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Linguam6n - Casa de les Llengiies Barcelona Colloque Standardisation de la langue amazighe : la graphie latine (Barcelone, 26-28 avril 2007) Synthése des travaux Mohand Tilmatine Mai 2007 Linguamon - Casa de les Llengiies, Via Laietana, 46°, pral. 1a Barcelona STANDARDISATION DE LA LANGUE AMAZIGHE : LA GRAPHIE LATINE (BARCELONE, 26-28 AVRIL 2007) 1, PARTICIPANTS AUX DEBATS DES ATELIERS. 2. PROGRAMME DU COLLOQUE. 3. SYNTHESE DES ATELIERS. 3.1. INTRODUCTION, 7 3.2. PRINCIPES GENERAUX ET REMARQUES PRELIMINAIRES, a 7 3.3. PROPOSITIONS ET RECOMMANDATIONS wo. . es 8 9 9 9 3.3.1, Les choix graphiques 3.1.1, Les labio-vélarsées. 33.12. Latriquée 33.1.3. Notation de son snnsnnnmnn 10 33.14. Notation du i to 3.3.1.5. Beriture des noms propres et graphémes ‘py, 0 nL 33.16. Alphabet " 3.3.1.7. Nom des lees, o a 4.3.2, Les aspeets orthographiques. 2 33.2.1. La voyelle neutre B 3322 Hiaws B 33.2.3, Assimiations dans la chaine.. . . ol 33.24. La voyelle d'état, ry 3.3.2.5. Pharyngalistion et contamination. rr 33.26. Adaptation en rifsin et dans les dialects du nord d emprunis avec occlusives dans la langue origine Is 3.3.27. Indice de personne 5 33.2.8, Etat d'annexion . 16 33.29. Lecas du rifain 16 3.29.1 La yoealisation du 16 3.3.2.9.2. Les mutations phonétiques. 16 3.3.3, Aspects diver. sn fneninnmnnsnnnnnnnnnnnse ET 3.3.3.1, Ponctuation 7 3.3.32. Noms propres et eponymes ' oS 33.3.3. Majuscules 18 3.3.4, Aspects non abordés pendant le travail en atelier. 7 3.3.4.1 Insertion d'une voyelle type Anaptyxe 19 3.342. Sighs. 9 33.43. Onhographie dans certains cas de tension consonantique instable, 19 3.3.44. Variation lesicale inter- et intradialectale 9 4LEN GUISE DE CONCLUSION vonsonnsnennnnninnnnininnnnnnmnnnnennmnnninns DD REFERENCES. 1 ANNEXE I sess ASSOCIATION INTERNATIONALE DES ETUDES AMAZIGHES. (ATEA) ou ANNEXE 2 LOBSERVATOIRE CATALAN DE LA LANGUE AMAZIGHE.. Standardisation de la langue amazighe : la graphie latine (Barcelone, 26-28 avril 2007) Présentation Depuis un certain nombre d’années, la Catalogne s'est transformée en un espace oi! les activités amazighes acquiérent une visibilité de plus en plus nette. Cette dynamique s’est vue matérialisée par un certain nombre d’acquis dont notamment une recommandation du parlement catalan en faveur de introduction de l'amazighe dans les universités et les écoles ainsi que par une motion officielle d’appui aux luttes du peuple amazighe dans les pays d’origine. De fait, depuis maintenant deux ans, un début d’application de cette recommandation se traduit par une expérience d’enseignement dans certaines écoles publiques catalanes et un programme de formation des formateurs, par Fintroduction d'un cours dans (offre du Centre de Langues Modemes de l'Université de Barcelone et surtout par une implication de plus en plus importante de Linguamén — Casa de les Llengies dans des projets amazighes. La multiplication des actes programmés dans la région ainsi que la naissance d'une fédération des associations amazighes de Catalogne (Agraw n tmesmunin timazighin n Katalunya), implique des besoins croissants en ouvrages de référence, en matériels pédagogiques ainsi qu'un début de pratique scripturaire, ce qui a son tour, remet encore une fois en exergue la nécessité de la présence d'instruments et de références normalisés en matiére de transcription et de fixation de l'écrit. En cela, la Catalogne, malgré une immigration amazighe d’implantation récente, rejoint les autres communautés amazighes de la diaspora européenne et américaine, La rencontre de Barcelone sur les questions de standardisation s‘inscrit dans la continuité du travail déja accompli dans ce domaine — notamment autour de 'INALCO - et dans la perspective d'une relance et de redynamisation de la normalisation de la graphie latine. Les journées ont réuni des spécialistes et des praticiens de la graphie latine afin de mesurer le chemin parcouru, faire Iétat des lieux, confronter les recommandations des réunions antérieures avec la pratique sur le terrain et d’en tirer les conclusions qui s‘imposent, confirmant, révisant ou complétant le cas échéant les données que la pratique de la graphie latine aura dévoilé sur le terrain. ‘Comme dans les rencontres précédentes, la rencontre se déroulera sous forme dateliers autour de trois thématiques principales : Les aspects graphiques, les aspects orthographiques et des aspects divers comme le traitement des toponymes, des noms propres, des abréviations etc. Les résumés des recommandations des réunions de Paris (1996 et 1998) ainsi que celui de la réunion de Utrecht pour le rifain (Novembre 1996) ont constitué la référence de travail de la réunion. 1. Participants aux débats des ateliers L’organisation du colloque a jugé utile de rassembler autour d'une table autant les universitaires et linguistes qui ont réfléchi ou qui peuvent réfléchir aux questions théoriques autour d’un systéme de notation usuelle de la langue amazighe en graphie latine que des producteurs, donc des écrivains et des praticiens de la langue comme peuvent étre des enseignants ou des membres d’associations impliqués dans I’enseignement de ta langue (notamment en Catalogne) afin de réfléchir ensemble sur cette question Lidée était de rassembler des représentants des variantes les plus importantes, ‘comme le rifain, le tamazight et le tacelhit pour le Maroc ainsi que pour le Kabyle pour I'Algétie, mais aussi des « observateurs » extérieurs qui puissent apporter une vision un peu plus « détachée » de cette question, notamment en nous présentant des expériences aussi lointaines que celles vécues par les langues slaves. A- Producteurs (écrivains et praticiens de la langue qui utilisent la graphie latine) Mohamed CHACHA (rifain / Pays-Bas) ‘Salem ZENIA (kabyle) B- Universitaires Fernand BENTOLILA (U. Paris IV-Sorbonne) Carles CASTELLANOS (U. Autonome de Barcelone,) Abdallah el MOUNTASSIR (U. d’Agadir,) Carles MURCIA (U. de Barcelone,) Patrice POGNAN (Inalco-Paris IV,) Mohand Akli SALHI (U. de Tizi Ouzou) Mohamed SERHOUAL (U. de Tétouan) Hakim Sait (Inaloo-Crb) Miloud TalFi (U. de Fés) Mohand TILMATINE (U. de Cadix) C- Associations des enseignants d’amazighe ‘Asmaa AOUATTAH (présidente de 'Agraw Amazigh n Katalunya et membre de la comission d’enseignement de 'amazighe en Catalogne) ‘Aziz BAHA (Agraw Amazigh n Katalunya) Mehenna BOUDINAR (président de I'Association des enseignants |’amazighe de Tizi-Ouzou) Youghoutra KeBeous (Agraw Amazigh n Katalunya) Organisation La rencontre a bénéficié de l'appui des entités suivantes Linguamén / Casa de les Llengiies Université Autonome de Barcelone Université de Cadix (Lesoab) INALCO Ainsi que du soutien de I'Assembiée amazighe de Catalogne (Agraw Amazigh n Katalunya). 2. Programme du colloque Standardisation de la langue amazighe : la graphie latine. Jeudi 26.04. : 18.00-19.00 : Séance d’ouverture - Antoni Mir, directeur de la Casa de les Llengiies - Asmaa Aouttah, Présidente de I'Agraw - Carles Castellanos / M. Tilmatine Communications introductives: 19.00-19.30 : M. Taifi : Le systéme triomphe de toutes les dérives des locuteurs! 19.30-20.00 : M. Tilmatine : Graphie latine. Un état des lieux 21.00 Diner Vendredi 27.04. TRAVAIL EN ATELIERS 09.00 - 12.00 : Aspects graphiques (F. Bentolila /C.Castellanos) (Discussion du systéme phonologique berbére, de son inventaire et son applicabilité aux différentes variantes dialectales, faut-l réviser le principe : « un son, une lettre », 'usage de certains graphémes comme le ‘ayn, les digraphes, introduction de certains autres comme le « P », le « V » dans certains cas ?, etc...) 09.00-9.30: A. ElMountassir: Vers un modéle de I'identification des signes graphiques en berbére 09.30-10.00: M. Serhoual: Graphie latine: le cas du rifain a I'exemple du dictionnaire tarifit-frangais 10.00-10.30 : M. Chacha : Eorire en rifain 10.30-11.30: Débats 11.30- 12.00: Pause Café 12.00- 14.30 : Aspects orthographiques (A. El Mountassir /C, Murcia) (Traitement des assimilations dans la chaine, régles de transcription des «variantes régionales », des exceptions, etc.) 12.00 - 12.30: C. Castellanos : Les aspects graphiques et orthographiques de Fécriture : de quelques difficultés 12.30 - 13.00 : Boudinar : L’expérience de la pratique en Kabylie : l'enseignement de la langue amazighe 13.00 - 13.30 : M.A. Salhi : Lexpérience des auteurs-compositeurs kabyles 13.30 - 14.30 : Débats 14,30-16.00 : Déjeuner 16,00-18.00 ; Aspects divers de la transcription (M.A. Salhi/M. Taifi) (traitement des toponymes, des noms propres, des abréviations, alphabet, nom des lettres, sigles, toponymes amazighes et étrangers etc.) 16,00-16.30 : H. Smail : La graphie latine a |épreuve de la pratique: l'expérience de I'Inalco et du bac berbére en France. 16.30-17.30 : F. Bentolila/Pognan: Regard sur certaines pratiques et expériences similaires : les langues slaves 17,30-18.30 : Débats 21.00 : Diner Samedi 28.04. 9.30-12.00 : Présentation et discussion des rapports des trois ateliers Atelier |: Questions graphiques (9.30-10.00) Atelier |! : Orthographie/assimilations (10.00-10.30) Atelier Ill: Aspects divers (10.30. 11.00) 11.00-11.30 : Pause 11,30-14.30 : Discussion de l'idée de la création d'un Réseau Universitaire pour I'Aménagement de la Langue Amazighe 11.30 - 12.00: M. Tilmatine : Bréve présentation du projet OCLA et rappel du projet_de Réseau International pour (Aménagement de la langue berbére (INALCO, 1998) 12.00 — 14.300 : Débats Points de discussion proposés Débat et réflexions sur le manque de suivi du projet Objet Composition et membres Gestion et organisation de travail Moyens a mettre en cauvre Les objectifs prioritaires et calendrier de travail Pasena 14.30 : Cléture des travaux du colloque AM M. Tilmatine 15.00 : Déjeuner 3. Synthése des ateliers 3.1. Introduction Le colloque Standardisation de la langue amazighe : la graphie latine, tenu a Barcelone du 26 au 28 avril 2007, avait pour objectif de réviser et de mettre a jour les propositions issues des ateliers tenus a l'Inalco entre 1993 et 1998. Les travaux ont commencé par des conférences introductives a la thématique générale dont I'objectif a été de rappeler le chemin parcouru jusqu’a présent, de prendre en compte des principes généraux et directeurs et enfin de tenir compte de importance de facteurs visuels lors du processus de lecture. Trois ateliers ont structuré les travaux de cette rencontre - Le premier intitulé : « Les aspects graphiques » introduisait la discussion de usage de certains graphémes comme le ‘ayn, de certains digraphes comme le gh! ainsi que I'introduction éventuelle de certains autres comme le « P » , le «V » ou le « O » dans certains cas bien précis. Ces phonemes, étrangers au systéme phonologique de ramazighe, apparaissent notamment dans les emprunts ou dans des domaines bien déterminés comme l'onomastique et posent un probléme de choix du mode de transcription. - Vatelier « Aspects orthographiques et assimilations » traitait des assimilations dans la chaine, de certaines régles de transcription des « variantes régionales », de la notation du schwa, etc Le troisiéme et dernier atelier « Aspects divers de la transcription » portait entre autres sur le traitement des noms propres et des toponymes, la notation usuelle de la poésie, l'ordre des lettres de alphabet, les noms des lettres, etc. 3.2. Principes généraux et remarques préliminaires D’une maniére générale, les principes énoncés lors des réunions et syntheses précédentes sont reconduits ©. Diversité et variation comme données inhérentes & tout systéme linguistique, doll la nécessité d'un effort en vue de son intégration dans les normes des transcription ‘© Priorité @ I’élaboration de standards écrits régionaux, mais aspirer développer un systéme de transcription commun & tous les dialectes d’oU la distinction des le départ entre un discours qui portera sur la graphie (commune) et celui qui portera sur la langue, basée, elle, sur des variantes et blocs régionaux ‘© Accepter et experimenter des solutions concurrentes, notamment en matiére de lexique et de graphie, surtout si elles sont intégrées dans la pratique des amazighones ©. Distinguer soigneusement notation usuelle et notation scientifique : une notation usuelle ne saurait étre la reproduction mécanique des notations scientifiques et ne peut étre exigée de l'utilisateur moyen ©. Le passage a I’écrit implique foroément une formation préalable et un effort ‘analyse minimum : il implique done une certaine distanciation par rapport aux réalisations orales de la langue ‘© La notation usuelle doit viser la simplicité, mais aussi répondre a des critéres de stabilité (éliminer les variations contextuelles et phonétiques) et de représentativité (priviliégier les formes les plus répandues). Ces principes étant posés depuis maintenant une bonne dizaine d’années, il est certain que I'usage de la notation a base latine jouit entretemps d'une application dominante dans beaucoup de régions amazighophones, notamment en Kabylie et nous pouvons affirmer, sans grand risque, que ceux-ci sont géneralement appliqués aussi bien en Algérie qu’au Maroc, méme si, bien entendu, le degré d'application de ces principes et recommandations varie, sans nul doute, selon les régions, les situations et les utilisateurs. A cet effet, le rifain, malgré sa situation particuliére de variante & forte érosion phonétique, commence & voir ces demiéres années, une application qui se rapproche de plus en plus de la notation a base phonologique utilisée pour la transcription des autres dialectes amazighes du nord. La spécificité du rifain, sa forte présence en Catalogne qui en fait le segment le plus grand de immigration nord-africaine dans le pays ainsi que le contexte du déroulement de la rencontre Barcelone, fait que les débats du colloque lui ont réservé une place priviligiée. 3.3. Propositions et recommandations Cette synthase est basée sur les notes des rapporteurs des trois ateliers (F. Bentolila/C. Castellanos ; A. El Moutassir/C. Murcia et M. Taifi/M.-A. Salhi) ainsi que sur des notes prises lors des débats en ateliers mais aussi lors de la séance de débat général en pléniére du dernier jour. Les points suivants seront traités et classés en tenant compte des recommandations des deux synthéses précédentes de 1996 et 1998 (pp. 7-10 dans la version publiée par Imazighen Ass-a, hors série, février 2000) qui correspondent aux pages 6-13 de la version disponible sur le site du Centre de Recherches Berbéres _(http://www.inalco.{rlcrb/docs_pdf/notation. pdf et http:/www.inalco.fricrb/docs_pdflamenage1998. pdf.) Rappelons que la synthése de 1998 considére les points suivants « hormis quelques points de détails » comme « résolus » . Spirantes et occlusives simples Phonémes non-homoganes : affriquées et labio-vélarisées Les pharyngalisées (emphatiques et emphatisées) Les voyelles (en particulier la voyelle neutre) Les assimilations de consonnes dans la chaine et la succession de voyelles . Quelques problemes graphiques (chuintantes, vélaires et pharyngales) usage du trait d'union Quelques conventions d'usage @PNOMRENS rr, la confrontation avec la pratique indique que ceci n’est point si sOr. La encore, malgré un usage incontestablement amélioré et de plus en plus homogéne du systeme de notation usuelle en graphie latine, les participants ont signalé et relevé une variation appréciable chez les auteurs et les producteurs, méme si la Kabylie ‘semble connaitre une plus grande homogénéité dans ce domaine. Souvent, ce sont des usages déterminés par des contextes d'utilisation - comme internet — qui font que les usagers recourent a des systémes paralléles. Cette observation est, bien entendu, lige au fait qu'il n’existe toujours pas d'organisme ou d‘institution de référence avec fonction normative qui soit reconnue par tous les usagers de la notation en graphie latine de I'amazighe, mais aussi une certaine difficulté d’application des lettres diacritées dans des domaines comme celui des nouvelles technologies (Internet, téléphonie mobile, etc.) Les participants recommandent, la aussi et comme cela a été fait dans les reunions précédentes une démarche souple et flexible par rapport @ la forme d’écriture recommandée et ses possibles variantes. Les choix graphiques Les labio-vélarisées Ecriture des tendues bb® / gg° [bbw, ggw] issues de la tendue ww. Dans le cas ot la forme originale est attestée dans un des parlers d'une variante régionale, on recommandera son utilisation. Kabyle : ebb? / egg? / eww “étre cuit, mar’ L'écriture eww sera donc recommandée. Dans le cas contraire, la variante la plus courante pourra étre employée > kabyle : aoriste intensif de rwel “fuir' = regg%el ou reggel. Recommandation : La labio-vélarisation n’étant pas — sauf cas rares - un trait distinctif, éviter dans la mesure du possible de la noter. Dans les cas ol ce recours semble important préférer la séquence c+ semi-voyelle (CW), tel que cette pratique a été utiisée depuis Mammeri et le groupe de Vincennes jusqu’a nos jours. La formule du_petit ° en exposant ne semble pas s‘imposer dans la pratique ; lui préférer le /w/ [bbw, gawi. 3.3.1.2. Vaffriquée La question a déja fait 'objet d'une discussion et de recommandations lors des deux ateliers précédents. Des arguments sérieux en faveur de la non notation de Vaffriction de la dentale (issue de /tt/) et donc de abandon dans la notation usuelle du kabyle de la cédille diacritique ont déja été avancés et qui se résument comme suit: - affriction de la dentale est un phénoméne essentiellement kabyle ; - laffriction n'est pas généralisée en Kabylie (parlers de la Kabylie de l'Est sans affriction); - Mame [a oli elle existe, laffriction n'est pas stable : elle n'est pas réalisée dans les mémes contextes dans tous les parlers (Cf. parlers des Igawawen, At-Yanni...), - Sa distinctivité est trés faible, voire nulle. II restait un point affriquée: faut-il I Vaffriction? fe détail concernant les noms féminins dont le t rire t ou bien avec un tt, rappelant ainsi les Etant donné sa relative rareté, sa non-généralisation en kabyle et compte tenu de la comparaison avec les autres aires régionales, "atelier a finalement décidé de recommander une écriture avec un seul t, ce qui a 'avantage de ne pas alourdir les régles de marquage du féminin en berbére : tider. / tidet "vérité" ; tagmar / tagmat “fraternité" Recommandation : reconduire les positions des ateliers précédents (1996 et 1998). Notation de /s! Les débats portant sur le choix graphique ont été marqués par deux positions fondamentales - d'une part les partisans du maintien absolu de la fricative vélaire (ou uvulaire) sonore //, noté /y/ par la plupart des linguistes d’aujourd'hui connaitt une grande diffusion dans la notation usuelle. Cet usage est a la base justifié par la nécessité d’appliquer le principe « un son, une lettre ». Les partisans de ce principe se prévalant du fait que cet usage est largement implanté dans le domaine berbérophone, a tel point que certains participants Kabyles y voient méme un signe « identitaire ». De l'autre 08t8, les partisans du digraphe arguent du fait que l'emploi du digraphe Igh! pour noter la vélaire, qui existe depuis I'époque coloniale, reste trés répandu, notamment lorsque I’usager doit faire face a des contraintes typographiques, cas assez net dans le domaine des nouvelles technologies, comme Internet ou la téléphonie mobile, mais aussi dans la majorité des ouvrages de vulgarisation, des médias ou associatifs. ‘Aux aspects pratiques — disponibilité immédiate dans tous les claviers existants- s‘ajoute I'argument suivant : l'usage du digraphe permet de maintenir lhomogéneité du systéme latin, alors que le signe /y/ (/T/) vient de l'alphabet grec et fait d'un systéme de notation usuelle de graphie latine, un systéme hybride latino-grec avec tous les inconvénients imaginables du point de vue graphique. Une troisiéme position, préconisée surtout par M. Taifi et P. Pognan, en occurrence I'usage du g pointé /g/ a également été débattue. Recommandation : usage préférentiel du /y/ et limiter I'usage du digraphe a des cas oli des contraintes spécifiques le rendent plus pratique. Notation du // La notation usuelle de la fricative pharyngale sonore /‘/ présente un inconvénient fondamental qui dérive de 'usage du signe /e/ : - Comme dans le cas précédent avec le cas du /y/, le signe /e! est un graphéme ‘emprunté a I’alphabet grec et, donc, ne bénéficie que d'une disponibilité tres relative dans les claviers latins conventionnels ; - L'usage de ce signe d’origine grecque brise, dans cas également, I'homogénéité du systeme de base latine. Néanmoins, l'alternative proposée, empruntée la tradition latine, et parfois utilisée dans les milieux associatifs ou dans des ouvrages de vulgarisation /a/ se heurte & un inconvénient supplémentaire : elle rappelle @ l'usager sa fonction vocalique originelle. Argument qui se recoupe, par ailleurs avec le fait que le signe Jel transorit également une voyelle dans la langue d'origine, tandis qu’en amazighe Vepsilon transcrit une consonne. Recommandation : Pour Instant et puisque, du moins dans l'usage kabyle, Jel reste la transcription dominante du /S$/, on préférera le signe /e! au digraphe /A/ dans une notation usuelle. 10 3.3.1.8. Ecriture des noms propres et graphémes /p/, /v/, /o! Cette question avait été abordée dans le demier atelier, sous le point 8 (Noms propres) dans la version de 1996 dans ces termes “Les noms propres non berbéres devront faire objet d'une codification systématique ultérieure. Toujours pour préserver la fonction identificatoire, on n’hésitera pas a utiliser les caractéres "p, v, 0...” dans la notation des noms propres étrangers Elle avait ét6 ensuite relativisée dans la version de 1998 (point 8) pour adopter une attitude nettement moins claire et definitive : “Llalphabet berbére courant recommandé ne comporte pas certaines lettres comme "p", "v" et "o" (pour le berbére Nord), on peut se demander sill est indiqué et prudent de les employer dans les noms propres étrangers. La réflexion devra étre poursuivie sur ce point’. Le colloque a donc repris le débat sur ce point. La question du /p/ est plus cruciale, méme si elle n’a jamais fait l'objet d'un débat sérieux. En effet, outre les noms propres et les toponymes, le /p/ apparait souvent dans le lexique amazighe, notamment en rifain. D’ailleurs, il est interessant de relever que mémes les auteurs les plus spécialisés adoptent des positions distinctes a ce sujet’ Ajoutons, par ailleurs, que certains dialectes — notamment le kabyle et le rifain — montrent une plus grande tolérance au /p/ que d'autres — notamment le tacelhit — qui l'adapte systématiquement en /b/. Dans une perspective globale, Iutilité du /p/ semble évidente, car outre les trés nombreux cas en rifain (comme par exemple aplay u “le plat” ; playa “plage”: pinsar “réfléchit” ; puntu “point” ; panwilu “mouchoir" ; papa “pain” etc., usage du /p/ semble trés recommandable, notamment dans les cas cités des noms propres et des toponymes. Que faire sinon d'un Harry Potter ? Un Harry Butter ? Recommandation : Pour les mots étrangers qui ne sont pas intégrés dans la langue amazighe, notamment les noms propres de personnes et les toponymes, on propose, dans une notation usuelle, introduction des graphémes /p/ et /v/, p. ex. (Harry) Potter, Vankuver. Pour le vocalisme, il est recommandé de se limiter au triangle vocalique /a/, il, ul ; usage de /o devant se limiter au domaine strict des mots qui ne sont pas du tout intégrés & 'amazighe, surtout anthroponymes et toponymes ; donc (New) York, (Harry) Potter, etc. Alphabet Malgré les débats autour de la question, aucune décision n’a été prise pour remettre en cause ordre des lettres, qui se base largement sur le systéme des langues latines. " Ainsi, M. Lafkioui pour le rifain (Novembre 1996), Salem Chaker pour la Synthése de 1996 incluent le /p/ dans l'alphabet usuel (p. 22 et 17 respectivement), mais pas K. Nait Zerrad dans la synthase de 1998, Cette divergence se retrouvera dans les articles de M. Lafkioui et de K. Nait Zerrad, publiés dans le méme ouvrage (Codification des langues de France, 2002, p. 362 et 335 respectivement). W Les propositions visant a formuler un ordre des lettres basé sur les caractéristiques phonétiques des sons n’a pas, non plus, obtenu I’approbation consensuelle du groupe. En revanche, la question de l'intégration de nouvelles lettres employées, généralement dans des emprunts comme c’est le cas du /p/, du /v/ ou du /o/ a fait objet de longs débats. Ilest intéressant de relever a ce sujet que les synthéses de 1996 intégrent la lettre Ip/ alors que celle de 1998 ne le fait pas Méme cas de flottements se présentent pour la lettre /q/ qui, sauf erreur d'inattention des auteurs, n’est pas intégrée dans la liste de la synthése de 1996, mais qui réapparait dans celle de 1998 et de nouveau « disparait » dans d'autres listes alphabétiques postérieures. Parfois, la classification se fait selon les caractéristiques phonétiques de la lettre (1996), mais parfois selon un ordre inspiré du classement des langues latines avec des hésitations pour certaines lettres diacritiques ou grecques (1998, 2002). Ainsi, la position du /y/ varie aussi selon les auteurs. Recommandation : L'ordre latin de |’alphabet n'a pas été finalement remis en cause. II sera reconduit pour des raisons pratiques et dintégration dans un systéme déja défini comme latin. Les lettres simples précéderont les lettres diacritiques, la position du /y/ précédant celle du /r/. La lettre /e/ terminant la liste, le systéme serait donc le suivant abctddefgahhijkImn(o)(p)qyr(pstt u(vywxyzze Nom des lettres L’atelier de 1998 projetait de faire une proposition élaborée a partir des noms de lettres touarégues. C'est ce qui se fait déja dans certains ouvrages associatifs, mais aussi de large divulgation. Relevons que I'IRCAM utilise également ce principe pour I'alphabet tifinagh. De la méme maniere, le guide universitaire Catalan-Rifain a eu recours aux mémes dénominations des lettres de I'alphabet amazighe de graphie latine. De légéres differences subsistent toutefois, puisque la tradition touarégue utilise des noms de lettres base vocalique Jal (yaq, yah, yax, yad, yaw), mais aussi /e/ (vei, yez, yer, yes, yef etc.)*, pendant que les versions les plus récentes* homogénéisent I'usage en /a/. ‘Systeme, adapté, utilisé par le guide est le suivant : Ya, yab, yac, ya’, Yad, yad, yey, yaf, yag, yag, yah, yah, yi, yaj. yak, yal, yam, yan (vo?) (ap?), yag, yay, yar (yar). yas, yat, yat, yu (yav?), yaw, vax, yay, yaz, yaz, yae Recommandation : reprendre le systéme des noms touarégues des lettres de alphabet proposé. 3.3.2. Les aspects orthographiques ? Voir par exemple A. Hanoteau, Essai de grammaire tamachek, Alger 1896, réed., Amsterdam, 1976, Livre premier, p. 4/5. * Guia de conversa universitaria amazic-catala. Universitat de Barcelona; Serveis Linguistics, 2006 (C. Castellanosil. Chilah/M. Tilmatine). 12 La voyelle neutre : ‘Comme souvent, la question de la voyelle neutre ne manque pas de soulever de grands débats. Le dernier atelier avait tranché la question en 1998 dans les termes ‘suivants *. On rappellera que la voyelle neutre est maintenue stable a Tintérieur du paradigme de conjugaison, c’est-a-dire avec les indices de personne qui font partie intégrante de la forme conjuguée ou du participe (voir synthése de atelier précédent) - L’éoriture de la forme du pluriel d'un nom est indépendante du singulier, d'autant que de toute facon la formation du pluriel n'est pas toujours réguliére. On écrira done : amger “faucille", au singulier, et (toujours) imegran, au pluriel”. ‘On constate une trés grande instabilité du schwa (voyelle neutre sans statut phonémique notée /e/) dans les différents dialectes, notamment ceux du nord ‘comme le kabyle et le rifain, oli le schwa est quand méme perceptible. En revanche, le cas est moins évident dans la tachelhit ol: des séquences de plusieurs consonnes peuvent étre attestées sans la présence du fameux “lubrifiant” vocalique et ol! la tendance a ne pas noter du tout le schwa se renforce avec introduction des caractéres tifinaghs dans I'enseignement de la langue amazighe. En fait, outre son emplacement régulier devant les tendues, les « régles traditionnelles » prévoient la notation du schwa notamment pour éviter la constitution d’ensemble de séquences de plus de trois consonnes a lintérieur du mot, Cependant, un certain flottement existe toujours pour déterminer avec exactitude l'emplacement du schwa, surtout dans le cas de suffixation d’éléments morphématiques comme les désinences personnelles ou les pronoms. Pour compliquer les choses, méme lorsque cette voyelle neutre est plus oll moins audible, on constate que les régles de parution ne sont pas les mémes selon quill y des consonnes liquides (/, r) ou nasales (m, n) ou seulement de constrictives. Dailleurs, lutilité de la transcription du schwa est plus évidente dans une perspective pédagogique : rendre le décodage plus aisé pour les apprenants. Recommandation : Pour toutes ces raisons et tant que la relation entre occurrence du schwa et la syllabation n’est pas vérifiée on recommande d'observer les propositions consignées dans les ateliers précédents (1996, p. 10, §4, 1998, point 8 et pour le rifain, p. 9 et 10) On fera observer, cependant, que la rigueur de la recommandation de l'atelier de 1998 semble difficilement applicable notamment dans la pratique de Venseignement. En effet, si le schwa est une voyelle labile par définition, on ne pourra en figer la position dans le mot dans des contextes comme verbe + morpheme d'orientation d (xedm-ed, mais ixeddem-as-d), mais on laissera & l'usager une certaine liberté, de placer le schwa en se basant sur la prononciation Le colloque estime, par ailleurs qu’une étude phonétique instrumentale dans tous les dialectes serait indispensable pour trancher cette question. Hiatus Les solutions les plus répandues parmi es dialectes amazighes pour la rupture de hiatus dans la chaine sont ou bien le recours a une consonne épenthétique /y/, p. ex. [innayas, inna-yas} ‘lui a dit’ ou - la contraction des voyelles, p. ex. [innas] ‘idem’ Recommandation : Dans une notation usuelle standardisante et en application du principe directeur général de reconstruction/restitution des formes, on proposera ne pas transcrire la /y/ épenthétique et, en méme temps, éviter la contraction voralique au moyen d'un tiret : inna-as « il lui a dit ». Une exception sera admise dans le cas du pronom personnel de complément direct et du complément indirect 4 la 1° personne du singulier : inna-yi (Cl) « il m’a dit izra-yi (CD) « il m’a vu ». La contraction dans ce cas n'est pas existante ; quelques dialectes (notamment le chleuh) ont méme une tendue (-yyi) pour la 1 *° personne du singulier. Assimilations dans la chaine Dans le cas de la particule préverbale ad précédant un verbe, la proposition adoptée en 1998 (p. 8, point 4), énongait ce qui suit: “Ala premiere personne du plurrel, la recommandation est de la noter a ; on écrira done, conformément 4 la prononciation générale en berbare : a neddem (et non ad neddem), d'une part parce quil est a peu prés certain quill n'y a pas dans ce cas assimilation (c'est en fait la forme bréve (a) du préverbe qui est employée, sinon on aurait une réalisation généralisée tendue en [nn}) ; d'autre part, parce que la variante bréve a est attestée dans d'autres contextes (devant affixe verbal) dans tous les parlers berberes’. Recommandation : Les participants du colloque de Barcelone on convenu généraliser |’application du principe de restitution de la forme accordée (ad) et de ne pas retenir l'exception du ad + la 1" personne du pluriel. C'est a dire qu'on notera, p. ex. (en kabyle) ad neddem et non pas a neddem, parce que les raisons apportées pour en faire une exception ne sont pas convaincantes. Le maintien de l'intégrité de la particule préverbale est valable pour la notation usuelle de l'ensemble des dialectes. Done, en tacelhit on notera aussi ad iftu, rad nesker, etc. La voyelle d'état Un des traits les plus visibles des dialectes dits Zénétes* est I'absence de la voyelle a l'état libre, qui réapparait, cependant a I’état d’annexion. Ce phénoméne se donne aussi bien pour les noms masculins, p. ex. kal « terre, sol », dar « pied », fus « main », fud « genou », que féminins, p. ex. tfukt « soleil », tyagt « chévre », tyazidt « poule », tmart « barbe », etc. Cette absence ne semble pas attestée de la méme maniére dans tous les dialectes et la liste de noms sans voyelle a l'état libre n'est pas la méme partout Recommandation : Dans une notation usuelle—, on recommande, également pour le rifain et par souci de restitution du systéme général, d'écrire akal, agar, afus, afud, tafukt, tayad, tasa, tayazidt, tamart, etc. Pharyngalisation et contamination L’emphase (plus précisément, la vélo-pharyngalisation) est un phénoméne de retrait de la masse arriére de la langue vers la zone vélo-pharyngale. Elle constitue un trait pertinent dans la langue amazighe. Les emphatiques sont notées par un point sous la lettre : ¢ 7. /, 5. * Par exemple: Rif, Ait Seghrouchen, Ait Warain, Figuig, Beni Snous, Chenoua, Beni Menacer, Mzab, Ouargla, chaouia, Zuara, Metmata 14 ex. : izi "vésicule bil ire", agar “pied” ‘A cOté des emphatiques “vraies" (ayant statut de phonémes), il existe des “emphatisées", en fait des phonemes simples, qui prennent une coloration ‘emphatique en raison de la présence dans environnement immédiat d'une consonne emphatique ou d’articulation postérieure. Certains parlent alors d'une contamination de la pharyngalisation sur son environnement consonantique immeédiat : adur , “pied” est réalisé adar ; ayrum “pain” est réalisé ayrum, agerru “téte", agerru, seis “six’ est réalisé sis, azru “pierre”, azru.. Dans tous ces cas, l'emphase du [r] est conditionnée par la présence de Vemphatique vraie /d/ ou des vélaires et uvulaires /y, qf ou /x! Recommandation: ces “emphatisées” ne doivent pas étre notées, ni dans une transcription phonologique, ni, encore moins, dans une notation usuelle. 3.3.2.6. Adaptation en rifain et dans les dialectes du nord d’emprunts avec occlusives dans la langue d’o! ‘On a remarqué une hésitation, notamment en rifain et en kabyle, dans la notation des mots empruntés a des langues européennes et qui contiennent des occlusives ‘comme dans atiki « ticket », tenis « tennis », (a)tilfun « télephone », faktura «facture », takuzint « cuisine ». Puisque la tendance du rifain et d'autres dialectes du nord consiste a spirantiser les consonnes ocolusives, on s'est demandé si ces occlusives ne devraient pas étre notés comme tendues. Cet aspect a été abordé dans les synthéses de 1998 pour le cas de la particule d'orientation /d/ (p. 10, point 15), mais qui tout en recommandant I'écriture de la consonne double, laisse ouverte la porte pour ‘option de la simple. “L'atelier recommande néanmoins 'écriture sous forme de tendues (dd et nn), conformément & la réalisation et 'usage de la plupart des autres dialectes berbéres autre notation (d/ n) restant possible’ Recommandation : Les participants du colloque de Barcelone ont opté, en definitive, pour le maintien de la simple, tout en sachant que le cas se pose surtout dans les réalisations des occlusives de t, d, k, g, b dans les. emprunts. On écrira donc tilfun, ou sa réalisation rifaine tifu. Dans le méme ordre d’idées, les participants étendent cette recommandation également a la particule d'orientation verbale /d/ et /n/ Indice de personne Une certaine instabilité est relevée pour la notation de la troisi¢me personne masculin singulier du verbe, notamment dans les dialectes du nord comme le kabyle et le rifain. Celle-ci est réalisée soit avec I'indice de personne y-: yura “il a écrit’, ye- : yeffey ; yekcemlyudef “il est sorti/entré" ou bien i: jlul “I est né", ixdem “ila travaillé”, icra “il a vu’. Ce fait seme la confusion notamment parmi les enseignants a I’heure de transmettre des régles simples aux apprenants, Recommandation: Dans une perspective d’harmonisation générale, il peut étre envisagé de reconduire la régle simple suivante, telle qu'elle est énoncée dans les synthéses de 1998 (p. 9) 15 i- partout devant theme verbal consonantique: idda, iffer “partirfaccompagner, (@tre caché" et y- devant voyelle pleine (/a, i, u/): yufa, yusa-d, yudef “trouvé, venir, entrer’ Dans les aires oi certains indices présentent de nombreuses variantes, comme en chleuh pour la 1 ére personne du singulier, on recommandera la variante la plus étendue géographiquement eu la plus pan-berbére. 3.3.2.8. Etat d’annexion La notation de I’état d’annexion fait également I’ objet d'un certain flottement en. raison, surtout de I'absence de recommandations claires. Le sujet demeure l'objet d'une réflexion plus approfondie sur le traitement de la marque d’annexion, notamment dans certaines configurations syntaxiques, comme avec les noms de nombres par exemple. Les synthéses de 1996 et de 1998 ne réservent pas de traitement détaillé 4 cet aspect. Le texte de 1996 rappellera simplement «... on. ‘conservera toujours a la voyelle sa forme normale dans le mot isolé : i uderghal, i ufus (et non i wderghal, i wus) Recommandation: Reconduire la proposition, mais prévoir un atelier pour approfondir la réflexion sur le sujet en vue de dégager des orientations qui permettent de faciliter également la normalisation de I'usage du /n/ et de rédiger des régles simples et accessibles d’application. 3.3.2.9. Le cas du rifain Le rifain, dialecte spirantisant du nord est connu pour ses caractéristiques phonétiques spécifiques qui dérivent d’un important processus d’érosion phonétique. Le résultat en est un fort degré de variation dialectale et surtout des conséquences importantes sur le systéme vocalique, notamment en contexte de vocalisation du /r/, d’une part, et, d'autre part, sur le systéme phonologique, caractérisé par des mutations consonantiques bien spécifiques. 3.3.2.9.1 La vocalisation du /r/ La liquide /*/ connait une grande instabilité dans sa réalisation, dont notamment sa vocalisation en position de coda, donc en fin de syllabe (a :gaz < argaz « homme »). Le fait que ce méme /r/ réapparaisse en cas d’affixation avec un élément en initiale vocalique, mais aussi en raison d’une impossibilité de représentation uniformisée de ce /r/, ainsi que I’absence d’ évaluations précises sur les conditions et les proportions exactes de réalisation et de distribution de ce phonéme en rifain, rendraient une normalisation de sa notation extrémement difficile. Recommandation : Le /t/ étymologique sera noté dans tous les cas et sera ou non prononcé selon le locuteur Une série de consonnes ont connu une évolution phonético-phonologique qui touche notamment les cas suivants © La liquide /i! simple @ a donné naissance a un /r/ non étymologique ul > ur « cceur », ali > ari « monte » © La liquide tendue Ml & une réalisation affriquée en /g/ mani ila > mani iga ? «oul estil ? » © La séquence /Itf débouche également sur une affriquée /¢/ ultma > uéma «ma soeur » 16 Recommandation : \es formes dialectales ne seront pas notées. La forme pan- berbére sera restituée dans une notation usuelle. La réalisation (orale) se fera en fonction du locuteur et de son origine dialectale. © Notation des occlusives vélaires spirantisées en rifain Les conditions d’altération avancée du systéme phonétique rifain font que le principe de restitution phonologique peut poser parfois de grands problemes, eu égard, d'une part 4 un usage instable dans la réalisation de certaines vélaires comme le /k/ et /g/, réalisées souvent comme /c/ et / respectivement (kabyle : akal > (a)kar> car « sol, terre », igenni> ajenna « ciel »), et d’autre part, au fait que cette réalisation les fait converger du point de vue phonétique avec des phonemes qui forment partie du systéme phonologique : /k/ et /g/ versus /c/ et /j Aussi, c’est done surtout par le truchement de la comparaison interdialectale que nous pouvons reconstituer et noter, en rifain, tafukt et non tfuktitfuytlttuct « soleil », aberkan et non abercan « noir », agellid et non ajellid « roi ». En d'autres termes, si dans le cas des labiales ou dentales /b/, /t/ et /d/, qui sont réalisées comme des spirantisantes en rifain et en kabyle ([b], { et d]) en contexte non conditionné, le systéme phonologique reste inaltéré ne posant aucun probléme de restitution a I'usager, il en sera autrement dans le premier cas, ou la réalisation peut facilement étre « percue » comme « étymologique ». C’est ailleurs un point particuliérement difficile a faire admettre aux locuteurs rifains. Ce qui explique qu ‘il y ait également beaucoup de flottement dans I'usage mais aussi dans les publications, pour éviter un effet Entfremdung, d’aliénation, qui Fempéche de reconnaiitre sa propre langue. Il n’est donc pas étonnant de relever une grande hésitation a noter dans usage, p. ex. iidi (en lieu de igal) « sable », acefay (en lieu d'akfay) « lait », ajjaj (en lieu d'aggag), etc. Ces observations valent logiquement également pour les séquences consonantiques ft > [6]. On écrira donc ultma méme si certains parlers réaliseront [uéma]. Recommandation : Tout en maintenant la réalisation effective (orale) en la sauvegardant pour chaque parler, il est proposé d’éviter au maximum dintégrer les variantes régionales [k, ¢, y, ye] pour le /k/ ou [g, y, /] pour le /g Néanmoins, une réflexion s impose, particuliérement pour le rifain, en vue d’essayer de fixer les limites de la reconstruction du systéme phonologique. Ainsi, il n’est pas clair, si ce processus de restitution concernerait aussi des cas comme la séquence sk> [c], comme dans tiskert > [ticcert > ticca:f]« ail ». Aspects divers Ponctuation Les débats ont souligné I'absence de réflexion approfondie sur cette question. C ‘était d’ailleurs le méme constat qui avait été déja fait en 1996. L'atelier de 1998 confirme vouloir reconduire les décisions de 1998. On relévera, surtout Vobservation suivante : “On veillera notamment a l'utilisation de la virgule pour marquer les ruptures intonatives, particuliérement importantes comme indice syntaxique en berbére (pour I'indicateur de theme, pour certains types de prédicats etc.). On écrira © argaz-nni, zriy-t, "homme (en question), je l'ai vu" ©. idrimen, ines, "argent, il est a lui" © argaz, n tmurt "homme est du pays” (structure prédicative), & distinguer de 17 © argaz_n tmurt “uni'homme du pays" (syntagme nominal non prédicatif)’. Pour les autres cas et signes de ponctuation, ils seront employés dans les conditions habituelles pour les langues a notation latine. Cette position ne manque pas de poser des problémes tels que justement souligné dans l'atelier de 1998 (p. 13): “La solution adoptée en 1996 consiste a se conformer a la ponctuation telle qu'elle existe dans les langues européennes. Mais des cas posent probleme ; ex. : idda wergaz d gma-s d inna-s d ills s tgemmi ou ida wergaz, d gma-s, d inna-s, d ills s tgemmi ?). D’oli nécessité d’enquéte a partir de textes avant de décider. Recommandation: reconduire de maniére provisoire les décisions de 1996, mais nécessité, par ailleurs, de mener des enquétes et des études de syntaxe pour essayer de voir dans quelle mesure, des spécificités de la langue amazighe peuvent buter sur les régles d’usage de la ponctuation dans les langues latines. 3.3.3.2. Noms propres et toponymes Les ateliers de 1996 (p.16, point 8) et 1998 (p. 9, point 8) recommandent clairement la conservation des formes phonétiques courantes locales. —" Les noms propres berbéres, de toutes natures, seront conservés dans leur forme phonétique courante locale ; on écrira : Iyil bb® zru (et non /yil n wezru), nom d'un village kabyle. La fonction essentiellement identificatoire des noms propres interdit la restitution phonologique. - Les noms propres non berbéres doivent faire l'objet ateliers soulignent la nécessité d'un travail ultérieur afin de faire I'inventaire de I’existant et proposer une liste avec écriture normalisée. Recommandation : En attendant le lancement des _chantiers onomastiques déja souhaités lors des demiéres réunions, les recommandations seront reconduites a l'exception de la premiére proposition selon laquelle" Les noms. propres berbéres, de toutes natures, seront conservés dans leur forme phonétique courante locale”. En effet, cette position contredit le principe directeur de restitution du systéme linguistique ainsi que de la nécessaire distanciation entre la forme écrite et orale. A titre d’exemple, le nom de la ville andalouse de Cadix [Cadiz dans sa graphie espagnole] sera réalisé par ses habitants comme [Cadi], voire méme [Cai], mais ga ne sera pas une raison pour ‘rire de cette maniére, et... de laquelle d’ailleurs? Majuscules Les praticiens de I’écriture amazighe ont jusqu’a présent, faute de mieux, régié provisoirement le probleme en s’orientant en général sur les conventions des langues latines. Les propositions de certains participants en vue d’éliminer la majuscule en initiale de phrase et dans les noms propres n’ont pas about a un consensus en raison de I'utilité de la majuscule dans sa fonetion différenciatrice dans la phrase. Recommandation: reconduire la pratique actuelle qui préconise I'usage des majuscules en début de phrase, pour le premier caractére des noms propres ainsi que la premiére lettre dans I'état d’annexion: taddart n Wakli “la maison d’Akli” et non comme parfois Taddart n wAKI’. 18, Aspects non abordés pendant le travail en ateliers Les points suivants n’ont pas pu étre débattus et n’ont donc pas fait objet de recommandations spécifiques. Ils peuvent étre considérés comme des aspects encore a débattre et sur lesquels il serait fort utile prendre position ou du moins donner des orientations aux usagers de plus en plus nombreux de I’écriture amazighe. La plupart de ces points nécessitent une collaboration entre les différents chercheurs et le lancement de véritables projets ou chantiers linguistiques. Certains ont été entamés, ou bien a des niveaux individuels, ou bien dans des projets collectifs. 3.3.4.1. Insertion d'une voyelle type Anaptyxe insertion d'une voyelle de type anaptyxe ou Sprossvokal, généralement i, pour faciliter la prononciation de certaines séquences consonnantiques, comme dans iwca-yas-tid « il le lui a donné ». Le cas n’est probablement pas sans rapport avec emploi d'un /y! épenthétique pour la rupture d’hiatus, dont on a propose la suppression dans une notation usuelle. Le débat initié par M. Chacha sur ce sujet n’a pas donné lieu — pour manque de temps- a des décisions définitives. Sigles Eu égard @ la structure de la langue organisée sur la base de racines consonantiques, la question des sigles n‘a pu, jusqu’a présent, faire l'objet d'un choix orthographique précis. En effet, 'usage le plus courant dans les langues latines - mais pas du tout exclusif ! ~ qui consiste a reprendre les initiales des noms qui composent la dénomination, ne peut étre repris pour la langue amazighe. Aussi, Les recommandations de 1998 laissent une liberté totale aux usagers. 4.3. Orthographie dans certains cas de tension consonantique instable Cet aspect déja relevé en 1998 conceme notamment certains cas en relation avec quelques phonémes comme le /y/, /q/ ou le /t! © amegran ou ameqgran ayezfan ou ayezzfan aj as ou ar as ifsus > adj. afsas ou afessas aga ou aqqa de la tension dans sa réalisation dialectale ou individuelle aboutit - en l'absence d'un Dictionnaire orthographique pour les différents dialectes - sur ce genre de flottement dans la notation. Variation lexicale inter- et intradialectale Le méme probléme se pose pour d’autres cas comme celui de la variation lexicale ‘u lexico-morphologique qui touche I’écriture d’autres catégories de la langue : prépositions, conjonctions, relatifs, adverbes, composés etc. Cette variation peut étre de type inter- et intradialectale: - ger gar /jar"entre"; yer! eef | af / "sur", ar/ al ‘jusque"; nnedhi Inneghni “autre”; ijen lil ict “un” etc. 19 4. En guise de conclusion La rencontre de Barcelone s‘inscrit dans une perspective de continuité, dans la filée des réunions qui ont déja eu lieu sur le systéme de transcription en graphie latine. ‘Son objectif principal était de réviser et de tenter de mettre a jour les propositions issues des réunions antérieures. ‘Comme I’on pouvait s’y attendre, dans son ensemble, le systéme de transcription en graphie latine commence a jouir d'une certaine stabilité. De fait, une bonne partie des pratiques existantes ont été confirmées et reconduites. Dans certains cas, et presque dix ans aprés la demiére réunion de 1998, des précisions ont été formulées (cas p.e. de I'exposant dans la transcription de la labialisation....), des simplifications ou améliorations ont été apportées (cas de certaines assimilations dans la chaine, par exemple I'usage du ad , de la rupture d’hiatus ou de la voyelle d’état ...) et, enfin, des propositions nouvelles ont été introduites (transcription des emprunts, notamment en rifain, I'ordre alphabétique, le nom des lettres...) Bien entendu, cette réunion n’étant qu’une autre étape dans le processus de réflexion sur la notation usuelle, elle ne pouvait que constituer un autre pas supplémentaire dans la marche vers une normalisation du systéme de transcription en graphie latine. Les participants n‘ont pas manqué de souligner que la liste des desiderata et des aspects non traités qui figurent au point 3.3.4. est loin d’étre exhaustive. Un inventaire systématique de tous ces cas serait nécessaire, ce qui, en I’absence de structures normatives étatiques, de puissants moyens et surtout d'une véritable volonté politique, est trés difficile pour ne pas dire impossible @ atteindre. Néanmoins, méme si les efforts qui ont porté sur la standardisation de la langue amazighe se sont fait jusqu’a présent en dehors des sphéres officielles et étatiques pour se confiner dans des initiatives individuelles ou de groupes, il n’en demeure pas moins que le trajet parcouru jusqu’a présent permet d’affirmer que les bases d'une transcription en graphie latine son jetées et qu’elles reposent dorénavant de fondements solides. Depuis quelques années, avec la création d’un Haut Commissariat a I'Amazighité (HCA) en 1995, d'un Institut Royal de la Culture Amazighe (IRCAM) en 2001 et récemment d’un Centre National Pédagogique et Linguistique pour I'Enseignement de Tamazight (CNPLET) en 2007, les Etats nord-africains semblent vouloir commencer a investir le champ jusqu’a présent combattu des études amazighes. Cette mutation, qui pour ses défenseurs constitue un bond historique quantitatif, a aussi pour effet de scinder le mouvement associatif amazigh et surtout d’imposer de facto mais aussi de jure d’autres choix graphiques que le latin. Indépendamment de opinion que I’on puisse avoir sur tel ou tel choix ou sur le réle des institutions étatiques dans le développement de la langue amazighe en géneral, i semble évident que le maintien, voire méme le renforcement de structures ou de cadres de réflexion, transnationales, mais indépendantes des Etats respectifs constituent non seulement une alternative, a bien des égards saludable, mais aussi et simplement un facteur impératif de survie pour |'avenir de la question amazighe. Si des rencontres comme celle de Barcelone permettent, en plus, de voir germer des initiatives qui peuvent servir a forger dans le temps une mise en commun des efforts des chercheurs berbérisants et, qui sait, peut-6tre méme de jeter un jour les fondations d'un futur cadre, organisé mais libre, de coopération et d’échange, nous pourrions 20 alors y voir une autre pierre dans ce chantier & ciel ouvert que constituent les études de la langue et de la culture amazighes. Le souhait des participants de vouloir s’organiser en Association Internationale des Etudes Amazighes pourrait constituer un nouveau jalon dans cette voie. Tout dépendra de I’engagement, de I’énergie et du travail que chacun de nous voudra y mettre. Références * CRB 1993 = CENTRE de RECHERCHE BERBERE — INALCO, Actes de Ia table-ronde internationale “Phonologie et notation usuelle dans le domaine berbére” (avril 1993), Etudes et documents berbéres \1 & 12, 1994 & 1995. © CRB 1996 = CENTRE de RECHERCHE BERBER — INALCO, Propositions pour la notation usuelle @ base latine du berbére. Atelier “Problémes en suspens de la notation usuelle & base latine du berbére” (24-25 juin 1996), Synthése des travaux et conclusions dlaborée par Salem Chaker. Inalco-Crb, Paris 1996, 19 pp. * CRB 1997 = CENTRE de RECHERCHE BERBERE — INALCO, Propositions pour la notation usuelle a base latine du rifain, Table ronde “Vers une standardisation de l’écriture berbére (tarifit): implications théoriques et solutions pratiques” (21-23 novembre 1996) Symthése des travaux et conclusions élaborée par Mena Lafkioui. Inalco-Crb, Paris 1997, 24 Pp. © CRB 1998 = CENTRE de RECHERCHE BERBERE — INALCO, Aménagement linguistique de la langue berbére. (5-9 octobre 1998). Coordination et synthése par Salem Chaker Inaleo-Crb, Paris 1998 * ERE 1998 =CENTRE de RECHERCHE BERBERE — INALCO, Aménagement linguistique de la langue berbére, Atelier “La notation usuelle : bilan et compléments aux propositions de juin 1996” (5-9 octobre 1998). Coordination et synthese par Kamal Nait-Zerrad parue dans Imazighen ere, hors série, fevrier 2000, pp. 7-10. ¢ ERE 1998=CENTRE de RECHERCHE BERBERE — INALCO, Aménagement linguistique de la langue berbére. Atelier “La notation usuelle” (5-9 octobre 1998). Groupe de travail tachelhit, Relevé des décisions sur la notation usuelle par Abdellah ére dans Imazighen ere, hors série, février 2000, p. 10. ‘© Lafkioui, M. (2002), Le rifain et son orthographe : entre vat Codification des langues de France, pp. 355-366 ‘© Nait Zerrad, K. (2002), Les systémes de notation du berbére, Codification des langues de France, pp. 331-340. tion et uniformisation, 21 Annexe 1 Association Internationale des Etudes Amazighes (AIEA) La fin des travaux sur la transcription de |’amazighe en graphie latine a été mise a profit afin de relancer une vielle idée : la création d'une association ou d'un réseau de chercheurs indépendant, qui aurait son siége 4 Barcelone, en vue de mettre en commun les efforts individuels qui se font dans le domaine de la graphie latine, mais aussi du travail sur le lexique et la néologie amazighe. Cette idée n’est pas nouvelle, ne pouvait pas I'étre eu égard au nombre de chantiers qu'il serait nécessaire de lever afin d’entamer, ne serait-ce que dans ses grands contours, un aménagement linguistique de la langue amazighe. Deja en 1996, l'atelier sur la standardisation annongait dans ses synthéses la création d'un Réseau International pour I’aménagement linguistique de la langue berbére, Le réseau se fixe pour objet « 'aménagement de la langue berbére, dans tous ses aspects », et a pour fonction « diinitier et coordonner le débat et la recherche sur toutes les questions d'aménagement de la langue». ‘Cependant, pour des raisons jusqu’a présent non étudiées, aucune suite n’a pu étre donnée a cette initiative Plus de dix ans plus tard, d’un commun accord avec les participants du colloque, organisation du colloque a décidé relancer cette idée, ou plutot I'idée d'un regroupement — dont la forme restait ouverte — pour essayer de mettre en commun des connaissances, des efforts, des relations et des moyens. Lobjectif étant de donner a ceux qui travaillent ou qui s ‘intéressent a la langue amazighe un forum et un cadre de travail indépendant des institutions et des Etats et ainsi permettre a des individus ou des groupes de travailler ensemble a ce foisonnement de projets, rendu patent, encore une fois, lors de travaux en ateliers. Les participants ont opté cette fois pour une autre forme de regroupement : une association de caractére international et plus généralement orientée vers les études amazighes. Le noyau de cette association sera constitué par les participants au colloque, mais il sera fait appel, bien entendu, aux chercheurs, universitaires ou non, et aux berbérisants intéressés par une adhésion aux projets et aux objectifs de l'association. Une équipe composée par Mohand Tilmatine, Carles Castellanos et Carles Murcia ont été désignés pour se charger de la coordination de la nouvelle association. La localisation de cette association dans la capitale catalane présente de nombreux avantages. D’abord, la place qu’occupe Barcelone dans le monde, comme un centre de référence pour la défense des langues et de la diversité linguistique. La politique linguistique générale du gouvernement catalan et son positionnement en faveur des langues minorées et du pluralisme linguistique s‘est matérialisée 22 depuis 2005 par la décision de créer une Casa de les Llengiies — Linguamén, membre fondatrice du Réseau Mondial pour la Diversité Linguistique. Autant d’éléments parmi d'autres, qui, sans nul doute, constituent un cadre prometteur et des perspectives réelles pour les efforts et le travail de sensibilisation qui se fait depuis une dizaine d’années en Catalogne en faveur de la valorisation et la visibilité de la langue amazighe. La présence de Mr. Antoni Mir, directeur de la Casa de les Llengiies & ‘inauguration du colloque sur la standardisation de la langue amazighe et son annonce, lors de la cérémonie d’inauguration, de la création prochaine d'un Observatoire catalan de la langue amazighe renforcent et concrétisent ces perspectives et permettent de penser que la localisation d'une Association Internationale des Etudes Amazighes a Barcelone s ‘inscrit parfaitement dans cette dynamique positive. Parmi les objectifs prioritaires de cette association, il a été décidé de créer, dans tun premier temps, deux groupes de travail : 'un pour réfiéchir sur la notation usuelle et autre sur I'enseignement et la didactique de la langue amazighe. lest prévu que d’autres équipes se forment peu a peu autour de divers themes en relation avec la langue comme [a terminologie et la néologie ou des themes linguistiques comme la phrase complexe, la subordination, une grammaire générale du berbére etc. ‘Cependant, le lancement de cette association devra étre précédé par une réflexion sur la forme juridique qu’elle pourrait adopter ainsi que sur son mode de fonctionnement. Les participants, conscients des difficultés, que supposent une telle tache d'organisation ont exprimé le souhait qu'elle puisse bénéficier & cet égard de appui du futur Observatoire, prévue en 2008, notamment de son secrétariat pour lancer ses activités. Annexe 2 L’observatoire catalan de la langue amazighe La création future de I’ Observatoire catalan de la langue amazighe est une initiative ancienne. En effet, depuis quelques années, la présence d'une forte communauté amazighophone en Catalogne, originaire fondamentalement du Rif marocain, en convergence, d'une part avec une politique d’ouverture des autorités catalanes et avec un travail de sensibilisation aux questions amazighes, d’autre part, a donné lieu a une série d’activités culturelles, universitaires et associatives qui ont amélioré la visibilité de la population amazighophone, identifiée jusque la comme une communauté « arabe », musulmane » ou, dans le meilleur des cas comme « maghrébine », algérienne ou marocaine. La multiplicité de ce genre d’activités, les besoins croissants en informations viables de la part des différents secteurs de la société et de la politique catalane, mais surtout d’une communauté amazighe en phase de construction et de structuration, ont peu a peu débordé et dépassé les capacités réelles et ponctuelles des quelques personnes présentes sur place pour répondre de maniére satisfaisante a ces demandes. C'est ainsi que s’est développée |‘idée d’institutionnaliser ces activités & travers la création d’une entité, d’un centre ou d’un observatoire, ave ‘objectif principal de suivre cette évolution, d’en rendre compte et de servir de référence informative et documentaire a différentes composantes de la société catalane. Aprés plusieurs tentatives, plusieurs réunions et rencontres a différents niveaux, voire méme des comparutions devant le parlement catalan, toutes suivies de nombreuses promesses, ¢a sera finalement avec la création de fa Casa de les Llengties que naitra un espoir de voir toutes ces démarches se concrétiser en un projet palpable et réalisable. Des contacts entre les plus hauts responsable de cette institution ainsi que des représentants de |’université de Cadix et de Barcelone ont abouti sur un projet de convention entre les trois entités en vue de créer un Observatoire catalan de la langue amazighe. Laccord de coopération a été finalement signé et ratifié au début d’octobre 2007. La présentation institutionnelle de |‘Observatoire se fera le 7 novembre 2007 au palais de la Generalitat (Gouvernement) de la Catalogne. La présence, outres des responsables de l’observatoire, des 24 recteurs des universités de Barcelone et de Cadix ainsi que celle du Vice- président du gouvernement catalan témoigne de I'importance symbolique que |’on veut donner a cet évenement. Parmi les objectifs et actions de I'Observatoire en faveur de la langue amazighe, nous pouvons citer notamment : - Doter les études amaziges d'un fonds documentaire de portée générale sur la langue et la culture (art, histoire, anthropologie etc..) amazighes. - Promouvoir I'élaboration de dictionnaires et lexiques multiingues, dans lesquels les langues catalanes et amazighes sont en contact. - Promouvoir, en collaboration avec les universités, des études de langue et de la culture amazighes afin de former des spécialistes et de développer des masters en langue, culture, traduction, ete. - Organiser des cours de formation spécialisée dans différents champs de la médiation culturelle et sociale au profit des institutions catalanes - Organiser des stages et des conférences informatives adressées & Administration et le public en général ~ Aider ou soutenir le développement de réseaux universitaires pour le développement et la diffusion de la langue amazighe ainsi que la coordination des chercheurs de différentes universités a travers le monde. Bien entendu, la communauté des berbérisants et des chercheurs spécialisés dans ce domaine seront tenus au courant de I’évolution de ce projet Les membres de I’Association internationale des études amazighes le seront directement a travers la coordination locale de l'association, également membres du futur observatoire. Mohand Tilmatine 25

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