You are on page 1of 23

Introduction générale

(Ibtissam HANIDA)
Intitulé : La diglossie
Module : Sciences du langage
Semestre : 5 | Année universitaire : 2023-2024
Sous la supervision de :Pr Kawtar EL OUADI
Plan de travail :

1. Genèse et évolution sémantique du concept


2. Définition du concept de la diglossie
3. Critères linguistiques dans une situation diglossique
4. Critères sociolinguistiques d’une situation diglossique
5. Différence entre bilinguisme et diglossie
6. Situation diglossique dans le contexte marocain : Source
d’enrichissement ou de conflit ? ( Exemple : Diglossie arabe
dialectal / arabe classique )
Genèse et évolution sémantique du concept

( Ibtissam Hanida )
Jean Psichari ou les débuts de la diglossie :

Le terme de diglossie apparaît pour la première fois dans le champ des études
linguistiques en France , sous la plume d’un helléniste français d’origine grecque , Jean
Psichari ( 1854_1929) . Néanmoins ce n’est que dans un article écrit peu de temps avant
sa mort , que Psichari définira ce qu’il entend par diglossie . Une définition qu’il a
proposé ,en 1928, à partir de la situation sociolinguistique à la Grèce , marquée par une
concurrence sociolinguistique entre deux variété du grec : La katharévoussa , langue
officielle et la démotiki , langue populaire .

Psichari définit ainsi la diglossie comme une configuration linguistique dans


laquelle deux variétés d’une même langue sont en usage , mais un usage décalé
parce que l’une des variétés est valorisée par rapport à l’autre ( Ces langues sont en
situation de conflit ) .
Fergusson : l’essor de la diglossie (1959) :

Le concept de diglossie va réapparaître aux Etats-Unis en 1959 dans un article célèbre de


Charles Fergusson , “Diglossia” (1959) , où l’auteur , tout en reconnaissant qu’il emprunte
le terme , va lui donner une teneur conceptuelle sensiblement différente de celle de Psichari .
A partir de plusieurs situations sociolinguistiques , Fergusson va considérer qu’il y’a
diglossie lorsque deux variétés de la même langue sont en usage dans une société avec des
fonctions socioculturelles certes différentes mais parfaitement complémentaires . L’une de ces
variétés est considérée “haute” (high) donc valorisée , investie de prestige par la
communauté : elle est essentiellement utilisée à l’écrit ( dans la littérature en particulier ) ou
dans des situations d’oralité formelle , et elle est enseignée . L’autre , considérée comme
“basse” (low) , est celle de communication ordinaires , de la vie quotidienne , est réservée à
l’oral .
Fishman : La diglossie dans tous ses états :

Fishman va encore plus loin que Fergusson . Il reprend certes la dichotomie : variété
haute / variété basse , mais il apporte une nouvelle vision basée sur une double
perspective . D’un côté , il ne limite pas la diglossie à des langues apparentées . Il étend cette
notion à toutes les langues qui sont en distribution fonctionnelle complémentaire , qu’elles
soient apparentées ou non apparentées .
Quelle définition peut-on attribuer au concept de la
diglossie ?
( Ibtissam Hanida )
Etymologiquement , le terme “diglossie” est emprunté au grec et est constitué de
deux parties dont la préposition di- signifie deux fois et la deuxième partie issu du
mot “glossa” , signifie langue .
Par ailleurs , le phénomène de diglossie désigne une situation sociolinguistique c
où coexistent deux langues ou deux variétés linguistiques complémentaires d’une
même langue , l’une est supérieure considérée comme une variété haute , réservée
aux contextes formels et officiels , elle est de prestigieuse et elle représente la
langue officielle d’une communauté qui est apprise à l’école , l’autre nommée
variété basse considérée comme la langue maternelles des locuteurs d’une
communauté , elle est moins prestigieuse utilisée dans des situations informelles ,
non officielles (famille , amis…) . Nous pouvons citer l’exemple de la
communauté marocaine ou l’arabe classique est considérée comme la variété haute
vu son statut officiel , par rapport à l’arabe dialectal et d’autres variétés qui sont
considérées comme la variété basse .
Critères linguistiques d’une situation diglossique

( Salma KHSIOUINE)
Fergusson propose les principales différences linguistiques entre les variétés
apparentées au niveau de la grammaire et du lexique :
1/ Au niveau de la grammaire :
L'une des principales différences entre la variété haute (H) et la variété basse (B) est la
structure grammaticale de chacune d'elles, la variété (B) est vue comme plus simple que
la variété (H).
Selon Fergusson B peut être considérée plus simple que H quand plusieurs
conditions sont réunies:
1. La morphophonologie de "B" est plus simple que celle de "H", c'est à dire que
les morphèmes ont moins de variantes et les variations sont plus régulières, il y a
moins d'exceptions. (En H, il faut dire cela et ne pas dire ça Les normes prescriptives)
Exemple: Il faut k'tu prennes ton repas
A d'main mes potes .
Du coté grammatical remarquons que dans ces exemples certaines unités sont absentes :
pour "k'tu", nous sommes appelés à écrire "que tu", « demain » aussi est prononcé
"d'main".
Exemple :
Je suis content de te voir Moi aussi
CHui content de t’voir Oué , m’content aussi
2. - Les règles d’accord et la conjugaison de "H" sont plus strictes que celles de "B".
Exemple: pour la variété B, presque toutes les conjonctions gouvernent l'indicatif, alors
que pour la variété H, les conjonctions gouvernent l'indicatif, le subjonctif et d’autres.
Exemple de l'utilisation du futur antérieur:
Variété B : Quand je le termine, je vous le donne Variété H : Quand je
l'aurai terminé, je vous le donnerai
Critères sociolinguistiques d’une situation diglossique
( Salma KHSIOUINE)
•Fonction : Il existe une distribution fonctionnelle entre la « variété haute » et la « variété basse ». À
chaque variété correspond un domaine d’usage. La confusion des domaines est sanctionnée socialement.
•Patrimoine littéraire : La « variété haute » est la variété de la langue écrite, du patrimoine littéraire; la
« variété basse », celle de la langue orale, sauf pour certains types particuliers d’écrits (littéraire
populaire, publicité, etc.).
•Acquisition : La « variété basse » est la variété apprise en premier, en tant que langue maternelle, dans
le milieu familial. La « variété haute », seule, est considérée comme une langue véritable.
•Cause(s) de la diglossie : Plusieurs critères peuvent expliquer l’existence d’une situation diglossique :
1) l’existence d’une littérature ancienne et prestigieuse, écrite dans la langue de la « variété haute
2) le fait que la maîtrise de la lecture et de l’écriture est limitée à une petite élite. Enfin, c’est un
phénomène qui prend du temps à s’instaurer.
• Standardisation :La standardisation revoie à la norme à la variété légitime qui se définit par un certain
nombre de prescriptions en matière de phonologie, de lexique, de syntaxe et de style.
• La « variété haute » est la variété standardisée, ce qui se matérialise par un corpus écrit, des
grammaires, des dictionnaires, etc. La « variété basse » est la variété non standardisée. Elle est souvent
peu ou pas décrite (existence de glossaires, mais absence de véritables dictionnaires et de véritables
grammaires, orthographe non fixée, etc.).
Distinction entre “bilinguisme”et “diglossie”
( Salma KHSIOUINE)
Bilinguisme Diglossie

Cohabitation de deux
Situation d’un individu langues dans laquelle une
parlant couramment deux des deux langues a un
langues différentes statut sociopolitique
inferieur
Le bilinguisme individuel se définit à partir de la compétence des locuteurs, par
des critères linguistiques et psychologiques. Dans sa définition du bilinguisme ,
Weinreich insiste sur La production verbale du locuteur dans une deuxième langue,
c'est-à-dire "le fait d'utiliser alternativement deux langues", alors que Haugen insiste
sur la compréhension ou l'interprétation dans une deuxième langue.
Contrairement à la notion de bilinguisme qui se fonde sur la coexistence de deux
langues chez le locuteur, la diglossie se situe au niveau de l'utilisation ou des
domaines d'utilisation de deux variétés linguistiques dans une communauté .
Il y a diglossie, si l'ensemble des membres de cette communauté attribuent aux deux
langues en présence des fonctions et des rôles tels que la variété linguistique H
apparaît comme plus avantageuse socialement ou plus prestigieuse que la variété B.
On parle généralement d'une certaine interférence entre bilinguisme et diglossie, pour
expliquer cette différence, Fishman parle de quatre cas :
1. Diglossie et bilinguisme : l’utilisation de deux langues selon les besoins.
Ex : En Suisse où l’allemand standard (langue de l’écrit et de l’école) et le (s) dialecte (s)
suisse(s) alémanique(s) : se partagent dans le champ de communication sociale .
2. Bilinguisme sans diglossie : c’est ce qu’on appelle aussi le bilinguisme successif, il
consiste à l’apprentissage d’une deuxième langue alors que le développement de la
première langue est déjà amorcé
3.Diglossie sans bilinguisme : la diglossie est plus fréquente dans les pays africains ou on
est face à deux variétés de la même langue
4.Ni diglossie ni bilinguisme :Ce cas de figure ne peut exister que lors d’une absence
totale de contact des langues. On peut imaginer que cela a inévitablement existé dans
l’histoire de l’Humanité et sans doute que cela se passe encore aujourd’hui dans une
contrée parfaitement isolée.
Situation diglossique dans le contexte
marocain : Source d’enrichissement ou de
conflit ? ( Exemple : Diglossie arabe
dialectal / arabe classique )
Ibtissam Hanida
“ J’ai appris le français le matin , l’arabe l’après-midi .J’ai ouvert les yeux
sur deux langues ,trois devrais-je dire puisqu’à la maison on parlait en arabe
dialectal et non en arabe classique comme enseigné à l’école “

Tahar Ben Jelloun


La diglossie arabe dialectal / arabe classique

L’arabe dialectal est une langue maternelle , mais qui est marginalisée . On
peut voir sa présence dans la rue , dans l’entourage familial et dans la littérature
populaire . Sans utilisation et interdite dans l’école . Par contre , l’arabe
classique est la langue liturgique et sacrée . Elle est limitée à être utilisé à l’écrit
et à la prédication pendant la prière . Son utilisation comme langue de
communication et d’usage quotidien est interdit . Donc en utilisant la définition
de Fergusson , l’arabe dialectal c’est la variété basse , tandis que l’arabe
classique est la variété haute .
Diglossie au Maroc : Source d’enrichissement ou de conflit ?

La diversité des langues qu’on trouve au Maroc sont un effet de son histoire culturelle
très intéressante . Néanmoins , la situation diglossique qu’il y existent est une
conséquence des inégalités sociales et politiques du pays . Mais aussi c’est un résultat de
la libération et de l’autonomie de la société , par exemple , le cas très fascinant du
français et de l’arabe . C’est incroyable comment le langage peut faire partie de la
rébellion et fonctionne comme un mécanisme contre le discours de l’oppression . Tous
ces pays qui ont une situation de diglossie comme le Maroc devraient garder toutes les
langues en présence parce que chaque une a un rôle dans la société . En plus , cette
interculturalité dans les pays provoque des citoyens plus sensibles à des situations
cultuelles .
Conclusion générale
(Ibtissam HANIDA)

You might also like