantes, Essayant d’éviter l’échec cuisant
100% liégeois depuis la garderie, Mais comprends moi si parfois, j’en ai marre d’y vivre
Car c’est plus à ses habitants que je m’identifie Entre petits, c’est en s’unissant qu’on se grandifie
Et je déteste le genre de liégeois arrogant, Qui en agissant de la sorte ternit la splendeur de ma cité ardente
Car c’est au peuple qu’elle doit sa réputation, Chez nous la soirée bat son plein
Quand t’es en pleine phase de sudation

Difficile de prendre du recul, Quand t’as vécu 20 ans dans une cuvette, Et que même à l’intérieur de toi ça
brûle, Prend un peket flambé, prend une pita mal cuite, L’esprit belge mes couilles, l’esprit de Liège
m’habite, Mais je m’acclimate mal [...]
Ici tous les chômeurs ont des goûts de luxe, Si t’as pas une bonne anecdote, on t’écoute plus
Passe la soirée dans un café à faire le russe, Chez nous, on écoute celui qui cusse le plus
Bientôt 2 euros le bus, Je vois ma mère faire les courses à patte, Pendant que la TEC s’amuse
J’éclaterais bien deux trois teilles, Sur la tête de quelques fils de pute
Mais comme le fait ma ville, Parfois dans mes textes j’abuse

[Outro]
Demande à Willy Demande à Willy Demande à Willy, c’est la merde parfois ici!

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