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DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

SIGLES ET ABREVIATIONS

% : Pourcentage

BCC : Banque Centrale du Congo

FMI : Fonds Monétaire International

ISP : Institut Supérieur Pédagogique de Bukavu

MCO : Moindre Carré Ordinaire

PED : Pays en Développement

PIB : Produit Intérieur Brut

PMA : Pays Moins Avancés

PmC : Propension Marginale à Consommer

PMC : Propension Moyenne à Consommer

PNB : Produit National Brut

PPTE : Pays Pauvre Très Endetté

PVD : Pays en Voie de Développement

RDC : République Démocratique du Congo

WDI : World Developement Inicators

SCA : Sciences Commerciales et Administratives

B.P : Boite Postale


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DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

RESUME

La théorie de l'endettement repose sur plusieurs hypothèses. Notre objectif est de vérifier
empiriquement l'hypothèse de l'effet d'éviction ou de l'effet de levier entre la dette publique et
l'investissement privé en RDC. En effet, selon la théorie, le lien entre la dette et
l'investissement privé peut aussi bien être négatif (effet d'éviction) que positif (effet de levier).
Notre travail consiste à déterminer l'hypothèse prédominante dans le cas de la RDC sur la
période 1970-2014. L'évaluation d'un modèle « MCO » dans le cadre d'une modélisation à
correction d'erreur a donné deux effets distincts : à court terme la dette externe affecte
significativement et positivement l'investissement privé (effet de levier) mais à long terme la
dette totale exerce un effet d'éviction sur l'investissement privé.

ABSTRACT

The theory of the indebtedness rests on several hypotheses. Our objective is to verify the
hypothesis of the effect of eviction or the effect of lever empirically between the public debt
and the investment deprived in RDC. Indeed, according to the theory, the tie between the debt
and the private investment can be as well negative (effect of eviction) that positive (effect of
lever). Our work consists in determining the predominant hypothesis in the case of the RDC
on the period 1970-2014. The assessment of a MCO model in the setting of a modelling to
correction of mistake gave two distinct effects: short-term the external debt affects
meaningfully and positively the private investment (effect of lever) but long-term the total debt
exercises an effect of eviction on the private investment.
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DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

0. INTRODUCTION GENERALE

0. I. CONTEXTE ET PROBLEMATIQUE

Dans le contexte actuel de la mondialisation ou chaque Etat aspire à la croissance économique


et au développement, il s’impose à chacun la manipulation optimale des instruments de
politiques économiques comme support des structures économiques (industrie, agriculture…).

La politique budgétaire constitue, avec la politique monétaire, l’un des principaux leviers
conjoncturels de la politique économique moderne. Alors que la politique monétaire est
conduite par les autorités monétaires au sein de la banque centrale, elle échappe au pouvoir
discrétionnaire de l’Etat et vise généralement la stabilité des prix par la maitrise de
l’inflation, les autres objectifs de la politique économique (plein emploi, croissance, équilibre
intérieur et extérieure) reste de fait, l’apanage de politique budgétaire.

Le problème des déficits publics et de l'endettement massif de l'Etat est apparu dans les
économies modernes depuis les années 70 (Semmler et al. 2005). Il est le résultat d'une
politique d'endettement irresponsable aussi bien de la part des gouvernements des pays
créanciers que de la part de ceux des pays débiteurs (Traoré, 2004). C'est à partir du milieu
des années 70 que la crise de l'endettement gagne les pays en développement, notamment les
pays de l'Amérique Latine (Banque Mondiale, 1993).

La crise affecte les pays africains vers le début des années 80. En effet, c'est à cette période
que les pays africains, affectés par la chute des cours des matières premières, principales
ressources du continent, connaissent des graves problèmes d'endettement. Le problème de
l'endettement en Afrique subsaharienne est cependant particulier du fait de la faiblesse du
revenu par habitant.

Les pays d'Afrique subsaharienne sont en fait caractérisés par des très faibles niveaux de
croissance. La conséquence pour ces pays est que le service de la dette les prive des
ressources importantes nécessaires au financement de leur développement. La thérapie
d'ajustement suggérée par les partenaires multilatéraux a pourtant contribué pour beaucoup à
l'amplification de la pauvreté dans la plupart de ces pays (Traoré, 2005). Cela est vrai d’autant
plus que pour la plus part de ces pays le remboursement était délicat suite à une multitude des
projets à réalisés et/ou dépense à affronter par le pouvoir public sans avoir un mécanisme
rationnel de mobilisation des recettes, alors la dette ne font qu’accroitre.
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DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

Les programmes d'ajustement structurel consistent, en effet, en d'importantes orientations


socio-économiques initiées au cours des années 80 par le FMI et la Banque mondiale, et ayant
pour objectif la réduction des déséquilibres de la balance de paiement, et les déséquilibres
budgétaires aggravés essentiellement par le poids de la dette. Ces programmes d'ajustement
structurel ont certes eu un certain succès à court terme mais à long terme, les résultats sont
restés mitigés : le fardeau de la dette continuait de croître.

Par la suite, différentes initiatives notamment les initiatives PPTE ont été lancées aussi bien
par les gouvernements des pays pauvres que par les bailleurs des fonds. Fondées sur une
approche plus globale de l'allégement de la dette incluant pour la première fois des créances
multilatérales, elles représentent une innovation majeure en termes de financement du
développement de ces pays (Zacharie, 2003). Ainsi, dans leur cadre initial, l'objectif de ces
initiatives est de réduire la dette extérieure des pays en voie de développement. Ces pays
doivent remplir les conditions voulues au moyen d'une stratégie visant à établir un niveau
d'endettement tolérable et éliminer ainsi l'excèdent de la dette qui freine la croissance et la
réduction de la pauvreté.

L’Etat ayant pour outil la politique budgétaire ne doit pas en abuser mais, doit la gérer de
manière efficace et donc, maitriser l’effet que peut avoir les dépenses publiques sur l’activité
économique, car en effet, les dépenses trop élevées peuvent exercer des pressions sur la
conduite de la politique économique de manière globale.

La politique budgétaire consiste à utiliser certains instruments budgétaires notamment les


dépenses publiques, l’endettement publics, les prélèvements fiscaux,… pour influer sur la
conjoncture économique. Elle constitue la principale modalité de l’interventions des pouvoirs
publics pour l’accomplissement des fonctions d’allocation des ressources, de stabilisation
macroéconomique et de redistribution des revenus au sens défini par Musgrave R(2003).

Alors que la croissance économique, selon F. Perroux (2008), exprime une augmentation
soutenue pendant une période plus ou moins longue d’un indicateur de dimension, le produit
global net en termes réels. Cependant, contrairement à l’abondante littérature empirique sur
les effets de la politique monétaire, la politique budgétaire était, jusqu’à récemment, l’objet
de moins d’attention de la part des économistes (Blanchard et Perotti 2002).
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DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

En outre, les théories de la croissance économique, en particulier, les différents modèles


d'inspiration keynésienne postulent un lien possible entre l'endettement, l'investissement et la
croissance économique. Il s'agit des modèles de mesure de l'effet de levier développés par des
auteurs tels que J.A. Schumpeter (1912), Irving Fisher (1933), Modigliani-Miller (1958). Ils
stipulent que, l'endettement entraînant la relance de la demande provoque par effet
accélérateur une hausse plus proportionnelle de l'investissement, qui à son tour entraîne une
hausse de la production. (Irving Fisher ,1933).

En s'intéressant particulièrement à la relation Endettement - Investissement, il apparaît que


celle-ci est sujette à une controverse théorique majeure dans la littérature économique. Au
centre du débat, la question de l'effet de l'endettement sur l'investissement. Dans l'analyse
économique, il y a principalement deux courants qui s'affrontent sur les théories économiques,
à savoir les keynésiens et les néoclassiques (Dafflon, 1998).

Concernant la théorie de l'endettement, les keynésiens pensent que l'endettement n'occasionne


des charges ni pour les générations futures ni pour des générations présentes du fait des
investissements qu'il génère. Ainsi, le fait de recourir à l'emprunt pour relancer la demande
effective signifie de facto l'abandon de la discipline budgétaire (Wagner, 1978).

Les théoriciens classiques, hostiles à l'idée d'un endettement public favorisant l'accumulation
du capital et la consommation des générations futures ou présentes, assimilent l'endettement à
un impôt futur et imputent à l'Etat une connotation négative). Selon Ricardo (1817), les
citoyens voient dans l'emprunt un impôt différé dans le temps et se comportent comme s'ils
étaient contraints de payer ultérieurement un impôt pour rembourser cet emprunt quel que soit
le décalage intergénérationnel. En d'autres termes, le comportement des agents économiques
est guidé par une anticipation à la hausse des impôts. Toutefois, une réserve peut être
introduite selon la nature ou la qualité des dépenses (dépenses de transfert ou
d'investissement) financées par l’emprunt (Yapo, L., 2002).

Barro (1974) montre qu'une politique de déficit budgétaire financée par l'emprunt reste sans
effet sur l'activité économique, dans la mesure où les agents ne sont pas victimes de l'illusion
fiscale. Ces agents anticipent alors une hausse des impôts destinés à rembourser l'emprunt en
constituant une épargne d'un montant équivalent à l'endettement public (Théorème
d'équivalence ou de Barro-Ricardo, 1974). Dittus (1989) met l'accent sur la relation théorique
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entre pression fiscale et remboursement de la dette. Il existe au moins des coûts associés aussi
bien à l'endettement qu'à sa résorption. V. Hayek (1979) dénonce quant à lui l'endettement
comme étant équivalent à une croissance artificielle fondée sur un investissement supérieur à
l'effort d'épargne national et provoquant un ajustement par l'inflation. Ainsi, tous les efforts
expansionnistes à court terme de l'endettement semblent devoir s'inverser et entraîner à terme
un renversement du cycle augurant une phase de lourde récession dans le retournement des
perspectives inflationnistes.

Au vu de ces divergences entre keynésiens et néoclassiques, nous voulons analyser les mobiles de la
performance de l'investissement privé face à la dette publique pour un pays, spécialement la
république démocratique du Congo en faisant une rétrospection de l'état des lieux depuis 1970
jusqu'en 2013.

En république démocratique du Congo, cet exercice a été effectué de différentes manières et


il a été montré que l’influence qu’exerce les dettes publiques sur la croissance économique
n’est toujours pas la même d’une période a l’autre ; et même cette influence varie en fonction
de la structure des dépenses effectuées et ou des dettes contractées. Toutefois, les aspects
récents sur la gouvernance et les effets de non linéarité des dépenses publiques sur la
croissance restent sans réponse dans le cadre de l’économie Congolaise.

En effet, depuis l’indépendance, le Père de l’indépendance Congolais Patrice Emery


LUMUMBA, n’est pas assez docile aux yeux des grandes puissances, Belgique et Etats-Unis
en tête. Cela lui coûta la tête en Janvier 1961. En 1965, Joseph Désiré MOBUTU, prend le
pouvoir suite à un coup d’Etat. Le 30 ans, avec la bénédiction des grandes puissances, dans le
contexte de la guerre froide.

Entre Angola soutenu par le Cuba et le Congo Brazza marxiste des années 70, le Zaïre de
Mobutu adopte un discours nationaliste, mais il est absolument soumis aux exigences des
puissances occidentales. Ces derniers ferment les yeux devant les pratiques despotiques de
Mobutu et ne reculent devant aucun sacrifice pour maintenir le Zaïre sous influence (Damien
M, 2004).

L’aide au développement et les prêts au tyran vont bon train, peu importe l’usage qui en est
fait. La dette du Zaïre et la fortune de Mobutu explosent simultanément. Le stock de la dette
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passe de 32 à 300 milliards de dollars entre 1965 et 1970, près de 5 milliards en 1980 et
environ 13 milliards en 1998 (Damien Millet 2004).

Au début des années 90, après la chute de Mur de Berlin, Mobutu perd son intérêt
géostratégique pour les pays riches. Lâché par les grandes puissances, le FMI et la Banque
mondiale, il ne dispose plus des liquidités suffisantes pour satisfaire au remboursement de la
dette et suspend son service de la dette. Les intérêts et les pénalités seront capitalisés, gonflant
les stocks de la dette. La lente agonie du régime commence. Il est renversé par Laurent Désiré
KABILA en mai 1997. Celui-ci assassiné, son fils Joseph le remplace en Janvier 2001
(Damien M, 2004).

A la fin 2003, le stock de la dette extérieure de la RDC s’élève à 10,6 milliards de dollars,
selon le rapport du FMI sur la RDC datant d’Avril 2004. Les créances sont bilatérales pour
environ deux tiers et multinationaux pour le dernier tiers (Damien M, 2004).

La question dès lors est de savoir si la chutte de l'investissement privé en RDC pendant la
période de récession économique, peut être attribuée au lourd fardeau de la dette. Si oui,
comment expliquer la reprise de l'accroissement de l'investissement après la dévaluation
alors même que le taux d'endettement augmentait sans cesse.

Répondre à ces interrogations revient à cerner les déterminants de l'investissement, puis


examiner la relation entre l'emprunt public et l'investissement privé en RDC. L'investissement
est l'opération qui consiste pour une entreprise ou un pays à augmenter le stock de moyens de
production avec pour perspective une production future (Tamba, 2002). Lorsque les acteurs
en présence appartiennent au secteur privé, on parle de l'investissement privé. La BAD définit
la dette publique comme un ensemble d'emprunts de l'administration centrale, des entreprises
publiques, des collectivités locales et du secteur privé qui ont été garantis par le
gouvernement. La dette publique est constituée d'une composante conjoncturelle appelée
déficit primaire et une composante structurelle appelée « effet boule de neige ». Le déficit
primaire est la différence entre les recettes et les dépenses hors intérêt. On parle d'effet «
boule de neige » lorsque les charges d'intérêt de la dette publique exercent une pression
constante sur le déficit, il faut donc emprunter à nouveau pour payer les intérêts de la dette
publique, de telle sorte que celle-ci ne cesse d'augmenter (Tamba, 2002).
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Fosu (1996), utilise le modèle de Solow augmenté du capital humain, pour montrer le
caractère prohibitif de l'endettement sur la croissance économique en Afrique Subsaharien.
Iyoha (2000), à l'aide des équations simultanées, confirme qu'un stock excessivement élevé
déprécie l'investissement et baisse le taux de croissance économique. Pour lui, l'accumulation
de la dette dans les pays de l'Afrique subsaharien a agit comme une taxe sur le revenu futur et
a ainsi découragé l'investissement privé. Osei (2000) affirme que le service de la dette élevé
signifie qu'une proportion significative des devises convertibles est consommée par la dette,
limitant ainsi l'habilité des pays à importer des biens et services. Le service de la dette
constitue également une part du budget dans plusieurs pays et ainsi impose les contraintes
significatives sur l'investissement domestique. La raison est qu'une grande portion des devises
tirées des exportations est requise pour le service de la dette et nous notons une décroissance
des capitaux extérieurs, tout ceci rend difficile l'expansion des infrastructures, le lancement
des nouveaux projets, la continuation des vieux projets et l'approvisionnement de l'économie
en biens d'équipements et en matières premières nécessaires provenant des autres pays
(Geiger, 1990). Etant donné la complémentarité existante entre l'investissement public et
l'investissement privé, la dette et le fardeau de son service affectent aussi bien l'investissement
privé que l'investissement public, soit directement soit indirectement.

Blejer et khan (1984) ; Moshi et Kilindo (1999), Asante (2000), Amin (1989) ont démontré
dans leurs études variées comment l'investissement du secteur public est un support
significatif sur l'investissement du secteur privé. La raison en est que le secteur public offre
certaines facilités à l'instar des moyens de communication, des routes et d'autres services
sociaux, qui permettent d'encourager les activités des entreprises privées.

Ainsi, le fait général acceptable maintenant est qu'il n'y a aucun moyen pour les pays très
endettés comme la RDC, de servir et rembourser la dette et accroître encore assez de
ressources pour l'investissement public. Les créditeurs, les débiteurs et la société civile ont
choisi le fait que l'annulation de la dette est le seul moyen par lequel l'investissement peut être
rajeuni dans les pays endettés afin d'assurer la croissance (Touna Mama et Ali, 1996), et ceci
brisera la chaîne de la dette qui maintient plusieurs pays dans la pauvreté perpétuelle (Collins,
1999). Toutefois, la réduction du fardeau de la dette, peut entraîner la croissance économique
seulement si les fonds issus de la réduction de la dette sont épargnés et assidûment concentrés
dans le secteur social (création d’emploi).
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Nonobstant ces travaux, B. Gürbüz et M. Raffinot en Turquie (2001) ont été les pionniers en
ce qui concerne l'étude de la nature de la relation entre la dette publique et l'investissement
privé. Leurs résultats donnent deux effets distincts : la dette externe a un effet positif sur les
investissements privés, tandis que la dette interne exerce un effet d'éviction. En RDC, la dette
extérieure est déterminée comme un réducteur d'effets du crédit au secteur privé ; les dépenses
publiques pour investissement, plutôt que le déficit budgétaire, affectent significativement et
négativement l'investissement privé et tout choc sur l'investissement observé au cours d'une.
Le secteur social à l'instar de la santé, l'éducation, l'approvisionnement en eau potable, etc.
année donnée est entièrement résorbé en une année montre que le service de la dette
extérieure exerce un effet d'éviction sur l'investissement privé (Kevin N, 2011). Néanmoins,
cette étude va prendre en compte de la dette interne dans l'analyse. Cela pour permettre une
évaluation complète des deux composantes de la dette publique.

Dans cette étude, nous nous intéressons à la nature du lien entre la dette publique et
l'investissement privé en RC. L'effet de la dette sur l'investissement privé est théoriquement
indéterminé. En effet, selon la théorie, le lien entre la dette et l'investissement privé peut aussi
bien être négatif (effet d'éviction) que positif (effet de levier). Partant de là, la présente étude
met en évidence l'impact de la dette publique sur le comportement de l'investissement privé
en RDC.

Nous nous posons ainsi la question centrale suivante : Quelle nature présente le lien entre
l'endettement public et l'investissement privé en RDC?

Plus spécifiquement, il s'agit de savoir : Est si la dette publique exerce un effet d'éviction ou
un effet de levier sur l'investissement privé en République Démocratique du Congo ? Est une
question secondaire en vue de comprendre l’impact de celui-ci sur le niveau de
l’investissement privé.

II. HYPOTHESE DE RECHERCHE

En réponse aux questions spécifiques de notre travail, les hypothèses suivantes peuvent être
formulées:

H1 : La dette publique influence significativement l'investissement privé.


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H2 : la dette publique exerce un effet mitigé sur l'investissement privé, il peut être vertueux
ou pervers. La vérification de ces hypothèses sera appréhendée par les résultats et évidement
les coefficients des variables du modèle en seront une vraie explication.

Le choix de ce sujet est motivé par les controverses des différents auteurs économistes sur la
question relative à la dette publique et à l’investissement privé. En effet, la question de la
dette publique est fondamentale dans le domaine de l'analyse macroéconomique. En réalité,
on peut considérer qu'il existe trois écoles de pensée concernant l'effet économique des
déficits publics ou de la dette publique. Chacune d'elles développe des argumentations très
divergentes visant à démontrer que les déficits publics sont terriblement néfastes,
incroyablement bénéfiques ou sans importance. C’est la relation entre nous beaucoup plus les
relations entre la dette publique et l’investissement privé en RDC interviendront dans nos
analyses afin de cerner la significativité.

Face à cette problématique, l'intérêt de notre travail de recherche est triple. A savoir, un
intérêt théorique, méthodologique et « opérationnel ». Sur le plan théorique, il s'agit de mettre
en évidence deux sujets à questionnement apparemment distantes mais intimement reliées, à
savoir l'endettement public et l'investissement privé. A cet effet, ni la théorie économique, ni
les études de la Banque mondiale, ni même la Comptabilité Nationale et/ou publique ne sont
parvenues à lever l'indétermination qui entoure cette relation au niveau de la question
précédente entre la dette et l'investissement. En se servant à cet égard des données d'un pays
venant d'atteindre le point d'achèvement de l'initiative PPTE, l'intérêt théorique de notre
travail est de lever cette indétermination au niveau des réalités scientifiques et connaissances
avérées.

L'intérêt méthodologique de ce travail peut être perçu à travers plusieurs apports. Premièrement, à la
différence de nombreux travaux, il sera question de prendre en compte des variables relatives à la dette
interne lors de l'évaluation empirique des déterminants de l'investissement privé. Puis, il sera question
de passer au test de Dickey-Fuller qui est généralement utilisé à cet effet. Ce test permet non
seulement de détecter l'existence d'une tendance (test de racine unitaire) mais aussi de
déterminer la bonne manière de stationnariser une chronique.

S'agissant de l'intérêt « opérationnel », il faut rappeler que, la plupart des politiques


économiques sont élaborées selon l'idée basique que la dette publique exerce un effet
d'entraînement vertueux sur l'investissement privé. C'est notamment le cas des
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recommandations de Fry (1997) en faveur de ce type de financement. Dans le cadre de cette


étude, il s'agira véritablement de montrer si oui ou non la dette publique est vertueuse, c'est-à-
dire, comment est-elle susceptible de se transformer en investissements productifs, source de
croissance économique. La détermination empirique de l'impact de la dette publique sur
l'investissement privé serait de nature à orienter les choix en matière de politique économique
en RDC (la véritable particularité).

Cette étude vise globalement à analyser la nature du lien entre la dette publique et
l'investissement privé en RDC. C’est pourquoi pour soutenir cet objectif global, deux objectifs
spécifiques sont à réitérer :

- évaluer les facteurs qui déterminent l'investissement privé en RDC,


- analyser l'effet d'éviction ou de levier de la dette publique sur l'investissement privé.

Ce travail va prendre en compte les données macroéconomiques de la République


Démocratique du Congo pour une période allant de 1970 à 2014. Les données seront
collectées à partir de la base des données de la BCC ainsi que celles de la Banque Mondiale
pour les périodes sous examen.

Outre la conclusion et l’introduction, ce travail s’articule autour de trois chapitre qui à leurs
tours s’articulent sur différentes sections. Le premier chapitre porte sur la revue théorique et
empirique. A sa section une, il est question de passer en revue les différentes théories relatives
à l’investissement privé et à la dette publique et sa deuxième, il est question d'explorer
quelques travaux empiriques déjà réalisés sur la problématique sous analyse. Le deuxième
chapitre est accès sur le cadre méthodologique. Cette partie présente la méthodologie qui sera
d’usage dans ce travail mais aussi essaie de contextualisé le modèle applicable dans le cadre
de cette étude. Enfin, le troisième chapitre présente, analyse et interprète les résultats. En fin,
il est question de discuter les résultats sur base des données empiriques.

La difficulté majeure est d’ordre temporaire car l’étendu temporaire de ce travail est vaste
ainsi que les théories relatives à la thématique. Il y a en outre l’espace et la pertinence de cette
thématique. Raison pour laquelle le développement de cette étude prend à compte seulement
certains éléments de ces deux théories faute de temps nous impartie pour la rédaction.
Deuxièmement, en récoltant les données, nous nous avons constaté que les données sont très
disparates et surtout celles de la décennie 1970 comparativement à celles de 2000.
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DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

CHAPITRE I : REVUE EMPIRIQUE ET THEORIQUE


La revue empirique va permettre de comprendre l’originalité du travail alors que la revue
théorique essaye de détailler les théories existantes sur la question sous étude.

I.1. LA REVUE THEORIQUE

I.1.1. Effet d’éviction et de levier dans la relation entre dette publique et investissement
privé

L'effet d'éviction est une baisse de l'investissement et de la consommation privée provoquée


par une hausse des dépenses publiques. Il est mis en avant par tous ceux qui pensent que
l'économie laissée à elle-même assure le plein emploi des ressources (à quelques nuances
près). Par conséquent, toute activité de l'Etat qui fait appel à une partie de ces ressources en
détourne forcement l'usage, du secteur privé au secteur public. Ce détournement se ferait
notamment à travers la hausse du taux d'intérêt qui résulte de l'endettement de l'Etat ou des
prélèvements qu'il fait sur la masse monétaire. Cette hausse freine autant l'investissement
privé (le crédit devenant plus cher) qu'accessoirement la consommation. L'importance de
l'effet d'éviction dépend, du moins en partie, du taux d'utilisation des capacités de production
(en machine et en Hommes) de l'économie. Si ce taux est relativement faible, les dépenses
publiques n'évincent pas forcement la consommation et l'investissement privé ; elles peuvent
au contraire les stimuler comme le montre l'exemple du multiplicateur Keynésien (P. Villieu,
La, 2000).

Dans les années 1960 et 1970, le débat à propos de l'existence et de l'importance de l'effet
d'éviction a été surtout conduit dans le cadre du modèle IS-LM. Il portait alors sur le caractère
plus ou moins « vertical » de la courbe LM. Dans les années 1980 et 1990, la question de
l'effet d'éviction a quelque peu disparu de la scène. Mais elle est en fait implicitement présente
dans les analyses sur l'inflation anticipée qui sera provoquée par la hausse des déficits publics
et l'endettement de l'Etat, et qui aurait pour conséquence de faire monter les taux d'intérêt à
long terme, dont les investisseurs tiennent particulièrement compte au moment où ils se
décident à se lancer dans des projets de longue haleine. Les effets bénéfiques du
multiplicateur keynésien seraient donc neutralisés, et au-delà, par la hausse des taux d'intérêt
anticipés par les agents économiques, qui freinent leurs dépenses (Bernier. et Simon, Y.,
1998).
12

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

Ce chapitre aborde les diverses approches de la théorie de l'effet d'éviction. Sa première


section rend compte de l'approche traditionnelle de l'effet d'éviction, selon laquelle l'emprunt
public réduit l'épargne nationale et évince l'investissement privé. Cette conclusion est
complétée dans sa conception moderne, par le modèle de Solow-Ramsey, mais nuancée par
l'équivalence ricardienne (Robert Solow, 1956).

I.1.2. approche traditionnelle de l'effet d'éviction.

L'approche traditionnelle de l'effet d'éviction est mise en exergue par les arguments en faveur
de la discipline budgétaire. Ces arguments émanent essentiellement de l'école classique et de
son «héritière« l'école du Public Choice. La discipline budgétaire favorise l'allocation
optimale des ressources et des choix rationnels. Concernant le financement des tâches
publiques et la taille que l'on souhaite donner à l'État, l'impôt est préférable à l'emprunt
principalement pour deux raisons : l'illusion fiscale et la responsabilité budgétaire (Vellieu P,
1997).

I.1.2.1. emprunt public et comportement des agents économiques

L'emprunt public déresponsabilise le citoyen et conduit surtout à une réduction de


l'investissement privé.

A. Emprunt public et responsabilité du citoyen.

Selon l'école du Public Choice, les comportements des individus ne seront pas identiques face
à un emprunt privé ou face à un emprunt public. Dans le cas d'un emprunt privé, l'individu
contracte une responsabilité individuelle face à sa dette. S'il déménage, ses créanciers le
poursuivront et s'il décède, ses héritiers pourraient devoir payer ses dettes. Dans le cas d'un
emprunt public, c'est l'Etat qui est censé être responsable face à cette dette. Cette
responsabilité n'est cependant pas réellement partagée par tous les citoyens en ce sens que ces
derniers ne possèdent pas «une part individuelle« de responsabilité de la dette. Si un résidant
d'un Etat ayant contracté une dette déménage, la dette collective ne suit pas. De même s'il
décède, ses héritiers non résidants ne doivent rien, car il n'y a pas de responsabilité
individuelle face à la dette publique, mais une responsabilité collective, dans la limite
politique de l'Etat s'étant endettée. On peut donc supposer que les individus seront moins
prudents et précautionneux face à un emprunt public que face à un emprunt privé. Cela
13

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

pourrait donc aux responsables politiques, à emprunter même quand les conditions pour un
emprunt rationnel ne sont pas réunies. La déresponsabilisation des contribuables face à
l'endettement public provoque l'illusion que la dette est moins coûteuse que l'impôt, les
gouvernements auront donc plus tendance à y recourir (Buchanan et Wagner, 1977).

Buchanan et al. (1987) développent l'argument suivant. Un citoyen pourrait reconnaître une
sorte de responsabilité morale individuelle vis-à-vis de son pays s'il est associé de plein droit
dans le processus de décision. Dans le cas d'un emprunt, il est nécessaire de distinguer deux
groupes de citoyens : les citoyens ayant participé à la décision de s'endetter pour une dépense
et ceux qui n'ont pas participé à cette décision, et qui n'ont peut-être même pas profité des
retombées de la dépense en question, soit la génération suivante. Les premiers ont sans doute
une responsabilité morale individuelle face aux dettes contractées par leur Etat, car ils ont
participé au processus de décision qui a engendré la dépense. Les deuxièmes, n'ayant pas
participé à la décision, n'auront certainement pas cette responsabilité (Buchanan et al, 1987).

Le raisonnement ci-dessus s'effectue sous l'hypothèse d'absence de mobilité. Si on lève cette


hypothèse, l'immigration devient possible. Par contre, en cas de mobilité, la
déresponsabilisation du citoyen face à la dette publique peut engendrer des comportements
stratégiques. Un citoyen peut être favorable à un financement par emprunt pour des dépenses
publiques d'investissement, en profiter quelques temps, puis, lorsqu'un certain bénéfice en a
été retiré, déménager vers un autre Etat pour ne plus avoir à supporter le fardeau de la dette.
Ces comportements ne sont cependant possibles que si la période de remboursement de
l'emprunt excède la durée de vie du capital de production financé par le dit emprunt
(Buchanan et al, 1987).

De ce fait, la distinction entre dépenses courantes (ou de fonctionnement) et dépenses


d'investissement est essentielle. Dans le cas des dépenses courantes, le raisonnement
précédent se renforce : une telle dépense ne devrait pas être financée par emprunt, car elle
n'aura pas de retombées aussi longues que la période de remboursement de l'emprunt. Par
contre une dépense d'investissement peut être financée par emprunt. Idéalement, la période de
remboursement correspond à la durée de vie de l'investissement, compte tenu de sa
dépréciation ou de l'obsolescence (Veliieu P, 2000).
14

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

Au vu de ces deux situations, la responsabilité morale individuelle face à un emprunt public


n'est guère praticable si on lève des hypothèses restrictives comme l'information parfaite. On
doit alors envisager une responsabilité morale de groupe soutenue par des règles
constitutionnelles.

Plusieurs sortes de financements s'offrent à un gouvernement pour ses services collectifs,


autrement dit pour transférer des ressources privées vers le secteur public : les impôts et les
taxes, l'emprunt, la création monétaire.

Si un gouvernement finance ses prestations avec des impôts ou des taxes, il y a transfert réel
et immédiat de ressources entre les citoyens et le gouvernement, sans contrainte d'un budget
public équilibré. Les citoyens considèrent explicitement les coûts (hausse de leurs impôts)
qu'une augmentation de services publics occasionne. Cette méthode de financement permet de
rationaliser la décision et de retenir les appétits dépensiers de l'État.

L'emprunt implique quant à lui un transfert du secteur privé vers le secteur public qui est
implicite, parce que décalé dans le temps et non précisé. Les citoyens peuvent oublier le coût
réel des dépenses publiques, car la charge financière de l'emprunt sera supportée par les futurs
citoyens-contribuables, le financement de la dépense est ainsi reporté (Tollison et Wagner,
1987). L'emprunt cause donc une rupture temporelle dans la relation entre le cercle des
bénéficiaires, les contribuables d'aujourd'hui, et le cercle des payeurs, les contribuables de
demain ; c'est dire qu'il y a rupture du lien entre une dépense et son financement, lien qui doit
exister pour que la décision soit rationnelle. Cette situation induit ainsi un phénomène
d'illusion fiscale, car les contribuables actuels ne ressentent pas le poids du financement. Au
contraire, le financement par impôt permet aux impôts de jouer leur rôle traditionnel de prix
des politiques publiques offertes. Etant donné que la dépense et son financement sont
simultanés, la contrainte budgétaire étant fixée (Dafflon, 1998).

B. Emprunt public et investissement privé.

Selon les auteurs classiques, l'emprunt public exerce un effet d'éviction, c'est-à-dire qu'il
réduit, ou évince, les investissements privés. L'emprunt public provoque une diminution des
fonds disponibles pour les agents privés et une hausse des taux d'intérêt due à l'augmentation
de la demande de crédit. Cela engendre une diminution de l'investissement privé, et
probablement du PIB. Toutefois, deux conditions sont nécessaires:
15

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

- l'investissement est une fonction du taux d'intérêt ; et on ne se situe pas dans une
situation de trappe à liquidité, la demande de monnaie n'est donc pas parfaitement
élastique. Cet argument est cependant plutôt théorique, les travaux empiriques sur le
sujet ne parviennent pas à une conclusion unilatérale et définitive qui prouverait l'effet
d'éviction (Novaresi, 2001).

I.1.3. LA DETTE PUBLIQUE ET LA POLITIQUE BUDGETAIRE

L'approche traditionnelle de la dette publique peut être expliquée par différents modèles
relatifs aux effets de long terme et de court terme de la politique budgétaire.

I.1.3.1. Les effets à long terme de la politique budgétaire sur l'investissement privé.

Dans une économie fermée, il y a trois utilisations possibles des biens et services qu'elle
produit. L'identité du revenu national exprime ces trois composantes du PIB :

Y=C+I+G (1)

Les équations qui suivent synthétisent cette demande des biens et services :

C=Co+cyd (1) où Yd = Y-T

I=(r) (Taux d’intérêt)

G=Go (Dépense de l’Etat autonome)

T=To (Impôt autonome)

Y est le revenu national ou la production nationale ; C’est la consommation nationale ; I est la


fonction d'investissement qui est fonction du taux d'intérêt. ; T représente les transferts ; G les
dépenses publiques. En substituant les fonctions de consommation et d'investissement dans
l'identité comptable du revenu national, nous obtenons

Y= Co+C (Y-T) +I(r)+G car Yd= (Y-T) (2)


16

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

Comme les variables G et T sont établies par la politique budgétaire et que le niveau de la
production Y est déterminé par les facteurs de production et la fonction de production, nous
pouvons écrire

Y=c (Y-T) +I(r)+G (3)

L'offre de la production est égale à la demande de celle-ci qui n'est rien d'autre que la somme
de la consommation, de l'investissement et des dépenses publiques. Les variables Y, T, G
étant exogène à notre modèle. Le taux d'intérêt est le coût de l'emprunt et le rendement sur les
marchés financiers. Pour visualiser son rôle, nous devons réécrire l'identité comptable du
revenu national comme suit : Y - c (Y - T) - G=I(r)

S=I(r). L'épargne nationale S dépend du revenu Y et des variables G et T de la politique


budgétaire, elle est également donnée. Partant de cette identité, une hausse des dépenses
publiques à concurrence de ∆G entraîne comme premier effet, une hausse de la demande de
biens et services équivalente à ∆G. Mais comme la production totale est déterminée par les
facteurs de production, cet accroissement des dépenses publiques doit être compensé par une
baisse dans un autre secteur de la demande. Le revenu disponible Y - T ne variant pas, la
consommation C reste inchangé. La hausse des dépenses publiques doit donc être compensée
par une baisse équivalente de l'investissement. Pour induire cette baisse le taux d'intérêt doit
augmenter. Ainsi, la hausse des dépenses publiques entraîne un relèvement du taux d'intérêt et
une diminution de l'investissement. Dans un tel cas, on dit qu'il y a éviction de
l'investissement par les dépenses publiques (J.L, Bailly et al, 1999).

Comme la hausse des dépenses publiques ne s'accompagne pas d'un relèvement des impôts,
l'Etat finance ses dépenses supplémentaires par l'emprunt, ce qui a pour effet de réduire
l'épargne publique. Comme l'épargne privée reste inchangée, l'emprunt de l'Etat pèse
négativement sur l'épargne nationale. Dans ce cas, une réduction de l'épargne se représente
par un glissement vers la gauche de l'offre des fonds prêtables disponibles pour
l'investissement. Au taux d'intérêt initial, la demande de fonds excède leur offre. Le taux
d'intérêt d'équilibre augmente jusqu'au point où la fonction d'investissement intercepte la
nouvelle fonction d'épargne. L'accroissement des dépenses publiques induit donc une hausse
du taux d'intérêt et évince l'investissement (Mankiw, 2003).
17

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

Aussi, une réduction des impôts à concurrence de ∆T entraîne comme premier effet
l'accroissement du revenu disponible et donc la consommation. Le revenu disponible
augmente de ∆T et la consommation croit d'un montant équivalent à ∆T fois la propension
marginale à consommer PmC. Plus la PmC est élevée, plus l'impact de la réduction d'impôts
sur la consommation est important. Comme la production de l'économie est déterminée par les
facteurs de production et que les dépenses publiques sont établies par la politique budgétaire,
l'accroissement de la consommation doit être compensé par une réduction de l'investissement.
Pour induire cette baisse de l'investissement, le taux d'intérêt doit croître. En conséquence,
une réduction des impôts, tout comme une hausse des dépenses publiques, évince
l'investissement et induit une hausse du taux d'intérêt (Kissler D. ULMO P, 1985).

Il est également possible d'analyser l'effet d'une réduction fiscale à partir de l'épargne et de
l'investissement. Comme la réduction fiscale accroît le revenu disponible à concurrence de
ÄT, la consommation augmente de PmC x ∆T. L'épargne nationale S, qui est égale à Y - C - G
diminue du même montant que la consommation augmente. La réduction de l'épargne déplace
l'offre des fonds prêtables vers la gauche, ce qui accroît le taux d'intérêt d'équilibre et produit
une éviction de l'investissement (MORISHO, M., 2014).

Ainsi à long terme, d'après l'identité comptable du revenu national, une hausse des dépenses
publiques ou une réduction fiscale stimule les dépenses de consommation et réduit l'épargne
nationale. Cette baisse de l'épargne accroît le taux d'intérêt, ce qui tend à évincer
l'investissement. Pour une analyse complète, Il nous est nécessaire de vérifier les effets à court
terme. Pour analyser ces effets, nous partons d'une théorie simple de la demande des biens et
services, l'équilibre keynésien. Il est l'interprétation la plus simple de la théorie keynésienne
du revenu national, interprétation qui est à la base du modèle IS/LM, plus complexe et plus
réaliste. Pour établir l'équilibre keynésien, nous partons des déterminants de la dépense prévue
E:

E=C+I+G (4)

En remplaçant les déterminants de la dépense prévue par leur valeur comme dans la première
équation on aura :

E=Y=c (Y-T) +I(r)+G (5)


18

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

Cette équation montre que la dépense prévue est fonction du revenu Y, du niveau exogène de
l'investissement programmé I, et des variables exogènes G et T de la politique
budgétaire. La hausse des dépenses publiques induit un accroissement ∆Y plus que
proportionnel du revenu : ∆Y est plus élevé que ∆G. Le rapport s'appelle ∆G multiplicateur
des dépenses publiques : il nous indique de combien augmente le revenu en réaction à la
hausse des dépenses publiques.

De manière algébrique, le multiplicateur des dépenses publiques équilibré se détermine


comme suit :

Appelons la variation de G et de T les suppléments des dépenses publiques et de fiscalité


(MORISHO, M, 2014) : le budget reste en équilibre. ∆G=∆T, les nouvelles créent un PIB
supplémentaire de ∆Y= ∆G (a)

Les impôts nouveaux réduisent le PIB de ∆Y= ∆T

La variation totale de Y sera égale ∆Y= ∆G- ∆T

Comme ∆G=∆T→∆Y=∆G=∆T

L'équilibre keynésien implique que le multiplicateur des dépenses publiques est supérieur à 1.
La raison en est que, selon la fonction de consommation, toute hausse du revenu induit une
consommation accrue. L'accroissement des dépenses publiques augmente le revenu, et donc la
consommation et ceci, à son tour, accroît le revenu, et donc la consommation, et ainsi de
suite. Dans ce modèle donc, la hausse du revenu induite par un accroissement des dépenses
publiques est supérieure à celui-ci (R. Lucas, 2004).

Ainsi au départ, une hausse AG des dépenses publiques induit une hausse équivalente du
revenu. Cet accroissement du revenu se traduit à son tour par une hausse de la consommation
égale à PmC x ∆G, ou PMC est la propension marginale à consommer. Cette hausse de la
consommation augmente à son tour la dépense et le revenu. Cette deuxième hausse du revenu,
égale à PMC x ∆G, entraîne un nouvel accroissement de la consommation, à concurrence de
PMCX (PMC x ∆G), ce qui accroît une nouvelle fois la dépense et le revenu, et ainsi de suite.
19

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

Cette boucle « consommation-revenu-consommation » se poursuit indéfiniment (R. Lucas,


2004).

En examinant aussi l'impact des modifications de la politique budgétaire sur l'économie, et se


servant du modèle IS-LM. Il est montré comment les déplacements de la courbe IS affectent
le revenu et le taux d'intérêt. Commençant par une hausse des dépenses publiques ∆G .Selon
le multiplicateur des dépenses publiques de l'équilibre keynésien, pour tout taux d'intérêt
donné, cette modification ∆G de la politique budgétaire accroît le niveau de revenu de (PMC).
C'est pourquoi, la courbe IS se déplace proportionnellement vers la droite. L'équilibre de
l'économie passe du point A au point B. La hausse des dépenses publiques accroît tant le
revenu que le taux d'intérêt (MORISHO, M, 2014)

Figure n°1 : la relation entre la courbe IS-LM ((Mankiw, 2003).


a. La courbe IS

Taux

IS

Revenu (Y)

Y
La courbe IS a une pente négative. Elle synthétise la relation entre le taux d'intérêt et le niveau
de revenu déterminée par la fonction d'investissement et par l'équilibre sur le marché des
biens et services.
De son l'effet sur la courbe IS d'une expansion budgétaire et sachant que pour un taux d'intérêt
donné et donc un niveau donné d'investissement, la dépense publique accroît la production.
Cette hausse de la production se représente dans IS comme une augmentation de la production
pour tout niveau donné du taux d'intérêt. Cela revient à déplacer vers la droite la courbe IS:
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DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

Figure n°2 : L’effet d’une expansion budgétaire


Taux d’intérêt

ΔG > 0

r donné

IS IS’
Revenu (Y)

Y
b. Le rôle de la banque centrale : la courbe LM
La courbe IS nous indique le sens de relation entre la production d'équilibre et le taux
d'intérêt. L'économie doit se trouver quelque part sur la courbe IS. En introduisant une
seconde relation entre le taux d'intérêt et la production qui va nous permettre de savoir où se
trouve exactement l'économie. Cette nouvelle relation vient de la politique monétaire. La
politique monétaire est conduite par la Banque centrale européenne dans le cas de la zone
euro, par la Réserve fédérale pour les États Unis, par la BCC pour la RDC. Les banques
centrales pouvaient agir sur la création monétaire en faisant varier le taux d'intérêt. Elles
n'agissent pas sur le taux d'intérêt de manière aléatoire mais en fonction de l'état du cycle
économique. Quand l'économie se trouve en phase d'expansion, elles augmentent le taux
d'intérêt. Les banques centrales agissent de cette manière pour généralement poursuivre les
missions suivantes:
- réduire l'amplitude des cycles économiques, c'est la mission de stabilisation
- lutter contre l'inflation excessive. En augmentant les taux d'intérêt en période
d'expansion, les banques centrales s’efforcent de remplir ces deux objectifs
simultanément:
- elle lutte contre l'inflation. L'inflation tend à s'accroître en période d'expansion quand
le PIB croît rapidement et le chômage recule. La hausse des taux d'intérêt accroît les
coûts de refinancement des banques, freine le crédit et la création monétaire et permet
de lutter contre l'inflation en période d’expansion.
- elle stabilise l'économie car l’augmentation du taux d’intérêt freine les dépenses des
agents privés comme l’investissement des entreprises ou les achats de logement des
ménages.
Cela permet d’obtenir une relation simple entre le revenu et le taux d'intérêt:
21

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

r = f(Y)
La fonction f est croissante: plus la croissance de l'économie est forte, plus le revenu est élevé
et plus la banque centrale fixe un taux d'intérêt élevé. Ça permet d’obtenir la courbe LM et en
supposant sa linéarité, le cas suivant devient possible :
r = r0 +αY (LM)
La courbe correspondante dans le diagramme IS-LM se dessine comme suit:
Figure n°3 : La courbe correspondante dans le diagramme IS-LM

Taux d’intérêt La courbe LM


LM

Revenue (Y)

Y
La courbe LM représente donc la fonction de réaction de la banque centrale à l'état de
l'économie. Il peut être dégagé un durcissement de la politique monétaire comme une
élévation du taux d'intérêt pour tout niveau de la production:
Figure n°4 : resserrement de la politique monétaire
LM’
Taux d’intérêt
LM
r

Revenue (Y)
Y donne
Y
L'étape suivante consiste à mettre ensemble la courbe IS et la courbe LM.
c. L'équilibre IS-LM
L'équilibre IS-LM est un couple de production et de taux d'intérêt qui respecte à la fois la
relation IS et la relation LM. Mathématiquement :
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DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

Cet équilibre est représenté graphiquement de la manière suivante :

Figure n°5 : Le diagramme IS-LM


Taux d’intérêt
LM

E
r*

IS

Y* Revenu (Y)

Y
Le point E où les deux courbes se croisent représente l'équilibre de l'économie. E se trouve sur
la droite IS et est donc compatible avec l'équilibre sur le marché des biens et services. Il se
trouve également sur la droite LM, ce qui signifie que pour le revenu d'équilibre Y*, la
banque centrale accepte de fixer le taux d'intérêt à r*.
Le diagramme IS-LM est l'outil de base qui nous permet de réfléchir aux cycles économiques.
C’est le cas par exemple, des analyse sur les effets d'une expansion budgétaire dans ce cadre.

De même, le multiplicateur fiscal de l'équilibre keynésien nous montre que, pour tout taux
d'intérêt donné, une baisse des impôts ∆T accroît le niveau de revenu de ∆T× PmC (1 - PmC).
En conséquence, comme l’illustre la figure à la page19, la courbe IS se déplace
proportionnellement vers la droite. L'équilibre de l'économie passe du point A au point B : la
réduction fiscale accroît à la fois le revenu et le taux d'intérêt. Il est à remarquer que la hausse
du revenu faisant suite à une réduction des impôts est moins importante dans le modèle IS-
LM que dans l'équilibre keynésien, le déplacement horizontal de la courbe IS est égal à la
hausse du revenu d'équilibre. L'ampleur de celle-ci est supérieure à la hausse du revenu
d'équilibre donnée par le modèle IS-LM. La raison est que l'équilibre keynésien suppose
donner le niveau d'investissement, tandis que le modèle IS-LM tient compte du fait que
l'investissement baisse lorsque le taux d'intérêt augmente. Dans le modèle IS-LM, une
expansion budgétaire accroît le taux d'intérêt et évince l'investissement (Mankiw, 2003).
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DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

De ce fait, l'approche traditionnelle de la dette publique nous montre que, une hausse des
dépenses publiques ou une réduction fiscale financée par l'emprunt public exerce des effets
sur l'économie, tant à court terme qu'à long terme. A court terme, on enregistre une
augmentation du revenu et du taux d'intérêt. A long terme, une réduction de l'épargne, hausse
du taux d'intérêt et éviction de l'investissement. Un examen du modèle de Solow-Ramsey en
économétrie sera de nature à faire progresser l'analyse théorique de l'effet d'éviction
(BLANCHARD, O. et COHEN, D.2012).

I.2.3. APPROCHE MODERNE DE L'EFFET D'EVICTION : DEPENSES PUBLIQUES


DANS LE MODELE DE SOLOW-RAMSEY

Nous examinons dans le cadre du modèle néoclassique, trois questions relative à l'intervention
de l'Etat : celle de l'influence d'un budget public équilibré sur l'état régulier, celle de
l'influence d'un budget transitoirement déséquilibré et de la dette publique, celle de la
Soutenabilité de la dette publique. Les deux premiers points sont repris de Blanchard-Fisher.

I.2.3.1. BUDGET EQUILIBRE DANS LE MODELE NEOCLASSIQUE

Le gouvernement achète g « dépense publique par unité de travail efficace ». Par hypothèse
dans le modèle néoclassique, les dépenses publiques n'affectent ni l'utilité ni la production.
Par exemple elles financent l'éducation publique qui se substitue à l'éducation privée. Le
budget est équilibré à chaque date. Examinons deux cas, celui où l'impôt est forfaitaire g = ô,
puis celui où l'impôt est une taxe sur le rendement du capital g=ô rk (varie en fonction de rk).

A. Impôt forfaitaire et dépenses publiques

Les dépenses publiques sont financées par un impôt forfaitaire qui ne provoque aucune
distorsion (il ne modifie pas la productivité marginale du capital ni le taux d'intérêt).

B. Taux d'imposition et dépenses publiques

L'impôt taxe le rendement du capital au taux ô. Alors r est le taux d'intérêt net d'impôt, et (1-
ô).r est la rémunération du capital après impôt. D'une part, la contrainte de la dette publique.
Les deux premiers points sont repris de Blanchard-Fisher
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DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

C. Impôt forfaitaire et dépenses publiques

Les dépenses publiques sont financées par un impôt forfaitaire qui ne provoque aucune
distorsion (il ne modifie pas la productivité marginale du capital ni le taux d'intérêt).
L'évolution de la consommation reste inchangée : Dc à (1) (r ñ ó x)c à = ó - - .

Figure n°6 : la relation entre le taux d’imposition et les dépenses publiques

Source : Le modèle de Ramsey traite de la croissance optimale alors que le modèle de Solow traite
de la croissance équilibrée.

I.2.3.2. DETTE PUBLIQUE ET EQUIVALENCE RICARDIENNE

Le consommateur rationnel comprend que l'Etat qui emprunte aujourd'hui devra lever des
impôts demain pour rembourser. Une réduction fiscale financée par la dette publique ne réduit
pas le prélèvement fiscal ; elle ne fait que le réaménager dans le temps. Ceci n'affecte en rien
le revenu permanent du consommateur et ne contribue donc nullement à accroître la
consommation. Le principe général est que la dette publique équivaut à des impôts futurs et
que, si les consommateurs sont rationnels, les impôts futurs équivalent à des impôts actuels.
Si en t0 les dépenses publiques ne sont plus financées par les impôts courants mais par
emprunt public DB= G-T+rB, (B est la dette publique).

Le gouvernement n'a plus besoin, à chaque période, d'équilibrer son budget et peut financer
son déficit courant en s'endettant, mais la dette initiale doit être égale à la somme actualisée
des excédents budgétaires primaires futurs. Cette affirmation a une conséquence importante :
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DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

la méthode de financement des dépenses publiques (impôts ou dette) est neutre sur les
décisions de consommation. Ce théorème de neutralité de la dette publique est appelé principe
d'équivalence Ricardienne (Barro 1974). Ce principe dit que seul le sentier d'évolution de g et
non celui des impôts destinés à les financer, a un impact sur l'économie. Les consommateurs
altruistes et rationnels savent que le recours courant à l'emprunt est synonyme d'une
augmentation différée des impôts qui sera prise en charge par les générations futures. Le «
père fondateur » ne considère pas la baisse transitoire des impôts ou l'augmentation des
dépenses de l'Etat financées à crédit comme un enrichissement pour sa dynastie, il réagit à la
détérioration du bien-être des générations futures par un effort d'épargne supplémentaire. La
contrainte budgétaire de la dynastie n'est pas affectée, donc le sentier de consommation reste
inchangé. Les modèles keynésiens supposent qu'en remplaçant l'impôt par un emprunt, on
augmente la consommation, que la consommation dépend du revenu disponible (w-ô).
L'analyse ricardienne implique qu'elle dépend de (w-g), pas du mode de financement de g, que
les déficits n'ont d'effets ni sur l'accumulation du capital ni sur la consommation (Vellieu, P,
1997).

Cette conclusion aux implications politiques pour les moins importantes, dépend des
hypothèses : rationalité, altruisme, perfection des marchés financiers (taux d'intérêt identique
pour l'Etat et les agents), absence de distorsion fiscale (impôt forfaitaire), respect de
l'interdiction du jeu de Ponzi, non productivité des dépenses publiques. Elle n'est donc pas
corroborée économétriquement. Dans la réalité, les agents sont victimes de l'illusion fiscale,
ou ne sont pas altruistes, ou ne peuvent pas emprunter au même taux que l'Etat. De plus en
plus, la littérature s'intéresse non pas à des effets pervers ou positif de la dette publique, mais
recherche plutôt le niveau du déficit, on parlera donc de la soutenabilité de la dette publique
(Zacharie, 2003).

I.3.2.3. SOUTENABILITE DE LA DETTE PUBLIQUE


Le déficit public en t est : Déficit = Gt -T t -rB t, Il a deux composantes : Les intérêts sur la
dette publique (trB) où B est la dette publique et le déficit primaire (G-T). Le déficit primaire
est un instrument de politique conjoncturelle qui est donc soumis à la contrainte d'endettement
de l'Etat. Certes l'Etat peut financer son endettement (principal et intérêt) par les impôts, mais
il existe des résistances à la montée de la pression fiscale.
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DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

L'Etat est soumis à une contrainte budgétaire intertemporelle. Celle-ci se traduit par le critère
de soutenabilité de la dette publique qui impose que le ratio d'endettement b = BY ne soit pas
croissant (Db= 0). Si l'Etat finance son déficit par l'endettement, la variation de la dette (DB)
est :

DB= G-T+rB, DBGTrB En divisant par Y : = - + Y YYY. Le jeu de Ponzi : est une opération
par laquelle les intérêts de la dette des anciens investisseurs sont financés par les liquidités des
investisseurs récents. Elle provient du nom de l'escro itilien au Etats unis en 1920 (Buchanan et
al, 1987).

A. EFFET DE LEVIER DANS LA RELATION ENTRE DETTE PUBLIQUE ET


INVESTISSEMENT PRIVE

L'effet de levier explique le mécanisme d'accroissement des capitaux propres par l'utilisation
intensive des capitaux empruntés, lorsque le coût de l'endettement est inférieur à la rentabilité
économique. Il est positif lorsque la rentabilité de l'ensemble des capitaux investis, ou
rentabilité économique est supérieure au coût de l'endettement. Dans cette hypothèse,
l'endettement accroît la rentabilité financière et cet accroissement est d'autant plus élevé que,
d'une part, le levier d'endettement est lui-même élevé, et d'autre part, l'écart entre la rentabilité
économique et le coût de l'endettement est important. Il est négatif dans le cas contraire et
signifie que l'endettement dégrade la rentabilité financière. On parle alors d'effet de massue.
Notons que si l'endettement permet d'accroître la rentabilité des capitaux propres, il accroît
également la variabilité de cette rentabilité, appelée risque financier (Dafton ; 2010).

L'effet de levier est identifié depuis très longtemps, pratiqué par les responsables financiers,
affiché dans les rapports annuels américains avant-guerre, mais c'est l'article de Modigliani et
Miller intitulé « the cost of capital corporation finance and the theory of investiment
(1958) », qui a initié un important débat théorique quant à la portée réelle du levier de la dette
dans les politiques financières, débat encore d'actualité. Ainsi le principe de l'effet de levier se
voit structurer en trois parties à savoir, l'effet accélérateur (en amont), la relation positive
entre investissement public et privé, l'effet multiplicateur (en aval). Le multiplicateur est un
outil essentiel dans l'analyse de la croissance pour les keynésiens. Le multiplicateur de
l'investissement relie l'effet d'une variation des investissements à la variation du revenu
national (Makiw 2003).
27

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

I.3. LA STRUCTURE DE L'EFFET DE LEVIER ET LE THEOREME DE


MODIGLIANI-MILLER.

Suivant la logique de l'effet de levier, nous présenterons tour à tour l'effet accélérateur et
l'effet multiplicateur comme composante de l'effet de levier, puis nous y associerons le
théorème de Modigliani-Miller afin d'apprécier la portée du principe de l'effet de levier.

I.3.1. EFFET ACCELERATEUR ET EFFET MULTIPLICATEUR

Une revue du principe de l'accélérateur et du multiplicateur Keynésien illustrera la mécanique


de l'effet de levier.

A. Principe de l'accélérateur comme composante de l'effet de levier.

Il met en exergue la relation entre la variation de la demande d'un bien et celle des capacités
de production qui permettent de le satisfaire. Il y a « accélération » dans la mesure où, la mise
en œuvre de capacités de production nouvelles entraîne généralement des dépenses bien plus
importantes que celles qui accompagnent la production supplémentaire nécessaire pour
satisfaire une demande accrue. La présence des capacités de production plus ou moins
excédentaires dépend des investissements faits « dans le passé », et donc des anticipations de
ceux qui ont effectuées ces investissements. C'est pourquoi il existe deux façons de traiter de
l'accélérateur (RAFFINOT, M. 1991) : la version « de base », ou les anticipations ne sont pas
prise en compte, et la version « élaborée »-dite « de l'accélérateur flexible »-, ou elles le sont.

Dans le modèle de base de l'accélérateur qui adopte d'emblée un point de vue


macroéconomique, la variation de capacité de production à l'instant t est mesurée par
l'investissement It = Ê t + 1 - Ê t, ou Ê t désigne le stock de Capital à l'instant t. Si l'on appelle
Õt le revenu (national) à l'instant t, alors la variation de la demande en T est donnée par Õ t -
Õ t - 1, de telle sorte que l'accélérateur est caractérisé par la relation :

I t = Ê (Y t - Y t - 1) (4)

Où k est le coefficient du capital, qui est supposé constant. Ce coefficient du capital est le
rapport entre le capital disponible et la production qu'il permet de mettre en œuvre. Si l'on
Dépense en machine et en équipements de tout ordre suppose que l'investissement se
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DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

décompose en investissement de remplacement rÉ t et en investissement net n It, alors l'effet


accélérateur ne concerne que ce dernier, de sorte que l'équation n°4 ci-haut reprise s'écrit :

I t Y Y, n = Ê (t - t - 1) (5)

Le capital en t+1 est donc égal au capital en t auquel s’ajoutent l'investissement de


remplacement et l'investissement net.

B. Effet multiplicateur mécanique de l'effet de levier

Le multiplicateur keynésien est un concept utilisé par Keynes pour montrer comment, dans
une économie où il n y a pas le plein emploi des ressources, une variation (autonome)
exogène, de la demande peut provoquer une variation plus importante du revenu national ; le
multiplicateur keynésien donne le rapport entre ces deux variations. La variation de la
demande est considérée comme « autonome » si elle correspond à un changement dans le
comportement des agents économiques ou de la façon d'intervenir de l'Etat, à travers ses
dépenses.

Les analyses qui font appel au multiplicateur keynésien adoptent un point de vue de statique
comparative, puisqu'elles consistent à mesurer le lien qui existe entre les variations autonomes
de l'investissement (ou de tout autre dépense) et celles du revenu d'équilibre de l'économie.

Le multiplicateur keynésien est obtenu en combinant une fonction de comportement33 et une


identité comptable, qui traduit l'interdépendance des divers secteurs de l'économie. Autrement
dit, il se déduit d'un modèle du type suivant (CASHIN. ; P et POTTILLO, C. 2000) :

C = f(Y) Qui représente la fonction de consommation.

Y = C + A Représente l'identité comptable.

L'identité comptable Y = C + A signifie qu'on distingue dans le revenu national Y, les


dépenses de consommation C, des dépenses « autres » A. On considère généralement que ces
dernières se décomposent en dépenses d'investissement I, et en dépenses du gouvernement G,
de sorte qu'on a : A=I+G (1)
29

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

Dans le modèle, on suppose que la dépense A est exogène alors que Y et C sont endogènes.
Le modèle de la première équation est une forme structurelle du modèle, celle qui découle de
la théorie, dont on déduit la forme réduite, où les variables Y et C sont exprimées en fonction
de la seule variable exogène A. pour y parvenir, on élimine C dans (1) ; il vient : Y-A=f(Y).
L'équation définit Y en tant que fonction implicite de A ; si l'on note Y (A) cette fonction,
alors s'écrit : Y(A)- A = f(Y(A)). Les deux membres n'ont que A pour variable. Si on les dérive
donc tous deux par rapport à A, il vient : Õ ' (A)- 1 = f ' (Y(A)) × Y ' (A). (MORISHO, M
2014).

I.3.2. EFFET DE LEVIER ET THEOREME DE MODIGLIANI-MILLER.

Il nous revient de présenter le principe de levier puis de faire un rapprochement avec le


théorème de Modigliani-Miller.

A. Le principe de l'effet de levier

L'effet de levier représente le mécanisme par lequel un recours à de la dette permet


d'améliorer la rentabilité sur fonds propres, lorsque le rendement attendu de l'activité
économique est supérieur au taux d'intérêt exigé par les prêteurs. Il s'agit d'un effet
mécanique. L'effet de levier ne fait que retracer une vérité d'expérience évidente.

Au bilan d'une entreprise, le capital (K) a pour contrepartie les fonds propres apportés par les
actionnaires (A) et la dette (D) : K=A+D. en termes de flux, le rendement des actions (ðA, où
ð est le rendement unitaire d'une action), est égal au rendement du capital (ñK, où ñ est le taux
de rendement du capital) moins la rémunération des prêteurs (rD, où r est le taux
d'intérêt bancaire) : ñK = rD +ðA. Si le taux d'intérêt est fixé contractuellement, donc connu
avec certitude, il n'en est pas de même du taux de rendement du capital et, en conséquence, du
taux
de rendement des actions, qui sont incertains. ñ et ð sont donc des variables aléatoires, dont il
faut calculer l'espérance et la variance. L'espérance du taux de rendement des actions peut

S’écrire : E ð = E ñ + E ñ - r. (A, KEISER, 2000). C'est la formule de l'effet de levier, qui


montre que la déformation du bilan de l'endettement (augmentation de AD) permet d'accroître
la rentabilité moyenne des fonds propres (E[ð]), même si le rendement moyen des capitaux
investis (E[ñ]) ne change pas (tant qu'il reste supérieur au taux d'intérêt r). L'endettement
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DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

permet donc d'améliorer le rendement moyen servi aux actionnaires, tant que la rentabilité
économique des projets d'investissement dépasse le taux d'intérêt du marché (A, KEISER,
2000). En contrepartie, l'endettement accroît également la variance du rendement servi aux
actionnaires : le risque de l'entreprise est supporté par un nombre d'actions relativement plus
faible.

C. Le lien entre le théorème de Modigliani-Miller et l'effet de levier

Le théorème de Modigliani-Miller (1958) est l'un des jalons importants de la théorie des
marchés financiers. Il stipule que: « sous condition que les marchés fonctionnent
parfaitement, la valeur d'une entreprise est indépendante de la façon dont elle est financée (en
dette ou en actions) ». Ce premier théorème de Modigliani-Miller est à mettre directement en
relation avec l'hypothèse de l'effet de levier.

Le raisonnement précédent sur la structure financière optimale repose sur une hypothèse
cruciale : « il suppose que les actionnaires puissent modifier leur détention de dettes ou
d'actions, sans effet sur les prix ». Une telle hypothèse est valable pour un actionnaire
particulier, mais pas au niveau de l'ensemble des actionnaires. En imaginant un monde
composé d'une seule firme et d'un seul actionnaire-prêteur, dans lequel le taux d'intérêt
d'équilibre est r et la rentabilité de l'entreprise est E[ñ]? r. Partant d'un endettement D et d'une
quantité d'actions A, la firme adopte une structure financière différente, avec plus de dettes (D
= D + ÄD)' et moins d'actions (A = A - ÄA)’, sans changer son capital ÄD = ÄA.
(COBBAUT, R 2000).

Du point de vue du portefeuille de l'actionnaire, cependant, rien n'aura changé à l'équilibre. En


effet, l'actionnaire-prêteur (unique, dans ce monde imaginaire) doit absorber le nouvel
endettement, et donc détenir plus d'obligations et moins d'actions. Le rendement de son
portefeuille R sera donc inchangé, en moyenne comme en variance (Greffe, 1987).

Plus précisément Franco Modigliani et Merton Miller montrent qu'il existe un système des
prix qui soutient un équilibre général dans lequel le rendement et le risque de tous les
portefeuilles individuels sont invariants à la structure financière des firmes. Celle-ci n'a donc
aucune influence sur les variables réelles de l'économie, et en particulier sur l'investissement.
La finance est un sophisme de composition (effet microéconomique qui n'est plus valable au
niveau macroéconomique). L'intuition à la base du théorème de Modigliani-Miller est que
31

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

chaque actionnaire peut compenser les décisions financières des entreprises en faisant jouer
son propre levier personnel : s'il trouve qu'une firme s'endette trop, il peut toujours vendre des
actions de cette firme et acheter des actions d'une firme moins endettée. S'il trouve qu'elle ne
lui verse pas suffisamment de dividendes, il peut toujours se procurer des liquidités en
vendant ses actions. Ce raisonnement contient deux hypothèses cruciales : la structure
financière des firmes est supposée transparente pour les actionnaires et les marchés financiers
sont supposés parfaits (COBBAUT, R 2000).

En entreprenant pour leur propre compte les mêmes opérations financières aux mêmes
conditions de prix que les entreprises, les actionnaires peuvent ainsi renverser la politique
financière des firmes.

La conséquence directe est que lorsque l'on augmente la dette d'une entreprise sans en changer
les perspectives, la valeur de ses actions doit diminuer d'autant. Ce résultat est important, car
il contrarie l'intuition. On pourrait en effet être tenté de croire que la valeur unitaire des
actions d'une entreprise augmente avec la dette, du fait de l'effet de levier. En effet, il ne
paraîtrait pas anormal en première approximation de penser que, comme la rentabilité sur
fonds propres peut s'améliorer grâce à l'effet de levier, les actions valent d'autant plus cher
que l'on augmente la dette (RAFFINOT (M). 2003).

Le théorème de Modigliani-Miller est un théorème sur la façon dont se fait l'équilibre global
sur les marchés financiers. La théorie financière nous présente le principe de levier en terme
micro-économique, c'est-à-dire à l'échelle des entreprises. Une vision élaborée de l'effet de
levier est abordée sous l'angle de la relation entre dette publique et investissement privé selon
l'optique keynésien.

I.4. APPROCHE KEYNESIENNE DE LA RELATION DETTE PUBLIQUE ET


INVESTISSEMENT PRIVE.

L'approche keynésienne de l'emprunt public est présentée suivant le point de vue


macroéconomique, allocatif et rédistributif. Les arguments en faveur de l'emprunt sont
clairement d'inspiration keynésienne. Mais ces arguments sont en partie limités par la
politique de relance keynésienne.
32

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

I.4.1. OPTIQUE KEYNESIENNE DE L'EMPRUNT D'UN POINT DE VUE


MACROECONOMIQUE.

Le principal argument de relâchement de la discipline budgétaire consiste en la stabilisation


de l'économie, fonction attribuée au secteur public par les keynésiens. L'État doit réduire les
fluctuations économiques en agissant de manière anticyclique et discrétionnaire sur la
demande effective. Pour éliminer un déficit, on peut soit réduire les dépenses soit augmenter
les recettes fiscales ou introduire un frein au déficit ou à l'endettement.

A. Réduction des dépenses et déficit public.

La réduction des dépenses publiques peut donner lieu à deux démarches éventuelles.

1) La réduction des coûts de production des prestations publiques.

Dans ce premier cas de figure, trois situations sont envisagées. D'abord, on admet qu'au fil des
années, la production publique développe des « rentes de situation » qui peuvent être réduites,
voire évacuées. Ensuite, on peut imaginer que par coopération entre Etat, des économies
d'échelle de production seraient possibles (par exemple pour les productions en réseau :
réseau de distribution d'eau potable, évacuation et épuration des eaux usées). Enfin, on peut
aussi mettre en œuvre un partenariat « public-privé » ou déléguer la production à un agent
économique privé afin d'économiser (si le ramassage des ordures ménagères n'occupe des
employés communaux que durant 3 jours et que le véhicule ne sert à rien le reste du temps, il
vaudrait mieux faire un appel d'offre et confier cette tâche en concurrence à un entrepreneur
privé). Peut-être dans ce cas, le secteur public pourrait parfaire son efficacité (Dafton, 2010).

2) L'efficacité dans les fonctions du secteur public.

Si les coûts les plus bas sont atteints dans le premier cas, l'économie sur les postes « dépenses
» ne peut alors se faire plus qu'en réexaminant le bien-fondé de chaque fonction du secteur
public pour déterminer si une fonction est encore nécessaire, peut être biffée, ou quelles sont
les priorités sous contrainte budgétaire. Un problème particulier doit retenir l'attention de
l'économiste : pour être crédible, les réductions de dépenses doivent porter sur des dépenses
de fonctionnement. Évacuer des dépenses d'investissement pose problème : d'abord, c'est une
économie ponctuelle (« one shot solution ») qui ne vaut que pour l'investissement abandonné ;
ensuite, c'est une solution à courte vue dans la mesure où un Etat se doit de maintenir son
33

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

capital de production - sauf évidemment à conclure que la prestation issue d'un investissement
n'est plus du ressort public parce qu'elle passe du domaine collectif au domaine marchand.

Si la réduction des dépenses ne pose pas beaucoup de problèmes conceptuels (tout en étant
très problématique à entreprendre), la même chose ne vaut pas pour l'augmentation des
recettes.

B. Augmentation des recettes publiques et déficit public.

Du côté des impôts, la question est plus délicate. En effet, le réflexe « hausse des impôts »
doit s'accompagner d'une étude de faisabilité et des conséquences de la hausse fiscale. Toute
hausse n'est pas neutre dans l'allocation des ressources : il faut en apprécier les effets sur les
décisions des agents économiques. On distingue parfois deux effets : l'effet taux et l'effet
base : T = t × [B - (D i ...)] × K.

L'effet taux agit sur « t » dans la formule : en l'augmentant, on cherche à obtenir un


accroissement du produit de l'impôt T. Mais il faut compter avec l'effet base : comment va
réagir l'agent économique ? Va-t-il ajuster son comportement, avec un effet qui réduit
l'assiette fiscale : B diminue ? Ainsi la question suivante est cruciale: la hausse des taux
d'imposition entraîne-t-elle une augmentation ou une diminution des recettes fiscales? Ce
problème est conceptuellement analysé en examinant la courbe de Laffer. Comme on peut le
remarquer sur ce graphique :

Graphique n°1 : courbe de Laffer


34

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

Source : publication de Sylvie goneau, 2015.

Lorsque les prélèvements obligatoires sont déjà élevés, une augmentation du taux
d’imposition conduirait alors à une baisse des recettes de l'État, parce que les agents
économiques surtaxés seraient incités à moins travailler (cela ne vaut plus la peine de
travailler si la progression des gains issus du travail diminue pour une unité supplémentaire de
travail effectué).

La courbe de Laffer permet d'établir la relation qui existe entre le taux d'imposition et les
recettes fiscales. La situation initiale sur le marché du travail, sans impôt, est une
offre LÏ pour un salaire horaire w. Si le taux d'imposition est nul, le gouvernement ne tire
évidemment aucun revenu fiscal. Après l'introduction d'un taux d'impôt ta = ab, le salaire
horaire réel baisse à (1 - ta) W. L'État encaisse un impôt égal au taux d'impôt × le temps de
travail, soit ab × bd = abdc. Ce rendement fiscal est donné au point a sur la courbe de Laffer
n°1. Lorsque le taux d'imposition augmente, les recettes fiscales s'accroissent également, mais
seulement jusqu'à m. Ainsi, avec un taux tm = ae pour un salaire horaire net de (1- tm)W, le
rendement fiscal est tm × le temps de travail Lm , soit ae × ef = aefg. Dans l'exemple, le taux
d'imposition est alors de 40%. Si le taux d'imposition dépasse 40%, les recettes fiscales se
mettent à diminuer, pour être zéro si le taux est de 100%. Ainsi, avec un taux = ah, le taux de
salaire net devient (1- tb) W, et le rendement fiscal est de ah × hi = ahij (Mankiw, 2003). C'est
le même rendement fiscal qu'avec un taux ta : en fait, le taux a considérablement augmenté,
mais l'assiette s'est tellement réduite que le rendement fiscal n'est pas élevé. Il est le même,
dans l'exemple, qu'avec un taux ta: ahij correspond au point b sur la courbe de Laffer. Pour un
gouvernement, le taux ta est donc préférable à tb, puisque pour un même rendement fiscal, la
charge qui pèse sur les salaires est moindre. Le comportement des agents économiques sur le
marché du travail fait qu'il y a inversion à partir du point m avec la baisse du niveau de
l'activité en réponse à l'impôt.

En effet, la base d'imposition diminue à la suite de l'ajustement du comportement des agents


économiques (le taux est trop élevé ? je travaille moins ? donc il y a moins de revenu ? donc
moins d'impôt). Si un gouvernement veut rétablir l'équilibre du budget par une hausse du
taux, il est avisé de savoir s'il se trouve au point a ou b dans la figure 8. S'il part du point a,
l'augmentation du taux accroîtra la recette, bien qu'à un rythme de moins en moins soutenu.
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DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

Par contre, s'il se trouve au point b, la hausse du taux aura l'effet contraire : elle incitera les
agents économiques à quitter le marché (du travail) imposé (J.L, Bailly et al, 1999).

1.4.2. ALLOCATION, REDISTRIBUTION DE L'EMPRUNT PUBLIC ET LIMITE DE


L'APROCHE KEYNESIENNE.

Pour une présentation complète de l'approche keynésienne de la dette publique, nous


analyserons l'optique keynésienne d'un point de vue allocatif et rédistributif. Par la suite, nous
lèverons quelques limites de cette approche.

A. Optique keynésienne de l'emprunt d'un point de vue allocatif et rédistributif

L'emprunt équivaut à l'impôt, donc le problème de l'endettement ne se pose pas et le principe


d'équilibre budgétaire perd sa justification théorique. Ricardo fut le principal inspirateur de
l'hypothèse de l'équivalence entre l'impôt et l'emprunt, bien qu'il finisse par la rejeter, la
jugeant invraisemblable non seulement en raison de l'illusion fiscale, mais aussi parce que
l'équivalence repose sur huit hypothèses très restrictives, rarement sinon jamais réalisées en
pratique. L'hypothèse de l'équivalence fut reprise par Barro en 1974. Selon cet auteur, l'impôt
est seulement différé en cas d'emprunt ; ce dernier devra en effet être payé par des impôts
futurs. Comme le contribuable est considéré être rationnel, il anticipe correctement les
engagements futurs auxquels il devra faire face. Ainsi, l'emprunt est neutre du point de vue
des comportements, il est donc équivalent à l'impôt. Cependant, beaucoup d'auteurs ont rejeté
ce théorème d'équivalence, le considérant comme irréaliste car dépendant d'hypothèses
héroïques, comme la parfaite rationalité des individus et l'absence de mobilité (Novaresi,
2001). D'après l'optique rédistributif, le recours à l'emprunt n'influence pas le bien-être des
générations futures. Un des grands apports de la théorie keynésienne est le raisonnement en
termes de variables macroéconomiques, qui s'oppose au raisonnement classique individualiste
en termes microéconomiques. Si l'on raisonne avec des variables macroéconomiques, on
n'évalue plus les effets d'un emprunt sur l'utilité des individus mais par rapport aux impacts
globaux sur l'économie. Dans ce cas, on mesure le fardeau de l'emprunt en termes de
ressources réelles qui ont dû lui être consacrées. Le coût de l'emprunt ne représente pas un
coût monétaire si l'on considère la génération future prise dans son ensemble, il ne s'agirait, en
fait, que d'un transfert entre ceux qui ont prêté afin que la dépense publique ait pu s'effectuer
par emprunt, et les contribuables qui doivent le leur rembourser, moyennant les intérêts. Selon
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DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

cet argument, il n'y aurait donc pas de report du fardeau de l'emprunt sur la génération future
(Novaresi, 2001).

Le raisonnement individualiste (microéconomique) en termes de sacrifice est employé par


Buchanan dans l'argument selon lequel l'emprunt est un fardeau pour les générations futures,
en faveur de la discipline budgétaire. Ainsi, l'argument «pour» ou «contre» la discipline
budgétaire varie selon que l'on raisonne sur le plan microéconomique ou macroéconomique.
Toutefois l'approche keynésienne de la relation entre dette et investissement se heurte à
quelques difficultés. Notamment quelques défis de remboursement à l’échéance à cause de
taux d’intérêt ou encore le problème de choix de meilleurs perspectives entre les deux
variables.

B. .Les bémols dans l'analyse de l'effet de levier : La politique de relance keynésienne

La dette comme instrument de rééquilibrage économique se heurte à plusieurs problèmes de


mise en œuvre. Il n'y a pas à proprement parler d'arguments de type macroéconomique qui
sont en faveur de la discipline budgétaire. Ce sont plutôt les faiblesses des arguments
keynésiens prônant le relâchement budgétaire à des fins de relance qui plaident pour la
discipline budgétaire. L'idée keynésienne d'utiliser la politique budgétaire et en particulier la
dette comme instrument de rééquilibrage économique se heurte en effet à plusieurs problèmes
de mise en œuvre qui en réduisent l'efficacité (Novaresi, 2001) :

- des problèmes techniques de mise en œuvre des politiques budgétaires : non seulement
la prévision des cycles est très difficile (décalage entre l'horizon temporel des
prévisions conjoncturelles, mensuel, et celui du processus budgétaire, annuel), mais en
plus les délais d'engagement de la politique budgétaire sont longs, l'intervention risque
donc de déclencher ses effets à contretemps,
- des problèmes d'asymétrie dans la mise en œuvre des politiques budgétaires : en
période de faible conjoncture, tout le monde est d'accord pour créer des déficits
budgétaires ou diminuer les impôts, mais en période de bonne conjoncture, les
responsables politiques ne seront guère enclin à créer des surplus en augmentant les
impôts ou en diminuant les dépenses.
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DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

- des problèmes d'application des politiques de stabilisation à des échelons décentralisés


: ces derniers étant en situation de petite économie ouverte, une politique de relance
pourrait conduire à des effets de débordements considérables,.
- Outre ces problèmes de mise en œuvre, la politique de stabilisation keynésienne est
vivement contestée par Buchanan et Wagner (1978) en raison de son manque total de
réalisme. En effet, selon ces auteurs, la politique budgétaire dérivée des préceptes
keynésiens n'est pas applicable dans un système démocratique. Keynes suppose que
les politiques publiques et économiques sont menées par un petit groupe d'hommes
sages et éclairés, qui agiraient selon l'intérêt public sans subir de pressions
quelconques. Or, ceci est impensable dans une démocratie représentative, où les
politiciens sont des élus qui répondent aux désirs des votants.
- dans la réalité, il est très difficile de créer des surplus budgétaires à des fins
conjoncturelles, car ces derniers sont très mal acceptés par la population et une partie
de la classe politique. En effet, lors de surplus, le citoyen est perdant : il paie plus
d'impôts qu'auparavant, sans pour autant recevoir davantage de biens publics (ou il
supporte des coupes dans les dépenses publiques sans bénéficier de réduction d'impôt).
Donc pour qu'un citoyen accepte un surplus, il faudrait qu'il comprenne et qu'il évalue
les bénéfices indirects (c'est-à-dire les avantages de ne pas avoir de déficits) qu'il en
retirerait, ce qui est difficilement envisageable. Le système institutionnel crée ainsi un
biais en défaveur de la création de surplus, qui n'ont dès lors que peu de chances de se
réaliser. C'est pourquoi on qualifie la politique keynésienne anticyclique de
«politiquement« asymétrique ».

D. Effet Boule de neige de la dette publique

Par définition, c’est la situation dans laquelle la dette (généralement la dette publique)
augmente mécaniquement, du fait que le taux d'intérêt payé sur la dette est plus élevé que le
taux de croissance des ressources qui servent à la rembourser. En longue période, le taux
d'intérêt est à peu près égal au taux de croissance de l'économie. Il ne devrait donc pas y avoir
d'effet "boule de neige". Cependant, il peut intervenir lorsque la situation fragile de l'Etat
engendre des primes de risque (les prêteurs exigent une rémunération plus élevée pour
compenser le risque de défaut), lorsqu'un ralentissement inattendu de l'inflation accroît le taux
d'intérêt réel payé sur la dette ou lorsque la croissance économique s'effondre. L'effet "boule
de neige" oblige à dégager un excédent du solde budgétaire primaire (avant paiement des
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DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

intérêts de la dette). Sans mesures rapides, il peut entraîner un dérapage incontrôlé de la dette
(Gregory Mankiw, 2003).

- La dynamique économique de l'endettement public

1°) Les variations de l'encours de la dette : impact de la dette passée, intérêt de la dette et
solde primaire

La dette publique de l'année est égale à la dette de l'année passée à laquelle on a soustrait le
solde budgétaire. En effet, d'une année sur l'autre, la dette diminue si le solde budgétaire est
en excédent : l'excédent permet de réduire la dette. Au contraire, si le solde budgétaire est en
déficit, la dette augmente : le déficit budgétaire de l'année en cours s'ajoute à la dette publique
du passé. La dette est ainsi le résultat de l'accumulation des déficits budgétaires du passé. Or,
le solde budgétaire se décompose en deux éléments :

1. le solde primaire, c'est-à-dire la différence entre les recettes de l'année et les dépenses
de l'année hors paiement des intérêts de la dette. Si ce solde est négatif, on parle de
déficit primaire, s'il est en excèdent, d'excèdent primaire.
2. le paiement des intérêts dus sur la dette publique passée et que l'État doit rembourser
l'année en cours.

Finalement on a donc : solde budgétaire = solde primaire - intérêts de la dette et dette de


l'année = dette passée - solde budgétaire

D’où l'on déduit : solde budgétaire < 0 ֜ dette de l'année > dette passée.

En notant le solde primaire de l’année , le taux d'intérêt et et les dettes


respectivement de l'année et de l'année :

Et

Cette équation nous permet de voir que la dette dépend :


39

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

x de l'importance de la dette passée ;


x des taux d'intérêt ;
x du solde primaire.

Plus les taux d'intérêt seront élevés, et plus la dette passée sera grande, plus l'État devra
dégager un important excédent de son solde primaire, s'il souhaite diminuer la dette publique.
Cela signifie qu'il ne suffit pas à un État d'avoir un solde primaire en équilibre pour stabiliser
sa dette : il lui faut aussi payer les intérêts sur sa dette passée, intérêts qui seront d'autant plus
élevés que la dette passée est importante et que les taux d'intérêt sont forts. Pour que la dette
soit stable, il faut donc que le solde primaire couvre au moins le remboursement du service de
la dette (capital + intérêts). Si la dette passée est très grande, ou si les taux d'intérêt sont très
élevés, l'État, qui doit payer de très importants intérêts, peut ne pas y parvenir : la dette va
alors croître d'année en année à la façon d'une « boule de neige »: la partie de la dette passée
que l'État ne peut rembourser faute de ressources propres insuffisantes le sera en souscrivant
un nouvel emprunt, augmentant d'autant la dette passée, voire le taux d'intérêt moyen (Agnès
Bénassy-Quéré et alii.,2004).

2°) Les variations du taux d'endettement par rapport au PIB

Toutefois, la matière taxable croissant avec le PIB, un des indicateurs de soutenabilité de la


dette publique est le taux d'endettement, c'est-à-dire le rapport entre la dette publique et le
PIB. L'évolution de ce ratio va dépendre, en plus des autres variables déjà identifiées,
également du taux de croissance de l'économie (Eurostat, 2008).

I.2 REVUE EMPIRIQUE

Dans la littérature empirique, les économistes ont démontré que l'accumulation de la dette et
son service constituaient une taxe sur la production future et décourageaient l'investissement
par l'effet d'éviction (Krugman et Sachs, 1989).

La revue empirique a identifié, dans une étude économétrique, le service de la dette comme
un déterminant qui influençait négativement l'endettement extérieur (Borensztein, 1990) sur
L'hypothèse de l'effet d'éviction de la dette publique et ses effets néfastes sur la performance
économique en Afrique ont été démontré par des études comme celles de : Ajayi (2000) au
Nigeria ; Mjema (1996) en Tanzanie ; Fosu (1996et1999) en Afrique subsaharien ; Osei
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DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

(2000) au Ghana ; Geiger (1990) en Amérique latine, en RDC, la dette publique et épargne,
étude menée par J.M, Ntaganda (2010), dette et développement (Damien Willier, 2007)
toujours en RDC. Les principaux résultats de ces recherches ont montré que le paiement du
service de la dette a été et restera un obstacle à la croissance économique à travers son impact
négatif sur l'investissement.

Les travaux de Greene et Villanueva (1991) et ceux de Blejer et Khan, 1984) , suggèrent qu'il
existe une relation positive entre l'investissement privé et la croissance de la dette réelle. Sur
le plan théorique, cette relation peut être dérivée du modèle de l'accélérateur flexible, en
faisant l'hypothèse qu'il existe par rapport à la fonction de production, une relation fixe entre
le stock de capital désiré et le niveau de l'output réel. En pensant que le volume de la
production, ou des ventes, est la variable exogène qui commande l'évolution du stock de
capital, considéré comme variable endogène, le principe « d'accélérateur flexible » précise la
nature et le sens de causalité qui unit la production au capital. Dans la mesure où
l'investissement constitue, au même titre que la consommation, un élément de la demande, il
importe que nous percevions dans quel sens agit la politique des crédits sur le comportement
de l'investissement. C’est-à-dire qu’à Un bas niveau des taux d'intérêt de long terme est une
des conditions de la baisse du coût d'usage du capital et de l'augmentation de la profitabilité
des investissements. Leur baisse comporte deux conséquences favorables sur
l'investissement : La baisse des taux d'intérêt de court terme permet de desserrer la contrainte
de solvabilité. Elle provoque en effet une réduction du montant du service de la dette, ce qui
allège la contrainte de trésorerie et limite la ponction sur le profit des entreprises. La baisse
des taux d'intérêt de court terme peut avoir des conséquences favorables sur l'accumulation du
capital par l'influence qu'elle peut exercer sur les taux longs. L'action de la politique
monétaire sur le segment court du marché, conjuguée à l'inscription de la politique monétaire
dans un cadre crédible de moyen terme, permet de réduire les primes de risque incorporées
dans les taux longs, et rend possible leur décrue. Les agents économiques constatent que la
profitabilité s'améliore et sont incités à investir. Pour qu'un effet positif de relance de
l'investissement s'exerce, il est cependant indispensable que les agents anticipent la baisse du
coût d'usage du capital comme durable. La crédibilité de la politique monétaire est, de ce fait,
une condition impérative du succès d'une telle politique.

D’autres études telles que celles de Blejer et Khan (1984) font la lumière sur les liens entre
l'investissement public et privé. A partir d'une étude transversale montrent que
41

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

l'investissement public d'infrastructure est un complément de l'investissement privé. Plus


récemment, Greene et Villanueva (1991) utilisant des données de panel relatives à 23 PED,
établissent une complémentarité entre l'investissement d'infrastructure et l'investissement
privé. Toutefois, Balassa (1988) conclut à partir d'une analyse transversale, que
l'investissement public et privé sont négativement liés, et donc l’investissement public
entraîne une décroissance de l'investissement privé.

Khan et Reinhart (1990) en réexaminant le problème de la différence de productivité entre


l'investissement public et privé pour un échantillon de 24 PED, arrivent à la conclusion selon
laquelle la productivité du capital du secteur public est négative, bien que non significative,
alors que celle de l'investissement privé est significativement positive. Il apparaît en définitive
que l'impact de l'investissement public sur l'investissement privé est incertain. D'un côté,
l'investissement public peut compléter et soutenir l'investissement privé, de l'autre, il peut
bloquer l'investissement privé en se substituant à des projets privés. Cet impact indéfini est
aussi relevé à partir de la relation entre investissement et endettement. L'investissement privé
dépend aussi du taux d'endettement du pays considéré. Le problème qui se pose cependant est
celui de la mesure de la dette pour sa prise en compte dans une fonction d'investissement.

Dessus, Lafay et Morrisson (1997) expriment les effets de l'endettement sur l'investissement
privé en spécifiant le ratio d'endettement du pays (en monnaie étrangère) retardée d'une
période dans une équation de formation du capital en Afrique. A suivre Faugère et Voisin
(1994), l'endettement peut être considéré en termes bruts ou nets. Dans le cas de bon nombre
des PED, l'activité de créancier étant réduite, la dette brute doit être égale à la dette nette.
Toutefois, c'est le service de la dette, c'est à dire, les intérêts payés par l'emprunteur et les
remboursements du capital, qui permet une évaluation correcte des conséquences de la dette.

Par ailleurs, Krugman,(1998) et Cohen,(1988) montrent qu'une lourde dette extérieure réduit
l'incitation à investir à cause des taxes extérieurs anticipés sur le revenu futur et de leurs effets
sur l'investissement. Les résultats empiriques de Serven et Solimano (1991) et de Greene et
Villanueva (1991) ont confirmé qu'un ratio de la dette au PIB a un fort impact négatif sur le
taux d'investissement privé dans les PED. Par contre, Blejer et Khan (1984), Tun Wai et
Wong (1982) et M. Fry (1980) mettent en évidence l'influence directe de la politique de crédit
sur l'investissement, en particulier par l'intermédiaire du taux d'intérêt. Les politiques de
contrôle de crédit conduisent ainsi à une hausse de taux d'intérêt, qui exerce un effet négatif
42

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

sur l'investissement en affectant le coût de financement de l'investissement nouveau. Ce


comportement de l'investissement est mis en évidence par Tybout (1983), De Melo et Tybout
(1986), Greene et Villanueva (1991) et par Hubbard et Glenn (1998) dans le cas des PED. En
outre, Blejer et Khan (1984) font noter que tout effet du taux d'intérêt sur l'investissement
privé dans les PED, loin de traduire l'effet d'un rationnement de crédit, exprime un effet
transmis à l'investissement privé par le biais d'une réponse de l'épargne à une baisse du taux
de l'intérêt.

Un autre travail mené en RDC nous a beaucoup inspiré dans le cadre de cette étude, il s’agit
du travail de José M, W. (2008), portant sur « les déterminants de l’endettement publique
extérieur de l’économie Congolaise ». Dans ce travail axé sur l’endettement public extérieur,
l’auteur est parti d'un constat selon lequel l'augmentation exponentielle du poids de la dette
extérieure congolaise sur l'économie, devenant de plus en plus importante et faisant le
préalable pour le développement du pays, face aux objectifs du millénaire pour le
développement. La fragilité de l'économie du pays et sa faible capacité de remboursement
étaient devenu manifestes ; du fait de la faiblesse de l'évolution de la production intérieure
brute suite à l'obsolescence des fondamentaux macroéconomiques congolaises seraient en
partie sujette d'explication de l'augmentation de cette dernière, ainsi son insoutenabilité face
aux exigences financières internationales. Il avait pour but primordial de répondre à la
question de savoir l'évolution de l'endettement extérieur de la RDC par rapport à ses
principaux ratios, les facteurs explicatifs de son augmentation ou de sa réduction, que faire
aux niveaux interne qu'externe pour réduire son dans le poids de l'économie. La dette
extérieure intervient généralement dans une économie pour faire face aux déficits jumeaux de
l'Etat. Celle-ci se conforme peu à cette logique et depuis bientôt deux décennies elle augmente
plus que proportionnelle aux déficits jumeaux. L'aboutissement de sa dissertation a été facilité
par la méthode historique, comparative, et inductive (par le biais des tests et méthode
statistique et économétrique). Il est abouti aux résultats selon lesquels le niveau d'endettement
extérieur de la RDC n'était d'abord qu'une question de souténabilité avant d'être un besoin de
liquidité. Ce problème de souténabilité n'a pas aussi atteint le seuil tolérable où l'effet du
surendettement devient préoccupant. Toutefois, à court terme les autorités politiques ont eu la
chance de miser sur une politique de ciblage des secteurs productifs et compétitifs permettant
à l'économie d'honorer le service dette et joué son rôle dans l'équilibre de la balance des
paiements.
43

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

La non prise en compte parmi les déterminants de l'endettement tel que l'indicateur de la
spécificité de l'économie (taille, densité, instabilité socio politique,...), et enfin l'élargissement
de la taille de la série (1981-2007) sont à notre avis les principales limites de notre
dissertation.

A part ces travaux, nous avons consulté d’autres tel que le travail de BAHATI Ntumwa
(2007) portant sur « les facteurs déterminant l’investissement privé : cas de la République
Démocratique du Congo ». Celui-ci montre que République Démocratique du Congo traverse
depuis plus d'une décennie une situation de crise difficile à décrire car touchant tous les
domaines de la vie, notamment le politique, le social et l'économique. Il ajoute en montrant que
depuis plus de trente ans, le pays a été dirigé par une dictature qui l'a conduit dans le désordre, la
corruption, et tous les attributs de la mauvaise gouvernance. Le passage de cette dictature à la
mise en place d'un Etat démocratique a été très mal négocié depuis l'an 1990. L'instabilité
institutionnelle, les pillages, les conflits interethniques et les guerres à répétition qui en ont
résulté plongent la RDC, jusqu'à ce jour, dans une crise multiforme dont l'un des effets est
l'aggravation de la pauvreté.

Malgré toutes ses immenses ressources humaines et naturelles, la RDC est classée parmi les
pays les plus pauvres du monde (167ème au classement IDH 2005). Près de 80% de sa
population vivent à la limite de la dignité humaine, avec moins de US $ 0.20 par personne et
par jour. Tous les indicateurs socioéconomiques (y compris le taux d'investissement privé) et
institutionnels sont faibles et de loin en dessous des moyennes régionales de l'Afrique
subsaharienne qui, pourtant est reconnue comme l'une des Régions les plus pauvres de la
planète. Pour pallier à cette situation, certaines mesures ont été définies et d'autres ont déjà été
mises en application par le Gouvernement, lesquelles ont été couronnées par un début de
croissance
depuis l'année 2002. Parmi ces mesures, figurent celles relatives à la stabilité
macroéconomique et à l'assainissement de l'environnement des affaires afin d'attirer les
investisseurs étrangers et d'inciter les investisseurs nationaux à entreprendre de nouveaux
investissements. Mais, jusque-là, le taux d'investissement est trop faible pour soutenir une
croissance forte permettant de réduire la pauvreté, de résorber le chômage et d'arriver à un
niveau de développement souhaitable. Ainsi, l'objectif de son étude est d'analyser le
comportement de l'investissement privé sur une période de 25 ans (1980 à 2004) afin
d'identifier les principaux facteurs qui expliquent sa tendance. La connaissance de ses facteurs
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DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

permettra d'apprécier les mesures prises et/ou de voir ce qu'il faudra faire concrètement pour
promouvoir les investissements privés en RDC.

Il a mis en exergue trois hypothèses centrales qui ont été émises pour guider cette recherche :

- L'épargne intérieure brute exerce un effet positif sur l'investissement privé,


- l'investissement public exerce un effet d'éviction, et
- les termes de l'échange exercent un effet négatif.

Pour vérifier ces hypothèses, l’auteur a spécifié un modèle économétrique inspiré par les
travaux empiriques sur les PVD et PMA, tout en tenant compte des réalités de la RDC. Après
une série de tests de racine unitaire, à savoir les tests DF-GLS et les tests ERS avec point
optimal, il a trouvé que les variables du modèle étaient toutes intégrées d'ordre un. La
technique de cointégration de Johansen lui a permis de tester la cointégration et d'identifier Les
relations de long terme. Aussi, pour prendre en compte l'effet de la guerre, nous avons estimé
les coefficients statiques de long terme par la méthode des MCO. Quant aux relations de court
terme, elles sont données par l'estimation d'un modèle à correction d'erreur. Parmi les facteurs
identifiés, il a constaté que l'épargne brute intérieure et l'investissement direct étranger
ont été les déterminants les plus importants de l'investissement privé en RDC. Leur niveau faible
explique l'insuffisance de l'investissement privé. En outre, le taux d'intérêt réel exerce un
effet positif mais faible sur l'investissement privé. L'investissement public, quant à lui,
exerce un effet d'éviction sur l'investissement privé. Les fluctuations de termes de l'échange et
la guerre exercent également un impact négatif et significatif sur l'investissement privé.
Cependant, la vitesse rapide de retour à l'équilibre de long terme nous conduit à conclure que
l'investissement privé est une variable de choix pour la relance de la croissance économique en
RDC. Compte tenu de ces résultats, plusieurs recommandations ont été formulées par l’auteur
en vue de relancer l'investissement privé en RDC, notamment: l'amélioration de la demande par
le maintien d'un taux de croissance économique positif, la mise en ceuvre des politiques
efficaces de mobilisation de l'épargne intérieure et l'attraction des IDE pour combler
l'insuffisance d'investissement privé et de l'épargne.

Serven et Solimano (1992) dans une revue sur différentes théories de l'investissement,
insistant sur les développements récents sur la crédibilité, l'irréversibilité et l'incertitude. Ils
montrent que l'investissement privé dépend aussi du taux d'endettement du pays considéré.
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DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

Le problème qui se pose cependant est celui de la mesure de la dette pour sa prise en compte
dans une fonction d'investissement. Dessus, Lafay et Morrisson (1997) expriment les effets de
l'endettement sur l'investissement privé en spécifiant le ratio d'endettement du pays (en
monnaie étrangère) retardée d'une période dans une équation de formation du capital en
Afrique. A suivre Faugère et Voisin (1994), l'endettement peut être considéré en termes bruts
ou nets. Dans le cas de bon nombre des PED, l'activité de créancier étant réduite, la dette
brute doit être égale à la dette nette. Toutefois, c'est le service de la dette, c'est à dire, les
intérêts payés par l'emprunteur et les remboursements du capital, qui permet une évaluation
correcte des conséquences de la dette. Au Cameroun par contre, les remboursements sont
restés relativement faibles sur une bonne partie de la période considérée. Ainsi, le service de
la dette ne peut pas être la variable appropriée pour décrire les effets de l'endettement.

Par ailleurs, plusieurs études montrent qu'une lourde dette extérieure réduit l'incitation à
investir à cause des taxes extérieurs anticipés sur le revenu futur et de leurs effets sur
l'investissement (Krugman, 1998 ; Cohen, 1988). Les résultats empiriques de Serven et
Solimano (1991) et de Greene et Villanueva (1991) ont confirmé qu'un ratio de la dette au
PIB a un fort impact négatif sur le taux d'investissement privé dans les PED.

CHAPITRE II : METHODOLOGIE ET EVOLUTION DE LA DETTE PUBLIQUE EN RDC

PREMIERE SECTION : EVOLUTION DE LA DETTE PUBLIQUE

2.1. L'insoutenabilité de l'endettement l'extérieur de la R.D.C.

2.1.1. Genèse de la crise d'endettement de la R.D.C

Une rétrospective en matière d'endettement extérieur de la RDC montre que la dette publique
congolaise tire sa source de la charte coloniale. La loi du 18 octobre 1908 met à charge du
Congo - Belge son service de la dette publique. Durant la colonisation et avant le plan
décennal colonial (1950 -1959), l'évolution de la dette extérieure a été influencée d'abord par
le développement des territoires d'outre-mer et par la mise en œuvre des programmes des
grands travaux (DRIME ET NAMBI, 2007).

De 1909 à 1949, la dette directe passa de 125 millions de franc à 3.690 millions de franc
comprenant plus de 2 milliards de franc de dette consolidée. Le plan décennal (1950 -1959)
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DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

eut un grand impact sur le volume et la croissance de la dette publique extérieure du Congo-
Belge qui passa de près de 3 milliards en 1949 à près de 24 milliards de francs congolais en
1959. Voilà comment naquit en 1960 la République Démocratique du Congo, déjà endettée
par le fait de l'héritage des dettes de l'ancien Congo - Belge envers la métropole (DRIME et
NAMBI, 2007),

En effet, au lendemain de l'indépendance, il se posa un problème juridique de succession aux


dettes publiques du futur gouvernement Congolais et déjà un problème d'insolvabilité se
manifesta. Le nouvel Etat, confronté à une crise politique sans précédent, n'a pas su dégager
les ressources en devises nécessaires pour honorer ces engagements financiers contractés par
la métropole. Ces problèmes firent l'objet des accords conclu le 6 février 1965 et d'une
convention intervenue en juillet 1971. La Belgique pris alors à sa charge le fonds belgo -
congolais d'amortissement et de gestion de la dette, mettant ainsi fin à la première crise
d'endettement de la RDC (NZANDA-BUANA KALEMBA.M, 1995).

2.1.2. Evolution de la dette extérieure de la RDC et analyse des principaux agrégats

1. principaux agrégats

Il sera question dans ce paragraphe, de montrer comment a évolué la dette extérieure de la


RDC durant la période sous étude, mais surtout la persistance de la crise d'endettement, à
travers l'analyse des principaux indicateurs. Pour ce faire, nous subdivisons l'analyse en deux
grandes parties : la première allant de 1970 à 1990, et la seconde de 1991 à 2014. Ces deux
périodes seront également subdivisés en sous- période.

§1 : La dette extérieure après l'indépendance de 1960 à 1965

Au lendemain de l'indépendance, le jeune Etat congolais comme nous l'avons souligné ci haut
hérita de toute la dette coloniale et il deviendra ainsi, l'une des rares nations au monde qui est
née avec une dette extérieure. Malgré quelques emprunts sporadiques et la prise en charge
d'une partie de la dette coloniale, la dette de la RDC est restée stable Jusqu'en 1970, la dette
extérieure se situait aux environs de 330 millions de dollars américains (Arnaud Zacharie,
2006).

A) La Période allant de 1965 à 1975


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DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

Au début des années 70, l'essor économique mondial, le relèvement spectaculaire des cours de
matières premières et la sur- liquidité des pétrodollars qui s'en est suivie, ont poussé les
détenteurs de ces fonds à la conquête des marchés de recyclage. Les pays industrialisés
offraient des facilités financières aux pays en voie de développement (PED) qui initiaient des
politiques d'investissement à outrance dans le but d'ouvrir des perspectives de croissance
soutenue dans le cadre de la décennie onusienne de développement 1970 - 1980. Durant cette
période sous revue, la RDC s'est lancée dans la politique des grands investissements (Inga,
Avions mirages, Cités de la voix du Zaïre, Sidérurgie de MALUKU, ligne Haute Tension
Inga SHABA etc.). De ce fait, la dette extérieure qui était presque insignifiante, prendra une
ascension fulgurante passant d'environ 300 millions de dollars américains en 1970 à plus de 2
milliards de dollars en 1976. Ces investissement se sont avérés peu ou pas rentables et donc
incapables de générer un surplus affectable au service de la dette. Or, pour avoir accès à
d'autres crédits, il fallait payer les arriérés. L'Etat devient alors incapable d'accéder à d'autres
prêts et d'améliorer sa structure financière (BEKOLO EBE B. 1985).

B) La Période allant de 1980 à 1990

Cette période, est celle pendant laquelle l'économie congolaise était déjà entrée dans une
phase de récession, avec toutes les conséquences qui s'en étaient suivies. Cependant,
l'assistance du FMI avait tant soit peu permis à l'économie congolaise de ne pas sombrer.

En effet, cette assistance financière, s'est matérialisée par deux accords de confirmation
successifs (9 et 12 millions de dollars US en juin 1981 à juin 1983), et comportait l'obligation
pour l'Etat de limiter son déficit, d'apurer progressivement son passif extérieur, d'alléger ses
interventions dans l'économie. La neutralisation de l'Etat, la restauration de l'initiative privée
et la restructuration de l'économie constitue les trois principaux volets (Fonds Monétaire
International 1995).

En 1981, la situation s'était fortement dégradé (quadruplement du déficit budgétaire), baisse


du coût du cuivre, jointe à la hausse des importations, entraînant une baisse des avoirs
extérieurs, dépassement des plafonds d'endettement, d'où une suspension des crédits du FMI.
La RDC paraissait en totale faillite financière; le service de la dette représentait plus de 50%
des exportations (Rapport FMI 1982). .
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DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

En 1983, la RDC a dévalué sa monnaie de 77,5%; elle a libéralisée ses échanges, a abandonné
ses nombreux projets ambitieux, réduit ses dépenses sociales. L'inflation de 100% avant la
dévaluation a atteint 14% en 1984 et le déficit budgétaire a représenté 3,4% du PIB. Le
rétablissement des équilibres financiers a fait de la RDC un pays malade modèle du FMI. Le
prix à payer a été un ralentissement de la croissance et le maintien des salaires à un niveau
très bas. La baisse importante du ratio du service de la dette de 60% à 28%, résultat du
réaménagement a abouti à un retardement des échéances (Rapport FMI 1982). Disons
cependant que les faits saillants durant cette période sont les suivants :

1°) Sous - période 1981- 1982

Au cours de l'année 1981, la RDC n'a conclu aucun accord bilatéral de consolidation. Au 31
décembre 1981, les engagements initiaux de la dette contractée auprès des partenaires
étrangers s'élevaient à 5.189 millions de dollars de crédits à long terme dont 4.523,9 millions
ont été utilisés, 322,9 millions ont été remboursés, de sorte que l'encours au 1er janvier 1982
fut de 4.201 millions de dollars. Au 31 décembre 1982, le niveau du service de la dette en
fonction de l'encours s'est levé à 622,6 millions de dollars dont 377,5 millions en principal et
285,1 millions en intérêt. Donc sur un service dû de 622,6 millions de dollars, il a été effectué
un service de 163,10 millions, soit un taux d'exécution de 26,2% (NDELE BAMU, A., 1992).

2°) Sous - période de 1983 à 1985

Les mesures prises au cours de cette période grâce au concours du FMI ont permis d'améliorer
l'ensemble de la situation économique du pays. Ainsi, le PIB s'est accru de 1,3% en 1983 ; de
2,7% en 1984, contre - 0,5% en 1982. Le fait le plus frappant est le poids de la dette due aux
rééchelonnements antérieurs (1975, 1976, 1977, 1979, 1981, 1983,1985). En effet, au 31
décembre 1985, la dette due au Club de Paris a présenté 71,3% des engagements initiaux,
dont 33,3% (14,7% plus 18,6%) due au rééchelonnement. De la même façon, pour un encours
global de la dette due au Club de Paris s'élevant à 73,6% de l'encours global de 1975, 69,65%
sont due au rééchelonnement. Ceci montre combien le processus de la remise de la dette n'est
qu'une fuite en avant.

3°) Sous - période 1986- 1988


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DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

A la suite de l'expansion de la liquidité intérieure et de la dépréciation de la monnaie nationale


sur le marché de change ainsi qu'à l'insuffisance de l'offre globale des biens et services, la
situation économique s'est détériorée par rapport à la sous période précédente. En effet, le
taux d'inflation croissant depuis 1986 s'est chiffré à 78,7% en 1987 et 94,2 % en 1988. Une
fois encore le poids de la dette due aux rééchelonnements (1975, 1976, 1979, 1981, 1983,
1985,1987). En prenant comme année de référence l'année 1988, sur un total des engagements
initiaux de la dette due au Club de Paris, chiffré à 7.714,40 millions de dollars, 4.780,73
millions de dollars, soit 61,9% du total sont due aux rééchelonnements. Toujours pour la
même année, sur un encours de 5.256,33 millions de dollars dus au Club de Paris, 3.683,09
millions soit, 70% sont dus à ces mêmes rééchelonnements (NDELE BAMU, A., 1992).

4°) Sous - période de 1986 à 1990

Le ralentissement de l'activité économique observée au cours de la période allant de 1986 à


1988 s'est accentue en 1989. Par ailleurs, la poursuite en 1990 du processus de transformation
économique et politique déclenchée en 1989 par le vent de la perestroïka (passage de
l'économie planifiée à l'économie libérale) a eu une influence très négative sur l'ensemble des
pays du Tiers - Monde (particulièrement ceux de l'Afrique subsaharienne), dont la RDC. Il
convient de relever également que pendant cette période, le pays évoluait dans un climat de
gèle de relation avec ses partenaires extérieurs. Ainsi au 31 décembre 1990, l'encours de la
dette extérieure s'est chiffré à 9.285,90 millions de dollars dont 6.760,61 millions soit 73%
due au Club de Paris ; le service dû s'est élevé à 661,81 millions de dollars alors que le service
effectué s'élevait à 156,19 millions de dollars, soit un taux d'exécution de 17%. (KAWATA
BUALUNGU, 1989).

Toutes les grandeurs absolues concernant la dette extérieure de la RDC présente jusqu'à ce
niveau de l'étude (engagements initiaux, encours de la dette, service due, service effectué,
arriérés,...) ne nous renseignent pas suffisamment sur la capacité du pays à supporter ou non
le poids de sa dette extérieure. Ainsi, en considérant 1987 comme année de référence, le
calcul du premier rapport important, c'est- à - dire l'encours total de la dette extérieure (7.294
millions de dollars) par rapport au PNB donne, le ratio Encours dette / PNB =139,5%. Ceci
veut dire que le niveau actuel de l'encours de la dette congolaise était excessif par rapport à la
production nationale brute(PNB). Ce ratio ayant fortement dépassé 50%, le pays peut être
considéré comme fortement endetté.
50

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

Un deuxième indicateur à prendre en considération est la part de la dette publique extérieure


supportée par chaque habitant. Après calculs, la dette per capita de la RDC en 1987 est de 264
millions de dollars. Cet indicateur est cependant peu utile du point de l'analyse économique
parce que fortement influencé par le nombre d'habitant. Comme la plupart de pays en
développement, la RDC, à cette période a été confrontée aux problèmes des paiements
extérieurs. Le tableau ci- après montre l'évolution du rapport entre le service de la dette et les
recettes d'exportations.

Tableau n° 1 : Evolution du service de la dette de 1981 à 1985 (En millions de dollars)

Rubrique 1981 1982 1983 1984 1985 1986

Service initial 739 755 577 ... .... ....

A. Service contractuel+arriéré 772 926 1388 638 836 747

B. Rééchelonnement obtenu 371 ... 737 ... 418 345

C.=A-B service contractuel après 401 929 651 638 418 402
échelonnement

E. Service effectué 203 115 221 327 380 366

E=C-D Arriéré cumulé en fin d'année 171 811 430 311 38 36

Exportations 1475 1522 1602 1943 867 1952

Dette ext. En % des exportations

- avant rééchelonnement 52 61 87 33 45 38

- après rééchelonnement 27 61 41 33 22 21

- service effectué 16 8 14 17 10 19

Source : Rapports annuels BCC (1981-1986), pp 144-147

En 1975, le service initial de la dette extérieure représentait 30% des recettes d'exportations
évaluées à 853 millions de dollars. Cependant, à la fin 1983, le service rééchelonné de la dette
s'élevait à 1.388 millions de dollars représentant seulement 14% des recettes d'exportation,
51

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

mais 221 millions, furent effectivement payés avant la fin de cette l'année. En 1984, les
échéances exigibles représentaient 638 millions de dollars, soit un ratio du service de la dette
d'environ 33% dont seulement 17% furent payés (BCC, 1986).

En 1985, le service initial se montait à 836 millions de dollars, soit un ratio de 45%. Le
service dépassait le budget de l'Etat. Grâce à la consolidation intervenue au mois de mai 1985,
le service exigible fut ramené à 380 millions de dollars représentent un ratio du service de la
dette de 20% des recettes d'exportation. La situation en 1986 se présenta de la même manière.
C’est-à-dire, le service initial était de 747 millions de dollars représentant 38% des recettes
d'exportations.

En 1987, les recettes d'exportations se sont élevées à 1.829 millions de dollars et le service
initial de la dette se montait à 820 millions de dollars, soit un ratio de 45%. De nouveau, une
consolidation intervint le 28 mai 1987 portant sur un montant de 723 millions de dollars
(BCC, 1986).

L'année 1988 ne connaîtra aucune consolidation des échéances jusqu'à celle intervenue au juin
1989 portant sur un montant de 1.645 millions de dollars. N'eut été cette dernière
consolidation, la RDC aurait dû payer cette année un service de la dette de 1.032 millions de
dollars, soit 51% des recettes d'exportations. Au total, entre 1973 et fin 1989, la RDC a
consacré près de 2,9 milliards de dollars américains au remboursement de la dette et au
paiement des intérêts.

Les transferts nets ont connu, quant à eux, une forte accélération au cours de ces dernières
années, atteignant le chiffre significatif et négatif de 1.813 millions de dollars. Cette situation
ne permit pas à la RDC de mettre en œuvre ses programmes d'investissements pour entamer la
relance économique. Bref, la RDC, connaît une importante crise d'endettement et celle-ci ne
fait que s'aggraver, par le fait de son incapacité à dégager des ressources susceptibles de faire
face à la charge de la dette (BCC, 1987).

Le problème ne résidait pas réellement dans le stock de la dette, mais plutôt dans les flux à
dégager annuellement au titre du service de la dette (intérêts + amortissements). Ainsi, malgré
les six accords de réaménagements de la dette conclue avec le Club de Paris entre 1981 et
1989, la RDC n'a pas réussi à sortir du cercle vicieux d'endettement dans lequel elle s'est
enfermée. Ces différents rééchelonnements font que l'alourdissement de la dette extérieure
52

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

est, en grande partie, le fait de ces engagements non productifs plutôt que des capitaux frais
(BCC, 1989).

§2 : La dette extérieure sous la période 1991 à 2000

Cette période a été caractérisée par une situation économique macabre. En effet, depuis 1990,
la RDC rompt avec les politiques d'ajustement structurel, et va perdre son éligibilité aux
allégements de dette, et les engagements au titre d'APD (Appuis au Pays en Développement)
ont fortement chuté; ce qui a eu comme conséquence immédiate la réduction de la capacité de
l'appareil économique de poursuivre le redressement économique et, de ce fait, d'assurer le
remboursement de la dette congolaise. Les pillages de triste mémoire de 1991 et 1993 ont
davantage enterré une économie déjà sinistrée. En outre, vers 1997, un nouveau régime
politique se mit en place à la suite d’une guerre qui na durée plus de six mois en apportant
sa part de contribution dans le chaos déjà installé. Cependant, dans le souci de reconstruire
l’économie nationale, les nouvelles autorités vont élaborer un plan appelé « Programme
Triennal Minimum » ayant une enveloppe évaluée à 4 ,5 milliards de dollars, dont 40% soit
1,8 Milliards, devront être financés par l’extérieur (CHAMBAS G., GUILLAUMONT J.S.,
LAPORT, B. 2000).

Malheureusement, à la suite du non reconnaissance par le nouveau pouvoir de la dette


extérieure contractée par la deuxième République, une méfiance va s'installer dans le chef des
bailleurs de fonds et geler la reprise de la coopération. Cette situation va par ailleurs perdurer,
à cause de la guerre dite d'agression amorcée depuis Août 1998.

A la suite d'un tableau aussi sombre, comment peut- on imaginer sortir de la crise
d'endettement qui s'est même enracinée ? La période : de 1991 à 1995, puis de 1996 à 2007
est aussi caractérisée par les faits saillants suivants :

1°) La Sous - période 1991-1995

Pendant cette période ; il s’est remarqué que les agrégats se sont détériorés d'année en année.
En effet, l'encours de la dette est passé de 8.662,41 millions de dollars en 1991 à 10.111,7
millions de dollars en 1995, soit un accroissement de 1.449,29 millions de dollars (16,7 %)
(FMI, 1995).
53

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

De même, le service dû s'est accru d'année en année a cause d'une nette réduction du service
effectué, qui est passé de 205,8 millions de dollars en 1991 (contre 505,62 millions en 1990),
à 78, 8 millions en 1992 et seulement 22,8 millions en 1995, soit un taux moyen de 2,3% par
an, de 1991 à 1995. Comme corollaire à cette situation, les arriérés n'ont fait que s'accumuler,
allant de 2.119,6 millions de dollars en 1991 à 6.444,8 millions en 1995 et ceci aura comme
conséquence, de gonfler la charge de la dette dans les années à venir pendant cette période, le
PIB a connu bien des contre - performances orchestrés à un rythme moyen d'environ 7,4 %
(FMI, 1995).

Tableau n°2 : Evolution du PIB et de la population de1991 à 1995

Rubrique 1991 1992 1993 1994 1995

PIB(en milliards d'USD de 6,5017 5,8211 5,0338 4,8389 4,8727


1987)

PIB/Hab. (en USD de 1987) 168,4 145,9 121,8 113,3 110,5

Taux de croissance -8,4 -10,5 -13,5 -3,9 0,7

Taux de croissance du -11,3 -13,4 -16,5 -7,0 -2,5


PIB/Hab.

Population (en million d'Hab.) 38,8 39,9 41,3 42,7 44,1

Taux de croissance 3,4 3,4 3,4 3,4 3,3


démographique

Source : Banque Centrale du Congo, Rapport Annuel(2000).

Comme il est constaté, le taux de croissance du PIB est resté négatif, atteignant son niveau le
plus bas en 1993 avec - 13,5%, alors que la population continuait à croître à un taux constant
de 3,4%. Par ailleurs, les recettes d'exportation se sont chiffrées à 1.935,75 millions de dollars
en 1991, contre 2.593,41 en 1990, soit une diminution de 23%; elles se sont chiffrées à 1224
millions en 1992, pour tomber à 1.146,8 millions en 1993. Mais d'abord il sied de retracer
l'évolution du PIB pour la période 1996 - 2000. Les agrégats de la dette extérieure, pour cette
deuxième sous - période sont présentés dans le tableau suivant :
54

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

Tableau n° 3 : Evolution du PIB et de la Population de 1996 à 2000

Rubrique 1996 1997 1998 1999 2000

A. Service du 7.279,2 7.549,7 8.190,4 9.023.5 8.902,3

B. Service effectué 42 - - - -

C. Recette d'exportation 1.546,6 1.448,9 1.422,2 749 685,2

D. Encours de la dette 9.151,77 8.549,17 8.867,86 8.355,86 7.694,9

E. PIB 4.820 4.558 4.479 4.016 3.559

F. Population (en million 45,6 47,1 48,7 50,4 52,1


d'hab.)

Source : Banque Centrale du Congo, Rapport Annuel(2001).

Pour arriver à comprendre la crise de l'endettement de la RDC le tableau n°6 des ratios, nous
permettra de faire l'analyse des agrégats macroéconomiques du pays face à l'endettement
public extérieur.

2°) Sous-période : de 2001 - 2007

Pendant cette période, en effet, l'évolution de l'encours des arriérés tend à stagner, mais nous
observons la reprise de paiement du service de la dette montrant que les capacités de
l'économie pourraient s'améliorer de manière à faire face à la charge de l'endettement. Pour
confirmer cette situation, il nous faut faire l'analyse des différents agrégats de la charge de la
dette extérieure.

Il convient d'observer que le taux d'exécution du service de la dette de 1991 à 2007, nous
permet d'évaluer l'effort fourni par le trésor public pour faire face aux échéances exigibles,
n'est pas significatif ; car il n'a présenté que 8,51% en 1991, puis a baissé à 2% en 1992, à
0,35% en 1995, la tendance à la baisse va se poursuivre jusqu'à l'année 2000 (BCC, 2000).

Durant la période suivante ce ratio prend une allure de reprise ne représentant que 3,28%
comme pic en 2001 et baissera à 3% en 2002 l'année où l'économie accédera à l'IPPTE
(Initiative Pays Pauvres Très Endettés) avec ses avantages en termes d'annulation de la dette.
55

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

Il s'avère, cependant, que la période ou la RDC a renoué ses relations avec les institutions
financières internationales (2003 à 2007), ce ratio est très faible par rapport à la période
d'avant accession à l'IPPTE. Cette situation montre à suffisance que ce programme n'est
véritablement pas contraignant permettant à notre économie de répondre aux exigences de la
dette extérieure avec la conséquence d'accumulation des arrières envers les créanciers.

x Le ratio du service de la dette indique la proportion dans laquelle les gains résultant
des exportations sont absorbés par le service dette. On estime qu'un pays qui consacre
annuellement plus de 30% de ses recettes d'exportations de biens et services à
rembourser le capital emprunté et à verser les intérêts, est dans une situation financière
difficile.

A l'inverse, si le service absorbé est moins de 18% des recettes d'exportations, la situation
financière a toute les chances d'être saine. Or dans le cas de la RDC, ratio est allé 123,61% en
1991 à 1299,99% en 2000, soit 72 fois plus que le seuil tolérable. Ceci témoigne en effet de
l'incapacité de l'économie à servir la dette accompagnée d'une indifférence des autorités face
au problème d'endettement ou tout simplement les effets de la non reconnaissance de la dette
extérieure par le régime en place. Ce ratio est passé de 101,96% en 2001 réalise une baisse
substantielle jusqu'à 43,3%, celle-ci s'expliquerai par les effets de l'IPPTE dans l'économie
congolaise (BCC, 2000).

x Le ratio service du sur PIB mesure la part des richesses produites par le pays qui sera
prélevé pour être versée à l'extérieur. Lorsque le service de la dette dépasse 4% du PIB
et 18% des recettes d'exportations, le pays aura des difficultés à remplir ses
obligations. Or dans l'économie congolaise, ce ratio n'a fait que croitre, allant de
36,8% en 1991 à 132,2% en 1995, soit 9 fois plus qu'en 1991 et 33fois plus que le
seuil tolérable en 1995. Alors qu'il se situait déjà au-delà du seuil tolérable, le ratio de
service du par rapport au PIB a continué à croitre ; il est passé à 151,02% en 1996
pour atteindre 250,13% en 2000.

Par contre durant la période de 2001 à 2007, ce ratio présent une décroissance suite au
renouement des relations de l'économie avec les IFI (Investisseurs Financiers
Internationaux), avec 376,3% en 2001 et 82,2% en 2007, soit 4 fois moins qu'en 2001.
Concrètement ceci voudrait dire que, même si toute les richesses produites par
56

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

l'économie étaient versées à l'extérieur et elle ne serait à couvrir la charge de la dette


extérieure. Ainsi, ces richesses n'ont représentée qu'une part du PIB, soit 3,16% en
1991 rien nulle en 2000 et augmente de 2001 à 2007 jusqu'à 15,61% de la valeur du
PIB. Ceci prouve la manière dont les autorités congolaises placent le paiement de
service dette comme le socle de la pérennisation des relations financières
internationales. Il sied de remarquer que ces deux ratios sont positivement corrélés,
lorsque l'un augmente, l'autre aussi et inversement.

x L'encours de la dette par rapport au PIB, apprécie la dette extérieure par rapport au
poids de l'économie du pays. Le FMI considère qu'un pays est peu endetté ; quand ce
ratio est inférieur à 30% et s'il dépasse 50% le pays est considéré comme fortement
endetté. Pour ce qui est de la RDC, ce ratio a été de 133,23% en 1991, 216,2% en
2000 et 1301,3% en 2007, ce qui traduit l'insoutenabilité de la dette extérieure
congolaise (KESSLER D. ULMO P. 1985).
x L'Encours de la dette par rapport aux recettes d'exportations selon l'IPPTE, ce ratio
devra être inférieur à 150%, pour que le niveau de l'endettement d'une économie soit
considéré comme étant soutenable. S'agissant de notre économie, la chute des recettes
d'exportations entrainant l'accroissement de l'encours de la dette suite à l'obsolescence
des fondamentaux de l'économie congolaise et cela se traduira par l'explosion de ce
ratio au-delà de son seuil tolérable. L'encours de la dette a représenté 447,75% de
recettes d'exportations en 1991 pour doubler en 2000, puis baisse jusqu'à 685,5% en
2007, soit 4 fois plus que le seuil tolérable de la souténabilité. Ceci prouva à
suffisance que le niveau d'endettement de la RDC était plus inquiétant, malgré les
avantages de l'IPPTE. Il sera souhaitable que la RDC puisse associer ce programme
avec une bonne politique économique de ciblage de secteurs stratégiques et compétitif
pouvant redynamiser les exportations du pays de manière à faire face aux obligations
financières internationales (KESSLER D. ULMO P. 1985).

- Le service du par habitant et l'encours par habitant, mesure la part du service de la


dette que chaque citoyen devrait supporter en terme fiscal, tandis que l'encours par
habitant mesure la part de chaque citoyen dans l'encours de la dette. Ainsi le premier
ratio est passé de 224,41 dollars par habitant en 1991, puis à 170,9 dollar en 2000 et
10,13 dollar en 2007. Il est important de remarquer que cette charge per capita a une
allure positive durant les cinq premières années de la décennie 1990, mais le PIB per
57

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

capita évolue négativement. Ce qui traduit concrètement l'appauvrissement de la


population et, par conséquent, une détérioration du niveau de vie de la population. Par
contre pour la suite de la période d'étude, il est à observer un phénomène inverse,
c'est-à-dire une diminution très sensible de cette charge per capita tandis que le PIB
per capita présente une évolution positive, qui traduit une amélioration du niveau de
vie de la population par rapport au poids financier international.

En la lecture des données relatives au service du par habitant et l’encours par habitant,
il se révèle que la dette extérieure publique reste toujours insoutenable selon les
critères du PPTE c'est-à-dire le ratio encours/Exportations qui doit être plus au moins
égale à 150%, le dernier ratio montre clairement que la RDC doit fournir 4 fois plus
d'effort pour rendre sa dette viable et ainsi atteindre le point d'achèvement tant attendu
pour le programme encours. Pour y parvenir il faudrait que la VAN (Valeur actuelle
nette) de service dette soit égale à 250% de recettes budgétaires (KESSLER D. ULMO
P. 1985).

Au cours des décennies 70-90, la République Démocratique du Congo, a l’instar des autres
pays de l’Afrique au Sud du Sahara, a subi une profonde crise économique et financière. Le
déclin de l’activité économique, spécialement dans les secteurs formels, mena à une chute des
recettes publiques a moins de 6% du PIB. Au même moment, les dépenses, essentiellement
celles liées la guerre, augmentèrent atteignant près de 70% des recettes totales. Le déficit
budgétaire fut hors de contrôle s’élevant a environ 120% des recettes publiques en 2000. Ce
déficit fut entièrement financé par l’expansion monétaire et l’accumulation d’arriérés
intérieurs et extérieurs. Le rôle de la Banque Centrale n’en fut réduit qu’à l’impression de la
monnaie pour le financement du déficit (Planche à Billet). Il en résulta une montée de
l’inflation et en, 2000, les prix la consommation haussèrent au taux annuel moyen de 554%.
Cette crise ayant pour corollaire l’explosion du ratio d’endettement public et l’incapacité du
pays à faire face aux obligations du service de la dette (Gupta 2003).

Cette situation dégradante a entrainé de la part du FMI, l’imposition de mesures d’austérité


plafonnant les déficits budgétaires, des coupes de certaines dépenses publiques et fixant des
seuils de soutenabilité de la dette publique, sans grand succès, ces programmes de
stabilisation, qui, bien que comportant nominalement des mesures de réduction de la
58

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

demande, se sont caractérisés des déviances macroéconomiques et structurelles spécialement


au cours des années 90 (Baldacci E., Cléments B., et Gupta 2003).

Pour arrêter ces déséquilibres macroéconomiques, la république démocratique du Congo a


amorcé un processus d’ajustement ordonné de son économie. Les résultats attendus des
politiques d’ajustement dépendaient de la mise en œuvre de programmes économiques et
financiers dans le cadre du programme intérimaire renforcé entre 2001-2002, suivi du
Programme Economique du Gouvernement (PEG I, Septembre 2002-Février 2012) avec les
institutions de Breton Wood (FMI et BIRD).

Les objectifs fondamentaux assignés à ces programmes étaient le rétablissement des grands
équilibres, maitrise de l’inflation et la réalisation d’une croissance économique saine et
durable. Les efforts du gouvernement pour un assainissement de l’environnement macroéconomique
dans le cadre de ces programme se sont traduits notamment par :

- la fin du cercle vicieux hyper-inflationniste, l’inflation a diminué de près de 500% en


2000 puis ramenée à environ 10 à 15% par an depuis quelques années et sous la barre
des 10% depuis 2010 pour se situer à 1,03% en 2013 soit un record d’inflation le plus
bas en Afrique, cela s’explique essentiellement par une meilleure gestion des
finances publiques, l’assainissement des finances publiques et l’élimination
progressive du financement par la BCC du défi des administrations centrales, ainsi
qu’à une meilleure coordination entre trésor et la BCC,
- l’économie Congolaise a renoué la croissance à partir de 2011. Après 12 ans de déclin
continu, la croissance économique est redevenue positive 8, 5% en 2013 avec des
projections d’un taux de croissance à deux chiffres sa l’horizon 2014-2015. Le pays a
attiré le plus des investissements directs étrangers IDF et l’aide internationale en ces
dix dernières années (FMI 2014),
- le pays a bénéficié en 2011, d’une annulation de 94% de sa dette restante après avoir
atteint le point d’achèvement de l’IPPTE (en Juillet 2010), une dette extérieure
évaluée à 599,5 point du PIB en 2000 à 35,4% de PIB en 2012,
- les exercices budgétaires se sont soldés par des niveaux relativement bas en moyenne,
le déficit de trésorerie des administrations centrales a été divisé en deux en quelques
années : en 2001-2011, le déficit budgétaire était en moyenne de 4,3% du PIB, contre
8,5% en moyenne pour la période 1970-2000. Cependant, en dépit des réformes, la
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DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

fragile stabilité du cadrage macroéconomique a été largement influencée par cinq


risques principaux :
x L’équilibre budgétaire est maintenu sur une base de caisse, mais pas sur la base
des engagements. De telles politiques peuvent se justifier en période
d’urgence, mais leur application sur une période continue nuit à la crédibilité
de la politique budgétaire,
x les préoccupations de sécurité se répercutent sur la composition des dépenses.
En 2010, le budget de la défense a été entièrement exécuté, alors que celui de
l’éducation a eu un taux d’exécution de 75% avec des taux encore plus bas
pour d’autres secteurs,
x Il n’y a pas de systèmes d’assurance des dépôts bancaires, mais les
insuffisances dans la supervision des banques présentent un risque budgétaire
étant donné que les dépôts bancaires tendent à être implicitement garantis par
l’Etat,
x le risque de surendettement persiste. A la suite de l’allégement de la dette des
IPPTE, les nouvelles dettes ont été contractées et le ration dettes/PIB
augmente, en dépit de la croissance rapide du PIB. Les autorités ont accumulé
de nouveaux emprunts contractés auprès du Fonds Monétaire International
(FMI) dans le cadre de l’accord de facilité élargie de crédit pour un total de
550 millions de dollars US, du partenariat sino-Congolais pour l’ensemble des
infrastructures , qui inclue des prêts avec un élément de subvention de 47% et
des projets de prêts de la part de créanciers non traditionnels, tels que la Chine
et l’Inde, avec chacun un élément de subvention minimum de 35%.
x la gouvernance demeure une question transversale qui touche les performances
économiques, les entrepreneurs, et les prestations de services de base à la
population. Les inducteurs internationaux indiquent que la gouvernance
continue de représenter un sérieux problème en RDC. Le pays se classe
parmiles derniers en termes d’inducteurs de gouvernance en Afrique
e
subsaharienne (52 place sur 55 pays d’Afrique (Ibrahim Mo Fondation 2011).
Actuellement, la RDC table sur une croissance du PIB de plus de 8,5% (FMI 2013), avec
l’appui des partenaires bilatéraux et multinationaux, le gouvernement de la République a
lancé des vastes chantiers des travaux de reconstruction et de réhabilitation des
infrastructures et la mise en place de zones économiques spéciales pour encourager la
60

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

renaissance de sa structure, agro-industries (Kinshasa, Nsele), mines (Katanga) et cimenteries


(Bas-Congo, Lukala).
La construction du barrage hydroélectrique d’INGA III sur le Fleuve Congo demeure ainsi le
plus gros potentiel d’Afrique, l’agriculture est désignée comme le principal secteur de
l’économie étant donné sa capacité à employer la main d’œuvre essentiellement rurale
(HERDERSCHEE J. et all 2012).
Ces différents projets impliquant des dépenses importantes montrent la place qu’occupent les
dépenses publiques dans le processus de stabilisation et de relance économique en RDC. A ce
sujet, il est indispensable pour l’Etat d’assurer un niveau de dépenses publiques optimales, ce
qui implique une mobilisation des ressources conséquentes à cette fin en terme de finance
interne (émission des titres publics, fiscalité) ou externe (dette extérieure) et l’amélioration de
la gouvernance reste un élément essentiel pour la croissance à venir des affaires en RDC.
Depuis, les crises des années 70 (Chocs pétroliers) et 80 (crise d’endettement), les politiques
budgétaires d’inspiration Keynésienne ont généralement été abandonnées, les théoriciens
néoclassiques et anti Keynésiens (TAK) en ont cependant souligné les limites, notamment du
fait des effets néfastes des déficits et de la dette publique. Cependant la crise financière et
économique de 2008 a été accompagnée d’un retour sur le devant de la scène des politiques
budgétaires dans toutes leurs puissances : plans de relance ambitieux, rachats d’actifs
toxiques, nationalisation de facto d’établissements financiers…et laissant jouer les
stabilisateurs automatiques qui ont spontanément exercé une action contra cyclique sur
l’activité économique, une politique qui a eu pour effet d’éviter une récession semblable à
celle de 1929. Cependant, si les stratégies d’ajustement mise en œuvre par l’Etat Congolais
avec l’appui des Institution de Beton Woods (FMI et BIRD), ont quelque peu manqué
d’efficacité à ralentir la progression de la dette, elles ont eu le mérite de prouver que la
rationalisation de la gestion des finances publiques peut générer des gains de productivité et
de croissance économique.

Au regard de ce qui précède, nous venons de comprendre que tous les indicateurs relatifs à la
gestion de la dette extérieure de la République Démocratique du Congo sont au rouge, ce qui
traduit la problématique de l'insoutenabilité de la dette extérieure de notre économie. Dans le
chapitre qui suit, nous allons revenir sur les déterminants de la dette publique et de
l’investissement privé de la RDC en passant par la modélisation économétrique mais suivant,
tout d’abord la méthodologie de la section suivante.
61

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

SECTION DEUXIEME : METHODOLOGIE DU TRAVAIL

La méthodologie est l’ensemble des méthodes utilisées ainsi que les techniques de collecte et
de traitement des données.

Les données utilisées dans cette étude ont été collectées en une seule phase, l’enquête
proprement dite. L’enquête proprement dite s’était dérouler au mois de Janvier et Février
2015 à la Banque centrale/ direction Provinciale du Sud-Kivu. Les données qui nous ont
facilité l’analyse de cette étude sont tirées dans différents rapports de la BCC, FMI, Banque
mondiale.

Cependant, nous allons fait recours à l’économétrie d'autant plus que les variables prises en
compte sont quantifiables et la série est chronologique (Bourbonnais, 2000). Nous avons
sélectionné certaines variables qui expliquent l'évolution de la dette publique et des
investissements privés en RDC en vue d’évaluer le niveau de l’économie congolaise en
termes de croissance.

De plus, nous avons fait recours à la méthode explicative, qui nous a permis de construire
aisément un modèle d’aide à la prise de décision de type linéaire, qui selon SENDRINE et al.
(1998, p.3), « consiste à mettre en relation une variable dépendante et des variables
indépendantes toutes étant quantitatives ».

La méthode analytique, nous a permis d’analyser les différentes variables du modèle pour
saisir la relation entre la dette publique et l’investissement privé en RDC. Quant aux
techniques, notre travail a nécessité l’usage de la technique documentaire. En plus, celle-ci
nous a permis de récolter les données statistiques relatives aux différentes variables.

II.1. Approche méthodologique

II.1.1. Techniques de collecte des données

Une seule technique nous a permis de collecter les données, l’enquête proprement dite. En
effet, elle a été réalisée auprès des institutions nationales. En interrogeant leurs bases de
données (même en lignes sur internet) sur la position des variables à analyser dans le travail ;
nous avons fait recours à la Banque Centrale du Congo (BCC), au niveau national, Banque
Mondiale et FMI, au niveau international.
Ainsi :
62

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

- l’enquête a été réalisée auprès de ces institutions,


- la répartition a été réalisée sur les données statistiques concernant les agrégats
macroéconomiques de la RDC,
- la récolte des données s’est faite aux mois de Janvier et de Février 2016.

II.1.2 Technique de traitement des données

La principale technique utilisée pour traiter les données, est le modèle économétrique de
régression linéaire.

A. Modèle économétrique

Il est à noter que l'estimation économétrique du modèle a été faite par la méthode des
moindres carrés ordinaires (MCO) à l'aide du logiciel Eviews 7. Pour la confection du modèle
de notre recherche, nous nous sommes inspirés du modèle de YONO qui a mené une étude
portant sur « l’analyse de la dette publique extérieure, la croissance économique et le taux de
change dans les PPTE Africains », il contextualise la croissance dans le cas d’endettement et
de surendettement par le modèle ci-après :

yi,t=f(endettement, surendettement)

yi,t=β0,i +β1,iDi,t+β2,iD2i,t+Pi,t (1)

Avecβ1!0, β20

Où, yi,t est le taux de croissance économique

Di,t la dette saisie par encours en pourcentage du PIB

D2i,t est la dette élevée au carré pour exprimer le surendettement

Pi,t le terme d’erreur

Cependant, il est à signaler que la croissance est déterminée par plusieurs variables, entre
autre ; la consommation finale, la formation brute du capital fixe ou l’investissement, le taux
de change, les dépenses publiques, le taux d’ouverture commerciale, etc. Quant à nous, nous
allons beaucoup plus focaliser notre attention sur la dette publique et l’investissement privé
63

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

étant donné que, nous voulons connaitre si la dette publique exerce un effet d’éviction ou un
effet de levier sur l’investissement privé en RDC. Notons à ce propos que le modèle de
régression simple fera la base théorique du modèle de notre recherche ; ce modèle nous
permettra de voir ce qu’est l’impact de la dette publique sur les investissements privés en
RDC.

A.1. Spécification et estimation du modèle


- Description de variables
Dans le cadre de nos analyses, nous recourons à deux types de variables : Variable
dépendante et Variables indépendantes.
Tableau n°4 : Description des variables
Variables Acronymes Modalités signes attendus
Variable dépendante
Variable
Dette publique Externe DETPUBEXT Quantitative endogène
Variables indépendantes
Taux de croissance du PIB TPIBR Quantitative +/-
Dette Interne sur le PIB DETINTP Quantitative +/-
Investissement public réel IGR Quantitative +
Dette publique totale DETOT Quantitative +/-
Taux de change effectif réel TEE Quantitative +
Capacité d'absorption CAPABS Quantitative +
Taux d'intérêt TXINT Quantitative +
Investissement privé réel IPR Quantitative +
Crédit au secteur privé en terme réel CREDR Quantitative +/-
Source : Notre construction à partir des données primaire

A.2. Spécification du Modèle

Le modèle comporte trois variables muettes ; D1= dummy pour la stabilité macroéconomique
; D1=0 pour les années de croissance; D1=1 pour les années de récession; D2= dummy pour
la dévaluation ; 0 et 1 après ; D3= dummy pour l'atteinte du point de décision de l'initiative
PPTE, 0 et 1 après. Cependant, pour le cas de notre étude, L'hypothèse de surendettement sera
vérifiée si le coefficient de la dette totale est négatif. Les coefficients de la part de la dette
interne et externe sur le PIB, doivent avoir un signe négatif afin de vérifier l'hypothèse de
l'effet d'éviction ou alors positif en cas d'effet de levier. L'impact de l`investissement public
sur l'investissement privé est indéterminé. Ceci s'explique par le fait que, lorsque l'Etat
investit dans les infrastructures, l'investissement public est complémentaire à l'investissement
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DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

privé. Par contre, lorsqu'il s'agit des investissements de fonctionnement, l'investissement


public tend à être un frein pour l'investissement privé (Asante, 2000). Son coefficient peut être
aussi bien négatif que positif. La relation entre le taux de croissance du PIB et l'investissement
privé est supposée être positive, ainsi, le coefficient du taux de croissance du PIB doit être
positif. La capacité d'absorption, le crédit au secteur réel, le taux d'intérêt et le taux de change
du pays sont des facteurs qui affectent positivement le taux de croissance de l'investissement
privé. Alors nous avons : Log(TPIBR )= Logarithme du taux de croissance du PIB réel ;
Log(DETPUBXT)= la part de la dette externe sur le PIB en logarithme ; Log(DETINTP)= la
part de la dette interne sur le PIB en logarithme ; Log(IGR)= logarithme de l'investissement
public réel ; Log (DETOT)= logarithme de la dette publique totale ; Log(TEE) = logarithme
du taux de change effectif réel ; Log (CAPABS) = logarithme de la capacité d'absorption ;Log
(TXINT ) = logarithme du taux d'intérêt ; Log (IPR)= logarithme de l'investissement privé
réel; Log(CREDR)= logarithme du crédit au secteur privé en terme réel å= Terme d'erreur
stochastique ;â0 = terme constant ; âi= coefficients de régression (i= 1 11).

Cependant, il existe plusieurs méthodes d'estimation des paramètres d'un modèle telle que , la
méthode des moindres carrés ordinaires, la méthode de maximum de vraisemblance, la
méthode des moments, etc. ; la méthode des moindres carrés ordinaires est souvent appliquée
dans l'ajustement linéaire, traçant un graphique sur lequel la variable expliquée est portée en
ordonnée et la (les) variable(s) explicative(s) en abscisse et liant les coupes d'observations, on
obtient ainsi un nuage de points pouvant être ajusté à l'aide d'une droite.
Les paramètres du modèle (ou estimateurs) sont obtenus en minimisant la distance au carré
entre chaque observation et la droite ainsi obtenue, d'où le nom d'estimateurs de moindres
carrés ordinaires MCO en abrégé (R. Bourbonnais, 2008).
Tout paramètre estimé fait objet d’un certain nombre d’hypothèses classiques (C.
Balihamwabo, 2014), nous citons:
H1 : Les valeurs Xt sont observées sans erreur ;
H2 : E ( )=0;
H3 : E ( ) = 0 (avec j ? 0) ; les erreurs sont non corrélées (ou indépendantes);

H4 : E ( )= , la variance de l'erreur est constante (homoscédasticité)


H5 : Cov (Xtk ) = 0, l'erreur est indépendante des variables explicatives ;
H6 : La matrice (X'X) est régulière et la matrice inverse (X'X)-1 existe ;
H7 : (X'X)/T tend vers une matrice finie non singulière ;
65

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

H8 : T> k +1, le nombre d'observations est supérieur au nombre de séries explicatives plus la
constante. Il est à noter que la violation de ces hypothèses classiques pose problème et que les
hypothèses H3 et H4 stipulent successivement que les erreurs sont non corrélées (ou
indépendantes) et que la variance des erreurs est constante (homoscédasticité) ; lorsque
l’hypothèse H3 est violée, nous sommes donc en présence d'auto corrélation des erreurs et les
estimateurs restent sans biais mais ne sont plus à variance minimale (R. Bourbonnais, 2008).
Ici il sera question de montrer comment nous procéderons pour faire l’analyse statistique des
variables dans le but d’éviter une estimation du modèle avec trop d’erreurs (des régressions
fallacieuses), étant donné que l’utilisation des séries temporaires conduit à rechercher des
régularités dans les valeurs de la série.

Pour procéder à l'estimation de notre modèle nous allons, au préalable, nous rendre compte de
la stationnarité des variables est à utiliser. Ceci est nécessaire car les variables économiques et
financières sont rarement des réalisations de processus stationnaires. La non stationnarité peut
bien concerner l'espérance que les moments de second ordre, notons cependant que les cas de
non stationnarité en moyenne sont analysés à partir de deux types de processus : Processus TS
(trend Stationary) qui représente les processus caractérisés par une non stationnarité de nature
déterministe et Processus DS (Difference Stationary) qui représente les processus dont la non
stationnarité est de nature stochastique (R. Bourbonnais, 2008).

Dans le premier cas, les données sont marquées par une tendance générale. Il sied alors
d'introduire un Trend ou une tendance générale dans le modèle ; En présence du second cas, si
les ordres d'intégration des variables sont différents, il faut les différentier en vue de les rendre
stationnaires. Or mettre en relation des variables dont les ordres d'intégration sont différents,
sans les rendre stationnaires, ne peut que conduire à des fausses régressions ou régressions
fallacieuses (R. Bourbonnais, 2008).

En effet, les processus TS et DS sont caractérisés par des comportements très différents, et il
convient de les distinguer. Suite à un choc, un processus TS revient à son niveau pré-choc,
alors qu'un processus DS n'y revient jamais. On comprend dès lors également que, d'un point
de vue économétrique, l'identification et la caractérisation de la non stationnarité sont tout
aussi fondamentales. Pour ce faire, nous allons utiliser le test de Dickey-Fuller et le test de
Dickey-Fuller Augmenté (R. Bourbonnais, 2008). Dans la première étape, pour tester la
66

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

racine unitaire de variables de séries concernées de temps, nous allons utiliser le Dickey-
Fuller Augmenté (DF, 1981) test.

Pour la procédure et appliquer le test de stationnarité, Dickey et Fuller considèrent trois


modèles de base pour la série Xt, t=1, 2,3,...T :
1. Modèle [1] : modèle sans constante ni tendance déterministe : (1-ñL) Xt = åt
2. Modèle [2] : modèle avec constante sans tendance déterministe : (1 – ñL)(Xt - ì) = å t
3. Modèle [3] : modèle avec constante et tendance déterministe : (1 - ñL) (Xt - á - ât) = å t

Dans chacun des trois modèles, on suppose que åt est un bruit blanc : ~ , L est
l'opérateur retard ; Xt est la variable dont on teste la stationnarité ; ñ, ì, á et â sont des
paramètres.
Si ñ = 1, cela signifie qu'une des racines du polynôme retard est égale à 1, On dit alors qu'on
est en présence d'une racine unitaire. En d'autres termes, Xt est un processus non stationnaire
et la non stationnarité est de nature stochastique (processus DS), On teste alors l'hypothèse
nulle de racine unitaire (Xt est intégré d'ordre 0, c'est-à-dire non stationnaire) contre
l'hypothèse alternative d'absence de racine unitaire (Xt est intégrée d'ordre 1, c'est-à-dire
stationnaire). En pratique, on estime les modèles sous la forme suivante :
1. Modèle [1] : Xt = öXt-1 + å t
2. Modèle [2] : Xt = öXt-1 + ã +å t
3. Modèle [3] : Xt = öXt-1 +ë+ät +å t

Avec pour chaque modèle, ö = ñ - 1 et ~ .


On teste alors l'hypothèse nulle ö = 0 (non stationnarité) contre l'hypothèse alternative ö < 0
(stationnarité) en se référant aux valeurs tabulées par Fuller (1976) et Dickey et Fuller (1979,
1981). Dans la mesure où les valeurs critiques sont négatives, la règle de décision est la
suivante : Si la valeur calculée de la t- statistique associée à ö est inférieure à la valeur
critique, on rejette l'hypothèse nulle de non stationnarité. Si la valeur calculée de la t-
statistique associée à ö est supérieure à la valeur critique, on accepte l'hypothèse nulle de non
stationnarité.
Il est fondamental de noter que l'on n'effectue pas le test sur les trois modèles. Il convient en
effet d'appliquer le test de Dickey-Fuller sur un seul des trois modèles. En pratique, on adopte
une stratégie séquentielle en trois étapes:
- Etape I : On commence par appliquer le test sur le modèle 3. On peut aboutir à deux
résultats :
67

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

Si la tendance n'est pas significative, on passe au modèle 2.


Si la tendance est significative, on teste l'hypothèse nulle de racine unitaire :
* Si ö n'est pas significativement différent de 0, Xt est non stationnaire. Dans ce cas, il faut la
différencier et recommencer la procédure sur la série en différence première.
* Si ö est significativement différent de 0, Xt est stationnaire. Dans ce cas, la procédure
s'arrête et l'on peut directement travailler sur Xt.
- Etape II : Cette étape ne doit être appliquée que si la tendance dans le modèle
précédent n'est pas significative. On estime le modèle 2 :
x Si la constante n'est pas significative, on passe au modèle 1.
x Si la constante est significative, on teste l'hypothèse nulle de racine unitaire :
x Si ö n'est pas significativement différent de 0, Xt est non stationnaire. Dans ce cas, il
faut la différencier et recommencer la procédure sur la série en différence première.
x Si ö est significativement différent de 0, Xt est stationnaire. Dans ce cas, la procédure
s'arrête et l'on peut directement travailler sur Xt.
- Etape III : Cette étape ne doit être appliquée que si la constante dans le modèle
précédent n'est pas significative. On estime le modèle 1 :
x Si ö n'est pas significativement différent de 0, Xt est non stationnaire. Dans ce cas, il
faut la différencier et recommencer la procédure sur la série en différence première.
x Si ö est significativement différent de 0, Xt est stationnaire.
Le test ADF sera réalisé en niveaux (c-à-dire log de la dette publique et log de
l’investissement privé) et en différence première (c’est-à-dire, dette publique et
investissement public). Si les deux séries sont intégrées de même ordre, alors l'estimation de
la relation de co-intégration suivant sera prise en compte :

DETPUBEXT*t = + β IPR +
11
(Ia)

IGR*t = + β DETPUBEXT +
21
(Ib)

Où :

DETPUBEXT* = Log du DETPUBEXT, IPR* = Log de IPR, et et sont des termes

d'erreur aléatoire ou résidus.

Dans la deuxième étape, le modèle à correction d'erreur (ECM) est utilisé pour voir si
l'économie se rapproche de l'équilibre de long terme ou non et le court terme dynamique des
variables de séries chronologiques co-intégrées. L'estimation VECM (Vector estimates
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correction model) est intérieurement cohérente si les variables de la série de deux temps sont
co-intégrées du même ordre ou s’ils sont stationnaires (Greene, 2003: 654). Pour déterminer
la propriété de non-stationnarité de ces deux variables de séries chronologiques en niveaux
et en différence première ; au premier abord, le test ADF sera utilisé avec et sans tendance
temporelle. Le test DF est basé sur le modèle suivant :
= χ+(ρ – 1) + γT + (II)
Le test ADF est une modification sur le test DF et les valeurs décalées des variables
dépendantes sont ajoutées dans l'estimation de l'équation (II) qui est formé comme suit :
= χ + (ρ – 1) + γT+ (III)
Depuis, il est largement admis que les tests, DF et ADF ne considèrent pas les cas de
l’hétéroscédasticité et de la non-normalité souvent révélées dans les données brutes
économiques des variables de séries chronologiques. (R. Bourbonnais, 2009).
Enfin, le ADF test de racine unitaire a été employés pour les résidus d'équations (Ia) et (Ib), à
savoir et . Lorsque les résidus sont intégrés d’ordre zéro, I(0), alors il peut être conclu
que les deux séries, DETPUBEXT* et IPR*, sont co–intégrées et donc une relation à long
terme et stable valide sort entre eux. Ce qui implique aussi l'existence d'une relation stable à
long terme entre la dette publique et l’investissement privé. De même, la procédure de
Johansen (1988) et Johansen et Juselius (1990) d'essai de maximum de vraisemblance est une
technique efficace pour tester la co-intégration de la relation entre les variables de séries
chronologiques concernées. Cette procédure donne deux ratios de vraisemblance (LR), des
tests pour le nombre de vecteurs de co-intégration, à savoir, le test de la trace et le test de
valeur propre maximale.
Engle et Granger (1987) montrent que si deux variables sont co-intégrées, c’est-à-dire il ya
une relation de long terme valable, et alors il existe une relation de court terme correspondant.
Ceci est connu comme le théorème de représentation de la Granger. Engle et Granger (1987)
montrent que si deux variables sont co-intégrées, c’est– à–dire, il ya une relation de long
terme valable, et alors il existe une relation de court terme correspondant. Ceci est connu
comme le théorème de représentation de la Granger.
Du général au spécifique approche de Hendry (1979, 1995) a été appliquée dans ce cas où le
modèle (ECM) est utilisé sous la forme suivante :
࢙ ࢇ

οࡰࡱࢀࡼࢁ࡮ࡱࢄࢀ‫ ࢚כ‬ൌ ࣐૚૙ ൅ ෍ οࡵࡼࡾ‫ି࢚כ‬૚ ൅ ෍ οࡰࡱࢀࡼࢁ࡮ࡱࢄࢀ‫ି ࢚כ‬૚ െ ࣂ૚ࢿ࢚ష૚ ൅ ࢿ૝࢚


࢐ୀ૙࣐૚૚࢐ ࢐ୀ૚࣐૚૛࢏
69

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

࢙ ࢇ

οࡰࡱࢀࡼࢁ࡮ࡱࢄࢀ‫ ࢚כ‬ൌ ࣐૛૙ ൅ ෍ οࡵࡼࡾ‫ି࢚כ‬૚ ൅ ෍ οࡰࡱࢀࡼࢁ࡮ࡱࢄࢀ‫ି ࢚כ‬૚ െ ࣂ૛ࢿ࢚ష૚ ൅ ࢿ૝࢚


࢐ୀ૙࣐૛૚࢐ ࢐ୀ૚࣐૛૛࢏

Considérant les principales composantes de la dette publique extérieure, à savoir : le taux de


la croissance du PIB, l’investissement privé et public, la dette interne, le crédit au secteur
privé, le taux d’intérêt, le taux de change effectif, la capacité d’absorption et la dette totale de
l’Etat, nous avons jugé pertinent de reformuler notre modèle à estimer sous la forme
suivante :
࢙ ࢙ ࢙
‫כ‬ ‫כ‬ ‫כ‬
οࡰࡱࢀࡼࢁ࡮ࡱࢄࢀ࢚‫ כ‬ൌ ࣐૚૙ ൅ ෍ οࢀࡼࡵ࡮ࡾ࢚ି࢐ ൅ ෍ οࡰࡱࢀࡵࡺࢀࡼ࢚ି૚ ൅ ෍ οࡵࡳࡾ࢚ି࢐
࢐ୀ૙࣐૚૚࢐ ࢐ୀ૙࣐૚࢐ ࢐ୀ૙࣐૚૜࢐
࢙ ࢙ ࢙ ࢙
‫כ‬ ‫כ‬
൅ ෍ ൅ ෍ ൅ ෍ ο࡯࡭ࡼ࡭࡮ࡿ࢚ି࢐ ൅ ෍ οࢀࢄࡵࡺࢀ࢚ି࢐
࢐ୀ૙࣐૚૝࢐ ࢐ୀ૙࣐૚૞࢐ ࢐ୀ૙࣐૚૟࢐ ࢐ୀ૙࣐૚ૠ࢐
࢙ ࢙ ࢇ
൅ ෍ ‫כ‬
ο࡯ࡾࡱࡰࡾ࢚ି࢐ ൅ ෍ ‫כ‬
οࡵࡼࡾ࢚ି࢐ ൅ ෍ οࡰࡱࢀࡼࢁ࡮ࡱࢄࢀ‫ ࢚כ‬െ૚ െ ࣂ૚ࢿ࢚െ૚ ൅ ࢿ૝࢚
࢐ୀ૙࣐૚ૡ࢐ ࢐ୀ૙࣐૚ૢ࢐ ࢐ൌ૚࣐૚૛࢏

Où :
Δ représente le premier opérateur de différence,ߠଵ ,ߠଶ sont les termes de correction d'erreur,
݁ସ௧ , ݁ହ௧ sont les termes aléatoires de perturbation, et s et q sont le nombre de longueurs de
retard déterminé par critère d'information d'Akaike (AIC). Ici, i commence à un et j
commence à zéro pour que la série soit liées au sein d'une structure ECM (Engle et Yoo,
1991). Finalement, il faut queߠଵ < 0, ߠଶ < 0 pour permettre à la série de converger vers
l'équilibre de la relation de long terme. Selon cette approche, trois retards à la fois de la
variable explicative et des variables dépendantes et un décalage de la valeur résiduelle de la
co-intégration de la régression ont été inclus. Par la suite, les variables non significatives ont
été abandonnés dans le but d'obtenir le modèle le plus parcimonieux (Hendry, 1979, 1995).

A. Présentation des outils de collecte et de traitement des données

Pour collecter et traiter nos données, nous avons fait recours au logiciel E-views version 7.0,
qui nous a facilité la réalisation de certains tests économétrique et même à faire la statistique
descriptive de nos variables sous étude. En plus de ce logiciel, nous avons recouru au tableur
Excel qui nous a aussi facilité l’encodage des données capter à partir du CD Room de la
Banque Mondiale (WDI 2015), mais aussi nous avons fait l’enquête par interview directe et
en analysant la documentation de la Banque Centrale/Direction provinciale du Sud-Kivu.
70

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

CHAPITRE III : PRESENTATION ANALYSE ET INTERPRETATION DES DONNEES


Dans cette partie, il s'agit pour nous d'évaluer le comportement de la dette publique et de l'investissement privé en RDC afin de déceler la nature du lien qu'ils
entretiennent. Dans ce chapitre, nous aurons à présenter nos données, les analyser et les interpréter pour en dégager des résultats. Notons qu’après
avoir présenté et interpréter nos différentes variables pour la période qui va de 1970 à 2014, soit un horizon temporel de 44 ans, nous aurons à
traiter les variables pertinentes de notre modèle.

III.1. Statistiques descriptives des variables sous-étude

CAPABS CREDR DETPUBX DETINTP DETOT IGR IPR TEE TPIBR TXINT
TP
Mean 5.573024 133.8157 17.83968 20.23473 7037.497 179276.4 6.888972 1.740339 1.775939 5.406595
Median 6.705399 100.0000 17.76130 14.16338 0.000000 0.000100 6.913859 0.000200 2.855060 0.000000
Maximum 14.90006 827.2475 43.35330 95.24555 145687.0 7686965. 46.22633 7.959868 9.046596 33.31297
Minimum 0.000000 0.000000 1.662400 0.000000 0.000000 0.000000 0.000000 0.000000 -8.421051 0.000000
Std. Dev. 4.321941 162.7391 11.76943 22.34617 25813.23 1145708. 7.313116 2.440219 5.004776 10.33898
Skewness 0.090564 2.142030 0.540183 2.188534 4.186501 6.463643 3.462172 0.940485 -0.408762 1.558747
Kurtosis 1.897700 8.857510 2.352073 6.836018 20.96344 42.85907 19.69523 2.323651 1.856352 3.794794

Jarque-Bera 2.339761 98.74424 2.975624 63.51329 736.4858 3292.237 612.5199 7.491558 3.705516 19.40712
Probability 0.310404 0.000000 0.225866 0.000000 0.000000 0.000000 0.000000 0.023617 0.156804 0.000061

Observations 45 45 45 45 45 45 45 45 45 45
Source : Notre confection à l’aide d’Eviews 7.1

Il sied de signaler que les données qui nous ont facilité la description statistique de nos variables sont en annexe1.
71

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

Eu égard au tableau ci-haut, nous avons une vue d’ensemble sur nos différentes variables
durant toute la période sous étude. Nous voyons que la moyenne du solde de la capacité
d’absorption est de 5,57% qui s’expliquent par une baisse des exportations après la baisse du
cours des matières premières (cuivre, or et pétrole). Le crédit au secteur privé est évalué en
moyenne à 133,81% du PIB dû au fait que le pays importe moins qu’il exporte et que, le pays
fait recours aux crédits pour couvrir le déficit de sa production nationale. Les dettes
extérieures quant à elles ont une moyenne de 17.83968% du PIB ; suite toujours à une faible
production nationale entrainant ainsi le pays dans les dettes en vue de couvrir ses dépenses
publiques. En outre, nous constatons qu’au-delà des dettes extérieures, les dettes intérieures
représentent en moyenne 20,23% du PIB c’est qui signifie qu’à peu près 20% du produit
intérieur brut est financé par les dettes interne c’est-à-dire financé par les privés c’est qui
influence négativement l’action du gouvernement central vis –à vis des investisseurs.
Néanmoins, la dette totale publique s’évalue en moyenne à 7037.497 en pourcentage du PIB,
c’est qui signifie que la modicité de la production nationale est dû au simple fait que l’Etat est
incapable de financé la production nationale vue la grandeur des dettes extérieure et
intérieure. Nous constatons encore que les investissements publics représentent 179276.4 en
pourcentage du PIB contre 6.888972 en pourcentage du PIB. Cette situation est due par le fait
que le système fiscal appliqué n’est pas favorable aux investissements privés c’est qui fait que
le investisseurs privés n’investissent pas en vue de promouvoir la production nationale et
améliorer la structure sur le marché du travail. Cependant le taux de change affiche une
moyenne de 1.740339 unité des devises locales par le dollar, qui est dû à la stabilisation qu’à
connu le cadre macroéconomique vers les années 1970-1978 mais aussi par une forte
dépréciation monétaire des années d’après indépendance. Le taux de croissance du PIB est en
moyenne évaluer à 1.775939% signifiant que le pays dépend significativement de l’extérieur
et le taux d’intérêt représente environ 5% en moyenne c’est qui n’incite pas les étranger à
venir investir au Congo.

Nous constatons par ailleurs, que la médiane de toutes nos observations se situe à 6,7 pour la
capacité d’absorption, à 100 pour le crédit aux secteurs privés, à 17,7 pour les dettes
extérieures, à 14 pour les dettes internes, la dette publique totale à médiane nulle, de même
que les investissements publics car la majorité des projets en terme d’investissement public ne
se réalise pas, à 6,8 des investissements privé, c’est qui signifie que malgré la mauvaise
politique fiscale, certains investisseurs étranger arrivent même à investir même si
72

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

l’environnement est incertain. Le taux d’échange effectif a aussi une médiane nulle, le taux de
croissance du PIB est à peu près à 9 tandis que le taux d’intérêt une médiane nulle. Par
ailleurs, nous remarquons que la capacité d’absorption à un écart type de 4,3 alors qu’il est de
162,7 pour les crédits aux secteurs privé, de 11,8 pour les dettes extérieures, de 22,34 pour les
dettes internes, de 25813,23 pour la dette publique totale, de 1145708 pour les
investissements publics, de 7.313116 pour les investissements privés, de 2,4 pour le taux de
change effectif, de 5 pour le taux de croissance du PIB et de 10,3 pour le taux d’intérêt.
Notons que la forte volatilité de l’écart type des investissements publics par rapport aux autres
indicateurs est liée aux périodes de forte instabilité politique et économique qu’a connue le
pays.

III.2. GRAPHIQUE DES VARIABLES

Graphique N°2 : évolution de la dette publique totale

DETOT
350
1970
EVOLUTION DETTE TOTALE

300
250 1971
200 1972
150 1973
100
1974
50
1975
0
1976
1978

1986
1970
1972
1974
1976

1980
1982
1984

1988
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002
2004
2006
2008
2010
2012
2014

-50

Source : Analyse avec Excel 2010

En analysant ce graphique nous constatons que c’es à partir de l’année 1988-1997 qu-il y a
une variation des dettes, de 1988 à 1989 une y a une forte croissance de la dette publique et
les variations s’observent encore en 1991-1993 puis encore une monté en 1996 après la prise
du pouvoir par L.D. KABILA. Après cette périod, c’est-à-dire vers les années 2007,
l’initiative IPPTE fait à ce que la dette de la RDC se reduise sensiblement.
73

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

Graphique N°3 : évolution de la dette extérieures

Source : Analyse avec Excel 2010


40
30
20
10
0

1970 1980 1990 2000 2010


annees

En analysant ce graphique, nous constatons que c’est en 1997 que la dette extérieure
commence sa montée suite à un nouveau régime politique qui va se mettre en place à la suite
d'une guerre qui a duré plus de six mois en apportant sa part de contribution dans le chaos
déjà installé. Cependant, dans le souci de reconstruire l'économie nationale, les nouvelles
autorités vont élaborer un plan appelé «Programme Triennal Minimum» ayant une enveloppe
évaluée à 4,5 milliards de dollars, dont 40% soit 1,8 milliard, devront être financés par
l'extérieur. Pour cette raison, il est important de passer au test de stationnarité.

Graphique N°4 : évolution de la dette interne

DETINTP
30
1970
25
Titre de l'axe

20 1971
15 1972
10
1973
5
0 1974
1972

1980
1970

1974
1976
1978

1982
1984
1986
1988
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002
2004
2006
2008
2010
2012
2014

1975
74

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

Source : Analyse avec Excel 2010

En observant ce graphique, nous constatons que la dette interne évolue en dent de scie ; nous
constatons que dès 1970 il y a un mouvement de haut en bas jusqu’à atteindre le point planché en
1990. En 1996, la dette au niveau intérieure atteint son point plafond (un niveau de surendettement
interne) jusqu’en 1998 lorsque Mzee Laurent Désiré KABILA prend l’initiative de payer petit à petit
les dettes enregistrées par le gouvernement sortant. Entre 1999 et 2001 juste après la mort du
président L.D.KABILA, le pays reprend de nouveau la crise, et la dette à l’interne reprend aussi son
mouvement d’oscillation.

Graphique N°5 : évolution des investissements publics

IGR
350
300 1970
250 1971
200
invest

150 1972
100 1973
50
1974
0
-50 1975
1996
1970
1972
1974
1976
1978
1980
1982
1984
1986
1988
1990
1992
1994

1998
2000
2002
2004
2006
2008
2010
2012
2014

Source : Analyse avec Excel 2010

En analysant le graphique relatif à l’évolution des investissements publics, nous remarquons


que ces derniers commencent à évoluer positivement à partir des années 1988 pour décroitre
encore et repartir à zéro à partir des années 1997, période pendant laquelle le pays traversait
des multiples crises politiques et économiques, mais aussi, période pendant laquelle le
pouvoir du Président MOBUTU est renversé et remplacer par Mzee KABILA.
75

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

Graphique N°6 : évolution du crédit aux secteurs privé

CREDR
1000
1970
800
1971
600
1972
crédit

400
1973
200
1974
0
1975

2008
1970
1972
1974
1976
1978
1980
1982
1984
1986
1988
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002
2004
2006

2010
2012
2014
-200

Source : Analyse avec Excel 2010

En jettant notre regard sur le graphique ci-haut, nous constatons que le crédit de l’Etat vis-à
vis des privés prend de l’anscenceur à partir des années 2008-2009 et cela est dû au fait que
pendant cette période, l’Etat voulait financé les éléctions mais aussi cherchait à réaliser
certains projets dans le cadre du cinq chantiers qui figurait dans dans le programme du
gouvernement de la République.

Graphique N°7 : évolution de la capacité d’absorption

CAPABS
30
1970
balance de paiement

25
20 1971
15 1972
10
1973
5
1974
0
1975
1970
1972
1974
1976
1978
1980
1982
1984
1986
1988
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002
2004
2006
2008
2010
2012
2014

-5

Source : Analyse avec Excel 2010

En analysant le graphique relatif à la capacité d’absorption qui est en fait le solde de la


balance de paiement qui incluent la consommation des ménages, la consommation des
76

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

entreprises et la consommation publique en aval, et en amont, les exportations moins les


importations, nous reamarquons que la tendance est croissante, mais la fréquence la plus
élevée est celle de l’année 1996 et, à partir de l’année 1997, après la guerre dite de libération,
il y a une baisse sensible, et après cette année l’évolution évolue en dant de scie.

Graphique N°8 : évolution du taux d’intérêt

TXINT
40
1970
30
taux d'intérêt

1971
20
1972
10
0 1973
1970
1972
1974
1976
1978
1980
1982
1984
1986
1988
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002
2004
2006
2008
2010
2012
2014
-10 1974

Source : Analyse avec Excel 2010

En analysant ce graphique, nous constatons que c’est seulement à partir de l’année 2005qu’il
y a un mouvement sur l’évolution du taux d’intérêt. A partir de 2007, la tendance du taux
d’intérêt est de baisser, puis il est revu à la hausse vers l’année 2010, pour reprendre la chute
juste vers l’année 2011.

Graphique N°9 : évolution du taux de change

évolution du taux de change par rapport au


PIB
1000
évolution du pib

500
TX CHG
PIB
0
1970
1972
1974
1976
1978
1980
1982
1984
1986
1988
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002
2004
2006
2008
2010
2012

-500

Source : Analyse avec Excel 2010


77

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

Au regard de ce graphique nous constatons que le taux de change évolue en sens contraire
avec le PIB réel par habitant pendant toute la période sous étude. En effet, pour toute les fois
où le taux de change est stable le PIB réel par habitant descendante et lorsque le taux de
change fluctue il ya stabilité du PIB réel par habitant.

Graphique N°10 : évolution des investissements privés

IPR
30
25 1970
investissement privé

20 1971
15 1972
10 1973
5
1974
0
1975
1970
1972
1974
1976
1978
1980
1982
1984
1986
1988
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002
2004
2006
2008
2010
2012
2014
-5

Source : Analyse avec Excel 2010

Au regard de ce graphique, nous constatons que les investissements privés évoluent en dents de scie
ou l’on constate quatre phases à savoir : la période des années 1970 à 1978 les investissements
privés étaient presque inexistant c’est là est dû au fait qu’en 1973 pendant la période de la
Zaïrianisation, période pendant laquelle le gouvernement de la deuxième République avait
chassé tous les investisseurs étrangers y compris même ceux de la Métropole. C’est
seulement à partir de 1979 qu’on constate le démarrage des investissements privé qui vont
décliner vers les années 1991-1994, pour prendre une croissance modérée vers les années
1995-1997, pour un nouveau déclin deux ans après avant de voir une nouvelle phase de
ralentissement de sa croissance en 2001. Néanmoins, étant donné que les variables ne sont
pas stationnaires, (voir annexe2), nous passons au test de stationnarité.
78

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

III.3. APPLICATION DE CERTAINS TESTS ECONOMETRIQUES


Tableau n°5 : Test de stationnarité

VARIABLES En Niveau En Différence Première DECISION

Valeur Valeur Valeur Valeur


tabulaire calculée tabulaire calculée

LOG CAPABS -2,929734 -2,396087 -2,931404 -9,951491 I(1)

LOG CREDR -2,929734 -3,836090 -2,931404 -9,587549 I(1)

LOG -2,929734 -0,410061 -2,931404 -5,999937 I(1)


DETEXTP

LOG -2,931404 -0,660584 -2,931404 -10,41957 I(1)


DETEXTPF

LOG -2,929734 -4,366992 -2,931404 -8,704281 I(1)


DETINTP

LOG DETOT -2,943427 3,840735 -2,931404 -15,69113 I (1)

LOG IGR -2,931404 138,6404 -2,935001 12,90025 I(1)

LOG IPR -2,929734 -5,989836 -2,931404 -10,85851 I(1)

LOG TEE -2,929734 -3,200144 -2,931404 -9,546531 I(1)

LOG TPIBR -2,929734 -3,979018 -2,931404 -9,996707 I(1)

LOG TXINT -2,929734 -2,333289 -2,931404 -8,730796 I(1)

Source : nos analyses à l’aide d’Eviews 7


*Significatif à 5%
Les résultats du tableau ci-dessus relatif au test de stationnarité montrent que toutes les
variables ne sont pas stationnaires en niveau (R. Bourbonnais, 2009, p.225), seulement 7
variables sont stationnaires à niveaux (Voir annexe1). Le test de stationnarité ADF consiste à
79

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

comparer pour chacune des variables la statistique ADF calculée à la statistique de la table;
l’hypothèse nulle (H0) pour ce test est l’existence d’une racine unitaire. Cette dernière veut
dire simplement que la série n’est pas stationnaire.

On accepte H0, lorsque la valeur de la statistique ADF (en valeur absolue) est inférieure à la
valeur tabulaire (en valeur absolue). On rejette H0 dans le cas contraire, les variables sont
stationnaires et il n’existe pas de racine unitaire. Les résultats du test de stationnarité en
différence première montrent que toutes les variables deviennent stationnaires en différences
premières car leurs valeurs ADF ou calculées pour chacune des variables sont en valeurs
absolues supérieures aux valeurs tabulaires.

a. Test de cointégration

Le test de cointégration a été mené sur des variables non stationnaires en niveau mais intégrée
dans le même ordre en différence première. Pour test la Co intégration de nos séries, nous
allons utiliser le critère de la Trace comme proposé par Johansen (1988). En effet, cette
approche permet d’identifier la relation d’équilibre de long terme entre deux ou plusieurs
variables en recherchant l’existence d’un vecteur de Co intégration c'est-à-dire s’assurer de la
convergence des sentiers de croissance des variables sur le long term
b.1. Analyse de la co-intégration de Johansen (Test de la Trace)

Date: 06/08/16 Time: 10:59


Sample (adjusted): 1972 2014
Included observations: 43 after adjustments
Trend assumption: Linear deterministic trend
Series: DETEXTP CAPABS CREDR DETINTP DETOT IGR IPR TEE
TPIBR TXINT
Lags interval (in first differences): 1 to 1

Unrestricted Cointegration Rank Test (Trace)

Hypothesized Trace 0.05


No. of CE(s) Eigenvalue Statistic Critical Value Prob.**

None * 0.999872 696.9164 239.2354 0.0000


At most 1 * 0.839629 311.5655 197.3709 0.0000
At most 2 * 0.805832 232.8641 159.5297 0.0000
At most 3 * 0.746797 162.3857 125.6154 0.0000
At most 4 * 0.545751 103.3225 95.75366 0.0136
At most 5 0.487816 69.39077 69.81889 0.0540
At most 6 0.364541 40.62069 47.85613 0.2010
At most 7 0.292361 21.12417 29.79707 0.3500
80

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

At most 8 0.118443 6.253832 15.49471 0.6655


At most 9 0.019186 0.833010 3.841466 0.3614

Trace test indicates 5 cointegrating eqn(s) at the 0.05 level


* denotes rejection of the hypothesis at the 0.05 level
**MacKinnon-Haug-Michelis (1999) p-values

Nous avons appliqué ce test pour les variables non stationnaires à niveau mais intégrées du
même ordre en différence première. Ainsi, pour les variables analysées et intégrées du même
ordre (1) sont entre autres : la croissance du taux du PIB réel, la part de la dette interne sur le
PIB, l’investissement public réel, la dette publique totale, le taux de change effectif réel, la
capacité d’absorption, le taux d’intérêt, l’investissement privé réel et le crédit au secteur privé.

Le test de cointégration de Johansen propose des estimateurs du maximum de vraisemblance


pour tester la cointégration des séries, effectue un test de rang de cointégration. Ainsi, comme
le rang de cointégration pour nos séries est égal à 9, nous affirmons que nos séries sont
cointégrées, c'est-à-dire en RDC, pendant la période de 1970 jusqu’en 2014, les variables
sous-études macroéconomiques présentent une certaine relation à long terme.

Si le test de Co intégration permet de détecter la présence d’une relation de long terme entre
les variables, il est aussi important de connaitre l’évolution à court et moyen terme de cette
relation. L’outil nécessaire pour parvenir à une telle fin est le modèle à correction d’erreur
dont l’objectif est d’éliminer l’effet de vecteur de Co intégration, d’une part, et de rechercher
la liaison réelle entre les variables, d’autre part.

Ainsi, le modèle d’identification des indicateurs avancés de la relation entre la dette publique
et l’investissement privé fait intervenir un mécanisme d’ajustement dynamique vers une cible
de long terme. Les relations entre les variables de l’équation (1) peuvent être représentées à
l’aide d’un modèle vectoriel à correction d’erreur sous la forme suivante :

p i
'X t ¦ E 'X
i 1
t t i  SX t i  H t

Avec
81

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

Xt (TPIBR t , DETOTt , DETINTPt , IGRt , CREDRt , CAPABS t , TXINTt , TEEt , IPRt )T

Soit le vecteur des variables où T désigne la transposé de X t ;

SX t i : désigne la dynamique de long terme. La matrice S permet de décrire les effets de long
terme. A partir de la procédure de Johansen la matrice S peut être réécrite sous la forme
S DE T où la matrice D est la force de rappel vers l’équilibre, il doit être significatif et
nécessairement compris entre -1 et 0. Elle mesure la vitesse d’ajustement aux équilibres de
long terme et E T constitue le vecteur de Co intégration. Il s’agit donc de la matrice dont les
éléments sont les coefficients des relations de long terme des variables.

H t : Vecteur des erreurs ‫׽‬N ( 0, Σ) c'est-à-dire normalement distribuée;


' : Opérateur de différence première ; et

i et S désignent respectivement les matrices des coefficients de court terme et long terme.
D’où le modèle de cointégration normalisé suivant :
82

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

1 Cointegrating Log
Equation(s): likelihood -2026.576

Normalized cointegrating coefficients (standard error in


parentheses)
DETEXTP CAPABS CREDR DETINTP DETOT IGR IPR TEE TPIBR TXINT
1.000000 -1.291620 -0.034937 0.115657 -0.000932 -0.008906 0.807078 2.886069 0.539991 -0.841446
(0.34307) (0.00942) (0.06131) (0.00011) (3.5E-05) (0.17974) (0.72475) (0.27360) (0.14442)

Log (DETPUBEX) = -1.291620 CAPABS - 0.034937 CREDR+ 0.115657 DETINTP- 0.000932 DETOT- 0.008906 IGR + 0.807078
IPR+2.886069 TEE+ 0.539991 TPIBR -0.841446TXINT

Le modèle ci-haut montre l’évolution entre ces neuf séries des variables et renseigne que une augmentation de 1% de la dette publique engendre
une diminution de 0.115657 % de la publique extérieure. Par contre, l’augmentation de 1% des investissements privés réel entraine une
augmentation de 0.807078 % de la dette publique extérieure. Par ailleurs, l’augmentation de 1% du taux de change effectif engendre 0.539991 %
de l’augmentation de la dette publique extérieure et une diminution de 1% de la dette publique extérieure engendre une augmentation de
0.539991 % du PIB réel. Alors qu’une diminution de 1% respectivement de la capacité d’absorption, du crédit au secteur privé, de la dette
publique totale, investissement public réel et du taux d’intérêt engendre respectivement une augmentation de la dette publique de 1.291620 %,
0.034937 %, 0.008906 %,0.008906 et -0.841446.
83

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

1. RESULTATS DE L’ESTIMATION DU VECM (Modèle vectoriel à correction


d’erreurs

Après avoir fait dans un premier temps les tests sur les séries notamment la stationnarité et la
Co intégration ; nous allons alors analyser les résultats du modèle vectoriel à correction
d’erreur. Si le test de cointégration permet de détecter la présence d’une relation de long
terme, il est aussi important de connaitre l’évolution à court terme de cette relation. L’outil
nécessaire pour parvenir à une telle fin est le modèle à correction d’erreur dont l’objectif est
de retirer la relation commune de cointégration d’une part et de rechercher la liaison réelle
entre les variables, d’autre part. Autour de la relation de long terme, le modèle à correction
d’erreur permet d’intégrer les fluctuations de court terme [R. Bourbonnais (1998), p.283-
284]. Engle et Granger (1987) ont démontré que toutes les séries Co intégrées peuvent être
représentées à l’aide d’un modèle vectoriel à correction d’erreur.

Cela dit, les résultats de l’estimation du modèle vectoriel à correction d’erreur qui donne tant
la dynamique de long terme ainsi que celle de court terme est synthétisé dans le tableau
suivant :

Tableau n°6 : RESULTATS DE L’ESTIMATION DU MODELE VCM


Dépendent Variable: D(DETEXTP)
Method: Least Squares
Date: 06/14/16 Time: 15:49
Sample (adjusted): 1972 2014
Included observations: 43 after adjustments
D(DETEXTP) = C(1)*( DETEXTP(-1) - 1.29164395047*CAPABS(-1) -
0.0349379972321*CREDR (-1) + 0.539949134234*TPIBR (-1) -
0.841419510989*TXINT (-1) + 0.115668228621*DETINTP (-1) -
0.000932338251742*DETOT (-1) - 0.00890598475572*IGR (-1) +
0.807155642141*IPR (-1) + 2.88620630212*TEE (-1) + 1653.78814312
) + C(2)*D(DETEXTP(-1)) + C(3)*D(CAPABS(-1)) + C(4)*D(CREDR(-1))
+ C(5)*D(TPIBR(-1)) + C(6)*D(TXINT(-1)) + C(7)*D(DETINTP(-1)) + C(8)
*D(DETOT(-1)) + C(9)*D(IGR(-1)) + C(10)*D(IPR(-1)) + C(11)*D(TEE(
-1)) + C(12)

Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

C(1) 0.001843 0.000779 2.365310 0.0245


C(2)
LOGDETEXTP 0.177213 0.212418 0.834263 0.4105
C(3) LOGCAPABS -0.060137 0.107400 -0.559933 0.5795
C(4) LOGCREDR 0.007793 0.002527 3.083369 0.0043
C(5) LOGTPIBR 0.031685 0.053495 0.592298 0.5579
84

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

C(6) LOGTXINT 0.104193 0.047472 2.194813 0.0358


C(7) LOGDETINTP 0.018263 0.012416 1.470833 0.1514
C(8) LOGDETOT 1.85E-05 1.05E-05 1.765614 0.0873
C(9) LOGIGR 1.65E-05 6.91E-06 2.384765 0.0234
C(10) LOGIPR -0.046933 0.033896 -1.384627 0.1761
C(11) LOGTEE -0.015501 0.138404 -0.111995 0.9115
C(12) -2.373080 1.215084 -1.953018 0.0599

R-squared 0.489854 Mean dependent var 0.783474


Adjusted R-squared 0.308834 S.D. dependent var 2.191842
S.E. of regression 1.822219 Akaike info criterion 4.268914
Sum squared resid 102.9349 Schwarz criterion 4.760411
Log likelihood -79.78164 Hannan-Quinn criter. 4.450163
F-statistic 2.706078 Durbin-Watson stat 2.050109
Prob(F-statistic) 0.014378
Source : Estimation faite à l’aide du logiciel Eviews 7

Le tableau ci-dessus désigne l’estimation du modèle VECM ou du modèle de court terme. En


effet, les résultats y relatifs démontrent que quatre variables prises individuellement sont
significatives. Il s’agit de D(CREDR(-1)), DTXINT(-1 )), D(DETOT(-1)) et D(IGR(-1)), ces
variables sont significatives au seuil de 5% (Leurs P-value sont inférieures à 0,05). Nous
observons par rapport aux coefficients des variables, DTXINT (-1)), D (DETOT (-1)) et D
(IGR (-1)) exercent une influence négative sur la dette publique externe, mais par contre (D
(CREDR (-1)) exercent une influence positive sur le la dette publique externe.

En outre, on observe que le coefficient du modèle de cointégration ou coefficient de force de


rappel vers l’équilibre(C1) est négative (-0.001843) mais significatif car prob. (0.0245)
inférieur au seuil de 5%. Cela signifie que qu’il y a de relation de causalité de long terme ou
de cointégration allant des variables indépendantes (TXINT, DETOT, CREDR, IGR, ) vers la
part de la dette extérne.

Le R-Squared (0.489854 = 48,98%) nous donne une idée sur le pouvoir explicatif du model
par les variables indépendantes ; alors que le F-statistic indique dans l’ensemble que le model
est globalement bon. Le Durbin-Watson stat montre qu’il y a absence d’auto corrélation des
erreurs.

2. TESTS SUR LES RESIDUS DUMODELE

Cette section consistera aux différents tests nécessaires à la validation du modèle estimé par
les MCO (Moindres Carrés Ordinaires). Il s’agira de différents tests sur les résidus (normalité,
homoscédasticité et absence d’autocorrélation des résidus.
85

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

TEST SUR LA CORRELATION DES SERIES

3. TESTS SUR LES RESIDUS DUMODELE

Cette section consistera aux différents tests nécessaires à la validation du modèle estimé par
les MCO (Moindres Carrés Ordinaires). Il s’agira de différents tests sur les résidus (normalité,
homoscédasticité et absence d’autocorrélation des résidus.

TEST SUR LA CORRELATION DES SERIES

Breusch-Godfrey Serial Correlation LM Test:

F-statistic 3.704377 Prob. F(1,34) 0.0627


Obs*R-squared 4.421157 Prob. Chi-Square(1) 0.0535

Sources: nos analyses à l’aide d’Eviews 7

Les résultats ci-haut nous montrent que la statistique de Fisher est de 0,724457 avec une
probabilité associée de 0,0627 et la probabilité de Chi-Square de 0,0535 supérieure au seuil
de 5% ; nous acceptons ainsi l’hypothèse nulle de la non corrélation des séries.

TEST SUR L’HOMOSCEDASTICITE DES RESIDUS

Heteroskedasticity Test: Breusch-Pagan-Godfrey

F-statistic 1.643606 Prob. F(4,40) 0.1823


Obs*R-squared 6.352180 Prob. Chi-Square(4) 0.1743
Scaled explained SS 2.907044 Prob. Chi-Square(4) 0.5735

Sources: nos analyses à l’aide d’Eviews 7

Les résultats ci-haut nous montrent que la statistique de Fisher est de 1, 643606 avec une
probabilité associée de 0,1823 et la probabilité de Chi-Square de 0,1743 supérieures au seuil
de 5% ; nous acceptons ainsi l’hypothèse nulle de la non corrélation des séries.
86

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

TEST SUR L’HOMOSCEDASTICITE DES RESIDUS

6
Series: Residuals
Sample 1970 2014
5 Observations 45

4 Mean -4.00e-15
Median -0.478635
Maximum 11.18568
3 Minimum -8.769333
Std. Dev. 5.095304
Skewness 0.287546
2
Kurtosis 2.388398

1 Jarque-Bera 1.321479
Probability 0.516469

0
-8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8 10 12

Sources: nos analyses à l’aide d’Eviews 7

Les résultats du graphique ci-dessus relatifs à la distribution des résidus attestent que la
statistique de Jarque-Bera est de 1,321479 avec une probabilité associée de 0,516469
supérieure au seuil de 5% ; ceci dit, nous acceptons l’hypothèse nulle de normalité de la
distribution des résidus. Les résidus sont donc normalement distribués. Ces différents tests
sur les résidus ci-dessus nous permettent de valider notre modèle expliquant la dette publique
extérieure de la RDC durant la période sous-étude.

4. DISCUSSIONS DES RESULTATS

Comparativement aux résultats de l’étude menée par José M, (2008), déterminant de


l’endettement public extérieur de l’économie Congolaise et se basant sur les principaux
résultats des recherches sur l’endettement public, ces derniers ont montré que le paiement du
service de la dette a été et restera un obstacle à la croissance économique à travers son impact
négatif sur l'investissement. En analysant les résultats obtenus par José, à partir de différentes
estimations de la relation de long terme et de court terme, au terme des régressions, il a trouvé
que l'on arrive à ajuster 59% du déséquilibre entre le niveau désiré et effectif de l'encours de
la dette en pourcentage du produit intérieur brut. Dans cette relation de court terme, on
observe que la variable taux de croissance du PIB est significative à 1% et avec un coefficient
de (0,072). Cela montre qu'à court terme une amélioration de 10% de la variable à la
moyenne de l'échantillon on obtient une réduction de 5,56% de la dette extérieure sur PIB.
L'effet de court terme est supérieur à l'effet de long terme de la même variable. Donc pour
réduire le niveau de l'endettement il faut agir dans le court terme et il y a que deux façons
pour le faire : soit augmenter l'aide publique au développement ou soit l'allègement du service
87

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

de la dette. Car d'un côté le taux d'investissement est faible et de l'autre côté le paiement du
service de la dette fait augmenter la dépendance de l'économie face à l'endettement extérieur.

L'analyse du test conjoncturel montre que la relation estimée a connu un choc aléatoire faisant
une variation multi variée écartant les résidus dans ses intervalles de normalité, cela nous
pousse à dire que l'estimation faite dans sa globalité est bonne quel que soit ce choc aléatoire
subit par la chronique durant la décennie notamment en 1992 - 93. Cela s'expliquerait par un
changement brutal des conditionnalités de la dette extérieure couplé d'une chute vertigineuse
du PIB soit -8% en 1992, avec son pic de -13% en 1993 et cela par la cessation de paiement
de service dette suite à l'obsolescence des fondamentaux macroéconomiques congolais. De
notre côté, nous avons trouvé, en utilisant une évaluation empirique de la relation entre la
dette publique et l’investissement privé dans le contexte de la RDC sur les données annuelles
pour la période allant de 1070 à 2014, les résultats trouver à partir de l’évaluation empirique
acquise par le test d’ADF, le test de cointégration (le critère de trace), les tests sur les résidus
du modèle et le modèle à correction d’erreurs ; démontre qu'en RDC pendant toute la période
sous étude, toute les variables présentent une relation à long terme. Ce test montre que par
rapport aux coefficients des variables, DTXINT (-1)), D (DETOT (-1)) et D (IGR (-1))
exercent une influence négative sur la dette publique externe, mais par contre (D (CREDR (-
1)) exercent une influence positive sur le la dette publique externe. Ainsi donc, ces mêmes
résultats démontrent qu’il existe à court terme une relation entre la dette publique et
l’investissement privé prouve que la dette externe affecte significativement et positivement
l'investissement privé (effet de levier) mais à long terme la dette totale exerce un effet
d'éviction sur l'investissement privé.
88

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

CONCLUSION

Dans le cadre de ce travail, nous devions lever l'indétermination théorique qui entourait la
relation entre la dette publique et l'investissement privé, en prenant comme étude de cas la
République Démocratique du Congo. L’objectif de cette étude était d’évaluer les facteurs qui
déterminent l'investissement privé en RDC et analyser l'effet d'éviction ou de levier de la dette
publique sur l'investissement privé.

En effet, pour valide cet objectif, nous sommes partis de la problématique axée sur les
questions de savoir quelle nature présente le lien entre l'endettement public et
l'investissement privé en RDC? Spécifiquement, il s'agissait de savoir si la dette publique
exerce un effet d'éviction ou un effet de levier sur l'investissement privé en République
Démocratique du Congo?

Pour le faire, nous avons prétendu à priori que la dette publique influence significativement
l'investissement privé. Aussi, la dette publique exerce un effet mitigé sur l'investissement
privé, il peut être vertueux ou pervers. Afin de tester ces différentes hypothèses, nous avons
utilisé un modèle économétrique accès sur le « MCO» dans le cadre d'une modélisation à
correction d'erreur. Nous avons en outre fait recours à la méthode explicative et la méthode
analytique. Ces méthodes ont été soutenues par la technique documentaire ainsi que l’analyse
économétrique, nous facilitant ainsi la construction du modèle et la validation des résultats.
Aussi, la vérification de ces hypothèses sera appréhendée par les résultats et évidement les
coefficients des variables du modèle en seront une vraie explication.

D’une part que la dette publique influence significativement l'investissement privé, d'autre
part, elle exerce soit un effet de levier soit un effet d'éviction sur l'investissement privé. Les
différentes spécifications nous donnent divers résultats. La dette publique externe influence
significativement et positivement l'investissement privé à court terme. Tandis qu'à long terme
la dette publique totale affecte négativement et significativement l'investissement privé. En
RDC, l'effet de levier de la dette publique sur l'investissement privé prévaut à court terme et
cède la place à long terme à l'effet d'éviction. Aussi, tenant compte de la vitesse rapide de
retour à l'équilibre de long terme, l'investissement privé se définit-il comme une variable de
choix pour la relance économique, à condition de procéder à la modification appropriée de ses
déterminants.
89

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

Nous terminons notre réflexion par l'examen des recommandations. Elles mettent l'accent sur
les cadres d'actions et de stratégies, à savoir.

- Mettre en place un cadre adéquat pour stimuler la croissance économique, le


partenariat public-privé, le cadre institutionnel et réglementaire, le problème de choix
des créanciers et la gestion de la dette publique dans son ensemble.
- Les autorités publiques doivent accentuer d'ardeur au niveau de la qualité des
dépenses. La quantité étant partiellement assurée au vu des vastes projets
d'investissement que connaît la RDC, aussi les secteurs cibles étant bien définis
conformément aux exigences des bailleurs de fonds. Il reste à crédibiliser notre
politique de développement pour le long terme, en améliorant la qualité des
infrastructures publiques et des investissements privés, source de compétitivité
mondiale. Il s'agit notamment de l'Education, la Santé et des Infrastructures.
- Pour stimuler la croissance économique, les autorités publiques doivent user de la
bonne gestion macro-économique et du renforcement des investissements privés. La
contrainte de surendettement étant en partie levée avec l'atteinte du point
d'achèvement, il est inévitable que le biais antiréforme se trouve résolu. Les autorités
publiques peuvent donc engager des réformes structurelles et budgétaires qui
pourraient accélérer la croissance économique du pays et améliorer la situation de ses
finances publiques. En effet, la mise en œuvre des politiques macro-économique et
structurelle intégrant les politiques commerciales, fiscales et sectorielles contribuent à
un environnement stable pour l'activité économique. Ces réformes économiques
influencent davantage les incitations à investir. Il est reconnu que les pays qui
entreprennent de bonnes politiques macro-économiques et ayant des structures
économiques favorables au fonctionnement du marché peuvent connaître une
croissance économique relativement souple et stable.
- La mise en place des partenariats spécifiques entre tous les acteurs du développement.
Dans ce nouvel environnement où l'Etat joue le rôle de facilitateur et de régulateur de
l'activité économique, le renforcement d'un partenariat entre l'Etat et le secteur privé
implique, en amont la mise en place d'un environnement favorable aux
investissements et en aval l'amélioration des recettes de l'Etat. De ce fait, les
investissements dans le secteur public jouant comme levier du secteur privé, le
renforcement du partenariat privé- public en matière d'investissement, pourrait
90

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

permettre une meilleure lisibilité des projets d'investissements, des gains collectifs en
matière de collecte d'impôts et de fourniture de facilités d'investissement, la réduction
des distorsions économiques et des asymétries d'information entre secteur privé et
public.
- Les autorités publiques doivent assurer la bonne gouvernance, qui, apparaissent
aujourd'hui nécessaires pour que la RDC pour surmonte les contraintes liées au
problème fondamental du développement. S'il est vrai qu'à court terme la dette externe
est un levier pour l'investissement privé, le cadre institutionnel et réglementaire influe
sur l'efficacité du secteur privé. En effet, l'Etat de droit (le pouvoir judiciaire et la
police) et la réduction de la corruption sont autant de facteurs qui accordent le droit à
l'égalité des chances et pour lesquels la pleine participation de la société au
développement reste très sensible.
- Le financement extérieur des investissements en RDC doit être de source officielle.
Les créanciers nationaux ne sont pas des intermédiaires efficaces pour le financement
des investissements à long terme, lesquels sont pourtant indispensables pour les pays
pauvres : Problème de choix des créanciers. Un fort endettement qui ne s'accompagne
pas d'investissements productifs reste désastreux tant pour les créanciers que pour les
emprunteurs. De ce fait, il est important pour La RDC de mettre à profit son
endettement public. Les retombées des investissements, pour la plupart, se situent dans
un horizon suffisamment long. Les investissements réalisés à court terme, grâce aux
financements extérieurs, doivent générer des profits conséquents pour financer les
investissements à long terme et permettre à l'Etat d'honorer à ses engagements
financiers. Cet enchaînement vertueux sera accentué par la complémentarité entre
investissement public et privé.

Au total, comme tout travail scientifique, notre étude pourrait comporter des bémols parfois
inhérents à l'exploitation des données socio-économiques, surtout de source secondaire. C'est
pourquoi nos recommandations et interprétations doivent être analysées avec circonspection.
91

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE EN RDC : Effet de levier versus effet d’éviction 1970-2014

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- Lonzo Lubu Gastonfils, Dépenses publiques et croissance économique en RDC, sdn.
- LUBULA, M.E., Hypothèse de non- neutralité de la dette publique, Vérification
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- NDUNGU, M.A., les déterminants de la dette extérieure de la République
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- Rapport BCC 2014.
- Rapport FMI, 2013 et 2014.
- Romalahy, I et R. Laza, Etude sur la promotion de l’investissement à Madagascer,
Cahier des recherches en Analyses Economique, n°12/2008.
- WDI 2015.
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