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Texte de Hegel

Esthétique / sur l’art imitatif

Exemple de rédaction / méthodologie de l’explication de texte


Introduction  
Hegel dans l’Esthétique s’interroge sur la place de l’art au sein de l’historicité. La section
donnée ici en extrait s’interroge sur le statut de l’art imitatif, prisé sous L’Antiquité ; Hegel
va se servir de cette référence en contrepoint de la valeur qu’il désire assigner à l’art.
Dés lors la question qui se pose dans l’extrait est la suivante : L’art imitatif est-il un art
véritable ?
La thèse de l’auteur apparaît comme réfutative. En énonçant ce à quoi l’art ne saurait se
limiter l’auteur fait apparaître au lecteur la vérité du processus esthétique. C’est par une
double réfutation critique de l’art imitatif que l’auteur va nous demander de déduire le
statut authentique de l’art.
On peut faire apparaître trois parties distinctes à ce texte : un référent historique à
Aristote, critiqué par Hegel (1 à 14) ; suivi des lignes 15 à 20 ou l’auteur renforce sa
disqualification de l’art imitatif par un exemple emprunté à la tradition elle-même. Des
lignes 21 à Fin c’est à un philosophe classique que Hegel s’en remet pour appuyer
définitivement la dénégation de l’art imitatif comme art véritable.
C’est donc à un art non figuratif, à une transcendance de la peinture en particulier sur
toute forme de réalisme exacerbé que Hegel en appel dans ce texte.
1ère partie :
La doxa a toujours comme réflexe inconditionné de vouloir, notamment en peinture
que « cela soit ressemblant ». La tradition grecque elle-même appuie cette forte
conviction en jugeant de la qualité de l’œuvre picturale en fonction de sa
ressemblance, voire similitude idéale avec son modèle. Bien peindre c’est donc
produire une représentation la plus exacte possible de la nature, qui irait jusqu’à la
confusion du tableau avec ce qui lui a servi de modèle. La puissance d’exécution de
l’artiste se mesure dans le travail mimétique qu’il réalise. La nature comme modèle
est (phusis) un principe de mouvement et de repos : tout en elle est organisé selon
un but qui est la réalisation d’une forme , par une force qui le pousse à être. Celui,
l’artiste- artisan, capable de révéler par un artifice toute la perfection de cette
organisation, sera un ingénieux imitateur mais aussi un être perfectible qui
développera au contact de la nature ses potentialités rationnelles d’observation, de
minutie, de calcul, de précision ;l’artiste est celui qui commande à la nature tout en
lui obéissant. « Les bonnes raisons » invoquées par Hegel au 1er paragraphe sont que
l’on ne crée pas à partir de rien et que le modèle naturel incarne le principe
d’identité du vivant, sa cause inconditionné que l’art doit célébrer.
Mais en utilisant le substantif « habileté » à la ligne 2, une hypothèque
apparaît : l’imitation ne ferait appel qu’à la seule habileté ou ingéniosité de
celui que la tradition nomme artiste en même temps que technicien, les deux
termes Ars et technè ayant été confondus jusqu’au XVIIIe siècle. L’Académisme
de l’art antique est exprimé enfin d’une manière catégorique en fin de
paragraphe par l’adjectif « formel » (l5). Il faut travailler à reproduire le plus
fidèlement possible ce qui existe déjà, donc un contenu préexistant. Sont
abdiqués ici la création en même temps que l’inspiration. Si l’on peut saluer la
technique imitative dans ce qu’elle requiert comme savoir-faire fondé sur un
apprentissage, on ne peut cependant y voir apparaître encore toute la
modernité que la réflexion de poursuit à la suite de Kant notamment. Il y a déjà
comme un soupçon de mystification dans cette 1ère étape du travail de Hegel .
Un art qui ne serait qu’ingénieux, dépossédé de tout contenu propre, et
agréable par sa similitude avec un objet déjà existant, ne correspond pas à la
définition de l’ »œuvre » d’art. Qui dit œuvre dit travail mais aussi création
originale.
2e partie :
Ce faisant la popularité des « artistes » ayant versé dans cette pratique est
grande et entraine chez eux une auto-satisfaction suspecté par Hegel. Même
l’artefact le plus réussi demeure une vulgaire peinture : cette dernière est
toujours celle d’un support plane qui n’est donc qu’une copie dégradée du
modèle naturel dont le tableau tire son inspiration. L’illusion trompe, mais pas
longtemps, se joue du réel pour quelques instants seulement. Le trompe-l’œil le
dit quant à son expression : un seul de nos sens est grugé. Nos perceptions sont
par définition faillibles et cet art joue de cette imperfection constitutive. Elle
peut-être expliquée mais non dissipée.
On se laisse donc facilement prendre au piège de cette magie, tout en sachant
qu’elle est un trucage du réel. D’où la fugacité de la popularité des artistes-
imitateurs qui ont réalisé un artifice réussi à une époque déterminée. On
applaudit aux raisins de Zeuxis, on se réjouit du rideau de Praxeas.
L’illusionniste plait. Il réussi à produire du vraisemblable, auquel on peut
croire. La perception animale elle-même, portion de la nature toute entière et
dont la perception est aussi imparfaite s’y trompe. On déclame sur le
« triomphe » de l’art, son apogée. Mais le « on » est encore celui de la doxa,
Hegel reste sur sa réserve et creuse sa critique de l’art imitatif.
3e partie :
La nature a-t-elle besoin d’être imitée ? la matière idéalisée de la peinture, qui réalise selon les deux
dimensions du tableau l’image intérieure du monde exprime la raison mais comme n’étant pas identique à
son extériorisation sensible finie. La partie ne peut équivaloir au tout et entre l’artifice ponctuel et limité
du trompe l’œil pictural et la nature elle-même le différentiel est el que Hegel l’image ironiquement. Dans
la tradition des fabulistes tels que La Fontaine (la grenouille qui voulait être aussi grosse que le bœuf),
Hegel de montrer que la Nature demeure inégalée et inégalable de par sa force et sa définition même. Elle
est le principe du vivant. La dernière phrase du texte est étonnante : Hegel traite de l’imitation de l’humain
par la nature. Les rôles sont inversés. A l’époque de Hegel, la tradition romantique allemande travaille
beaucoup sur la synesthésie ou correspondance permanente des affects humains avec les forces
naturelles ; Correspondance et non imitation. Le poète est un être de l’intuition, dont la sensibilité au réel
lui permet un rapport immédiat à la vérité des choses. Baudelaire ne se contente pas d’un descriptif
clinique d’un cadavre. Ce serait plat, ennuyeux et insipide. Il transmue la rencontre de la CHAROGNE en
une aubade amoureuse détournée qui contrevient à l’Académisme ambiant de la déclaration d’amour à la
Ronsard. Mais si on lit un peu plus près le texte , un vers éclairant le propos de Baudelaire apparaît :  
Alors, ô ma beauté !dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j’ai gardé la forme et l’essence divine
De mes amours décomposés. !
Ayant qualifié son aimée de « Soleil de ma nature » six vers avant on voit bien
que la puissance évocatrice du poète, artisan du verbe ici lui vient de cette mère
nature qu’il transfigure par le verbe, au risque d’être raillé ou moqué par une
doxa conformiste.
Conclusion :

En dénonçant un art-imitatif qui contrevient à la définition de l’art comme principe de


création , d’expression ou métalangage, Hegel rend hommage à la tradition grecque et en
son respect naturaliste. Il en dénonce cependant l’illusion limitée , fondée sur le recours aux
perfections imparfaites par essence de l’homme. En reprenant Kant un exemple il inaugure
donc une définition non figurative de l’art ou en peinture, comme en musique, l’improvisation
serait gage de talent à condition qu’elle émane d’un talent naturel.L’art ne doit pas
reproduire le beau mais le créer. L’artiste est celui qui donne sens au monde en l’interprétant
et non en le singeant. Hegel en appelle ici à l ’art comme puissance de création dans lequel
l’artiste objective son pour-soi pratique.

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