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L’ORDRE DE LA COURONNE DE FER” A la chute de Empire Romain, le besoin de conserver et de défendre les valeurs spirituelles au milieu du chaos politique et de la désagrégation morale de I'époque fit naftre les premiers Ordres ascétiques. Aujourd’hui, le fait que se présente une situa- tion analogue et 1a crise profonde que traverse le monde moderne, fait apparaitre opportune la cons- titution de formes analogues. C’est dans cet esprit qu’avait été proposte la eréation de Ordre de la Couronne de Fer. Cette dénomination n’a rien & voir avec antique couronne italique®?. Elle avait été sug- sérée par Vidée d’une souveraineté devant étre défi- nie en termes spirituels et, en méme temps, en réfé- rence au métal qui symbolise le mieux la dureté, la trempe et I'inflexibilité qui doivent étre les traits du caractére des hommes de l'Ordre dans la défense de Pesprit, 1) Les hommes de l’Ordre ont avant tout le devoir de témoigner personnellement en défendant et cn affirmant de maniére adaptée aux circonstances les valeurs de la spiritualité pure, comprise comme une réalité transcendante, surpassant toute valeur sim- plement humaine, tout lien naturel, « social » et individuel. 2) Les dévastations qui caractérisent le monde ‘moderne imposent aux hommes de l'Ordre la mani- festation et l'affirmation de telles valeurs, a I’écart d'institutions et de formes plus ou moins condition- nées historiquement. Les hommes de Ordre conscients que dans I'état actuel des choses il n'y a pas d'ordre politique et social qui ait un caractére Iégitime, conforme a des principes supérieurs, gardent une distance prévise face a cet état de choses. Ils pourront étre présents, accep- ter des charges et des fonctions, mais a seule fin d’exercer une action d’inspiration supérieure, directe ou indirecte. Quant a I’éloignement oi ils se tiennent a Pégard de toutes les formes religieuses particuli res, hors de toutes considérations sur la décadence et la sécularisation croissante de ces formes, cela est une attitude qui trouve sa justification dans la recon- naissance des valeurs fondamentales libres de tout conditionnement. 3) Ceci mis & part, il est essentiel que les hom- mes de Ordre agissent sur le plan existentiel par leur présence méme et par leur adhésion absolue & la vérité, par leur droiture, par leur capacité @ subor- donner 'homme a l'ceuvre, par leur inflexibilité et la rigueur de leur idée, par leur indifférence face & 2 toute reconnaissance extéricure et & tout avantage matériel. En vue de ce qui peut dériver de la corres- pondance de lextérieur et de Vintéreur, il est dési- rable que les hommes de l’Ordre soie nt choisis parmi ceux qui également sur le plan physique, sont sans défauts, voire méme qu’ils aient quelque chose qui s'impose. Du reste, cette régle vaut souvent dans les Ordres chevaleresques eux-mémes. 4) Il est des distorsions spéc'fiques la civilisa- tion moderne et prendre position contre celles-ci est la condition naturelle et sans contesie pour 'appar- tenance a l’Ordre. Cela conduit a stigmatiser surtout toute forme de démocratie et d’égalitarisme & quoi oppose un principe, source spirituelle d’autorité et de hiérarchie. Plus encore doit étre combattu tout mythe « social » collectiviste et prolétarien. Le mépris pour la soi-disant « classe ouvriére »® est un point es- sentiel. Les hommes de Ordre s'opposent tant a toute prévarication et & toute tentative d'accession au pouvoir des forces du bas qu’a tout concept de rang, de privilége et de pouvoir défini en termes d’argent et de richesse. Le devoir des hommes de I’Ordre est d’affirmer la primauté des valeurs spirituelles héroiques, aristo- cratiques et traditionnelles contre le matérialisme pra- tique, immoralisme frivole et Putilitarisme des temps présents. En toute occasion, ils soutiendront ce qui va dans le sens des valeurs déjé mentionnées et ils feront obstacle et saperont tout ce qui va lé-contre. 5) L’Ordre reconnait la Vérité comme étant Pins- trument le plus puissant de son action. Le mensonge, la mystification idéologique, I’intoxication et l'action abrutissante, exeroés par des moyens subtils sont en réalité & la base de l'euvre générale de subversion et de renversement des valeurs dans le monde actuel. ©) Comme le centre de gravité de I'Ordre ne coincide ni avec une confession religieuse particuliére ni avec un mouvement politique, I’Ordre se tient Gistance de tout ce qui est «culture » au sens moderne du terme, intellectualiste ou profane. Ce qui est fondamental pour l'homme de l’Ordre est, au contraire, une maniére d’étre ; en second lieu, c'est tune vision donnée de la vie congue comme l’expres- sion de cet « tre » ; en troisiéme lieu, les éléments e style pour un comportement personnel de droiture et de cohérence de existence et Ia norme pour la domination de I’action. 7) Des courants et des familles d’idées pourront tre soutenus, inspirés, suscités selon les circonstan- cces et les situations par 'Ordre sans que celui-ci se dévoile. L’Ordre tendra a agir sur le plan des causes et non sur celui des effets et de lexotérique. 8) L’Ordre tout entier fait corps derrigre chaque homme de l’Ordre. ‘Tout membre de I’Ordre aura le devoir d’appor- ter son soutien, par quelque moyen que ce soit, & chaque membre de I’Ordre non pas en tant qu’indi- Vidu mais en tant que défenseur de I’Organisation, Tout membre de I’Ordre devrait se faire le centre influence d'une recherche donnée et I'unité de !'Or- dre exprimera, confirmera et renforcera la relation profonde, naturelle, existant en puissance entre les Gléments, cellules ou centres d'action convergents mus, intérieurement, par la méme idée. DES QUALIFICATIONS 1) Seuls les hommes peuvent ére admis dans POrdre. Ils ne doivent pas étre mineurs de 21 ans, ils doivent étre exempts de tares physiques et de tout ce qui, sur le plan psychosomatique serait de nature a porter préjudice au prestige moral du candidat. 2) L’Ordre présuppose des individualités qui, pos- sédant au moins potentiellement une méme qualifica- tion intérieure, vocation et mentalité, se trouvent déja Ades degrés divers sur une méme ligne. L’appartenance & 'Ordre requiert en tout cas un ‘engagement précis et faisant objet d'un serment ayant trait a la nécessité de placer en premier lieu et fen toutes choses, I’idée avant tout lien sentimental, affectif et familial ; avant toute préférence indivi- duelle, tous intéréts matériels et toutes ambitions sociales. Il n’est pas demandé de renoncement aux hom- mes de I’Ordre mais un détachement intérieur en ce qui concerne sa propre situation, quelle qu’elle soit, dans le monde profane. 3) L’appartenance a une communauté donnée ou A une confession religieuse n'est pas incompatible ‘avec l’appartenance a l’Ordre mais en cas de dive gences, il doit @tre assuré a ce dernier un « droit prééminent ». 4) Ilest souhaitable qu’en faisant référence & des principes supérieurs, les hommes de l'Ordre aspirent A des réalisations correspondantes et que dans cette vue, ils s’efforcent de rechercher les contacts avec des tats supérieurs de I’etre qui ont fait l'objet de disci- plines opératives & caractére initiatique. DES DIGNITES ET DE L'ORGANISATION DE LORDRE 1) L’Ordre présente deux aspects : I’un interne et l'autre externe, En ce qui concerne I’aspect externe, tous les membres de l’Ordre sont revétus d’une égale dignité correspondant 4 la désignation ou au titre ’« Homme de 'Ordre de la Couronne de Fer ». Sur le plan de Organisation, 'Ordre est régi et dirigé par un Conseil des Maitres de I'Ordre, composé de ‘sept membres, avec un « Grand Maitre de l'Ordre ». Parmi ces membres sont répartis des devoirs de carac- tere général sur le plan des réalisations et de la dis- cipline, toutes choses & définir au fur et & mesure des sessions du Conseil 2) L’aspect interne de V’Ordre correspond au domaine purement doctrinal et comprend trois degrés, ‘en relation avec état de réalisation spirituelle de ceux qui en sont revétus. Cette articulation ne coincide pas nécessairement avec articulation externe, étant entendu cependant qu’au moins quatre des membres du Conseil des Mat tres doivent étre revétus du grade le plus élevé de la higrarchie interne de l'Ordre. ‘A ceci et au travail sur le plan de la connais- sance de la qualification progressive & la lumiére des critéres de la Tradition, est consacré un chapitre spécial. 3) Crest au Conseil de décider de toute admis- sion dans Ordre avec le choix et investiture directe éléments signalés et jugés dignes. Il n’est pas exclu de procéder & des agrégations a POrdre pour ainsi dire « d’office ». Telle person nalité pouvant étre déclarée comme faisant partie de TOrdre (avec tous les effets que cela implique) méme si elle n’a pas de rapport direct avec celui-ci. 4) Liappartenance @ ’'Ordre ne comporte pas obligations financiéres. Des dons libres ou des donations pourront étre admis, dont disposera le Conseil des Maitres, exclusivement pour les finalités impersonnelles de I'Ordre. 5) Le titre d’« Homme de I’Ordre » est poten- tiellement héréditaire en ce sens que celui qui en est revétu peut décider de le transmettre & Vainé de sa famille. Ceci afin que la tradition de son sang soit aussi celle d’une forme donnée et d’une influence spi- rituelle, dans la continuité d’une méme action. 6) Les membres du Conseil des Maftres sont les fondateurs de 'Ordre. Le Conseil Iui-méme prendra les décisions pour ce qui est de la succession de tel de ses membres en cas de décts ou de disqualifica- tion. Chacun des membres du Conseil a le droit de 13 proposer a qui il désire de lui succéder dans sa fone- tion et d’étre le continuateur de son ceuvre. C’est au Conseil qu’il appartiendra de décider en dernier res- sort a ce sujet. 7) L’Ordre a essentiellement le caractére d’une société virile (Mannerbund). De ce fait, ce qui a trait la notion de famille lui est indifférent 8) Les hommes de POrdre peuvent suivre une ligne de liberté sexuelle, étant bien entendu que celle- ci ne doit pas constituer une servitude, 9) Si les femmes peuvent faire partie de 'Ordre comme membres, de jeunes filles pourraient consti- tuer une formation de « tertiaires » & la disposition des hommes de I'Ordre, pour un usage communau- taire et non possessif (nous renvoyons a ce que Pla- ton expose, dans V’idéal de son Etat, au sujet de la caste des guerriers, en prenant bien toutes les mesu- res qui s’imposent pour prévenir la fécondation) Julius EVOLA ‘Traduit de Vitalien par J.-F. d’ HEURTEBIZE Ce texte a été publié en italien dans le n° 2 de la revue Arthas, janvier-avril 1973. Premiére publication en francais, dans cette traduction : Le Devenir Européen, n° 20/21, mai-juillet 1974. (Adresse : Yves Jeanne, 1, rue du Rhone, 44100 Nantes). NOTES (1 11 ya quelques années, des mieux intéressés par Vidée d'un ‘Orde s'adressaient a Julius Evola pour qu'il en esquisst les gran des lignes. Ce texte est le schéma proposé par Evola et, dans les irconstances actuelle, peut-re n'est pas dénué diner, (Note de Renato del Ponte, directeur d'Arthos). (2) Lacouronne de fer des anciensrois lombards, laquelle i «st fait allusion au début de ce récit, est aujourd'hui conservée dans le Trésor de la cathédrale de Monza, en Italie. Datant de la premiere moitié du § sige, cete couronne est en réalité un ‘bandeau dor asez large omné d'émaux et de piereries ; & 'nté- rieur, une tige de fer circulaire passe pour avoir été forgée aver tun « vrai clou » de la crucifixion du Christ. Symbole des rois d'talie depuis le 13° sidcle, Napoléon- Bonaparte la ceignit & Milan en mai 180S en sa qualité de roi dlta- lie. (Note de J-F. @'H.). (G) Pour bien comprendre la signification de cxte déctaration {volienne, le lecteur devra se reporter ce qu’éerivaitrécemment le Maitre dans son appendice & la demiére édition de Gli uomini @ le rovine — Rome, 1972, IV : Tabous de notre temps — 2 La classe ouvrtte », pages 279-282 «< Aujourd’hui le tavailleur se présente & nous seulement ‘comme un vendeur * de la marchandise-avail ", vente dont il cherche & tire tout le profit possible sans scrupules, en vsantseu- Tement & accéder & un niveau de vie bourse «Le temps est passé du prolétariat misérable de époque de "humanité (..), aujourd'hui un *travailleur " se porte ‘mieux que beaucoup d'intllectels, qu'un enseignant ou qu'un petit fonetionnaire(..). Le travaillur moderne ne pense qu'a soi-méme, et ses organisations veilent uniquement aux intér8ts de la catéxo- rie (& laquelle il appartient). — page 281 Sur le concept du « travail »en tant quaberration des temps rmodernes, voir Méditorial « L’action et le travail » du méme Evola dans La Torre, n° 7 de miai 1930 et essa « L’affaiblissement des mots » (Labor, p. 46-47) dans L’Are et la Massue, Guy Tréda- niel/Pardes, Paris/Puiseaux, 1984. (Note de Renato del Ponte). (4) Ces declarations pourront apparatire étranges ou pour le ‘moins surprenantes & bon nombre de leteurs. Il convient toute- fois d'avoir présente & lesprit Ia signification qu’a eue le sexe, dans le passé, dans un contexte non « profane », mais normal, estate conforme aux principes de la Tradition. En particu- Tier, Auteur fait ei réference & des pratiques de magie operative ‘base sexuelle, tells qu'on en trouve dans Antiquité ou, & des épo- (ques assez récentes, au sein de groupes comme la Myriam de Krem- ‘merz ou la Thelema de Crowley. A ce propos, voit le chap. VI de J. Evola, Métaphysique du sexe, Pars : « Le sexe dans le domaine 4e Vintiation et dela Magie », I est certain qu’en ce qui concerme des organisations du type de celles envisagées dans le présent docu ‘ment, P'ulisation de pratiques de ce genre est peu connue (il fau- drait peut-tre se tournee vers les Templiers, mais avec pew d’élé- ‘ments documentaires), méme s'il semble qu’aujourd’hui encore it existe, en Occident, des résidus de socits initiatiques(..) qui met- {ent en pratique de tels enseignements. Cependant, le cOté le plus roblématigue n'est pas eprésenté parla pls ou moins grande valeut, sur Te plan des principes, de ees opérations, mais parla possbilité effective que des esprits cccidentaux modernes puissent leur donner lune orientation correct, au-deld de toute « déformation » profane (Note de Renato det Ponte) Par une pudibonderie excessive, le traducteur de ce texte d"Evola n'a pas os liver au public francais le point 9 de ce document, ce quia oblige escamoter la note 4. Nous les traduisons tout de méme, (Georges Gondine — LE KALKI PURANA (119 F). INDIENNE DU GOUVERNEMENT (112 F). RIERE DE L'IRLANDE (98 F). LE SABRE ET LA VIE (125 F). 14 SERVICE LIBRAIRIE (sélection de livres cités ou commentés dans ce numéro) — Ananda K. Coomaraswamy : AUTORITE SPIRITUELLE ET POUVOIR TEMPOREL DANS LA PERSPECTIVE — Frangoise Le Roux et Christian-J. Guyonvarc’h : MORRIGAN-BODE-MACHA. LA SOUVERAINETE GUER- — Michel Coquet : BUDO ESOTERIQUE ou LA VOIE DES ARTS MARTIAUX (180 F). — Jean-Claude Bessette : LE CHANT DE JASON (150 F). — Julius Evola : MEDITATIONS DU HAUT DES CIMES (90 F). — Karl Hoffkes : WANDERVOGEL. LA JEUNESSE ALLEMANDE CONTRE L'ESPRIT BOURGEOIS (1896-1933) (68 F). — Claude Durix : ZEN, ETRE INTIME AVEC SON AME (98 F).. — Jean-Pierre Bayard : La SYMBOLIQUE DU FEU (95 F). Commandes adresser 4 PARDES, B.P. 47, 45390 Puiseaux. La facture sera jointe & l'envoi des livres (envoi recommandé).

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