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Acta Botanica Gallica


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Évaluation de la biomasse et analyse


des huiles essentielles de trois
variétés de basilic (Ocimum basilicum
L.) cultivées au Maroc
a b c
Abdeljalil Belkamel , Jamal Bammi , Valérie Janneot ,
d d b
Abdelfettah Belkamel , Youssef Dehbi & Allal Douira
a
Département de biologie, Faculté des sciences et techniques,
BP 549, Marrakech, Maroc
b
Laboratoire de botanique et de protection de plantes,
Faculté des sciences, BP 133, Kénitra, Maroc
c
PHYTOTAGANTE, Naturopole, F-66350, Toulouges
d
NECTAROME, BP 142, Tnine Ourika, Haouz, 40000, Marrakech,
Maroc
Published online: 26 Apr 2013.

To cite this article: Abdeljalil Belkamel , Jamal Bammi , Valérie Janneot , Abdelfettah
Belkamel , Youssef Dehbi & Allal Douira (2008) Évaluation de la biomasse et analyse des huiles
essentielles de trois variétés de basilic (Ocimum basilicum L.) cultivées au Maroc, Acta Botanica
Gallica, 155:4, 467-476, DOI: 10.1080/12538078.2008.10516126

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Acta Bot. Gallica, 2008, 155 (4), 467-476.

Évaluation de la biomasse et analyse des huiles essentielles de trois


variétés de basilic (Ocimum basilicum L.) cultivées au Maroc

par Abdeljalil Belkamel(1), Jamal Bammi(2), Valérie Janneot(3), Abdelfettah Belkamel(4),


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Youssef Dehbi(4) et Allal Douira(2)

(1) Département de biologie, Faculté des sciences et techniques, BP 549, Marrakech, Maroc
(2) Laboratoire de botanique et de protection de plantes, Faculté des sciences, BP 133, Kénitra,
Maroc
(3) PHYTOTAGANTE, Naturopole, F-66350 Toulouges
(4) NECTAROME, BP 142, Tnine Ourika, Haouz 40000, Marrakech, Maroc

arrivé le 5 octobre 2007, accepté le 15 janvier 2008

Résumé.- La présente étude porte sur les productions de biomasse et celle des
huiles essentielles de trois variétés de basilic cultivées au Maroc : le pourpre, le
grand vert et le fin vert nain. Les résultats obtenus montrent que la variété
pourpre présente la biomasse foliaire la plus élevée. La comparaison des
moyennes des concentrations en huile essentielle prises pendant cinq périodes
de coupe, de juillet à décembre, montre que c’est le basilic fin vert nain qui enre-
gistre le maximum en huile essentielle par rapport aux deux autres variétés. Par
ailleurs, l’analyse quantitative et qualitative de la composition chimique des
huiles essentielles montre que les principaux composants identifiés dépassent
les 70% de la masse totale des huiles essentielles des trois variétés étudiées et
que les mêmes composés chimiques sont présents dans les trois variétés, sauf
que les concentrations sont différentes et varient en fonction des périodes de
coupe. Les composés majoritaires sont le linalol, l’élémène et le 1-8-cinéole.

Mots clés : basilic - biomasse foliaire - huile essentielle - linalol - 1-8-cinéole -


élémène.

Abstract.- The present study relates the productions of biomass and of essen-
tial oils of three cultivated varieties of basil in Morocco: crimson, great green and
fine dwarf green. The results show that the crimson variety presents the highest
foliar biomass. The comparison of the averages of essential oil concentrations at
five cut periods, from July to December, shows that fine dwarf green basil
records the maximum out of essential oil. In addition, the quantitative and quali-
tative analysis of the chemical composition shows that the main identified com-
ponents exceed 70% of the total mass of essential oils of the three studied
varieties. The same chemical compounds are present in the three varieties, but
in different concentrations varying according to the periods of cut. The main com-
pounds are linalol, elemene and 1-8-cinéole.

Key words : basil - foliar biomass - essential oil - linalool - 1-8-cinéole - ele-
mene.
468

I. INTRODUCTION

Originaire d’Asie méridionale, d’Iran et du Moyen-Orient, le genre Ocimum compte des


dizaines d’espèces, de sous-espèces et de variétés. Il contient des espèces très polymorphes
et il existe plusieurs hybrides et variétés différents (Mailhebiau, 1997). Le basilic est spon-
tané dans plusieurs contrées subtropicales et largement utilisé comme aromate. Cette plan-
te herbacée annuelle de la famille des Lamiacées atteint 40 à 60 cm de hauteur. Ses tiges
anguleuses et ramifiées portent des feuilles opposées de forme ovale à oblongue et de cou-
leur généralement verte à l’aspect brillant. Les fleurs blanches ou rosées, formant des glo-
mérules lâches au sommet de la tige, apparaissent de juin à septembre (Rey, 2002).
Teuscher et al. (2005) signalent l’existence d’environ 60 cultivars qui se distinguent par la
forme, la couleur et la dimension de leurs feuilles ainsi que par leur parfum.
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Au Maroc, des plantations industrielles de basilic, pour la production et l’exportation de


la plante séchée, existent dans la région d’Agadir (Bellakhdar, 1997).
Du point de vue thérapeutique, le basilic est tonique et stimulant général, eupeptique,
carminatif, hépato-stimulant, neurotonique, anti-infectieux modéré, contre les insuffi-
sances hépato-biliaires, les aérogastries, les gastrites et les ulcères. Il est réputé aussi contre
les cystites colibacillaires, les congestions prostatiques et utérines, contre les insuffisances
coronariennes, les coronarites, les arythmies, l’artériosclérose, l’hypotension, contre les
eczémas secs, la dépression nerveuse, l’asthénie, la faiblesse des corticosurrénales
(Franchomme & Penoël, 1990). On administre son huile essentielle ou l’infusé contre la
gastrite, la constipation, les crampes d’estomac et les vomissements. L’essence et l’herbe
s’emploient contre le rhume ou les inflammations des muqueuses du tractus uro-génital
(Van Hellemont, 1986).
Dans l’usage traditionnel marocain, le basilic est pris en tisane contre les sinusites, les
tachycardies, les hémorroïdes, les maux de ventre, l’aérophagie (Bellakhdar, 1997).
Dans ce travail, nous avons réalisé différentes mesures sur trois variétés de basilic : le
basilic pourpre, le basilic grand vert et le basilic fin vert nain, tout en les comparant pen-
dant une période de cinq mois, du 31 juillet au 31 décembre. Par ailleurs, nous avons réa-
lisé des analyses de l’huile essentielle de trois variétés de basilic.
Il est important de situer les variétés de basilic cultivées au Maroc par rapport à celles
cultivées dans la région méditerranéenne et en Afrique subsaharienne dans le but de les
valoriser à long terme à travers une production maîtrisée. Cela nécessite dans un premier
temps une connaissance préalable des différents types chimiques de ces variétés de basi-
lic.

II. MATÉRIEL ET MÉTHODES

A. La culture et les coupes


Nous avons cultivé trois variétés de basilic (fin nain, grand vert et pourpre) sur une par-
celle de 200 m2 au sein du jardin bio-aromatique d’Ourika se situant à Tnine Ourika, à 35
km au sud-est de Marrakech, à une altitude de 840 m (Marrakech est à environ 500 m d’al-
titude).
Le basilic, sensible au froid, n’a pas résisté aux températures trop basses du mois de jan-
vier-février. On a donc repris sa culture à la fin du mois de février en pépinière. Les semis
ont été pratiqués à la volée en mélangeant les graines à la terre éparpillées ensuite sur toute
la planche. C’est une méthode qui s’est avérée favorable à la levée de jeunes plants. Le
séjour en pépinière a duré trente jours. Les transplantations ont été effectuées au début du
469

mois d’avril dans une parcelle de 200 m2. La mise en culture des plants de basilic a été réa-
lisée en respectant des distances de 0,4 m entre les pieds, soit une densité de
0,40 x 0,40 m2. Cela permet d’avoir une moyenne de 62 500 pieds à l’hectare.
Le basilic préfère les sols légers, humifères semi-hydromorphes à hydromorphes tem-
porairement (El Koutbi, 2000) et exige des endroits chauds et ensoleillés, à l’abri du vent
et du froid.
Des coupes régulières ont été effectuées selon un calendrier précis. Dans la suite de ce
travail, nous désignons par C les dates des coupes, en respectant les notations suivantes :
C1 : coupe du 31 juillet 2001
C2 : coupe du 30 août 2001
C3 : coupe du 30 septembre 2001
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C4 : coupe du 31 octobre 2001


C5 : coupe du 31 décembre 2001

B. Distillation des huiles essentielles


La méthode d’extraction adaptée est l’hydrodistillation. La biomasse, préalablement
séchée par étalage à l’ombre dans la salle de séchage, est distillée pendant deux heures.
Cette durée a été choisie après de nombreux essais préliminaires effectués sur le même
type de matériel végétal. Après décantation, l’huile essentielle surnageante est récupérée
par une seringue, puis conservée dans des flacons de verre soigneusement fermés, à l’abri
de la lumière et sous une température de 4 à 6 °C, afin d’éviter toute altération de l’essen-
ce avant l’analyse chromatographique.

C. Chromatographie en phase gazeuse couplée à la spectrométrie de masse


L’analyse quantitative des huiles essentielles a été effectuée à l’aide d’un chromato-
graphe en phase gazeuse Hewlett-Packard type HP 6890, muni d’un détecteur à ionisation
de flamme (FID), d’une colonne capillaire HP-1701 (14% Cyanopropyl Phenyl Methyl),
de 30 m de longueur, 0,25 mm de diamètre interne et 0,25 μm d’épaisseur de film. La tem-
pérature de la colonne est programmée de 50 à 250 °C à raison de 2 °C/min jusqu’à 210 °C,
puis à raison de 5 °C jusqu’à 250 °C. L’isotherme initiale est 50 °C pendant 2 min. Le chro-
matographe en phase gazeuse est couplé à un spectromètre de masse Hewlett-Packard type
HP 6890. Le gaz vecteur est l’hélium avec un débit de 1 ml/min. Les huiles essentielles
sont diluées à l’éther de pétrole à 10% d’acétone et injectées automatiquement à un volu-
me de 1 µm, géré en mode de split. Le débit du gaz vecteur (azote) est fixé à 1 ml/min. Les
résultats sont traités par un intégrateur Hewlett-Packard 71 et l’identification des consti-
tuants est faite à travers la comparaison de leur spectre de masse à ceux des spectres de
référence d’une librairie informatisée NBS75K.L.

D. Paramètres mesurés
Afin de mieux connaître la variété du basilic la plus appropriée par rapport à ce bioto-
pe de l’Ourika, nous nous sommes intéressés à la mesure de cinq éléments tout au long des
cinq mois réservés à cette étude. Les paramètres mesurés sont : les hauteurs des plants, les
surfaces foliaires, les poids secs et les poids frais et les rendements en huiles essentielles.
Les coupes ont été réalisées chaque mois sur des pieds indépendants. Chaque mois, les
coupes ont eu lieu sur des pieds nouveaux qui n’ont pas été touchés par la coupe précé-
dente.
La biomasse récoltée pour chaque coupe est pesée à l’état frais puis soumise à l’extra-
ction des huiles essentielles après séchage.
470

III. RÉSULTATS ET DISCUSSION

A. Comparaison des biomasses et des taux d’humidité chez les trois variétés de
basilic
Les mesures ont concerné la comparaison des poids des feuilles en grammes par plant.
Les hauteurs des plants et les surfaces foliaires ont aussi été mesurées (Tableaux I à IV).

Tableau I.- Comparaison des poids frais en g/plant chez les trois variétés de basilic.
Table I.- Comparison of the fresh weights in g/plant of the three varieties of basil.
Variété de basilic C1 C2 C3 C4 C5 moyenne écart type

Pourpre 123,25 174 257,5 272,75 276,75 220,85 61,45


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Fin vert nain 85,56 92,75 105 107 122,5 102,56 12,71
Grand vert 62,75 75,75 103,25 119,25 145,25 101,25 101,25

Tableau II.- Comparaison des poids secs en g/plant chez les trois variétés de basilic.
Table II.- Comparison of the dry weights in g/plant of the three varieties of basil.
Variété de basilic C1 C2 C3 C4 C5 moyenne écart type

Pourpre 46,25 54,25 83,5 89 92,25 73,05 18,99


Fin vert nain 21,75 25,25 34,25 36 46,25 32,7 8,62
Grand vert 20,75 24,75 35,25 40,5 44,75 33,2 9,13

Tableau III.- Hauteurs des plants en fonction des périodes de coupe (cm).
Table III.- Heights of the seedlings according to the periods of cut (cm).
Variété de basilic C1 C2 C3 C4 C5 moyenne écart type

Pourpre 36,75 43 54 59 59,75 50,5 9,11


Fin vert nain 13,75 16,75 21 23 24,75 19,85 4,05
Grand vert 23,5 25,5 29,5 32,75 37,75 29,8 5,1

Tableau IV.- Comparaison des surfaces foliaires des plants (cm2).


Table IV.- Comparison of the leaf surfaces of the seedlings (cm2).
Variété de basilic C1 C2 C3 C4 C5 moyenne écart type

Pourpre 816,45 1131,54 1537,05 1982,17 2001,94 1493,83 466,6


Fin vert nain 182,56 226,87 275,97 406,29 500,48 318,43 117,9
Grand vert 346,18 388,62 433,51 530,66 582,91 456,38 88,07

Il ressort de ces résultats que la variété pourpre présente la moyenne la plus élevée de
poids frais de feuilles par plant. Le taux de
croissance est plus élevé chez la variété Tableau V.- Taux d'humidité par rapport à
pourpre suivie de la variété grand vert, tandis la moyenne des poids secs et des poids
que la variété fin vert nain présente le taux de frais.
croissance le plus faible. Ces résultats pour- Table V.- Moisture rate compared to the
raient avoir un intérêt pratique de point de average of the dry weights and the fresh
weights.
vue agronomique. Des études de Sorensen et
Heriksen (1992) sur des plans de basilic en Variété du basilic poids frais (g) poids sec (g) % eau
conditions danoises ont abouti au fait que, sur Pourpre 220,85 73,05 67
une période de cent jours après semis, le ren- Fin vert nain 102,56 32,7 68,11
Grand vert 101,25 33,2 67,21
471

dement en phytomasse augmente alors que la proportion des feuilles diminue avec le
temps. Mais ils n’ont pas situé leur optimum par rapport au développement physiologique
du plant.
L’étude comparative des poids moyens de l’herbe à l’état sec et des poids moyens à
l’état frais a révélé que le taux en eau est bien élevé dans les trois variétés de basilic, ce
taux d’humidité est de l’ordre de 67,5% en moyenne (Tableau V). On peut ainsi obtenir la
biomasse à l’état sec et à l’état frais dans un hectare.

C. Rendements en huile essentielle


D’après Teuscher et al. (2005), le rendement en huile essentielle du basilic est de 0,02
à 0,5% dans les feuilles fraîches et 0,2 à 2,7% dans les feuilles séchées. Au Bénin, Yayi et
al. (1998) ont trouvé un rendement variant de façon sensible de 0,1 à 0,4% en fonction des
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sites de récolte. Au Maroc, Berrada et al. (1987) ont trouvé un rendement de 0,8% dans un
cultivar de basilic fréquemment cultivé dans les jardins de Rabat.
Dans la présente étude, les rendements en huile
essentielle obtenus montrent bien des fluctuations Tableau VI.- Rendements en huile
chez les trois variétés de basilic en fonction des essentielle des différents basilics en
périodes de coupe. Ces variations dépendent de fonction des périodes de coupes.
plusieurs paramètres, à savoir la pluviométrie, le Table IV.- Essential oil yields of the
taux d’ensoleillement et de lumière, le cycle various basils according to the per-
iods of cuts.
même de la plante, principalement par rapport à
Dates des coupes Fin nain Grand vert Pourpre
sa floraison (El Koutbi, 2000). Les rendements en
huile essentielle en fonction des périodes de C1 1,27 0,57 1,2
coupe pour les trois variétés sont représentés dans C2 1,17 0,67 1,27
le tableau VI. Le rendement en huile essentielle à C3 C4
1,1
1,03
0,73
0,77
1,07
0,87
l’hectare est déduit à partir du rendement moyen C5 1 0,8 0,83
par rapport à la matière sèche (Tableau VII). Moyenne 1,11 0,71 1,05
Le basilic fin vert enregistre le maximum en Écart type 0,09 0,08 0,17
huile essentielle par rapport aux
deux autres variétés de basilic Tableau VII.- Rendement à l'hectare en plantes
(1,11%). Le basilic grand vert fraîches, séchées et en huile essentielle (kg).
montre la concentration la plus Table VII.- Output per ha in fresh plants, dried plants
and essential oil (kg).
faible (0,7%). On remarque toute-
fois un comportement inverse entre
les allures des concentrations des Variété de basilic poids frais (kg) poids sec (kg) HE (kg) /pds sec
variétés de basilic : fin vert et
pourpre d’une part, puis le grand Pourpre
Fin vert nain
13803
6410
4565
2043
48
22,88
vert d’autre part. En effet, les deux Grand vert 6328 2075 14,75
premiers présentent une diminution
progressive des concentrations de leurs huiles essentielles, hormis la coupe C2 pour le
pourpre, alors que chez le grand vert la concentration en huile essentielle augmente pro-
gressivement de la coupe C1 à la coupe C5. Il s’agit de deux phénomènes opposés qui
pourraient orienter les opérateurs agricoles sur le choix de la variété à cultiver ; de même,
ces informations auraient un intérêt pratique pour connaître la meilleure période de coupe
assurant le rendement idéal pour chaque variété de basilic.
À signaler que la pleine floraison enregistre le rendement maximal en huiles essentielles
pour le basilic grand vert, alors que, pour le basilic pourpre et le basilic fin nain, ce rende-
ment maximal est remarqué au début de la floraison.
472

Pour le basilic guinéen, Nianga et al. (1995) ont trouvé qu’il est plus riche en huile
essentielle (3%) au début de la floraison (boutonnement) par rapport à avant, pendant ou
après la pleine floraison. Lemberkovics et al. (1992) ont établi en Hongrie que le rende-
ment en huile essentielle du basilic atteint son maximum durant le stade de la pleine flo-
raison. Ce constat a également été rapporté par Randhawa et Gill (1995) qui signalent un
rendement en herbe et en huile essentielle maximal vers la pleine floraison.

C. Analyse de la composition chimique des huiles essentielles


Teuscher et al. (2005) ont rapporté que les principaux composants de l’huile essentiel-
le de basilic varient selon les races chimiques : le linalol (teneur relative allant jusqu’à
85%), l’estragole (méthylchavicol, jusqu’à 91%), le citral (jusqu’à 90%), le cinnamate de
méthyle (jusqu’à 82%), l’eugénol (jusqu’à 80%) ou le méthyleugénol (eugénol-méthyl-
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éther, jusqu’à 44%). Berrada et al. (1987) ont trouvé pour un basilic cultivé au Maroc la
composition suivante : transcinnamate de méthyle (38,5%), linalol (34,2%), eucalyptol
(3,2%), eugénol (2%), thymol (1,2%), méthylchavicol (0,8%). Zola et Garnero (1973) ont
établi, quant à eux, pour l’huile essentielle d’un autre basilic cultivé au Maroc, la compo-
sition suivante : linalol (41,9%), eugénol (19,2%), méthylchavicol (2,6%), eucalyptol
(8,1%).
Des travaux menés au Bénin ont mis en évidence trois catégories d’huiles essentielles
de basilic selon leur composition chimique (Yayi et al., 1998). La première catégorie cor-
respond à des huiles essentielles riches en méthyl chavicol (> 65%) qui présentent un pro-
fil chromatographique similaire aux essences de basilic type « Réunion », prédominant
dans l’océan Indien mais également trouvé en Égypte, à Taiwan et au Nigeria. La deuxiè-
me catégorie regroupe les huiles essentielles riches en linalol (42-45%), eugénol (15%)
et/ou trans-alpha-bergamotène (6-15%) ; les taux de ce dernier composé sont sensiblement
plus élevés que ceux relevés dans la littérature ; ils se rapprochent toutefois par leur com-
position d’une essence trouvée au Nigeria qui contient des taux de 10,5% de trans-alpha-
bergamotène. La troisième catégorie rassemble des huiles riches en méthylchavicol (55%)
et en linalol (20-30%) qui appartient au type « Tropical » décrit aussi bien aux pays tropi-
caux (Congo) que tempérés (France).
En Guinée, quatre types chimiques d’Ocimum basilicum ont été identifiés : un au
camphre, un au méthylchavicol, un troisième au cinammate de méthyle et le dernier au
linalol (Nianga et al., 1995). Sait et Lubis (1991) ont identifié un basilic type citral qui
contient 53,5 à 75% de citral.
Au Mali, Chalchat et al. (1995) ont trouvé un Ocimum basilicum à linalol et à eugénol
dont les pourcentages fluctuent respectivement entre 40-60% et 10-20%, ce qui leur a per-
met de classer ce basilic au sein du type à eugénol défini par Zola et Garnero (1973).
En Turquie, l’huile essentielle des plans cultivés d’Ocimum basilicum contient 22 com-
posés, parmi lesquels le linalol, l’eugénol et l’estragol sont majoritaires (Akgul, 1989).
En Égypte, Mahmoud (1996) rapporte que le basilic local est un chémotype à méthyl-
chavicol. En Italie, Tateo (1989) a trouvé, dans l’huile essentielle extraite des feuilles
sèches, un taux de linalol variant de 28,20% et un taux de méthylchavicol (estragole) de
30%.
Quant à notre analyse, les tableaux VIII à X montrent la composition chimique, quanti-
tative et qualitative, des trois variétés de basilic, ainsi que l’évolution des concentrations
avec les périodes de coupe.
473

Tableau VIII.- Composition chimique de l’huile essentielle du basilic grand vert (en %).
Table VIII.- Chemical composition of the essential oil of the green large basil.
Composants C1 C2 C3 C4 C5 moyenne écart type

a-pinène 0,17 0,32 0,71 0,5 0,6 0,46 0,19


camphène 0,1 0,18 0,29 0,23 0,28 0,216 0,07
b-pinène 0,75 0,94 1,69 1,69 1,6 1,334 0,4
myrcène 0,52 0,72 0,9 1,69 1,43 1,052 0,43
limonène 0 0 0 0,17 0,15 0,064 0,07
1-8-cinéole 8,19 8,15 9,45 12,41 7,67 9,174 1,72
linalol 43,61 52,98 36,26 39,57 32,44 40,972 7,04
camphre 1,04 1,49 0,99 0,8 2,12 1,288 0,47
bornéol 0,71 0,82 1,36 0,88 0,35 0,824 0,32
linalyl propoanoate 1,29 1,14 1,18 1,26 0,76 1,126 0,19
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méthylchavicol 2,41 2,41 4,79 2,68 4,56 3,37 1,08


élémène 7,9 1 1,8 3,82 1 3,104 2,6
eugénol 6,4 7,17 7,48 5,02 8,38 6,89 1,12
germacrène D 1,38 1,66 1,95 1,46 3,22 1,934 0,67
germacrène A 2,21 1,76 2,45 1,42 3,2 2,208 0,61
cadinol 1,91 3,64 6,02 2,29 6,93 4,158 1,99
TOTAUX 78,59 84,38 77,32 74,47 74,69 77,89

Tableau IX.- Composition chimique de l’huile essentielle du basilic fin vert nain (en %)
Table IX.- Chemical composition of the essential oil of the fine green dwarf basil.
Composants C1 C2 C3 C4 C5 moyenne écart type

a-pinène 0,48 0,72 0,89 0,48 0,63 0,64 0,15


camphène 0,35 0,33 0,39 0,32 0,27 0,332 0,04
b-pinène 0,94 1,47 2,31 1,07 1,86 1,53 0,5
Myrcène 0,68 0,6 1,46 0,62 1,67 1,006 0,46
limonène 0,1 0,11 0,11 0,16 0,22 0,14 0,04
1-8-cinéole 6,62 9,72 15,27 7,41 8,18 9,44 3,08
linalol 27,85 36,03 30,42 31,68 34,62 32,12 2,92
camphre 4,47 2,99 4,42 3,17 1,59 3,328 1,06
bornéol 2,25 2,9 2,1 2,63 0,43 2,062 0,89
linalyl propoanoate 1,22 1,42 1,72 0,7 0,88 1,188 0,36
méthylchavicol 2,88 2,56 3,78 3,6 4,77 3,518 0,77
élémène 3,07 2,09 0,73 2,24 0,97 1,82 0,86
eugénol 3,44 2 1,92 2,27 8,69 3,664 2,57
germacrène D 2,38 4,42 4,17 3,82 3,22 3,602 0,73
germacrène A 3,18 2,35 2,26 2,71 3,12 2,724 0,38
cadinol 6,91 6,04 5,39 5,56 6,24 6,028 0,54
TOTAUX 66,82 75,75 77,34 68,44 77,36 73,142

D. Évolution des principaux composés chimiques dans les trois variétés de basilic
La figure 1 montre que la concentration du linalol dans le basilic grand vert reste éle-
vée par rapport aux autres molécules de juillet à décembre. Cette molécule varie de 53%,
pendant la deuxième coupe (C2) du mois d’août, à 32,5% pendant la dernière coupe (C5)
du mois de décembre, soit une chute de 38,7% entre ces deux coupes. Il est conseillé, suite
à ce résultat, de couper le basilic grand vert vers le mois d’août pour avoir une huile essen-
tielle riche en linalol.
La présence du 1-8-cinéole (eucalyptol) est non négligeable (moyenne de 9%), avec un
léger pic à la coupe (C4) qui est de 12,5%. Le minimum a eu lieu en décembre (C5), il est
de 7,7%. La concentration moyenne d’eugénol est de 6,7%. Le taux le plus élevé (8,5%)
est enregistré à la coupe (C5). Toutefois, l’eugénol reste relativement stable pendant toute
474

Tableau X.- Composition chimique de l’huile essentielle du basilic pourpre (en %)


Table X.- Chemical composition of the essential oil of the crimson basil.
Composants C1 C2 C3 C4 C5 moyenne écart type

a-pinène 0,19 0,2 0,39 0,46 0,25 0,298 0,1


camphène 0,14 0,29 0,26 0,28 0,2 0,234 0,05
b-pinène 0,17 0,38 0,31 0,32 0,25 0,286 0,07
myrcène 0,16 0,54 0,24 0,29 0,34 0,314 0,12
limonène 0,03 0,21 0 0,13 0,05 0,084 0,07
1-8-cinéole 2,1 2,26 1,79 2,88 1,64 2,134 0,43
linalol 26,32 26,8 22,85 27,12 21,25 24,868 2,37
camphre 1,9 2,45 1,8 2,71 1,64 2,1 0,4
bornéol 2,98 3,69 2,98 3,51 2,55 3,142 0,4
linalyl propoanoate 0,36 0,51 0,45 0,14 0,13 0,318 0,4
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méthylchavicol 10,57 6,85 6,51 7,35 5,45 7,346 1,72


élémène 39,1 22,34 28,96 27,66 27,42 29,096 5,48
eugénol 1,81 3,23 3,53 2,94 5,15 3,332 1,07
germacrène D 0,21 0,72 1,02 1,1 1,19 0,848 0,35
germacrène A 1,19 2,27 2,34 1,86 2,95 2,122 0,58
cadinol 2,33 4,46 4,51 3,36 5,4 4,012 1,06
TOTAUX 89,56 77,2 77,94 82,11 75,86 80,534

la période de l’étude. Le cadinol varie de 2 % pour la coupe (C1) à 7 % pour la dernière


coupe de décembre.
Le basilic fin vert (Fig. 2) est aussi un chémotype linalol. En effet, cette molécule enre-
gistre un taux moyen de 32%, suivi du 1-8-cinéole avec 9,5%, puis du cadinol avec 6%.
Le linalol montre une concentration maximale de 36% à la deuxième coupe (C2), son taux
est minimal à la première coupe (C1) avec 28%. Le 1-8-cinéole est passé d’un minimum
de 6,5% environ à la coupe (C1) à 15,3% à la coupe C3, soit une augmentation de 135%
en deux mois. Le méthylchavicol (estragol) est présent avec une concentration moyenne
de 3,5%. Un minimum de 2,55% est enregistré au mois d’août (C2), alors que le maximum
a eu lieu à la dernière coupe (C5), avec 4,8%, soit une augmentation d’environ 88% en
trois mois (Fig. 2).
Dans le basilic Pourpre (Fig. 3), l’élémène constitue la molécule principale (29%), suivi
du linalol qui enregistre une concentration légèrement inférieure (25%).

Fig. 1.- Évolution des


principaux composants
dans le basilic grand
vert.
Fig. 1.- Evolution of the
main compounds in the
green large basil.
475

Fig. 2.- Évolution des princi-


paux composants dans le
basilic fin ver nain.
Fig. 2.- Evolution of the
main compounds in the
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fine green dwarf basil.

Fig. 3.- Évolution des


principaux composants
dans le basilic pourpre.
Fig. 3.- Evolution of the
main compounds in the
crimson basil.

L’élémène présente un maximum au mois de juillet (C1), la concentration est de 39% ;


cette concentration chute à 22,3% un mois plus tard (C2). Après le mois d’août, la concen-
tration reste sensiblement la même, elle tourne autour de 27 à 29%. Le linalol subit des
fluctuations légères tout au long de la période de l’étude, le maximum est atteint au mois
d’octobre, avec 27%, alors que le minimum a eu lieu le mois suivant avec 21,3%. Pour le
méthylchavicol (estragol), la concentration moyenne est de 7,5%. La concentration maxi-
male est de 10,6% atteinte au mois de juillet. Le minimum est de 5,5%, enregistré pendant
la dernière coupe (C5) (Fig. 3).
Par ailleurs, les deux composés linalol et élémène présentent un comportement inverse,
sans que cela soit proportionnel, tout au long de la période de l’étude : quand la concen-
tration de l’un augmente, c’est l’autre qui diminue et vice versa. Le degré de chute ou
d’augmentation n’est pas régulier chez les deux composants.

IV. CONCLUSION

L’évaluation de la biomasse par la mesure des hauteurs des plants et des surfaces foliaires
a été réalisée pour mieux connaître la variété du basilic la plus appropriée par rapport au
biotope de la région d’Ourika. Les résultats obtenus montrent que la variété pourpre pré-
sente la biomasse foliaire la plus élevée. Quant à l’évolution des poids selon les coupes, il
s’est avéré que le taux de croissance est plus élevé chez la variété pourpre suivie de la
476

variété grand vert, tandis que la variété fin vert nain présente le taux de croissance le plus
faible.
La comparaison des moyennes des concentrations en huile essentielle, prises pendant les
cinq coupes, montre que c’est le basilic fin vert qui enregistre le maximum en huile essen-
tielle par rapport aux deux autres variétés de basilic, le taux global est de 1,12%. Le basi-
lic grand vert montre la concentration la plus faible, elle est de 0,71%.
Dans les conditions de culture à l’Ourika (Marrakech), le basilic qui permet le meilleur
rendement en huile essentielle est le fin vert nain. On décèle toutefois un comportement
inverse entre les allures des concentrations des trois variétés de basilic : fin vert et pourpre
d’une part, le grand vert d’autre part. Ces résultats pourraient orienter les opérateurs agri-
coles pour cibler la meilleure période de coupe assurant le rendement optimal pour chaque
variété de basilic. Par ailleurs, l’analyse de la composition montre que les principaux com-
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posants identifiés dépassent les 70% de la masse totale des huiles essentielles des trois
variétés et les même composés chimiques sont présents dans les trois variétés, sauf que les
concentrations sont différentes et varient en fonction des périodes de coupe. Les basilics
fin vert et grand vert sont deux chémotypes linalol, tandis que le basilic pourpre est un ché-
motype élémène.

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