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DECOUVERTE CAP-VERT ‘hs bm ls <= > LOIN DES YEUX DU MONDE ie iles du Cap-Vert... Rencontre entre le Nord et le Sud, contrastes entre la noirceur des laves de Fogo et la luxuriance de S. Antio, les dunes de Boa Vista et les reliefs déchiquetés de S. Nicolau... Cet archipel, oublié par les pluies et balayé par les vents, exerce une ECR user ena a urcee a oes portugais et des esclaves capturés sur les cOtes africaines sont issus un peuple et une culture uniques, au carrefour de multiples influences. Au eT Seem Cae OCLC eee 1) ARO LL L ced péenne et on porte les enfants dans le dos comme en Afrique. faa Hm nee) Ce eee ia ec nee Mee cierto el cibg navigateurs d'hier ou d'aujourd'hui. Christophe Colomb y a fait escale UC CLIC CCM CM VME TET MTN Coe Coes [a(t hia Cea on canis aeoae Ce nc OR nse nace a Ice saut vers les Amériques. TTT eC Tene oleae IO Age MO Lie Tse ae came Laat (o) Cran reer ae ete caterer ie ae aatrentg les meilleures adresses, de sélectionner les plages les plus abritées... ou les plus exposées au vent pour le surf! De nombreux cartes et plans inédits, ainsi que des renseignements pratiques de premigre main com- caesar Les auteurs de cet ouvrage, diplémés respectivement en communi- Ce N ele e um oC Comes te Oe M ICE Cm) NAC at et ont fait de I'archipel leur second port d'attache. EDITIONS OLIZANE - GENEVE ISBN 978-2-88086-394-4 CAP-VERT GUIDES OLIZANE / DECOUVERTE Bhoutan Burkina Faso. Chine Ethiopie Inde du Sud Iran Liban Libye Madagascar Malaisie Mali Mongolie Ouzbékistan Route de la Soie Seychelles GUIDES OLIZANE / AVENTURE Ladakh-Zanskar Rajasthan Tibet GUIDES OLIZANE / MARITIME Caraibes GUIDES OLIZANE Guide médical des espaces sauvages Angkor, cité khmére Luang Prabang, cité royale du Laos Saint-Pétersbourg ou l’enlevement d'Europe CAP-VERT SABRINA REQUEDAZ LAURENT DELUCCHI GUIDE OLIZANE / DECOUVERTE 4. LES AUTEURS Sabrina REQUEDAZ est diplomée du CELSA (Sorbonne) en Communication et Information. Elle a découvert le Cap-Vert en 1991 et a été irtésistiblement attirée par ce petit pays longtemps oublié du monde. Elle en a sillonné toutes les iles et a rédigé un mémoire sur Vinfluence de la francophonie au Cap-Vert, tout en travaillant sur des projets culturels destinés 3 faire découvrir la culture originale de Varchipel. Elle posséle désormais la nationalité capverdienne et partage son temps entre le Cap-Vert et la France. (Contact: sabrinarequedaz@ yahoo. fr) Laurent DELUCCHI est hydrogéologue, dipldmé de Géologie de Nancy. Passionné de photo, ses voyages l'ont conduit dans le monde entier. Son premier contact avec I’Afrique au début des années 80 modifiera définitivement son parcours. Depuis, il se consacre a des projets de recherche d’eau dans les pays en voie de développement Arrivé au Cap-Vert en 1991, il a obtenu la nationalité capverdienne et a fait de Varchipel son second port d’attache. (Contact: laurent.delucchi@ yahoo. fr) Editions OLIZANE 11, rue des Vieux-Grenadiers, 1205 Genave - Suisse www.olizane.ch Les Editions Olizane bénéficient d'un soutien de la Ville de Genéve sous la forme d'une convention de subventionnement. © Editions Olizane $A 2011 pour la sixitme édition ISBN 978-2-88086-394.4 Toute reproduction, méme partielle, de cet ouvrage pour un usage autre que strictement privé, par tous moyens y compris la photacopie, est soumise a I’autorisation préalable de I’éditeur. Cartes et plans : Laurent Delucchi Photographies : Laurent Delucchi, sauf autre mention Phoiographies de la couverture: toutes les photos sont de Laurent Delucchi saufen haut a gauche: Annick Lepincon, et en bas au milieu: Jorge Barbosa Graphisme de la couverture : Jean-Claude Silvy Composition et mise en pages : Olizane, Geneve Photolithographie : Publi-action / |GARA Impression : Grafiche AZ, Italie TABLE DES MATIERES | Géographie a ‘Géologie al | wL'eau au Cap-Vert 18 Flore et faune 20 23 Desnnvents dee sia 23 W Le Traité de Tordesilhas 26 La lutte pour l’indépendance 28 W Les voyageurs célebres 29 ALLER AU CAP-VERT 67. Quand partir 67 La température 67 Comment partir 67 AGE aie a s internet i Visas DR Douane 92 A emporter 3B SEJOUR AU CAP-VERT 74 {eure locale qvonnnte: gi labre 30 inds c 3 Cuisine TS De l'indépendance a nos jours _32 Cuisin Le PAIGC 34 § Quelgues recettes 76 79 Langue 80 Médias Li iets 4 Poste et 1616 : L w Les timbres du Cap-Vert__ 82 Voltage 83 Les arts plastiques 46 83 MUSIQUE 47 WLatabanka 33 Les artistes capverdiens. 34 4 1A DECOUVERTE DES ILES 87 7e: a 5 ; LES ILES DE MONTAGNE _93, SANUISGO Comment y aller 98 Situation géographique 98 Se déplacer 101 Cidade Velha Lacoute du Nord 24 Assomada Cid‘ § Les Rabelados de Santiago 134 Lacéte est __136 § La colonie pénale 136 FOGO, VOLCAN DEVENU ILE 141 Comment y aller 142 Situation géographique 143 Histoire —____145 Se déplacer 147 Sio Filipe 147 Mosteiros —__'S g L’éruption d’avril 1995 Lazaro Luis, Atlas de 1563, estampa XII — Academia das Ciéncias de Lisboa (original: 432 x 613 mm) BRAVALA SAUVAGE 159 Comment y aller 160 Situation géographique 162 a 3 wi Les baleiniers 164 Se déplacer 165 Nova Sintra _165. m Eugénio de Paula Tavares 168 SAO NICOLAU, LILE RURALE 173 Comment y aller 175 Situation géographique 175 La galerie de Fajé 178 Se déplacer 181 mLe carnaval de @ Baltazar Lopes da Silva _185 Tarafal 8 he Setielie de Retour de la p@che au thon, Sdo Nicolay __189 _ Ribeira da Barca, ile de Santiago mw Les mariages de Sao Nic sy SANTO ANTAO. LES 1LES DE PLAGE, PLATES TERREDU GROGUE +199 ET SABIFUSES 223 Comment y aller 200 Situation géographique 202 SAL, LE VENT 225 Histoire 202 Comment y aller 227 m Gravures rupestres 204 Situation géographique 228 Se déplacer 207 Histoire 90 Porta Nova 207 Se déplacer 230 Ribeira Grande 210 Espargos 231 Pa) Santa Maria 233, Ponta do So) _213 @ Le grogue de Santo Antdo 220 BOA VISTA, L’ILE DES DUNES 243 Comment y aller 244 Situation géographique 245 Histoire __247. BLamorng 48 Se déplacer 251 SalRej 52. @ La céramique de Boa Visia 254 mw Les épaves de bateaux 260 MAIO LA DISCRETE __267 Comment y aller 267 Situation géographique 268 oe Se déplacer 271 272 Vila do Porto Inglés @ Panos de Algodao 277 SAO VICENTE, VILE DES ARTS 279 Comment y aller 280 Situation géographique 282 ae 2R3 Se déplacer 286 Mindelo ______286. «Force d'Amour» de J.-Y. Loude. LEXIQUE frangais-créole 306 — frangais-portugais 310 BIBLIOGRAPHIE 313, INDEX 3S CARTES. Situation générale 14 Lesclavage 24 Carte de l’archipel 86 lle de Santiago 96 Pra 0. Le Plateau, centre de Praia_106 lle de Fogo 143 Tle de Santa Luzia Le fort de Cidade Velha, ile de Santiago S 3 2. INTRODUCTION Loin des yeux du monde: les ies du Cap-Vert... Rencontre entre le Nord et le Sud, le blanc et le noir. Terre aride oublise par les pluies et balayée par les vents, perdue au milieu de V'immense océan. Du fait de sa situation géographique le Cap-Vert ne peut qu’étre oublié de tous. Il ne figure que rarement sur les cartes de I’Afrique et encore moins sur les cartes de l'Amérique du Sud. On le confond souvent avec le cap Vert du Séné- gal. Le climat sec et absence répétée de pluies rendent les paysages déser- tiques et done peu attirants... Mais alors pourquoi ce pays est-il aussi envoditant? Pourquoi exerce t-il une fascination que les mots n’arrivent pas a traduire, un attachement que l’on ne parvient pas A expliquer, une émotion qui vous bouleverse dés lors que vous envisage de le quitter? Le Cap-Vert fait naitre en vous des sentiments insoupconnés et en particu- lier cette «saudade» intraduisible en francais, sorte de nostalgie teintée de mélancolie, qui n’appartient qu’aux peuples de migrants obligés de quitter la terre aimée pour survivre. La force qui pousse & partir, c’est l’espoir du retour; celui qui n’est jamais parti ne connaitra jamais l'immense bonheur des retrou- vailles avec la terre et les étres chers. Comme nulle part ailleurs, les petits aéro- ports sont les théatres de ces déchirantes scénes de départ ou de retour, ces comédies et ces drames oii se joue l’histoire de la vie au milieu des larmes, des cris et des lamentations. Ce peuple né des migrations forcées de I’esclavage et foreé d’émigrer 4 son tour pour échapper a la famine, qui a décimé des milliers d’habitants au fil des sitcles, a vécu une histoire douloureuse qui continue de le poursuivre. Ici la famille est disloquée, les parents abandonnent par nécessité leurs enfants aux grands-parents pour aller gagner ailleurs les moyens de les faire subsister. Etrange pays qui posséde plus d’habitants & I’extérieur de ses frontidres qu’a V'intérieur, Cette diaspora contribue toujours a la survie de I'archipel grace a Vargent qu’elle envoie Le Cap-Vert ne se découvre done pas comme les autres pays. II faut y étre guidé afin d’en comprendre la subtilité et en décoder les signes. Pages précédente: Dans les vagues de Sal (© Régis Mortier Photography) INTRODUCTION =m 13 Du métissage des colons portugais et des esclaves capturés sur les cétes afri- caines sont nés un peuple et une culture uniques, une personnalité forte au carre- four de multiples influences. On y féte le Carnaval comme au Brésil, on s’y habille 4 européenne mais on porte les enfants dans le dos comme en Afrique. Terres de contrastes: la noirceur de Fogo et la luxuriance de S. Antao, les dunes de Boa Vista et les reliefs déchiquetés de S. Nicolau... Et puis le Cap-Vert c’est également le point de passage de nombreux explo- rateurs d’hier ou d’aujourd’hui. Christophe Colomb y a fait escale pendant son troisigme voyage qui allait lui permettre de découvrir le Brésil et, sur ses traces, presque cing cents ans plus tard, aventurier des temps modernes, Guy Delage accomplissait le méme exploit mais en ULM, puis récidivait a la nage. Qui se souvient encore des pionniers de I’ Aéropostale qui s*arrétaient & Praia avant le grand saut vers les Amériques? La base est encore 1a, abandon- née, mais l’ame de Mermoz réde toujours... Nous sommes attachés & ce tout petit pays qui a longtemps vécu replié sur lui- méme, et nous souhaitons vous le faire aimer. En racontant son histoire, bien entendu, mais également toutes ces petites anecdotes qui font que le Cap-Vert ne ressemble a aucun autre pays. Remerciements Cet ouvrage n’aurait pu voir le jour sans l'aide précieuse de Jacques Altherre, Joaio Nuno Alcada, Mireille et Philippe Grange, Candide Cardozo, Raja Litvinoff, Guillaume Courtin pour S. Nicolau, Jacques Chopin l'homme de Boa Vista, Roland Comte, Alain Hurtebize, Teresa Leyens pour Fogo, Nicolas Quint pour le lexique créole-portugais, Helder Reis pour Brava, Philippe Scheidecker et Marion Vissers pour S. Antio, Jean-Luc Tarasco et Magali Musso ainsi que Jérome Boggio-Pasqua pour Sal, Guirec Halflants, Georges Glod, Senhor Presi dente da Camara de Maio Manuel Ribeiro et les Archives nationales de Praia. Qu’ils soient tous ici chaleureusement remerciés. Ma gratitude va plus particuligrement & Anne Sophie Lepingon et Frangois Xavier Robert qui ont vécu A nos cétés la grande aventure de ce guide. OCEAN ATLANTIQUE Santo Antao CA. Sao Vicente <3 «Santa Luzia g ee — Sao Nicolau Boa Vista Santiago ) Maio Brava © CO —w/Praia Fogo LOIN DES YEUX DU MONDE: LES 1LES DU CAP-VERT Situation de Varchipel GEOGRAPHIE Situé dans l'océan Atlantique a est du Sénégal entre 14° 23° et 17°12" de lati- tude nord et 22°40" et 25° 22° de longitude ouest, le Cap-Vert, archipel de la Macaronésie — qui comprend les Agores, les Canaries, et Madre — est consti- tué de dix iles, dont neuf sont habitées et de quelques flots dont la superficie totale est de 4033 km?. Sa distance des cdtes du Sénégal varie selon les iles entre 570 et 880 km. Son nom proviendrait du cap Vert au Sénégal qui est la pointe africaine la plus proche de I’archipel Ce sont des les volcaniques au relief généralement accusé dont le point culminant est le volean de Fogo (2829 m), volcan toujours actif dont les derniéres éruptions datent de 1951 et 1995. Des secousses ont été ressenties sur Fogo et Brava en septembre 2000. Liarchipel se divise en deux groupes d’iles réparties sur deux axes suivant leur position face aux alizés: Les iles au vent (Barlavento) Santo Antio (779 km2), So Vicente (227 km?), Si Nicolau (343 km?), Santa Luzia (45 km2), Sal (216 km2), Boa Vista (620 km?) Les files sous le vent (Sotavento) Santiago (991 km2), Maio (269 km?2), Fogo (476 km2), Brava (67 km2), GEOLOGIE La formation du Cap-Vert s’est faite exclusivement par une succession Episodes volcaniques. L’Océan atlantique s’est ouvert il y a environ 200 mil- lions d’années. Entre 180 et 130 millions d’années, un premier segment de l’Atlantique proprement dit s’ouvre entre |’Espagne et la Sierra Leone, bien que I’ Amérique du Sud et I’ Afrique restent encore solidaires. De 130 & 85 mil- lions d’années I’ Atlantique médian continue a s‘ouvrir et ’ Amérique du Sud se sépare de I’ Afrique. Depuis cette époque, le mouvement de I’Europe vers le sud-est a entrainé des manifestations volcaniques dans la partie océanique au 16 m LES ILES DU CAP-VERT contact des plaques. La tectonique des plaques explique ainsi la naissance d’un océan. L’archipel du Cap-Vert résulte des épanchements volcaniques issus de failles plus ou moins cicatrisées aujourd'hui. Fogo est le seul volcan encore en activité dans |’archipel de par sa position occidentale relativement proche de la faille de la Vema (dont la prolongation pourrait aller jusqu’au Sénégal par le canyon sous-marin de Cayar et expliquer le volcanisme ancien de Dakar). Le schéma général peut se résumer 4 une succession de coulées, d’érosion, puis de remplissage des vallées par de nouvelles coulées qui ont donné cette structure emboitée qu’on appelle aussi vallée fossile Les ies présentent deux types géologiques bien distincts: d’une part A est les iles plates, qui sont les plus anciennes et sur lesquelles on trouve une pelli- cule de terrain sédimentaire (ce qui prouve qu’elles ont été submergées 3 une Epoque), Ce sont des iles de plages: Sal, Boa Vista et Maio. Et d’autre part A Vouest, les iles montagneuses au relief torturé et déchiqueté en particulier Fogo, Brava, Santiago, S. Nicolau, S. Anto. Mais, malgré leur extréme diver- sité morphologique et des différenciations géologiques, les iles du Cap-Vert présentent une certaine unité de structure géologique d’oi se dégage un schéma hydrogéologique commun: — les formations les plus anciennes de l'archipel sont trés probablement les calcaires jurassiques et erétacés qui n’affleurent que dans Vile de Mai — une phase éruptive longue et diversifiée, s’étendant sans doute du Crétacé a T'Eocéne ; — apres une longue phase d" céne; rosion, Ja reprise de I'activité volcanique au Mio- — du Miocéne au Pliocene un ensemble de séries volcaniques qui forme les principaux reliefs de l'archipel, rassemblées sous le terme de série intermé- diaire (formation du Pico da Antonia & Santiago): — le Pliocéne se termine par des émiss (formation d’Assomada a Santiago); ions de quelques coulées basaltiques — la phase la plus récente correspond a des émissions diffuses (S. Antao); = les alluvions n’ont d’extension importante que dans les deux iles les plus grandes: Santiago et . Antao. CLIMAT L'archipel du Cap-Vert est fondamentalement marqué par le caractére aride de son climat qui est lié a trois grands courants: deux d’entre eux, I’alizé du nord- est et 'harmattan, sont dominants et responsables de cette aridité; le troisitme, FICHE D/IDENTITE DU CAP-VERT Superficie: 4033 km? Coordonnées 14°23" et 17°12’ de latitude Nord 22°40! et 25° 22’ de longitude Ouest Nombre d‘iles 10 dont 9 peuplées + lots Distances ~ Dakar: 650 km ~ Lisbonne: 3000 km Paris: 4400 km Canaries: 1700 km ~Madére: 2000 km —— Brésil: 2700 km = de la ligne équatoriale: 2000 km Climat type tropical sec Langues ~ nationale :le créole - officielle: le portugais Régime politique République du Cap-Vert. Ancienne colonie portugaise, indépendante depuis 1975 Capitale Praia (Santiago, 132 317 habitants) Population 491 575 habitants (INE*, recensement 2010) Religions 85% de catholiques, 9% d’évangélistes *INE, Institut national des statistiques du Cap-Vert la mousson atlantique. apporte avec plus ou moins de régularité les pluies de rete, Ce climat compte, parmi ses facteurs les plus représent Virrégularité des précipitations d'une année & autre, les périodes répétées de sécheresse qui jalonnent l'histoire du pays, entrainant de nombreuses famines, la violence de certaines averses, la permanence pendant une grande partic de l'année des vents du nord-est, les différences entre versants exposés au vent ou sous le vent. Cette exposition se traduit soit par une aridité totale, soit par une humidité relative. Le climat est done de type tropical sec avec un peu d’humidité. Il est constitué de deux saisons principales: la saison séche (novembre A juin) et la saison des pluies (juillet & octobre). Pendant les mois de janvier & avril souffle 'harmattan, ce vent sec venu du Sahara qui apporte avec lui sécheresse et poussiére. Les précipitations sont associées a la remontée vers le nord du front intertro- pical (FIT). Elles sont violentes et trés irréguliéres et interviennent en général 1s L’EAU AU CAP-VERT OU LA LUTTE CONTRE L’IRREVERSIBLE Au Cap-Vert, petit pays comptant peu d'habitants, tous les moyens connus ont été mis en ceuvre pour obtenir de l'eau: forages, captages de sources, galeries profondes, dessalement d’eau de mer, filets pour capter les nuages, éoliennes, énergie solaire... Certaines expériences se sont soldées par de grands succés, d’autres ont obtenu des résultats plus que mitigés. Paradoxalement, I’eau est la seule ressource naturelle du Cap-Vert ou il n’y a aucune autre richesse du sous-sol. Mais la principale difficulté est son capiage. Les scientifiques ont observé qu’en régle générale, le Cap-Vert suivait un tythme de 15 années de pluies, puis de 15 années de sécheresse. Depuis trente ans, le Cap-Vert vit une période de sécheresse et il n’y a aucun signe de changement, ce qui est dramatique. La situation se complique du fait qu’en général, il y a de Veau dans les endroits les moins fertiles — comme certaines riviéres sablonneuses — il est par contre difficile d’en trouver dans les bonnes terres des plateaux — comme celui d’Assomada, [a ott vit la population. II ne s’agit donc pas seulement de trouver de l’eau, mais également d’alimenter les gens, ce qui nécessite des infrastructures entrainant des codts importants, difficiles 4 supporter par la population. Le probléme numéro un du pays est donc le manque d’eau, cette eau que les Capverdiens réclament a cor et a cri, qui a Causé tant de famines dans le passé. L'eau a un caractére sacré, et il existe tout un rite autour de Veau au Cap-Vert. En ville chaque maison est équipée d’un réservoir et d’une pompe électrique, et durant une heure tous les deux jours l'eau de la ville est distribuée 4 un horaire précis en fonction des quartiers. Il faut alors étre prét a remplir le réservoir et économiser le bien précieux pour tenir deux jours. U/alternative est d/avoir recours & un camion citerne. Les plus pauvres, qui n‘ont pas l'eau a la maison, vont la chercher au chafariz, poste de distribution de eau, ouvert certains jours a certaines heures. Parfois la queue y est impressionnante. La situation du Cap-Vert est complétement différente de celle du conti- nent africain. II n’y a pas de Comités de village. La population paye toujours Veau, qu’il s'agisse de l'eau courante & domicile, ou l’eau obtenue aux points de distribution en ville. L’Etat est le gérant des services des eaux et sa politique est d’en faire supporter les coats aux usagers. Cette politique s‘avére positive car c’est l'une des dessertes les meilleures du continent afri- cain. On trouve partout des bores fontaines proposant de l’eau potable de Amenée d’eau, ou levada, a Cidade Velha, Santiago qualité. On ne conseil- le cependant pas aux voyageurs de la boire, car il y a parfois des problémes dans le réseau de distribution et sa qualité est légere ment aliérée. lly a encore quel- ques années, la priori- té était apportée aux eaux souterraines, car elles sont de bien meil- leure qualité pour la santé et plus économiques. Mais le Cap-Vert a de plus en plus recours au dessalement. Le probléme de l'eau est plus délicat qu'il n’y parait. | y a des pertes énormes par manque d’organisation. Les agriculteurs, souvent a l'origine de conflits, utilisent d’énormes volumes d’eau pour Iirrigation et ne payent qu’une somme modique... le reste de la population doit en supporter les coiits, ce qui a entrainé une «guerre de I’eau» dans certaines communes. Tous les moyens sont donc essentiels pour récupérer le peu d’eau disponible au Cap-Vert, d’oit la construction de digues, de terrasses et de levadas, petits canaux qui transportent les eaux a travers les montages et que on ne peut s‘empécher d/admirer en se promenant dans les terres. 20 m LES ILES DU CAP-VERT 3.44 mois par an (de juillet 4 octobre). Elles sont surtout concentrées sur les zones de relief comme Fogo dont les moyennes ont atteint, parfois, jusqu’ 1300 mm, Les zones les plus basses, qui regoivent en général moins de 150 mm de pluie annuelle, ont un aspect désertique marqué. Certaines fles sont donc dans l’obligation d’avoir recours 4 la dessalinisation de l'eau de mer pour répondre aux besoins vitaux. Les pluies violentes entrainent souvent des crues qui barrent les routes. Lorsque cela arrive & Praia, par exemple, il faut des pelleteuses pour nettoyer la ville, la mer est rouge de terre et pendant quelques jours, mieux vaut éviter de se baigner A proximité des villes et des embouchutes de ribeiras (rivires). Depuis 1968 l’archipel est trés rudement éprouvé par une période de sécheres- se qui semble étre la plus longue de toutes celles qu’il a subies pendant son histoire. Cette histoire a été marquée par un grand nombre de famines qui ont décimé la population (1775, 1814, 1825, 1831/33, 1863/67, 1883/86, 1940/42, 1946/48). La demiére, qui remonte 4 1947-48, fut liée a trois années de séche- resse consécutives. Peut-on a l’occasion de cette sécheresse exceptionnelle parler de changement climatique? Le probléme est commun 2 tout le Sahel africain, dont le régime des pluies est identique, et soumis également a la présence des masses d’air chaud et humide venues de |’Atlantique équatorial. A cette question, tous les spécialistes sont & peu prés unanimes: depuis deux mille ans au moins le climat du Sahara n’a connu que des fluctuat i res. II n’est pas possible de déceler une tendance A la diminution progressive des précipitations. La récente sécheresse a done un caractére exceptionnel mais non pas anormal. Et il faut noter que 1999 et 2000 ont été des années excep- tionnellement pluvieuses, et méme Sal et Maio ont verdi! L’économie des iles est encore essentiellement agricole ; elle est donc tribu- taire du régime des pluies. Mais la forte pente des vallées et l'importance des matériaux charriés par ces crues rendent le stockage des eaux de ruissellement difficile et aléatoire. Aussi le développement hydro-agricole est-il lié la découverte et 4 la mise en valeur des eaux souterraines. L’agriculture produit essentiellement mais, haricots et canne 4 sucre. La canne sert 4 fabriquer du thum dont le plus connu et le meilleur est originaire de I’ile de S. Antao. La température annuelle moyenne est de 24°C avec une amplitude ne dépassant pas +10° C & cause de I’ influence de l’océan. FLORE ET FAUNE La faune endémique est peu représentée. Elle ne comprend ni poisson d'eau douce, ni mammifére terrestre. Tous les mammiféres ont été introduits et la plupart domestiqués. On en retrouve quelques-uns 4 I’état sauvage comme le Cercopithecus aethiops (Singe grivet). FLORE ET FAUNE =m 21 L’avifaune comprend environ 150 esptces dont 42 se reproduisent dans Varchi- pel. Il existe 6 espaces et 16 sous-especes endémiques, mais quelques-unes sont en voie de disparition. La situation chez les reptiles est identique: peu d’espéces endémiques et certaines en voie d’extinction. La faune marine Ce qui est intéressant dans la faune marine au Cap-Vert, c’est qu’elle comprend un mélange de faune tropicale et de faune méditerranéenne avec beaucoup de pélagiques comme les carangues, des poissons de la famille des mérous (garoupas, badegos), des langoustes et des cigales de mer. L'une des particula- rités du Cap-Vert est l'absence de plateau continental, ce qui signifie que prés de certaines iles on se retrouve tout de suite & des profondeurs exceptionnelles. En ce qui concerne les dangers de la mer et en particulier les requins, on ne recense ce jour aucun accident avec Jes baigneurs au Cap-Vert. Les requins ne peuvent étre dangereux que pour les pécheurs sous-marins. Les baleines passent dans les eaux du Cap-Vert de décembre A avril, mais leur nombre a tendance 4 diminuer et on ne sait pas pourquoi. Quant aux tortues, elles ne seraient pas en voie de disparition comme certains le prétendent — les Capver- diens les capturent pour les manger en soupe (elles ont, parait-il, des propriétés aphrodisiaques...). Le seul danger est qu’elles ont des plages de prédilection pour pondre, en particulier les grandes plages de sable. Le développement touristique des iles risque de leur faire perdre leurs repéres et leurs lieux de ponte. Elles ont éja pratiquement disparu de I’ile de Sal. Le danger le plus important au Cap-Vert provient de la mer elle-méme, et de ses courants. La houle peut étre tr8s mauvaise et empécher les baigneurs de revenir vers la rive. II vaut mieux vérifier auprés des gens sur place si l’endroit se préte a la baignade ou non. La flore La végétation primitive est de type méditerranéen, mais s’est enrichie au cours du temps par des apports africains et américains. I existerait aujourd’hui 800 espéces végétales au Cap-Vert dont 90 sont considérées comme des espéces endémiques. Sur les hauteurs, plus humides, la végétation arbustive est plus dense et l'une des espéces les plus fréquentes est le tortolho (Euphorbia tuckeyana) qui peut atteindre de 2 4 4 m de haut et se rencontre entre 200 et 1600 m d’altitude. A S, Antao, $. Nicolau, Santiago et Fogo, le dragonnier (Dracaena draco) se trouve entre 500 et 900 m d’altitude, mais il est surtout abondant A S. Nicolau. Les zones moins élevées sont couvertes d’arbustes comme la Lingua de Vaca (Echium hypertropicum, stenosiphon, vulcanorum) dont il existe plusieurs Pres du chafariz (borne-fontaine), un dragonnier, arbre fossile qu'on trouve surtout dans I'ile de S40 Nicolau espéces. Quant aux les basses, leur végétation est composée essentiellement une savane arborée peu dense, avec différents types de Iégumineuses, dont 'Espinheiro branco (Acacia albida). Dans les zones cétiéres ou dans les ribeiras qui s’ouvrent sur la mer, on rencontre beaucoup de tarrafe (Tamarix senegalensis), ce qui pourrait expliquer le fait que beaucoup de villages cdtiers portent le nom de Tarrafal. A I’intétieur des ‘les plates, la végétation est de type semi-désertique. Il semblerait qu’une grande partie de la végétation originale de l’archipel ait été détruite depuis la découverte des iles. Les premiers résidents disposaient de bois pour construire bateaux et maisons, suffisamment de fourrage pour élever chévres, anes, vaches et pores et la plupart des plantes étaient utilisées comme médicaments. La végétation a donc été fortement altérée et selon certains spécialistes, on ne sait pas si l’équilibre ne va pas étre perturbé par l'introduction de plantes étrangéres. Le Cap-Vert présente ainsi un ensemble de particularités telles que des associations végétales naturelles dans un état de dégradation avancée cohabi- tant avec une couverture forestiére arborée et arbustive constituée essentielle- ment de boisements artificiels (prés de 68 000 ha en 1993), avec des espéces pour la plupart exotiques (prosopis). L’objectif prioritaire du reboisement est la restauration des écosystémes, la protection des sols et la conservation des eaux. 1 faut également noter que les terres incultes couvrent 55 % de la superficie totale du pays. HISTOIRE Histoire et formation de lidentité capverdienne DECOUVERTE DES iLES ET NAISSANCE DE LA SOCIETE CAPVERDIENNE (1460-1878) Quand le découvreur atteignit Ha premitre ile pas d’homme nu, Quando 0 descobridor chegou a Iprimeira ilha, nem homens nus, nem mulheres nuas, espreitando, inocentes e medrosos detras [da vegeiacao. Nem setas venenosas vindas no ar Nem gritos de alarme e de guerra ecoando pelos montes pas de femme nue guettant innocents et craintifs Iderriére la végéiation pas de fléche empoisonnée [dans les airs pas de cris d’alarme et de guerre sésonnant dans les montagnes Jorge Barbosa, Preludio de Cadernos de Um Mhed, 1956 L’histoire du Cap-Vert ressemble a un roman avec ses suspens et ses rebondis- sements, ses périodes d’ombre, ses joies, ses peines et ses mystéres qui ne seront jamais percés. L’archipel du Cap-Vert était sur la route des grands navigateurs envoyés par l'Empire portugais qui écumaient les mers a Ia recherche de terres nouvelles, Wor et d’épices. Un homme symbolise la conquéte de la route des Indes par les Portugais, l’Infante Henrique. Ce prince qui n’avait Iui-méme jamais navigué sut attirer 4 lui astronomes, cartographes, pilotes, techniciens de toutes races et de toutes nationalités. I] fonda en 1419 au Portugal un véritable centre de recherches interdisciplinaires ainsi qu'un chantier naval d'ou sortit la célébre caravelle qui fut une piéce maitresse de l’extension du Royaume du Portugal & travers le monde. Selon la thése officielle, la découverte des premiéres iles - Sam Jacobo (Santiago), Filipe (Fogo), ilha de las Mayas (Maio), de Sam Cristovio (Boa 24m LES ILES OU CAP-VERT Vista) e ilha Llana (Sal) — eut lieu en 1460 sous le régne de Afonso V par Antonio da Noli, Mais il existe plusieurs controverses propos de cette décou- verte. En effet qui des trois navigateurs, le Vénitien Cadamosto, le Génois da Noli ou le Portugais Diogo Gomes, fut le premier a atteindre l’archipel ? Il y aurait des contradictions dans les livres de bord de Cadamosto qui prétend avoir croisé au large de Boa Vista dés 1456, et aurait tenté d’abuser de la crédulité de I'Infante Henrique. Les historiens retiennent généralement Antonio da Noli comme le vrai découvreur de Iile de Santiago, découverte qu’il fit en compagnie de Diogo Gomes. Leur flotte fut probablement composée de deux caravelles. Dans ses mémoires, Diogo Gomes raconte qu’il est arrivé au Cap-Vert avec Antonio da Noli, mais qu'il est le premier 4 étre descendu a terre. Sur le chemin du retour Routes du trafic des esclaves . vers Bantiago e Américhs Santiago et I'Amérique Soures A. Caria, 063 Rots do trafico de escravos (Carte de Antonio Carreira) HISTOIRE =m 25 vers le Portugal, les deux caravelles firent une escale & Madére, mais A partir des Acores son bateau fut pris dans des vents contraires et Da Noli atteignit Lisbonne avant lui. Sans attendre Gomes, il demanda au roi la capitainerie de lile de Santiago qu’il avait découverte. Le roi la lui accorda et il la conserva jusqu’A sa mort. II ne fait aucun doute que ce groupe d’iles fut découvert alors que I’Infante Henrique était encore en vie. I] mourut le 13 novembre 1460 et les iles revinrent 4 I'Infante D. Fernando, frére du roi Quant aux autres iles, elles ont été découvertes plus tard, probablement en décembre et janvier 1461/62 par Diogo Afonso. L’acte daté du 19 septembre 1462 par lequel le roi du Portugal Afonso V fait don a perpétuité et irrévoca- blement de l’archipel a son frére |’Infante D. Fernando en attribue officielle- ment la découverte & Antonio da Noli. Les descriptions qu’en font ces explorateurs montrent des terres vierges. Or il est probable qu’elles avaient déja éé visitées par les Phéniciens, les Arabes et des pécheurs du Sénégal, méme si elles n’étaient pas habitées. Le grand écri- vain capverdien Antonio Carreira explique clairement: «Malgré la documen- tation ancienne présentant les iles comme inhabitées lors de leur découverte, on ne doit nullement exclure l’hypothése suivant laquelle Santiago fut un refi- ge pour un petit groupe de naufragés jalofos ou d'autres habitants du Cap- Vert (au Sénégal) avant Uarrivée des Portugais.» Selon ce méme auteur, cette cecupation eut cependant lieu en des circonstances tout a fait fortuites, sans intention délibérée et sans continuité de peuplement. Antonio da Noli eut donc pour tache de peupler l'archipel. Le Royaume du Portugal y fonda alors un comptoir qui prit de l'importance grace a la traite des esclaves. Il y envoya quelques familles nobles auxquelles de nombreux privi- leges furent accordés. Le peuplement commenga avec des Génois et des Portu- gais originaires de I’ Alentejo et de |’ Algarve. Entre 1461 et 1462, ile de Santiago fut divisée en deux provinces: la premiére au sud avec comme sitge Ribeira Grande (actuelle Cidade Velha) qui fut confiée & Antonio da Noli comme prix de sa découverte, et la seconde au nord avec comme capitale Alcatrazes (sur la céte est prés de Praia Baixo), a Diogo Afonso (qui avait découvert Madére). Les colons commencérent un fructueux commerce triangulaire entre I’ Afri- que toute proche oi ils allaient chercher des esclaves, 1’ Amérique oi ils les revendaient contre du sucre, du coton, de l’indigo et d’autres produits agricoles qu’ils ramenaient et négociaient en Europe. Les iles développérent la confec- tion de pagnes de coton (panos), parures trés appréciées chez les roitelets de la cbte africaine qui les échangaient contre des esclaves. Le Cap-Vert fut alors le haut lieu de la traite dans I’ Atlantique au profit de ces quelques familles privi- légiées. La colonie européenne y était nombreuse et puissante. Le trafic desclaves entre la céte de Guinée et Santiago commenga en 1460/1461, mais 26 m LES ILES DU CAP-VERT les années 1475-1575 constituérent |’Age d’or de ce triste commerce. II est quasiment impo: ible de donner un nombre méme approximatif du total des esclaves qui ont transité par le Cap-Vert et de ceux qui ont servi au peuplement des iles. Santiago fonctionna pendant un certain nombre d’années comme un entrepét d’esclaves. Les premiers furent orientés vers l'Europe (Portugal, Madére, Canaries, Séville, Cadix...), ensuite un grand nombre fut déporté vers les Antilles, Cuba, Saint-Domingue, la Barbade, le Brésil, aprés avoir regu le baptéme et quelques rudiments de portugais LE TRAITE DE TORDESILHAS (7 JUIN 1494) Pour la premiére fois dans I’histoire de ’humanité un traité international marquait des zones d’influence a |'échelle de la planéte. Cette négocia- tion pacifique allait donc conditionner pendant des siécles les limites de V'expansion entre I’Espagne et le Portugal pour les mers et les terres découvertes ou a découvrir. Sa reconnaissance par le pape Jules I en 1506 entraina une reconnaissance internationale. Le Traité a une énorme importance, car il garantit au Portugal la possibilité de s’affirmer sur des terres aussi différentes et aussi éloignées que Timor, Macao ou le Brésil. Le Traité stipule: «if doit se faire dans le dit océan une frontiére ou ligne directe, de péle 4 péle, 4 savoir du péle Arctique au pdle Antarctique, soit du nord au sud. Cette frontiére ou ligne est 4 370 lieues 4 l’ouest de l’ile la plus occidentale ($. Antéo) de larchipel du Cap-Vert, afin de garantir que tout ce qui est découvert ou 4 découvrir 4 Orient de la dite ligne soit réservé au Portugal, les droits sont égaux pour Espagne en ce qui concerne les terres 4 l’Occident.» Le Traité fut signé par D. Jodo I du Portugal et les rois Catholiques d’Espagne, Fernando II et Isabel dans la ville de Tordesilhas en Espagne. Cette ligne imaginaire, allant d'un péle & autre, traversait la partie la plus orientale du continent sud-américain; ce fut la premiére fronti@re du Brésil. Il est tres probable que les Portugais avaient déja vent de l’existence du Brésil lorsqu’ils ont négocié le Traité. En effet quatre ans plus tard, en 1498, Christophe Colomb effectua son troisitme voyage. II descendit alors jusqu’au Cap-Vert, réalisant a partir de |a le voyage qui allait lui permettre de découvrir 'Amérique du Sud. Il quitta Santiago le 4 juillet et le 31, il atteignit Trinidad, Le Brésil se trouvant a l’est de la ligne prévue par le Traité, il revint au Portugal. (N.d. «la lieue maritime vaut 5,556 km au Portugal et en France.)

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