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ET
LES PAUVRES
Comment
le gouvernement
s'attaque
aux plus précairesUne carte
qui avance
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de santé,
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IX.
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66
Au lieu de raboter
la protection sociale,
préoccupons-nous
de la mauvaise
efficacité productive
de nos entreprises 9?
Editorial
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par Christian Chavagneux
TROP D'IMPOTS, VRAIMENT 2
La France taxe trop, la preuve, elle
arrive en téte des classements
des prélévements dans les grands
pays. Les demniéres statistiques de
YOCDE pour 2022 le confirment :
avec un ratio de recettes fiscales
sur produit intérieur brut (PIB)
de 46,1 %, nous sommes bien en téte
devant le Danemark, & 41,9 %-Alors,
quand la croissance s‘avére plus
faible que prévu et que le déficit
budgétaire s'accroit, Bruno Le Maire
cherche 8 tailler dans les dépenses
et ne surtout pas augmenter
les prélévements. La musique libérale
du trop d'impéts est bien rodée.
Pourtant, lorsque 'on raméne
les recettes fiscales au nombre
d'habitants, !Hexagone se classe
plutét autour de la 10° place.
Comment expliquer ce paradoxe ?
Sile ratio des recettes fiscales sur
PIB est élevé et celui des recettes
par habitant faible, c'est que chaque
habitant produit peu de PIB.
Cest-a-dire que la productivité
du travail est faible. Et cest bien
ce qui caractérise la France
ces dernigres années: si les gains de
productivité du travail ralentissent
dans beaucoup de pays, chez nous
la productivité baisse.
Pourtant, lexplication ne peut
sarréter li. On commente toujours
les gains - ou les pertes —
de productivité du travail et on
oublie la productivité du capital et la
qualité du mélange capital-travail :
Ja productivité globale des facteurs.
Or, la dynamique du PIB est bien
le résultat de ces trois composantes.
Les statistiques de YOCDE montrent
quien 2022, a contribution
de la productivité du capital n’était
‘en France qua 60 % de son point haut
de 1990. Notre productivité du capital
est sur une tendance structurelle
déclinante, mais personne n'a lair
de seen soucier. Quant &
la productivité globale des facteurs,
celle est en baisse en 2020, 2021
ct toujours en 2022. Questionnés sur
‘ces évolutions, les experts de l'Insee
avouent ne pas regarder le sujet...
Sil’Hexagone a un ratio de taxes
sur PIB élevé, est certes parce quil
a fait le choix dune redistribution
protectrice, mais aussi parce que
Yefficacité du capital des entreprises
reste a des niveaux faibles et que
Tefficacité productive globale est
en berne, le mal-travail en étant
sirement l'une des causes.
Autant de problémes qui tiennent
A.une mauvaise efficacité productive
de nos entreprises dont il serait
grand temps de se préoccuper,
plutét que de raboter en permanence
la protection sociale. «Mettez tous les atouts
de votre cété !
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Alternatives
eTDOSSIER
Surveiller
et punir
les pauvres
Victimes
caliatérales dela
mobilisation générale pour
le plein-emploi, les pauvres
sont dans lecolimateur
ddu gouvernement, car pour
lui hors du travail, point
de salut ! Pour les obliger
a reprendre un boulot,
ilréduit leurs allocations,
voire les supprime. Laliste
des vexations quils doivent
subir estlongue. Pourtant,
il pourrait en etre autremer
supprimer la pauvreté ra
rien dutopique.
SOMMAIRE
3. EDITORIAL de Christian Chavagneux
6. Courrier
ACHAUD
8. Crise agricole : pourquoi rien nest réglé
18 En chiffres » La Question « Prés chez vous « Objet «
Etailleurs... La Bonne nouvelle « Le Graph
28. ANALYSE ECO Fautil faire des bébés
pour relancer féconomie ?
28_Y DU BOULOT ! de Sandrine Foulon
‘8. BD Isadora au pays du management
pat Fabrice Erre
ENJEUX
‘4. nara Logement : le « choc doffre » na pas eu lew
4s_ assurance face au risque climatique
51_ JO de Paris : des promesses sociales et peu deffets
52 canTe Avis de perturbations pour le commerce
mondial
s_ L'Ukraine peut-elle encore gagner
la guerre ?
£8_ Au Sénégal, fire des hydrocarbures un tremplin
pour le développement
(@_ 2000 La Catalogne & see
62_ Enquéte sur les dérives du business
des revues scientifiques
(6 La chute de Casino rebat les cartes
‘OBL Va falloir penser au régime !
IDEES
‘1_ ENTRETIEN avec Naomi Oreskes
« Les fondamentalistes du marché
nabandonnent jamais »
18_ Opinions + Lectures
6 CULTURE Les musées vont-ils devenir hors de prix ?
{8_ HISTOIRE Le mais hybride, champion
de lagriculture productiviste
S1_ UNE PETITE HISTOIRE DES ECONOMISTES HETERODOXES
Auguste Ott, doublement hétérodoxe
AGIR
st_ Médias
S1_ Agenda
S&_ PERTES & PROFITS par Enzo
:les recettes de 'indépendance— CHER ALTER Eco_&
LE RAP PENALISE
66 Ala lecture d'un de vos
intéressants articles sur la
répartition des revenus du
streaming musical, je me
pose des questions : quel est
le réle de la Sacem et des
sociétés de droits d’auteur ?
Par ailleurs, les rappeurs sont
les plus écoutés, et je crois
savoir qu’ils sont plutét dans
des maisons de
disques indépen-
dantes que chez
Warner, Sony, Uni-
versal, etc. Dansce
cas, comment se
fait-il que les régles
de répartition ne
soient que le résul-
tat de négociations
centre ces majors et
les plates-formes ?
PAUPPE LAVAL
66 Ecolo de terrain,
je partage votre constat :
cest un combat quotidien,
des humiliations, des
aberrations administratives,
des amendes variées
impossibles a contester.
ARUN.
GUERRE ISRAEL-HAMAS
(66 Face a la situation a Gaza, je ne sais plus quel
qualificatif employer. Ce qui est insupportable,
Cest le soutien constant des Etats-Unis, de la
France et d'autres malgré les protestations affi-
chées. En livrant des armes de destruction mas-
sive, ily a indéniablement complicité. Pour
rappel : 30 000 morts, 70 000 blessés, sans
compter ceux qui mourront de dénutrition, des
suites de leurs blessures ou de maladies faute
détresoignés. Cest démentiel! ice. sonver
Prudence !
Construire des jets privés, des
yachts, des paquebots, ca booste le produit
intérieur brut (PIB), mais avec un effet sur
environnement totalement disproportionné
{pollution de Fair et de feau, déforestation,
Contribution au changement climatique, etc).
Or, ces effets négatits ne sont généralement
pas reflétés dans le caloul du PIB, car cet indi-
cateur se concentre sur la valeur monétaire
des biens et services produits sans considérer
les codts externes ou les dommages environ-
nementaux associés @ leur production.
Certains économistes proposent des ajus-
tements ou des compléments au PIB, tels
que les indices de développement durable
cu les comptes économiques environnemen-
taux. Ces mesures cherchent a intégrer les
codlts environnementaux dans Févaluation
de la performance économique d'un pays,
permettant ainsi une analyse plus holistique
et durable de la croissance économique.
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2SOCIAL
Les mesures et annonces décidées dans l'urgence par
le gouvernement ont apaisé la colére des agriculteurs.
Mais les causes structurelles de cette crise demeurent.
CRISE AGRICOLE :
POURQUOI RIEN N'E:
a crise agricole qui
a secoué la France -
comme ses voisins euro-
péens — du 15 janvier au
1* février est paradoxale.
La chute des revenus en 2023 est
bien stir ce qui a cristallisé tous
Jes mécontentements. Mais elle a
aussi été Foccasion d'une attaque
virulente du syndicat professionnel
majoritaire—la FNSEA contre la
réglementation environnemen-
tale, réputée freiner Factivité et
appauvrir les exploitants.
Les prix agricoles & la production
se sont fortement repliés en 2023
8,4 % de septembre 2022 A sep-
tembre 2023) ", Mais, fait passé
sous silence durant les manifesta
tions de janvier, les prix d’achat
des moyens nécessaires & cette
production (engrais, pesticides
et autres intrants agricoles) ont
aussi reculé (5 %) avec la baisse
des prix de lénergie. Si bien que
les charges des agriculteurs ne se
sont pas tant alourdies que cela.
Dans le méme temps, les prix
la consommation des produits
alimentaires n’ont pas reculé
mais au contraire augmenté | les agriculteurs que celui de la impuissante en pratique.
(+ 10 %), quoique bien moins | répartition de la valeur de la | jjacneurngpae | En outre, si les prix agricoles
fortement qu’en 2022. Dés lors, | fourche & la fourchette. Un pro- | lesienmayesteus | ont effectivement reculé en
le probléme objectif de 2023 | bléme qu’étaitsupposé résoudre | owevetlerévir | 2023, c'était aprés une envolée
était clairement moins celui des | la loi Egalim votée a issue des | tynfeyerstionpaeme | €2 2021 et 2022. Le niveau des
tracasseries administratives et | Etats généraux de Valimenta- | steroids prix fin 2023 est celui du début
autres normes environnemen- | tion au début du premier mandat | "sie de année 2022, lui-méme supé-
tales qui écraseraient soi-disant | d’Emmanuel Macron mais restée rieur d’environ 20 % a la période
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pré-Covid. Quant aux prix des
intrants, leur évolution est assez
paralléle sur la période récente &
celle des prix agricoles.
Pour autant, du fait du retour-
nement des prix en 2023, le
revenu agricole a baissé. De sep-
tembre 2022 a septembre 2023,
la valeur ajoutée brute " par
actif agricole a reculé de 9 %.
Mais encore une fois, en regar-
dant Pévolution sur les vingt der
nidres années, est moins la chute
des revenus toutes,
filigres confondues
pour Pinflation). Mais la hausse a
&é par exemple nettement supé-
rieure pour les céréaliers (+ 64%),
les éleveurs de bovins lait (+ 62%)
et exceptionnelle pour les éleveurs
porcins (+999%).
En revanche, cer-
qui frappe que leur taines filigres
augmentation. Le Beaucoup ont progressé
recul observé en
beaucoup moins
2023estunretour W’agriculteurs que la moyenne
auniveaude2021, gant sous Yeau, (+ 23-24% pour
lui-méme supé-
laviticulture etle
rieur de 47%en maiS beaucoup maraichage), tan-
termes réels & celui
dis que d'autres
de 2002. Cesta Sen sortent ont carrément
lafoisliéalévo- trag bien aussi vt leur revenu
lution favorable
des prix depuis le
milicu des années 2010 et au fait
que les agriculteurs sont de moins
en moins nombreux a se partager
le giteau des revenus.
La dramaturgie de la crise
agricole de janvier a ainsi mas.
qué évolution plutét favorable
du revenu agricole depuis vingt
ans et particuliérement ces der-
nigres années. Surtout, en pr
sentant le monde agricole comme
un ensemble uniforme et unifor
‘mément maltraité, elle a caché le
principal probléme : les revenus
des agriculteurs ont tras inéga-
Jement progressé et ils sont en
valeur absolue extrémement
disparates. Beaucoup sont sous
Yeau, avec en particulier 18 % des
ménages agricoles sous le seuil de
pauvreté monétaire® en 2018 et
6 % connaissant la pauvreté en
conditions de vie* "!. Mais beau-
coup s’en sortent trés bien aussi.
Ceestce qui ressort des chiffres du
réseau d'information comptable
agricole (Rica) du ministére de
Agriculture. Le revenu disponible
par exploitant, ce qui lui reste pour
vivre et investir sur fonds propres
une fois payé tout le reste (les coats
de production, les remboursements
de dette, les charges sociales, les
fermages et impots fonciers...) “,
a progressé en moyenne de 49%
entre 2018 et 2022 (contre 9%
net reculer : hor-
ticulture, fruits et
élevages ovin et caprin.
Ces évolutions sur la période
récente ont creusé les fortes iné-
galités entre filieres agricoles. Le
revenu disponible par exploitant
varie ainsi en 2022 du simple au
double selon que l'on est pro-
ducteur de fruits (29 000 euros)
ou céréalier (59 000 euros), et
du simple au quintuple selon
que l'on est éleveur de mou-
tons (18 000 euros) ou de pores
(111 000 euros),
Iya aussi, et surtout, les trés
fortes dispersions de revenus &
Vintérieur de chaque filidre. Par
exemple, le revenu disponible
médian d'un éleveur de bovins
viande s'élevait & 24 000 euros en
Pauvreté monétaire: 60 % du revenu
médian, soit 15 000 euros pour une per-
sonne seule en 208
Pauvreté en conditions de vie
situation de difficulté économique défi-
nie comme incapacité a couvrir au moins
cing dépenses parmi une iste de treize
relatives &falimentation, 8 habillement,
au logement, aux lisirs ou ala vie sociale
(nse, «Le compte prévisone de apricare
ur joure brute et égale 8a pro