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OLIVIER WIEVIORKA LA MEMOIRE DESUNIE Le souvenir politique des années sombres, de la Libération & 10s jours Fachbibliothek fre Gi ten niverstat Wien EDITIONS DU SEUIL 25. bd Romain Rolland. Pars XIV" ort sy--12 ep) {Pismo SK He uoBAIT> yee =BNS ‘sop suonuoiud sq susmos 2p aeajr mb aqeuoneu 09551 2] 2p aigisuma 2] 32d aquatnos 19 "-suoUmos “A od naz wuene ques 59 31 wddas yo ssL0d9p op 23 sums 9p sui S21 ans WSEAS am sso (O96 ‘a ate) ramnequIOD np ayERdY w '86G1 wa ‘SBOIRE L "SIO Sap 9An9p B [1-20 ,,sIapoPUIRA, sop nod sua} ang sed tuasiop ou syuentquio> suotour so[» anb reuse ojnen 9p respu98 a surY uETIUD> opuoKt Np suontoipuaaar me WAI} un mou pu=ise anbygnd3y «A. | 9p aun aj“. 9p apunersas HOIN,| 9p UO otsmDuod, “pod ‘3p nea08 of snos aged ston sod amouop v.09 “aonaqgo> op ay 2] amasad anbaod 2u20 "6961 12 a56t ame stoanid of ed oxams axougt v 3p on “yod of “amsou 28s ou sup "ous9s Ty6L uD PaCewO “usKou onouqu,t son0u9p inod ayn 22 ae 9p TRU of Kojdua,nb amps ayeoy ane softs {D9pt sop onan sefon af BOD NUD, | S.A» £.(6961-8561) 40,p 28g un ‘guuaraes onbyqndyy ey maniéeu associations de résistance en avangant les arguments sui- vant "<1 Les das de forclusioniitialement adopts ont fait VPobjet de prorogations qu se sont échelonnées de 1948 & 1951, Elles ont é pores la connaissance du public en temps utile. Chacune ¢’elles a fait objet d'une publicté importante par press, radio et affichage dans toutes les smaites et gendarmerie. Les Associations de résistance font, de Teute6¢8, donné une large diffusion 8 ces dispos- En ce qui conceme plus particulérement les FFI ilest& noter que lafrclusion a6 demandée pares représentants (qualifigs de leur mouvement au sein de la Commission ‘ationale d"homologation des grades FFI, seal organisme ‘consulta officiel habilité & donner son avis sur a ques- tion. En 1951, cee Commission aestimé en effet qu'il y avait leu de fixer une date dfiitive de forlusion pour le ‘dépbt des demandes d’homologation, la période de six années éeoulée depuis la Libération ayant été jugée suffi Sante pour recuelirlesatestations&produire AI appui des. demandes T) La levée de coue forclusion permettait peut fe de siablr dans leurs droits €ventuels un nombre restrent de ras résistants négligents mais elle aurait pour effet de suscter de nombreuses demandes collectives ou indivi- ‘duelles tendant& la reconnaissance de nouveaux mouve- ‘ments (ou organismes) de résistance, ou de nouveaux résistans. Elle serait également le moyen pour les personels soot demand au ead deepest us nos TD) Ly plus de seize ans que la Libération est nterve- ue, til est bien évident que plus on s'oigne des fats, plus il est difficile de éunir les émoignages et les attest tions nécessaires. Les preuves qui dans beaucoup de cas 150 {La REPUBLIQUE GAULLIENNE, UN AGE D'OR? n'ont pi tre produtes avant la forelusion (1951) ne le feront pas plus facilement dans Vavenir. On est alors ea Groit de eraindre apparition de fraudes qu'il serait di tile de déceler. TV) On peut admetie que les membres des différents réseau de la RIF qui prirent les armes ont vu, 3 juste tite, Teurs services validés comme services milties. Mais il ne serait pas equitable que la majorté des autres membres, dont les activités A caractre militaire sont pratiquement {ncontrlables seize ans apres la Libération, puisse bénéfi- cler des mémes avantages. 'V) La levée dela forclusion conduirat& la remise en place aux différens échsions des organismes administra- Tis et de contre qui oa 6 dissous. ‘Vi Entfin, a remise en cause des délas de frclusion pour les candidas au cerficat national FFT ne manguersit. pis o'entraner des revendications similares dela part des utes “grandes familles" dela R (FFC — DIR ete.) ce qui ‘ultipierait les difficulés et aggraverait la portée des arguments exposés aux paragraphes “En conclusion, 1a (Direction du personnel militaire de rarmée de tere] estime pour sa part que la forelusion actuellement en vigueur pour la reconnaissance des ser- ‘ices FF dot re maintenbe. » ‘Les services de Ie rue de Bellechasse, en d'autres termes, eraignaient en levant la frclosion de voir déferer des dossiers Emanant de résistants aux tires de guerre contestables, Ils n'entendaient en aucun cas ouvrir cete botte de Pandore. 1. DPMAT, note por cabinet do ministe, 29 décembre 1961, subs T 8 131 Un Paésinenr aATISSEUR Le pouvoir gaullste méne par ailleurs une politique rmonumentalesinon ambiteuse, du moins cabérente, que <éfinit le commissariat général aux monuments commé= rmoratfs des guerres mondiles et dela Résistance stuc- ture créée en 1960 et place sous la présidence du général ‘de Larminat. Signe de inte qu'il pre & cette question, ‘Charles de Gaulle precise, ds le 21 mars 1959, 8 on Pre- ‘ler ministre Michel Debeé, que «I'absence d'un orga nisme d'impulsion et de coordination compétent pour "éification et 'enretien des monuments commémoratifs ‘ux mont des deux gueres limite dans ce domaine 'inter vention de P'autorité publique & I'approbation par le ministre de Vntrieur, ce qui me para insuffisant. ‘Je désire que soit créée aupres du Ministre des Anciens Combatants une “Inspection des monuments commémo- ‘ratify des deux guerre et de la ésistance” qui serait conige au général de Larminat». De fait, un até du 24 juin 1960 installe le général de Larminat dans ss fonctions et Te charge de: ‘), Dietomaire op, P1008. 160 uaner {QUE GAULLIENNE, UW AGE D:OR? centreprise, jouissant d'une grande populsrité auprés des Iyosens et des collégiens, ne semble gutre avoir ébrané Jes colonnes du temple ~ ce qui n’éat au demeurant pas son objet C'est die, au total, que a vision gaulienne est festee faiblement menacée par la contestation ~ 2 une exception pres. La vision commUNIsTE Les communists tenrent en fet dtimposer leur vison de ln Resistance, «expression auhenuque de la elon popu fce sux mance de ln burgeisi, estidre x BCRA (Buren censl de resegnements cat acon) et Ges “antes” de memopole» be PCF Src bl dom dn ee Ds el its grandes lignes dane une conence donne ea feet 1968 insti Maurice Tors. En 1938, fom eo Substance, a gure ft fae nox communis ct nea 8 File, Le Fat vai doe oot mrt non Ta sot tna ineompre, en forgeat un accord pedal incor rant Union sovicaqe, En eevanche, juin 1940 Ie Parte playa aux «premier sang des patios en ite pout in tense de Tndépendane, de Thoueur et de Frveni del pat» Join 1981 margus non amore engagement ma FampUcaton do combats malgré “ice consgnes donnces par Londres, ce qui permit Sux communists de deveis ls atsans majeur de la irauon du pays. Cate approche minora. on Te devine, ede Enunent ds gerade Gaul cont egal te POF formula dou pel: De Gaulle svat us Ia 1. Jam Mate Gillon, «$0 ans.» Jean Mare Gallon & Pie Laon ep 5233, Anais propane par Mae-ClaieLavabre, op. p215. 161 La siqoine pésunte ‘Résistance «pour éablir son pouvoir personnel! , dit Pree Joqun, avait par alles fidlement sri les imsres urgecisic. «Il ne s'agit pas seulement de relativser le role de De Gaulle pendant la guerre, mais de Aisqualifier adversare en montrant que depuis toujours, et de manitre univogue, dds Vavant- guerre et pendant Ia guerre, il é4é tel qu'on veut le voir dans le présent, “eprésentant, par nature et par choix, des ints part: callers de sa classe. En oute, Ia dénonciation des men- songes gaullistes permet toujours de souligner, par contraste, que seul le PCF a vocation & incarer la démo- ‘rate, le peuple et la France?.» (Ces attaques portrent peu. Ceres, la mémoire commu- niste de la Résistance demeura intacte— la difference de ‘ce qui se passa dans les années qui suivirent. «Rien de ce ‘qui contrevient & V'agencement établi des différents thames suscités par cete reference au passé ~ Punité et la Toyauté de I classe ouvrite, le courage et le sacrifice des ‘communists, Ia trahison des possédants, la détemmina- tion des Sovidtiques ~ n'émerge, ni le pacte germano- sovitique et ses consequences, troubles et défections, ni Tes conflts de lgiimité et les tensions de I'apés-guere entre ceux des communists qui avaienté résistants et Jes autres, ni méme aucun doute sur le prix de Ia lute armée?.» Paradoxalement, méme, «les confits de mémoire et les polémiques, le duel et le duo des ‘mémoires gaulliste et communiste, font ainsi émerger chez les communistes une mémoire homogene, non confictuelle, de la Résistance, en dépit des tensions Jntemes et des drames provoqués au sein de organisation 1, Pen lui, Cahiers da Commune, juillet 20196, ci par Mate Cli Laie pcg 1682 {La REPUBLIQUE GAULLIBNNE, UN AGE D'OR? par le souvenir de Ia Résistance! ». La disparition de Maurice Thorez, en 1964, favorisa au demeurant une nou- velle exaltation de I'armée des ombres que I'ancien seré- {aire général, déserteur en 1939, réfugié en Union Sovidigue durant les années sombres et bénéficiaire d'une (rice humiliate accordée par de Gaulle & ls Libération, he tenait gure & célbrer. Par Ia mEme, le regain comme ‘moratif que Ton observe au mitan des années soixante onfirme, «s'il en Guat besoin que etait bien Te seeré- faite général et son entourage qui avaient transformé Ta période de guere en sujet bou*. Jacques Duclos, ‘a contrari, pavint, en 1968-1969 notamment, 3 ineamer ‘Ta difficile symhese ente Ia génération communiste des années 20-30, celle de la Resistance, les exigences sovie- tigues, les atentes de la classe ouvriére frangaise et la Sensibilité des militants de V'aprés-mai 1968". Mais si image des années sombres restaurée reste intacte aux yeux des militants communists, le PCF perd de son Influence, Il ne rassemble, & la fin des années soixante, {qu'un lecteur sur cin, alors qu'il atirait plus d'un quart de Félectorat la Libecation. Sa vision de la Résistance ‘sera en outre contesiée par des anciens, souvent exclus dv Pari, das les années soixane-dix, endant le maintien du ‘dogme pour le moins malaisé. De Gave eit AU DOGME GAULLISTE? Les communistes,toutefois,n'avaient pas Vexclsivté de a fidlité aux heritages dela Libération, De Gaulle, qui 1 id 2 29. 4 Sipitee Cuno, a. it 20 ia : 168 ‘La eeworns vesunte {Lk REPUBLIQUE GAULLIENNE, UN AGE D'OR? avait larancune ence suvi également ses brises, tov sexclore les Ali’ pete commenersat Ans refuse de se rendre abx commémorations marquant le ‘ingtiéme annivesaie de Topéation Overland, ne de vant sur les pages normandes que son mine des Anciens Combatants, Jean Sainteny. Par le décret dy 1 av 1959, supprie le carat fried mal on éxéaement gi minore le pode de la France ~ mais te ‘abl, & ste exceptinnel, pour levingtitneanniver. Saire den eapitlaton allemande en 1965: En revanch le chef de 'Btat honore de sa présence les ceremonies sags au debarquement de Provence, dans leque! ies ores fangaies, est vi, vant pesé,fouisant les deux ers da come expédtionnsre Le president Je it Rpublige, enfin prend souvent sin de Coupler su sou. venir dls Seconde Guere mondiale la memoir dela Premiére, prolongeant one tendance Somme, toute ancienne puisque René Coty, en 1954, avait asoci la bail dela Mame au debarquement de Normandie: «40° amiversaie de Ia Mame, 10° anniversaire de la iteration, deux combats ne seule case la ie dela Patrie» Aloutons que le powoir galls et pafos ‘ome a récupérer des inidatives ql lai préexstaent. Le sémoral de la Deportation, sur ile dels Cit, result Jn sone d'une iniativelancée en 1953 parle Réseau du ‘ouveni qui souhaat ger un monutent ai tars ‘ela déporaion. Bénéiciant, en mars 1956, d'un train offer parla ville de Pars, association obtent le dot de lancer une souserition publique qui permet & ce memo- al, cuvre de Tarchtecte Henri Pinguson, de ina. {gure le 12 avril 1962 par Charles de Gaulle. Certs, Fsocaon Voir 1 at le 29 fees 1964, le mani ttre des Anciens Combats en assuant los enteien ele gartennage. Masi erat pour le moins abusi de 164 nsec a me socemur Fe aac tpt mone “Bue Siete acetone warren roe Sel etait eee eee ponmuenegeeriete eee ance eee Ea ceetiatieareera ee Soiae eae eee eee mine nmminecear ce Seelam mae ie eee coon neta Eber cies eet eset fore teatrieriea Sach chuttra ate abne Smee 1, Serge Barcel et Amseue Wiviona, pit. 13-414, 2 udp is-t, 5, Kean Quston sa mdse del Résistance an vers des ots de ret Jea-Lae Lele, Pragoie Pass, Jean Queen (2) Serge Barcel et Ante Wievodks, opt. 203. 165 {Lr seMOMRE DESUNIE sors de 1940, les sldats dela Premitre Armée obenant Tatubuton dun espace «tla mesure de la grandeur des sacties consents» ~Sigolsheim. De még, le powvoit fails se coment, pour comnemorerlacanpagne dla. Ie, d'aunbuer te om de Gavigliano au pont inaoguré& Pale I septembre 1966. Da Ia hirarhie des nes iilisites,Leciee, gauliste dela premibe heure et ibe {eur de Pais occupat la premibre place, De Late, malgré {on accepaion intale du régime vichySt, le suv, on ‘alton de la resistance dépoyée conte Iivasion dela zone ibe le 11 novembre 1942 etea gard 8a campagne locus de Provence, Alsace puis Allemagne Jin Enfin,venaiten ule positon ea raison un passé mare. tals et parce qu'il avait gueroyé sur le thedire des ope Talons fallen jog, or ov aison, secondaire ‘Dans cete configuration nemorile, Viekyoccupe une sani Caen Cae de alle aint pon ton de principe, consdéant que Bat frangais aps C0 (eve Los de son passage dans la ville d'eau, nore son incidence dans iso nationale, en enoyant dasa tte ds tempn «Jesus blige de dre qu'il wun pat @énovion Ame trouver oficelloment & Vichy. Vous en comprenez les raisons, mais nous encbafnons histoire, ‘ous somroes un seal peuple, quelsquaient pu fie les Dips, les Evenemens, nots sommes e grand, Ie Sal Frntgue peuple fagais» De meme refuse que Maxine ‘Weypand soit enteé aux Invalides Ganvier 1963), signe aque le temps du pardon ast pas encore vent, mais at deposer le 10 novembre 1968 guar gerbes sures tombes ‘eof, Péui, Galen et Clemenceau et e pours pes 4e sa vindicte es anciens collabrateurs (evenant en 1, Lene de a matcale de Laue e Tesgny a gene de Gaul, 7 décembre 1989, MACPrs, ons non css, Je Le ‘Gas ippor ce 166 LA REPUBLIQUE GAULLIENNE, UN AGE D'OR? France, Abel Bonnard, ugé par contumace a Libération, Yeitsa eine commude en dix ans de bansssement). ‘La meme ambivalence te retrouve dans les eations mémorielles qui unssent la France et Allemagne. De “Galle, cones, promeut une plligue de réconeliaion que ‘erties initalvesenanant du monde associat avait préctdee Le 27 mai 1962, la premiere se del écone- Fetion etait inanguréa Stone (Ardennes) ~« simple croix nbn portant culptes deux mains qui se sent, celles des ememis hier", L'intative, fous, ne sui pas Tronanmité et Te chéne plamé Tors dela céxémonie fut arrache 3 sx reprises? Crest dire que les gests de TThomme dv 18 juin, qu'il sagiste de recevo Konrad ‘adenater Colombe ou de ibrer es asa de asi on fie es Pance (ari Oberg e Helmut Knochen sont ?, Finalement, la France regut, en veri de I'accond du 15 juillet 1960, 400 milions de marks qu'elle attribua prioritairement aux déporés et imernés?, une parte des fonds allat tutefois aux réss- tants. Ceci dt, les services dela rue de Bellechassefurent surpris par (tel title terme) 2 cette valear. Cente mesure ne découlait pas d'une sombre ‘machination ourdi par un pouvoir galliste décidé & cha- ter les peuples quis émancipsient dela méropole; elle ne correspondait pas plus au désir d’occulter Ia participation “bien réelle~ des indigenes au combat mené sous 'éen- dard ticolore. Fllerésutait, plus simplement, des now- ‘elles donnes impulsées par ia décolonisation et répondsit ‘au vee des pays ayant faichement accédé & Vindépen- ‘dance. Les nouveaux pouvoirs eraignaient que les soldes. 4e leurs armées ne pulsent rivaliser avec le montant des [pensions versées par la France! Ces mesures, pourtant, mécontentzent les ancens combattans pour des raisons fvidentes, Eta pari des années quatre-vingt, elles nour fireat le souppon, d'autant que 'intégration des popula- ‘ions immigrées ou issues de I'immigration devenait un tenjew de premiére importance. L"image d'une France cult vant ingratitude tendit alors & s"imposer, quand bien ‘méme les motifs qui avaient conduit 2 Ia ristalisation » ‘obéissaient des motifs prosalques. 1, tall Le Ga, apport ci 170 {A REPUBLIQUE GAULLIENNE, UN AGE D'OR? Lebilan de a politique mémorelleconduite par Charles de Gaulle reste, au total, difficile & apprécer. Le régime a ‘sirement porté un coup @'aré 2 certaines revendications favancées par le monde Combatant, proposé une vision ‘cohérente de la Seconde Guerre mondiale entrepris de ‘bur un ensemble de musées,réffimé les valeurs de Ia Résistance. Iles, dans le méme temps, mont partisan, ‘ometant de oéléber ls anciens de 1940, ignorant la spéi- [eité du genocide ju niant a ralité du régime vichyste et rmenant, en matitre de chitiment des criminels de gue, ‘ne politique pour le moins timorée. 11, par ailleurs, fore ‘ment idenifié les résstancesinténieure et extérieure & Ia jgestegauliste ~ non sans rouerie. Le plan de la nécropole ‘de Colmar, destinge initialement & Vinhumation des lanciens de la Premitre Armée, repenait ins la forme dela ‘croix de Lorraine et port Iinsigne dela 2* DB, ce dont le igencal de Lesdin, en visite sur le sit smut en novembre 959, jogeant que «ni Tun, oi autre ne correspond aux |, La fomule et employ loc de a conence de presi da 22 ovens 1967 2 Aanete Wives, Les hil en race depuis a gan des ‘icdouy i Jean Jaojoer Becker et‘Annese Wiewoeka i) op ep 3, Si per agen, op. .27. m Finalement la vision gaulliste, somme toute, résists. Si elle peut suscter rétrospectivement un regard critique en raison de ses biais idgologiques, ele a, malgré ses limites, pluto favorisé le consensus que le dssensus, le rassemble- ment que la division, On peut diffcilement en dire avant ‘ela politique mémocelle conduite par Georges Pompidou Valery Giscard d'Estaing, Chapitre TV Le temps des bourrasques (1969-1981) La prsideoce de Gees Pompioo, pie sepen nat de Val Giant Easing marge ue Eon {a oligos nari ms fn we pris pouv public Lan de ner un consenss, fe sovvenie des Eins sombres ssete confi, pomiges et conto eric pour deus raisons distncles et eoncomantes Dune pale pouver mane une pig pour le moins Cease Pt us de considera memo comme un pain de ralememsscepuble ereempe e cvime ct [Epa ean cefs de Ensembl sous Crestline es sabes de oub e soe de temps dif ce gu fr cond, pour es aso mal (Gu'bca) perce par Popnion publique, A mener dos folisques hatardeuss, Daure pa, 2 groupes gut Slsq'rs maria pest qu’ a mage dame I fn Son de fa poliqe memosth font dora enene leur voix selamant principalement que la vest sat tof de sur Vicky et que Shoah oe sit pus mee Six confide Taconic natal Cres es anos {vain os Ia Libeton pes dans la poiqee meno ae en mobs ou gains, Mak es 8 pe tent le socet ce ql insintdns Pats, en eat ds ssecitons adhoc @ Vinsar Ge Serge Kissel, fe suc des débuts auour de fins 08 ouvages (Le Chagrin et la Pitié, La France de Vichy...), en 175 ‘La ewors pasuxie Semparant, en bref, de sujets qui avaient surtout été ‘monopolisés ct encadrés par le pouvoir, les partis et le ‘monde assocatif officiel ‘GeoRcs PoMPmou Er LA RESISTAN INDIFFERENCE OU AVERSION ? Sans avoir suvi un itngatepréhensibe sous 'Oceu- pation, Georges Pompidou, of le Sait, avail appatens ni ‘laresistane iniure, ni aux Fores frangaises bres, ce ‘qi, AT 6poque, fe distnguait des barons J gallisme dont Ics tines de résistance Eaient en rege générale soles, ‘Aux yeux de Michel Deb, ct singulanté nai en ren ‘hogeante,« puisque le général de Gaulle n'en a pas {Ene , sentient que parageat Jacques Chaben-Deimas pou enlin blamercetx qui «comme dsaitSieyés apres Ia Révoluton “avaient vécu”». Pie Messmet, pour sa ‘Pa, pense a contrarequ'c a debut, cela a ceé un pet Droblme ene nous. ny avait de gne ni de sa pat, ni 42 la micone, rns tne sorte de serve, La nerve exe tant ene dex homes qui avaient svi de 1940 1985 es lnéraies differents». Quelles qu soieat ces diver ic Speci, Gnet emer: Genpes TEprouvait ama dost ancone syempalie Jes hommes de la Résistance et r'estmat probablement ‘pas que ls valeurs de 'armée des ombrespussent cimen- {Ero conseasos national Les ressors de ceteatitude restentaujurdhu encore imysterieax, Peut-éeéprouvaitl quelque mors denen voir pas? De fait i s'6ait content, spr avo ‘emobiliséen 1940, denseigner jusq’ala Libération, ati- 1, Propo cis in Olviee Wek, Nous eurerons. 0. iy pnp bis as = 176 Lu rears pes sounRasauEs tude qui n’appelat ceres pas l'opprobre, mais pouvait ‘contraser avec les brillant fits d'armes des gallsteshis- forigues, Peut-éte le dscours « anciens combattants» des. cedevant clandestins le lassaitil? Petre éprouvaiil besoin, par godt du compromis, de suturer les plaies de Occupation ? Lhistorien doit ici se contenter de conjec= tures, mais un consta impose: le Président condusit une politique schizophréne. En refusant de faire la lumiére sur Pepisode viehyste, il poursuivt au fond sur la Taneée de son prédécesseur;cependant, alors que Chares de Gaulle ‘compensa le vole jté sur Bat frangas par une exalta- tion de a Resistance, Georges Pompidou ne célbrs en rien Jes maérites de cete demitre, bien au cootraire. opinion publique ne pouvait que séionner de ce déséqulibe, qui Conduisit in fine & désavouer la Résistance et & donner, & tort ou & raison, le sentiment que le pouvoir ménageat les mines de Bat Fangs ‘Ains, le pouvoir pompidolien refusa, malgré les pres- sions grandissantes, de contribuer & éclairer, de fagon ‘moins convenve, épisode vichyste. Commandé par la ‘€lévision frangais, le documentaire Le Chagrin et la Pitié fut banni des ondes, le président de PORTF, Jean-Jacques de Bresson, pourtant ancien résitant, précisant en 1971, ‘devant la commission des Affaires cultureles du Sénat, ‘que Meuvre «détrut des mythes dont les Frangais ont encore besoin!» Le pouvoir, de méme,refusa aux che ‘cheurs Paovts aux archives qu'ls réclamaient parfois. Enquetant sur les Sections spéciales, Hervé Villeré se vit ‘opposer un refus, le Garde des Sceaux René Pleven, Stqpoique ancien de Ia France libre — lui rappelant que les Aispostions juridiques «ont pour but de conclie obliga- tion de discretion & laquelle est eve Padministration et le roit du publica étrerenseigné, lorsque exploitation de 1. Che par Henry Rows, Le Syd... pt. 13 im ces archives est faite dans un but historique. Mais il ne ‘vous échappera pas qu'il convient d'adoperen ce domaine Ja plus grande circonspection. Il impore en effet d'éviter au plus haut point de porter préjudice & des inerts privé, et de réveiller des passions dans opinion publique’ » Dans la méme veine, le pouvoir censura lors d'une émis- sion télévise, un flm que propossit Maurice Clavel od il <énongait «aversion et 'agacement» que la Résistance Inspirat & Georges Pompidou. A la demande du pouvoir, le premier terme fut rei, amenant le philosophe & quitter le plateau par un «Messieurs les censeurs, bonsoir!», appelé& une belle postéité ‘Plus embarrassant, Georges Pompidou gracia le milcien Paul Touvier (23 novembre 1971), afuire qui, révélée en ‘ai 1972, sustte un moi considérable. De grandes mani- festaions se déroulent, rassemblant horames de gauche et 4e droite, résstants et déports, juifs et caholiques, Or, la justification avancée par Georges Pompidou ne convaine gutre. «Allons-nous étemellement entetenir saignantes les plies de nos désaceords nationaux? Le moment n'es- il pas venu de jeter le voile, d'oublier ces temps ob les Francais ne s'aimaient pas, s'entre-déchiraient et méme ‘entretusient®.» Alors méme qu’une patie de l'opinion enlendait sontr de la vision simpliste du passé forpée par de Gaulle et poursuivie parses successeurs, ce faux pas éaitmalvenu, était d'autant plus mal que Georges Pompidou par- Jaiten termes peu aménes de la Résistance. Interviewé par Te New York Times, le Président avouait « détester les édailles»; «Je détste les décorations de toutes sorts.» 1, René Pleven ere 3 Hervé Viet, 10 tes 1972 ce in HonitVile, Efe deta section specials Fay, 173,917 a6 pt Hey Ros Le Somes oc pig 178 De fait, i encourages gute le développement d'une ‘Citable politique dela memoire. Le Commitsariat gine ‘al aux monumeatscommémoratis ds guenes mondles tt de la Resistance fat cess ds 1969 et idee un ‘tus national dela Seconde Guere mondiale abandon- te la mime année, Dans la meme vie, les comme Tations du confit s firent pour le moins dsertes. Le depute communiste André Touré sen émst: «Nous ‘Tavons pu qe peng en constant gu evant, ves dictuit heures, der gerbes ont déposées 20x toma fens aux mort presgoe& la sauvet, comme son ‘essentatquelgec note commémorer ects joamée gia ‘oc terminer a pls bomble ds tages, impose par Iefacime tin, que romani ait connie™» ‘Ajoutons gue le Président #tforga de se démarqvr de Nombre encombrante de son pédécescor, En 20 1969, les commémorstons del bration de Pars ex trent la figure du penal Leclere,adesant un message implicte& opinion publiqo lft Sener a. tote des gaulistes de la seule histoire do général de Gauie™ Ets les imbes lino la mime aide Bono- ‘rent bate du Grigio, le chet dela 2° DB, les Aébaroements de Nomandie et de Provence, scale ‘Novmanie-Niemen, is omirent de cééber le premict revistat de France. "Ans «le depart dy génél de Gaulle en 1969 cée une estab ruprre dans ls politique de mémoire de at, {es sructures mises en place sont progressvement dis toutes a pian pubhgue nite pls que pales 1, Serge Barcel, «L'aurvenon..s in Jean-Yves Bourse (Gin) opty 38 5 2 ed Foumé, since 4 Pssemble du 10 mai 1973, JO, mal 97. Sed Name, op. cit, 17 19 La ewoine pesunie procedures de classement des sites et de contre des ral Sations muséographiques. Les prérogatives régaliennes sont désormais dsconcentrés dans chaque département a profit des prefs. initiative redevient alors essentielle- rent locale!» Le pouvoir, malgré tout, s'employa a faire avancer ‘quelques dossiers La loi du'9 juillet 1970, par exemple, sans supprimer Ia distinction opposant déportés politiques et déportsrésistans, 'aténua, en algnant les modalits de calcul des pensions dinvaldité des premiers sur les seconds. I avait, pour cela, fala vaince bien des reticence, Cari la FNDIRP s' était toujours bate pour abolirla di tinction entre «politiques» et «résstants», l'UNADIF- FFNDIR ne se alia ce principe qu'en 1966. Quoi qu'il en soit, cette mesure permit de compenser partelement le La figure du héros s'eface devant celle de la vietime 186, te TeMes Des woURRASQUES Buchenwald symbolsait la réalité concentrationnaire ; Auschwitz 'incame dorénavant. La Résistance passionnait opinion; cet aujourd'hui Vichy qui intrigue. Les Fran- sais communiaient volontiers dans lalégende ; maintenant {is rélament la vérté et se muent en procureurs Les pou- voirs publics avaient,jusqu‘aors, adopté une vision plu synerétique du passé, défendant, dans le discours sinon ddan les status, une conception extensive dela résistance, ‘confondant dans la barbane nazie les destns tragiques du <époné, du prisonnier, voir du requis. Les temps nou- ‘eaux invitent la distintion. Les années sombres, enfin, ‘ecupaient une place relaivement mineure dans le débat public; elles en deviennent dans les années soixante-dix ‘un élément important —non déaué d’ambigutécependant (Cara la volonté de savoir se mélent parfois des motifs plus profane. [La mode réo, tout d’abord fait eset, inspirant films ex romans. Se développe également un tourisme mémoriel Le phénoméne, ceres, n'est pas neuf. Les champs de batalle de la Grande Guerre avaient au lendemain du ‘confit druiné des miliers de péerins ~ & commencer par Charles de Gaulle, déireux de montrer 8 son fils Pilippe Jes haut liewx du confli, Mais a défaite de 1940 n'avait. pis suscité un parel engouement. A partir de 1970, en fevanche, certains sites exere2rent une forte atracton, la ligne Maginot notamment. Le ministre dela Défense avait décidé en effet de se séparer de ses blockhaus que les Domaines venditent aux enchéres. Paticuliers, municipali- {ts ou associations se portérent acquéreurs. Ainsi, dans le ‘Bas-Rhin, cing sites sur sept devinrent propriété commu rales, quate entre eux Elant gérés par des associations. ‘Apres restauration, ees sites ouvtrent leurs pores au public ‘qu repondit pésent. A a fin da vingtitme sile, les sept sites bas-thinois accueillsient 105 000 visiteurs par an —le seul ste du Four--Chaux (un ouvrage d'arillerie soute 187 LA MEMOIRE DesustE rain) réalisant 43 % des entées'. Ceci posé, la démasche Semblat plus rsulterd’un intéet pour Ia et la technique militares que d'un hypothétique devoir de mémoire. Quoi qu'il en soit, Ie paysage mnémonique avait changé. Les causes motivant cette mutation ne sont pat aisGes 2 fins, bien que plusieurs points méritent d'@xre avancés. L’arivée & ge adulte des générations nées au Jendemain du confit a sans doutepesélourd dans ce chan- sgement du paradigme mémoriel. Exprimant une révolte [Bénérationnelle qui éclate en mai 68, cete jeunesse se Satisfaitd'autant moins du mythe gaufio-communiste que les formes du pouvoir, dans la République gaullienne ‘comme au sein du Parti communist frangais,restent hi rarchigues et autoritaires,refusent la diversité,pratiquent rmodérément I'écoute et se défient d'une jeunesse qui inguite plus qu'elle ne rassure. La crise dite du pétoe qui ‘cla en 1973 plonge également I France dans la détess. [La population renoue désormais avec le chOmage ~ réalté ‘oublée depuis les années tente inflation eta précarité (Or, es pouvoirssemblentimpussants& protéger les Fran- ‘ais conte Tes effets deletes de ce marasme, ce qu, da point de vue mémoriel a pu avoir deux incidences. Lacrise d'une part, inaugurate du soupyon I gard des lites politiques, patronales ou intellectueles, qui aient parvenues jusque-I 3 conduire le pays sur les che- mins de la modernisation, Cette defiance * éendit aux fanciens héros dont le passé glorieux était désormais ‘contest. Les mythes furent ans revises, ce dont Lacombe Lucien (1974) offe une bonne illustration. En retragant le destin d’un jeune homme qui, refusé par la résistance, <écide de rejoindre la Milice, Louis Malle désacralisait sends i da Antes Combatant sts a0, MinCrPae 188, ‘Le reaps pes pournasaues engagement résistant en le réduisant & une série de hasards ob le désir d'agir Temportit, et de loin, sur les. convictions idgologiques. Ce processus de « déshéroisa- tion’ se prolongea dans ies années qui suivirent par une série dataques ad hominem visant Jean Moaln (1977) ou Georges Marchais, secréaie général du PCF. Dorénavant, Jes critiques ne frappaient pls la ligne ~ impersonnelle ~ Fun part; elles ataquaient des hommes dont elles seru- taient le passé Le discourstriomphaliste du peuple résistant, d'aue part, n'avat pas éié démenti parla réalité des Trente Glo- ‘euies. Hier héroiqu, la France enouait avec sa grandeur, dans les cieux (Caravelle, Concorde) comme sur terre (développement du nucléaire civil et militaire, grands pro- jets industriel...) la diplomatic gaullienne assurant en ‘tre au pays une position éminente. La crise, en evanche, ‘oumit le doute et interrogeait les capacités dela France & ‘ester dans le peloton des grandes pussances. A cette aune, ‘assimiler les Frangais & un peuple veule, vautré dans le ‘étzinisme et la collaboration, ne pouvait que s'accorder & [a sensibilté d'une société qui, plongée dans la eis, dou- tat que ses lites puissent la sotir de a tourmente. Certs, Ja décolonisation avait dA entame ce processus. Mais la ‘croissance économique et es suee8sremportés su Ia scBne internationale pa le pouvoir gauliste avaient masqué ce ‘ui, tort ou raison, pouvait appaaie comme un affa- Dlissement de la puissance francaise. A Torte des années Soixante-dix, les temps avaientchangé. Et le regard sans améaité porté sur les années sombres,reflet autant que syndrome, ne constituait qu'une facete dela erse diden- Uté nationale que trversat aloes le pays. “Ajoutons enfin que I'éeart séparant Ia Iégende de Ia vérité historique, d&sormais mieux connue grice aux témoignages et la recherche scientifique, devenatimpos- sible & maintenit. Le discours lénifianttenu par les auto- 189 Fits sur Vichy nat plus auibe apes les séveations pps ~ etre autres ~ par Robert Paxton. «Lobe Ine Fens hit tun fact esnel eo éréation d'une nation et cea ns que le progits dex tes hoes et souvent pour la ain dane fee!» art not, enon tmp, Eres Renan Le pouvoir ‘ai juue fat sleane cate maine mus se poison Sve uf du temps itera, Le powvotr gicaricn Texprinenta es dens FAUX PAS ET AVANCEES Yat, Sei tm pi omens ass Oa Saha dae font Se et nor neice ates Set Sons oc ePaen dat tener detonate tesa oes tcnece wel apes t area ee ee shes tne inte ace eee ieee pope an pe "cn cell Sa te gS coerce eae Somer ern Etat aux Anciens Combattants opposa & cette initiative winter Siege eat SVs NT Se iamee Lees oe peewor otro tet waa ante Sam 190 Le runes pes nounRAsauss droite accordant son quitus & 65%". Dans la méme vein, Valéry Giscard d'Estang invita en 1974 les ambassadeurs des deux Allemagnes a participer aux cérémonis commé- moran le 11 Novembre. Le pouvoir offi, plus disréte- ‘ment, quelques gages aux c-devant vichystes, le Président rendant hommage & Pétain & Douaumont, le 13 juin 1976 ct faisant fleur la tombe du maréchal, le 11 novembre 1978. Loin de satsfire, enfin, aux revendications désor- mais émergentes du monde ju, es disigeants muliplitrent les faux pas. Ils ordonnérent, dans un premier temps, aux ‘chines de télévision de ne pas diffuser la sie americaine Holocaust, invoquant son cot ropélevé, ce qui suscita un tollé général. Le Premier ministe Raymond Barre, apres "attenat commis conte la synagogue de la rue Copemic, Je 3 octobre 1980, flétrit «cet atentat odieux qui voulait frapper les israltes qui se rendaient la synagogue et qui a frappé des Frangais innocents qui taversaent la rue. Seule Simone Veil se rendit sur les lieux, Valéry Giscard 6 Estaing préfrant pariciper i un week-end de chasse La LEVEE De La FoncLuston Ceres, le pouvoir, conscient du malaise que susitaent ses initiatives, s'fforgad'allumer des contre-feux. Pour apaisrla cole des résistants, que la suppression du 8 Mai ‘neural leva la forclusion imposée par de Gaulle, com Dlant le désir le plus ardent des associations. Mais cette Aécision s'opérant par décret (6 a00t 1975) obliges le ‘minister des Anciens Combattans 8 remanicr ses status, ‘un décret ne pouvant en aucun cas modifier une li. Cee ‘operation, surtout, inquiéta I'adminstration qui, redoutant 1, Soadage de L'Expres, 197, et in Henry Rowso, Le Sym roi. Ops p32 191 ‘a meworRe DESUNIE lune avalanche de fausses déclarations, alerta sa tutelle. ‘«L’expérience a montré que ni la solennité de Ta forme dans laquelle doivent &re produits les témoignages, ni YYobligation de les accompagner de documents authen- tigues n'ont empéché certains requérants de produire des attestations contenant de fausses déclarations. Ainsi, un attestataiteaffirme que tlle personne a séjoumé avec Ii ‘dans tel camp de tlle 2 telle date, alors que la simple ‘consultation du dossier de cetatestataire prouve que lui- ‘méme nes'ytrouvait pas!» (Ce pérl il est vai, bantait administration depuis les ‘ovigines, ayant incite 4 de multiples reprises & havsser le ton. D8s 1948, le ministére déplorait que les certificats ‘rouvant la qualité de rsistant et déivrés par les services ‘épartementaux n’sient pas é «atibués dans les memes conditions dans tous les départements. Assez souveat, il est apparu que les Fédérations,organismes privé, avalent G6 laissées mattresses des opérations alors qu’elles n'avaient qu'un 16 consultatfau sein de Ia Commission Départementale. L'Administration centrale n'a pu connate que des réclamations des personnes auxquelles Ja qualité demandée était efusée, mais elle n'a pas été mise en mesure de redreser tous les abus fate avoir eu systématiquement communication des dossiers?» De sméme, le déeret du 14 mars 1962, sgné de Michel Debré, disposait que «le ministre des Armées peut retirer oo ‘éviser, orsq’elles sont reconnues mal fondées, les déci- sions par lequelles ont été atteibués des tires de és tance». André Bord, dans une instruction du 16 mai 1976, précissit que «chaque fois qu'il vous apparatra 1. Jean Pal Bouceix, por 2 Pateation de M.le Minne, 9 mv ton, Mareen ca 2 Deco da conten, apport 1M, le Minis, 29 octobre 19, MACICaen, canon 12. 12 Le vers Des pounnasoves ‘qu'un témoignage a été manifestement rédigé en travestis- sant a vétté afin de permetire & un requérant d'obtenir un titre qu'il ne mérite pas, i vous appariendra d’en infor: mer Sans délai sous le imbre de mon Cabinet — je me réserve en effet de sais mon collégue de la Justice ~ de c= genre de fraude qui doit re dénoncé publiquement et sanction (..). Toutefois,sjoutatil, note action risque re limitée par le jeu de Taticle 6 du Code de Procé- ‘dure Péoale aux termes duquel en matitre de déits, la prescription de 'action publique est de trois années révo0- Jes. Or en la mate, la preseription du dit va courir du jour de la fausse déclaration. est donc & craindre que Torsque nous serons en mesure de séagir, nous ne noUs twouvions plus dans les déais'». Pour apaser la colee da monde combattant, Valéry Giseard d’Estaing passa outre ces réserves, préférantrouvri Ia bole de Pandore de la Torelusion plutt que d'encourir les foudres du monde associat ‘Mais les caintes de la ue de Bellechasse étientlles fondées? Au 31 décembre 1975, 227531 cartes de com- ‘attantvolontare de Ia résistance avaient été atribuées. La lev de la forclusion et approche moins sévére ds ct ‘tres définissant la qualité de résstantn'aboutirent qua ‘une inflation relative. Entre 1976 et 1987, 28956 nou- velles cartes furent attributes, soit une augmentation somme toute limitée de 10. Fin 1997, le total s'éablis- ‘ait & 261 533 pour culmine, fin 2008, & 262730. Phéno- ‘mine tout aussi intéressant, le nombre des rejets resta considérable. Fin 1997, 184803 demandes avaient été refusées ~ chifre qui grimpa, modestement, 184765 3 la fin de année 2008. En d'autres termes, $8 % des 1. Andté Bow, insrvetion 6 16 mai 1976, ce In Jean Pel Boutin apport 2 Susisiguesconsmunguées pare MACICac, 193 LA MEMOIRE DEsUNIE résistants ~ ou se prétendanttels — vrent, entre 1945 et aujourdhu, leurs méritesreeonnus. 'SATISFAIRE PRISONERS DE GUERRE ET ALSACIENS-LORRAISS Dans la me vein, epoovoir sani eforg de sss les atts des prsonir de ee Pou ee ot ‘eeonalv aqua de Combatants, cs dees devant tm elle soit soir appatena 8 une nit combataste Siipent extanpils, so sv manifest ue rate de tofus aux pressions des organises servant Peanems (ari R227), Jusg'en 197, attr ul eve ‘napporer a prewe:maisune instucton dy 22decenire 1977 cia oer en favest dein PRESOMPTION FAVORABLE gus consti le ht pour Timers de o¢ tomber suse coup 'acaneopposiion'». Coe spot fon poate acrve abe Se psanes com Aes comme combatants ~ one proportion ja levee Pulsge'en 1977, 90% des ancens PG dispose de Sir pécea ven ret pas moin wu qee cate instar. fons «senbement Sa pour es rine de gus les possibly acces 4 cane de combatant Le rinse Jean-Jacques Becler Gait monte 'aiant moins iscsi ete evendicaon de longue ds emise rl monde de cpifs qu'il avait untae enue ag Shes andes denon dns scarp da Viet. De me le President employs pute conten ‘eax gut opposat es agents a Repobhqoe fe. 1. ean Fcgus Bec isctonminintcee d 22 debe 197, MACICara, cron 40 16 2 Dieter patra de TONAC, instution du 28 octabne 1987, 194 {TEMPS DES BoURRASQUES rile allemand. Les enblés de force alsaciens et lonains ‘ineiiaiet de pensions militares, dela cane du combat. tant et ~ en cas de décts ~ de la mention « Mort pour la France». Ces dios pouvaent méme ete accords aux volotaes, 2 condition de prouver que cet engagement avait & impose pa la meaace de représalles es visa, ux ot leurs proches. Ce disposi, en revanche,excust toute reparation pécuniaire de prejudices e'ordre moral, ‘tél et professionnel, equi sus lcore des wét= fans, Apes de longues négociations, ot Valéry Giscard , Une euvre d'histoire autant que de pid. «Le mémorial fat soni dela nit et de la nuée, en les appelant par leur nom les innombrables fantOmes anonymes anniilés par leurs bourreaux. Nom- ‘mer ces ombres ples, c'est deja les convoquer®», délara le philosophe Viadimir Jankélévitch. En 1979, enfin, FFavocateréa association «Les Fils et Filles des déportés juifs de Prance» afin de pérenniser un combat qui se foca- Tisait désormas sur les complices frangis de la solution finale. Elément souligner, le flambeau était & présent transmis aux enfants, assurantlareléve des générations. L'ttion de Serge et Beate Klarsfeld s'inscrvait dans un contexte qui avait sngulizrementévolué depuis la Libéra- ‘ion. Lamemoire juives était révellée, suite la guere des ‘Six-Jours et aux paroles malvenues de Charles de Gale. Surtout, de péniblesrésurgences favorisaient la réativa tion de cete mémoire. En octobre 1978, entrtien que Louis Darguieraccorde & L'Expresssuscite une émotion ‘considerable, I'ancien commissaire général ux Questions 1, Andi de Serge Kasfl, 13 mai 2008, i Bemus Accoyer, op inp 26, 2 Cheer OlverLale,«nveaton “dvoid memo», Vingitne ase Reruedtore €8 jie aes 2001p 1 196 {Le vers Des nourRasquss jivesalfirmantqu’2 Auschwitz, » Un mémoral de TA MewoIRE DESUNiE urmée noire, enfin, fot inauguré & Fréjus par Frangois Leotard, alors ministre de la Défense, en 199, Les Indi anes, en d'autres termes, accédérent a une forme de Feconnaissance mémorelle qui, outefois, ne brisait pas Jes stéséorypes. Le monument varois peésentat ainsi des soldats noirs, harassés de fatigue tle regard perdu, entoo- ‘ant leur chef blane qui portat,fitrement, 'étendard tecolore ‘Surtou, la deportation racial, hier peu valorsée par les ouvoirs publics, sinscrt désormais dans le mémoire publigue. En février 1993, un decret insite «une journée Rationale & la mémoire des victimes des persécutions ates et antsémites commises sous 'autorté de fait dite "gouvemement de Eat francais" »; suit & cette initiative, tune plague ou une side devat exe érigée dans chaque département pour inscrire, dans le marbre du souvenir, le ‘nom des victimes de cette politique eriminele. Le 17 juillet 1994, le monument commémorant la rfle du VélG"Hiv st inauguré et nombre d'inscriptions commémoratives sont comtigées. La plaque apposée dans le camp de Nexon ‘gnomit a déportaion des jis. Ele ft rectifie le 12 sep tembre 1993, précsant que «de cette gare sont paris en recon de Por-Vendres, en mars 1941, pour éue dépor- ‘ts dans des camps en Afrique du Nord, des patotes rei tants antifasistes de toujours qualfigs d'indésirables frangais et interés par les gouvemements frangais et de Vichy. Victimes de la pression fascist il arent les pre- riers & nous montrerle chemin dela Résistance, Plus tard, es Jif, des rsistans et des patiotesfurent déportés en Allemagne. N'oublions jamais leurs souffances, leur cou. rage, leur sacrifice. Restons vgilants, souvenez-vous®»_ De méme, le monument dédié aux victimes d’ Auschwite 1 Bie 2 Serge Barcein et Ansete Wivocka op cp 322. 208 LES AMBIVALENCES DB L1ERE MITTERRAND ‘manguré au Pee-Lachaise en 1949 ometst de mentionner que les mors, dans leur ensemble, étaient juifs. La plaque évwilée en 1995 prévisa que « Victimes des perséeutions antisémites de occupant allemand et du govemement collabrateur de Viehy, 76000 Juifs de France, hommes femmes et enfants furentdéportés & Auschwitz. La plupar Dérrent dans les chambres gaz. Victimes de la pression Poliiére, 3000 resistant et patoces connurent 2 Ase ‘itz la souffance et Ia mor!» Le pouvoir, enfin, accepte {ue la mention « Morten déporation» soit porte sur Pt vil (1985) e ance Ia constrction de la maison-mémorial {'rieu®. Ces rappels s"impesaient, d'autant que le Front national maintenait la flamme de I'antisémitisme qu'une partie de ses troupes n’avait jamais cessé de ranimer. Le 13 septembre 1987, Jean-Mare Le Pen affirmait ainsi que les chambres & gaz représenaient «un point de detail de histoire de la Deuxitme Guerre mondiale » avant de S'adonner, une année plus tard, & un douteux jew de mots Visant le ministre Michel Durafour (2 septembre 1988). Sur ce terrain, Frangois Mitterrand entendait montrer qu'il nabdiqualt pas Ces éléments auraient dd contribuer & faire de la 1émoire de a Seconde Gueere mondiale une tere epi sée, offran Ja communauté civile un message univogue, Saluant le courage des résstnts, honaraat le sacrifice des Soldats, pleurant les vetimes de Ia Shoah, dénongant les crimes de Vichy. Tel, pourtant, ne fut pas le cas, pour une plralité de mous. 1. hi, pate 2 Gt Serge Baelini at. cit 208 La seevome DESUNIE Francois MITeRRAND: [MINERAIRE TROUBLE, PASSE TROUBLANT Le chef de 1Etat, tout d’abord, entretient un rapport personnel complexe avec la période de Occupation. Venu de Fextrme droite, prisonnier de gueme,évadé, un temps Vichyste, tard rallié & la Résistance (dont il fu, il déve- loppe, aprés 1958, un antigallisme militant. Ces éléments Je conduisent & mener une politique pour le moins com- plexe. Ceres, i salue la geste de la Résistance, qu'il se refuse toutefois placer sous les auspices de homme du 18 juin. Reponse du berger la bergére, ' Associaton des Frangais libres, en 1986, lance 'epération «plaque du 18 juin» consistant faire apposer, dans les communes, es reproductions émallées de appel, Entre 1987 et 1990, plus de 1000 plagues furent poses, émoignant d a vit Iité d'une mémoire gaulliste que’ Frangois Mitterrand appréciait peu. Le Président, d'autre par, se refuse 8 condamner Vichy. Favorable au jugement de la «pégre politique’, augue il assimilait Pal Touvier, il montra un ‘moindre enthousiasme & poussr les avorits judicaies 3 détérer Maurice Papon ou son ami René Bousquet devant les tibunaux de la République. De méme, i n’hésita pas & faire déposer une gezbe A Tile d°Yeu sur le wombeau du Maréchal en septembre 1984 et récidiva, chaque année, de 19861992 Les révélations apporées pur Piere Péan ont élairé un jour neuf cete démarche qui montre que Francois ‘Mittrand n’avait sans doute pas tout & fit rompu avec sa ‘in Beat chase, pl. 129 2s La seeuorne DesuNIE vec Vichy il avi, sl 18 jul, lnc som ebissime pel; loin de emporiser avec une majorite ost, avait mission, le 20 janvier 1946. I avait, par alleurs, jamais redouté de se spares de compagnons quand il est mit qo le service du pays imposait. Fangs Mitemand, 2 Vinverse, avait eru pouvoir instrumentaiserI'pparel vehyste durant les années sombres. Ise maint, parla Suite, dans ds gouvernements dont la politique algénenne ait pourantcontestable esta, save durant, ble de Vieilles amitiés, prfois bien encombrantes. L'imuption Ssoudaine de son passé vichystesonna, 4 ire personnel, e "ppel de xs reales Les révéltions de Pie Péan, osc dit taint pas tout fait nouvelles. Que Frangois Minerand ait eg la francisqe Gait de notorit publique: la prese d'exréme droite avait glosé intevalles céguliers sur le passé vihyste du futur Président. De méme, Roger Frey, mniniste de Mntéeur dans les gouverements Debré et Pompidou, tenait ss Gches& jour Posédant Ia funeuse photographie ob Philippe Pétin sere la main du june Frangois Miterand et eonnaisant Iamite qu le ait & René Bousquet. il suggéra av Général d'explolter ces informations pendant Is campagne présidentolle de 1965 «Vous ne apres: en, orga de Gaulle Miterand Bousqoet, er sont es fantdme gui reviement: le fan- time de 'angallsme issu da pls profond de a coll boraon. Que Miteand soit un ariviste et un impudent {ne vous ai pas atendu pour le penser. Miterand ext {ie soul.» refs, cependant de suive les consis de son miniswe, dédaignant une «politique ds boules puantes» qui pourrait porter «teint & Ia fonction, pour {eas i vient occoper>"- 1, Alin Peyetine, Cait de Gaul La France reprend a lace danse monde, de Falla, 197, p. 601603, 216 LES AMBIVALENGES DE L'ERE MITTERRAND Mais ces éléments comprometants, bien que de noto- rigté publique, n’étaient tout simplement pas crus. La ‘gauche présentait ainsi Toctroi de Ia francisque comme lune ruse supreme: Mitterrand abritat son activité résis- {ante sous un pétainisme de fagade. Les révélations de Pierre Péan, en d'autres termes, ne furent admises que {quand opinion publique se montra disposte les crore. La fn du second septennat, de ce point de vue, présentait ‘une conjoncture favorable. Frangois Mitterrand avait accompli sa mission historique, en rénovant le Part socia liste d'abord, en portant la gauche au pouvoir ensuite. La tourmente pouvait s'abattre sur un homme désormais inutile. Son bilan, par ailleurs, paraissait contrast ~ les ). A inven, ls Soveoqucs se voyaent exclu du specrecommémora, alors quel pid de a fuere en Europe vai jusq'en 1984 Targerson repose Sirlearsepaues, 219

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