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LES TRIBUS ARABES DE LA VALLEE DU LEKKOUS Linarrat, § 1. — Etendue et limites du territoire khlot et tg. Une prairie longue et étroite, parsemée de marais, de flaques d’eau stagnante a perte de vue, un long serpent se déroulant au loin en de multiples méandres, entre deux rangées de collines de sable rouge couvertes de tamarins, de lentisques et de rares oliviers, la vallée du Lekkots, vue des hauteurs d’Al-‘Ardich, évoque le souvenir d'un passé lointain dans l'histoire de la civilisation. Le dragon qui veillait jalousement aux abords du jardin des Hespérides laisse encore entre ses replis un archipel @ilots, de presqu’iles a peine relies a la terre ferme par d'étroites langues de terre marécageuse, oit pataugent des troupeaux de beeufs en quéte de paturage. Mais vers le fond, au dela de V’éperon de grés et de sable rouge qui porte la qoubba de Sidy Oueddar, l’horizon s’élargit sou- dain, une immense plaine se dégage, bornée a T’orient par ARCH. MAROG. 1 2 ARCHIVES MAROCAINES une sombre muraille de grés, les monts d’Ahl Serif et le céne du Djebel Garcar, au pied duquel le fleuve s'enfonce dans le massif des Djebala. Cette vallée, oi les Phéniciens établirent jadis une co- lonie puissante, et qui fut illustrée plus tard par les luttes sanglantes des Espagnols et des Portugais contre les champions de I'Islim, est aujourd’hui l'habitat de tribus arabes issues de Djochem et de Qoreich, que l’invasion hilalienne a précipitées sur les Berhéres marocains. Les tribus de Khlof et de Tliq, qui jusqu’a une époque trés récente ne formaient qu’une seule unité administra- tive, occupent aussi un seul et méme territoire, et leurs douars sont enchevétrés les uns dans les autres au point quill est impossible d’établir entre ces deux tribus une ligne de démarcation. Cependant il est facile de remar- quer que les Tliq habitent principalement le sud-ouest du territoire commun, entre El-Qear el-Kebir et Moulay Boa Selham, et le nord, autour de Sidy ]-Yamany; mais ils comptent aussi quelques douars au sud-est, prés du Dje- bel Carear, et au centre, dans la vallée de l'Qued Ouarotr. Plusieurs fractions khlot et tliq, relevant administrati- 1. Khlof et Tliq étaient autrefois gouvernés par un seul qéid qui ré- sidait 4 Al-‘Aratch et gouvernait également El-Qear. Depuis une dizaine d'années diverses modifications se produisirent; dernigrement enfin, Al-‘Araich et El-Qoar furent pourvas d'un gouverneur & part, résidant A Al-‘Ardich, avee un khalifa 4 El-Qear, Le Tliq forme aussi un gouver- nement & part, dout le qiid réside 4 El-Qear. Le Khlot, gouvernement A part, a anssi un qiid 4 El-Qoar; en n du Khlot, les Oulad ‘Ya‘qoub (Ya'ge*b) a été distraite de Ja tribu et pourvue d'un qaid, l’an- cien gouvernent# du Khlot et Tliq (Al-Khalkhaly}. Les territoires du Khlot, du liq et des 0. Ya'qoab ne formant pas chacun un bloc distinct et leurs douars étant enchevétrés les uns dans les autres, il est impos- sible dexposer Ia topographie et la géographie d'une de ces tribus seu- lement, I] est aisé de comprendre les complications administratives que cette organisation peut produire et la quantité de couflits dont elle est 1a cause. feu LES ‘TRIBUS ARABES DE LA VALLEE DU LEKKOUS = 3 vement des qaids de ces denx tribus, sont sur le territoire du Warb Enfin les Bedaoua, originaires du Medjaz et éla- hlis au Nord-marocain 4 une époque récente, ont leurs douars égrenés en un long chapelet au milieu des Tliq, des Khlot, des ‘Amar et de la R’arbya, depuis ‘Ain Dalya, a une journée a peine de Tanger, jusqu’a la limite nord du R’arb. C'est donc uniquement au point de vue géographique et non au point de vue administratif que nous indiquerons les limites du territoire occupé par les Khlot et les Tliq, territoire dont la superficie est d’environ 2.400 kilomatres carrés, 80 kilométres en longueur, du nord au sud, et 30 kilométres en largeur, de l’ouest a l’est. Au nord, le territoire du Khlot et du Tliq est limitrophe de Ia R’arbya, dont il est séparé par I'Qued Salem, qui prend un peu plus bas, vers son embouchure dans I’Océan, le nom d’Qued el-Halot. Dans la direction du nord-est, les Khlot et les Tliq sont bornés par la tribu de Mzora et par les Beni “Arotis : c'est la partie basse de cette tribu montagnarde qui limite le Khlot en passant entre lui et le Djebel Habib pour rejoindre le territoire de la R’arbya au nord de Mzora. C'est dans cette partie inférieure des Beni ‘Arods que se trouvent tes ‘azth de cette wibu. L’Oued ‘Ayacha sépare le territoire khlot de celui des Beni “Arods du cété du Sofi al-arba} de Lalla Zahra, appelé également Arba‘ d’‘Ayacha et Arba’ de Bedaoua parce que plusieurs douars de Bedaoua se trouvent a cet endroit. AYest, le Khlot est limité par la tribu des Beni Gorfet, puis par celle d’Ahl Serif, habitant les monts du méme nom; au sud-est, par le Djebel Garcar, au sud, par le R’arb (tribu des Sefyan). AJouest, du cété d’Actla (Arzila), le territoire des Khlot et des Tlig est borné par la tribu des Sihal qui le sépare de VOcéan atlantique, depuis Acila jusqu’a Al-‘Araich. 4 ARCHIVES MAROCAINES Tout prés de son embouchure, l'Oued Lekkotis sert de limite aux deux territoires sur une distance de trois kilo- métres environ; puis, 4 partir d’Al-‘Ardich, le territoire Khlot longe l’Océanjusqu’au chenal de la Merja az-zerqa, & Moulay Bot Selham. De la, en remontant vers le nord, & peu prés parallélement a l'Océan, la limite du territoire khlot et tliq avec le R'arb est 'Oued Dradar qui descend des collines du liq, du cdté d'‘Ayoiin Becal, et se jette dans la Merja. Cette ligne de démarcation continue ensuite de ouest 4 lest, passant au sud d’‘Ayotin Becal et des Oulad Chetoufn, au sud des collines de Drica, de Krimet Hanbana, oi elle est indiquée par un ruisseau salé appelé Al-Melila t-mobaraka, au sud d’Arbaoud et des Oulad Yahya (Khlol), pres du marabout de Sidy ‘Abdallah Al- Boudaly, et va rejoindre le Djebel Carcar. §2.— Le relief: A V'exception de I'Oued Lekkots qui s’élargit 4 I'ouest d@ELQear au confluent des vallées de Oued el-Mkhazen et de l'Qued Ouaroir, le territoire des Khlot et des Tliq est dépourvu de plaines; il se compose uniquement d'une suite de mamelons de peu d'altitude qui donnent au pays un aspect ondulé, et d'un grand nombre de ruisseaux cir- culant entre Jes aspérités du sol. Ces ruisseaux, a sec en é1é, deviennent en hiver de véritables ravins boueux, sou- vent trés difficiles a franchir, parce que les bétes s'y em- bourbent, et qui obligent les voyageurs 4 abandonner la piste habituelle pour aller chercher 4 droite ou & gauche un gué peu prés praticable. Deux routes se présentent en venant de Tanger, apres avoir franchi la R’arbya, pour entrer sur le territoire des Khlot et des Tliq : la premiare, a gauche, impraticable en hiver, descend dans la vallée de A’ejdoud, en laissant & LES TRIBUS ARABES DE LA VALLEE DU LEKKOUS = 5. gauche les collines des Oulad Moust, d’El-Briji et des Oulad Zeitoin; plus au sud, toujours & main gauche, le mamelon de Sidy ‘Ali Bod Loitfa, la créte des Oulad Boii- qrab, les hauteurs des Oulad ‘Ali, le mamelon de Sidy Sa‘id et les coteaux de Bejeir, a l'est d’El-Qear; @ main droite, les coteaux de Neqaqcha, des Oulad Ar-Ryab, des Oulad Boa Hameida, des Oulad Khazan et, entre l'Qued Malogoes,d All Sef a ee : : Naa de Magi chy es Fig. 1. — Monts d'Abt Serif, vus de Sidy |-Yamany. el-Mkhizen ct 'Ouaroiir, les hauteurs des Oulad Boa-Dje- notin, La seconde route, a droite, apros avoir passé Oued Salem, limite de la R’arbya et du territoire khlot, s’élave sur le plateau sablonneux de Sidy |-Yamany, laisse les Neqaqcha a gauche, les Oulad ‘Attya & droite, descend dans la vallée de I'Qued al-R'anem, remonte sur la colline des Khrdchfa (tombeau de Sidy Mouhammad ben Djilaly 4 ARCHIVES MAROCAINES Al-Mecbahy) aprés avoir travereé la plaine de Fahe ar- Rifdn, coupe le plateau pierreux des Khrachfa et, par une descente assez longue au milieu de ruisseaux, arrive a Vemplacement du marché de Tleta, puis 4 ’Qued Tleta de Raigana ct remonte jusqu’aa mamelon occupé par le mara- hout de Sidy ‘Aisa ben ‘Amar caché sous un bosquet d’oli- viers sauvages; un petit ruisseau, affluent de Oued et- Tleta, le contourne al'ouest. Ce mamelon franchi, la route redescend par un mauyais chemin rocailleux jusqu'a un petit torrent qui arrose les jardins des Oulad al-Klah, a droite. Elle remonte ensuite et se déroule sur un grand plateau sablonneux, couvert de lentisques et de taillis de chénes, ott se trouvent 4 main droite les Oulad Yahya, & gauche le marabout de Sidy ‘Abdallah ben Hamed. Une série de mamelons sépare cette route de celle de R'ejdoiid et se termine & I'Oued el-Mkhazen par les collines des Oulad Ben Cid, ou se trouvait peut-étre une station ro- maine gardant les ponts de Oued el-Mkhizen. Cette riviére est séparée de l'Quaroar par une série de collines peu élevées, comprenant, depuis les montagnes d’Ahl Se- rif, les hauteurs d’‘Allag, de Regagda, des Oulad ‘Ali, des Oulad Boi-Beker, des Oulad Bodgqrab et d'Al-Adeb qui les termine vers l’ouest. Les crétes de toutes ces collines sont pierreuses, présentant 4 leur sommet des arétes qui donnent, & quelque distance, Villusion de murailles en ruine. A Fest d’El-Qear, derritre les coteaux de Bejeir, se dresse la hauteur de Zhddjodka, dite Zhadjotka de l-‘Arab, en opposition A ZhAdjotika d’Ahl Serif. Elle est occupée par an village, ‘azib de Moulay I-'Arby d’Ouazzan, dont la construction est absolument identique a celle des dchour de la montagne. On n'y trouve ni khaima ni belt en briques crues ou en roseaux, mais des murs en pierres séches, re- liant les maisons les unes aux autres, en cercle ; les portes des habitations s’ouvrent dans l’intérieur de ce cercle, de LES TRIBUS ARABES DE LA VAULEE DU LEKKOUS = 7 telle sorte que les murs extérieurs ne forment qu'une en- ceinte continue, percée d’une seule ouverture donnant ac- cés sur une petite place ott couche le bétail du village. Les toitures sont en chaume. Ge village est le seul du Khlot et du Tliq qui soit construit sur ce type. [1 domine la rive gauche de I'Oued Lekkotis, vis-a-vis du dehar d’El-Ma ‘allem du Djebel R’eny qui s’éléve sur la rive droite. Au sud-est d’El-Qear, le Djebel R’eny se raltache, par quelques arétes, au Djebel Garcar. IL se compose d'une série de mamelons couronnés de villages: Keraza, Ad- Douymytn, Ach-Chtaouna, Noug R’emary, Al-Bastiotin, dchar Al-Ma ‘allem, Dar Al-Bouhaty et dehar Sidy ‘Abdallah Al-Boudaly. Le ruisseau et les jardins d’El-Ma el-bard sé- parent cette chaine des hauteurs d’Arb4oua avec le village @Arbioud d'El-Mé el-bard, au sud-ouest du Djebel R’eny. Cette chaine de collines et de mamelons continue a gauche de la route de Fés, en venant d’El-Qear, et se prolonge dans le R’arb jusqu’a la vallée de Oued Mda, issu des monts de Macmotida, Le dernier douar de Khlot de ce cété, au sud-est d’Arbaoua, estcelui des Oulad Yahya. En sortant d@El-Qear, dans la direction de Fés, on re- marque au sud, dans la vallée du Lekkous, un cirque assez étendu, fermé & lest par les hauteurs de Zhidjouka, au sud-est par le Djebel R’eny, au sud par les collines de Khedadra, de Sreima, des Oulad Ichot et d’Al-Khrarka, a Vest par les Benanda et les Soudhal de Sidy Slama. La plaine enfermée dans ce cirque, sur la rive gauche de l'Oued Lekkous, est marécageuse dans toute sa longueur. Dans sa plus grande largeur elle présente, au nord, des terres de labour, au sud, des marais; mais aux deux extré- mités est et ouest le marais occupe presque toute la di tance entre les hauteurs et le Lekkotis, surtout en hiver. Plasieurs cours d'eau contribuent 4 alimenter ce marais pendant la saison des pluies, la source de Sidy Chafi‘y a Vest, le ruisseau d’El-Ma el-bard au sud-est, les sources 8 ARCHIVES MAROCAINES d’Ain Soulfan au centre et a louest, et, par les ruisseaux de Smid el-Mé et de Sakhsokh, les sources de Taqqayoult dont les hauteurs ferment la vallée du Lekkots au sud- ouest d’El-Qear. Cette vallée est bordée sur la rive gauche, en allant de Vest & Youest, dans In direction d’Al-‘Ardich, par les hau- teurs d'Ach-Chkaifyin, des Oulad Boukhachot, par les Tp Rie Khang Hom Dawsar Bel Hicker, eee , Ane Py Tp ny Mmmm i | Srine Bil Homada, =D Mela saelss Vig. 2. — Plaine du Khlot oriental vue de Benanda. « sept collines », As-Saba' Koudd, couronnées de sept douars (Al-Qaououdma, Ar-Regriga, Si Ahmed ben Feddotil, Ad-Dairat, Sidy Sa‘id, Oulad Hammot, Al- Kouach) prés de Sidy Gueddér, enfin par les hauteurs de Sidy Oueddar et d’Al-‘Araich. En suivant Ja méme direction, mais au sud de Sreima, on trouve les collines deDriga, d’Al-Madda, d” Ayoun Becal, qui forment la limite du territoire khlot et tliq avec celui LES TRIBUS ARABES DE LA VALLE DU LEKKOUS 9 du R’arb, les hauteurs de Sidy ‘Allal Al-‘Asry, des Haouara, de Chegor, d’Arbaoua az-Zyeten. Aouest des hauteurs de Soualah de Sidy Slama, aprés avoir passé la petite colline des Oulad Sa‘id, en laissant Chegor au sud, on trouve les « sept collines » séparées par des ravins sablonneux et rocaillenx et ornées de taillis de petits chénes. Un grand plateau sablonneux s’étend a Vouest, jusqu’a Al-‘Ardich, c’est-a-dire jusqu’é la mer, dominant Ia vallée du Lekkotis au nord et se prolongeant, au sud, par la forét de chénes-li¢ge, jusqu’a Haoudra et aux dunes de Moulay Boa Selham, sur l’Océan. Ce vaste plateau sablonneux, couvert d’une maigre vé- gétation de tamarins, de lentisques ct d’asphodéles, ren- ferme les sources dont sont issus les deux ruisseaux de Smid el-Ma et de Sakhsokh qui se jettent tous deux dans Oued Lekkows, ou plus exactement dans le marais qui s’étend sur la rive gauche de ce fleuve et qui communique avec lui pendant Vhiver. § 3, — Les vallées. Le systéme hydrographique du territoire khlot et {liq ne comprend qu’un seul bassin, celui de I'Atlantique, oi se déversent tous les cours d'eau qui le sillonnent. A sec en été, a l'exception du Lekkoits et de son principal affluent, Oued Mkhazen, ces cours d’eau sont en hiver de véritables torrents qui s’accumulent dans les bas-fonds entre les aspérités du sol et forment des marais bourbeux et impraticables. 1° En partant de l’est, la premiére yallée qu’on ren- contre est celle de POued el-Mgarouel, J4, La vallée de l'Qued el-R'dnem, ili), qui coule de Vest a Pouest, est formée par une petite rividre qui prend sa source entre El-Brij et les Oulad Moiisa, passe entre les Oulad er-Ryahy au sud et Neqaqcha au nord, traverse la plaine aux myrtes, Fake ar-Rifdn, contourne au sud les Oulad “Attya, remonte un peu vers le nord pour passer entre Lalla Djilalya Al-Qaderya (Taberns) et Sidy ‘Aisa ben Khachan, traverse enfin le Sahel pour aller tomber directement dans l’Océan. LES TRIBUS ARABES DE LA VALLEE DU LEKKOGS 41 4o Les ruisseaux du Tleta de Raicdna, Ble J 83, etdes Ouldd al-Qlé'a, 28, qui se rejoignent en laissant entre eux le marché du mardi de Raicana, arrosent quelques jardins ct vont tomber dans I’Qued Bott Saly au Sibel. 5° La vallée de l'Qued el-Mi:hdzen. La principale source de la riviére de ce nom est au Djebel ‘Alem en Beni ‘Arotis, a peu de distance du tombeau de Moulay ‘Abd as-Salam ben Mechich : on Vappelle pour cette raison, ‘Ata Rardka (source de hénédiction). Le cours d'eau, appelé a cet en- droit Oued Cet, Lbo, passe a Sidy Heddy, au dchar d’‘Ain Hadid, au dehar des Chenatfa (chorfa salimyin), entre dans la tribu des Soumfta au dchar d’Akersin, puis dans latribu d’Ahl Serif au Soiq el-ethnin (marché du lundi), passe au Khemis (marché du jeudi) de Boujedian, aux dchour de Gafeaf (les saules) ctdes Beni Merguy (ou Merqi) et entre dans le Khlot aux Oulad Bott Ma‘iza. Dés son en- trée en territoire khlot il prend le nom d'Qued-el-Mkhdzen. Prenant alors la direction générale est-ouest, "'oued coule entre de hautes berges de 44 5 métres presque 4 pic, sur un fond de gravier et de limon'. Il passe a Sidy ‘Alt Botilotifa, a Al-Adoima, 4 Al-Khouarar, 4 Al-‘Ameir el- Kohal, ott se trouve une ziouya des Oulad Berreisotin, & Al-Adeb, sur la rive gauche, oi on remarque les ruines du pont détruit sur les ordres de Moulay ‘Abd al-Malek avant la bataille de 'OQued Mkhazen; en face, sur un bras mort, se dresse l'autre pont, encore debout. L'oued passe ensuite aux Oulad Haddad; sur la rive gauche se trouve I’ ‘azib de Moulay I’ ‘Arby I-Ouazzany. Sur une distance de 7 & 8 kilométres environ de longs marais bordent ses deux rives jusqu’aux villages d’Al-Ka- x, Le vicomte Ch, de Foucault signale, le 6 juillet 1883 : « Le prin- cipal cours d'eau traversé est !Oued el-Mkhazen, berges de terre & 1/2, de 4 A 5 matres de hauteur, 10 & x4 metres de berge; belle cau courante de 0,50 de profondour. » Cf. Reconnaissance au Maroc, p. rh, 12 ARCHIVES MAROCAINES hanna, le, sur la rive droite, d’Al-Mouava‘as-Sakkot- mi, L,I gots rive gauche, ‘azib des chorfa ouazzi- nyin de Tanger, Les cours de l’oued est ensuite dépourvu de villages jusqu’a son confluent avec le Lekkods, ott se trouve, sur la rive gauche, le douar d'‘Amer des Bedaona. Sur la rive droite, 4 peu de distance, mais en territoire sahel, le dchar de Tendafel abrite le sanctuaire de Sidy Embarek ben ‘Amran, dont la qoubba blanche et les bos- quets d’oliviers se voient 4 une grande distance. Outre de nombreux khnddaq, l'Qued Mkhiizen recoit, pendant son parcours en territoire khlot, l’Oued R’ejdedh, l’Qued el- Hamer, déversoir des sources et des marais des Oulad Ben Cid, qui passe sous le pont romain dont nous parle- rons plus loin pour tomber dans I'Oued Mkhazen en aval du pont ruiné (rive droite). Sur la méme rive, au douarde Kahanna, il regoit ’Oued Bod Safi qui vient du Sthel. Enfin 4 son confluent méme avec le Sekkous, il se confond avec Oued Ouarotr. A cet endroit le Lekkotis, Oued Mkhazen et ’Ouarodir se perdent pendant I’hiver en un vaste marais bourbeux et impraticable. L’Oued Mkhazen, avant d’arriver a ce confluent, atteint jusqu’a 15 4 20 métres de largeur. « En été, il n’est le plus souvent, qu’un chapelet de flaques d'eau croupie, peuplées de grenouilles et de tortues. La plaine qu'il arrose est renommée pour sa fécondité. Les orges qu’on y moissonne au printemps sont les plus lourdes de la contrée; on y récolte en automne des me- lons fameux qu’on peut manger avec la pean, dit le pro- verbe! ». Ces melons si réputés sont ceux d’Al-‘Ameir, zal, pour achat desquels le Dar al-Makhzen de Fes im- pose une contribution aux habitants d’El-Qear’. 6* L'Ouarottr, y4)5, est une petite riviére qui prend sa 1. Cf, De Segonzac, Voyages au Maroc, p. 4. 2. Cf. Hl-Qear el-Kebir (Archives maracaines, 11, 2, p. 50). LES TRIBUS ARABES DE LA VALLEE DU LEKKOUS 13 source en Soumata, pris du tombeau de Sidy l-Mezouar, descendant d'Idris et aieul de Moulay ‘Abd as-Salam, et entre en Ahl Serif, sous le nom d'Qued Azeld, au dchar d“Angar Al-Merinytn (les sources des Mérinides), ot il est alimenté par les sources qui ont donné son nomau village. L’Oued Azela passe ensuite 4 Dar el-Oued dans la méme tribu et entre dans le Khlo} au village d’’Allag, of ill prend le nom d’Ouarotir. Il passe alors aux Oulad Al-Iarty, s6- pare El-Redour (rive gauche) des Oulad Djemil et d’EI- Herersa (rive droite), passe aux Ryaina, traverse le marais (merja) de Bott Harcha qui s’étend des Ryainaau douar de Chfeira, sur la rive gauche, entre l'Quarotr et le Lekkotis, A partir de ce douar, I'Quarodr est connu dans le pays sous le nom d’Ad-Harhar, »,!, jusqu’a son confluent avec POued el-Mkhizen et avec l'Oued Lekkots. Dans son cours inférieur, l’Quarotir est assez maréca- geux ct infranchissable en hiver, la terre grasse dont son lit est formé ne permettant pas de pratiquer des gués. ILy a une.douzaine d’années environ, les habitants d’Al- Monara, rive droite, entre ’OQued Mkhazen et l'Ouaroar, réunirent la somme nécessaire a la construction d’un pont pres du douar de Chfeira, afin de n’étre pas isolés et sans communication avec El-Qear en hiver. On acheta dans cette ville tous les matériaux, briques, chaux, etc., et on cons- truisit le pont. Mais alors intervint un des principaux per- sonnages du Khlot, Al-Hladj Mouhammad ben At-Tayyib Ach-Chfeira, qui fit démolir la construction par ses do- mestiques et ses esclaves, sous le prétexte que ce pont poavait permeltreaux pillards du Sahel de venir Pattaquer et lui voler son bétail. Dans son cours moyen, 4 travers la plaine da Khlot, lOuaroir a environ 8 410 metres de largeur; il est bordé de herges de terre de 3 a 4 métres de hauteur. See en été, sauf quelques flaques d'eau assez profondes ou on péche le Sotiri, il est sujet en hiver a des erues trés rapides, mais 4 ARCLUVES MAKOCAINES: qui durent généralement peu : c'est un véritable torrent. Dans les trés fortes crues, ses eaux se rejoignent dans la plaine 4 celle de FOued Mkhazen et du Lekkois Outre quelques kkadday, le seul ruisseau qui tombe dans l'Quarotr est celui qui porte le nom étrange de Frechkaoua, 3&9 (probablement de espagnol agua fresea). Il se jette"dans ’'Quarotir, sur la rive gauche, aux Oulad Al-Iarty, en face des Oulad Djaber, a droite de la route de Tanger lorsqu’on vient d'El-Qcar. Fig. 4. — Pout de POued Sif-Elaou. 7° La vallée du Lekhotls, (35. D’aprés lopinion généralement accréditée dans le pays, TOued Lekkots aurait la méme origine que ’Qued Sif- Elaou, 3! _o«, déversoir des sources de la montagne de Chefchaoun, dans la tribu de Khames. Certains disent cependant que le Lekkots serait issu d’une source plus élevée dans les montagnes de Khames, qui formerait un petit cours d’eau auquel I’Qued Sif-Elaou viendrait s'ajou- ter. Mais nous savons d’autre part que le Sif-Elaou se jette dans la Méditerranée, 4 lest de Tétouan'. 1, L’Qued Sifellaou on Sif-Laou n'est autre que Oued Laou ou Oued LES TRIBUS ARABES DE LA VALLEE DU LEKKOUS 15 Quoi qu'il en soit, !Oued Lekkots, ancien Lixus, prend sa source dans la tribu du Khames, non loin de Chefchaoun ou Ech-Chaouen, De Ia, il passe dans la tribu de R'zaoua, puis dans celle de Rehotina, a laquelle il sert de limite pendant quelque temps avec la tribu d’Ahl Serif, Il sépare ensuite cette derniére tribu de celle des Macmodda, puis de celle de Carcar, et enfin du territoire khlot et tliq, partir du dchar des Beni Ma‘afa en Ahl Serif (rive droite). En face des Beni Ma‘afa, sur la rive gauche, commence le territoire khlot, occupé d’abord par des jardins. Le fleuve est traversé, cette hauteur, au gué de Sebbdb (Ahl Sérif)'. A partir du dehar d’Al-Ma‘Allem (Ahl Serif, rive droite), le Lekkois entre définitivement en territoire khlot et forme, en coulant vers le sud, une boucle qui enferme le village de Zhadjotka (Tliq). En face du dchar d’Al-Ma‘al- lem se trouve, sur la rive gauche, un ‘azib de Moulay L‘Arby d’Ouazzin; 4 ouverture de la boucle, rive gauche, Lod des auteurs arabes du moyen Age, que Ch, Tissot identifie aves le « Laud flumen » de Pline, et ‘qui se jette dans la Méditerranée entre les tribus des Beni Sa‘id et des R’omira &Vendroit appelé Gairsas, limite entre les Beni Sa‘id, les R’omara, et les Beni Hasan, Cf. De La Marti- nigre et Lacroix, Documents sur le Nord-ouest africain, 1, p. 321. D'aprés des gens de Chefchioun ou Ach-Chiouen, l’Qued Sif-Elaou prendrait sa source principale un peu au-dessus d’um marché considérable des Kha- mes, dit Soiq el-had Beni Derkotin (955? 543, Peis de co marché, la rivigre passe au fond d’um ravin d'une quinzaine de métres de profon- deur, sur lequel est jeté un pont d'une vingtaine de metres de long et de 4 métres de large sans compter la largeur des parapets, qui est de 0,76 environ, Ce pont, biti en pierres, « sa chuussée recouverte de larges dalles : le croquis ci-dessus représente le profil du pont, d'aprés les gens du pays. Ce pont, situé a trois heures & Pest de Chaouen, pa- rait étre de construction romaine, ce qui coneorderait avec les rensei- gnements déja recucillis sur Mesistence de vestiges anciens & Chitouen. 1, « Aujourd’hui !Qued coule a pleins bords. Au village de Sebbib {Ehl Sérif) 00 nous le traversons, ila trente métres de largeur, un mdtre de profondeur (30 janvier 1901). » De Segonzac, Voyages au Maroc, p- 5. 16 ARCHIVES MAROCAINES le village khlot d’Al-Qraroua, 31,1. A partir de ce village, le Lekkods traverse une région couverte de jardins appe- Ive ALR'outba, i 931, qui se prolonge jusqu’au village d’Ad-Douamar, rive droite, vis-a-vis de la petite source a'"Ain Derham, py? ye, qui se déverse dans le Lekkous. Le fleuve traverse alors les jardins de Sydr, yL-, qui s’étendent sur ses deux rives, puis ceux d'Al-Khamry, Spel, verger de figniers jusqu’au pont de Cherchgd, Wiss, bati sur le vaste marais qui s’étale sur la rive gauche du Lekkous depuis le Djebel R’eny jusqu’a Al-‘Araich et qui traverse 4 cet endroit le cirque formé par la vallée. Ce pont a été construit aux frais des habows d’El-Qear et doit étre entretenu par eux. La route de Fés longe le fleuve, de Cherchqa au gué @EL-Qear, sur sa rive gauche; sur Pautre rive s’étendent a perte de vue des terres de labour : a cet endroit le cours d'eau porte le nom de Machra‘ as-Sorrdg (gué des voleurs), parce que le gué qui se trouve la est fréquenté depuis de Li TRIBUS ARABES DE LA VALLEE DU LEKKOUS 47 longues années par les voleurs de la montagne qui évitent la traversée d’El-Qar et vont opérer sur la rive gauche. Avant d’arriver au gué d’El-Qcear, le Lekkods remonte un peu a Vest et décrit une bouele, laissant quelques jar- dins entre lui et la route de Fés (rive gauche); puis il revient franchement vers louest. Mais autrefois il re- montait vers le nord et traversait El-Qcar en se parta- geant en plusieurs branches qui se réunissaient en aval de la ville, au gué actuel de Mertga. A une époque que nous n’avyons pu déterminer, aprés une crue trés forte du fleuve, qui avait détruit en grande partie El-Qear, les habitants de cette ville résolurent d’ouvrir un nouveau lit 4 Vouest et de fermer l'ancien. On pratiqua une ouverture a lendroit appelé aujourd'hui as-soudd (le barrage) et le cours de Poued se trouva dérivé dans le lit actuel, d’ow le nom d’Qued el-Djedtd (rividre nouvelle) donnéa cette par- tie du Lekkous qui suit le soudd'. L’ancien lit de la riviére est encore visible en ce lieu, a travers les jardins, et l’eau y remonte dans les fortes crues. L’eau venant de la source d"Ain-Magodz, qui s'écoule dans le marais de ce nom a Vest d’El-Qear, se déverse également dans I'ancien lit du fleuve et traverse le marché qui sépare les deux quartiers de la ville, Ach-Chari‘a et Bab el-Oued. Entre le Soudd et le gué d'‘Oued el-Djedid s’étendent des jardins appelés El-Mesila, Nol\, sur larive droite, et Et-Tenan, Ubi), sur la rive gauche. Le gué de I'Oued el-Djedid est traversé par la grande route de Fés: il n'est praticable qu’en été et au printemps, la profondeur de l’eau en cet endroit étant de 0",60 4 0",70 en mai, de 0",10 seulement en aoit. Pendant la saison des pluies, le passage s'effectue a l'aide d'un bac établi au gué des Bandtyin, 4 peu de distance en aval du pré~ x. Nous avons parlé de cette dérivation du flenve en exposant In topo- graphic d'El-Qear cl-Kebir (Archives marocaines, Il, 2, p. 24) BCH, MANOC. 2 18 ARCHIVES MAROCAINES cédent, en face du marabout de Sidy Al-ffasan Al-R’arib, rive gauche. A cet endroit le fleuve a 20 & 25 métres de large; il coule sur un fond de gravier entre de hautes berges, de 74 8 métres de hauteur‘, parfois en pente douce comme dans la région des jardins en amont et en aval d’El-Qear, parfois a pic : ces berges iront en s'abais- sant 4 mesure qu'on approchera de la mer, pour dispa- raitre complétement a ’embouchure. Fig. 6. — Gué de Oued el-Djedia. Entre le gué des Bandtyin et celui d’Er-Rad, (ply!, qui lui fait suite, les quartiers de jardins s’appellent Ad- Douyoir sur la rive droite et Hamrya sur la rive gauche. Aprés les jardins d'Zr-Réd, le Lekkods traverse ceux de Khannois, (y=4, @’Al-Maddd, 31}, sur les deux rives, jusqu’au gué de Boichdboira, \,s:\433, suivi de celui d'Al- Madjlis, (pls, et de celui d’EF-Merica, t» yl, Le Machra‘ al-Merica est le lieu ot: la route d'été d’El- 1, CF, De Foucault, Heconnaissance au Maroc, p. 15. Li RIBUS ARABES DE LA VALLEE DU LEKKOUS 19 (ear a Al-‘Aviich traverse 'Oued Lekkotis, encaissé entre des berges de 5 métres de haut en pente douce; la profon- deur de l'eau est d'environ 0,50 en juin, 1,20 4 1",50 en hiver. C'est l’extréme limite of se fait sentir, dans la ri- viere, la marée de l’Océan, L’eau salée, remontant jusque la, change la nature du fond: le gravier est remplacé par du sable et de la boue. Il est d’usage que le bac qui sert a tra- verser le Lekkods au gué des Bandlyin et qui est formé par Al-‘Aratch, soit amené par les mariniers de cette ville jus- Fig. 7. — Le Lekkods au gué de Meriga. qu’au gué d'El-Mertga, d’oit il est conduit a destination par le fermier du droit de bac. De méme, lorsque le Makhzen faisait faire des transports par eau pour son compte, tels que blé, grains, briques, ou autres matériaux de construction, ces marchandises étaient amenées d’Al-‘Ardich a El-Merica, ou les chameliers et les muletiers les chargeaient, et vice versa. Depuis quelques années, ce systéme de transport west plus usité, sans doute pour éviter que le commerce européen ne soit tenté de profiler de ce qui est considéré 20 ARCHIVES MAROCAINES comme un droit de souveraineté'. Au gué de Meriga, sur la rive droite, se trouve la qoubba de Sidy Zegglou (Zglo), au douar des Oulad Ouchih. Le Lekkods, qui était remonté au nord a partir du gué des Banatyin, change de direction a celui de Merica et se dirige, a Vouest, vers le gué d’A/-Habdt prés des Oulud Khazan (rive droite), limite extréme de navigabilité du fleuve en été. Il passe ensuite a Sidy Guedddr, marabout enfoui dans un bois d'oliviers, de figuiers et de peupliers, donnantsur la berge méme, puis au gué del’Etoile, Machra’ an-Nadjma, en face du douar de Chfeira (rive droite). Un peu en aval de ce gué commence, sur la rive gauche du Lekkots, l'‘adir du sultan, c’est-a-dire les haras du gou- vernement, dont nous parlerons plus loin, Leur limite, du cété d’Al-‘Araich, est l'Qued Sakhsokh, traversé par un pont de pierre sur la route d’Al-‘Ardich a El-Qear. Aprés I'adtr, la vallée de I'Oued Lekkotis est resserrée par la colline boisée de Sidy Oueddar (rive gauche), puis les jar- dins d’Al-‘Araich au bas desquels se trouvent les salines, marais salants primitifs ou Peau de mer est retenue et laissée a l'évaporation du soleil comme a Tandja al-Balya prés de Tanger. Sur la rive gauche du fleuve nous trouvons ensuite les chantiers de la marine, ov sont fabriquées les barcasses qui passent la barre pour décharger les vapeurs en pleine mer; ces chantiers, qui avaient autrefois une cer- taine importance, sont aujourd'hui presque déserts. Al- ‘Ardich, enfin, étale 4 Pestuaire du fleuve ses docks, sa douane et ses maisons jaunes et bleues, tassées les unes sur les autres. La rive droite du Lekkods, 4 partir du confluent de VOued Mkhazen et du Ouarotr, est en territoire Sdhel. 1, Dans Vesprit des gouvernants marocains toute facilité accordée au commerce est considérée comme une porte ouverte A a pénétration eu- ropéenne ot doit étre par conséquont supprimée, {dt-ce aux dépens des indigenes eus-mémes, LES TRIBUS ARABES DE LA VALLEE DU LEKKOUS 21 Elle est fort pittoresque avec sa grande qoubha de Sidy Embarck ben ‘Amrin, bien entretenue, blanchic a la chaux, comme i] convient au plus célébre marabout de la région, son bois d’olivier, séparé du fleuve par un marais infranchissable, inondé par la marée, et sa colline boisée de Chemmich, (74, au sommet de laquelle on apercoit les restes du mur phénicien de Lixus. A partir de Chemmich, le fleuve, laissant a droite Raggdda (Sahel) se dirige au Debra ele Flagged. ee: Tpebel Hebit Sal a i Fob Ba Gockel Fig. 8. — L'estuaire du Lekkots, vu d'Al-‘Araich, sud vers Al-‘Araich et tourne brusquement 4 l’ouest pour se jeter dans l'Océan entre la ville et la plage de Rds er- Remel, Sur la rive gauche se trouve une grande ile maré- cageuse entourée a l'ouest et au nord par la riviére, au sud et a V’est par un bras mort qui a son point de départ du lit principal entre Sidy Embarek et Chemmich et abou- tit prés d’Al-‘Ardich en face de l'embouchure du fleuve : cette ile, appelée généralement Al-Khlidj (fondriére) est 22 ARCHIVES MAROCAINES le produit d’alluvions récentes, probablement postérieur 4 la fondation de la colonie phénicienne*. Les affluents de droite du Lekkots sont: 1° Le Tahroitt, 215), simple khandaq, torrent en hiver, asec en été, qui vient d’Ahl Serif, passe a lest de Doua- mar, a l’ouest d’Al-Hallalfa et tombe dans le fleuve prés du village d’Al-Qraroua ; 2° Un déversoir du marais d’'Ain Magotiz au gué des Voleurs (M. as-Sorrdq); 3° Un autre déversoir du méme marais, qui tombe dans le lit d'As-Soudd et de la dans le fleuve; a l’époque des grandes crues, Peau du Lekkods envahit ce lit et repousse Veau de ce déversoir jusque dans la ville; 4° Le khandaq de Bot Houth, 2a », que la route d'été d’El-Qear a Al-‘Ardich traverse sur un pont de briques en mauvais état A une demi-heure d’El-Qear, et qui tombe dans le Lekkotis au gué de Merica; 5° et 6° l’'Quaroar et l’Oued Mkhazen, dont nous avons parlé, et qui ont leur confluent commun, prés du Sidy Embarek ben ‘Amran. Sur la rive gauche, les affluents du Lekkous sont : x, Sur ce dilidj, of. Tissot, Itinéraire de Tanger & Rabat (Bulletin de la Société de Géographie de Paris, 1876, p. 250-256}. Voici les obser- vations de L. de Campon sur le Lekkots : « Oueds el-Khos et Kharoub : Ces deux rivitres, Oued el-Khos et 'Oued-Kharoub, appartiennent 4 deux bassins particuliers situés au nord du Sebou. Ayant eu Poceasion aen évaluer importance, je leur consacrerai quelques lignes, L'Oued el-Khos prend sa source dans le Djebel-Chaoun, passe prés d’Aleazar, quill laisse sur sa rive droite et va se jeter dans I’Océan prés de La- rache, Il avaitle 30 mars au gué d’Aleazar un débit de 44 metres cubes & a seconde ace une largeur de 46 métres et une profondeur de 1 métre, Son étiage est de 2 mitres cubes et ses crues fortes de 510 métres cubes avec une hauteur d'eau de 5 métres et une largeur de 50 métres. Lors de ses crues fortes, il inonde les basses plaines. Cette riviére est assez en- eaissée.., » Cf. Un empire qui croule, p, 213, LES ‘TRIBUS ARABES DE LA VALLEE DU LEKKOUS 23 1° Le déversoir de la souree d''Adn Sidy Chdft', au Dje- bel R'eny, qui tombe dans le fleuve a Ain Derham; 2. L’Qued el-Md el-bard (Veau froide), qui alimente le vaste marais recouvrant toute la vallée, sur la rive gauche, et tombe dans le fleuve & El-Mecila; 3° L'Oued Akhfacha, isa, qui vient des sources d"A- yodn Bacal, des Oulad Chetouan, et tombe dans le marais ; 49 Le Dahnoiin x93, qui prend sa source a Krém (Tliq) et tombe dans le marais'. Celui-ci prend a cet endroit le nom de Mardja Sidy Sléma, & cause du voisinage du ma- rabout de ce nom, auquel on arrive d'El-Qear en trayer- sant le marais sur un pont appelé Qantara Sidy Slama, Ce pont a été construit, il y a un sidcle environ, par une femme de la famille des Oulad el-Metny, d’El-Qear, qui était tombée dans le marais en allant en pélerinage 4 Mou- lay Bot Selham. Le marais a un déversoir dans le Lekkous, entre le gué de Bot Chabotira et celui de Madjlis; il se continue a Youest sous le nom de Mardja Chgtfyin, pai, et se dé- verse dans le fleuve a l'est de Sidy Gueddar; ce dernier déversoir est connu sous le nom d’El-Kutz, j:5, 5, 6° et 7° Les ruisseaux de Smid el-Md, de Sakhsokh et de Skisakh qui traversent ladir du sultan et dont nous parlerons plus loin en décrivant cet établissement. 8" La vallée de !' Oued Souetr. L'Oued Soueir est une petite riviére, longue de quel- 1. Ce ruisseau était autrefois réservé au Makhzen pour Ia péche du Ce poisson était expédié A la cour, salé, dans des caisses. Depuis, une cinquantaine d’années cet usage est tombé en désuétude, mais per- sonne ne péche dans ?Oued Dabnoin, qui ne fait pas partie des conces~ jons accordées a Sid el-Hadj ‘Abd as-Salam Al-Baqqily et dont a hérité son fils, On trouve dans le Dahnoin des bodri énormes, assez peu man- geables d’ailleurs, En ARCHIVES MAROCAINES ques kilométres seulement, qui coule de est a l'ouest, l’extrémité méridionale du territoire khlot, et se déverse dans I’étang de Gla. ja de Glé, ou Mardja Sidy ’Abdallah Al-Meg- bah, est située & deux heures au sud d'Al-‘Ardich, en p: sant par la route quilonge la mer, a 1.500 métres dans térieur des terres et 4 16 métres au-dessus du nivean de la mer, dont elle est séparée par un dos d’ane portant le douar khlot des Oulad Ber-Rejal, relevant du qaid de Mah- dya. L’étang, qui n’a aucun écoulement dans la mer, est alimenté par de nombreuses sources, outre l’Oued Soueir; Bévation, Fig. 9. — Ma‘adya sur le Lekkods et I'étang de Gla. il mesure plus de 4.000 metres de circonférence et est en- touré de jones qui poussent sur ses bords, abritant tout un monde d’oiseaux aquatiques, canards sauvages, poules d’eau, mouettes, etc., qui font leur pature des anguilles du lac. L’eau est peu profonde, mais le fond est vaseux; les in- digénes confectionnent des ma‘adya pour traverser la la- gune. Ges radeaux ont la forme d’un bateau coupé en deux, par le milieu ; ils se composent de bottes dé joncs attachées ensemble au moyen de cordes en fibres de pal- mier nain, A une centaine de métres au nord de I’étang se trouvent LES TRIBUS ARABES DE LA VALLEE DU LEKKOUS 25 la qoubba de Sidy ‘Abdallah Al-Meebahy, connu sous le nom de Sidy ‘Abdallah de Gla, une belle maison habitée par ledescendantde Sidy ‘Abdallah, Sidy Mouhammad ben ‘Abd- allah ben Af-Tayyib, maison luxueuse, ornée de mosaiques comme une maison de Fés et entourée d'un village appelé Gld renfermant une mosquée sans minaret. De trés beaux jardins de figuiers, d’orangers ct de vignes s‘étendent non join de la maison et de l'étang. A l'extrémité sud de la Merdja se trouve la qoubba de Sidy Mouhammad ben ‘Ali Al-Mecbahy, au douar de Choudfa'* et\+, (R'arb). § 4. — Les routes. Comme dans tout le reste du Maroc, il n’y a pas 4 pro- prement parler de routes sur le territoire du Khlot et du Tliq, mais de simples pistes, plus ou moins larges, selon la nature du terrain et le nombre plus ou moins grand des caravanes et des passants qui y circulent. Deux trongons de routes pavées existent cependant, au nord d’El-Qear, de la ville an marabout de Moulay ‘Ali Bot R’aleb, sur un kilométre a peine de parcours, et au sud, @’El-Qcar au gué de POued-el-Djedid sur un parcours de 1.500 métres environ. Le mot « routes » que nous emploierons ne doit done pas évoquer l'idée de routes européennes : ce ne sont que des pistes de caravanes, nullement entretenues. On ne trouve de ponts, égale- ment, qu’aux environs immédiats d’El-Qear, sur des marais ou des fossés boueux et non sur des riviéres. Le pont romain qui permettait de traverser l'Qued el-Mkhizen a été détruit en 1578, lors de la bataille des Trois Rois, et 1, Lrexistence de goubba des Mecbihyin sur ceite ete est une preave Yappui de Ja thése que nous exposerons plus loin, que les Oulad cl- Mecbah étaient des veilleurs le long de la cdte atlantique & Mépoque de la Djihid, 26 ARCHIVES MAROCAINES celui qui subsiste encore sur l’Qued el-Heimer n’est d'au- cune utilité, La plupart des routes du Khlot et du Tliq se rejoignent a El-Qear; elles sont au nombre d’une quinzaine : De Tanger A I’és, deux routes; De Tétouan 4 Fés, une ronte jusqu’h El-Qear, deux dEl-Qear a Fes; De Tanger a Ouezzin, deux routes jusqu’a El-Qear, trois @El-Qear 4 Ouezzin; De Tanger 4 Rabat, les mémes, jusqu’a El-Qear, que de Tanger a Fés, deux routes d’El-Qear a Rabat; D'AL“Araich & Quezzin, deux routes jusqu'a El-Qcar. trois d’El-Qcar 4 Ouezzin. Les quatres routes qui ne passent pas par El-Qear sont celles de Tétouan & Al-‘Ardich, d’Al-‘Ardich a Rabat, de Tanger 4 Rabat directement et une route d’Al-‘Ardich a Ouezzin. La route de Tanger 4 Al-“Ardich, en quittant la R’arbya, traverse 4 peine le territoire tlig au nord, prés de Sidy J-Yamany, aux Oulad ‘Attya et entre immédiatement dans Ie Sahel of elle continue jusqu’a Al-’Araich. Nous n’avons donc pas & nous en occuper. D’Acila a El-Qear existe une route qui ne traverse, en sortant du Sahel, qu’un trés petit espace sur le territoire des Oulad ‘Attya (Tliq), et rejoint immédiatement la route ouest de Tanger a El-Qear, a Sidy 1-Yamany. Liitinéraire de Tanger a Fés comprend deux routes jus- qu’a El-Qear. La premiere, 4 I’est, entre sur le territoire Khlot et tty apres le passage de I’Qued Salem, qui sépare ce territoire de celui de la R’arbya. L’Oued Salem est un ruisseau qui sort des collines de la R’arbya et de Mzora et se jette dans la mer au nord d’Acila, sous le nom d’Oued el-falou. ll coule sur un fond de sable, entre des berges de sable, de 2 métres enyiron de hauteur. Son débit est LES TRIBUS ARABES DE LA VALLEE DU LEKKOUS — 27 insignifiant : il est done toujours franchissable, mais comme il se trouve dans un vallon tris resserré et éloigné de toute habitation, son passage a toujours été un coupe- gorge pour les voyageurs isolés. Le premier douar du Khlot est celui d'El-Kroata (les pierres ou les rochers), fraction des Oulad ‘Amran. La route traverse ensuite les Oulad Motisa (Tliq-Bedour) et, un peu au Sud, entre dansla vallée de R'ejded qu’un grand nombre de khnadaq (fossés) et la nature du terrain /owars rendent impraticable en hiver. On arriva alors aux Oulad Zeitotin, a la fraction dite de Bdb al-Mar’doir (la porte du trahi), autre coupe- gorge : la Bab al-Mar'doar est une tranchée dans les col- lines orientales des Oulad Zeitotin, of passe la route d’Al-“Ardich 4 Tétouan qui coupe A cet endroit celle de Tanger a El-Qear et a Fas. De la, la route passe devant les Oulad Khalkhal (Oulad Ya‘goitb), village du qaid Al- Khalkhaly, gouverneur des Oulad Ya‘goab; elle laisse ce village a droite (ouest) et a gauche celui d'A/-‘Ameir al- boutd, G23 yLe!l (les blancs), par opposition a Al-Ametr al-kouhal, Jai (les noirs). Une fraction des “Ameir al- bouid, les Oulad ‘Abdallah, sont ‘azzdba des chorfa de Tanger. Entre les deux ‘Ameir, la route traverse l’'Qued el-Mkhazen en amont du pont romain et, avant d'arriver aux ‘Ameir al-kouhal, elle passe un bras mort de cette riviére, torrent de boue souvent infranchissable. Le village d’Al-‘Ameiral-kouhal est une zAouya des chorfa Oulad Berreisoin; il est connu généralement sous Je nom d'Al-Kharrotiba, dun grand caroubier, voisin de la route, au milieu du cimetiére du village. Un mar depierres séches, blanchies a la chaux, entoure le pied du caroubier: c’est un jaouch en mémoire d'un chérif berreisoin, probable- ment Sidy ‘Abd as-Salam, mort il y a quelques années, et qui s'y tenait assis fréquemment. On appelle aussi Al-Khar- rouba du nom berbére de Siar’oua, 3,6%.. Aprés les Oulad Bod-Jenotin 4 droite, on arrive 4 POued 28 ARCHIVES MAROCAINES Ouarotr en laissant a gauche les chorfa Oulad Djemil, a droite le donar d'El-Herersa (Tliq) avec le marabout de Sidy Mouhammad ben Ahmed Ach-Charqy, surnommé Sidy Bod Qeiba (Ie pore au roseau), probablement & cause du roseau supportant un chiffon d'une blancheur douteuse planté devant la porte. L’Ouarottr franchi, la route laisse 4 gauche le village de Bott ‘Amran, plus loin, a droite, les Oulad Ahmed, et arrive A Vendroit appelé Amit ach-chd‘ar, las) Joy, du nom Wune famille d’El-Qear, les Oulad Cha‘ar, qui livré- rent, dit-on, dans cet endroit sablonneux (rméi), une san- glante escarmouche a des chrétiens, Portugais sans doute, @’ALArdich qui étaient venus en maraude prés de la ville. La route débouche au Minzah, prés d’El-Qear, passe & gauche, & lest de la ville qu’elle contourne par Sidy Makh- lotif, par Sidy ‘Abdallah Al-Madhloum, rejoint la route pavée de I'Qued cl-Djedid, traverse le Lekkots au gué de ce nom lorsqu’il est franchissable. Dans le cas contraire, les caravanes prennent la direction de Sidy Bel-‘Abbas, tournent a gauche dans les jardins pour gagner le gué des Banatyin oi1 se trouve le bac qui permet de traverser le fleuve. La grande route part du gué d’Oued el-Djedid; sur la rive gauche, se dirigeant au sud-est, traverse le marais au pont de Cherchqa, passe prés du douar de Seyar, a gauche, gravit la pente caillouteuse de Koudya Moulay Isma‘il, longe les jardins d’EI-Ma el-bard en traversant plusieurs petits affluents de cette riviére, A droite, sur la hauteur, se dresse le village d’Al-Khedadra (Tliq), peu de temps aprés, 4 gauche, sur une hauteur également, celui d’Arbaoua (Khlot). La route pierreuse, sauf ade rares en- droits, a des passages trés étroits entre la colline est et un petit torrent encaissé qui tombe dans i’Oued el-Ma el-bard. Un peu au sud d’Arbfoua, la route se divise : le trongon de gauche (est) va 4 Ghemakha et LES TRIBUS ARABES DE LA VALLE DU LEKKOUS 29 reste en territoire khlotjusqu’a El-Haredyin, c’est la route @6té; le trongon de droite (ouest) passe sur la hauteur de Krmet Hankdna, sila =, et descend dans la vallée de Mlilah Embarka, Sj.» As, petite riviere salée qui vient de Drica et forme la limite du territoire khlot ct {liq avec le R‘arb; c’est la route Whiver, la grand’route makhzen qui passe par la Qaryat al-‘Abbasy. La denxiéme route de Tanger a Fés, appelée route du Tleta de Retgdna, entre également en territoire khlot et tliq aprés avoir traversé l'Oued Salem. Elle passe entre Bon Gf Aixcex Wig. 19. — Les Djebala vus de Sidy 1-Yamany. Sidy 1-Yamany 4 l’est et les Oulad ‘Attya 4 louest (Tliq), laisse les Neqaqcha a lest (Tliq), traverse ’Oued el-R’- nem, Fabg ar-rihan, remonte aux Khachefa (Khlot), prés desquels se trouve le tombeau de Sidy Mouhammad al- Djtlany al-Megbahy, redescend sur ?Oued Reicana, traverse le sotiq de ce nom, remonte au tombeau de Sidy ‘Aissa ben ‘Amar, signalé par un bouquet d’oliviers sauvages, et redescend ensuite par un assez mauvais passage jus- qu’au ruisscau des Oulad Al-Qlah. De la, elle monte sur le plateau couvert de taillis de chénes qui porte & l’est le tom- beau de Sidy ‘Abdallah ben Hamed et 4 l’ouest les Oulad Yahya (Khlot), descend ensuite dansla plaine de 'Oued el- Mkhazen, traverse I'OQued el-Heimer, laissant le pont romain a gauche, et longe PQued el-Mikhtzen jusqu’au gué des Oulad Haddad. Ce gué étant franchi, la route se dirige 30 ARCHIVES MAROCAINES vers le tombeau de Moulay “Abd al~Malek, laisse 4 Youestle douar de Zeroual,‘azib du chérif Sidy Al-Yazid d’Acila, des Oulad Sidy ben ‘Aissa, franchit le marais de Bod Halib, puis I'Quaroitr, laissant a louest Er-Ryaina (rive gauche) et, aprés avoir traversé une assez grande étendue de ter- rains touars, rejoint i Rmil ech-Cha‘ar la route ouest avec laquelle elle se confond. On emprunte ces deux routes jusqu’a El-Qcar, pour aller de Tanger 4 Ouczzin. D’El-Qear, deux routes vont direc- tement a Ouezzin ; la troisiéme quitte la route de Fés a El- Ma el-bard avant les jardins, Fig. 14, — Les Djebala vus du Tleta de Reigdna, La premiére route d’El-Qear a Ouezzin quitte la route de Fés a Sidy Makhloaf, 4 lest de la ville, traverse les jardins, monte 4 Sidy Embarek ben Ouabchya et redes- cend au Tahrout, petit torrent qui forme la limite du Khlot et d’Ahl Sérif. La route continue dans cette derniére tribu, oit nous ne la suivrons pas, sous le nom de route de Sebbdb (village d’Ahl Serif). La deuxiéme route s’amorce sur la route de Fés a Sidy ‘Abdallah Al-Madhlotm, au sud-est de la ville, longe le mahfar al-hazzdn, traverse les douars des Oulad Sedra (Khlot-Bjeir), d’Al-Helalfa, et passe le Lekkotis au gré d’Al- Hadjar. De la elle se dirige vers Ouljat ar-Roummédan (le coude des grenadiers) en laissant a gauche au sud, la col- LES TRIBUS ARABES DE LA VALLE DU LEKKOUS 31 line de Zhadjouka de I'‘Arab (‘aztb de Moulay I' ‘Arby d'Ouezzin), passe la boucle formée par le Lekkotis et en- globant Zhadjodka, traverse de nouveau le fleuve et entre en Ahl Serif. Cette route, qui passe au nord-est du Djebel Cargar, s'appelle la route d'£l-Hammdra, parce qu'elle passe au village de ce nom, dans la tribu de Magmotida. La troisiéme route s’amorce sur celle de Fés avant les jardins d’El-MA el-bard, traverse 4 son point de départ le ruisseau de ce nom et, laissant au nord le Djebel R’eny et le Garcar, monte au village de Chgddfa, ‘azib des chorfa Bes. Gorlt Kin Asib dete lel b a } rae ib dele sll Al Degas es Be Gerkt } NlSoif A See Fig. 12, — Les Djebala vus de Sidy + Yamany. d'Ouezzin, Elle longe ensuite le village de Keraza, ‘azib des mémes chorfa, celui des Dodmyin, qu'elle traverse, et entre en territoire r’arb (Beni Sefyan). Cette route, qui est la plus longue pour arriver a Ouezzin, est la plus sire des trois, parce qu’elle évite la traversée des tribus d'Ahl Serif et de Rehoiina. On l'appelle habituellement route du Rarb, ou de Cherichira, iyi yt. Ce dernier nom vient de la cascade de Cherichira, produite par l’Qued Mda a l'en- droit ot il sort de la tribu des Magmoida pour entrer dans le R’arb, et oft la route d’OQuezzan quitte le R’arb pour en- trer en Macmodda. 32 ARCHIVES MAROCAINES La route de Tétouan a Fés, aprés avoir passé au bas et a Youest du Djebel Habib, aprés avoir traversé l'extrémité ouest des ‘azib des Beni ‘Aroiis, entre en territoire khlot et jlig @ partir de l'Oued ‘Ayacha, prés du confluent de TOued el-Mgarouel avec cette riviére. Elle traverse alors le sotiq dit de l’Arba‘ d’Ayacha ou de l’Arhba‘ de Bedaoua, les villages des Bedaona qui ont été presque complétement détruits et pillés au cours de la période de troubles qui dure depuis plus de trois ans et qui n'est pas encore ter- minée, et suit la vallée de l’Oued el-Mgarouel laissant & gauche (est) les nontagnes des Beni Gorfet et 4 droite les Oulad Motisa (Tliq-Bedowtr). La route passe ensuite prés de la Guetta al-‘Aila (mare de la jeune fille), longe a l’est les Oulad Zeitotm, d’out se détache un trongon qui va 4 Al- Arfich en passant par la tranchée de Bab al-Mar'dotir (Oulad Zeitotn), dans la direction du sud-ouest. La vallée de Y'Qued Mgarouel tourne & l’est vers les Beni Gorfet d’out vient cette riviére et la route continue vers le sud en longeant les Beni Gorfet, traverse la petite riviére d’Ametr qui vient des Beni Gorfet et va tomber dans l’Oued Mkhazen pres du village del'Ameir. La route laisse a l’est Sidy ‘Ali Bott 1-Oufa et au loin les hauteurs des Beni Merqi en Ahl Serif, puis longe le pied de la chaine d’Ahl Serif qui prolonge celle des Beni Gorfet. Elle laisse 4 l'ouest le douar d’El-Khouara et arrive a l’en- droit appelé Ad-Dardéra, 3,ley+I! : c'est une vaste place au milieu de laquelle se trouve un immense fréne, de 6 métres environ de circonférence, couvrant de son ombre un grand espace. Le tronc de ce fréne est creux et les habitants s’amusent souvent ay descendre. Un grand motisem a lieu tous les ans a cet endroit le lendemain de l'‘ancera, c'est- a-dire le 24 youniou (juin) correspondant au 7 juillet de notre calendrier‘. La route passe ensuite l’Oued Mkhazen, 1. Le jour méme de I‘ancera, un modsem a lieu également au mara- LES TRIBUS ARABES DE LA VALLIEE DU LEKKOCS 33 traverse, sur larive gauche, le Sorig el-djouma‘a af-tolba, continue vers le sud, laissant 4 l'est le village des Oulad Motnes (Khlot) et rejoint aux Oulad Djemil, avant d'arriver 4 ‘Oued Ouarofir, la route est venant de Tanger, avec la- quelle elle se confond jusqu’a El-Qear. D‘Al-‘Ardich & El-Qear, il ya deux routes principales : La route d’été, qui traverse le grand ‘adir du Sultan, arrive 4 Sidy Gueddar, traverse I’’adir des mules du Sultan', passe le Lekkowts au gué de Merica et entre a El-Qear par la route pavée qui commence a Moulay ‘Ali Bott R’aleb. La route d’hiver, qni franchit le plateau sablonneux & lest d’Al-‘Araich, traverse la forét de chénes-litge, passe 4 Smid el-MA, aux Sept collines, a Sidy Slima dont elle traverse le marais sur le pont du méme nom et entre a El-Qear par le gué des Bandtyin si le Lekkois est assez haut pour étre traversé en bac, sinon, elle va jusqu’au gué de l'Qued el-Djedid. Une autre route mixte peut étre utilisée en hiver, lorsque le gué de Mertca est praticable, mais que l''adir est trop boueux pour étre traversé. En ce cas, on prend la route Whiver jusqu’a Smid el-MA et on oblique a gauche, vers le nord-est, pour passer le marais a Pendroit dit Al.‘Aoudd (la souche) et regagner la route d’été 4 Youest de Sidy Gueddar; si l'état du marais ne permet pas le passage, on remonte en le laissant a gauche, on passe aux Regraga, aux Oulad Ben-Khachoti et on arrive a Sidy Gueddar. bout de Sidy ‘Abbdallah Al-Boudaly (‘Tliq), rive gancbe du Lekkots entre Djebel R'eny et Cargar, Uy a évidemment li les restes d'un ancien culte et d’anciennes coutumes aniéislamiques que nous étudierons spéciale- ment, Les dictionnaires écrivent ,\2,> « fréne » avee un dal ; on Gorit cepen+ dant dans Ia région le nom de ee village avec un dad ot on le traduit par « fréne », 1, Ilya ep effet, comme nous le verrons plus loin, deux ‘edir, celui des chevaux et celui des males, Nous leur consacrerons un chapitre. AnH, manoc. 3

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