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Abstract
This article proposes first of all a quantitative reading of a corpus situated at the very heart of the work of E. Mâle, J. Huizinga and
A. Tenenti: the "arts de mourir", copied, published and engraved from the middle of the 1 5th century up to the Council of Trent
(1545-1563). The first stage is an analysis of the circulation and the survival of the Ars moriendi and of the iconographic series
which frequently accompanies them. Examining the output of books, we find that the reeditions of the Ars cease after 1530-1540
and the subsequent literature dealing with the preparation for death (préparation à la mort) seems at the same time more
scattered and of less consequence. The iconography of the battles between angels and demons over the soul of the moribund is
more resistant and coexists during the 16th century with the new images of the memento mori. An evaluation of this production
through its titles permits us to advance two observations: "préparations à la mort" constitute between 3 and 4% of the religious
incunabula; the genre fades out in the 16th century. This tendency is confirmed by the contents of private libraries. The second
stage consists of examination of several texts both for their normative contents, — they recommend to the Christian a system of
gestures and practices in which the priest occupied an increasingly prominent position — and for the collective fears surrounding
the last moments, fears which can be detected in these documents.
Chartier Roger. Les arts de mourir, 1450-1600. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 31e année, N. 1, 1976. pp. 51-
75.
doi : 10.3406/ahess.1976.293700
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1976_num_31_1_293700
LES ARTS DE MOURIR, 1450-1600
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ces plus
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par Schreiber de la décennie 1465-1475 et sans doute d'origine bavaroise 23. Sur
une première feuille, à gauche, le graveur a rassemblé la scène de la bonne mort
au registre médian et la lutte entre les cinq anges victorieux, situés au registre
supérieur, et les cinq diables défaits, placés au bas de la planche ; à droite, un
Jugement dernier. La gravure réunit là, dans un raccourci significatif, l'image
traditionnelle du Jugement qui est sanction collective et l'idée nouvelle du
jugement de chaque vie individuelle joué sur le test de la résistance aux
tentations au moment du trépas 24 (Fig. I). La seconde feuille dégage une même
leçon : c'est de l'attitude face à la mort que dépend la vie éternelle. Celle qui
prend la mort à gré sera couronnée par le Christ en Paradis, celui qui meurt
alors qu'il n'a pas fait pénitence de tous ses péchés sera conduit en Purgatoire,
celle qui a mal vécu sans penser à la mort sera menée au diable. De telles
gravures, sans doute infiniment plus nombreuses que celles qui nous sont
parvenues, ont constitué une arme majeure pour une pédagogie de masse 25.
La série iconographique des cinq tentations diaboliques, des cinq inspirations
angéliques et de la bonne mort ne disparaît point avec la multiplication des
livres typographiques. Elle illustre encore une bonne part des incunables de
YArs moriendi en latin ou en langue vulgaire. Prenons l'exemple allemand : sur
23 éditions d'avant 1500, 9 comportent la série classique des onze gravures sur
bois (dans deux elle constitue la totalité de l'illustration, dans trois s'y ajoutent
une image d'un mourant recevant le saint viatique et une de Saint Michel pesant
les âmes, dans quatre enfin se rencontre une quatorzième gravure représentant
la confession) 26. Au xvie les éditions publiées par J. Weysseburger à
Nuremberg puis Landhut à partir de 1504 perpétueront le succès de cette iconographie.
Un autre fait a démultiplié l'audience de certaines représentations, le réemploi
des mêmes bois dans des livres différents. Considérons l'image de la bonne
mort, si importante puisqu'elle donne à lire à la fois le scénario mondain de
l'agonie et les pensées qui doivent être celles du mourant. Dans l'Allemagne du
xve siècle, la représentation, vulgarisée par les livrets xylographiques, est
maintes fois copiée ou démarquée, par exemple, pour s'en tenir aux imprimeurs
d'Augsbourg, dans le Buchlein des sterbenden Menschen de H. Mùnzinger deux
fois édités par A. Sorg, vers 1480 et vers 1484, dans le Mensch aufdem Toten-
bett publié par J. Blaubirer vers 1485, dans les éditions données par H. Schôn-
sperger en 1490 et 1494 du Versehung, Leib, Seel, Ehrt und Gut 27. La pratique
est la même dans l'Angleterre du début du xvie siècle : la scène de l'agonie est
reprise dans neuf de ses éditions par Wynkin de Worde, YArs moryendi en
1506, YArte to lyve well en 1505 et 1506, le Thordynary of Crysten men en
1506, le Boke named the Royall en 1507 et 1508, le Dyenge creature en 1507 et
1514 et la Complaint of the soûle en 1519 28.
Le succès de YArs, illustré ou pas, paraît bien établi jusque vers 1530. La
liste dressée par Sœur O'Connor à partir du Gesamtkatalog des Wiegendrucke
donne 77 éditions incunables, et c'est là un chiffre sans doute assez largement
inférieur à la réalité 29. La version longue en constitue le plus grand nombre,
51 éditions, soit les deux tiers, contre 26 à la version courte. La circulation du
texte se fait majoritairement en langue vulgaire (42 éditions contre 35) mais
avec un fort contraste entre, d'un côté, les éditions allemandes et françaises où le
latin l'emporte (respectivement 16 éditions latines sur 23 et 15 sur 23), et d'un
autre celles où triomphe la langue vernaculaire, aux Pays-Bas (5 éditions sur 6),
en Italie (13 sur 16), en Espagne (4 sur 4), en Angleterre (5 sur 5). La géographie
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des éditions marque la primauté parisienne (17 éditions soit 22 96) et pour le
reste dessine quatre foyers, l'Italie du Nord avec 14 éditions, l'Allemagne du
Sud et la vallée du Rhin de Bâle à Cologne avec également 14 éditions, la ville
de Leipzig où Kachelofen et Lotter donnent 9 éditions, les Pays-Bas enfin,
6 éditions. Cette géographie est celle de la diffusion de l'imprimerie, qui assure
l'avance des villes allemandes et de Paris et dote dès avant 1480 l'Italie du Nord
d'un réseau dense d'ateliers 30, en même temps que celle des grands foyers de
spiritualité, rhénan et flamand, de la fin du xve siècle.
Au xvie la production de VArs se maintient difficilement, passé le premier
tiers du siècle : en Angleterre 4 éditions, les deux dernières sont de 1506 3I ; à
Paris 9 éditions repérées, cinq sortent des presses entre 1501 et 1510 32, celle de
la Veuve Trepperel et de Jehan Jehanot dans la seconde décennie, celles de
F. Regnault et H. Pacquot avant la mi-siècle (Regnault exerce jusqu'en 1540 et
Pacquot n'imprime plus après 1546), seule l'édition de Nicolas Bonfons est
tardive, sans doute du dernier quart du siècle 33 ; à Lyon 2 éditions, l'une de Pierre
Mareschal 34, l'autre de Jacques Moderne 35, toutes deux sont d'avant 1 540 et il
en va de même pour celles où YExhortation de bien vivre et de bien mourir est
placée à la suite de la Grant danse macabre. La survie de VArs est au nord et à
l'est: au nord avec les éditions suédoises (Malmôe 1533) et danoises
(Copenhague 1570, 1575, 1577, 1580), à l'est avec les versions anti-protestantes
in 8° qu'Adam Walasser imprime à Dilingen (1569, 1570, 1579, 1583, 1603).
A. Tenenti a bien montré comment à travers ses adaptations et ses traductions
VArs moriendi s'infléchissait dès les années 1490 dans le sens d'un programme
du bien vivre qui atténuait quelque peu la crispation sur les derniers instants 36 ;
il n'en reste pas moins que du milieu du xve siècle au milieu du xvie siècle, un
texte et une série d'images se sont répandus sur tout l'Occident, constituant un
lot de représentations communes centré sur l'agonie d'une prégnance
exceptionnelle.
Les années 1530-1540 voient donc l'épuisement d'un «best seller». Un
premier relais est pris dans le second tiers du siècle par la circulation des deux
grandes préparations à la mort humanistes, celle de Clichtove et celle d'Érasme.
Le traité de Clichtove, De Doctrina moriendi opusculum necessaria ad mortem
fœliciter oppetendam preparamenta declarans et quomodo in ejus agone variis
antiqui hostis insultibus sit resistendum edocens, publié à Paris en 1520, a
11 éditions latines entre cette date et 1546 (7 parisiennes, 4 anversoises) 37,
puis une traduction française éditée à Rouen en 1553, Le doctrinal de la mort
extraict de ce que jadis en avoir escrit feu maistre Josse Clichtovus, traduict en
langue vulgaire. Mais le grand succès de librairie de ces années 1530-1560 est
fourni par le De prœparatione ad mortem d'Érasme, 59 éditions en latin ou en
langues vernaculaires, si l'on compte ensemble les publications du texte seul et
celles où il suit VEnchiridion. Le latin l'emporte avec 36 éditions échelonnées
entre 1534 et 1563, puis vient le flamand, 8 éditions entre 1534 et 1566, le
français, 8 également entre 1537 et 1541, à partir de deux traductions, La
préparation à la mort autrefois composée en latin par D. Érasme et maintenant
traduite en français, Lyon, 1537 et Le préparatif à la mort. Livre très utile et
nécessaire à chascun chrétien. Adjoutée une instruction chrétienne pour bien
vivre et soy préparer à la mort, publié à Paris en 1539 sous le nom de Guy
Morin, ensuite l'allemand, 3 éditions (1534-1546), l'espagnol, 3 éditions (1535-
1555), l'anglais, une édition en 1543 38. On le voit, la diffusion du livre est très
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livrets xylographiques : le mourant, assisté par un clerc qui lui tend un cierge et
tient la croix, entouré de parents, voit son âme, figurée sous la forme d'un petit
personnage, enlevée par un ange tandis que les démons, défaits, tombent en
désespoir (Fig. III). Le même thème se retrouve dans les deux gravures
suivantes :
La première édition, due aux frères Treschel à Lyon en 1538, est le fait, non
point de protestants, mais d'un groupe de catholiques réformateurs et tolérants,
liés parfois avec des réformés mais sans abandonner pour autant l'Église de
Rome. Deux hommes illustrent ce milieu, Gilles Corrozet, à la fois imprimeur,
libraire et littérateur, qui a composé les quatrains placés sous les gravures, et
Jean de Vauzelles clerc érasmien, l'un des principaux artisans de la réforme de
l'assistance de 1531, auteur d'une épître dédicatoire et de plusieurs essais mis
entre les images. Le livre traduit donc, dans sa première forme, la sensibilité
d'un milieu très semblable par son inspiration et sa foi à celui qui mène à bien
l'œuvre de réforme urbaine. Après 1539 et la grève des compagnons qui
désorganise l'imprimerie lyonnaise et oblige les frères Treschel à fermer
boutique, l'ouvrage va prendre une autre signification. Vendus aux Frellon,
dont l'un d'eux, Jean, est un réformé zélé, les bois servent à de nouvelles
éditions d'où sont écartés les textes de Vauzelles et où sont introduits d'autres
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(Les ImagesFig.
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aux éditions de Kachelofen. Cela peut paraître modeste mais représente tout de
même, si l'on admet le chiffre de Tenenti (97 éditions) et un tirage moyen de
500 exemplaires par édition (ce que fait Lenhart mais qui est très en deçà des
réalités pour les xylographes) environ 50 000 exemplaires. Ce sont là des
chiffres très comparables à ceux de Ylmitatio Christi au moins 85 fois éditée avant
1500 57. A YArs s'ajoutent les textes que nous n'avons pu comptabiliser, ceux de
Gerson, de Molinet, de Chastellain, de Castel 58, les anonymes allemands et
anglais, ce qui fait que l'on peut admettre que les préparations à la mort
constituent 3 à 4 % des incunables religieux. Ce chiffre, qui concerne une époque où
l'on a habitude de lire la toute puissance de la mort, permet de mieux mesurer,
par comparaison, l'impact de la réformation catholique. Rappelons en effet les
données apportées par D. Roche pour le xvne siècle : les préparations, qui sont
certes d'une nature différente, font pour la seule France entre 400 et
500 000 exemplaires et fournissent 7 à 10 % de la production théologique. La
statistique bibiographique autorise donc à remettre en perspective les données de
la tradition : les préparations au mourir connaissent deux apogées, au xve et au
xvne siècle, mais c'est aux temps post-tridentins que le genre envahit le plus la
littérature religieuse.
Pour le xvie siècle, les données sont plus incertaines. A suivre l'exemple
parisien 59, le début du siècle est marqué par le maintien de la part des arts
de mourir. Entre 1500 et 1510, les imprimeurs de la capitale donnent
1 656 éditions, le livre religieux en constituant environ 45 %. Au sein de la
théologie, trois paliers : le niveau des 300 éditions, c'est celui des livres
d'heures, le niveau des 30 à 40 éditions, Bibles, missels, bréviaires, le niveau de
la dizaine d'éditions, c'est celui des rituels et des arts de mourir, tant YArs que
Gerson. On retrouve là le 1 % de la préparation à la mort. Passées les premières
décennies, les arts de mourir se perdent dans le flot de la production. Trois
exemples : Caen, 411 éditions avant 1560, 31 missels, 22 bréviaires, une seule
préparation, YEsguillon de crainte divine pour bien mourir, partie des éditions
parisiennes de YArt de bien vivre et de bien mourir 60 ; Bordeaux, 71 1 éditions
au xvie, aucune préparation à la mort 61 ; Lyon, 15 000 éditions, une trentaine
sur la mort dont le texte d'Érasme (6 éditions), la traduction de Gerson, le
Directoire de Columbi, YExhortation de bien vivre et de bien mourir, placée à la
suite de la Grant danse macabre (4 éditions), les Simulachres et Historiées faces
de la mort (8 éditions) 62.
D'autres indices, indirects ceux-là, confirment cet effacement, d'une part le
décrochage qui s'opère entre les préparations à la mort peu nombreuses et
Ylmitatio Christi qui poursuit sa diffusion avec 200 éditions au xvie siècle 63,
ensuite la courbe de la production jésuite qui donne 20 titres sur la mort entre
1540 et 1620, 139 entre 1620 et 1700, 101 entre 1700 et 1800 64. Le livre de
J. Polanco constitue à la fois l'archétype et le plus grand succès de cette
littérature jésuite. Son Methodus ad eos adjuvandos qui moriuntur .- ex complu-
rium doctorum ac piorum scriptis, diu diuturnoque usu, et observatione collecta
est le modèle même du livret de petit format, in 12 ou in 16, guide pratique du
savoir mourir et du savoir aider à mourir. 18 éditions paraissent entre 1577 et
1650, et ce sont là seulement les éditions où le texte est seul et non placé à la
suite d'autres 65. Dans une même inspiration et pour un même usage on peut
signaler en latin les ouvrages de J. Anchieta, Syntagma monitorům adjuvandos
moribundos et de J. Fatio, Mortorium seu libellum de juvandis moribundis, en
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traités pour l'usage des clercs, 10 96, les Bibles, 8 %. Dans les ouvrages de piété,
assez peu nombreuses sont les préparations à la mort, 2 Cordiale de quatuor
novissimis en 1518 et 1520, 2 Art de bien vivre et de bien mourir en 1523 et
1541, 1 De Doctrina moriendi opusculum en 1531, 1 Doctrinale mortis de Raulin
également en 1531, 3 exemplaires du texte d'Érasme, en 1540 chez un avocat au
bailliage, en 1553 chez un avocat du roi au Présidial et en 1565 chez un curé,
docteur en théologie ; au total 0,6 % des livres religieux. La rubrique est
marquée surtout par la présence de l'hagiographie, en particulier la Légende
dorée, 45 exemplaires, soit presque autant que les Bibles entières,
53 exemplaires 74. Les lectures elles aussi, lorsque l'on peut les saisir dans un
sondage cohérent, renforcent l'idée d'un certain effacement des arts de mourir
dans la conscience collective au xvie siècle, temps faible entre une première
pédagogie de masse centrée sur la dramatisation des derniers instants et une
œuvre qui est, après Trente, christianisation de la vie toute entière en même
temps que socialisation des pratiques.
A partijř de quelques textes, et sans reprendre ce qui nous est maintenant
bien connu grâce à A. Tenenti et Ph. Ariès, nous voudrions marquer sur
quelques points ce que les préparations à la mort des xve et xvie siècles révèlent
des sentiments communs et des pratiques collectives. Un premier trait, qui
affleure souvent, est la conscience qu'ont les auteurs des clivages socio-culturels
qui divisent le public auquel ils s'adressent. Elle passe par un couple
d'oppositions, entre latin et langue vulgaire, entre texte et images. Dans YArt et science
de bien vivre et bien mourir de N. Bonfons, édition tardive mais conservatrice
des traits anciens, jusque dans la typographie gothique, le « traducteur » de VArs
moriendi s'exprime ainsi : Cestui livre (i.e. YArs)j'ay regardé et considérant que
à toutes gens de bien il est utile et convenable, pour ce que tous n'entendent pas
complètement le latin, l'ay voulu translater de latin en français au mieux que
j'ay pu, afin que tous bons Chrétiens y puissent recréer leur entendement 75. En
1513 paraît à Lyon, chez Arnoullet, une Manière de faire testament salutaire,
l'auteur, anonyme, clôt par ces mots son livret : Lequel j'ay faict en langue
maternel pour l'amour de ma seur Renée et aultres personnes dévotes qui
n 'entendent point latin, affin qu 'elles cognoissent comment elles doibvent faire
leurs testamens, et mesmes comment il leur fault faire testament spirituel : c'est
à savoir bien se préparer à la mort affin que par telle manière elles puissent
parvenir à la gloire éternelle, laquelle nous vueille donner nostre seigneur dieu
par sa bonté, clémence et miséricorde. Amen 76. Très tôt, l'art de mourir, qui a
pu être texte pour clercs en son départ, se donne donc pour mission d'enseigner
les laïcs chrétiens dans une visée d'universalité.
L'image, mieux encore que la langue vulgaire, se voit attribuer cette
fonction pédagogique. Dès les premières éditions xylographiques de YArs le
motif apparaît : Mais affin que ceste doctrine soit fourcloz ains y aprende atous
fructueuse et nulz nensoit fourcloz ains y aprendge salubrement morir tant clerz
par la lettre comme par les ymages layz et clerz en cest miroir poront protinter
(profiter) et les choses preterites et futures corne présentes spéculer. Qui dont
veulle bien morir ces choses et subséquentes considère diligentement 77 il est
repris avec plus de netteté encore dans les adaptations du xvie siècle : Mais afin
que ceste matière soit fructueuse et vallable à tous, et que nuls ne soient exclus
de la spéculation d'icelle mais en icelle apprennent toutes gens de quelque
-,
estât qu'ils soyent à bien mourir, j'ai traicté et déduict ce livre en deux façons
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R. CHARTIER LES ARTS DE MOURIR
d'un art de mourir qui fournit l'occasion et donne la matière des pensées sur la
mort, je conseille aux Chrétiens souvent lire et relire (ce petit opuscule), car
c'est le pain quotidien dont fault user durant le pèlerinage de ce présent siècle,
affin de parvenir au terme prétendu, en la cité de Jérusalem supernelle, où Jésus
par sa miséricorde et conduite de sa grâce nous doint à tous à la fin aborder 85 ;
puis, si vient la maladie, l'écoute de la Passion du Christ, plusieurs bons
Chrétiens en leurs maladies, font lire le texte de la Passion de nostre seigneur Jésus
Christ, se reconfortant en la doulce mémoire de sa mort, s' appuyant sur les bras
de la Croix où sont soutenus pour ne tomber en impatience 8б, enfin, en santé
mais plus encore si l'on sait la fin proche, la vision des images qui peuvent
conforter l'âme, Pour ce met on au bout du lict du malade, la remembrance de
la Croix de nostre Seigneur, où comme en mirouer devant ses yeulx se mire le
pauvre malade 87.
Toute une gamme de gestes doit aussi préparer la mort. Les suffrages,
messes, oraisons, aumônes et jeûnes, que l'on demande par testament, sont
également, et peut-être surtout, pratiques de la vie chrétienne dans la pensée de
la mort. La Manière de faire testament salutaire marque bien à la fois l'efficace
reconnu aux messes et oraisons réclamées par le défunt et la nécessité d'en faire
un exercice de la préparation à la mort : le tiers poinct d'un testament concerne
les suffrages par lesquels on peut ayder aulx âmes des trespasses, et y en a
quatre manières, c'est à savoir, messes, oraysons, aulmosnes, et jeusnes, par
lesquels on entend toutes œuvres labourieuses et afflictives du corps faides pour
le remède et salut des trespasses mais, recommande le texte, C'est le plus seur
et le plus prouffitable de faire dire des suffrages sa vie durant que de les laisser
et ordonner par testament quand la personne a puissance et opportunité de ce
faire. Il est tout manifeste que c'est le plus seur de faire soy mesme que de
laisser à aultruy à faire après sa mort. 88
Toutefois le testament constitue un acte essentiel. Dans la Manière de faire
testament salutaire son ordonnancement habituel sert de structure au livre et lui
donne même sa signification religieuse puisqu'à chaque article du testament
commun fait écho une disposition du testament spirituel. Le texte se trouve donc
découpé en six moments : la recommandation de l'âme à Dieu, à Notre Dame et
aux saints de Paradis, la sépulture, les demandes de suffrages, les legs, donations
et fondations, les dettes et restitutions, enfin l'élection des exécuteurs. Chez
P. Doré, dans une tonalité christocentrique, le testament se doit faire selon
l'ordre et manière de celui qu'a faict nostre Seigneur, affin qu'en tout et par
tout sa mort soit instruction de la nostre 89. Après la confession et le repentir, le
malade rédige, ou fait rédiger, un texte dont P. Doré donne un modèle. Dans
un premier article prend place l'invocation : Au nom du Seigneur Jésus, Amen.
J'ai Chrystofle Doré recommandé mon âme à Dieu, et à la glorieuse Vierge
Marie, et aux saincts et sainctes de la cour celestielle de Paradis : Priant mon
Dieu par le mérite de son fils Jésus et de sa Passion, avec l'intercession de sa
mère, et touts les saincts, pardonner à mon âme, et la colloquer lassus en son
royaume éternel, Amen 90. On peut noter que par rapport aux testaments
dépouillés par les élèves de P. Chaunu dans le Minutier parisien de la seconde
moitié du xvie siècle, un tel texte se trouve « en avance » : à côté de traits
communs à la plupart des testaments de cette époque (rémunération du début
ou l'archaïsante formule finale par exemple), il introduit en effet les mérites du
Christ, formule que l'on peut considérer comme un test de la réformation
67
AUTOUR DE LA MORT
Combien que aucuns de telles maladies soient malades qu'on ne leur ose donner
de poeur qu'ils ne le vomissent .- mais, à tout le moins on doit leur monstre r 95.
Sur ce canevas les arts de mourir du xvie siècle nuancent certains motifs.
Tout d'abord se manifeste une volonté de mise en ordre du moment de la mort
qui passe par la diminution du nombre des assistants. L'aide des chrétiens est
toujours nécessaire mais elle peut et doit se manifester ailleurs qu'à l'entour du
lit du mourant. P. Doré, par exemple, plaide pour une mort plus discrète en
distinguant les lieux, d'un côté le peuple chrétien rassemblé dans les églises, de
l'autre les quelques personnes présentes dans la chambre du malade: La
congrégation et assemblée des Chrestiens, assemblés en la foy et oraison est une
arme espouventable à nos ennemis, qui sont les diables d'enfer. Pour ce on
envoyé es convents, églises et assemblées, des Chrestiens pour prier pour le
languissant estant au traictz de la mort 96 mais En telle sorte doibt faire
l'homme qui s'en va mourir, deffendant que nul viene à luy (ainsi que faisait
S. Augustin lisant les pseaulmes de David si ce n'est quand on luy baillait la
viande ou la médecine), seulement à l'entour de son lit doibt avoir deux ou trois
qui prient pour lui, ainsi qu'estaient les trois apostres nommés, quand nostre
Seigneur sua sang et eau, priant au jardin d'Olivet 97. A la fin du siècle, la
promotion des clercs sera chose faite, et dans un nouvel équilibre la présence du
curé fera passer au second plan l'aide des chrétiens. Deux des Considérations
publiées par R. Benoist en 1595 manifestent l'évolution : Considération 14, il
(i.e. le Chrétien tombé en maladie) s'addressera à celuy qui a la puissance de
guérir son âme, luy remettant ses péchés et en luy ministrant les Sacremens, et
en priant pour luy selon le devoir de sa vacation, qui est son Curé Pasteur
hiérarchique immédiat ; Considération 1 6, que le premier recours soyt à son
propre Pasteur, et à sa propre Eglise parochiale, pour plusieurs valables raisons,
toutesfois il n'est mauvais mais souvent bien utile y adjouster les prières des
personnes Religieuses et dévotes, tant régulières que séculières, qui doyvent
compatir aux maladies, charitablement estant redevables à leurs bien-faicteurs n.
Il est donc bien clair que les xve et xvie siècles sont attachés à la mort-
spectacle qui ne cédera du terrain qu'avec la promotion de la mort au for
familial. Toutefois ils connaissent, au moins au niveau des textes normatifs que
sont les préparations, certains glissements. Le vœu d'une diminution du nombre
des présents est un fait que traduit aussi l'iconographie : la scène de l'agonie
gravée par L. Gaultier donne à voir cette réduction, en même temps qu'une
féminisation de l'assistance " ; on peut la comparer, pour prendre mesure de
l'évolution, avec la même scène telle que la traite le miniaturiste du Bréviaire
Grimani, dans une œuvre datée d'entre 1480 et 1520 10°. L'autre infléchissement
est l'émergence du prêtre, ambiguë dans sa signification puisqu'elle cristallise les
peurs superstitieuses qui laissent croire que c'est lui qui, signifiant l'imminence
de la mort, la précipite et fait en même temps ressentir comme un manque
effroyable l'absence de curé lors des derniers moments.
L'étude des attitudes devant la mort à la fin du Moyen Age et pendant la
Renaissance a d'abord été, grâce à des ouvrages devenus justement de grands
classiques, description d'un sentiment scruté à travers les motifs
iconographiques, les représentations littéraires ou les sensibilités religieuses. Par cette
voie ont pu être retrouvés les contours essentiels du discours sur la mort tenu
par les «majores» ainsi que les images proposées pour l'enseignement du
peuple chrétien. A partir de ces certitudes, les gains de notre connaissance sont à
69
AUTOUR DE LA MORT
Roger Сн artier
École des Hautes Études en Sciences Sociales
NOTES
1. E. Mâle, L'Art religieux de la fin du Moyen Age en France. Étude sur l'iconographie du
Moyen Age et sur ses sources d'inspiration, Paris, Colin, 1908, 5e édition 1949, pp. 347-389.
chap,
2. xi,
J. Huizinga,
«La visionLe deDéclin
la mort»,
du Moyen
pp. 141-155.
Age (traduction française 1948), Paris, Payot, 1967,
xve 3.siècle
A. Tenenti,
», Annales«Ars
E.S.C.,
moriendi.
octobre-décembre
Quelques notes
1951, sur
pp. le
433-446
problème
; La deVielaet mort
la Mort
à laà travers
fin du
l'art du XVe siècle, Paris, A. Colin, Cahier des Annales, 1952 ; // Senso délia morte e l'amore
délia vita nel Rinascimento (Francia e Italia), Torino, Einaudi, 1957.
70
R. CHARTIER LES ARTS DE mourir
prononcées
Baltimore
4. Ph. -Ariès,
London,
en avrilWestern
1973)
The ;John
voir
attitudes
aussi
Hopkins
towards
« Contribution
University
Death à.-Press,
l'étude
From 1974
du
the culte
Middle
(textes
desdeAges
morts
quatre
toà l'époque
the
conférences
Present,
contemporaine », Revue des Travaux de l'Académie des Sciences morales et politiques, vol. CIX,
1966, pp. 25-34 et «La mort inversée. Le changement des attitudes devant la mort dans les
sociétés occidentales», Archives européennes de sociologie, vol. VIII, 1967, pp. 169-195.
5. D. Roche, « La Mémoire de la Mort. Recherche sur la place des arts de mourir dans la
librairie et la lecture en France aux xvne et xvine siècles », article ci-après et M. Vovelle, Mourir
autrefois. Attitudes collectives devant la mort aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, Galli-
mard/Julliard, «Archives», 1974.
6. H. Appel, Die Anfechtung und ihre Uberwindung in der Trostbuchern und Sterbebûchlein
des spàten Mittelalters nach lateinischen und oberdeutschen Quellen des 14 und 15 Jahrhunderts
untersucht und mit der Anfechtungslehre Luthers verglichen, Leipzig, 1938, sur YArs pp. 63-104.
7. Sister Mary Catharine O'Connor, The Art of dying well. The Development of the Ars
Moriendi, New York, Columbia University Press, 1942.
8. A. Tenenti, // Senso..., op. cit., chap, in, pp. 80-107.
9. M.C. O'Connor, op. cit., pp. 61-112.
10. Mgr P. E. Puyol, Descriptions bibliographiques des manuscrits et des principales éditions
du livre De Imitatione Christi', Paris, 1898, recense 349 manuscrits latins, mais J. Van Gin-,
ne ken, Op Zoek naar der oudsten tekst en den waren schrijve van het eerste boek der Navolging
van Christus, Tekstvergelijkende Spoor-naspeuringen, 1929, avance le chiffre de 600, p. 2.
1 1 . F. Rapp, L 'Église et la vie religieuse en Occident à la fin du Moyen Age, Paris, PUF,
«Nouvelle Clio», 1971, p. 248.
12. Renseignement communiqué par J.-Ph. Genet.
13. E. Langlois, Les Manuscrits du Roman de la Rose. Description et Classement, Lille-Paris,
1910, donne une liste de 214 manuscrits et en ajoute 30 « dont le domicile actuel est inconnu ».
14. F. W. D. Brie, Geschichte und Quellen der mittelenglischen Prosachronik. The Brute of
England oder The Chronicles of England, Marburg, 1905, pp. 1-5, 120 manuscrits en anglais, 43
en français, 4 en latin.
15. Maistre Nicolas Oresme, Le Livre de Politique d'Aristote. Published from the Text of
Avranches Manuscript 223 with a Critical Introduction and Notes by A. D. Menut, Transactions
of the American Philosophical Society, New Series, vol. LX, Part 6, 1970, pp. 33-39.
16. Maistre Nicolas Oresme, Le livre de l'Économique d'Aristote. Critical Edition of the
French Text from the Avranches Manuscript with the Original Latin Version. Introduction and
English Translation by A. D. Menut, Transactions of the American Philosophical Society, New
Series, vol. XXXXVII, Part 5, 1957, pp. 801-803.
17. Nicolas Oresme, Le Livre du Ciel et du Monde, edited by A. D. Menut and
A. J. Denomy. Translated with an introduction by A. D. Menut, The University of Wisconsin
Press, 1968, pp. 32-36.
18. H. Zerner, «L'art au morier », Revue de l'Art, n° 11, 1971, pp. 7-30, donne la
bibliographie récente du sujet et reproduit les onze miniatures du manuscrit du Wellcome
Institute of the History of Medicine ainsi que la traduction française de YArs moriendi dans sa
première édition xylographique.
19. W. L. Schreiber, Manuel de l'amateur de la gravure sur bois et sur métal au XVe siècle,
t. IV, Leipzig, 1902, pp. 253-313 ; également A. Blum, Les origines de la gravure en France.
Les estampes sur bois et sur métal. Les incunables xylographiques, Paris-Bruxelles, 1927, pp. 58-
61 et planches XLIX-LVII et A. Hyatt Mayor, Prints and People. A social history of printed
books pictures, The Metropolitan Museum of Arts, 1971, T édition 1972, illustrations 23-25.
20. A. M. Hind, An Introduction to a history of woodcut, t. I, London, 1935, pp. 224-230, à
compléter pour l'Italie par Prince d'EssLiNG, Les livres à figures vénitiens de la fin du XVe siècle
et du commencement du XVIe siècle, t. I, Florence-Paris, 1907, pp. 253-267 et M. Sander, Le
livre à figures italien depuis 1467 jusqu'à 1530, Milan, 1942, pp. 109-111.
21 E Mâle op cit., pp. 380-389 et T. S. R. Boase, Death in the Middle Ages. Mortality,
Judgment and Remembrance, Library of Medieval Civilization, London, 1972, pp. 119-126.
71
AUTOUR DE LA MORT
22. M. С O'Connor, op. cit., pp. 114-115. Sur les livrets xylographiques, dont la date
d'apparition a fait l'objet de controverses nouvelles, voir les mises au point (avec bibliographie des
travaux de L. Donati et A. Stevenson) dans les catalogues de deux récentes expositions : Le
Livre, Bibliothèque Nationale, Paris, 1972, p. 37 et Les Incunables de la Collection Edmond de
Rothschild. La gravure en relief sur bois et métal, Musée du Louvre, 1974, p. 32.
23. B.N., Rés. Xyl. 37, décrit par W. L. Schreiber, op. cit., t. II, Berlin, 1892, pp. 249-250
et t. IV, Leipzig, 1902, pp. 313-314.
24. Sur cette dualité voir les pages éclairantes de Ph. Ariès, Western attitudes towards
Death..., op. cit., pp. 29-39.
25. Les placards ont pu jouer un même rôle, avec le relais des alphabétisés, cf. Einblattdrucke
des XV Jahrhunderts. Ein bibliographisches Verzeichnis, Halle, 1914, n°761 «Instrumentum
continens modum disponendi se ad mortem », Ulm, J. Zainer, с 1500 et n° 509 « Death bed
prayers : О glorious Jesu », Westminster, W. Caxton, с. 1484.
26. Chiffre des incunables d'après M. С O'Connor, nombre des éditions à figures d'après
W. L. Schreiber, op. cit., t. V, Leipzig, 1910, pp. 72-74.
27. W. L. Schreiber, op. cit., t. V, n°4815, n°4816, n° 4642, n° 5424 et n° 5425.
28. E. Hodnett, English woodcuts 1480-1535, Printed for the Bibliographical Society, At the
Oxford University Press, p. 188, n°510 «L'Agonie».
29. M. С. O'Connor, op. cit., pp. 133-171 ; A. Tenenti, La vie et la Mort..., op. cit., indique
dans un tableau pp. 92-95, 97 éditions incunables mais ne les décrit pas.
30. L. Febvre et H.-J. Martin, L'Apparition du livre, Paris, Albin Michel, « L'Évolution de
l'Humanité», 1958, 2e édition 1971, carte pp. 260-261.
31. A. W. Pollard et G. R. Redgrave, A short-title catalogue of books printed in England,
Scotland and Ireland and of English book printed abroad, 1475-1640, London, The
Bibliographical Society, 1926, p. 19.
32. B. Moreau, Inventaire chronologique des éditions parisiennes du XVIe siècle, d'après les
manuscrits de P. Renouard, Paris, Imprimerie Municipale, 1972, t. I, 1501-1510, 1501 n° 9, 1503
n°7, 1504 n°8, 1505 n° 10, 1510 n° 14.
33. B.N., Rés. Impr., Papiers Renouard ; P. Renouard, Répertoire des imprimeurs parisiens,
libraires, fondeurs de caractères et correcteurs d'imprimerie depuis l'introduction de l'Imprimerie
à Paris jusqu'à la fin du XVIe siècle, Minard, 1965.
34. H. Baudrier, Bibliographie lyonnaise. Recherches sur les imprimeurs, librairies, relieurs
et fondeurs de lettres de Lyon au XVIe siècle, publiées et continuées par J. Baudrier, Lyon, Brun,
1895-1921, t. XI, p. 516.
35. S. F. Pogue, Jacques Moderne, Lyons Music Printer of Sixteenth Century, Genève, Droz,
1969, avec une bibliographie des éditions de Moderne, pp. 107-296, n° 67 Le livre nommé l'art et
science de bien vivre et de bien mourir.
36. A. Tenenti, La Vie et la Mort..., op. cit., pp. 63-68.
37. Bibliotheca Belgica. Bibliographie Générale des Pays-Bas. Fondée par F. Van der
Haegen. Rééditée sous la direction de M. T. Lenger, 1964, t. I, pp. 604-607 ; sur le texte de
Clichtove et ses accents humanistes, A. Tenenti, La Vie et la Mort..., op. cit., pp. 68-70.
38. Bibliotheca Belgica, op. cit., t. II, pp. 943-971 ; sur ce texte, A. Tenenti, // Senso..., op.
cit., pp. 122-127, et plus généralement sur le problème de la mort chez Érasme, pp. 229-261.
39. R. Doucet, Les Bibliothèques parisiennes au XVIe siècle, Paris, Picard, 1946, pp. 36-37.
40. J. Dagens, Bibliographie chronologique de la littérature de spiritualité et de ses sources
(1501-1610), Paris, 1952 ; A. Cioranescu, Bibliographie de la littérature française du XVIe siècle,
Paris, Klincksieck, 1959.
41. Directoire pour ceuls qui sont à l'article de la mort, extraict de la doctrine de Gerson, avec
aucunes petites oraisons en rimes ajoutées par le R.P. Jean Columbi, s.l.n.d.
42. P. Doré, La déploration de la vie humaine avec la disposition à dignement recevoir le
S. Sacrement et mourir en bon catholique, Paris, 1554.
43. Jean de I'Espine, Traicté pour oster la crainte de la mort et la faire désirer à l'homme
fidèle, Lyon, 1558.
72
R. CHARTIER LES ARTS DE MOURIR
mort
(6 éditions
44.parP.laRiCHEOME,
mort,
au xvieet siècle,
l'appareil
L'adieu
7 au
pour
à l'âme
xvne).
heureusement
dévote laissant
se partir
le corps
de ceste
avec vie
les mortelle,
moyens de Tournon,
combattre
1590,
la
45. N. L. Beatty, The Craft of dying. A study in the literary tradition of the Ars moriendi in
England, Yale University Press, 1970.
édité46.enT. 1534,
Lupset,
1535,
A compendious
1538, 1541,and1544.
a very fruteful treatyse teachynge the waye ofDyenge well,
47. T. Becon, The Sicke mannes salve, wherein the faithfull Christians may learne both how
to behave themselves paciently and thanke fully in the tyme of sickness and also vertuously to
dispose the temporall goods and finally to prepare themselves gladly and goodly to dye, édité en
1561, 1563, 1568, 1570, 1572, 1574, 1577, 1584, 1585, 1594, 1596, 1601, 1604, 1607, 1611,
1613, 1631, 1632.
48. E. Bunny, A Booke of Christian Exercise Appertaining to Resolution, 1584, adaptation de
R. Parsons, The First Booke of the Christian Exercice appertayning to resolution, 1582 ; sur ce
texte J. Driscoll, Robert Parsons' Book of Resolution. A bibliographical and literary Study, Yale
University Press, 1957.
49. A. Linzeler, Inventaire du Fonds Français. Graveurs du XVIe siècle, Paris, Bibliothèque
Nationale, 1932-1935.
50. Heures de la Vierges à l'usage des Dominicains, Paris, Veuve Kerver, 1542,'p. i, VI, v°.
Le bois se trouve également dans les éditions de 1522 et 1569.
51. L.Gaultier, Suite de onze pièces, B.N., Est. Res. Ed 12 Fol., nos 140-144.
52. H. Baudrier, op. cit., t. V, Jehan II et François Frellon ; R. Brun, Le livre français
illustré de la Renaissance, Paris, Picard, 1969, pp. 73-76 et p. 222 ; et surtout N. Z. Davis,
« Holbein's Pictures of Death and the Reformation at Lyons », Studies in the Renaissance, III,
1956, pp. 97-130 dont nous suivons ici la démonstration.
53. H. Baudrier mentionne l'édition de 1562 comme étant « la neuvième et dernière », op.
cit., t. V, p. 259 mais ne recense en fait que 8 éditions dont la description est reprise par
R. Brun, op. cit., p. 222.
54. H. Baudrier, op. cit., t. X, pp. 381-382; R. Brun, op. cit., p. 265; A. Tenenti, //
Senso..., op. cit., pp. 278-281.
55. J. M. Lenhart, « Pre-Reformation Printed Books. A study in statistical and applied
bibliography», Franciscan Studies, n* 14, October 1935, tableau p. 76.
56. J. M. Lenhart, art. cit., p. 68 reprend le chiffre avancé par R. Steele dans une série
d'articles parus dans Library .- A Quaterly Review of Bibliography and Library Lore entre 1903 et
1907.
57. A. de Backer, Essai bibliographique sur le livre De Imitatione Christi, Liège, 1864, pour
les incunables, 54 éditions en latin, 14 en italien, 8 en allemand, 4 en français, 4 en espagnol, 1
en polonais.
58. A. Tenenti, La Vie et la Mort..., op. cit., p. 60.
59. B. Moreau, op. cit.
60. L. Delisle,
Caen,' Catalogue des livres imprimés ou publiés à Caen avant le milieu du
XVIe siècle, 1903-1904.
61 L Desgraves, Bibliographie bordelaise. Bibliographie des ouvrages imprimés à Bordeaux
au XVIe siècle et par Simon Millanges (1572-1623), Baden-Baden, 1971.
62. H. Baudrier, op. cit.
63 A de Backer, en' op. cit., au xvie siècle, 68 éditions en latin, 56 en italien, 18 en français,
17 en anglais, 16 flamand, 15 en allemand, 6 en espagnol, 4 en polonais.
64. С Sommervogel, Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, t. X, Tables de la Première
Partie par P. Bliar, Paris, Picard, 1909, pp. 510-519.
65 С Sommervogel op cit., t. VI, p. 944, 12 éditions en latin, 1 en allemand en 1584, 5
en français la première 'étant de 1599 publiée sous le titre Consolations très utiles, brièves et
méthodiques pour bien et fructueusement consoler et ayder les Malades à l'article de la mort.
73
AUTOUR DE LA MORT
66. С Sommervogel, op. cit., J. Anchieta, t. I, p. 312 ; J. Fatio, t. III, p. 552 ; P. Gil, t. III,
p. 1413; J.-B. Poza, t. VI, p. 1135.
67. Les almanachs et prédictions du xvie siècle restent silencieux sur la mort et ne disent rien
de sa préparation, d'après F. Ponthieux, Prédictions et almanachs au XVIe siècle, mémoire de
maîtrise de l'Université Paris-I fait sous *ia direction de P. Goubert, ex. dact., 1973.
68. R. Doucet, op. cit., p. 87, n° 45.
69. R. Doucet, op. cit., p. 100, n° 117. Les différents titres concernant directement la mort
font un total de 900 exemplaires dans un fonds qui comprend 53 475 volumes, soit 1,6 96.
70. R. Doucet, op. cit., p. 127, n° 246.
71. R. Doucet, op. cit., p. 167, n° 26.
72. A. H. Schutz, Vernacular Books in Parisian Private Libraries of the Sixteenth Century
according to the notarial inventories, Chapell Hill, The University of North Carolina Press, 1955,
l'auteur étudie 220 inventaires (liste pp. 74-86) et décrit 650 titres en langue vulgaire (liste
pp. 31-73).
73. A. Labarre, Le Livre dans la vie amiénoise du seizième siècle. L'enseignement des
inventaires après décès 1503-1576, Paris, Louvain, Nauwelaerts, 1971.
74. A. Labarre, op. cit., pp. 189-195.
75. VArt et science de bien vivre et bien mourir, Paris, Bonfons, s.d., p. К I v° - К II r#.
76. La Manière de faire testament salutaire, Lyon, Arnoullet, 1513, p. D VII v*.
77. VArt au morier, introduction. Nous suivons ici la transcription donnée par H. Zerner,
art. cit., pp. 19-30.
78. VArt et science..., op. cit., p. К III r°.
79. La Manière..., op. cit., p. a III гф.
80. La Manière..., op. cit., p. b VIII v° - с I r°.
81. Ph. Ariès, «La mort inversée», art. cit., pp. 171-179.
82. La Manière..., op. cit., p. a VI r°.
83. R. Benoist, Considérations notables pour les Chréstiens malades, contre les pernicieuses
coustumes, et les diabolicques persuasions, de ceux qui ne veulent en leurs maladies recevoir les
Sacremens qu'en l'extrémité. D'où vient la mort, de l'âme et du corps, en plusieurs, Troyes, 1595.
René Benoist, né en 1521, prêtre en 1553, fut curé de Saint-Eustache en 1568. Favorable à la
Ligue en son début, il reste néanmoins fidèle à Henri III et Henri IV qui le nomme évêque de
Troyes en 1593, mais le Pape lui refuse l'investiture canonique pour une traduction française de la
Bible condamnée en 1567. Il résigne son évêché, retrouve le bénéfice de Saint-Eustache et meurt
en 1608 ; sur lui, E. Pasquier, Un curé de Paris pendant les guerres de religion : René Benoist, le
pape des Halles, 1521-1608, Paris, 1913.
84. P. Doré, La déploration de la vie humaine avec la disposition à dignement recevoir le
S. Sacrement et mourir en bon catholique, Paris, 1554. Doré, né vers 1500, frère prêcheur,
docteur en théologie, fut prédicateur à la cour de Henri II et confesseur de Claude de Lorraine,
premier duc de Guise; il meurt à Paris en 1559.
85. P. Doré, op. cit., p. a III v°.
86. P. Doré, op. cit., p. 144 r°.
87. P. Doré, op. cit., pp. 176 v° - 177 r° et v°.
88. La Manière..., op. cit., p. b V r°.
89. P. Doré, op. cit., p. 149 v°.
90. P. Doré, op. cit., p. 150 r°.
91. P. Doré, op. cit., p. 152 r°.
92. P. Doré, op. cit., pp. 154 v° - 155 r°.
93. VArt au morier, « Bien utile conclusion de ceste salutaire doctrine ».
94. La Manière..., op. cit., p. с I r°.
95. VArt et science..., op. cit., p. К III v°.
74
R. CHARTIER LES ARTS DE MOURIR
75