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INTRODUCTION

PARTIE I: JOURS DE GUERRE


PARTIE II: JOURS DE PAIX?

PARTIE III: LENDEMAINS DE GUERRE


PARTIE IV: Elargissements: la dénazification
- La répression judiciaire
- L’épuration administrative

CONCLUSION: Les transmissions


CONCLUSION: les transmissions
 Mémoire historique construite sur des sources d’une diversité étonnante (études
scientifiques, productions médiatiques, témoignages familiaux, etc.). La
conscience historique individuelle et sociétale se fonde autant sur le discours
officiel que sur l’expérience émotionnelle du passé.

LE CAS BELGE

,,,
CONCLUSION: les transmissions

Le cas allemand

Quelles sont les histoire racontées du


Troisième Reich?
Comment ces histoires sont-elles
construites en commun sur plusieurs
générations?

Echantillonnage de 40 familles : 142


interviews pour percer la mémoire du passé
national-socialiste en Allemagne.
TRANSMISSIONS: « Grand-Père n’était pas un nazi »
1. Passé corrigé par les générations héritières (pour qu’il colle à la
morale et aux considérations politiques de leur propre génération)

Enfants et petits-enfants montrent, dans les familles allemandes, une forte


tendance à présenter leurs (grands-)parents comme des héros de la résistance
quotidienne, bien que les histoires racontées directement par ceux-ci ne le laissent
nullement penser.
TRANSMISSIONS: « Grand-Père n’était pas un nazi »
Else Eeven (née en 1922) : Mon père était un adversaire total […] De fait, dès
34, il a dit : « On va vers la guerre, et vous pouvez faire ce que vous voulez
[…] vous n’êtes pas au bout de vos surprises », c’est ce qu’il disait toujours. Et
quand la guerre a commencé, il a dit : « Un an », il a dit : « Celle-là, on ne la
gagnera pas ! Ils avancent beaucoup trop, beaucoup trop vite dans toute l’Europe,
ils vont avoir une apoplexie. »
Albert Eeven : Allons, il faut dire que c’était extrême, ça l’était. En soi, il a eu
beaucoup de chance.
Else Eeven : Non, non. Qu’ils ne soient pas venus le prendre ? Oui, oui.
Claudia Eeven : Grand-Père a encore une fois été arrêté. Est-ce que ce n’était pas
parce qu’il avait dit, je ne sais quand, euh, quelque chose en quelque sorte
[contre le] gouvernement / il a tout de même été arrêté, deux, trois jours.
Albert Eeven : Oui, il avait, oui, il avait aussi parlé un peu trop fort, n’est-ce pas, et
quelqu’un a entendu ça, et après notre policier est venu et l’a emmené.
TRANSMISSIONS: « Grand-Père n’était pas un nazi »
1. Passé corrigé par les générations héritières (pour qu’il colle à la morale et
aux considérations politiques de leur propre génération)
Enfants et petits-enfants montrent, dans les familles allemandes, une forte
tendance à présenter leurs (grands-)parents comme des héros de la résistance
quotidienne, bien que les histoires racontées directement par ceux-ci ne le laissent
nullement penser.

PARADOXE DES TRANSMISSIONS: c’est précisément parce que le devoir


de mémoire est réussi que la génération des (arrière-) petits-enfants
cherche à extraire ses ancêtres de l’univers horrifique du national-
socialisme.
L’image de l’être aimé, formée par le biais d’un temps de vie passé en
commun, est généralisée rétroactivement et plaquée sur une époque de la
vie de celui qui parle où ceux qui écoutent n’étaient pas encore nés.
TRANSMISSIONS: « Grand-Père n’était pas un nazi »
Thomas Eeven (né en 1969) : Au bout du compte, c’est positif, évidemment, on
souhaiterait bien sûr qu’il y ait eu, d’une certaine manière, plus d’Allemands
éveillés à cette époque. Hmm, moi, personnellement, ça me réjouit aussi un
peu, je dirais, enfin, qu’il y ait eu dans ma famille […] des gens qui, justement,
ne criaient pas « Heil Hitler » au garde-à-vous évidemment.
Albert Eeven : Pourquoi ne demandes-tu pas : « Grand-Père, pourquoi avez-vous
tous participé à cela ? Pourquoi n’avez-vous pas fait ça ? » Pourquoi tu ne
poses pas la question ?
Thomas Eeven : Voyons, Grand-Père !
Claudia Eeven : Oui, mais vous ne vous êtes pas insurgés parce que vous étiez
habitués à obéir, à respecter les consignes, « toute chose devait avoir son
ordre », voilà ce à quoi l’on vous dressait. Enfin je veux dire, tu ne peux
absolument plus faire de comparaison avec l’éducation d’aujourd’hui !
TRANSMISSIONS: « Grand-Père n’était pas un nazi »
Thomas Eeven : Grand-Père, c’est la question la plus simple qu’on puisse poser,
bien entendu. Mais aujourd’hui, les réponses sont tellement complexes et
les histoires que vous venez de raconter sont déjà tellement différentes qu’on
ne peut / je ne peux justement poser une question comme celle-là, j’en sais
déjà trop là-dessus.

Tendance à la compréhension, la justification voire l’héroïsation.


https://www.lesoir.be/275418/article/2020-01-25/un-allemand-sur-5-trouve-quon-en-fait-trop-
pour-la-memoire-de-lholocauste
TRANSMISSIONS: « Grand-Père n’était pas un nazi »

2. La victimisation du peuple allemand

Dissociation entre les « nazis » et les « Allemands »: déresponsabilisation


collective.

3. Le cinéma comme biographie

Quand le témoignage oral renseigne plus sur le présent que sur le passé..
Norbet C. (N.C.) : Je ne me souviens pas d’une radio très intéressante pendant la guerre
(…).
Anne-Marie C. (A-M. C.) : Moi j’étais en pension pendant la guerre (…).
Céline Rase (C.R.) : Donc vous n’écoutiez que le week-end (…).Comment ça se passait
quand vous écoutiez la radio à la maison ? (…).
A-M. C. : C’était vers 19h-20h. Je ne sais plus exactement mais c’était très tôt. Après on
n’écoutait plus.
C. R. : Vous n’écoutiez que les informations alors ?
A-M. C. : Je me souviens que... qu’on devait se coucher à 9h00 (…). Et alors on
n’écoutait plus rien après on allait se coucher.
N.C. : Mais quand tes parents écoutaient-ils la radio ? (…)
A-M. C. : Pfffff. Me rappelle plus.
N.C. : Mais en tout cas on n’écoutait pas tellement la radio pendant la guerre. C’était pas
intéressant. (…) La radio ne nous intéressait pas.
C.R. : Vous n’écoutiez pas un peu Radio Londres ?
N.C. et A-M. C.: Aaah oui ça !
N.C. : [Rires] Ca c’était la grande distraction le soir ! Mais ça c’était après le souper
C.R. : Comment ça se passait ?
A-M. C. : « Tam tam tam tam »
N.C.: « Ici Londres » [ Rires]. Ça c’était... presque tous les soirs on l’écoutait !
TRANSMISSIONS: « Grand-Père n’était pas un nazi »
3. Le cinéma comme biographie: quand le témoignage oral renseigne plus sur le
présent que sur le passé

« Et on écoutait les messages, on les écoutait toute la nuit. On n’avait que cela à faire. »

« Je me souviens quand on a parlé du débarquement […]. C’était avec les bas de laine.
“Préparez vos bas de laine”… Et ces fameux messages personnels ont été transmis
jusqu’en 1944 où on a entendu “les sanglots longs des violons de l’automne”. Quand
j’ai entendu ça ! Je dis à ma mère “maman, ils vont débarquer !” »

Interférence de la mémoire culturelle sur le souvenir personnel;


réappropriation personnelle de la Grande Histoire; besoin de
conformisme.
Influence réciproque et constante entre les mémoires
individuelles et collectives qui parfois se superposent, parfois se
contredisent.
Une histoire qui résonne...
- La guerre en Ukraine, la question du « génocide », les atrocités:
https://www.rtbf.be/auvio/detail_dossier-de-la-redaction?id=2887126

- Les élections et le score de l’extrême droite française

- Les enfants et les dépouilles de djihadistes


https://www.vrt.be/vrtnws/fr/2018/10/11/enfants-de-collabos-ou-de-djihadistes-tous-sont-innocent
s-et-o/

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