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La stance est présidée par Gérard Miller 215 TRANSMISSION OU PROSELYTISME* ? par RENE LEW LE LANGAGE ET LALANGUE La fonction de la Verleugnung dans son rapport l’Anerkennung, du démenti a la recon naissance, est la fonction dynamique du je n’en veux rien savoir. C'est celle de l’analysant qui indique son savoir dans son démenti, autrement dit qui le projette dans cette négation, jusqu’a ce point-limite od analysant peut se dire arriver & la fin (asymptotique) de son analyse. C’est le point od, de son savoir, constamment mis en échec et constamment recons- truit par le dire-ce-qui-vient, il fait matériau de ce qui devient théorie de cette pratique qu’est Vanalyse, Ce point de clivage entre savoir et vérité constitue bien "analysant, dans l'effectif de son analyse, en tant que sujet de la science. Mais qu’est-ce que la science, si ce n'est ce que le lien social (c’est-2-dire le langage, la culture, le nouméne disons) dégage comme champ spécifique parmi les phénoménes, autre- ment dit déja comme un discours, et 4 la fois ce qui se détermine a partir de ce discours spécifique, et qui le rend donc pensable. Est-ce que ca le satisfait, le sujet de l'analyse, de penser, en fin de compte ? Est-ce que ca le satisfait d’étre, en fin de compte, par son savoir proche de Ja vérité ? Assurément oui, ga le satisfait de s'en étre approché par la parole, C’est-a-dire d’avoir dynamisé Jalangue dans le transfert, ‘C’est done un savoir d'amour qu'il se procure bien sir, puisqu’il n’y a d’autre satisfac- tion que d'amour; l'amour qui ne se soutient que d’une parole dans le dialogue, savoir : Je te demande de me refuser ce que je t’offre parce que c'est pas ¢a, La collusion du savoir & la parole, c'est la jouissance, définie plus explicitement par un parler d’amour. Le rapport du savoir & la vérité, de l'amour a la science, c’est cet effet de parole qui s'appelle jouissance. A quoi on s’apergoit que ce qui se détermine comme dynamogéne dans la science est lié a la jJouissance par la parole, en tant que cette parole lie le plus étroitement le discours comme potentiel & ses effets en tant que théori * Mon propos initial (Géfini dans mon Argument) était de mettre en question Ia pratique analy- tique dans son rapport au contexte et particuliérement ld od c'est flagrant : en «institution.» ‘'ai développé ce propos en plusieurs chapitres, dont l'on ne trouvera ici que les deux derniers, faute de place 1.— La théorie : discours, penser, corps, mort. U— Lathéorie de Freud, UL La castration. IV.— Le langage et ialangue, V.= Le politique. 216 VENDREDI Alors se questionne-t-on : quelle est la référence d’un discours dans lalangue? Aussi bien, cela se résoud en cette autre question : s'il est bien entendu que la science spécifie de fagon tautologique ce que le discours qui la constitue entérine comme lien social, qu’en est-il du référent de ce discours, qu’il faut de plus préciser alors s"ordonner de ce qui fait lien dans le social ? Peut-il y avoir une autre constitution de ce référent que cet ordonnancement, & savoir une autre jouissance que celle du langage, qui est cette mise en fonction du rapport du savoir a la parole ? On sait que oui : "inconscient étant structuré comme un langage, le savoir, mis en exercice dans l'analyse, met en euvre /alangue, autrement dit une autre jouissance que celle du langage, une jouissance du corps. «L’inconscient est un savoir-faire avec lalanguel y, dit Lacan, Autrement dit inconscient est un savoir-faire avec ce qui porte effets de la jouis- sance du corps. C'est la seule fagon de comprendre pourquoi Freud a si nettement insisté dans «Pulsions et destins des pulsions» sur le rapport de la pulsion avec organique en la situant dans l'article sur le refoulement sous ses deux formes : 1) représentant de la représen- tation (le signifiant au sens lacanien), et 2) représentant d’affect. Ce qui revient a faire tra- vailler dans la théorie ce rapport entre le langage et lalangue. Si dans le langage, un signifiant représente un sujet (sujet de l'inconscient) pour un autre signifiant, dans lalangue, l'étre, comme corps, fait signe a un autre étre, c’est-a-dire se spécifie comme quelqu’un auprés d’un autre, valant pourtant par ailleurs lui aussi comme sujet (dans un rapport de signifiants). Précisément ce que lalangue déplace dans sa suite avec ce quelqu’un parmi tous les autres & qui il est fait signe, c'est qu'il existe un ailleurs, un grand Autre, qui donne a l’étre, et justement d’tre parlant, son caractére signifiant d’étre sujet. Par la le sujet est ramené dans sa représentance signifiante & son rapport avec le savoir. Qu’il y ait un signe dans lalangue our pointer I'étre, désigne comme insigne, voire enseigne, dans son corps l'unité qui le constitue de I'effet du signifiant-maitre (dans lalangue), conséquemment articulé avec le savoir (Gans le langage) du fait du lien de lalangue au langage. L'étre est donc affecté d'un insigne. C'est de cette unité de Pétre dans son corps, définie par la césure de Jalangue au langage, ccésure qui origine donc le grand Autre, qu’on infére ce qui se propulse dans la théorie comme castration : Vinsigne du corps chatré. L’insigne des organes sexuels (au sens large) a la fois ordonne Pétre en deux classes et surtout 'inscrit dans la mort, du fait de la répétition qui se ‘marque ainsi et dévoile la contingence, Mais la jouissance de I’ Autre (du corps qui symbolise Autre, précise Lacan) n’est pas contingente, Le référent du signifiant phallus, en tant que ce référent est tiers dans le rapport de ce signifiant a la castration qu’il désigne, ne peut étre que Fretre, tel que la théorie le nomme d’étre représenté par son narcissisme primaire. Voila «le Un incarné dans lalangue?» dont parle Lacan. A insister sur la eésure dont je viens de parler, je dirai que le Un, situé dans Jalangue, permet de comprendre, en tant que castration, Veffet du signitiant de I’'Un-en-moins dans I’Autre, qui lui est situé dans le langage. Comme dit Lacan, «en s'émettant vers les moyens de la jouissance (le savoir), le signifiant- maitre détermine la castration}. En ce sens, puisque ce Un «est quelque chose qui reste indécis entre le mot, le phonéme, la phrase, voire toute la pensée4», on peut le situer pour autant dans la théorie, c’est-a-dire que c’est ce Un qui fonctionne dans la théorie comme castration, et bien plus qui est la théorie en tant que telle. C’est bien dire que la théorie est castration, pour le sujet qui la soutient, en occurrence 'analyste. 1, Séminaire XX : Encore, Patis, Seuil: 1973, p. 127 2. Encore, p. 131 3. L'envers de la psychanalyse, Séminaire XVI, leyon du 18 février 1970 (Inédit) 4. Encore, p. 131 VENDREDI 217 Litre, en tant qu’asexué, se spécifie de son corps, marqué des insignes du sexuel. C'est affaire de lalangue, La jouissance de ce corps, du fait méme des insignes qui I'infléchissent, ne peut que s'écrire, se marquer. C’est dans cette écriture que git le ressort de ce qui vient symboliser I’Autre dans le corps. La théorie analytique est cette inflexion du sexuel, cette inflexion de I’écriture dans le corps, qui se désigne comme procés de symbolisation. Autre- ment dit son objet est le référent qui dans lalangue vient en tiers dans ce qui fait signe de etre, Cest-a-dire dans le rapport du signifiant a ses effets de signifié. Rapport étroitement déterminé par cet Autre, situé dans le langage, et qui, précisément & ne pas étre de /alangue, ne peut que contenir une faille d’ol procéde assurément la dematide d'amour, mais surtout dont Peffet se laisse éntendre dans la parole (parole dite et non plus écriture) comme ce qui vise, & partir du signifiant, la castration comme effet de signifié. La logique de la parole est cette faille dans PAutre, cest-a-dire dans le langage, cette faille qu’implique la distance du langage & lalangue. Cest le essort du désir en ce qu’il tient & Pamour. ‘A Popposé, cette distance instaure dans lalangue une béance de I’étre, appendue & son corps, et qui le sépare du Un quril désire, qu’il désire depuis le lieu de son amour, c'est-&-dire depuis le langage. Le Un, qui vaut, on I’a vu, comme reste dans Jalangue de ce qui se présente comme en-moins dans le langage (autrement dit : qu’aucun signifiant ne puisse se signifier soi- méme), ne peut se soutenir que de Pécriture. C'est pourquoi, comme effet de castration, le rapport sexuel ne demande qu’a s’écrire; mais comme cette écriture dépend de ce qui la rend opérante dans le langage, comme fait de I’Autre, elle ne peut se présenter qu’en-moins, c’est-A-dire que comme impossible. Si l’Autre, comme lieu des signifiants, (mais le signifiant maitre est situé de plus dans /alangue), si !'Autre est contingent, sa jouissance ne l'est pas elle est impossible, sauf a se symboliser dans un corps. En dehors de cette symbolisation, il n'y a que de impossible. Le rapport sexuel sans l'aide du corps comme support symbolique est impossible et la jouissance autre que celle du corps nest que pur négatif. Ce en quoi on peut la rapporter comme limite vers la mort. Le Réel est done ce qui subsiste de n’étre pas symbolisé, de ne se présenter que comme écriture impossible. Il n'y aura jamais pour en rendre compte que suppléances, comme par exemple la jouissance du corps. Le procés de symbolisation de Jalangue au langage délimite une jouissance dans le Réel comme impossible : un trou de jouissance, autour de quoi s’orga- nise le Symbolique. L’insigne de ce trou, et, qui plus est, qui en fonctionne comme signifiant, le phallus, autorise alors la jouissance sexuelle. C’est toujours quelque chose d’unheimilich, de familier-étranger, comme rapport de lalangue au langage. Crest en quoi, dans cette définition, la jouissance sexuelle, dans le langage, ne peut étre que phallique (c’est une tautologie) et ne viser que la jouissance du corps, dans Jalangue. Elle ne se rapporte A l’Autre que symbolisé dans le corps. La jouissance sexuelle, en ratant I"Autre en tant que tel, c'est-d-dire non symbolisé dans le comps, représente la distance de I’écrit & la parole, de lalangue au langage, du dire au dit. L’écrit instaure le référent comme toujours raté, et nommément l’Autre pour le Un. - un= 8h Parole | = crture VENDREDI 221 ignorant», c’est-a-dire & se départir de son savoir (quant au manque), afin qu'il se retrouve suscité par Panalysant; 2) Le discours universitaire peut suivre le premier pour V’analysant assuré de son savoir. (Liinconscient parle). L’analyste est supposé en apprendre sur le sujet clivé et non plus en savoir. 3) Quant au discours hystérique : le symptOme prime sur le signifiant, qui s’en trouve malgré tout dégagé par I’interprétation (A la mesure de l’analyste, en rapport avec son savoir). 4) Le discours de I’analyste est alors discours en retour : & partir du savoir et au profit signifiant du sujet clivé. Bien plus linsistance de Freud a lier Verleugnung et perversion doit attirer Pattention : la perversion est le chemin le plus accessible, le plus autorisé par la censure sociale, C’est une voie royale de la jouissance pour l'analyste, mais au détriment de l’analyse. Le plus-de-jouir que peut devenir la théorie fétichisée en tant qu’objet propre de la psychanalyse est le meilleur exemple de perversion de analyse. Ceci pour dire que le faire-savoir de l'analyste n’est pas a Pabri, et méme en tant que faire-savoir nécessité par le savoir-faire de la cure elle-méme, n'est pas & I'abri des effets de perversion. L'interprétation comme mi-dire (énigme ou citation) y coupe. La théorie beaucoup moins, Et méme quand Lacan s'oblige 4 ne pas dire les choses clairement pour ne pas en entrainer la maitrise, il ne peut échapper a l'usage maitrisé qu’on peut faire de son discours. Le poids social du discours qui se véhicule fait et savoir et perversion. Et ce que le discours psychanalytique fait savoir de la jouissance en théorie (dans la mesure ot la théorie a un effet de sublimation devant la castration), comme toute sublimation, risque de donner le change, de faire commerce de ta jouissance; et en laissant reprendre ce savoir pat le politique, risque toujours de suturer le sujet, en le spoliant de sa jouissance. Et Lacan dans PEthiquel raméne les choses & leur juste place : «Sublimez tout ce que vous voudrez, mais il faut le payer avec quelque chose. Ce quelque chose s’appelle la jouis- sance, et cette opération mystique je la paye avec une livre de chair.» En quoi, l'on retrouve que la psychanalyse s’établit sur une perte et que ce qui s’en dit est bien un travail de deuil. 1. Legon du 6 juillet 1960 (Inéaiy. 222 La séance est présidée par Gérard Miller LA TRANSA OU L’AMOUR DEUX LALANGUES par BETTY MILAN Tudo se finge primeiro, germina auténtico & depois, G, ROSA, Grande Seria Veredas (On ne parle d'une langue que dans une autre langue. J.LACAN, Séminaire da 15.X1.1977 Selon une certaine perspective, ancrée dans Villusion du métalangage, la traduction serait la reformulation d’un méme message dans un idiome différent, réussite ou échec s'appréciant en fonction de la plus ou moins grande permanence du contenu dans le passage de la langue de départ a la langue d’arrivée. L’accent est mis sur la «dénotation», «ce je veux dire qui dit toujours le ratage de intention dans le dire» (1), le but étant alors la production d'un texte transparent par rapport a original. A cette idée de la transparence qui se fonde sur la supposition dune hétérogénéité entre Ja pensée et le langage, des langues en tant qu’actualisations particuliéres d'un signifié trans- cendental, Meschonnic (2) a opposé la traduction comme réénoneiation spécifique d'un sujet historique, interaction de deux poétiques ou, autrement dit, la traduction en tant que décentrement, contraire a ce qu'il nomme annexion, effacement du rapport entre les langues, illusion du naturel, comme si un texte en langue de départ était écrit en langue d’arrivée, abstraction faite des différences de culture et de structure linguistique. L'annexion est ainsi une procédure oii ce n’est pas par la différence qu’il y aurait une transmission du méme, mais ar son effacement, Ia traduction fonctionnant ici comme la transmission de la psychanalyse dont le présupposé serait I'identification. Dans la perspective du décentrement qui nous intéresse, le texte est abordé comme un poéme, la traduction vise le style, et le message est supposé constitué par Pacte méme de traduire, qui, de ce fait, n'est pas concu comme une opération sur le langage, mais comme une opération de la langue, impliquant done un sujet. Dans cette perspective, il s'agit pour nous de cerner la spécificité de l'opération tradui- sante, en considérant d'une part le traducteur dans son rapport au texte et d’autre part la tra- duction elle-méme, pour montrer que la transmission de la psychanalyse par la traduction suppose la production d'un nouvel indicible, et, s’agissant de Lacan, de louverture dans tune autre langue d’un espace de lisibilit ilisibl. YENDREDI 223 Traduire, analyser, écrire, Ayant & faire au texte original, en vue d’un texte & produire, le traducteur attend que Poriginai recoive d'une autre langue un sens, il attend suspendu & une certaine écoute, celle de ce qui du sens dans cette autre langue s'insinue dans ce qui est écrit. Entre Voriginal et le texte cible, cette écoute qui en s’éerivant produira le nouveau texte ou, autrement dit, dans sa lecture de original le traducteur envoie a l’Autre (lieu, ici langue, doit la parole prend son sens) un message, pour recevoir de celui-ci son propre ‘message dans la langue cible, sous la forme dune écoute qui s'écrit et ainsi fait du traducteur son sujet. Rapportée A la subjectivté, la traduction demande & étre distinguée de l’écriture d'une part, de Pacte analytique d’autre part, dont on dit qu’ est aussi traduction, “Ecoute qui s’éerit, avons-nous énoncé pour la traduction. La méme formule vaudrait pour 'écriture, sice n’était qu’ayant a faire au texte de ce qui de son inconscient s'est inscrit, Pécrivain, lui, est suspendu a Mécoute d’un message qui lui vient directement de I"Autre, pour devenir le sujet d’une inscription inconsciente qui s’écrit Autrement dit, pour celui qui traduit : ce qui s’entend dans ce qui se lit. Pour celui qui e quis’entend dans ce qui est inscrt. Quand a Panalysant, dans la mesure oii ila affaire & un texte original, inconscient q pas encore été dit et qui insiste dans Pattente d’un dire, il doit dire, devenant ainsi sujet dun dit dont ce qui est entendu s"inscrit. II envoie un message a l'Autre, recevant de celui-ci son propre message, sous la forme d’une écoute quisinserit. Ly aurait donc entre I'analyse et la traduction, cette différence d’une éooute qui s’inscrit et d'une écoute quis’éerit. écrit Un sujet en mal de traduction et en mal d’impossible : I’hainamoration Sujet d'une écoute qui s*écrit dans une autre langue et ne peut que s’écrire, le traducteur lit en fonction du texte & venir, le texte original étant par lui mis en dérive-dérivation du texte vers une autre langue. Cet @ venir qui accroche le traducteur au texte, est ce sans quoi celui-ci n’aura pas d’effet la of le traducteur devra Pinscrire. Autrement dit, la traduction fait émerger le réel du texte, plagant le traducteur dans la langue par laquelle il est concerné, langue qui fait de lui, dans son rapport a original, un lecteur en mal de traduction. Dans la mesure oti celle-ci ne peut que se faire, nous croyons pouvoir avancer quelle est Veffet d'un symptéme, au moyen duquel, le texte, objet a, se métonymise et la dérivation du sens se produit. Le texte traduire est 1c! que le traducteur s'y reconnait en s'apercevant de son ‘étrangeté.» Il est étranger & un texte auquel il appartient, et c’est pour ne point I'étre qu’il traduit. 7 Par ailleurs, il s’agit d’un texte supposé conférer au traducteur une réconnaissance par le savoir que celui-ci lui suppose, c"est-A-dire, que le texte doit légitimer le transfert du traducteur, qui lui demande de reconnaitre sa supposition de savoir. Ecriture dune lecture, la traduction est un glissement du sens qui se transfére d'une langue & une autre, pour que s’opére une transmission, dont le fantasme veut qu’il s'agisse du méme et dont la réalité reconduit, au contraire, impossibilité du méme entre deux langues, décalage qui fait du traducteur un lecteur confronté en permanence 4 "impossible. Pour autant que le métalangage n’existe pas, ce qui se transmet ne peut étre que de Vordre du sens, le traducteur étant par conséquent confronté a ce qui n’est pas intégralement transmissible, le réel du texte en tant qu’il lui résiste, Etant un lecteur supposé connaitre une 224 VENDREDI Jangue dans Pattente d'un savoir qui lui est donné ou refusé, le «ce nest pas gan précédant toujours le «c'est ga», moment oii ga se trouve, nous pourrions dire que le traducteur est un lecteur en mal d’impossible. En mal de traduction et en mal d'impossible, il entretient un rapport singulier au texte. Aimant un texte qui lui résiste puisque toute traduction suppose un indicible, le traducteur, sujet supposé savoir deux langues, ne fait qu’affronter son ignorance, l'impossibilité é1ant vécue comme impuissance et l'amour du texte donnant lieu a Phainamoration. Le traducteur vit ainsi sa division entre deux langues a légard desquelles il se définit, imaginairement, par un savoir, réellement par un non-savoir. Sa division est done telle qu'il y a une supposition de savoir concernant deux langues, et un non-savoir qui n’a pas de langue. Face cet impossible et & limpuissance, la tche du traducteur ne peut s'accomplir que ar une symbolisation du réel de la division, c'est-a-dire, la division du sujet entre le signi- fiant d’une langue et son équivalent impossible dans une autre, division dont le présupposé est existence du métalangage. Autrement dit, Ia traduction ne devient possible que par une

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