Epilepsie
et anesthésie
La plupart des anesthésiques locaux et généraux sont 8 la fois
pro- et anticonvulsivants, principalement en fonction de leur dose.
Dans la majorité des cas, il n'y a pas d’accident pendant ou juste
aprés une anesthésie chez les patients épileptiques habituellement
bien stabilisés si le traitement antiépileptique a été poursuivi sans
aucune modification pendant toute la période périopératoire.
Circonstances de
survenue des crises
d'épilepsie lors d'une
anesthésie : quelles sont
les plus fréquentes ?
Des crises épileptiques ou des acci-
dents de surdosage peuvent survenir
essentiellement dans trois conditions :
1+ Lors de la diffusion systémique d'un
1e utilisé normalement pour
une anesthésie locorégionale ;
2 Si Lépilepsie n’est pas stabilisée
(ill s'agit souvent de patients traités par
polychimiothérapie) ;
3: Lors d'anesthésie au cours d'actes
chirurgicaux. importants, notamment
Sil y a dimportantes variations du
volume sanguin ou s'il s'agit de chi-
rurgie digestive entrainant des modi-
fications dans administration et la
pharmacocinétique des médicaments.
Une concertation préalable entre le
neurologue et 'anesthésiste permet
diéviter des accidents. En effet, il peut
@tre nécessaire d’adapter le traite-
ment antiépileptique avant l'interven-
tion ou den modifier les modalités
d'administration en période périopé-
ratoire. La plupart des anesthésiques
peuvent @tre 3 la fois pro- et anti-
convulsivants. Les mécanismes ne sont
pas bien connus, mais il y a un effet
dose dans la majorité des cas.
Comment administrer
les antiépileptiques en cas
d'anesthésie générale ?
Lorsque la prise orale n'est pas pos-
sible, l'administration par sonde gas-
trique peut étre envisagée au cas par
cas, quand il n’existe pas de forme
injectable. Cette situation peut se pré-
senter si l'anesthésie et la phase de
réveil sont trop prolongées par rap-
port au traitement habituel
Sila demi-vie du médicament est lon-
‘ue, ou s'il existe une forme & libéra-
tion prolongée permettant une prise
unique quotidienne, le recours 3 une
sonde gastrique peut étre évité.
Les actes portant sur le systéme diges-
tif peuvent modifier la pharmaco-
cinétique de entiépileptique, en
particulier son absorption. Lorsque
des préparations doivent @tre ingé-
‘es, pour les coloscopies par exem-
ple, il est préférable que les antigpi-
leptiques soient pris 3 distance des
produits accélérant le transit.
Les variations du volume sanguin total au
cours de certaines chirurgies et le rem-
plissage per- et périopératoire peuvent
faire varier les taux plasmatiques de
facon significative avec des conséquen-
es clniques éventuelles. Rappelons qui
peut exister des interactions entre médi-
caments antiépileptiques et antalgiques.
1008
15 Numéro 13 - Janvier
Lorsque le patient doit €tre & jeun
avant une anesthésie générale
+ Possiblite d'administrer le médicement
antiépileptique avec une tres petite
quantité d'eau, le plus prés possible de
VVanesthésie, tout en tenant compte des
impéraifs de anesthésiste et du chirurgien.
+ Dans certains cas, recours 8 la voie intra
use lorsque le médicament antiépi-
leptique existe sous cette forme.
Que conseiller
en pratique
lors des anesthésies
locorégionales ?
Une crise convulsive peut compliquer
toute anesthésie locorégionale.
Anesthésies locorégionales
au cours des actes dentaires
Sil n'y. pas de diffusion systémique
du produit par effraction vasculaire,
les anesthésiques utilises ne sont pas
convulsivants.
Anesthésie péridurale
au cours de l'accouchement
Les études ont montré quill n'y avait
pas de différence significative dans le
déroulement de la grossesse et les
modalités d'accouchement chez la trés
grande majorité des femmes épilep-
tiques par rapport & la population
générale [1, 2}Le pratique d'une périduale 2u cours de
accouchement dune ferme épileptique
vest pas, dans lars grande majonité des
cas, contre-indiquée. I existe des sitvar
tions limites au cours desquelles une fré=
‘quence élevée de crises ou des désordres
neurologiques ou neuropsychologiques
peuvent étre un obstacle
En général, les risques de la pérdurale
Sont les mémes que dons la population
générale. Cher toute femme épiletique,
Une crise peut survenic 8 cette période
Sans que la pratique d'une péridurale sot
fen cause. Le bon sens indique que les
dss et les crates de la future maman
sont & prendre en consiération. Cela peut
limiter le risque de survenve d'une crise
apres accouchement, notamment en raison
«un manque de sommeil ou d'une fatigue
accumulée
Une augmentation de la fréquence des
crises peut s'observer chez une
patiente épileptique au moment d'une
grossesse ; les aggravations ne
Soobservent que dans 25 % des c2s [3].
En théorie, la grossesse n’augmente
pas U'incidence des états de mal épi-
leptique [4]. Les aggravations appa-
raissent plus volontiers chez les fem-
mes traitées par polythérapie. Une
augmentation de Uincidence des crises,
survenant neuf fois plus fréquemment
qu’a un autre moment de la gros-
sesse, est mentionnée & l'accouche-
ment ou dans le décours immédiat de
cette période. En effet, une crise
convulsive survient chez 1 8 2 % des
femmes enceintes épileptiques av
cours du travail ov chez 1 8 2 % des
femmes épileptiques dans les vingt-
‘quatre heures qui suivent 'accouche~
ment ft, 5]
Lors d'une anesthésie péridurale, le
risque de crise convulsive est de 0.1 bo
dans la population générale (6. 7].
soit nettement inférieur 8 celui observé
lors des autres anesthésies locorégio-
nales en raison d'une concentration de
produit plus faible et du moindre
risque de relargage systémique par
effraction vasculaire. Ainsi, le risque de
crise convulsive lors d'une péridurale
‘est pas augmenté chez une femme
Epileptique sil n'y a pas effraction
vasculaire,
Dans la population générale, les
manoeuvres instrumentales provoquent
beaucoup plus fréquemment des syn-
copes vagales que des crises épilep-
tiques. Le fait d'étre épileptique n’aug-
mente ni le risque de syncope vagale
ni celui de crise. Le bon sens indique
‘au contraire que, chez les femmes
épileptiques qui souhaitent une péri-
durale, le stress et le manque de som-
meil qui surviennent en fin de gros-
sesse en raison d'un refus injustifié
peuvent faciliter la survenue de crise
en période périnatale.
Que conclure ?
Dans la tres grande majorité des cas,
les anesthésies générales n’entrainent
aucun accident chez les patients
Epileptiques. Des régles de bon sens
doivent étre appliquées aprés concerta-
tion entre lanesthésiste et le neurologue
- En cas d'épilepsie stabilisée, le trai-
tement antiépileptique est poursuivi
sans aucune modification posologique.
Seule une adaptation des modalités
d'administration en période péri-
opératoire peut étre nécessaire.
= Avant Uanesthésie, le neurologue
doit évaluer les possibilités de réadap-
tation thérapeutique, si Cépilepsie n’est
pas équilibrée. Dans certains cas,
t'adjonction d'un traitement par ben-
zodiazépines ou une augmentation
posologique passagére des traitements
peut étre indiquée.
+ Le dialogue avec le patient doit étre
maintenu pour diminuer le facteur
stress, qui peut étre genérateur de
crise
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